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Notre agglo dossier
DI M ANC H E 2 7 S E P TE M B RE 201 5
L ' AL S A CE
HUMANITAIRE
Faux séisme, vrais secours Des dizaines de sauveteurs ont convergé de toute la France, hier, pour porter secours aux victimes du séisme de magnitude 7,8 sur l’échelle de Richter qui a touché Mulhouse. Un séisme fictif, qui a permis à l’ONG Corps mondial de secours de s’exercer en conditions réelles, rue Josué-Hofer. bâtiments commerciaux. En attendant, le Corps mondial de secours a mis hier en pratique de nouvelles procédures. « Depuis notre intervention au Népal, on a eu envie de tester de nouvelles choses, pour progresser », reprend Éric Zipper. Comme l’essai de nouvelles civières dans les gravats. Ou encore ces fiches à remplir après avoir secouru chaque victime, pour qu’elles soient plus efficacement prises en charge par le poste médical avancé.
Pierre Gusz Photos : Denis Sollier
Message catastrophe parvenu à la rédaction hier matin. Tremblement de terre de magnitude 7,8 sur l’échelle de Richter à la frontière franco-suisse. Centre-ville de Mulhouse durement touché. Nombreux bâtiments détruits, bilan de plus de 300 victimes, confirmation de personnes disparues. Vite, filons sur les lieux du drame indiqué dans le message, rue Josué-Hofer.
Entraînement dans les souterrains de Pfastatt, puis chez Sipp à Illzach
Le Corps mondial de secours – une organisation non gouvernementale française – est déjà sur place à la recherche de survivants. Ils viennent d’arriver de Bretagne, d’Agen, de Paris, de la région bordelaise ou des Alpes. Le coin, post-catastrophe, n’est pas joli à voir. Plusieurs personnes sont déjà évacuées sur civière, hébétées, désorientées, en état de choc. Au loin, des cris, des appels à l’aide. Les secouristes portent assistance à un homme, bloqué dans une étroite bouche d’égout. D’autres victimes sont encore coincées sous des poutres en ferraille, des débris ou des blocs de béton.
Cet entraînement grandeur nature se poursuit sur le site jusqu’à ce midi. L’ONG a également investi hier les souterrains de Pfastatt. Dans la nuit, ses membres se sont aussi entraînés du côté de l’ancienne usine Sipp, à Illzach. Un bâtiment « pas flippant, mais impressionnant de nuit », pour Éric Zipper. Exercice grandeur nature, hier à Mulhouse, pour les secouristes du Corps mondial de secours.
mant en cas de secours », comme l’explique le Colmarien Éric Zipper, le président de l’association.
Pas de panique
Le Corps mondial de secours (créé Si vous êtes parvenus à ces lignes, en 1972 à l’initiative de l’Abbé Pierpas de panique. Tout est faux. Seule re) intervient partout dans le monl’intervention du Corps mondial de de, là où d’importants sinistres se secours est vraie. Après Cherbourg déclarent (Katmandou, Hawaï…). Il au mois d’avril, l’ONG a investi le regroupe 120 personnes, dont 80 terrain appartenant aux Tuileries sauveteurs opérationnels. Ses Oscar Lesage, l’espace de 24 heu- membres (maîtres-chiens, spéciares, pour « s’entraîner et valider des listes dans les techniques d’écoute, techniques afin d’être plus perfor- infirmiers, médecins…) effectuent
À la recherche des victimes. Photo L’Alsace
des stages de formation ainsi que deux manœuvres d’envergure par an, le plus souvent sur le sol français. Pourquoi avoir choisi Mulhouse et le terrain (en chantier) appartenant aux Tuileries Oscar Lesage en particulier ? « Parce qu’il nous permet de reproduire, à l’échelle grandeur nature, ce que l’on peut trouver un peu partout en période de sinistre. Parce que l’on peut travailler en conditions réelles au cœur d’un endroit
dépaysant, non aseptisé, poursuit Éric Zipper. Un coin avec un bâtiment instable, la possibilité d’aménager des caches pour des victimes. » Patrick Betscha, de la société Oscar Lesage, passe justement par là, accueilli par le président de l’ONG. « On a refait la déco, ça vous plaît ? » Réponse de Patrick Betscha : « C’est pas mal, c’est plus aéré ». Autant en profiter. D’ici quelques mois, ce terrain de 30 000 m² accueillera des
Faux séisme, fausses victimes, mais celles-ci ont joué le jeu jusqu’au bout.
Les manœuvres se poursuivent ce matin rue Josué-Hofer.
Photo L’Alsace
Photo L’Alsace
Photo L’Alsace
L’ONG recense 80 sauveteurs. Photo L’Alsace
Dernière étape ce matin : l’intervention des pelleteuses, comme à chaque fin d’opération post-séisme. « L’équipe des secouristes restera autour, pour vérifier que personne ne reste accroché au godet de la pelle. Et, si c’est le cas, pour extraire proprement les victimes », ajoute le président du Corps mondial de secours. Pour de faux, on l’aura compris. SURFER Photos et vidéo de l’exercice à retrouver sur www.lalsace.fr. Plus d’infos sur www.corpsmondialdesecours.fr/WordPress3/manoeuvrenationale-2015/
Avec quel équipement ? Sur le terrain, que ce soit en France ou à l’autre bout du monde, tout bon secouriste se doit de porter une paire de chaussures antiperforation, un casque, une coque de protection qui protège des coupures, mais aussi des gants de travail et des lunettes adaptées. Dans le sac d’un secouriste, on trouve en règle générale de l’eau, de la nourriture déshydratée, une lampe, une couverture de survie, ainsi qu’une trousse de premiers secours. Le Corps mondial de secours se déplace de plus en plus fréquemment (sur les séismes, les typhons) avec un important poste médical avancé.
70 Comme le nombre de sauveteurs et de victimes présentes hier sur le terrain des Tuileries Oscar Lesage, rue Josué-Hofer à Mulhouse. Celui-ci s’étend sur une surface de 30 000 m².
LA PHRASE « Jouer la victime, c’est rigolo. On appelle à l’aide, on imite des mouvements de spasme, un état de choc. Il faut tenir des propos un minimum cohérents. Bon, pour ceux qui sont ensevelis, il ne faut pas être trop claustrophobe ! » Cécile, une des fausses victimes
Cet exercice a permis à l’ONG de tester de nouvelles civières.
Le terrain appartenant aux Tuileries Oscar Lesage, comme le public ne le verra plus d’ici quelques mois.
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Photo L’Alsace
Photo L’Alsace