Transformation numerique francais

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supplément au n° 3411 . 19 février 2015 . ne peut être vendu

digitalisation

Stratégie

14 caS d’école

à quoi Sert un chief

HANNOVER page 22 digital officer MESSE. Êtes-vous prêt pour?  page

Supplément au numéro 3411 . 19 février 2015 . ne peut être vendu Sép

la 4e révolution industrielle ? 13 – 17 avril 2015 Hanovre ▪ Allemagne hannovermesse.com

v r ez D é c o u fu tur u d l’usine es les t u e t to res d e r ni è s ! ce n te n da

Partner Country

India 2015

l’aut

comment les acteurs du numéri les usages et le modèle


Bienvenue à la HANNOVER MESSE 2015 ! Vous découvrirez du 13 au 17 avril 2015 les toutes dernières innovations dans les cinq secteurs clés suivants : 1. Automatisation industrielle et informatique 2. Energie et environnement 3. Entraînement et transmission de puissance 4. Sous-traitance industrielle, technologies de production, services 5. Recherche et développement Pièces détachées ou usine intelligente, efficacité énergétique, construction légère ou fabrication additive, toutes les thématiques liées à la chaîne de valeur industrielle seront réunies et présentées dans leur intégralité sur un seul et même site. « Integrated Industry – Join the Network! » Le thème phare de l’édition 2015 montrera que la maîtrise des principaux défis de l’industrie 4.0, tels que la normalisation de la communication machine-machine, la question de la sécurité des données ou encore la recherche de modèles économiques d’avenir, passe impérativement par leur mise en réseau.

Sectorisation de la HANNOVER MESSE 2015 Industrial Automation Hallen/Halls 8, 9, 11, 14 – 17

Global Business & Markets (Halle/Hall 6)

Eingang Entrance

Motion, Drive & Automation Hallen/Halls 14–17, 19–25

job and career (Halle/Hall 17)

Informations-Centrum Information Center

Energy Hallen/Halls 11 – 13, 27, FG

Tec2You (Pavillon/Pavilion 11)

Convention Center

Wind Halle/Hall 27

Robotation Academy (Pavillon/Pavilion 36)

Presse-Centrum Press Center

MobiliTec Halle/Hall 27, FG

Partnerland Indien Partner Country India

Freigelände Open-air site

Digital Factory Hallen/Halls 7, 8 ComVac Halle/Hall 26 Industrial Supply Hallen/Halls 4 – 6 SurfaceTechnology Halle/Hall 3 Research & Technology Halle/Hall 2

01/2015 ▪ Modifications reserved ▪ 150114

Retrouvez le programme complet de l’exposition sur le site : www.hannovermesse.de/en/exhibition/

Deutsche Messe Messegelände 30521 Hannover Germany

Tel. +49 511 89-0 Fax +49 511 89-32626 info@messe.de www.messe.de

Représentant de Deutsche Messe : Suzanne Gatzemeier Tél. +33(0)143876983 Fax +33(0)142934323 sg@globalfairs.fr www.globalfairs.fr


axelle lemaire,

secrétaire d’État chargée du Numérique

« la france a besoin d’un déclic culturel »  page 8 digitalisation

14 caS d’école  page 22

Stratégie

à quoi Sert un chief digital officer ?  page 28

innovation

fab labS, deS fabriqueS à prototypeS  page 32

Supplément au numéro 3411 . 19 février 2015 . ne peut être vendu Séparément

l’auto 4.0 comment les acteurs du numérique transforment les technologies, les usages et le modèle industriel de l’automobile.

www.usine-digitale.fr


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transformation numérique

De la nécessité D’une culture numérique

L aurélie barbaux

a transformation numérique de l’économie, des sociétés, voire du monde, est inexorablement en marche. Et elle accélère. Au risque de friser le chaos, social notamment. Même dans la Silicon Valley, on s’inquiète pour l’emploi. Les transformations se réalisent beaucoup plus rapidement que prévu, sans laisser aux organisations et aux administrations le temps de s’adapter. Un constat d’autant plus alarmant que l’on est au milieu du gué, dans l’incapacité d’anticiper tous les courants. Certains, néanmoins, semblent clairs. Comme la capacité du numérique à bouleverser à peu près tous les business models… La bonne nouvelle, c’est qu’après une phase de scepticisme, voire d’attentisme, les entreprises en ont pris conscience, comme le démontrent notre dossier sur « Le numérique déroute l’auto » et le portrait des premiers chief digital officers de l’industrie. La mauvaise, c’est que pour développer de nouvelles stratégies, il faut changer de mode de pensée. Il y a urgence, pour tous, à acquérir une culture numérique, qui «est certes une appétence pour la technologie, mais aussi un état d’esprit La culture numérique, c’est acquérir qui consiste à savoir prendre des une culture de la donnée, non plus pour risques. C’est aussi savoir changer d’avis. Ne pas adopter des mesurer mais pour innover. réflexes corporatistes. Le numérique implique également d’avoir plus de souplesse dans la gestion des ressources humaines», selon Axelle Lemaire, la secrétaire d’État chargée du numérique, en pensant à l’appareil d’État. Cette définition est juste, mais incomplète. La culture numérique, c’est aussi acquérir une culture de la donnée, non plus uniquement pour mesurer mais pour innover. C’est apprendre à penser «ouvert», open data, open source, fab lab, crowdsourcing… C’est penser usage et donc design, avant technologie. C’est enfin penser de façon transversale, voire horizontale, dans ses organisations. Pas facile, mais pas impossible. «Une culture, cela s’acquiert», affirme Axelle Lemaire. Reste à savoir s’il faut adopter telle quelle cette culture initiée depuis la Silicon Valley ou réussir à lui donner rapidement des valeurs européennes. ❚❚

l’usine nouvelle i supplément au n° 3411 i 19 FéVrier 2015

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TRANSFORMATION NUMÉRIQUE

8

ENTRETIEN AVEC AXELLE LEMAIRE

10 DOSSIER

Sommaire INFOGRAPHIE

Quand le numérique bouleverse l’économie P. 6 ENTRETIEN

Axelle Lemaire, la secrétaire d’État chargée du Numérique P. 8 DOSSIER

Le numérique déroute l’auto Chacun cherche sa voie P. 16

P. 10

DIGITALISATION

14 cas d’école

P. 22

STRATÉGIE

À quoi sert un chief digital officer

P. 28

INNOVATION

Fab labs, fabriques à prototypes

P. 32

OBJETS CONNECTÉS

Design made in France P. 36 OUTILS

Quels OS pour les objets connectés ? P. 38 MÉTHODE

Entreprises, ouvrez vos données ! P. 41

Président-directeur général : Christophe Czajka Directeur général délégué : Julien Elmaleh Directeur du pôle industrie : Pierre-Dominique Lucas Directeur de la rédaction : Thibaut De Jaegher Directrice adjointe de la rédaction : Anne Debray Coordinatrice éditoriale : Aurélie Barbaux Chef d’édition : Guillaume Dessaix Direction artistique : Eudes Bulard Ont participé à ce numéro : Dorothée Coelho, Adrian de San Isodoro (secrétariat de rédaction) ; Charlotte Calament (maquette) ; la rédaction de « L’Usine Nouvelle » Iconographie : Bernard Vidal Supplément de « L’Usine Nouvelle » n° 3411 du 19 février 2015 (commission paritaire n° 0712T81903) Ne peut être vendu séparément. Une publication du groupe Gisi, Antony Parc II – 10 place du Général-de-Gaulle – BP 20156 – 92186 Antony Cedex Directeur de publication : Christophe Czajka Impression : Roto France Impression 77185 Lognes Photo de couverture : D.R.

4

28

CHIEF DIGITAL OFFICER

36

DESIGN CONNECTÉ


Profiter de l’Internet Industriel en 2 jours seulement grâce à l’Equipment Insight, de GE Predictivity™ La technologie et les possibilités d’utilisation de l’Internet Industriel ou Industrie 4.0 sont les fondations des nouveaux concepts d’automatisation et de diagnostic. Désormais deux questions essentielles se posent: en combien de temps ces concepts peuvent-ils être réalisés dans l’industrie ? Quelles compétences supplémentaires spécifiques sont nécessaires ? Chacun d’entre nous avons expérimenté la connectivité des produits de grande consommation. Mais est-ce applicable à l’industrie? Et avec quelles contraintes?

Réduire les efforts et maximiser l’efficacité Les opérateurs d’une flotte ou d’un ensemble d’équipements (par exemple, pompes hydro, sous-stations électriques, silos de maïs, champs éoliens) veulent exploiter leurs équipements avec le moyen le plus économique. Pour cela ils ont besoin d’accéder en temps réel non seulement aux indicateurs clés de performance, mais aussi aux tendances sur plusieurs jours ou semaines. Grâce à ces informations, ils peuvent décider si une maintenance est nécessaire ou non. Pour les fabricants d’équipement et de machines, il est important d’offrir le meilleur service à leurs clients, diagnostic à distance en cas d’arrêt imprévus ou recommandation d’actions préventives de maintenance. Ce service améliore non seulement la satisfaction client, mais aussi économise les coûts inutiles de support ou de maintenance et peut ainsi devenir une source de revenu supplémentaire.

L’Internet Industriel génère des besoins individuels Le plus gros challenge est que la collecte et le transfert des données des équipements ne font pas nécessairement partis des compétences des opérateurs et fabricants. Pour eux, il s’agit simplement d’un moyen. Une solution complète d’automatisation et de diagnostic à travers l’Internet Industriel

Equipment Insight Installation Initial Machine Owner Operator

1

Develop Strategy

Senior Engineer

GE Sales

<1/2 day Asset Interface Map

2

3

Pre-configure System

3 hours

GE Engineer

Install Field Agent

<1 hour

Maintenance Technician/ Electrician

Verify System

4

~1 day on site

GE Field Service Engineer

Customer Training

~1 day on site

COMMUNIQUÉ

Sous forme de souscription, la solution ne nécessite pas un investissement de départ important et délivre ses bénéfices en seulement quelques jours (voir le diagramme).

Qu’est-ce que l’Equipment Insight a changé chez TempuTech? TempuTech—constructeur de systèmes de gestion des céréales – fabrique des câbles et capteurs spécifiques afin de contrôler la température des céréales et fournit une solution clé en main (matérielle et logicielle) pour des petites ou grandes fermes. Aujourd’hui, après l’installation de l’Equipment Insight, TempuTech transforme son business basé sur un modèle de réparateur en un modèle de partenaire proactif, aidant ses clients à éliminer les temps d’arrêt et à augmenter leur productivité. La prochaine étape de TempuTech est d’offrir un système qui contrôle tous les aspects des installations de stockage des céréales, combinant différentes applications, équipements, capteurs, base de données et systèmes en un seul système mobile.

GE Field Maintenance Service Technician/ Engineer Electrician

doit remplir un large éventail de conditions pour être considérée comme intéressante par l’utilisateur.

Equipment Insight : 2 jours d’installation sans support et compétence IT! GE a développé une solution qui répond à ces conditions en s’appuyant sur les composants d’automatisation existants. La solution d’accès à distance et de diagnostic est indépendante des contrôleurs en place et permet aux OEMs de fournir les données sur toute la durée de vie des machines, d’avoir une meilleure connaissance5des machines, et des programmes de maintenance prédictive qui génèrent des revenus supplémentaires à la vente originale.

Vous avez 2 jours? En tant qu’OEM majeur, GE fait face aux mêmes challenges et est donc bien placé pour construire une solution qui répond exactement aux problèmes des OEMs. Essayez gratuitement pendant 3 mois la solution Equipment Insight en allant sur ge-ip.com/fr/equipmentinsight. Mobile Operators

Field Service Personnel

+ Machine

Controller

Encrypted Data

Field Agent

Cloud-based Equipment Insight Hosted Server

3G

END USER

OEM


transformation numérique

quand le numérique bouleverse l’économie dans les entreprises

100

33 / 100

milliards d’euros par an

27,8 %

C’est la note moyenne des entreprises à l’indice de transformation numérique (ITN)

Ce serait la part du numérique dans le PIB de la France d’ici à 2020, si les entreprises accélèrent leur transformation digitale

des entreprises ont un responsable de la transformation digitale LA TRANSFORMATION FREINÉE PAR…

OÙ EN SONT LES ENTREPRISES FRANÇAISES ?

57%

ont un site web

25%

émettent ou reçoivent des e-factures

54%

ont un accès à distance à leurs systèmes

20%

sont présentes sur un média social

20%

forment leurs employés au numérique

36% 33% 26%

ont formalisé une stratégie numérique utilisent un ERP

52%

Le manque de compétences

52%

Le manque de volonté managériale

vendent en ligne

11%

62%

La résistance au changement

ont connecté leurs salariés à un terminal

16%

ont une solution de CRM

Le coût

29%

Le risque de sécurité

LE NUMÉRIQUE, UN LEVIER DE COMPÉTITIVITÉ POUR...

il apporte des bénéfices pour...

La production

La traçabilité

64,2%

La gestion de données techniques

63,6%

La R&D et la conception

56,4%

50,1%

L’automatisation des processus

55,2%

La baisse des coûts

53%

La finance et la comptabilité

52,7%

L’accès en mobilité au système d'information de l’entreprise

Le commercial La logistique et la sous-traitance

60,1%

Le suivi en temps réel

Le gain de qualité

44,6%

48,5%

30,7% 30,3%

LES ENTREPRISES QUI ONT DÉPLOYÉ UNE SOLUTION OU LANCÉ UN PROJET DE... En %

Oui

43,4

Non

43,7

Réseau social d’entreprise

6

N.C.

43,2

38,5

Cyber sécurité

38

44,5

objets connectés

36,8

46,3

Cloud

20,4

52,9

Big data

19,6

65,5

impression 3D

sources : roland Berger, McKinsey, BaroMètre sage-econocoM, insee ; ey ; onu ; strategy& et Pwc, JuniPer research, nvigant, cisco

26%


transformation numérique

avec le big data

grâce à l’open data un facteur de croissance

d’énormes potentiels à venir…

260

milliards d’euros

de valeur pour la santé dans le monde

250

2 590

90

milliards d’euros

milliards d’euros

milliards d’euros

d’économies pour les administrations européennes

de marché grâce aux données de géolocalisation

de réduction des coûts de développement pour l’industrie

16,1

milliards d’euros

Chiffre d’affaires réalisé en 2013 par les 70 fournisseurs de solutions big data

C’est le montant que les acteurs privés et publics européens s’engagent à investir, d’ici à 2020, dans les technologies liées aux mégadonnées via le programme Horizon 2020

Qu’en disent les entreprises du big data? « Nous en étudions les opportunités »

Non

23%

Oui, étude en cours

37% 18%

Oui, plan big data déployé

2% Oui

Non

l’usine nouvelle i suPPléMent au n° 3411 i 19 Février 2015

Marché du smart home en 2018 objets c

12 434 milliards d’euros

un savoir-faire français

... qui ne convainquent pas les industriels français

57%

Marché de la voiture connectée en 2020

Chiffre d’affaires cumulé Marché potentiel des technologies smart des objets connectés grids d’ici à 2020 en 2020

milliards d’euros

63%

milliards d’euros

milliards d’euros

2,5

61,3

milliards d’euros

398

… et de grands investissements…

« Ce levier de croissance ne concerne que certaines entreprises »

de juteux marchés à prendre

115,2

50 %

C’est ce que l’open data pourrait ajouter par an à l’activité économique mondiale

Oui, mais pas d’opportunités

4e mondial

C’est le rang de la France en matière d’e‑gouvernement

4,2 millions

C’est le nombre de titres de propriété intellectuelle ouverts, enregistrés auprès de l’Inpi sur data.gouv.fr en octobre 2014 Soit 1 million de brevets 2,3 millions de marques 900 000 dessins et modèles 45 000 décisions d’opposition 7


transFormation numériquE

«La FrancE a bEsoin d’un décLic cuLturEL» Pour Axelle Lemaire, la secrétaire d’État chargée du Numérique, la France est prête à accueillir la transformation digitale. Reste à la déclencher. ProPos recueillis Par aurélie BarBaux, emmanuelle Delsol et charles Foucault

la France a-t-elle enfin acquis une culture numérique ? La culture numérique, c’est une appétence pour la technologie mais aussi un état d’esprit qui consiste à savoir prendre des risques, à savoir changer d’avis et à être plus souple dans la gestion des ressources humaines. Au sein de l’appareil de l’État, nos dirigeants n’ont pas encore cette claire conscience des enjeux numériques. Depuis ma nomination, il y a neuf mois, j’ai beaucoup observé, beaucoup écouté. Quand je compare notre niveau d’éveil avec celui d’autres pays, je me rends compte que la France n’est pas mal positionnée. Nos infrastructures solides et à la pointe sont un atout. Notre pays est prêt à accueillir la transformation numérique. Simplement, il nous faut un déclic culturel. ce déclic a-t-il eu lieu dans le secteur privé ? Il y a une prise de conscience. Je rencontre actuellement les patrons du CAC 40 pour aborder ces sujets. Pour eux, les enjeux de la transformation numérique et les questionnements sont les mêmes. Notamment le risque de rupture des modèles économiques. Nous devons répondre ensemble à ces enjeux. Les hauts dirigeants en sont conscients. Ils sont dans une phase où ils s’interrogent sur les stratégies, les moyens. Il leur manque la culture. Mais la culture, cela s’apprend. L’enjeu, pour l’entreprise, c’est le management intermédiaire, le «middle management» des Anglo-Saxons.

Pour attirer et garder les talents, les start-up revendiquent un modèle social qui assure plus de stabilité. Elles ne sont pas synonymes de Far west ! 8

en quoi le « middle management » est-il un enjeu numérique ? Les nouvelles générations de salariés sont nées dans le numérique. Il ne faudrait pas que, en interne, il y ait des conflits générationnels ou culturels autour de ces questions. La transformation numérique doit donc se faire également en interne. Elle peut être l’occasion de repenser les modes de fonctionnement au sein des entreprises. C’est aussi une question forte de dialogue social. Je voudrais que les partenaires sociaux se saisissent de ces enjeux. n’y a-t-il pas un risque « d’uberisation » du marché du travail, avec plus de travail à la tâche ? Non. Au contraire, les start-up embauchent plus en CDI qu’en CDD. Pour attirer et garder les talents, elles revendiquent un modèle social qui assure plus de stabilité. Quant au risque d’uberisation avec le recrutement de travailleurs indépendants, l’État doit pouvoir répondre à chaque secteur concerné par Uber, Booking ou Airbnb. La rupture, qui bouleverse les modèles économiques, ne doit pas être un prétexte pour remettre en cause les règles protectrices du marché du travail. Start-up et numérique ne sont pas synonymes de Far west ! mais la transformation numérique ne se limite pas aux start-up… Si j’insiste autant sur les start-up, c’est parce qu’aujourd’hui ce sont les acteurs économiques les plus à même d’enclencher la transformation numérique, qui doit toucher l’ensemble du tissu économique. D’où l’importance que j’accorde à l’innovation ouverte et à l’idée que la France doit être un écosystème, avec nos grands groupes travaillant au plus près avec les start-up. Et pas uniquement avec une vision d’intégration. Je voudrais élaborer un cadre référentiel, ni normatif ni contraignant, qui mette en commun les bonnes pratiques. Je ne veux plus que, dans notre pays, une start-up puisse dire qu’elle a mis trois ans à obtenir un rendez-vous avec un responsable des achats d’une entreprise française, alors qu’aux États-Unis cela lui a pris trois jours ! Qu’attendez-vous de la stratégie numérique de l’europe qui doit être présentée en mai ? La neutralité d’internet est un sujet important. Vu le débat très politique aux États-Unis sur les orientations technologiques et les tendances du marché sur les services audiovisuels et les objets connectés, il est très important d’affirmer le plus rapidement possible que l’ensemble des pays de l’Union européenne est en faveur de la neutralité de l’internet. Nous travaillons à un compromis. Mais il faut rester pragmatique. Devant l’impossibilité de définir techniquement ce que sont les services spécialisés [qui pourraient obtenir un traitement différencié sur le web, ndlr], j’estime qu’il est plus raisonnable de laisser cette définition aux États membres s’ils le souhaitent. Il faut néanmoins trouver un accord rapidement pour que ce ne soit pas un sujet qui empêche l’Europe de définir une ambition industrielle, comme la création d’un marché unique du numérique ne se limitant pas aux télécoms. Pour que nos start-up puissent devenir des géants industriels, il faut qu’elles puissent aborder le marché européen dans

maxime amore

entretien


son ensemble avec des règles harmonisées. Selon moi, la priorité est là. Il y a également la question de la régulation des plates-formes et celle de l’optimisation fiscale. J’essaie aussi d’y intégrer un volet sur l’inclusion numérique. C’est-à-dire sur la dimension sociale, culturelle et éducative du numérique. la protection des données privées est également un grand enjeu politique… La question des données personnelles est un enjeu de libertés publiques, de protection de la vie privée. C’est aussi un enjeu économique, car je suis persuadée que l’Europe est attractive quand elle est protectrice. Il est urgent que soit adopté le projet de règlement communautaire sur les données personnelles. C’est un projet qui va assez loin, avec notamment l’idée de portabilité des données, de droit au déréférencement. Il est assez conforme à l’esprit de la législation française actuelle, elle-même très protectrice en matière de données personnelles. travaillez-vous à l’encadrement de l’utilisation des données personnelles par le big data ? La Cnil est de plus en plus dans une démarche de certification et d’accompagnement des entreprises, mais avec des l’usine nouvelle i supplément au n° 3411 i 19 FéVrier 2015

sanctions plus fortes en cas de non-respect des règles. Le monde des mégadonnées est complexe, il est important pour les entreprises de comprendre le droit applicable. Une charte a déjà été définie, sous la houlette de la Cnil, entre l’ensemble des grands assureurs, sur cette question des données des clients, collectées notamment à partir des objets connectés. Elle indique un cadre référentiel. vous avez dit qu’il n’y aurait pas de « Patriot act » à la française. comment concilier liberté des internautes et surveillance ? Les grands principes du cadre législatif actuel en France garantissent tout à fait cette conciliation. Néanmoins, il faut sans doute rénover ce cadre, car il a été conçu en 1991, à une époque où l’internet n’existait pas encore. Ce travail a été lancé en 2013, et le Premier ministre, qui s’est exprimé le 8 décembre 2014 devant les Cnil européennes, a indiqué que la loi sur le renseignement garantirait le contrôle préalable et indépendant de toutes les opérations de surveillance. Se pose également la question des moyens humains, d’où la réponse apportée par le gouvernement. Si l’on ne souhaite pas qu’il y ait une privatisation de la protection et de la sécurité sur internet, il faut effectivement que l’État fasse de cette question une priorité de son action. Et c’est le cas. ❚❚ 9


d. r.

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transformation numérique

Industrie

le numérique déroute l’auto Le numérique s’attaque à tous les métiers de l’automobile, en transformant les technologies, les usages et le business model. Par EmmanuEllE DElsol

e

local motors a dévoilé, à l’occasion du salon de l’auto de Detroit la strati, la première voiture imprimée en 3 D. l’usInE nouvEllE i supplément au n° 3411 i 19 FéVrier 2015

n 2015, les constructeurs ont, une fois de plus, paradé au CES de Las Vegas comme lors d’un Salon de l’automobile. Clou du spectacle, la Mercedes F015. Un véhicule de luxe et, surtout, autonome. « L’automobile est sortie de l’industrie automobile», constate Franck Cazenave, le directeur du marketing et de l’innovation chez Bosch, également auteur de «Stop Google», paru aux éditions Pearson. Après le divertissement, l’information et les services, c’est au tour de l’industrie de subir les assauts du numérique. Le secteur automobile n’y échappe pas. À l’image du smartphone, son industrie se transforme progressivement en plate-forme logicielle dont le véhicule n’est que la partie émergée. Bousculant la technologie, mais aussi les usages, le modèle économique, les process industriels, les compétences, la commercialisation… Au commencement, le téléphone mobile s’est invité dans les poches et les sacs à main et, de fait, dans les véhicules. « C’est le cheval de Troie du numérique que le consommateur en personne a introduit dans la voiture », précise Oussama Ammar, cofondateur de TheFamily, lors de sa conférence « Les Barbares attaquent l’automobile ». Smartphones et tablettes remplacent autoradios, GPS, systèmes de diffusion vidéo. Mais ils permettent aussi de trouver une place de parking ou d’identifier le restaurant le plus proche. Ils connectent le véhicule – et ses usagers – à la route, au dépanneur, à la compagnie d’assurances. Le 11


transformation numérique

lien entre l’industriel et son client se distend au profit des acteurs du numérique qui engrangent des données. En 2014, la pression est montée d’un cran. Google et Apple ont sauté le pas en s’incrustant dans le véhicule avec des versions adaptées de leurs systèmes d’exploitation, Android Auto et CarPlay. Les constructeurs n’ont plus qu’à ouvrir leurs propres systèmes, à les codévelopper ou à s’allier avec les californiens.

la transformation du processus industriel Avec le smartphone sont aussi arrivés de nouveaux usages. Géolocalisation, paiement en ligne et messagerie instantanée facilitent, par exemple, le covoiturage ou le partage de trajets. Des services comme ceux de BlaBlaCar et, depuis peu, d’Uber et consorts se multiplient. Obligeant les constructeurs à tenir compte de ces usages sans achat : prêt, partage, échange… Des start-up comme Drust vont plus loin en combinant application mobile et récupération de données. À partir des informations produites par le véhicule, Drust prodigue des conseils pour une conduite plus sûre et économique. Ces nouveaux venus démontrent aussi qu’il devient de plus en plus aisé de créer de la valeur ajoutée hors du véhicule. D’autant que dans cette course à l’innovation, on croise le géant Google, armé de son système d’exploitation Android et de sa cartographie experte Google maps, pivot de la navigation, de la géolocalisation, de la publicité contextuelle. Sans oublier le GPS communautaire Waze ou la vidéo YouTube… Mais son coup de génie reste le véhicule autonome. Certes, il est loin d’en être l’inventeur. Mais depuis qu’il a développé sa Google car, les constructeurs n’ont de cesse de le défier. Le californien a obtenu ce qu’il voulait : avec une voiture 100% autonome, le temps de cerveau des conducteurs, qui sont aussi des internautes, est libéré. L’automobile est touchée au cœur de son modèle d’innovation. En évoluant avec agilité et dans des cycles très rapides, le numérique la pousse à adopter ses méthodes. Dans un entretien accordé fin 2014 au cabinet McKinsey, William Clay Ford Jr, président de Ford, explique que « tous les véhicules doivent faire partie d’un réseau intégré et chaque forme de transport parler aux autres, pour optimiser la façon de se déplacer ». Open data, big data, crowdsourcing, fab labs doivent entrer dans la boîte à outils de l’automobile. Transformation ultime ? La production, que l’industrie pensait être son dernier bastion imprenable. Or des constructeurs comme Local Motors réinventent l’ensemble du processus industriel. Ils ouvrent des micro-usines, s’inspirent des modèles de design open source et impriment certains véhicules en 3 D. Ces organisations restent rares et ne produisent que de petites séries, mais elles affichent agilité, rapidité, production et emploi locaux, là où l’industrie traditionnelle peine à suivre. Elle ne pourra pas les ignorer. « La réalité, c’est que nous ne posséderons plus et ne développerons plus la plupart de ces technologies. Nous devons être les intégrateurs intelligents de celles des autres et comprendre où nous ajoutons de la valeur. » Cette vision de l’automobile du XXIe siècle est signée William Clay Ford Jr, arrière-petit-fils d’Henry, l’inventeur de l’industrie du XXe siècle. ❚❚ 12

GooGle le trouble-fête Ce sont les utilisateurs qui, les premiers, ont ouvert la porte de leur véhicule à Google. smartphone en poche, ils ont trouvé leur itinéraire grâce à Google maps. puis vérifié le trafic en temps réel sur Waze, une app fondée sur le crowdsourcing, acquise par Google. ne laissant aucune chance aux Gps intégrés. Connectés en Bluetooth, les mobiles ont aussi joué le rôle d’autoradio, de télévision et de console de jeux. Google a ainsi engrangé de nouvelles données. le géant du numérique ne cherche pas à détruire l’industrie automobile, seulement à la tordre

à son avantage pour en tirer cette substantifique et précieuse moelle du XXie siècle : la data. il n’est pas le seul. apple et microsoft rêvent aussi d’intégrer leur système d’exploitation au véhicule en symbiose avec l’Os des mobiles. android auto pour Google, Carplay pour apple. mais Google ne s’arrête pas là. il veut se glisser entre l’automobiliste et son constructeur. selon Oussama ammar, cofondateur de theFamily, il pratiquerait un lobbying intense auprès de l’assurance automobile. pourquoi les compagnies ne s’adresseraient-elles pas à lui


transformation numérique

d. r.

drust l’intercepteur de données

pour peaufiner contrats et tarifs ? il maîtrise toutes les données sur le conducteur : son état de santé, son identité, ses trajets… le coup de maître de Google est son véhicule autonome. en 2010, à la surprise générale, il s’éloigne de son moteur de recherche et développe une voiture sans conducteur. les railleries n’ont pas manqué, en particulier en provenance du secteur automobile. piqués au vif, les constructeurs rappellent que Google n’a rien inventé et mettent les bouchées doubles pour présenter à leur tour un modèle autonome. Jusqu’à

l’incroyable mercedes F015, carrosse autonome présenté au Ces 2015. l’industrie automobile gonfle le torse. mais Google, lui, doit sourire. la F015 accueillera comme dans un salon des passagers avides de jeux, pressés de se réunir en visioconférence, enclin à échanger avec leurs familles ou à consulter leur boîte mail. ils abreuveront ainsi le géant californien des données qu’il affectionne tant. Face à ce succès, il pourrait même créer une société pour vendre son système de conduite autonome en marque blanche et… l’analyse des données récoltées. ❚❚

l’usInE nouvEllE i supplément au n° 3411 i 19 FéVrier 2015

le français drust, créé par des anciens de psa, a mis au point un connecteur qui s’installe directement sur la prise On board diagnostics (OBd) du véhicule, pour intercepter les données liées au fonctionnement du moteur. Habituellement réservées aux constructeurs et à leurs réseaux, ces informations et leur analyse permettent à la jeune pousse de prodiguer des conseils au conducteur afin qu’il adopte

un comportement plus économe en énergie et en euros. Cette offre se présente sous la forme d’une clé universelle qui relie le véhicule au smartphone de l’automobiliste. en complément, l’app de drust devrait également proposer un premier niveau de diagnostic au conducteur en cas de problème technique, lui permettant ainsi de soulever virtuellement le capot ! ❚❚

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mais quelle mouche a donc piqué John rogers Jr pour qu’il décide, en 2007, de construire des automobiles ? réponse : le numérique. le fondateur de local motors, à phoenix (états-unis), souhaitait à la fois fabriquer de très belles voitures, en petites séries, et mener à bien un projet « bon » pour la société. pour lier les deux, il n’a eu de cesse d’introduire tous les nouveaux outils et nouvelles pratiques de l’économie numérique au cœur même des processus industriels. À commencer par un design collaboratif, conçu avec une communauté de designers en ligne. des modèles gérés ensuite selon

les règles de la licence Creative commons de l’open source logiciel adaptées au secteur. en 2009, son rally fighter a été la toute première automobile « Creative commons » de l’histoire. les véhicules sont conçus et fabriqués pour un usage local, par des employés locaux, avec des matériaux, de l’énergie, des infrastructures locaux. pour mener à bien sa r & d, travailler sur le design, fabriquer et vendre ses véhicules, local motors a donc opté pour des micro-sites régionaux, entre fab lab et usine, réunissant toutes les activités. environ 4 000 m2 de locaux qui peuvent produire au moins 250 véhicules par an. ❚❚


transformation numérique

blablacar Héraut de la voiture partaGée

d. r.

en 2004, bien avant l’apparition de l’iphone, la start-up française Covoiturage.fr mettait en relation des internautes propriétaires d’automobiles avec des internautes passagers potentiels, pour partager des trajets longue distance. devenue BlaBlaCar, elle est aujourd’hui une plate-forme internationale. elle prélève de 6 à 10 % sur la transaction et s’appuie essentiellement sur la recommandation pour

assurer la confiance. avec 10 millions de membres dans 13 pays, et alors que les jeunes générations semblent délaisser la conduite, BlaBlaCar a transformé l’usage de l’automobile. la propriété pourrait ne plus être la règle et faire place à l’usage partagé. une tendance sur laquelle uber et autre lyft surfent aussi, avec un modèle différent et plus proche de celui des taxis. ❚❚

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l’usInE nouvEllE i supplément au n° 3411 i 19 FéVrier 2015

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transformation numérique

au ceS 2015, mercedes-Benz a présenté la F015, son véhicule du futur sans chauffeur et 100 % autonome.

Business model

ChaCun CherChe sa voie Les constructeurs ont pris conscience des changements induits par le smartphone dans l’habitacle et les habitudes des conducteurs, mais peinent à adapter leur stratégie. Par Pauline DucamP

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L

es services digitaux ne font pas partie du cœur de métier des constructeurs. Ils n’ont clairement pas les habitudes de pure players.» Ce constat d’un spécialiste du big data résume le défi auquel font face les dirigeants du secteur automobile. « La nouveauté à prendre en compte est la continuité de l’expérience client, souligne JeanPierre Dumoulin, directeur technique chez PSA. Demain, le produit et le service fonctionneront de concert. La différenciation se fera sur les services. » Or les constructeurs peinent à être pertinents dans leurs offres, à créer de la valeur à partir des données du véhicule qu’ils récoltent. Chacun cherche à mettre en œuvre de bonnes pratiques. Ford, Renault ou les grands équipementiers (Valeo, Bosch) ont ouvert des bureaux dans la Silicon Valley; Audi et BMW collaborant étroitement avec eux pour accélérer leur mutation. Différents consortiums comme MirrorLink regroupent constructeurs et sociétés de l’électronique grand public pour assurer la continuité de l’utilisation du smartphone dans la voiture. Surtout, les constructeurs se réfèrent plus que jamais à la stratégie


transformation numérique

d’innovation de l’automobile: adopter les technologies et les pratiques qui ont fait leur preuve chez les concurrents… en espérant ne pas être partis trop tard dans cette révolution, la première depuis cent ans dans le secteur !

daimler ag, ford

ForD, entrePreneur en moBilité Blue-jean, bronzage impeccable, attitude détendue sur scène, Mark Fields paraissait plus proche d’un Mark Zuckerberg que d’un Sergio Marchionne lors de la keynote d’ouverture du CES 2015. Le directeur général de Ford connaît en effet très bien les codes du numérique. Il a débuté chez IBM, puis a participé à l’élaboration du système Ford Sync et renforcé, ces derniers mois, ses équipes dans la Silicon Valley. « Je passe beaucoup de temps en Californie pas seulement pour apprendre, mais aussi pour établir une relation avec la communauté high-tech et développer de nouveaux partenariats », expliquait-il en août 2014 lors de sa prise de fonctions. Difficile pourtant de croire que Ford ait besoin d’apprendre ce qu’est le numérique, tant l’entreprise semble née en Californie. Le prédécesseur de Mark Fields et l’artisan de la transformation numérique du groupe, Alan Mulally, a même rejoint le conseil d’administration de Google! Mais c’est avec Microsoft que Ford a commencé son virage digital. En 2007, Alan Mulally dévoile à Detroit (États-Unis), en présence de Bill Gates, la pierre angulaire de sa stratégie : Sync. Avec ce système, le conducteur peut connecter son téléphone mobile à son véhicule en Bluetooth ou via un port USB. À cette époque, Ford n’est pas en avance. General Motors a déjà équipé 500 000 véhicules haut de gamme avec le système OnStar. L’arrivée de l’iPhone la même année va bouleverser les lignes. Ford constate que ses utilisateurs veulent utiliser tout le potentiel de l’appareil quand ils sont en voiture. Surtout, la maison de Dearborn admet que la connectivité sur la route passe d’abord par le smartphone embarqué dans l’habitacle. Cette prise de conscience tient aux profils éclectiques de ses dirigeants. Ford s’est en effet doté d’un département prospectif, dirigé par Sheryl Connelly, en veille sur les grandes tendances sociétales. Une autre tête pensante de la transformation de Ford rejoint le groupe en 2008. Il s’agit de Scott Monty, un dirigeant chargé du numérique au niveau mondial. Qualifié de «visionnaire» par Alan Mulally, Scott Monty a lancé une politique active sur les réseaux sociaux, pour connecter la marque à l’ovale bleu directement à ses consommateurs et lui donner une image forte, incarnée par ses dirigeants. Le « mouvement Fiesta » en 2008 est le premier gros coup de Ford. Pendant six mois, il confie la voiture à des blogueurs influents pour qu’ils racontent leur expérience avec le véhicule. L’audience explose et Ford renouvelle l’expérience via ses comptes Twitter, des sites de discussions entre consommateurs et même un site d’échanges sur les bouleversements induits par la crise dans la vie quotidienne des conducteurs. Après les outils, Ford intègre les pratiques et process de la Silicon Valley. Mi-2012, le constructeur y ouvre un bureau dédié aux nouvelles technologies. Dirigé alors par TJ Giuli, qui a quitté l’entreprise depuis, le laboratoire lui permet de faire un pas décisif : celui de l’open source. Le constructeur l’uSine nouvelle i supplément au n° 3411 i 19 féVrier 2015

Ford ne se présente plus seulement comme un constructeur automobile, mais comme une entreprise de mobilité. les applications doivent faciliter la conduite.

est parmi les premiers à ouvrir sa plate-forme aux développeurs extérieurs. « Cela permet de proposer à des tiers de mettre au point des modules complémentaires pour les automobiles », expliquait en 2013 TJ Giuli. Ford utilise aussi les hackhatons pour multiplier les nouveaux services sur Sync, dont le passage en open source a été officialisé en 2013, à l’occasion du CES. Là encore, il s’agit d’une stratégie de communication pour rappeler que Ford ne veut pas se limiter à la construction automobile. L’open source a libéré les énergies dans le groupe qui utilise désormais tous les outils collaboratifs disponibles. Ford a ainsi généralisé l’impression de pièces en 3 D dans ses centres de R &D ou lancé un TechShop au siège de Detroit pour encourager les initiatives des salariés. L’américain souhaite également capter la vitesse d’exécution de l’électronique grand public car, derrière, la concurrence cravache. «GM avait une offre basique, mais a réussi à transformer la voiture en hub de communication en proposant sous forme mensuelle payante de vendre la 4 G, rappelle Philippe Van Hove, le directeur Europe du Sud de Zuora. L’enjeu pour les constructeurs est de ne pas laisser Google ou les opérateurs de téléphonie devenir la plate-forme des usages. » Au CES 2015, Ford a pris un tournant stratégique. Le plan Smart mobility propose 25 expériences concrètes, de l’autopartage à l’application d’aide au stationnement, qui transforment Ford en entreprise de mobilité. « Cette expérience nous apprend beaucoup sur la mobilité afin de prendre les bonnes décisions pour demain, explique Joe Beiser, le directeur des services connectés chez Ford pour l’Europe, l’Asie-Pacifique et l’Afrique. Dans cette approche, les données et le big data sont essentiels. Nous ne sommes plus seulement des vendeurs de voitures.» Sur scène au CES, en annonçant l’arrivée 17


transformation numérique

tesla a développé son propre oS fondé sur linux. le système collecte les données du véhicule pour offrir des services comme la maintenance prédictive.

de Sync 3 et le plan Smart mobility, Mark Fields est allé plus loin. « Ces 25 applications créeront de nouvelles solutions de mobilité et de transports qui, au final, créeront un monde meilleur », a appelé de ses vœux le patron de Ford. Exactement la vision que s’est fixée Google…

teSla, le granD « DiSruPteur » « Le cahier des charges de Tesla est de faire le meilleur véhicule du monde. Le résultat, c’est une voiture qui n’est pas tout à fait comme les autres», résume un ancien vice-président de la marque californienne qui bouscule l’automobile depuis bientôt dix ans. Pour y arriver Tesla possède un atout : ne pas se comporter comme un constructeur automobile, mais comme une start-up de 5 000 personnes. « C’est la Silicon Valley qui rencontre Detroit», résume l’ex-salarié. D’ailleurs, Elon Musk est lui-même issu de la Silicon Valley, dont les pratiques font partie de l’ADN du constructeur. Constitué d’ingénieurs pas forcément issus de l’automobile et de spécialistes du marketing, Tesla ne repose pas sur des dizaines d’années de pratiques industrielles ou sur les 18

process lourds propres à ce secteur. La règle en interne est de n’avoir jamais de processus figé, de se réinventer sans cesse. Cette stratégie, qui permet de coller aux dernières tendances de l’électronique grand public, a ses revers. La mise en place d’un contrôle qualité a, par exemple, été complexe. Or elle est essentielle dans l’automobile, a fortiori sur un véhicule de cette gamme de prix. Néanmoins, grâce aux finances solides d’Elon Musk et le droit à l’erreur propre à l’approche californienne, le constructeur n’a pas souffert de ses hésitations industrielles. L’autre atout de Tesla réside dans son approche client : la relation avec le conducteur est au centre de son business model. Tesla ne s’est pas embarrassé de concessionnaires. Les futurs propriétaires commandent un véhicule directement sur internet. La relation est ensuite quotidienne avec la marque, via notamment les multiples mises à jour réalisées sur le système propriétaire ou lors du passage sur les bornes de recharge rapide. Ces « superchargeurs », installés dans les marchés, accueillent gratuitement les véhicules du constructeur. Le consommateur se retrouve ainsi embarqué dans l’univers Tesla. Tout est fait pour créer une communauté autour de la marque, avec un partage de l’expérience client sur les réseaux sociaux. Serial entrepreneur, Elon Musk joue un rôle crucial dans la communication du groupe en incarnant la marque en ligne, via ses tweets ou ses nombreuses sorties médiatiques. Elon Musk porte surtout cette valeur partagée dans toute la Silicon Valley : rendre le monde meilleur. L’incarnation de cette stratégie se nomme Model S, la berline premium du groupe. Avec son grand écran central de 17’, la Model S est un smartphone sur roues. Quant à son système informatique, il est entièrement développé en interne sur une base Linux, pour ne pas avoir à dépendre des Google et consorts. Depuis son smartphone, le conducteur peut accéder aux fonctions du véhicule, comme la charge de la batterie. Tesla a également introduit la maintenance prédictive avec l’analyse des données du véhicule. L’année dernière, Tesla aurait écoulé plus de 30000 voitures et Elon Musk a assuré, en janvier au salon de Detroit, qu’il fabriquerait plusieurs millions de véhicules en 2025. Le défi de l’américain doit être relevé aujourd’hui. La méthode « sans processus de développement figé » permettra-elle de produire des millions de voitures chaque année ? De nombreux observateurs en doutent. Elon Musk a, lui, une vision plus vaste. « Tesla a été créé pour accélérer l’avènement du transport durable », déclarait-il cet été. Ce discours rappelle celui d’un certain Henry Ford. Le fondateur de la marque à l’ovale bleu avait l’habitude de dire qu’un bon business vient de bons produits qui rapportent. Le monde meilleur en plus pour Elon Musk…

volkSwagen rattraPe Son retarD Concentré sur son objectif de devenir le numéro un mondial d’ici à 2018, le groupe Volkswagen semblait loin des problématiques numériques. Sa seule avancée était un partenariat avec MirrorLink pour déporter l’écran du smartphone Android sur celui de la voiture, une innovation actuellement en lancement sur ses nouveaux modèles. Sous couvert de discrétion, l’allemand avance ses pions. « Nous ne sommes


transformation numérique

d. r., VolksWagen

très discret, volkswagen a fait du numérique un axe principal de son plan stratégique après 2018.

pas toujours les premiers sur les innovations conceptuelles, mais quand nous mettons un produit sur le marché, c’est le meilleur », se justifie Jacques Rivoal, le président de Volkswagen Group France. Le constructeur a décidé de s’attaquer au numérique avec le plan Future tracks. Ce virage stratégique de l’après-2018 fait de la voiture connectée et autonome un axe majeur. « L’automobile et l’ordinateur ont été les deux grandes inventions du XXe siècle. Le défi au XXIe siècle sera de marier les deux», ajoute Jacques Rivoal. La force de Volkswagen: sa bonne santé financière et son laboratoire d’innovations nommé Audi. Si Volkswagen a participé pour la première fois au CES en 2015, la marque aux quatre anneaux y est présente depuis plusieurs années. Audi dispose déjà de plusieurs véhicules autonomes, dont une RS 7, qu’il a fait rouler sur circuit en octobre 2014 à plus de 200 km/h. «Depuis trois ans, les aides à la conduite sont une première forme d’autonomisation, explique Benoît Tiers, le directeur d’Audi France. Dès 2016, la nouvelle A8 pourra rouler dans de nombreuses situations de manière autonome. » Si le coût l’uSine nouvelle i supplément au n° 3411 i 19 féVrier 2015

de ces technologies est encore élevé, le positionnement premium d’Audi permet de l’amortir pour ensuite diffuser ses avancées dans les autres marques du groupe. La marque Volkswagen se focalise davantage sur l’interface homme-machine avec, par exemple, le Golf R Touch, son concept d’habitacle futuriste doté de trois écrans sur la planche de bord, d’une interface gestuelle et d’un capteur de mouvements. «Volkswagen offrira ainsi plus d’intuitivité au conducteur et va plus loin qu’une simple connexion entre la voiture et le smartphone», souligne Heinz-Jakob Neusser, membre du directoire de Volkswagen AG chargé du développement. C’est pourtant chez Audi que la nouvelle plate-forme multimédia accueillant CarPlay et Android Auto sera étrennée fin 2015, sur le nouveau Q7. « La voiture devient la plateforme internet. C’est notre business model », conclut Benoît Tiers, avant de balayer les critiques sur la captation de la relation client et donc de la valeur par les Gafa (Google, Apple, Facebook et Amazon). «De nouveaux usages dans l’automobile se développent, mais nous maîtrisons les données du véhicule et elles appartiennent aux conducteurs», conclut-il. 19


transformation numérique

valeo crée le Buzz DanS leS SalonS «Notre objectif est d’arriver à la voiture autonome», affirme clairement Marc Vrecko, le directeur du pôle systèmes de confort et d’aide à la conduite de Valeo. Au CES 2015, début janvier, cette ambition semblait presque atteinte avec la Cruise4U. L’équipementier français a multiplié les balades au milieu des casinos de Las Vegas (États-Unis) avec une Golf autonome, capable de changer de voie comme de ralentir sans l’intervention du conducteur. Fabricant de capteurs, notamment de caméras depuis 2007 après avoir racheté la start-up irlandaise Connaught Electronics, Valeo a pris le virage du numérique sous l’impulsion de Guillaume Devauchelle, le directeur de l’innovation. Son approche est double. L’équipementier s’appuie d’abord sur son savoir-faire interne et surtout sur ses technologies (capteurs, caméras, radars). « Sur la voiture autonome Cruise4U, l’architecture électronique du véhicule n’est pas modifiée. Nous avons seulement rajouté une caméra et notre radar, qui vaut environ 200 euros», explique Guillaume Devauchelle. Cette solution permet aussi de maîtriser les coûts. Et quand la direction ne croit pas à un projet, le directeur de l’innovation prend sur son budget propre pour la faire fonctionner et convaincre! Ce fut le cas pour InBlue, le système d’ouverture de la voiture via le smartphone, qui a fait les gros titres lors du Mondial de l’automobile à Paris, en octobre. Depuis, Valeo l’a décliné en une version pour montre connectée, présentée au CES, qui a fait un carton auprès des médias. C’est l’une des forces du français dans le numérique. « Leur système InBlue n’avait rien de révolutionnaire, nous avions déjà lancé la même chose, relate un équipementier concurrent. Mais au Mondial, on ne parlait que d’eux. Ils savent créer le buzz.» La communication passe également très bien en interne, entre les équipes des quatre divisions. «La digitalisation crée des problèmes d’organisation. Il faut casser le travail

Bosch travaille également sur le véhicule autonome.

valeo a développé le système inBlue qui transforme un smartphone ou une montre connectée en clé virtuelle, capable d’ouvrir ou de démarrer la voiture.

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en silo, ce qu’a déjà fait Valeo, analyse Guillaume Crunelle, associé responsable du secteur automobile chez Deloitte. Les équipementiers ont une souplesse culturelle pour intégrer ces nouvelles pratiques au travail, car, dans leur esprit, les clients ne sont pas les constructeurs automobiles, mais le client final.» L’autre atout de Valeo est sa capacité à puiser des idées à l’extérieur de l’entreprise. L’équipementier a ouvert, en 2014, un bureau de veille à Palo Alto en Californie. Il organise également chaque année un concours d’innovations à destination des étudiants. Le thème: la voiture du futur.

BoSch PrenD un chemin De traverSe A posteriori, Bosch présente son entrée dans l’ère du numérique comme une évolution logique. « Nous faisions des autoradios, puis de la navigation. La navigation en temps réel a ensuite permis de faire entrer la connectivité dans le véhicule », explique Franck Cazenave, le directeur marketing et business development chez l’équipementier. Ce sont surtout les capteurs, l’une des spécialités du groupe Bosch, qui ont ouvert une fenêtre d’opportunité à l’allemand. Werner Struth, membre du comité directeur de l’équipementier, résume cette tendance de fond avec le sigle «3S» pour «sensors, software and services» (capteurs, logiciel et services). À partir de cette activité, Bosch a décidé, il y a quelques années, de proposer des services, un bon tremplin pour s’introduire dans le nouveau business des objets connectés. Comme l’automobile représente 66% du chiffre d’affaires de l’allemand, ce domaine se trouve logiquement en pointe. Le premier cas d’usage est l’e-call, l’appel d’urgence depuis le véhicule, mis en place depuis une dizaine d’années par certains constructeurs et qui sera généralisé à la demande de la Commission européenne à tous les constructeurs en octobre 2015. Pour l’e-call, une carte SIM doit connecter le véhicule au réseau mobile, ce qui le transforme de facto en objet connecté. Bosch propose un service d’e-call avec


un centre d’urgence qui répond directement au conducteur : un lien direct s’établit alors entre le sous-traitant et le consommateur, même si l’e-call est implanté dans une voiture. Mais la connectivité embarquée n’est pas seulement liée à la carte SIM. « Elle entre aujourd’hui dans la voiture par le smartphone, pas par la voiture », explique Franck Cazenave. Pour intégrer toutes les nouvelles fonctions offertes par le smartphone, et plus largement par l’autonomisation progressive du véhicule, Bosch a développé des solutions techniques, les MEMs (micro-electro mechanical systems). Ces capteurs peuvent gérer plusieurs fonctions simultanément et se diffusent progressivement dans d’autres secteurs comme la domotique. Si le smartphone est connecté, Bosch ne voulait pas laisser la valeur ajoutée à Google et consorts. « Il existe aujourd’hui deux voies pour le véhicule connecté, assène Franck Cazenave. La première, c’est la voiture connectée avec un système fermé constructeur. La seconde fonctionne avec Android Auto ou CarPlay. Avec mySpin, Bosch propose une troisième voie.» Lancée en 2012, cette solution permet au constructeur d’élaborer son propre magasin d’applications en fournissant un kit de développement à des développeurs. Les conducteurs contrôlent le système depuis une application centrale sur leur smartphone. Jaguar Land Rover est le premier constructeur à l’utiliser.

Valeo, bosch, psa.

PSa multiPlie leS ServiceS Des voitures comme des box internet, c’est la vision portée par Brigitte Courtehoux, la responsable du département véhicules et services connectés chez PSA. Dans différents films, le constructeur français met en scène un véhicule du futur qui serait à la fois objet connecté et voiture à quatre roues, à bord duquel il sera possible de régler le chauffage de son appartement ou de laisser ses vêtements à un service de pressing connecté, qui viendra les récupérer pendant les heures de bureau. « PSA est précurseur dans le numérique, car il était leader dans la télématique, précise Jean-Pierre Dumoulin, directeur technique et expert en big data chez PSA. Nous avons déjà plus d’un million de véhicules connectés sur la route. » Au début des années 2000, le français monte une coentreprise avec Vivendi pour embarquer internet dans ses véhicules. La coentreprise s’arrête au bout de deux ans, mais le groupe fait partie, en 2003, des premiers en Europe à proposer sur certains véhicules un système d’appel d’urgence. Les voitures sont alors connectées à internet avec une carte SIM. Étape suivante : le lancement, en 2012, du Peugeot connect apps et du Citroën multicity connect, des platesformes de services avec applications développées par PSA. « Pour un constructeur, développer son propre OS n’a pas de sens», tacle un spécialiste du big data. Deux ans plus tard, comme d’autres constructeurs, le groupe semble toujours chercher son business model. Brigitte Courtehoux le reconnaît. « Le numérique est un sujet passionnant, passionné, mais il faut bien avouer que nous, constructeurs, sommes largués », affirme-t-elle. Deux tendances, qui ont fait leurs preuves dans d’autres groupes, se dessinent. Le français se concentre sur l’interface homme-machine (IHM) pour l’uSine nouvelle i supplément au n° 3411 i 19 féVrier 2015

Pour PSa, l’interface hommemachine est essentielle à l’entrée du numérique dans l’habitacle.

développer la connectivité de ses véhicules et maximiser la relation client. « La Chine est en avance sur l’IHM. Ses développements inspireront les véhicules européens. Sur le système d’infotainment par exemple, il faut aller plus loin », souligne Pierre-Frédéric Lebelle, le vice-président R & D Asie. PSA cherche aussi à ouvrir plus largement ses données pour développer de nouvelles applications avec la plate-forme Car easy apps, le pendant du kit de développement de Ford. En effet, seuls 15 000 conducteurs se sont abonnés à Peugeot connect apps depuis 2012.

renault en quête D’un BuSineSS moDel La problématique de l’ouverture des données est également posée chez Renault. Le groupe mène actuellement une réflexion sur l’utilisation de l’open source. Le lancement de R &Go sur la nouvelle Twingo est intéressant. Plutôt que d’avoir le système propriétaire R-Link sur l’écran du véhicule, R &Go s’installe sur le smartphone du conducteur et commande la navigation, l’écoconduite ou encore les appels téléphoniques. Plus besoin d’écran dans la Twingo et le renouvellement des applications se fait plus rapidement, par le biais d’une simple mise à jour. Cette souplesse dans les process, c’est aussi ce que recherche Renault avec des projets comme son fab lab ou son « innovation room ». « La lecture de Renault est que le capitalisme est en crise, explique un chercheur qui travaille chez le français. Il faut trouver un autre business model et insuffler cet esprit de changement, venu de l’extérieur, chez Renault. » Depuis quatre ans, le constructeur dispose à cette fin d’un bureau dans la Silicon Valley. Via des projets inédits comme le quadricycle Twizy, Renault essaie également de faire entrer ces nouveaux process dans l’entreprise. La petite équipe du Creative lab en est directement issue. Son rôle est de proposer des concept-cars dans un temps très court sur des thèmes comme : « À quoi ressemblerait un smartphone sur quatre roues ?» ❚❚ 21


digitalisation

14 Cas d’éCole

La transformation numérique des entreprises est en cours. Mais pas de grand soir à l’horizon. C’est par petites touches que les industriels opèrent leur mue, testant et adoptant les nouvelles pratiques digitales pour diffuser de plus en plus cette nouvelle culture et cette manière différente de faire des affaires. Dans sa rubrique L’Usine digitale, « L’Usine Nouvelle » identifie, chaque semaine, ces initiatives qui permettent de réinventer toutes les fonctions en adoptant les technologies numériques innovantes. Big data, cloud, réseaux sociaux, applis, réalité augmentée ou objets connectés redéfinissent la production, les ressources humaines, l’innovation, l’organisation, la supply chain… Mais pas de secteurs à la pointe. Les bonnes pratiques se dénichent autant chez Fleury Michon que chez Orange, Alstom, Eutelsat, BMW, Philips, L’Oréal, Schneider Electric, Renz, Airbus, JC Decaux ou Cofely. Et à chaque fois, une bonne idée à retenir. pAr Aurélie BArBAux

organisation

transFormation numérique

Conseil sans papier Chez eutelsat « Cela représentait une lourdeur administrative phénoménale ! », se souvient Jérôme Lépany, le directeur juridique adjoint d’Eutelsat. L’opérateur de satellites de télécommunications a décidé, en 2013, d’alléger la paperasse dédiée aux conseils d’administration de son holding coté et de sa société opérationnelle, en dématérialisant toute la documentation. Pour cela, il a choisi la solution du canadien Leading Boards, commercialisée en France par la société Equity, qui permet d’accéder sur ordinateur ou tablette via une plateforme sécurisée à tous les documents nécessaires pour préparer le conseil. Le gain, pour l’entreprise, se réalise sur l’impression des dossiers à envoyer. « on adressait jusqu’à huit jeux de comptes à certains administrateurs », indique Jérôme Lépany. Mais aussi sur la réactivité de la formule, les modifications de dernière minute pouvant être communiquées aux administrateurs. Les données sont conservées sur des serveurs hébergés en France, pour ne pas être soumis au Patriot act américain et leurs échanges sont cryptés. En cas de perte de la tablette, le fournisseur peut détruire toutes les informations. Mais Eutelsat a dû sensibiliser les administrateurs réticents au changement. La société leur a fourni un iPad déjà configuré et assuré une petite formation aux différentes fonctionnalités (consultation on et off-line, annotations personnelles…). Le premier conseil d’administration a mixé papier et numérique. « Pour la deuxième séance, il n’y avait plus que la tablette », conclut Jérôme Lépany. la bonne idée Fournir un ipad préconfiguré aux administrateurs. ❚❚ ArnAud dumAs

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sChneider eleCtriC séCurise le partage de doCuments schneider Electric est un groupe multi-activités, présente dans 190 pays. Le partage asynchrone de documents pour une meilleure collaboration est donc devenu une impérieuse nécessité. Face à l’absence d’outils ad hoc en interne, ses employés ont, comme dans beaucoup de sociétés, utilisé des services grand public comme Dropbox, qu’ils utilisaient à la maison. L’entreprise a finalement cherché à leur proposer un outil, aussi simple et ergonomique, mais un peu plus sécurisé. Elle a opté pour le service Box de partage de documents sécurisés dans le cloud à usage professionnel. L’industriel a donné la priorité à la simplicité d’utilisation et à la gestion de la mobilité. schneider Electric a aussi apprécié la centralisation de l’administration et le chiffrement des données proposé par Box. En revanche, pas de google apps ou équivalents. « nous avons volontairement choisi de ne pas prendre un outil qui multiplie les fonctions, » raconte Hervé Coureil, Dsi du groupe. Le service devait uniquement permettre le partage asynchrone de documents. schneider a choisi un déploiement viral du service. Box a été installé chez 2 000 employés pilotes qui ont pu inviter les personnes avec qui ils collaboraient. résultat, 1 500 nouveaux utilisateurs s’équipent de cet outil lors des premières semaines de son déploiement. aujourd’hui, 70 000 employés schneider – près de la moitié de l’effectif – travaillent avec Box. la bonne idée donner aux salariés des outils aussi performants que ceux utilisés chez eux. ❚❚ emmAnuelle delsol


CoMPétEnCEs

transFormation numérique

D.r.

CoFely passe au diagnostiC virtuel Pour l’optimisation énergétique des 45 000 bâtiments de ses clients entreprises et collectivités locales, Cofely développe des services fondés sur le big data. Cette filiale de gDF suez dispose d’un gisement de données de 30 téraoctets par mois, issues des factures clients, compteurs et autres capteurs (météo, qualité de l’air…). avec son application Vertuoz, les clients peuvent déjà gérer en ligne la consommation énergétique de leurs parcs immobiliers. reposant sur les logiciels big data et le cloud azure de Microsoft, cette application fournit au client un tableau de bord simplifié des indicateurs énergétiques de ses bâtiments en analysant ses données. Cofely veut aller plus loin en mettant en place un service de diagnostic virtuel. « L’idée est de comparer les bâtiments entre eux pour identifier ceux qu’il faut optimiser en priorité, explique Vincent Bryant, responsable big data. on peut réaliser des benchmarks entre plusieurs clients, mais aussi entre les différents bâtiments d’un même client pour repérer ceux qui offrent le plus grand potentiel d’optimisation. Cela évite d’envoyer des techniciens établir un diagnostic dans chaque bâtiment. » Développé en interne, le logiciel de diagnostic virtuel en est à sa deuxième version. Le projet, encore au stade de l’expérimentation, représente un investissement de quelques millions d’euros. Cofely imagine d’autres services, comme la surveillance de personnes dépendantes ou un système d’alerte à partir de l’analyse en temps réel de la consommation d’eau, d’électricité ou de gaz. la bonne idée développer de nouveaux services grâce au big data. ❚❚ ridhA loukil

l’usine nouvelle i suPPLéMEnt au n° 3411 i 19 FéVriEr 2015

l’oréal drague les talents sur Flipboard Depuis septembre, L’oréal publie des magazines hebdomadaires dans l’agrégateur de contenus Flipboard. Cet outil donne la possibilité d’agréger dans un journal numérique les informations de plusieurs médias, mais aussi de leurs timelines twitter et Facebook. Depuis quelques mois, Flipboard propose aussi de bâtir des magazines personnalisés à partir de contenus provenant des réseaux sociaux et de publications en propre. C’est de cette fonction que L’oréal a décidé de se servir. non pas comme support promotionnel, mais pour attirer et recruter des talents. Le premier hebdomadaire a été lancé aux étatsunis, puis a été décliné au Brésil et en inde, en attendant peut-être la russie et la Chine. «Flipboard nous permet de localiser le contenu», insiste Frédérique scavennec, la vice-présidente talent acquisition. Dans chaque numéro, on trouve un témoignage de chercheur, les dessous d’une campagne publicitaire ou le journal de bord d’une stagiaire brésilienne à Paris. Mais toujours dans la langue du pays et en lien avec une actualité, des personnalités ou des employés locaux. L’oréal y voit un moyen de toucher des régions qui connaissent mal le groupe et où il a du mal à recruter. La démarche est par ailleurs peu coûteuse et le service gratuit. «on trouve aussi dans toutes nos filiales les films, les photos, les interviews…», ajoute Frédérique scavennec. Pour promouvoir cette initiative, L’oréal signale chaque sortie d’un numéro dans Linkedin. il est bien trop tôt pour mesurer leur impact sur le recrutement, mais le magazine brésilien a déjà attiré 2 000 abonnés en quinze jours. la bonne idée adapter une communication corporate numérique à chaque grande région du monde. ❚❚ emmAnuelle delsol

orange délivre un passeport digital à ses salariés Pour ce qui est des outils numériques, orange a toute la panoplie d’une entreprise digitale du XXIe siècle. non seulement pour ses clients, mais aussi pour ses salariés. Encore fallait-il que ces derniers se les approprient. « 95 % des interactions à distance se passaient encore par e-mail », avoue Ludovic guilcher, le DrH adjoint du groupe qui a lancé la Digital academy, en mode commando avec une équipe de huit personnes. son objectif ? Développer la culture digitale des 164 000 salariés d’orange, tant sur les enjeux pour l’entreprise que sur les innovations à destination des clients, les outils internes ou les réseaux sociaux. La formation est ludique et interactive. Elle s’appuie sur de courtes vidéos conclues par des quiz, disponibles « anytime, anywhere, any device ». Et délivre un passeport digital dès que le salarié valide 16 quiz parmi les différentes thématiques. Dix mois après le lancement de l’opération, plus de 68 000 certificats numériques ont été remis. En tout, le nombre de vidéos visionnées a dépassé le million. « La popularité du programme est telle que les gens prennent des selfies avec leur passeport digital », témoigne François arnal, le directeur du développement des compétences. Les intérêts sont éclectiques. Parmi les vidéos qui cartonnent : celle de stéphane richard présentant les enjeux du numérique pour le groupe, celle sur la 4 g ou celle sur l’organisation d’une webconférence en interne. la bonne idée Créer des modules courts (pour certains moins de 5 minutes) permettant aux salariés d’intégrer leur formation dans leur travail. ❚❚ Anne-sophie BellAiche

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innoVation

transFormation numérique

Chez airbus, talk-shows et Jt on air! Depuis juin 2013, les 13 000 ingénieurs d’airbus peuvent assister à des programmes diffusés sur le web. Deux formats existent : un journal de 45 minutes sur le groupe et des talk-shows sur des sujets rH, où des invités analysent des thèmes comme les experts métiers ou la politique d’innovation. Des émissions durant lesquelles les web spectateurs peuvent poser des questions, et obtenir leurs réponses en direct. responsable de la communication à l’intention des ingénieurs, Capucine ortoli se félicite des résultats obtenus. « nous enregistrons 1 500 à 2 000 connexions au live et 12 000 visites pour le replay », indique-elle. sur l’intranet, les programmes sont enrichis avec des liens vers plus d’informations. D’après les calculs réalisés par Marie robin, la chef du projet, « ce format nous coûte presque vingt fois moins cher que l’organisation d’événements ». Pas de salle à louer ni de demi-journée à prendre pour se rendre sur le lieu de la réunion. autre atout, la web diffusion délivre presque instantanément une information pour tous alors que jusqu’ici, la communication était souvent réalisée par les managers qui transmettaient plus ou moins bien les messages de l’entreprise. Cette forme de communication interne donne aussi du feedback à ses émetteurs. Les responsables savent combien de personnes ont regardé, combien de temps et quand elles ont décroché. De quoi améliorer la communication.

JCdeCaux ConneCte ses abribus avant, les abribus protégeaient les passagers des transports en commun et les informaient sur leur ligne. aujourd’hui, non seulement les arrêts d’autobus de JCDecaux abritent des intempéries, mais ils donnent accès, via un grand écran tactile, à une vingtaine d’applications utiles aux usagers. sélectionnées avec la ville, elles livrent des informations sur le quartier : emplois à pourvoir, actualité commerciale, opportunités culturelles à découvrir si l’on dispose de dix, vingt, trente minutes ou plus… « Certaines sont fournies pas les villes elles-mêmes, d’autres par des startup avec lesquelles nous travaillons », explique albert asséraf, le directeur général stratégie, études et marketing de JCDecaux. Ce n’est pas tout. Des prises usB permettent de recharger des smartphones, tablettes et ordinateurs. Certains abris sont même équipés de Wi-Fi gratuit, de toits photovoltaïques ou végétalisés. L’éclairage à LED s’adapte à la luminosité. Et un bouton « arrêt demandé » alerte le chauffeur qui arrive. testés à aix-en-Provence, annecy et amsterdam, 2 000 de ces abribus digitaux nouvelle génération, labellisés 100 % origine France, sont en cours d’installation à Paris. Marc aurel en a signé le design exclusif avec un toit en forme de feuille, qui permet quelque 250 combinaisons différentes selon la configuration de la rue.

la bonne idée diffuser un web journal de 45 minutes sur le groupe et des talk-shows sur des sujets rh. ❚❚ christophe Bys

Aurélie BArBAux

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la bonne idée l’observation des usages dans des abribus prototypes. ❚❚

renz ConneCte les boîtes à Colis Le fabricant de boîtes aux lettres renz, qui réalise 80 millions d’euros de chiffre d’affaires, a expérimenté avec La Poste, des boîtes à colis connectées dans un immeuble parisien. « Le numérique a entraîné une baisse du courrier reçu par les ménages et une augmentation, via l’e-commerce, des livraisons de colis », constate alain Fischer, le gérant de renz France. initié en 2010, le projet vise à diminuer la hauteur des boîtes aux lettres et à occuper l’espace créé avec des boîtes à colis collectives. Ces coffres sont « privatisables » le temps d’une livraison, grâce à un système de serrures électroniques actionnées par les habitants avec un badge donnant accès au bâtiment (et bientôt avec leur smartphone via la technologie nFC). La solution a été développée par le suédois Combiplate, dont renz a pris le contrôle. « si nous ne maîtrisons pas l’électronique, nous serons demain de simples fournisseurs de tôlerie fine », justifie le gérant de la PME de Woustviller (Moselle). Quand le paquet est livré, la personne est avertie par sMs ou par e-mail. Le système intégrera la possibilité pour un résident d’expédier un colis en l’affranchissant via le portail web de La Poste et en le déposant dans la boîte. renz va aussi lancer une boîte aux lettres connectée pour les pavillons. « De quoi développer le marché pour les quarante prochaines années ! » s’enthousiasme alain Fischer. la bonne idée repenser ses produits par l’usage et non par la technologie. ❚❚ pAtrick déniel


ProDuCtion

transFormation numérique

PHiLiPs ; D.r.

philips déloCalise l’e-santé dans le Cloud Présent dans l’équipement médical (scanners d’imagerie, capteurs…), Philips se lance dans les services d’e-santé. il a développé eCareCompanion, une appli mobile qui aide les malades chroniques à gérer leur maladie. Et eCareCoordinator, qui permet aux professionnels de santé de suivre à distance leurs patients. Leur particularité ? Ces services s’appuient sur la plate-forme de cloud computing de salesforce, le leader mondial de la gestion de la relation client. « Jusqu’ici, nous le faisions avec des solutions fonctionnant sur les serveurs des centres de soins et des hôpitaux, explique Jeroen tas, le patron de cette nouvelle activité chez Philips. En passant au cloud, nous les rendons accessibles sur simple abonnement, sans investissement préalable, ni souci technique d’exploitation et de maintenance. » avec les solutions classiques de télémédecine du groupe électronique néerlandais, les professionnels de santé suivent déjà plus d’un million de patients à domicile chaque jour. Les nouveaux services ne se contentent pas de mettre en ligne l’expertise clinique de Philips. ils étendent aussi les outils de gestion de la relation client de salesforce à l’interaction avec les patients. « Cette combinaison améliore aussi le suivi des patients en favorisant les échanges entre les professionnels de santé », note Jeroen tas. Philips espère réduire jusqu’à 40 % le coût de la prise en charge des maladies chroniques, qui représentent 75 % des dépenses de santé dans les pays développés. la bonne idée opter pour une solution ouverte pour connecter patients et professionnels de santé. ❚❚ ridhA loukil

l’usine nouvelle i suPPLéMEnt au n° 3411 i 19 FéVriEr 2015

bmw teste les google glass pour le Contrôle qualité Le lancement des google glass pour le grand public semble de plus en plus compromis. Mais les applications professionnelles de ces lunettes à réalité augmentée se multiplient. BMW a ainsi équipé de google glass certains ouvriers de son usine de spartanburg, aux états-unis. Les salariés chargés de réaliser des contrôles qualité à la sortie des chaînes de production, pour des véhicules de présérie, peuvent prendre des photos et des vidéos au cours de leurs vérifications. Par défaut, les lunettes enregistrent les deux dernières minutes et les travailleurs peuvent sauvegarder les images s’ils le jugent pertinent. Cette fonctionnalité permet d’archiver des incidents isolés, qui peuvent être difficiles à reproduire. Les testeurs font remonter les informations au service d’analyse. La communication est ainsi accélérée et facilitée, avec des retours plus précis et documentés, juge BMW. un autre usage est envisagé : permettre la visioconférence entre les services pour identifier et traiter un problème dès qu’il survient. il s’agit d’un projet pilote, s’inscrivant dans le plan plus large du constructeur allemand dédié à l’« industrie 4.0 ». BMW veut vérifier si les « technologies à porter » ont leur place dans ses usines. En cas de succès, l’usage des lunettes connectées pourrait être élargi à d’autres postes et sites de production. la bonne idée tester in situ les technologies à porter ❚❚ sylvAin Arnulf

Colgate-palmolive met sa supply Chain sous tension Colgate-Palmolive gère sa chaîne logistique en flux tendus. Comment ? En mettant en place un accélérateur du traitement des données. Le géant américain des produits d’entretien et d’hygiène conserve son ancien logiciel de gestion saP sCM. Mais pour gagner en réactivité, il réplique les données sur la base de données saP Hana. En s’appuyant sur de la mémoire vive, en lieu et place des traditionnels disques durs, cette technologie accélère le traitement par un facteur de 100 à 300, selon l’éditeur de logiciels saP. Colgate-Palmolive peut ainsi optimiser la chaîne logistique depuis la production jusqu’à la distribution, en passant par les stocks ou la livraison. avec à la clé, des économies substantielles grâce à une production en flux tendus. « auparavant, Colgate-Palmolive était confronté à des requêtes trop longues dans la chaîne logistique, explique JeanMichel Jurbert, directeur de marché chez saP France. il fallait 20 à 30 minutes pour analyser les données et fournir une réponse. Maintenant, il faut moins d’une minute ». après avoir testé la technologie saP Hana dans le calcul de la rentabilité financière, Colgate-Palmolive l’a utilisée dans la gestion des e-campagnes de promotion, puis dans la gestion de la supply chain. Elle est aujourd’hui traitée en une journée, contre plusieurs auparavant. Plus de 98 % des commandes sont satisfaites dans les délais et la visibilité sur les stocks est garantie avec une précision de 99 %. la bonne idée adopter une nouvelle génération de base de données temps réel. ❚❚ ridhA loukil

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alstom dope sa maintenanCe aux données services et data s’imposent dans le rail. Lors du salon innotrans, qui s’est tenu à Berlin en septembre, alstom a lancé un outil de maintenance prédictive des trains et des infrastructures. Baptisé HealthHub, il se fonde sur des solutions d’analyse de données qui anticipent les besoins en maintenance des équipements pour maximiser leur durée de vie. si HealthHub s’alimente à toutes les sources, un nouveau dispositif dope son efficacité: un portique de diagnostic

automatisé placé au-dessus de la voie qui scanne les trains lors du retour au dépôt. il mesure l’état des roues, des patins de freinage et des bandes de carbone des pantographes. Ces mesures sont plus précises et fréquentes que les inspections manuelles. De quoi fournir des données de qualité à HealthHub pour une prédiction plus précise de l’usure des composants et un prolongement optimal de leur utilisation. testé au royaume-uni, où alstom assure la maintenance de 52 trains pour l’opérateur Virgin, ce portique associé à HealthHub réduit les coûts de maintenance de 15% selon le français. La puissance de ce portique lui permettrait d’élargir son offre au-delà des contrats de maintenance, en proposant des services de fourniture de données sur les flottes de trains aux opérateurs ferroviaires, en quête de disponibilité maximale de leurs équipements. la bonne idée développer des services à partir de données. ❚❚ mAnuel morAgues

ExPLoration

transFormation numérique

marier super-héros et ConCours d’innovation Même la boîte à idées a besoin d’être numérique pour retrouver les faveurs des salariés. Bouygues Bâtiment Île-de-France rénovation privée a marié l’univers des super-héros et du jeu en ligne à celui des concours d’innovation. «nous voulions un concours aussi addictif que le jeu mobile Candy Crush», explique Céline Delord, la directrice adjointe du développement durable de la filiale de Bouygues Bâtiment. La société Heliceum, qui a associé innovation et jeu, a dû

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D.r.

vaincre les réticences au sein de l’entreprise. Des idées sérieuses sortiraient-elles d’un jeu? Prendre un avatar pour un concours d’innovation, est-ce sérieux? oui. «L’avatar a libéré la parole», se réjouit Céline Delord. si pour l’heure elle refuse de tirer un bilan, elle constate un véritable engouement depuis le lancement, en janvier 2014. Le premier mois, le taux de participation globale (y compris les compagnons sur les chantiers) a été de 65%. Et le soufflé n’est pas retombé. «En nombre d’idées, on bat les records», témoigne Céline Delord. Côté technique, «nous avons livré une première version dans des délais très courts que nous avons ensuite enrichie», indique alexis godard, le directeur des opérations d’Heliceum. La plate-forme a été intégrée à l’intranet de l’entreprise et les administrateurs peuvent créer de nouveaux contenus, comme un concours en fonction de l’actualité du groupe.

pêChe aux blogueurs Chez Fleury miChon L’idée de cibler les blogueurs est venue d’un ras-le-bol. «après cinq ans d’efforts et 2 millions d’euros investis pour développer des surimis plus naturels, sans additifs et sous pêche responsable, nous enregistrons toujours des suspicions de consommateurs, persuadés qu’ils sont composés de déchets de poissons et de crabes», explique nathalie sicard, la directrice marketing traiteur de la mer de Fleury Michon. En 2013, le groupe, dont le surimi représente 20% des

la bonne idée utiliser un avatar ludique pour libérer la parole et les idées. ❚❚ c. B.

ventes, veut rassurer ses consommateurs. «nos surimis contiennent 38% de poissons, des filets pêchés en pleine mer, composés de 90% de colin d’alaska et 10% de merlu blanc du Pacifique», insiste David garbous, le directeur du marketing stratégique de la marque. Pour passer le mot, l’opération «Venez vérifier» est organisée début 2014. Elle cible les blogueurs spécialisés dans l’alimentation et la santé. au programme, une visite de l’usine de Chantonnay (Vendée) et une expédition en alaska avec des pêcheurs, pour constater la provenance et la nature des filets. sur les 30 blogueurs sélectionnés, cinq partiront sur le chalutier, accompagnés de trois consommateurs tirés au sort. L’opération, qui a nécessité la mise en place d’un site internet, durera quatre mois et coûtera 1,5 million d’euros. C’est moins cher et plus rentable que les spots télévisés. la bonne idée investir sur des prescripteurs ciblés pour rassurer les consommateurs. ❚❚ Adrien cAhuZAc

Identifier, vérifier, trier, détecter. Les yeux fermés. Peu importe la taille de votre entreprise, combien de processus vous contrôlez ou encore le nombre produits à expédier, Datalogic peut vous aider à en faire davantage. Nos solutions de collecte automatique de données efficaces et précises, ainsi que nos systèmes d’automation industrielle fiables, vous apportent la vision à tous les niveaux de votre entreprise.

A découvrir sur le salon SITL 2015 - STAND P111

POINT DE VENTE

INDUSTRIE

l’usine nouvelle i suPPLéMEnt au n° 3411 i 19 FéVriEr 2015

T&L

SANTE

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transforMation nuMérique

stratégie

À quoi sert un Chief digital offiCer La transformation numérique de l’industrie doit être accélérée. C’est la mission du chief digital officer. L’Usine Nouvelle a rencontré ceux d’ERDF, L’Oréal, Pernod Ricard et Renault. Par EmmanuEllE DElsol

Pascal Guittet ; thomas D’aRam

a

utomobile, aéronautique, cosmétique, pharmacie, énergie… Aucun secteur n’échappera à la transition numérique. Car le phénomène touche les produits, les marchés, les processus, les organisations, les salariés… Pour guider au mieux cette transformation, les industriels sont de plus en plus nombreux à se doter d’un manager spécifique : le chief digital officer (CDO). Et c’est désormais le PDG qui le nomme, lui réservant même souvent un siège au comité exécutif (comex). « La question digitale s’institutionnalise partout dans la société, analyse Antonin Torikian, le directeur de l’Institut Fabernovel. Alors la fonction de CDO s’officialise et apparaît dans les organigrammes. » Les CDO se considèrent avant tout comme des accélérateurs ou des catalyseurs de la transformation numérique. Celle-ci a, dans la plupart des cas, débuté par des projets pilotes, des digital champions, des collaborations avec des start-up. Elle a maintenant besoin d’être rationalisée, organisée. Et il est nécessaire de diffuser la culture numérique dans toute l’entreprise. Le rôle des CDO consiste à actionner les bons leviers, à donner à l’entreprise toutes les bases pour transformer l’essai. En général, ils commencent par faire un état des lieux pour identifier les projets déjà lancés par l’entreprise, ses besoins et les personnes impliquées. Ils définissent quelles seront les priorités numériques de l’entreprise pour les mois à venir qui guideront la stratégie à suivre. « Tous les CDO n’ont pas le même périmètre d’action, remarque Lubomira Rochet, qui exerce ces fonctions chez L’Oréal. Mais certains thèmes sont transverses, comme l’innovation, la façon de recréer des marques à l’heure du digital, l’accompagnement de la bascule vers l’e-commerce ou la personnalisation. » Il y a néanmoins deux points fondamentaux qui font partie de leurs priorités. Les données, d’abord. « Une organisation qui se numérise génère beaucoup de data, rappelle Antonin Torikian. C’est un sujet industriel, économique et éthique pour lequel il faut 28

antonia McCahon PeRnoD RicaRD la MéCanique nuMérique arrivée en septembre 2013 chez Pernod Ricard, antonia mccahon n’est pas chief digital officer, mais digital acceleration director. tout est dit. un mois après sa prise de fonction, l’entreprise lançait quatre chantiers : l’exploitation marketing des données, la gestion des contenus publicitaires, les nouvelles formes de commerce et la transformation digitale du travail. Pour aller aussi vite, ce pur produit du numérique a mis en place une mécanique dont elle et son équipe de huit personnes sont le premier rouage. mais pour définir les piliers, antonia mccahon

a collaboré avec une task force de 80 digital champions, issus des Rh, de la finance, du marketing, de l’informatique dans les 80 sociétés de marché de Pernod Ricard, et motivés par le sujet. elle a ensuite formé des équipes, des « super forces », pour chaque objectif défini. là où existe « un vrai besoin de marché », elle dispose d’un réseau de digital directeurs dans les métiers et les pays. tout le monde, du comex aux marchés, travaille avec le même focus et les mêmes indicateurs de performance. Pour antonia mccahon, la transformation digitale du travail


transforMation nuMérique

PatriCk hoffstetter Renault le Pionnier Patrick hoffstetter est digital officer de Renault depuis 2011. une ancienneté rare qui en fait un pionnier, mais aussi un témoin de la mutation de la fonction dans le groupe. alors que ses confrères fraîchement nommés occupent des rôles transverses, le cDo de Renault dirige la « digital factory », une entité à part au sein du marketing. il a mis en place son organisation interne et ses process de fonctionnement avec le reste de l’entreprise. il a aussi défini une stratégie digitale, validée par le comex. Pour Patrick hoffstetter, le cDo a des côtés aiguillon, starter, apôtre,

des salariés représente en effet le pilier sans lequel les trois autres sont impossibles. l’entreprise a donc mis en place un réseau social interne. et développé un mooc façon trivial Pursuit du numérique. tous les top et middle managers de Pernod Ricard devaient en terminer 14 modules dans le cadre de leurs objectifs 2014. antonia mccahon n’oublie pas la collaboration avec l’écosystème numérique : Pernod Ricard a ouvert sa digital distillery, plate-forme ouverte qui met en relation ses filiales et des start-up de Dublin et de san francisco. ❚❚ l’usinE nouvEllE i suPPlément au n° 3411 i 19 févRieR 2015

mouche du coche… « nous sommes des propulseurs, puis les projets sont pris en relais par les Rh, la communication interne… » son équipe a lancé le réseau social interne, des modules de formation et a un projet de digital academy… mais le numérique a pris de l’ampleur chez Renault,

luboMira roChet l’oRéal l’adePte du leadershiP frugal sa nomination par le PDG du groupe, assortie d’une place au comité exécutif, a été le signe révélateur de la transformation digitale en cours chez l’oréal. économiste de formation, lubomira Rochet avait conduit durant quatre ans la mutation numérique au sein de la ssii valtech. elle se voit d’ailleurs

comme un catalyseur voué à accélérer les actions mises en œuvre par l’entreprise et à imaginer les modèles de service autour de l’e-beauté. l’oréal disposait déjà d’un incubateur dans la silicon valley, avait lancé des projets innovants d’e-commerce, des expérimentations Rh digitales…

qui parle de plus en plus de transformation digitale globale. Plus transverses, la digital factory et son cDo sont entrés mi-2013 dans le giron d’une nouvelle direction du projet de la transformation de la direction commerciale monde. « on m’a aussi nommé expert leader, ajoute Patrick hoffstetter. comme une trentaine d’autres experts, j’exerce également un rôle plus transverse dans mon domaine d’expertise : la fidélisation, la conquête et l’organisation. » À ses missions sur les plates-formes, les contenus, le mobile, l’e-commerce, s’est ajouté le parcours digital du client pour la voiture connectée. enfin, il contribue en tant qu’expert au big data. ❚❚

lubomira Rochet a identifié 600 experts dans le domaine. il lui reste à diffuser la culture numérique dans toute l’entreprise. « apprendre aux gens à pêcher seuls… », résume-t-elle. elle veut accroître les compétences de chacun, notamment en infusant la culture digitale plutôt qu’en l’opposant aux méthodes classiques. et d’abord, en la démythifiant. Pour elle, l’e-commerce n’est rien de plus qu’un nouveau canal de vente. Par la formation, ensuite. elle a créé un centre d’expertises phares sur l’e-commerce, la data, le cRm, les médias sociaux… et elle a conduit les managers de l’oréal, cet été, en « stage ouvrier » chez des grands noms du numérique. « un grand groupe n’est pas une start-up, rappelle lubomira Rochet. il faut convaincre au quotidien, individuellement. il faut aussi savoir gérer un Pnl, convaincre un comex… en prenant une posture de leadership frugal, où l’on ne compte pas ses armées mais ses disciples ! » ❚❚ 29


transforMation nuMérique

Christian buChel eRDf l’industriel enthousiaste À écouter christian Buchel, on le croirait tout droit sorti du moule numérique. collaboration avec la french tech, méthodes agiles, gouvernance des données, ouverture des aPi, hackatons… il s’excuse presque de l’enthousiasme qu’il montre pour sa mission. Pourtant, contrairement à beaucoup de cDo, point de digital dans son cv avant sa nomination chez eRDf, en mai 2014. c’est bien à un pur produit de l’électrique que Philippe monloubou, PDG d’eRDf depuis janvier 2014, a confié le programme de numérisation des métiers. mais aussi à un professionnel de la transformation des organisations, capable aussi bien d’aller chercher des idées à limoges que d’observer les projets en chine,

absolument un pilote. » La culture numérique, qui doit être partagée par toute l’entreprise, ensuite. Rien dans la stratégie des CDO ne fonctionnera sans cet indispensable socle. Tous les CDO confirment d’ailleurs que le DRH est un allié indispensable. La transformation numérique change le recrutement, la formation, les carrières et le travail ! Les CDO mettent ainsi en place des dispositifs de formation, de mise à niveau pour l’ensemble des collaborateurs. Avec des moocs, bien sûr, ou des tutoriels. Mais les liens avec le secteur numérique, qu’il s’agisse de grands acteurs ou de start-up, de partenariats, de co-innovation, voire d’immersion dans les entreprises, permettent également d’introduire la culture numérique dans la firme. « Cette culture peut être un enjeu fort de recrutement des générations nées avec le numérique qui arrivent sur le marché du travail », observe Antonin Torikian.

Pascal Guittet

un métier qui se réinvente chaque jour Côté organisation, s’il est un mot que les CDO ont en horreur, c’est silo. Pas question pour eux d’en créer un nouveau. La plupart d’entre eux n’ont pas la responsabilité d’une business unit. «Leur job consiste au contraire à casser tous les silos de l’entreprise et de ses métiers. Ce sont des freins à toute stratégie numérique claire pour le comex et les collaborateurs », indique Antonin Torikian. Ces managers sont à la tête d’équipes très réduites, de l’ordre d’une dizaine de personnes. Des spécialistes du numérique, aux compétences multiples, agiles, capables de s’adapter et qui s’appuient sur des relais dans chacun des métiers de l’entreprise. Des digital champions qui ont déjà mis en place un projet, qui ont un parcours dans le numérique ou encore un goût prononcé pour celui-ci. Cette petite 30

qui crée des milliers de kilomètres de réseau. le programme numérique de christian Buchel comprend quatre volets : la gestion de l’infrastructure (téléconduite, maintenance prédictive, big data), le dialogue avec l’extérieur, la gestion des données des compteurs et des capteurs, la transformation sociale et culturelle. après avoir étudié la façon dont le numérique pouvait aider eRDf dans ces domaines, inspiré par ses précédentes expériences, il a comparé. « nous avons mené un diagnostic digital sur les leviers pour savoir comment eRDf se situe par rapport aux autres entreprises, explique-t-il. Des benchmarks mondiaux, avec la distribution d’électricité, mais aussi avec l’automobile ou l’assurance. » ❚❚

équipe, c’est la start-up du CDO. Elle pratique les méthodes agiles, l’essai-erreur, la collaboration, le mode projet… Car ces managers inventent chaque jour leur métier, leurs processus, leurs stratégies, leurs modèles, leurs outils de mesure, principalement à l’aune des codes du secteur numérique. C’est pourquoi ils recherchent un soutien auprès de leurs pairs. «C’est un nouveau territoire pour tout le monde, confirme Antonia McCahon, digital acceleration director chez Pernod Ricard. Je vois ainsi, tous les deux mois, les CDO de L’Oréal et d’Axa.» Lubomira Rochet, chez L’Oréal, confirme : «Même s’il y a des différences, nous travaillons beaucoup ensemble, notamment sur la façon d’évaluer la performance de nos investissements digitaux. » Christian Buchel, lui, se montre particulièrement actif au sein de l’Edso, un groupe de distributeurs européens engagé dans le développement et la mise en œuvre des smart grids. L’homme est plutôt atypique pour ce poste. ERDF a en effet préféré se tourner vers un vétéran de l’énergie. Mais ce spécialiste de la transformation des organisations maîtrise également celle qui vient du numérique. Une exception. Les CDO sont encore majoritairement choisis pour leur parcours numérique. Comme Lubomira Rochet, Antonia McCahon, Patrick Hoffstetter (Renault) ou encore Yves Tyrode (SNCF). Certains n’ont même que peu d’expérience préalable du métier de leur entreprise. Et tous ne sont pas trentenaires, digital native, issus de la communication ou du marketing. En revanche, ils partagent un même souhait, étonnant de prime abord : ils aimeraient voir leur poste disparaître! Pas dans l’immédiat, certes, mais d’ici cinq à dix ans… quand l’entreprise aura terminé sa mue digitale. La transformation sera oubliée. Leur travail alors prendra fin. ❚❚


Publireportage

LE CEBIT ET LA FOIRE DE HANOVRE deux salons au cœur de l’industrie du futur Le début de l’année 2015 sera marqué par deux manifestations majeures, organisées par la Deutsche Messe AG, à Hanovre en Allemagne. Du 13 au 17 avril, c’est le monde de l’industrie qui sera en effervescence à la Foire de Hanovre, forum mondial de l’industrie !

Salon leader des nouvelles technologies de l’information et de la communication, le CeBIT se tiendra du 16 au 20 mars 2015. Avec ses quelque 3 400 exposants et 210 000 visiteurs, le CeBIT peut se targuer d’être le plus grand salon mondial du secteur. C’est sous le leitmotiv « d!conomy, l’économie digitale » que se prépare la prochaine édition de cette manifestation, dont les grandes tendances seront : Mobile, Social, Big Data, Cloud ou encore Security. Au cours de cet événement incontournable du numérique, les visiteurs pourront également découvrir les dernières innovations venues de la Chine, pays partenaire du CeBIT 2015. Les start-­‐ups seront, quant à elles, particulièrement à l’honneur grâce à un hall dédié nommé SCALE 11 ainsi qu’à travers le concours CODE_n qui récompensera les jeunes pousses les plus novatrices dans le domaine de l’internet des objets. Enfin, au sein du hall 12, le secteur IT enables mettra en avant l’internet des objets appliqué à l’industrie 4.0.

« Integrated Industry – Join the Network », c’est le thème choisi pour la prochaine édition de ce salon industriel phare. Des sujets d’actualité tels que l’industrie 4.0 ou encore l’efficacité énergétique seront au cœur des débats pour cette édition exceptionnelle sur laquelle pas moins de 6 500 exposants et 200 000 visiteurs sont attendus ! Comme tous les deux ans, les branches automatisation, usine digitale, énergie, mobilité, sous-­‐traitance ainsi que recherche et technologies seront rejointes par les secteurs d’activité transmission de puissance, énergie éolienne, air comprimé et traitement de surface, afin de faire vivre l’industrie sous toutes ses formes durant 5 jours. Enfin, l’Inde, puissance industrielle montante, sera à l’honneur lors de cette manifestation en tant que pays partenaire et présentera ainsi ses dernières innovations. Pour visiter gratuitement la Foire de Hanovre et obtenir un ticket pour toute la durée du salon, rendez-­‐ vous sur http://www.hannovermesse.de/promo?8mtce.

Pour visiter gratuitement le CeBIT, rendez-­‐vous sur : http://www.cebit.de/promo?3cbos pour obtenir un ticket journalier. Pour obtenir plus de tickets, n’hésitez pas à contacter Esther Vissac (contact@globalfairs.fr). Si vous souhaitez rejoindre les sociétés exposantes, contactez la société Global Fairs, représentante de la 31 Deutsche Messe en France. Vous pouvez vous adresser à Gaëlle Maës (gm@globalfairs.fr) pour le CeBIT et à Joana James pour la Foire de Hanovre (jj@globalfairs.fr). Pour plus d’informations : www.globalfairs.fr.


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usine iO, qui vient d’ouvrir à paris, est un véritable bureau d’études et de méthodes collaboratif.

innovation

Fab labs, Fabriques à prototypes Le concept de fab lab se professionnalise. Mais un atelier de fabrication numérique collaboratif ne sert à rien sans une communauté pour le faire vivre. par aurélie BarBaux

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ord, Safran, Renault, SEB, BMW, Airbus, Air liquide, Alcatel-Lucent, Parrot ou Hologram Industries… De plus en plus d’industriels redécouvrent le pouvoir du faire et ouvrent, financent ou collaborent à des fab labs professionnels. Objectif: libérer la créativité de leurs employés pour repérer les potentiels intrapreneurs, augmenter le nombre de brevets, innover autrement, voire en rupture totale avec l’activité de l’entreprise, en reprenant conscience de l’objet. «Depuis l’avènement de la microélectronique, des logiciels complexes et des matériaux de pointe, la plupart des gens ont perdu tout contact avec le produit », expliquait l’exposition Wave de BNP Paribas consacrée à l’ingéniosité collective. Cette déconnexion avec les contraintes de conception et de fabrication est aussi réelle dans les entreprises, même, et peut-être surtout, dans les grands groupes industriels, tant la spécialisation des tâches et le recours à la sous-traitance, déconnecte du faire. C’est en Californie qu’a été professionnalisé le concept de fab lab, imaginé et charté par le Media lab du Massachusetts Institute of Technology (MIT) en 2001. En 2006, le premier TechShop ouvre. Constitués en réseau, ces ateliers de fabrica-


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tion numérique sont privés et ouverts à des membres payants sur abonnement. « L’Usine Nouvelle » est allé visiter celui de San Francisco. Contrairement aux réseaux mondiaux de fab labs, l’accès n’y est pas libre, les formations ne sont pas toutes dispensées gratuitement par les utilisateurs du lieu et les créations ne sont pas nécessairement reversées dans la communauté. TechShop ou ProtoSpace, CreativeLab ou Fabrique, Garage, FabMake ou Usine IO… Mettre à disposition des postes CAO, des imprimantes 3D, des fraiseuses et des machines à découpe laser ne suffit pas. « Bien sûr, nous avons ici toutes sortes d’équipements, mais la plus grande richesse reste la communauté des membres et surtout sa diversité. Le design des lieux, qui facilite les échanges, est également central », explique Will Brick, le directeur du TechShop de Detroit. Celui qui a une idée n’y travaille pas seul, comme l’inventeur isolé dans son garage ou l’ingénieur dans son bureau d’études. Et c’est bien ce que viennent chercher les entreprises dans ces nouveaux lieux: une émulation qui permet à leurs employés de libérer leur créativité et leur imagination. Voire, comme chez Safran, de repérer les potentiels intrapreneurs, en leur donnant les moyens de scénariser leurs idées.

sébastien sindeu

insuffler un esprit maker Dans un cadre d’entreprises, il n’est pas si facile de créer cette communauté qui va partager son savoir-faire et son temps. Copiant Ford à Detroit, BMW a décidé lui aussi de s’appuyer sur l’expérience des Californiens de TechShop, pour ouvrir avec l’université de Munich le premier TechShop européen. En France, Hologram Industrie et Parrot ont préféré financer l’Usine IO, qui a recruté une équipe de quatre experts du prototypage, de l’électronique et des méthodes, pour accompagner les abonnés jusqu’à l’industrialisation de leur produit. Pour Airbus, Safran, Renault, Alcatel-Lucent, Systra ou Air liquide, qui ont décidé de se doter de leur propres fab labs, insuffler un esprit maker en interne n’est pas simple. Et le partage de savoir-faire pas entré totalement dans les mœurs. Il faut ouvrir grand ces lieux de prototypage numérique comme le propose Renault, et élargir son champ d’usage, comme Safran qui donne accès à son fab lab services aux bricoleurs de l’entreprise. Pour prendre le pli, il est aussi possible d’organiser avec soin des sessions d’innovation à la mode «makers», limitées dans le temps (deux à trois jours) et en nombre de participants (sept à huit), avec l’aide de spécialistes comme l’agence Nod-A. L’entreprise peut aussi former ses salariés. «On a codifié un “off” du fab lab, une sorte de mode d’emploi pour tous ceux désireux de venir y travailler sur d’autres projets que les services», explique Fabrice Poussières, le responsable de l’atelier innovation services de Safran. Aux portes de Paris, le fab lab ICI de Montreuil (Seine-SaintDenis) a lancé une université des makers, avec un programme de 60 formations, stages, cours et ateliers dispensés par 165 entrepreneurs de la création, ouverts aux entreprises. Ces formations se destinent aux entreprises, aux entrepreneurs ou aux particuliers souhaitant développer une activité nécessitant un savoir-faire artistique, artisanal ou numérique dans un environnement innovant et créatif. ❚❚ l’usine nOuvelle i supplément au n° 3411 i 19 FéVRieR 2015

renault a installé son innovation room dans le Technocentre de Guyancourt (Yvelines).

les ateliers internes snecma met son atelier innovation à la disposition de ses makers Lancé en mode «garage» sur le site de Villaroche (Essonne), l’atelier innovation services de Snecma a déménagé et a été inauguré, en juin 2014, à Montereau (Seine-et-Marne). Dans cet espace de 236 m2, se niche un fab lab monté en collaboration avec la start-up Aktan (ex-Nikoe) et piloté par Fabrice Poussière. Les salariés du groupe Safran ayant une idée de services peuvent venir la prototyper. À leur disposition : une imprimante vinyle, une imprimante 3 D, des plates-formes de prototypage électroniques (Arduino, Raspberry Pi…), mais aussi des moyens vidéo, des Lego, du carton plume, ou de la mousse… pour les scénarios. «On a aussi ajouté une Data sandbox, une sorte de Snecma en données pour prototyper plus rapidement », explique Fabrice Poussière. Ce dernier a constitué une équipe d’experts au profil «makers». Outre les business développeurs et la spécialiste des achats de l’atelier innovation services, le fab lab est habité par deux designers et trois ingénieurs spécialisés en ergonomie, développement logiciel et traitement des données. Le lieu, et c’est original, est rattaché à la direction business développement, et non à la R&D. «Il vise à identifier les gens qui ont un profil d’intrapreneur, comme cet ingénieur qui a imaginé un service de coaching des compagnies aériennes pour les aider à économiser de 3 % à 5% de leur consommation de fuel par an en analysant les données des moteurs», explique le «fab manager». Le fab lab servira aussi à des sessions de codéveloppement avec les partenaires. ❚❚ a. B. 33


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airbus essaime son protospace dans tout le groupe

renault se dote d’un laboratoire de créativité ouvert Suivant sa politique d’innovation «bottom up» mise en place depuis 2008, Renault a installé un atelier de fabrication numérique au sein de son incubateur à idées. L’Innovation room est ainsi située dans le bâtiment principal du Technocentre de Guyancourt, dans les Yvelines. « Il s’agit d’un lieu de vie et de sérendipité, dans lequel doivent passer des étincelles inattendues », explique Dominique Levent, la directrice de la créativité vision de Renault. Pour y attirer les innovateurs, qui provoqueront ces étincelles, l’équipe lance des appels à idées sur l’intranet et organise également des workshops pour en faire avancer d’autres. « Le lieu est, certes, animé par un community manager, Lomig Unger, mais on s’est rendu compte qu’il nous fallait un “creative lab” pour aider les gens à concrétiser les idées avec nous », précise Dominique Levent. Pour l’équiper, elle s’est inspirée des travaux que le constructeur a menés en 2012 avec la Fondation internet nouvelle génération (Fing) sur les fab labs. On y trouve des imprimantes 3 D, une découpeuse laser, une découpeuse vinyle, du matériel de vidéo pour scénariser et illustrer les sujets, mais aussi un grand tableau blanc. Le tout est accessible à tous, en permanence. « Même lorsque nous travaillons sur un projet, les portes restent grandes ouvertes et les gens peuvent venir travailler », poursuit la directrice de la créativité vision. Une ouverture indispensable pour créer une communauté interne d’utilisateurs. ❚❚ a. B. 34

plus de 2 000 salariés de Ford fréquentent le Techshop du constructeur à Detroit.

les ateliers ouverts Ford s’offre un techshop à detroit pour booster l’innovation Le TechShop de Detroit aux États-Unis a ouvert en juin 2012, en face du siège de Ford. Et c’est Bill Coughlin, le PDG de Ford Global Technologies, chargé de la propriété intellectuelle du groupe, qui l’a voulu. « Une grande partie de mon rôle, c’est d’encourager l’innovation, rappelle-t-il. Nous voulions donc un endroit où tous les salariés qui le souhaiteraient puissent venir fabriquer leur prototype. Car il est très simple de tuer une idée sur le papier, mais beaucoup moins avec un prototype ! » Et pour motiver ses employés, autant que pour rémunérer TechShop, l’entreprise a créé un « Patent incentive award », qui offre trois mois d’abonnement à tout salarié ayant une idée d’invention. Ils seraient plus de 2 000 aujourd’hui. « Ce sont beaucoup d’ingénieurs, précise Bill Coughlin. Mais un spécialiste de la motorisation peut venir développer une idée destinée à une portière, par exemple. Et via les formations, nous attirons encore d’autres profils. » Comme ces centaines d’informaticiens venus suivre les cours OpenXC, la plate-forme d’ouverture des données des capteurs automobiles imaginée par le constructeur dans une autre démarche d’open innovation. Conformément au concept de TechShop, le site de Detroit n’est pas réservé à Ford

d. R.

C’est en observant la montée en puissance du prototypage rapide élaboré par des start-up hors des sentiers de l’aéronautique que le groupe Airbus a souhaité suivre les pas des fab labs issus du MIT. Le nom de ce nouveau laboratoire d’idée airbusien : le ProtoSpace. Il s’agit d’un lieu où doivent émerger des idées et où peuvent être validés des concepts de design de pièces. Chez l’avionneur, on parle même de méthodologies de travail innovantes proches de celles développées par l’industrie des jeux vidéo. Dans ces espaces collaboratifs, les défricheurs trouvent des stocks de composants électroniques, des scanners 3 D, un casque de réalité virtuelle, de la réalité augmentée… Et bien sûr, les inévitables imprimantes 3 D. Des téléconférences sont organisées pour des mises en relation simplifiée avec des entrepreneurs du monde entier. Au final, l’idée est de mettre au point des prototypes de pièces performantes en un temps record. Et de cultiver l’esprit entrepreneurial au sein du groupe. Le premier ProtoSpace a été inauguré au mois de février, à Toulouse (Haute-Garonne). Il a déjà été utilisé par 2 000 salariés et a permis la mise au point de 150 prototypes. Au sein d’Airbus, le concept prend de l’ampleur. Des fab labs comparables ont vu le jour à Filton (GrandeBretagne), à Hambourg (Allemagne), à Bangalore (Inde) et à Getafe (Espagne). Un site américain est également envisagé. ❚❚ Olivier James


competitive! mais ouvert à tous. Et le constructeur intervient rarement sur sa configuration. Même si Bill Coughlin a récemment réclamé un robot Baxter. « Notre idée, c’est de former nos employés à travailler avec Baxter pour qu’ils s’habituent à travailler avec des robots », explique-t-il. De quoi attirer, cette fois, des salariés de la production. ❚❚ emmanuelle DelsOl

Ne cherchez pas de bricoleurs du dimanche au FabMake de l’IRT Jules Verne de Nantes (Loire-Atlantique). Les 380 m2 d’ateliers de fabrication numérique de l’institut de recherche technologique (IRT) dédié aux nouveaux matériaux et process de production sont destinés aux professionnels. D’ailleurs, il a trouvé à se loger sur un ancien site industriel d’Airbus, sur le Technocampus Composites. Airbus, Daher, DCNS, la chambre de commerce et d’industrie et les écoles locales de Centrale et des Mines soutiennent ce projet, monté avec le Pôle EMC2 et Fabshop, une start-up de Saint-Méloirdes-Ondes (Ille-et-Vilaine). « L’idée initiale était de créer un espace pour que les chercheurs de l’IRT puissent expérimenter, qu’ils soient plus vite dans le concret, raconte Olivier Daïrien, le « fab manager » responsable du lieu. Elle est venue après une visite du TechShop de San Francisco. » L’appel à projets Fab lab du gouvernement a poussé à ouvrir le projet à un plus large public. Et les 200 000 euros de dotation publique, complétant les 300 000 euros investis par l’IRT, ont permis d’accélérer la mise en œuvre. Le lieu est accessible moyennant un abonnement de 35 euros par mois. Des espaces peuvent être privatisés. L’entrée servira de showroom à des fabricants de machines. ❚❚ a. B.

usine io, un bureau d’études et de méthodes collaboratif à paris Inaugurée le 1er octobre 2014 dans le XIIIe arrondissement de Paris, Usine IO propose l’espace et l’équipement informatique et industriel nécessaires pour passer de l’idée à l’industrialisation d’un produit. Avec en plus les conseils d’experts en création assistée par ordinateur, en électronique, en méthodes et fabrication. « Lorsque nous avons lancé l’idée d’installer un atelier de fabrication numérique dans Paris, les porteurs de projets ont exprimé leur besoin d’accompagnement », explique Benjamin Carlu, l’ingénieur des Arts et Métiers à l’initiative du projet et cofondateur d’Usine IO. De cette usine du XXIe siècle, qui donne accès, sur abonnement, à 500 m2 de coworking, 500 m2 d’espace de conception numérique et 500 m2 d’ateliers, devraient donc sortir à la chaîne des prototypes de produits industrialisables, plans et maquettes prêts à être communiqués aux sous-traitants pour fabriquer les objets « designed in France ». Un concept qui séduit les industriels. Air liquide est déjà abonné. Henri Seydoux, le PDG de Parrot, et Hugues Souparis, celui d’Hologram Industries, ont investi dans le projet, aux côtés de JacquesAntoine Granjon (Vente-privée.com) et de Xavier Niel (Free). Lauréat de l’appel à projets Fab lab du gouvernement, Usine IO a bénéficié de 200 000 euros de subvention. ❚❚ a. B. l’usine nOuvelle i supplément au n° 3411 i 19 FéVRieR 2015

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Objets connectés

Design maDe in France Grâce au talent des designers, les objets connectés français s’imposent à l’étranger. par aurélie BarBaux

Withings imagine et conçoit des produits intelligents, intégrant très tôt le design.

s

o french. Y aurait-il un savoir-faire français dans le design numérique?Assurément. «Astucieux et élégant sont les deux termes qui expriment le mieux le design français. » affirme Anne-Marie Boutin, la présidente de l’Agence pour la promotion de la création industrielle (APCI). Pour Pierre Garner, le directeur de l’agence Elium Studio, qui réalise notamment le design des objets Withings, il faudrait aussi ajouter le mot séduction. «Le premier rapport avec un objet est sensoriel, explique-t-il. Pour les objets connectés, qui sont très technologiques, la séduction permet de se les approprier plus facilement. C’est l’un des aspects de la french touch dans le design. » Un courant porté par quelques entrepreneurs visionnaires. Pour Stéphane Distinguin, le président de l’agence d’innovation Fabernovel et du pôle Cap digital, « le succès des objets connectés français est dû notamment à quelques très bons acteurs de l’écosystème tech français. Les start-up comme Parrot, Withings ou Netatmo imaginent, conçoivent et fabriquent des produits à la fois intelligents, esthétiquement réussis et très bien réalisés. Et qui intègrent très tôt le design. » 36

Or, il est nouveau en France d’impliquer le designer dès le départ d’un projet. Mais c’est sans doute ce qui a permis à Withings de voir sa balance connectée ou son tensiomètre figurer parmi les meilleures ventes de l’Apple store. « Ce qui est intéressant, notamment dans le design d’Elium Studio, c’est que la forme n’est plus imposée par la technologie, les composants étant devenus tout petits. Le designer peut se remettre à imaginer des objets nouveaux», avance Anne-Marie Boutin. Des objets pensés en fonction de l’usage et « qui tiennent compte dès le départ du fait que le consommateur a un smartphone dans la poche », précise Frédéric Potter, PDG fondateur de Netatmo. Pour lui, la connexion internet conditionne le design et oblige à tout concevoir en même temps : le service physique, l’objet, le cloud, l’interface… Même si cette dernière est souvent traitée à côté par les équipes de développement de la start-up, qui ne sous-traite que le design de l’objet la plupart du temps. Le tout doit aller très vite. « Les objets connectés sont un changement de paradigme, prévient Pierre Garner. Quand on dessine un produit normal, on est dans un écosystème fini,


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avec une approche marketing connue. L’objet a une fonction et on ajoute un “truc”. Mais l’approche “la forme suit la fonction” du design industriel traditionnel ne peut pas être appliquée avec les objets connectés.» Avant d’ajouter:«Leurs fonctions sont en constante évolution et l’objet est associé à une application. On ne peut plus le dessiner en se disant qu’il est fini. Au début un simple pèse-personne connecté, la balance de Withings mesure maintenant aussi la cardio et le CO2 dans la maison !»

philippe starck appelé en renfort L’objet sert aussi le plus souvent à l’appropriation d’un service de mesure, de surveillance ou de confort… qui change lui aussi très vite. «Les interfaces sont vouées à des remises en question très régulières, tous les six mois, pour suivre l’usage. Les produits ont une plus grande pérennité», observe Armand Billard, de Caïman Design, qui a revisité l’interface de Coyote, un système d’aide à la conduite. « Attention, prévient Jean-Louis Fréchin, designer numérique et fondateur de l’agence Nodesign. S’il n’y a pas de croisement entre l’objet et l’application, on n’est pas dans des objets connectés. » Et soyez attentifs à l’éthique : « La fourchette ou la brosse à dents connectées me posent problème. Ces objets entrent dans notre corps, nous séparent de réflexes primaires et proposent d’abandonner à la technologie des comportements qui doivent être acquis», ajoute-t-il. Le choix du designer est donc crucial. Le cofondateur de Sevenhugs, Simon Tchedikian, qui lance des trackers de sommeil pour la famille, est aussi soucieux du design de ses produits. « J’ai fait le tour des designers en

Lima, quand le design réinvente le stockage star du Ces 2015, le boîtier lima automatise le partage de fichiers sur tous les appareils de la maison. il est d’abord né du design thinking, lors de la définition de sa fonction et de son scénario d’usage. ensuite, il a fallu lui donner une marque et l’identité d’un objet personnel à oublier, loin de l’univers technologique. initialement nommé Forget box, il a été rebaptisé lima. son boîtier en plastique injecté blanc clipsé, dessiné par David Moreeuw, est bagué d’un logo « infini » de sept couleurs aux choix.

France. J’en ai rencontré beaucoup. Je pensais important de bien communiquer pour qu’ils comprennent le produit et son marché », explique-t-il. Mais pour lui, pas question d’aller chercher une star du design avec une signature. « Je voulais que le produit ait un design consensuel ». C’est Patrick Jouffray, de l’agence 360, à Toulon, qui a le mieux compris ses attentes et réussi à concevoir « un objet beau qui s’efface dans le décor». Un parti pris à l’opposé de celui retenu par Frederic Potter pour le thermostat connecté de Netatmo, dont il a confié le design à Philippe Starck. «Ce produit se lançait face à un concurrent puissant, il lui fallait donc un design fort. Et Philippe Starck a beaucoup apporté au projet, pas seulement dans sa forme mais aussi techniquement, notamment au niveau de l’écran.» Reste qu’un bon design est une condition nécessaire, mais pas suffisante. « Pour faire un carton, il faut que tout soit parfait, résume Frédéric Potter. Jusqu’au processus de vente». ❚❚

D.R.

sevenhugs, un autel familial dédié au sommeil connecté la base transparente et symétrique à 360 degrés symbolise la réunion de la famille autour d’un bon sommeil. lorsqu’elle s’allume d’une douce lumière bleue, c’est le moment de se mettre au lit. les capteurs, doux et ronds, ont été glissés sous le drap de l’enfant. C’est la réponse design de patrick Jouffray (agence 360, à Toulon), au désir d’un design consensuel pour ces objets électroniques intrusifs, qui doivent rester discrets. l’usine nOuvelle i supplément au n° 3411 i 19 FéVRieR 2015

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transformation numérique

Outils

quels os pour les objets connectés ? Si start-up et industriels se ruent vers les objets connectés, ils n’ont que l’embarras du choix pour les équiper du bon système d’exploitation. Pour l’instant du moins. Par Sylvain arnulf

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lus de 200 milliards d’objets connectés à l’horizon 2020, selon le cabinet Gartner. Forcément, ce marché au potentiel gigantesque suscite la convoitise. La concurrence est féroce pour créer les briques technologiques qui vont avec: protocoles de connexion (le français Sigfox est bien placé), plates-formes de traitement des données et systèmes d’exploitation (OS). Car les objets connectés, comme les ordinateurs et les smartphones, ont besoin d’un OS pour fonctionner. Enfin, presque tous: les plus basiques techniquement, limités en mémoire et en ressources (comme le bracelet détecteur d’UV June de Netatmo), peuvent s’en passer. Pour les autres, les concepteurs ont l’embarras du choix au moment de sélectionner un OS. Aux côtés des géants du web aux grandes ambitions, de petits acteurs tentent de répondre à leurs besoins. Aucune société ne domine pour l’instant le marché, d’autant plus qu’il n’existe pas encore d’OS universel pour toutes les catégories d’objets connectés, tant le spectre des tailles, des usages et des configurations matérielles est large.

les cinq missions d’un système d’exploitation Gérer leS tâcheS

L’OS gère leurs droits d’accès et leurs interactions avec le matériel (batterie, écran, capteurs…).

SécuriSer

L’OS identifie les utilisateurs autorisés, assure l’intégrité des données transmises, prévient les intrusions.

reSter Ouvert

S’interfacer avec l’utiliSateur

L’OS permet aux développeurs de programmer leurs propres applications.

L’OS pilote l’utilisation de boutons, écrans, diodes et autres liens avec l’utilisateur.

• • :

cOmmuniquer avec l’envirOnnement

L’OS fait le lien entre l’objet et les informations reçues du réseau.

Pour se protéger des copies, Withings garde confidentiel le type d’OS utilisé dans son enregistreur d’activité Pulse.

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transformation numérique

deS OS mOinS GOurmandS et auSSi aGileS Dans l’arbre généalogique de cette grande famille aux membres très différents, on peut distinguer deux branches : celle des objets sans écran (disposant de très peu de puissance de calcul, d’une mémoire dérisoire et consommant de l’énergie au compte-gouttes) et celle des objets avec écran (dotés d’une interface exigeant davantage de ressources et pouvant tourner sous des OS plus gourmands). Sur le créneau surchargé des appareils sans écran, comme les détecteurs de mouvements et les capteurs environnementaux, les fabricants ont longtemps conçu leur propre OS, sur mesure et rudimentaire. Mais des OS plus perfectionnés, réellement adaptés à cet environnement, émergent. FreeRTOS équipe, par exemple, la montre Pebble et la station météo Netatmo. Les ingénieurs auraient également pu choisir d’autres solutions open source comme eCos, Contiki et TinyOS. Les concepteurs de processeurs et de microcontrôleurs tels qu’Intel, ARM et Texas Instruments développent aussi leurs propres réponses. Enfin, les acteurs français tentent de se frayer un chemin : l’OS pour systèmes embarqués Lepton, conçu par O10ée (prononcez «odyssée»), propose du sur-mesure pour les PME, tandis que le projet Riot a l’ambition de fournir un OS pouvant tourner sur tous les types d’appareils.

du SmartPhOne à l’Objet cOnnecté Ces spécialistes sont peu concurrencés par les géants du web qui ne savent pas encore créer des OS aussi peu gourmands et qui se concentrent sur un autre segment : les appareils avec écran. Google, Microsoft et BlackBerry veulent mettre à profit leur savoir-faire dans les smartphones pour conquérir leurs « cousins » : montres, bracelets, accessoires de la « wearable technology » (technologie à porter), voitures et télévisions connectées. Pour Marc de Courville, le directeur technique d’Archos, adopter un OS dérivé de ceux des smartphones pour un objet avec écran présente une certaine logique. « Choisir Android n’a de sens que si l’on a une interface directe avec l’utilisateur. On hérite alors de toute l’expérience accumulée sur la gestion des interfaces graphiques », dit-il. Fred Potter, le PDG de Netatmo, fait le même constat, considérant que, pour les objets avec écran, il serait absurde de partir de zéro alors que des solutions très efficaces existent. « Il faudrait déployer beaucoup de moyens pour développer son propre OS avec le même niveau de qualité qu’Android », tranche-t-il.

pascal guittet, D.R.

dO it yOurSelf La multiplication des OS propriétaires ou open source n’empêche pas les fabricants de continuer à développer leur solution en interne. Un gage de liberté mais pas d’économies, comme le rappelle Frédéric Salles, le président de Matooma, une société française spécialisée dans la connectivité par cartes SIM. « Créer de toutes pièces son propre OS ou en adapter un alourdit les coûts et allonge les délais de commercialisation. » L’émergence d’un ou deux OS universels, tout-terrain, faciliterait la vie des développeurs d’applications et permettrait de faire baisser les coûts de développement. Mais ce n’est pas pour tout de suite. ❚❚ l’uSine nOuvelle i supplément au n° 3411 i 19 FéVRieR 2015

les dix systèmes les plus prometteurs andrOid Wear Du GOOGLe à pOrter

cet Os a été conçu pour la « wearable technology ». idéal pour les montres et les vêtements intelligents.

WindOWS 10

tâches simultanées et de gérer les priorités en temps réel. idéal pour les objets regroupant plusieurs types de capteurs.

tinyOS pOur LeS micrO-OBjetS

la version 10 de l’Os de microsoft sera unifiée pour tous les écrans, du pc à l’objet connecté. idéal pour les objets avec interface visuelle.

tinyOs est adapté à des systèmes miniatures disposant de très peu de mémoire. mais ce n’est pas un système temps réel et il n’est pas évolutif. idéal pour les capteurs basiques.

qnX

vXWOrkS

pOur tOuS LeS écranS

L’atOut De BLackBerry

la société canadienne veut rebondir grâce aux objets connectés, avec QnX, racheté en 2010. la solution équipe déjà des systèmes automobiles. idéal pour les systèmes de divertissement automobile.

tizen Le prOtéGé De SamSunG

cet Os soutenu par samsung et intel pourrait connaître une seconde vie, après son échec sur les smartphones. il va équiper des bracelets connectés et des télévisions. idéal pour les montres connectées.

cOntiki Le rOi De La meSure

issu du centre suédois de recherche scientifique, cet Os open source a été conçu spécialement pour des réseaux de capteurs sans fil. idéal pour les capteurs environnementaux.

freertOS L’aS Du tempS réeL

cet Os open source pour microcontrôleurs permet d’effectuer un grand nombre de

FLexiBLe et mODuLaire

créé pour l’informatique embarquée ou la robotique, ce logiciel propriétaire de Wind River a vu son architecture adaptée afin d’équiper des objets connectés variés. idéal pour les objets avec une interface visuelle.

riOt Le Linux DeS OBjetS cOnnectéS

issu de la recherche académique en France (avec le soutien de l’inria) et en allemagne, il peut théoriquement tourner sous tout type d’objet connecté, avec ou sans écran. idéal pour tout.

lePtOn petit maiS cOStauD

ce système d’exploitation temps réel français est utilisé depuis plus de cinq ans dans l’industrie. ses concepteurs l’ont rendu plus flexible pour équiper une large gamme d’objets, avec ou sans interface visuelle. idéal pour les terminaux industriels.

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The Global Event for Payment/Identification/Mobility

unlimited innovation

17 19 Nov. 2015

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michael lumbroso

trAnsformAtion numériquE

en juin 2012, la Sncf organisait les Hack days, desquels naissait l’application tranquilien pour améliorer la diffusion de l’information auprès des voyageurs.

Méthode

A

L’open data n’est pas réservé aux administrations et aux collectivités locales. Aussi contre-intuitif que cela puisse paraître, les entreprises peuvent également avoir intérêt à ouvrir leurs données.

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EntrEprisEs, ouvrEz vos donnéEs!

Aurélie bArbAux

l’uSine nouvelle i supplément au n° 3411 i 19 FéVrier 2015

l ’ère du numérique et de l’open innovation, ouvrir ses données n’est pas une idée si saugrenue pour une entreprise. L’open data permet en effet de viser des objectifs inatteignables autrement et, parfois, d’aller plus vite pour développer un écosystème, changer son image, retrouver la confiance… Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. En 2011, une enquête Bluenove-BVA constatait que seulement 40% des grandes entreprises françaises étaient prêtes à partager leurs données environnementales, 37 % leurs données techniques, 26% leurs données opérationnelles ou marketing. Trois ans plus tard, les grandes entreprises qui ont osé se comptent sur les doigts d’une main : la SNCF, la RATP, La Poste, Havas Media et Ouest-France.

Se fixer un objectif préciS

Contrairement aux gouvernements ou aux collectivités locales qui ouvrent leurs données pour favoriser la transparence et l’innovation tous azimuts, une entreprise doit viser un objectif précis pour oser l’open data. Ne serait-ce que pour convaincre en interne de son utilité, même si l’on ne sait pas 41


trAnsformAtion numériquE

ce que les autres feront de ces données. Ainsi, « Nike a mis en ligne sa base fournisseurs, avec une incitation au feedback sur des problèmes d’éthique, parce qu’il avait une vraie envie de faire travailler le web », observe Jean-Marc Lazard, le dirigeant d’OpenDataSoft, une start-up opérant une plate-forme open data. De même, si Johnson &Johnson a publié dix ans d’études amont sur le marché d’un médicament, c’était dans le but d’encourager l’écosystème à travailler sur ces données. «Pour le groupe SNCF, la démarche open data lancée il y a trois ans, de manière libre et proactive, a deux objectifs: d’une part, améliorer la diffusion de l’information voyageurs, surtout pour les transports quotidiens, sur tous les canaux possibles; d’autre part, participer à la transformation de l’entreprise autour de la donnée», explique Romain Lalanne, le responsable de l’open data au sein du groupe SNCF. « Certaines entreprises ont pris conscience qu’être les premières à donner les données est peut-être plus performant que fabriquer des protections», complète Jean-Marc Lazard.

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identifier leS donnéeS à pArtAger et leS cibleS

Pour des raisons évidentes de confidentialité, de respect de la vie privée, voire de concurrence, une entreprise ne va pas partager ses données clients. En revanche, elle peut partager des données métier ou techniques. C’est le cas d’Havas Media France, qui n’a pas hésité à publier sur le site d’Etalab, le portail d’open data du gouvernement, sous licence ouverte, sa bible annuelle des médias, le Media-Poche, ainsi que son POE (le baromètre de l’exposition du public aux marques), son étude sur les objets connectés et celle sur la Coupe du monde… Il a aussi ouvert un site (havasmediaopendata. com) qui présente les études et fournit les contacts. « Le plus difficile n’a pas été la mise en ligne, mais de convaincre en interne, raconte Yves Del Frate, le directeur général d’Havas Media France. J’ai dû expliquer que, à un moment ou à un autre, les gens auraient de toute façon accès à ces données. Mieux vaut les ouvrir nous-mêmes pour lancer le dialogue et avoir un langage de développement en commun. Car nous pensons qu’au-delà des collaborations que l’on

unE clAusE opEn dAtA dAns lEs contrAts ! « Nous allons mettre une clause open data dans tous les appels d’offres de la Ville de Paris. Elle dira que les données produites dans le cadre du contrat sont libres et doivent être accessibles sans commercialisation et sans restriction autre que celles liées à la sécurité », a annoncé Jean-Louis Missika, adjoint au maire de Paris. Son application ne sera pas

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aisée. « Techniquement, c’est faisable, mais légalement, cela sera difficile. Il y a des problèmes de confidentialité, d’anonymisation et de diffusion de données qui ne lui appartiennent pas », explique Pierre-Yves Senghor, le directeur marketing de m2oCity. D’autant que la Cnil a tranché. Les données de consommation appartiennent d’abord au consommateur.

peut initier avec nos partenaires ou fournisseurs, il existe tout un écosystème de particuliers, étudiants, chercheurs, geeks, qui peuvent être intéressés par les médias. Et avoir des projets, des idées de software, d’entreprises, que nos données peuvent inspirer et alimenter et qui peuvent un jour nous intéresser. »

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cHoiSir un Modèle éconoMique

« Attention, prévient Jean-Marc Lazard, d’Opendatasoft. Une entreprise doit être prête à faire de l’open data. Car lorsqu’elle ouvre ses données, elle entre dans un système. Il faut bien réfléchir au modèle économique qu’elle est prête à assumer, aux relations qu’elle veut entretenir avec des start-up. » Pas si évident. Pour faire évoluer les mentalités, la direction de l’innovation de La Poste a dû « scraper » (extraire) elle-même les données des bureaux de poste, le temps de dépasser les résistances en interne. Et pour faire accepter l’idée de licence ouverte, elle a commencé par proposer un mode d’open data interne. « L’idée étant de faire de l’open data un levier de transformation», expliquait Delphine Desgurse, de la direction du numérique de La Poste, lors de la conférence de Paris sur l’open data et le gouvernement ouvert. Pour forcer les choses, la SNCF organise des événements, comme son Data shaker qui invitait des développeurs à travailler durant cinq mois sur ses données ouvertes au sein du Numa, un centre de coworking parisien, ou encore son concours sur Datascience.net qui invitait les chercheurs à imaginer des modèles de prévision de fréquentation des gares… Un bon moyen de repérer les futures recrues du groupe.

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gArder le contrôle… AutAnt que poSSible

Extraire les données que l’on souhaite partager des systèmes d’information n’est pas toujours aisé, les entreprises étant souvent organisées en silo. « Nous avons commencé par constituer une dataroom qui centralise toutes les données et les rediffuse », explique Yves Del Frate, d’Havas Media. L’occasion d’unifier les formats, car pour ouvrir ses données il faut avoir une démarche qualité qui respecte standard, fiabilité et complétude des informations. Reste à choisir leur mode de diffusion. «Nous ne proposons pas uniquement des outils de collecte et de mise à disposition, mais également des plates-formes où l’entreprise garde le contrôle de ses données», indique Jean-Marc Lazard, d’Opendatasoft. C’est le cas de la SNCF, dont les données ouvertes sont accessibles sur son site open data utilisant la plate-forme Opendatasoft, « qui permet un partage sélectif, notamment en interne », précise Romain Lalanne. Toutes les données ne sont pas forcément en mode licence ouverte, comme sur le site Etalab. Choisie par la SNCF, la licence «sharelike » oblige à remettre dans la collectivité ce qui a été développé avec les données. Et permet à l’entreprise de savoir ce qui en a été fait. Car, comme s’en est aperçu Havas Media France, les utilisateurs ne contactent pas forcément l’émetteur des données. « Il ne faut pas essayer d’imaginer les usages qui en seraient faits, ni de les contrôler. Il faut laisser s’exercer la créativité des start-up », conseille Romain Lalanne. Et savoir être patient. ❚❚


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