D'un choix par défaut vers un réel désir d'habiter : le logement étudiant en questions

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D’UN CHOIX PAR DÉFAUT VERS UN RÉEL DÉSIR D’HABITER : ?

Le logement étudiant en questions

MOJEIKISSOFF Valentin Mémoire Master 1 Architecture et Cultures Constructives École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble

2013 - 2014



D’UN CHOIX PAR DÉFAUT VERS UN RÉEL DÉSIR D’HABITER : Le logement étudiant en questions

MOJEIKISSOFF Valentin

Jury : Anne-Monique Bardagot, directrice de mémoire Hubert Guillaud Stéphane Sadoux Master 1 Architecture et Cultures Constructives École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble Mai 2014



REMERCIEMENTS Je tenais tout d’abord à remercier Anne-Monique Bardagot ainsi que Ivan Mazel qui ont accompagné l’écriture de ce mémoire. De même, je souhaitais exprimer ma gratitude à l’agence Canal Architecture et son chef de projet Clément Vulliez ainsi qu’au CROUS de Grenoble, représenté par Sophie Vaillant et Jérémie Teyssier, pour leur disponibilité et leur apport sur le sujet. Enfin, merci à mon camarade Matthieu Lemarié pour avoir bien voulu se prêter au jeu d’une séance photo, à tous les autres membres du master pour leurs conseils.




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« C’est en construisant des logements de qualité architecturale, environnementale et fonctionelle où il fait bon vivre et étudier, que nous les aiderons à construire leur avenir. » Jean Louis Borloo

EMERY Marc, NEMOZ Sophie, ARDENNE Paul, Dernières nouvelles : architecture et habitat étudiant en Europe, Barcelone, AAM Éditions, 2008, p 5, préface


INTRODUCTION Comme

politique. De même, la question du micro-logement m’intéressait particulièrement et le logement estudiantin l’intégrant peut-être mieux qu’aucun autres, il était donc bien opportun de s’emparer de ce sujet. Que faire pour casser l’image négative du logement étudiant et redonner ainsi envie aux principaux intéressés d’habiter les cités «u» ? Plus largement et au niveau politique, le logement des étudiants n’est-t-il pas à prendre davantage en charge et considéré comme l’égal de l’enseignement, puisque crucial pour ce qui est du bon développement des « cerveaux » de demain ? Le logement comme éducateur en somme : habiter mieux pour vivre mieux, pour agir mieux ? Voilà certainement les questions centrales de ce mémoire, dont découle un certain nombre d’autres pistes de réflexion plus précises. La situation en chiffres Au printemps 2013 et selon l’Observatoire de la vie étudiante et d’après sa propre enquête1, près de 2,4 millions de jeunes adultes étaient concernés par la question du logement étudiant. Dans un même temps, la capacité d’accueil du parc dédié a été

1/ OVE, La vie étudiante : repères, édition 2013, p 18

9 INTRODUCTION

à chaque rentrée, la préoccupation première d’un bon nombre d’étudiants tient en un mot : le logement. En effet, il relève bien souvent du parcours du combattant de trouver à se loger dans un environnement agréable, pour un loyer abordable, dans des villes « étudiantes » où l’offre du logement dédié est insuffisante, le marché impitoyable. Avec un nombre de places dans les résidences publiques bien trop limité, c’est vers les résidences privées, haut de gamme, que se tournent ceux qui en ont les moyens, les autres se voyant contraints de prospecter au sein d’un parc de logements privés, aux mains de propriétaires particuliers. On le dénonce chaque année dans les JTs, ce scandale des chambres de bonnes parisiennes aux loyers exorbitants, ce « mini-surface, maxi-rendement », triste réalité d’un système qui profite encore et toujours à ces propriétaires sans scrupules, bien plus préoccupés par la recette du début du mois que par le bien-être de leurs locataires. C’est certainement l’une des raisons qui a guidé mon choix de thème de mémoire avec un sujet aux problématiques actuelles, ancrées dans une réalité sociale, économique et


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estimée aux valeurs suivantes : 150 000 places au sein des 530 résidences gérées par le CROUS, 80 000 places en locations sociales estudiantines dans le secteur HLM et enfin environ 150 000 places dans des résidences étudiantes privées. Ce paysage estudiantin français est composé à 32% de jeunes qui habitent encore au sein de leur famille (il est intéressant de constater que ce chiffre varie grandement au sein des différents pays de l’UE : une histoire de mentalité et de système universitaire) et à 68% d’autres qui habitent ailleurs : 34% au sein du marché locatif diffus, 11% dans les résidences collectives (dont 71% dans des résidences CROUS), 12% choisissent quant à eux la colocation (chiffre en augmentation constante)1. Quelques chiffres datent un peu (letudiant.fr2 parle de 165 000 places CROUS en 2013) mais il est clair qu’ils traduisent une situation qui reste la même aujourd’hui, celle d’une pénurie évidente, d’un marché qui va en se dégradant. Dans son rapport de 20043, J-P Anciaux parle de la situation en ces termes : « le marché du logement étudiant est tendu dans 2/3 des villes universitaires ; or celles-ci concentrent les 3/4 de la population étudiante ». De même, toujours selon l’OVE et son enquête

de 20104, quand bien même les étudiants se disent majoritairement satisfaits de leur logement (environ 75%), la recherche de celui-ci s’est avérée difficile voire très difficile pour 30% d’entre eux (la situation parisienne est bien plus alarmante encore avec une moitié du public concernée). Si l’on s’attache à décrypter plus en détail l’offre publique du parc du CROUS (150 000 places environ), on distingue deux types de cités universitaires : des logements correspondant à des chambres de 9,5 m2 en moyenne d’une part, dans des résidences dites « traditionnelles » des années 196070, au nombre de 100 000 environ mais également des logements correspondant à des studios et T1, plus récents (années 1990), au nombre de 50 000. Dans les premiers, les sanitaires et les douches sont communs, les étudiants disposent d’espaces communs ainsi que de certaines prestations comprises. Il faut bien prendre conscience que seulement 8% des étudiants sont logés en résidences « u » (pour 18% des boursiers). Ainsi confronté à cet accueil très limité, l’État Français a du se résoudre à la mise en place d’un système d’aides, soit perçues par les étudiants comme les APL (aides personnalisées), soit reversées à des entrepreneurs privés de logements estudiantins

1/ OVE, La vie étudiante : repères, édition 2013, p 18 2/ http://www.letudiant.fr/loisirsvie-pratique/logement_2/logement-etudiant-quel-toit-pourmoi-11720.html 3/ ANCIAUX J.-P., Rapport sur le logement étudiant, remis au Premier Ministre en janvier 2004, p 33 4/ OVE, La vie étudiante : repères, édition 2011, p 12


80 000 places dans le parc HLM

150 00 places en résidences CROUS 150 00 places en résidences privées

2,4 millions d’étudiants Offre en matière de logement en 2013, selon l’OVE

Internat 2%

Propriété de l’étudiant ou de ses proches 4%

Autre 5%

Chez la famille 32%

Résidence collective 11%

En colocation 12%

En location (seul ou en couple) 34%

Répartition en matière de logement en 2013, toujours selon l’OVE


(aides à la pierre). De même, tout récemment, le 6 février dernier, le gouvernement confirmait par le biais de Cécile Duflot et Geneviève Fioraso respectivement alors ministre de l’Égalité des territoires et du Logement, et, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, l’engagement de créer 40 000 nouveaux logements étudiants dans les cinq années à venir. Ce « plan 40 000 » représenterait ainsi une hausse de 25 % du parc actuellement géré par le CROUS.

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Comment comprendre cette pénurie de logements ? Elle s’explique par la coexistence de trois facteurs ayant fait croître la demande, aux dépends de l’offre : l’explosion numérique du public étudiant, l’allongement de la durée des études et enfin la diversification de l’offre universitaire en matière d’enseignement. Le premier facteur, l’augmentation des effectifs, se justifie pour sa part avec la « politique des 80% » initiée en 1985 par Jean Pierre Chevènement, alors ministre de l’ Éducation Nationale et sa volonté d’amener progressivement 80% d’une classe d’âge à l’obtention du baccalauréat. C’est chose faite aujourd’hui avec un résultat pour le bac général qui n’a cessé d’augmenter et se maintient aisément entre 85% et 90% depuis huit ans (record absolu en 2013 avec

92%). S’agit-il d’élèves de plus en plus brillants ou le niveau demandé diminue-t-il d’année en année ? Autre débat. Ce qui est certain, c’est que contrairement au dicton populaire « un mal pour un bien », la chose n’a pas été ici si bénéfique que ça, du moins en ce qui concerne le logement, on a manqué sans doute d’anticipation… Le deuxième facteur, concernant l’allongement de la durée des études est principalement dû à la réforme LMD (Licence Master Doctorat), mise en place en 2004. En effet, il faut désormais trois ans minimum pour obtenir un premier diplôme, la Licence (hormis le DUT) et non plus seulement deux ans comme auparavant avec le Deug. Un rythme plus lent donc, auquel viennent s’adjoindre quelque part des changements sociétaux : la reprise d’études et les changements de voies multiples sont devenus aujourd’hui monnaie courante. Le troisième et dernier facteur, enfin, s’explique lui par la diversification de l’offre universitaire en France, accompagnée dans un même temps, d’une internationalisation des études. Il est vrai que l’on voit fleurir des licences et masters de plus en plus spécialisés, qui plus est, dispersés sur le territoire. Les échanges et la coopération entre pôles universitaires européens (et internationaux) se développent eux aussi dans le même sens, si bien que


la part des étudiants étrangers serait aujourd’hui de près de 10% selon un rapport de 20045.

Et qu’en est-il des prix ? Ils sont multiples et décroissants selon que l’on s’attache au secteur diffus, aux résidences privées, aux colocations ou aux logements sociaux en « cités u ». Toujours selon l’enquête de l’OVE1, le loyer moyen était de 425 € en 2013 pour l’ensemble du territoire Français et de près de 600 € pour la ville de Paris. Dans le but de lutter contre l’augmentation des prix de location des micrologements dans les grandes villes, l’État a mis en place depuis janvier 2012 une taxe annuelle dite « taxe Apparu ». Celle-ci concerne les biens inférieurs ou égaux à 14m2 aux loyers supérieurs à 40€ du m2. Un loyer de 400 € pour une surface de 10 m2 serait donc la limite maximum avant de voir le couperet de cette surtaxe s’abattre, c’est déjà beaucoup, beaucoup trop… effrayant !

1/ OVE, La vie étudiante : repères, édition 2013, p18 5/ Rapport annuel 2003-2004, « Stratégies de développement de la mobilité internationale des étudiants et attractivité de l’enseignement supérieur français », Paris, La Découverte Française, 2004, p12

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Ce mal est-il spécifique à la France ? Pas forcément, mais il semble que notre système de gestion et de financement du logement estudiantin fait exception ou presque. Coïncidence ? Rien n’est moins sûr… En effet, en France, les établissements universitaires se contentent d’assurer le contenu de l’enseignement et laissent à d’autres organismes spécialisés, le soin de construire et gérer les logements (exception faite de Polytechnique qui dispose d’un parc immobilier suffisant pour la totalité de ses étudiants). Dans d’autres pays comme aux USA, en Grande-Bretagne ou dans les pays scandinaves, le logement fait partie intégrante des études, considéré comme un service à part entière, ayant vocation à créer une « communauté » d’étudiants. En 2007, une vaste étude comparative sur le logement étudiant à travers l’Europe a été menée. Il en résulte que dans des pays comme la Finlande ou les Pays-Bas, le logement estudiantin est abordé comme thème public, les étudiants étant eux mêmes considérés comme des citoyens à part entière, contribuant particulièrement à la vie urbaine. C’est ainsi que les politiques d’intégration au parc

générique y sont particulièrement développées, les investissements abondants. L’heure n’est pas à distribuer les bonnes et mauvaises notes mais notons tout de même que nous de sommes pas les plus mal lotis en la matière : au Royaume Uni, par exemple, le logement estudiantin s’inscrit particulièrement dans le domaine privé, comme produit d’un marché de niches très lucratif, résultat d’une politique très peu volontaire voire frileuse de l’État sur le sujet.


Dans le rétroviseur

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Rien d’étonnant à ce que l’histoire du logement estudiantin soit liée à celle, plus large de l’enseignement, rien d’étonnant non plus donc à voir ce type d’habitat apparaître aux environs du XIIIe siècle avec les premières universités, notamment en Angleterre, à Oxford, à Cambridge. C’est en effet chez nos voisins d’outre-Manche que la question du logement étudiant a suscité les premiers intérêts, les premiers questionnements et c’est certainement en cela que le modèle anglais est resté longtemps comme un paradigme majeur en la matière. Un paradigme, un modèle qui se perpétue depuis : celui du collège, à l’architecture inspirée de celle des couvents. La volonté y est, comme le dit Marc Emery6, de « former autant des hommes que des cerveaux ». Le collège est une institution qui appelle au principe de « communauté », un groupement d’étudiants mais aussi d’enseignants. Pas étrangère d’un goût pour la surveillance (modèle panoptique), cette architecture présente souvent un espace central végétalisé, entouré par des salles à manger, des espaces de rencontre entre les étudiants et le corps enseignant, des bibliothèques et enfin des dortoirs.

Une architecture, en résumé, plutôt compacte et repliée sur elle-même. Cette forme de communautarisme, on la retrouve également au sein des campus américains, qui sont quelque part, le résultat d’une forme d’interprétation du modèle anglais. Si le rapport à l’espace n’y est pas le même avec une dispersion d’éléments autonomes, on y retrouve l’isolation volontaire d’un groupe d’individus, d’une communauté vis à vis du reste du monde ou du moins des « corruptions » que représente la ville. Ce sont les campus des structures « clanesques », des unions qui s’affichent au cinéma (American Pie et cie) et où les étudiants s’attellent déjà à construire des réseaux. Pour ce qui est de la France, les choses se sont faites bien plus tard puisqu’il semble falloir attendre 1919 pour entendre parler, pour la première fois, d’un foyer étudiant à Toulon. La seule réalisation véritablement notable de l’époque reste la Cité universitaire internationale de Paris, fondée en 1925 dans le sud parisien. Non décidément, pas grand chose d’appréciable, ce qu’on retient surtout du modèle français, c’est l’hygiénisme froid des années 1960-70 : des « clapiers » austères

6/ EMERY Marc, NEMOZ Sophie, ARDENNE Paul, Dernières nouvelles : architecture et habitat étudiant en Europe, Barcelone, AAM Éditions, 2008, p 12 Fig.1 : La R.U. Jean Zay d’Antony, échec symbolique de l’architecture hygièniste d’hier


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INTRODUCTION


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aux plans rigides, uniformes, parachutés sur des hectares de verdure stérile. Comme une réponse purement quantitative à une pénurie, la production architecturale du logement estudiantin de ces années là est en tout point similaire à celle des grands ensembles. La résidence universitaire JeanZay conçue par Eugène Baudouin et construite à Antony en 1954 est sûrement l’un des cas concrets les plus significatifs du mal français de l’époque. Ce « paquebot étudiant » accueillait en son sein 1 580 chambres individuelles, 490 appartements, ainsi que des équipements dont trois crèches, un complexe sportif et une supérette, etc. Une ville dans la ville donc, qui représentait encore en 2009, à elle seule et ses 2 500 places, près de 16 % du parc de logement social étudiant d’Île de France, faisant d’elle la plus grande cité universitaire d’Europe. L’historique de la RUA, comme on l’appelle, serait plus aisément décelable dans les revues de presse écrites que nulle part ailleurs, tant la résidence et ceux qui l’ont habité ont fait couler de l’encre. Résultat, entre autres, d’une hausse des loyers de 300 % en l’espace de dix ans, les grèves étudiantes y étaient monnaie courante et les réaménagements forcés, les changements successifs de gestionnaire n’ont pas aidé non plus. Certains ont vu même, dans les protestations des «

maos d’Antony » comme on les appelait, les prémices de mai 68. Une situation qui s’est dégradée et notamment vis à vis de la ville d’Antony puisqu’en décembre 1974, le maire d’Antony, déclarait la chose suivante : « la Cité n’a d’universitaire que le nom ». Il fait état d’un climat d’insécurité permanent, parle de drogue, de viols, de prostitution et accuse la cité de peser sur sa commune. Comme si l’État avait compris la leçon, Jean-Pierre Soisson, alors Secrétaire d’État aux Universités déclare : « Nous ne ferons plus de campus comme celui d’Antony ». Cet échec de la cité JeanZay a très certainement et fort heureusement influencé les politiques ultérieures en matière de logement étudiant, et ce assez rapidement. En effet, preuve en est de la loi d’avril 1955 (les oeuvres universitaires obtenant le statut juridique d’établissement public) et de sa volonté de « favoriser les conditions de vie et de travail des étudiants » (il en résultera un programme-type piloté par le ministère de l’Éducation). Preuve en est encore, suite aux événements de 68 à Nanterre, d’une circulaire recommandant de ne plus dépasser 300 chambres sur un même site. Nous le voyons donc, c’est principalement dans un état de réaction vis a vis de la production rigide du modernisme français que se sont inscrites les politiques de logement étudiant qui ont suivi. Aujourd’hui où en sommes-nous ?


Quel logement pour quel étudiant ? Une question simple pour une réponse complexe puisque multiple. En effet, elle est volontairement erronée et nous nous devons de la mettre au pluriel : quels logements pour quels étudiants ? Plus conforme à la réalité actuelle du monde étudiant, celle d’une mosaïque sociale, cette question justifie des réponses multiples et par là même le fait que notre propos interroge des postures et des réalisations parfois contradictoires mais qui toutes affichent une dimension intéressante.

17 INTRODUCTION

Il n’existe pas un seul type d’étudiant comme il n’existait, n’existe et espérons le, n’existera jamais non plus cet homme universel, si cher à Le Corbusier. De même il ne saurait exister une réponse architecturale unique, une solution idéale, un logement parfait. Voilà, plus qu’une hypothèse, une certitude, assurément évidente, que certains esprits brillants, certains architectes de génie ont pourtant, semble-t-il, quelque peu oublié par le passé. Des âges, des moyens, des pratiques, des attentes différentes, voilà qui donne déjà matière à voir émerger une diversité de profils d’étudiants. Pour ce qui est de l’âge, on a vu, ces dernières décennies, l’amplitude s’agrandir, conséquence de la complexification des parcours étudiants (reprise d’études, changements d’orientation). De même, certains sont en situation de couple, d’autres non, certains

travaillent durant les études, d’autres non là encore.Les catégories socioculturelles se complexifient elles aussi, les temporalités également avec le développement des formations en alternance, des stages. Dans une étude sociologique du logement étudiant menée par le LARES (Laboratoire de recherche en sciences humaines et sociales, Rennes), intitulée « Étudier et habiter », Christophe Moreau, Christophe Pecqueur et Gilles Droniou se risquent à catégoriser et classifier différents types d’étudiants selon leurs attentes et leur vision du logement. On retrouve, selon eux, six grandes familles, ayant des manières de vivre et des aspirations différentes, qu’ils se sont amusés à classer par des noms d’animaux : étudiant écureuil, marmotte, moineau, albatros, chat, cigale. Plutôt que des catégories strictes aux critères établis, voyons en cette analyse la radicalisation de grandes tendances en ce qui concerne la manière d’habiter des étudiants. Certains sont plus ou moins attachés à leur logement et s’y investissent pour le coup à des niveaux bien différents. Ces travaux mettent en lumière trois orientations majeures, trois différentes manières d’aborder et d’envisager le logement estudiantin. La première tendrait à l’envisager principalement comme un lieu de travail, un logement studieux où l’isolation phonique serait à privilégier, au même titre que la générosité du bureau ou que la proximité du lieu de formation. La deuxième tiendrait


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plutôt à l’envisager comme un lieu de repos avant tout, un logement refuge où la recherche d’une forme de cocooning serait une volonté première, avec un accent mis sur la télévision, la chambre, la baignoire. La dernière, enfin, tendrait à le visualiser comme un espace convivial, à l’image de la colocation. Symbole de cette mosaïque sociale du monde étudiant, le projet dit « La Mémé » (Maison médiacle) conçu par Lucien Kroll au début des années 1970 à Louvain-la-Neuve s’est monté via la participation des étudiants et leur désir de renouveau en la matière. Il en résulte ce « bâtiment bidonville » dont parlent certains, aux formes, aux matiéres et aux couleurs multiples (cf. photo). Si cette condition étudiante qui va en se diversifiant sans cesse implique toujours plus de connaissances de la part des maîtres d’œuvre, elle est surtout porteuse de nouvelles attentes et par là même de nouvelles réponses. C’est donc, en cela, un domaine particulièrement propice à l’innovation. D’où l’hypothèse de ce mémoire : Il est possible d’être plus généreux encore en matière de logement étudiant et ce sans forcément exploser de trop les coûts, en produisant une réponse qualitative (habitabilité) plutôt que quantitative (surface). Autre hypothèse : le problème actuel

est plus politique et financier qu’architectural, d’où le besoin, le devoir des architectes de faire entendre leur voix sur le sujet. Ce travail d’écriture s’est accompagné, en amont, d’une recherche documentaire, d’une sélection de corpus de projets, pour une partie visités mais également d’entretiens avec des professionnels en la matière tel que des architectes et des bailleurs afin de se forger une image la plus complète possible du sujet et de permettre l’amorce d’une réflexion prospective. La structuration de ce mémoire s’établit à la manière d’un zoom progressif sur la question du logement étudiant, interrogeant successivement la localisation, le projet en lui même et enfin la « cellule » d’habitation. En effet, dans une première partie, nous traiterons du rapport aux territoires (et notamment aux villes) que ce type de production entretient. Dans un second chapitre, nous nous attacherons aux modes de production, de conception, de construction et de gestion de ces logements mais également à la question des espaces communs à l’intérieur de ceux-ci. Enfin, dans un dernier volet, nous entrerons dans cette chambre étudiante afin d’y questionner le m2, d’y parler de micro-logement et des normes PMR qui s’y appliquent.

Fig. 2 : La « Mémé » de Louvain-la-Neuve, transcription architecturale d’une mosaïque sociale



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PARTIE I / OÙ S’IMPLANTER ?


« Les résidences que l’on fait pour le CROUS dans le cadre de l’accord cadre c’est dans des campus un peu paummés, la plupart du temps il vaut mieux avoir une voiture ou alors on est en extrémité de transports en communs. Pour l’instant on n’en a pas eu en centre ville et c’est sûr que ça, ça fait plutôt des résidences dortoirs. » Clément Vulliez, Architecte et chef de projet chez Canal Architecture (Paris)

Propos recueilli dans le cadre d’un entretien le 13/03/2014 à Paris


PARTIE I / OÙ S’IMPLANTER ? Le rapport au contexte, aux grands

supérieur et donc bien souvent le domaine universitaire. C’est quelque chose de primordial, assurément, pour un gestionnaire comme le CROUS de Grenoble, l’une des contraintes premières, ou du moins l’un des points qui justifie même la présence ou non d’une résidence çà et là : « En tant que service public, on se doit d’être au plus près de la demande ou des lieux d’enseignements » ; « on est amenés à implanter les résidences là où sont les étudiants »1. Mais où sont donc ces étudiants ? Sont-ils réellement fixes ? Si sédentaires, si casaniers ? Ne sont-ils pas plutôt, comme on pourrait l’imaginer, de plus en plus ouverts sur le monde, aventuriers et épris de liberté ? Ne veulent-ils pas « bouger » comme ils disent ? Ne veulent-t-ils pas voir et vivre toujours plus d’expériences et pratiquer toujours plus d’activités ? A l’heure où les distances ne se comptent plus en kilomètres mais en minutes, où les réseaux de transports se font de plus en plus efficaces et où l’on chemine vers une progressive dématérialisation de l’enseignement, une question persiste : Où s’implanter et pourquoi ? C’est là le propos de cette première partie.

1/ Propos de Sophie Vaillant, recueilli dans le cadre d’un entretien le 31/03/2014 à Grenoble

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PARTIE I / OÙ S’IMPLANTER ?

territoires, la question des échelles urbaines, autant d’appellations pour une même idée, une même notion (ou presque), une même conviction qui est aujourd’hui largement diffusée dans les écoles d’architecture. En effet, l’autisme architectural n’est plus quelque chose de concevable à l’heure actuelle et il paraît désormais évident pour les nouvelles générations d’architectes de prendre en compte le contexte lors de chaque projet de conception. Ce même contexte est à considérer, on nous l’apprend également, au sens large du terme, comme un « environnement », un « milieu » physique, culturel, social et économique (pour ne citer qu’eux). Cette considération implique une infinité d’interactions à prendre en compte pour faire en sorte que les nouvelles conceptions soient toujours les plus adaptées possibles. Puisqu’il est, de par sa définition, lié au thème de l’enseignement, le logement étudiant se doit, plus que tout autre encore, de répondre à une localisation intelligente, qui puisse faciliter l’interaction avec les établissements d’enseignement


HABITER LE CAMPUS HABITER EN VILLE

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VS

Habiter sur le campus ou bien habiter en ville, voilà les deux principaux paradigmes en matière de logement étudiant. La première des deux réalités est celle qui renvoie à l’imaginaire collectif du logement estudiantin puisque c’est dans cette optique et sur ces territoires qu’ont été construites la majorité des résidences universitaires du 20e siècle, sur le campus. La deuxième réponse est elle relativement plus récente, résultat d’une prise de conscience de la part des différents acteurs concernant l’évolution des manières de vivre des étudiants et de leurs attentes mais également du retour en ville de certains établissements supérieurs. Dans un ouvrage2 de la Cité Internationale Universitaire de Paris, cette opposition est fort justement imagée par les termes suivants : « la pantoufle ou la basket ». La pantoufle pour le logement sur le campus, c’est l’idée de sédentarité, la notion de polarisation entre lieu de vie et lieu d’étude. Particulièrement décriée à l’heure actuelle par une majeure partie des étudiants et des observateurs qui voient en elle, une nouvelle forme de ghetto, cette réponse reste tout de même

valable pour certains autres. En effet, elle l’est, semble-t-il pour les étudiants des filières demandant un présentiel plus important sur les sites universitaires comme les filières littéraires (travail en bibliothèque) ou les étudiants chercheurs par exemple. Elle l’est également pour certaines institutions comme les INSA françaises, qui obligent parfois leurs étudiants, dans les premières années, à vivre sur place. C’est le système anglais du séminaire dont on parlait en introduction .Les étudiants y sont comme en vase clos, comme chez eux aussi, puisqu’ils viennent en cours en « pantoufle ». Mais globalement, ce type d’offre ne séduit plus grand monde. C’est pour la majorité des étudiants un choix par défaut puisque ces résidences du parc ancien (années 1960-70) sont bien souvent celles qui affichent le loyer le moins onéreux. Choix par défaut d’autant plus car la plus grande partie des jeunes préféreraient un cadre de vie urbain, quitte à se lever plus tôt le matin et passer quelques minutes de plus dans les transports. Ils veulent bouger, bouger avec leur « baskets ». En effet, la fuite du campus est une réalité, résultat paradoxal du développement croissant des

2/ Cité Internationale Universitaire de Paris, Habitat étudiant : un écosystème à inventer, Paris, Éditions L’Oeil d’Or, 2012


moyens de transport. Ce paysage aux qualités architecturales et paysagères certaines ne séduit plus, la faute à sa monofonctionnalité. C’est bien simple, il suffit de se rendre sur les campus une fois les cours dispensés pour voir qu’il n’y a plus grand monde et que les étudiants sont déjà repartis habiter en ville. Malgré des équipements, des infrastructures et un cadre qui est intégralement consacré à la vie étudiante, celle-ci s’éloigne petit à petit des campus et réintègre les centres-villes. Rien de plus normal pour des jeunes esprits en quête de sensations, de choses à vivre et à voir que leur procure bien souvent le fourmillement urbain de nos métropoles contemporaines.

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PARTIE I / OÙ S’IMPLANTER ?

« Habiter le campus vs habiter en ville », un titre volontairement provocateur pour mettre en lumière « la bataille » (ou du moins l’ignorance mutuelle) que se sont trop longtemps livrés ces deux entités territoriales. La bonne réponse ne tient en effet pas d’une solution ou de l’autre mais bien dans l’interconnexion, dans l’interrelation des deux et c’est, semble t-il ce qu’ont compris petit à petit les acteurs de la production et de gestion du logement estudiantin. Pour cela, deux orientations possibles : faire rentrer de la vile (ou du moins ses équipements, ses activités)

dans le campus et faire rentrer du campus (la vie étudiante et donc les étudiants) dans la ville. La première hypothèse n’est pas à l’heure actuelle véritablement considérée et pourtant, profiter des espaces vides des territoires universitaires pour y implanter des équipements culturels, sportifs et commerciaux est loin d’être quelque chose d’irrationnel. Bien au contraire, cela permettrait à la fois d’accueillir les équipements que ne peuvent plus digérer les centres-villes et également de redynamiser ces campus au visage quelque peu moribond. La volonté actuelle est plutôt d’ouvrir les universités sur la ville et d’y réinsérer le logement étudiant, quand bien même ce type de montage est particulièrement compliqué à concrétiser. Le frein majeur à cela réside dans la question des opportunités foncières et des prix exorbitants qu’affichent les terrains des centres-villes, d’autant plus dans des capitales comme Paris. Cette réalité économique et financière, Clément Vulliez, chef de projet au sein de l’agence d’architecture Canal (Paris) nous la résume très bien : « Le CROUS fait aussi des projets pas loin des centres mais il privilégie plutôt le foncier de l’État et donc il opte surtout pour des parcelles dans des campus où le terrain ne coûte rien, c’est vrai que la tendance aujourd’hui c’est


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de faire le moins cher possible »3. Au delà de la question financière, le retour des résidences étudiantes en ville n’est réellement envisageable qu’avec l’appui des collectivités locales, permis bien souvent par une volonté forte des acteurs politiques en la matière : « Ca c’est quelque chose qui est aussi porté politiquement par les différents acteurs , cette volonté de voir ou de revoir présent sur des sites en renouvellement ou recomposés, tout ce qui génère la diversité au sein d’une agglomération : des logements sociaux, des logements en accession à la propriété et des logements pour les étudiants. Cela fait partie de l’offre générale d’hébergement donc je crois qu’il faut voir aussi là derrière, une volonté politique puis la concomitance entre ces volontés politiques et l’émergence d’espaces propres à voir s’édifier ces résidences »4. Ce qui est certain, c’est que cette question est affaire de tous, et qu’elle peut servir les intérêts de tout le monde, et notamment des villes. Trop longtemps, la méfiance réciproque a limité l’effet dynamisant que peut avoir le retour des étudiants et de leur logement en ville. Améliorer l’insertion urbaine des étudiants, c’est leur permettre de prendre

part à la vie sociale de la ville et de compenser le vieillissement de la population urbaine. Il serait absurde d’agir autrement. La ville de Grenoble semble être particulièrement exemplaire en la matière et ce depuis un bon nombre d’années. Preuve en est du colloque « l’université et la ville » tenu dans la capitale des Alpes les 31 mai et 1er Juin 1990. On y fait état, dés lors, d’une volonté forte de renforcer les liens entre la ville et les territoires des campus, de casser avec les errements urbanistiques du passé : « Pendant trop longtemps, la ville et l’université en France se sont développées dans l’ignorance l’une de l’autre. Les universitaires, depuis qu’ils existent, admettent mal les contingences de la société civile. La ville bourgeoise se méfie traditionnellement de ses étudiants et de ses professeurs. Ce divorce latent s’est matérialisé tout particulièrement par la création des grands campus des années 60, loin du centre des villes, dans la fonctionnalité et la monotonie de l’isolement. Cet urbanisme universitaire à rebours est unanimement condamné 5 maintenant » ; « Dans les campus universitaires, il n’est plus question du « zoning » qui a été la marque première des campus dans

3/ Propos recueilli dans le cadre d’un entretien le 13/03/2014 à Paris 4/ Propos recueilli dans le cadre d’un entretien le 31/03/2014 à Grenoble avec Mme Sophie Vaillant et Mr Jeremie Teyssier, service patrimoine du CROUS de Grenoble 5/ LAURENCIN Magali. Dir., POUYET Bernard. Dir., L’université et la ville : Colloque de Genoble, 31mai -1er juin 1990, Paris, Éditions Plan Urbain, 1991, dans préface d’Armand Frémont, p 9 Fig. 3 : Un « zoning» malsain, l’exemple de l’Université de Montréal



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les années 1960. Les campus doivent s’intégrer aux villes et aux agglomérations. Les étudiants n’ont plus à être parqués aux périphéries des villes. C’est une interaction complète entre les campus et les villes qu’il faut réaliser »6. Le cas grenoblois y était déjà très largement cité en exemple et mis en avant au titre de laboratoire en la matière : « Si j’avais un vœu à formuler pour terminer, je souhaiterais que soit inventé à Grenoble l’urbanisme universitaire du XXIe siècle ! »7. Qu’en est-il aujourd’hui ? Le cas grenoblois relève toujours, semble-t-il, d’une forme d’exemplarité puisqu’on note une répartition plutôt bonne des résidences universitaires du CROUS sur l’ensemble de l’agglomération (cf. carte de droite). En effet, on ne trouve pas une prédominance de résidences implantées sur le campus, bien au contraire, puisque sur les vingt-trois résidences CROUS de Grenoble, quinze sont extérieures au domaine universitaire de St-Martin-d’Hères et près du tiers d’entres elles (7 pour être exact) sont localisées dans un périmètre urbain plutôt attractif, proche du centre (10 minutes à pieds). Trois nouvelles résidences (dont 2 proches du centre) insérées dans le tissu urbain ont même vu le jour dans les cinq dernières années,

à l’image de la résidence Filaos qui en a profité pour s’inscrire dans le programme d’aménagement de la Caserne de Bonne. Jérémie Teyssier, membre du service patrimoine du CROUS grenoblois nous confirme bien la vitalité actuelle du secteur du logement étudiant sur l’agglomération, il nous en explique également les raisons : « Ces dernières années, le logement étudiant a pu bénéficier du développement de zones d’aménagement concerté (ZAC), je pense effectivement à la caserne de Bonne et la résidence Filaos qui se trouve à proximité. On s’est inscrits dans un îlot un peu en marge de la caserne en elle-même. » ; « Pour moi, on est sur la convergence de visions politiques, de la proximité des lieux d’enseignements et de ce foncier qui rend tout cela possible, par l’intermédiaire d’acteurs constructeurs qui ont pignon sur rue, qui sont aussi la force de la construction grenobloise et des différents bailleurs sociaux grenoblois qui sont saisis sur ces différentes opérations. »8. Avec une population étudiante qui représente prés de 18 % des effectifs totaux (28 000 étudiants pour une population totale de 153 000 habitants), la ville de Grenoble est parmi les agglomérations

6/ LAURENCIN Magali. Dir., POUYET Bernard. Dir., L’université et la ville : Colloque de Genoble, 31mai -1er juin 1990, Paris, Éditions Plan Urbain, 1991, avant propos de Bernard Miège, p 14 7/ LAURENCIN Magali. Dir., POUYET Bernard. Dir., L’université et la ville : Colloque de Genoble, 31mai -1er juin 1990, Paris, Éditions Plan Urbain, 1991, propos de d’Armand Frémont, p 21 8/ Propos de Jérémie Teyssier, recueilli dans le cadre d’un entretien le 31/03/2014 à Grenoble


Répartition des résidences CROUS dans l’agglomération grenobloise

Résidences CROUS proche centre-ville (10 min à pieds ou -) Résidences excentrées (+ de 10 min à pieds du centre) Résidences CROUS du campus


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les plus étudiantes de France (12ème position, devant Toulouse, Bordeaux, Lyon, Paris, Marseille)9 et c’est donc bien normal d’y voir une volonté d’action et de construction forte en matière de logement estudiantin. Autre ville, autre référence sur la question et ce depuis près de 100 ans avec la Cité Universitaire Internationale de Paris (CIUP) et ses 34 hectares, en bordure de la couronne parisienne. La vitalité de la CIUP est en effet une exception dans le panorama des campus français. Sa volonté d’ouverture sur le monde aussi. Bien loin de l’image collective du campus et des ses vastes sites stériles qui se développe parfois sur près de 200 hectares, en marge des villes, la CIUP propose elle, depuis 1925, une image bien plus conforme à un développement soutenable de l’étudiant. Particulièrement bien intégrée dans le tissu urbain parisien, d’une dimension à échelle humaine, proposant un visage architectural atypique de part ses multiples pavillons, elle est encore aujourd’hui, l’un des acteurs majeurs de la politique d’accueil des étudiants étrangers d’Ile-de-France. On l’a vu, l’intégration des logements étudiants en ville est une opération complexe, difficile à mettre en place puisque relevant du concours de beaucoup

de paramètres (opportunités foncières, aspirations politiques, etc.) et d’acteurs. En effet, les projets autonomes, qui sortent de terre en pleine ville, grâce à la libération d’une parcelle au prix abordable se font très rares. Ce fut pourtant le cas de la résidence Pajol, imaginée par l’agence LAN Architecture et livrée en 2011 dans le 18e arrondissement de Paris. Le projet, tout en sobriété, est venu discrètement se confondre dans une petite rue proche de la halle du même nom (Halle Pajol, projet de rénovation de Jourda Architectes) et s’ouvrir sur une cour intérieure à la tranquillité certaine. Ce genre d’intervention, relativement modeste (143 logements) est souvent l’assurance d’une greffe réussie et c’est assurément avec une logique d’acupuncture, via de petites opérations comme celleci que le public étudiant verra son retour s’opérer au mieux dans la densité des centres villes. Parce que nos villes sont toujours plus dévoreuses d’espace et que le m2 y vaut de l’or, la réhabilitation (ou plutôt la rénovation) est évidemment une réponse adaptée en vue d’une réinsertion juste et maîtrisée de logements étudiants au cœur des métropoles. Bien souvent composé de petites surfaces, ce type de logement se voit être d’autant plus, particulièrement adapté pour ce qui est de

9/ Données recueillies sur la page web http://www.toutes-les-villes.com/villes-etudiantes/1.html


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PARTIE I / OÙ S’IMPLANTER ?

réinvestir des structures aux trames potentiellement réduites. Le projet de la résidence Bercy, conçue par le cabinet d’architecture Audren & Schlumberger et inaugurée à l’été 2013 dans le 12e arrondissement de Paris a vu un ancien bâtiment des postes des années 70 se reconvertir en un ensemble de 191 nouveaux logements pour étudiants. A deux pas du quai de la Rapée et donc de la Seine, cette opération au succès certain montre bien en quoi la reconversion est une des pistes particulièrement favorable au retour des étudiants et de leur logement au cœur même des villes les plus attractives. Enfin, c’est bien souvent dans le cadre des grands chantiers de villes et notamment des zones d’aménagement concerté que se développent les nouveaux projets de résidences étudiantes. Comme pour l’exemple précédemment mentionné de la résidence Filaos à Grenoble, les montages sont aujourd’hui facilités par les programmes des ZAC et le logement estudiantin bénéficie désormais de la faveur des acteurs politiques, considéré à part entière comme l’une des composantes nécessaires à l’émergence d’une plus grande diversité au sein des villes.


LE LOGEMENT ÉTUDIANT, UN OUTIL DE RÉNOVATION URBAINE ET DE MARKETING TERRITORIAL

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Si les villes accueillent plus volontiers désormais, en leur sein, de plus en plus d’étudiants et par là même les logements qui leur sont dédiés, c’est peut-être moins par bienveillance que par intérêt. En effet, comment ne pas voir, derrière cette bonne volonté de surface, l’avantage évident pour une métropole que représentent des opérations de ce type. Rajeunissement certain de la population urbaine, levier de réaménagement/développement urbain et enfin changement d’image à l’international pour les villes les plus importantes, voilà sans doute ce que permet l’ « outil logement étudiant » quand il est « utilisé » de manière adéquate. Le phénomène de vieillissement de la population est quelque chose d’avéré et connu de tous, qui frappe les pays développés, jusque dans leurs villes. Rajeunir la population urbaine, c’est s’assurer d’un effet dynamisant sur plusieurs échelles de temps. A court terme premièrement, dés l’instant (ou presque) où les étudiants sont accueillis en ville,

puisqu’il est certain qu’ils vont participer, peut-être plus que d’autres publics, à l’animation urbaine. S’ils n’ont pas encore le pouvoir économique des classes d’âge supérieures, ils le compensent par un investissement fort dans la vie urbaine, de jour comme de nuit. C’est un public qui se « bouge », qui pratique des activités au sein des villes, qui parfois travaille déjà et consomme peut-être plus au quotidien. En effet, ils sont sans nul doute moins casaniers et leur vie sociale, potentiellement plus riche, contribue particulièrement à la mobilité et aux interactions urbaines. A plus long terme, il est aussi probable qu’une bonne partie des étudiants diplômés choisissent de rester dans la ville où ils ont étudié (parce qu’ils s’y sont bien souvent créé des contacts, un réseau), apportant ainsi leur contribution au monde de l’emploi dans le tissu urbain. Le réaménagement et le développement urbain par le logement étudiant est également


Champagne, un micro-campus urbain imaginé par l’agence intégral Lypsky + Rollet architectes nourrit la même volonté, celle de redynamiser un quartier en y développant la vie étudiante. Implanté au cœur de la ville de Troyes et livré en 2009, le projet semble même avoir pour vocation, si l’on en croit les concepteurs, « d’éduquer » en quelque sorte le reste du tissu urbain en amorçant une autre manière de pratiquer la ville : « L’implantation du campus est l’occasion d’amorcer de nouvelles habitudes de vie au cœur de la ville, elle s’accompagne donc de dispositions limitant l’accès au trafic motorisé en privilégiant les circulations douces des piétons et des vélos »10. A l’heure de la mondialisation et d’une compétition interurbaine certaine, le mécanisme du marketing territorial est devenu un passage obligatoire pour les grandes villes qui veulent voir leur renommée grandir. Autrement dit, « pas de grande ville sans grande université. Le développement des universités est un facteur très important de l’expansion économique. Les entreprises doivent pouvoir compter sur le dynamisme de la recherche, moteur du progrès »11. Les grandes villes utilisent désormais les grandes

10/ http://www.lipsky-rollet.com/content/projet/CAMPUS_DES_COMTES_DE_CHAMPAGNE/ CAMPUS_DES_COMTES_DE_CHAMPAGNE.pdf 11/ Propos de Jean Royer, alors maire de Tours, bulletin municipal n°33, novembre 1990

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PARTIE I / OÙ S’IMPLANTER ?

quelque chose de réellement développé aujourd’hui et notamment aux Pays-Bas où les collectivités ont bien compris l’intérêt de ce genre d’opération. Le célèbre projet de logements mobiles, Qubic, conçu à Amsterdam en 2005 est une transcription parfaite de ce que peut générer, au niveau urbain, la création de nouveaux logements étudiants. A l’image des magasins éphémères, la municipalité de la Venise du Nord a considéré ses zones non bâties, souvent un peu en marge du reste de la ville et du coup mal perçues par les citadins, comme des potentiels d’occupation temporaire. Partant du principe que pour bâtir des villes durables, il faut s’orienter vers une planification moins rigide et moins déterminée du tissu urbain, ce type de logements mobiles a vocation à s’implanter de manière plus spontanée et pour des délais plus courts, afin de régénérer ici et là les quartiers souffrant d’aphasie. Si, sous cet angle, ce type de réponse semble intéressant, il est toutefois légitime de voir en ce « trimbalage urbain » des étudiants et de leur logement (quand bien même ils sont logés sur de courtes durées) quelque chose de plutôt ambivalent. En France, plus proche de nous, le projet Campus des Comtes de


écoles pour changer leur image à l’international, via l’accueil toujours plus important d’étudiants étrangers. Un bon accueil, c’est avant tout un bon logement. En effet, il est certain aujourd’hui que ce même logement représente un critère clé dans la décision de venir ou non étudier en France. Pour autant, et malgré la proposition du rapport Anciaux datant de 200412, aucune commune française n’endosse encore la compétence « Logement étudiant » qui obligerait celles-ci à gérer les résidences étudiantes et à financer leur entretien.

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12/ ANCIAUX J.-P., Rapport sur le logement étudiant, remis au Premier Ministre en janvier 2004


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ZOOM SUR...


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CITE INTERNATIONALE UNIVERSITAIRE DE PARIS 5800 Lits 40 Résidences Fondation : 1920 Adresse : 17 Boulevard Jourdan, 75014 Paris

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ainsi aux étudiants étrangers un déracinement trop brutal. Il en ressort une association hétérogène, fort heureusement rééquilibrée par le parc et sa végétation luxuriante. Certaines de ces maisons ont même été conçues par de célèbres architectes, à l’image du Corbusier et de ses deux réalisations (pavillon Suisse et fondation franco-brésilienne). Outres les pavillons de logement, les étudiants disposent également de nombreux équipements implantés au sein même de la Cité : théâtre, piscine, banque, bureau de poste, service médical, restaurants, cafétérias. Au delà de tout cela, le grand atout de la Cité réside sans doute dans sa très bonne localisation. Toute proche des transports en commun (RER + Tram), elle est particulièrement bien intégrée à la ville et jouit ainsi de toutes les commodités que celle-ci lui procure. Malgré sa remarquable vitalité, sa figure de bonne élève parmi le paysage des campus français,

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La Cité Internationale Universitaire de Paris (CIUP) est une fondation de droit privé, reconnue d’utilité publique, qui accueille environ 6000 étudiants et chercheurs étrangers en mobilité. Située dans le 14e arrondissement de Paris, en bordure du périphérique, entre les portes de Gentilly et d’Orléans, elle s’étend sur près de 34 hectares au sein d’un parc ouvert au public. « Ouvert », voilà sans doute un mot qui résume bien la volonté de la Cité, sa mission même, celle d’accueillir, de favoriser les échanges, le brassage ethnique, social et culturel et enfin l’intégration des étudiants de tous les horizons. Cette mosaïque culturelle se retrouve dans l’architecture de la Cité puisque celle -ci se compose de 40 maisons (37 sur le site même + 3 en dehors) aux styles variés, empruntés aux différents courants du XXe siècle. En effet cette institution à vocation internationale a proposé à différentes nations, dès sa fondation, de construire leur propre maison, évitant


la CIUP n’entend pas se reposer sur ses acquis et développe en cela une politique très forte pour ce qui est de l’amélioration et la conservation de son patrimoine architectural. Au printemps 2009, la Cité est en effet rentrée dans une troisième phase d’aménagement et a vu de nouvelles maisons se construire (ou se rénover), à l’instar de la maison de l’Inde (intégral

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Lipsky + Rollet architectes) ou de celle du Portugal (AAVP Architecture – Vincent Parreira). Le nouveau plan d’aménagement, prévoyant la construction d’ici à 2020 de 1800 nouveaux logements (10 nouvelles maisons) a été approuvé en 2013, par la signature d’une convention entre le maire de Paris, le chancelier des universités de Paris et la CIUP.


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RESIDENCE PAJOL 143 Logements Date de livraison : 2011 Maître d’œuvre : LAN Architectes Maître d’ouvrage : RIVP (Régie Immobilière de la Ville de Paris) Gestionnaire : CROUS de Paris Adresse : 21 Rue Pajol, 75018 Paris, France

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bâti particulièrement dense (regroupant les 3/5 du programme) qui permet de libérer le fond de la parcelle et de ménager en son centre une vaste cour de 15m de côté. La cour, aboutissement de l’initiative des architectes (elle n’était pas prévue dans le programme) représente ici le cœur véritable du projet, c’est le poumon vert et le lieu de socialisation qui permet à la lumière de pénétrer et d’éclairer les logements en fin de journée. Elle est aussi le symbole du patrimoine haussmannien, elle renvoie à l’image du vieux Paris. Comme le souligne les concepteurs, « il y a rupture par rapport à l’environnement, mais pas démarcation totale »13. Le projet propose une autre ambivalence : celle de la coexistence de deux mondes, deux ambiances que symbolisent les deux matériaux principaux du projet : la brique et le bois. La brique côté rue pour le parti urbain,

13/ Extrait vidéo du projet, http://www.lan-paris.com/fr/project-student-residence.html

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PARTIE I / OÙ S’IMPLANTER ?

La résidence Pajol, conçue par lLa résidence Pajol, conçue par l’agence LAN architectes et livrée en 2011, s’intègre dans le tissu urbain du quartier de la Chapelle, dans le 18e arrondissement de la ville de Paris, à la croisée des rues Philippe De Girard et Pajol. Le nouveau projet, entre rupture et continuité, vient contribuer à l’hétérogénéité caractéristique de ce quartier parisien au caractère populaire où se côtoient immeubles de logement haussmanniens et ateliers d’industriels et d’artisans. L’approche de la conception s’est opérée, si l’on en croit les architectes, via l’utilisation du vide : le vide comme initiateur de potentiels, d’usages, d’interactions mais également comme médiateur, intermédiaire entre le projet/les logements et la rue. C’est le vide et le plein, cette porosité alliée à la densité qui font la particularité et la force de ce projet. Le résultat formel est plutôt simple : un front


utilisée tout en sobriété, le bois en cœur de parcelle pour un univers plus domestique, plus chaleureux et à l’échelle de l’Homme. Ce côté chaleureux, accueillant est renforcé par le calme certain qui règne dans cet espace, luimême résultat de l’utilisation d’un sol souple qui amortit les chocs et absorbe le son. La porosité disions-nous, porosité

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entre ce cœur de parcelle et la rue, porosité qui ménage cet entredeux entre l’espace public et le logement, on la retrouve à la fois en coupe et en plan. En plan grâce aux failles ménagées entre les 3 plots de 6 étages côté rue, en coupe avec un RDC quasi transparent, ouvert sur le trottoir, elle permet finalement de poser le dialogue entre le projet et le contexte, le quartier.


La porosité en plan et en coupe : les failles et le RDC, des fenêtres sur la vie de quartier.

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La coure intĂŠrieure comme coeur de projet, un espace aux qualitĂŠs certaines.

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RESIDENCE BERCY 326 Logements (dont 191 dédiés aux étudiants) Date de livraison : 2013 Maître d’œuvre : Audren & Schlumberger Architectes Maître d’ouvrage : RIVP (Régie Immobilière de la Ville de Paris) Gestionnaire : CROUS de Paris Adresse : 242-252 Rue de Bercy, 75012 Paris, France

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modestes. Certains éléments rappellent quelque peu le projet précédent, comme l’intériorité créée par le patio intérieur ou bien encore l’utilisation du matériau bois. En effet, on retrouve là aussi, une cour centrale que l’on devine depuis la rue, toute de bois revêtue. Mélange de sobriété et de monumentalité, le temps semble s’arrêter quand on traverse cet espace. La grande complexité formelle et structurelle du bâtiment a demandé un acte chirurgical. En effet, si peu de choses ont changé concernant le plan, c’est certainement le travail sur les façades et l’utilisation de nouveaux matériaux (bois et Alucobond®) qui ont permis ici de désenclaver le bâtiment, de le signaler davantage et par là même de réégayer la rue. La création du porche a permis elle aussi, on l’a dit, de manger une vue vers la cour et de donner ainsi plus de lecture à ce qui se passe en cœur de parcelle.

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Opportuniste, voilà sans doute ce qui caractérise le plus ce projet de résidence mixte, livré dans le 12e arrondissement parisien en 2013 par l’agence Audren & Schlumberger Architectes. En effet, ici, c’est un vaste programme de réhabilitation d’un ancien bâtiment des PTT (Postes, Télégraphes et Téléphones) datant des années 70 qui a permis la création de 327 logements, dont 191dédiés aux étudiants. Située idéalement, en plein cœur de Paris, à proximité immédiate des transports en communs (Métro, Bus, RER), et à 5 minutes de la gare de Lyon, la résidence se voit être également relativement proche du campus Diderot du 13e. Le bâtiment original comprenait 11 étages de bureaux, un gymnase ainsi que des soussols sans véritable affectation. Aujourd’hui, le projet regroupe en son sein deux programmes : une résidence étudiante CROUS et une résidence sociale dédiée aux agents municipaux aux revenus


Deux nouvelles peaux : le bois à l’intérieur, l’alucobond® effet métal à l’extérieur

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RESIDENCE FILAOS 74 Logements Date de livraison : 2009 Maître d’œuvre : Atelier A Architecture - Urbanisme Maître d’ouvrage : Grenoble Habitat Gestionnaire : CROUS de Grenoble Adresse : 1 Rue Colonel Dumont, 38000 Grenoble, France

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dans son contexte, en même temps qu’elle ne passe pas inaperçue. L’uniformité de la façade en bac acier vient s’animer grâce aux larges évidements des terrasses pratiqués ça et là dans celle-ci. L’utilisation de couleurs vives vient là aussi égayer le tout. Le traitement de l’angle du bâtiment se fait ici de manière peu commune avec l’utilisation de la courbe. Enfin, le socle de la résidence vient accueillir des commerces et un local à vélos au RDC, un parking au premier étage qui est rendu visible depuis la rue.

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C’est dans le cadre de l’aménagement de la ZAC de Bonne, à Grenoble, que la résidence Filaos a vu le jour. Conçue par les architectes de l’agence Atelier A et livrée en 2009, elle fait partie des toutes dernières résidences CROUS de l’agglomération. Localisée à l’extrémité sud-ouest de la ZAC, à deux pas du boulevard Maréchal Foch, la résidence vient s’inscrire dans l’un des angles d’un îlot de taille modeste. Mélange de sobriété et d’originalité, la résidence Filaos s’intègre particulièrement bien


Comme une invitation Ă rentrer : le parking visible au 1er ĂŠtage, les terrasses plus haut

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RESIDENCE QUBIC 787 Logements Date de livraison : 2005 Maître d’œuvre : HVDN architecten Maître d’ouvrage : De Key / De Principaal, Amsterdam Adresse : Stavangerweg 50-887, Amsterdam, Pays-Bas

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intéressant dans ce projet, c’est la capacité qu’il a eu à redonner vie à un quartier de la ville jusqu’alors quelque peu endormi. La résidence s’est en effet installée sur le terrain d’une ancienne friche industrielle, dans le quartier des docks de Houthavens, un secteur anciennement réputé dangereux et où personne ne souhaitait habiter. Avec l’arrivée des logements ainsi qu’un restaurant et un bar, au bord du canal, le quartier a rapidement gagné en attractivité, jusqu’à devenir quasiment « a place to be » au sein de la ville. Le projet, ayant été autorisé à rester à cet emplacement pour une durée de 10 ans, il devrait donc devoir se déplacer d’ici 2015 et ce sans aucun soucis puisqu’il a été conçu pour cela. C’est là que nous verrons réellement s’il tient toutes ses promesses et s’il est capable, à la manière d’un initiateur urbain, de rendre attractifs d’autres quartiers, justifiant en cela même, l’intérêt de ne pas toujours tout planifier en urbanisme et de ménager des espaces libres, potentiels.

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Le projet de la résidence Qubic, conçu par l’agence néerlandaise HVDN et livré à Amsterdam en 2005, est le résultat de la volonté de la municipalité de l’époque de soutenir le secteur de l’enseignement via l’amplification de l’offre de logements étudiants. En effet, cela se voulait être une réponse à la pénurie que connaissait la ville en la matière. Mais l’initiative s’est rapidement heurtée aux problèmes de disponibilité foncière ainsi qu’aux difficultés d’obtention de permis de construire. Ce même permis de construire étant plus souple pour les terrains affectés aux logements temporaires, les architectes ont alors décidé de jouer la carte du logement mobile et de l’architecture modulaire. L’industrialisation des logements a permis d’accélérer considérablement les choses puisque il aura seulement suffit de trois mois pour voir les premiers modules sortir d’usine et être installés, et d’à peine un an pour que les 800 logements soient tous réalisés. Mais ce qui particulièrement


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CAMPUS DES COMTES DE CHAMPAGNE 47 Logements + restaurant universitaire, gymnase, pôle culturel, parvis Date de livraison : 2009 Maître d’œuvre : intégral Lypsky + Rollet architectes urbanistes Maître d’ouvrage : Communauté de l’agglomération troyenne Gestionnaire : CROUS de Reims, antenne de Troyes Adresse : 1 Rue Nicolas Camusat, 10000 Troyes, France

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traitement paysager et la présence de l’eau, d’autre part le choix des matériaux et du principe constructif du bâti. En effet, la poétique de l’eau dans le projet, avec le traitement du bassin et du canal, vient rappeler que le projet est situé sur le « bouchon de champagne », un secteur de la ville entouré par la Seine. Le réseau hydrographique est particulièrement présent dans le paysage troyen, en faisant ainsi un véritable bien patrimonial. De même, sur un plan plus architectural, le projet s’est inspiré des cultures constructives locales et notamment des maisons à colombage, typiques de la région. La transparence de la peau des bâtiments, permise par l’utilisation du polycarbonate en façade, vient mettre en lumière les structures géométriques en bois qui portent la toiture. Enfin, la fragmentation du projet en plusieurs unités de taille moyenne vient s’accorder avec le reste du quartier et la faible densité de bâti affichée.

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PARTIE I / OÙ S’IMPLANTER ?

Initiateur urbain, c’est certainement là aussi la volonté du projet de micro campus urbain de l’agence française intégral Lypsky + Rollet. Situé en plein centre de la ville de Troyes, tout proche de la cathédrale, ce nouveau pôle universitaire à vocation à ramener la vie étudiante dans le tissu urbain. Comme pour le projet précédent, c’est dans un espace quelque peu en désaffection urbaine que le micro campus s’est implanté. L’enjeu est donc ici aussi quelque peu le même, celui de redonner de l’attractivité à un secteur urbain à bout de souffle. Proposant ici une autre manière d’appréhender l’environnement urbain, avec le souci de favoriser les circulations piétonnes, le projet se pose en quelque sorte comme un « rééducateur ». La promenade est ainsi, selon les concepteurs, le meilleur moyen de tisser un lien avec les rues environnantes et donc d’intégrer au mieux le projet dans l’agglomération troyenne. La bonne intégration urbaine du projet est également favorisée par deux choses : d’une part le


Campus des Comtes de Champagne : un projet à l’intégration urbaine réussie

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PARTIE I / OÙ S’IMPLANTER ?



PARTIE II / QUE CONSTRUIRE ET COMMENT ?


« On appréhende bien ce que l’on connaît bien donc le retour d’expérience d’une opération va permettre de bâtir une réflexion autour d’un nouveau projet. Cela fait que nous sommes un peu comme sur des rails, quand on nous demande une fiabilisation financière » Jérémie Teissier, Architecte, membre du service patrimoine du CROUS de Grenoble

Propos recueilli dans le cadre d’un entretien le 31/03/2014 à Grenoble


PARTIE II / QUE CONSTRUIRE ET COMMENT ? Après

doivent-ils aller, autrement dit vers plus de complexité ? Sont-ils figés ? D’autre part, comment monter ce programme ? Qui doit intervenir, se faire entendre ? Quels sont les acteurs du débat ? Qu’en est-il en la matière aujourd’hui, du rapport entre la maîtrise d’œuvre et la maîtrise d’ouvrage ? Quels sont les outils de montage et de gestion des projets ? Existe-t-il des alternatives ? D’où viennent les financements ? Enfin, quels principes constructifs répondent le mieux à la pénurie actuelle en matière de logement estudiantin ? Doivent-ils avant tout permettre une réduction des délais (et donc des coûts) et de l’effort de construction ou bien plutôt générer un résultat optimum en matière de confort ? Voilà volontairement, beaucoup de questions qui émergent à travers ces thématiques mais le fond reste toutefois toujours le même, la volonté aussi, celle d’interroger tant les productions architecturales de logements estudiantins que les mécanismes de montage, gestion et construction de ceux-ci.

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PARTIE II / QUE CONSTRUIRE ET COMMENT ?

avoir traité la notion de localisation, questionner le logement étudiant implique de repenser tant ce que y est produit que les outils mêmes qui permettent cette production. En effet, procédons, par le biais de cette deuxième partie, à ce premier zoom dont nous parlions en introduction et intéressons nous à l’échelle du projet architectural en lui même. Le projet, mais quel projet ? Quel programme ? Comment, d’une part, concevoir et considérer les logements étudiants ? Comme des studettes seules ou presque, à l’image de la majorité de la production actuelle ou bien plutôt comme un potentiel d’innovation, le terreau fertile à une forme plus poussée d’un vivre ensemble, à l’image du phénomène « colocation » ? Au delà de cela, le logement étudiant doit-il intégrer plus que du logement ? Qu’en estt-il, au sein des résidences ? Fautt-il des espaces communs, des équipements sportifs et culturels ? L’offre et donc le programme


POUR DES PROGRAMMES PLUS ABOUTIS : DES LOGEMENTS MAIS PAS QUE...

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« Le logement « jeune » n’est-il qu’un produit ? »1 Voilà la question que se sont posés les architectes de l’agence CANAL dans le cadre d’un concours d’idées initié en 2010. Volontairement provocatrice, cette interrogation renvoie bien évidemment à l’épineux constat actuel, du moins en France, celui d’une forme de standardisation du logement jeune. Dix-huit mètres carrés, un lit, un bureau, une kitchenette, une salle de bain, un WC. Voici la studette type, celle que l’on retrouve dans chaque projet ou presque, celle que l’on reproduit aussi bien souvent en série, à chaque étage, le long de couloirs sombres. Comme une réponse trop hâtive à un retard quantitatif de l’offre, les réalisations architecturales d’aujourd’hui ne sont-elles pas, masquées par un esthétisme moderne séduisant, encore et toujours trop rigide ? Voilà certainement notre propre question, celle qui a initié, plus qu’une autre, l’envie de voyager, de voir ce qui se construit ailleurs en Europe, d’entendre aussi ce qui se dit dans les cabinets d’architecture.

Les espaces communs, oui mais dans quelle proportion ? En 2007, une vaste étude comparative européenne sur le logement étudiant2 a été engagée. La synthèse de celleci fait émerger, essentiellement deux visions, deux paradigmes en la matière : une qui met l’accent sur l’interaction entre les étudiants via les espaces partagés, l’autre au contraire, tend à favoriser les unités individuelles. Le premier, basé sur un système alternatif de type « intégratif » est semble-t-il plutôt prôné au Nord de l’Europe, par des pays comme la Finlande ou le Danemark. En France, au contraire, la tendance se résume à une offre plutôt standard, celle que l’on connaît tous, faite de logements individuels. Avant d’aller plus loin sur cette question épineuse de la mutualisation des espaces, il est à noter que ces réponses sont bien évidemment à voir comme le fruit de modes de vie et de cultures bien différents : ce qui fonctionne quelque part ne fonctionne pas forcément

1/ CANAL Architecture, Le logement «jeune» n’est-il qu’un produit ? , Paris, édition Canal, 2011 2/ Succinctement mentionnée dans Cité Internationale Universitaire de Paris, Habitat étudiant : un écosystème à inventer, Paris, Éditions L’Oeil d’Or, 2012, p 49


partout. En effet, les contextes culturels, sociaux, politiques et évidemment économiques ont une incidence majeure sur les stratégies en la matière et il paraît illusoire, absurde même de privilégier une réponse plus qu’une autre. La volonté n’est pas ici de comparer l’incomparable, encore moins d’ériger les productions étrangères en modèle. Ce tour d’horizon est plus à voir comme une ouverture d’esprit qui enrichie le questionnement et renseigne sur d’autres manières de faire, d’autres positionnements.

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PARTIE II / QUE CONSTRUIRE ET COMMENT ?

Le projet danois Tietgen Kollegiet, livré en 2005 dans la périphérie de Copenhague et conçu par l’agence d’architecture Lundgaard & Tranberg expose certainement mieux qu’un autre le décalage par rapport à l’approche française. En effet, cet édifice de forme annulaire se veut le symbole d’un esprit communautaire, tout y est fait pour ménager la rencontre et l’échange entre les étudiants : la cour intérieure et son jardin, les équipements multiples au RDC( salles de travail, espaces détentes, laveries, salles de sport), les cuisines et salons partagés. La générosité, c’est certainement ce terme qui qualifie le mieux ce projet, tant l’on sent que tout y a été fait pour le confort de l’étudiant, c’est une résidence quatre

étoiles aux prestations et services incomparables. Incomparable, le coût de la construction l’est aussi puisqu’il atteint près de 66 millions d’euros pour une surface totale de 26 000 m2. Calcul fait, le prix au m2 atteint 2500 euros, c’est très conséquent, rien de comparable on l’a dit avec ce qui est fait ailleurs, d’autant plus ici que la maîtrise d’œuvre est privée. Mais les chiffres traduisent d’autres enseignements bien plus constructifs si on les décortique davantage. En effet, si l’on divise ce coût global par le nombre de logements, ici de 360, on obtient un coût par logement de 185 000 euros, soit 5 à 6 fois plus que ce que l’on voit couramment en France (30 000 à 40 000 euros par logement). Les robinets y sont-ils en or massif ? Rien de tout ça ! Ce qui fait grimper les prix dans ce projet, c’est bien les espaces collectifs. C’est ce surinvestissement sur les espaces collectifs qu’il faut retenir, c’est cela qui est frappant. L’étude d’un autre projet danois du nom de Bikuben Kollegiet, tout proche du précédent, vient confirmer la chose. Bien plus modeste par la taille et par le coût, on y retrouve toutefois cette même visée, celle de créer une vie collective particulièrement forte. Là aussi, les concepteurs ont surinvesti sur les espaces collectifs, préférant réduire l’espace de la chambre (16m2 au lieu de 18m2) pour


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maximiser ceux-ci. Cette réponse alternative est le fruit d’un constat, celui du sentiment de solitude que ressentent une majorité d’étudiant durant les premières années hors du logement familial. En effet, l’équipe de l’agence AART Architects, en charge du projet s’est appuyée sur des travaux de recherche3 ayant démontré que 56 % des étudiants se sentent relativement seuls au début de leurs études. Sentiment bien légitime puisqu’ils changent du jour au lendemain d’environnement. En quittant leurs parents, ils perdent leurs repères et il faut observer un certain temps avant de voir se retisser un réseau social. Ce nouvel environnement, les architectes du projet le considèrent comme pouvant « contribuer à créer ce lien, source d’épanouissement »4 et pour eux, « les résidences étudiantes doivent être pensées de façon à laisser le moins d’espace possible à la solitude »5. Mais pour certains, comme le théoricien et critique d’art Paul Ardenne, le consensus des architectes sur la socialisation fait peur : « Ce qui m’effraie par contre, c’est que ce consensus de socialisation est aussi, dans le

même temps, un mouvement de ghettoïsation – comme dans le bâtiment de AART architects, le Bikuben Kollegiet de Copenhague, un lieu ouvert et fermé à la fois mais où tout semble contraint, « injonctif gentil », jusqu’aux valeurs affirmées par des slogans peints sur les murs de cet édifice (cf. photo de droite), très explicites, de « tolérance », de « respect », d’ « empathie », d’ « interaction » et de « connaissance », des mots écrits en grandes lettres illuminées la nuit au sein du bâtiment même, selon le modèle propagandiste – comme si c’était là le lieu de procéder à l’éducation « éthique » de notre étudiant. Le problème de ces logements étudiants de type « intégratif », à vocation d’intégration sociale, c’est le principe de désindividualisation qu’ils consacrent peut-être avec ce sous-entendu : l’individualisme c’est « mal ». »6. La tendance en France en la matière n’est pas autant portée sur cette notion de convivialité et au contraire, on a vu s’amorcer au fil des décennies une individualisation progressive des logements. Les volontés vont vers plus

3/ Succinctement mentionnée dans Cité Internationale Universitaire écosystème à inventer, Paris, Éditions L’Oeil d’Or, 2012, p 24 4/ Cité Internationale Universitaire de Paris, Habitat étudiant : un Éditions L’Oeil d’Or, 2012, p 24 5/ Cité Internationale Universitaire de Paris, Habitat étudiant : un Éditions L’Oeil d’Or, 2012, p 25 6/ Cité Internationale Universitaire de Paris, Habitat étudiant : un Éditions L’Oeil d’Or, 2012, p 102 Fig. 4 : L’« injonctif gentil» du Bikuben Kollegiet de Copenhague

de Paris, Habitat étudiant : un écosystème à inventer, Paris, écosystème à inventer, Paris, écosystème à inventer, Paris,



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d’indépendance, les logements sont de plus en plus autonomes comme pour mieux casser avec les modèles datés des année 60 où les espaces domestiques étaient collectifs (salle de bain, wc, cuisine). Mais ce rejet de l’ancien modèle veut-il nécessairement dire que les espaces collectifs doivent disparaître ? Non. S’il paraît impossible de voir ce type d’espace (domestique) redevenir collectif, il semble toutefois plutôt appréciable de voir les résidences se doter d’espaces communs accueillant des services (salles de travail, laverie, équipements sportifs,…). Des observations montrent également que parfois, les espaces communs ne sont pas utilisés par les étudiants puisque ceux-ci réalisent toutes leurs activités dans leur logement. Pour cela, une recommandation, celle de toujours lier un espace commun à une fonction, à un service. Pour Florence Kohler, conseillère campus au service des grands projets immobiliers du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, il est « indispensable de dépasser la résidence étudiante proposant uniquement du logement. Une réflexion doit être menée sur la conception de résidences qui, quel qu’en soit le gestionnaire, permettent à la fois de dormir, de travailler, de faire la fête, d’accueillir des pratiques artistiques, de faire du sport,

de prendre soin de soi ; c’est-à dire une mixité de programmes produisant des lieux véritablement vivants. »7. Malgré cette prise de conscience certaine, rien ne semble réellement avancer en la matière, conséquence d’un problème majeur, celui du financement de ces espaces collectifs que beaucoup appellent de leurs voeux. Qui paye et qui entretien? En effet tout cela implique une prise en compte nécessaire des maîtres d’ouvrage et des gestionnaires. Et ceux-ci n’ont pas forcément la même vision des choses, notamment pour le CROUS pour qui la question ne relève pas réellement de lui ou du moins pas seulement : « Où s’arrête la mission du CROUS ? C’est surtout offrir des logements et de la restauration. Là on est dans de la vie étudiante, et la vie étudiante, elle n’est pas qu’au CROUS, elle est dans les établissements universitaires donc c’est une réflexion plus commune à tous. » ; « je ne suis pas certaine que ce soit le bon lieu et le CROUS ne peut pas l’assumer parce que derrière, il y a toujours la gestion, la surveillance, le contrôle, le nettoyage. » ; « Les espaces communs dans les résidences, moi je les imagine liés au fait que je me loge. Dans ce cas, que faut-il ? un garage à vélos, une laverie, une kitchenette,…Bref, les services associés au fait que je suis logé.

7/ Cité Internationale Universitaire de Paris, Habitat étudiant : un écosystème à inventer, Paris, Éditions L’Oeil d’Or, 2012, p 89


ou les villes, autour, les proposent déjà ? Comment ne pas penser à la possibilité certaine d’un « effet doublon » ? Pour Jérémie Teissier, porte parole du CROUS en quelque sorte, « se dire qu’il y a, à l’intérieur des résidences, des lieux dédiés spécifiques, pour telle ou telle chose, ce n’est pas forcément très judicieux, l’échelle de la résidence elle est trop micro. La mutualisation des moyens aujourd’hui est plus appropriée puisque c’est une dépense en moins pour la résidence, au bénéfice d’un segment qualitatif qu’on pourra traiter. »9. Ce propos, particulièrement pertinent tend à justifier ce type d’équipements au sein des plus grosses résidences seules or, nous l’avons vu, les observateurs recommandent plutôt un retour à des productions plus modestes. A trop vouloir « booster » ces résidences de services, ne nous dirigeons-nous pas trop vers un concept de « ville dans la ville » où tout serait pour le coup « trop » à portée de main ? Tellement à portée de main même qu’il n’y aurait plus vraiment d’intérêt à en sortir. Revoilà pour le coup ce ghetto moderne que nous dépeignait Paul Ardenne quelques lignes plus tôt… Comme souvent, la bonne réponse semble tenir d’un équilibre très fin entre des concepts qui s’opposent. Les espaces collectifs sont-ils justifiables en matière de

8/ Propos de Sophie Vaillant, recueilli dans le cadre d’un entretien le 31/03/2014 à Grenoble 9/ Propos de Jérémie Teyssier, recueilli dans le cadre d’un entretien le 31/03/2014 à Grenoble

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PARTIE II / QUE CONSTRUIRE ET COMMENT ?

Maintenant, les services associés à la vie étudiante, c’est une autre chose. »8. Des services liés à l’acte de se loger, donc d’habiter, voilà pour l’instant ce que l’on voit uniquement émerger dans les projets français. Mais imaginet-on réellement ce qu’habiter veut dire ? Avoir son domicile quelque part, y résider de manière relativement permanente, y vivre, voilà ce que nous dit le Larousse. Considérer l’acte d’habiter au sens de « vivre » impliquerait donc bien plus de choses, d’activités, et donc de services que ceux qui sont actuellement proposés dans les résidences. Des services alternatifs, originaux, qui sortent du simple intérêt pratique, de la simple réponse fonctionnelle, voilà sans doute ce qui manque actuellement. A ce titre, le projet parisien Pink Flamingo, conçu par l’architecte Stéphane Maupin en 2012 fait figure d’ovni en la matière avec son terrain de basket en double hauteur au premier niveau. Cet équipement apporte ici en effet toute sa singularité au projet et prouve que certaines réponses alternatives sont possibles. Au delà des responsabilités de chacun en la matière, c’est la question de l’échelle qui est ici primordiale. En effet, est-il réellement raisonnable et cohérent de voir émerger dans chaque résidence une multitude d’équipements alors que bien souvent, les campus


logement étudiant ? Bien sûr que oui mais dans une certaine mesure, à la vue d’une échelle cohérente, qui n’est jamais la même en fonction du contexte et des services déjà proposés autour. Le phénomène « colocation »

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Autre forme de mutualisation d’espaces, à une échelle plus restreinte, celle du logement même, la coloc’ comme on la surnomme, est un phénomène en pleine expansion ces dernières années. Pourtant loin d’être nouveau, ce concept a vu sa cote exploser dès le début des années 2000. Portée à l’écran par le film L’Auberge Espagnole10, elle est très vite devenue quelque chose de familier pour les nouvelles générations de jeunes. A Sophia Antipolis par exemple, le succès est tel qu’il commence à poser problème. En effet, les colocations d’étudiants dans les villas pavillonnaires se sont tellement multipliées que le public habituel de ce type de bien, les familles, trouve désormais de véritables difficultés à se loger. Ils sont près de 12%11 d’étudiants à avoir choisi ce type de logement aujourd’hui en France et tout le monde ou presque a essayé au moins pour une année, histoire de se faire un avis. Se faire un avis

: oui, car partager un logement avec « l’autre » n’est pas toujours quelque chose d’évident, ca ne convient pas à tout le monde. Mais pourquoi choisir la coloc’ au fait ? On peut distinguer deux types de colocation, ou du moins, deux manières de l’envisager : une première qui est avant tout un choix par défaut, la réponse à une question économique et une deuxième qui relève elle d’une envie profonde de cohabiter, de partager. L’une est une colocation subie, l’autre choisie. Cette distinction est primordiale puisqu’elle renvoie à des conceptions architecturales bien différentes, à l’opposé même. En effet, pour ce qui est de la colocation subie, où le seul véritable partage concerne le loyer, on ne recherchera pas réellement à ménager la rencontre et l’interpénétration des espaces mais plutôt, à favoriser l’intimité, par la création de seuils, d’espaces tampons notamment. Pour ce qui est de la colocation choisie, au contraire, on privilégiera le collectif, un plan centré autour du salon aux dimensions généreuses. Les chambres peuvent y être collées les unes aux autres, qu’importe au final puisque ce que l’on recherche c’est l’échange, l’interaction avec les autres. Si la colocation est un succès

10/ KLAPISCH Cédric, L’auberge espagnole, 2002 11/ OVE, La vie étudiante : repères, édition 2013, p18 Fig. 5 : L’auberge espagnole, un manifeste cinématographique pour la colocation


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certain pour ce qui est du marché locatif privé, est-il pour autant envisageable de la voir devenir une réponse véritablement viable dans le secteur du logement étudiant public ? A priori non. La faute aux réalités financières et de gestion qui sont d’indiscutables freins en la matière. En effet, on l’observe, très peu de projets qui sortent de terre à l’heure actuelle intègrent la colocation à leur programme et ce, principalement à cause de la frilosité certaine des maîtres d’ouvrages et des gestionnaires sur le sujet. En effet, n’y voyons pas là un quelconque problème architectural, un manque d’intérêt ou d’idées des concepteurs, bien au contraire. Interrogé sur la question, Clément Vullez, chef de projet au sein de l’agence Canal Architecture, nous a bien fait part de sa frustration : « Lors de la conception de notre première résidence étudiante, nous avions plein d’idées de références européennes, notamment de projets de petites colocations à deux, de choses très intéressantes concernant la mutualisation, qui peuvent avoir un intérêt pour sensibiliser les gens et on a été très vite confrontés aux contraintes qui font que, en France, on ne peut pas facilement faire ça. Il faut un contexte exceptionnel et une vraie volonté de la part du maître d’ouvrage de vouloir le faire. »12. Mais pourquoi ne

veulent-ils pas ? D’une part parce que la colocation rentre bien moins facilement dans les cadres normatifs des financements : « Si le financement était fait en fonction du nombre d’étudiants logés et non pas par nombre de logements pour telle surface, là cela ferait un mouvement inverse, on se retrouverait avec plein de colocations parce que ca reviendrait moins cher que des chambres individuelles. Le levier c’est cela. »12. D’autre part parce que cela fait rentrer bien moins d’argent pour ce qui est de la redevance : « Le seul moyen serait que mutualiser soit réellement plus économique que les logements individuels où il y a tout. Peut-être que dans ces conditions, quand bien même la redevance serait plus importante, le bénéfice initial (coût de construction moindre) étant colossal, cela pourrait intéresser le maître d’ouvrage et le faire réfléchir. »12. Et pourtant, comme l’architecte nous l’affirme, opter pour un projet de colocations, c’est s’assurer d’un coût de construction bien moindre qu’à la normale (à nombre d’étudiants logés égal bien entendu) mais ce gain de départ n’est pas toujours suffisant : « Exceptionnellement à Nantes, on nous a demandé de faire quarante colocations à deux, donc ça c’était intéressant. On s’est vite rendu compte que c’était moins cher au niveau du

12/ Propos de Clément Vulliez, recueilli dans le cadre d’un entretien le 13/03/2014 à Paris


à Lausanne, tous mes camarades étaient dans des colocations, des lotissements entiers construits avec que des colocations, à quatre ou cinq et cela marchait très bien. Une fois qu’il y a quelqu’un qui part, on trouve très vite une autre personne intéressée. »12. Mais si l’on en croit un gestionnaire et maître d’ouvrage emblématique tel que le CROUS, rien n’est fermé, c’est même l’un des points à l’heure actuelle qui appelle le plus à l’innovation : « Je ne pense pas que le maître d’ouvrage soit fermé à l’évolution des concepts mais on a des points jalons que l’on souhaite voir traités, charge peut-être aux équipes de maîtrise d’œuvre de traiter ces points jalons, ces éléments forts et de trouver des contre-pieds, des solutions alternatives et répondre à la question : Comment un étudiant peut, aujourd’hui, cohabiter, coexister avec d’autres étudiants, ou pas ? Là on parle surtout des étudiants entre eux mais il y a eu des idées de logements intergénérationnels, c’est des vrais sujets. »13. Dialogue de sourds ? Rien n’est moins sûr… Ce qui est certain aussi, c’est qu’il faut voir en la colocation l’une des possibilités d’innovations majeures en ce qui concerne le logement étudiant. Il y a plein de choses à inventer et l’architecture apporte ici beaucoup, avec l’intelligence des plans notamment. Comment

13/ Propos de Jérémie Teyssier, recueilli dans le cadre d’un entretien le 31/03/2014 à Grenoble

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coût de construction et sûrement de la maintenance parce que l’on avait moins d’appareils sanitaires par étudiant mais au niveau redevances ça rapportait moins d’argent au CROUS. Ca faisait une opération qui n’était pas aussi rentable qu’une opération « bateau ». »12. La rentabilité ? Voilà donc tout ce qui intéresse les bailleurs, les gestionnaires ? Sans parler de ce que certains appellent un mépris technocratique pour l’humain et une recherche du plus rentable, il est évident est bien normal que les questions économiques soient posées. Les maîtres d’ouvrage ne sont pas là pour construire à perte et l’équilibre financier est une obligation pour eux. Pour eux comme pour tout le monde en soit, sans quoi il faudrait voir ce service public disparaître à long terme. De même la colocation semble poser un autre problème conséquent, celui d’une gestion bien plus compliquée. Comment gérer les affinités entre les étudiants ? Comment gérer aussi les départ en cours d’année ? Tout cela ne semble pas relever d’une simplicité évidente. Pourtant, quand on avance cet argument à l’architecte, celui ci le balaye d’un revers de main : « A chaque fois que l’on retrouve les points faibles des colocations, très vite on se souvient que dans les autres pays on en trouve partout. Moi quand j’étais étudiant en Suisse,


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gérer les niveaux d’intimité ? Comment faire en sorte de permettre à la fois ouverture à l’autre et repli sur la sphère intime ? Voilà de réelles questions, des questions qui parlent avant tout d’architecture. A l’étranger la chose est installée depuis de nombreuses années et ce type d’offre est rentré dans le langage commun des maîtres d’œuvres et maîtres d’ouvrage, les projets emblématiques sont multiples : la Casa dell’Accademia en Suisse ou bien encore la Résidence Poljane en Slovénie sont des réponses qui sont reconnues en la matière. En France, comme on l’a dit, les choses avancent mais encore trop timidement, pourtant les architectes sont prêts, les étudiants aussi. On n’attend semble t-il que le feu vert des gestionnaires. Mais pour Fréderic Druot, architecte urbaniste, un devoir d’action s’impose pour faire changer d’avis les gestionnaires et réinterroger les programmations : « Il faut bousculer les habitudes, petit à petit les limer, les amenuiser pour que les paramètres du système soient modifiés, si tout le monde se bat sur ces questions… Si sur un concours la mutualisation prend une place folle, ça peut faire jurisprudence et réinverser les termes d’origine de la programmation. De toute façon

les programmations sont d’une légèreté étonnante, il n’y a pas d’objectifs, pas de projet. »14. Notons tout de même l’existence de quelques projets français expérimentaux en la matière comme la Maison Solidaire de l’agence Tomasini Design, conçue à Grenoble ou bien encore le projet de colocations solidaires de Sylvain Périllat, réalisé à Vileurbanne. Ces projets pourtant, c’est l’exception qui confirme la règle, il est certain que le cas de la France en la matière est marqué encore et toujours par une chose : la frilosité.

14/ Propos de Fréderic Druot, cité dans CANAL Architecture, Le logement «jeune» n’est-il qu’un produit ? (étude ALJT - Osica), Paris, édition Canal, 2011, p 39


MONTAGE ET GESTION DES PROJETS : DE POSSIBLES ALTERNATIVES, UN DIALOGUE OBLIGATOIRE

Comment ça fonctionne ? Comment ça ne fonctionne pas ? Pourquoi cela ne fonctionne pas ? D’une part parce que les programmes sont figés bien trop rapidement, sans que personne ne puisse réellement les re-questionner. D’autre part car les moyens

financiers mis en œuvre ne sont pas suffisants, résultats d’une vision trop à court terme des choses selon nous. La production architecturale de logements étudiants française pâtit certainement d’une vision trop procédurière des choses, d’un cadre normatif bien trop strict. En effet, on cherche avant tout à cocher les cases des cahiers des charges plus que de répondre au besoin de confort du public à qui pourtant les logements sont dédiés. Comme le dit si bien l’architecte Patrick Bouchain, « Les gens expriment un besoin et on leur répond par un programme type. Ce programme ne répond pas au besoin, mais, en revanche, il respecte les règlements et ne bouscule pas les lignes budgétaires. »15. Ce programme, il se cadenasse premièrement au plus haut niveau de l’échelle via l’action étatique et celle des collectivités puisque on y recommande d’identifier clairement chacun des programmes en fonction des types d’habitants,

15/ Propos de Patrick Bouchain, cité dans CANAL Architecture, Le logement «jeune» n’est-il qu’un produit ? (étude ALJT - Osica), Paris, édition Canal, 2011, p 13

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On l’a compris, la frilosité française vis à vis des programmes innovants, des réponses alternatives, comme la colocation ou le développement des espaces collectifs au sein des résidences est aujourd’hui encore trop prégnante. Frilosité de la part des maîtres d’ouvrage plus que panne d’inspiration architecturale, voilà pour le constat. Mais pourquoi donc cette timidité en la matière ? Pourquoi donc aussi ce dialogue de sourds entre les acteurs ? Comment faire évoluer les choses ? Voilà certainement les questions que soulève ce deuxième chapitre. Ce constat dommageable n’étant pas suffisant, une meilleure compréhension du fonctionnement des systèmes financiers et de gestion s’impose alors.


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afin de faciliter la gestion et de clarifier les subventions. En effet, le micro-logement étant spécialisé selon des critères d’âge ou sociaux économiques (étudiants, jeunes travailleurs, seniors, etc.), la marge de manœuvre en est dès le début réduite. Il est ainsi très compliqué de favoriser une mixité résidentielle et de voir des publics différents se côtoyer au sein des mêmes résidences. De plus, les financements accordés par l’Etat fixent des normes d’habitabilité : une cellule entre 16 et 18 m2. Dix-huit mètres carrés, c’est effectivement ce que la région Île-de-France impose pour un T1, sinon pas de subventions !! Dix-huit mètre carrés, comme le fait si bien remarquer Pierre Grange, sous-directeur de la RIVP (Régie Immobilière de la Ville de Paris), c’est surtout « un découpage 6 m2 /6 m2 /6 m2 (salle de bain, cuisine, dormir/travailler), c’est ce qui fonctionne le mieux. Pourquoi ? Parce qu’un logement c’est : un lit, une salle de bain et une cuisine, et le financement accompagne cette « obligation ». Cela explique le pourquoi du 18 m2, on n’est pas capable d’expliquer et de défendre le plan de la résidence étudiante de Ljubljana (résidence Poljane). »16. Ce problème politico-financier du « verrouillage architectural » initial du logement étudiant ne peut être réglé sans une réaction et une mobilisation de

tous les acteurs et notamment des architectes. Assurément, ils doivent faire entendre leur voix pour faire changer les choses, casser la rigidité des cadres établis et ainsi libérer la production architecturale qui est à l’heure actuelle, encore bien trop « otage » d’une forme de technocratie. Or, il n’en n’est rien ou presque. L’architecte est en effet la plupart du temps absent du débat politique, il n’a pas le temps pour ça, c’est bien connu. Pourtant c’est se tirer une balle dans le pied, se faire hara-kiri que de ne pas agir, ne pas lutter contre ce « normatif » bien trop en vigueur à l’heure actuelle. Le deuxième verrou et donc levier d’action réside dans l’échange, le dialogue à instaurer entre le maître d’ouvrage et le maître d’œuvre. Malheureusement, celuici intervient bien trop tard, lorsque tout ou presque est déjà établi. Clément Vulliez, chef de projet au sein de CANAL Architecture nous confirme bien l’évidence. Il faut établir ce partenariat bien plus tôt dans les processus de montage du projet : « Le problème c’est le programme. Il faut être en amont du programme. Il faut être avec un maître d’ouvrage au moment où il l’élabore et poursuivre ensuite pour le projet mais une fois que le programme est établi par le CROUS par exemple, c’est trop tard. Puisque le maître d’ouvrage, avant

16/ Propos de Pierre Grange, cité dans CANAL Architecture, Le logement «jeune» n’est-il qu’un produit ? (étude ALJT - Osica), Paris, édition Canal, 2011, p 14


Il est dommageable d’observer qu’aujourd’hui, c’est encore et toujours trop l’efficacité factuelle

qui prime et qui prend le dessus sur le confort, sur l’habitabilité, sur la générosité architecturale finalement. En effet, on recherche avant tout l’équilibre financier, la rentabilité maximum. Mais ne soyons pas naïfs, il évident que les maîtres d’ouvrage ne peuvent et ne doivent pas construire à perte mais c’est là encore une forme d’ajustement qui s’impose : penser un peu plus « qualitatif » que « quantitatif ». S’il est évident que l’enveloppe budgétaire ne peut pas réellement augmenter, n’estil pas pour autant concevable d’opérer une répartition différente ? Autrement dit, ne pouvons nous pas imaginer un système basé sur une réflexion à plus long terme, avec des redevances plus importantes certes mais qui s’étaleraient davantage dans le temps ? Aujourd’hui, on voit le parc des années 60-70 se transformer ou bien se détruire. Est-ce que l’on ne peut pas prendre la chose d’une autre manière ? C’est à dire mettre en place des financements plus importants et se dire que l’on va construire non pas pour 30 ou 40 ans mais pour 60 ou 70 ans ? Cela semble difficile si l’on en croit Sophie Vaillant du CROUS de Grenoble : « Vous êtes lié à une convention et aujourd’hui, on ne fait pas de conventions de 50 ou 60 ans. La longueur de celles-ci avec

17/ Propos de Clément Vulliez, recueilli dans le cadre d’un entretien le 13/03/2014 à Paris 18/ Propos de Jérémie Teyssier, recueilli dans le cadre d’un entretien le 31/03/2014 à Grenoble

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PARTIE II / QUE CONSTRUIRE ET COMMENT ?

de lancer son concours, bâti son financement là dessus, nous on ne peut pas le remettre en cause en rendant un projet complétement différent. »17. Avant d’incriminer trop injustement le premier concerné, le CROUS, il est à préciser que les opérations de montages des projets de logements étudiants publics relèvent de deux types de situation : quand ce même CROUS est le maître d’ouvrage et quand il n’est que gestionnaire. La plupart du temps, les montages relèvent de la deuxième situation, celle où le CROUS n’est pas maître d’œuvre et dans laquelle il a bien souvent moins son mot à dire. Car quand c’est l’inverse, on nous assure que la volonté d’innovation est présente, la liberté de conception plus grande pour les architectes, à condition bien évidemment que les idées soient bonnes et l’équilibre financier soit établit. Mais qu’importe au final, il ne sert à rien de trouver les « coupables », l’important est de mettre en relation ceux qui conçoivent et ceux qui décident du programme en amont, quels qu’ils soient. Si, comme le dit Jérémie Teyssier, « Le projet est un projet puisqu’il répond à un programme »18, il est aussi certain que le programme, c’est un projet.


les bailleurs a un lien direct puisque l’on est figés avec eux pour un certain temps et on n’a pas d’intérêt non plus à ce que cela dure puisque plus c’est long, plus cela coûte cher, c’est comme un système de prêt. Il y a des frais de gestion. Le fait d’étaler la dépense c’est pas dans notre intérêt parce que c’est le bailleur qui investit et après c’est à nous de rembourser une partie avec les loyers, donc il ne faut pas que cela dure de trop. »19. Ailleurs : l’autogestion

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Et s'il fallait se débrouiller par soimême ? C’est ce que certains tentent de faire au quotidien ailleurs en Europe comme en Italie, au Portugal, en Belgique et en Suisse notamment via le principe des coopératives étudiantes et du concept de l’autogestion. En Italie et particulièrement à Rome, c’est le principe d’auto-récupération résidentielle qui est particulièrement développé, notamment depuis 1998 avec l’inscription dans le cadre légal de ce genre de pratiques. En effet, depuis cette loi régionale, les occupations des bâtiments publics laissés à l'abandon sont devenus légales. Il incombe seulement aux membres des coopératives la remise en état des logements, et au propriétaire (bien souvent la commune) de financer la rénovation des espaces communs. Profitant d’un cadre législatif bien plus souple

qu’en France, ce concept est un réel succès et se pose légitimement comme une réponse crédible au rançonnage locatif. A considérer finalement, peut-être même plus comme de grosses colocations que de véritables coopératives étudiantes, les respublicas portugaises montrent elles aussi, à une échelle plus réduite, qu’il réside en l’autogestion un potentiel certain pour le logement étudiant. Ancrées dans le paysage urbain portugais depuis le XIVe siècle, elles regroupent des étudiants dans de grosses maisons citadines où les décisions et la gestion sont faites de manière collégiale. A Genève, la Ciguë (pour Coopérative immobilière genevoise universitaire et estudiantine) gère près de 450 chambres réparties dans la ville. Fondée en 1986, cette coopérative indépendante et autogérée fonctionne avec un parc immobilier mixte : un socle permanent de 150 logements dont les coopérateurs sont propriétaires à parts égales, et d’un autre parc plus fluctuant, composé d’appartements sous contrat CPU ( Contrat de Prêt à Usage) et de locations subventionnées. C’est dans des immeubles en voie de destruction par exemple qu’une bonne partie de ces logements sous contrat CPU tiennent place. Outre l’intérêt pour la coopérative et les étudiants membres, ce genre d’actions opportunistes permet

19/ Propos de Sophie Vaillant, recueilli dans le cadre d’un entretien le 31/03/2014 à Grenoble


Ces exemples parmi tant d’autres, sont porteurs d’enseignements puisqu’ils concrétisent des modes

de fonctionnement et de gestion alternatifs à la pérennité certaine. Il est toutefois inconcevable de voir ces types de modèle se développer tels quels aujourd’hui en France, la faute à une souplesse bureaucratique qui nous fait encore et toujours défaut.

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PARTIE II / QUE CONSTRUIRE ET COMMENT ?

bien souvent aux propriétaires d’éviter d’éventuels squattages et de rentabiliser leurs biens le plus longtemps possible. La précarité qu’impose ce type de fonctionnement exige de la coopérative une vivacité certaine pour ce qui est de la recherche perpétuelle de nouvelles opportunités immobilières, c’est pour cela que la Ciguë cherche à construire ou acquérir de nouveaux biens dès qu’elle le peut. Plusieurs projets de construction se sont actuellement lancés grâce aux prêts des banques (95% des fonds). Le reste est avancé par la Ciguë par le biais du système de subventions, des dons et aussi des adhésions initiales des coopérateurs ( = 1 mois de loyer ). Pour ce qui est des logements, la coopérative privilégie plutôt la colocation et laisse le soin aux habitants de choisir eux-mêmes leur nouveau colocataire lorsqu’une chambre se libère. Enfin, en Allemagne, on a même vu des projets d’auto-construction autogérée se monter dés les années 80, comme à Stuttgart où étudiants, architectes et maçons se sont associés afin de concevoir des logements les plus proches possibles des attentes de leurs habitants.


CONCEPTION ET CONSTRUCTION DES PROJETS : ENTRE RAPIDITE ET REFLEXION A LONG TERME

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Si l’innovation, on l’a vu, peine à se libérer des carcans normatifs pour ce qui est du programme, la réflexion sur les modes constructifs des logements étudiants de demain est, elle, beaucoup plus libérée. En effet, en matière de logement estudiantin, c’est certainement la dimension constructive qui a vu émerger le plus de nouveautés et ce notamment parce que l’Etat (et le CROUS) applique une politique d’encouragement particulièrement forte sur la question. Comment construire donc ? La réponse escomptée par les politiques : Vite et bien. Assurément vite, peut-être bien, voilà sans doute ce qui tient plus de la réalité actuelle : Vite et/ou bien donc. Voilà deux postures qui souvent s’opposent mais qui pourtant ne sont pas contradictoires. Pour construire bien, on peut construire vite, le tout est de se poser les bonnes questions : ne pas concevoir vite. Prendre le temps lors de la phase de conception donc, pour imager les meilleures solutions, celles qui assureront à la fois un maximum de confort et d’habitabilité aux

futurs résidents tout en permettant des chantiers rapides et un effort constructif moindre. C’est certainement là l’un des grands chantiers des architectes en matière de logements étudiants : bien concevoir pour construire bien, rapidement, efficacement. Architecture modulaire et filière sèche, des réponses à l ‘urgence Y a-t-il urgence ? Alarmisme justifié pour certains, disproportionné selon d’autres, il est toutefois incontestable, nous l’avons vu en introduction, que le secteur du logement étudiant souffre d’un retard particulièrement conséquent pour ce qui est de l’offre. En réponse à ce retard, l’architecture modulaire s’est particulièrement développée ces dernières années, en Europe et en France (pour une fois, nous suivons le mouvement…) via la mise de filières dite « sèches ». Comprenons par là, des méthodes de construction relevant des techniques du bâtiment qui ne nécessitent pas d’eau donc


ce genre de choses, ça c’est un segment qui répond plutôt bien à une problématique du coût. Je vais rester dans la caricature mais si avant, pour un on avait un, peut-être qu’aujourd’hui, avec un investissement de un on a deux. » et « Oui, la rapidité à pouvoir proposer la chose. Un IUT, une école qui s’ouvre, qui prévoit de s’ouvrir rapidement, et bien il faut que l’on suive, il faut que l’on amène une réponse. On est une fonction support de l’enseignement supérieur. »20. Les Pays-Bas sont sans doute, on l’a déjà vu avec le projet Qubic à Amsterdam, les pionniers en matière de logements étudiants modulaires. En effet, le pays, à l’image du notre, souffre d’une pénurie de logements étudiants et a vu une aggravation s’opérer petit à petit avec l’afflux massif d’étudiants étrangers. C’est pour cela que dès 2004, l’université de Delf a été à l’initiative d’ un concours d’habitats industrialisés remporté par le projet Spacebox, conçu par le designer Mart de Jong, du bureau De Vijf. Si ce type de réponse, de logements empilables, a l’avantage d’une action à la fois rapide et réversible, elle est toutefois, pour beaucoup d’observateurs comme pour nous, spatialement bien trop rigide, bien trop pauvre. En effet, le cas du médiatique projet de logements étudiants conteneurs du Havre,

20/ Propos de Jérémie Teyssier, recueilli dans le cadre d’un entretien le 31/03/2014 à Grenoble

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PARTIE II / QUE CONSTRUIRE ET COMMENT ?

pas de temps de séchage, au contraire des méthodes traditionnelles de construction en béton par exemple (cure + solidité maximale au bout de 28 jours). On y privilégiera les matériaux « secs » donc comme le bois ou l’acier. Preuve du succès grandissant de ce mode de construction et du desiderata des maîtres d’ouvrages de voir ce type de réponses se développer toujours davantage, le CNOUS (Centre National des Œuvres Universitaires et Sociales) a lancé en 2011 un appel à projet ainsi qu’une réunion de cinq groupements de conceptionréalisation. Leur volonté est ainsi, à terme, de voir des projets se monter en un an, études comprises, grâce aux procédés d’industrialisation. Cette industrialisation de la construction, certains n’y voient que des avantages : réduction certaine de la durée des chantiers, baisse des coûts, assurance de la qualité, diminution de l’impact environnemental. Pour les maîtres d’ouvrage comme le CROUS, c’est certainement les deux premiers facteurs, la rapidité et l’économie qui motivent ce nouvel élan pour l’architecture modulaire, nous avons pu le vérifier lors de notre entretien avec la cellule grenobloise : « Il y a des solutions alternatives qui existent aujourd’hui, notamment le logement modulaire, la préfabrication avec des systèmes ossature bois, des conteneurs,


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la Cité A’Docks, conçu par l’Atelier Cattani et livré en 2010 est la preuve du non consensus français en la matière. Au delà des potentiels problèmes techniques que pose ce type de module (problèmes de chauffage21) et malgré le succès certain de l’opération du côté des étudiants eux-mêmes (42% d’entre eux souhaitent y conserver leur studio contre 20% en moyenne dans les autres résidences du CROUS du Havre21), c’est probablement la symbolique qui fait grincer les dents. Les étudiants n’y sont-ils pas tout simplement mis en boîte ? Comment de pas voir en ce type d’opération, la transcription bête et méchante de l’algeco®, de la cabane de chantier ? Des réalisations certes pertinentes mais pour de l’occupation temporaire seule. C’est peut-être ça que l’on souhaite finalement, des logements temporaires pour le public nomade par excellence… les étudiants. Pourtant avec ce type de considération, c’est bien dans le mur que l’on se dirige. Fort heureusement, d’autres projets, aux Pays-Bas toujours (projet de Mecaboo Architects à Delft) ou bien encore en Espagne avec le projet Barcelonais de l’agence dataAE + H Arquitectes, montrent qu’un autre résultat formel est possible, quand bien même les procédés industriels sont utilisés. En effet, dans les projets précédemment cités, ce qui dérange sûrement le plus, c’est

le sentiment d’être mis en boîte. Cet effet est donné par une trop grande lisibilité du système constructif, avec des modules qui « ressortent » bien trop de l’ensemble. Plus qu’une résidence d’étudiants, c’est avant tout un clapier que l’on voit, une machine à habiter (référence à Le Corbusier ? ), une conglomérat d’unités plus qu’un tout cohérent. Et pourtant, comme le prouve le projet Barcelonais de résidence étudiante pour l’ETSAV (Escola Tècnica Superior d'Arquitectura del Vallès) il est possible architecturalement de faire oublier l’industrialisation, la préfabrication et cette adjonction malsaine de modules habitables. Dans ce projet, même si les architectes ont eu en effet recours à la préfabrication de modules en béton armé, il en ressort un résultat fort agréable, harmonieux. C’est sans doute parce que les architectes ont réfléchi la chose non pas comme un « projet de modules » mais comme un projet avec des modules. L’attention principale n’a pas été ici portée sur le principe constructif mais bien sur le projet global et donc sur les habitants, leur confort. Loin d’être un manifeste pour la construction modulaire, ce projet se sert des techniques constructives industrielles avant tout comme d’un outil pour servir le projet et non pas l’inverse. C’est assurément avec ce dessein qu’il faut envisager l’architecture modulaire, et pas autrement.

21/ Relaté dans l’article suivant : http://youpress.fr/2011/09/etudiants-en-boite/ Fig. 6 : Le village étudiant de demain ?



Soyons pragmatiques réhabilitation et rénovation !

:

Parce que le patrimoine architectural est là, il est conséquent, nous nous devons de le prendre en compte et assurément même de le réemployer. Réemployer donc, d’une part, le parc immobilier même du CNOUS avec la restauration de ses nombreuses résidences datées des années 60-70 et d’autres part des bâtiments qui n’ont parfois plus raison d’être comme certains immeubles de bureaux et la faillite des sociétés qui les investissaient.

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Selon un rapport de Christian Quéffélec22, architecte et ingénieur général des Ponts et Chaussées et d’après les propres chiffres du CNOUS, sur les 150 000 chambres traditionnelles répertoriées en 2005 en sein des résidences universitaires, 70 000 d’entres elles mériteraient d’être réhabilitées. En cause, une vétusté flagrante doublée d’une offre ne rentrant plus dans les standards actuels de confort et d’habitabilité. Il y a donc, pour les acteurs de la construction, matière à concevoir, à bâtir des projets nouveaux autour du squelette architectural des anciennes résidences pour étudiants. Double intérêt à cela : casser avec l’image trop poussiéreuse que le CROUS véhicule encore aujourd’hui, offrir aux étudiants une réponse

architecturale plus en adéquation avec les nouveaux modes de vies, les nouvelles attentes. Toujours selon Christian Quéffélec22, la réhabilitation des vieilles résidences induit trois solutions d’intervention différentes (cf. illustration de droite). La première consiste en l’extension par l’extérieur des logements jugés aujourd’hui trop petits (9m2). Cette solution implique donc de mettre le bâti à nu, de le « dépecer » de ses façades afin de prolonger les planchers et gagner ainsi de la surface supplémentaire. Avec l’avantage de ne pas toucher à la structure même du bâti tout en proposant de réels agrandissements, cette solution n’est toutefois envisageable que pour les résidences ayant adopté une implantation urbaine analogue à celle des barres des grands ensembles (pas d’alignement, environnement proche libre). La deuxième solution propose, elle, de faire de ces chambres individuelles, de véritables studios indépendants en y rapatriant un coin cuisine et une salle d’eau. Cette solution implique l’utilisation spatiale de trois anciennes chambres pour pouvoir aménager deux nouveaux logements. Sur le groupe de trois chambres, donc de trois trames juxtaposées, les deux extérieures restent inchangées, c’est la trame centrale qui elle, se recoupant en deux parties égales, vient accueillir les nouvelles

22/ QUEFFELEC Christian, Le logement étudiant, regards critiques et visions d’avenir, Conseil général des ponts et chaussées, septembre 2007, 141 p


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PARTIE II / QUE CONSTRUIRE ET COMMENT ?

Deux principes de réhabilitation pour résidence étudiante du parc ancien


fonctions domestiques. Notons que cette intervention implique le percement des murs de refend porteurs d’une part mais aussi la réduction d’un tiers de la capacité initiale du bâtiment. La troisième et dernière solution mais qui nous semble bien moins intéressante consisterait à déplacer certains espaces de circulation pour segmenter le plateau de logement en plusieurs unités de vie. On retrouverait ainsi un partage de la cuisine, des douches et des sanitaires à une plus petite échelle, de l’ordre de cinq à six logements. Voilà tout, pas d’agrandissement des chambres, un partage toujours imposé, rien de véritablement enthousiasmant.

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Autre piste envisageable, envisagée et déjà même choisie, celle de la rénovation en dehors du parc du logement étudiant dédié. Ici, pas de solution type puisque chaque bâtiment est différent, l’intervention spécifique. Notons seulement, de manière générale, que le logement étudiant se prête particulièrement bien à la rénovation puisqu’il ne requiert pas de trames structurelles larges. En effet, s’il serait difficile, voir impossible de voir un édifice tertiaire (ou autre) se transformer en plusieurs lofts pour artistes, il est par contre tout à fait concevable qu’il devienne une nouvelle résidence étudiante. Dans la majeure partie des cas, le gros du travail de conception est à

porter sur la distribution puisqu’en effet, on souhaite passer d’un accès anciennement commun pour un ensemble (ex : le plateau de bureaux) à un accès privatif pour chaque unité de logement. C’est ce qui s’est passé avec le projet de résidence étudiante à Arcueil, conçu par l’agence TVK architectes urbanistes, où le noyau distributif central a été supprimé pour permettre des accès privatifs via des coursives extérieures. La rénovation est donc de circonstance, plus que la construction neuve même. Elle permet, on l’a vu, avec le projet parisien du 12e arrondissement, un opportunisme foncier particulièrement intéressant et souvent de faire baisser les coûts (pas toujours). Pour Jérémie Teyssier, elle permet surtout plus d’innovation car c’est souvent, comme il le dit, de la contrainte que naît celle-ci : « Moi je pense que les projets alternatifs aujourd’hui, ils viennent ou sont venus, vu ce que j’ai constaté, de la réhabilitation (comprenons rénovation). C’est à dire que l’on a des choses figées, des contraintes structurelles du bâtiment, il y a le programme et bien là, le projet d’architecture va permettre de répondre, de faire la synthèse de toutes ces problématiques, de tout de ce qui est figé au départ et du programme. Et pour moi, c’est là que le travail de l’architecte acquiert toute sa valeur ajoutée, en permettant de


reconditionner des espaces vers plus de services, plus de confort dans un lieu qui demandait à être requalifié et on re-projette un bâtiment dans l’avenir avec tous ces nouveaux sujets que l’on voulait voir traités. » ; « vous êtes bien placé pour le savoir, en architecture, plus il y a de contraintes et plus cela permet l’émergence de solutions alternatives ou de radicaliser le traitement de certains sujets »23. Penser à plus long terme, un devoir de souplesse

23/ Propos de Jérémie Teyssier, recueilli dans le cadre d’un entretien le 31/03/2014 à Grenoble

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PARTIE II / QUE CONSTRUIRE ET COMMENT ?

On l’a vu avec les exemples précédents, il n’est plus rare aujourd’hui de voir le bâti changer de fonction et absorber en son sein des usages nouveaux. Afin d’encourager ces potentialités de transformation architecturale et donc urbaine, la conception des nouveaux projets se doit désormais d’intégrer une nouvelle notion : la souplesse. Pour cela, le principe constructif doit proposer des trames structurelles plus larges, minimiser les points porteurs tant que possible. Et c’est bien la tendance, la volonté des maîtres d’ouvrages et gestionnaires, comme nous le confirme par exemple Jérémie Teyssier du CROUS de Grenoble : « Il faut savoir que quand l’on construit une résidence neuve avec un bailleur, on se pose inévitablement la question de la capacité du bâtiment à pouvoir éventuellement absorber un nouveau programme.

C’est à dire se régénérer, être flexible pour pouvoir même dans des délais relativement courts, dans 5 ans, 10 ans, 20 ans, accueillir un autre type de public, être reconditionné. Donc effectivement, sur des résidences nouvelles que l’on étudie, on ne souhaite pas qu’il y ait des systèmes de superstructures trop rigides, on privilégie le système de plateau. Un plateau avec des parois légères, qui apportent des réponses en termes d’acoustique et de sécurité incendie mais qui permettront un jour de reconditionner le plateau, pourquoi pas en zones de bureaux, pourquoi pas en logements familiaux. »23. Quel intérêt pour eux ? Assurément une plus grande marge de manœuvre lors de l’éventuelle vente ou location du bâti, permise grâce à une offre touchant un public et des secteurs d’activités (tertiaire, logements, équipements, etc.) plus larges. De même, l’agence parisienne CANAL Architecture avec qui nous nous sommes entretenus, nous a annoncé avoir actuellement comme thème de travail celui de « l’habitat colonne », un procédé industrialisé pour le logement étudiant régi par le principe « poteaux-dalle ». Cet « habitat colonne », système labellisé CQFD (Coût – Qualité – Fiabilité – Délais) par le PUCA lui même permet ainsi d’envisager un balayage et une réorganisation faciles des plateaux, et par la même de pérenniser le bâti.


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ZOOM SUR...


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TIETGEN KOLLEGIET 360 Logements Date de livraison : 2005 Maître d’œuvre : Lundgaard & Tranberg Maître d’ouvrage : Fonden Tietgenkollegiet Adresse : Rued Landaards Vej 10, Copenhague, Danemark

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La résidence

manière à ménager tout de même une certaine intimité. C’est là l’idée motrice du projet : le jeu subtil, la rencontre entre la communauté et l’individu. Le caractère ambivalent du projet s’observe déjà aisément en façade avec les décalages aléatoires des volumes des chambres qui viennent contraster avec l’unicité du bâtiment. En effet, on n’appréhende pas d’un seul coup tous les logements d’un étage. Une mise en abîme s’installe via des seuils. La résidence est composée de 360 logements regroupés dans des unités de vie accueillant 12 chambres par niveau et ce sur 6 étages. Ces unités superposées forment à leur tour des blocs

L’unité de vie

La chambre

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PARTIE II / QUE CONSTRUIRE ET COMMENT ?

Ce projet de résidence étudiante danoise, Tietgen Kollegiet, réalisé en 2005 par les architectes de l’agence Lundgaard & Tranberg, c’est la transcription contemporaine du modèle cénobitique, le manifeste de l’architecture communautaire. Ce bâtiment situé en périphérie de Copenhague, dans un quartier récemment réaménagé présente en effet tous les critères favorables à l’émergence d’une communauté étudiante : morphologie compacte et annulaire, cour intérieure, espaces communs. Il n’est pas sans rappeler aussi le modèle panoptique si cher à l’univers carcéral, à la différence que les chambres sont ici tournées vers l’extérieur et non l’intérieur, de


d’habitation au nombre de 5. On pénètre ainsi dans la résidence, puis l’on se dirige vers un bloc d’habitation, on monte dans un des étages puis enfin on accède à la chambre. L’intimité est permise également, on l’a dit, par le fait que les logements se tournent vers l’extérieur du bâtiment, tandis que les espaces communs sont eux, exposés aux yeux de tous, puisqu’ils donnent directement sur le vide central et le jardin.

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La générosité des espaces communs, voilà aussi sûrement ce qui fait l’atout principal de la résidence. En effet, le RDC de la résidence est déjà particulièrement riche puisqu’il accueille, sur tout le pourtour du bâtiment, une laverie, une salle de sport, des salles de travail et ce qui ressemble à un foyer. Dans les étages, chaque unité de vie de 12 logements dispose d’une cuisine commune, d’un salon commun, d’un cellier ainsi que d’une terrasse qui donne elle aussi sur le jardin central. Ces espaces communs sont ouverts, lumineux, chaleureux, bref, agréables. C’est bien pour cela que les étudiants les investissent très souvent et y organisent des fêtes. La cour, au centre, et son jardin, c’est le coeur du projet, là où tous les regards convergent. Le sentiment quand on y pénètre, est lui aussi ambivalent, mélange de fascination et de malaise.

Espaces communs Logements

Cuisine

Terrasse Cellier

Salon


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PARTIE II / QUE CONSTRUIRE ET COMMENT ?


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PARTIE I / OÙ S’IMPLANTER ?


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BIKUBEN KOLLEGIET 94 Logements Date de livraison : 2006 Maître d’œuvre : AART Architects Maître d’ouvrage : The Bikuben Foundation Adresse : Amagerfaelledvej 50A, Copenhague, Danemark

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gagner en générosité dans les espaces collectifs. La particularité de ce projet réside dans sa configuration en forme de spirale. En effet, chaque étage est conçu sur le même plan mais subit une rotation à 90° à chaque niveau. Cette configuration permet de séparer les parties communes des parties privées et de ménager un parcours continu, public, du RDC jusqu’à une immense terrasse accessible sur le toit. Les logements sont ainsi répartis le long de deux façades adjacentes : les autres espaces étant communs. Malheureusement, en réalité, certaines choses diffèrent de ce qui est écrit sur papier : le parcours public en spirale n’est finalement pas accessible, la végétation plantée sur les terrasses intermédiaire non plus. De même, la petitesse de la cour et son faible ensoleillement naturel la rendent quelque peu morose. Dommage...

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PARTIE II / QUE CONSTRUIRE ET COMMENT ?

Le projet de la résidence Bikuben, conçu par l’agence danoise AART Architects en 2006 comporte un certain de nombre de points communs avec le projet précédent. Le site d’implantation premièrement, puisque les deux projets sont distants de quelques centaines de mètres seulement, dans le même quartier en voie de réaménagement, celui d’Orestad, à la périphérie Sud de Copenhague. Si la forme n’est pas, dans le cas présent, circulaire, elle est toutefois là aussi compacte et autocentrée sur une cour intérieure. Là aussi la dimension sociale est une des volontés premières du projet. On retrouve ainsi des espaces communs assez généreux, distribués à tous les niveaux de la résidence : des cuisines, salles à manger et des salons communs essentiellement, une salle de gym au 4ème étage. Les chambres ont été ici volontairement réduites, passant de 18 à 16 m2 afin de


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PARTIE II / QUE CONSTRUIRE ET COMMENT ?


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PINK FLAMINGO 70 Logements Date de livraison : 2012 Maître d’œuvre : Stéphane Maupin Maître d’ouvrage : Vinci Immobilier Gestionnaire : CROUS de Paris Adresse : 18, Rue Julie Daubié, 75013 Paris, France

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un peu loufoque, comme une anomalie dans le paysage, quelque chose qui intrigue et donne envie de s’approcher. Ce projet apporte assurément un touche de fraîcheur dans l’univers trop contraint du logement étudiant, il est différent et ça, c’est appréciable. La répartition du programme se fait par stratification, on retrouve des commerces au RDC, un espace récréatif au premier étage, les logements au dessus, un jardin sur le toit terrasse enfin, tout en haut. Le premier étage, évidé, vient accueillir un terrain de basket, que l’on peut distingué depuis la rue. Cet équipement est résolument l’atout majeur du projet, c’est lui qui appel à la communication sociale, à l’échange avec les gens du quartier, de part la porosité visuelle qu’il permet.

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PARTIE II / QUE CONSTRUIRE ET COMMENT ?

Académique, voilà très certainement ce que n’est pas le projet de résidence Pink Flamingo. Pink Flamingo, pourquoi d’ailleurs ? Car les pilotis qui supportent le bâtiment sont à l’image des grandes pattes des flamants roses, élancées. Plus qu’une volonté initiale, ce choix constructif est le résultat d’une contrainte contextuelle et notamment du sous-sol. En effet, situé dans le 13ème arrondissement de Paris, au sein de la nouvelle ZAC Paris Gauche, proche de la gare d’Austerlitz, le projet voit les trains passer sous ses pieds. C’est pourquoi, il a fallu construire sans fondations et opter pour les pilotis. Résolument innovant, tant en terme de rendu architectural que de la répartition du programme, ce projet est à l’image de ses concepteurs,


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PARTIE II / QUE CONSTRUIRE ET COMMENT ?




CASA DELL’ ACCADEMIA 72 Logements Date de livraison : 2006 Maître d’œuvre : Carola Barchi, Jachen Könz Maître d’ouvrage : Fondazione Casa dell Accademia Adresse : Via A. Maspoli, Mendrisio, Suisse

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chambres services salons-séjours galerie jardin galerie salons-séjours services chambres

de grands banquets communs. Les grandes baies le long des appartements permettent une sorte de mise en scène de la vie collective, comme de véritables vitrines. Ces mêmes appartements regroupent quatre étudiants en sein d’une colocation où salonséjour et cuisine sont partagés par tous mais où l’espace sanitaire (salle de bain/wc) est lui doublé afin de n’accueillir que deux étudiants seulement. La conception du plan du projet permet ainsi une progression dans l’intimité, à mesure que l’on se dirige vers sa chambre. En effet, on passe du vide central public, aux coursives distributives communes, on accède à l’appartement commun aux quatre étudiants, puis à la cellule de vie de deux personnes pour enfin terminer par la chambre individuelle. Les chambre sont situes ainsi aux deux extrémités du projet, elles regardent vers le paysage environnant et permettent tout de même une sorte de recueillement.

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PARTIE II / QUE CONSTRUIRE ET COMMENT ?

Les soixante-douze logements de la Casa dell’ Accademia, livrée en 2006 à Mendrisio en Suisse, sont destinés exclusivement aux étudiants de l’école d’architecture de la ville et notamment aux étudiants étrangers en mobilité. La résidence est composée de huit appartements en colocations, regroupés au sein de deux corps de bâtiments linéaire se faisant face, séparés par un large jardin planté. Ce projet est basé sur le principe d’« ouverture », et ce, à différentes échelles. En effet, la résidence, située quelque peu en périphérie de la ville, s’ouvre bien volontiers sur le paysage environnement presque rural. De même, tous les appartements s’ouvrent eux aussi sur l’extérieur grâce aux coursives sur lesquelles ils donnent. Effectivement, ces coursives extérieures, plus généreuses qu’à l’habitude, sont de véritables prolongements des logements, elles sont le lieu de rencontres et d’échanges entre les étudiants et il n’est pas rare qu’ils y organisent


128 intimitĂŠ progressive


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PARTIE II / QUE CONSTRUIRE ET COMMENT ?


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RESIDENCE POLJANE 56 Logements Date de livraison : 2006 Maître d’œuvre : Bevk Perovic Maître d’ouvrage : Ministry of Education, Science and sport Adresse : Poljanska 59, Ljubljana, Slovénie

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de sport, des salles d’étude ainsi qu’un local à vélo, le tout étant largement vitré afin de favoriser la lecture de la vie collective au sein de la résidence. Dans les étages, toutes les chambres sont analogues et respectent une surface de 19 m2, prévue pour accueillir deux étudiants. Ces chambres sont regroupées par paires autour d’un noyau préfabriqué contenant la salle de bain, les toilettes et la cuisine. Cette organisation permet ainsi d’imaginer aisément l’affectation des logements à de nouveaux publics comme des couples ou des familles sans aucune modification du plan. Le tout est rendu lisible en façade grâce à une large ouverture de la salle à manger commune, avec de part et d’autre, les jardins d’hiver des chambres, abrités derrière des panneaux métalliques perforés assurant une certaine intimité.

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PARTIE II / QUE CONSTRUIRE ET COMMENT ?

La résidence Poljane, conçue par l’architecte Bevk Perovic et livrée en 2006 à Ljubljana, accueille 224 étudiants au sein de ses 56 appartements en colocations. Situé en périphérie de la capitale slovène, le projet bénéficie d’un environnement calme, entre ville et campagne. Confrontée au désir du maître d’ouvrage de voir le projet se monter rapidement, l’équipe de conception a opté pour une stratégie simple et claire, conférant ainsi à la résidence une efficacité certaine, tant au point de vue fonctionnel, que spatial ou architectural. Ainsi, les espaces collectifs sont regroupés au RDC, au sein d’un socle transparent tandis que les chambres sont réparties dans les étages supérieurs, dans deux corps de bâtiment linéaires se faisant face, séparés par un patio central planté. Au RDC, on retrouve des salles


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SPACEBOX 234 Logements Date de livraison : 2004 Maître d’œuvre : Mart de Jong, Design Office De Vijf Maître d’ouvrage : SSHU Utrecht (Student housing organisation) Adresse : De Uithof, University Campus, Utrecht, Pays-Bas

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de synthèse hauts de gamme, pour une épaisseur totale de 88 millimètres. Elles intègrent également, dans leur épaisseur, des montants en acier galvanisé qui permettent ainsi l’empilement des modules. Les planchers, à la composition identique, sont eux simplement renforcés par des poutres en bois. Outre le montage des modules, il suffit juste, préalablement, de couler une dalle de béton qui supportera l’assemblage et intégrera les divers réseaux à raccorder avec la ville (technique du plug and play). L’aspect extérieur met l’accent sur la symbolique de la répétition, toutefois quelque peu atténuée par le jeu de couleurs aléatoires appliqué aux différents modules.

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PARTIE II / QUE CONSTRUIRE ET COMMENT ?

Dans la même lignée que le projet Qubic, la résidence hollandaise Spacebox a été conçue en réponse à la pénurie certaine de logements étudiants aux PaysBas, dans le cadre d’un concours d’habitats industrialisés lancé par l’université de Delft. Chose nouvelle dans ce projet, la préfabrication n’a pas concerné le seul bloc sanitaire-cuisine mais bien l’intégralité du logement. Ce système Spacebox, mis au point par le designer Mart de Jong du bureau De Vijf, permet l’empilement de logements sur trois niveaux et le montage au rythme de vingt-cinq unités par jour. Inspirées du monde de l’aéronautique, les parois des logements superposent cinq couches distinctes de matériaux


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RESIDENCE ETSAV 57 Logements Date de livraison : 2010 Maître d’œuvre : dataAE + H Arquitectes Maître d’ouvrage : UTE d’Aro Compact Habit campus Sant Cugat / UPC Adresse : Carrer de Pere Serra, 1-15, Sant Cugat del Vallès, Barcelone, Espagne

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sur le chantier qui se trouve ainsi entièrement réalisé en filière sèche. Ce qui est particulièrement intéressant ici, c’est que visuellement, contrairement au projet précédent, la préfabrication ne transparaît pas. En effet, on est en présence d’un projet homogène, d’une morphologie similaire à ce qui est construit avec des techniques constructives habituelles. Certains indices comme la présence des fluides en façade laisse deviner que le tout n’est en réalité qu’un assemblage de modules similaires mais l’impression générale est très bonne. Effectivement, les matériaux semblent être de bonnes facture, le tout est harmonieux, preuve que « préfabrication » ne rime pas forcément avec « répétition » ou « mauvaises finitions ».

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PARTIE II / QUE CONSTRUIRE ET COMMENT ?

Situé en périphérie de la ville de Barcelone, à proximité de l’école d’architecture de Vallès, le projet de ces 57 logements étudiants est marqué par une obligation : l’économie de moyens. En effet, compte tenu de la situation économique espagnole, cette résidence à en quelque sorte valeur de prototype pour des logements étudiants économiques, mais aussi confortables et respectueux de l’environnement. Ces mêmes logements sont répartis au sein de deux corps de bâtiment linéaires, similaires, se faisant face, et séparés par une cour centrale. Ils sont traversants, sans aucun cloisonnement intérieur et desservis par une coursive extérieure. De même, préfabriqués en béton armés, ils arrivent déjà terminés


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PARTIE II / QUE CONSTRUIRE ET COMMENT ?


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RESIDENCE A ARCUEIL 106 Logements Date de livraison : 2010 Maître d’œuvre : TVK -Trévelo & Viger-Kohler architectes urbanistes Maître d’ouvrage : SADEV 94 Adresse : 52-56, Avenue Lénine, 94110 Arcueil, France

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distributive au coeur des bâtiments, les concepteurs ont opté pour une distribution extérieure via des coursives courant sur tout le pourtour ou presque du nouveau projet. Ces coursives à la largeur généreuse viennent également agrandir virtuellement les logements puisqu’elles sont la continuité naturelle de ceuxci. Comme de véritables lieux de convivialité, elles sont très appréciées des étudiants et offrent de ne pas avoir à être chauffées ni éclairées en journée. Les logements, de forme allongée, viennent eux s’insérer dans la trame existante de poteaux pour offrir une surface de 18 m2.

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PARTIE II / QUE CONSTRUIRE ET COMMENT ?

Ce projet de résidence étudiante, conçu par l’agence TVK architectes à Arcueil, dans la banlieue sud de Paris a vu la restructuration lourde d’un bâtiment de bureaux des années 70. C’est dans le cadre d’un réaménagement urbain bien plus grand, au sein du quartier des Chaperons Verts, mené là aussi par l’agence TVK que le projet a pris place, tout juste à côté d’un nouveau groupe scolaire. Le bâtiment initial a en effet été dépecé de ses façades et sa circulation verticale à elle aussi été supprimée afin de laisser place à deux volumes bien distincts. Afin de ne pas réduire les surfaces potentielles des logements en implantant une nouvelle trame


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PARTIE II / QUE CONSTRUIRE ET COMMENT ?



PARTIE III / COMBIEN DE M2 ?


« Il faut franchir le handicap en augmentant l’habitabilité, sinon le logement devient handicapant. » Patrick Bouchain, Architecte

Cité dans CANAL Architecture, Le logement «jeune» n’est-il qu’un produit ? (étude ALJT - Osica), Paris, édition Canal, 2011, p 35


PARTIE III / COMBIEN DE M2 ? Sur la porte, un post-it, et dessus,

l’a touché de plein fouet, réduisant considérablement son habitabilité. Parce qu’elle n’accueille soi disant qu’un public sédentaire qui ne s’investit pas dans son logement. Bref, pour plein de raisons non valables, cette chambre étudiante n’a au final que très peu évoluée dans l’histoire, la faute certainement à un manque d’investissement, à une forme de flemme architecturale plus qu’à un manque d’imagination. Mise à part sa surface qui est passée progressivement de 9 à 18m2, elle est restée, dans bien des cas, toujours aussi spartiate, aussi froide, aussi peu accueillante, aussi peu généreuse. Preuve en est, son appellation, la « cellule » et toutes les connotations dépréciatives qui font avec : univers carcéral, exiguïté, répétitivité formelle. Alors est-ce finalement ça que l’on souhaite faire, placer les étudiants en garde à vue ? On est en droit de se poser la question…

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PARTIE III / COMBIEN DE M 2 ?

une inscription en lettres noires : « Entrez, c’est ouvert, faites comme chez vous ! » Suivons donc la consigne. Deuxième zoom donc, pour une dernière partie, une dernière incursion, une dernière interrogation : combien ? « Combien » pour questionner le mètre carré, la surface et plus largement pour questionner la chambre étudiante. La « cellule » comme on l’appelle. Elle est au fond l’essence même du logement étudiant, celle aussi qui véhicule encore et toujours la mauvaise image de celui-ci, celle enfin qui frustre, désintéresse ou angoisse les architectes. Mais pourquoi ? Parce qu’elle est sûrement l’espace le plus contraint et le plus exigu à la fois. Parce qu’encore une fois, elle n’est bien trop souvent que le support de fonctions standards que l’on demande à voir cochées sur les cahiers des charges, à savoir dormir, se laver, se restaurer, travailler. Parce que la réglementation PMR


L’INGENIOSITE POUR REPONDRE A L’EXIGUITE

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« C’est trop petit ! » Voilà sans doute ce qui vient à l’esprit quand on parle de logement étudiant, voilà ce que pensent les premiers concernés. Ne nous trompons pas, si l’évolution des cadres normatifs a fait passer la chambre étudiante de 9m2 à 18m2, lui octroyant par la même le nouveau nom de studette, l’habitabilité et l’espace disponible n’y ont pas réellement gagné pour autant. Et c’est bien normal, l’individualisation grandissante de la société, le besoin d’indépendance des étudiants ont motivé la réintégration des équipements sanitaires et de la cuisine à l’intérieur du logement, l’obligeant ainsi à doubler sa surface. Soyons en sûr, cette surface n’est pas prête d’augmenter si l’on en croit les volontés des maîtres ouvrages et des gestionnaires, rentabilité oblige… Alors quoi ? Un devoir d’adaptabilité s’impose de la part des concepteurs ! C’est ce que nous dit en quelque sorte Sophie Vaillant quand elle renvoie la balle à la maîtrise d’œuvre en ces termes : « On a un service à rendre, des services très cadrés, en fonction des m2 alloués. Par contre, la maîtrise d’œuvre

peut commencer à avoir des bonnes idées en ce qui concerne l’aménagement des espaces mais pas dans le programme initial. »1. Concernant ces aménagement intérieurs, ces bonnes idées d’optimisation à trouver, Jérémie Teyssier renchérit en certifiant qu’ils sont « des sujets intéressants qui ne sont pas fermés par le programme. »2 Finalement, le logement étudiant ne souffrirait-il pas plus d’un problème d’adaptabilité que de taille pure ? Autrement dit, est-ce que parler de m2 est réellement pertinent ? Pas sûr en effet car si l’on repose plus clairement le problème, les étudiants ne se plaignent pas véritablement de la petitesse de leur logement mais plutôt de ce qu’elle ne leur permet pas de faire. En effet, à quoi sert cet espace ? A s’y mouvoir et à user de celui-ci pour pratiquer diverses activités. Il est certain que la taille du logement influe grandement la possibilité ou non de pratiquer ces activités mais il n’y pas que ça. Nous n’avons cessé de parler de rentabilité financière au cours de notre propos. N’avons nous pas à trouver là aussi, dans le cadre du logement étudiant,

1/ Propos de Sophie Vaillant, recueilli dans le cadre d’un entretien le 31/03/2014 à Grenoble 2/ Propos de Jérémie Teyssier, recueilli dans le cadre d’un entretien le 31/03/2014 à Grenoble


une rentabilité d’espace, une optimisation, un rapport activités permises/surface toujours plus grand ? Un mot, un devoir pour cela, la générosité avec comme indicateur le g2. D’une manière utopique certes et pas étrangère au principe de fonctionnement du BIB (Bonheur Intérieur Brut), on pourrait avec lui quantifier la générosité dans l’habitat étudiant (et pas qu’étudiant d’ailleurs). Plus qu’un possible imaginable, ces réflexions visent plutôt à réinterroger la manière d’aborder les choses, et ce, peut-être plus humainement, en prenant davantage en compte l’habitant. Casser avec un fonctionnement trop technocratique, voilà sans doute qui est déjà envisageable.

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On parle toujours des mètres carrés, comme si l’étudiant se mouvait sur une feuille de papier, un plan en deux dimensions, mais le logement est avant tout un espace. Cet espace, appréhendable selon les trois dimensions, mérite en effet d’être utilisé dans toute sa potentialité, avec une considération plus importante que ce que la hauteur sous plafond permet de faire. Là non plus, rien de nouveau, mais le lit pourrait davantage s’imaginer en hauteur, sur une mezzanine qui surplomberait le bloc sanitaire ou bien encore à mi-hauteur afin de ménager des

Des principes simples pour gagner en habitabilité


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rangements au dessus. De même on pense instinctivement aux possibilités qu’offriraient des parois et sols intelligents. Des « mursmobilier » pourraient ainsi accueillir davantage de rangements, des plans de travail qui se basculent, des lits. Même chose pour le sol, qui pourrait, à la manière d’un grand plateau de jeux de dames, offrir des casiers de rangements, des caissons accueillant le lit qu’il suffirait d’ouvrir ou de fermer à l’aide de trappes. Mais comment comprendre que les architectes n’aboutissent pas à ce type de réponses ? Deux réponses : le paramètre financier d’une part, les cadres normatifs bien trop contraignants de l’autre. Le paramètre financier, l’économie de moyens, toujours la même, n ‘est pour autant pas si justifiable que cela dans le cas présent. En effet, ce type d’aménagements ne demande pas tant de moyens que ça, d’autant plus avec la possible préfabrication d’éléments en usines (à l’image des cabines sanitaires préfabriquées en coque de polyester de Charlotte Perriand en station de ski). Non, le principal problème reste ici lié aux normes françaises et notamment à celle pour l’accessibilité des personnes à mobilité réduites (PMR) qui impose un gaspillage monstrueux de l’espace à vivre et que les architectes n’arrivent

malheureusement pas vraiment à contourner. Ailleurs en Europe, comme en Allemagne avec le projet Micro Compact Home et ses 7 m2 ou bien encore le projet suédois Smart Student Unit et ses 10 m2, le logement étudiant se conçoit dans des espaces aux proportions encore plus restreintes grâce à l’emploi de systèmes ingénieux. C’est bien la preuve qu’il réside dans le contexte français des verrous encore et toujours trop prégnants, qui restreignent considérablement la liberté de conception et empêchent par la même toute possibilité d’amélioration qualitative du logement étudiant.

Fig. 7 : Logement étudiant et «mur-meuble», expérimentation module bois aux GAIA



LA REGLEMENTATION PMR : CARCAN DU MICRO LOGEMENT 11 Févier 2005 : la loi « pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées », dite loi handicap est promulguée.

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1er Août 2006 : un arrêté vient appliquer la loi de 2005 au secteur de la construction et notamment au logement étudiant : « les logements destinés à l’occupation temporaire ou saisonnière dont la gestion et l’entretien sont organisés et assurés de façon permanente doivent présenter les caractéristiques décrites aux articles 11 à 15. »3. Il en résulte de nombreuses obligations, comme celle bien connue de ménager des espaces de passages d’une largeur de 1,20m par exemple. Toutefois, une dérogation permet l’application de cet arrêté à 5% des logements. 21 Juillet 2009 : un autre arrêté du le Conseil d’Etat vient annuler toute possibilité de dérogation dans les constructions neuves, c’est la stupeur dans le monde de la construction…

Mars 2014 : après cinq années de pourparlers, un décret voit enfin le retour raisonné du 5% accessible. Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi les choses se sont-elles enchaînées de la sorte ? Quelle a été l’incidence de ce feuilleton politico-juridique sur la récente production architecturale ? Les politiques comme apprentis sorciers, les architectes comme spectateurs, retour sur cinq années de gâchis sociétal : Tout a commencé, nous l’avons dit, avec le projet de loi de 2005 et sa volonté bien légitime de rattraper le retard français en matière d’accessibilité handicapée. Il n’y a rien de plus louable en effet de tenter, par ce biais, de réinsérer tant que possible les personnes handicapées dans la société, de favoriser l’égalité des chances pour tous. Jusqu’en 2009, là non plus, rien à dire, le « 5% accessible » dans la construction neuve n’avait rien d'excessif puisque d’après des études4, le handicap (reconnu administrativement) toucherait prés de 8% de la population.

3/ Extrait de l’arrêté du 1 Août 2006, article 16 4/ D’aprés la page web suivante : http://www.observationsociete.fr/l’état-du-handicap-en-france


que s’il n’y avait pas cette norme, les possibilités d’aménagement de la chambre de 18 m2 seraient énormes avec plein d’astuces à trouver pour que cela soit bien. Là on se retrouve avec la salle de bain « grosse », l’entrée « grosse », une kitchenette qui se retrouve dans la chambre, le frigo à côté du lit, une vaisselle parfois pas faite qui traîne, bref, c’est pas très sympathique. »5. De même, l’agence CANAL, qui s’est particulièrement intéressée au sujet, a démontré (cf. illustrations ci-aprés) qu’à surface totale équivalente, le fait de passer un logement aux normes PMR réduit l’habitabilité par deux. En effet, ils témoignent que celle-ci passe de 12 à 6m2 environ et ce à cause de la mise aux normes d’espaces dans lesquels nous ne passons au final que très peu de temps dans la journée (cuisine et salle de bain). L’absurdité de cette loi, tous les acteurs de la construction s’en sont plaints. Et même pour les personnes handicapées, les premiers concernés en somme, comme Joël Nekkab, handicapé moteur travaillant à l’APF (Association des Paralysés de France), cette situation relève bien plus du grotesque, de l’exagération que d’autre chose : « On ne va pas s’amuser à faire toutes les salles de bains adaptées, ni rendre accessible tous les appartements de France. Accessible pour que

5/ Propos de Clément Vulliez, recueilli dans le cadre d’un entretien le 13/03/2014 à Paris

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En effet, imaginer, que sur un projet de résidence étudiante, quelques logements se voient être accessibles aux PMR (et ce à différents étages du bâtiment) n’avait rien de déraisonnable, bien au contraire. Pourtant, sous l’influence certaine des lobbys, la décision politique trop hâtive de 2009 et le retour au « 100% accessible » s’est prise, aux dépens de la création architecturale, du confort des logements et ainsi de leurs habitants. Comme certains l’ont fort justement noté, à trop avoir voulu « intégrer », cette loi n’a finalement fait qu’exclure davantage de monde avec des produits locatifs qui n’ont fait qu’augmenter. Pour ce qui est de l’architecture et du résultat dans les logements, on a pu observer une perte d’habitabilité conséquente de par les nouvelles normes à respecter, ce que nous a confirmé Clément Vulliez : « Ca contraint beaucoup le logement, ça créé aussi des espaces qui ne servent à rien alors que le logement est déjà petit. Il y a des architectes qui cherchent des astuces, nous aussi on trouve des astuces pour éviter le gâchis d’espace mais le format standard de la chambre fait qu’une entrée fait 4 m2. Patrick (Patrick Rubin, chef de l’agence CANAL Architecture) aime bien dire qu’on peut y mettre dix personnes mais que ça ne sert à rien. C’est sûr


je puisse rentrer avec mon fauteuil et me déplacer, c’est tout ce que je veux. C’est comme les guichets à la sécu, un seul ça suffit. Je ne vais pas me retrouver avec 20 handicapés sur mon palier ! »6. Malgré le consensus certain et les retours faits notamment par les CROUS auprès de leur autorité de tutelle, dans le but de faire remonter les critiques au plus au niveau de l’Etat, il faudra attendre tout de même près de 5 ans pour voir les choses évoluer dans le bon sens, lenteur bureaucratique oblige…

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Que retenir de tout cela ? Nous y voyons là, surtout une démonstration supplémentaire de la trop grande ignorance des politiques concernant le monde de la construction et du logement de manière générale. Cette ignorance induit le besoin crucial d’un meilleur accompagnement des acteurs décisionnaires en la matière, notamment par les architectes. En effet, il paraît indispensable que ceux-ci se fassent entendre sur la scène publique et politique, en intégrant le casting. Ils se doivent assurément de jouer un nouveau rôle, afin de protéger le monde de la construction et de l’architecture, de veiller par là même à la meilleure considération des besoins des habitants (et donc ici, dans notre cas, des étudiants) en matière de logement.

Schéma Habitabilité norme PMR par CANAL Architecture

6/ Cité dans CANAL Architecture, Le logement «jeune» n’est-il qu’un produit ? (étude ALJT - Osica), Paris, édition Canal, 2011, p 34


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ZOOM SUR...


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SMART STUDENT UNIT 1 unité expérimentale Date de livraison : 2013 Maître d’œuvre : Tengbom architects Maître d’ouvrage : AF Bostäder & Martinsons Adresse : exposée dans le Virserum Art Museum, Virserum, Suède

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concepteurs ont pu gagner de la place et positionner le lit en mezzanine. De même, d’autres astuces ont été trouvées afin d’optimiser l’espace, ainsi les parois qui occultent les fenêtres se rabattent et forment des tables, les marches de l’escalier servent d’étagères. Le projet, entièrement préfabriqué en bois, est le résultat d’un partenariat s’étant mis en place entre l’équipe de concepteurs et un industriel local de la filière. Outre l’intérêt écologique de la chose, le recours au bois donne ici toute sa poésie au projet et permet également de le rendre très chaleureux.

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LLa Smart Student Unit, création de l’agence suédoise Tengbom architects est un prototype d’habitation étudiante réalisé en 2013. Exposées dans un premier temps au Virserum Art Museum, vingt-deux unités identiques sont actuellement en phase de construction dans l’université de Lund. D’une surface au sol de seulement 10 m2, l’unité de vie étudiante suédoise regroupe tout de même toutes les fonctions habituelles, à savoir : un bloc sanitaire, un coin cuisine, un lit, un bureau, des rangements. C’est en profitant notamment de la grande hauteur et du toit en pente que les


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MICRO COMPACT HOME 7 logements Date de livraison : 2005 Maître d’œuvre : Richard Horden, Lydia Haack, John Höpfner Maître d’ouvrage : Studentenstadt München E.V Adresse : Studentenstadt Freimann, Grasmeiertrabe 7, Munich, Allemagne

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préfabriqué s’est inspiré de l’industrie aéronautique et automobile. Sa structure de base est constituée d’une ossature bois et d’aluminium galvanisé qui vient accueillir des panneaux d’isolation en aluminium là aussi. L’éclairage et le chauffage sont assurés par des panneaux solaires installés en toiture. Le module peut être associé à d’autres pour former des villages horizontaux ou verticaux, à l’image de celui de Munich où 7 unités ont été installées. C’est en effet 6 étudiants ainsi que leur professeur Richard Horden, également concepteur du projet, qui ont occupé les lieux dès novembre 2005. Preuve du succès du projet, les étudiants ont demandé à passer toute l’année universitaire dans les lieux alors qu’initialement, la chose se voulait plus comme une opération de promotion à court terme.

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La Micro Compact Home (m-ch) est un habitat léger et transportable ayant été imaginé par une équipe de chercheurs de Londres et de l’université technique de Munich, en réponse à la demande croissante de logements temporaires. Avec ses 7 m2 seulement, ce module accueille pourtant toutes les fonctions standard de l’habitat et on observe une lisibilité relativement claire des espaces. En effet, on y retrouve bien un coin cuisine, un bloc sanitaire avec douche et wc, un couchette supérieure pour 2 personnes, un séjour/salle à manger pour 4 personnes dont les banquettes se déplient pour offrir un deuxième couchage, lui aussi pour 2 personnes. L’espace est très lumineux, grâce au revêtement blanc immaculé des parois ainsi qu’aux larges fenêtres. A la manière du projet Spacebox, cet habitat


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« Le bon logement étudiant, c’est le logement étudiant aussi flexible que la somme des points de vue singuliers de ses utilisateurs premiers, les étudiants. Autrement dit, un habitat impossible, peu ou prou imposé, forcément peu ou prou adapté ou inadapté, forcément peu ou prou autoritaire ou conciliant. Bref, un habitat toujours raté. » Paul Ardenne, Théoricien et critique d’art, maître de conférences à l’université Picardie-Jules-Verne

Cité Internationale Universitaire de Paris, Habitat étudiant : un écosystème à inventer, Paris, Éditions L’Oeil d’Or, 2012, p 102


CONCLUSION Assurément plus interrogateur que

prévu, ce travail de mémoire pose plus de questions qu’il n’apporte de réponses, preuve en est de sa structuration, des « Où ? », « Quoi ? », « Comment » et « Combien ? » comme grandes parties. Mais poser une question, n’est-ce pas au final déjà une première manière d’y répondre ? C’est, du moins ce que nous espérons. En effet, poser ces questions, c’est quelque part mettre l’accent sur un point particulier, attirer l’attention sur une facette plus précise du sujet et donc déjà prendre position. C’est là aussi ce que nous avons souhaité faire, poser des questions, naïves en majorité, volontairement parfois, involontairement souvent, résultantes d’un regard certainement trop utopique des choses mais pourtant motivé par un désir d’objectivité certain.

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CONCLUSION

Parenthèse refermée, qu’en estil du logement étudiant ? Y a-t-il une solution miracle ? Y a t-il un logement étudiant idéal ? Non bien sûr, et ça, nous n’avons pas eu besoin de toutes ces réflexions pour nous en convaincre. Pourtant ce propos a eu au moins le mérite de caractériser les choses en nous permettant d’embrasser un rapide tour d’horizon des réponses architecturales européennes, des attentes et des profils des étudiants aussi, toujours plus nombreux. Il a

assurément, là aussi, caractérisé le besoin, le devoir qu’il nous incombe en matière d’habitat étudiant et d’habitat tout court même : la diversité. Il a cristallisé une certitude, celle qui consiste à lutter de toute notre force contre « le standard », cette réponse universelle malsaine qui s’est trop souvent imposée. En effet, on l’a vu, c’est certainement que le contexte français, si normatif, cadenassé par les cahiers des charges, par les financements aux exigences trop ardues, n’a encore à l’heure actuelle pas la souplesse de ceux de nos voisins européens, malheureusement. Sommes nous en retard en France ? Voilà une question que nous nous posions avant d’amorcer ce travail. La réponse est plutôt « non ». Non, car le problème ne relève pas réellement d’un retard mais plutôt d’une différence. Une différence dans la manière de voir et de voir se faire les choses. On ne fait jamais rien comme les autres, c’est bien connu ! Pourtant, il serait bon de sortir de cette forme d’autisme qui consiste à considérer, souvent à tort, que nous possédons, en France, les réponses les plus adaptées. Inspirons nous un peu ailleurs, regardons ce que les autres produisent. Cette ouverture ne sera que bénéfique. Catalyser toutes les solutions, toutes les tendances afin de voir émerger une synthèse, un équilibre entre toutes ces formes de faire et de


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considérer l’habitat étudiant, c’est ça selon nous la bonne pratique. Autrement dit, la bonne réponse tient dans la mesure. Nous souffrons encore trop de cet élan frénétique qui nous pousse à être oublieux du passif et ne plus voir qu’en la toute dernière innovation la solution unique (l’architecture modulaire par exemple). Non, décidément, soyons plus raisonnés, plus attentifs, imposons nous un temps de réflexion plus long afin de voir émerger une réponse la plus optimum possible : l’urgence de la situation ne justifie pas la précipitation. A l’image d’un chef d’orchestre, nous nous devons d’organiser le brouhaha, à l’image d’un ingénieur du son, nous nous devons de positionner le curseur du logement étudiant à la bonne valeur : un habitat ouvert et fermé à la fois, entre ville et campus, individuel mais également collectif, en nombre mais à la qualité certaine, rationnel mais flexible, économique mais toujours généreux. En effet, c’est là, très certainement, la meilleure manière de marier des volontés souvent contraires, celle des maîtres d’ouvrages et des gestionnaires en quête d’un équilibre financier, celle des étudiants en attente d’un logement agréable à vivre avant tout. Le dialogue et l’ouverture de l’architecture aux autres champs et notamment à la politique sont là aussi des pratiques éminemment importantes si l’on veut que s’acte une amélioration réelle

de la situation, une amélioration des logements étudiants. On l’a compris, tout est affaire de politique et de même les volontés (et les réticences) des maîtres d’ouvrage font le projet, ou ne le font pas. L’architecte n’a plus rien à dire, il a perdu la main, enfermé dans sa création, il a oublié de se faire entendre. En effet les décisionnaires, les politiques avancent sans visibilité ou presque (absurdité du 100% PMR) quand il s’agit d’architecture ou d’urbanisme et c’est bien normal, ils n’ont pas les clefs, ce n’est pas leur métier. Charge à l’architecte selon nous de les éduquer en la matière pour voir les choses avancer, pour voir les logements étudiants gagner en habitabilité, en confort, en générosité, pour voir les pratiques gagner en humanité aussi et rompre avec l’intransigeance technocratique. Charge à lui aussi d’accompagner les maîtres d’ouvrage, les gestionnaires, en amont, afin d’interroger et de monter avec eux les programmes. Quand bien même il faille qu’on souhaite l’écouter, l’architecte se doit d’être à l’initiative, car iI est certain qu’on ne viendra pas le chercher. C’est lui le professionnel. Qu’il n’ait pas peur, ou pire, la paresse de dire ce qu’il pense, de prodiguer ses conseils, il en va de la qualité de la production architecturale, de celle des logements. Il en va du bien être des habitants, ici des étudiants.


? OUVERT

VILLE

INDIVIDUEL

QUANTITATIF

RATIONNEL

ECONOMIQUE

FERME

CAMPUS

COLLECTIF

QUALITATIF

FLEXIBLE

GENEREUX


BIBLIOGRAPHIE OUVRAGES - CANAL Architecture, Le logement «jeune» n’est-il qu’un produit ? (étude ALJT - Osica), Paris, Édition Canal, 2011, 73 p - EMERY Marc, NEMOZ Sophie, ARDENNE Paul, Dernières nouvelles : architecture et habitat étudiant en Europe, Barcelone, AAM Éditions, 2008, 311 p - LAPIERRE Eric. Dir., 18 m2 Habitat étudiant, projets d’avenir, Paris, Éditions Pavillon de l’arsenal, 2013, 408 p ACTES DE COLLOQUES - Cité Internationale Universitaire de Paris, Habitat étudiant : un écosystème à inventer, Paris, Éditions L’Oeil d’Or, 2012, 110 p - LAURENCIN Magali. Dir., POUYET Bernard. Dir., L’université et la ville : Colloque de Genoble, 31mai -1er juin 1990, Paris, Éditions Plan Urbain, 1991, 250 p RAPPORTS ET BILAN DE RECHERCHES 184

- ANCIAUX J.-P., Rapport sur le logement étudiant, remis au Premier Ministre en janvier 2004 - BELGHITH Feres, VERLEY Elise, VOURC’H Ronan, ZILLONIZ Sandra, La vie étudiante, repères, OVE, édition 2011, 24 p - BELGHITH Feres, BRUYAND Lorraine, FERRO Mathilde, LE CORGNE Simon, VERLEY Elise, WALDVOGEL Carole, La vie étudiante, repères, OVE, édition 2013, 24 p - QUEFFELEC Christian, Le logement étudiant, regards critiques et visions d’avenir, Conseil général des ponts et chaussées, septembre 2007, 141 p - PUCA, mars 2007, synthèse contributive à la consultation de recherche «En-quête du logement étudiant - Logement & condition étudiante en France et dans l’Union Européenne» - PUCA, septembre 2007, bilan de la consultation, «Logement et condition étudiante en France et dans l’Union Européenne»


- Rapport annuel 2003-2004, « Stratégies de développement de la mobilité internationale des étudiants et attractivité de l’enseignement supérieur français », Paris, La Documentation Française, 2004 ARTICLES DE PERIODIQUES - AMC, n° 204, mars 2011, p. 32-33, «Logement jeune : de nouvelles formes d’habiter» par Fanny Lopez Canal architecture - AMC, n° 209, octobre 2011, p. 88-89, 98-99, «Dossier Logement étudiant» - CREE - Architecture intérieure, n° 364, décembre 2013, «Le logement pour étudiants, cet inconnu...» par Catherine Sabbah - D’a, n° 199, avril 2011, p. 34-47, «Le logement étudiant au XXIème siècle. Logement ou produit ? Une étude de l’atelier Canal» PAGES WEB - CANO Amélie, Etudiants en boîte, Youpress.fr (en ligne), disponible sur : http: //youpress.fr/2011/09/etudiants-en-boite/ (consultation Mars 2014) - Centre d’observation de la société, L’état du handicap en France, Observationsociete.fr (en ligne), disponible sur : http://www. observationsociete.fr/l’état-du-handicap-en-france (consultation Mars 2014)

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REFERENCES

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TABLE DES ILLUSTRATIONS

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Première de couverture : Couloir du premier étage du pavillon Suisse ,Le Corbusier, Cité Internationale Universitaire de Paris, photo personnelle prise le 13/03/2014 à Paris p 9 : schémas personnels p 13 (fig. 1) : image désaturée, prise sur : http://www.pascale-leneouannic.fr/2012/05/pique-nique-citoyen-a-la-residence-jean-zay/ p 17 (fig. 2) : image désaturée, prise sur : photohttp://www.domusweb.it/ en/architecture/2010/06/30/lucien-kroll-utopia-interrupted.html p 18 (partie 1) : photo personnelle p 25 (fig. 3) : image désaturée, prise sur : http://murmitoyen.com/events/ images/thumbs/source2/1329421582.jpg p 27 : schéma personnel p 35 : photo personnelle, prise le 13/03/2014 à Paris p 36 : schémas personnels p 37-38 : photos personnelles, prises le 13/03/2014 à Paris p 41 : photo personnelle, prise le 12/03/2014 à Paris p 42-43 : schémas personnels p 44-46 : schémas et photos personnelles, prises le 12/03/2014 à Paris p 49-52 : schémas et photos personnelles, prises le 13/03/2014 à Paris p 55-58 : schémas et photos personnelles, prises le 06/04/2014 à Grenoble p 61 : image désaturée, prise sur : http://www.hvdn.nl/2111/ projecten/0342wte.htm p 62 : schémas personnels p 63 : image prise sur : https://www.flickr.com/photos/38576997@ N00/2565211261/in/photostream/lightbox/ p 64 : http://www.archello.com/en/project/qubic p 64 : image prise sur : https://www.flickr.com/photos/ kenmccown/4603417788/lightbox/ p 64 : image prise sur : https://www.flickr.com/photos/38576997@ N00/2564998075 p 67 : image désaturée, prise sur : http://architopik.lemoniteur.fr/index.php/ realisation-architecture/campus_des_comtes_de_champagne/1760 p 68-69 : schémas personnels p 70 : images prises sur : http://www.lipsky-rollet.com/projet/index/id/10/ p 72 (partie 2) : photo personnelle p 79 (fig. 4) : photo personnelle, prise le 09/03/2014 à Copenhague p 83 (fig. 5) : image désaturée et retravaillée, prise sur : http://www. cinemapassion.com/jaquettesdvd/L-auberge-espagnole---SLIM.php p 95 (fig. 6) : image désaturée, prise sur : http://www.meretmarine.com/


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REFERENCES

fr/content/conteneurs-le-projet-de-navette-entre-caen-et-le-havre-enbonne-voie p 97 : schémas personnels p 103 : photo personnelle, prise le 09/03/2014 à Copenhague p 104-105 : géométraux et axonométrie recueillis auprès de Lundgaard & Tranberg arkitekter p 105 : schéma personnel p 106-108 : schémas et photos personnelles, prises le 09/03/2014 à Copenhague p 111 : photo personnelle, prise le 09/03/2014 à Copenhague p 112 : géométral pris sur: http://mortenjust.com/huse/show_house. php?id=464 p 112 : géométral recueilli auprès de l’agence AART architects p 113 : axonométrie recueillie auprès de l’agence AART architects p 114 : schémas et photos personnelles, prises le 09/03/2014 à Copenhague p 115 , , : photos personnelles, prises le 09/03/2014 à Copenhague p 115 : image prise sur : http://aart.dk/projects#_node-200 p 117 : photo personnelle, prise le 13/03/2014 à Paris p 118-119 : géométraux pris sur : http://www.archdaily.com/392090/ pink-flamingo-stephane-maupin/ p 120 : images prises sur : http://www.archdaily.com/392090/pinkflamingo-stephane-maupin/ p 121 : image prise sur : http://www.archdaily.com/392090/pinkflamingo-stephane-maupin/ p 121 , , , , : photos personnelles, prises le 13/03/2014 à Paris p 123 : image désaturée, prise sur : http://www.foto.usi.ch/ plogger/?level=picture&id=627 p 124 : géométral pris sur : http://www.swiss-architects.com/fr/ projects/28455_Von_gross_nach_klein_Casa_dell_Accademia p 124 : géométral retravaillé, pris sur : http://www.pinterest.com/ pin/358176976584668685/ p 125 : schéma personnel p 126 : schéma personnel p 126 : image prise sur : http://lavagemdotrem.blogspot.fr/2010/10/ svizzera-2-olgiati-special-one.html p 126 : http://www.theguardian.com/artanddesign/architecturedesign-blog/2013/sep/02/worlds-best-student-housing-top-10architecture p 127 : images prises sur : http://sotree.wordpress.com/2012/02/07/搬家/ p 129 : image désaturée, prise sur : http://afasiaarq.blogspot. com/2012/07/bevk-perovic-arhitekti.html p 130 : géométral pris sur : http://afasiaarq.blogspot.com/2012/07/


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ENTRETIENS - Avec Mr Clément Vuillez, Architecte, chef de projet au sein de CANAL Architecture (Paris), le 13/03/2014 à Paris, durée : 30 minutes - Avec Mme Sophie Vaillant et Mr Jérémie Teyssier, membres du service patrimoine du CROUS de Grenoble, le 31/03/2014 à Grenoble, durée : 40 minutes

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REFERENCES

p 150 : image prise sur : http://architopik.lemoniteur.fr/index.php/ realisation-architecture/residence_pour_etudiants/5237 p 151 : images prises sur : http://architopik.lemoniteur.fr/index.php/ realisation-architecture/residence_pour_etudiants/5237 p 152 (partie 3) : photo personnelle p 157 : schémas personnels p 159 (fig. 7) : photo personnelle prise le 25/10/2013 aux Grands Ateliers de l’Isle-d’Abeau, Villefontaine p 162 : schéma de l’agence CANAL Archiecture, pris sur : CANAL Architecture, Le logement «jeune» n’est-il qu’un produit ? (étude ALJT Osica), Paris, Édition Canal, 2011, p 33 p 167 : image désaturée, recueillie auprès de l’agence Tengbom architects p 168-169 : schémas recueillis auprès de l’agence Tengbom architects p 170-171 : images recueillies auprès de l’agence Tengbom architects p 173 : image désaturée, prise sur : http://commons.wikimedia.org/wiki/ File:Micro_Compact_Home_-_Interiour_View_02.jpg p 174 : géométraux pris sur : http://www.architectureweek.com/2006/1115/ building_3-3.html p 175 : image prise sur : http://ideasgn.com/architecture/micro-compacthome/ p 176 , : images prises sur : http://ideasgn.com/architecture/microcompact-home/ p 176 : http://thisisnthappiness.com/post/25812297256/knock-loud-imhome p 177 : image prise sur : http://www.world-architects.com/en/ projects/27577_micro_compact_home_Siedlung_Muenchen p 177 : image prise sur : http://ideasgn.com/architecture/micro-compacthome/ p 181 : schéma personnel Dernière de couverture : Façade du projet danois Tietgen Kollegiet, Lundgaard & Tranberg, Copenhague, photo personnelle prise le 09/03/2014 à Copenhague


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Imprimé à Grenoble le 03/05/2014




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