La Sambre, inaccessible ? De Charleroi à Farciennes
Prouff Valentine
Université catholique de Louvain Faculté d’architecture, d’ingénierie architecturale, d’urbanisme (Site de Bruxelles)
Titre de groupe :
Capital Spatial et Social de Charleroi Quelles combinatoires pour la ville de demain ?
Titre du TFE :
La Sambre, inaccessible ? De Charleroi à Farciennes
Travail de fin d’étude de Valentine Prouff Co-promoteurs Jean-Philippe De Visscher Thierry Kandjee Expert David Schmitz Université catholique de Louvain Faculté d’architecture, d’ingénierie architecturale, d’urbanisme (Site de Bruxelles)
Je tiens à exprimer ma gratitude envers les personnes qui m’ont accompagnée et soutenue tout au long de ce Travail de Fin d’Etude, en particulier : Mes professeurs d’atelier, Jean-Philippe de Visscher et Thierry Kandjee pour leur pédagogie et leurs conseils, Mon promoteur, David Schmitz, pour son suivi tout au long de l’année, Ma famille et mes amis pour leur patience, leur soutien et encouragements essentiels lors de ce travail mais aussi durant ces 5 années d’études, Ma grand-mère, Martine Jourdain pour ses précieuses relectures.
Introduction................................................................................................................................11
La Sambre inaccessible : pourquoi ?....................................................................19 Conséquences de l’industrialisation..............................................................................20 Le tissu d’industries infranchissable....................................................................20 Les infrastructures..................................................................................................28 Le chemin de halage peu accessible.....................................................................30 La pollution de la Sambre.....................................................................................38 Conséquences de la canalisation de la Sambre............................................................41 Disparition de l’eau en ville...................................................................................42 Perte de la biodiversité...........................................................................................48
Opportunités liées à une nouvelle proximité de la Sambre..................................55 Street fishing et baignade.......................................................................................56 Mobilité douce.........................................................................................................60 Bien-être et relations sociales................................................................................64 Economie.................................................................................................................70 L’aspect ludique et culturel....................................................................................72 L’aspect politique....................................................................................................73
La Sambre accessible : comment ?.......................................................................77 Lieux d’interventions à l’échelle du territoire..............................................................78 #1 : Lier les réseaux de mobilité douce, gares et pôles urbains......................78 #2 : Reconnecter les villes à la rivière.................................................................79 #3 : Réintroduire de la biodiversité en bord de Sambre..................................80 Superposition..........................................................................................................81 Hypothèses d’action à l’échelle de Chatelet.................................................................82 #1 : Lier les réseaux de mobilité douce, gares et pôles urbains......................83 #2 : Reconnecter les villes à la rivière.................................................................95 #3 : Réintroduire de la biodiversité en bord de Sambre................................107
Retour sur le grand territoire.......................................................................................121 #1 : Lier les réseaux de mobilité douce, gares et pôles urbains....................121 #2 : Reconnecter les villes à la rivière...............................................................125 #3 : Réintroduire de la biodiversité en bord de Sambre................................129 Nouveau regard.............................................................................................................133
Conclusion................................................................................................................................139 Bibliographie............................................................................................................................140
Les berges de la Sambre, Chatelet, recto
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Introduction Cette photo, prise de la rive gauche de la Sambre, représente le lien actuel entre la rivière et la commune de Chatelet. Elle est évocatrice des relations, ou plutôt du manque de relations entretenues avec la Sambre. C’est ce qui m’a interpellé dans un premier temps : comment une rivière peut-elle traverser des pôles urbains sans qu’il y ait de contacts évidents entre eux. La présence d’une rivière étant source de potentiels et d’opportunités, on s’interroge sur son manque d’accessibilité. C’est à partir de ce questionnement que j’ai décidé de m’intéresser à la Vallée de la Sambre. Le territoire d’étude a été défini selon deux critères : la typologie des milieux traversés par la rivière et les projets visant à une réappropriation de celle-ci. Le territoire ciblé s’étend donc de Charleroi centre à Farciennes, où la Sambre traverse des pôles urbains et des sites industriels. Par ailleurs, cela permet une continuité avec le projet d’aménagement des berges de la commune de Charleroi, effectué en 2014 et le projet de Sambreville, débuté à la fin de l’année 2017 par le Studio Paola Vigano et Idea Consult. De plus, il existe sur ce site des volontés de la part des acteurs publics et des habitants visant à renouer le contact avec la Sambre, elles sont notamment exprimées par les communes de Chatelet et Farciennes. Cependant, à ce jour aucune proposition n’a été faite, ce qui a également suscité mon intérêt. Par ailleurs, il existe un projet décidé en 2017, « Charleroi Métropole » visant à mettre en commun des communes du Bassin de Vie de Charleroi dans un schéma de développement territorial, le site étudié en faisant partie. Cette mise en commun posera alors la question du contact avec la Sambre, véritable lien naturel entre ces villes, pourtant aujourd’hui vécu comme une grande infrastructure. Ce travail, visant justement la question des relations entretenues à différents niveaux avec la rivière pourrait être une pierre à l’édifice de ce projet. La problématique générale du travail est l’inaccessibilité de la Sambre, déclinée sous trois points de vue que nous allons étudier. Il est divisé en trois chapitres. Dans le premier, nous allons comprendre pourquoi nous sommes face à cette situation en s’appuyant sur les conséquences de deux faits historiques. Cela permettra d’identifier les enjeux desquels découleront trois stratégies d’action visant à proposer une nouvelle lecture du territoire. Elles portent sur les relations villes-rivière, la mobilité douce et la biodiversité et seront évoquées à travers ce travail. Dans le second chapitre, nous allons nous intéresser aux opportunités liées à une plus grande proximité avec la rivière. Ainsi, nous pourrons considérer si elles peuvent, ou non, être saisies grâce à la mise en place des stratégies d’action et en augmenter la plusvalue.
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Les berges de la Sambre, Chatelet, verso
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Dans le troisième chapitre, nous allons proposer des hypothèses d’action visant à répondre aux stratégies. Dans un premier temps, les lieux d’interventions pertinents seront mis en évidence. Ensuite, ces actions seront testées sur le cas d’étude qui est la commune de Chatelet afin d’en comprendre les tenants et aboutissants. Enfin, nous verrons de quelle manière elles peuvent être déclinées sur le territoire afin d’en proposer une nouvelle lecture.
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Territoire d’étude
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1- Charleroi
2- Industries
3- Chatelet
4- Port Autonome de Charleroi (PAC)
5- Farciennes
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1- Charleroi
2- Industries
3- Chatelet
4- Port Autonome de Charleroi (PAC) 39
5- Farciennes 25
PrĂŠsentation du site - Typologies des berges
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Chapitre I La Sambre inaccessible : Pourquoi ? Objectif : le but de ce chapitre est de comprendre pourquoi la Sambre est aujourd’hui si peu accessible. Il se divisera en deux parties visant à déterminer les conséquences de deux faits historiques marquant ce territoire : la désindustrialisation et la canalisation de la Sambre. Les problématiques de chacune de ces conséquences seront exprimées, en vue de donner naissance à différentes stratégies d’action. Certaines problématiques induiront une stratégie commune. Enfin, des hypothèses d’action seront proposées, elles seront reprises plus en détail dans le troisième et dernier chapitre.
Méthodologie : travail cartographique
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Conséquences de l’industrialisation Grâce à l’appui des autorités, plusieurs usines s’installent dans la vallée de la Sambre à partir de 1680.2 En plus des richesses naturelles du sol en houille, la présence de la rivière attire, permettant une voie d’échange privilégiée. Au fil des siècles, les bords de Sambre sont investis par les industries de verre, de charbon et de fer, reléguant les pôles urbains en seconde ligne. Charleroi s’élève alors comme capitale industrielle et connaît une prospérité florissante. Cependant, les deux guerres mondiales, le choc pétrolier et la crise industrielle qui suivirent les trente glorieuses ont fortement ébranlé le territoire.3 La découverte du pétrole, plus performant et moins cher, entraine le déclin de l’usage de la houille. De plus, la concurrence augmente et le territoire du grand Charleroi qui avait fondé sa prospérité économique sur l’industrie entre alors dans une phase de déclin industriel. La désindustrialisation a eu quatre conséquences spécifiques liées à l’inaccessibilité de la Sambre qui nous intéressent dans ce travail : le tissu d’industries infranchissable et les infrastructures le long de la Sambre, l’inaccessibilité du chemin de halage et enfin la pollution de la rivière. Nous allons nous intéresser à ces quatre points en mettant en avant les problématiques régies par chacun afin d’identifier des stratégies d’action possibles pour ce territoire visant à une meilleure accessibilité de la Sambre. Un tissu d’industries infranchissable Le passé industriel de Charleroi a marqué la typologie du paysage, qui se traduit aujourd’hui par les nombreux sites industriels encore présents en bord de Sambre. Ils s’étendent sur des terrains extrêmement vastes qui sont infranchissables car offrant peu de porosité. Comme il est visible de le constater sur la carte ci-contre les sites industriels se sont développés parallèlement à la Sambre, reléguant en seconde ligne les pôles urbains. Le premier problème qui découle de cette situation est que les villes n’ont plus que très peu de contact avec la rivière. Les photos aériennes ci-après illustrent cette problématique au niveau des communes de Couillet/Montignies-sur-Sambre, Chatelet/Chatelineau et Pont-de-Loup/Farciennes, situées de chaque coté des rives et particulièrement atteintes par cet éloignement. En ayant une lecture transversale de la Sambre, le second problème de la présence de ces industries est que les villes ont peu de contact entre elles alors qu’elles pourraient présenter la caractéristique commune de se développer de part et d’autre du cours d’eau. Par ailleurs, ce tissu dense d’industries, véritables tampons entre villes et rivière, présentent l’avantage d’être composé de sites à l’abandon. Le service public de Wallonie a répertorié les périmètres de sites identifiés comme étant à réaménager (SAR), 2 3
Travaux étudiant http://www.charleroi.be/350ans-histoire
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Industries et SAR 24
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c’est à dire devant être assainis, réhabilités, rénovés ou reconstruits et ces parcelles abandonnées, reprises sur la carte font parties du classement4. L’état actuel de ces sites est considéré par le gouvernement comme soit contraire à un bon aménagement des lieux, soit comme constituant une déstructuration du milieu urbanisé4, ce dernier point étant bien l’état actuel de la situation de ce territoire. A l’échelle du territoire Wallon, il est à préciser que nombre de ces sites sont en bordure de cours d’eau ou d’anciennes voies de chemins de fer. Cela dit, une concentration particulière en bordure de Sambre au niveau de Charleroi ressort.23 Cela s’explique par le fait que Charleroi s’est affirmée comme capitale du Pays Noir, haut lieu d’industrialisation puis de déclin, ayant laissé derrière lui des friches particulièrement nombreuses. Une première stratégie d’action se dessine alors : celle de reconnecter les villes à la rivière. Le but est de leur permettre de se développer le long de celle-ci afin de retrouver une relation tant ville-rivière que ville-ville de chaque côté des berges, à l’instar de la commune de Charleroi. Une première hypothèse d’action servant cette stratégie est de réinvestir les friches, classées comme SAR par le gouvernement, situées entre villes et rivière. Ainsi, sans compromettre les industries actives, des porosités peuvent être créées au profit des villes, permettant alors des accès et le développement d’activités en bordure d’eau. Cela dit, cette stratégie ne peut être envisagée seule car l’accès à la Sambre est compromis par d’autres problématiques. Par ailleurs, le développement de relations entre villes et rivière aura un impact sur d’autres enjeux présents sur le territoire. Enjeux liés à l’économie ou à la qualité de vie qui sont abordés dans le deuxième chapitre, le but étant que cette stratégie d’action puisse également se mettre à leur service.
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http://geoportail.wallonie.be/catalogue/8e2cf269-cedb-4fbe-943b-41a7587490e3.html
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Couillet
Montignies-sur-Sambre
Chatelet
Chatelineau
Pont-de-Loup
Farciennes 25
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Typologies en bord de Sambre - Industries
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Industries en bord de Sambre
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Les infrastructures Le chemin de fer, construit en 184222 longe en partie la Sambre, il permettait à l’époque de relier les différentes industries, favorisant ainsi les échanges. Aujourd’hui certains de ces convois existent encore, notamment au niveau du Port Autonome de Charleroi (PAC) mais la majorité des trains acheminent les voyageurs entre les villes traversées par celui-ci. Néanmoins, la voie de chemin de fer forme de nouveau une barrière difficilement franchissable entre pôles urbains et rivière, accentuant le manque de relation. Par ailleurs, le ring de Chatelet construit au XXe siècle qui encercle la ville forme également une barrière entre celle-ci et la rivière. De plus, et comme la photo satellite l’indique, il est visiblement surdimensionné sur son tronçon parallèle à la Sambre qui propose quatre voies au lieu de deux sur le reste du parcours. Ainsi, ces deux infrastructures accentuent la problématique citée précédemment, à savoir la perte des relations entre les villes et la rivière. La stratégie d’action exprimée visant à reconnecter ces deux éléments semble donc trouver sens ici aussi. Une nouvelle hypothèse d’action liée quant à elle exclusivement à la question des infrastructures est alors la question de leur franchissement.
Sur-dimensionnement du ring 25
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http://www.charleroi-decouverte.be/pages/index.php?id=57
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Infrastructures : chemin de fer et ring
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Le chemin de halage peu accessible La Sambre est bordée sur sa rive droite par un chemin de halage appartenant au parcours RAVel (Réseau Autonome de Voies Lentes). Il offre l’opportunité d’un maillage du réseau de mobilité douce, desservant les villes traversées par la rivière. Cependant, en pratique, il n’est que très peu accessible et par conséquent sous-exploité. En l’empruntant, l’usager se retrouve comme dans un long couloir n’offrant que trois possibilités de sorties situées environ à 6 kilomètres les unes des autres : Charleroi, Chatelet et Farciennes. Ces deux derniers accès sont si peu aménagés et lisibles que l’on passe devant sans même s’en rendre compte alors qu’ils permettent un accès direct aux gares de ces communes. La problématique ici mise en avant est le manque d’accessibilité du chemin de halage par rapport aux villes, gares et autres réseaux de mobilité douce. Ainsi actuellement, il ne permet que de rares connexions. Il existe deux causes à cette situation. Premièrement, comme exprimée précédemment, la Sambre est en grande partie bordée d’un tissu d’industries qui offre peu de perméabilité. Le problème de l’inaccessibilité physique de la Sambre du point de vue de la mobilité est intimement lié au précédent de manière logique. En effet, si la présence d’industries entraine la perte de relation entre villes et rivière, en découle logiquement l’absence de connexion entre chemin de halage et villes. L’hypothèse d’action proposée visant à réinvestir les friches (SAR) peut être envisagée, permettant ainsi l’accès au chemin de halage par le biais de ces sites. Deuxièmement, le chemin de halage se situe à un niveau inférieur à celui des villes, gare, réseau routier. Ainsi, au niveau +1 existe un réseau de mobilité douce composé essentiellement du gr412 et du RAVel. Comme représenté sur la carte ci-contre, il permet entre autre de lier transversalement à la Sambre les communes de Gilly à Couillet, Chatelineau et Farciennes. Par ailleurs, toujours au niveau +1, de nombreux franchissements de la Sambre existent, permettant de lier les deux rives. La difficulté est que sur l’ensemble du territoire il n’y a que trois connexions verticales qui permettent de lier ces deux réseaux au niveau +1 et 0. Les coupes ci-après montrent certains de ces franchissements et les deux réseaux qui se croisent sans se connecter.
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Niveau 0 : réseau de mobilité douce 26
Niveau +1 : réseau de mobilité douce 26-27
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Naît alors une deuxième stratégie d’action : celle de lier entre eux les réseaux de mobilité douce existants, les gares et par conséquent les villes. Une telle action permet un maillage de mobilité plus large qui connecte toutes les gares et toutes les villes en bord de Sambre du territoire, favorisant ainsi la mobilité douce à l’usage de la voiture et offrant une nouvelle lecture du site. De plus, cette nouvelle accessibilité au chemin de halage est synonyme d’accessibilité à la Sambre. Comme exprimée, une première hypothèse d’action servant cette stratégie est d’utiliser les SAR. Une seconde hypothèse d’action est de travailler les connexions verticales permettant alors de lier les réseaux des deux niveaux. Le développement de cette mobilité douce a donc une incidence sur les relations villesrivière puisqu’elle offre de nouvelles possibilités de contact. Par ailleurs, la question de réinvestir les friches ne peut être envisagée sans celle des accès possibles. De plus, permettre un réseau de mobilité plus large a également une incidence sur un plus grand territoire. En effet, transversalement, même les villes plus éloignées de la rivière en tireront un bénéfice par rapport à la stratégie villes-rivière qui concerne essentiellement les communes à proximité direct. Nous verrons dans la seconde partie du travail l’opportunité liée à la mobilité douce que cette stratégie d’action devrait permettre de servir.
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Couillet
Trieux
Farciennes
Farciennes Nord
Coupes transversales Ă la Sambre - Franchissements - 1/1000
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Chemin de halage
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Chemin de halage, accès de Couillet
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Chemin de halage entre Couillet et Chatelet
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La pollution de la Sambre L’industrialisation en bord de Sambre a, sans surprise, laissé derrière elle un sol et une eau très pollués. Un programme visant à « établir un modèle mathématique de rivière » a vu le jour en 1972. Il a pour objectif de déterminer la qualité de l’eau et son évolution. Ce programme est patronné par le C.I.P.S (Commission Interministérielle de la Politique Scientifique) et composé de nombreux scientifiques dont le Dr Edeline de Cebedeau qui en assure la direction. Les résultats ont permis de prouver que l’eau de la Sambre, lorsqu’elle sort du bassin industriel de Charleroi ne recouvre pas rapidement ses propriétés écologiques initiales, la faune restant celle d’une eau de très médiocre qualité.5 Une nouvelle étude publiée en 2008 par J.C Micha et E. de Moffaerts dévoile que d’un point de vue piscicole, la Sambre héberge 24 espèces dont 14 de la famille des Cyprinidae. Cependant, elles sont toutes réparties sur la Sambre Supérieure : d’Erquelines à Marchienne-au-Pont. Cette dernière commune, rappelons-le, est voisine directe à l’Ouest de la commune de Charleroi en bordure de Sambre. Selon l’étude, en aval de Charleroi, la qualité de l’eau est telle que les poissons sont absents de la rivière.6 Cela dit, après que de nombreux organismes et ASBL portés sur l’écologie aient été sollicités sur la qualité de la Sambre à Charleroi, elle semble doucement tendre vers son état initial, les équipements mis en place pour ramener la biodiversité l’y aidant. Selon la Maison Wallonne de la Pêche, il y a de nouveau des poissons dans la Sambre.7 Par ailleurs, une législation stricte est désormais soumise aux industries en bordure d’eau et une pollution extrême comme au XIXè siècle n’est absolument plus possible.8 La problématique est le niveau de pollution de l’eau et des berges de la Sambre qui subsistent malgré tout. Une troisième stratégie d’action se dessine alors : celle liée à l’aspect écologique en relation direct avec la perte de la biodiversité, abordée dans le point suivant.
CH. Jeuniaux, L’écologie face à la civilisation industrielle, page 39, Liège J.C. Micha et E. de Moffaerts, Impact des pollutions sur une rivière canalisée de Belgique, 2008 7 http://www.maisondelapeche.be/Fr/Ou-pecher--_12_3.html 8 Interview personnel mené avec Donatienne de Cartier d’Yves, asbl Contrat Rivière Sambre & Affluents 5 6
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Cette première partie, a mis en évidence quatre conséquences de la désindustrialisation. Le tissu industriel et les infrastructures représentent une barrière difficilement franchissable entre villes et rivière, ils feront l’objet d’une stratégie commune visant à reconnecter les pôles urbains à l’eau. Le chemin de halage, difficilement accessible sera l’objet d’une seconde stratégie visant à reconnecter les réseaux de mobilité douce existants, les gares et les villes. Enfin, l’état de pollution de la Sambre fera l’objet d’une troisième stratégie liée à l’écologie qui sera complétée et détaillée dans cette deuxième partie.
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Conséquences de la canalisation de la Sambre A l’instar de nombreuses villes, les communes du territoire étudié se sont initialement développées le long du lit naturel de la rivière, offrant un sol riche en houille, permettant protection lors des guerres et développement d’activités économiques. Cependant, la Sambre présentait deux problèmes majeurs qui ont mené à sa canalisation totale en 1830.10 Premièrement, elle était sujette aux crues et son lit débordait régulièrement, provoquant des inondations dévastatrices. Deuxièmement, la navigation était très difficile car la rivière présentait de nombreux méandres, îles et rochers. De son état de navigabilité dépendait, en partie, le développement industriel et économique des régions qu’elle traversait. La Sambre fut donc canalisée pour permettre à de plus gros bateaux d’alimenter en matières premières les usines riveraines, mais aussi afin d’écouler rapidement la production de ces dernières.10 La canalisation a eu deux impacts majeurs qui nous intéressent ici, à savoir la disparition de l’eau en ville et la perte de la biodiversité.
Carte Ferraris du territoire en 1777 28 10
www.coursdeau.be/downloads/Wallonie2012/Fiche_9-2_Basse-Sambre.doc
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Disparition de l’eau en ville Deux situations différentes sur le territoire existent quant à la canalisation de la Sambre: celle de Charleroi et Chatelet et celle des autres villes. Premièrement, les villes de Charleroi et Chatelet. Ce sont les deux seules à s’être développées des deux côtés des rives, étant donc traversées par la rivière. La succession des trois cartes ci-contre montre l’évolution de la canalisation qui s’est faite en deux temps. Dans la première moitié du XIXe siècle, la première opération consiste en la création d’un nouveau tronçon plus orthogonal de la rivière, permettant de faciliter la navigation. Ainsi les péniches empruntent la nouvelle canalisation et ne rentrent plus dans les villes. Cependant, cela ne résout pas complétement les problèmes d’inondations.10 Par ailleurs, la commune de Charleroi est en pleine expansion démographique et la VieilleSambre devient un véritable égout à ciel ouvert. A Charleroi, la décision est prise par le bourgmestre Joseph Tirou en 1928 de combler le lit naturel de la Vieille-Sambre,10 Chatelet subira le même sort. Le trajet unique de la Sambre canalisée devient alors celui que l’on connaît aujourd’hui. Ainsi, en l’espace d’un siècle, les villes de Charleroi et Chatelet qui étaient traversées en leurs centres par la Sambre ont vu l’eau disparaître.
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www.coursdeau.be/downloads/Wallonie2012/Fiche_9-2_Basse-Sambre.doc
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1693
1810
1867
1860
1966
1988
Evolution de la canalisation de la Sambre Ă Charleroi 30 et Chatelet 29
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1910 31
2018 Avant/après canalisation Chatelet
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1920-30
Après 1948 Avant/après canalisation Charleroi 32
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Pour revenir au grand territoire, les autres villes n’étaient situées que d’un seul côté de la rivière mais à proximité immédiate. La canalisation qui a supprimé au plus possible les méandres a alors fondamentalement éloigné Montignies-sur-Sambre, Couillet, Chatelineau, Pont de Loup et Farciennes de la Sambre. Ainsi, la canalisation a provoqué un éloignement entre les villes implantées le long du lit naturel et la Sambre. Cette information permet une compréhension plus complète quant aux relations aujourd’hui entretenues entre villes et rivière. Finalement, les liens lointains entre ces deux éléments sont la conséquence du tissu industriel présent le long de la Sambre d’une part et de la canalisation de celle-ci d’autre part. Ces deux phénomènes sont étroitement liés puisque c’est en partie pour les besoins des industries en une navigation fiable et rapide que la Sambre a été canalisée. La stratégie visant à reconnecter les villes et la rivière trouve donc également sa source dans l’histoire de la canalisation de la Sambre.
Parcellaire et lit naturel 33
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Charleroi : parcellaire et lit naturel
Chatelet : parcellaire et lit naturel
Farciennes : parcellaire et lit naturel 33
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Perte de la biodiversité La canalisation de la Sambre a également amené à une artificialisation complète du lit et des berges sur toute la longueur de la rivière. Les berges sont recouvertes de matériaux inertes, en l’occurrence essentiellement du béton. Cela entraine un grave impact sur la végétation rivulaire qui ne peut plus se développer et sur certaines espèces de poissons qui dépendaient de ces zones pour se reproduire et se nourrir.9 La baisse de la biodiversité est également due à la pollution de l’eau et du sol entrainée par l’industrialisation de masse décrite au point précédent. L’artificialisation du sol et la pollution entrainent une problématique commune à savoir la perte de la faune et de la flore. La troisième et dernière stratégie proposée dans le cadre de ce travail vise à réintroduire de la biodiversité sur le territoire. Le but est d’offrir à la nature des espaces où elle puisse à nouveau se développer. La Sambre a été canalisée, ce qui signifie que son lit naturel a été détourné et comblé. Cela dit, le lit naturel ne cesse pas d’exister pour autant. Avec les méandres naturellement formés par l’eau au fil des siècles, ils présentent tout les deux des sols aux caractéristiques fertiles et riches, lieux propices au développement de la biodiversité. L’hypothèse d’action qui en découle est de travailler les méandres et le lit naturel de la Sambre afin qu’il puisse à nouveau accueillir la biodiversité, cela passant entre autre par une dés-artificialisation du sol. Dans cette hypothèse, c’est bien la nature qui se rapproche des villes et non l’inverse. Cependant, la Sambre est maintenant artificialisée depuis près d’un siècle, se pose alors la question de l’usage actuel fait du lit et des méandres naturels afin de voir si cette hypothèse d’action est envisageable. La première carte ci-contre met en évidence les quatre usages fait au niveau des anciens méandres : du bâti à Charleroi et Chatelet, une friche (SAR) à Couillet, de la végétation à Chatelet et Farciennes et des sites industriels pour le reste. La deuxième carte montre quant à elle les usages au niveau du lit naturel, ce sont les mêmes que ceux du méandre, à la différence qu’ils ne sont pas bâtis en milieu urbain mais utilisés comme voirie ou parking (Charleroi et Chatelet). Ainsi, cette hypothèse d’action n’est pas envisageable partout et deux situations différentes devront être prises en compte : celle d’une action uniquement sur le lit et celle d’une action sur le lit plus le méandre, ce volet étant abordé dans le dernier chapitre du travail. 9
http://www.maisondelapeche.be/Fr/Fascines-vegetalisees_304_10.html#artificialisation
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Usages actuels des mĂŠandres naturels
Usages actuels du lit naturel 24
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Conclusion Pour conclure, ce chapitre nous a permis de comprendre quelles sont les causes à l’inaccessibilité actuelle de la Sambre. Elles découlent essentiellement de deux faits historiques, à savoir l’industrialisation de masse puis son déclin et la canalisation de la Sambre. A noter que l’un découle de l’autre puisque la Sambre a été canalisé pour répondre en partie aux besoins d’une navigation fiable des industries. La première partie du chapitre a permis de mettre en avant trois conséquences problématiques de l’industrialisation liées à la Sambre. La perte des relations villesrivière dû d’une part à un tissu d’industries infranchissable et d’autre part à des infrastructures créant également une barrière. L’inaccessibilité au chemin de halage, dû également à la présence de ces industries mais également au manque de connexion verticale entre les réseaux. Enfin, l’état de pollution de l’eau et des sols. La deuxième partie du chapitre a permis de mettre en avant deux conséquences problématiques de la canalisation de la Sambre. L’éloignement de la rivière par rapport aux villes dû à la rectification des méandres et la perte de la biodiversité dû à l’artificialisation du lit et des berges. De ces cinq problématiques relevées découlent trois propositions de stratégies d’action: - reconnecter les villes à la rivière, - lier les réseaux de mobilités douces existants, les gares et par conséquent les villes, - ramener de la biodiversité en bord de Sambre. Dans le chapitre suivant, nous allons nous intéresser aux opportunités liées à une plus grande proximité avec la rivière. Le but étant de voir dans quelle mesure les stratégies proposées peuvent, ou non, également en tenir compte. Dans ce premier chapitre, des hypothèses d’action en rapport avec les stratégies ont été évoquées, elles seront reprises dans le troisième chapitre plus en détail.
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Lecture actuelle du territoire au niveau de la Sambre (0)
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Chapitre II Opportunités liées à une nouvelle proximité avec la Sambre Objectif : le but de ce chapitre est de comprendre quelles sont les opportunités et la plus value apportées par une plus grande proximité de la rivière. Après avoir mis en place des stratégies d’action répondant à des problématiques du site, nous allons déterminer dans quelle mesure ses opportunités peuvent être saisis dans ces stratégies.
Méthodologie : travail narratif
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Depuis maintenant plusieurs années, nous sommes témoins d’un élan universel visant à briser cette frontière dressée entre cours d’eau et villes. Avec la prise de conscience de l’importance de la sauvegarde de notre planète, l’eau apparaît de plus en plus comme une ressource vitale en crise.14 Cette opportunité en lien avec l’écologie n’est pas le seul enjeu de l’affaiblissement de cette frontière sur ce territoire. Nous allons apprendre qu’ils sont d’ordres multiples mais se rapprochent de facteurs communs liés à la qualité de vie et à l’attrait des villes. Cela permettra également de mettre en avant certains acteurs qui oeuvrent déjà pour une meilleure gestion de ce site.
Street fishing et baignade Grâce au travail acharné des «asbl» comme le CRAS (Contrat de Rivières Sambre & Affluents) et d’autres organismes comme la Maison de la Pêche Wallonne, ainsi que de nouvelles législations soumises aux industries, la quantité de poissons dans la Sambre est en hausse et la qualité de l’eau meilleure. La Maison de la Pêche met notamment en place des systèmes permettant de favoriser la reproduction des poissons en recréant des mini-cellules naturelles dans la profondeur d’écoulement, comme c’est le cas des frayères artificielles ou des fascines végétalisées.9 Cependant, la Sambre étant navigable, ces systèmes sont difficiles à réaliser dans ces conditions. Le CRAS quant à lui est un regroupement d’acteurs aussi bien publics, que locaux. Leur objectif fondamental est d’arriver au bon état écologique et chimique des eaux de surface. Avant 2008, les Contrats Rivière n’existaient pas, ils s’agissaient d’initiatives locales qui ont été réorganisées au niveau régional par le gouvernement Wallon en 2008, ce qui a donné naissance à ces « asbl ». Les subventions proviennent du gouvernement Wallon (70%), des communes et des provinces. Cet arrêté de 2008 prévoit que le conseil d’administration et l’assemblée générale soient composés à part égale d’un tiers représentant du gouvernement wallon, un tiers des communes et provinces et un tiers des associations (pêcheurs).8 Cette répartition permet de gérer la position top downbottom up et de mettre à profit les connaissances de chacun. Cette « asbl » peut être un bon moyen de contribuer à la mise en place d’un écosystème lié à la Sambre et de participer à la sensibilisation des acteurs locaux, habitants, écoliers…
V. Mahaux, L’eau et la ville, le temps de la réconciliation, thèse de doctorat en Sciences Appliquées, sous la direction de A. de Herde, Ecole Polytechnique de Louvain, 2009, p.2 9 http://www.maisondelapeche.be/Fr/Fascines-vegetalisees_304_10.html#artificialisation 8 Interview personnel mené avec Donatienne de Cartier d’Yves, asbl Contrat Rivière Sambre & Affluents 14
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Fascine végétalisée et frayère artificielle fixe 9
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« Il y a eu une amélioration malheureusement parce qu’il y a eu des fermetures d’industries mais aussi parce que celles qui sont restées se sont mises aux normes au point de vue de l’épuration des eaux rejetées. » Jean Demoitié, président de la Fédération Sambre et Oise13 Signe de cette amélioration, la pratique du street fishing se développe sur les berges de la Sambre, notamment au niveau de Marchienne-au-Pont. Littéralement « pêche de rue » ou « pêche urbaine », le principe est simple : il s’agit de pêcher directement du trottoir, à 5 minutes à pied de la maison. Cette initiative, lancée par le CRAS, remporte un franc succès depuis quelques années. Cette pratique concerne essentiellement des pêcheurs amateurs, de jeunes habitants qui saisissent l’opportunité de pratiquer un sport pas comme les autres et de tisser des liens avec les plus expérimentés, brassant alors les populations. Aujourd’hui, les poissons encore trop peu nombreux et l’eau étant polluée, ils sont immédiatement relâchés. La pratique du street fishing est également une opportunité d’impliquer les groupes de pêcheurs à la gestion d’écosystèmes liés à la rivière. Par ailleurs, en plus du profit purement écologique lié à la dépollution de l’eau, nous pouvons imaginer bénéficier à terme d’une eau suffisamment saine pour créer des zones de baignades. Cela aura un impact colossal sur l’attractivité des villes qui ont actuellement du mal à attirer la population. Par ailleurs, le développement d’un tel loisir entraine généralement de nouvelles activités liées aux sports nautiques, le développement de l’horeca, le tourisme fluvial, ce qui impactera l’économie à la hausse, véritable point fort pour ces villes se relevant encore difficilement du déclin industriel. Ainsi, cette opportunité est directement liée à une opportunité économique qui est étudiée plus en détail ci-après. L’opportunité de développer ces deux pratiques dépend inexorablement du facteur écologique lié à la qualité de l’eau. Cet enjeu a été dépeint dans le premier chapitre, dont a découlé la stratégie d’action visant à ramener la faune et la flore en bord de Sambre. En la mettant en place, nous pouvons à terme imaginer pouvoir se saisir de l’opportunité de développer ces deux activités.
13
https://www.rtbf.be/info/regions/hainaut/detail_la-peche-en-ville-revient-sur-les-quais-de-marchienne-au-pont-et-charleroi?id=9106447
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Street fisher 34
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Mobilité douce Les berges de la Sambre sont une excellente opportunité pour la mobilité douce, offrant un cadre naturel et passant à proximité de villes. Le RAVel est un projet touchant aux déplacements, aux patrimoines bâtis et naturels qui propose un réseau de mobilité douce à partir d’anciennes voies de communications : voie de chemin de fer, chemin de halage, dont la rive gauche de la Sambre fait partie. Cependant, l’absence de connexion aux autres réseaux de mobilité douce et l’inaccessibilité aux villes (donc aux gares) en font un axe presque exclusivement emprunté pour la promenade du dimanche et non pas pour les déplacements quotidiens (domicile-bureau, bureau-loisir, domicile-course…). Pourtant, des acteurs publics comme le SDER (Nouveau Schéma de Développement de l’Espace Régional) travaillent sur la préoccupation de « circuler mieux », c’est à dire de privilégier le mode de transport le plus respectueux de l’environnement, du cadre de vie et de la santé publique. L’objectif étant de rééquilibrer les parts de marché entre les différents modes de transports en prenant en compte leurs performances propres.15 La présence d’un RAVel sous-utilisé pour les déplacements quotidiens pose alors la question de son accès et de sa mise en valeur. En 1976, l’économiste Y. Zahavi met en évidence une loi de constance budget-temps de transport. Celle-ci expose que chacun tente de maximiser les opportunités spatiales, et donc les distances parcourues dans sa journée. Cela en fonction d’une double contrainte: monétaire (consacrer au maximum 15 à 20% de ses revenus aux déplacements) et temporelle (ne pas dépasser 1h à 1h30 de trajet quotidien).15 L’aspect économique très controversé de cette loi, importe peu ici. Ce qui nous intéresse dans cette étude, ce sont les contraintes considérées par l’habitant pour choisir son mode de transport, en l’occurrence le temps et l’argent. Un troisième critère qui entre en jeu et dont Y. Zahavi ne parle pas est le facteur « cadre de vie », c’est à dire quel est le trajet le plus agréable. A priori, l’habitant préféra emprunter le chemin de halage en bordure de Sambre plutôt qu’une piste cyclable en bord d’autoroute. Les cartes suivantes comparent des simulations de trajets par la route (voiture), le chemin de halage (vélo) et le train entre les villes du territoire. Les critères temps et argent sont mis en valeur. Sans grande surprise, le trajet le moins cher se fait en vélo, en revanche il est intéressant de constater que la différence de temps entre ces trajets n’est pas excessive : de 1 à 8 minutes. Les villes n’étant pas très éloignées, il est complétement envisageable pour une personne en bonne santé de faire ces trajets au quotidien, utilisant ainsi la mobilité douce. L’opportunité de favoriser une façon de se déplacer plus respectueuse pour l’environnement est par conséquent possible. L’enjeu lié à la mobilité, exprimé au premier chapitre, a fait naitre une stratégie d’action visant à reconnecter les réseaux de mobilité douce, gares et pôles urbains. Cette opportunité s’unit alors à cette stratégie.
15
Pascal Corten-Gualtieri, Développement territorial et mobilité : méthodologie de construction d’un set d’indicateurs cas de la Wallonie, p37 et p 32, UCL Press
60
Facteur temps et argent trajet Charleroi-Chatelet
Facteur temps et argent trajet Charleroi-Chatelineau
Facteur temps et argent trajet Chatelineau-Farciennes 25
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Connexions : franchissement et gare Charleroi Sud
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Bien-être et relations sociales Dans ce paragraphe, l’objectif n’est pas de dépeindre l’usage de la nature en ville comme un élément d’embellissement mais plutôt par rapport au ressenti des usagers dans les espaces verts. Nous allons nous appuyer sur plusieurs études scientifiques menées sur les impacts du végétal en ville. La première étude a pu mettre en évidence une relation positive entre la présence d’espèces végétalisées et la bonne santé mentale des habitants. L’explication est que la présence de végétal régule la fatigue mentale et augmente la capacité de récupérer du stress, ce qui a pour effet une baisse du niveau d’angoisse et une augmentation du bien être. (Sterp de Vries et al., 2003 ; Sheet et Manzer, 1991).17 La seconde étude a démontré que les personnes vivant dans des milieux avec peu d’espaces naturels sont touchées par un taux de dépression 1,33 fois supérieurs aux autres. En revanche, les habitants qui bénéficient d’un espace naturel dans un rayon d’un kilomètre de chez eux se sentent plus en forme (J.Maas). 17 Ces derniers modifiant et adaptant leurs activités et comportements qui vont s’avérer meilleurs pour la santé : plus d’activité physique et moins d’exposition aux pollutions de l’air notamment. La troisième étude a montré qu’avoir un environnement naturel proche, soit à moins d’un kilomètre à la ronde, aurait un effet positif sur les relations sociales. En effet, les espaces verts augmentent le sentiment de sécurité physique et social, quel que soit le niveau d’urbanisation environnent (J. Maas).17 Enfin, les espaces verts sont des lieux propices et recherchés pour la « pratique » des relations sociales. Ils sont deux fois plus fréquentés que les autres et les activités sociales sont également deux fois plus élevées (W.C. Sullivan).17 Les bonnes relations et cohésions sociales ont par définition des répercussions directes et positives sur l’ambiance du quartier et les violences. Cette approche plus théorique met en avant une nouvelle opportunité à la proximité nature/villes : celle de favoriser les bonnes conditions physiques et les liens sociaux. A l’inverse, les berges de la Sambre sont à certains endroits perçues comme des lieux sordides et peu attrayants. A Chatelet, les habitants s’y rendent peu, qualifiant l’endroit de « peu accueillant », « peu sécurisant »18, ne le vivant donc pas comme un lieu de rencontre et de partage social. La cause est le manque de relation, tant visuel que physique, avec les lieux de vie ainsi que le manque d’aménagement les rendant accessibles et attrayantes. L’opportunité d’offrir une meilleure qualité de vie aux habitants peut ici être saisie en favorisant la proximité de la nature en ville. Il s’agit du propos porté par les trois stratégies. 17
S. Manusset, Impact psycho-sociaux des espaces verts dans les espaces urbains, pages 5-6-7, Développement durable et territoires, Vol 3 n°3, Varia, revues.org, 2012
64
Brocante des Quais, Charleroi 35
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Charleroi
Charleroi
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Quai de la Sambre à Chatelet
Quai aménagé à Charleroi, Cabinets L’Escaut et V+
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Transition entre l’amÊnagement du quai de Charleroi et le chemin de halage
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Economie La présence de l’eau en ville est un réel atout : nature, bien-être et hausse des relations sociales, comme exprimé précédemment. Ces qualités entrainent une hausse de l’attractivité de la ville, notamment au plus proche de l’eau ce qui impact sur l’économie. Au niveau du foncier, une nouvelle proximité entraine une hausse des prix. Ainsi, les logements se trouvant plus près de l’eau seront logiquement plus chers que les autres, résultat de la spéculation immobilière. Une conséquence positive est que la « meilleure qualité » de ces logements attire une nouvelle population de classe plus aisée, pouvant se permettre un loyer plus cher. Ainsi, cela engendre une plus grande mixité des classes sociales au sein de la ville. Cette arrivée de population au pouvoir d’achat plus élevé favorise également une hausse du développement des commerces locaux, de l’horeca et du standing général de la ville. La présence de la rivière en ville peut cependant être à double tranchant. En effet, que penser des logements qui n’avaient pas de lien à la rivière et qui, après intervention se retrouvent en première ligne ? Charleroi centre, qui a récemment connu une réappropriation des berges en ville est un bon exemple. Certains propriétaires des immeubles désormais en bord de Sambre ont décidé de revoir leurs loyers à la hausse, entrainant le départ des locataires les moins aisés.19 Le but de la réconciliation entre villes et rivière n’est pas d’entrainer un phénomène de gentrification qui reste cela dit limité du fait de la morphologie de la Sambre. Pour éviter une telle situation, la ville (ou l’Etat) doit réguler la spéculation urbaine afin de garantir aux moins aisés un logement et permettre une mixité des classes sociales en ville. Une non régulation peut devenir très problématique pour les habitants les plus pauvres et par répercussion sur la ville. Au niveau des loisirs et activités, la proximité de la rivière peut permettre le développement de nouvelles actions. Les services de types horeca au bord de l’eau ayant un grand succès ; des animations folkloriques en lien avec la Sambre peuvent également voir le jour, comme c’est déjà le cas à Thuin ou Marchienne-au-Pont. De plus, la nouvelle attractivité des villes aura tendance à attirer de nouvelles populations: habitants ou touristes. Ces derniers pourront également faire l’objet de la création de nouvelles activités économiques : accueils pour la nuit notamment. Comme exprimé au paragraphe portant sur l’écologie, en imaginant à terme des zones de baignade, cela pourrait entrainer une ouverture pour la création de nouvelles activités comme les sports nautiques ou les initiations à la pêche. Le transport fluvial peut également être davantage développé afin d’augmenter les échanges commerciaux, les activités portuaires et le tourisme fluvial.
19
http://charleroi.blogs.sudinfo.be/archive/2017/02/15/charleroi-le-chantier-rive-gauche-fin-tres-attendue-216349.html
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Ainsi, l’opportunité d’une hausse de l’économie liée à un affaiblissement de la frontière avec la rivière est relativement vaste. Elle découle essentiellement d’une meilleure attractivité des villes et de la rivière comme support de nouvelles activités. Cette opportunité peut être saisie dans les trois stratégies, cumulées ou non.
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L’aspect ludique et culturel La rivière offre des usages récréatifs. D’un point de vue sportif, la longueur du chemin de halage se prête parfaitement au cyclisme ou à la course. La promenade et la contemplation sont également les bienvenus. Par ailleurs, l’eau est à elle seule source de divertissement, surtout pour les enfants. Des traditions attachées aux mariniers perdurent le long de la Sambre et permettent des sorties culturelles comme par exemple le musée de la batelerie à Thuin ou encore le Pardon de Marchienne. D’autres évènements festifs et conviviaux ont lieu en bord de Sambre comme la brocante des quais de Charleroi qui se déroule tous les ans pendant le printemps. Les opportunité d’activités ludiques et culturelles en lien avec la Sambre sont multiples, comme déjà exprimées au paragraphe précédent. Ces deux opportunités fusionnent donc dans un sens, bien que toutes activités ne soient pas nécessairement source de profit économique.
1er Pardon - 1995
9e Pardon - 2003
3e Pardon - 1997
11e Pardon - 2006
Pardon de Marchienne 36
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L’aspect politique La Sambre transfrontalière permet l’échange et le partenariat entre France et Belgique. Par ailleurs, sur le territoire Wallon, elle est un lien indéfectible entre les communes qu’elle traverse. Grâce au canal Bruxelles-Charleroi, les connexions possibles s’étendent sur tout le sol Belge (Gand, Bruges...). L’exploitation des voies navigables étant à la charge de la Direction Générale Opérationnelle de la Mobilité et des Voies Hydrauliques21, cela n’empêche pas les villes de mettre au point des politiques communes liées à la Sambre et ainsi de permettre l’échange entre celles-ci. Ce point ne sera pas nécessairement développé plus en détail dans ce travail, l’information importante a retenir étant que la Sambre est un lien naturel indéfectible qui unit les villes traversées, entrainant et même nécessitant des opportunités de politiques communes et des échanges transfrontaliers.
Réseaux de voies navigables transfrontaliers 37 21
http://www.wallonie.be/fr/guide/guide-services/16081
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Conclusion Pour conclure, ce chapitre a mis l’accent sur les opportunités liées à une meilleure exploitation de la Sambre. Elles sont essentiellement liées à une hausse de l’attractivité, une meilleure qualité de vie et la possibilité de développer de nouvelles activités. Ces notions n’avaient pas été abordées dans le premier chapitre car ne relevant pas directement des problématiques soulevées. Il est désormais intéressant de voir de quelle manière elles peuvent, ou non, prendre place parmi les trois stratégies d’action proposées. Cela permet de mettre en lumière un périmètre de conséquences plus large. Les opportunités liées à une hausse du développement économique, des activités ludiques et culturelles et à une meilleure qualité de vie (bien-être et sociale) sont toutes rendues possibles par les trois stratégies d’action. L’opportunité de développer la pratique du street fishing et la baignade est en premier lieu régie par la mise en place d’une meilleure biodiversité. L’opportunité de favoriser la mobilité douce est davantage liée à la reconnexion des réseaux de mobilité, des gares et des pôles urbains. Enfin, l’opportunité de développer les échanges politiques ne se traduit dans aucune des stratégies proposées de manière explicite. Elle pourrait faire l’objet d’un nouveau travail mais ne sera ici pas plus développée par la suite. Dans le premier chapitre, nous avons soulevé les causes de l’inaccessibilité de la Sambre, ce qui nous a permis d’envisager trois stratégies d’action. Dans ce second chapitre, nous avons soulevé les opportunités liées à un affaiblissement de la frontière avec la Sambre. Dans le troisième chapitre, nous allons proposer des hypothèses d’action visant à répondre aux stratégies et par conséquent saisir les opportunités exprimées.
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Contact habitat-Sambre, à l’Ouest de Chatelet
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Chapitre III La Sambre accessible : Comment ? Objectif : le but de ce chapitre est de proposer des hypothèses d’action répondant aux stratégies afin de découvrir quelle pourrait être la nouvelle lecture du territoire. Dans un premier temps, nous allons mettre en évidence les lieux où une intervention est pertinente, l’idée étant qu’elle puisse être répétée sur des lieux à caractéristiques communes. Ce travail mènera à l’apparition d’un unique lieu où toutes les stratégies sont expérimentables : la commune de Chatelet. Dans un second temps, nous proposerons différentes hypothèses d’action répondant à chacune des stratégies, testées sur le cas d’étude. Enfin, dans un troisième temps, nous verrons à quels autres lieux du territoire ces actions peuvent être répétées afin d’en proposer une nouvelle lecture.
Méthodologie : hypothèses de projets
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Lieux d’interventions à l’échelle du territoire La première étape consiste à mettre en évidence des lieux où une intervention est pertinente par rapport aux propos. Trois documents graphiques sont proposés, mettant en évidence ces lieux selon la stratégie abordée. #1 : Lier les réseaux de mobilité douce, gares et pôles urbains
Ce document est le fruit de la superposition des cartes représentant les lieux desservis par le réseau de mobilité du niveau +1 (gr412 et RAVel) et celui du niveau 0 (chemin de halage) qui sont au premier chapitre page 31. Il montre qu’en liant ces deux réseaux et en créant des connexions jusqu’aux gares, il est possible de desservir presque tous les pôles urbains et gares par la mobilité douce profitant d’un axe longitudinal et d’axes transversaux à la Sambre. De gauche à droite sont mis en évidence des lieux stratégiques d’action : Couillet avec une connexion hallage-gare, Trieux avec une connexion halage-gr412, Chatelet avec une connexion halage-gare-RAVel, Farciennes avec une connexion hallage-gare et enfin tout au Nord et toujours dans la commune de Farciennes une connexion entre hallage et RAVel est possible.
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#2 : Reconnecter les villes à la rivière
Ce document est le fruit de la superposition des cartes représentant les sites classés comme à réaménager (SAR) par le gouvernement Wallon et celle représentant les infrastructures infranchissables : chemin de fer et ring qui sont au premier chapitre pages 21 et 29. Il met en évidence, premièrement, les SAR tampons entre rivière et pôles urbains, deuxièmement, les tronçons d’infrastructures barrière entre ces deux éléments ; lieux alors stratégiques pour proposer une action.
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#3 : Réintroduire de la biodiversité en bord de Sambre
Ce document résulte de la superposition des cartes représentant les usages actuels des méandres et du lit naturel de la Sambre, chapitre 1 page 49. Il situe les lieux où une intervention est possible soit uniquement sur le lit soit sur le lit et le méandre selon ce que l’usage actuel permet.
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Superposition
La superposition de ces trois cartes met en évidence deux lieux où se combinent des sites pertinents aux trois stratégies : au niveau de la commune de Couillet et de Chatelet. Cela dit, au niveau de Couillet, le site est vaste, les lieux d’action étant très proches mais pas complétement superposés. En revanche, au niveau de la commune de Chatelet, un lieu plus restreint se dessine où se superposent toutes les hypothèses de travail : opportunité de liaison des deux réseaux de mobilité et de la gare, et présence d’une friche, d’une infrastructure, d’un méandre et du lit naturel. Ce site sera donc le cas d’étude développé par la suite qui permettra de tester les hypothèses d’action.
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Hypothèses d’action à l’échelle de Chatelet
Nous allons maintenant proposer des hypothèses d’action, ici testées sur la commune de Chatelet. Certaines actions peuvent être effectuées par différents moyens, nécessitant des moyens (financiers et autres) différents. Ils sont classés par gradient du moins élevé au plus élevé.
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#1 : Lier les réseaux de mobilité douce, gares et pôles urbains Action 1 : Connecter les réseaux des niveaux 0 et +1 - Création d’un chemin traversant la friche
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- CrÊation d’une passerelle entre pont et berge
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Action 2 : Connecter les deux rives - Utilisation du sur-dimensionnement du ring pour une circulation partagĂŠe
87
- Rendre l’existant plus lisible
- Création d’un nouvel accès
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Action 3 : Connecter réseaux de mobilité douce et gares
89
90
Conséquences : Ces trois actions peuvent être cumulées ou non, dans le cas de Chatelet, il est intéressant de les cumuler, ce qui permet de : - lier les deux réseaux de mobilité douce et ainsi desservir les villes du territoire aussi bien en bordure de Sambre que dans sa profondeur - lier ces deux réseaux de mobilité douce à la gare - lier les deux réseaux, la gare et les deux berges, par conséquent les pôles urbains
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Nouvelle vision : - le ring comme espace partagĂŠ - les berges, maillon du rĂŠseau de mobilitĂŠ 93
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#2 : Reconnecter les villes à la rivière Action 1 : Franchir le ring - Déviation du ring sur son tronçon sur-dimensionné
80
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- Traiter le ring à la manière d’un pont
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Cette programmatique doit considérer l’opportunité économique énoncée au deuxième chapitre, les activités proposées pouvant entrainer une hausse de l’économie. Par ailleurs, les opportunités liées au bien-être et aux relations sociales peuvent ici être saisies.
98
Action 2 : RĂŠinvestir les SAR - Programmatique des berges
99
100
- Superposition - Gradients
101
Conséquences : Ici, il semble plus pertinent de mettre en place la première action avant d’envisager la seconde. Cependant dans un premier temps, le franchissement du ring ne nécessite pas la programmatique des berges et peut être effectué seul.
102
Nouvelle vision : lien direct ville-rivière 103
104
Nouvelle vision : la rivière comme support d’activités 105
L’hypothèse de réouvrir l’affluent s’avère finalement peut pertinente du fait qu’il traverse des intérieurs d’îlots et passe sous du bâti.
106
#3 : Réintroduire
de la biodiversité en bord de Sambre
Action 1 : Réinvestir le lit naturel - Des-artificialisation du lit et réouverture de l’affluent
107
108
- RĂŠouverture du lit
109
110
- Filtration de l’eau du lit
111
112
Action 2 : Réinvestir le méandre naturel - Ile entièrement naturelle - Végétation semi-entretenue
113
114
- Superposition - Gradients
115
Conséquences : La mise en place d’un système de filtration de l’eau dans le lit naturel nécessite logiquement la réouverture de celui-ci et peux être effectué dans un second temps. Par ailleurs, d’un point de vue écologique, il est intéressant que le traitement du méandre (action 2) soit effectué après la réouverture du lit (action 1). Bénéficiant d’une part d’un milieu aquatique aux berges naturelles et d’autre part d’un milieu terrestre non urbanisé, un réel écosystème peut se mettre en place. Cependant, cette action nécessite d’importants moyens, notamment l’expropriation des habitants de l’ilot.
116
Nouvelle vision : une eau dĂŠpolluĂŠe qui traverse la ville 117
118
Nouvelle vision : un Êcosystème aux portes de la ville 119
120
Retour sur le grand territoire Nous allons maintenant nous intéresser aux autres lieux stratégiques mis en évidence afin de voir dans quelle mesure il est possible d’y mettre en place les actions proposées et quelles en sont les conséquences.
#1 : Lier les réseaux de mobilité douce, gares et pôles urbains
Lieux d’intervention : 1- Couillet 2- Trieux 3- Farciennes 4- Farciennes Nord 121
Action 1 : Création d’une passerelle entre pont et berge Action 3 : Création d’un nouvel accès jusqu’à la gare
Action 1 : Création d’un chemin traversant la parcelle inutilisée
Action 3 : Rendre l’existant plus lisible
Action 1 : Création d’une passerelle entre pont et berge Action 2 : Circulation partagée
122
Ville
Coupe 1
Halage
Gr 412 Ville
Gr 412 Ville
Coupe 2
Halage
Ville Halage Coupe 3
RAVel Ville
RAVel Ville
Coupe 4
Halage
Plan 4
123
124
#2 : Reconnecter les villes à la rivière
Lieux d’intervention : 1- Couillet- Chemin de fer 2- Couillet- Friche 3- Trieux 4- Farciennes
125
Action 1 : Traiter le chemin de fer à la manière d’un pont
Coupe 1
Action 2 : Programmatique des berges
Coupe 2
Coupe 3
Coupe 4
126
127
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#3 : Réintroduire de la biodiversité en bord de Sambre
Lieux d’intervention : 1- Charleroi 2- Montignies-sur-Sambre 3- Couillet 4- Farciennes
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Action 1 : Des-artificialisation du lit
Action 1 : - Réouverture du lit - Filtration de l’eau Action 2 : Ile entièrement naturelle - Végétation semi-entretenue
130
Coupe 1
Coupe 2
Coupe 3
Coupe 3’
Coupe 4
131
132
Nouveau regard
Ces trois stratégies peuvent être imaginées de manières combinées ou non. De manière logique, plus elles sont combinées, plus l’impact sur le territoire sera important, proposant alors un nouveau rapport à la Sambre. Le réseau de mobilité offre un maillage plus large, qui desserre les deux niveaux et par conséquent presque toutes les villes du site et autres. Celles-ci peuvent désormais se développer au bord de l’eau et bénéficier d’accès direct. Le chemin de halage les liant en sera d’autant plus sollicité, favorisant la mobilité douce et le sport. De plus, cette proximité villes-rivière est un formidable levier pour le développement de nouvelles activités ludiques ou culturelles et entrainer ainsi une hausse économique. L’opportunité de créer des zones de baignades grâce au filtrage de l’eau en est également un excellent moyen. Cela engendrera un meilleur attrait et une qualité de vie qui peuvent favoriser l’arrivée de nouveaux habitants et touristes. Les franchissements permettent quant à eux des connexions directes et facilement empruntables entre les rives et nouveaux pôles urbains. Ceux-ci ont des liens plus étroits avec la nature grâce à la proximité des méandres et lits dédiés à celle-ci et peuvent alors en tirer les bénéfices exprimés dans le deuxième chapitre. La végétation en tire également un profit immédiat pouvant se développer sur les sites au sol des-artificialisé, naturellement riche et fertile. Aux endroits où le lit est réouvert, les berges peuvent être laissées naturelles, étant sur des tronçons non empruntés pour la navigation. Se créent alors de véritables écosystèmes où la faune et la flore peuvent trouver refuge pour se nourrir, se reproduire et se développer. Le système pour filtrer l’eau accroîtra encore la qualité de ces écosystèmes. La population peut également être sollicitée pour l’entretien de ces écosystèmes, ce qui à terme pourrait les sensibiliser à la notion de l’écologie (et à leur moyen de transport !). La multiplicité de ces lieux sur toute la longueur de la Sambre est cependant primordiale pour assurer une hausse notable de la faune et de la flore. Ainsi, ces stratégies se complètent et se servent les unes des autres, car elles mobilisent des actions liées à notre quotidien, offrant un regard bien différent de ce site.
133
Nouveau regard 134
135
136
Conclusion Pour conclure, ce chapitre nous a appris une manière de mettre en application les stratégies proposées et leurs conséquences. Dans la première partie, nous avons mis en évidence les lieux où une intervention est pertinente. Ces lieux sont stratégiques car ils ont le potentiel pour répondre aux problématiques évoquées. Ils s’étendent sur tout le territoire bien qu’un lieu particulier se soit dessiné : la commune de Chatelet, site convenant à chaque stratégie. Dans la deuxième partie, nous avons exploré des hypothèses d’action sur le cas d’étude. Elles sont réalisables de différentes manières qui ont été exprimées, nécessitant plus ou moins de moyens. Le facteur temps peut alors être considéré car les actions proposées peuvent être réalisées sur du court ou du long terme. Dans la troisième partie, nous nous sommes intéressés au grand territoire afin de déterminer quelles actions peuvent être mises en place sur les autres lieux stratégiques. En appliquant ces actions et en combinant les stratégies, cela nous a permis d’aboutir à une nouvelle lecture du territoire, la Sambre étant désormais au cœur de celui-ci.
137
Communes concernĂŠes par le projet Charleroi MĂŠtropole 38
138
Conclusion
Ce travail a été construit en trois temps. Dans le premier, nous avons compris pourquoi nous sommes aujourd’hui face à cette situation de perte de relation avec la Sambre. Elle a découlé de deux faits historique: la désindustrialisation et la canalisation de la rivière. Cette compréhension nous a permis d’identifier les problématiques et enjeux du site. Trois stratégies d’action en ont découlé, visant à proposer une nouvelle lecture du territoire. Celles-ci portent sur la mobilité douce, la relation villes-rivière et enfin sur la biodiversité et l’écologie, elles sont le fil conducteur du travail. Dans le second temps, nous avons appris les opportunités induites par un affaiblissement de la frontière avec l’eau. Elles sont essentiellement liées à une hausse de l’attractivité de la ville grâce à une meilleure qualité de vie et un essor économique. Celui-ci est permis grâce à l’opportunité de développer de nouvelles activités (ludiques, culturelles, horeca) en lien avec la Sambre ainsi qu’une hausse du foncier, favorisant également l’arrivée d’une nouvelle population. Des relations ont pu être faites entre ces deux premiers chapitres, permettant de comprendre comment les stratégies avancées peuvent permettre la réalisation des ces opportunités. Une plus grande attractivité et l’arrivée de nouvelles populations sont deux facteurs importants pour ces communes qui se relèvent difficilement de la crise industrielle et il est alors intéressant de saisir cette opportunité qu’offre la Sambre. Dans le troisième temps, nous avons expérimenté les stratégies mises en place dans le premier chapitre. Cela s’est fait en plusieurs étapes nécessitant des changements d’échelle entre grand territoire et cas d’étude. Ainsi, nous avons appris que des hypothèses d’actions testées sur le cas d’étude (Chatelet) peuvent être mises en place aux niveaux d’autres lieux stratégiques, répondant à des caractéristiques communes. Ces actions ponctuelles, si elles sont multipliées sur le territoire permettent un rayonnement plus large offrant une nouvelle lecture de celui-ci. Etant parti d’une vision de la Sambre comme grande infrastructure inaccessible, nous pouvons désormais l’imaginer plus au cœur du territoire. Cela est permis grâce au réseau de mobilité douce, à la nouvelle proximité entre pôles urbains et rivière et à la présence d’une biodiversité plus riche en bord de Sambre. Il s’agit finalement des trois stratégies proposées au début du travail, qui n’ont cependant pas la prétention de répondre à toutes les problématiques. Elles peuvent être enrichies de nouveaux regards et sur un site de la Vallée de la Sambre plus large. Pour revenir au projet « Charleroi Métropole », évoqué dans l’introduction, il serait intéressant d’envisager l’ensemble du site concerné à proximité de la rivière afin de voir en quoi ces stratégies et hypothèses d’action peuvent être considérées, modifiées et enrichies.
139
Bibliographie
Ouvrages : Pascal Corten-Gualtieri, Développement territorial et mobilité : méthodologie de construction d’un set d’indicateurs cas de la Wallonie, p37 et p 32, UCL Press Universitaire de Louvain 15
5
CH. Jeuniaux, L’écologie face à la civilisation industrielle, page 39, Liège
J.C. Micha et E. de Moffaerts, Impact des pollutions sur une rivière canalisée de Belgique, 2008 6
S. Manusset, Impact psycho-sociaux des espaces verts dans les espaces urbains, pages 5-6-7, Développement durable et territoires, Vol 3 n°3, Varia, revues.org, 2012 17
2
Travaux étudiant
Sites Web : 3
http://www.charleroi.be/350ans-histoire
http://charleroi.blogs.sudinfo.be/archive/2017/02/15/charleroi-le-chantier-rivegauche-fin-tres-attendue-216349.html 19
22
http://www.charleroi-decouverte.be/pages/index.php?id=57
10
www.coursdeau.be/downloads/Wallonie2012/Fiche_9-2_Basse-Sambre.doc
http://geoportail.wallonie.be/catalogue/8e2cf269-cedb-4fbe-943b-41a7587490e3. html 23
7
http://www.maisondelapeche.be/Fr/Ou-pecher--_12_3.html
http://www.maisondelapeche.be/Fr/Fascines-vegetalisees_304_10. html#artificialisation 9
https://www.rtbf.be/info/regions/hainaut/detail_la-peche-en-ville-revient-sur-lesquais-de-marchienne-au-pont-et-charleroi?id=9106447 13
21
http://www.wallonie.be/fr/guide/guide-services/16081
Thèse : V. Mahaux, L’eau et la ville, le temps de la réconciliation, thèse de doctorat en Sciences Appliquées, sous la direction de A. de Herde, Ecole Polytechnique de Louvain, 2009, p.2 14
140
Interviews : Interview personnel mené auprès de Donatienne de Cartier d’Yves, asbl Contrat Rivière Sambre & Affluents 8
18
Interviews personnels menés auprès des habitants de la commune de Chatelet
Documents graphiques & Illustrations : M.Culot et L. Pirlet, Charleroi d’Arthur Rimbaud à Jean Nouvel 150 ans d’imaginaire urbain, p221, AAM Editions, 2015 30
27
https://cheminsdesterrils.be/2016/08/02/la-boucle-noire-du-gr-412/
http://www.etudedumilieu.be/EDM-Present-et-passe-du-quartier-des-bords-deSambre-a-Chatelet.pdf 29
http://geoportail.wallonie.be/catalogue/8e2cf269-cedb-4fbe-943b-41a7587490e3. html 24
33
http://geoportail.wallonie.be/walonmap#BB
31
https://www.geneanet.org/cartes-postales/view/4702#0
25
Google map
https://www.google.be/search?q=port+autonome+de+charleroi&client=psyab&hl=fr-BE&source=lnms&tbm=isch&sa=X&sqi=2&ved=0ahUKEwihvf7G gKvbAhWHJVAKHfEuAAYQ_AUICygC&biw=1214&bih=754#imgrc=FJqX_ GAyn7p97M: 39
28
https://www.kbr.be/fr/la-carte-de-ferraris
35
https://www.out.be/fr/evenements/476064/la-brocante-des-quais-de-charleroi/
http://pardon-marchienne.blogs.lalibre.be/album/pardons-divers/1960002294. html 36
32
http://promenade-payscharleroi.blogspot.be/2014/04/boulevard-tirou.html
26
http://ravel.wallonie.be/home.html
http://voies-hydrauliques.wallonie.be/opencms/export/sites/met.dg2/images/fr/ promotion/cartes/carte_voies_navigables_wallonie_2010_1.jpg 37
34
https://www.youtube.com/watch?v=pYhl03oGQj0
Autre : 38
Document transmis par Pauline Cabrit, Bouwmeester de Charleroi
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