«Les gens ressemblent à leur paysage»
Le valais La Dent-Blanche, source d’énergie du Val d’Hérens
Le valais
Manuella Maury est née et a grandi à Mase, dans le Val d’Hérens. Si aujourd’hui elle vit à Genève et travaille à la TSR, elle reste attachée à la nature de ses origines. Lorsque vous étiez enfant, à Mase, que représentait pour vous la nature?
– C’était pour moi un synonyme de liberté; celle, absolue, de pouvoir jouer dehors, sur un terrain de jeu sans limite. J’étais une vraie petite sauvageonne. A l’école enfantine, j’ai eu la chance d’avoir pour instituteur le curé Moix. C’était une sorte d’original qui avait énormément voyagé et qui s’intéressait à beaucoup de choses. Avec lui, nous faisions le concours des fleurs. Il s’agissait d’en ramasser le plus possible, et surtout d’en apprendre les noms par cœur. Ce qui fait qu’aujourd’hui, je peux encore citer le nom latin de quelques-unes.
Les parcs naturels valaisans
Le fait d’être née dans le Val d’Hérens a marqué votre existence?
– Je crois que les gens ressemblent à leur paysage. Quand on a grandit dans le Val d’Hérens, on est mesuré par la montagne. Il nous arrive, dans notre prétention d’humain, de nous sentir même défié par elle. C’est une nature gigantesque, qui peut parfois être très impressionnante. Nous qui sommes nés ici, ça nous donne un côté combatif, un peu pesant pour moi, parfois. La nature du Val d’Hérens est aussi remuante. Elle nous questionne et nous remet toujours en question. J’aime aussi beaucoup que la vallée soit limitrophe. Enfant, les montagnes m’intriguaient, je me demandais ce qu’il y avait derrière. C’est ça qui m’a donné envie de voyager. C’était mon côté imaginaire, les montagnes étaient pour moi une invitation au voyage.
Le Val d’Hérens, Finges, le Binntal et la région Jungfrau-Aletsch-Bietschhorn, classé patrimoine mondial de l’UNESCO: des centaines de kilomètres carrés de paysages fabuleux, des lieux d’exception.
Vous avez des coins privilégiés ici?
E
n Valais, la nature est partout. Pas uniquement dans les paysages ou sur les cartes postales. Elle coule dans le sang des hommes, a modelé leur caractère. Comme eux, elle est rude d’apparence, âpre, mais sait se révéler généreuse lorsqu’on sait l’apprivoiser. Elle est tout à la fois belle, grandiose et sauvage. Ce que les «étrangers du dehors», les nonValaisans, ont parfois de la peine à comprendre, c’est qu’ici la nature n’est pas un décor, pas une pièce de musée poussiéreuse, si délicate que l’on ne peut l’admirer que de loin. Non. En Valais, la nature est espace de vie. C’est un partenaire avec lequel il faut parfois batailler, toujours négocier. Mais un partenaire que l’on respecte, loin des idéologies modernes, par tradition, celle d’un peuple qui se sait habité par des choses plus grandes que lui. Alors, à l’heure où tout le monde réfléchit à l’avenir de la planète, où tout le monde se pose la question du développement durable, pourquoi aller chercher à des milliers de kilomètres des merveilles naturelles que nous offre, si proche de nous, le Valais.
Infos pratiques Le Val d’Hérens Surface 437 km2, sur huit communes: Evolène, Mase, Vernamiège, Hérémence, Les Agettes, Mont-Noble, Saint-Martin et Vex. Site www.valdherens.ch, Tél. 027 281 28 15 Le Binntal Surface Environ 160 km2, sur trois communes: Binn, Ernen (avec les hameaux d’Ausserbinn, Mühlebach, Steinhaus) et Grengiols. Site www.landschaftspark-binntal.ch Tél. 027 971 50 50 Pfyn-Finges Surface Environ 3000 km2, sur quatorze communes: Agarn, Albinen, Erschmatt, Gampel-Bratsch, GuttetFeschel, Loèche, Loèche-les-Bains, Mollens, Oberems, Salquenen, Sierre, Tourtemagne, Varonne et Unterems. Site www.pfyn-finges.ch, Tél. 027 452 60 60
Anne Kearney/RTS
– Oui, Arolla et Ferpècle, où j’ai d’ailleurs emmené John How, l’illustrateur du Seigneur des anneaux. Ce sont des endroits magiques, ésotériques et lunaires.
Val d’Hérens
Jungfrau-Aletsch Surface 824 km2, sur vingt-six communes, en Valais et dans le canton de Berne. Valais: Kippel, Ferden, Wiler, Hohtenn, Steg, Bellwald, Fieschertal, Betten, Riederalp, Naters, Blatten, Birgisch, Mund, Raron, Baltschieder, Eggerberg, Ausserberg et Niedergestelnne, Lauterbrunnen, Guttannen, Innertkirchen, Meiringen, Schattenhalb, Reichenbach et Kandersteg. Pour avoir la plus belle vue sur l’intégralité du glacier d’Aletsch: aller jusqu’à Fiesch, puis prendre la télécabine Fiesch-Eggishorn. Voir horaires sous www.fiesch.ch Site www.jungfraualetsch.ch Tél. 027 924 52 78 Offres d’excursions et de manifestations dans ces parcs naturels, voir aussi:
Site www.valais.ch/activitésetexpériences Tél. 027 327 35 70 Mail info@valais.ch
Un espace à vivre Ici, il y a fort longtemps que l’homme et la nature cohabitent. Ici, on vit, on travaille, on exploite les richesses existantes dans le respect du développement durable. C’est peut-être bien ça qui fait la particularité du Val d’Hérens: la nature n’y est pas mise sous cloche. Les visiteurs, eux, y trouvent ainsi des villages préservés et des traditions maintenues, autant de témoignages de la vie alpestre. Trois offres pour cet été 1. Un passeport estival suggère dix activités, du tir à l’arc à la balade en montagne. Si le détenteur du passeport effectue quatre activités, il recevra un bon de Fr.15.– pour la cinquième, que les enfants se verront offrir. 2. Une application mobile gratuite se propose de guider les visiteurs d’une ferme à
l’autre sur les sentiers traditionnels des agriculteurs de la vallée. En chemin, les randonneurs peuvent s’arrêter chez les exploitants, participer aux travaux ou confectionner avec eux de délicieux produits régionaux. www.herensmobile.ch 3. Une magnifique randonnée en cinq étapes permet de découvrir les merveilleux paysages alpins du Val d’Hérens, comme le lac des Dix ou le col de Riedmatten, à 2900 mètres d’altitude, lieu de passage de la Patrouille des Glaciers. Le forfait environ. Fr.600.– par personne en chambre double, comprend six nuits avec petit déjeuner et repas du soir, cinq pique-niques, le transport des bagages, une carte pédestre et d’autres documents de voyage. Et vous voudriez passer l’été ailleurs?