° N4 Av r i l 2 0 1 2
| ÉLECTRONIQUE | MESURE VISION | PHOTONIQUE | RF HYPER | Dossier
smart textiles partout, pour tous Les
et maintenant !
Tendances et marché
L'industrie électrique, électronique et l’électroménager en Tunisie
Tendances et marché
Techno
La thermographie Infrarouge se met au sport
Vie des entreprises
Emploi cadre en 2012 : la Recherche & Développement tire son épingle du jeu !
Industrie électronique 2010-2015 : Nouvelles opportunités dans un monde qui change
3 Édito
L’Innovation, plus qu’une stratégie, un état d’esprit pour notre industrie onquérir de nouveaux marchés afin de progresser : tel pourrait être le leitmotiv de ceux d’entre vous que nous accompagnerons, au mois de juin, pour la 1ére édition d’ENOVA Tunisie, qui se tiendra dans le cadre de Tunis MedIndustrie.
C
Les premières conclusions de l’étude du Cabinet Décision sur les nouvelles opportunités mondiales pour l’industrie électronique 2010-2015 vous seront divulguées en page 8. Fibre optique avec ou sans fil, réseaux FFTH/FTTB, smart textiles, thermographie infrarouge ou encore protonthérapie, autant de technologies et d’applications que vous allez découvrir au fil de votre lecture. Autre sujet toujours d’actualité : l’emploi. Il tient également une large place dans ce numéro, avec la présentation de métiers de demain et de ceux qui tireront leur épingle du jeu en 2012 ! Enfin, le moteur du secteur est et restera toujours l’Innovation. Nous vous présentons ici des projets innovants issus des programmes Cap’tronic de Jessica France et TechnoMarket ® initié par Bretagne Valorisation ®. Ce numéro vous présente l’évolution de votre industrie au travers notamment de l’actualité des syndicats professionnels et des dernières nouveautés des industriels. Nous vous souhaitons une bonne lecture ! Thierry GUERMONPREZ, Directeur de la publication
Sommaire Tendances et marché
P. 4
• L'industrie électrique, électronique et l’électroménager en Tunisie • Où en sont les déploiements des FTTH et FTTB ? • Réinventer notre industrie : Le rôle essentiel des achats • Industrie électronique 2010-2015 : Nouvelles opportunités dans un monde qui change
Techno
P. 14
• Les smart textiles partout, pour tous et maintenant ! • Réseau sans fils équipé de capteurs de différentes natures autonome en énergie
Dossiers
P. 18
• La thermographie Infrarouge se met au sport • La protonthérapie : une œuvre de précision contre le cancer • Zoom sur 3 métiers de demain • Emploi cadre en 2012 : La Recherche & Développement tire son épingle du jeu !
Vie des entreprises • AIAC • Edmund Optics ® • JD Photo • Quality Source • TH industrie
P. 26
Avis d'experts
P. 28
• La fibre optique dans tous ses états !
Innovation
P. 30
• Appel à projets Nanoélectronique : « Tours 2015 » : 103 millions d'euros pour développer des produits économes en énergie • Procédé Magsalia : rendre transparente la matière • Le programme CAP’TRONIC : un outil efficace de diffusion de l’électronique et des logiciels embarqués au service des PME
Vie de la profession
P. 33
• AFELIM, Bilan de la journée Circuits imprimés • Club optique, Réseaux en fibres optiques : réflectométrie et photométrie • CFM, Les J’M : rencontre de 2 jours orientés « pratique de la mesure » • GFIE, Indice GFIE janvier 2012 • OPTICSVALLEY, Lauréats 2012 du Prix Fibre de l’Innovation • RMVO, 10ème Anniversaire en septembre • SFP, Nouvelle génération de transistors flexibles à base de graphène • SIMTEC, les journées test & mesure 2012 • SPDEI Etude "Industrie électronique 2010-2015 : Nouvelles opportunités dans un monde qui change"
N°4 - Avril 2012 - GL events Exhibitions 24, rue Saint Victor - 75005 PARIS - France - Tél. : +33 (0)1 44 31 83 39 - Fax : +33 (0)1 44 31 83 42 - www.enova-event.com Directeur de la publication : Thierry Guermonprez - Communication/Rédaction : Laurène de la Chapelle, Valérie Moullec Houdret - Crédits photos : APFoucha, Fotolia, Draka - Publicité : Laurène de la Chapelle, Laura Alvarez Valls - Annonceurs : ACCELONIX, BRONKHORST, CARREFOUR DE L’ELECTRONIQUE, DEL LA DISTRIBUTION ELECTRONIQUE, ELECTRONIQUE MAG, ENOVATUNISIE, MESUREXPOVISION, OPTO, RENISHAW, RF&HYPER WIRELESS, SOFIDIS, W-TECH - Création : Alain Roudot (etc.) - Impression : NOVOprint - 15 000 exemplaires
le mag I Avril 2012 I www.enova-event.com
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Tendances et marché
L'industrie électrique, électronique et l’électroménager
en Tunisie
L’électrique, l’électronique et l’électroménager en chiffres
Un secteur performant Considérée comme un secteur important de l’économie tunisienne, l’industrie électrique, électronique et de l’électroménager enregistre des performances remarquables, tant sur le marché local, avec un accroissement annuel de 18 % de la valeur ajoutée, qu’au niveau des exportations qui ont progressé de 20 % en moyenne durant les cinq dernières années. La production tunisienne a été multipliée par deux et demi au cours des cinq dernières années atteignant 4 541 millions de dinars tunisiens en 2008. Le secteur emploie environ 13 % de l’ensemble des emplois dans les industries manufacturières. Les investissements dans ce secteur ont progressé avec un taux annuel moyen de 31 % maintenant ainsi une croissance exceptionnelle durant les trois dernières années. La réussite de l’industrie tunisienne de l’électrique, de l’électronique et de l’électroménager est le résultat de la maîtrise du savoir-faire, de la variété des produits, de l’optimisation des coûts de production, d’une bonne capacité d’innovation, de la présence de grands groupes internationaux et de la proximité des marchés européens. le mag I Avril 2012 I www.enova-event.com
• 357 entreprises (10 employés et plus) employant plus de 65 000 personnes. • 62 % d’entre elles sont totalement exportatrices. • 233 entreprises 100 % étrangères ou à participation étrangère employant plus de 50 000 personnes. • 3 900 millions de dinars tunisiens d’exportation et 3 419 millions de dinars d’importation en 2008.
Le développement du secteur électrique, électronique et de l’électroménager en Tunisie s’est articulé sur une double spécialisation : • la réalisation de produits finis, destinés au marché local et africain ; • la réalisation de sous-ensembles ou de composants pour l’exportation vers l’Europe. D’autre part, la maîtrise des technologies CMS permet la réalisation de produits destinés aux grandes et moyennes séries de l’industrie électronique européenne.
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Plusieurs grands groupes de l’industrie électronique ont choisi la Tunisie pour y développer leurs activités : ANJOU ÉLECTRONIQUE, ASTEEL, FITELEC, FUBA PRINTED CIRCUITS, GROUPE ACTIA, GROUPE COFIDUR, ISOPHON VERTRIEB, JOHNSON CONTROLS, KASCHKE, LACROIX ÉLECTRONIQUE, MENTOR, PHILIPS, PHOENIX, SAFRAN, SIEMENS, ST MICROELECTRONICS, THOMSON MULTIMEDIA, WECO WESTER EBBINGHAUS, YAMAICHI ELECTRONICS, ZOLNER...
Une large chaîne de valeurs pour les IME Les industries des secteurs mécanique, électrique et électronique produisent des composants automobiles pour des équipementiers, des pièces pour le secteur aéronautique, l’électroménager et autres destinataires. A l’heure actuelle, l’industrie des IME compte 984 entreprises employant 113 185 personnes pour une production totale évaluée à 7210 MDT dont 555 entreprises étrangères employant 77 300 personnes, le secteur des IME occupe aujourd'hui une position stratégique prioritaire en Tunisie.
Les échanges extérieurs Durant les 8 premiers mois de l’année 2011, les paramètres du secteur des industries mécaniques et électriques « IME » ont affiché une augmentation au niveau des exportations par rapport à la même période de l’année 2010. Cette augmentation est de 19, 9 %. Le secteur des IME est le premier secteur exportateur et participe à hauteur de 36,6 % de l’ensemble des exportations des produits.
Une synergie croissante entre l’industrie et l’ingénierie Parallèlement à l’évolution positive enregistrée au niveau des investissements dans la production des composants électriques
Chambre Nationale des Industries Electroniques
La Tunisie est connue pour ses plages, son désert et ses produits agricoles de qualité. Beaucoup ignorent son potentiel industriel qui s’est forgé, depuis plusieurs décennies, une place prépondérante dans le Produit Intérieur Brut. Le secteur des Industries Electriques, Electroniques et Electroménager (IEEE) a connu les plus fortes progressions durant ces dernières années. Ceci n’est pas le fruit du hasard, mais celui d’un effort continu des institutions tunisiennes (API, FIPA, Cepex, UTICA, FEDELEC.) pour la promotion de ce secteur et des professionnels tunisiens et étrangers qui maintiennent l’investissement. D’autres acquis ont contribué à cette tendance positive : le développement des métiers complémentaires (mécanique, plastique), des activités connexes (services à l’industrie, maintenance, logistique), des infrastructures, du système d’éducation et de la formation. A ce titre, la Chambre Nationale des Industries Electroniques (ELENTICA) s’active pour représenter les professionnels de ce secteur, les rassembler autour de ces thèmes et œuvrer au rayonnement des IEEE à l’international. Le salon ENOVATUNISIE en sera un événement majeur…
et électroniques, la Tunisie se positionne en tant que centre régional d’excellence en matière d’ingénierie industrielle. De nombreuses entreprises internationales possèdent déjà des centres de compétences en Tunisie. C’est l’exemple du groupe ST MICROELECTRONICS qui dispose d’un centre de développement dédié aux semi-conducteurs et des entreprises comme SAGEM, LEONI, SIEMENS, ACTIELEC et YAMAICHI ELECTRONICS qui ont créé des centres de développement dédiés à leurs activités industrielles, employant plusieurs centaines d’ingénieurs et de cadres tunisiens. D’autres entreprises sont en cours d’implantation de centres d’ingénierie en Tunisie en collaboration avec des partenaires suite page 7
le mag I Avril 2012 I www.enova-event.com
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Tendances et marché • Prestations de télécommunications d’électricité et d’eau généralisées sur tout le territoire tunisien. • 13 cyberparcs couvrant diverses spécialités • Une centaine de zones industrielles et 2 parcs d’activités économiques opérationnels. • 9 aéroports et 7 ports maritimes de commerce. • Salaire annuel d’un ingénieur : 11 600 euros. • Salaire annuel d’un technicien : 6 200 euros.
Structures d’appuis au service de l’investisseur
locaux. Tels sont les exemples des sociétés françaises SAFRAN et SOPRA MIDI-PYRÉNÉES qui ont choisi deux sociétés leader en Tunisie à savoir TELNET et MEDSOFT pour développer des projets dans le domaine de l’ingénierie pour le secteur aéronautique.
Atouts concurrentiels du secteur • Disponibilité de ressources humaines très qualifiées et de facteurs de production Compétitifs. • Position géostratégique et infrastructure adaptée. Des liaisons quotidiennes avec Marseille et quai-quotidiennes avec Gène (5 jours par semaine).
• Le Ministère de la planification et de la Coopération Internationale et l’agence FIPA-Tunisia, offrent conseils, appui et encadrement aux investisseurs étrangers. • Le GITAS (Groupement des Industries Tunisiennes Aéronautiques et Spatiales). • Le CEPEX : Centre de Promotion des Exportions. • L’APII : Agence de Promotion de l’Industrie et de l’Innovation. L’industrie des IMEE bénéficie du soutien professionnel de centres techniques spécialisés et de centres de formation du personnel : - Le Centre Technique des Industries Mécaniques et Electrique (CETIME) - Fédération des Industries Electriques et Electroniques (FEDELEC) - Centre Sectoriel de Formation en Electronique DenDen - Centres de formation en mécanique de Borj Cedria - Centre de formation en mécanique générale de Grombalia - Centre sectoriel de formation en construction métallique Menzel Bourguiba - Centres sectoriels des industries électroniques (Omran) Sources : Site web de la FIPA, Site Web de la CETIME, Site web de l’APII
Dans le cadre de
13 au 16
JUIN 2012 Parc des expositions du Kram - Tunis
2ème édition 10 000 visiteurs attendus 350 exposants Produits exposés • COMPOSANTS / PRODUCTION / FABRICATION ELECTRONIQUE / TEST & MESURE • MESURE / INSTRUMENTATION / VISION • OPTIQUE / PHOTONIQUE / LASER • RF HYPER / FIBRE OPTIQUE / WIRELESS
le salon international du partenariat industriel et de l'innovation www.tunis-medindustrie.com
Ils seront présents ACCELONIX, ADDIS COMPOSANTS ELECTRONIQUES, AEROFLEX, ALTRICS, AMTECHDATA, ANTYCIP, ASM, ATD Electronic Tunisia, CHIMIE TECH SERVICES, CIF, CNFM, CONTINENTAL, DAVUM TMC, DEL LA DISTRIBUTION ELECTRONIQUE, ELVIA PCB, EMC PARTNER, EUROPLACER, GLOBE TECHNOLOGIES, HBM, IETR, IFTEC, INVENTEC, IPC, JDSU, JOHNSON CONTROLS, LACROIX ELECTRONICS, LINTECH, MANUDAX, METRONELEC, ONETECH, SAGEMCOM, SCOPIA INSTRUMENTS, SECARTYS (pavillon espagnol), SEICA, SOFIDIS, STMicroelectronics, TTI,WURTH ELEKTRONIK…
Pour plus d’informations : www.enova-event.com le mag I Avril 2012 I www.enova-event.com
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Tendances et marché
Industrie électronique 2010-2015 :
Nouvelles opportunités dans un monde qui change Principales conclusions
Ascension et déclins des empires de l’électronique Un gouffre de production se creuse entre « anciens » et « nouveaux » pays. En 2000, l'Amérique du Nord, l'Europe et le Japon concentraient ensemble plus de 70% de la production mondiale des équipements électroniques. Cette part a constamment diminué depuis alors que la spécialisation de ces pays sur les segments professionnels et de l’embarqué n'a pas réussi à compenser la baisse des productions de grands volumes. En 2015, ces pays historiques de l’industrie électronique ne représenteront plus que 40% de la production mondiale. Dans ce contexte, le Japon connaît la situation la plus critique face à la pression de ses voisins asiatiques sur les marchés de consommation et en raison d’une base industrielle vieillissante nécessitant d'énormes investissements pour rester compétitive.
Vers un tournant dans la stratégie de la Chine, l'émergence de nouveaux empires électroniques La Chine bénéficie le plus de ce transfert entre « anciens » et « nouveaux » pays et sa part de la production mondiale a plus que doublé dans la dernière décennie pour atteindre 33% en 2010. Bien que la Chine continue de croitre plus rapidement que le marché mondial, son développement est en train d'évoluer et se concentre plus que jamais sur la demande interne, la diversification vers les segments professionnels de l’électronique et l’investissement en dehors de Chine. D'autres pays émergents deviennent des cibles pour l'investissement étranger direct, avec des perspectives de croissance à deux chiffres au cours des 10 prochaines années, comme l'Inde, le Brésil ou le Vietnam. On assiste donc à l'émergence d'un nouvel équilibre mondial où les marchés et la production sont plus en rapport avec la population plutôt que de la puissance politique.
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Les économies développées sont à la croisée des chemins et n’ont d’autres choix que d’innover Pour l'Europe, l'Amérique du Nord et le Japon, l'innovation est la seule façon de sortir par le haut et maintenir les leaderships dans l'industrie électronique au risque de subir une mort lente en raison de la pression concurrentielle exercée par les « nouveaux » pays concurrents en Asie. Les Etats-Unis ont maintenu leur capacité à innover dans le secteur des TIC et s’appuie sur cette force pour mettre en œuvre une nouvelle politique industrielle favorisant les investissements productifs en Amérique. L'Europe doit maintenant exploiter sa force de frappe en R&D et l’orienter vers les marchés porteurs afin de traduire l’innovation en véritable produit pouvant être développés et produits en Europe. Ce cercle vertueux de l’innovation productive et la seule voie possible pour conserver en Europe la production et la R&D.
Retour à l’innovation ! La convergence numérique modifie la structure de l'industrie. Le marché des TIC est de retour sur des tendances de forte croissance grâce en particulier au succès des plateformes convergentes comme les smartphones et les tablettes. Les télécoms ont dépassé le traitement des données pour la première fois en 2010 alors que le marché de la télévision est entré dans une phase d’érosion. Des phénomènes de convergence similaire pourraient voir le jour à plus long terme dans les marchés de l’embarqué où l’Europe dispose de leaderships industriels et de l’ensemble de la chaine de valeur et les prémices de ces marchés de demain commencent à apparaître : transport électrique, grille et villes intelligentes, etc.
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DECISION est une entreprise d’études et de conseil indépendante spécialisée dans les secteurs de l’Electronique, l’Electrique/Energie et l’Aéronautique / Défense. Elle réalise tous les ans une étude sur l'électronique dans le monde : "World Electronic Industries 2010-2015 qui vient d'être publiée et dont sont issues les réflexions ci-jointes. www.decision.eu www.decision.eu
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Tendances et marché
Où en sont les déploiements des
FTTH et
FTTB ?
C’est à Munich, mi-février 2012, que le FTTH Council Europe a tenu sa conférence annuelle. À cette occasion, le cabinet d’études Idate a présenté l’évolution des déploiements des réseaux en fibres optiques soit jusqu’à l’habitat (fiber to the home - FTTH) soit jusqu’au bâtiment (fiber to the buiding - FTTB) avec derniers mètres en câble coaxial. Où en est-on ? es plus forts déploiements et, surtout, les plus grands nombres de foyers abonnés à la fibre optique se trouvent toujours dans les pays asiatiques, avec plus de 54 millions d’abonnés, et l’Amérique du Nord qui, après un démarrage assez poussif, a su passer la vitesse supérieure pour atteindre près de 10 millions de foyers abonnés (cf. fig. 1). Voyons plus en détail, pays par pays…
L
Les premiers mondiaux En première place et leader incontesté, en terme de taux de pénétration de la fibre optique dans l’habitat, la Corée du Sud approche les 60 %. Les trois suivants ont des taux supérieurs à 40 %. Ce sont les Émirats arabes unis (56 %), Hong Kong (45 %) et le Japon (42 %). Et c’est Taïwan qui, avec un taux se rapprochant de 30 %, vient compléter le quinté de tête du classement mondial. En termes d’abonnements, la classement est là bien différent puisque la première place revient au Japon, avec 22,2 millions d’abonnés, suivi de la Chine qui compte 16,9 millions d’abonnés et de la Corée du Sud avec 10,4 millions d’abonnés. C’est à la 6e place, avec la Lituanie à 28%, qu’arrive le premier pays européen. Un clin d’œil, la Russie et les États-Unis sont au coude à coude, aux 12e et 13e places, avec un taux aux environs de 8%. Mais, en valeur absolue, la différence est quasiment du simple au double avec 4,5 millions d’abonnés pour la Russie et 9,7 millions pour les États-Unis. Cette course à l’équipement est poussée, entre autres, par l’Organisation des Nations Unies (ONU). En effet, à travers la Commission pour le développement numérique (Broadband Commission for Digital Development), l’ONU a déclaré que chaque pays devrait avoir un plan national pour la transmission à haut débit d’ici à 2015. Cette déclaration s’est appuyée sur deux données : d’une part, Internet doit être considéré comme un besoin et un droit humain et, d’autre part, la transmission à haut débit contribue à la croissance et à la création d’emplois. En parallèle et pour la période allant de 2014 à 2020, la Commission européenne propose d’affecter, pour l’Union européenne, un budget de 9,2 milliards d’euros à la transmission à haut débit et aux services y afférents, dont 7 milliards d’euros le mag I Avril 2012 I www.enova-event.com
Figure 1 - Répartition mondiale des habitations abonnées à la fibre optique.
pour des investissements dans l’infrastructure. En attendant, pour tous les pays européens, malgré toutes les difficultés économiques rencontrées ici et là, on constate une progression régulière tant en nombre de foyers pouvant être desservis qu’en nombre de foyers titulaires d’un abonnement. Ainsi, fin 2011, on comptait dans l’Union européenne élargie près de 28 millions de foyers éligibles à la fibre optique et plus de 5,7 millions d’abonnés à ce service.
Les premiers européens En Europe, où trouvons-nous les abonnés ? En historique, les pays scandinaves avaient démarré très fort dans le déploiement de la fibre optique jusqu’à l’habitat. Désormais, c’est au tour de l’Europe méridionale et orientale d’apporter ce service à leurs habitants. Quant à l’Europe occidentale, elle reste quelque peu à la traîne. Voyons cela à travers des données chiffrées communiquées par l’Idate sur les pays affichant un taux de pénétration des ménages supérieur à 1 %. Aux trois premières places, sont solidement accrochées la Lituanie (taux de pénétration de 28,3 %), suivie de la Norvège (14,7 %) et de la Suède (13,6 %). Puis, l’Europe centrale et orientale est en tir groupé dans ce classement à travers la Bulgarie, la Slovénie, la Lettonie, la Russie et la Slovaquie (cf. fig. 2). À noter que ce classement de l’Idate ne s’intéresse
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Figure 2 - Pays européens ayant au moins 1 % d’habitations abonnées à la fibre optique.
qu’aux nations ayant plus de 200 000 habitations accessibles par la fibre optique ou au moins 1 % d’habitations réellement connectées. Et, chose curieuse, dans les 20 premiers, on ne trouve pas les grands pays que sont l’Allemagne, l’Espagne ou le Royaume-Uni. À titre d’exemple, l’Allemagne ne comptait, fin 2011, que 16 6000 abonnés, ce qui ne représentait que 0,4% des habitations du pays. De gros efforts restent donc à faire et c’est ce qu’a confirmé Hartwig Tauber, directeur général du FTTH Council Europe : « Il est réconfortant de constater que le FTTH continue à progresser malgré l’incertitude économique. Il faudra cependant redoubler d’efforts pour que l’Europe rattrape son retard et atteigne les objectifs fixés dans le Digital Agenda 2020 en matière de haut débit ultrarapide et de connexions supportant la fibre optique ».
Et la France ? La France est largement à la traîne puisque, dans le classement mondial en taux de pénétration de la fibre optique, elle n’est classée qu’à la 26e place, seulement. Dans le classement des nations européennes, ce n’est guère mieux puisque la France occupe la 17e place. Avec un taux d’à peine 2,5 %, elle est talonnée par la Turquie dont le taux a maintenant dépassé celui de l’Italie. Cependant, en valeur absolue, le tableau est légèrement moins morose. En effet, d’après l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP), au 31 décembre 2011, la France comptait 665 000 abonnés au « très haut débit ». Pour l’ARCEP, « très haut débit » ne veut pas dire 100 Mbit/s en symétrique mais indique un service d’accès à Internet avec un débit crête descendant vers l’abonné au moins 50 Mbit/s et un débit crête remontant d’au moins 5 bit/s. À noter l’évolution intéressante du nombre d’abonnements au service très haut débit en France qui est passé de 165 000 abonnés au 31 décembre 2008, dont 43 000 desservis en FTTH et 122 000 desservis en FTTB ou FTLA à 665 000 abonnés au 31 décembre 2011, dont 200 000 abonnés en FTTH et 465 000
Abonnements FTTH Abonnements via FTTB ou FTLA Totaux
Fin 2008 Fin 2009 Fin 2010 Fin 2011 43 000 70 000 118 000 200 000 122 000
220 000
346 000
465 000
165 000
290 000
464 000
665 000
Figure 3 - Évolution des abonnements aux services de la fibre optique en France.
abonnés en FTTB ou FTLA (cf. fig. 3). Ce rythme laisse envisager que la France pourrait dépasser le million d’abonnés mi-2012… à comparer aux 21 millions d’abonnés aux services xDSL ! Pourquoi si peu et pourquoi si lentement ? D’après ce qui se dirait dans la profession, cela viendrait d’abord et avant tout d’une politique type « vache à lait ». D’une part, les fournisseurs d’accès à Internet amortissent, re-re-amortissent leurs investissement faits dans les réseaux en cuivre et les réseaux pour mobiles. D’autre part, côte État français, les 21 millions d’abonnés paient environ 40 € par mois d’abonnement, dont 8 € de TVA. Ainsi, 8 € multipliés par 12 mois et par 21 millions d’abonnés représentent 2 milliards de TVA annuellement versés. L’affectation d’une partie du fameux « Grand emprunt » dans les réseaux aurait été inutile si toute cette TVA récoltée depuis des années avait été réinvestie dans le déploiement de réseaux en fibres optiques mis au service des abonnés-consommateurspayeurs. J’ai fait un rêve… Et pourtant, pendant ce temps-là, le sénateur Hervé Maurey, à travers le rapport d’information n°730 de mi-2011, confirmait que : « Il [le déploiement du très haut débit sur l’ensemble du territoire] doit être appréhendé, non à court terme comme représentant un coût pour nos finances publiques, mais à plus long terme comme un investissement pour l’avenir, une opportunité de développement et de croissance pour tous et partout. Une étude a ainsi démontré qu’un tel déploiement sur les trois-quarts du territoire national générerait environ 360 000 annuités d’emplois non délocalisables et environ 20 milliards d’euros de valeur ajoutée, dont la moitié serait captée par les pouvoirs publics. » Puisse-t-il être entendu ! Jean-Michel Mur, Président du Club optique www.cluboptique.org Sources : ARCEP, IDATE et FTTH Council Europe, février 2012
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Tendances et marché
Réinventer l’industrie :
le rôle essentiel des achats
Résumé Depuis la fin des Trente Glorieuses, l’économie des pays occidentaux s’essouffle. La crise de 2008 a exacerbé la situation, notamment dans l’industrie, qui a perdu des millions d’emplois en vingt-cinq ans. Mondialisation, financiarisation, délocalisations ne sont pas les seules causes de ces phénomènes. Ainsi, l’analyse de la situation allemande interpelle : balance commerciale largement bénéficiaire, part de l’industrie dans le PIB… Une meilleure qualité relationnelle au sein des écosystèmes d’entreprises ne serait-elle pas un facteur de meilleure compétitivité mondiale ? C’est la conviction de Michael Porter, qui prône le concept de valeur partagée, d’autant plus pertinent que les grandes entreprises consacrent 60 à 80 % de leur chiffre d’affaires aux achats. À l’instar de l’expert de Harvard, et du chercheur John W. Henke (cité par le Médiateur national interentreprises, JeanClaude Volot), notre think tank, le Club Rodin, prône une démarche positive d’« achats responsables » fondée sur des relations mutuellement bénéfiques entre grands groupes et PME. Le concept d’« ère postindustrielle » s’est avéré utopique, au sens où les emplois de services ne se sont pas totalement substitués aux emplois industriels, ni en quantité ni en qualité. Et dans une démarche d’externalisation de plus en plus financière et axée sur le court terme, les acheteurs des grandes entreprises ont été sensibles aux offres des pays low cost. En France, les achats des grands groupes du CAC 40, de plus en plus professionnalisés, constituent la grande majorité du volume des transactions nationales. Globalement, vues par les experts de la Médiation, de l’ObsAR ou de Pacte PME, les pratiques se sont améliorées depuis le cost killing des années 1990, mais ne s’inscrivent toujours pas dans un registre « gagnant-gagnant ». Le Médiateur national explique le rapport de force par le poids des grandes entreprises, spécifique à la structure entrepreneuriale française. le mag I Avril 2012 I www.enova-event.com
Les « achats responsables », préconisation du Club Rodin, sont fondés sur le principe de la valeur globale. D’une part, le calcul TCO de la valeur d’un produit ou service doit inclure l’ensemble des éléments qui le constituent, opérationnels (qualité-coût direct-délai) et sociétaux (incluant le social et l’environnemental). D’autre part, la qualité de la relation clientfournisseur a également une valeur à moyen et long termes. Les écosystèmes (clusters, ou simplement « entreprises élargies ») sont des preuves tangibles d’efficacité synergétique. L’élan sociétal, malgré les tergiversations internationales en matière climatique, est patent. Le concept de RSE (responsabilité sociétale des entreprises), porté par les initiatives des années 1990 (Pacte mondial, OCDE, OIT, GRI…), est catalysé par le cadre européen et, en France, par le Grenelle 2, qui va élargir la portée des lois NRE de 2001-2003. Les politiques de RSE des grands groupes, qui concrétisent leur contribution au développement durable, se développent et intègrent progressivement des démarches d’achats responsables. La première norme de responsabilité sociétale des organisations (ISO 26000) se diffuse dans la centaine de pays qui y ont contribué. Ce cadre global devrait permettre d’infléchir la tendance des trois dernières décennies, et aboutir à un système économique moins focalisé sur le rendement à court terme. Le Club Rodin croit à cet élan de progrès, à condition que toutes les parties prenantes y contribuent. Pour les grandes entreprises, c’est un changement de paradigme - une « révolution culturelle » selon le Médiateur - qui consiste à instaurer progressivement une relation de confiance avec leurs fournisseurs et promouvoir une démarche de filière. Pour les PME, c’est d’un progrès stratégique et managérial dont il s’agit, dans l’optique d’une meilleure pérennité. D’autres acteurs seront impliqués, notamment les consommateurs, par un regard plus attentif aux comportements sociétaux des entreprises.
Conclusion les trois principales préconisations du Club Rodin 1) Promouvoir le concept de « valeur globale », et enrayer l’appétence du gain direct à court terme. 2) Définir une vision politique à long terme, conjuguant celle des acteurs économiques (grandes entreprises et PME) et de l’État. 3) Contribuer progressivement à un nouvel équilibre socio-économique, par le développement de PME-ETI au sein d’écosystèmes compétitifs portés par les groupes leaders. En toile de fond des réflexions du Club Rodin apparaît le thème de l’entreprise, au sens du Projet, des Valeurs et de la contribution sociétale…
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Situation actuelle des pratiques d’achat « En une trentaine d’années, la fonction Achats s’est professionnalisée : conceptualisation stratégique, informatisation, jusqu’aux excès du cost killing des années 1990. Catalysés par les externalisations d’activités, les achats ont pris un poids prépondérant dans les grandes entreprises, avec plus de 60 % du chiffre d’affaires. Il est important que la politique d’achats soit validée par une direction générale. Dans certains domaines (grande distribution, équipement automobile), des pratiques d’achats abusives ont fait réagir nos gouvernants. Les initiatives publiques (Médiation) ou associatives (Pacte PME, ObsAR…) se sont développées pour réguler certains excès ou simplement préconiser de bonnes pratiques transactionnelles. Parmi ces bonnes pratiques, enseignées par les écoles d’Achats, le TCO (total cost of ownership, ou coût global) devrait contribuer à une appréciation plus globale des fournisseurs, mais le concept peine à progresser dans les entreprises, pour deux raisons : la prédominance du raisonnement à court terme dans les groupes boursiers et le fort cloisonnement interne. Seule une nouvelle forme de gouvernance pourra pallier les deux. Dans de grandes entreprises de plus en plus focalisées sur leur cœur de métier, les externalisations doivent faire l’objet d’un suivi stratégique, car le risque est grand de perdre la maîtrise de savoir-faire clés, notamment en R&D. Par l’attrait des contrées low cost, « externalisation » rime trop souvent avec « délocalisation », avec les conséquences sur l’emploi européen. Pour une multinationale, les freins aux délocalisations tiennent moins aux considérations nationales ou communautaires qu’à la gestion des risques géopolitiques. Les achats professionnels sont en général organisés en huit étapes, du cadre politique au traitement opérationnel. Hormis les points techniques, deux étapes orientent significativement le comportement des acheteurs : la politique définie par la gouvernance de l’entreprise et l’évaluation desdits acheteurs. »
Les préconisations : La valeur plutôt que le prix Favoriser l’innovation « L’’innovation au sens large est, selon John Henke, l’un des principaux apports d’une relation client-fournisseur fructueuse. Les grandes entreprises ont tout intérêt à faire collaborer leurs partenaires à leurs projets de R&D. La palette est large, des simples contributions expertes (en phase de spécifications techniques) au co-développement en passant par des « plateaux » d’échange. Pour un grand groupe aux capacités R&D parfois limitées - par des administrateurs privilégiant les investissements à court terme l’ouverture des projets aux fournisseurs peut, si elle est bien gérée, être une opportunité de progrès significatif. Gérer l’innovation ouverte ne signifie pas uniquement protéger la confidentialité ou répartir les appels à contribution. C’est une démarche de management global de la relation avec le fournisseur. Quelles seront les attentes à son égard, et quels bénéfices va-t-il tirer de la coopération ? Idéalement, si la stratégie du grand donneur d’ordre est séquencée selon le cycle de vie du produit le partenaire doit en être informé. Un scénario possible peut consister, par exemple, à lui proposer la fabrication du produit pendant une certaine période, avant de la délocaliser. De même, si du fait de sa contribution au développement, la propriété intellectuelle a été partagée, les règles du jeu doivent être claires et contractualisées. Force est de constater que les relations clients-fournisseurs actuelles ne reflètent pas, majoritairement, l’esprit de collaboration évoqué précédemment. Combien de PME, alléchées par les promesses de grands donneurs d’ordre, parfois publics, ont investi de larges parts de leur capacité de R&D pour un résultat décevant ou nul : marché étriqué, projet abandonné ou propriété intellectuelle détournée ?... Dans ce chapitre consacré à la valeur transactionnelle, et non aux valeurs éthiques, le propos n’est surtout pas d’émettre un jugement sur les pratiques des grosses structures, liées à un contexte financier de priorité au court terme. La seule recommandation que nous leur adressons, inspirée des préceptes de la Médiation, de l’ObsAR ou de Pacte PME, consiste à bien appréhender les conséquences bénéfiques d’une relation de confiance pour créer, innover, et progresser, tout simplement. Intrinsèquement, pour une PME, l’innovation est également un des principaux moteurs de progrès. Selon sa taille et sa stratégie, elle peut générer des solutions, concepts ou produits innovants par ses propres équipes, en partenariat avec de grands clients ou avec des laboratoires spécialisés. Cette dernière démarche, pas assez pratiquée par les PME, est promue par notre filière. Elle permet aux entreprises de taille modeste de s’adjoindre des compétences expertes ; elle permet aux universités, réseaux Carnot et autres organismes de recherche de découvrir d’autres projets que ceux des grandes entreprises. Grâce à l’avantage fiscal du CIR (Crédit impôt recherche), nos laboratoires sont fortement sollicités par les entreprises. Mais les PME n’en profitent pas suffisamment, pour des raisons de temps ou de complexité administrative. Or l’accès à la recherche de notre centaine de milliers de PME est une clé essentielle du dynamisme économique hexagonal.
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Techno
Les
smart textiles partout, pour tous et maintenant !
Le textile est partout... Et pas seulement dans l'habillement et l'ameublement. On le retrouve dans l'aéronautique, l'électronique et même la médecine où sa compatibilité avec le corps humain constitue un fabuleux atout. Prenez du fil (laine, lin…) et une fibre optique ou du fil cuivre très, très fin (et évidemment conducteur), ajoutez-y un peu d’intelligence (processeur, capteur, actionneur…), créez un stimuli (pression, données, impulsion électrique, optique…) et sur le métier remettez votre ouvrage en tissant, brodant, imprégnant, imprimant… Le résultat est… un « smart textile » ! En d’autres termes : un tissu intelligent. L’idée n’est pas fondamentalement récente (peut-être du début des années 90) mais l’évolution majeure en cours est que ces tissus d’un nouveau type sortent du stade du prototype pour devenir de réels produits finis, industrialisés, utilisables. Les technologies sont maintenant matures et des applications fusent tout azimut. En France comme dans bien d’autres pays aux traditions textiles séculaires doublées d’un savoir-faire high-tech. Car s’ils sont affublés d’un vocable moderne, « smart », ces textiles à la base techniques sont dits « intelligents » car ils sont dotés de fonctions leur permettant d’interagir avec leur environnement ou en réaction à un changement d’état. Dès lors les domaines d’applications n’ont de limites que la propre imagination de leurs concepteurs ou simplement des demandes précises des marchés. Fait significatif, les textiles intelligents trouvent leur fondement par ce qu’ils apportent d’innovant par des fonctions nouvelles à des produits, à des gammes de
produits, déjà existants et qui permettent alors à tel ou tel fabricant, industriel du textile ou pas, de se démarquer de la concurrence comme à ouvrir de nouveaux marchés. « Les smart textiles sont des vecteurs importants de conquête de domaines d’activités nouvelles, de valorisation de savoir-faire et de transfert de technologies », souligne Philippe Guermonprez, Chef du service Textiles intelligents de l’IFTH* à Lille. Et de citer comme exemple le domaine de l’habillement où un producteur de vêtements de sport classiques peut adresser le marché de la santé en fournissant un t-shirt d’une nouvelle génération doté d’une électrode autorisant la mesure du rythme cardiaque. Un bel article pour les joggeurs ! D’ailleurs le succès est déjà au rendez-vous puisqu’il s’en est vendu plusieurs millions d’exemplaires…
Des textiles instrumentés à bon escient Le secteur de la santé semble être à l’évidence l’un des principaux domaines visés (au même titre que l’automobile et les transports évidemment) par les applications originales portées par les textiles intelligents ; il suffit de les instrumenter à bon escient pour leur attribuer des fonctions de monitoring, de surveillance, de soin même de la personne concernée… (voir encadré). Le sport, le bien-être, la sécurité… l’individu est au cœur de la sollicitude des industriels via les fonctionnalités données à ces matériaux textiles intelligents qui assemblés, associés à divers composants (électroniques…) peuvent aussi constituer de véritables systèmes autonomes et/ou communiquant avec d’autres et sans fil… ! Autre exemple transverse de la mise en oeuvre des smart textiles : la lumière ou l’optique. D’ailleurs il n’est pas ici surprenant de constater que de grands industriels traditionnels de… « l’éclairage » comme Philips s’intéressent de très près, avec d’importants efforts de R&D et de premières réalisations, à ces nouvelles techniques « lumineuses » au service de la santé
Des matériaux intelligents réagissant aux stimuli Athlète, patient hospitalisé, malade à domicile… surveillance préventive d’anomalies fines ou soins curatifs… la Santé est un - pour ne pas dire LE secteur où les fonctionnalités des smart textiles peuvent être les plus déterminantes et leur apport facilement perceptible. La santé concentre, a priori, toutes les techniques et fonctions que peuvent mettre en œuvre ces matériaux intelligents quels que soient les types de stimuli (électrique, optique, mécanique, thermique, chimique, électromagnétique…) auxquels ils sont soumis. Ainsi dotés des capteurs appropriés, ces textiles intelligents peuvent-ils jouer le rôle de surveillant passif de l’organisme humain (température, pression artérielle,respiration, sueur, variation biologique, etc), de stimulant d’actions de traitement non invasif et/ou de soulagement de maux (soin/pansement local, inhibiteur de douleurs diverses…) mais aussi de suivi et de monitoring de diverses signes plus ou moins vitaux avec ou sans communications à distance (ex. : liaison d’un patient avec un personnel soignant dans un centre médical)… Dans d’autres applications, un textile intelligent (sous forme d’un tapis de sol) peut déceler la chute d’une personne ou bien encore surveiller un éventuel arrêt cardiaque chez une personne à haut risque et même activer une défibrillation d’urgence si le malade est équipé d’un vêtement intelligent instrumenté en conséquence !
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Photo tutu lumineux - Création Léa Drouault
Les textiles intelligents sont par définition des textiles qui réagissent à leur environnement. L’intelligence peut venir de la nature des fils (fils métallisés pour une meilleure conductivité, fils lumineux…), des enductions spécifiques appliquées sur une étoffe (impression d’encres actives) où en instrumentant le support textile par des systèmes électroniques, photovoltaïques et LED.
comme à d’autres domaines applicatifs.. Ainsi pêle-mêle : de la robe lumineuse de spectacle aux grandes étoffes décoratives changeant de couleur, du vêtement de protection - EPI lumineux porté par un employé sur un chantier de BTP/travaux publics ou en milieu nucléaire…à la luminothérapie appliquée, entre autres, au traitement de la « jaunisse du nourrisson »… les applications en cours de développement sont à ce jour légion. Même un ouvrage d’art peut lui-même en bénéficier (surveillance de variations techniques)…! Nous sommes loin de simples produits gadgets. D’autant que plusieurs autres facteurs positifs contribuent à accroître la fiabilité (robustesse) et la faisabilité des réalisations dans un ratio coût/performance de plus en plus acceptable. Citons notamment les process de fabrication en série : des machines à tisser existantes avec peu de modifications peuvent parfois convenir sans avoir à recourir à un « métier à tisser du futur » ; les techniques de traitement/protection de l’électronique utilisée comme des sources d’énergie (piles.) permettent, par exemple, de garantir une certaine longévité aux smart textiles (lavage en machine) ; les encres aussi - ne parle-t-on pas de textiles intelligents imprimés - connaissent leurs lots de nouveautés…
Un marché en forte progression Le segment des textiles intelligents est incontestablement en forte progression (un marché déjà évalué à plus d’un milliard de dollars d’ici 2-3 ans) et bien des domaines applicatifs - de niche comme de grande diffusion - sont et seront encore plus concernés tant les progrès techniques et technologiques vont vite dans les secteurs majeurs impactant la réalisation de ces matériaux, à savoir l’électronique, les nanotechnologies, l’optique, le sans fil, les fibres textiles même…
Alors verra-t-on dans un avenir proche des applications grand public accessibles et directement utilisables par un consommateur lambda ou bricoleur averti personnalisant ses propres tissus intelligents et les brodant ? D’aucuns l’augurent déjà. « Do it yourself »… votre t-shirt lumineux !!! (*) Institut Français du Textile et de l’Habillement
Des solutions hautement techniques conçues et produites en France L’homme veut rendre des matériaux textiles intelligents pour quels que soient les domaines d’applications. C’est établi aujourd’hui. Matures, ces smart textiles commencent à se répandre et l’industrie ad hoc française – notamment en collaboration directe avec l’Institut Français du Textile et de l’Habillement (IFTH) – est bien placée sur l’échiquier mondial. Si là aussi il sera difficile - a priori - de lutter pour des productions de masse sur des produits « génériques » de grande consommation vis-à-vis de fabricants asiatiques principalement (l’histoire peut se recommencer), d’importantes cartes sont à jouer sur des produits très élaborés voire hautement techniques si une avance technologique est maintenue. Et bien des domaines applicatifs sont largement ouverts car nous sommes aux toutes premières étapes de déploiement des textiles intelligents. Ainsi, et outre le secteur de la santé (voir encadré), les principaux domaines où les smart textiles trouvent ou trouveront leurs marchés sont l’automobile et les transports, le bâtiment, la défense, les vêtements au sens large, la sécurité…
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Techno
Réseau sans fils équipé de
capteurs de différentes natures autonome en énergie e projet CAPNET est l’étude et le développement d’un réseau radio autonome en énergie pour capteurs de différentes natures. Ce projet est soutenu par le pôle Images et Réseaux de Bretagne et bénéficie d’aides du Ministère de l’économie, des finances et de l’industrie (DGCIS), de la Région de Bretagne et du conseil général du Morbihan. L’élimination du câblage généralement utilisé pour ce type d’applications, la diminution notable des travaux d’installation et son utilisation d’énergies renouvelables lui permettent de s’inscrire dans une Un nœud CAPNET démarche de développement durable. sera disposé sur Afin de couvrir le besoin en compétences l’espace Antenne scientifiques et techniques, le consortium est du Salon RF&Hyper. constitué à la fois d’industriels : ERYMA, coordinateur du projet, Delta Dore, Atlantic RF, et de Des spécialistes laboratoires de recherche : IETR-INSA de Rennes, du domaine pourront LabSticc de Lorient et le SDIS29, utilisateur final. répondre aux Le projet a contribué, en phase R&D, à la création et au maintient d’emplois sur l’ensemble du questions que vous consortium, et a pour objectif de poursuivre cet élan vous posez sur durant les phases d’industrialisation et de le projet CAPNET. commercialisation. CAPNET a permis à ERYMA, Une conférence coordinateur du projet, de promouvoir l’innovation auprès de ses clients et d’acquérir de nouvelles sera aussi proposée briques technologiques qui seront intégrées, par le pour présenter département de R&D, dans les produits existants et l’ensemble du projet. futurs de protection de sites sensibles ERYMA.
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es applications sont nombreuses et peuvent être déployées sur différents types de marché : grand public, industrie, défense, gestion de l’énergie, télé-relevage, suivi scientifique de
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l’environnement... Citons pour exemples, la sécurité civile pouvant, grâce à CAPNET, mettre sous surveillance les sites sinistrés lors de ses interventions… , le suivi du phénomène des algues vertes permettant, à l’aide de toximètres, d’acquérir en temps réel les concentrations en gaz émis et ainsi, après traitement de ces données, d’alerter si nécessaire et tout du moins d’effectuer une analyse scientifique du phénomène.
es simulateurs et démonstrateur opérationnels ont permis de valider les principes et spécifications en terme de consommation, dimensions, autonomie énergétique, complémentarité des micro-sources, temps de réponse <1s, bande passante, nombre de capteurs et topologie du réseau. Un démonstrateur grandeur nature est déployé au pôle d’expertise technologique ERYMA de Lanester. Une commercialisation du produit devrait être disponible dans le courant de l’été 2012.
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Nous tenons à remercier : Le service de soutien à l’activité des Technologies de l’Information et de la Communication du conseil général du Morbihan, Le Service de l'Innovation & du Transfert de Technologies du conseil régional de Bretagne, La Direction Générale de la Compétitivité de l’Industrie et des Services du Ministère de l’économie, des finances et de l’industrie, Le pôle de compétitivité de Bretagne et Pays de Loire « Images et Réseaux » pour la labellisation du projet CAPNET. Et l’ensemble des partenaires : Mr Dominique Jutel de ERYMA, coordinateur du projet, Mme Aurélie Fortineau d’Atlantic RF, Mr Marc Salabert de Delta Dore, Mr Jean-Marie Floc’h de l’IETR, Mme Nathalie Julien du Lab Sticc, le Colonel Mahoudot du SDIS 29… Ainsi que leurs différents collaborateurs ayant participé à CAPNET.
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Dossier
La thermographie Infrarouge se met au sport Figure 1 : Processus cutané de thermorégulation chez un sujet féminin, après effort.
Processus de la thermorégulation :
Pour certaines applications liées à la médecine ou à l’activité sportive, l’application de la Thermographie Infrarouge à des fins préventives ou de diagnostic de pathologies reste modeste voire anecdotique. La thermographie IR étant plus considérée comme une technique relevant plus des Sciences pour l’Ingénieur que des Sciences Médicales, cette investigation se trouve très peu répandue dans les structures hospitalières. Comme en atteste l’indigence de travaux publiés sur le sujet, l’étude de l’activité sportive et musculaire souffre de la même considération. C’est dans ce cadre que nous présentons quelques applications possibles de la Thermographie Infrarouge développées au sein du Groupe de Recherche de Sciences pour l’Ingénieur (GRESPI EA4694) de l’université de Reims et appliquées à l’activité sportive et au diagnostic de certaines pathologies qui peuvent en découler.
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La réalisation d'un exercice physique sportif requiert au pratiquant lambda ou confirmé de puiser dans des filières énergétiquescorporelles énergétiques pour mener à bien cet exercice (de la même manière qu’une voiture a besoin de carburant pour avancer). Schématiquement, deux filières existent : la première est dite aérobie, permettant la pratique d’un exercice soutenu mais d’intensité modeste, comme le jogging ou le cyclotourisme. L’oxygène inspiré est alors le carburant principal du moteur humain. Il est d’usage d’utiliser comme critère de présence dans cette filière aérobie le fait de pouvoir parler durant l’exercice. Dès lors que l’exercice s’intensifie, accompagné de l’accélération du rythme cardiaque et de la respiration, le corps humain puise dans un autre réservoir énergétique, la filière anaérobie lactique (prendre du « carburant » n’est plus gratuit et s’accompagne d’une « taxe » à s’affranchir, qui n’est autre qu’une réaction chimique interne avec production d’acide lactique qui va progressivement bloquer les contractions musculaires) puis alactique (effort extrême, sans production d’acide lactique, mais ne pouvant durer que quelques secondes). La peau est le siège majoritaire de dissipation de la chaleur vers l’extérieur. Il est communément admis que la température de la peau est sensiblement la même en tout point, avoisinant 33°C pour un individu au repos sous une atmosphère normale en température et hygrométrie. Au cours d’un exercice musculaire, les 3/4 de l’énergie dépensée sont convertis en chaleur et ce, quelle que soit la filière énergétique dans laquelle se situe le sportif durant son activité (ou la manière dont le carburant est puisé). Pour lutter contre cette augmentation et maintenir la stabilité de la température centrale des organes vitaux, le corps humain dispose d’un arsenal de plusieurs mécanismes physiologiques : l’évaporation regroupant la ventilation et la sudation, la convection, la conduction et le rayonnement. La thermographie infrarouge ne permet pas de dissocier ces groupes d’échanges thermiques mais offre une vision globale de la manière dont la chaleur est évacuée. Aussi étonnamment que cela puisse paraître, lors d’un exercice soutenu, il est clairement perceptible que la thermorégulation se manifeste sous la forme
19 d’une « constellation » de puits d’évacuation de la chaleur, comme l’illustre la figure 1. Ce sujet féminin avait couru 4 min à une vitesse de 8km/h, nécessitant l’utilisation de sa propre filière énergétique aérobie. Nous avons constaté que cette observation se reproduisait quel que soit le niveau sportif du sujet, et quel que soit son pourcentage de masse graisseuse. La chaleur interne emmagasinée s’évacue donc bien selon des directions privilégiées liées certainement à l’inhomogénéité des tissus adipeux et cutanés.
Figure 3 : processus de thermorégulation chez un triathlète.
Aide à la performance sportive : Dans le domaine du sport et plus particulièrement de l’aide à la performance sportive de haut niveau, la thermographie est un outil d’investigation capable de déceler le niveau d’aptitude des sportifs à récupérer d’efforts violents, ce degré de récupération étant un des vecteurs de leur niveau de forme. Par exemple, des études menées en partenariat avec la Fédération Française de Natation, selon un protocole établi, a permis de comparer cette capacité de récupération sur des nageurs masculins et féminins. Après chaque séquence identique de nage par paliers chronométrés, les nageurs et nageuses étaient rapidement séchés (l’eau est opaque à l’infrarouge) et leur degré de récupération évalué à partir de cartographies de température. A titre d’exemple, la figure 2 montre les niveaux de température cutanée de la partie supérieure du corps d’un nageur après un protocole portant sur les quatre nages.
Fugure 4 : Thermographie des genoux avant et après effort chez un sujet sain.
Vue de face Figure 5 : Thermographie des genoux avant et après effort chez un sujet atteint d’arthrose bilatérale.
Vue de dos
Référence
Papillon
Dos crawlé
Brasse
Crawl
Figure 2 : cartographies de températures chez un nageur.
Dans le cyclisme, pareille analyse a également été menée pour appréhender le degré d’aptitude à l’effort et à la récupération de compétiteurs de haut niveau. Le protocole utilisé consistait à faire pédaler les sujets selon un protocole défini par paliers temporels de puissances. La figure 3 montre le processus de thermorégulation d’un triathlète en plein effort (puissance de 300W). Le processus d’évacuation de chaleur sous forme de « constellation » est également observé pour ce type d’exercice nécessitant au sujet le recours à la filière énergétique anaérobie.
Exemple de pathologie liée au sport : Certaines pathologies peuvent aisément être mises en exergue via l’utilisation d’une caméra de thermographie InfraRouge. Dans le cas de l’arthrose du genou chez le sportif jeune (footballeur ou rugbyman), un protocole simple permet aisément de mettre en lumière le caractère inflammatoire de la pathologie. Dans le cas présent sujets sains et atteints de pathologie devaient marcher 5 minutes à 5 km/h sur un tapis. Chez un sujet sain, nous observons logiquement la même répartition de la température sur les deux genoux avant et après la course (figure 4).
A contrario, les microtraumatismes répétés lors de la marche rapide peuvent augmenter la synovite qui correspond à l’inflammation de l’enveloppe de l’articulation et par conséquent augmentent la température cutanée du genou malade (figure 5). Nous remarquons qu’au niveau des genoux souffrant d’arthrose, la température maximale à été détectée au niveau de la surface couvrant le tibio-fémoral interne. Il apparaît clairement que plus le genou est chargé, plus la zone thermale chaude est élargie. Qui plus est, une corrélation a été établie entre l’inflammation caractérisée par la température cutanée (cartographie thermique) et l’intensité de la douleur ressentie. Ainsi, un suivi de l’évolution dans le temps des cartographies thermiques du genou malade devrait permettre de connaître l’évolution de la guérison après une phase de rééducation. Ces quelques exemples relatés dans cet article montrent toutes les possibilités qu’offre la thermographie infrarouge dans des domaines d’applications aussi peu courants que sont la performance sportive ou le diagnostic des pathologies liées au sport. En finalité, l’utilisation de la Thermographie Infrarouge comme outil non intrusif d’analyse voire de diagnostic thermique n’est donc plus à démontrer. Ses champs d’application couvrent bon nombre de domaines industriels, allant de phénomènes aux petites échelles comme le refroidissement des composants électroniques par exemple, à d’autres de plus grande échelle (vue aérienne des déperditions énergétiques de bâtiments industriels, de réseaux urbains, de maisons de particuliers…) Ahlem Arfaoui, Maître de Conférences, spécialiste en Biomécanique, Université de Reims Guillaume Polidori, Directeur de l’Unité de Recherche GRESPI EA4694, Université de Reims le mag I Avril 2012 I www.enova-event.com
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Dossier
La protonthérapie :
une œuvre de précision contre le cancer Source : Reflets de la Physique N°26
Historique
Noak-Le-Bar-Floreal - Institut Curie
Forme de radiothérapie née pendant les années 50 autour d’accélérateurs de physique nucléaire, la protonthérapie utilise les propriétés balistiques spécifiques des faisceaux de protons pour mieux déposer la dose d’irradiation dans les tumeurs en protégeant les organes sensibles avoisinants. Cette modalité thérapeutique représente un exemple naturel d’interface entre la physique des accélérateurs, la physique nucléaire et, bien entendu, la médecine. LES CHIFFRES CLÉS
2 centres en France (Orsay et Nice) 13 centres en Europe 30 centres dans le monde 5 600 patients traités par le centre de Protonthérapie
© Laetitia Morin.
de l’Institut Curie (Orsay) depuis son ouverture en 1991
Figure 1. Le pic de Bragg. Représentation schématique de la dose déposée en profondeur par un faisceau de protons monoénergétiques, comparé à d’autres types de rayonnements (photons X ou gamma, électrons). Remarquer le décalage du pic de Bragg en fonction de l’énergie initiale des protons.
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L’objectif d’une radiothérapie est la mort des cellules tumorales visées par la dégradation de leur ADN. La radiothérapie s’est initialement basée sur des faisceaux de photons, puis d’électrons. Cependant elle a fait, à partir des années 50, appel aux protons (ainsi, plus récemment, qu’aux ions multichargés), avec l’idée de prendre avantage de leurs propriétés balistiques et de leurs effets radio-biologiques spécifiques. Dans un premier temps, l’utilisation de protons pour la radiothérapie s’est développée autour d’installations de physique nucléaire. Depuis la fin des années 90, des compagnies industrielles proposent des systèmes de protonthérapie clefs en main, et le nombre de centres et de patients traités a fortement augmenté. Il existe ainsi une trentaine de centres dans le monde. En France, deux installations (à Orsay et à Nice, voir encadré) traitent environ 600 patients par an, et plusieurs projets sont en émergence (Lyon, Caen, Toulouse). Néanmoins, la taille et le coût des installations limitent encore fortement le développement de la discipline, qui représente aujourd’hui moins d’un pour mille de la radiothérapie dans le monde, alors que le potentiel d’indications cliniques est de l’ordre de 10 %.
Propriétés balistiques et intérêt thérapeutique La perte d’énergie des protons (dE) sur une distance (dx) est caractérisée par le pouvoir d’arrêt dE/dx, qui augmente fortement au fur et à mesure que la particule ralentit, jusqu’à l’arrêt définitif de celle-ci. Le dépôt d’énergie en profondeur présente une allure caractéristique, connue sous le nom de pic de Bragg, spécifique aux particules « lourdes » chargées (fig. 1). L’avantage balistique d’un faisceau de protons est évident : - d’une part, la profondeur à laquelle la dose est déposée est ajustable (car liée à l’énergie initiale du faisceau, cf. fig. 1), et la chute brutale du dépôt de dose en fin de parcours permet, bien mieux que les autres rayonnements utilisés en radiothérapie, de protéger les tissus sains situés après le volume cible (fig. 2) ; - d’autre part, la diffusion latérale du faisceau reste presque tout le temps inférieure à celle des autres rayonnements utilisés en radiothérapie. Ainsi, l’exploitation combinée de la faible pénombre latérale et du parcours fini des particules permet d’optimiser la distribution de la dose sur le volume à traiter, tout en épargnant les tissus sains avoisinants. On va ainsi « sculpter » la distribution de la dose, de manière à l’adapter à la forme souvent complexe du volume à irradier, ce qui est essentiel pour l’irradiation de tumeurs situées à proximité de structures sensibles (ex : tumeurs du cerveau), en particulier pour diminuer le risque de seconds cancers à long terme chez l’enfant.
21 Si nul ne peut aujourd’hui nier que les problèmes que pose la Technique, que les moyens d’investigations puissants qu’elle met à la disposition de la Science, fécondent et stimulent la Recherche fondamentale, il est juste de dire que presque toutes grandes innovations techniques ont eu leur origine dans les connaissances acquises et les découvertes effectuées dans les laboratoires de recherche fondamentale. En bref, la Science et la Technique se fécondent mutuellement et des liaisons les stimulant toutes deux doivent s’établir entre elles. Frédéric Joliot-Curie (Précurseur du devenir du synchrocyclotron) Figure 2. Comparaison de distributions de dose dans un traitement intracrânien par photons (à gauche) et par protons (à droite). On remarque que le traitement par photons délivre plus de dose dans les tissus sains, en particulier au niveau de l’arrière du crâne.
et en profondeur. La technique active se conforme au mieux à la distribution de dose, mais est moins facile à mettre en œuvre.
(Source : images www.thefullwiki.org/Proton_therapy).
Réalisation pratique de la protonthérapie Pour produire les faisceaux de protons thérapeutiques, on utilise des cyclotrons qui produisent un faisceau à énergie fixe, pulsé ou continu, ou des synchrotrons qui produisent un faisceau pulsé, à énergie ajustable à chaque paquet de protons extrait de la machine. La taille de ces machines est très importante : 3 m de diamètre et 85 tonnes pour le cyclotron le plus compact. À la sortie de l’accélérateur, le faisceau est transporté vers les salles de traitement où il est orienté soit de manière fixe dans la salle, soit avec une possibilité de faire varier de 360° l’angle d’incidence sur le patient, tout en gardant une précision millimétrique, grâce à une structure appelée bras isocentrique. La mise en forme du faisceau est cruciale pour la réalisation du traitement : il s’agit d’adapter son énergie et sa position pour déposer « en trois dimensions » la dose sur la zone à traiter. On utilise pour cela soit une technique « passive », dans laquelle des éléments calculés spécifiquement sont interposés sur le trajet du faisceau ; soit une technique « active », où le pinceau du faisceau initial est balayé dans le volume à traiter, latéralement
Enjeux et perspectives des prochaines décennies Avec plus de 60 000 patients traités à travers le monde et plus de 30 ans de recul, la protonthérapie a démontré son efficacité thérapeutique et constitue à présent une des modalités reconnues de la radiothérapie. De plus, sa marge de progression est très importante. Un des enjeux actuels est l’amélioration des techniques actives en présence de tumeurs mobiles ou situées dans des zones déformables, avec la possibilité de modifier les paramètres de traitement en fonction d’une imagerie réalisée en cours de séance. Enfin et surtout, la dissémination de cette technique passe par la mise au point de dispositifs de production et de distribution de faisceaux plus compacts et plus économiques : plusieurs études sont menées actuellement et sont soit en phase de recherche amont, soit déjà en phase de développement. Régis Ferrand (ferrand.regis@claudiusregaud.fr) Institut Claudius Regaud, 20-24 rue du Pont Saint-Pierre - 31052 Toulouse
QUESTIONS-RÉPONSES SUR L’INTÉRÊT DES PROTONS Qu’est-ce que la radiothérapie classique ? Aujourd’hui, la radiothérapie classique utilise des faisceaux de photons* et/ou d’électrons. En effet, les accélérateurs de particules présents dans les appareils de radiothérapie classique génèrent un faisceau d’électrons. Ces particules chargées sont soit directement utilisées pour traiter le patient, soit dirigées vers une cible qui va créer un faisceau de photons qui est ensuite dirigé vers le patient. Les électrons sont habituellement utilisés pour les irradiations superficielles, de quelques centimètres de profondeur. Leurs propriétés physiques leur permettent de déposer leur énergie à une certaine profondeur sans trop la dépasser. Les faisceaux de photons permettent de délivrer une dose homogène plus en profondeur. Toutefois ce dépôt d’énergie n’est pas strictement localisé. Il y a une petite dispersion latérale le long du parcours, liée à la pénombre du faisceau, et une forte dispersion avant et après le « maximum du dépôt de dose ». L’utilisation de collimateurs*, la multiplication des faisceaux et la modulation de l’énergie du faisceau de photons permettent de réaliser des irradiations extrêmement précises dites conformationnelles avec modulation de l’intensité. Toutefois la contrepartie à cette augmentation de la précision des photons est l’accroissement de la dose intégrale et donc du volume des tissus sains irradiés à faible dose.
Les propriétés balistiques des protons permettent d’éviter ce paradoxe, ce qui en fait une forme de radiothérapie particulièrement intéressante pour les enfants. Quels sont les avantages des protons ? Même si récemment la radiothérapie classique a connu des améliorations importantes et nombreuses, notamment en raison du développement de la radiothérapie conformationnelle, elle n’atteint pas la précision balistique des faisceaux de protons. Une seule raison à cela : les propriétés physiques spécifiques de ces particules. La protonthérapie consiste en un faisceau de protons – particules élémentaires portant une charge positive. Premier avantage : les protons vont traverser la matière pour déposer quasiment toute leur énergie à une profondeur donnée, puis s’arrêter net. C’est le pic de Bragg. L’énergie initiale des protons détermine la profondeur atteinte. Deuxième avantage, les protons se dispersent peu le long de cette trajectoire. Résultat : les régions adjacentes aux faisceaux subissent très peu de dommages collatéraux. Le dépôt d’énergie spécifique et localisé des protons offre aussi la possibilité d’augmenter la dose reçue par la tumeur sans trop accroître celle déposée dans les tissus sains avoisinants.
Avec les protons, les radiothérapeutes disposent d’un rayonnement à la balistique ultra-précise, fort utile quand il s’agit de traiter des tumeurs à proximité d’organes sensibles et tout particulièrement chez les enfants. Comment est « façonné » le faisceau de protons pour s’adapter à chaque tumeur ? Le cyclotron utilise un faisceau d’énergie maximale de 201 MeV qui peut être dégradé en un faisceau de 73 MeV pour traiter les tumeurs oculaires. Pour sculpter le faisceau à la forme et à la profondeur de la tumeur tout en protégeant au maximum les tissus sains avoisinants, plusieurs dispositifs sont placés le long de celui-ci : - Un « absorbeur* » pour adapter la profondeur de pénétration du faisceau. - Un « modulateur* » pour étaler le dépôt d’énergie et pouvoir traiter toute la tumeur en profondeur. - Un « collimateur* » pour moduler dans le plan latéral la forme du dépôt d’énergie. - Un « compensateur* » pour ajuster la distribution de dose en profondeur. Ces quatre dispositifs sont façonnés sur place. Ils sont indispensables pour délivrer une dose d’irradiation de façon homogène à une profondeur extrêmement précise dépendante de l’énergie des protons.
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Dossier
Zoom sur
3 métiers de demain Source : Onisep
embarqués Ingénieur systèmsaesnté et télé Nature du travail
Vie professionnelle
Des soins à portée de main L’hospitalisation à domicile profite de l’avancée des NTIC. Un ingénieur en systèmes embarqués et télésanté crée ainsi des systèmes qui permettent un suivi médical des malades et les soins à distance. Réalisés en collaboration avec les professionnels de santé, les équipements adaptés à la maladie sont autonomes, munis de cartes électroniques et de logiciels informatiques, et transportables. Veille et alerte Des capteurs implantés dans le corps du patient relèvent sa température ou mesurent sa tension artérielle, par exemple. Les données sont ensuite envoyées via un serveur web sécurisé, dans le respect de la déontologie, pour diagnostic. Un braceletmontre géolocalise en outre le malade et transmet des signaux d’alerte en cas d’urgence. A l’hôpital, on peut réaliser des auscultations à distance, hors de la chambre du patient, avec un stéthoscope électronique. Réseaux de compétences L’ingénieur se consacre d’autre part à la recherche sur les capteurs humains. Il travaille au développement de nouvelles technologies, de logiciels et de réseaux de télésanté. Ceux-ci ouvrent la voix à la circulation et au partage de compétences entre les professionnels de santé, notamment dans des endroits où la médecine nécessite de l’expertise. Systèmes d’information L’ingénieur en systèmes embarqués vise aussi l’amélioration du bien-être de la personne, en luttant contre la sédentarisation. Il apporte un “coaching” personnalisé, prodigue des conseils en nutrition, sur les activités physiques à exercer, la rééducation, les conduites à tenir selon les maladies, la gestion du sommeil… et d’autres informations sur la santé.
Le secteur gagne en santé Les acteurs en télésanté sont de plus en plus nombreux ; la reconnaissance de la télémédecine est amenée à croître davantage dans les années à venir. Les regroupements d’établissements de soins et de centrales d’achat favorisent aussi les investissements dans les TIC. Vastes champs d’application De chef de projet au déploiement des équipements pour les utilisateurs - des centres hospitaliers ou des entreprises -, en passant par la réalisation technique, les spécialisations d’un ingénieur en systèmes embarqués sont variées. Il peut exercer au sein d’institutions qui font le lien entre les acteurs de télésanté et les fournisseurs de technologies, se spécialiser en aide au diagnostic et alerte, ou encore dans le coaching personnalisé et les systèmes d’information sur la santé. Il peut opter d’autre part pour une spécialisation en micro-électronique, ou préférer la recherche et le développement de technologies sur les capteurs humains. L’avenir de la recherche repose notamment sur des vêtements intelligents qui porteraient des capteurs. Salaire d’un ingénieur débutant : 3 100 € brut par mois.
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Accès au métier Les ingénieurs systèmes embarqués et télésanté proviennent d’une école d’ingénieurs avec une spécialisation système /informatique embarquée. Ou alors ils ont suivi un master universitaire en informatique spécialité systèmes embarqués (après une licence en informatique ou en EEA - électronique, électrotechnique et automatique) ouvert aux élèves de 2e année d’école d’ingénieurs. Niveau bac + 5
23 génieur(e) Optronicien(ne),iningénieur(e) en optronique, onique optoélectr
Nature du travail Tout à inventer Dans les services dédiés à la recherche et au développement, l’optronicien travaille à partir d’un cahier des charges qui définit les besoins auxquels doit satisfaire l’appareillage à mettre en place. Parfois, on peut adapter ce qui existe déjà. À d’autres moments, il faudra le créer. Un travail d’équipe L’optronicien développe et conçoit ledit appareil, avant de s’attaquer à la phase de tests. C’est souvent un travail d’équipe, avec des ingénieurs en informatique, en électronique, en mécanique… Avant de le livrer, l’optronicien s’assure ainsi de l’efficacité du produit conçu. Côté production L’optronicien doit alors gérer l’approvisionnement, le choix des matières premières, le circuit de production, mais aussi la livraison chez le commanditaire. Et c’est sans compter le service après-vente qui est également de son ressort. Il est rare de voir confier cette tâche à un technicien, car la maintenance est très complexe. Il faut en effet souvent avoir participé à la conception pour émettre le bon diagnostic et proposer une solution valable.
Vie professionnelle Toutes les technologies des hauts débits L’optronique se diffuse partout, dans les radars qui flashent les conducteurs, la surveillance du coeur des centrales nucléaires et surtout dans les appareils laser dédiés à la médecine et à la microchirurgie. Aujourd’hui, les entreprises spécialisées dans ce qui permet à l’homme d’élargir son champ de vision affichent un certain dynamisme. Les télécoms, avec les fournisseurs d’accès à l’internet, améliorent chaque jour les services rendus, grâce notamment à la fibre optique. Salaire du débutant : 2 300 à 2 900 € par mois
Accès au métier Deux portes d’entrée possibles pour accéder à l’optronique. De bac + 2 à bac + 5 - Premier palier à bac + 2 avec le DUT mesures physiques et le BTS génie optique, option photonique. - L’université propose une licence pro transformations industrielles spécialité ingénierie en opto-microélectronique ainsi que des masters. Des exemples : master professionnel sciences, santé, technologie mention physique électronique spécialité conception et mise en oeuvre des composants électroniques et optoélectroniques ; sciences et technologies mention physique et matériaux spécialité ingénierie laser et composants optoélectroniques ; master recherche sciences et technologies mention composants et systèmes spécialité optoélectronique, micoélectronique, électromagnétisme… - Pour qui veut accéder au titre d’ingénieur, deux voies sont possibles : opter pour une filière dédiée à l’optronique, à l’Institut de formation d’ingénieurs de l’université Paris-Sud 11 ou à l’École nationale supérieure des sciences appliquées et de technologie; ou bien choisir une école dont le créneau est l’électronique et les télécommunications…
rologie Ingénieur(e) en mét Nature du travail Gérer un service Dans une entreprise, l’ingénieur en métrologie exerce le plus souvent des fonctions d’encadrement au sein d’une unité dédiée à la métrologie. En tant que responsable du service, il dirige une équipe composée de techniciens. Il répartit le travail et gère le parc machines. Lorsqu’il est employé par une SSII, il peut également avoir une fonction commerciale. Il doit alors démarcher des entreprises par téléphone mais aussi en direct afin d’élargir le portefeuille de clients. Faire avancer la recherche S’il n’exerce pas des fonctions d’encadrement, l’ingénieur en métrologie travaille généralement dans un bureau d’études. Ses activités s’apparentent alors à de la recherche : il réfléchit à la création de nouveaux logiciels, à l’amélioration de machines à mesurer, etc.
Vie professionnelle Une demande accrue Selon l’INM (Institut national de métrologie) du CNAM (Conservatoire national des arts et métiers), l’évolution fulgurante des Sciences et techniques de l’analyse et de la Mesure au cours de ces 15 dernières années est à l’origine d’une demande accrue de nouvelles compétences des ingénieurs dans ce domaine. La demande des industriels et du monde académique en technicien supérieurs et en ingénieurs spécialisés en instrumentation, analyse, mesure et qualité est en pleine expansion. Les secteurs demandeurs sont très divers : pharmacie, santé, sécurité, environnement, métallurgie, chimie, agroalimentaire, énergie, etc. Plutôt au sein des grands groupes De manière générale, on retrouve l’ingénieur métrologue dans les grands groupes qui ont à gérer des laboratoires importants de métrologie. Les PME ont rarement les moyens de s’offrir un laboratoire tout équipé pour l’étalonnage de leurs appareils. Salaire du débutant : 2 500 € brut par mois. Compter 20 à 30 % de plus en région parisienne.
Accès au métier Bac +5 minimum Quelques écoles d’ingénieur disposent d’une spécialisation en métrologie. Il est également possible de se spécialiser à l’université, via un master professionnel ou de recherche. 3 écoles d’ingénieur proposent une formation spécialisée : Polytech’Lille dispose d’une spécialisation « instrumentation scientifique » en trois ans. La formation est ouverte aux bacs +2 minimum. Les élèves de classe préparatoire sont recrutés via des concours écrits et un entretien, les étudiants en 2e année de licence sur dossier et entretien. Le CNAM délivre un diplôme d’ingénieur Instrumentation-Mesure option contrôle industriel. La formation est ouverte aux titulaires d’un bac +2 scientifique ou technique. Un diplôme d’ingénieur spécialisé peut être préparé en un an au sein de l’Ecole supérieure de métrologie. S’agissant d’une spécialisation, la formation n’est ouverte qu’aux titulaires d’un diplôme d’ingénieur ou d’un diplôme universitaire de troisième cycle scientifique. À l’université, plusieurs masters pro (sciences de l’ingénieur spécialité capteurs, mesures et instrumentation à Paris VI par exemple) ou de recherche (mesures, instrumentations, procédés spécialité instrumentation, mesure, qualité. le mag I Avril 2012 I www.enova-event.com
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Dossier
Emploi cadre en 2012 : la Recherche & Développement tire son épingle du jeu !
En 2012, l’industrie devrait recruter entre 26 800 et 31 200 cadres. Soit une évolution comprise entre une baisse de 9% et une hausse de 6% par rapport à 2011. Dans le détail, ce sont avant tout les secteurs de l’aéronautique et des équipements électriques et électroniques qui devraient doper ces recrutements. Des secteurs en effet à forte valeur ajoutée et qui vont continuer à être dynamiques en termes d’embauches. La fonction Etudes-Recherche & Développement pourrait tirer aussi son épingle du jeu grâce notamment aux effets positifs des politiques en faveur de la recherche. le mag I Avril 2012 I www.enova-event.com
L’aéronautique et les équipements électriques vont booster les recrutements de cadres Outre les activités Informatiques et les Télécommunications, les secteurs clés du marché de l’emploi cadre devraient être ceux du Conseil et gestion des entreprises et de l’Ingénierie et R&D. Dans le sillage de 2011, l’Industrie pourrait aussi résister avec de 26 800 à 31 200 recrutements, tirée par des secteurs d’activités porteurs tels que l’Aéronautique et les Equipements électriques et électroniques.
La Recherche & Développement tire son épingle du jeu Les deux fonctions traditionnellement « locomotives » du marché de l’emploi cadre que sont Commercial et Informatique représenteraient à elles seules, entre 60 000 et 74 000 recrutements. L’autre fonction « poids lourd » Etudes-Recherche & Développement, pourrait tirer aussi son épingle du jeu grâce notamment aux effets positifs des politiques en faveur de la recherche.
25 L’Industrie devrait résister et recruter entre 26 800 et 31 200 cadres cette année, dans le sillage de 2011 durant laquelle 29 500 cadres ont été embauchés. Les Services devraient embaucher entre 110 000 et 135 000 cadres, soit plus des deux tiers du total. Le secteur serait tiré par les Activités informatiques et Télécommunications, l’Ingénierie-R&D et le Conseil et gestion des entreprises. Le volume d’embauches de cadres dans le secteur Commerce dépasserait les 16 600. Pour ce qui est des fonctions, les recrutements d’informaticien(ne)s devraient rester à haut niveau, et se situer dans une fourchette comprise entre 26 700 et 35 000. La fonction « Etude, Recherche & Développement » reflèterait particulièrement la forte segmentation du marché : ce sont notamment les ingénieurs qui seraient les plus courtisés. Les cadres de la fonction Commercial verraient quant à eux leurs recrutements évoluer vers une stabilité à haut niveau : de 32 800 à 39 000 recrutements, soit 1 recrutement de cadres sur 5.
Démarrage difficile pour les débutants Le marché de l’emploi devrait rester difficile pour les débutants (Moins de 1 an d’expérience). Au total, 31 000 à 37 000 postes leur seraient proposés, soit une baisse allant de 2 % à 18 %. Les cadres confirmés (Plus de 5 ans), dont les recrutements devraient être compris entre 85 000 et 97 800, représenteraient toujours la majeure partie des embauches. Enfin, les jeunes cadres (Entre 1 et 5 ans d’expérience) représenteraient environ 30 % des recrutements totaux sur ce marché.
D'un point de vue géographique, les prévisions de recrutement témoignent d'un plus grand optimisme en Ile-de-France, Centre, Midi-Pyrénées, Auvergne et Alsace. Le pessimisme est de rigueur en revanche au nord : Picardie, Basse et Haute Normandie.
Un mouvement pour cinq ans Selon l’Apec, le mouvement de baisse des embauches de cadres devrait perdurer durant cinq années. En cause ? La croissance tétanisée de l’économie prévue pour 2012 - 2016. Il faudrait donc attendre 2014 pour retrouver des niveaux de recrutement égaux puis supérieurs à ceux de 2008. L’Apec estime donc que les conditions d’octroi du crédit vont être de plus en plus difficiles et restrictives, constituant donc un frein à l’investissement des entreprises et un ralentissement des exportations.
« Le marché de l’emploi cadre est certes sur le fil du rasoir, et les inquiétudes qui pèsent sur l’économie se retrouvent dans l’attentisme des entreprises. Mais, grâce à certains secteurs moteurs, la crainte d’un décrochage brutal des recrutements de cadres comme en 2009 n’est pas de mise. Un ralentissement des recrutements ou une stabilité pourraient finalement être observés ». Marie-Françoise Leflon, Présidente de l’Apec Source : Etude Apec du 15 février 2012
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Vie des entreprises
AIAC, actionnaire de MSL CIRCUITS, renforce son activité de sous-traitance électronique par l’acquisition de l’activité de services industriels et de fabrication de petites et moyennes séries du groupe Sagemcom.
Nouvelle gamme de produits : cibles optiques sur lames de microscope, pour l'étalonnage d'inspection et d'équipement de vision
Grâce à cette acquisition, AIAC développe son offre en matière de sous-traitance électronique en France et en Europe. Patrick SEVIAN, Président du groupe Sagemcom : « Nous sommes heureux de cet accord et voyons en AIAC, un partenaire idéal. AIAC offre de nouvelles opportunités commerciales pour cette activité et les sites de Bayonne et de Ben Arous. Nous pensons en effet qu’en recentrant l’activité de sous-traitance électronique et de fabrication des produits de petites et moyennes séries dans un environnement dont c’est le coeur de métier et en bénéficiant des compétences d’AIAC et de MSL CIRCUITS, cette collaboration offre des perspectives d’amélioration des performances et ainsi, d’attraction de nouveaux clients ». Bruno RACAULT, qui prend la direction de l’activité transférée se montre quant à lui, tout à fait confiant dans cette opération : « Cette acquisition est une formidable opportunité pour le groupe AIAC. L’activité de services industriels et de fabrication de petites et moyennes séries de Sagemcom permet à AIAC de consolider sa présence dans le secteur de la sous-traitance électronique en Europe et de se hisser parmi les leaders du secteur. Les deux nouvelles entités qui s’appellent désormais Bayonne Manufacturing and Services CIRCUITS (BMS CIRCUITS) et Tunis International Subcontracting CIRCUITS (TIS CIRCUITS) permettent désormais à AIAC de proposer aux clients une plus large gamme de services et de devenir ainsi un partenaire privilégié. Les 3 entreprises (MSL CIRCUITS, BMS CIRCUITS et TIS CIRCUITS), qui se complètent très bien, créent ainsi de meilleures conditions pour poursuivre une croissance dynamique et pérenne sur le marché ». www.bmscircuits.com www.mslcircuits.com www.tiscircuits.com
JD Photo-Tools sort une nouvelle gamme de produits : cibles optiques sur lames de microscope, pour l'étalonnage d'inspection et d'équipement de vision. Chaque cible a différentes applications. Un service sur mesure est disponible pour ceux qui ont besoin de modèles personnalisés. La société a lancé la fabrication d'un ensemble de 5 dessins communs, qui comprennent des micromètres d'étape au microscope, cibles de distorsion de grille, cibles de « grid array », objectifs de la résolution etc. John Dingley, Business Development Manager, commente la nouvelle application... « Nos clients utilisent principalement nos services sur mesure, ils nous envoient les dessins à l'image directement sur photomasque en verre et sur lames de microscopes. Cependant, nous avons constaté que certains modèles ont été régulièrement recadrés en formats légèrement différents, et nous avons donc décidé de rendre certains produits standards. Cela signifie qu'ils peuvent obtenir des conceptions standards expédiées le jour même, à un coût inférieur à la normale. La plupart des lames sont utilisées pour étalonner le matériel optique, et nous espérons l’ajouter à la gamme de produits dans les mois à venir. » www.jdphoto.co.uk
Edmund Optics ® lance son Prix européen d'excellence pour la recherche dans le domaine de l’optique Edmund Optics (EO), leader mondial dans la fabrication et distribution de composants optiques, a lancé son édition 2012 de l’ « Edmund Optics European Research and Innovation Award » afin de soutenir la recherche et l'innovation dans le domaine de l'optique au sein des universités et instituts publics en Europe. La société encourage les étudiants, doctorants, directeurs de laboratoire, enseignants ou professeurs qui participent à des programmes de recherche utilisant et développant la technologie optique à soumettre leur candidature. En Europe, Edmund récompensera trois projets de recherche par des dons de produits d'une valeur de 7 000 €, 5 000 € et 3 000 € respectivement. www.edmundoptics.com le mag I Avril 2012 I www.enova-event.com
27 Nouvelle gamme d’alimentations réversibles en courant : TCGSS Les développements actuels dans le domaine des énergies nécessitent l’utilisation d’alimentation bidirectionnelle en courant. Jusqu’à aujourd’hui les systèmes proposés étaient composés d’éléments séparés pour la génération et l’absorption ou étaient des systèmes non évolutifs. Regatron propose une nouvelle gamme d’alimentations réversibles en courant, la gamme TCGSS. Elle combine le savoir faire de Regatron obtenu avec la série d’alimentation TCP avec une technologie permettant de gérer des courants aussi bien en direction qu’en provenance de la charge. Le concept modulaire des alimentations permet d’obtenir un grand nombre de configurations différentes par la mise en série et parallèle des modules standards. Ce concept permet d’obtenir des rendements très élevés et une réponse dynamique importante. L’utilisation d’un transformateur moyenne fréquence permet d’assurer une isolation complète entre le réseau et le bus continu. De plus cette technologie permet d’obtenir des systèmes compacts et réinjecte la puissance sur le réseau. Les TCGSS permettent de couvrir une large plage de tension, de courant et de puissance. De plus les systèmes peuvent être upgradés par l’ajout de nouveaux modules de puissance avec un minimum d’adaptation des systèmes. Principales caractéristiques des modules : • Puissance : 20 ou 32kW • Tension : 400V, 500V, 600V • Courant : +/-100A • Rendement : 94% www.qualitysource.fr
Nouveau mini enregistreur de chocs : data logger MSR 165 Le data logger MSR 165 est un accéléromètre triaxial à haute résolution. Ce mini enregistreur est capable de relever 1600 mesures par seconde d’accélérations (chocs, vibration) pendant plus de 6 mois. De plus, température, humidité, pression et lumière peuvent être mesurées en même temps. Doté d’une capacité mémoire de plus de 2 millions de mesures, le MSR 165 est capable de stocker plus de 10 000 chocs. Le contrôle de choc est possible dès +/-15g avec l’enregistrement de 32 mesures avant l’événement. Toutes les mesures enregistrées peuvent être rapidement transférées à un PC ou à un ordinateur portable via l’interface USB. D’utilisation simple et facile, ce mini Data Logger universel ne mesure que 39x23x72mm et pèse 69g ! Le MSR 165 répond aux normes européennes RoHS / WEEE. De hautes performances pour un encombrement minimal ! www.th-industrie.com
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Avis d’experts
La fibre optique dans tous ses états !
Aujourd’hui la fibre optique est dans tous ses états… de courbure ! L’important pour elle était de pouvoir négocier des rayons de courbures très, très faibles, de quelques mm parfois. Tout en conservant ou améliorant même ses caractéristiques optiques et mécaniques dans le but de pouvoir se faufiler jusque dans les plus petits recoins d’un appartement.
Laurent Gasca, Responsable vente EMEA et Responsable produit Fibres de spécialités, chez Prysmian Group
Laurent Gasca. Cette caractéristique associée à d’autres propriétés que la R&D des grands fabricants apportées aux nouvelles générations de fibres optiques est à la base d’ouverture de marchés. Certes à ce jour certains peuvent être encore étroits en volume bien sûr comparés aux grands déploiements de réseaux de câbles optiques enterrés par exemple sous les chaussées, mais, ils gagnent en technicité et valeur ajoutée. On parle alors de fibres de spécialités pour des applications bien ciblées.
Photo : Draka
LeMag (*). Par exemple ?
ar c’est bien la demande croissante des consommateurs pour les hauts débits télécoms/Internet au sein de leur propre foyer - le fameux FTTH - qui a poussé les fabricants à développer de nouvelles gammes de fibres et de câbles optiques qui soient insensibles, résistantes aux courbes même très serrées et sans perte de signal évidemment. N’est-il pas vrai que ce sont souvent les derniers mètres, les derniers pas qui sont les plus difficiles dans une avancée, qui plus est si en terme de FTTH l’on parle plus traditionnellement du dernier km dans la problématique d’équipement d’immeubles jusqu’à l’abonné final ! L’avènement de la fibre optique résistante aux courbures a donc été le déclic au développement de nouveaux domaines d’applications ? Laurent Gasca apporte quelques précisions.
C
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L G. L’un des objectifs est alors que la fibre optique opère plus d’une à plusieurs autres fonctions que celle de simple transport de l’information comme par exemple l’amplification et le filtrage de la lumière… LeMag. Ne doit-elle pas être non plus dans cette variété de fibres dites spéciales, plus résistante à des environnements d’utilisation qualifiés de critiques, hostiles, difficiles… ? L G. Nous avons été amenés à développer des fibres optiques pouvant résister à des températures élevées, jusqu’à 200 voire 300°C notamment pour l’industrie
29 aéronautique, résister aussi à des radiations que l’on peut rencontrer dans des centrales nucléaires, ou bien encore supporter des émanations d’hydrogène fréquentes, entre autres, dans des forages pétroliers, etc. Sans oublier également les fibres qui offrent de très bonnes résistances aux pressions mécaniques trouvant ainsi leur place dans des lieux de passage tant de personnes que d’engins… Pour ce faire nos équipes de recherche ont travaillé à l’amélioration de la structure de verre de la fibre elle-même comme de son revêtement qui peut être un matériau composite polymère… Ainsi chez Prysmian Group c’est la gamme de fibres DrakaElite qui répond à ces spécificités avec, par exemple, la fibre BendBright-Elite parfaitement adaptée à la réalisation de capteurs ou encore de composants télécoms… Il y a beaucoup d’évolution. LeMag. C’est vrai que l’on rapproche de plus en plus les deux termes fibre optique et capteur de mesures de pression, température, vibration…
De Draka à Prysmian Group Les utilisateurs français connaissaient Draka comme fournisseur de fibres optiques. Prysmian (d’origine italienne) a racheté Draka en 2011. Même si la marque Draka subsiste, les deux entités opèrent maintenant sous l’appellation Prysmian Group. L’entreprise réalise globalement un CA de l’ordre de 7 milliards d’euros et occupe toujours une place de leader dans le domaine des câbles - cuivre et fibre optique - et des systèmes d’énergie et de télécoms. L G. On peut raisonner à deux niveaux : d’une part, et c’est son rôle traditionnel, la fibre permet de relier des capteurs entre eux et son aptitude maintenant à être insensible aux rayons de courbures comme évoqué précédemment est un atout. D’autre part, et c’est bien plus intéressant, la fibre optique se présente comme étant elle-même un capteur voire un véritable réseau de capteurs, réagissant à des variations de températures, de pressions, etc ! Sa fonction est élargie car non seulement la fibre est porteuse d’informations mais elle peut elle-même créer de l’information ! Avec comme corollaire des domaines nouveaux d’applications principalement dans le
monitoring des grandes infrastructures routières (ponts, tunnels..), ferroviaires et industrielles (pétrochimie…). LeMag. A l’évidence la fibre optique n’a pas fini de progresser et de nous étonner qu’elle soit spéciale ou de spécialité ou tout simplement pour réseaux télécoms et d’entreprises. Pourvu qu’elle soit partout ! Et comme d’autres de ses confrères, Prysmian Group a, semble-t-il, bien placé ses pions sur toutes grandes parties de l’échiquier. (*) Propos recueillis par Jean-Jacques Beauventre
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Innovation
Appel à projets Nanoélectronique : « Tours 20 15 » : 103 millions d'euros pour développer des produits économes en énergie Le projet de recherche et développement (R&D) Tours 2015, porté par le site de production de STMicroelectronics à Tours en lien avec le CEA et 13 laboratoires du CNRS, a été sélectionné dans le cadre du premier appel à projets « Nanoélectronique » du programme économie numérique. e coût de ce projet, d’une durée de 5 ans, est de 164 millions d’euros, et l’aide versée par l’Etat au titre du soutien aux travaux de R&D est de 69 millions d’euros, dont 34 millions d’euros pour STMicroelectronics. Les investissements d’avenir financeront également la mise en place par la recherche publique d’une installation pilote, d’un coût de 34 millions d’euros sur le site même de l’industriel, partagée entre les partenaires et destinée à l’étude et à la réalisation des microbatteries.
L
Le projet Tours 2015, d’une durée de 5 ans (2012 - 2016), vise l’étude et le développement de composants nouveaux destinés à la maitrise avancée de l’énergie dans les dispositifs électroniques. Il porte en particulier sur : - des composants innovants pour la conversion de l’énergie utilisant de nouveaux matériaux semiconducteurs tels que le nitrure de gallium ; - des composants passifs aux performances accrues et à très faibles pertes grâce à l’emploi de nouveaux matériaux isolants ; - l’intégration de micro-batteries et de circuits de récupération de l’énergie dans les composants électroniques. le mag I Avril 2012 I www.enova-event.com
Les technologies développées dans le cadre de Tours 2015 présentent de nombreuses applications. Elles seront ainsi source d’innovation pour les acteurs de filières industrielles variées : habitat, automobile, transports, énergie, médical, applications industrielles ou encore biens de consommation. Le projet Tours 2015 renforcera l’écosystème constitué entre l’industrie des composants et les laboratoires de recherche dans un partenariat public-privé renouvelé, et débouchera à terme sur un renforcement de la compétitivité et l’accroissement de la production industrielle sur les territoires. Il s’inscrit dans la dynamique nationale d’innovation dans le domaine stratégique de la nanoélectronique. Tours 2015 complète les 8 premiers projets de R&D sélectionnés dans le cadre de l’appel à projets « Nanoélectronique n°1 » et bénéficiant d’un soutien public à hauteur de 135 millions d’euros pour 325 millions d’euros de dépenses de R&D. Un deuxième appel à projets consacré à la nanoélectronique a été lancé le 21 juillet 2011. 15 projets ont été soumis dans ce cadre et sont en cours d’instruction. Le soutien au projet Tours 2015 sera soumis à l’approbation de la Commission européenne. Source : http://investissement-avenir.gouvernement.fr
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Procédé Magsalia : rendre transparente la matière Faire apparaître ce que les sens ne perçoivent pas. Tel est en résumé l'objectif du procédé Magsalia, technologie innovante à vocation industrielle, inventée par Bruno Wirtz, un mathématicien de l'Université de Bretagne Occidentale basée à Brest. Le principe : Magsalia est un procédé de traitement du signal dédié à la détection de sources émettant un signal faible et/ou dilué dans le bruit. Concrètement, suite à une prospection de terrain avec un instrument de détection le plus souvent héliporté, Magsalia assure une optimisation des données brutes acquises permettant la détection et la localisation de cibles. «La nature tend à flouter certains signaux, explique le mathématicien. Notre travail consiste à retransformer une tache en points. Une surface de 1km2 équivaut à 16 millions de points, ce qui représente deux heures de calculs. Nous recherchons ce qui est réel et que nos sens ne perçoivent pas. C'est une façon de rendre la matière transparente. Cela peut solutionner de nombreux problèmes, lorsque l'on sait que 10% d'une surface peut représenter 90% d'une solution».
Les secteurs d’activités ciblés : Associé à des acquisitions magnétiques, Magsalia permet la détection de petits objets (quelques dizaines de cm) enfouis jusqu’à plusieurs dizaines de mètres, ce qui en fait un outil performant sur les marchés de dépollution pyrotechnique ou de détection de câbles et/ou pipes sous-marins. Appliqué aux données récupérées par radar, sonar ou lidar, le procédé accentue les microreliefs cartographiant à haute résolution les espaces drainés et offrant ainsi un formidable outil de gestion des ressources en eau mais également, considérant ces drains comme vecteurs de polluants, un système de gestion de pollution. « Le procédé Magsalia peut, par exemple, permettre de repérer les endroits par lesquels peuvent s'écouler les nitrates » polluant agricole à l’origine du phénomène des algues vertes sur le littoral breton en particulier.
Un transfert de Technologie : Si Magsalia est une technologie issue de la recherche universitaire, son potentiel industriel a très vite été détecté. Tel est le rôle de Bretagne Valorisation, structure mutualisée assurant la valorisation de la recherche issue des universités et écoles d’ingénieur bretonnes. Depuis 2006, Bretagne Valorisation a déposé plusieurs brevets sur le procédé et accompagné l’équipe de recherche dans les étapes de maturation de la technologie nécessaires pour répondre efficacement aux besoins des marchés. En 2010, le projet est soutenu par le fond de maturation de la région Bretagne (Crédits Bretagne / Feder) pour finalement donner naissance la même année à la Business Unit Tellus Environment. Ces « BU », outils mis au point par Bretagne Valorisation, permettent tout en étant adossées à une Université de tester en conditions réelles les marchés avant création d’une entreprise. En 2011, la BU Tellus Environment signe un contrat avec la filiale spécialisée en dépollution pyrotechnique d’une des majors françaises et se positionne efficacement sur les marchés de gestion de ressource en eau lui donnant la visibilité nécessaire pour prévoir la création de la société du même nom avant l’été 2012. http://www.bretagne-valorisation.fr/ http://tellus-environment.com/
Bretagne Valorisation ® a pour mission la valorisation des activités de recherche des établissements suivants : Université de Rennes 1, Rennes 2, Bretagne Occidentale, Bretagne-Sud, ENSCR, INSA de Rennes, ENS Cachan - Antenne de Bretagne, Agrocampus-Ouest.
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Innovation
Le programme CAP’TRONIC : un outil efficace de diffusion de l’électronique et des logiciels embarqués au service des PME 2 projets accompagnés par CAP’TRONIC QUIETYS
BLR Concept
QUIETYS a pour activité principale l'étude, la conception et la fabrication de kits anti-bruit, dédiée à l’exploitation d'algorithmes feedback, feedforward et hybrid propriétaires de traitement du bruit par Absorption Acoustique Active (Technologie visant à réduire un bruit en lui opposant son bruit contraire). Elle commercialise un contrôleur antibruit actif qui permet d’atténuer les nuisances sonores au moyen d'actionneurs électroacoustiques. Dans sa forme la plus simple, le dispositif de contrôle capte les sons nuisibles et pilote un haut-parleur afin de produire un champ acoustique qui soit l'inverse exact du champ perturbateur. Le haut-parleur annule ainsi la perturbation, et le résultat final conduit à une réduction des nuisances sonores. QUIETYS, accompagnée par CAPTRONIC fait du bruit : prix du Ministère de la Défense pour la « Bulle anti-bruit » au Concours Lépine en 2008 et le prix des Jeunes Entreprises Innovantes (catégorie Procédé industriel) de l’Usine Nouvelle en 2009. Contact : M. ODENT - Tél. : 04 67 42 69 93 email : jc.odent@quietys.com www.quietys.com
BLR Concept est spécialisée dans l’agencement de bijouteries, la création, le développement et la fabrication de vitrines sécurisées. Pour un de ses modèles de vitrines, la PME avait le projet de remplacer le système pneumatique de mise en sécurité des bijoux par un système de motorisation électrique. L’objectif était d’éliminer le compresseur d’air comprimé et le bruit associé, de simplifier la fabrication, de permettre un fonctionnement sur onduleur en cas de coupure d’électricité et de réduire le temps de mise en sécurité des bijoux (moins de 1 seconde en cas d’alarme). Elle a été accompagnée par CAP’TRONIC, dans le cadre d’une prestation d’appui technique, confiée à la plateforme Mécaprod de l’IFMA : • Conseil dans le choix d’une solution de motorisation électrique s’interfaçant avec les dispositifs électroniques existants, • Aide dans le développement d’un prototype, • Accompagnement pour acquérir la maîtrise technique lui permettant de configurer elle-même les vitrines en fonction des demandes spécifiques des clients. Contact : Franck THIVEL - Tél. : 04 70 32 07 77 www.blr-concept.fr/
Les Ateliers CAP’TRONIC pour se former à la mise en œuvre des logiciels embarqués Depuis décembre 2011, le programme CAP’TRONIC a été renforcé et élargi d’accompagner les PME dans l’intégration de logiciels embarqués dans leurs produits. CAP’TRONIC lance en 2012 ses premiers ateliers de formation consacrés au logiciel embarqué. Ils s’adressent aux ingénieurs et techniciens électroniciens qui développent des produits électroniques et qui désirent améliorer leurs compétences pour le développement des logiciels embarqués. Les thématiques traitées seront issues des demandes des PME adhérentes et des retours des séminaires CAP’TRONIC. Agenda des prochains ateliers : • Langage C embarqué temps réel sur ARM Cortex M3/M4 - 10 et 11 mai 2012 à Sèvres • Atelier Linux embarqué : mise en œuvre et extensions temps réel - du 14 au 16 mai à Talence - du 26 au 28 juin à Montpellier • Traitement numérique du signal - 5 et 6 juin à Saclay Conditions d’inscription et frais de participation : www.captronic.fr
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Vie de la profession Les J’M : rencontre de 2 jours orientées « pratique de la mesure »
Ce nouveau rendez-vous dans les activités du CFM est une rencontre ouverte sur les problèmes du quotidien et avec des démonstrations pratiques. Cet événement sera organisé en année paire et sa vocation est de tourner dans les régions françaises. Les premières J’M ont lieu les 26 et 27 juin à Toulon. La manifestation est organisée avec le soutien de l’IMQ, relai en région Paca, et de BEA Métrologie, du Canal de Provence, du CETIAT, du CT2M et de Delta Mu pour la construction du contenu technique. Ces Journées sont également soutenues par la société Trescal. Le public visé : industrie manufacturière, PME-PMI, laboratoires, bureaux d’études, consultants, universitaires. Les J’M sont organisées sur le principe d’une zone unique pour favoriser au maximum les échanges et contacts. Pour tous compléments : info@cfmetrologie.com
L'association Réseau Mesure (RMVO) fêtera cette année le 10ème anniversaire de sa création. 70 entreprises, fabricants, concepteurs, distributeurs, sociétés d’ingénierie de la mesure et de l’instrumentation font désormais partie de l’association. L’ambition est de franchir le seuil des 100 adhérents en 2012. Soutenu par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Versailles Val d’Oise Yvelines et dans le cadre du plan d'actions « grappes d’entreprises » financé par la DATAR, le RMVO se mobilise auprès de ses membres pour les accompagner dans leur développement, en mettant en oeuvre des actions collectives et pérennes pour assurer le développement économique de ses membres et les aider à être plus compétitifs. Le RMVO recevra le 12 septembre 2012, l’ensemble des acteurs qui se mobilisent pour son succès afin de fêter ses 10 ans. www.rmvo.com
Lauréats 2012 du Prix Fibre de l’Innovation Les 10 candidats nominés à la 4ème édition du Prix Fibre de l’Innovation, tous représentants d’une entreprise ou d’un laboratoire membre d’Opticsvalley, ont présenté devant 300 spectateurs leur innovation. Le public a ensuite désigné chaque lauréat dans 2 catégories : « Recherche » et « Entreprise » à partir des trois critères de récompense indissociables dans ce prix : l’avancée (scientifique, technologique ou technique), la pertinence (économique, sociétale ou citoyenne) et la qualité de l‘expression (clarté, vulgarisation, séduction). Lauréat catégorie « Recherche » : Thomas BERTHELOT, du CEA Saclay pour son projet « Microscope biologique à sonde locale » Microscope à résolution atomique : du diagnostic médical personnalisé à l’analyse de l’environnement par le développement d’une imagerie rapide ultrasensible. Lauréat catégorie « Entreprise » : Jordan MOSER d’Amplitude Technologies pour son projet « SAPHIR ». SAPHIR veut réaliser une plateforme pour traiter les tumeurs par proton thérapie en collaboration avec LOA, CEA, Imagine Optic, IGR, CPO et Oseo. www.opticsvalley.org
Indice GFIE février 2012 : 5,35 Evolution de l'indice en rapport au mois de janvier : +16% Par rapport à janvier, nous constatons, un bel indice de confiance (5,35), une belle progression de l’indice consommable (+30%), une belle progression de l’indice machine (+87%), une assez belle remontée de l’indice de confiance des ménages français : donc au pays des champion du pessimisme la vie est belle. Notre indice est surtout tiré par trois adhérents qui ont fait un mois exceptionnel principalement sur la vente d’équipements et surtout en France vu l’indice export. Pour les autres, l’activité fut majoritairement en progression mais sans pour cela monter au ciel. Quitte à ce que je me répète, il y a bien encore, sur notre territoire, de la fabrication de l’électronique et du numérique, mais nous pilotons tous à vue avec des bonnes surprises à chaque évaluation mensuelle, tant qu’elles sont bonnes tant mieux. Pourvu que cela dure et avec un indice de confiance à 5,35 cela devrait. Commentaires du Président Pierre Jean ALBRIEUX. www.gfie.fr
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Vie de la profession Découvrez en page 8 du magazine un extrait de l’étude réalisée par Cabinet DECISION Etudes & Conseil réalisée dans le cadre de l’AGO du SPDEI du 22 mars 2012 : "Industrie électronique 2010-2015 : Nouvelles opportunités dans un monde qui change" www.spdei.fr
Journées test & mesure 2012 Réseaux en fibres optiques : réflectométrie et photométrie... Le 8 mars dernier, une quarantaine d’experts et professionnels ont revu les principes de base des mesures des réseaux en fibres optiques - réflectométrie et photométrie - et découvert les évolutions dans ce domaine. • « Principes de la réflectométrie » et « Réflectométrie versus photométrie », Laurent Colomer, Photon Lines. • « Réflectométrie dans les réseaux optiques passifs et réflectométrie dans le très haut débit », Olivier Daire, JDSU • « Réflectométrie et câbles à fibres optiques à forte densité », Cyril Coatrieux, Wavetel. • « Réflectométrie à haute résolution », Bertrand Haas, Vierling Communication, • « Au-delà de l’OTDR, une nouvelle génération d’outils intelligents et communicants », Nicolas Carlier, EXFO. Présentations des intervenants sur demande sur le site internet dans « Conférences passées ». Prochaine réunion le jeudi 26 avril 2012 sur le thème : Les réseaux à 100 Gbit/s. www.cluboptique.org
Ces expositions itinérantes sont le complément indispensable d'un réseau de vente. Près de 300 visiteurs qualifiés par journée, et une moyenne de 60 exposants par ville. Elles maintiennent le contact de nos adhérents avec leurs clients de province. • Ecole Polytechnique de Palaiseau Jeudi 20 septembre • Bordeaux Jeudi 11 octobre • Toulon Mardi 20 novembre • Strasbourg Mardi 11 décembre Détails sur : www.simtec.org
35 Succès confirmé pour les 2èmes Rencontres ÉLECTRONIQUE IMPRIMÉE Plus de 130 participants avec des intervenants mondialement reconnus.
Nouvelle génération de transistors flexibles à base de graphène
L’électronique imprimée, un marché à haut potentiel Perspectives de cette nouvelle filière au niveau mondial. Cette année, le marché mondial est de 9.4 Mds$ avec principalement les oleds, le photovoltaïque organique et les formulations conductrices. Actuellement, 825 sociétés et laboratoires en Asie travaillent sur l’électronique imprimée alors près de 1 000 entités sur l’Amérique du Nord. En Europe, nous dépassons le millier d’entreprises et de laboratoires qui agissent sur le sujet. Les prévisions sur les dix prochaines années montrent une croissance exponentielle qui s’établira à 60 Mds$ vers 2022 (IDTECHEX, OE-A). Tour de France des différentes plates-formes technologiques • CEA LITEN, avec la plate forme PICTIC, travaille aussi sur d’autres domaines tels que le photovoltaïque organique et les batteries souples imprimées. • Région AQUITAINE représentée par Georges HADZIIOANNOU, LCPO de l’université de Bordeaux, dont le projet a reçu un financement national pour monter une plate-forme ELORPrintTec jumelée avec le projet AMADEus. Elle rassemble des équipes scientifiques transversales avec les équipes du CNRS pour étudier la chimie et la physique des nouveaux matériaux de l’électronique imprimée. • Région PACA avec la présentation de la plate forme MICROPACKS qui sert en priorité les industriels de la carte à puce qui vont s’orienter vers l’électronique imprimée. Eléments de compréhension sur ce nouveau domaine d’applications très prometteur qui utilise la particularité molle de l’électronique imprimée pour envisager des applications in situ, en particulier dans le traitement des maladies épileptiques (Roisin OWENS, professeur associée du laboratoire de bioélectronique Georges MALLIARAS). Historique du procédé de fabrication des cartes à puces et l’éventualité de l’utilisation de la technologie de l’électronique imprimée en gardant à l’esprit la réduction des coûts (GEMALTO). • Etat de l’art de l’électronique imprimée appliquée aux interfaces tactiles avec une nouvelle technologie de capteurs multi touches (STANTUM), • Différentes applications textiles (L'institut IFTH), • Panel des marchés leds et oleds (Frédérique le HOUEDEC) • Secteur du photovoltaïque organique (HELIATEK). Après une présentation détaillée du point de vue d'OSEO, investisseur, Jean-Yves GOMEZ, président de l’association française de l'électronique imprimée, AFELIM, nous a dressé le bilan des premières actions nationales et a précisé la pleine collaboration entre l’industrie et la recherche pour développer au plus vite les applications en France. Rencontres organisées par la société LAGOA www.rencontreselectroniqueimprimee.com www.afelim.fr
La réalisation de composants électroniques à base de graphène, matériau constitué d'un plan unique d'atomes de carbone, est aujourd'hui un défi technologique majeur. Les chercheurs espèrent, d'une part, bénéficier de la mobilité électronique exceptionnelle au sein de ce matériau et, d'autre part, concevoir des composants électroniques flexibles à bas coût. Des chercheurs du CEA [1], du CNRS [2], de l'Université Lille 1 et de l'Université de Northwestern [3] ont élaboré un nouveau procédé original de fabrication de transistors combinant flexibilité et mobilité électronique, capables de fonctionner à très haute fréquence (GHz) et utilisant du graphène manipulé « en solution », compatible avec des techniques d'impression. De tels composants électroniques devraient permettre le développement de circuits électroniques performants, intégrés dans les objets du quotidien. Références [1] IRAMIS/DSM : Service de Physique de l'Etat Condensé CEASaclay. [2] Institut d'électronique, de microélectronique, et de nanotechnologie (IEMN, CNRS /Université de Lille 1/ISEN/UVHC). [3] Department of Materials Science and Engineering and Department of Chemistry, Northwestern University, Evanston, Illinois, USA. Source : www.sfpnet.fr Rubrique : Avancée scientifique, posté le 15 Mars 2012, Communiqué du CEA
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23 | 24 | 25 OCTOBRE 2012
P a r i s e x p o P o r t e d e Ve r s a i l l e s - H a l l 1 w w w. e n ova - ev e n t . c o m
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