Valentin Jacquet - Thesis Book - 2017

Page 1

RECOMPOSITION URBAINE

REQUALIFICATION DU QUARTIER INDUSTRIEL DE LA GARE D’ANNECY THESIS BOOK - Valentin Jacquet Partie 1 : Préparation à la thèse de master Partie 2 : Projet de thèse de master



R E C O M P O S I T I O N U R B A I N E REQUALIFICATION DU QUARTIER INDUSTRIEL DE LA GARE D’ANNECY

THÈSE DE MASTER Valentin Jacquet Semestre d’automne 2016 Joint Master of Architecture | HEIA – Fribourg Travail suivi par Cédric Bachelard, Architecte EPF, SIA, FAS, Bâle Experte projet de thèse : Sara Martin Camara, FRES Architectes, Genève - Paris Présentation du travail de préparation à la thèse le 27 janvier 2017 Présentation du travail de thèse le 29 juin 2017



REMERCIEMENTS Bien que ce travail constitue un dossier de recherches et d’analyses personnelles, il n’en demeure pas moins le fruit d’un assemblage et d’une synthèse de donnĂŠes, permis par le concours d’un ensemble de soutiens. Tout d’abord, je tiens Ă remercier la Mairie d’Annecy, en particulier Monsieur Pierre-Michel Canonge, chef du service topographique et foncier, qui a pris de son temps pour me procurer gĂŠnĂŠreusement et rapidement les documents vectoriels de fond. Par ailleurs, je souhaite exprimer ma reconnaissance Ă MaĂŽtre )ORUHQW %LOOHW QRWDLUH j OÂś2IÂżFH 1RWDULDO GH OD 0DQXIDFWXUH pour ses informations concernant le marchĂŠ du logement annĂŠcien. Je remercie ĂŠgalement, CĂŠdric Bachelard, qui a suivi ce travail GX GpEXW j OD ÂżQ SRXU VRQ DLGH HW VHV DSSRUWV SUpFLHX[ (QÂżQ MH VRXKDLWH H[SULPHU WRXWH PD UHFRQQDLVVDQFH j 6DUD Martin Camara qui a acceptĂŠ de m’accompagner tout au long du semestre de projet de thèse. Les apports fournis ont ĂŠtĂŠ esVHQWLHOV SRXU OD FRQGXLWH GH FH SURMHW GH ÂżQ GH FXUVXV



PA RT I E 01 : T R AVA I L D E P R É PA R AT I O N À L A THÈSE DE MASTER PA RT I E 02 : PROJET DE THÈSE DE MASTER

P. 08 P.154


PA RT I E 01 : T R AVA I L D E P R É PA R AT I O N À L A T H È S E DE MASTER


TA B L E D E S M AT I È R E S INTRODUCTION - Motifs de ce travail - Méthodologie - Précédents travaux - Position personnelle sur l’architecture

PRÉAMBULE THÉORIQUE - Thèmes du sujet - Le développement urbain français jusqu’à la moitié du XXème siècle - Questionner la fabrique de la ville française depuis les années 1970 - Ville compacte et urbanisation autour des pôles de mobilité - La question des mixités - La question des densités - Le renouvellement urbain et la mobilité - Questionner la notion de friche urbaine

INTRODUCTION AU LIEU - Contexte géographique - Un contexte naturel structurant le développement urbain - Contexte géo-administratif - la fusion des six communes - La fusion en chiffres - Annecy et les cinq communes - Développement historique d’Annecy - Développement urbain d’Annecy - Un patrimoine industriel

ÉTAT DES LIEUX - Aperçu général de l’affectation du tissu bâti annécien - État général de la mixité fonctionnelle - Gabarits du tissu urbain annécien et densité - Les enjeux liés aux équipements et aux populations annéciennes - Les enjeux liés logement à Annecy - L’activité économique et les catégories de personnes représentées - La situation du déplacement - Les trois âges de la ville dans le paysage urbain d’Annecy - Les langages architecturaux qui façonnent l’image d’Annecy

LE QUARTIER DE LA GARE - Introduction au quartier - Aperçu du quartier - Les caractéristiques du site - Le contexte immédiat - Matérialité des sols et les parkings souterrains de la gare - Affectation des rez-de-chaussée - Structures urbaines - Gabarits - L’accessibilité - Relation à l’hypercentre et intensité urbaine - Composantes actuelles du site

SYNTHÈSE - Résultats des analyses - Intentions programmatiques - Outil de travail - Références

CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE

11 13 13 14 18

23 24 26 30 40 42 48 52 54

57 58 60 62 64 66 68 70 72

75 76 78 80 84 86 88 90 94 104

109 110 112 116 118 119 122 124 126 128 132

137 138 141 142 144

148 150


Paul Cézanne, Le Lac d’Annecy, 1896 (79.1 x 64.2 cm, Huile sur toile)

10


INTRODUCTION «La ville est le seul être vivant capable de rajeunir vraiment...» Jacques Attali, Fraternités - Une nouvelle utopie, Fayard, 1999

11


Les toits d’Annecy

12


MOTIFS DE CE TRAVAIL Les raisons qui m’ont conduit Ă l’Êlaboration du travail de master sur le renouvellement urbain Ă Annecy sont multiples. Tout d’abord, le choix du lieu est très personnel puisque j’habite Ă quelques kilomètres de lĂ . J’ai pratiquĂŠ la ville quotidiennement durant mes annĂŠes de lycĂŠe et je m’y rend très frĂŠquemment depuis mon enfance. Il est nĂŠ de ces expĂŠriences, XQ DWWDFKHPHQW WUqV IRUW j OD YLOOH HW OÂśHQYLH GH UpĂ€pFKLU j VRQ GpYHORSSHPHQW XUEDLQ HVW DSSDUXH QDWXUHOOHPHQW DX ÂżO GH PHV ĂŠtudes en architecture. Par ailleurs, l’observation des opĂŠration de renouvellement urbain, en France, et notamment dans les villes moyennes, me laisse bien souvent dubitatif. L’architecturale qui s’en dĂŠgage SUpVHQWH HQ HIIHW XQH UHFKHUFKH IRUPHOOH UpFXUUHQWH VXSHUĂ€XH LQMXVWLÂżpH HW WUqV GpFRQWH[WXDOLVpH 'ÂśDXWUH SDUW VL OHV PpWURpoles mettent en place des projets avec une vision plutĂ´t globale de la ville, les citĂŠs de tailles plus modestes procèdent essentiellement Ă des interventions ÂŤcapillairesÂť, en rĂŠponse Ă des besoins immĂŠdiats. On assiste alors Ă une perte de cohĂŠrence d’ensemble, la structure urbaine des villes perd en lisibilitĂŠ, devient ÂŤlâcheÂť et les espaces publics sont de plus en plus dĂŠpourvus de caractère. C’est pourquoi il m’intĂŠresse de questionner OH WLVVX XUEDLQ DQQpFLHQ DÂżQ GH OH FRPSUHQGUH GDQV OÂśRSWLTXH d’aboutir Ă un projet architectural, dotĂŠ d’une justesse Ă ĂŠchelle urbaine. Plus gĂŠnĂŠralement, il m’apparaĂŽt stimulant de traiter le renouveau de la ville Ă travers des sites telles que les friches urbaines, qui portent en elles une histoire, et qui sont inscrites dans la ville. Cela permet de plancher sur des problĂŠmatiques très actuelles comme les questions des mixitĂŠs et de densitĂŠs, dans une logique durable, au sein d’entitĂŠs dĂŠjĂ formĂŠes. Ce travail touche alors une grande diversitĂŠ de sujets, inscrits dans plusieurs disciplines, allant de la sociologie Ă l’architecture, en passant par l’urbanisme. C’est cette complexitĂŠ de l’approche qui rend le projet fascinant.

MÉTHODOLOGIE Pour mener Ă bien ce travail de prĂŠparation Ă la thèse de master, il me semble juste de produire, dans un premier temps, un corpus thĂŠorique qui traite et questionne l’ensemble des thèmes relatifs au sujet. Ainsi, l’Êtude sera divisĂŠe en deux parties, la première interrogera la fabrique de la ville française, du Moyen-Ă‚ge jusqu’à aujourd’hui, en se focalisant sur les ĂŠtapes de dĂŠveloppement urbain Ă partir des annĂŠes 1970. Ensuite, un dĂŠveloppement synthĂŠtique des problĂŠmatiques majeures liĂŠes Ă la renaissance de la ville aujourd’hui. La seconde partie de ce document proposera une ĂŠtude analytique, focalisĂŠe sur Annecy. Elle sera elle-mĂŞme sĂŠquencĂŠe en WURLV VRXV HQVHPEOHV DÂżQ GH SURSRVHU XQH DSSURFKH DOODQW GH l’Êchelle globale de la ville et son agglomĂŠration, Ă l’Êchelle du quartier et du site. On trouvera donc, dans un premier temps, une contextualisation gĂŠnĂŠrale d’Annecy, suivi d’un ĂŠtat des lieux concernant le tissu urbain et les caractĂŠristiques de cette GHUQLqUH (QÂżQ OH TXDUWLHU GH OD JDUH VHUD DQDO\Vp DÂżQ GH GpWHUminer prĂŠcisĂŠment les enjeux du projet. Cette prĂŠparation Ă la thèse sera conclue par une synthèse des rĂŠsultats issus des recherches menĂŠes en amont. Une ouverture au projet, via un aperçu de quelques rĂŠfĂŠrences en rapport au sujet, terminera mon travail.

13


PRÉCÉDENTS TRAVAUX Depuis les dĂŠbuts de mon cursus de bachelor en architecture jusqu’à aujourd’hui, en troisième semestre de master, l’espace urbain a focalisĂŠ mon attention. La ville demeure, pour moi, un WHUUDLQ GÂśpWXGH HW GÂśH[SUHVVLRQ LQÂżQL SRXU OHV DUFKLWHFWHV La diversitĂŠ et la complexitĂŠ des tissus urbains offrent un volume de matière inouĂŻ Ă analyser, comprendre et modeler. Au delĂ de toute considĂŠration liĂŠe Ă la discipline de l’architecture, j’estime que le milieu urbain, et notamment les centres, peuvent ĂŞtre, Ă la fois, des lieux de vie, de travail, de dĂŠambulation, de dĂŠtente et de loisirs remarquables. Cette stimulation que me procure l’espace urbain s’est traduite par deux travaux, lors des prĂŠcĂŠdents semestres, articulĂŠs autour de l’urbain. Ces deux SURÂżOH VHDUFK sont l’exemple de la pluralitĂŠ des territoires urbanisĂŠs. En effet, le premier travail se concentre sur la ville d’Annecy, en particulier sur un parcours dans la zone piĂŠtonne, tandis que le second se penche sur Tokyo et le quartier-gare de Shinjuku. Les deux sujets traitent d’urbanitĂŠs mais Ă des ĂŠchelles antipodiques. C’est donc naturellement, que mon travail de prĂŠparation Ă la thèse de master va se concentrer, encore une fois, sur l’esSDFH XUEDLQ GH OD YLOOH GÂś$QQHF\ DYHF HQ WRLOH IRQG OHV SURÂżOH search I et II.

La diversitĂŠ des espaces urbains - Annecy | Shinjuku (Tokyo) 14


PROFILE SEARCH I Mon premier travail de recherche portait sur la sociabilitĂŠ au sein l’espace public urbain, au cĹ“ur de la zone piĂŠtonne d’Annecy. Plus prĂŠcisĂŠment, il ĂŠtait question de comprendre, au travers d’un parcours dans la ville, comment et pourquoi certains lieux favorisaient les interactions entre les usagers de ces fragments urbains. Cette ĂŠtude constituait un travail qui trouvait sa source dans mes expĂŠriences personnelles, il s’agissait d’interprĂŠter et d’analyser un trajet effectuer une multitude de fois depuis mon enfance jusqu’à aujourd’hui. 7UDYDLOOHU j SDUWLU GÂśH[SpULHQFHV VHQVLEOHV DÂżQ GH WURXYHU GHV pOpPHQWV GH UpSRQVH SUDJPDWLTXHV pWDLW OÂśREMHFWLI GH FH SURÂżOH search. J’ai donc croisĂŠ trois disciplines pour tenter de d’apprĂŠhender la problĂŠmatique de mon sujet; l’urbanisme, l’architecture mais aussi la sociologie, puisque le thème choisi se trouvait Ă l’intersection de celles-ci. Planche d’analyse d’une sĂŠquence spatiale

Finalement, bien que ce sujet de recherche n’engendre pas de UpSRQVH VFLHQWLÂżTXH j OD SUREOpPDWLTXH TXÂśLO SRVH FHWWH pWXGH m’a permis de mieux comprendre un lieu qui m’Êtait très familier mais que je n’avais jamais rĂŠellement questionnĂŠ. Plus gĂŠnĂŠralement, le niveau de sociabilitĂŠ au sein d’un espace public dĂŠpend, non seulement de la forme de ce-dernier, mais aussi de son affectation, de sa matĂŠrialitĂŠ et surtout, de sa position dans le tissu urbain, de son ĂŠchelle par rapport au piĂŠton et des sens qu’il mobilise chez celui qui l’arpente. En effet, Ă plusieurs reprises, l’odeur des espaces que j’ai analysĂŠ ĂŠtait citĂŠe comme intervenante dans l’appropriation du lieu, notamment par le biais des souvenirs qu’elle procure. L’interdisciplinaritĂŠ du thème

Ainsi, j’ai employĂŠ une mĂŠthode systĂŠmatique d’analyse. Une IRLV OH SDUFRXUV GDQV OD YLOOH GpÂżQL MH OÂśDL VpTXHQFp HQ XQH VXFcession d’espaces. Pour chaque espace, j’ai observĂŠ l’attitude HW OH SURÂżO GHV JHQV WRXW HQ WHQWDQW GÂśH[WUDLUH HW GH FRPSUHQGUH les ĂŠmotions que suscitait en moi chaque sĂŠquence spatiale. J’ai ĂŠgalement procĂŠdĂŠ Ă une ĂŠtude de la forme architecturale et urbaine de chaque zone, en prĂŠcisant l’affectation des rezGH FKDXVVpH HW GHV pWDJHV GHV FRQVWUXFWLRQV TXL GpÂżQLVVDLHQW FKDTXH VpTXHQFH (QÂżQ MÂśDL pWDEOL XQH JULOOH GH TXHVWLRQV TXH MH VRXPHWWDLV DX[ XVDJHUV GHV HVSDFHV TXH MH WUDYHUVDLV DÂżQ d’obtenir leurs avis et de les confronter aux miens. L’objectif de cette mĂŠthode systĂŠmatique ĂŠtait de comprendre l’espace selon des critères objectifs tels que la morphologie, mais aussi de l’interprĂŠter comme une expĂŠrience sensible, par le biais de ressentis, indĂŠpendants de toute culture architecturale. 15


PROFILE SEARCH II Lors de ce second travail, l’idĂŠe de base ĂŠtait de se concentrer sur le dĂŠveloppement urbain autour des gares, en relation avec la notion de mixitĂŠ fonctionnelle. Au dĂŠpart, je souhaitais effectuer une ĂŠtude portant sur des projets en cours, notamment le Grand Paris. Toutefois, il m’est apparu plus judicieux de me concentrer sur un exemple existant, ainsi je me suis penchĂŠ sur le cas de Tokyo. La première phase de recherches concernait alors le renouvelOHPHQW GH OÂśXUEDQLVPH WRN\RwWH DÂżQ GH FRPSUHQGUH OHV PpFDnismes qui ont engendrĂŠ une mutation si rapide, Ă une ĂŠchelle qui dĂŠpasse l’entendement d’un point de vue europĂŠen.

8QH JUDQGH TXHVWLRQ GH FH SURÂżOH VHDUFK pWDLW FRPPHQW OH Gpveloppement urbain, liĂŠ aux gares produit-il de la mixitĂŠ fonctionnelle ? La multifonctionnalitĂŠ des bâtiments et des quartiers WRN\RwWHV HVW HOOH XQ REMHFWLI SODQLÂżp RX XQH UpVXOWDQWH " $LQVL j’ai pu comprendre l’impact des gares et par quels mĂŠcanismes, plus politiques qu’architecturaux, les opĂŠrateurs ferroviaires LQĂ€XHQW VXU OÂśDPpQDJHPHQW XUEDLQ (Q HIIHW LOV SRVVqGHQW QRQ seulement les ÂŤbâtiments garesÂť, mais ĂŠgalement les ÂŤquarWLHUV JDUHVÂŞ TXÂśLOV RUJDQLVHQW DÂżQ GH UHQWDELOLVHU DX PLHX[ OHXU lignes de chemins de fer.

En effet, le dĂŠveloppement urbain de la capitale nippone s’est effectuĂŠ de manière radicale, en l’espace de deux dĂŠcennies. Un brusque saut d’Êchelle est apparu entre les annĂŠes 1980 et 1990, pour donner Ă Tokyo son image populaire actuelle, très verticale, bien que la majoritĂŠ du tissu bâti demeure très horizontal. Il ĂŠtait alors intĂŠressant de mettre en parallèle le modèle suisse, et plus gĂŠnĂŠralement occidental, selon lequel tout processus de changement au niveau de la ville prend un temps important.

Developpement urbain - Adaptation aux besoins - MixitĂŠ fonctionnelle

Critères engendrant un rapide renouvellement urbain

Il s’est rÊvÊlÊ, au cours de ces recherches, que les opÊrateurs IHUURYLDLUHV pWDLHQW OHV SULQFLSDOHV SDUWLHV LQÀXHQWHV ORUV GX processus dÊcisionnel à propos de l’amÊnagement urbain. C’est l’une des raisons pour lesquelles la verticalisation de Tokyo s’est concentrÊe autours des gares, qui sont devenues de vÊritables pôles urbains. L’Êtape suivante Êtait donc de comprendre comment les stations GH WUDLQV LQÀXHQoDLHQW OœHVSDFH EkWL j SUR[LPLWp

16

Synthèse du rapport gare/mixitÊ fonctionnelle


Lignes et stations de métro dans le quartier de Shinjuku

Buildings dont les opérateurs ferroviaires sont propriétaires dans le quartier d’affaire de Shinjuku

Galeries souterraines de la gare de Shinjuku

Quartier-gare de Shinjuku 0

150m

La Tokyo Sky Tree, source de mixité fonctionnelle

17


POSITION PERSONNELLE SUR L’ARCHITECTURE Comme je l’ai dit prĂŠcĂŠdemment, le motif de ce travail de prĂŠparation Ă la thèse rĂŠsulte de la critique d’une partie, très rĂŠpandue, de la production architecturale actuelle. Les opĂŠrations de UHQRXYHOOHPHQW XUEDLQ HW GH UHTXDOLÂżFDWLRQV VH PXOWLSOLHQW HW l’architecture composant les villes du siècle dernier n’est pas ĂŠtrangère Ă une certaine dĂŠsaffection de la ville. Depuis un cer-

Š /œDUFKLWHFWXUH GRLW H[SULPHU XQH SHQVpH LQWHOOHFWXHOOH VLQRQ QRXV DUFKLWHFWHV QRXV QH VHULRQV TXH GHV GpFRUDWHXUV )DLUH XQH YLOOH SOXV DJUpDEOH SRXU TXH OHV JHQV YLYHQW PLHX[ FœHVW QRWUH EXW 4XDQG RQ HVW DUFKLWHFWH RQ HVW WRXMRXUV RSWLPLVWH SDUFH TXH QRXV IDLVRQV GHV EkWLPHQWV HW XQ EkWLPHQW FœHVW WRXMRXUV RSWLPLVWH 3XLVTXœLO HVW IDLW SRXU XQ PRQGH TXL YHXW YLYUH ª2

tain nombre d’annĂŠes, la vie en milieu citadin est boudĂŠe par un grand nombre de personnes, notamment les familles, qui ont suivi un modèle de vie Ă l’amĂŠricaine dans des lotissements pavillonnaires. Heureusement, la tendance semble s’Êtouffer, les jeunes, notamment, retrouvent une forme d’attirance pour les centres urbains. Une multitude de critères peuvent expliquer l’attrait pour la pĂŠriphĂŠrie, voire les zones rurales. Dans ce chapitre nous nous intĂŠresserons uniquement Ă l’architecture, façade de la ville. UNE PERTE D’ESTIME GÉNÉRALE POUR L’ARCHITECTURE Š> @$XMRXUGÂśKXL WURLV PRWV VXIÂżVHQW j GpFULUH XQH IDoDGH GDQV OH WHPSV LO IDOODLW FHQW PRWV /H UpFLW HQ DUFKLWHFWXUH GLVparaĂŽt [...]Âť1

UNE RECHERCHE DE SIMPLICITÉ ET D’INTEMPORALITÉ DANS LES FAÇADES Dans un contexte urbain dense, oĂš se cĂ´toient le tissu ancien et des constructions plus rĂŠcentes, j’apprĂŠcie l’attitude des architectes qui acceptent de concevoir des façades simples. Je dĂŠfend une architecture qui intègre certaines composantes du contexte comme des teintes ou des matĂŠrialitĂŠs,t tout en rĂŠussissant Ă exister vis Ă vis de l’existant. J’estime que l’architecte genevois Jean-Paul Jaccaud a rĂŠussi ce pari dans son projet Ă Genève, rue du Cendrier en 2011. La volumĂŠtrie engendre une façade simple qui ondule discrètement dans le prolongement des bâtiments adjacents.

Que l’on aime l’architecture de Rudy Ricciotti ou non, on ne peut pas nier le fait que l’architecture tend Ă perdre une forme GÂśKLVWRLUH YpKLFXOpH DX SURÂżW GÂśXQH WHQGDQFH SHXW rWUH PDLV aussi en faveur d’une rapiditĂŠ, d’une facilitĂŠ et d’une systĂŠmatisation de l’exĂŠcution, le tout dictĂŠ par une puissance spĂŠculative très forte. Je constate dans mon entourage, aujourd’hui, une critique parfois virulente Ă l’Êgard de la production architecturale actuelle, tandis que les vieux quartiers font presque l’unanimitĂŠ. Cette prĂŠparation Ă la thèse de master, rĂŠsulte de l’observation des nouvelles constructions en France, en particulier des grands ensembles urbains dans les villes moyennes. Ces dernières, sont bâties par de grands groupes de promotion immobilière. (Q FRQVpTXHQFH OHV FRQFRXUV GÂśDUFKLWHFWXUH VH UDUpÂżHQW HW OD qualitĂŠ des propositions baisse. Je pense que si l’objectif de faire revenir les gens dans les centres urbains fait l’unanimitĂŠ chez les pouvoirs publics, la mĂŠthode employĂŠe pour y parvenir ne semble pas très stratĂŠgique. Pourtant lors de concours, en France comme Ă l’Êtranger, des projets de qualitĂŠ sont prĂŠsentĂŠs et seraient, je pense, capable de faire aimer l’architecture d’aujourd’hui. Cette partie du travail est très personnelle et ne prĂŠtend pas ĂŞtre source de vĂŠritĂŠs absolues. 1 | Rudy Ricciotti, ConfĂŠrence UniversitĂŠ MisĂŠricorde, 17 mars 2015 - Fribourg

18

Immeuble rue du Cendrier, Genève 2011, Jaccaud Spicher architectes

2 | Jacques Herzog, extrait de  -DFTXHV +HU]RJ OœRSWLPLVWH Š VWDUFKLWHFWH ªª journal Le Monde, 6 Septembre 2016


UNE IMAGE GÉNÉRÉE PAR UNE STRUCTURE FORTE -H SHQVH TXÂśXQ EkWLPHQW GRLW rWUH HIÂżFDFH GDQV VD IRQFWLRQQDOLWp PDLV pJDOHPHQW GDQV VD FRQFHSWLRQ VWUXFWXUHOOH DÂżQ GH SURSRVHU une architecture complète. Pour moi, lorsque le squelette d’un bâtiment suscite le mĂŞme intĂŠrĂŞt conceptuel que la typologie pour l’architecte, elle doit se lire dans la façade. Il s’agit de l’une des caractĂŠristiques importantes que d’offrir Ă l’usager et Ă l’observateur du projet, une lecture de la mĂŠcanique strucWXUHOOH /RUVTXH FHOOH FL HVW ÂżQHPHQW GHVVLQpH OÂśH[SUHVVLRQ GH l’ouvrage doit, selon moi, se limiter Ă l’exposition de sa structure. On retrouve cette notion de rĂŠduction de la façade Ă l’essentiel dans le fameux stade de PĂŠkin des architectes Bâlois Herzog et de Meuron.

UNE EXPRESSION FORTE GRĂ‚CE Ă€ DES MATÉRIAUX BRUTS Je trouve que le fait d’assumer l’usage de matĂŠriaux bruts comme le bĂŠton ou la brique en façade, oblige la rĂŠsolution très SUpFLVH GHV GpWDLOV GH FRQVWUXFWLRQ /RUVTXH OH GpÂż HVW UpXVVL RQ SHXW WURXYHU XQH JUDQGH ÂżQHVVH GÂśH[SUHVVLRQ PDOJUp GHV PDWpriaux lourds et massifs. Par ailleurs, la combinaison d’ÊlĂŠments massifs en contraste avec des parties renvoyant une image de lĂŠgèretĂŠ peut aboutir Ă un rĂŠsultat d’une grande dĂŠlicatesse. Pour illustrer ce propos, je trouve judicieux de prĂŠsenter le bâtiment Sammlung Goetz de Herzog et de Meuron. Je trouve admirable l’usage du bois et du verre, en inversant les logiques de masses avec l’usage du vitrage en dessous de la bande de bouleau. Je trouve aussi que l’usage du bois pour sa qualitĂŠ plastique et pas uniquement pour son image de matĂŠriau ĂŠcologique est une grand qualitĂŠ.

Stade olympique de PĂŠkin, Herzog & de Meuron , 2008

Plus anonyme mais, ĂŠgalement intĂŠressante, la façade du centre chorĂŠgraphique d’Aix en Provence par Rudy Ricciotti, illustre aussi cette thĂŠmatique.

Sammlung Goetz, Munich, Herzog & de Meuron, 1992

Centre chorÊgraphique d’Aix en Provence, Rudy Ricciotti, 1999

Dans un autre registre, j’ai apprĂŠciĂŠ l’usage de la brique dans le projet Turnmill du bureau londonien Piercy and Company. Je trouve que ce bâtiment possède une ĂŠlĂŠgance grâce Ă un dessin de façade simple, relevĂŠ par la texture de l’appareillage.

Turnmill, Londres, Piercy and Company, 2013 19


L’ARCHITECTURE FRANCAISE PORTÉE PAR DE JEUNES BUREAUX «[...] Il est courant de se retrouver en face de 200 bureaux sur un concours de petite crêche à Paris. Les concours ouverts sont rares et la sélection au premier tour contient l’évaluation du chiffre d’affaire du bureau, c’est donc très difficile pour les jeunes.»1 Si les concours se font rares et très disputés en France, il n’en reste pas moins qu’un certains nombre de bureaux, notamment de jeunes bureaux s’illustrent en proposant des projets de qualité. Pour ma part, je trouve que la production de ces architectes apporte souvent une touche de fraîcheur à l’architecture puisqu’une pointe de créativité supplémentaire à celle dont les compétitions suisses nous habituent, semble émaner de ces travaux. Parmis ces bureaux, trois attirent régulièrement mon attention et m’inspirent. Il s’agit des bureaux LAN architecture, Chartier Dalix et Moreau Kusunoki. Ces-derniers se distinguent pour avoir remporté le concours pour le Guggeheim d’Helsinki en 2015, qui ne verra malheureusement peut-être jamais le jour. Dans ce projet, je trouve judicieux la fragmentation du programme et l’usage du bois en structure ainsi qu’en façade (bois brûlé). Ces choix semblent conférer à l’ensemble, une échelle à mi-chemin entre le gros bâtiment et l’ouvrage à l’échelle du visiteur.

Le bureau Chartier Dalix s’est illustré en gagnant rapidement de nombreux concours et plusieurs prix. J’ai pu observer un de leur bâtiment à Paris, le Foyer de jeunes travailleurs et crèche, j’ai apprécié l’utilisation d’une brique très sombre avec une volumétrie simple et massive. La brique permet un contraste fort avec les deux lézardes découpées dans la masse et habillées de tôles dorées. Le bâtiment revêt une image peu commune en Suisse mais qui a le mérite de rafraîchir la production architecturale, tout en produisant de la qualité urbaine. Par ailleurs, d’une manière générale, l’agence mène des recherches pertinentes à propos d’enjeux environnementaux d’actualité. Leurs différentes propositions pour les concours témoignent de cet intérêt pour l’évolution de la construction vers le durable.

Visualisation du musée Guggeheim d’Helsinki, Moreau Kusunoki, 2015

Foyer de jeunes travailleurs et crèche, Paris 20ème, Chartier Dalix, 2013

1 | Julien Perraud, Benjamin Boré - Raum architectes, Conférence Café de l’Ancienne Gare, 23 février 2016 - Fribourg

20


Le bureau LAN propose des architectures simples mais que je considère d’une efficacité redoutable, une fois mêlées à leur contexte. Bien souvent, la façade n’est pas ostentatoire mais il se dégage une grande puissance des bâtiments par rapport au tissu bâti environnant. Par exemple, l’immeuble de logements situé dans le XVIIème arrondissement illustre bien leur production. La façade est d’une grande simplicité mais la masse du bâtiment, de par sa géométrie, articule et précise l’espace public. Au delà de son image, sa typologie puise sa pertinence dans sa possibilité de renouvellement. On peut noter également le grand soin apporté au détail de construction dans leur conception et leur mise en oeuvre.

72 Logements, Bègles, LAN Architecture, 2015

Ilot 4.2, Paris 17ème,LAN Architecture, 2014

Un autre ouvrage du bureau LAN que je considère comme une source d’inspiration est le projet de 72 logements à Bègles. La proposition de l’agence parisienne tend à répondre aux enjeux environnementaux actuels par une proposition d’une grande force urbaine et architecturale. En effet, bien que n’ayant jamais visité le projet in situ, il me semble que la composition s’inscrit avec succès dans un tissus nouveau. Par ailleurs, la véritable pertinence de ce projet s’établit dans son schéma structurel, imaginé à partir du principe d’empilement des containers. Il s’agit dès lors d’une composition de vides et de pleins, dans laquelle les vides sont utilisés en prolongement de l’espace de vie. Le projet s’inscrit donc dans une logique de confort de vie et de densification, au coeur d’une opération immobilière, qui donne de l’espoir.

Ces trois agences parisiennes ne sont pas les uniques représenatntes de la qualité de l’architecture française. Elles témoignent toutefois bien de la persistence d’une architecture menée avec convictions, au service de la ville et ses habitants.

21


22


PRÉAMBULE THÉORIQUE Le renouvellement urbain, dans la ville du XXIème siècle engage plusieurs problĂŠmatiques majeures. En effet, il s’agit de comprendre les facteurs qui ont engendrĂŠ l’affaiblissement de la ville du XXème siècle. En effet, l’extension des zones urbaines, notamment industrielles, s’est effectuĂŠe de manière très rapide en s’accrochant Ă des principes de l’Êpoque tels que le ]RQDJH LVVX GHV UpĂ€H[LRQV PRGHUQLVWH /H GpYHORSSHPHQW GH l’urbanisme a suivi l’Êvolution d’une mobilitĂŠ basĂŠe sur l’autonomie particulière avec l’essor de l’automobile pour tous. La morphologie des villes s’est alors transformĂŠe, il a fallu crĂŠer rues, boulevards ou encore de grandes voies de circulation. Il faut donc, Ă l’heure actuelle, questionner cette logique, de façon Ă recomposer une urbanitĂŠ en phase avec les objectifs de notre siècle tels que le dĂŠveloppement durable en, tenant compte de tout ce qu’il comprend au niveau ĂŠconomique, social et environnemental.

23


THĂˆMES DU SUJET LE RENOUVELLEMENT URBAIN UN ENJEU DU DÉVELOPPEMENT DURABLE /ÂśLQWHUYHQWLRQ HQ PLOLHX XUEDLQ YLVDQW j UHTXDOLÂżHU j G\QDPLser un morceau de ville, questionne une multitude de thèmes. En effet, l’une des premières questions que l’on peut se poser est : pourquoi le besoin de transformer ? De cette interrogation dĂŠcoule naturellement le besoin de devoir interroger l’ancien, ce qui ne marche pas ou plus, et pourquoi cela. Une fois cette zone d’ombre ĂŠclaircie, il convient de comprendre comment intervenir pour corriger la situation. Le questionnement bascule alors vers un examen des thèmes de dĂŠveloppement d’aujourd’hui. Ainsi on se doit de comprendre les concepts rĂŠcurrents, qui structurent la vision actuelle de ce que doit ĂŞtre la ville du XXIème siècle. On se penchera alors sur des problĂŠmatiques de mobilitĂŠ : quelle morphologie urbaine HW TXHOV PRGHV GH GpSODFHPHQW " /D GHQVLÂżFDWLRQ VHUD DXVVL un terme inĂŠvitable, il en dĂŠcoulera une problĂŠmatique liĂŠe diUHFWHPHQW DX VLWH HW j OD QRWLRQ GH UHTXDOLÂżFDWLRQ GÂśXQH IULFKH IHUURYLDLUH (QÂżQ OD PL[LWp VHUD XQH TXHVWLRQ REOLJDWRLUH VHORQ tous les aspects qui en dĂŠcoule, aussi bien au niveau fonctionnel que social. L’ensemble de ces thèmes seront interprĂŠtĂŠs avec, en toile de fond, une approche durable, nĂŠcessaire aujourd’hui, et selon les trois critères du dĂŠveloppement durable : environnement, social, ĂŠconomique.

24


UN SUJET AU CROISEMENT DE L’ARCHITECTURE ET DE L’URBANISME /D UHTXDOL¿FDWLRQ G¶XQ VLWH HVW pYLGHPPHQW OLpH GLUHFWHPHQW à un dysfonctionnement du lieu, qui peut être la résultante de plusieurs types d’anomalies urbaines. Je pense, pour ma part, que la question du renouvellement urbain est si centrale actuellement en raison d’une perte de force d’un modèle qui a fait son temps : la ville moderne de l’automobile, et détachée de la rue. Par ailleurs, je constate autour de moi un désamour pour l’esthétique de la ville post années 1950. Ces deux points sont intéressants dans la mesure où, les raisons du rejet d’un concept urbain, sont issues, à la fois d’une critique de l’urbanisme de la cité-voiture, mais aussi des composantes architecturales du tissu bâti, en somme les façades. Au contraire, on peut remarquer aisément un engouement, de la part des usagers de l’espace public urbain, pour les villes anciennes, à l’échelle du piéton, et où les «réalités urbaines»1 sont rapidement accessibles. Donc un attrait pour un urbanisme piétonnier, mais aussi pour une certaine rigueur et un certain travail au niveau de l’esthétique de la façade. Les deux échelles de références que sont l’architecture et l’urbanisme sont donc les deux vecteurs d’une ville qui «fonctionne». Il faut tout de même souligner, que s’il existe des critères pour juger une architecture (le fonctionnement ou non du bâtiment), LO HVW WUqV GLI¿FLOH GH MXJHU XQH IDoDGH GH PDQLqUH REMHFWLYH /D différenciation entre une bonne et une mauvaise architecture FRQWLHQW XQH SDUW GH UpÀH[LRQ VHQVLEOH &¶HVW SRXUTXRL MH WHQterai d’illustrer par des exemples ce que je considère être une architecture qui fonctionne dans la ville.

1 | Jacques Lévy, Conférence «4XHOOH PRELOLWp SRXU TXHOOH XUEDQLWp "ª, 5 Janvier 2006 - UTLS-la suite

25


DÉVELOPPEMENT URBAIN FRANÇAIS JUSQU’À LA MOITIÉ DU XXĂˆME SIĂˆCLE Dans cette partie, nous nous intĂŠresserons au caractère du dĂŠveloppement urbain en France, seulement Ă partir du Moyen-Ă‚ge, puisque c’est Ă partir de cette pĂŠriode qu’Annecy va se dĂŠvelopper (cf partie dĂŠveloppement historique pages 66 Ă 68). LE MOYEN-Ă‚GE Durant le Haut Moyen-âge, il règne en France un climat tenGX OLp DX[ LQYDVLRQV HW DXWUHV FRQĂ€LWV WHUULWRULDX[ &H FRQWH[WH favorise le repli sur soi des villes françaises, dans un modèle GÂśXUEDQLVPH GH SURWHFWLRQ $LQVL GHV IRUWLÂżFDWLRQV VH GUHVVHQW et les villes se dĂŠveloppent Ă l’intĂŠrieur de ces espaces restreints HW GpÂżQLV /D FRPSUHVVLRQ VSDWLDOH HQJHQGUpH SDU FHV HQFHLQWHV dessine une nouvelle forme de citĂŠ aux rues ĂŠtroites avec des constructions resserrĂŠes. D’un point de vue global, on peut dire TXH FHWWH PRUSKRORJLH XUEDLQH HVW OD ÂżJXUH GÂśXQ PRPHQW GH rĂŠcession pour les villes. Ă€ partir de l’an 1000, environ, cette pĂŠriode de dĂŠclin voit sa ÂżQ HW XQH QRXYHOOH qUH GH SURVSpULWp DSSDUDvW IDYRULVDQW OHV ĂŠchanges et le commerce, synonymes d’un nouveau dĂŠveloppement urbain. Cette expansion est favorisĂŠe par de nouveaux statuts juridiques permettant une plus grande indĂŠpendance. L’urbanisation s’effectue autour des trois grands pĂ´les du pouvoir, Ă savoir le pouvoir religieux, politique et ĂŠconomique. Ceci est caractĂŠrisĂŠ par l’Êmergence d’une systĂŠmatique de polarisation des citĂŠs autour de trois composantes urbaines majeures reprĂŠsentant le pouvoir : les châteaux (politique), les ĂŠglises (religieux) et les places de marchĂŠ (ĂŠconomie). Une première systĂŠmatique de formes urbaines, apparaĂŽt Ă partir du XIIIème siècle, il s’agit des bastides. Cette notion regroupe beaucoup de caractĂŠristiques importantes. Elles reprĂŠsentent, Ă la fois la constitution d’un pouvoir politique et ĂŠconomique, sous une intention urbaine possĂŠdant un plan d’urbanisme rĂŠglementĂŠ. Ce modèle urbain concernera environ cinq cent villes, regroupĂŠes majoritairement dans le sud-ouest de la France. Les bastides ont la particularitĂŠ d’avoir ĂŠtĂŠ ŠWRXWHV IRQGpHV D QRYR GÂśXQ VHXO MHW j XQH GDWH SUpFLVH VXU XQ SODQ SUpFRQoX JpQpUDOHPHQW XQLIRUPH HW FHOD GDQV OD SpULRGH GÂśXQH FHQWDLQH GÂśDQQpHV ÂŞ1.Le système urbain se dĂŠploie en fonction d’un dĂŠcoupage parcellaire gĂŠomĂŠtrique, chaque unitĂŠ se voyant affectĂŠe d’une servitude publique, imposant un dĂŠlai de FRQVWUXFWLRQ /HV RXYUDJHV RQW XQ W\SH SUpGpÂżQL HW FRQWUDLQW ,O VÂśDJLW GH SODQLÂżHU OH FDUDFWqUH FRPPHUFLDO RX QRQ OH QRPEUH d’Êtage, l’emprise au sol... Il s’agit lĂ d’un premier modèle de SODQLÂżFDWLRQ GH OÂśHVSDFH XUEDLQ ,O HVW OÂśH[SUHVVLRQ GÂśXQH YRlontĂŠ mĂŠdiĂŠvale volontariste d’amĂŠnagement du territoire, dans l’optique d’organiser le commerce, l’artisanat et la dĂŠfense. 1 | Alcide Curie-Seimbres, avocat, historien des villes mĂŠdiĂŠvales (1815-1885)

26

Bastide Saint-Louis de Carcassonne (env. 1240-1270)

Les XVème et XVIème siècles voient les villes se standardiser pour acquĂŠrir une cohĂŠrence d’ensemble organisĂŠe autour d’axes primaires et secondaires. Le moyen-âge tardif est marquĂŠ par l’amĂŠlioration des systèmes d’attaque (armement, stratĂŠgies...). Ces ĂŠvolutions miliWDLUHV UHQGHQW OHV IRUWLÂżFDWLRQV DORUV HQ SODFH YXOQpUDEOHV HW VXSHUÂżFLHOOHV 3DU DLOOHXUV OÂśHVSDFH LQWUD PXURV HVW VDWXUp HW WUqV LQVDOXEUH 7RXWHV FHV PRGLÂżFDWLRQV YRQW JpQpUHU OÂśpPHUJHQFH d’une fabrique des espaces hors des enceintes de dĂŠfense, c’est l’apparition des tissus faubouriens, constituĂŠs autours d’abbayes ou de points de passages importants.

Faubourg Saint-Antoine, Paris, vers 1550

LES XVII ET XVIIIème SIĂˆCLES Le XVIIème siècle voit l’art baroque transformer l’espace urbain. Un fait marquant est l’apparition de la place. Cette forme urbaine est notamment nĂŠe des plans d’embellissement des villes, apparus sous le règne de Louis XIV durant le XVIIème siècle. Jusqu’à cette pĂŠriode, l’espace public utilisait les rues comme espaces communs, et les parvis comme dilatation du lieu public. Dès lors, la notion de l’esthĂŠtique de la ville se fait ressentir, DÂżQ GH JpQpUHU XQ UHVVHQWL VSDWLDO SRVLWLI $LQVL RQ WUDYDLOOH OHV proportions les perspectives et les jeux de lumière. L’environnement urbain prend alors les caractĂŠristiques qu’on lui connaĂŽt aujourd’hui. C’est la grande ĂŠpoque de l’urbanisme classique Ă la française. Il faut noter que ces opĂŠrations urbaines ne sont


SDV GpQXpHV GÂśLQWpUrW HW FKHUFKHQW j DIÂżUPHU OH SRXYRLU UR\DO

Pour rĂŠsumer rapidement la situation urbaine en France jusqu’Ă

Dans le mĂŞme temps, Vauban met au point les villes militaires,

l’aube du XXème siècle, on peut dire que l’urbanisme est basĂŠ

il bâtit ainsi 33 places fortes et en amÊnage près de 300. Il faut donc attendre le XVIIème siècle, après la construction or-

sur un principe d’alignement sur la rue, grâce Ă des servitudes publiques.

ganisĂŠe de la ville mĂŠdiĂŠvale close, pour retrouver un concept et un processus de fabrication de la ville. &HWWH LQĂ€XHQFH EDURTXH YD SHUGXUHU MXVTXÂśDX ;9,,,ème siècle.

Place Royale de Reims (1757 en l’honneur de Louis XV)

LA RÉVOLUTION INDUSTRIELLE L’industrialisation de la France va bouleverser la ville. En effet, le contexte ĂŠconomique de l’Êpoque va provoquer un exode rural massif. Les espaces urbains vont alors devoir se transforPHU SRXU DFFXHLOOLU FH Ă€X[ PLJUDWRLUH GH PDLQ GϡXYUH 3DU ailleurs, la mĂŠcanisation va radicalement changer les modes de WUDQVSRUWV HW XQH UHTXDOLÂżFDWLRQ GHV LQIUDVWUXFWXUHV YD GHYRLU s’Êtablir. Très vite, la surpopulation va entrainer des problèmes d’hygiène et une baisse de la qualitĂŠ de vie dans les villes. Ce climat instable va engendrer, en plus des ĂŠpidĂŠmies,du mĂŠcontentement au sein de la population, qui souffre de conditions de vie très mauvaises et se fait ĂŠgalement exploiter au travail. Des rĂŠvoltes ĂŠclatent rĂŠgulièrement et le pouvoir va devoir procĂŠder Ă une refonte urbaine pour enrayer ce processus. C’est dans ce contexte que le baron Haussmann va imaginer le percement de nouvelles avenues et boulevards dans Paris, assainissant la ville et permettant de mieux contrĂ´ler les soulèvements populaires. NapolĂŠon III fait alors rĂŠaliser de nouveaux cadastres et on assiste Ă l’apparition des premiers plans d’alignements, permis par les servitudes d’alignement crĂŠes sous le Premier Empire, en 1807, dont le principe est issu de l’Êdit Royal de 1607. La France assiste alors Ă la naissance du droit de l’urbanisme, contenant des rĂŠglementations s’appliquant Ă l’ensemble du territoire national. Ă€ ce droit s’ajoute celui de l’expropriation, fondĂŠ sur la notion d’intĂŠrĂŞt public ou gĂŠnĂŠral, qui prĂŠvaut sur l’intĂŠrĂŞt particulier. Grâce Ă ces avancĂŠes juridique l’urbanisme des villes françaises va connaĂŽtre une remise en ordre très stricte.

Le boulevard Haussmann Ă Paris

LA PREMIĂˆRE MOITIÉ DU XXème SIĂˆCLE Le XXème VLqFOH YRLW VÂśLQVFULUH RIÂżFLHOOHPHQW OÂśXUEDQLVPH comme discipline, bien que sa pratique date de la plus haute antiquitĂŠ. Toutefois, jusqu’à la Première Guerre Mondiale, le modèle d’alignement du XIXème siècle persiste. C’est la reconstruction des villes dĂŠtruite entre 1914 et 1918 qui va faire entrer l’urbanisme dans sa dimension contemporaine. Cette rĂŠnovation va passer par la mise en place de deux lois majeures, dites de Cornudet, en 1919 et 1924. Elles prescrivent : Š OÂľpWDEOLVVHPHQW GÂśXQ GURLW GHV VROV DWWDFKp j OD SDUFHOOH FDGDVWUDOH DÂżQ GH JDUDQWLU DX[ DFTXpUHXUV GH ORWV TXH leurs terrains seraient convenablement viabilisĂŠs (adduction GÂśHDX UpDOLVDWLRQ GHV UpVHDX[ GÂśpJRXWV DOLPHQWDWLRQ pOHFWULTXH FUpDWLRQ GH FKDXVVpHV SDYpHV RX UHYrWXHV OÂśpWDEOLVVHPHQW GH SODQV GÂśDPpQDJHPHQW GÂśHPEHOOLVVHPHQW HW GÂśH[WHQVLRQ DQFrWUHV GHV GRFXPHQWV GÂśXUEDQLVPH FÂśHVW j GLUH GHV GRVVLHUV FRQFHUQDQW OÂśDPpQDJHPHQW JOREDO GHV FRPPXQHV TXL HQ pWDLHQW SRXUYXHV OD PLVH HQ SODFH SURJUHVVLYH GÂśXQ GURLW GHV VROV GpÂżQLVVDQW OHV UqJOHV GÂśXVDJHV HW GH FRQVWUXFWLRQ SRXU FKDTXH SDUcelle cadastraleÂť1 Entre les deux guerres, on assiste, dans l’application de ces lois, Ă l’Êlaboration d’un urbanisme d’Îlot respectant des principes d’alignements et des façades très travaillĂŠes durant l’Êpoque ÂŤart dĂŠcoÂť. Ă€ cette ĂŠpoque l’unitĂŠ urbaine est constituĂŠe par la parcelle, toutefois, le croisement de l’architecture et de l’urbanisme, dans un soucis de cohĂŠrence, considère un assemblage parcellaire et travaille Ă partir d’une ĂŠchelle globale. On peut lire dans le livre )RUPHV XUEDLQHV GH OÂśvORW j OD EDUUH un passage rĂŠsumant bien la situation : 1 | https://fr.wikipedia.org/wiki/Urbanisme_en_France

27


Š2Q SHXW PrPH GLUH TXH OH GpFRXSDJH GX SDUFHOODLUH HVW GpWHU-

LES ANNÉES 1940-1960

PLQp SDU OD FRQÂżJXUDWLRQ IXWXUH GX EkWL HW QRQ OÂśLQYHUVHÂŞ Durant les annĂŠes 20, l’Îlot se base sur le modèle Haussmanien,

Une nouvelle ère urbaine dÊbute en France après la Seconde

1

dans l’optique de rentabiliser au maximum l’espace. L’espace intĂŠrieur de l’ensemble voit ses dimensions très restreintes, il s’en va d’une perte d’usage de la cour intĂŠrieure, qui ĂŠtait forte utilisĂŠe dans les ĂŽlots faubouriens. Cette morphologie va très vite perdre l’affection de ses habitants, puisqu’en plus de ne pas ĂŞtre fonctionnelle, elle provoque des conditions hygiĂŠniques dĂŠplorables.

Guerre Mondiale. La Charte d’Athènes est adoptĂŠe pour de nombreuses reconstructions et nouveaux projets, qui constitueront les grands ensembles que l’on connait. Les principes d’alignements ne font plus partis de ces projets et les immeubles Ă cour n’existent plus dans l’esprit des architectes mais aussi des responsables administratifs. Ainsi, il se met en place une nouvelle morphologie urbaine qui n’est plus fragmentĂŠe par le parcellaire, libĂŠrĂŠe de la rue, et dessinĂŠe en fonction des besoins fonctionnels, d’orientation et de paysage. L’automobile n’est pas ĂŠtrangère Ă cette position, grâce Ă laquelle elle peut pĂŠnĂŠtrer partout. On distingue alors trois pĂŠriodes urbaines :l’urbanisme d’alignementÂť (XVIème siècle - XIXème siècle), l’urbanisme d’ÎlotÂť

Immeuble art deco (annĂŠes 20-30) Ă Ivry (94)

Dès lors, des voix commencent Ă s’Êlever pour un percement et un ĂŠlargissement des espaces intĂŠrieurs. Si une solution peut se trouver aisĂŠment dans un ĂŽlot constituant un ensemble, il est en revanche beaucoup plus compliquĂŠ dans le cas d’un ĂŽlot composĂŠ d’immeubles rĂŠpondant chacun Ă une parcelle de manière distincte. Toutefois, l’idĂŠe d’une ville avec l’Îlot comme unitĂŠ de raisonnement n’est pas abandonnĂŠe et Georges SĂŠbille, architecte Ă la Ville de Paris en est le fervent dĂŠfenseur. Il prĂŠconise seulement une refonte des règles qui le norment. Il propose alors la mise en place de ÂŤSyndicats de propriĂŠtaires d’ÎlotsÂť, pour leur confĂŠrer une existence lĂŠgale. Il formule ĂŠgalement l’hypothèse d’une forme urbaine consistant en un espace ouvert ou s’implantent de façon autonomes les constructions. ÂŹ OD ÂżQ GHV DQQpHV OD YLOOH GH 3DULV LPDJLQH XQH DXWUH solution pour la suppression des taudis. Elle consiste en un programme d’urbanisme composĂŠ d’Îlots dans lesquels des bâtiments encadrent un jardin. La particularitĂŠ est l’interruption des LPPHXEOHV DÂżQ GH JpQpUHU XQH RXYHUWXUH VXU OH MDUGLQ HW IDLUH ÂŤrespirerÂť l’Îlot. Ce modèle va donc remplacer les anciens taudis, dans l’alignement des autres construction. /D ÂżQ GH FHWWH SpULRGH YRLW OÂśDUULYHU GHV DUFKLWHFWHV PRGHUQHV et les positions pour se libĂŠrer de la rue se multiplient avec Ă la tĂŞte de ce mouvement, Le Corbusier.

1 | Jean Castex, Jean-Charles Depaule, Philippe Panerai, )RUPHV XUEDLQHV GH OÂśvORW j OD EDUUH Marseille 1997

28

(entre deux guerre, ĂŽlots post-haussmannien) et l’urbanisme d’ensembleÂť (suit la Charte d’Athènes). Ces nominations sont celles que l’on retrouve dans le Plan d’urbanisme directeur de Paris de 1959. Ce modèle d’urbanisme d’ensemble touchera tous les quartiers dit de rĂŠnovation. Si l’on porte un regard global sur l’Êvolution de l’urbanisme Français, on peut caractĂŠriser les opĂŠration des annĂŠes 1945 Ă 1960, voire plus tard pour certaines villes, comme une dĂŠconVWUXFWLRQ GH OÂśvORW DX SURÂżW GÂśXQH GLVORFDWLRQV GHV EkWLPHQWV HW des circulations. Ce mouvement va conduire Ă un urbanisme vertical, et une mitoyennetĂŠ horizontale. On rentre dans l’Êpoque de l’urbanisme sur dalle, portĂŠ notamment en France par l’architecte Michel Holley.

Proposition de zoning vertical par Michel Holley, 1961

Cette attitude dĂŠfendu par Michel Holley rend dĂŠsuet l’utilisation d’un urbanisme parcellaire. En 1968 le SchĂŠma directeur d’amĂŠnagement et d’urbanisme de la Ville de Paris a pour intention de dĂŠvelopper un nouveau système de conception de l’espace selon une mitoyennetĂŠ horizontale et non plus verticale. Ces principes ont conduit Ă des opĂŠrations devenues très impopulaires, cependant, des interventions contemporaines reprennent ce schĂŠma en le transformant pour tenter de trouver des solutions Ă cette morphologie.


Vue aĂŠrienne de la structure urbaine parisienne

Chronologie urbaine en France et Ă Annecy

29


QUESTIONNER LA FABRIQUE DE LA VILLE FRANÇAISE DEPUIS LES ANNÉES 1970 L’ARCHITECTURE URBAINE DES ANNÉES 1970 Dans mes observations antĂŠrieures, notamment lors de l’Êtude GH OÂśHVSDFH XUEDLQ DQQpFLHQ SRXU PRQ SUHPLHU 3URÂżOH 6HDUFK j’ai pu constater, lors d’interviews de passants, un profond dĂŠsamour pour les constructions datĂŠes d’après les annĂŠes 1950 6DQV SDUYHQLU j UpHOOHPHQW DIÂżUPHU VL OHXU SRVLWLRQ HQ dehors de l’hypercentre, leur architecture ou les deux rĂŠunies, sont Ă l’origine de ce rejet, il semble qu’un ĂŠlĂŠment de rĂŠponse se trouve dans les concepts initiateurs de ces opĂŠrations. Il faut souligner que depuis cette pĂŠriode, et encore aujourd’hui, essentiellement dans les villes de taille moyenne Ă petite, les opĂŠrations immobilières sont pour la majoritĂŠ, d’une grande pauvretĂŠ architecturale et urbaine. En effet, on observe Ă Paris, au milieu des annĂŠes 1970, l’apparition du POS (Plan d’Occupation des Sols). La publication de ce document contient l’Êtude de deux tissus, les constituĂŠs (faubourgs parisiens) et le Paris Haussmannien. Le rĂŠsultat de ces ĂŠtudes est la crĂŠation de ZAC (Zones d’AmĂŠnagement ConcertĂŠes), en 1980. Les ZAC se multiplient sous l’impulsion de l’APUR (Atelier 3DULVLHQ GÂś8UEDQLVPH SRXU DWWHLQGUH OHXU DSRJpH j OD ÂżQ GHV annĂŠes 1980. Ces dernières ont la particularitĂŠ de suivre des principes urbains communs, ainsi, on rĂŠtablit l’Îlot, avec des bâtiment qui s’implantent le long des rues, avec des gabarits rĂŠguliers. Il faut savoir que l’Êpoque, post-moderne, a tendance Ă rĂŠhabiliter Haussmann et ses principes pour la ville. Les deux exemples phares de ces opĂŠrations sont les ZAC de Reuilly (1987-1995), dans le douzième arrondissement ainsi que la ZAC de Bercy (1989-1996), ĂŠgalement dans le douzième.

ZAC de Reuilly, Paris 12ème, Roland Schweitzer, 1987-1995 30

PARIS RIVE GAUCHE ET LA BIBLIOTHĂˆQUE NATIONALE DE FRANCE L’aboutissement rĂŠel de cette phase de mĂŠtamorphose de la ville est le quartier de Paris Rive Gauche dans le treizième arrondisVHPHQW GH OD FDSLWDOH /D UXH GpÂżQLW DORUV FRPSOqWHPHQW OD GLrection de l’amĂŠnagement urbain. En effet, l’Avenue de France dĂŠtermine une architecture très ordonnancĂŠe, tant au niveau des alignements, des ĂŽlots, que des gabarits. Ce contexte de rigueur au niveau des formes urbaines est guidĂŠ par les rĂŠglementations de l’Êpoque mais aussi, dans le cas de Rive Gauche, par la prĂŠsence de la BNF (Bibliothèque Nationale de France). En effet, l’une des problĂŠmatiques de cette opĂŠration est la mise en valeur de l’ouvrage conçu par Dominique Perrault, qui doit IDLUH ÂżJXUH GH PRQXPHQW FXOWXUHO PDMHXU Il faut noter que durant cette première phase de retour Ă l’Îlot, la FRQÂżJXUDWLRQ GH FHOXL FL HVW SOXW{W IHUPpH DYHF GH UDUHV H[FHStions, hybrides entre l’Îlot ouvert et fermĂŠ. On se trouve alors dans un schĂŠma puriste de la forme urbaine parisienne. Ce modèle parisien est repris dans les autres villes françaises, notamment les grandes villes mais aussi, les citĂŠs de tailles moyenne. Cette transposition d’un exemple imaginĂŠ pour ĂŞtre adaptĂŠ Ă un urbanisme mĂŠtropolitain, vers des espaces urbains totalement diffĂŠrents pose question. Ceci est sans doute une cause du dysfonctionnement des villes moyennes de cette gĂŠnĂŠration. En effet, l’aspect centralisĂŠ de la France Ă tous les niveaux produit des problèmes de contextualisation assez violents. Cette non-adaptation est la source de l’image nĂŠgative et MXVWLÂżpH TXL FROOH DX[ JUDQGV HQVHPEOHV GH OÂśpSRTXH Annecy a relativement ĂŠtĂŠ ĂŠpargnĂŠe par ce problème de non adaptation d’Êchelle dans les annĂŠes 1970-1980, au niveau de la morphologie urbaine. Toutefois, l’architecture Ă proprement parlĂŠ a suivi l’impulsion de celle appliquĂŠe aux ZAC, sans cohĂŠrence et perdant une forme de dialogue avec la ville existante, ce qui constitue l’essence mĂŞme d’une ville.


Le quartier Paris Rive Gauche et la BNF

B.N.F

Quai de la gare | Quai François Mauirac

Avenue de France

Le quartier Paris Rive Gauche, les alignements des ĂŽlots 31


MILIEU DES ANNÉES 1990, APPARITION DE L’ÎLOT OUVERT En prĂŠambule de toute explication, je tiens Ă signaler que cette partie du travail, consacrĂŠe au principe de l’Îlot ouvert, va contenir la majeure partie de la critique concernant la production architecturale prĂŠsente dans les villes françaises et notamment Annecy. Il est clair, pour moi, que l’idĂŠe d’ouverture est MXVWLÂżpH HW VHPEOH WUqV FRKpUHQWH -H QH FULWLTXHUDL GRQF SDV OD mĂŠthode mais plutĂ´t les consĂŠquences de ce geste, imputables aux architectes mais aussi aux pouvoirs publics et aux autres SODQLÂżFDWHXUV GHV YLOOHV En opposition avec les ĂŽlots de la Bibliothèque Nationale de France, une proposition d’alternative est formulĂŠe par Christian de Portzamparc. Il s’agit d’ouvrir les nouveaux ĂŽlots, ainsi, il apparaĂŽt, après l’Îlot fermĂŠ et l’open planningÂť, une troisième ville, celle de la fragmentation de l’Îlot, tant horizontale que verticale. Ce changement de posture est traduit physiquement GDQV OH TXDUWLHU 0DVVpQD ,O SUpÂżJXUH XQH QRXYHOOH YDJXH GÂśLQterventions dans les villes françaises. Dans la mĂŠcanique du renouvellement urbain, les opĂŠrations concernent des grands espaces divisĂŠs en lots. L’architecte coordonnateur, qui dĂŠcide de la volumĂŠtrie gĂŠnĂŠrale de chaque division, voit son rĂ´le prendre de l’importance, tout comme l’architecture en gĂŠnĂŠrale. Il faut bien comprendre, que dans le contexte français, l’arrivĂŠe de l’Îlot ouvert au milieu des annĂŠes 1990 est une charnière cruciale dans la vision de la ville par les pouvoirs publics. En effet, depuis plus de vingt ans maintenant, nous composons avec les principes nĂŠs de l’idĂŠe de Christian de Portzamparc. Les principes de base qui ont conduit Ă l’Îlot ouvert me semblent tout Ă fait justes et en adĂŠquation avec notre ĂŠpoque. En effet, l’architecte dĂŠfend alors une vision d’une citĂŠ ŠRXYHUWH j OÂśDOpDWRLUHÂŞ1 dans le but d’assembler le multipleÂť1,

Le quartier MassĂŠna

donc de favoriser les diffĂŠrentes formes de mixitĂŠs. L’intention est louable et prĂŠsente une forme de cohĂŠrence, mais très vite, des dĂŠrives architecturales formalistes apparaissent et le paysage urbain perd en cohĂŠrence.

Le quartier MassÊna, proposition du Studio Bellecourt pour l’Îlot Fleur de Seine 1 | Christian de Portzamparc à propos du quartier MassÊna, http://www.christiandeportzamparc.com/fr/projects/quartier-massena/

32


ILOT FERMÉ, LA RUE PARALLÈLE

OPEN PLANING, FLOTTEMENT SPATIAL

ÎLOT OUVERT, LA RUE OUVERTE

Évolution des formes urbaines de l’îlot fermé à l’îlot ouvert

Plan du quartier Masséna par C. de Portzamparc

33


LA PEUR DE LA BARRE La France demeure marquĂŠe par le traumatisme engendrĂŠ par les grands ensembles des annĂŠes 1970-1980, qui ont produit un phĂŠnomène de ghettoĂŻsation (des populations les plus modestes), source d’insĂŠcuritĂŠ et d’exclusion. La barre a donc une image nĂŠgative qui lui colle Ă la peau, synonyme de crainte pour le peuple et les pouvoirs publics. C’est ce critère qui va amener la nouvelle production urbanistique vers une fragmentation des ĂŠlĂŠments. Cette attitude participe au soutient de l’Îlot ouvert de Christian de Portzamparc, qui devient la norme. On assiste alors Ă un phĂŠnomène dangereux pour le paysage urbain, avec une perte de l’ordre de la ville, en cause, l’apparition

LA NOUVELLE DICTATURE DE LA VARIÉTÉ Ă€ partir de MassĂŠna, une nouvelle vision du renouvellement urbain est adoptĂŠe Ă l’Êchelle du pays. Chaque ville veut son renouvellement urbain ÂŤMassĂŠnienÂť. Dès lors chaque opĂŠration aura dans son règlement une obligation de ÂŤdiversitĂŠ architecturaleÂť. Dans son livre 2 YD OD YLOOH " )RUPHV XUEDLQHV HW PL[LWpV1 Jacques Lucan illustre bien le problème de cette

d’un nouveau leitmotiv : la diversitÊ.

posture. Il cite notamment le cas de la rue Rebière dans le 17ème arrondissement de Paris en 2011, coordonnĂŠ par le groupement d’architectes TVK. Il est alors question de 185 logements divisĂŠs en 18 lots, gĂŠrĂŠs par neuf architectes. Il s’agit donc d’un grand nombre d’acteurs pour une quantitĂŠ relativement faible de productions. Il surgit un excès de variĂŠtĂŠ et une perte de lecture de la ville. L’architecture devient de plus en plus sculpturale et le statut de l’architecte perd de la force, il devient un dĂŠcorateur de volumes. Le problème majeur de ces gesticulations formelles est qu’elles deviennent universelles et appliquĂŠes Ă tout le territoire national. Une perte de contextualisation est inĂŠvitable, puisque le seul aspect contextuel de ces ouvrages rĂŠside dans l’application des règlements. Aucun ĂŠchange, dialogue, n’est mis en place avec les tissus alentours, il apparait alors une perte de l’essence mĂŞme de la ville.

La division en 18 lots de l’opĂŠration rue Rebière 1 | Jacques Lucan, 2 YD OD YLOOH " )RUPHV XUEDLQHV HW PL[LWpV ĂŠdition de la Villette, 2012

34


La diversitÊ architecturale rue Rebière

UNE ILLUSION DE LIBERTÉ CRÉATRICE Les architectes sont donc contraints, aujourd’hui de produire des objets prĂŠsentant un caractère unique dans leur expression. Il existe une illusion de libertĂŠ qui est en rĂŠalitĂŠ une contrainte et un danger pour la ville en gĂŠnĂŠral. Les règles imposĂŠes sont ELHQ VRXYHQW DXVVL VXSHUÂżFLHOOHV TXH GpYDVWDWULFHV HW XQH SHUWH de valeur du mĂŠtier de l’architecte est en train de s’opĂŠrer. En effet, la limite entre urbanisme et architecture est de plus en SOXV Ă€RXH /ÂśDSSRUW LQWHOOHFWXHO GHV DUFKLWHFWHV VH OLPLWH DX GHVsin d’une façade, alors que la recherche de variĂŠtĂŠ devrait s’effectuer Ă propos de la question typologique La sĂŠparation des rĂ´les est d’autant plus marquĂŠe. Ainsi, on assiste Ă une spĂŠcialisation des bureaux, certains sont orientĂŠs vers l’urbanisme, d’autres vers la coordination gĂŠnĂŠrale, et les derniers bâtissent. Jacques Lucan souligne ĂŠgalement dans une confĂŠrence tenue au Club Ville AmĂŠnagement1, qu’il est mal

L’opĂŠration rue Rebière

venu de voir un bureau spĂŠcialisĂŠ dans l’urbanisme se tourner YHUV OD FRQVWUXFWLRQ HW LQYHUVHPHQW /HV SRVLWLRQV VRQW ÂżJpHV HW la libertĂŠ n’est plus qu’un vague souvenir. Concernant ce travail de prĂŠparation Ă la thèse de master, on UHWLHQGUD OH Ă€pDX OH SOXV LPSRUWDQW SRXU QRXV OH FRSLDJH GHV grandes villes par les villes moyennes, par des mimiques forPDOLVWHV YLGHV GH VHQV HW ÂżQDOHPHQW WUqV LPSRSXODLUHV ,O HVW important de souligner que, concernant la rue Rebière, les architectes auteurs des bâtiments ont ĂŠtĂŠ choisis et sont reconnus pour la qualitĂŠ de leurs travaux. Cet aspect qualitatif des concepteurs ne se retrouve que très rarement au sein des villes de plus petites tailles. 1 | Jacques Lucan, ConfĂŠrence )RUPHV XUEDLQHV HW PL[LWp Paris, 2012

35


L’HÉGÉMONIE DES GRANDS GROUPES DE CONSTRUCTION ET DES INVESTISSEURS PRIVÉS La France a l’avantage de possÊder une partie des leaders mondiaux de la construction. Ces entreprises sont bien souvent sources d’avancÊes technologiques majeures et ont des moyens ¿QDQFLHUV SHUPHWWDQW OD UpDOLVDWLRQ GœRXYUDJHV LPSRUWDQWV 7RXtefois, cette puissance Êconomique, dans un territoire suivant une logique de centralisation, peut mener ces grands groupes à obtenir un monopole sur le secteur de l’immobilier et c’est ce qu’il est en train de se passer. Ainsi les opÊrations ont tendance à s’accorder avec l’Êchelle de ceux qui les commandent. C’est ainsi que, bien qu’encore marginal mais avec une image vÊhi-

Quartier Trapèze, plots de logements

culĂŠe se diffusant largement, on assiste Ă l’apparition de ce que Jacques Lucan nomme les ÂŤmacrolotsÂť. L’explication de cette notion ne nous intĂŠresse que partiellement dans le cas prĂŠsent puisque le macro-lot concerne les grandes villes, on le retrouve par exemple Ă Boulogne sur l’Île Seguin Rives de Seine, avec le quartier Trapèze. MalgrĂŠ tout, certains principes touchent l’ensemble du pays. Chaque ville veut se pourvoir d’une ÂŤvitrineÂť et a recours Ă la crĂŠation de ÂŤmini-macrolotsÂť, accompagnĂŠs des soucis inhĂŠrents Ă ce modèle. Il s’agit d’amĂŠnager de grands espaces vides en vendant des terrain Ă de grands opĂŠrateurs privĂŠs. Le tout est divisĂŠ en ĂŽlots, FKDFXQ pWDQW FRQÂżpV j XQ DUFKLWHFWH FRRUGRQQDWHXU /D VXUIDFH de rĂŠfĂŠrence devient alors l’Îlot, qui doit ĂŞtre mixte (bureaux, logements, ĂŠquipements...), et non plus la parcelle. Ainsi, l’Îlot ĂŠtant une unitĂŠ, il est traitĂŠ comme tel, avec, en gĂŠnĂŠral, un socle commun de stationnement et un dĂŠveloppement vertical de l’urbanisme Ă travers une superposition des fonctions. L’interdĂŠpendance des fonctions est Ă son paroxysme. En surface, l’Îlot s’apparente a un ensemble de plots, qui ont tendance Ă grossir et qui contiennent les problèmes liĂŠs au type. En effet, il surgit des soucis d’orientation et d’apport de lumière nĂŠcessitant un retour Ă des typologies lĂŠgitimement dĂŠlaissĂŠes (courettes). Plus inquiĂŠtant encore, la question de l’Êvolution de ces macrolots reste en suspend. Ces directions que prend la question de l’amĂŠnagement urbain est le rĂŠsultat d’une recherche de rationalisation visant Ă diminuer les coĂťts des opĂŠrations et faciliter la gestion de construction. Cette volontĂŠ vient des grands opĂŠrateurs privĂŠs qui prennent en compte uniquement leurs intĂŠrĂŞts. La puissance matĂŠrielle et dĂŠcisionnelle de ces mastodontes est quasiment inattaquable de la part des pouvoirs publics, si ce n’est les très grandes villes.

36

LA QUESTION DE L’ÉVOLUTION ET DU FONCTIONNEMENT DES BĂ‚TIMENTS DANS UN SYSTĂˆME DONT L’ÎLOT EST L’UNITÉ DE BASE Pour rĂŠsumĂŠ la situation, on assiste Ă une perte du système SDUFHOODLUH DX SURÂżW GÂśXQH XQLWp SOXV JUDQGH 3DU DLOOHXUV RQ recherche une imbrication programmatique très forte et donc très rigide. Dans ce système de conception, toute ĂŠvolution dans l’affectation des espaces devient très compliquĂŠe voir impossible. On est alors face Ă un problème fondamental Ă propos du cycle de vie des bâtiments. Selon Jacques Lucan, une partie de la rĂŠponse Ă cette question rĂŠside dans l’Êlaboration d’une structure porteuse moins rigide, Ă mĂŞme de recevoir des transformations. Plus clairement il arrive Ă la conclusion selon laquelle le mur voile en bĂŠton armĂŠ est Ă bannir. Cette solution structurelle est en effet majoritairement employĂŠ pour des question d’optimisation statique, mais offre très peu de libertĂŠs de PRGLÂżFDWLRQV SHUFHPHQWV HWF Cette interrogation concernant le cycle de vie des ouvrages, si elle semble prĂŠcise, est très fondamentale dans un cadre conceptuel gĂŠnĂŠral. Il s’agit effectivement de savoir si l’idĂŠe de la durabilitĂŠ, qui est centrale actuellement, est respectĂŠe ou non. Selon moi, un immeuble qui ne peut s’adapter aux ĂŠvolutions de la sociĂŠtĂŠ pour laquelle il est bâti, n’est en aucun cas dans une logique de dĂŠveloppement durable, quand bien mĂŞme LO DIÂżFKHUDLW GHV SHUIRUPDQFHV pQHUJpWLTXHV KRUV GX FRPPXQ D’autre part, l’augmentation de la taille de l’unitĂŠ de rĂŠfĂŠrence de conception de la ville peut ĂŞtre source de cohĂŠrence mais engendre la crĂŠation de mĂŠga-structures, dont on garde un souvenir mitigĂŠ. On peut dès lors craindre plusieurs consĂŠquences. Parmi elles, le risque de crĂŠer des isolats dans un tissus homogène, mais aussi, l’augmentation de la taxe foncière, proportionnellement Ă la taille des ouvrages. Il dĂŠcoule automatiquement de cette augmentation des coĂťts, un gèle du marchĂŠ immobilier en raison d’une revente impossible et une impossibilitĂŠ pour les PpQDJH GÂśDVVXPHU ÂżQDQFLqUHPHQW OHXUV ELHQV


Quartier Trapèze

LE RENOUVEAU DES MÉGA-STRUCTURES Comme dit prĂŠcĂŠdemment, nous assistons Ă un regain d’intĂŠrĂŞt pour les mĂŠga-structures. Jacques Lucan cite l’architecte parisien Michel Holley, qui est l’auteur de plusieurs gros ouvrages dans les annĂŠes 1950-1960, notamment avec le quartier Front de Seine. Ces constructions semblent en dĂŠcalage avec notre vision de la ville d’aujourd’hui puisqu’elles sont en plein dans la logique de l’avènement de l’automobile. Actuellement, nous recherchons une conjugaison entre mĂŠga-structure et urbanisme ÂŤvertÂť. Il existe alors un changement radical de paradigme dans la notion de rapport au sol et du dĂŠveloppement urbanistique vertical. En effet, comme nous pouvons le voir sur le schĂŠma FL FRQWUH 0LFKHO +ROOH\ FRQoRLW XQ XUEDQLVPH VXU GDOOH DÂżQ de libĂŠrer le sol en faveur de la circulation. Dans le cas des nouvelles mĂŠga-structures, on remarque que les cages de circulations verticales sont continues jusqu’au sol. On offre alors un rapport direct entre l’usager de l’immeuble et la rue. On a donc abaisser le niveaux de vie de rĂŠfĂŠrence. Dans le mĂŞme temps, on remarque une rĂŠcurrence de la conceptions paysagère verticale, par le biais de jardins ÂŤsuspendusÂť, qui sont en rĂŠalitĂŠ des paysages sur dalles. Ces systèmes de vĂŠgĂŠtations sur structure sont d’autant plus obligatoires que les socles de parkings communs sont devenus la norme. Ceci est un problème de le traitement des sols relatif Ă la question des permĂŠabilitĂŠs en lien avec la gestion de l’eau. 37


Š /œDUFKLWHFWXUH OH SOXV LQFRPSULV HW OH SOXV RXEOLp GHV DUWV

Il est important de souligner que la situation concernant le

GÂśDXMRXUGÂśKXL HQ HVW SHXW rWUH DXVVL OH SOXV P\VWpULHX[ HW OH SOXV

concours d’architecture dans les villes moyennes, comme An-

1

nourri d’idÊes. 

LA DISPARITION DES CONCOURS D’ARCHITECTURE La situation des architectes en France est très ironique. En effet, une loi votĂŠe en 1977 dĂŠclare la crĂŠation architecturale ÂŤd’intĂŠrĂŞt publicÂť. La profession est très protĂŠgĂŠe par le Conseil National de l’Ordre des Architectes (CNOA), et pourtant, le mĂŠtier est de plus en plus dĂŠvalorisĂŠ et se trouve en situation de pĂŠril. On trouve ainsi, sur le site internet du SĂŠnat, des rapports d’information alarmants : Š/D FULVH GH OÂśDUFKLWHFWXUH QH VH OLPLWH SDV HQ )UDQFH GH QRV MRXUV DX[ GLIÂżFXOWpV pFRQRPLTXHV TXH WUDYHUVHQW OHV DUFKLWHFWHV HW OHV VRFLpWpV GÂśDUFKLWHFWXUH &H PDODLVH pFRQRPLTXH QÂśHVW DX FRQWUDLUH TXH OH V\PSW{PH GÂśXQH FULVH SOXV ODUJH QRWUH SD\V VRXIIUH HQ UpDOLWp GÂśXQ SURIRQG GpÂżFLW GÂśDPELWLRQ FXOWXUHOOH DX VHQV ODUJH GX WHUPH HW RX HQ PDWLqUH GÂśH[LJHQFH DUFKLWHFWXUDOH HW GH TXDOLWp GX FDGUH GH YLH DORUV TXÂśLO \ D SDU DLOOHXUV WRXWH UDLVRQ GH FURLUH TXH OH SRWHQWLHO GH UpSRQVH HW GH FUpDWLYLWp H[LVWH HW SHXW rWUH PRELOLVp ÂŞ

necy, est dÊjà inquiÊtante, puisque la mise en concurrence par la compÊtition se fait aussi rare que les constructions mÊdiocres se font nombreuses. Pour mieux comprendre la situation de l’architecture en France, il me semble bon de prendre connaissance du Livre Blanc des $UFKLWHFWHV 2 notamment de la page dix de l’ouvrage, qui rÊsume le contexte prÊsent. Il est Êgalement intÊressant de lire le rapport d’information du SÊnat3.

$X ÂżO GHV DQQpHV OÂśLPSRUWDQFH GHV DUFKLWHFWHV GpFURvW /D ORL de 1977 rendait obligatoire le recours Ă un architecte pour des projets d’une importance minimale, les plus petits en ĂŠtaient libĂŠrĂŠs mais devait passer, avant d’être acceptĂŠs, devant une commission d’expert du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement (CAUE), en 1981 cette obligation est supprimĂŠe. Depuis, les procĂŠdures visant Ă abaisser l’importance de l’architecte se multiplient et rĂŠcemment, en 2015, une ordonnance relative aux directives europĂŠennes sur les marchĂŠs publics, DXUDLW pWp VRXPLVH DX &RQVHLO GÂś(WDW (OOH VWLSXODLW OD ÂżQ GH l’obligation de recours au concours d’architecture pour les marchĂŠs publics, quels que soient les montants des projets. Heureusement cette proposition a ĂŠtĂŠ rejetĂŠe, mais des nouvelles formes d’appel Ă la candidature apparaissent. Ă€ la diffĂŠrence du concours classique, elles n’ont rien d’anonyme, comme le dialogue compĂŠtitif, par exemple (Code des MarchĂŠs Publics [CMP], Art. 36), le marchĂŠ promotion-conception, le marchĂŠ conception-rĂŠalisation, ou les autres formes de marchĂŠs globaux. Le danger pour la qualitĂŠ des crĂŠations architecturales est très ĂŠlevĂŠ, les opĂŠrations d’envergures seront, bien ĂŠvidemment, GDQV OHXU SOXV ODUJH PDMRULWp FRQÂżpHV j GHV JUDQGV RSpUDWHXUV privĂŠs, dont les dirigeants ont une force de dĂŠcision bien plus importante que les collectivitĂŠs. 2 | Jean-François Susini, François PĂŠlegrin, Patrick Colombier, Le Livre Blanc des $UFKLWHFWHV CNOA, 2004 /LHQ OLEUH DFFqV KWWS V\QGLFDW DUFKLWHFWHV IU ÂżOHV /LYUH%ODQF$UFKL pdf 1 | Guy de Maupassant, /D YLH HUUDQWH Gallimard, 1890 (parution 2000)

38

3 | SĂŠnateur Yves Dauge, Rapport d’information, sĂŠance du 16 novembre 2004 Lien libre accès : https://www.senat.fr/rap/r04-064/r04-0640.html


Dessins satiriques par Mix et Remix, pour la revue TracĂŠs

39


VILLE COMPACTE ET URBANISATION AUTOUR DES PĂ”LES DE MOBILITÉ LA VILLE INDUSTRIELLE, UN MODĂˆLE OBSOLĂˆTE Le XXème siècle a ĂŠtĂŠ marquĂŠ par un urbanisme fonctionnel, en rĂŠponse Ă une forte augmentation dĂŠmographique dans les villes, notamment industrielles, en lien ĂŠgalement avec l’avènement de l’automobile. Il en a rĂŠsultĂŠ un ĂŠtalement du tissu urbanisĂŠ, en adĂŠquation avec un concept de zonage et la possibilitĂŠ de se dĂŠplacer facilement en autonomie. Actuellement, on constate que l’expansion horizontale ne fonctionne que pour une population qui n’Êvolue pas dĂŠmographiquement, ne vieillit pas, et qui n’a donc pas le soucis de devoir se rapprocher des commoditĂŠs de services. Par ailleurs, ce modèle correspond Ă une ville de croissance, ayant un accès illimitĂŠ aux ressources fossiles. Cependant, la rĂŠalitĂŠ est toute autre, en effet, entre les annĂŠes 1970 et 2000, la consommation ĂŠnergĂŠtique Ă a doublĂŠ et on estime que les rĂŠserves en gaz naturel HW SpWUROH VHURQW pSXLVpHV DYDQW OD ÂżQ GX ;;,ème siècle. Le point d’Êquilibre entre la distance des dĂŠplacements et l’inWpUrW ÂżQDQFLHU GÂśXQ FHUWDLQ pORLJQHPHQW DFFqV j OD SURSULpWp a ĂŠtĂŠ trouvĂŠ il y a une cinquantaine d’annĂŠes. Il est mis aujourd’hui en pĂŠril, puisque, si l’accession Ă la propriĂŠtĂŠ est plus grande en pĂŠriphĂŠrie que dans les centres urbains, les coĂťts de dĂŠplacement sont eux de plus en plus ĂŠlevĂŠs. Il y a donc de moins en moins d’avantages Ă s’Êloigner des cĹ“urs de villes. Ceci est d’autant plus vrai que les qualitĂŠs de dĂŠplacement dĂŠcroissent fortement (embouteillages...) et la ville ĂŠtendue a abaissĂŠ le niveau de mobilitĂŠ quant Ă l’accès aux rĂŠalitĂŠs urbaines. Elle est, en effet, synonyme d’une organisation fonctionnelle composĂŠe de quartiers commerciaux et faubourgs dortoirs. De ce fait, la qualitĂŠ de vie n’y est pas très exaltante. D’un point de vue global, on peut dire que l’Êvolution de la ville au siècle passĂŠ a abouti Ă une citadinitĂŠ qui n’est pas satisfaisante, et qui ne pousse pas les gens Ă habiter les centres.

Ville ĂŠtalĂŠe et mitage territorial : Magny-le-Hongre (77)

40

VERS UNE VILLE DURABLE... Des ĂŠtudes montrent que 70% de la population mondiale habitera en ville Ă l’horizon 2050, soit environ six milliards d’individus. On ne peut alors plus considĂŠrer la ville diffuse comme un modèle envisageable. Ce concept n’est en aucun cas compatible avec la notion d’urbanitĂŠ durable. Plusieurs ĂŠlĂŠments vecteurs de durabilitĂŠ ne peuvent fonctionner avec un urbanisme très ĂŠtendu : - Il surgit des problèmes de dĂŠplacement puisque la ville ĂŠtendue est bâtie sur l’essor du transport individuel qui coĂťte de plus en plus cher. D’autre part, il consomme une grande part des ĂŠnergies fossiles non renouvelables et est responsable de beaucoup des ĂŠmissions de gaz Ă effet de serre. - La ville non compacte est très gourmande en territoire et notamment en terres agricoles, elle met donc en pĂŠril OD ELRGLYHUVLWp GH SUR[LPLWp /ÂśDUWLÂżFLDOLVDWLRQ GHV HVSDFHV SDU l’urbanisation entraĂŽne une rarĂŠfaction des sols permĂŠables et perturbe ainsi le cycle de l’eau, elle provoque ĂŠgalement bien GÂśDXWUHV PRGLÂżFDWLRQV FOLPDWLTXHV (OOH DIIHFWH SDU H[HPSOH la vĂŠgĂŠtation et provoque des nuisances sonores, qui, additionnĂŠes au manque de lumière et aux constructions en sous-sol empĂŞchent le dĂŠveloppement de milieux naturels dense. On assiste alors Ă une volontĂŠ de re-maĂŽtriser le dĂŠveloppement urbain tout en limitant son emprise au sol. La ville compacte devient alors un modèle viable pour la ville de demain.

Les enjeux de la ville durable ... VERS UNE VILLE COMPACTE /D YRORQWp DFWXHOOH GHV SODQL¿FDWHXUV GX WHUULWRLUH HVW GœDJLU globalement sur l’urbanisation pour contenir la ville. On FKHUFKH j OLPLWHU OH WUD¿F DXWRPRELOH TXL FRQJHVWLRQQH OHV Upseaux, et à stopper sa croissance prÊvisible. Pour ce faire, on cherche un renouveau de proximitÊ. La compacitÊ est alors, pour moi, le seul concept à même de tenir la promesse d’une citÊ renouvelÊe, synonyme de prospÊritÊ. Toutefois, selon la vision collective, et à juste titre, habiter en YLOOH DXMRXUGœKXL HQJDJH j GHV VDFUL¿FHV OLpV QRWDPPHQW DX stress et aux nuisances variÊes, qui vont souvent de paires avec un densitÊ non maÎtrisÊe.


Cette notion de compromis touche un point essentiel de ce que doit ĂŞtre la ville du XXIème siècle. Elle doit parvenir Ă changer la perception qu’a d’elle la population en lui proposant des expĂŠriences urbaines sensibles, adaptĂŠes Ă l’Êchelle humaine. ,O VÂśDJLW DORUV GÂśHQYLVDJHU XQH SODQLÂżFDWLRQ GX VXEMHFWLI TXL concerne, non seulement les densitĂŠs, mais aussi la mobilitĂŠ et les notions de mixitĂŠ. Plus clairement, il faut pourvoir l’espace d’ÊvĂŠnements sensibles. Pour cela, il me semble que le modèle d’une ville compacte, permettrait une intensitĂŠ urbaine, telle qu’on peut la retrouver dans les centres les plus exaltants. DÉVELOPPER ET RENOUVELER LE TISSU URBAIN VERS L’INTÉRIEUR, DEPUIS LES CENTRALITÉS En suivant le concept d’une ville de proximitĂŠ, il m’apparaĂŽt le plus pertinent, de dĂŠvelopper et renouveler l’espace depuis les zones prĂŠsentant une grande diversitĂŠ de services, en lien avec la vie urbaine. Il est alors question de dĂŠvelopper le tissu existant, qui fonctionne, en s’adaptant au cas par cas, pour rĂŠpondre Ă des besoins concrets. Il est inĂŠvitable, donc, de procĂŠder Ă un dĂŠveloppement de la ville vers l’intĂŠrieur de ses frontières, pour ĂŠviter un gaspillage de territoire. Il est important de souligner que dĂŠvelopper la ville selon une idĂŠe de compacitĂŠ est adaptĂŠ au ville de taille moyenne, en effet, il serait illusoire de penser Tokyo comme ayant une centralitĂŠ unique. Dans le cas de ces mĂŠtropoles, le modèle sans doute le plus viable est celui de la ville ÂŤmultinuclĂŠaireÂť, qui permet une rĂŠelle proximitĂŠ des services et d’intensitĂŠ urbaine et sociale. URBANISER AUTOUR DES PĂ”LES DE MOBILITÉ Les pĂ´les de mobilitĂŠ, marquĂŠs par les gares, sont bien souvent le centre nĂŠvralgique des villes. Cette logique s’accentue avec l’utilisation croissante des transports publics et en commun. De plus en plus, les anciennes gares ferroviaires et routières se voient transformĂŠes en ÂŤpĂ´les d’Êchanges multimodauxÂť. 3DU FH TXDOLÂżFDWLI RQ HQWHQG UHJURXSHU HQ XQ SRLQW OÂśHVVHQWLHO des services de mobilitĂŠ urbaine et extra-urbaine. Ils deviennent alors vecteurs de dĂŠveloppement urbain tant leur rĂ´le est mis en avant. En effet, ils donnent au quartier qu’ils occupent, une valeur nouvelle, et deviennent de vĂŠritables lieux d’attraction. On a pu voir ce phĂŠnomène ĂŠmergĂŠ Ă Tokyo il y a vingt ans. ActuelOHPHQW OD UHTXDOLÂżFDWLRQ GH OÂśHVSDFH XUEDLQ DXWRXU GHV JDUHV concerne un nombre grandissant de projets, comme notamment le Grand Genève ou le Grand Paris. Dès lors, il convient d’intĂŠgrer les gares ou pĂ´le d’Êchange dans le tissu de la ville. L’objectif est de convertir les pĂ´les de mobilitĂŠ en de nouvelles centralitĂŠs plus fortes. Les potentiels de dĂŠveloppement urbains que dĂŠveloppent ces nĹ“uds de communication sont très vastes, tant ils permettent, le fonctionnement et l’installation, Ă proximitĂŠ, de nouveaux services, logements, bureaux, parkings etc...

/HV JDUHV GX *UDQG 3DULV HW SURMHWV GH GHQVLÂżFDWLRQ LA SNCF DANS LE RENOUVELLEMENT URBAIN La SNCF possède un patrimoine foncier et immobilier colossal en raison de la très importante emprise de ses rĂŠseaux sur le territoire. Cependant, depuis 1997 et la crĂŠation de RFF (RĂŠseaux FerrĂŠs de France), une partie de ses biens lui a ĂŠtĂŠ retirĂŠ et la prĂŠsence des deux groupes, ayant chacun ĂŠtabli un cadastre, FRPSOH[LÂżDLW WRXWH RSpUDWLRQ LPPRELOLqUH /HV UHWRPEpHV Âżnancières, issues de son patrimoine ĂŠtaient essentiellement dues Ă la cession de terrains. En 2014, la RĂŠforme Ferroviaire a ĂŠtĂŠ adoptĂŠe et les deux opĂŠrateurs ont pu fusionner. Ainsi, le regroupement du patrimoine a pu aboutir Ă une vision d’ensemble pour la gestion de leurs actifs fonciers et immobiliers. C’est donc en 2015 que la branche Š61&) LPPRELOLHUÂŞ HVW QpH GDQV OH EXW GH WLUHU SOXV GH SURÂżW de leurs richesses. L’objectif est, Ă l’image des CFF en Suisse, de multiplier les opĂŠrations immobilières et de les gĂŠrer en interne. SNCF-Immobilier envisage la construction de 3000 logements par an, pour contribuer Ă l’ŠHIIRUW QDWLRQDOÂŞ1 contre la crise du logement. On peut donc facilement envisager que les collectivitĂŠs ne parviendront plus Ă acheter les surfaces Ă bâtir de la compagnie et le risque d’une perte encore plus grande de la mise au concours des interventions sera ĂŠlevĂŠ. En effet, si l’on se penche plus près de la question des pĂ´les d’Êchange, on remarque qu’un bureau d’architectes est le concepteur quasi exclusif des infrastructures. Il s’agit de l’AREP, qui a ĂŠtĂŠ fondĂŠ au sein de la SNCF en 1997. Le modèle centralisĂŠ français n’est apparemment pas en perte de vitesse...

1 | Sophie Boissard, directrice gÊnÊrale dÊlÊguÊe de la SNCF (à la date de l’article), /D 61&) YHXW PLHX[ YDORULVHU VRQ LPPRELOLHU Le Monde Économie, 07.11.2014

41


LA QUESTION DES MIXITÉS LA MIXITÉ PROGRAMMATIQUE Selon moi, actuellement, la mixité programmatique est une évidence lorsqu’il s’agit de constituer ou de prolonger le tissu urbain dense d’une ville. La véritable question est, je pense, TXHO QLYHDX GH GLYHUVL¿FDWLRQ GH SURJUDPPHV IDXW LO HPSOR\HU et comment la mettre en œuvre ? Plus clairement il s’agit de Gp¿QLU XQH MXVWH PHVXUH j OD PL[LWp De plus en plus de projets, notamment dans les pays nordiques ou asiatiques, se matérialisent par des gros bâtiments hybrides UHJURXSDQW XQH IRXOHV GH IRQFWLRQV WUqV GLYHUVL¿pHV /D WHQdance des projets d’écoles est également à la combinaison programmatique complexe. L’un des exemples marquant de ces ouvrages est le Linked Hybrid de Steven Holl à Pékin. Il s’agit là d’une grosse machine contenant 644 logements, des espaces verts, des espaces commerciaux, un hôtel, une cinémathèque, une école, des crèches ainsi qu’un parking souterrain, le tout pour une surface d’environ 222’000 mètres carrés. Comme tout ce qui est spectaculaire en architecture, ce projet véhicule l’image de la mixité fonctionnelle et on a tendance à oublier un peu vite qu’il existe un entre deux, qui à fait l’histoire des villes européennes. Sans remettre en cause les qualités de ce genre d’événements architecturaux, je pense qu’il est nécessaire d’adapter au cas par cas, en fonction des objectifs, à la fois le degré et l’aspect quantitatif de la mixité fonctionnelle mais également la morphologie des constructions pour la mettre en place.

Linked Hybrid, Steven Holl architects (2009)

Diagramme des fonction du Linked Hybrid, Steven Holl architects (2009) 42


LA MIXITÉ PROGRAMMATIQUE POUR INTENSIFIER SOCIALEMENT L’ESPACE 'XUDQW PRQ WUDYDLO GH UHFKHUFKH SRXU OH 3URÂżOH 6HDUFK MÂśDL ĂŠtudiĂŠ la mixitĂŠ fonctionnelle Ă Tokyo, mais en interrogeant le sujet Ă travers des problĂŠmatiques globales, qui concernent particulièrement la ville occidentale et donc l’espace urbain français. L’une des questions que je me suis alors posĂŠ ĂŠtait : comment la mixitĂŠ fonctionnelle peut-elle gĂŠnĂŠrer de l’intensitĂŠ sociale de manière continue ? Autrement dit, comment gĂŠnĂŠUHU GHV Ă€X[ GH SHUVRQQHV UpJXOLHUV -ÂśDL DORUV SX UHPDUTXHU une systĂŠmatique dans les cas ĂŠtudiĂŠs oĂš la multifonctionnalitĂŠ IDLVDLW RIÂżFH GÂśDFWLYDWHXU &RQWUDLUHPHQW j FH TXH OÂśRQ SRXUUDLW SHQVHU LO QH VXIÂżW GÂśRUJDQLVHU XQ V\VWqPH WUDYDLO ORLVLUV ORJHment pour crĂŠer une micro-sociabilitĂŠ. En règle gĂŠnĂŠrale, il faut un programme qui prĂŠsente un aspect ÂŤexceptionnelÂť (dans le VHQV TXL DWWLUH XQ Ă€X[ GH SHUVRQQHV SOXV RX PRLQV FRQVWDQW pour donner un attrait au projet et attirer les usagers. Cette gĂŠQpUDWLRQ GH Ă€X[ SDU UpSHUFXVVLRQ YD SHUPHWWUH DX[ DXWUHV SURJUDPPHV GÂśDYRLU XQH IUpTXHQWDWLRQ VXIÂżVDQWH SRXU SHUGXUHU Un exemple -Ă l’Êchelle de Tokyo- que j’ai pu analysĂŠ est la Tokyo Sky-Tree. Cette tour, Ă la base un ouvrage technique (une antenne de radiodiffusion), s’est vue pourvoir d’un restaurant panoramique et un point de vue Ă son sommet. Cette affectation a attirĂŠ un grand nombre de personnes, elle a gĂŠnĂŠrĂŠ un Ă€X[ &HWWH PDVVH GÂśXVDJHUV QH SRXYDQW SDV PRQWHU DX VRPPHW de la tour en mĂŞme temps, les opĂŠrateurs privĂŠs ont alors imagiQp WRXW XQ SURJUDPPH PXOWLIRQFWLRQQHO DX SLHG GH OÂśpGLÂżFH H[ceptionnel pour faire patienter les gens. Ainsi les programmes ÂŤcourantsÂť fonctionnent grâce au programme exceptionnel qui attire les touristes. Cette programmation seule n’aurait pas ĂŠtĂŠ rentable sans l’ÊvĂŠnementÂť de la Sky-Tree. Cet exemple est très particulier mais le mĂŠcanisme prĂŠsente une systĂŠmatique de fonctionnement, que je pense bonne Ă retenir lors de la programmation d’un ensemble mixte, l’ÊvĂŠnement exceptionnel pouvant ĂŞtre Ă l’Êchelle plus commune.

La Tokyo Sky-Tree et son socle programmatique

Coupe programmatique (PS2) 43


LA MIXITÉ PROGRAMMATIQUE ET L’ASPECT DURABLE Dans une logique de dĂŠveloppement durable et dans une intervention en milieu urbain, la mixitĂŠ fonctionnelle est une obligation. Toutefois, il convient d’Êclaircir les raisons de pourquoi un mĂŠlange de programmes rend-il la ville meilleure d’un point de vue environnemental, ĂŠconomique et social. Tout d’abord, le concept rĂŠpandu qui lie la mixitĂŠ programmatique et le dĂŠveloppement durable est celui de la proximitĂŠ. En effet, en terme de mobilitĂŠ, la ville dite de ÂŤcourtes distancesÂť, diminue l’impact des dĂŠplacements, qu’ils soient en transports en commun ou en vĂŠhicules particuliers. La mixitĂŠ programmatique vise donc une limitation des ĂŠmissions de gaz Ă effet de serre. D’autre part elle permet une rĂŠgĂŠnĂŠration ĂŠconomique, dans une optique de rĂŠduction des inĂŠgalitĂŠs territoriale. Elle a donc pour but d’uniformiser le territoire, cette notion est notamment valable dans les RSpUDWLRQV GH UHQRXYHOOHPHQW XUEDLQ (QÂżQ HOOH FRQIqUH XQ FDUDFtère plus ÂŤvivantÂť aux espaces qu’elle concerne. Je ne reviendrai pas sur ce point qui a ĂŠtĂŠ explicitĂŠ prĂŠcĂŠdemment. Concernant l’aspect environnemental, je trouve rĂŠducteur le fait de limiter les apports positifs de la mixitĂŠ fonctionnelle Ă la l’aspect de la mobilitĂŠ. En effet, l’ouvrage Yes is more1, rĂŠdigĂŠ par le bureau danois BIG, prĂŠsente un de leur projet -utopique- nommĂŠ ÂŤLittle DenmarkÂť, dans lequel les architectes poussent la mixitĂŠ programmatique et le concept environnemental et ĂŠconomique beaucoup plus loin. Dans ce cas, ils combinent astucieusement les SURJUDPPHV SRXU TXH FKDFXQ SXLVVH SURÂżWHU GH OÂśpQHUJLH FUppH SDU le programme voisin. Par exemple, une partie du projet contient un hĂ´tel avec piscine et un supermarchĂŠ. Le mĂŠlange des fonctions est alors directement liĂŠ Ă un concept ĂŠnergĂŠtique. En effet, les rĂŠfrigĂŠrateurs du supermarchĂŠ, qui produisent ĂŠnormĂŠment de chaleur, transmettraient cette dernière aux bassins, qui plongeraient jusqu’aux espaces de vente crĂŠant ainsi un lien social. Bjarke Ingels parle alors de design ŠpFRORPLTXHÂŞ2 . Cette dĂŠmarche est de plus en plus souvent utilisĂŠe dans des cas concrets. Prochainement, Ă Paris, un ensemble de logements et bureaux va voir le jour, ces besoins de chauffage seront en partie couverts par l’utilisation de la chaleur des serveurs informatiques de la partie administrative.

Combinaison de programmes ÂŤLittle DenmarkÂť, BIG (2004)

ÂŤLittle DenmarkÂť, BIG (2004)

Concept ĂŠnergĂŠtique, ÂŤLittle DenmarkÂť, BIG (2004) 1 | BIG, <HV LV PRUH Taschen, 2009 2 | Ibidem p.50

44


LA MIXITÉ ET L’ÉVOLUTION PROGRAMMATIQUE Comme dit précédemment, l’imbrication de programmes pose la question du renouvellement de ceux-ci dans le temps. En effet, dans une logique, là-encore, de durabilité, il, est nécessaire que les immeubles, dans leur cycle de vie, parvienne à s’adapter aux changements d’affectations qu’ils peuvent connaître. Cette notion doit avoir une conséquence sur la morphologie du bâti et les espaces mutualisés. À l’échelle de l’architecture, la notion structurelle, est cruciale. Dans le projet de l’écoquartier de la Jonction à Genève, les architectes ont eu pour mission de plancher sur des structures ÀH[LEOH SHUPHWWDQW XQH ÀH[LELOLWp W\SRORJLTXH /H EXUHDX 'UHLHU Frenzel a alors proposé, dès le stade du concours, une solution de structure ossaturée de type poteaux-dalles. Cette posture allait également dans le sens d’une démarche participative avec les futurs habitants du quartier. Cette position structurelle a été tenue jusqu’à l’exécution de l’ouvrage. Malheureusement, en France, où les opérateurs privés cherchent avant tout l’économie, à la fois, de temps, d’argent et de moyens, ces propositions GH V\VWqPH SRQFWXHOV VRQW VRXYHQW DEDQGRQQpHV DX SUR¿W GH voiles en béton armé.

Projet pour l’écoquartier de la Jonction, Genève, Dreier Frenzel (2015)

45


LA MIXITÉ SOCIALE LĂ encore, il me semble que l’idĂŠe de mixitĂŠ sociale dans les nouvelles opĂŠrations urbaines fait consensus, si l’on excepte les rĂŠcent propos de Patrik Schumacher, tenus Ă Berlin en novembre dernier, lors du World Architecture Festival, et dans lesquels il prescrit, pour Londres, l’abolissement de toute forme de logement social et subventionnĂŠ, ainsi que l’arrĂŞt des encadrements de loyers. Pour l’instant, les idĂŠes de M. Schumacher n’ont pas atteint la France et la notion de mĂŠlange des classes est encore d’actualitĂŠ, notamment grâce Ă la loi relative Ă la SolidaritĂŠ et au Renouvellement Urbain (SRU). Il s’agit d’un texte promulguĂŠ en 2000, qui impose aux communes françaises d’introduire au minimum 20% de logements sociaux dans les nouvelles opĂŠrations immobilières. Depuis 2013, ce niveau a ĂŠtĂŠ augmentĂŠ Ă 25% pour les villes de plus de 3’500 habitants. Toutefois, la notion est lĂŠgislativement, plus ancienne que la loi SRU. Il faut remonter en 1991 avec la Loi d’Orientation pour la Ville (LOV), qui intĂŠgra le concept de mixitĂŠ social dans un cadre lĂŠgislatif. Comme le souligne un article du Laboratoire d’urbanisme insurrectionnel, la vĂŠritable mixitĂŠ sociale est un mythe puisqu’on ne peut pas nier des ÂŤVSpFLÂżFLWpV FXOWXUHOOHV HW VRFLDOHVÂŞ1, il existe et existera sans doute toujours un ÂŤentre-soiÂť2. On doit toutefois, je pense, garder dans l’esprit de viser un brassage social. Architecturalement et urbainement, on ne peut pas rĂŠellement thĂŠoriser sur le sujet, il s’agit de questions essentiellement politiques. La consĂŠquence, positive, de la mise en place d’une mixitĂŠ soFLDOH HW XQH UHFKHUFKH GH GLYHUVLÂżFDWLRQ W\SRORJLTXHV GDQV XQ ensemble construit. Par ailleurs, la volontĂŠ d’une accession Ă des logements moins chers peut amener Ă de nouvelles façons d’habiter, lesquelles sont porteuses de nouveaux enjeux, tant au niveau de la typologie des espaces communs que des espaces de rĂŠsidence. Je pense notamment aux logements coopĂŠratifs, qui peuvent ĂŞtre source d’expĂŠrimentations spatiales.

La ÂŤcohabitationÂť sociale au XIXème siècle 1 | Hacène BELMESSOUS, 0L[LWp VRFLDOH XQH LPSRVWXUH UHWRXU VXU XQ P\WKH IUDQoDLV Centre de Ressources Politiques de la Ville en Essonne, Laboratoire d’urbanisme insurrectionnel 2006 2 | Ibidem

46


B3-a Dusapin Leclerc architectes Logements libres

B3-e Chaix et Morel architectes Logements libres

B3-b Lacaton et Vassal architectes Logements sociaux sur rue Logements libres dans tourette

B3-c Philippe Dubus architectes Logements sociaux

B3-f Robain et Guieysse architectes Logements libres Logements sociaux

B3-d Naud et Poux architectes Bureaux, activités, commerces

B3-g Lipsky et Rollet architectes Logements libres Logements sociaux Commerces

L’affectation des bâtiments dans l’îlot B3, Boulogne-Billancourt, ZAC Seguin-Rives-de-Seine, Le Trapèze (2006)

47


LA QUESTION DES DENSITÉS DES DENSITÉS ,O HVW LPSRUWDQW GH FRQVLGpUHU TXH OH WHUPH GHQVLÂżFDWLRQ GDQV un contexte de renouvellement urbain et de projet de la ville du XXIème siècle , est une forme d’emploi gĂŠnĂŠrique du mot. En effet, l’espace urbain est très complexe et est composĂŠ d’une foule de composantes, Ă la fois architecturales, urbanistiques mais aussi sociologiques. Pour rĂŠsumer grossièrement la situation, on peut dire que l’objectif de la ville de demain est de conquĂŠrir Ă nouveau les populations qui l’ont dĂŠlaissĂŠe au cours du siècle dernier, tout en respectant les contraintes climatiques imposĂŠe par une situation de crise environnementale pesante. Ces quelques lignes soulèvent, selon moi une sĂŠrie de problĂŠmatiques liĂŠes Ă diffĂŠrentes densitĂŠs. Tout d’abord, la notion ĂŠvidente de la densitĂŠ est celle reprĂŠsentant, de façon quantitative, le niveau d’occupation d’un espace GpÂżQLW HQ pWDEOLVVDQW OH UDSSRUW GH VXUIDFHV GH SODQFKHUV EkWLHV VXU OD VXUIDFH GX VLWH /D QRWLRQ GH GHQVLÂżFDWLRQ VÂśHVW ORQJWHPSV arrĂŞtĂŠ Ă cette ĂŠvaluation numĂŠrique. Ă€ l’heure actuelle, beauFRXS GÂśDXWUHV VXEVWDQFHV VÂśDMRXWHQW SRXU HQÂżQ DERXWLU j XQH vision qualitative des espaces urbains. On parle ainsi de densitĂŠs pour chaque affectation, par exemple, pour chaque opĂŠration, il faut ĂŠtablir un diagnostique prĂŠcis des besoins quantitatifs de logements, de commerces, d’Êquipements divers, d’infrastructures ou encore de bureaux. Le but est d’arriver Ă synthĂŠtiser les besoins en fonction des caractĂŠULVWLTXHV GH OD ]RQH GH SURMHW SRXU GpÂżQLU OHV QLYHDX[ GH FKDTXH densitĂŠ.

L’OBJECTIF D’UNE DENSIFICATION DU BĂ‚TI VECTRICE DE SOCIABILITÉ ,O HVW pYLGHQW TXH OD GHQVLÂżFDWLRQ HVW XQ HQMHX PDMHXU GX UHQRXvellement urbain puisqu’il en est le prĂŠtexte principal. Comme le souligne l’APUR $WHOLHU 3DULVLHQ GÂś8UEDQLVPH GHQVLÂżHU est particulièrement obligatoire pour les villes qui connaissent une stagnation ou une baisse de leur nombre d’habitants. Dans un rapport d’Êtude1, il souligne le fait que la densitĂŠ a toujours une image nĂŠgative dans l’imaginaire collectif. Ils ont alors effectuĂŠ un travail visant Ă rĂŠpondre Ă plusieurs questions concernant cette vision de la ville dense. Leur mĂŠthode est simple, ils ont menĂŠ des interviews dans quatre quartiers de Paris prĂŠsentant des niveaux de densitĂŠs diffĂŠrents. On peut se servir de ce travail comme support thĂŠorique pour comprendre quelle intensitĂŠ de densitĂŠ et quelles composantes de cette intensitĂŠ favorisent un cadre de vie de qualitĂŠ. Par ailleurs, le bureau d’architectes lausannois Tribu Architecture a publiĂŠ un travail de recherche intitulĂŠ ÂŤQuelle densitĂŠ "ÂŞ2. Cette ĂŠtude s’intĂŠresse au cas de la rĂŠgion de Lausanne et peut nous apporter quelques informations sĂŠrieuses pour tenter de formaliser un schĂŠma d’idĂŠe pour ĂŠvaluer quelle serait la ÂŤbonne densitĂŠÂť.

1 | APUR, 4XHOOH IRUPH XUEDLQH SRXU TXHOOH GHQVLWp YpFXH ", Juin 2003 2 | Tribu Architecture, 4XHOOH GHQVLWp " Janvier 2012

48


RAPPORT ENTRE DENSITÉ, SOCIABILITÉ ET FORME URBAINE L’Êtude de l’APUR est intĂŠressante de par l’accent qu’elle met sur la comparaison de quartiers prĂŠsentant des densitĂŠs diffĂŠrentes, mais aussi et surtout des formes urbaines et des ĂŠpoques de construction variĂŠes. De plus, l’intĂŠrĂŞt est portĂŠ sur les ressentis des usagers. J’affectionne particulièrement cette GpPDUFKH HOOH UHMRLQW PRQ DSSURFKH ORUV GX SUHPLHU 3URÂżOH Search, et offre Ă comprendre ce qu’attendent les habitants de OD SDUW GHV SODQLÂżFDWHXUV Il est important, pour des questions de prĂŠcision, de connaĂŽtre les quartiers analysĂŠs dans l’Êtude : - Rochechouart (9ème), tissu urbain ancien (80% avant 1915), COS net : 4.5 - Roquette (11ème), tissu faubourien, COS net : 3.4 - Jean d’Arc (13ème), tissu annĂŠes 60,70 avec des opĂŠrations successives jusqu’à aujourd’hui, COS net : 3.15 - Falguière (15ème), tissu annĂŠes 60, COS net : 1.93 Les rĂŠsultats prĂŠsentent des ĂŠcarts entre les densitĂŠs mesurĂŠes, objectives et les ressentis des habitants. Dans les quartiers Jeanne d’Arc et Falguière, l’impression d’une surpopulation et d’un trop grand nombre d’immeubles est prĂŠsente, alors que les COS de ces deux zones sont les plus faibles, en particulier dans le secteur du 15ème arrondissement. L’Êtude montre que la hauWHXU REMHFWLYH GHV EkWLPHQWV IDLW RIÂżFH GÂśpOpPHQW PDMHXU GDQV la perception de la densitĂŠ. En effet, plus les constructions sont hautes plus l’impression de densitĂŠ se fait sentir et le sentiment du ÂŤtrop de constructionsÂť apparaĂŽt. Une autre remarque formulĂŠe est le caractère humain et apaisant des tissus anciens, marquĂŠs par une continuitĂŠ, des vides resserrĂŠs et une rĂŠgularitĂŠ des gabarits. Plus simplement un urEDQLVPH FDOPH SHUPHW XQH GHQVLÂżFDWLRQ SOXV IRUWH 3DU DLOOHXUV l’APUR souligne le fait que des ĂŠtudes psychologiques ont afÂżUPp TXH OH QRPEUH GH ORJHPHQWV SDU LPPHXEOH pWDLW WUqV OLp Ă l’intensitĂŠ des interactions sociales entre les habitants. Ces recherches indique ainsi que plus il y a d’appartements dans un immeuble, moins la sociabilitĂŠ s’y dĂŠveloppe.

Formes urbaines et densitĂŠ, exemples Lausannois, source : Tribu Architecture 49


LA NÉCESSITÉ D’UNE JUSTE DENSITÉ BĂ‚TIE MAIS AUSSI PROGRAMMATIQUE EN RAPPORT AU TYPE DE POPULATIONS L’Êtude de l’APUR a ĂŠtĂŠ menĂŠe avec le concours de Florence Bordas-Astudillo, docteur en psychologie. Son apport prĂŠsente des conclusions importantes dans la comprĂŠhension de l’adaptation des densitĂŠs en fonction des usagers. En effet, au delĂ des formes urbaines et de l’architecture, la densitĂŠ vĂŠcue d’un quartier et son acceptation par les habitants dĂŠpend en grande partie de leur catĂŠgorie sociale. En effet, si la densitĂŠ est mieux vĂŠcue et que la sociabilitĂŠ en rĂŠsultant est plus intense dans le secteur de la Roquette que dans le quartier Jeanne d’Arc, c’est aussi parce que la population de cette partie du 11ème arrondissement possède une autre vision de la vie en communautĂŠ que celle du 13ème. La Roquette est peuplĂŠe, en grande partie par les ĂŠtudiant et est un lieu de dĂŠtente et de rencontre pour ceuxci, qui cherchent une plus grande interaction sociale. Ainsi, la prĂŠsence d’une grande quantitĂŠ de personnes dans un espace restreint est synonyme de moins de dĂŠrangement. Ainsi l’affectation programmatique et la densitĂŠ de chaque type d’affectation doit ĂŞtre en adĂŠquation avec la catĂŠgorie sociale concernĂŠe par le projet. Ceci pose question la question de la mixitĂŠ sociale et du concept de quartiers intergĂŠnĂŠrationnel, plus clairement, comment gĂŠrer les densitĂŠs programmatiques dans des projets concernant des populations variĂŠes ? Il est compliquĂŠ de thĂŠoriser ce sujet puisque chaque intervention construite est diffĂŠrente. LA NÉCESSITÉ D’UNE APPROCHE CONTEXTUALISÉE DES DENSITÉS On peut donc dire que la question des densitĂŠs est très complexe. Concernant la densitĂŠ bâtie, il existe une sĂŠrie de normes Âż[pHV SDU OHV SRXYRLUV SXEOLFV RQ VH UHQG FRPSWH DXMRXUGÂśKXL que l’application stricte de ces rĂŠglementations sans questionner le lieu, d’un point de vue urbanistique, architectural mais aussi sociologique mène Ă des situations non apprĂŠciĂŠes par les habitants. Il faut donc, selon moi, mener au cas par cas, des ĂŠtudes prĂŠcises, pour chaque projet, visant a ĂŠtablir des règles rigoureuses, adaptĂŠe Ă chaque opĂŠration, et Ă chaque contexte.

50

La notion de densitĂŠ


Secteur Falguière

Secteur Rochechouart

Secteur Jeanne d’Arc

Secteur La Roquette

Synthèse des recherches menées par l’APUR 51


LE RENOUVELLEMENT URBAIN ET LA MOBILITÉ DE NOUVELLES NOTIONS POUR L’ÉVALUATION DU DEGRÉ DE MOBILITÉ DANS LES VILLES Š,O H[LVWH XQ UDSSRUW HQWUH OD YLOOH HW FRPPHQW RQ VÂś\ GpSODFH HW SRXUWDQW FÂśHVW XQH SUREOpPDWLTXH UHODWLYHPHQW UpFHQWH 2Q D GpSODFp QRWUH DWWHQWLRQ YHUV FH TXÂśRQ DSSHOOH DXMRXUGÂśKXL OD PRELOLWp DORUV TXÂśLO \ D TXHOTXHV GpFHQQLHV QRXV QRXV LQWpUHVVLRQV TXÂśDX WUDQVSRUW ÂŞ1 Cette citation de Jacques LĂŠvy introduit de manière très clair la problĂŠmatique de la mobilitĂŠ Ă notre ĂŠpoque. En effet, il souligne le changement de point de vue entre une vision caractĂŠristique du XXème siècle et celle actuelle qui dĂŠveloppe le thème de

Faible mobilitĂŠ

la mobilitĂŠ selon plusieurs dimensions. La diffĂŠrence majeure, selon lui, est la comprĂŠhension de la ÂŤmotilitĂŠÂť, qui a ĂŠtĂŠ introduite par le sociologue Vincent Kauffmann. Il s’agit de tenir compte de la valeur virtuelle qu’excluent les notions de transport et de dĂŠplacement. Plus clairement, la mobilitĂŠ englobe ĂŠgalement la propension Ă se dĂŠplacer. Plus simplement il s’agit d’introduire dans la notion de mobilitĂŠ, la facilitĂŠ d’accessibilitĂŠ Ă ce que Jacques LĂŠvy nomme les ÂŤrĂŠalitĂŠs urbainesÂť. Il est important de bien noter que le transport hier et la mobilitĂŠ aujourd’hui concernent des opĂŠrations urbanistiques. Toutefois, les rĂŠponses aux problèmes de dĂŠplacement dans l’espace urbain se trouvent maintenant dans des concepts d’amĂŠnagement beaucoup moins techniques que la simple rĂŠponse Ă la demande par des infrastructures de communication. De cet apport thĂŠorique de Jacques LĂŠvy et Vincent Kauffmann, on peut retenir, dans la pratique de renouvellement urbain, le IDLW GH GLYHUVLÂżHU QRV RXWLOV GH PHVXUHV YLV j YLV GHV PRXYHments dans la ville. En somme, il faut ajouter Ă la distance mĂŠWULTXH OD GLVWDQFH GpÂżQLH SDU OD GXUpH SRXU DFFpGHU DX[ ÂŤrĂŠalitĂŠs urbainesÂť, mais aussi la notion plus virtuelle de quantitĂŠ de possibles points d’arrivĂŠes dans une zone donnĂŠe. Ainsi, on parvient Ă ĂŠvaluer quantitativement et qualitativement le niveau de mobilitĂŠ d’un tissu urbain.

Forte mobilitĂŠ

Distance gĂŠographique DĂŠplacement Ă un instant t Choix potentiels Point de dĂŠpart

Points d’arrivÊe potentiels

Chaque courbe de dĂŠplacement peut comprendre plusieurs modes et rapiditĂŠs GH GpSODFHPHQW j TXDQWLÂżHU SRXU ĂŠvaluer le degrĂŠ de mobilitĂŠ.

Composantes de l’Êvaluation du degrÊ de mobilitÊ

UNE MOBILITÉ FORTE EST DURABLE L’Êpoque dans laquelle nous nous trouvons a pour caractĂŠristique d’être au fait des enjeux environnementaux majeurs, et GH OHV SUHQGUH HQ FRPSWH GDQV OHV SURFHVVXV GH SODQLÂżFDWLRQ des villes. Ceci constitue un point de diffĂŠrenciation avec les siècles passĂŠs, jusqu’aux annĂŠes 1990. En effet, les villes bâties au cours du XXème siècle possèdent un urbanisme très liĂŠ au transport personnel puisque l’Êpoque considĂŠrait le fait de pouvoir se dĂŠplacer de façon complètement autonome comme une grande avancĂŠe. On se rend aujourd’hui compte qu’elle ne possède pas pour autant une mobilitĂŠ puissante, ou du moins plus.

1 | Jacques LĂŠvy, ConfĂŠrence ÂŤ4XHOOH PRELOLWp SRXU TXHOOH XUEDQLWp "ÂŞ, 5 Janvier 2006 - UTLS-la suite

52


LA ROCADE : SYMBOLE D’UNE ÉPOQUE QU’ON RETROUVE Ă€ ANNECY Un ĂŠlĂŠment symptomatique de la deuxième moitiĂŠ du siècle dernier, et qui perdure encore aujourd’hui, illustre bien un courant de pensĂŠe tourner vers un idĂŠal de ville, conjuguĂŠ Ă l’automobile, il s’agit de la rocade. De Paris Ă Londres, l’avènement de la voiture Ă pourvu les citĂŠs de leurs voies rapides de contournement, et Annecy, Ă une toute autre ĂŠchelle, n’est pas passĂŠs a cĂ´tĂŠ du phĂŠnomène. Ces larges routes constituent un pOpPHQW PDUTXDQW GH OÂśXUEDQLVPH HW RQW SURXYp OHXU HIÂżFDFLWp jusqu’à leur saturation. StĂŠphanie Guillot Leheis a thĂŠmatisĂŠ le sujet de a rocade appliquĂŠ Ă Marseille et en a fait le sujet de sa thèse de doctorat. Si elle souligne l’impact très positif de ces dispositifs qui participe Ă tenir les voitures en pĂŠriphĂŠrie du centre, privilĂŠgiĂŠ pour les transports en commun et les mobilitĂŠ douces, elle formule tout de mĂŞme une critique bien ĂŠclairĂŠe du sujet : Š&RWp PDX[ OD URFDGH VH WUDGXLW VRXYHQW SDU XQH FRXSXUH XUEDLQH XQH FLFDWULFH EpDQWH > @ OD URFDGH HVW XQH GHUQLqUH OLPLWH HQWUH OH FHQWUH HW OD EDQOLHXH XQH IURQWLqUH HW XQ JUDGLHQW GH SDXYUHWp > @ (OOH HQWUDLQH VXUWRXW GDQV XQ FHUFOH YLFLHX[ GH OD GpSHQGDQFH DXWRPRELOH HW GH OÂśpWDOHPHQW XUEDLQ TXL DERXWLW j OD PXOWLSOLFDWLRQ GHV URFDGHV ÂŞ1 Ce passage illustre bien la situation d’Annecy qui possède ses deux rocades, et dont la première agit comme une vĂŠritable cĂŠsure urbaine par endroits. Cet exemple de la rocade s’applique globalement, mais de façon beaucoup plus nuancĂŠe, Ă toutes les voies de circulations XUEDLQHV KRUV GÂśpFKHOOHV SRXU OH SLpWRQ HW VXUFKDUJpHV GH WUDÂżF Ce point de vue est bien sĂťr radical et cherche la provocation, puisque les structures routières sont essentielles Ă la ville et Ă sa vie. Il faut nĂŠanmoins parvenir Ă un changement de paradigme concernant les dĂŠplacements physiques des individus pour arriver, Ă terme, Ă retrouver un ĂŠquilibre entre voitures, transports en commun et mobilitĂŠ douce dans les villes, en produisant un tissu continu, Ă l’extrĂŞme opposĂŠ des rĂŠsultats de la rocade.

La première rocade d’Annecy, une marque dans le plan de la ville

UNE MOBILITÉ DOUCE ET PUBLIQUE DANS DES CENTRES TOURNÉS VERS LA PROXIMITÉ En synthĂŠtisant les thĂŠories prĂŠcĂŠdentes, on obtient une volontĂŠ, dans le processus de renouvellement urbain, d’un centre suivant un concept de grande proximitĂŠ, dotĂŠ d’une multitude de ÂŤrĂŠalitĂŠs urbainesÂť. Par ailleurs, il faut permettre un centre liEpUp GÂśXQ WUDÂżF DXWRPRELOH VXSHUĂ€X HW pYLWDEOH HQ RIIUDQW XQH SOXV JUDQGH FDSDFLWp GÂśDFFXHLO HQ GHQVLÂżDQW OH SDUF GH ORJHment des centres urbains. Dans le mĂŞme temps, Jacques LĂŠvy souligne qu’une ville ĂŠtalĂŠe est obligatoirement structurĂŠe par les transports automobilesÂť2 il faut donc dĂŠvelopper la ville YHUV OÂśLQWpULHXU HW FH SULQFLSH GRLW IDLUH FRQVHQVXV (QÂżQ VL OÂśRQ considère un coeur urbain avec moins de voitures, on peut et il faut le concevoir comme un ensemble ou se croise un rĂŠseau de transports en commun et un espace de mobilitĂŠs douces.

1 | StĂŠphanie Guillot Leheis, Š/D YLOOH HW VD URFDGH 8Q SURMHW GÂśLQIUDVWUXFWXUH DX ULVTXH GX WHPSV ORQJ /H FDV GH 0DUVHLOOH ÂŞ (p21, Thèse de doctorat de l’UniversitĂŠ Paris-Est - AmĂŠnagement et Urbanisme - Septembre 2011)

2 | Jacques LĂŠvy, ConfĂŠrence ÂŤ4XHOOH PRELOLWp SRXU TXHOOH XUEDQLWp "ÂŞ, 5 Janvier 2006 - UTLS-la suite

53


QUESTIONNER LA NOTION DE FRICHE URBAINE

LA FRICHE SOUS TOUTES SES FORMES Parler de friche est un raccourci qui ĂŠvoque une grande diverVLWp GH VLWXDWLRQV ,O FRQYLHQW GDQV XQ SUHPLHU WHPSV DÂżQ GH cadrer notre propos, de souligner les formes que peut prendre

Dans le thème de renouvellement urbain en zone dense, la ques-

cette notion.

tion de la friche est rĂŠcurrente. Toutefois, on trouve peu de recherches et thĂŠories ĂŠtablies autour de ce sujet. Pourtant, nom-

D’une manière gĂŠnĂŠrale la friche est un dĂŠlaissĂŠ dans le terri-

breuses sont les villes concernĂŠes par la question, notamment les celles au passĂŠ industriel, comme Annecy. Je pense qu’il est bon d’estimer pour chacune d’entre elles, la valeur exacte que porte chaque dĂŠlaissĂŠ. En effet, la gestion des friches en milieu urbain dense, constitue un enjeux majeur dans la politique de ville durable. Elles reprĂŠsentent une aubaine pour l’amĂŠnagement du territoire urbanisĂŠ puisqu’elles sont situĂŠes, bien souvent, dans des zones stratĂŠgiques, très Ă mĂŞme de recevoir un programme vĂŠritablement conçu pour ĂŞtre un activateur d’une centralitĂŠ urbaine. Cependant, avant toute action construite, il me semble juste d’Êtudier ce qu’est la friche, ce qu’elle reprĂŠsente, ce qu’elle peut apporter Ă l’espace urbain, aussi bien Ă l’Êtat de friche, que dans le processus de renouvellement urbain, LA FRICHE : CE QU’ELLE REPRÉSENTE La friche dans la ville est un symbole, elle illustre un paysage urbain et des secteurs d’activitĂŠs en perpĂŠtuel mouvement. Elle est ĂŠgalement le tĂŠmoin d’un passĂŠ, d’une forme de puissance de l’agglomĂŠration dans laquelle elle se trouve. C’est le souvenir d’une splendeur militaire, industrielle ou administrative. (OOH IDLW pJDOHPHQW ÂżJXUH GÂśXQ SRVVLEOH UHQRXYHDX HOOH IDYRULVH l’apparition d’une nouvelle dynamique, Ă la fois ĂŠconomique, XUEDQLVWLTXH PDLV DXVVL VRFLRORJLTXH /D IULFKH IDLW GRQF RIÂżFH d’un incroyable support Ă une nouvelle approche de l’urbanisation.

toire, urbain ou non, dense ou pas. Dans l’espace de la ville, et QRWDPPHQW GDQV OH FDV GÂśXQH ]RQH GHQVH RQ SRXUUDLW OD GpÂżQLU comme un tiers milieu. Il ne s’agit, en effet, pas d’un vide Ă proprement parlĂŠ, mais d’un dĂŠlaissĂŠ. On ne parle pas de vide car le propre d’une friche urbaine et d’être un lieu en marge. Dans le plan d’urbanisme et d’amĂŠnagement de la ville, qui n’est pas un espace vert, ni une zone libre. Il n’existe pas de rĂŠel adjectif SRXU OD TXDOLÂżHU FHSHQGDQW MXVTXÂśj OÂśpODERUDWLRQ FRQFUqWH GÂśXQ SURMHW MH SHQVH TXÂśLO HVW DVVH] MXVWH GH TXDOLÂżHU HQ WDQW TXH ŠGplaissĂŠ en attenteÂť. Morphologiquement, on distingue au moins deux types de friches. Il est frĂŠquent de trouver, dans le tissus bâti, des zones d’entre-deux, constituĂŠes par une interruption brutale et limitĂŠe des constructions, après une dĂŠmolition, il s’agit des dents FUHXVHV /HXUV GLPHQVLRQV VRQW OLPLWpHV HW SHXYHQW rWUH GpÂżQLHV dans les trois dimensions, grâce Ă la prĂŠsence des bâtiments qui la dĂŠlimitent. Il faut souligner que toutes les dents creuses ne sont pas des friches, c’est le caractère d’attente post-destruction qui les caractĂŠrise comme telles. 8Q DXWUH W\SH GH IULFKH HVW GpÂżQL SDU XQ FKDQJHPHQW GDQV OH tissu ĂŠconomique ou dans maillage d’Êquipement de la ville. Il s’agit d’espaces dĂŠsaffectĂŠs pouvant avoir des formes et des dimensions très variĂŠes, allant de la ÂŤmicroÂť Ă la ÂŤmacroÂť ĂŠchelle. Ces deux types de friches, très diffĂŠrentes nĂŠcessitent des approches complètements inassimilables. Dans le cas de cette prĂŠparation Ă la thèse, nous sommes concernĂŠs par le deuxième type de friches.

La friche comme ÊlÊment porteur de renouveau, l’exemple du Ruhr Museum, par OMA en 2002 54


LA FRICHE COMME PAYSAGE Comme dit prĂŠcĂŠdemment, on peut, bien souvent, entrevoir une forme de richesse dans les dĂŠlaissĂŠs, Ă l’Êtat oĂš ils se trouvent avant toute transformation. Un livre est consacrĂŠ Ă ces territoires abandonnĂŠs en milieu urbain, il s’agit du 0DQLIHVWH GX Tiers Paysage1 ĂŠcrit par le jardinier Gilles ClĂŠment. Il traite du FDUDFWqUH SD\VDJp GHV GpODLVVpV TXÂśLO GpÂżQLW DLQVL Š)UDJPHQW LQGpFLGp GX MDUGLQ SODQpWDLUH OH 7LHUV SD\VDJH HVW FRQVWLWXp GH OÂśHQVHPEOH GHV OLHX[ GpODLVVpV SDU OÂśKRPPH &HV PDUJHV DVVHPEOHQW XQH GLYHUVLWp ELRORJLTXH TXL QÂśHVW SDV j FH MRXU UpSHUWRULpH FRPPH ULFKHVVH ÂŞ Il dĂŠfend, dans son ouvrage, un devoir de prise en compte des ŠIUDJPHQWV LQGpFLGpVÂŞ FRPPH DSSRUW EpQÂżTXH j OÂśHQYLURQnement et Ă la biodiversitĂŠ en milieu urbain. Gilles ClĂŠment pYRTXH pJDOHPHQW OD SURSRVLWLRQ GH SODQLÂżHU GDQV OHV SODQV GÂśDPpQDJHPHQW RIÂżFLHOV GHV ]RQHV ODLVVpHV j XQH VRUWH GH IRLVRQQHPHQW QDWXUHOV GÂśHVSqFHV YpJpWDOHV HW DQLPDOHV DÂżQ GÂśRUganiser un rĂŠel schĂŠma ĂŠcologique dans l’Êlaboration de la ville. Je trouve cette position intĂŠressante et Ă prendre en compte lors GH WUDYDX[ VXU OHV IULFKHV XUEDLQHV DÂżQ GH UHFRQVLGpUHU QRWUH vision des vides dans la programmation des espaces.

La friche du Transformateur, Saint-Nicolas-de-Redon (44)

LA FRICHE : UN ÉLÉMENT PORTEUR D’UNE MÉMOIRE FORTE Je soulignais, plus haut, que la friche ĂŠtait d’abord la marque d’un passĂŠ, d’une histoire. Je considère cette notion comme fondamentale dans la conception d’un projet puisque cette composante historique contribue au gĂŠnie du lieu. C’est pourquoi, selon moi, il faut attacher une importance particulière Ă concevoir des ouvrages très contextualisĂŠs lorsqu’il s’agit du renouvellement urbain sur des friches urbaines. L’architecture doit porter en elle la mĂŠmoire du lieux, tout en lui confĂŠrant un esprit nouveau, en adĂŠquation avec les enjeux qui lui sont liĂŠs. Ainsi, lors de toute opĂŠration, et encore plus lorsque celles-ci concernent des friches, je pense qu’il est nĂŠcessaire d’Êtablir des règles très strictes en matière d’urbanisme et d’architecture, DÂżQ GÂśREWHQLU XQH FRKpUHQFH GÂśHQVHPEOH TXL FRQVROLGHUD GÂśDXtant plus l’intervention. 1 | Gilles ClĂŠment, Š0DQLIHVWH GX 7LHUV 3D\VDJHÂŞ, 2004 Disponible sur : www.gillesclement.com

55


56


INTRODUCTION AU LIEU Il convient, avant toute analyse, de contextualiser le sujet de ce travail. Pour comprendre Annecy, il est nĂŠcessaire d’avoir une vision globale de la ville. Cela passe nĂŠcessairement par la connaissance du contexte gĂŠographique, puisque l’importance actuelle de la citĂŠ est liĂŠe et dĂŠpend, d’une part de sa position au sein de la rĂŠgion. Par ailleurs, pour avoir une lecture claire de la structure et de la morphologie de la citĂŠ d’aujourd’hui, il faut savoir l’histoire qui accompagne son dĂŠveloppement, notamment l’impact de l’industrie, au cours du XXème siècle. (QÂżQ OHV SURMHWV IXWXUV FRQFHUQDQW OÂśDPpQDJHPHQW GX WHUULtoire, et les ĂŠvolutions gĂŠo-administratives, constituent le socle de ce travail et sont Ă prendre en compte en vue de mettre au point un programme et une ĂŠchelle en cohĂŠrence avec la rĂŠalitĂŠ du lieu. Note : Tous les plans et cartes sont orientĂŠs Nord/Sud, dans le cas contraire, l’orientation est indiquĂŠe graphiquement. Note : les cartes sont orientĂŠes vers le nord, dans le cas contraire une indication graphique est ajoutĂŠe.

57


CONTEXTE GÉOGRAPHIQUE ANNECY | AUVERGNE - RHĂ”NE-ALPES La ville d’Annecy est situĂŠe en France dans le dĂŠpartement de la Haute-Savoie, dont elle est le chef-lieu. Elle fait donc partie des capitales dĂŠpartementales, au sein de la toute nouvelle rĂŠgion Auvergne - RhĂ´ne-Alpes. A titre de comparaison, ses ĂŠquivalentes, Ă l’Êchelle des dĂŠpartement, sont Lyon pour le RhĂ´ne, ChambĂŠry pour la Savoie, Grenoble pour l’Isère ou encore Saint-Etienne pour la Loire. Elle fait donc partie des villes qui doivent ĂŞtre audibles Ă l’Êchelle rĂŠgionale, face Ă de grandes mĂŠtropoles telles que Lyon. Sa position centrale entre Genève et ChambĂŠry lui offre la possibilitĂŠ d’un rayonnement attractif pour bon nombre de secteurs ĂŠconomiques. UN CONTEXTE MONTAGNEUX ET LACUSTRE Annecy est caractĂŠrisĂŠe et connue, aujourd’hui en grande partie pour ses paysages dominĂŠs par les montagnes et le lac. En effet, la ville est situĂŠe au cĹ“ur des Alpes du Nord françaises, dans l’axe du sillon alpin alignant la plupart des agglomĂŠrations de la rĂŠgion Auvergne-RhĂ´ne-Alpes. Le dĂŠcor dans lequel s’inscrit le bassin annĂŠcien est directement liĂŠ Ă la formation du tissu topographique de la zone. En effet, un ancien cours de l’Isère a formĂŠ une cluse comprise entre la partie nord du Semnoz et ouest du Mont Veyrier, c’est dans cette vallĂŠe que s’installe Annecy. Le territoire naturel est d’autant plus riche qu’il se trouve Ă la jonction d’une multitude de grands ensembles gĂŠographiques et gĂŠologiques. En effet on y trouve le lac, le massif des Aravis, le PDVVLI GHV %DXJHV HW HQÂżQ OH PDVVLI GHV %RUQHV TXL UHJURXSH notamment le Mont Veyrier, le Parmelan, les dents de Lanfon ou encore la Tournette. Moins marquantes, mais toutes aussi importantes, les plaines et collines de l’Albanais Ă l’ouest de l’agglomĂŠration et les collines du Genevois au nord sont des composantes visibles du territoire annĂŠcien. Le tissu urbain est très contraint par cet environnement montaJQHX[ HW ODFXVWUH 3RXU VLPSOLÂżHU OD VLWXDWLRQ RQ SHXW GpFULUH l’espace gĂŠographique et gĂŠologique d’Annecy comme formĂŠ par un relief plutĂ´t plat au nord et au sud, enserrĂŠ par la langue morainique d’Annecy-le-Vieux Ă l’est et le Fier Ă l’ouest. MalgrĂŠ une urbanisation assez forte, le dĂŠveloppement du tissu bâti, est, limitĂŠ et guidĂŠ par ce relief particulier.

58

La nouvelle rĂŠgion Auvergne - RhĂ´ne-Alpes

UN IMPORTANT RÉSEAU DE VOIES DE COMMUNICATION (Q SOXV GH EpQpÂżFLHU GÂśXQ FRQWH[WH JpRORJLTXH DWWUD\DQW $Qnecy, de par sa position gĂŠographique et l’amĂŠnagement de son WHUULWRLUH SURÂżWH GÂśXQ UpVHDX URXWLHU IHUURYLDLUH HW PrPH Dprien. En effet un ensemble de voies routières permettent une connexion rapide avec les pĂ´les urbains important de la rĂŠgion. Il existe notamment trois ĂŠchangeurs autoroutiers desservant la ville, ceux-ci permettent des liaisons vers Lyon, Grenoble, Genève, ChambĂŠry, Aix-les-Bains, Chamonix... Par ailleurs, le rĂŠseau ferroviaire partant de la gare d’Annecy est assez dĂŠveloppĂŠ et permet de rejoindre Paris par les voies TGV, mais ĂŠgalement les zones urbaines prĂŠcitĂŠes dans les paragraphe prĂŠcĂŠdents, via les voies TER. Autrefois, la gare de marchandise servait l’usine SNR qui borde, encore aujourd’hui, les voies ferrĂŠes Ă proximitĂŠ de la gare SNCF. (QÂżQ LO HVW GÂśXVDJH GH QRWHU TXÂśLO HVW SRVVLEOH GÂśDFFpGHU j $Qnecy par les airs, grâce Ă la prĂŠsence de l’aĂŠroport d’Annecy Haute-Savoie Mont-Blanc. Actuellement, les liaisons avec Paris Orly n’existent plus et l’infrastructure se limite Ă l’accueil des vols d’affaires et d’helicoptères.


Mont Barret Parmelan

Mont Veyrier

Pentes du Semnoz

Dents de l’Anfon

Massif des Bauges

La Tournette

59


UN CONTEXTE NATUREL STRUCTURANT LE DÉVELOPPEMENT URBAIN $YDQW GÂśDQDO\VHU OH WLVVX DQQpFLHQ LO HVW LPSRUWDQW GH GpÂżQLU les contraintes au dĂŠveloppement urbain du bassin, communes Ă l’ensemble territoire. On peut considĂŠrer l’extansion urbaine de l’agglomĂŠration, de manière gĂŠnĂŠrale, comme très liĂŠ Ă son contexte naturel. En effet, deux composantes essentielles sont Ă prendre en compte. Ces-dernières forment des limites naturelle Ă la colonisation du lieu par le tissu construit. LES RELIEFS ET LE LAC Les deux ĂŠlĂŠments fondamentaux de ce cadre sont le lac d’Annecy et les montagnes; le Semnoz et le Mont Veyrier.

Le Château d’Annecy

La face est, quant Ă elle, très rapidement Ă -pic et est inhospitalière, tant cĂ´tĂŠ Annecy que Seynod. De l’autre cĂ´tĂŠ du lac, le tissu bâti d’Annecy-le-Vieux empiète VXU OHV Ă€DQFV QRUG HVW GX 0RQW 9H\ULHU /D SHQWH HVW WUqV HVFDUpĂŠe, l’accessibilitĂŠ y est donc moins aisĂŠe que pour les autres SDUWLHV GH OD FRPPXQH QRXYHOOH &HWWH FRQÂżJXUDWLRQ HVW VRXUFH d’un urbanisme particulier pour la ville.

Carte des reliefs du bassin annĂŠcien

L’emprise des contraintes naturelles majeure sur l’urbanisme

Les massifs montagneux jouent un rĂ´le crucial dans le dĂŠveloppement des villes du bassin annĂŠcien, puisque, lorsqu’ils ne stoppent pas la progression de bâti, ils en dictent le type et l’affectation. /H Ă€DQFV GX 6HPQR] VH GUHVVHQW UDSLGHQW DYHF XQH SHQWH j IRUWH dĂŠclivitĂŠ. Ainsi la face nord de celui-ci, n’est construite que sur une très faible extrĂŞmitĂŠ. Il s’agit des constructions de la vieille ville d’Annecy, avec le Château d’Annecy, et, plus haut, la basilique de La Visitation. 60


CANAUX ET RIVIÈRES Le Thiou, petite rivière et déversoir naturel du lac, a été aménagé lors et de la formation d’Annecy et parcours la vieille ville. Il articule le bâti et l’image de la ville comme étant la Venise des Alpes lui est dûe. Comme nous le verrons dans la partie historique de ce travail, en plus de conférer un visage particulier au tissu urbain, qui apporte grandement sa contribution à l’engouement touristique que connait Annecy, le Thiou tout comme le Fier et la Filière sont sources du développement du bassin Annécien notamment à travers l’industrie. Ce phénomène est très important à souligné puisqu’il s’agit des fondements de l’expansion de l’agglomération moderne, dont nous sommes en présence. Les cours d’eau formalisent, bien évidemment, des barrières naturelles à l’urbanisation, mais également de réservoirs de biodiversité, dont beaucoup de villes sont à la recherche aujourd’hui. On peut donc dire que la position de la ville, entre lac et montagnes, est l’origine, à la fois de contrainte, mais aussi de grande qualité pour l’espace urbain. En effet, peu importe où l’on se trouve en ville la nature se situe à proximité. Le confort qui y est associé participe au dynamisme démographique de l’agglomération, mais aussi à l’économie, via notamment le tourisme et l’industrie.

Les vieilles prisons, enserrée spar le Thiou

Départ du Thiou depuis le lac

Les canaux et rivières d’Annecy

61


CONTEXTE GÉO-ADMINISTRATIF, LA FUSION DES SIX COMMUNES LA COMMUNE NOUVELLE

La désignation «commune nouvelle» est assez récente puisque le statut qui y est associé, est né en 2010 après la promulgation de l’article 21 de la loi n°2010-1563 de la Réformes des Collectivités Territoriales. Plus récemment, en mars 2015, un nouveau texte de loi a amélioré le régime de commune nouvelle D¿Q GH SHUPHWWUH XQH DXJPHQWDWLRQ GHV UHJURXSHPHQWV GH FROlectivités. Une commune nouvelle naît à la suite d’une fusion de plusieurs communes contiguës. Le but de ces opérations est de diminuer l’émiettement administratif du territoire. Cela permet des réduction des coûts de fonctionnement des municipalités, tout HQ SHUPHWWDQW j FHOOHV TXL EpQp¿FLHQW GH PRLQV GH PR\HQV GH SUR¿WHU GH O¶DSSRUW ¿QDQFLHU GH YLOOHV D\DQW XQ PHLOOHXU G\QDmisme économique. Ainsi, le maintient d’un bon niveau de service public aux habitants peut être assuré. Dans le même temps, un objectif et un enjeux d’une association de communes est d’aménager le territoire de manière maîtrisée et complémentaire en limitant les doublons. En d’autres termes, il s’agit de permettre une vision globale de l’espace urbain, dans l’optique d’un développement, non seulement viable, mais aussi, et plus généralement durable. Par ailleurs, actuellement en France, à l’échelle du territoire national, nous avons connu une fusion des régions. La région Rhône-Alpes s’est alors vue associée à l’Auvergne pour formée région Auvergne - Rhône-Alpes. Dans ce cas, le groupement d’Annecy, avec cinq communes voisines, permet à la ville d’avoir un poids plus important vis-à-vis du conseil régional. Plus clairement, il est nécessaire pour la région d’Annecy de rester audible face à Lyon, Grenoble, Saint-Etienne, ou encore Clermont Ferrand. 62


63


LA FUSION EN CHIFFRES 'DWH RI¿FLHOOH GH ODFUpDWLRQ HU -DQYLHU Nombre de communes concernÊes : 6 Les communes concernÊes : Annecy (54’000 hab) Annecy-le-Vieux (20’000 hab) Pringy (4’129 hab) Meythet (8’200 hab) Cran-Gevrier (17’500 hab) Seynod (18’600 hab) Nombre d’habitants de la future commune : 122’000 6XSHU¿FLH GH OD IXWXUH FRPPXQH .Pð Comparaison avec les principales villes de la rÊgion Auvergne - Rhône-Alpes : /\RQ .Pð œ KDE 6DLQW (WLHQQH .Pð œ KDE &OHUPRQW )HUUDQG .Pð œ KDE *UHQREOH .Pð œ KDE &KDPEpU\ .Pð œ KDE

UN NOUVEAU STATUT QUI NE DOIT PAS SE LIMITER AUX CHIFFRES Annecy deviendra, Ă partir du 1er janvier 2017, la sixième ville, de la deuxième rĂŠgion de France. Un nouveau statut de grande ville, qu’il va falloir assumer et dĂŠfendre. L’amĂŠnagement du territoire et notamment l’amĂŠnagement XUEDLQ GHYUD rWUH XQH TXHVWLRQ FHQWUDOH DÂżQ GH FRQIpUHU XQH place importante Ă la ville. En effet, les chiffres lui garantissent une place parmi les villes phares de la rĂŠgion au regard de statistiques, la place d’Annecy dans la vision collective n’est de ORLQ SDV JDUDQWLH /H SOXV LPSRUWDQW HVW VHORQ PRL GH ÂżJXUHU SDUPL OHV FKHIV GH ÂżOHV UpJLRQDX[ RX QDWLRQDX[ DX QLYHDX GH sujets tels que l’urbanisme et l’architecture. Puisque l’ambition DIÂżFKpH HVW GÂśDYRLU XQH DXUD SOXV LPSRUWDQWH LO IDXGUD DX[ RUganismes dĂŠcisionnels s’appuyer sur des exemples de villes europĂŠennes ou françaises qui ont su transformer de manière positive leur aire urbaine. Les exemples ne manquent pas, de ZĂźrich Ă Bordeaux, de nouvelles façons de concevoir le logement et la mixitĂŠ fonctionnelle et sociale, apparaissent, il convient de s’appuyer sur ces expĂŠrimentations rĂŠussies. En plus de ces rĂŠfĂŠrences, il me semble essentiel de prĂŠserver XQ FDUDFWqUH VSpFLÂżTXH j OD YLOOH HQ FRQWH[WXDOLVDQW IRUWHPHQW les interventions, il faudra dès lors prĂŠserver une substrat solide, qui fait le lieu. 64


PRINGY

ANNECY LE VIEUX MEYTHET

CRAN-GEVRIER

SEYNOD

65


ANNECY ET LES CINQ COMMUNES ANNECY CENTRE MAJEUR DE LA COMMUNE NOUVELLE $X ÂżO GX WHPSV WRXWHV OHV FRPPXQHV FRQFHUQpHV SDU OD fusion se sont plus ou moins dĂŠveloppĂŠes indĂŠpendamment les unes des autres, toutefois, l’expansion urbaine des villes pĂŠriphĂŠriques Ă Annecy s’est effectuĂŠe en parallèle de l’Êvolution de l’hypercentre. Annecy demeure la centralitĂŠ majeure de l’ensemble de la commue nouvelle, Ă tous les niveaux. En effet, c’est dans la capitale haut-savoyarde que tout est rĂŠuni concernant, les ĂŠquipements, les infrastructures, une quantitĂŠ importante de logements, mais aussi, et surtout, il s’agit du pĂ´le majeur de sociabilitĂŠ de tout l’espace concernĂŠ par la fusion. D’autre par tous les rĂŠseaux sont tournĂŠs vers annecy et les villes comme Meythet, Seynod ou Pringy ont vu le jour avec l’existence et le dĂŠveloppement d’Annecy. (OOHV IRQW RIÂżFH GH ŠFLWpV VDWHOOLWHVÂŞ $QQHF\ OH 9LHX[ et Cran-Gevrier ont eu une apparition plus indĂŠpendante mais leur dĂŠveloppement s’est effectuĂŠ grâce Ă Annecy. On remarque tout de mĂŞme des polaritĂŠs en raison, notamment des sĂŠparations administratives de chaque entitĂŠ.

LE RISQUE D’UNE URBANITÉ FRAGMENTÉE La crĂŠation de la commune nouvelle va sans doute donner une unitĂŠ Ă la gestion administrative de l’espace urbain, il n’en reste pas moins que cette cohĂŠrence devra se retrouver au niveau de l’amĂŠnagement du territoire. Ă€ dĂŠfaut d’y parvenir, le risque d’une telle opĂŠration est d’obtenir un grand ensemble fragmentĂŠ, composĂŠe d’une multitude d’urbanitĂŠs autarciques. Une vision globale de la ville est obligatoire si l’on veut empĂŞcher ou au moins limiter le phĂŠnomène de ÂŤfragmentation urbaineÂť. Il est important de souligner que cette fragmentation est dĂŠjĂ bien amorcĂŠe Ă Annecy, comme dans toutes les villes, tant l’accès au logement dans le centre est devenu prohibĂŠ pour les mĂŠnages les plus modestes. Une simple ĂŠtude des prix du neuf et de l’ancien montre des disparitĂŠs entre les communes mais aussi a plus petite ĂŠchelle, entre les quartiers. (Q HIIHW SRXU GHV DSSDUWHPHQWV QHXIV $QQHF\ DIÂżFKH XQH SUL[ PpGLDQ GH HXURV PĂ° $QQHF\ OH 9LHX[ HXURV PĂ° 3ULQJ\ HXURV PĂ° &UDQ *HYULHU HXURV P Ă° HW 6H\QRG HXURV 2Q SHXW GRQF FDULFDWXrer la situation en dĂŠcrivant la population de la commune nouvelle comme relativement aisĂŠe Ă l’est, et plus modeste Ă l’ouest.

Les polaritĂŠs de la Commune Nouvelle 66


DES OUTILS POUR LA PLANIFICATION GLOBALE Il existe toutefois des outils qui permettent d’avoir un projet d’ensemble pour la ville et plus largement une rĂŠgion. Le premier outil, qui concerne une grande ĂŠchelle est le SCoT (SchĂŠma de CohĂŠrence Territoriale). Le SCoT du bassin annĂŠcien englobe ainsi sept EPCI (regroupements de communes visant Ă ĂŠlaborer des projets communs). Cela reprĂŠsente soixante-trois communes et plus de 200’000 habitants. Le SCoT traite une grande variĂŠtĂŠs de thèmes relatifs Ă l’amĂŠnagement territorial, comme les espaces paysagers, le logement, la mobilitĂŠ etc... L’Êchelle de temps relative aux formulations ĂŠmisent par un SCoT sont de quinze Ă vingt ans. Annecy a ĂŠgalement une vision globale pour son agglomĂŠration, il s’agit lĂ encore d’une fusion. Ainsi la ÂŤNouvelle AggloÂť comportera ainsi 43 communes (37 au 1er janvier 2017 en raison de plusieures fusions intercommunales), et concernea 199’000 personnes. En relation avec cette nouvelle entitĂŠ administrative, un projet est nĂŠ, il s’intitule ÂŤAnnecy agglomĂŠration 2030Âť. Le but de cette opĂŠration est d’envisager le territoire de la façon la plus cohĂŠrente possible, a travers des axes d’amĂŠnagements, comme la mobilitĂŠ douces, l’attractivitĂŠ du territoire grâce Ă des interventions favorisant un climat ĂŠconomique positif ou encore en proposant une plus grande qualitĂŠ d’accueil par la construction de nouveaux logements de qualitĂŠ. (QÂżQ j OÂśpFKHOOH GH FKDTXH FRPPXQH GHV 3/8 3ODQV Locaux d’Urbanisme) sont rĂŠgulièrement mis Ă jour, et programmes les directions d’amĂŠnagement de chaque quartier.

/HV RXWLOV GH SODQLÂżFDWLRQ HW GH JHVWLRQ GX WHUULWRLUH

67


DÉVELOPPEMENT HISTORIQUE D’ANNECY

Les premières traces d’occupation de l’espace actuel annĂŠcien remontent Ă l’an 3100 av JC, ce qui confèrent Ă Annecy, le statut de ville la plus ancienne des Alpes du Nord. Il s’agissait probablement de villages lacustres, ĂŠrigĂŠs ici en raison de la prĂŠsence du lac et de terrains fertiles. L’histoire gĂŠnĂŠrale de la ville est d’ailleurs fortement liĂŠe Ă son contexte naturel. Toutefois, les diffĂŠrentes phases d’essor qui ont permis le dĂŠveloppement plus ou moins constant de la citĂŠ n’en dĂŠcoulent pas directement, mais sont plutĂ´t liĂŠs Ă une succession d’ÊvĂŠnements historique fondamentaux. L’ÉPOQUE GALLO ROMAINE Ă€ partir de l’an 50 av JC et pendant cinq siècles, on observe la prĂŠsence, en lieu et place de la plaine des Fins, d’un Vicus Gallo Romain d’environ vingt-neuf hectares. Cette position est MXVWLÂżpH SDU OÂśH[LVWHQFH GÂśXQ LPSRUWDQW UpVHDX URXWLHU WUDQVDOSLQ constituĂŠ par la Grande voie de Milan et Treves par le Petit Saint Bernard. De forme triangulaire, Boutae (le nom d’Annecy Ă l’Êpoque) est orientĂŠe par ses trois sommets, au Nord vers Genève, au Sud vers Faverges et Ă l’Ouest ver Aix-les-Bains, station thermale Ă ce moment lĂ . /HV LQYDVLRQV JDXORLVHV GH OD ÂżQ GX 9ème et du dĂŠbut du VIème siècle provoque le dĂŠclin de la population qui va se dispersĂŠe durant le VIème siècle.

$QQHF\ HQ OH QR\DX PR\HQkJHX[ IRUWLÂżp HVW ELHQ YLVLEOH

L’INFLUENCE DES COMTES DE GENĂˆVE La ville va connaĂŽtre un essor très important avec l’arrivĂŠe du FRPWH GH *HQqYH FKDVVp GH VD FDSLWDOH ORUV GH FRQĂ€LWV DYHF les ĂŠvĂŞques. Lorsqu’il prend rĂŠsidence au château, en 1219, Annecy devient capitale politique du comtĂŠ. On assiste alors Ă un doublement de la dĂŠmographie, liĂŠ Ă une croissance du commerce et de l’artisanat. La morphologie urbaine est bouleversĂŠe, Les moulins, les industries textiles et mĂŠtallurgiques prennent place sur les bords du Thiou. Les rues, faubourgs et PXUV GÂśHQFHLQWHV VRQW OH VFHOOHPHQW GpÂżQLWLI GH OD YLOOH MXVTXÂśDX XIXème siècle. Les pĂŠriodes de dĂŠveloppement alternent avec des moments transitoires, dĂŠpourvus de faits marquants. Ainsi, il faut attendre le XVème siècle pour retrouver une nouvelle dynamique.

C’est Ă ce moment que la ville d’Annecy le Vieux va apparaĂŽtre. AMÉDÉ VIII DE SAVOIE LE NOYAU MOYENĂ‚GEUX Il faut attendre le XIIème siècle pour observer une nouvelle

Le XVème siècle est marquÊ par la prise de pouvoir par AmÊdÊ 9,,, GH 6DYRLH TXL DFKqWH OH FRPWp HQ HW XQL¿H OH WHU-

phase de dĂŠveloppement de la ville, cette fois-ci sur les rives du Thiou, au dĂŠbouchĂŠ du lac. Cette position est stratĂŠgique puisqu’il s’agit d’un passage forcĂŠ pour atteindre les rivières

ULWRLUH GH VHV (WDWV ,O pULJH XQ DSDQDJH HQ IDYHXU GH VRQ ÂżOV Philippe et offre Ă l’ancien ComtĂŠ de Genève une rĂŠgime particulier, ainsi, Annecy garde son statut de capitale politique. AmĂŠdĂŠ VIII va s’illustrer dans la gestion de crise qui fait suite Ă une sĂŠrie d’incendies qui vont presque dĂŠtruire la ville en 1403, 1412 et 1448. Il va alors donner une forte impulsion Ă le reconstruction de la citĂŠ.

TXL SURÂżWHQW DX FRPPHUFH HW j OD SUp LQGXVWULH QDLVVDQWH /H noyau moyenâgeux est donc situĂŠ sur un point de contrĂ´le, de SDUW HW GÂśDXWUH GHV ULYHV HW j OÂśLQWpULHXU GH IRUWLÂżFDWLRQV PDUquĂŠes par le château. Peu de documents permettent de connaĂŽtre HW GH FRQÂżUPHU DYHF FHUWLWXGH OHV FRQGLWLRQV GH GpYHORSSHPHQW exactes de la ville, mis Ă part les ĂŠtapes de christianisation. MalJUp FHOD FHUWDLQV DVSHFWV YpULÂżDEOHV JUkFH j GHV WH[WHV GDWpV du XIIème VLqFOH FHUWLÂżHQW XQH YLOOH ELHQ LPSODQWpH /H PDUFKp illustre cette prĂŠsence dĂŠjĂ bien ancrĂŠe de la citĂŠ appelĂŠe Annecy-le-Neuf d’après un ĂŠcrit de 1107.

68

SIĂˆGE ÉPISCOPALE A partir de la moitiĂŠ du XVIème et jusqu’à la moitiĂŠ du XVIIème siècle, Annecy est un siège ĂŠpiscopal. Le patrimoine bâti va DORUV VH SRXUYRLU GH VHV PRQXPHQWV OHV SOXV VLJQLÂżFDWLIV WHOV que le Logis Nemmours et la cathĂŠdrales St Pierre.


LE DÉVELOPPEMENT TOURISTIQUE Il est important de noter, qu’aux XIXème et XXème siècle, les paysages alpins vont attirer le tourisme. Annecy, par son cactère ODFXVWUH HW PRQWDJQHX[ YD SURÂżWHU JUDQGHPHQW GH FHV IDFWHXUV pour ĂŞtre une destination prisĂŠe. Aujourd’hui, l’industrie et le tourisme sont toujours les piliers de l’Êconomie annĂŠcienne.

$QQHF\ j OD ¿Q GX ;9,ème siècle

TRANSITION DE LA PÉRIODE RELIGIEUSE Ă€ L’ÉPOQUE DES PREMIĂˆRES INDUSTRIES En 1792, l’armĂŠe rĂŠvolutionnaire occupe la ville et provoque une perte de ferveur religieuse, une nouvelle phase de dĂŠvelopSHPHQW VH SURÂżOH Les propriĂŠtĂŠs de ClergĂŠ sont transformĂŠes en industries et l’Êconomie connaĂŽt une forte croissance. Cet essor est liĂŠ, notamment, Ă la force motrice hydraulique du Thiou. Dans le mĂŞme temps, Thomas-Dominique Ruphy ĂŠlabore un nouveau plan d’urbanisme, datĂŠ de 1794. Les grands principes de ce dessin sont une voirie large et rectiligne, en dehors des enceintes du noyau moyenâgeux, il ĂŠpargne ainsi ce dernier. De 1815 Ă 1860, le rĂŠgime Sarde va poursuivre le dĂŠveloppement de la ville sous l’impulsion industrielle, toujours grâce, en grand partie, Ă l’utilisation des cours d’eau. Ce caractère industriel demeure jusqu’à nos jours Ă Annecy, et Ă l’Êchelle du dĂŠpartement, qui est l’un des premiers exportateurs français.

Plan d’Annecy en 1914

L’imperial palace en 1913

Ancienne manufacture de Coton

69


DÉVELOPPEMENT URBAIN D’ANNECY

conduire à la rÊnovation de beaucoup de façades et bâtiments.

LA VILLE INTRA-MUROS, PHASE I (XII - XIV

C’est Êgalement à cette Êpoque que les quais au bord du Thiou sont amÊnagÊs.

ème

siècles)

L’apparence de la vieille-ville aujourd’hui, est très liĂŠe au travail global sur les alignements, ĂŠtabli au XIXème siècle, qui va

La vieille-ville telle qu’on la connaĂŽt aujourd’hui, est datĂŠe du XIIème siècle. Elle est composĂŠe du château et de l’enceinte castrale, ainsi que la partie construite au pied des pentes du Semnoz, le long du Thiou, et terminĂŠe par le canal Saint Dominique au niveau de sa partie nord. Ă€ l’Êpoque, l’enceinte de la ville,

LES ANNÉES 1920 -1940 SituÊ en face de la gare, le quartier de la poste voit le dÊbut de sa

de forme ovale est percĂŠe en trois points, correspondants chacun Ă une porte d’accès Ă la citĂŠ. En effet, on retrouve, au nord,

crĂŠation datĂŠe de 1911, avec la construction de l’hĂ´tel de Poste, tandis que l’infrastructure ferroviaire date de 1866. Il fallait ,en effet, attendre le dĂŠpart des sĹ“urs de la Visitation et la dĂŠmolition du monastère. Ce sont les architectes AdĂŠ et Fournier qui

en direction de Genève, une ouverture donnant sur l’actuelle

vont rĂŠellement urbaniser le site, dans les annĂŠes 1920-1930. Ils

rue Filaterie, au sud-ouest,vers Aix-les-Bains et ChambÊry, la porte Sainte-Claire et au sud-est, la porte Perrière, orientÊe vers Faverges.

opèrent selon un plan d’urbanisme clair qui impose une rĂŠgle-

LA VILLE INTRA-MUROS, PHASE II (XIV - XVIIème siècles) C’est au XIVème siècle qu’une nouvelle enveloppe militaire va venir agrandir la ville, en englobant le faubourg bâti autour de l’Êglise Notre Dame de Liesse. Cette nouvelle frontière prĂŠsente des portes en deux endroits. La première est nommĂŠe la porte de Boeuf, en direction de Genève et la porte de Pâquier en direction d’Albigny (lac). LES FAUBOURGS (XVII - XVIIIème siècles) On dĂŠnombre quatre faubourgs qui se sont dĂŠveloppĂŠs le long des axes majeurs de communication, au niveau des portes de la ville. Le premier, le Faubourg de Boeuf, au nord, le long de la route vers Genève, borde l’actuelle rue Carnot, entre la rue Vaugelas et la place François-de-Menthon. Le second, dit le Faubourg Sainte-Claire, situĂŠ après la porte du mĂŞme nom, se dĂŠveloppement le long de l’axe menant Ă ChambĂŠry. (QÂżQ OH )DXERXUJ 3HUULqUH DXTXHO RQ SHXW DMRXWHU OH )DXERXUJ des Anonciades, qui s’Êtablissent au delĂ de la porte Perrière. MORPHOLOGIE GÉNÉRALE DE LA VILLE ANCIENNE On remarque, en gĂŠnĂŠral, des rues ĂŠtroites et sinueuses au sein de la ville intra-muros, qui prĂŠsente de nombreux passages couverts, typiquement mĂŠdiĂŠvaux. Le parcellaire prĂŠsente un dessin foncier variĂŠ. En effet, les parcelles sont plutĂ´t ĂŠtroites et profondes (rues Filaterie, NotreDame...), oĂš l’on trouvait des construction mĂŞlant logement, commerce et artisanat. D’autres sont larges et peu profondes, (rue Jean-Jacques Rousseau...), oĂš s’Êtablissait les couvents et OD QREOHVVH (QÂżQ RQ REVHUYH XQH DOWHUQDQFH GH WHUUDLQV ODUJHV et ĂŠtroits pour une profondeur importante, aux endroits oĂš ĂŠtaient construites les maisons plus modestes et quelques hĂ´tels particuliers (rues de l’Ile Perrière...). 70

mentation stricte. Deux ĂŽlots sont ainsi considĂŠrĂŠs en tant que vides (Squares Stalingrad et Verdun), et une grande cohĂŠrence et homogĂŠnĂŠitĂŠ sont donnĂŠes aux constructions. On retrouve ainsi des rues larges et rectilignes, bordĂŠes de trottoir et ouvrant des perspectives sur les massifs montagneux de la rĂŠgion. Un peu plus tard, entre 1932 et 1938, l’architecte Paul Fournier va donner vie au quartier du lac, situĂŠ au bout du Pâquier, après la dĂŠmolition d’une caserne et de ses haras. L’ensemble suit le plan d’ensemble municipal et est composĂŠ de trois ĂŽlots. Le programme et les règles d’urbanismes sont prĂŠalablement Âż[pHV $LQVL RQ UHWURXYH GHV DOLJQHPHQWV GHV UH] GH FKDXVsĂŠe avec arcades et des hauteurs rĂŠglementĂŠes. Il naĂŽt de ces règles, une harmonie dans les façades et du dialogue entre les constructions. ANNÉES 1940-1960 ET ENSUITE Entre les annĂŠes 1940 et 1960, la ville va beaucoup se dĂŠvelopper. Le quartier des Haras et du Palais de Justice est un exemple parlant de la teneur des interventions urbaines de l’Êpoque. En effet, on remarque une grande diversitĂŠ d’urbanisation, avec des alignements le long de l’avenue du PrĂŠsident Favre et une alternance d’hĂ´tels particuliers, de villas et d’immeubles divers. Il s’agit d’un urbanisme paradoxal, Ă la fois cohĂŠrent et dissonant, qui prĂŠsente d’un cĂ´tĂŠ des alignements et une orthogonalitĂŠ constante, mais aussi une grande diversitĂŠ de constructions (typologies et architectures). C’est Ă partir des annĂŠes 1960, que la ville va grandement s’Êtendre, avec une perte de règles urbaines et de structure. On assiste alors Ă un ĂŠtalement pavillonnaire et de quelques grands ensembles sociaux (Novel), qui suivent une logique d’urbanisme d’ensemble (open planning).


Evolution urbaine d’Annecy, Raoul Blanchard (1958)

71


UN PATRIMOINE INDUSTRIEL Comme nous l’avons vu dans l’Êtude du dÊveloppement histo-

Il demeure essentiel de garder en tĂŞte cet aspect historique

rique d’Annecy, la situation gÊographique de la ville a permis

lorsque l’on intervient dans le dÊveloppement d’un espace urbain, qui contient les traces de ce passÊ.

une implantation très forte et très tĂ´t de l’industrie qui a façonnĂŠ l’image de la citĂŠ en dictant son ĂŠvolution, notamment Ă partir du XVIIIème siècle. L’INDUSTRIE RHONE-ALPINE La rĂŠgion RhĂ´ne-Alpes est de longue date une zone ou l’industrie a longtemps prospĂŠrĂŠ et tente de continuer malgrĂŠ une dĂŠsindustrialisation progressive de la France, Ă laquelle RhĂ´ne-Alpes n’Êchappe pas. MalgrĂŠ tout, on peut toutefois noter une bonne prĂŠsence industrielle. Historiquement, ce caractère industriel est liĂŠ Ă la position de la rĂŠgion, Ă mi-chemin entre les Pays-Bas et le l’Italie, sur les principales routes d’Êchanges europĂŠens. Dès le XVIème siècle, Lyon (alors Italienne et Allemande) se voit dotĂŠe d’une grosse industrie d’imprimerie. Dès lors, la rĂŠgion voit ses portes s’ouvrir vers l’europe. Toutefois, le vrai tournant vient au XIXème siècle, lorsque Lyon voit se dĂŠvelopper l’industrie de la soierie. Cette fois-ci, la rĂŠgion s’ouvre au monde entier et l’industrie textile s’Êtend au delĂ de la citĂŠ Lyonnaise. Tout le processus industriel, de l’Êlevage des vers jusqu’à la ÂżODWXUH HVW HIIHFWXp UpJLRQDOHPHQW /H SURGXLW GH FH WUDYDLO YD alors ĂŞtre exportĂŠ dans le monde entier, notamment Ă Londres et New-York, berceaux de la mode.

ANNECY ET L’INDUSTRIE C’est donc au crĂŠpuscule du XVIIIème siècle et au dĂŠbut du XIXème que commence l’essor industriel d’Annecy. Ă€ cette ĂŠpoque, la ville assiste Ă la naissance de trois industries liĂŠe Ă l’arrivĂŠe de trois entrepreneurs dans la rĂŠgion annĂŠcienne. Il y a alors une transformation ĂŠconomique puisque l’ouverture de ces entreprises est en rupture avec les activitĂŠs traditionnelles de la citĂŠ. Ainsi, les trois industries pionnières de la ville sont les papèteries Aussedat de Cran en 1802, la manufacture de Coton d’Annecy en 1804 et les forges de Cran en 1817. Les paSHWHULHV VRQW OLpHV DX[ pWDEOLVVHPHQWV 0RQJROÂżHU GÂś$QQRQD\ ils deviendront Canson, tandis que les forges seront le centre mĂŠtallurgique du royaume PiĂŠmont-Sardaigne. L’espace urbain va muter dans les annĂŠes 1920 après l’implantation de nouvelles industries majeures. Parmi elles, une sociĂŠtĂŠ de roulements Ă billes (SRO), crĂŠĂŠe par Schmid-Roost en 1917, elle existe encore aujourd’hui sous le nom de SNR, et est une entreprise de taille mondiale. Une usine est encore en service dans le quartier de la gare d’Annecy. Cette implantation a ĂŠtĂŠ permise par la fourniture d’ÊlectricitĂŠ par la sociĂŠtĂŠ des Forces du Fier. Encore une fois, on remarque que l’environnement naturel de la ville y a grandement favorisĂŠ la naissance des industries. D’autres marques et industries vont voir le jour Ă Annecy, notamment dans le domaine de l’Êquipement de montagne. Ainsi en 1928, Marc Millet donne naissance Ă la marque du mĂŞme nom, tout comme Georges Salomon, en 1947, qui crĂŠe une sociĂŠtĂŠ de cares de ski qui deviendra un leader mondial dans les sports d’hiver et en 1952 Georges Ribolat et RenĂŠ Veyrat enfante la marque Fusalp. (QÂżQ HQ )UDQoRLV 2GLQ /pR *DQWHOHW HW 3LHUUH 3DVTXLHU crĂŠe le groupe Sopra, une sociĂŠtĂŠ de service et de conseil en informatique, qui possède aujourd’hui une dimension mondiale.

IntĂŠrieur d’un tisseur en soie XIXème siècle - Jules Ferat

Cette mise Ă bas des frontières va alors impacter tous les autres secteurs de l’industrie rĂŠgionale, comme, plus tardivement, l’Êlectro-mĂŠtallurgie et l’Êlectro-chimie. Ainsi, on peut voir que RhĂ´ne-Alpes, Ă l’inverse de bien d’autres rĂŠgions, n’a pas favoriser un dĂŠveloppement agricole mais bel et bien industriel, et ce de manière très prĂŠcoce. Ce pan de l’histoire doit ĂŞtre soulignĂŠ et bien assimilĂŠ pour comprendre rĂŠellement la culture et le patrimoine de la rĂŠgion.

72

Tout ce parc industriel a gĂŠnĂŠrĂŠ une grande dynamique ĂŠconomique a Annecy et a eu une importance fondamentale quant Ă son dĂŠveloppement urbain. Ainsi, bien que la tendance actuelle voit Annecy se diriger vers le secteur tertiaire, notamment grâce au tourisme, il faut, malgrĂŠ tout, souligner et prendre en compte la puissance de l’industrie et des industriels qui y persiste encore.


Les papeteries Aussedat de Cran-Gevrier

Les Forges de Cran

73


74


ÉTAT DES LIEUX Après cette introduction Ă la ville d’Annecy et son contexte, il est nĂŠcessaire de se pencher sur les caractĂŠristiques actuelles de la ville. Il s’agit de comprendre son fonctionnement et sa morphologie, pour dĂŠceler ses points forts et ses faiblesses. Par ailleurs, il sera intĂŠressant d’Êtudier les enjeux liĂŠs aux logements, aux ĂŠquipements et aux activitĂŠs ĂŠconomiques, en lien avec une DSHUoX GX SURÂżO GpPRJUDSKLTXH HW GHV SRSXODWLRQV HQ SUpVHQFH &HWWH pWDSH SHUPHWWUD GÂśLGHQWLÂżHU OHV EHVRLQV GÂś$QQHF\ GÂśXQH manière gĂŠnĂŠrale, pour pouvoir ensuite se concentrer sur le quartier de la gare, dans lequel se trouve le site de projet. Note : les cartes et plans sont orientĂŠs vers le nord, dans le cas contraire une indication graphique est ajoutĂŠe.

75


APERÇU GÉNÉRALE DE L’AFFECTATION DU TISSU BÂTI ANNÉCIEN BUREAUX ET INSTITUTIONS Annecy étant la préfecture de Haute-Savoie, on retrouve naturellement, au sein du tissu bâti, la présence de bâtiments administratifs. Cependant, on remarque un nombre très faible de constructions dédiées aux bureaux. En réalité les entreprises de grande taille ayant leur siège social à Annecy sont très peu nombreuses et les PME ont leurs bureaux disséminés dans les ensemble résidentiels.

76

ZONE RÉSIDENTIELLE Caractéristique des villes moyennes française, la zone résidentielle d’Annecy est une composition de zones de logements collectifs et d’habitats individuels. Il est frappant de constater l’importance de la zone villa et l’espace très vaste qu’elle occupe. Ainsi le plan masse d’Annecy semble saturé de construction mais le potentiel d’expansion démographique est encore très important pour la ville. On remarque une répartition homogène des services liés à l’habitat, toutefois, une étude à une échelle plus réduite montre une répartition inégale des commerces de proximité.

ZONES INDUSTRIELLES

CENTRE HISTORIQUE

Les zones industrielles sont situées en périphérie d’Annecy, à la limite des frontières administratives de la commune ancienne. Elles constituent un élément remarquable dans le tissu urbain puisque leur position, à l’intérieur de la ville ou à proximité immédiate de zones résidentielles ou commerciales, a une valeur de mémoire. En effet, le développement d’Annecy et des communes des alentours. Les entreprises qui occupent ces espaces se sont implantées dans le lieu, plus ou moins récemment, toutefois, plusieurs d’entre elles sont des composantes historiques du paysage urbain annécien. L’usine SNR est l’exemple le plus caractéristique de cette implantation relativement centrale de l’industrie. En effet, situé à proximité de la gare et de l’«hypercentre» d’Annecy.

Véritable cœur de la ville, le centre historique est également l’image de la ville dans la vision collective. Il constitue l’«hypercentre» puisqu’il concentre l’essentiel de l’intensité urbaine au niveau de la sociabilité. Ce caractère est très fortement lié à sa position de l’espace de la ville, à son rapport aux éléments naturels, sources d’intérêts pour les usager de l’espace urbain. Mais aussi à sa morphologie, aussi bien au niveau des articulations de l’espaces publics, qu’à l’affectation du bâti. En effet, les rez-de-chaussée sont en très grande majorité commerciaux, tandis que les étages sont résidentiels. Il est intéressant d’observer comment l’intensité de cet espace se propage en dehors du tissu historique, et se perd très rapidement.


Affectation du tissu bâti 77


ÉTAT GÉNÉRAL DE LA MIXITÉ FONCTIONNELLE On a pu remarquer que le tissu urbain annĂŠcien ĂŠtait très fortement composĂŠ de logements collectifs et individuels. Toutefois

PÉRIPHÉRIE RÉSIDENTIELLE

XQH pWXGH IRFDOLVpH VXU OHV UH] GH FKDXVVpH SHUPHW GœLGHQWL¿HU GHV DIIHFWDWLRQV SOXV GLYHUVL¿pHV ,O pPDQH GH FHWWH DQDO\VH XQ schÊma structurel de la ville en fonction de cette mixitÊ. On peut d’ailleurs estimer que la mixitÊ fonctionnelle, à annecy, est situÊe à une Êchelle intermÊdiaire. En effet, on ne trouve pas de rÊels ensembles multifonctionnels mais plutôt, lorsqu’il existe une mÊlange d’affectations, une typologie commerciale

L’espace urbain situÊ en proximitÊ directe du cœur de la

au niveau de la rue et du logement aux ĂŠtages.

ment, les typologies ne sont pas ĂŠtudiĂŠes pour accueillir

ville est composĂŠ de villas et d’immeubles dont l’affectation est exclusivement rĂŠsidentielle, du rez-de-chaussĂŠe aux ĂŠtages. La mixitĂŠ fonctionnelle y est quasiment inexistante. On y trouve très ponctuellement des locaux de bureau, des ateliers ou encore des surfaces commerciales. Globaled’autres fonctions que celle d’habiter. Cette zone Ă connu une forte rĂŠsidentialisation et a subit ce phĂŠnomène, quant au degrĂŠ de sociabilitĂŠ urbaine qu’on y trouve.

CENTRE-VILLE SECONDAIRE Il s’agit, globalement, de l’extension de la partie ancienne de la ville. Une part importante des rez-de-chaussÊe sont des surfaces commerciales, de bureaux et de restauration. Toutefois, l’impact de la mixitÊ fonctionnelle n’est pas le plus intense de la ville, puisqu’une partie non nÊgligeable des espaces situÊs au niveau de la rue demeure inaccessible, et n’est pas liÊe à l’espace public urbain.

78

CENTRE-VILLE Cette partie de la ville connaĂŽt la plus grande intensitĂŠ sociale. En effet, la très grande majoritĂŠ des rez-de-chaussĂŠe sont des commerces de proximitĂŠ, des espaces de restauration ou encore de boutiques. Ici, l’espace public de la rue entretien un dialogue rĂŠel avec les espaces intĂŠrieurs. A la diffĂŠrence du centre-ville secondaire, et plus encore de la pĂŠriphĂŠrie rĂŠsidentielle, la mixitĂŠ fonctionnelle apporte un vrai atout Ă la vie de cette zone. C’est notamment pour cette raison qu’elle est le cĹ“ur de la ville.


Niveaux de mixitĂŠ fonctionnelle 79


GABARIT DU TISSU BĂ‚TI ET DENSITÉ On peut donc voir que les trois-quarts du cadre bâti d’Annecy a

UNE PROFIL HORIZONTAL

un gabarit infĂŠrieur Ă cinq ĂŠtages. Cette observation prend son sens lorsque l’on considère la ville comme moyenne avec une population de 54’000 habitant. Cependant, dans le contexte de Suface utilisĂŠe

OD IXVLRQ OH SURÂżO XUEDLQ GÂś$QQHF\ QH FRUUHVSRQG SDV j OÂśLPDJH qu’elle souhaite possĂŠder au sein de la rĂŠgion RhĂ´ne-Alpes Auvergne. Il est ĂŠgalement important de garder un regard Ă une ĂŠchelle plus rĂŠduite, face Ă Genève, Annecy doit garder un dynamisme qui fait son attractivitĂŠ. Elle doit donc renouveler son

R+1-2

R+3-4

R+5-6

R+7+

L’analyse des gabarits du tissu bâti annĂŠcien fait ressortir un SURÂżO GH YLOOH SOXW{W KRUL]RQWDOH (Q HIIHW OHV ]RQHV YLOODV RFcupent encore une surface très importante du tissu urbain. Ainsi on remarque une forte proportion de gabarits R+1,2. On observe ĂŠgalement une prĂŠsence majoritaire d’ouvrage de type R+3,4, notamment dans la partie ancienne de la ville, caractĂŠrisĂŠe par une hauteur plus ou moins constante. Par ailleurs, on peut lire sur le plan gĂŠnĂŠral des gabarits que bon nombre d’Îlots de logements n’excède pas quatre ĂŠtages au dessus du rez. /H JDEDULW 5 HVW pJDOHPHQW XQ SURÂżO PDMHXU GX FDGUH XUbain d’Annecy, notamment au niveau des logements collectifs. (QÂżQ RQ QH FRPSWH TXH TXHOTXHV H[HPSOHV GÂśRXYUDJHV GpSDVsant un gabarit de sept ĂŠtages au dessus du rez-de-chaussĂŠe. A titre de repère, les bâtiments les plus hauts de la ville sont les trois tours d’Albigny construites par l’architecte Maurice Novarina en 1962, mesurant chacune quarante mètres.

XUEDQLVPH j OÂśLPDJH GH OD YLOOH 6XLVVH TXL RSqUH GHV SODQLÂżFDtions de projets d’envergures (PAV), notamment avec Thononles-Bains (Grand Genève...). UNE DENSITÉ DE POPULATION MOYENNE /HV FKLIIUHV RIÂżFLHOV IRQW pWDW GÂśXQH GHQVLWp GH SRSXODWLRQ GH KDE NPĂ° FHSHQGDQW LOV QH VRQW SDV UHSUpVHQWDWLIV GH OD UpalitĂŠ puisqu’une grande part de la surface administrative de la ville est purement non amĂŠnageable. En effet, le plan du bâti nous montre un espace saturĂŠ de construction ou la dĂŠnivellation le permet. Ainsi, pour comparer avec justesse Annecy et d’autres villes, il faut se concentrer sur la surface urbanisable, qui se limite Ă 6.65 kilomètres carrĂŠs (zones urbaines : 43%, zones naturelles 57%). Ainsi on peut estimer la densitĂŠ de poSXODWLRQ j KDE NPĂ°

2765 hab/km²

CHAMBERY

3227 hab/km²

LAUSANNE

8120 hab/km²

ANNECY

8837 hab/km²

L’une des trois tours d’Albigny

80

GRENOBLE

10460 hab/km²

LYON

12628 hab/km²

GENĂˆVE

21154 hab/km²

PARIS


Gabarits du tissu bâti 81


UNE DENSITÉ AFFAIBLIE PAR L’HABITAT INDIVIDUEL ET DES SITES NON EXPLOITÉS Comme vu précédemment, l’espace urbain de la commune d’Annecy occupe la très grande majorité du territoire, à l’intérieur des frontières administratives la ville, mis à part au niveau de la partie sud de celle-ci, en raison des contraintes naturelles du site (les pentes du Semnoz). Toutefois, la densité du tissu bâti reste relativement faible, ceci est notamment dû à des gabarits plutôt bas, mais aussi et surtout à la très forte présence d’habitat individuel, y compris à proximité immédiate de l’hypercentre annécien. La carte ci-contre illustre l’importance des zones villas, que l’on peut considérer, pour une majorité d’entre- elles, et comme dans beaucoup d’autres villes, comme des zones perdues ou tout au moins au potentiel sous exploitées. Par ailleurs, on remarque également distinguer les prinFLSDOHV SDUFHOOHV YLGHV RX HQ Gp¿FLW G¶XWLOLVDWLRQ 2Q SRXUUDLW ajouter également les dents creuses qui parsèment le tissus bâti HW TXL VRQW GH YpULWDEOHV VLWHV GHQVL¿DEOHV Il faut tout de même noter que les zones pavillonnaires ne sont pas les seules responsables de cet abaissement de la densité. En effet quelques zones sont inutilisées, cependant, des projets d’aménagement sont en cours et la majorité de ces-dernières vont voir leur potentiel utilisé. Il reste donc de nombreuses surfaces à exploiter, avec des ordres de priorité variables. En effet, il m’apparaît plus pertinent de revaloriser, dans un premier temps, les zones les plus centrales, puis, dans un second temps, les espaces en périphérie du cœur urbain. 82


L’impact de la zone villa dans le tissu urbain 83


LES ENJEUX LIÉS AUX ÉQUIPEMENTS ET AUX POPULATIONS ANNÉCIENNES

RĂŠpartition de la population par classes d’âges

UNE POPULATION VIEILLISSANTE Il est important de relever que 24% de la population annĂŠcienne est retraitĂŠe. Bien que toutes les personnes ayant terminĂŠes leur carrière professionnelle ne soit pas des seniors, on peut tout de mĂŞme considĂŠrer que la majoritĂŠ d’entre elles sont assez âgĂŠes. Cette tendance allant vers une population vieille semble s’accentuer, d’une manière gĂŠnĂŠrale Ă l’Êchelle nationale voire plus, mais en particulier Ă Annecy. En effet, la ville est très attractive pour les personnes des tranches d’âges dĂŠjĂ bien avancĂŠes. D’une manière gĂŠnĂŠrale, on peut dire que la ville est bien ĂŠquipĂŠe pour subvenir aux besoins de cette catĂŠgorie d’habitants, en terme d’infrastructures spĂŠcialisĂŠes. Toutefois l’Êquilibre est fragile et il reste nĂŠcessaire de SODQLÂżHU SDUDOOqOHPHQW DX[ QRXYHDX[ HQVHPEOHV GH ORgements, un renouvellement du parc bâti dans le domaine concernant les personnes âgĂŠes. Par ailleurs, il faut permettre une qualitĂŠ de vie aux seniors dĂŠsirant rester chez-eux en proposant de nouveaux programmes intergĂŠnĂŠrationnels, et offrant des services de proximitĂŠs, en lien avec un concept de mixitĂŠ sociale et fonctionnelle.

84

UNE VILLE PLUTĂ”T BIEN ÉQUIPÉE *OREDOHPHQW OD YLOOH GÂś$QQHF\ SURÂżWH GÂśXQ PDLOODJH WHUULWRULDO HIÂżFDFH HW HQ ERQ pWDW JpQpUDO DX QLYHDX GHV pTXLSHPHQWV 7RXtefois, l’Êquilibre reste toujours très fragile puisque, notamment au niveau des ĂŠtablissements scolaires, la zone de bon fonctionnement et de confort est très mince. Cette caractĂŠristique est d’autant plus vraie lors d’opĂŠrations importantes de renouvellements urbains. L’enjeu majeur concernant la qualitĂŠ de services disponibles et facilement accessibles, est de rĂŠussir Ă prĂŠserver un bon niveau tout en accueillant de nouveaux habitants. Au niveau du centreville, le challenge est encore plus ĂŠlevĂŠ puisqu’il s’agit de partie source d’attractivitĂŠ et de l’image globale d’Annecy. Il faut ainsi parvenir a garder voire augmenter la densitĂŠ de service et miser sur une multiplication des ĂŠquipements de proximitĂŠ. Il faut aussi parvenir, lors du dĂŠveloppement du cĹ“ur de ville, a attĂŠnuer la frontière entre un centre très favorisĂŠ et une pĂŠriphĂŠrie immĂŠdiate ou l’offre est beaucoup moins qualitative. Le quartier de la gare, en certains points, est l’exemple d’une rupture brutale entre une zone très vivante, très privilĂŠgiĂŠe et un morceau de ville beaucoup moins intense.


Le maillage territorial des ĂŠquipements 85


LES ENJEUX LIÉS AU LOGEMENT Ă€ ANNECY Š/HV pYROXWLRQV GpPRJUDSKLTXHV YLHLOOLVVHPHQW UDSLGH HW LVROHPHQW HW OHV WUDQVIRUPDWLRQV GH OD VWUXFWXUH GHV PpQDJHV EDLVVH GH OD WDLOOH PR\HQQH FRQWLQXHQW GÂśDOLPHQWHU XQH GHPDQGH IRUWH HQ ORJHPHQW TXL QH SRXUUD rWUH VDWLVIDLWH GDQV XQH YLOOH FHQWUH FRPPH $QQHF\ TXH SDU XQ SDUWL SULV HW XQH YRORQWp IRUWH GÂśRSWLPLVDWLRQ GX UHVWH GH IRQFLHU GLVSRQLEOH GDQV OH FDGUH GHV RSpUDWLRQV GH UHQRXYHOOHPHQW XUEDLQ j PHQHU > @ 'X IDLW GÂśXQH RIIUH IRQFLqUH WUqV OLPLWpH OÂśHQMHX IRQGDPHQWDO SRXU le dĂŠveloppement de la ville reste encore celui d’une mobiliVDWLRQ RSWLPDOH GHV IULFKHV XUEDLQHV HW GX SRWHQWLHO GH GHQVLÂżFDWLRQ UpVLGXHO GHQWV FUHXVHV GDQV OH FDGUH GÂśRSpUDWLRQV GH renouvellement urbain.Âť1 UN FORTE DEMANDE DANS UN MARCHÉ IMMOBILIER TENDU Le marchĂŠ immobilier Ă Annecy est caractĂŠrisĂŠ par une forte tension, l’une des plus importante Ă l’Êchelle du territoire national, si l’on excepte l’Île de France qui reste dans une autre dimension. Il existe, en effet, une forte demande au sein de l’agglomĂŠration annĂŠcienne et plus encore dans son centre, en raison d’une très bonne dynamique ĂŠconomique, et la proximitĂŠ de la Suisse qui favorise grandement l’attractivitĂŠ de ce secteur de la Haute-Savoie, tout comme la qualitĂŠ de vie qu’on y trouve. Ainsi, on constate depuis quelques annĂŠes, que la pression foncière et la plus grande facilitĂŠ Ă commercialiser des logements de petite taille, produit une offre dĂŠcalĂŠe avec la taille des mĂŠnages, mais aussi avec des tarifs en inĂŠquation avec les revenus moyens des habitants, en particulier avec les salaires des travailleurs non frontaliers.

UNE STAGNATION DÉMOGRAPHIQUE LIÉE Ă€ UNE OFFRE TROP FAIBLE ET INADAPTÉE On remarque, depuis les annĂŠes 1980, une stabilisation de la population annĂŠcienne autour de 50’000 habitants. Cette stagnation est en partie due Ă une offre de logements très peu accessibles, notamment aux mĂŠnages les plus modestes et en particulier ceux avec enfants. En effet, dans l’incapacitĂŠ de trouver un appartement dont la typologie ou le loyer correspondent Ă leurs besoins, beaucoup d’entre-deux se dirige alors vers les pĂŠriphĂŠries. Cet ĂŠloignement des centre-villes va très clairement Ă contresens d’une dĂŠmarche durable dans laquelle tout projet doit maintenant s’inscrire. En effet un mode de vie de proximitĂŠ semble de mise et les villes doivent impĂŠrativement se donner les moyens de favoriser cette approche.

Évolution dĂŠmographique entre 1962 et 2012 1 | Ville d’Annecy, 3/8 5pYLVLRQ Qƒ WHU 5DSSRUW FRPSOpPHQWDLUH 'LDJQRVWLF juin 2016, p31

86


UN MARCHÉ DIFFICILEMENT RÉGULABLE, UNE OBLIGATION DE SE TOURNER VERS LE LOGEMENT SOCIAL La fuite des mĂŠnages vers les pĂŠriphĂŠries demeure donc un vĂŠritable problème et il est obligatoire d’y remĂŠdier. Ainsi, l’une des premières mesures Ă prendre est d’instaurer une politique de crĂŠation de logements sociaux forte, qui ne se limitera pas aux minimas de 20%, imposĂŠs par la loi SRU en 2000, puis portĂŠ Ă 25% en 2013, aux communes de plus de 3’500 habitants. Ce dĂŠpassement de la norme est d’autant plus important Ă Annecy que les revenus apportĂŠs par la Suisse font

Évolution des logements sociaux entre 2004 et 2015

RIÂżFH GH OHYLHUV SRXU OH PDUFKp LPPRELOLHU SXLVTXÂśLOV WRXFKHQW une proportion importante de la population. Les travailleurs restĂŠs sur le territoire national, sont dès lors en situation de plus en plus dĂŠlicate. Ce contexte de grand ĂŠcart de revenus Ă une si JUDQGH pFKHOOH HVW WUqV VSpFLÂżTXH DX[ UpJLRQV WUDQVIURQWDOLqUHV particulièrement avec la Suisse, des solutions doivent impĂŠrativement ĂŞtre trouver pour que la situation reste vivable. Il existe des dispositifs de rĂŠgulation des loyers et une politique d’offre en accession Ă la propriĂŠtĂŠ. Il faut aussi imaginer de nouvelles formes d’habitat, comme par exemple le logement coopĂŠratif. Les exemples se multiplient dans le nord de l’Europe et en Suisse, notamment Ă ZĂźrich. Cette prise en compte des classes les plus modestes dans des projets situĂŠs aux cĹ“urs des villes va instaurer une rĂŠelle mixitĂŠ sociale, et non plus un semblant de brassage, qui, Ă l’Êchelle pratiquĂŠe, n’apporte pas de rĂŠelles avancĂŠes sociologiques.

Motifs de la demande 45%

22,8%

Couple avec 1 Ă 3 enfants

21,9%

11,2%

2,5%

Couple sans enfant

Famille nombreuse

Famille monoparentale

Personne seule

3URÂżO GHV GHPDQGHXUV ÂżO G G G 87


L’ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE D’ANNECY ET LES CATÉGORIES DE PERSONNES REPRÉSENTÉES DES TRAVAILLEURS MAJORITAIREMENT NON RÉSIDENTS Dans un premier temps, un point important Ă relever est le très grand nombre d’emplois Ă Annecy. En effet, on ne dĂŠnombre pas moins de 32’736 postes soit 1.5 fois la population active de la ville qui s’Êlève Ă environ 25’000 personnes. La citĂŠ lacustre IDLW DLQVL RIÂżFH GH S{OH GÂśHPSORL SULQFLSDO GX EDVVLQ DQQpFLHQ En regardant d’un peu plus près les chiffres, on observe qu’un travailleurs sur trois, seulement, rĂŠside ĂŠgalement dans la commune. En d’autres termes, on peut dire que 46% de la population active annĂŠcienne vit et travaille dans la mĂŞme ville. DE NOMBREUX PENDULAIRES Les chiffres ĂŠvoquĂŠs plus haut implique qu’une grande partie de la masse de travailleurs sur Annecy doit effectuer un trajet domicile/travail relativement long. Ce chiffre important de penGXODLUHV D XQH FRQVpTXHQFH GLUHFWH VXU OÂśLPSRUWDQFH GX WUDÂżF dans la ville. Il apparaĂŽt très clairement que cette catĂŠgorie de personnes effectue ces dĂŠplacements quotidiens en voiture et seule. Cette caractĂŠristique implique nĂŠcessairement, des conditions de circulation compliquĂŠes aux heures de pointe et un fort besoin en places de stationnement. Ce dernier point est d’autant plus vrai que la tendance semble s’accentuer malgrĂŠ les efforts mis en place par les services publics au niveau des mobilitĂŠs douces et les transports en commun. En effet, l’offre au niveau de ceux-ci s’est amĂŠliorĂŠ et a fait reculer l’usage de l’automobile de 4% Ă l’Êchelle des actifs vivant et travaillant sur la commune.

UN SECTEUR ECONOMIQUE TERTIAIRE MAJORITAIRE On a vu, dans l’Êtude historique d’Annecy, que la ville est nĂŠe d’une grande force industrielle. Aujourd’hui, l’Êconomie de la commune s’est tertiarisĂŠe, et le secteur majoritaire est celui du commerce, service et transport. Il reprĂŠsente ainsi 52% des emplois sur Annecy. Il s’agit d’une consĂŠquence de la puissance très forte du tourisme Ă Annecy. En effet, c’est l’un des pilier de l’Êconomie de la rĂŠgion et notamment de la commune. L’administration publique a ĂŠgalement une grande importance sur l’emploi puisque 32% des postes. Ă€ la suite de ces deux secWHXUV PDMHXUV YLHQQHQW OÂśLQGXVWULH HW HQÂżQ OD FRQVWUXFtion (4%). Il est tout de mĂŞme fondamental de pouvoir ĂŠquilibrer l’Êconomie avec des entreprises dites de productique. Faute de quoi, on court un risque d’avoir une ville sans force de production, et donc se retrouvant repliĂŠe sur elle-mĂŞme puisque sans moyen d’exportation. La majoritĂŠ des employĂŠs est considĂŠrĂŠe comme ĂŠtant des salariĂŠs de classe ÂŤintermĂŠdiaireÂť (30%) et des cadres (19,6%).

Les secteurs ĂŠconomiques importants

88


UN NOUVEAU SECTEUR QUI TEND À SE DÉVELOPPER : LE TOURISME D’AFFAIRE La position d’Annecy, entre l’Italie et la Suisse, couplée a une bonne accessibilité, une économie dynamique et des attraits naturels et culturels, font de la ville un espace attrayant pour les congressistes. Il s’agit de la deuxième destination de Rhône-Alpes pour les affaires, derrière Lyon qui domine le secteur dans la région avec des manifestations de renommées internationales. À l’heure actuelle, le tourisme professionnel représente 70 millions d’euros de gains pour le commerce et l’hotellerie de l’agglomération et en particulier annécienne. Toutefois, la situation demeure précaire puisque les infrastructures tendent à manquer, ce qui engendre un risque de perte d’intérêts pour la ville de la part des entreprises congressistes. Il devient alors inévitable de se doter d’installations en adéquation avec les attentes des acteurs de ce secteur haut de gamme. Un projet de centre des congrès et d’exposition sur les bords du lac, à proximité de l’Impérial Palace a été mis au concours en 2010, lequel a été remporté par le bureau Snohetta. Le lieu rassemble beaucoup de qualités pour attirer des événements prestigieux, toutefois, il reste un point de discorde essentiel entre les riverains et les pouvoirs publics. Ainsi les élus ont accepté l’avant projet en 2015 mais celui-ci a buté sur l’enquête publique en 2016. On pouvait s’attendre a de telles complications puisque le site est particulièrement sensible vis à vis de la population. On peut questionner le choix d’une telle situation puisque dans le cas présent, le contexte choisi porte le fonctionnement du centre mais l’infrastructure n’améliorera pas la vie de cette zone. On peut dès lors imaginé une cheminement inverse. En utilisant des programmes similaires, peut-être à moins grande échelle, pour renouveler la vie d’un quartier, tout en favorisant le développement du tourisme d’affaire le temps de chercher un emplacement stratégique pour un bâtiment iconique.

L’avant projet du centre des congrès par Snohetta 89


LA SITUATION DU DÉPLACEMENT LA SITUATION DE L’AUTOMOBILE EN VILLE

LA SITUATION DE L’AUTOMOBILE POUR LES LON-

D’un point de vue gÊnÊral, on peut dire que la circulation en

GUES DISTANCES

voiture dans Annecy est assez aisĂŠe. Il existe ĂŠvidemment des horaires Ă ĂŠviter en particulier le soir, aux heures de retour des travailleurs frontaliers. La partie historique de la ville est dĂŠ-

La ville d’Annecy est très bien desservie par le rĂŠseau de routes nationales, qui permettent d’effectuer les trajets de moyennes

diĂŠe majoritairement aux piĂŠtons, donc les voitures restent en pĂŠriphĂŠrie ou les rues sont plus larges. Ainsi, la situation reste

NLORPqWUHV $QQHF\ *HQqYH HQ FRQGLWLRQV ÀXLGHV SUHQG XQH

Ă€XLGH j OÂśLQYHUVH GÂśDXWUHV YLOOHV SOXV LPSRUWDQWHV FRPPH *Hnève. Les infrastructures sont donc relativement bien adaptĂŠes, pour le moment. Le problème majeur concerne le stationnement, notamment le week-end, dans le centre-ville. Il existe un grand nombre de parkings gratuits et payants mais durant une bonne partie de la journĂŠe, ceux-ci sont saturĂŠs. La ville souffre d’un manque de places de stationnement, notamment en pĂŠriphĂŠrie de l’hypercentre, qui concentre l’essentiel de la vie urbaine.

petite heure. Cela permet un accès rapide Ă une multitude de rĂŠalitĂŠs urbaines, dont 200’000 personnes. Ce degrĂŠ de mobilitĂŠ est encore amĂŠliorĂŠ par une connexion forte au rĂŠseau autoroutier, qui dessert Annecy et son agglomĂŠration en via trois sorties, Annecy-Nord, Annecy Sud et Seynod. Ainsi, un trajet Annecy Lyon prend environ 1h30 (150 km). L’accès Ă près de 500’000 personnes s’effectue, virtuellement, dans un laps de temps relativement court pour une ville moyenne française.

Courier : 748 places

Visitation : 100 places

Broschetti-Loverchy : 29 places

Carnot : 89 places

Colmyre : 140 places

Château : 38 places

Gare : 205 places

Marquisats : 217 places

Tresums : 180 places

Poste : 306 places

Tillier : 30 places

Providence : 29 places

Sainte-Claire : 322 places

Base Nautique : 77 places

La Tournettes : 176 places

ChevĂŞne : 166 places

Stade Nautique : 200 places

Château : 213 places

ImpĂŠrial : 290 places

HĂ´tel de Villes : 418 places

Sainte Bernadette : 140 places

Bonlieu : 671 places

Place des Romains : 360 places

Palais de Justice : 106 places Galeries Lafayettes : 350 places

90

distances de façon aisĂŠe. Ainsi, un trajet d’une soixantaine de

BILAN : 5600 places totales dont : 4046 payantes 1554 gratuites


Plan des parkings d’Annecy 91


LA SITUATION DES TRANSPORTS EN COMMUN ET MOBILITÉ DOUCE La ville d’Annecy est équipée d’une gare SNCF, transformée entre 2012 et 2014, en «pôle d’échange multimodal». Accolée

Le pôle multimodal offre également d’utiliser des vélos en libre

à cet ouvrage, on retrouve aussi la gare routière. On peut donc dire que les moyens de transports en commun sont organisés autour d’une centralité forte, située dans le centre ville d’Annecy. Le réseau de bus urbains se déploie à partir de ce «hub» et répartit ses connections selon un système polarisé de nœuds secondaires. Ainsi, le territoire de la commune d’Annecy et les

les déplacement à bicyclette sont compliqués, à la fois en zone piétonne, en raison du grand nombre de personne, ainsi que sur

service, grâce au concept «vélonecy». Toutefois, en centre ville,

les voies carrossables, ou peu de bandes cyclistes sont aménagées.

communes adjacentes, celles concernées par la fusion et celles faisant partie de l’agglomération, sont desservies par un mailODJH UHODWLYHPHQW HI¿FDFH GH OLJQHV GH EXV &H GLVSRVLWLI GH GHVserte est lisible selon deux niveaux. Le premier est constitué des lignes principale, sept au total, le second les lignes secondaires, pour un total de 17 lignes. Concernant l’utilisation de ce réseau de transports en commun, la ville étant relativement petite et les intervalles de temps entre les bus étant assez longs (15-20 minutes pour les lignes principales), le mode de déplacement à pied ou à vélo pour les trajets de moins de 15-20 minutes en marchant, en centre ville, sont privilégiés. Les transports en commun sont utilisés en priorité pour les liaisons entre communes et hors centre-ville. Pour les liaisons régionales, depuis la gare routière, le reseau d’autocars «LIHSA» (Lignes Interurbaines de Haute-Savoie), propose des correspondances avec toutes les villes importantes du département. Par ailleurs, les longues distances régionales voire nationales, sont assurées par le réseau TER qui part de la gare ferroviaire et par le TGV reliant Annecy à Paris. On peut donc dire que le réseau de transport en commun est très bien développé et en adéquation avec l’échelle de la ville. LA MOBILITÉ DOUCE Je trouve que la ville d’Annecy est particulièrement adaptée aux déplacements piétons. En effet, une vaste zone piétonne existe depuis les années 1970, au cœur du centre historique ou se retrouvent toutes la majorité des réalités urbaines de commerce, restauration, loisirs et de rencontre. De plus, en périphérie des limites physiques de cette zone, le piéton se sent à l’aise puisque le caractère de la ville le rend, psychologiquement, prioritaire sur l’automobile. Le centre-ville d’Annecy est, pour moi, un morceau de ville sur mesure, pour le piéton, et ce pas uniquement dans la partie ancienne mais également dans ses prolongements les plus récents. Par ailleurs, l’espace réservé aux piétons est actuellement en train d’être étendu à quelques rues supplémentaires, accroissant encore la qualité des parcours à pied.

92

Le pôle multimodal : une centralité urbaine de la mobilité

Correspondance des trains depuis Annecy


RĂŠseau de transports en commun (lignes urbaines) 93


LES TROIS Ă‚GES DE LA VILLES DANS LE PAYSAGE URBAIN D’ANNECY Le tissu urbain d’Annecy prĂŠsente des tĂŠmoins des trois âges GH OD YLOOH GpÂżQLV SDU &KULVWLDQ GH 3RUW]DPSDUF1. La ville a FRQQX VD SOXV IRUWH XUEDQLVDWLRQ j SDUWLU GH OD ÂżQ GX ;,;ème siècle et pendant tout le XXème siècle. Peu d’indications existent concernant la première phase de dĂŠveloppement jusque dans les annĂŠes 1940-1950, si ce n’est quelques immeubles existant encore dans le centre-ville. Il s’agit, Ă priori, d’une expansion urbaine structurĂŠe, dans le centre historique et plutĂ´t dĂŠsordonnĂŠe, Ă caractère plutĂ´t pavillonnaires, en pĂŠriphĂŠrie du cĹ“ur historique et le long des axes de communication principaux. Cette partie du travail tend Ă ĂŠtablir un aperçu gĂŠnĂŠral du tissu bâti annĂŠcien Ă travers le temps.

Chronologie urbaine en France et Ă Annecy

1 | Christian de Portzamparc, /D YLOOH GH OœkJH ,, ed Pavillon de l’Arsenal, 1997

94


L’ÂGE I Le premier âge de la ville correspond Ă un tissu urbain basĂŠe sur une ŠVWUXFWXUH YLDLUH GH UXHV TXL VRQW ERUGpHV VRLW GH PDLVRQV PLWR\HQQHV VRLW GÂśK{WHOV VpSDUpVÂŞ1. Il s’agit donc du tissu ancien, qui a ĂŠvoluĂŠ durant plusieurs siècles jusque dans les annĂŠes 30. Ă€ Annecy, l’âge I est sans doute le moment urbain qui a produit l’image de la ville et sa partie la plus intense et la mieux construite, en raison d’une structure forte est lisible. De plus ce morceau de la citĂŠ est conçu Ă l’Êchelle du piĂŠton avec des rez-de-chaussĂŠe qui sont le prolongement de l’espace public et des gabarits plus ou moins ĂŠgaux Ă des R+3-4. Actuellement, l’essentielle de la sociabilitĂŠ urbaine se dĂŠveloppe et s’Êpanouit dans cette zone.

La ville moyen ageuse, Rue Sainte-Claire (XVIIème-XIVème Siècles) 1 | Christian de Portzamparc, /D YLOOH GH OÂśkJH ,, ed Pavillon de l’Arsenal, 1997

95


Les fauborug d’Annecy, Rue Carnot (XVIIIème siècle)

96


Quartier du lac, Îlot Fournier, Quai Eustache Chappuis (1935-1945)

Quartier du lac, Îlots Fournier, Rue du collège Chappuisien, architecte Paul Fournier (1935-1945)

97


L’ÂGE II L’âge II de la ville est marquĂŠ par une perte du schĂŠma fondateur de la ville de l’âge I, les idĂŠes modernes sont de mises et la logique d’Îlots se perd. On voit alors apparaĂŽtre des construction d’ensembles, ouverts composĂŠs d’immeubles indĂŠpendants et fonctionnels, c’est ŠOÂśLUUXSWLRQ GH OÂśREMHW DUFKLWHFWXUDO GX EkWLPHQW YX FRPPH REMHW QRXYHDX SDUDGLJPHÂŞ1. Annecy a ĂŠtĂŠ très marquĂŠe par cette pĂŠriode qui s’est prolongĂŠe jusqu’à OD ÂżQ GHV DQQpHV HOOH D GRQF SHUGXUp SOXV ORQJWHPSV TXH dans l’histoire de l’urbanisme national. La pĂŠriphĂŠrie du centre historique a donc ĂŠtĂŠ conçu de la sorte, notamment Ă partir des annĂŠes 1950-1960, avec notamment l’expansion de la zone pavillonnaire, qui a conduit Ă un ĂŠtalement urbain très fort.

La RĂŠsidence, Albigny, Architecte Paul Jacquet (1957) 1 | Christian de Portzamparc, 3RUW]DPSDUF ÂŤSituations urbaines, l’âge IIÂť Bordeaux-Bâle, 1996

98


ZUP Novel, avenue de France, Architectes Maurice Novarina, Jacques LĂŠvy (1971-1980)

ZUP Novel, avenue de France, Architecte Maurice Novarina, Jacques LĂŠvy (19711980) 99


Zone pavillonnaire, chemin des Cloches, (1960-1980)

Zone pavillonnaire, chemin des Cloches, (1960-1980)

100


L’ÂGE III La ville de l’âge III contient les deux précédents âges urbains. Pour construire cette dernière, on part du postulat que chaque situation est particulière car toutes sont déjà construites. Cela pousse à travailler de manière contextuelle, sans chercher l’imitation. La ville de l’âge III est donc une composante du paysage urbain très hétérogène. À Annecy, cette période, qui est la notre, est marquée par une foule d’interventions «capillaires». Malheureusement, la plupart sont effectuées en suivant la même méthode, qui passe par un promoteur ou un grand opérateur privé. Ainsi, on assiste à l’émergence d’une architecture générique, tirée des exemples de production des grandes villes, mais qui n’en contient pas les qualités. En effet, il s’agit de la copie d’une image, d’une façade. Toutefois, certains exemples, notamment de ZAC, ont conduit à des prolongation de l’hypercentre, qui au delà de toute considération architecturale, fonctionne réellement dans le réseau d’espaces publics que constitue le tissu urbain.

ZAC Galbert, Rue Joseph Dessaix, (1996 - 2013) 101


ZAC Courier, avenue de Brogny, (1998-2003)

ZAC Courier, avenue de Brogny, (1998-2003)

ZAC Courier, avenue de Brogny, (1998-2003)

102


Îlot Sernam, ensemble Les Quais et le Centralis, MaÎtre d’ouvage : Halpades, Primalp Conception : Atelier Didier-NoÍl Petit (2011-2014)

OpÊration de la rue Bouvard, MaÎtre d’ouvrage : ICF Sud-Est MÊditerranÊe, (bailleur social ¿OLDOH GH OD 61&)

103


LES LANGAGES ARCHITECTURAUX QUI FAÇONNENT L’IMAGE D’ANNECY LA VILLE INTRA-MUROS Pour ĂŞtre clair, il faut mettre en avant le fait qu’Annecy jouit d’une image positive dans l’imaginaire de ceux qui la connaisse. Son paysage est l’un des motifs de cette rĂŠputation GH EHOOH YLOOH PDLV DXVVL VRQ FHQWUH KLVWRULTXH IDLW ÂżJXUH GH rĂŠfĂŠrence esthĂŠtique et amène une grande quantitĂŠ de personne Ă venir dĂŠcouvrir la ÂŤVenise des AlpesÂť. Tout cet attrait ĂŠmane de la ville intra-muros et de son patrimoine bâti. Je trouve donc

LES SOUBASSEMENTS Jusqu’au XVIIème siècle, les soubassements sont marquĂŠs, soit par un bandeau ou un cordon en pierre, soit par des arcades. Le revĂŞtement de la façade est uniforme, l’enveloppe est entière-

intĂŠressant de mener une courte ĂŠtude du vocabulaire architecWXUDO GH FH PRUFHDX GX WLVVX XUEDLQ DÂżQ GÂśHQ GpJDJHU OHV WUDLWV de caractères principaux. Globalement, la vieille ville peut se caractĂŠriser par une architecture sobre et sans ostentation, une discrĂŠtion stylistique liĂŠe Ă une unitĂŠ esthĂŠtique ressort de ce lieu. Il s’agit alors d’Êtudier les composantes de cette homogĂŠnĂŠitĂŠ.

les soubassements et la partie supĂŠrieure.

LES VOLUMES Comme nous l’avons vu dans l’Êtude du dĂŠveloppement urbain d’Annecy, la ville intra-muros est composĂŠe de plusieurs entitĂŠ correspondantes Ă des ĂŠpoques diffĂŠrentes. On remarque dans chacune d’entre-elles, une homogĂŠnĂŠitĂŠ du parcellaire, qui est retranscrit en ĂŠlĂŠvation, par la largeur des façades. Les parcelles sont plutĂ´t ĂŠtroites jusqu’au XVIIème siècle, et s’Êlargissent Ă partir de cette ĂŠpoque grâce Ă des regroupements fonciers. Ceci va engendrer des rues rectilignes et des façades rĂŠgulières. Il existe une systĂŠmatique d’alignement des bâtiments en bords de parcelles du cĂ´tĂŠ de la rue, on remarque ici et lĂ des dĂŠcalages, ils rĂŠsultent de la prĂŠsence ou non d’arcades. Actuellement, les gabarits oscillent peu, ils sont compris entre des R+3 et des R+4, avec une prĂŠdominance de R+3, les ouvrages plus hauts ayant bien souvent ĂŠtĂŠ rehaussĂŠs. COMPOSITION DE FAÇADES Jusqu’au XVIIIème siècle, les façades ne prĂŠsentes pas beaucoup de reliefs, si l’on excepte les arcades. La composition est marquĂŠe, jusque vers 1500, par un caractère alĂŠatoire des ouvertures, qui suivent le rythme typologique. On remarque, Ă partir du XVIème siècle, une recherche d’alignements verticaux dans la composition, sans proportions prĂŠcises. Au XVIIème, apparaissent les premiers bandeaux visant Ă marquer les planchĂŠ. Il sont dans le mĂŞme plan que l’enveloppe et ne coupent pas la verticalitĂŠ. De mĂŞme, c’est Ă ce moment que les encadrement d’ouverture vont se faire plus appuyĂŠs. Plus tard, on notera un alignement horizontal et vertical, dans une recherche de vĂŠritable composition. 104

PHQW HQGXLWH DYHF XQ EDGLJHRQ WHLQWp HQ ¿QLWLRQ GH OD UXH j la sablière. Il existe quelques exemples avec des soubassement diffÊrenciÊs, mais ceux-ci ne sont pas les plus frÊquents, il faut attendre le XIXème siècle pour vraiment voir une rupture entre

LES ARCADES Les arcades sont très prĂŠsentes Ă Annecy, tant dans le bâti ancien que rĂŠcent. Il s’agit d’une marque patrimoniale. Ces dernières suivent le style de l’Êpoque Ă laquelle elles ont ĂŠtĂŠ dessinĂŠes. Ainsi, on les retrouve en arc brisĂŠs, en arc plein cintre ou encore en arc surbaissĂŠ. Le plus souvent, elles sont plafonnĂŠes par des planchers horizontaux, on ne retrouve que peu d’exemples avec une terminaison en croisĂŠes d’ogive. LES COMMERCES Les vitrines commerciales sont intĂŠgrĂŠes Ă la composition de façade. Elles sont ainsi positionnĂŠes en feuillure ou en applique. Le matĂŠriaux traditionnel utilisĂŠ pour ces vitrines est le bois, qui est peint, ou simplement vernis s’il se trouve ĂŞtre de bonne facture. Les belles vitrines du XIXème siècle sont en applique et font RIÂżFH GH VRXEDVVHPHQW SUpFLHX LES TOITURES Le modèle de toiture le plus rĂŠpandu Ă Annecy est celui Ă deux pans, avec alignement du faĂŽtage Ă la rue. La pente est comprise entre 40 et 60 degrĂŠs. La couverture est rĂŠalisĂŠe en tuiles plate en terre cuite, Ă ĂŠcailles rondes ou carrĂŠs. LES FAÇADES SAVOYARDES Il faut noter la prĂŠsence de bâtisses rĂŠgionalistes qui prĂŠsentes quelques trais architecturaux importants. D’un premier abord, les façades sont plus massives et plus imposantes. Par ailleurs, l’enveloppe est marquĂŠe par des galeries en bois desservies par GHV HVFDOLHUV H[WpULHXUV TXL GRQQHQW XQH LPDJH WUqV VSpFLÂżTXH Ă la construction.


La ville intra-muros

Façade XII-XVIème

Façade XVII-XVIIIème

Façade XIXème 105


LES QUARTIERS EXTRA-MUROS

On note alors l’apparition d’avant-corps en bow-window qui

Les quartiers Ă valeur patrimoniale, en dehors des anciennes et la moitiĂŠ du

DI¿UPH OD YHUWLFDOLWp GHV IDoDGHV 'œDXWUH SDUW OHV LPPHXEOHV se voient pourvus d’un couronnement par terrasse en toiture.

siècle. Certains quartiers, en pÊriphÊrie immÊdiate du

LĂ encore les balcons participent Ă la composition de la peau

centre historique, sont Êgalement très apprÊciÊs pour leurs

des ouvrages, et, dans la pure tradition annÊcienne, bon nombre d’exemple prÊsentent des arcades, notamment les Îlots Fournier du quartier de la gare.

IRUWLÂżFDWLRQV RQW pWp FRQVWUXLW HQWUH OH ;,;

ème

XX

ème

constructions. Il convient d’en ĂŠtudier le langage architectural, DÂżQ GH SRXYRLU VÂśHQ VHUYLU FRPPH UpIpUHQFHV -H QH PÂśLQWpUHVserai qu’aux ensembles prĂŠsentant des qualitĂŠs d’homogĂŠnĂŠitĂŠ et rĂŠpondant Ă des règles d’urbanisme très claires, puisque les autres secteurs, prĂŠsentant des morphologies urbaines plus ÂŤlibresÂť, ne fonctionnent pas dans l’espace public. Mon champ d’Êtude va donc s’arrĂŞter au dĂŠbut du XXème siècle, mis Ă part quelques exemples des annĂŠes 1950. LES VOLUMES Chaque entitĂŠ concernĂŠe par cette pĂŠriode d’urbanisation possède un parcellaire très hĂŠtĂŠrogène, Ă la diffĂŠrence de la ville intra-muros. Cependant, des ĂŽlots vont se former grâce Ă une unitĂŠ de gabarit et une unitĂŠ typologique, confĂŠrant une identitĂŠ propre Ă chaque secteur. /D PDMRULWp GHV pGLÂżFHV XWLOLVH OH IRQFLHU MXVTXÂśj OD UXH WRXWHfois, quelques exemples du dĂŠbut du siècle dernier illustrent les prĂŠmices d’une tendance visant Ă se positionner plus en retrait de la chaussĂŠe. Dans la plus grande partie des cas, les rues sont structurĂŠe par les immeubles nĂŠoclassiques, dotĂŠ, le plus souYHQW GÂśXQ JDEDULW 5 $ OD ÂżQ GX ;,;ème et au dĂŠbut du XXème, les immeubles gagnent entre un et deux ĂŠtages et gardent une façade très structurĂŠe et un travail remarquable est apportĂŠ Ă l’angle. Plus tard, on remarque une perte d’uniformitĂŠ dans les secteur qui s’urbanisent, notamment au niveau des hauteurs. Le TXDUWLHU GX /DF IDLW DORUV RIÂżFH GÂśH[FHSWLRQ GDQV FH FRQWH[WH puisque ses ĂŽlots sont synonyme d’une grande rigueur architecturale et urbaine. COMPOSITION DES FAÇADES Ă€ partir du XIXème la rĂŠgularitĂŠ devient une règle systĂŠmatique dans la composition des façades. Quelque soit la classe sociale concernĂŠe par la construction, un soin particulier est apportĂŠ au dessin de l’ÊlĂŠvation. Par ailleurs, on peut voir une première rĂŠelle hiĂŠrarchisation des ĂŠtages, grâce Ă des soubassements très marquĂŠs, et qui le resteront jusque dans les annĂŠes 1950. Les immeubles bourgeois possèdent des balcons qui participent de manière très forte Ă la composition horizontale et verticale. Par ailleurs, la modĂŠnature des façades contribue de façon essentielle au soulignement des ouvertures et alignements. Il existe, Ă Annecy, quelques exemples de bâtiments de style art nouveau, datant du dĂŠbut du XXème siècle (avant guerre). Ils tentent de prendre des libertĂŠs et cherchent un nouveau dessin, en regroupant les travĂŠes verticales par exemple. Toutefois, les annĂŠes 1930 et le style art dĂŠco voit le retour en force d’une recherche d’un dessin rĂŠgulier et très structurĂŠ. 106

LES OUVERTURES La majoritĂŠ des fenĂŞtres sont systĂŠmatiquement plus hautes que larges jusqu’à l’aube du XXème siècle, qui voit poindre des exceptions, parallèlement aux progrès des techniques de constructions, qui permettent des ouvertures plus larges (annĂŠes 1930 bow-window). Toutefois, l’extrĂŞme majoritĂŠ du tissu urbain du FHQWUH GÂś$QQHF\ SRVVqGH XQ SURÂżO GÂśRXYHUWXUHV YHUWLFDOHV ,O faut noter que les entrĂŠes, durant toute cette pĂŠriode, du XIXème au dĂŠbut du XXème siècle, ĂŠtaient l’objet de beaucoup d’attention, et ressortaient avec force du dessin de la façade. LES MATÉRIAUX DE FAÇADE Jusqu’au dĂŠbut du XXème siècle, les façades ĂŠtaient enduite et teintĂŠes par un badigeon de la mĂŞme façon que lors de l’urbanisation de la ville intra-muros. Ceci va changer avec l’apparition du ciment moulĂŠ et du bĂŠton armĂŠ. On voit alors surgir d’innombrables ĂŠlĂŠments de moulures prĂŠfabriquĂŠs en bĂŠton tels que des corniches ou des linteaux. On observe ĂŠgalement les dĂŠbut de moulage de pierre et bas reliefs. TOITURES L’Êpoque regorge d’une grande diversitĂŠ de types de toitures, toutefois, on peut remarquer des constantes. Les immeubles du XIXème siècle possèdent encore un toit Ă deux pans, dotĂŠs d’une inclinaison allant de 35 Ă 50 degrĂŠs, et prĂŠsentant une croupe sur pignon. On trouve ĂŠgalement quelques toitures mansardĂŠes, mais elles demeurent peu rĂŠpandues. Dans les annĂŠes 1930, la toiture-terrasse devient la règle, sauf pour les constructions dites rĂŠgionalistes qui conservent leurs deux versants. Au niveau des matĂŠriaux, la tuile plate a laissĂŠ la place Ă la tuile mĂŠcanique pour les toitures en pente, tandis que l’ardoise recouvre les charpente Ă la Mansart. COMMERCES Les commerces au rez-de-chaussĂŠe suivent la mĂŞme logique que dans la ville intra-muros avec l’utilisation du bois. L’amĂŠlioration des techniques permettant de plus grandes portĂŠes, favorisent les vitrines plus larges, elles sont ainsi intĂŠgrĂŠes en feuillure et moins en applique.


Rue Sommeiller, immeubles XIXème

Quartier de la Poste 1930

Le quartier du Lac (îlots fournier) années 1935-1945 107


108


LE QUARTIER DE LA GARE L’analyse gĂŠnĂŠrale de l’Êtat des lieux Ă Annecy nous montre TXH VL OD YLOOH EpQpÂżFLH GÂśXQH ERQQH G\QDPLTXH pFRQRPLTXH et d’un bon niveau d’Êquipements, elle doit, nĂŠanmoins, au minimum prĂŠserver ces qualitĂŠs mais aussi les amĂŠliorer et les complĂŠter. De cette vue d’ensemble, on peut dire que les points essentiels concernent la capacitĂŠ d’accueil de la ville vis Ă vis des nouveaux habitants, le soutient de secteurs d’activitĂŠs ĂŠcoQRPLTXHV SRUWHXUV HW OD GHQVLÂżFDWLRQ GX WLVVX EkWL L’un des enjeux clĂŠs Ă ce dĂŠveloppement est de parvenir Ă contenir les opĂŠrations le plus proche du centre-ville, partie intense et très attractive de la commune. Le quartier de la gare est le plus central du tissu urbain annĂŠcien mais aussi, Ă plus grande ĂŠchelle, de la Commune Nouvelle et de l’agglomĂŠration. D’autre part, il prĂŠsente une grande surface au potentiel sous-exploitĂŠe, accolĂŠe Ă l’hypercentre. Il s’agit donc d’un site hautement stratĂŠgique, pour y dĂŠvelopper un programme complet, et donner Ă Annecy l’aura et l’image qu’elle ambitionne.

109


INTRODUCTION AU QUARTIER. Depuis 2012, et l’inauguration du nouveau pĂ´le d’Êchange multimodal, le quartier de la gare d’Annecy est en pleine mutation. En effet, depuis ce rĂŠamĂŠnagement de la gare, deux opĂŠrations immobilières ont vu le jour : l’Îlot Sernam et l’opĂŠration de la rue Bouvard (voir p 101). D’un point de vue personnel, je considère que ces interventions, visant Ă faire du quartier ÂŤune vitrine pour la villeÂť1 ne sont pas convaincantes, tant architecturalement et qu’au niveau urbanistique. Je pense qu’elles sont toutes deux le fruit d’une inspiration des rĂŠalisations des grandes villes, et qui subissent l’obligation d’une diversitĂŠ architecturale, qui conduit Ă un formalisme pour des constructions Ă bas coĂťts qui, pour le moins, posent question. Toutefois, la rĂŠnovation de la gare Ă permis des ĂŠvĂŠnements urbains intĂŠressant comme la crĂŠation d’un parvis qui fonctionne, et, datant d’une ĂŠpoque antĂŠrieur, la mise en place d’un point de croisement des lignes de bus urbains. Au delĂ de tout cela, le quartier de la gare d’Annecy possède une image de quartier dynamique et très frĂŠquentĂŠ, notamment en raison des 5’000 voyageurs y transitant chaque jour. Cette vision du lieu est correcte si l’on rĂŠduit le quartier de la gare au pĂ´le d’Êchange et aux squares Verdun et Stalingrad. Toutefois, ce morceau de ville est bien plus ĂŠtendu et complexe. On peine Ă trouver une unitĂŠ et une cohĂŠrence Ă l’ensemble, tant il est composĂŠ d’ÊlĂŠments disparates, qui ne dialoguent pas entreeux, formant ainsi un tissu urbain dĂŠcousu.

Position du quartier à l’Êchelle de la ville Êlargie

1 | Jean-Luc Rigaut, maire d’Annecy - $QQHF\ ¹ /H TXDUWLHU GH OD JDUH Traits D’co

110


Position du quartier

111


APERÇU DU QUARTIER.

112


113


114


115


LES CARACTÉRISTIQUES DU SITE Le site présente un caractère central au sein du quartier de la gare, le long des voies de chemins de fer. Il est doté d’une géométrie linéaire avec une longueur d’environ 555 mètres pour une largeur oscillant de 83 à 55 mètres, soit une surface de 34’087 mètres carrés. Il s’agit donc d’un très grand espace libre au sein d’un espace urbain dense. Il est assez compliqué de se représenter une telle surface. À titre de comparaison, le site choisi possède une longueur légèrement moins importante que celle du quartier Europaalle à Zürich. Pour mieux appréhender la surface de la zone, on peut la mettre en parallèle avec des sites dont on à parler comme Paris-Rive Gauche BNF, avec des lieux de renouvellement urbain imporWDQW FRPPH OD FRQÀXHQFH j /\RQ HW QRWDPPHQW OD SKDVH GX projet, coordonnée par Herzog et de Meuron, ou encore avec des places importantes comme la Place Saint-Pierre à Rome.

Position du site au sein du quartier de la gare 116


RAPPORTS D’ÉCHELLES

Place Saint-Pierre, Rome

Paris Rive Gauche, BNF

Europaalle, Zurich

&RQÀXHQFH /\RQ 3KDVH 117


CONTEXTE IMMÉDIAT

118

PÔLE D’ÉCHANGE MULTIMODAL - GARE

CAPUCINS MISSIONNAIRES

IMMEUBLES DE LOGEMENTS

USINE SNR

HÔTEL NOVOTEL CENTRE ATRIA

ÏLOT SERNAM / LOGEMENTS

HÔTEL ADAGGIO - BUREAUX

BANQUE DE FRANCE

IMMEUBLE DE BUREAUX - CAISSE D’ASSURANCE MALADIE

ÉCOLE VAUGELAS

ZAC COURIER : CENTRE COMMERCIAL, PARKING SOUTERRAIN, CINÉMA, LOGEMENTS, ÉCOLE PRIVÉE, RESTAURANTS

ÏLOTS DE LA POSTE : LOGEMENTS

IMMEUBLE DE LOGEMENTS

PARKING COUVERT CARNOT


BUREAUX CONSEIL GÉNÉRAL DE HAUTE-SAVOIE

LA RIVIÈRE DU THIOU

Le contexte immédiat 119


MATÉRIALITÉ DES SOLS ET EMPRISE DES PARKINGS SOUTERRAINS DE LA GARE On remarque, au niveau des sols, une très forte emprise des zones en asphalte, non seulement comme revêtement de la chaussée mais aussi au sein même des îlots bâtis, sans pour autant que l’espace soit destiné à l’automobile. On observe également un contraste dans le traitement des sols entre la partie située au nord des rails et le sud du site. En effet, l’urbanisme est plus structuré au sud et les espaces végétaux sont plus maîtrisés et dessinés précisément, ils sont également peu nombreux. De l’autre côté du site, on assiste à une végétalisation plus dense et plus libre, liée à une morphologie urbaine informelle, plus libre, moins dense, et donc avec des espace intermédiaires plus vaste. Paradoxalement, l’espace public ne SUR¿WH SDV GH FHWWH GHQVLWp YpJpWDOH FRPPH pOpPHQW DWWUD\DQW D’une manière générale, on peut constater que les sols perméables sont très minoritaires (25 %), en sachant qu’une bonne part d’entre eux sont des lieux non contrôlés, ou un tiers paysage a pu se développer, notamment entre les rails et au niveau des espaces en gravier. En effet, les zones végétalisées volontairement ne représente qu’à peine plus de la moitié des sols perméables.

Parking EFFIA

Parking Gare Nord Emprise des parkings en sous-sol

120

Parking Bouvard


BILAN : $VSKDOWH ¶ Pð

%pWRQ GpVDFWLYp ¶ Pð

7LHUV QDWXUH ¶ Pð

62/6 ,03(50e$%/(6 ¶ Pð VRLW GHV VROV

9pJpWDWLRQ ¶ Pð

62/6 3(50e$%/(6 ¶ Pð VRLW GHV VROV

PERMÉABLES

IMPERMÉABLES Asphalte

Végétation

Béton désactivé

Tiers nature (végétation+gravier) Matérialité des sols 121


AFFECTATION DES REZ-DECHAUSSÉE On remarque une forme de zonage dans l’affectation des rezde-chaussĂŠe dans le pĂŠrimètre ĂŠlargi du quartier de la gare. En effet, on retrouve la grande zone industrielle occupĂŠe par l’usine SNR, Ă laquelle est accolĂŠe toute une partie de logements, Ă la fois collectifs et individuels. La ZAC Courier prĂŠsente quant Ă elle des commerces sur toute sa surface au niveau de la rue. Dans le prolongement au Sud du centre commercial, on observe un centre ancien dont les rez-de chaussĂŠe sont uniquement afIHFWp D GHV HVSDFHV FRPPHUFLDX[ (QÂżQ OD SDUWLH VXG RXHVW GX pĂŠrimètre ĂŠtudiĂŠ possède une affectation plus mixte composĂŠe de parties commerciales, de bureaux et de logements en grande majoritĂŠ collectifs. Pour rĂŠsumer on peut dire que la partie au nord des rails extĂŠULHXUV SUpVHQWH XQ SURÂżO ]RQp DYHF XQH PDMRULWp GH ORJHPHQWV La partie nord, dans la continuitĂŠ du centre historique, prĂŠsente une grande zone commerciale et un petit ensemble de bureaux. Les rez de l’espace au sud ouest prĂŠsente une plus grande mixitĂŠ, tandis que les faubourgs possèdent une identitĂŠ commerciale.

SchÊma des zones d’affectations 122


Carte d’affectation des rez-de-chaussée 123


STRUCTURES URBAINES GABARITS USINE SNR

ENSEMBLE MIXTE

L’urbanisme du site SNR est caractÊristique des ensembles

Cette partie du quartier possède une structure urbaine assez

industriels. Il suit donc une structure oĂš l’orthogonalitĂŠ est la règle, et l’emprise au sol des bâtiment est consĂŠquente. Au ni-

claire, composÊe d’Îlots lisible. On perd toutefois un peu de lisibilitÊ urbanistique lorsque l’on se dirige vers la partie ouest

veau des gabarits, ceux-ci sont homogènes en raison des besoins fonctionnels des hall de montage. Ils sont donc compris

de la zone. Les gabarits sont assez variÊs mais on remarque tout de même des regroupement d’ouvrages par hauteurs. On note

en R+0 et R+1, mais avec des hauteurs gÊnÊreuses oscillantes entre 6 et 10 mètres.

Êgalement une majoritÊ de R+3-4 et R+5-6 et plus ponctuellement l’apparition de R+0-2 et R+7-8

ENSEMBLE D’HABITATION Cette zone ne possède pas de structure urbaine lisible, puisqu’elle est composĂŠ de bâtiments divers, allant du pavillon mono-familial dotĂŠ d’un seul niveau, Ă l’immeuble de logements collectifs dotĂŠ de sept ĂŠtages.

ENSEMBLE DE LA POSTE ET CENTRE HISTORIQUE On remarque dans cette zone une structure urbaine dense et DIÂżUPpH DYHF XQH FRPSRVLWLRQ HQ vORW SRXU OÂśHQVHPEOH GH OD Poste et pour une bonne part du centre ancien. On note l’apparition d’une structure viaire le long de la rue Carnot. Chaque entitĂŠ composant la zone possède des gabarit plus ou moins homogènes.

ZAC COURIER La zone d’amĂŠnagement concertĂŠ de Courier est un prolongement du centre historique commercial et de la zone piĂŠtonne. Elle possède une morphologie qui lui est propre avec un socle commercial surmontĂŠ de bâtiments de logements variĂŠs. Il s’agit donc d’une unitĂŠ Ă niveaux variables.

124


R+0-2

R+5-6

R+3-4

R+7-8

Carte des gabarits

125


ACCESSIBILITÉ ACCĂˆS EN VOITURE Le site est assez bien desservi concernant les accès en voiture. En effet, la rocade est situĂŠe Ă proximitĂŠ et permet d’amener les automobiles, venant de la direction d’Annecy-le-Vieux et de la rive est du lac, proche de la zone. Cette mĂŞme voie, rapproche ĂŠgalement, les personnes en provenance de Cran-Gevrier, Seynod ou encore Aix-les-Bains, et ChambĂŠry. D’autre part, des voies secondaires, permettent de parvenir aisĂŠment Ă notre parcelle, depuis le Semnoz et la rive ouest du lac, mais aussi du centre-ville, cĂ´tĂŠ lycĂŠes et Galeries Lafayettes. ACCĂˆS EN TRANSPORTS EN COMMUN Comme nous l’avons vu prĂŠcĂŠdemment, il existe trois modes de transports en commun Ă Annecy. On peut ainsi parvenir au quartier de la gare en bus urbain, en train mais aussi grâce Ă des lignes d’autocars interurbaines. Concernant les lignes de bus du rĂŠseau SIBRA (transports urbains de l’agglomĂŠration d’Annecy), le quartier de la gare est un vĂŠritable ÂŤhubÂť oĂš se rejoignent l’ensemble des lignes. Ainsi, le site est très accessible par ce mode de dĂŠplacement. Les lignes interurbaines, quant Ă elles, se rejoignent toutes Ă la gare routière, qui jouxte la gare ferroviaire. (QÂżQ OÂśDFFqV SDU OH WUDLQ HVW GLUHFW HW OHV FRUUHVSRQGDQFHV GHV TER sont nombreuses, comme nous l’avons vu dans le chapitre concernant l’Êtat des lieux. De plus, la gare propose un service de TGV reliant Paris. On peut donc dire que le quartier de la gare est l’un des plus accessible de l’espace urbain dans sa partie dense. Ceci est d’autant plus vrai que les modes de transports pour y parvenir sont très variĂŠs. Ainsi, depuis le site, onse situe au coeur d’un vĂŠritable rĂŠseau de mobilitĂŠ puisque les modes de dĂŠplacement sont nombreux et l’accès aux rĂŠalitĂŠ urbaines est rapide, et celles-ci VRQW SRWHQWLHOOHPHQW WUqV GLYHUVLÂżpHV

Les lignes de bus SIBRA amenant Ă la gare 126


Accès

automobile

en

provenance

d’Anne-

Accès bus urbains, via le «hub» du pôle multimo-

cy-le-Vieux et du lac rive est

dal

Accès automobile en provenance de Cran-Ge-

Accès en autocars, via la gare routière, correspon-

vrier, Seynod, Aix-les-Bains, Chambéry

dance avec tous les pôle urbain du département

Accès automobile en provenance du Semnoz et du lac rive ouest

Accès en trains TER depuis les principales zones urbaines régionales, et en TGV depuis Paris

Accès automobile en provenance du centre ville-quartier lafayette, et des lycées Berthollet et Sommeiller

Principaux points d’arrivées d’automobiles

Distances

Cheminements pétons

Principaux points d’arrivées en transports en commun

Cheminements automobiles

Les accès au site 127


RELATION AVEC L’HYPERCENTRE ET INTENSITÉ URBAINE

La connexion numĂŠro 2 est un passage souterrain, TXL IDLW DXVVL RIÂżFH GH GLVWULEXWLRQ DX[ YRLHV GH WUDLQ et aux parkings de la gare. Ce passage est assez empruntĂŠ en raison de son caractère direct pour passer d’un cĂ´tĂŠ et de l’autre des rails. Toutefois, il n’est pas

Les voies ferrÊes marquent une rupture importante dans le tissu urbain et les ambiances du quartier de la gare. En effet, le rÊseau ferroviaire a ÊtÊ enterrÊ au nord-est du site, ce qui a permis une continuitÊ physique et sensible de l’espace. Le lieu

attrayant et synonyme d’insĂŠcuritĂŠ, de plus, si l’accès Ă ce passage depuis le parvis de la gare est plutĂ´t engageant, il aboutie au niveau d’un parking peu appropriĂŠ Ă l’arrivĂŠe piĂŠtonne.

qui nous intĂŠresse, quant Ă lui, subit cette coupure nette et on observe une perte de cohĂŠrence urbaine entre les zones de part et d’autre des rails. Par ailleurs, la connexion avec l’hypercentre, depuis notre parcelle, n’est possible que par quatre accès ponctuels, ce qui accentue cette cĂŠsure. Dans l’usage, on ressent très fortement deux sensations spatiales distinctes entre la partie nord et la partie au sud de la gare. L’intensitĂŠ est en effet beaucoup plus grande du cĂ´tĂŠ de la ville ancienne, tandis que cet aspect vivant disparaĂŽt subitement dans le quartier Ă proximitĂŠ de l’usine SNR. En rĂŠsumĂŠ, on peut observe une rupture liĂŠe aux voies de chemin de fer, de manière physique, en raison du faible nombre de connexions et au niveau de l’intensitĂŠ urbaine, qui est en reODWLRQ GLUHFWH DYHF OÂśDIIHFWDWLRQ GHV UH] GH FKDXVVpH (QÂżQ RQ peut ĂŠgalement remarquer un très fort changement d’urbanisme entre les deux zones situĂŠes de part et d’autre des rails.

Au niveau du point de traverse numĂŠro 1, il existe une double coupure, matĂŠrialisĂŠe par les rails d’une part et le pont routier d’autre part. Ainsi, la connexion avec la partie de la ville situĂŠe au sud et Ă l’ouest du pont s’Êtablit par un escalier mĂŠtallique qui conduit Ă

La connexion numÊro 3 est sans doute la plus empruntÊe, puisqu’elle dirige l’usager vers les faubourgs de la zone piÊtonne et le centre ville direction les lycÊes et le quartier des Galeries Lafayette.

un trottoir sur l’infrastructure, qu’il faut encore redescendre pour accÊder au quartier.

La connexion numĂŠro 4 n’est autre qu’un accès direct Ă la galerie commerciale Courier, prolongement construit de la zone piĂŠtonne. Il constitue un point d’attraction majeur dans le tissu urbain du quartier. 128


Connexions et intensitĂŠs 129


Espace au nord du site

130


Espace au sud du site

131


COMPOSANTES ACTUELLES DU SITE

VOIES FERRÉES

N Voies présentes sur la parcelle

Voies ferrées présentes sur le site

N Voies encore utilisées Voies désaffectées

Voies ferrées fonctionnelles ou non

UNE MAJORITÉ DE LIGNES DÉSAFFECTÉES On remarque que la plupart des voies ferrées présentes sur la parcelle sont désormais hors service. En effet, elles étaient utilisées à l’époque ou l’usine SNR utilisait le transport ferroviaire pour ses livraisons, et quand le fret de la SNCF représentait encore un gros volume de marchandises. Une seule voie présente encore trois vieux wagons de frets qui restent la majorité du temps sur le site, immobiles. Il serait possible de changer leur position sur le site pour les contenir plus loin du contexte urbanisé de la partie faisant face à la gare, propice au développement urbain.

132


BĂ‚TIMENTS

N Composantes bâties actuelles

/RFDX[ 61&) WUqV SHX XWLOLVpV EHVRLQV QRQ VLJQLÂżFDtifs, quasiment dĂŠsaffectĂŠs

Local syndical des cheminots SNCF

Halle SNCF, maintenance stockage, etc...

Local du comitÊ d’entreprise SNR

Halle SNCF, ateliers, stockage

Transformateur ĂŠlectrique

Petit atelier SNCF

Hall de stockage, ateliers SNCF, en voie de dĂŠsaffectaton

Le site depuis l’extrÊmitÊ ouest 133


LES VIDES

N Parking deux-roues (SNR)

Zone de stationnement voitures (SNCF-SNR) Utilisation des vides

LES VIDES DÉTOURNÉS DE LEURS FONCTIONS INITIALES On remarque que les espaces interstitiels sont utilisés comme zones de stationnement, soit pour les deux-roues, soit pour les véhicules. La raison de ce changement d’affectation des sols réside dans le fait que la zone n’est plus utilisée, et ce, au niveau de la majorité de la surface du site. Il conviendra donc de tenir compte de cette appropriation dans le projet et de prévoir un accueil pour les véhicules, y compris ceux stationnant le long de la parcelle, du côté de la rue.

134


L’extrémité est du site

135


136


SYNTHÈSE La partie d’analyse, divisée en deux échelles d’approche nous apporte une grande quantité d’informations, qu’il faut désormais synthétiser. Cet exercice va permettre d’envisager un scénario programmatique pour le site de projet, qui tiendra compte de tous les éléments soulevés précédemment. Ces ouvertures pourront être appuyées par quelques références construites ou en projet, qui serviront d’inspirations potentielles.

137


RÉSULTATS DES ANALYSES CARACTÉRISTIQUES DE LA VILLE La première phase analytique que j’ai menĂŠ considère l’Êchelle globale de la ville. Elle permet de sĂŠquencer le territoire urbain d’Annecy en plusieurs entitĂŠs distinctes. Dans une approche synthĂŠtique, on peut considĂŠrer deux zones diffĂŠrentes, marquĂŠes par des structures urbaines et des intensitĂŠs sociales divergentes. La première est le centre historique dont on peut relever l’aspect dense et adaptĂŠ Ă l’Êchelle du piĂŠton. Par ailleurs, il faut souligner la notion de proximitĂŠ très prĂŠsente dans ce morceau de ville, cette dernière est le fruit d’une mixitĂŠ programmatique importante puisque tous les rez-de-chaussĂŠe sont Ă destination d’affectations commerciales. Il rĂŠsulte de ce contexte une grande intensitĂŠ sociale, qui participe Ă l’ambiance vivante du lieu. Par ailleurs, bien que l’ensemble du cĹ“ur historique date d’Êpoques diverses, on remarque une structure urbaine très lisible dans chaque entitĂŠ, qui permet une forte densitĂŠ bâti qui est, d’une manière gĂŠnĂŠrale, bien vĂŠcue par les habitants et les usager de l’espace public. /D VHFRQGH ]RQH TXH OÂśRQ SHXW GpÂżQLU HVW OD SpULSKpULH j FH centre ancien, qui se dĂŠtache par un manque de lisibilitĂŠ de sa structure urbaine, qui produit un rĂŠseau d’espaces lâches et plus RX PRLQV LQGpÂżQLV &HWWH SHUWH GH OHFWXUH XUEDLQH UpVXOWH GH l’assemblage diffus d’une multitude d’ouvrages hĂŠtĂŠrogènes, et le foisonnement des zones pavillonnaires qui abaissent de façon consĂŠquente la densitĂŠ de la pĂŠriphĂŠrie. L’ensemble de la zone pĂŠriphĂŠrique possède une affectation rĂŠsidentielle, l’intensitĂŠ du centre perd alors très vite de sa force. D’autre part, d’un point de vue gĂŠnĂŠral, la prĂŠsence d’industries marque encore bien le territoire annĂŠcien, elles sont le tĂŠmoins d’une ville qui possède une force productrice importante. (QÂżQ RQ REVHUYH XQ SURÂżO XUEDLQ SOXW{W KRUL]RQWDO DYHF XQ SDnel de gabarits allant, en moyenne d’un R+1 Ă un R+8 avec une prĂŠdominance de R+3-7.

138


LES BESOINS PROGRAMMATIQUES DE LA VILLE On remarque un bon maillage territorial et une bonne capacitĂŠ d’accueil concernant les ĂŠquipements, on peut donc dire que la ville est en situation d’Êquilibre. Toutefois, cet ĂŠquilibre est fragile, notamment en raison d’une population vieillissante, Ă laquelle il faut rĂŠpondre positivement. La situation est moins rĂŠjouissante au niveau du logement, en effet, l’offre ne parvient pas Ă rĂŠpondre Ă la demande pour deux raisons principale. D’une part la cadence de construction est trop faible et d’autre part les prix sont trop ĂŠlevĂŠs pour une partie non nĂŠgligeable des travailleurs français. L’aspect onĂŠUHX[ GHV ELHQV LPPRELOLHUV HVW HQ ERQQH SDUWLH G€ DX SURÂżO GH travailleurs habitant actuellement Annecy, qui est une ville de cadre, mais aussi, et surtout Ă la proximitĂŠ de la Suisse. On peut donc dire qu’il manque des logements, non seulement quantitativement, mais aussi en terme d’accessibilitĂŠ. Il faut donc envisager une plus forte construction de logements sociaux et en accession, mais aussi proposer de nouvelles formes d’accès Ă la propriĂŠtĂŠ, en crĂŠant, par exemple, des biens coopĂŠratifs. Il faut ĂŠgalement produire des habitations en lien avec les catĂŠgories de mĂŠnages reprĂŠsentĂŠes, en adĂŠquation avec la proportion de chaque type. Au niveau de l’activitĂŠ ĂŠconomique, la ville jouit d’un bon contexte et d’une bonne dynamique, notamment liĂŠe au tourisme de loisir. Par ailleurs, Annecy est le berceau de domaines porteurs, qu’il faut soutenir, en offrant des locaux aux jeunes HQWUHSULVHV GDQV XQ FDGUH VWLPXODQW (QÂżQ LO HVW QpFHVVDLUH d’accentuer l’offre en matière de tourisme d’affaire, puisque la ville demeure très attrayante Ă ce niveau. Du cĂ´tĂŠ de la mobilitĂŠ, on trouve un bon niveau de desserte du territoire, via les transports publics et en commun. Le quartier GH OD JDUH GÂś$QQHF\ IDLW ÂżJXUH GH FHQWUDOLWp PDMHXUH UHQIRUFpH par l’articulation des rĂŠseaux. Cependant la qualitĂŠ des dĂŠplacements en voiture baisse et les zones de stationnements sont souvent saturĂŠes. Il faut lĂ encore apporter des solutions. LES BESOINS URBAINS DE LA VILLE D’un point de vue global, je pense qu’Annecy, par les nouvelles opĂŠrations de renouvellement urbains qui la concernent, doit se reconstruire autour de structures urbaines claires et très VWULFWHV DÂżQ GH UHWURXYHU XQH FRKpUHQFH GÂśHQVHPEOH &ÂśHVW DLQVL qu’elle pourra gagner en intensitĂŠ, si des principes morphologique viables sont mis au point et si le dĂŠveloppement se fait Ă l’intĂŠrieur de la ville, Ă partir du centre, en utilisant le substrat historique comme rĂŠfĂŠrence.

139


LE QUARTIER DE LA GARE La seconde partie d’analyse concernait, à une échelle plus rapprochée, le quartier de la gare d’Annecy. En effet il s’agit d’une centralité majeure de la ville et de l’agglomération, au potentiel sous-exploité. La première observation que l’ont peut faire est un manque cruel de lien entre la partie de ce quartier située au nord des voies ferrées et le centre dense et intense. L’infrastructure ferURYLDLUH IDLW RI¿FH GH IURQWLqUH LQIUDQFKLVVDEOH HW D SURYRTXp une rupture dans le tissu bâti et l’atmosphère positive du centre historique est stoppée nette au niveau de la gare. On constate, au nord, une perte de mixité, une perte de structure urbaine, une perte de cohérence architecturale, en résumé une perte de qualité de l’espace. Pourtant sa position très centrale est source d’un potentiel incroyable pour une ville en pleine métamorphose comme Annecy, et la Commune Nouvelle. Il ressort de cette étude, un manque de diversité programmatique au nord, qui est presque exclusivement résidentiel. Il faut donc dynamiser ce lieu en lui donnant une structure urbaine claire et une mixité de programmes, servant des besoins de proximité et fonctionnant comme des activateurs sociaux. L’objectif est donc de donner une unité au quartier, en utilisant les rez-de-chaussée en prolongement de l’espace public. Le site de projet doit servir comme point de départ, donnant un nouvel élan à la zone.

140


INTENTIONS PROGRAMMATIQUES Toutes ces analyses nous permettent de dessiner les contours des intentions programmatiques concernant le site de projet. Il existe un fort besoin de logements, en particulier sociaux, avec des typologies prÊsentant entre 1 et 5 pièces, en lien avec OHV SUR¿OV GH GHPDQGHXUV Pour arriver à maintenir une bonne dynamique Êconomique, il est nÊcessaire de proposer des locaux variÊs dans le centre ville, TXL UpSRQGHQW j XQH GHPDQGH HW GHV VHFWHXUV GLYHUVL¿pV ,O VHUD Êgalement important de relocaliser les composantes actuellement prÊsentes sur le site. Une bonne programmation de locaux de travail permettra une première activation du lieu. Pour rÊellement confÊrer une intensitÊ au site, il sera Êgalement nÊcessaire de prÊvoir des surfaces commerciales variÊes. (Q¿Q LO IDXGUD DVVXUHU OH PDLQWLHQW GœXQ ERQ QLYHDX GœpTXLSHments, notamment pour les personnes âgÊes et les enfants, que va amener la crÊation de logements. Il serait Êgalement judiFLHX[ GH SODQL¿HU XQ SURJUDPPH GœpTXLSHPHQW EpQp¿TXH j OD vie du quartier (maison de quartier...).

Besoins liĂŠs aux activitĂŠs ĂŠconomiques

Types de logements

Besoins en commerces

Typologies d’appartements

Besoins en ĂŠquipements 141


OUTIL DE TRAVAIL Après ce travail d’analyse, il va falloir élaborer un projet, qui nécessitera une cohérence urbaine. Pour mener à bien cette tâche, un travail de maquette sera nécessaire. Dans un premier temps, une conception à l’échelle urbaine sera nécessaire. Ainsi, il me faudra une maquette de site au 1.1000, qui permettra XQ FDGUDJH VXI¿VDPPHQW ODUJH SRXU FRPSUHQGUH OH FRQWH[WH HW s’assurer de la bonne volumétrie des bâtiments.

105 cm

110 cm

Cadrage de la maquette 1.1000

142


143


RÉFÉRENCES Il m’apparaît cohérent d’avoir un aperçu de projets, réalisés ou en cours, qui traitent du renouvellement urbain de manière qualitative. Je tiens à focaliser mon attention sur deux exemples qui me semblent dignes d’intérêt. Il s’agit du quartier de l’EuURSDDOOHH HW OD SKDVH GH OD &RQÀXHQFH j /\RQ

QUARTIER EUROPAALLEE ZÜRICH Le plan masse du quartier, qui prend place sur une friche ferroviaire, a été dessiné par l’architecte Kees Christiaanse. Le site

POSTURE URBAINE

du projet était un emplacement clé pour la ville en raison de sa grande centralité. Il s’agit d’un ensemble mixte composé, en surface, de 52% de bureau, 20% de résidentiel, 10% de commerce et 18% d’universités. Le projet a démarré en 2099 et devrai se terminer en 2020.

respectent des proportions et des alignement du tissu existant. D’un point de vue volumétrique, les bâtiments de l’Europaallee sont globalement plus haut que le tissu environnant, notamment avec les émergence qui peuvent culminer jusqu’à 40 mètres. L’articulation des îlots, ouverts, semi-ouverts et fermés, dessine un espace public de qualité alternant compressions, dilatations et places Les cœurs d’îlots accessibles permettent de hiérarchiser les espaces, ce qui est, selon moi un atout urbain.

On remarque d’emblée, en observant le plan masse, une volonté d’intégration au tissu urbain de la ville, puisque les îlots

Plan masse de K. Christiaanse

144


LANGAGE ARCHITECTURAL

COMMENTAIRE DE VISITE

La réalisation de chaque îlot a été mise au concours, chaque ou-

L’ensemble dispose de grandes qualités architecturales et urbaines. D’autre part, le niveau de précision des détails en façade

vrage est donc le fruit du travail, d’un architecte. On remarque une variété de proposition dans le quartier, mais le pari de parvenir à lire le tout comme une entité et réussi. On peut observer

est très élevé et le quartier donne, par ce biais une impression de solidité et d’encrage fort dans la ville. Toutefois, la program-

que des règles d’orthogonalité et de sobriété dans la composition des façades ont été appliquées, ceci confère une cohérence

mation, majoritairement composée de bureaux, n’active pas vraiment l’espace public. Pendant ma visite, à une heure de tra-

générale, nécessaire à la ville.

vail, les zones interstitielles n’étaient pas vivantes, et le quartier pouvait paraître austère.

«Building site G», par le bureau Graber Pulver

Le quartier Europaallee

145


LA CONFLUENCE PHASE II - LYON

La structure proposĂŠe par Herzog et de Meuron se base sur le

Ce qui m’intĂŠresse dans le dĂŠveloppement de la deuxième

tracÊ de l’ancien marchÊ de gros, elle est ainsi un tÊmoin de

SKDVH GH GpYHORSSHPHQW GH OD &RQĂ€XHQFH j /\RQ HVW OD Ppthode ainsi que la dĂŠmarche empruntĂŠes par les architectes He-

l’histoire du site, je considère cette prise de position remarquable.

rzog et de Meuron, associÊs à l’architecte-paysagiste Michel

3RXU DIÂżUPHU HQFRUH XQ SHX SOXV OH SDVVp GX OLHX FHUWDLQHV

Desvigne pour ĂŠtablir le plan masse. Ils se trouvent en rupture

structures ont ĂŠtĂŠ prĂŠservĂŠe et rĂŠnovĂŠe dans le projet.

radicale avec le traitement de la première phase de renouvellement du site.

Au niveau des volumes, les bâtiments sont de hauteurs variÊes, les immeubles de logement Êtant plutôt bas (R+2), pour gar-

En effet, ils se sont appuyĂŠs sur une ĂŠtude historique du dĂŠ-

der un lien ĂŠtroit Ă la rue et correspondre aux dimensions des

veloppement urbain de Lyon. Ils ont soulignĂŠs le fait que le

halles existantes. Les bâtiments mêlant bureaux et logements

tissu de la ville s’Êtait ĂŠtabli en lien très ĂŠtroit avec son environnement naturel jusqu’au XXème siècle, ĂŠpoque Ă laquelle est

ont, quant Ă eux, une dimension intermĂŠdiaire (R+5-7), en rĂŠ-

apparu un urbanisme ÂŤgĂŠnĂŠriqueÂť. Ils ont alors utilisĂŠ ce prinFLSH SRXU GpYHORSSHU OD SRLQWH GH OD &RQĂ€XHQFH QRPPpH Š/H ChampÂť, dans laquelle on observe une structure urbaine que se relache pour libĂŠrer de l’espace Ă la nature. Le reste du site, la zone dite du ÂŤMarchĂŠÂť, est vu comme le prolongement du tissu urbain de lyonnais. Il est Ă la fois dense et permĂŠable. Il possède une structure très claire basĂŠ sur l’orthogonalitĂŠ et des volumes de bâtiments simples. Il s’agit, Ă première vue, d’une posture urbaine calme et linĂŠaire, en rĂŠalitĂŠ tout le rythme rĂŠside dans l’enchaĂŽnement de rues et de cours.

IpUHQFH DX[ RXYUDJHV HQ YLHLOOH YLOOH HQ¿Q TXHOTXHV XQLWp UpVLGHQWLHOOHV VRQW SOXV KDXWHV 5 SRXU SUR¿WHU GHV YXHV HW libÊrer de l’espace au sol. Je pense que l’une des forces de ce projet rÊside dans le fait de proposer un espace public continu mais hiÊrarchisÊ. Il propose des rues plutôt Êtroites, à l’Êchelle humaine, se dilatant parfois, prolongÊes par des cours intÊrieures, semi publiques, destinÊes aux piÊtons. Le fait d’avoir diviser en deux partie le projet permet de trouver un Êquilibre entre espace naturel et urbain sans devoir crÊer une situation hybride, peu lisible urbainement, et qui ne fonctionnerait pas.

Plan masse de Herzog & de Meuron et Michel Desvigne 146


POSTURE ARCHITECTURALE Dès le dĂŠpart du projet, les architectes suisses ont posĂŠ des règles concernant l’aspect de bâtiments. Ils s’imposent leur vision en totale rupture avec la phase I, qui prĂŠsente de forte gesticulations formelles. Ils veulent revenir Ă une ville synonyme d’unitĂŠ, avec des bâtiments qui dialoguent entre-eux, avec force et cohĂŠrence. Ils dĂŠfendent alors une diversitĂŠ plus typologique que simplement dans des façades uniques pour chaque ouvrage. L’une des règle forte concerne notamment les couleurs, qui doivent nĂŠcessairement ĂŞtre une dĂŠclinaison de blanc, Ă l’image des villes françaises construite avec de la roche calcaire. En OH GpYHORSSHPHQW GH OÂśvORW $ D pWp SXEOLp OHV pGLÂżFHV ont ĂŠtĂŠ conçus par les architectes Herzog & de Meuron, Tatiana Bilbao S.C, Manuel Herz Architekten, Christian Kerez, Michel Desvigne Paysagiste et AFAA. MalgrĂŠ des hauteurs variĂŠes, les ĂŠlĂŠvations et perspectives montrent une volontĂŠ de cohĂŠrence d’ensemble. -H WURXYH TXH FHWWH SRVWXUH SHXW IDLUH RIÂżFH GH PRGqOH GDQV OH système français qui oblige une diversitĂŠ qui mène Ă des attitudee maniĂŠriste et Ă un formalisme bien souvent innoportun pour le paysage urbain.

Vue de l’Îlot A3

ElÊvation de l’Îlot A3

147


148


CONCLUSION Il me semble hâtif de formuler une conclusion maintenant puisque le travail n’a pas encore réellement commencé. Il a toutefois été intéressant de se pencher sur une ville que j’arpente depuis mon enfance, que je pensais connaître parfaitement. Cette étude m’a apporté de nombreuses connaissances nouvelles, mais surtout, a soulevé une grande quantité d’interrogations auxquelles il va falloir maintenant donner des réponses. /D UHTXDOL¿FDWLRQ GH FH VLWH GX TXDUWLHU GH OD JDUH PH WLHQW j cœur depuis déjà quelques temps et je pense que ce lieu mérite une attention toute particulière, puisqu’il possède un potentiel -de par sa position- qui impose une cohérence et une grande rigueur dans son développement. Il peut, je pense à lui seul donner une nouvelle impulsion à l’aire urbaine d’Annecy. Serait-ce donc possible de rajeunir la ville vraiment...?

149


BIBLIOGRAPHIE LIVRES

- Tribu Architecture, 4XHOOH GHQVLWp " Lausanne, Janvier 2012

- Christophe Barge, Thierry Solère, /D YLOOH GH GHPDLQ le cherche midi, 2014

REVUES - ARTICLES DE PRESSE

- BIG, <HV LV PRUH Taschen, 2009

- Domitille Arrivet, $QQHF\ OD FRWH SDU TXDUWLHU, Le Point, 14 Juin 2012

- Françoise Blanchard, &UDQ *HYULHU HW DX PLOLHX FRXOH XQH ULYLqUH 2008

- Nicolas Bassand, Bruno Marchand, %DFN WR WKH %ORFN Faces n°72, ÊtÊ 2013

- Raoul Blanchard, 1DLVVDQFH HW GpYHORSSHPHQW GÂś$QQHF\ SociĂŠtĂŠ des Amis du vieil Annecy, 1980

- AndrÊ Bideau, /œHVSULW GH = ULFK Faces n°72, ÊtÊ 2013

- Jean Castex, Jean-Charles Depaule, Philippe Panerai, )RUPHV XUEDLQHV GH OÂśvORW j OD EDUUH Marseilles, 1997

- FrĂŠdĂŠric Edelman, -DFTXHV +HU]RJ OÂśRSWLPLVWH VWDUFKLWHFWH 14 Septembre 2016

- Gilles ClÊment, 0DQLIHVWH GX 7LHUV 3D\VDJH 2004 CONFÉRENCES - DÉBATS

- Rem Koolhaas, 9HUV XQH DUFKLWHFWXUH H[WUrPH Êd. Parenthèse, 2016

- Jacques Herzog, Edouard Philippe, Paola Vigano, +DELWHU OD ville au XXIqPH VLqFOH Le Monde Festival, dĂŠbat animĂŠ par FrĂŠ-

- Jacques Lucan, 2 YD OD YLOOH DXMRXUGÂśKXL " )RUPHV XUEDLQHV HW PL[LWpV ĂŠd. de La Villette, Paris 2012

dÊric Edelman (Le Monde), ThÊâtre des bouffes du Nord, Paris, 18 septembre 2016

- Jean-François Susini, François Pèlegrin, Patrick Colombier, /H OLYUH %ODQF GHV $UFKLWHFWHV CNOA, 2004

- Jacques LĂŠvy, ConfĂŠrence, 4XHOOH PRELOLWp SRXU TXHOOH XUEDQLWp ", 5 Janvier 2006 - UTLS-la suite

THĂˆSES, TRAVAUX DE RECHERCHES

- Jacques Lucan, ConfĂŠrence )RUPHV XUEDLQHV HW PL[LWp Paris, 2012

- Atelier Parisien d’Urbanisme, 4XHOOH IRUPH XUEDLQH SRXU TXHOOH GHQVLWp YpFXH " Juin 2003

- Julien Perraud, Benjamin BorÊ - Raum architectes, ConfÊrence CafÊ de l’Ancienne Gare, 23 fÊvrier 2016 - Fribourg

- Atelier Parisien d’Urbanisme, /D SHWLWH FHLQWXUH IHUURYLDLUH Dossier de prÊsentation, Novembre 2015

- Rudy Ricciotti, ConfĂŠrence UniversitĂŠ MisĂŠricorde, 17 mars 2015 - Fribourg

- Elise Avide, Yu Chang, Adrien Commin, Oscar Gential, Philippe Gaudias, Marine Lerch, *DUHV )UDQFLOLHQQHV 3URMHW GH ÂżQ GÂśpWXGHV eFROH 1DWLRQDOH GHV 3RQWV HW &KDXVVpHV

DOCUMENTS DIVERS

- Harcène Belmessous, 0L[LWp 6RFLDOH XQH LPSRVWXUH UHWRXU VXU XQ P\WKH )UDQoDLV Centre de Ressources Politiques de la ville en Essonne, Laboratoire d’Urbanisme Insurrectionnel, 2006 - StĂŠphanie Guillot Leheis, /D YLOOH HW VD URFDGH XQ SURMHW DX ULVTXH GX WHPSV ORQJ /H FDV GH 0DUVHLOOH Thèse de doctorat de l’universitĂŠ Paris-Est, AmĂŠnagement et Urbanisme, Septembre 2011 150

- AgglomĂŠration d’Annecy, $JJORPpUDWLRQ $QQHF\ GRFXPHQW GÂśRULHQWDWLRQ octobre 2012 - Ville d’Annecy, PLU RĂŠvision n°5 1 ter - Rapport complĂŠPHQWDLUH 'LDJQRVWLF juin 2016 - Ville d’Annecy, %LODQ GX ORJHPHQW VRFLDO 2014 - PUCA, +DELWDW SOXULHO GHQVLWp XUEDQLWp LQWLPLWp %LODQ GH OÂśDSSHO GÂśRIIUHV GH UHFKHUFKH octobre 2005


- Ivan Le Garrec, 5pXVVLU OD GHQVLWp Avril 2011

POUR ALLER PLUS LOIN...

- France Dumesnil, Claudie Ouellet, /D UpKDELOLWDWLRQ GHV IULFKHV LQGXVWULHOOHV XQ SDV YHUV OD YLOOH YLDEOH " Revue élec-

- Annecy magazine http://www.annecy.fr/555-magazine-municipal.htm

tronique Vertigo, vol 3 n°2, octobre 2002 - Olivier Landel, Philippe Angotti, Yann Doyen, Patrick Pommier, Pauline-Charlotte Robert, /HV IULFKHV FRHXU GX UHQRXYHDX XUEDLQ /HV FRPPXQDXWpV XUEDLQHV IDFH DX[ IULFKHV pWDW GHV OLHX[ HW FDGUH SRXU DJLU Juillet 2010 - CR Repères Européens du 24 juin 2010, Pour limiter l’étaOHPHQW XUEDLQ O¶XUEDQLVWDLRQ DXWRXU GHV JDUHV HQ (XURSH Compte rendu de séance

- PLU d’Annecy http://www.annecy.fr/335-le-plan-local-d-urbanisme-plu-dela-ville-d-annecy.htm - Grand Annecy https://www.grandannecy.fr/france/NOUVELLEAGGLO/ page/Nouvelle-AGGLO.html/sid-JdouJtQRmw

PLANS VECTORIELS Documents procurés par M. Pierre-Michel Canonge, de la Mairie d’Annecy - Cadastre-Annecy © DGFIP-2016 - PGV500 © ANNECY-2008 - Plan de ville © ANNECY-2016

151


CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES

(par page de haut en bas et de gauche à droite)

- p8, Tableau de Cézanne, domaine public https://fr.wikipedia.org/wiki/Lac_d’Annecy_dans_la_peinture#/media/File:Paul_C%C3%A9zanne_148.jpg - p10, Les toits d’Annecy, © B. Brassoud, CC-BY-SA 3.0 - p12, Tokyo - Nishi Shinjuku, © CC BY-SA 3.0 https://fr.wikipedia.org/wiki/Nishi_Shinjuku#/media/ File:Shinjuku_District_of_Tokyo_Japan_1996.jpg - p16, immeuble rue du cendrier © A. Grandchamp / Ville de Genève http://www.ville-geneve.ch/themes/amenagement-construction-logement/construction-entretien-renovation-batiments/ realisations/cendrier/ - p17 Stade de Pékin http://www.pss-archi.eu/forum/viewtopic.php?id=14589 - p17, Centre chorégraphique https://interligne.wordpress.com/tag/architecture/ - p17, Sammlung Goetz, © Images courtesy of Herzog & de Meuron http://www.thephotophore.com/sammlung-goetz-herzog-demeuron/ - p17, Tunmill, © Hufton + Crow http://www.archdaily.com/614876/turnmill-piercy-and-company - p18, Guggenheim Helsinki, © Moreau Kusunoki http://www.larchitecturedaujourdhui.fr/guggenheim-helsinki-moreau-kusunoki-laureats/ - p18, Foyer pour jeune travailleurs, © Chartier-Dalix http://chartier-dalix.com/portfolio/lila-foyer-de-jeunes-travailleurs-et-creche/ - p19, © LAN Architecture http://www.lan-paris.com - p24, Bastide Saint-Louis http://mescladis.free.fr/fondation.htm - p24, Faubourg Saint-Antoine, © CC BY-SA 4.0 https://fr.wikipedia.org/wiki/Rue_du_Faubourg-Saint-Antoine#/media/File:Plan_de_Paris_vers_1550_porte_St-Antoine.jpg - p25, Place Royale Reims http://www.reims-tourisme.com/Decouvrir/Patrimoine/MonuPHQWV ¿FKH 152

- p25, Boulevard Haussmann, © CC BY-SA 3.0 https://fr.wikipedia.org/wiki/Boulevard_Haussmann#/media/ File:Blv-haussmann-lafayette.jpg - p26, Immeuble art déco, © Mairie d’Ivry http://ivrymaville.ivry94.fr/15363-427/resource/les-chevallier-une-dynastie-darchitectes.htm - p29, ZAC de Reuilly, © CC BY-SA 3.0 https://fr.wikipedia.org/wiki/All%C3%A9e_Vivaldi#/media/ File:P1230386_Paris_XII_allee_Vivaldi_rwk.jpg - p30, Quartier Masséna, © Atelier Christian de Portzamparc 2013 http://www.christiandeportzamparc.com/fr/projects/quartier-massena/ - p30 Elévation, @Studio Bellecour http://chroniques-architecture.com/studio-bellecour-interprete-lilot-ouvert-de-portzamparc/ - p33, Rue Rebière https://vimeo.com/97432404 - p34,35, Quartier Trapèze, © Nexity https://www.nexity.fr/immobilier/ - p38 Magny-le-Hongre http://lewebpedagogique.com/hgvangogh/?page_id=129 - p40, Linked Hybrid, © Shu He http://www.archdaily.com/34302/linked-hybrid-steven-holl-architects - p40, Linked Hybrid, © Steven Holl Architects http://www.archdaily.com/34302/linked-hybrid-steven-holl-architects - p41, vue de la Tokyo Sky Tree, © Illustration informatique : Tobu Railway Co., Ltd & Tobu Tower Skytree Co., Ltd. http://www.nationalgeographic.fr/4698-japon-architecturetokyo-sky-tree-seismes-tour/ - p42, projet BIG, © BIG http://big.dk/ - p 49, images de Paris htttps://wikipedia.org - p66 à 71, images historiques, © Mairies d’Annecy, © Mairie de Cran-Gevrier, © Musées de l’agglomération d’Annecy


- p141, building site G, © Graber Pulver http://graberpulver.ch - p142,143, © Images courtesy of Herzog & de Meuron http://www.archdaily.com/469805/herzog-and-de-meuronXQYHLOV SHGHVWULDQ FHQWULF FLW\ FHQWHU IRU O\RQ FRQÀXHQFH - Toutes les vues satellites, © Google earth - Les images non mentionnées dans la présente liste ont été produites par mes soins.

153


PA RT I E 02 : PROJET DE THÈSE DE MASTER

154


TA B L E D E S M AT I È R E S INTRODUCTION

157

5HGp¿QLWLRQ GX VLWH

158

ANALYSES ET RÈGLES - Accès au site - Lien à la promenade du Thiou - Liens aux composantes urbaines environnantes - Réseaux de circulation existants - Stratégies urbaines - Gabarits - Stratégies programmatiques - Vers un urbanisme d’îlots - Proposition morphologique

PROPOSITION - Proposition pour le site d’intervention avec conservation des pavillons - Proposition pour le site d’intervention avec suppression des pavillons - Les affectations - Parti pris des fronts urbains - Typologies des rues - Séquençage

HYPOTHÈSES CONCERNANT LE PÉRIMÈTRE DE RÉFLEXION - Devenir du site R&D SNR - Scénario hypothétique 1 - Scénario hypothétique 2 - Axonométrie représentative des intentions - Panorama d’espaces représentatifs - Photos de maquette

CONCLUSION

161 162 164 166 168 170 172 174 176 178

181 182 184 186 188 190 192

195 196 198 200 202 204 206

209

155


156


INTRODUCTION Ă€ la suite du travail de prĂŠparation, le projet s’est orientĂŠ vers XQH SURSRVLWLRQ j OÂśpFKHOOH XUEDLQH QRWDPPHQW DSUqV OD UHGpÂżnition du site. Il ne sera donc pas question de prĂŠcisions architecturales, de compositions de façades ou encore de rĂŠsolutions typologiques. /H SURMHW D SRXU PLVVLRQ GH FODULÂżHU OHV SRWHQWLHOV GX VLWH HW d’Êlaborer une stratĂŠgie urbanistique claire. Il s’agit alors d’Ênonçer des principes programmatiques, d’implantation ou encore de gabarits.

157


REDÉFINITION DU SITE Au cours de l’Êlaboration du projet, j’ai poursuivi mes recherches globales concernant ma zone d’intervention. J’ai ainsi pu prendre connaissance des Orientations d’AmÊnagements et de Programmation (OAP) dans le PLU d’Annecy. Ce docuPHQW pYRTXDLW OD UHTXDOL¿FDWLRQ GX S{OH 5 ' GH OœXVLQH 615 et notamment la libÊration de la moitiÊ nord-est du site d’Annecy. La possibilitÊ de projet s’est alors grandement accrue, ne se limitant plus seulement au vide situÊ au nord des voies ferrÊes, mais en se prolongeant au coeur du quartier industriel SNR. J’ai pris la libertÊ de considÊrer la partie restante de l’usine, qui ne VHUD SDV OLEpUpH FRPPH SpULPqWUH GH UpÀH[LRQ Cette prise de position permettait un ancrage plus fort du projet dans le tissu urbain et offrait la possibilitÊ de crÊer un vÊritable morceau de ville dans un lieu actuellement clos, qui forme un vide dans l’espace urbain.

158


USINE SNR ACTUELLEMENT

SUPPRESSIONS DE LOCAUX PRÉVU DANS LE PLAN DE RESTRUCTURATION

SUPPRESSIONS SUPPLÉMENTAIRES

PÉRIMÈTRE D’INTERVENTION ET DE RÉFLEXION

159


160


A N A LY S E S E T R È G L E S

161


ACCÈS AU SITE Le site de projet est bien desservi puisqu’il est longé par la roFDGH TXL SHUPHW XQ DFFqV IDFLOLWp DX WUD¿F SRLGV ORXUGV HW DXWRmobile, notamment en provenance de l’échangeur autoroutier «Annecy Sud».. Par ailleurs, les tunnels de Courier permettent un lien direct avec la partie «centre-ville/Galeries Lafayette». On peut d’ores et déjà remarquer le potentiel de connexion qu’il existe entre la zone d’intervention et l’axe routier (Avenue de Cran) qui traverse la Commune Nouvelle d’est en ouest, de Cran-Gevrier à l’Avenue d’Albigny. On peut aisément estimer que cette voie présente un fort potentiel de développement, et IDLW ¿JXUH ¿O URXJH GDQV O¶RSWLTXH G¶XQ DPpQDJHPHQW XUEDLQ cohérent à l’échelle du territoire des six communes. Le centre de Cran-Gevrier connaît d’ailleurs une période de développement urbain autour de la zone centre Chorus (éco-quartier des Passerelles...). On est dès lors en droit d’espérer un élan de renouvellement de cet axe qui ne possède pas encore les qualités urbaines que l’on pourrait lui allouer.

162


163


LIEN À LA PROMENADE DU THIOU La position du site présente un fort potentiel de connexion à la promenade du Thiou. Cette dernière offre une liaison de mobilité douce allant de Cran-Gevrier au lac d’Annecy, suivant le cours de la rivière du même nom. Ce cheminement est une réelle qualité du tissu urbain annécien puisqu’il permet aux usagers d’expérimenter différentes réalités urbaines. En effet, du côté de Cran-Gevrier, la promenade s’effectue dans un cadre forestier très naturel, puis l’expérience devient très urbaine, lorsque le promeneur arrive du côté d’Annecy. Les joggeurs et marcheurs se trouvent nombreux sur cette voie. Dès lors connecter le projet à cette promenade semble être une stratégie intéressante, synonyme de qualités urbaines.

164


165


LIENS AUX COMPOSANTES URBAINES ENVIRONNANTES Si la rocade constitue un organe de desserte très fonctionnel et positif pour l’accès au site de projet, elle n’en demeure pas PRLQV XQH FpVXUH XUEDLQH IDLVDQW RIÂżFH GH UXSWXUH GDQV OÂśHVpace urbain. Ainsi il n’est pas envisageable de concevoir un lien entre la zone d’intervention et le quartier situĂŠ au delĂ du boulevard. Au contraire, le quartier situĂŠ au sud de l’Avenue de Cran peut offrir un cadre structurant au projet, notamment le tracĂŠ des voies de circulation. Il est nĂŠcessaire de crĂŠer du lien entre le site et le centre ville situĂŠ au sud des rails. La liaison doit exister physiquement grâce par exemple Ă un passage sous voies, qui nĂŠcessitera une reTXDOLÂżFDWLRQ GH OD JDUH URXWLqUH PDLV DXVVL YLVXHOOHPHQW SRXU offrir Ă l’usager un sentiment de continuitĂŠ urbaine au delĂ des voies ferrĂŠes. Le passage sous-voies est nĂŠcessaire Ă la vie du futur quartier. Le triangle contenant notamment la plateforme du courrier des postes se dĂŠveloppera certainement indĂŠpendamment du projet. En effet, il longe la voie de chemin de fer hors d’usage aujourd’hui mais Ă laquelle on peut imaginer une nouvelle affectation. Par exemple le tracĂŠ peut ĂŞtre rĂŠutilisĂŠ, dans le futur, pour la mise en place d’une ligne de transport public cadencĂŠe (tram...) qui desservirait le sud de la Commune Nouvelle.

166


LIENS ET DIRECTIONS DE DÉVELOPPEMENT

167


RÉSEAUX DE CIRCULATION EXISTANTS Le rĂŠseau existant va ĂŞtre dĂŠterminant pour le projet. En effet, DÂżQ GÂśDQFUHU UpHOOHPHQW OD SURSRVLWLRQ GDQV OH WLVVX DQQpFLHQ ma position repose sur l’accroche de l’intervention au tracĂŠ ĂŠtabli, qui, selon moi, constitue une base d’accroche stable, en comparaison de la volatilitĂŠ du tissu bâti environnant. En effet, ce dernier prĂŠsente une structure lâche et une très grande diversitĂŠ de formes construite. S’accrocher aux constructions prĂŠsentes autour du site me semble peu pertinent puisque le quartier, pour avoir une qualitĂŠ et prĂŠsenter une intensitĂŠ urbaine digne d’un centre urbain, devra connaĂŽtre un rĂŠel renouvellement de ses formes urbaines et affectations.

168


HIÉRARCHISATION DES RÉSEAUX DE CIRCULATION

SCHÉMA DES CONNEXIONS AU RÉSEAU EXISTANT

169


STRATÉGIES URBAINES La stratégie urbaine majeure est de diviser le site en lots permettant un premier dessin morphologique du futur morceau de ville. Un premier schéma de répartition des pleins et des vides émerge de ce tracé qui s’accroche à l’existant. Le second découpage doit conférer une perméabilité au projet dans sa longueur, notamment pour les déplacement piétons et autres mobilités douces. Le troisième principe de conception consiste à la programmation d’un niveau d’espaces tertiaires, plus privatifs sans être clos. Le résultat de ces stratégies est un morcellement du site en lots ayant des dimensions, en moyenne, légèrement supérieures aux composantes du tissus du centre-ville, qui présente des qualités urbaines évidentes. Schématiquement le projet se compose de deux espaces articulés par une zone pivot, située au niveau du passage sous-voies envisagé. Ces stratégies constituent une partie de la règle pour l’élaboration d’architectures.

170


DÉCOUPAGE PRIMAIRE : CONNEXION AU RÉSEAU EXISTANT

ÉVIDEMENT : ESPACES SEMI-PUBLICS

DÉCOUPAGE SECONDAIRE : PERMÉABILITÉ - MOBILITÉS DOUCES

LIAISON MOBILITÉ DOUCE

RAPPORTS D’ÉCHELLES AVEC LE TISSU EXISTANT

DEUX ESPACES DIFFÉRENCIÉS ET UNE ARTICULATION

171


GABARITS Le parti pris du projet est de concevoir un morceau de ville intégré au tissu urbain constitué. Concernant les gabarits, la stratégie consiste à rester dans l’échelle du centre-ville en utilisant des niveaux de référence remarquables dans le contexte immédiat du site. Ainsi, le niveau bas du projet se calque sur OHV KDXWHXUV GHV KDOOHV LQGXVWULHOOHV GH 615 D¿Q G¶pWDEOLU XQ premier dialogue avec l’espace industriel. Les dimensions inWHUPpGLDLUHV HW KDXWHV VRQW Gp¿QLHV SDU OHV JDEDULWV GHV EDUUHV et immeubles importants longeant les rue du quartier situé entre l’avenue de Cran et la zone d’intervention. Les bâtiments construits devront être situé entre ces hauteurs de référence en reprenant des alignements de niveaux sur les rues, D¿Q GH FRQVWLWXHU XQ XUEDQLVPH OLVLEOH HW UHODWLYHPHQW FDOPH /D ]RQH G¶DUWLFXODWLRQ SRXUUD IDLUH RI¿FH G¶H[FHSWLRQ HQ UDLVRQ de son caractère particulier d’entrée et de pivot dans le projet. Ces positions constituent, tout comme les stratégies urbaines, un ensemble de règles à suivre dans la conception des bâtiments.

172


PRINCIPE DE COMPOSITION DES GABARITS

173


STRATÉGIES PROGRAMMATIQUES L’idée est de concilier des programmes que l’on retrouve de façon récurrente dans les projets urbains, comme les logements avec des bureaux et des équipements (écoles..). Par ailleurs, la volonté est de faire référence à l’histoire du site et de créer une épaisseur programmatique supplémentaire en intégrant au quartier d’habitation et administratif, des activités manufacturières et de production. Cela permet de réintroduire dans la ville tout un secteur économique expulsé à la périphérie de l’espace urbain. L’objectif n’est pas d’intégrer ces activité en toile de fond, quelque peu cachées, mais bel et bien de les mettre au premier plan, avec pignon sur rue, en adoptant solutions architecturales qui mettent en avant le travail des «faiseurs». Dans le contexte français où les formations techniques et manuelles sont délaissées il m’apparaît crucial de leur redonner toute leur valeur, cela passe par une réelle visibilité dans l’espace public. Par ailleurs, l’intégration de l’économie productive dans la ville présente des avantages environnementaux comme le fait de rapprocher lieu de travail et résidence, notamment dans une période où les estimations tablent sur 75% de citadins d’ici les cinquante prochaines années. (Q¿Q FHWWH SRVWXUH HQJHQGUHUD GH QRXYHOOHV IULFWLRQV GDQV O¶HVpace public, synonymes de vie et d’intensité urbaine. L’objectif concernant la partie résidentielle de la proposition est d’offrir, en plus des formes classiques, de nouvelle façon d’habiter, à travers des typologies originales, comme le cluster, basé sur une mutualisation de l’espace de vie. Associé à des logements libres et sociaux, ces expériences typologiques assureront une mixité sociale dans le quartier, soutenu par la coexistence d’activités productives et tertiaires.

174


SYNTHÈSE DES BESOINS

PROGRAMMES RÉPÉTÉS, COMBINAISON D’ESPACES «CLASSIQUES» ET PARTAGÉS

PROGRAMMES UNIQUES

175


VERS UN URBANISME D’ÎLOTS Les stratégies urbaines évoquées plus tôt, notamment les différents découpages, orientent le projet vers un urbanisme d’îlots. En effet, cette forme urbaine permet de respecter les différents principes évoqués, en particulier la hiérarchisation des vides et le tracé directeur. Un tel projet, à l’échelle de la ville d’Annecy, s’étend sur un horizon temporel plutôt long, ainsi, il y a une nécessité pour OH SODQ GLUHFWHXU G¶rWUH ÀH[LEOH HW pYROXWLI (QYLVDJHU XQ XUEDnisme d’îlots répond à cette contrainte puisque ce dernier peut prendre des formes multiples et variés. Par ailleurs, il permet l’absorption de programmes divers et la mise en place de typologies différenciées.

176


LES POTENTIELS D’UN URBANISME D’ÎLOTS

177


PROPOSITION MORPHOLOGIQUE Le projet propose, d’une façon gĂŠnĂŠrique, une combinaison des trois types d’Îlots que l’on connait, qui permet une hiĂŠrarchisation des espaces publics et une articulation des espaces composant les cĹ“urs d’Îlots. 3DU DLOOHXUV GHV MHX[ GH QLYHDX[ VRQW SRVVLEOHV DÂżQ GH VÂśDGDSWHU , d’une part, au contexte bâti voisin, et, d’autre part, d’envisager une vie sur les toitures .

178


PROCESSUS : COMBINAISON DE TYPES D’ÎLOTS

179


180


PROPOSITION

181


182


PROPOSITION POUR LE SITE D’INTERVENTION AVEC CONSERVATION DES PAVILLONS

183


184


PROPOSITION POUR LE SITE D’INTERVENTION AVEC SUPPRESSION DES PAVILLONS

185


LES AFFECTATIONS Le principe vise Ă affecter les rez-de-chaussĂŠe aux commerces, aux espaces partagĂŠs et aux activitĂŠs productives. Ainsi, le niveau de la rue et du cĹ“ur d’Îlot constitue un sol public et vivant, susceptible de gĂŠnĂŠrer de l’intensitĂŠ. Les logements et bureaux sont placĂŠs dans les ĂŠtages. La maison des Hirondelles, prĂŠservĂŠe en tant que patrimoine industriel, est transformĂŠe en maison des associations et de quartier, elle participe Ă animer la place qui la borde. L’articulation est constituĂŠe d’un bâtiment pivot, hybride, qui prĂŠsente une grande interaction de programmes. On y trouve, par exemple, une ĂŠcole, une salle de sport, une salle de reprĂŠsentation, un cafĂŠ-restaurant, ainsi que des logements et des bureaux. Haute de 45 mètres, elle marque l’entrĂŠe dans le site depuis le centre-ville via le passage sous voie. /HV ]RQHV GH VWDWLRQQHPHQW VH GpSORLHQW HQ VRXV VROV DÂżQ GH libĂŠrer un maximum les rues. On pourra toutefois y trouver des SODFHV SRXU OHV FRXUWHV GXUpHV DÂżQ GH SHUPHWWUH OH IRQFWLRQQHment des commerces.

PLACES ET ACTIVATEURS

186

LA PROPOSITION EN CHIFFRES


ORGANISATION GÉNÉRALE

AFFECTATIONS

187


PARTI PRIS DES FRONTS URBAINS La rue centrale offre un front découpé au sein duquel on peut lire le niveau bas de référence issu des hauteurs des halles de l’usine SNR existante. Ce découpage permet une lecture de l’«épaisseur urbaine» de la proposition, qui est constituée de programmes et d’espaces publics variés. Au niveau des rues Bouvard et des Hirondelles, l’intention urbaine tend à offrir un tissu plus continu, à l’image du centreville d’Annecy. Ici, les niveaux évoluent de façon plus calme grâce à des découpages limités. Depuis le centre-ville, la volonté du projet est d’offrir un front urbain très clair, visible depuis les quais de la gare ou encore depuis la gare routière. L’intention est de donner un sentiment de continuité du tissu urbain et de rompre avec la sensation actuelle de barrière générée par les voies ferrées. D’une manière générale, les gabarits dialoguent avec le contexte environnant et se situent dans l’ordre de grandeur du tissu existant. L’articulation de la zone d’intervention est la seule exception urbaine, avec une hauteur plus généreuse et une forme urbaine différenciée. En effet, le pivot de la proposition n’est pas constitué par un îlot mais par un bâtiment présentant une forme indépendante, en relation à une plus grande interaction de programmes. la recherche de hauteur permet de se libérer G¶XQ FRQWH[WH GLI¿FLOH PDUTXp SDU O¶DUULqUH ERUJQH GHV EkWLPHQW de logement longeant l’avenue de Chevêne. Ce choix de gabarit marque également le nouveau passage sous voies qui permet de joindre physiquement les parties nord et sud des rails. 188


FAÇADE RUE CENTRALE

FAÇADE RUE DES HIRONDELLES

FAÇADE RUE DEPUIS LE CENTRE-VILLE

FAÇADE RUE BOUVARD

189


TYPOLOGIES DES RUES L’objectif est ici de créer des espaces fonctionnels permettant la circulation automobile et poids lourd, en lien avec la vie du quartier et de l’usine. Par ailleurs, il s’agit d’organiser et de sécuriser les cheminement piétons et cyclistes.

190


RUE TRANSVERSALE

RUE CENTRALE

RUE TRANSVERSALE

PROMENADE

VENELLE

191


SÉQUENÇAGE L’étalement du projet dans le temps nécessite une programmation échelonnée. La proposition a pour but de permettre un plan directeur divisible en phases pouvant fonctionner indépendamment les unes des autres

192


193


194


HYPOTHÈSES CONCERNANT LE PÉRIMÈTRE DE RÉFLEXION

195


DEVENIR DU SITE R&D SNR Le site R&D de SNR allant être restructuré, j’ai pris la liberté de proposer, de manière hypothétique concernant les besoins d’un tel projet, de proposer un renouvellement, suivant les règles du plan directeur établi en amont. J’ai alors pris le parti d’élaborer deux scénarios, le premier, pessimiste dans lequel le site SNR réduit sa position à Annecy, le second, optimiste, ou il renforce sa position. En suivant les règles urbaines que j’ai élaborée au début de ce projet, il restait une tranche libre entre le pont et l’usine ainsi qu’un triangle entre les rails et le dernier bâtiment SNR. J’ai alors envisagé l’introduction d’agriculture urbaine dans ces zones délaissées. Ainsi on trouve des tour maraîchères et des espaces de culture en pleine terre longeant le pont routier. Le triangle est occupé par des serres agricoles, complétées par un magasin et un espace pédagogique. La valeur productive du quartier est alors renforcée, sans avoir la prétention d’envisager une quelconque autonomie.

196


HYPOTHÈSES DE RENOUVELLEMENT DU SITE R&D SNR

197


198


SCÉNARIO HYPOTHÉTIQUE 1

199


200


SCÉNARIO HYPOTHÉTIQUE 2

201


202


AXONOMÉTRIE REPRÉSENTATIVE DES INTENTIONS

203


PANORAMA D’ESPACES REPRÉSENTATTIFS

ESPACES DE TRAVAIL

sources photographies (dans l’ordre de g. à d et de haut en bas.) : Bas Bogaerts http://www.basbogaerts.com/corporate.html Groupe SKF http://evolution.skf.com/ | https://levels.io/coworking-space-economics/

204


ROOFTOPS

VRXUFHV SKRWRJUDSKLHV GDQV O¶RUGUH GH J j G 7LPH 2XW KWWSV ZZZ WLPHRXW FRP QHZ\RUN ¿OP PRYLHV LQ WKH SDUN RXWGRRU VFUHHQLQJV LQ QHZ \RUN FLW\ _ New-York Times Peter Da Silva http://www.nytimes.com/2009/06/17/dining/17roof.html

205


PHOTOS DE MAQUETTE

206


207


208


CONCLUSION Il a ĂŠtĂŠt intĂŠressant de se plonger dans un projet d’urbanisme, ĂŠchelle Ă laquelle je n’Êtais pas habituer Ă projeter. Ce travail de thèse, constituĂŠ d’une recherche thĂŠorique suivie d’une application en projet m’a permis d’ouvrir grandement mon champ de connaissances, notamment sur la question de la conception de la ville au siècle dernier et aujourd’hui. Par ailleurs, un apport majeur de ce travail a ĂŠtĂŠ de me procurer une nouvelle lecture de la ville française, en me dĂŠlestant d’une certaine naĂŻvetĂŠ dans l’approche critique que j’avais auparavant. Mes observations et analyses des tissus urbains qui m’entourent depuis mon enfance sont dorĂŠnavant beaucoup plus ĂŠtayĂŠes, puisque basĂŠes sur des connaissances Ă propos de la fabrique de la ville. C’est pourquoi je ne retiens que du positif dans le choix GX VXMHW GH PRQ SURMHW GH ÂżQ GH FXUVXV TXL DXUD VX GH bout en bout, ĂŠveiller ma curiositĂŠ et susciter une grand motivation. VJ

209





Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.