SALINS
VILLENEUVE LÈS MAGUELONE Art et Architecture
SOMMAIRE Chapitre I Paysage Chapitre II Intention
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Fantôme
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Illusion
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Abri
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Chapitre III Proposition
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Au-dessus de l’eau
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Vue à l’horizon
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Place vegetale
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Scène
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Limite souple entre deux bordes
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Abri
59
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Chapitre I
PAYSAGE
Dès le moment quand j’ai pris ce longue parcours pour observer le paysage des salines, j’ai immédiatement ressenti une certaine sérénité. Libérée d’obligeance de choisir la direction, j’ai commencé ce trajet meditative parmi le surface d’eau ou je pouvais seulement marcher droit ou revenir sur mes pas. Contrairement a n’importe quel sentier dans le foret ou dans le champ ou en le suivant on doit toujours rester sur son garde, sur ce cordon de la terre entourée par l’eau salé, je me sentais complètement protégée. Cet eau n’est pas violente, elle était modéré par l’homme. Ce paysage anthropique se changeait lentement. Mes pas ont bercé le rythme. Sans aucune possibilité de me perdre dans le terrain je pouvais facilement me perdre dans mes penses. Les différentes cours d’eau me dirigeaient en avant, les lignes parallels et monotones des canals et des buissons. A gauche le torrent clair et vivant m’a donné une sensation du mouvement. Mes au fur et au mesure que mes pensais m’entrainaient au loin, l’eau dans ce canal s’est envasé, elle est devenu presque stagnant, calme. Peut-on y retrouver le paix d’Ophélie flottant sur l’onde, paisible, semblant plus endormie que morte? L’image de Justine dans ca robe de mariage fait par Lars von Trier subitement est venu dans ma tête. Je me suis trouvé envahie par un coup de mélancolie inattendue. A droite l’eau dans le canal étroit était sombre, les reflections des buissons l’a donné couleur de la rouille, de l’ocre foncé. Mais juste après - l’eau vaste et profonde, qui reflet le bleu du ciel, qui héberge les oiseaux, - le vrai source de la vie, de la propreté, de la fraicheur. Dans ce parcours hypnotique linéaire cette kaleidoscope des différentes types d’eau m’a fait rêver. J’étais plongé dans la méditation en suivant le seul chemin possible. Le caractère de paysage est changé quand les lignes de l’eau m’ont amené a la plage. Ils se sont tournées à 90 degrees et devenues perpendiculaires a mon regarde. D’abord il y avait la ligne de la mousse tendre qui m’a rendu presque insonore en marchant sur elle. Apres j’étais étonnée par le son croustillant avec chaque pas sur les coquillages semés partout. Une ligne du sable. Une ligne des vague afflues. Et finalement une ligne d’horizon souple qui t’empêche de croire que tu est au bord de la mere. J’étais arrêtée et en observant le surface d’étang j’avais une rêve d’un paysage maritime réversible, dans lequel le ciel pourrait être pris pour l’eau et l’eau pour le ciel.
Francisco Infante-Arana
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Mon état méditatif provoqué par ce paysage m’a fait penser de la troisième chapitre du livre Ulysse de James Joyce ou Dedalus se promène sur la plage de Sandymount Strand. Dans ce chapitre nous suivons les reflexions de Dedalus sur des sujets très divers. Ses pensées vont et viennent au rythme des vagues. Voici quelques extraits avec ce courant de conscience provoqué par la nature maritime.
Inéluctable modalité du visible : tout au moins cela, sinon plus, qui est pensé à travers mes yeux. Signatures de tout ce que je suis appelé à lire ici, frai et varech qu’apporte la vague, la marée qui monte, ce soulier rouilleux. Vert- pituite, bleu-argent, rouille: signes colorés. Limites du diaphane. <...> Fermons les yeux pour voir. Stephen ferma les yeux pour écouter ses chaussures broyer bruyamment goémon et coquilles. Il n’y a pas à dire, tu marches bien à travers. Oui, une enjambée à la fois. Très court espace de temps à travers de très courts temps d’espace. Cinq, six : le nacheiander. Exactement, et voilà l’inéluctable modalité de l’ouïe. Ouvre les yeux. <...> Ça sonne plein : la frappe du maillet de Los Demiurgos. Suis-je en route pour l’éternité sur cette grève de Sandymount? Cric, crac, cron, cron Monnaies de la mer sauvage. Dans deux jours après cette promenade je me suis tombée malade. La combinaison de la fièvre et des cinq jours sans nourriture a effacé complètement les limites entre la veille et le sommeil pour moi. J’étais dans cet état hypnagogique quand les rêves de paysage des saline sont venus dans ma tete. J’ai écouté mon haleine profonde et sous mes yeux l’image des vagues est apparu. Les vaques amenés par le vent vers le rivage semé des coquillages. Avec chaque inspiration je rêvais des vagues affluées et avec chaque expiration je les ai vue refluées. J’ai entendu comment la liquide coulait dans mes vaisseaux et j’ai vu les torrents d’eaux à droite et à gauche. Mon coeur était sur le point d’éclatée que m’empêchait à dormir normalement, mais c’etait ce que m’a donné cette hallucination où je marchais dans le rythme de cette pulsation vitale dans ma poitrine. A travers de mon sommeil je sentais la connection forte avec mon corps et le paysage.
Narcisse, Le Caravage Leviathan, Andrey Zvyagintsev
OphĂŠlie, John Everett Millais
From Ophelia to Medusa, Marlene Dumas
Tour Ma
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Après la pluie, Arkhip Kouïndji
artello
Melancholia, Lars von Trier
Le Cauchemar, Johann Heinrich Füssli
Promenade Ă cheval
Le SIEL
in
m 17
in
4m
La station de pompage et le transformateur
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Située au cœur du site Natura 2000 des étangs Palavasiens, labellisée d’importance internationale au titre de la convention de Ramsar, cette zone humide remplit de multiples fonctions : zone d’expansion des crues, épuration naturelle des eaux, réservoir de biodiversité. Sur les abords des lagunes, les salicornes, soudes et obiones forment des « sansouïres » ou « sousouïres » en occitan qui, à la fin de l’été, se parent d’une belle couleur rouge. On peut y rencontrer des sternes, des goélands, des aigrettes garzettes, des flamants roses et des échassiers. C’est un espace naturel, vivant, mais fragile. Au XVIe siecle, une seule lagune s’etend depuis Agde jusqu’a l’embouchure du Rhône, c’est-a-dire les étangs palavasiens ne constituaient en fait qu’une seule étendue d’eau appelée « l’Estang «. Au XVIIe siecle, sous l’effet des elements naturels, les baies se sont fermées, voire comblees, a l’ouest d’Agde, et des étangs ou marais se sont crees. Malgré le fait que sur les étangs de l’Hérault, la perte de surface en eau des cinquante dernières années a été équivalente à celle des deux siècles, il existe aujourd’hui un grand risque d’inondation de l’ensemble du territoire en raison du réchauffement climatique et de la montée des niveaux d’eau. Cet avenir est plus que réel. Après 10 ans, nous pouvons perdre ce paysage pour toujours. Mais même aujourd’hui, lors des inondations périodiques, presque tout le territoire des Salins est inondé. Seule une petite parcelle de terrain reste au-dessus de l’eau à la lisière du territoire, où l’accès par l’est est toujours préservé.
salicorne
aigrette garzette zone inondée
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Chapitre II
INTENTION
Ce long parcours monotone et méditatif avant amener un voyageur a la plage se ramifie dans trois pistes. L’une mène à droit, en proposent de continuer le promenade entre deux l’eaux, L’autre, au milieu, marche vers la plage couverte par les coquillages et la troisième se tourne a gauche vers une ancienne station de pompage. Et si on tourne a gauche, si notre regard fait son choix vers l’architecture, ça signifie qu’on cherche abri, pour ce poser dans la protection, prendre une pause pour se ressourcer. Ce la ou j’ai choisit l’endroit de l’intervention, dans le fin morceaux de la terre entre l’étang de Vallat de laBouffie et l’étang de Vic, juste après la station de pompage. D’un coté accessible a pieds, de l’autre - en voiture, cet endroit me parait idéal pour y s’installer et réunir toutes les pensés évoquées par le chemin de salins. Mais comment le voyager va découvrir cet installation? D’abord il voit rien, mais sur un point final du chemin, au carefour, les arbres ne cachent plus la vue. L’architecture fantôme maintenant regarde dans nos yeux. Un phénomène vague, soit une forme naturelle, soit un artefact, scintille au loin, faisant écho au dualisme du lieu - son anthropogénicité complète et son naturalité apparente. Il nous fait rêver de traces d’activité humaine, des objets qui servaient jadis certains objectifs, mais qui sont devenus partie intégrante du paysage et s’y sont enracinés. On avance, et en changeant les points de vue on aperçoit les éléments qui en se tournant, forment les surfaces verticales, qui superposent l’un autre. C’est nest qu’illusion qui révèle une curieusoté. Finalement, on se trouve a l’intérieur du projet, au cœur du l’abri. Ici il ny a pas de bruit, les cheveux ne peuvent pas y accéder. Voici la place de l’homme, l’espace de son isolement et de sa réflexion, et en même temps, l’interaction sociale, l’échange d’idées. C’est plus d’espace que de forme. Ses frontières sont définies par le paysage naturel plus que par des murs vierges.
FANTÔME
ILLUSION
ABRI
Crystal Palace Alexander Brodsky, Ilya Utkin
Stalâ&#x20AC;&#x2122; Nestoyachaya FASt
ARKA BERNASKONI
Trait pour trait 1993, Elisabeth Ballet
SARAY MEGANOM Project
Eduardo Tresoldi
Serpentine Pavilion 2018 Frida Escobedo
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Qu’est ce qu’incarne l’architecture fantôme? La sructure illusoire, que l’on considère de loin. Avec un but peu clair, avec une forme floue, évoquant des sentiments, porteur d’une signification symbolique. Dans un tel paysage naturel, l’architecture fantôme doit être complètement perméable à la vue et au paysage, tout en incarnant elle-même la formalité, la concision, la rationalité, en soulignant la nature anthropique du lieu. La première référence qui est venue dans ma tête était le projet d’Aleksander Brodsky et d’Ilya Utkin, le Palais de Cristal. Situés sur une île, la succession des surfaces transparentes forment une image de palais fantôme dès le centre-ville éloigné. La transparence du verre efface les frontières entre l’espace et la forme, réfractant la lumière comme un mirage, un phénomène optique dû à la déviation des faisceaux lumineux par des superpositions de couches d’air de températures différentes. Mais la perméabilité n’est pas seulement la transparence, mais aussi la porosité dans un seul matériel opaque, comme c’était fait dans l’installation de Elisabeth Ballet, Trait pour trait 1993. Posée dans le milieu naturel la forme cylindrique faite avec les barres de fer comme une cage pour les oiseaux d’un côté forme un espace intérieur et de l’autre - filtre la vue, en permettant à la nature de passer à travers. Le même principe on peut observer dans les projets fameux d’Eduardo Tresoldi.
The Reformed Reality Francisco Infante-Arana
Lucid Stead Phillip K Smith III
Desert X Doug Aitken
A Momentâ&#x20AC;&#x2122;s Reflection Cody William Smith
Open Fields Guillaume Amat
Incomplete open cubes Sol Lewitt
Cercles concentriques excentriques Felice Varini
Relativity lattice Moris Esher
House Sarah FitzSimons
STENA SARAYA SANA BORIEVA
Richard Serra
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Qu’est ce qu’incarne l’architecture d’illusion?
Si l’architecture fantôme est perméable, alors l’illusion doit se réfracter. L’utilisation de surfaces en miroir est très courante dans les œuvres d’artistes et d’architectes, pour masquer la forme et la création d’espaces inexistants, qui ne peuvent pas être saisis, mais dans lesquels vous pouvez vous imaginer. Cependant, une illusion est également une forme qui apparaît sous un certain angle pour le spectateur. Bitin rem reria nem. Giam reius dus ad mo conseditat fugit, si reris magnihicia volorem denis volorecab intur repudit, cum quatiae inciendae. Nam voluptatia idemporibus, sandit officte caescia nisquam, cum re ni doloreperem aut ut volores ciatist, velendaepero millit et vent. Da et volupta nonsequ ianimaximent ex el ium asperferspis seque con nonse quam del il minum quam ad mo corendu ntissi sitate sitiae dem dunt rernate si solorit atempor ibeario dusandam aut eos aut qui occusaperspe id quid mod quam fugitat. Ex ea conecto volupta dolore et velique sin es estio quidus arum intor remoloremque assit fuga. Nam, in estium harum labo. Itatibero diorit evelest, in cum voluptat ra dolorro et entur? Sernat as es doloreium harum soloremporat ut exerum ut excerit eium aut odisqui siminti scipis ute nonsed quos idisim amenia doluptam quo tem eum eostrum doluptatqui coratur solorro enihit ullam sin consequo bea qui blaciditi nulpa cuptateniate quam quibus, ab iduciis ide cor am aliquae officiur, sa con re nobis maximo omnis derrore lant, quibus dolut qui to molora sitempo rrovide rferumque es ped qui delic tem qui doluptatius utem quam essimil ex eos essimil illaut labo. Nam vitat et ommolestiae ommoluptam fugiam, voles moluptas etur restia volutes at. Name quam quia si id utem volorro dolor remporepe recta volenem eum quis siti dis simolor eperibus doluptat. Siment, ut aut eat lit omnihit, tem volo escipic idelles erionse nduciae. Itatur? Oditio bere num lame iure pellati usanis ex ellest exerfereic tem eate sandi dent molenis aut rest hillatibusda veles iduci quiae pario idesecus que aci se volendist oditate vellatas doluptiassim ex est untincimus peribuscim
Boris Groys
Walter Benjamin
Heidegger
Musee Branly
Crystal Palace
Parfenon
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Qu’est ce qu’incarne l’architecture-abri? À première vue, la création d’une architecture en tant qu’abri est une tâche simple. Cependant, dans le contexte d’une saline, le paysage nécessite plus d’espace que de forme, quelque chose de délicat et d’immersif. La complexité de la conception de l’espace a longtemps été discutée par les philosophes et les critiques de l’architecture. Comment concevoir un espace public qui est vide, anti-architecture, alors que la forme elle-même, la corporéité de l’architecture, doit être la moins possible? L’espace surtout public, car nous ne nous intéressons pas au vide en tant que tel, mais à la capacité de l’espace à influencer et à interagir avec une personne. Boris Groys, dans son livre Public Space, From Void to Paradox, discute de la construction d’un tel espace comme suit. Si nous décrivons l’espace comme quelque chose qui existait déjà avant la privatisation, on ne sait pas comment un tel espace peut constituer la vie sociale. L’espace ne devient pas public uniquement du fait qu’une foule y est placée. La foule de la société ne crée pas, où chacun de ses éléments estime que moins il y a de monde dans cet espace, moins il y a d’interférence avec sa libre circulation. En conséquence, la nécessité de «concevoir» l’espace public est une question pertinente. Dans son livre, le philosophe, à titre d’exemple de création d’espace public, donne des exemples d’utilisation de la transparence des matériaux pour concevoir le vide, le vide. Il s’agit d’un projet du Musée Branly de Jean Nouvel. Son mur transparent séparant la cour de la rue de la ville a été conçu par l’architecte non pas par hasard, mais spécifiquement pour créer un vide dans lequel la société pourrait se constituer consciemment. L’auteur en parle dans son rapport lors d’une conférence sur le projet de musée. Comme nous le savons, l’un des premiers exemples de telles structures a été le soi-disant Crystal Palace, construit par Joseph Paxton en 1851 pour l’Exposition universelle de Londres. L’espace public utopique a pu constituer la société - lors des réunions tenues lors de la deuxième exposition de Londres en 1862, la Première Internationale a été créée. Walter Benjamin dans son travail Passages a déclaré qu’il existe un lien entre l’architecture des espaces d’exposition et le concept de publicité, en utilisant juste cet exemple. L’espace public de Benjamin est un espace d’exposition, un espace d’exposition. Le Crystal Palace transparent a exposé à la fois l’intégrité de l’espace d’exposition (en regardant de la rue) et l’intégrité du monde extérieur (en regardant le monde de l’intérieur du palais) Et tous les blogueurs ont la possibilité de regarder à travers les murs! Dans l’espace public, le sujet est obligé de s’exposer - l’obligation de devenir ouvert, authentique et même transparent aux yeux des autres. Heidegger parle également de la même tâche que l’architecte dans son essai «La source de la création artistique», de la nécessité de créer un vide (Riss) dans la texture du monde, qui permettra de le voir entier et découvert. Comme exemple de l’architecture qui remplit ce rôle, il cite un ancien temple grec avec des colonnes décrites avec un espace ouvert pour l’accès. Un espace dans lequel le public pourrait se constituer. «Debout à sa place, le temple donne pour la première fois son apparence et pour la première fois, les gens se regardent.» Tous ces exemples montrent une tentative de création d’espace avec une utilisation minimale du corps du bâtiment. C’est précisément cette tâche que je me suis fixée lors de la conception d’un objet pour les salines.
FRANCISCO INFANTE-ARANA
PIQUES
LIDO
CANALS
BIO DIVERSITÉ
MIROIR LINÉARITÉ
ALEXANDER BRODSKY
TRANS PARENCE
SOUPLESSE
ANTHROPO GÉNICITÉ
ILLUSION
NATURE DUALITÉ PARCOURS MÉDITATION TRANQUILLITÉ
ISOLATION
FANTÔME
ABRI
POROSITÉ
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VER
BOIS
COLONNES
MUSEE BRANLY
TWIN PEAKS
FORÃ&#x160;T
CRYSTAL PALACE
BERNASKONI
SALLE HYPOSTYLE
RICHARD SERRA
SURFACES
POINT DE VUE
ESPACE PUBLIQUE
SARAH FITZ SIMONS
BORIS GROYS WALTER BENJAMIN
FILET
TEMPLE GREC
EDUARDO TRESOLDI
HEIDEGGER ELISABETH BALLET
MIES VAN DER ROHE
Untitled, Jan Imberi
Mies van der Rohe
Twin Peaks
Salle hypostyle, Karnak
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Chapitre III
PROPOSITION Dans le désir de réaliser ces trois incarnations de l’objet, il était important pour moi de rester dans le contexte du paysage, dans sa linéarité (horizon + canaux) et sa matériellité. Il était important de répondre au dualisme du site (naturel et artificiel), à l’équilibre instable de l’écosystème. Alors, comme matériau, j’ai choisi du bois. Le verre ou le miroir me semblait industriel et arraché à l’endroit. Le bois, qui est omniprésent dans les salins de Villeneuve-lès-Maguelone, est subit de l’environnement rigoureux, il peut changer sa couleur et sa forme. Cela incarne la souplesse de l’endroit naturel. Les bâtons des clôtures, les piquets émergés dans l’eau, les chemins protégeants de l’inondation, les enceintes. Ils font le rythme avec ses lignes verticales. Pour assurer la perméabilité de la structure, j’ai décidé d’utiliser des poteaux en bois, dont l’agencement séquentiel permettrait de délimiter l’espace sans le séparer du paysage, comme c’est le cas dans un ancien temple grec. Dans un sens, les piliers sont toujours situés à distance pour que de loins les gens observent un fantôme d’une série de troncs d’arbres nus. Dans l’autre sens, les colonnes peuvent constituer des murs opaques, adjacents les uns aux autres. Comme la sculpture de Richard Serrs, où un mur massif s’est réduit à une fine bande verticale lors du changement de point de vue. Ainsi, de loin, on voit une allusion aux forets mystérieux, où la réalité subit de la mutation entre les troncs de leurs arbres, où on peut facilement se perdre comme dans la salle hypostyle ou tomber dans la Loge Noire si on a eu la malchance aux alentours de pics jumeaux. La structure scintille dans les rayons qui la traversent, incarnant un écosystème naturel instable, prêt à tout moment à disparaître irrévocablement. Plus on se rapproche de l’objet, moins il est du naturel et plus de l’artificiel. Les piliers ont commencé à former les surfaces sous notre regard. On voit le coin de deux murs assemblés et on imagine l’architecture qui n’existe pas en réalité. Les écarts entre les poteaux s’allongent et se rétrécissent et on ne sent plus les limites des surfaces. Et enfin, étant à l’intérieur, nous pouvons trouver un espace d’isolement dans un abri pour consolider nos pensées, ou les partager dans l’espace ouvert de la communication sociale. Les surfaces du bois ne forment pas les espaces clos, mais constituent leur rupture. Les murs s’éloignent de l’autre et infiltrent dans le paysage. La nature devient la partie de l’architecture, c’est les surfaces d’eau, les arbustes, le ciel qui limite les espaces.
GÉOTEXTILE
PIERRE CONCASSÉE
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STRUCTURE ET MATERIEL Les piliers sont des pieux cylindriques de sis mètres, 30 cm de diamètre, qui vont sous terre par deux mètre. Pour assurer une fixation rigide des piliers dans le sol et leur parallélisme, la structure est reliée à une profondeur de 50 centimètres avec une poutre composite 20 * 20. Pour assurer la durabilité de la structure en bois, j’ai choisi le mélèze. La fondation en mélèze est capable de résister à n’importe quelle charge et possède une résistance bactérienne remarquable. De plus, la fibre de ce type de bois contient de nombreuses résines essentielles, qui sont en elles-mêmes des conservateurs naturels. Lors de l’installation des poteaux les uns à côté des autres afin qu’ils forment des murs, il ne devrait pas y avoir de problèmes, car les pieux en bois sont également largement utilisés pour renforcer les rives, étroitement adjacentes. Le bois de mélèze a une densité élevée, ce qui rend son traitement difficile et long. Par conséquent, afin de protéger l’arbre de la pourriture, j’ai décidé d’utiliser l’ancienne méthode de transformation du bois - la carbonisation. Le bois brûlé est une technique japonaise ancestrale, qui servait à l’époque de bardage. En Russie, cette technique était également largement utilisée pour le traitement des pieux en bois. Elle consiste à brûler profondément (20 mm) la surface d’une planche pour obtenir une couche de carbone superficielle. La carbonisation du bois entraîne une durabilité accrue, et une résistance également accrue aux champignons et aux parasites. La partie de la pile qui touche directement le sol et qui est soumise à un contact périodique avec l’eau (20 sm de la surface de terre) reste complètement carbonisée. La partie extérieure de la colonne est brossée, montrant la texture naturelle de l’arbre et sa couleur. Le bois est subit de l’environnement rigoureux, il peut changer sa couleur et sa forme. Le bois de mélèze jaune clair deviendra gris avec le temps. Cela incarne la souplesse de l’endroit nature.
abri
limite souple entre deux bordes
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De loin, un objet est une séquence de colonnes. Tous les surfaces sont réduits en ligne.
vue à l’horizon
scène
place vegetale
au-dessus de l’eau
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AU-DESSUS DE L’EAU La plate-forme de la jetée étendue vers l’étang vous permet d’être au-dessus de la surface de l’eau. Deux surfaces dirigent le regard sur les salines, créant une zone intime entre des pieux de bois et des fourrés de salicorne. Une fois au-dessus de l’eau, nous nous retrouvons simultanément au centre de la vie aquatique du paysage, parmi les oiseaux qui habitent le territoire. Nous nous trouvons parmi les choses que nous ne pouvions regarder que de côté tout le long. Nous obtenons un nouveau point de vue - du côté de l’objet d’observation.
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VUE À L’HORIZON Une plate-forme allongée est parallèle au rivage. Son mur opaque vous fait vous arrêter et vous asseoir sur la plage. C’est le point de contemplation de l’horizon - une fine ligne de lido, rappelant que ce n’est pas encore la mer. Elle est situé plus loin, derrière une bande de terre à peine perceptible. Les vagues de sel approchant du rivage sont les eaux de l’Étang de Vic. C’est un lieu de repos avant un long retour.
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PLACE VEGETALE Le paysage naturel est capturé dans un rectangle. Les catégories «intérieur» et «extérieur» apparaissent immédiatement, bien que les limites de l’espace ne soient marquées que par quelques colonnes. Le lien avec la nature demeure. La nuit, le brouillard obscurcit le chemin du retour. Un paysage devient un lieu sacré, la zone du sacrement. Il est séparé de la nature et simultanément connecté avec elle. C’est un espace où le vide est plus important que le corps de l’architecture, sa matière. Vous n’êtes pas protégé par des murs, mais vous êtes clairement dans un endroit désigné pour un événement. Comme à minuit, quand il n’y a pas d’âme, les portes de la loge noire s’ouvrent ici. L’après-midi, des groupes d’amis se réunissent ici, célèbrent des mariages et pique-niquent. C’est une place pour passer du temps ensemble.
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SCÈNE Deux murs opaques, constitués de piliers cylindriques en bois qui se tiennent fermement l’un à l’autre, bloquent la vue sur la route du retour et la voie à suivre. Nous nous arrêtons. Il y a deux eaux de chaque côté de nous: la grande eau du lac, faisant semblant d’être la mer, et la petite eau de l’étang dans les fourrés de buissons de salicornes. Une plate-forme est construite entre ces murs, rompant le lien avec la terre. L’atmosphère change avec la nature. Le matin, il n’y a personne en place. Nous nous asseyons sur un bois chaud et oublions ce qui nous a amenés ici et ce qui nous attend dans le futur. Le léger bruit d’une eau calme, brillant au soleil, seul témoin de notre isolement, emporte nos pensées hors des limites de la vie quotidienne. Le soleil se couche à l’horizon, les lumières s’allument et les gens arrivent. Le bruit des vagues est devenu presque intrusif, mais il crée la bonne atmosphère. «Breaking the Waves» sera regardé ici. Ce soir, la scène en bois devient un radeau coupé du monde extérieur.
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LIMITE SOUPLE ENTRE DEUX BORDES Une ligne subtile s’étend entre les deux rives - une ligne entre les salines et l’étang. Des images se déplacent derrière elle, apparaissent et puis disparaissent derrière les piliers en bois. Ce scintillement d’images crée une illusion. Lorsque cet endroit est inondé, seuls les bateaux passeront entre ces colonnes
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ABRI Dans la partie la plus reculée du territoire se trouve une petite maison. Son escalier mène à une terrasse, vous permettant de voir le paysage d’une nouvelle hauteur. C’est le seul endroit protégé des rayons brûlants du soleil et des précipitations sur le toit. A travers les fenêtres traversantes, l’horizon est visible, tout en gardant un lien avec la nature. Pendant les événements, un point de vente de café et un lieu de diffusion de matériel d’information peuvent être situés à l’intérieur de ses murs. De petites conférences et réunions peuvent y avoir lieu. Les tables sont situées sur la terrasse adjacente au bâtiment. Ensuite, le bâtiment peut fonctionner comme un café d’été.
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BARYSHEVA Valeriya