REPORTAGE
FRANCIS HUSTER STEVE SUISSA
DANS LES COULISSES D'AROUTZ HA-KNESSET
LeMag.co.il
INTERVIEW EXCLUSIVE
eMag’ N°6 AVRIL - MAI 2016
RENCONTRE AVEC CLAUDE LELOUCH ET ELSA ZILBERSTEIN
LeMag’ N°6 AVRIL-MAI 2016 20,00
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L'ÈRE DU WEB FOCUS SUR LA CYBER DÉLINQUANCE
PATRICK DRAHI Patron de HOT et I24NEWS
JUSQU'OÙ IRA-T-IL ?
84 PAGES D’ENQUÊTES, D’INVESTIGATION ET DE DÉCRYPTAGE France Métropolitaine 4,85 € - Israël 20 ₪ - Belgique : 5 € - Suisse : 5,25 CHF - Canada 6,86 CAD - Luxembourg : 5 € - Dom-Tom 7 € Avril - Mai 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°6 • 1
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Éditorial DIRECTEUR DE PUBLICATION Remy Allouche remy@lemag.co.il DIRECTION ÉDITORIALE Caroll Azoulay caroll@lemag.co.il DIRECTRICE ARTISTIQUE Solène Sitbon solene@lemag.co.il GRAPHISTE Ilana Cohen ilana@lemag.co.il SECRETARIAT DE RÉDACTION Deborah Marciano deborah@lemag.co.il JOURNALISTES Naomie Ariel Karine Sarfati David Jortner Tal Bauman Kathie Kriegel Boaz Birkmaier Dahlia Perez Claire Zilberstein Ambre Bendayan Agnes Lichten Déborah Hosatte Katja Epelbaum PHOTO EDITOR fotolia - http://fr.fotolia.com/ IMPRESSION Old City Print DIRECTRICE ADMINISTRATIF ET FINANCIER Deborah Marciano deborah@lemag.co.il RESPONSABLE COMPTABLE Sandrine Samama sandrine.compta@gmail.com COMPTABLE Zaira Spencer compta@lemag.co.il MANAGER DE LA PUBLICITÉ Jean Wertenschlag sales@lemag.co.il RELATION PRESSE Caroll Azoulay caroll@lemag.co.il FONDATEUR Remy Allouche Éditions GOALI PRESSE LTD 514 388 016 : ח’’פ ירושלים- 13 כנפי נשרים Tél. : 02 654 01 78 / Fax : 1532 654 01 78
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Le bonheur de construire
essa’h, Yom Ashoah, Yom Ha’atsmaout, Yom Yérouchalaïm. Quatre dates qui se suivent pour retracer le destin d’un peuple, devenu une nation. L’histoire d’un exil long, difficile, douloureux parsemé de personnages héroïques ayant su fendre les flots, nous montrer le chemin, préserver notre foi et notre espoir. A si juste titre ! Voici ce pays, imparfait certes, mais dans lequel nous pouvons faire fleurir des idées, des projets, des orangers et des enfants par milliers. Nos enfants, qui vêtus de bleu et de blanc, nous font venir les larmes aux yeux quand ils chantent, dans la cour de l’école, de leur voix fausses mais claires et pures, l’hymne de ce pays… Sortir de nos limites, de notre étroitesse, pour révéler notre potentiel et proclamer à la face du monde la volonté du Peuple juif à vivre libre sur sa terre. Il nous reste bien du chemin à parcourir pour être fidèle à notre vocation ultime : devenir une lumière pour les nations. Mais soyons indulgents envers nousmême, donnons-nous du temps, l’essentiel est de bâtir chaque jour et d’être capable parfois, de déconstruire, afin de poser de nouveau, à leur juste place, les pierres de ce grand édifice. Pour cela, inspirons-nous de ces bâtisseurs nés, talentueux, chacun dans leur spécialité : Patrick Drahi dans les affaires, Steve Suissa et Francis Huster, dans l’art et la culture, Nathan Diament dans la mémoire, Claude Lelouch dans le cinéma ou encore Amir Haddad dans la chanson, qui n’a jamais caché sa double nationalité et se trouve aujourd’hui propulsé sur la scène de l’eurovision, au grand dam des fans du BDS… Bonne lecture, bonnes fêtes de Pessa’h ! Rémy Allouche
Vous souhaitez nous communiquer une information non commerciale liée à la vie de votre ville, de votre association ou de votre communauté ? Un seul Email : courrier@lemag.co.il Avril - Mai 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°6 • 5
SOMMAIRE AVRIL - MAI 2016 LeMag’ N° 6
Le 12 mai prochain, Israël célébrera son 68ème anniversaire. LeMag’ prend un peu d’avance pour lui souhaiter un Happy Birthday à sa manière.
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C'EST DANS L'AIR
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REPORTAGE
Comment Israël a changé le monde en sept décennies
Aroutz Ha-Knesset Une chaine au cœur du pouvoir
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Amir Haddad Le Franco-Israélien a été choisi pour représenter la France à Stockholm, le 14 mai prochain. Coup de cœur
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14 CULTURE
L’art de l’équilibre
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L'INVITÉ DU MAG
Présentes dans le monde entier, ses œuvres parlent pour elle. Brigitte NaHoN, artiste forte et fragile à la fois, s’expose dans leMag’
Francis Huster et Steve Suissa Les deux stars de la scène théâtrale parisienne nous livrent leur vision d’un métier auquel ils ont voué leur vie
20 ENTREPRENDRE Brillant, hyperactif, déterminé.
Qu’est-ce qui fait courir Patrick Drahi ?
24 IMMOBILIER
On en parle peu, mais la donation d’un bien immobilier à un mineur peut se révéler judicieuse…dans certains cas. Eclairages
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Un penthouse, tout le monde en rêve. Alors combien ça coûte ?
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ÈRE DU WEB
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À LA UNE
Pirates du Net Craquer des passwords, contourner un firewall, infecter des ordinateurs. C’est leur spécialité, c’est notre angoisse !
Le Tribunal rabbinique de Jérusalem a décidé d’isoler socialement et religieusement Oded Guez, l’un de ces hommes qui s’obstinent à refuser le guet à leur épouse. Interview exclusive
Retrouvez LeMag’ sur www.lemag.co.il et sur facebook/lemag.co.il
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DOSSIER CONSO
Comment adapter ses compétences aux couleurs du pays
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L'AN PROCHAIN À JÉRUSALEM
Formations professionnelles Quelles options pour les olim ?
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TRIBUNE LIBRE
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Nos charriots ne cessent de se remplir. Comment consomme-t-on ? Décryptage au travers de chiffres, d’une interview, de témoignages et de bons plans. C’est votre dossier leMag’.
Céline Ahnine est une infirmière en colère. Elle nous le fait savoir
Les programmes minceurs qui permettent d'aborder les fêtes en toute sérénité
63 SANTÉ Maigrir en toute sérénité 66
LOISIRS
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C'EST L'HISTOIRE...
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RENCONTRE AVEC…
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VIVRE AUTREMENT
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BON À SAVOIR
Jeux et Enigmes
de Nathan Diament Un homme qui n’a pas oublié
Claude Lelouch et Elsa Zilbertsein Ils étaient en Israël, nous les avons croisés
Ashdod : Drone city ? Les drones pourraient, dans un avenir proche, devenir l'un des moyens de liaison civile les plus utilisés. Ashdod veut tenter l’expérience. LeMag’ veut comprendre
Adresses et infos utiles
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La famille qui l’a sauvé pendant la Shoah a été décorée du titre de ‘Justes parmi les nations’. Soixante ans plus tard, clin d’œil de l’histoire, Nathan Diament siège dans cette commission guidée par l’éthique, la morale et la reconnaissance
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C’EST DANS L’AIR LEMAG’
COMMENT ISRAËL A CHANGÉ LE MONDE EN 68 ANS (SEULEMENT!) Il n’y a pas de problèmes, mais que des solutions. Telle pourrait être la devise de ce pays qui a transformé la mer en or bleu et le sable en villes ultra modernes. Défiant la nature, la logique et les hommes, Israël ne cesse de révolutionner le monde depuis 1948. Inventions, innovations, technologies ou concepts, le petit Etat juif n’en finit pas d’étonner la planète, à qui il propose de retrouver la vue, de manger différemment, de mieux se soigner et même d’inventer de nouveaux modes de vie. A la veille du soixantième huitième anniversaire d’Israël, leMag’ lui rend hommage à sa manière. 1
LUNETTES MAGIQUES Destinées aux non-voyants, les lunettes mises au point par le professeur Zeev Zalevsky, chef du génie électrique et nanophotonique à l’Université Bar-Ilan, traitent une image puis la reconstituent sous forme de signal envoyé à un ensemble de petits miroirs situés à quelques millimètres des yeux de l’utilisateur. Les miroirs envoient ensuite un ensemble de vibrations à la cornée qui « ressent » dès lors les objets dans l’espace. « C’est comme si vous fermiez les yeux et ressentiez votre entourage avec vos doigts, vous pouvez imaginer ce qui est en face de vous », a déclaré Zalevsky. 2
MINI TOMATE Née dans les années quatrevingt-dix dans la faculté d’agriculture de Rehovot, la tomate cerise inventée par les Professeurs Nahum Kedar et Haim Rabinowitz, a révolutionné nos assiettes et nos apéritifs ! Récipiendaire du prestigieux Prix d’Israël en 2006 (notamment), le Pr Kedar, décédé en 2015, est considéré comme le fondateur de l’agriculture High-Tech. 3 … ET MAXI VACHES À LAIT Les vaches israéliennes produisent la plus grande quantité et la meilleure qualité de lait au monde et
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ce, sans utilisation d'hormones de croissance. En moyenne, 12.083 kg de lait par vache en 2014, contre 10.097 kg aux Etats-Unis. Leur secret ? Une informatisation des données liées à la génétique, à la fertilité et au quotidien des vaches couplée à un patrimoine génétique unique en son genre. La ‘Israeli-Holstein’ serait ainsi la plus résistante au monde…
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ÇA NE FAIT PLUS MAL ! PillCam, la petite capsule ingérable munie d’une mini-caméra permettant d’explorer le corps du patient sans douleur a conquis le monde pour son efficacité et la réduction du stress générées par ce système d’investigation médicale sans douleur. On le doit à Given Imaging, aujourd’hui leader mondial dans le développement et la promotion de solutions médicales non invasives. MORT AUX POILS ! EpiLady, le célébrissime premier épilateur électrique a été créé par Yair Dar et Shimon Yahav, en 1986, et fabriqué au Kibbutz Goshrim. Depuis, il est parvenu à assurer sa place de leader mondial sur le marché des soins de beauté en vendant près de 30 millions de machines à tuer l’un des plus grands ennemis des femmes ! 5
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ROULER ÉLECTRIQUE … C’est rouler Better Place. ‘Better Place’ ou l’idée d’un ‘monde meilleur’ dans lequel les voitures ne polluent plus. C’est le concept de l’homme d’affaire visionnaire Shai Agassi, à l’origine de la voiture électrique (créée en 2007) utilisée et commercialisée aujourd’hui dans le monde entier. 6
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7 PETITE MAIS COSTO ! Mais que ferait-on sans elle ? La clé USB (disk on ki en hébreu), l’incontournable petit appareil de stockage portable, a été imaginé par Dov Moran en 1988, dans l’objectif premier d’améliorer les performances du disque et de la disquette (paix à leurs âmes…) mais surtout après que le jeune ingénieur du Technion ait perdu toutes les données de son ordinateur, tombé en panne lors d’une démonstration cruciale. Ou comment transformer une mésaventure en gros succès…
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MICROSOFT WINDOWS XP : PRESQUE UN CITOYEN ISRAÉLIEN La plus grande partie du système d'exploitation Windows XP a été réalisée par Microsoft Israël. « Si vous faites le calcul, Microsoft est presque autant une société israélienne qu’une société américaine » expliquait en 2008, le PDG de Microsoft, Steve Ballmer. (Pour info, les seuls centres de R&D de Microsoft et Cisco dans le monde en dehors des Etats-Unis se trouvent en Israël et la première filiale de Intel hors des Etats-Unis a été ouverte en Israël.)
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© באדיבות הקרן למורשת הכותל
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WAZE Même les plus doués ont perdu le sens de l’orientation à cause de lui. En attendant, grâce à ce GPS ultra intelligent, développé par Ehud Shabtaï, on ne perd plus le nord ! En 2012, l'application a été téléchargée 15 millions de fois à tra-
vers le monde. 10 DÔME DE FER Grâce à cette technologie, les Israéliens sont devenus "invincibles" et ont privé leurs voisins Gazaoui du plaisir de voir Israël réduit à un champ de mines. ‘Kipat Barzel’, comme on l’appelle affectueusement, est le meilleur chien de garde du pays. L’intercepteur officiel de missiles a été mis au point dans les années quatre-vingt-dix.
" DÉMOCRATIE AU MOYEN-ORIENT " Label israélien déposé. Concept politique et sociétal auquel les Israéliens sont très attachés mais dont la spécificité est de n’être viable que sur l’étroitissime territoire israélien. Hors des frontières d’Israël, la ‘Démocratie au Moyen-Orient’ disparait, se fane ou se transforme en révolution sanguinaire. 11
12 HOUTZPA Inventée par les Israéliens pour compenser leurs angoisse existentielle et stress quotidien, la Houtzpa est une notion 100% ‘made in Israel’ et ne s’acquiert qu’au prix d’un long entrainement. Une fois maitrisée, c’est délicieux. Elle permet de passer devant tout le monde dans une file d’attente, d’écraser les pieds du voisin sans s’excuser dans le bus ou d’entrer dans le cabinet du médecin sans avoir pris rendez-vous.
INVITER UN PRÉSIDENT À PARLER À UN MUR. Pratique inventée par les Israéliens – ils sont les seuls à avoir oser – pour convaincre tous les grands de ce monde de passage en Israël à venir se recueillir devant le lieu le plus saint du judaïsme. (NDLR : Les plus convaincus finissent aussi par placer un courrier dans ce même mur…) 13
Romane Hassoun
BON ANNIVERSAIRE ISRAEL ! Avril - Mai 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°6 • 9
REPORTAGE LEMAG’
AROUTZ HA-KNESSET
Une chaîne au cœur du pouvoir
Rattachée à la Deuxième chaîne nationale (Aroutz 2), qui elle-même compte parmi les plus populaires sur le créneau de l'info en Israël, la chaîne 99, plus connue sous le nom de Aroutz Ha-Knesset, émet depuis une dizaine d'années et semble avoir trouvé sa place et sa légitimité sans difficulté. Une programmation habile qui alterne retransmissions en direct des séances du Parlement avec des émissions historiques, liées à l'actualité et bien sûr, à la politique. Lancée en mai 2004 et diffusée du dimanche au jeudi, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, Aroutz Ha-Knesset a creusé son sillon, affirmé sa singularité et fait désormais partie intégrante du PAF israélien. Orit Harel, chargée des relations publiques de la chaîne et Sarah Ozeri qui y office en tant que productrice, nous ont ouvert les portes de la rédaction. Comment fonctionne cette chaîne si proche des arcanes du pouvoir ? Comment garde-t-elle la bonne distance pour nous proposer la vision la plus juste de la vie législative israélienne ? Plongée au cœur de la ruche.
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l me faut vadrouiller une bonne demi-heure au sein du célébrissime et très vaste bâtiment de la Knesset avant de repérer enfin, au premier étage, le grand panneau m'indiquant que je suis arrivée aux portes de la chaîne 99. Nous sommes un mercredi matin, l'ambiance est plutôt calme au sein d'une rédaction studieuse qui ne se formalise pas de ma présence. Je suis accueillie par Sarah Ozeri qui m'entraîne rapidement à l'intérieur du studio d'enregistrement où les projecteurs sont éteints et les caméras immobiles. Entre deux émissions, nous investissons le lieu et la jeune productrice prend la parole pour évoquer sans préambule les débuts de la chaîne. Pourquoi une chaîne au cœur du Parlement ? « C’est la Knesset qui a décidé de créer cette chaîne pour que l'on puisse voir le travail du Parlement. C'est comme ça que la chaîne est née. Son budget lui a été alloué par le Parlement 10
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lui-même, qui a fait, à l'époque, un appel d'offres auprès de plusieurs chaînes pour sa gestion et la prise en charge de son fonctionnement ». Le projet fait alors le tour du petit monde de l'audiovisuel israélien pour atterrir chez Aroutz 2 qui remporte la mise. Une rédaction se met rapidement en place. La Knesset octroie un budget annuel de dix-neuf millions de shekels à la nouvelle chaîne. Aroutz 2 se charge du reste. « Je ne suis pas employée par l’État mais par Aroutz 2 chez qui je travaille en tant que productrice » m’explique Sarah. Les renforts de la chaîne tutrice impriment très vite leur marque de fabrique et se chargent de la conduite d'antenne. Une installation pérenne ? Non. Au mois d'août, la Knesset remettra sur le marché le canal 99 et lancera un nouvel appel d'offres. Alors, des changements en perspective ? « Ce n'est pas sûr. Si Aroutz 2 remporte l’appel d’offres rien ne chan-
gera. Dans tous les cas, nous resterons ici, dans le bâtiment de la Knesset. Pour des raisons de confort. On est au cœur du Parlement, on peut réaliser des reportages d'ici, tout est plus facile » explique la jeune femme qui me laisse deviner que le confort, c'est aussi d'être intégré au budget de fonctionnement de la Knesset... DES PROGRAMMES TOUJOURS LIÉS À L’ACTUALITÉ Orit, productrice et chargée des relations publiques de la chaîne, me détaille une programmation qui se veut aujourd'hui de plus en plus diversifiée, tout en ayant pour objectif de coller avant tout à l'actualité : « Quand le Parlement se réunit, nous sommes, bien entendu, tenus de le retransmettre. Il y a des caméras partout dans la salle et nous avons une régie spécialement dédiée à ces séances. On nous demande aussi de diffuser trois commissions par jour, que nous choisis-
Aroutz Ha-Knesset, c'est au quotidien :
Des émissions retransmettant les séances de la Knesset, donnant ainsi à voir le véritable travail du parlement, sans filtrage éditorial. Des nouvelles mises à jour en direct dans le magazine quotidien de la chaîne. Une couverture en live des principaux événements politiques, des interviews exclusives et une analyse au cordeau de l'actualité. Au moins vingt-cinq émissions sont réalisées dans le studio de la chaîne pendant la semaine, toutes liées à la politique et allant de l'économie, la sécurité, les questions sociales à l'art et la littérature.
sons selon les thèmes qui y sont débattus. Et puis, il y a les rendez-vous invariables de la journée qui constituent la colonne vertébrale de l'antenne. D'abord un magazine quotidien sur l'actualité du jour, programmé en milieu d’après-midi. ‘Studio libre’ accueille des invités tout au long de l'émission, et le JT du soir. Classique. En dehors de cela, nous produisons plus de vingt émissions par semaine sur des sujets qui couvrent des thèmes comme la justice, l'économie, la politique … Nous avons aussi un programme qui traite de la politique sur internet. Et des programmes humoristiques. C'est très varié ». Aroutz Ha-Knesset, c'est également beaucoup de documentaires historiques. « Nous en diffusons pas mal, sur la Knesset et l'histoire de la Knesset, l'histoire d'Israël, les guerres. Nos programmes sont repris également par Aroutz 2 et Aroutz 10 » indique Sarah qui précise la présence régulière, dans l’une des émis-
sions proposées, « de célébrités, pas forcément politiques, par exemple des chanteurs, des écrivains qui sont toujours en rapport avec l'actualité ». L’ARÈNE POLITIQUE EN LIVE : FAUT-IL TOUT MONTRER ? Le fil rouge reste les sessions de la Knesset. Alors, comment retransmet-on les débats et surtout cette parole vivante qui peut dévier, fourcher à tout moment ? Comment les députés composent-ils avec cet œil de Big Brother constamment braqué sur eux ? La régie opère-t-elle des coupes, que se passe-t-il au montage ? Car ici, c'est toute l'arène politique qui est en représentation. Et qui s'oublie, aussi, parfois. Alors, au-delà des vœux pieux de transparence, Aroutz 99 peut-elle tout montrer ? Orit précise : « En fait, dans l'Assemblée, les députés n'ont pas le droit de manger, de boire, ni de parler au téléphone. Ils le savent, mais ils le font quand
même. Malgré les caméras qui tournent ! La question est : est-ce qu'on le montre ou non ? De leur côté, ils le savent, rien n'est innocent. Si quelqu'un s'endort ou se gratte le nez, on évitera de montrer cela à l'antenne. C'est une base éthique que nous avons établie au sein de la rédaction : on ne montre pas ces choses-là. Le carton rouge, cela ne nous intéresse pas ». Pourtant en régie, les images surprennent parfois et les plans décalés ne manquent pas : plaisanteries, attitudes débonnaires… Sarah est formelle : « On montre ce qui se passe. Mais on ne fait pas de montage : tout est en live ». Un souvenir reste, cette image qui a créé le buzz et fait le tour de la rédaction. Orit se souvient : « Un jour, un député qui siégeait à l'assemblée a été filmé jouant sur son IPad. D'habitude, on zappe ce type d'images. Mais en régie, ils ont fait un zoom ! On voyait comment il jouait, etc. On l'a repris ensuite dans plusieurs de nos émissions pour en rire. Avril - Mai 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°6 • 11
REPORTAGE LEMAG’ ce jour-là. Il n’y a eu ni break ni édition spéciale. Mais le dimanche nous en avons parlé dans toutes nos émissions. Il y a eu des reportages, nous avons été en liaison avec des correspondants à Paris. Un de nos journalistes était en vacances sur place et a repris le micro pour nous décrire ce qui se passait là-bas ». Face à une actualité chargée, à une information qui fait l'événement, comment se positionne la chaîne face aux autres mastodontes de l'info ? Comment se démarquer ? Aroutz Ha-Knesset est intimement liée à la deuxième chaîne nationnale. Sarah ne s’en cache Sarah Ozeri, productrice pas. « On utilise les reportages de la "2". Quand leurs corresSur Internet, partout, cette scène a pondants sont à Washington ou fait le buzz. Personne ne nous interdira à Paris, on peut récupérer leurs images. de filmer ce genre de scènes, certes. De Ce qu'il nous arrive de faire, si besoin ». plus, les députés connaissent très bien les Pour la rédaction, le choix est clair : farègles… On l'a donc montrée ! Mais fi- voriser avant tout l'information nationale. nalement, nous n'étions pas très à l'aise. « On traite toujours de l'actualité en IsNous nous sommes donc excusés ». Une raël mais on a une émission spéciale qui rédaction qui a donc des principes. couvre l'actualité dans le monde ». CerConstituée de trois départements : pro- taines questions restent en suspens… duction, montage et tournage, Aroutz Quelle est l'audience de la chaîne ? Qui Ha-Knesset compte environ une cen- regarde Aroutz Ha-Knesset ? Spectateurs taine de personnes dans ses studios (sa- avertis, fans de l'arène politique ? Oui, lariés et freelancers). Une grosse produc- mais pas seulement. Orit m'explique que tion, donc, mais qui ne fait pas les trois la majorité sont des gens effectivement huit : « La chaîne diffuse vingt-quatre sur intéressés par le sujet. Petit détail, beauvingt-quatre, sauf shabbat. Les équipes coup de téléspectateurs travaillent euxtravaillent du matin jusqu'à vingt-deux mêmes au sein d'un parti et appartiennent heures trente. On arrête avec le dernier donc à cette arène ... En gros, un public JT du soir, celui de vingt-deux heures. Ré- proche de la sphère gouvernementale. cemment, nous avons ‘couvert’ le vote du « Les orthodoxes regardent aussi beaubudget national. Par contre, là, il a fallu coup cette chaîne parce qu'on n'a pas assurer jusqu'aux petites heures du ma- de publicité, d'images indécentes. Nous tin... Hors événement spécial ou direct, sommes diffusés sur internet, ils peuvent nous finissons toujours à la même heure ». donc nous voir sur le net, n’ayant pas de télévision ». Quelle évolution pour une DES TÉLÉSPECTATEURS chaîne qui a fêté ses dix ans et quelle PROCHES DE LA SPHÈRE vision à long terme ? Sur quoi va tabler GOUVERNEMENTALE Aroutz Ha-Knesset pour étoffer et diAlors, comment la 99 a-t-elle "couvert" versifier son audience ? Pour Orit, cap les attentats de Paris ? Orit reprend : sur les nouveaux médias : « On a plus « Ces évènements se sont déroulés pen- d'émissions qu'au début de la création dant shabbat et nous ne travaillons pas de la chaîne, c'est un fait. L’une de nos 12
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émissions ‘Knesset bareshet’, qui existe depuis trois ans, traite de la diffusion de l’actualité sur internet. Tout ce qui est en rapport avec les députés et l'utilisation qu'ils font de leur page Facebook, et des réseaux sociaux en général, est disséqué … C'est une émission branchée et regardée qui marche très bien. Nos flashs infos sur l'actualité sont aussi un plus et on va davantage travailler dans cette direction-là pour le futur, sans oublier notre présence qui va se renforcer sur Facebook, Twitter, YouTube ». Dahlia Perez
60%
de la population israélienne a déjà eu accès à la chaîne.
12%
de la population regardent Aroutz 99 régulièrement.
67%
des téléspectateurs estiment que la programmation est de qualité.
43%
des sondés pensent que la chaîne de la Knesset reste la référence principale pour mieux connaître le travail législatif de la Knesset.
PEOPLE LEMAG’
“J’ai cherché"
… Amir Haddad à l’ Amir Haddad est un chanteur solaire. Chaleureux, talentueux, fou de musique, le Franco-Israélien devrait réchauffer Stockholm le 14 mai prochain. LeMag’ vous présente son coup de cœur.
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J'AI TOUJOURS CHANTÉ DANS MA VIE ET DANS TOUS LES CONTEXTES POSSIBLES "
En ce moment, c’est à Paris que Laurent Amir Khlifa Khedider Haddad se trouve. On l’appellera Amir, c’est mieux. Chaque jour, il chauffe sa voix. L’Eurovision approche et le stress aussi... Issu du milieu sépharade, ce jeune Français de 32 ans, est venu s’installer dès l’âge de 8 ans en Israël. Un visage doux et une voix de velours qui captivent plus d’un (ou plutôt une). Amir se fait rapidement remarquer, quand il chante dans sa synagogue de quartier. « J’ai toujours chanté dans ma vie et dans tous les contextes possibles ». Très rapidement, il se professionnalise et est sélectionné pour un passage à la ‘’Nouvelle Star’’ israélienne. Mais cela ne lui suffit pas. Tiens donc, on aimerait bien être à ta place quand même ! Il chante, il chante mais reste un garçon sérieux. La preuve : il poursuit ses études de dentiste. Ben quoi, la musique, ce n’est pas du sérieux ? Si mais... « La dentisterie chez moi, c’est juste un diplôme, ma mère aurait souhaité me voir installé dans un cabinet ». Ah les mères juives, si protectrices ! En 2013, son diplôme en poche, direction la France et The Voice ! La fameuse émission qui fabrique des stars à la pelle. Oubliant ses appréhensions sur le climat vaguement antisémite qui
règne en France, avec Dieudonné en tête de liste, Amir est finalement très bien accueilli par une France séduite par son sourire et sa voix d’or. Chouchouté par la chanteuse Jenifer, il atteint la finale mais ne la remporte pas ! La sensibilité de la chanteuse a été pour lui : « essentielle pour chanter ». C’est le chanteur d’origine catalane, Kendji Girac qui remporte le show. Après The Voice, la vie continue. Un album français est en préparation. Mais, la famille dans tout ça ? Amir est-il un cœur à prendre ? Non, désolé ! Depuis cinq ans, Amir file le parfait amour avec une jolie brune. « Lital est la femme de ma vie et je l’ai toujours su ». Et il l’a demandée en mariage dans … un supermarché. Original, non ? On like, évidemment. Son quotidien ? Des allers- retours entre Paris et Tel Aviv et la préparation de son nouvel album, ‘Au cœur de moi’, dont la sortie officielle est prévue le 29 avril et dont est issue la chanson ‘J’ai cherché’, avec laquelle il représentera la France à l’Eurovision ! Une news dévoilée le 25 février dernier, par Cyril Hanouna. Oui vous ne rêvez pas, Amir représentera la France à L’Eurovision, le 14 mai 2016 ! Direction Stockholm, donc. Sur les réseaux sociaux, les réactions sont enthousiastes. Des explosions de messages chaleureux et de « Amir, on t’aime ». Un sourire ravageur et des yeux rieurs. Normal que l’on adhère … Amir, un grand concours t’attend avec une victoire à la clé ! Romane Hassoun
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CULTURE LEMAG’ 'Equilibre' by Brigitte NaHoN Sculpture permanente installée en extérieur devant le Palais de justice et les remparts de la ville d’Avignon, inaugurée pour l’exposition « La Beauté, 2000 ». Cette œuvre en acier inoxydable « poli jusqu’à la transparence », précise Brigitte Nahon, « est un hommage à la justice tout en rappelant sa fragilité ». Fidèle à sa quête, Brigitte Nahon décline dans cette œuvre les thèmes qui lui sont chers : le vide et le plein, l’équilibre et le déséquilibre, la masse transcendée jusqu’à la légèreté absolue, l’espace et le temps. « La vie est issue d’un savant dosage entre ces concepts. La vie est une prise de risques infinie. C’est ce que je veux traduire dans mes œuvres », nous explique l’artiste qui a choisi de s’installer à Tel Aviv, depuis 2008. Utilisant des matériaux variés - acier, plexiglas, papier, fil, eau, cristal de Baccarat, cuivre, charbon, pierre, bois, Brigitte Nahon sculpte, tisse, mélange, effiloche et unit la matière pour la rendre encore plus belle, encore plus aérienne.
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LA VIE EST UNE PRISE DE RISQUES INFINIE. C'EST CE QUE JE VEUX TRADUIRE DANS MES ŒUVRES "
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•• Avril Avril -- Mai Mai 2016 2016 •• LEMAG.CO.IL LEMAG.CO.IL •• leMag’ LeMag’N°6 N°6
Brigitte NaHoN Référence internationale dans le monde de l’art contemporain, Brigitte Nahon est née à Nice, en 1960. Après des études aux Beaux-arts d’Aix-en-Provence et à la Sorbonne, elle reçoit le prestigieux prix ‘’Villa Medicis’’ « Hors Les Murs », en 1994, ce qui conduit l’artiste à Manhattan, où elle vit pendant quatorze ans. En 1995, Nahon présente à la Biennale de Venise l’exposition ‘Posyr Lirketche G’, une installation de globes de verre et d’eau. En 1999, elle tient une exposition personnelle, ‘Revenniir Zagaizz’, à la Galerie Jérôme de Noirmont à Paris. Conjointement, elle crée sa plus grande sculpture, ‘Le Passage’, qui est présentée à l’exposition de sculptures contemporaines, « Les Champs de la Sculpture 2000 », sur les Champs Élysées. En 2002, son installation, ‘Dancing Reeds’, est placée dans le hall d’entrée du nouveau bâtiment de la société Progressive Insurance à Cleveland, dans l’Ohio. Cette œuvre devient alors la première sculpture monumentale permanente de l’artiste exposée aux États-Unis.
par Caroll Azoulay
Avril--Mai Mai2016 2016••LEMAG.CO.IL LEMAG.CO.IL••LeMag’ leMag’ N°6 N°6 •• 15 Avril 15
© Pierre-Anthony Allard
L'INVITÉ DU MAG LEMAG’
FRANCIS HUSTER ET STEVE SUISSA Un tandem talentueux et engagé Francis Huster est une icône de la scène théâtrale française. Steve Suissa, un metteur en scène surdoué, porté par l’amour des acteurs et des émotions intenses. Ensemble, ils forment, depuis plusieurs années, un tandem iconoclaste qui ose braver les oppositions et faire monter sur les planches, Anne Franck, Einstein et les personnages complexes des textes de Stephan Zweig. Autant de grandes figures juives remises au goût du jour par l’interprétation au scalpel d’Huster et la vision dépoussiérée que Suissa porte sur l’Histoire. LeMag’ a rencontré ces deux amoureux de leur art autant que du peuple juif, présents pour cinq dates exceptionnelles en Israël en juin prochain. Vous êtes quasiment tous les soirs sur les planches, l'un jouant, l'autre mettant en scène, parfois les deux à la fois. A ce rythme, la passion parvient-elle à rester intacte ? Steve Suissa : Oui, si l’on a la chance de travailler avec les bonnes personnes. Cela devient alors une façon de méditer sur ce qui a du sens et de transmettre. Le talent consiste à savoir faire des choix concernant les personnes avec lesquelles, et pour qui, on travaille et à qui on souhaite donner. Cela, le spectateur ne sait pas l’expliquer mais le ressent. On se souvient 16
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d’un spectacle quand il y a une complicité d’âme, sinon le spectacle est banal et très vite oublié. Francis Huster : Il y a deux façons de concevoir le métier d’artiste. Comme une mission. Cela consiste à dépeindre la réalité telle quelle est, avec le cinéma, le théâtre, la télévision, la littérature et la musique, et donc aller au plus profond de ce qui se passe dans le monde, dénoncer le mal, se battre pour des valeurs, mais rester dans la réalité du quotidien. Car les gens veulent et demandent à voir à travers les artistes ce qui se passe dans la vie réelle, alors qu’ils savent très bien que l’on défigure
la réalité. Et puis il y a la passion qui consiste à inventer un autre monde. C’est Picasso. Ce sont les films de science-fiction, les textes de Shakespeare, les dessins animés de Walt Disney qui font rêver car ils proposent une autre grille de lecture de notre quotidien. Aujourd’hui, selon les mouvements du monde, le devoir d’un artiste est de passer de la mission à la passion. Et d’ailleurs, c’est ce qui explique que dans la carrière des plus grands acteurs et metteurs en scène, on trouve des contradictions incroyables. Ils sont parfois dans la mission de dénoncer les choses de la réalité, ou alors ils partent dans une passion folle. Ceux qui ne restent toute leur vie que d’un côté de la balance ont tort.
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AU CINÉMA, SI VOUS ÊTES BON UNE MINUTE PAR JOUR, VOUS AVEZ UN OSCAR. AU THÉÂTRE, SI VOUS N'ÊTES PAS BON CINQ MINUTES PENDANT UNE HEURE ET QUART, VOTRE CARRIÈRE EST FICHUE "
De quel côté de la balance vous situez-vous en ce moment ? Francis Huster : Notre travail sur Stefan Zweig relève de la mission évidemment. Car comme dans Shakespeare ou Montaigne, on trouve dans les textes de Zweig une exacte correspondance à ce qui se passe aujourd’hui. Notre mission, à Steve et à moi, est de trouver des textes qui bouleversent les gens car ils s’aperçoivent qu’ils ont été écrits, il y a deux siècles, mais retracent précisément notre actualité. Quand on passe sa vie à interpréter un rôle, dans le cadre d'une mission ou d'une passion peu importe, à quel moment l'acteur parvient-il à se retrouver, à se reconnaitre dans le miroir ? Parfois un risque de confusion entre la vie réelle et la vie jouée ne le guette-t-il pas ? Steve Suissa : Bien sûr surtout quand on est un metteur en scène qui travaille avec son cœur et ses tripes ou un acteur qui ne triche pas. Il y a des acteurs qui traversent des générations, c’est le cas d’une Meryl Streep, d’un Clint Eastwood, d’un Al Pacino ou d'un Francis Huster, car ils jouent avec leur émotion de la journée, avec tout leur être. En fait, ils ne jouent pas. Ils ressentent. Ils vibrent à l’écoute de la salle, ils sont en adéquation avec ce qu’ils interprètent. Ce n'est pas épuisant ? Steve Suissa : C’est éreintant mais nécessaire. C’est pour cela qu’on paie un acteur américain 20 millions de dollars pour un film. Il doit mettre cinq mois pour entrer dans le rôle, quatre mois pour en sortir et encore quatre mois pour tourner le film qui sera traduit en soixante langues ! Jouer - ou apprendre à ne pas jouer justement - est un vrai don de soi et c’est la raison
F.Huster sur scène dans ‘le Joueur d’échecs’
pour laquelle on compte sur les doigts d’une main les grands acteurs. Continuez-vous à lire des scénarios pour le cinéma ? Steve Suissa : Nous sommes en train d’organiser nos deux prochaines années théâtrales afin de se rendre totalement disponibles pour tourner un film ou un projet de séries. Le cinéma et la télévision sont donc d’actualité. Parlez-nous de cette tournée en Israël, qui représente un événement culturel dans le paysage franco-israélien. Steve Suissa : Ce sont les quatre dates les plus importantes de toute mon année. Je suis profondément juif. Une minute sur deux, mon cœur et ma tête sont en Israël. Grâce à la générosité de Francis qui prend ce risque de me suivre avec son cœur et son immense talent, et alors que 250 villes nous demandent en France aux même dates pour un cachet dix fois supérieur, j’ai l’honneur de venir en Israël avec Stephan Zweig et Francis Huster. Deux personnages qui ont beaucoup en commun. Zweig a écrit pour respirer et Huster joue pour vivre. La seule différence c’est que Francis Huster, contrairement à Zweig, n’a pas oublié d’où il vient et sait donc où il va. Il connaît ses origines, il ne les renie pas, et les revendique même. C’est l'un des rares artistes à donner sa position d’être humain, à prendre le risque de le faire et de venir donc jouer en Israël en disant : « j’ai le même âge que ce pays dont mes parents sont originaires ». Venir jouer en Israël pour des francophones ou des belges avec un texte très pointu, et pas une comédie ou un ‘boulevard’ est un vrai défi artistique, historique, symbolique. J’espère que ce sera ressenti comme cela. C’est aussi un échange d’amitié et de respect entre la France et Israël, comme nous l’avons déjà prouvé en étant les parrains du festival du cinéma israélien à Paris, du 29 mars au 5 avril dernier. La tournée de juin sera donc un aller-retour d’une certaine façon…
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JE SUIS PROFONDÉMENT JUIF. UNE MINUTE SUR DEUX, MON CŒUR ET MA TÊTE SONT EN ISRAËL" Avril - Mai 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°6 • 17
L'INVITÉ DU MAG LEMAG’
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JE NE PEUX PAS CONCEVOIR QU'ON LAISSE UN NO MAN'S LAND EN ISRAËL OÙ LE THÉÂTRE N'AURAIT PAS SA PLACE INTERNATIONALE ". MIS EN SCÈNE PAR STEVE SUISSA
Direction Eric-Emmanuel Schmitt, Francis Lombrail & Bruno Metzger Coproduction Jean-Claude Lande, Jean Mar tinez, Frédéric Franck
THEATRE RIVE GAUCHE CREATION MONDIALE PAR ORDRE D’ENTRÉE EN SCÈNE
FRANCIS HUSTER GAÏA WEISS ROXANE DURÁN ODILE COHEN KATIA MIRAN CHARLOTTE KADY YANN BABILEE-KEOGH BERTRAND USCLAT YANN GOVEN UNE PIECE DE
ERIC-EMMANUEL SCHMITT MISE EN SCENE DE
STEVE SUISSA
LOCATION : 01 43 35 32 31
Photo : Pascal-Ito
D’après Le Journal d’Anne Frank, avec la permission du
FONDS ANNE FRANK (Bâle)
Collaboratrice ar tistique : Céline Billès-Izac / Décors : Stéfanie Jarre / Lumières : Jérôme Almeras Son : Alexandre Lesser tisseur / Costumes : Sylvie Pensa / Casting : Agathe Hassenforder
Licence en cours
LE JOURNAL D’
Magasins Fnac - Carrefour 0 892 68 36 22 (0,34€/min) www.fnac.com
6, rue de la Gaîté - 75014 Paris
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Création
www.theatre-rive-gauche.com
Vous avez joué votre première pièce en Israël, le 14 février dernier, au Campus Francophone de Netanya. Avez-vous ressenti une émotion particulière ? Francis Huster : Oui, car je ressentais la responsabilité de donner la preuve qu’il faut absolument construire en Israël l’équivalence du festival d’Avignon. J’espère que Steve Suissa sera le ‘Jean Villard’ d’Israël. Il en a la capacité sentimentale, car il faut non seulement bâtir mais aussi séduire. Il y a une jeunesse israélienne qui ne demande qu’à faire du théâtre et à faire connaitre au monde entier sa richesse et sa créativité artistique. Je ne peux pas concevoir qu’on laisse un No man’s land en Israël où le théâtre n’aurait pas sa place internationale. ‘Amok’ est l’un des chefs d’œuvre de Zweig et nous avons choisi ce texte, car nous voulons faire comprendre que tout est possible. J’assimile ce festival du mois de juin à une ‘Entrée des artistes’. Tout est possible quand on veut que ce soit possible et du moment qu’on va vers l’extrême qualité. L’art peut changer le monde. La qualité universelle du sport, c’est de faire comprendre que l’on ne peut pas s’en sortir tout seul, qu’il faut être une équipe pour gagner, que rien n’est jamais perdu et que l’on peut gagner le match à la dernière seconde. La qualité essentielle du théâtre, ou de l’art en général, c’est de faire comprendre que l’on est un monde en soi, tout seul. Rodin, Shakespeare, Mozart et Proust ont changé le monde. Ils ont laissé une empreinte, mis en exergue des valeurs et des messages qui ont transformé l’Homme. Le plus grand ennemi de la terreur, c’est l’art. Nous sommes des ouvriers au service d’une usine qui s’appelle la morale, la dignité humaine. Un mot justement sur le message que Stephan Zweig a voulu transmettre à travers "Amok" ? Francis Huster : Amok, c’est l’équivalent de "Autant on emporte le vent " et d’ailleurs, la mise en scène de Steve, même si je suis seul sur scène est hollywoodienne, avec une bande son de génie. Avec cette histoire, Zweig nous raconte que ce qu’il nous manque le plus : c’est la folie d’amour. "Amok" - qui signifie profond en hébreu et folie en allemand - nous explique qu’un être humain peut devenir subitement fou, et sans plus aucun contrôle, par amour. Amok montre aussi que la seule chose qui peut sauver le monde, c’est l’amour gratuit.
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Israël est un cri d'amour pour tous les Juifs puisque ce pays matérialise d'une certaine façon un amour vieux de 2000 ans. Pourquoi un pays tant aimé, par les Musulmans, les Chrétiens et les Juifs peut-il aussi générer, dans le même temps, autant de haine ? Francis Huster : La réponse est dans votre question. L’amour est un soleil, il illumine les êtres et en même temps, les brûle. Le feu a sauvé l’homme et l’a aussi brulé et exterminé. Tant que l’amour conduira le monde, il l’illuminera et le brûlera à la fois. La seule solution pour lutter contre le feu de l’amour, c’est de se battre non pas contre l’amour mais avec amour. Cette interview paraitra au moment de Pessah et de Yom Haatsmaout. Ces deux chapitres qui se succèdent dans le calendrier, à 2000 ans d'écart, célèbrent finalement la même chose. Francis disait que l'histoire se répète, un petit mot sur cette coïncidence, qu'est-ce que cela vous inspire ? Steve Suissa : Cela implique d’être en joie et d’être joyeux quoi qu’il arrive, de ne pas oublier et surtout de comprendre qu’il n’y a aucun hasard et qu’il n’y a que des rendez-vous. Et pour vous Francis, l'Indépendance de l'Etat d'Israël ? Francis Huster : Israël c’est une évidence, tout simplement.
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Caroll Azoulay
ISRAËL, C'EST UNE ÉVIDENCE, TOUT SIMPLEMENT ".
© A.C Azoulay
Steve Suissa et Francis Huster, lors d’une interview à Tel Aviv
DESTINS CROISÉS
FRANCIS HUSTER RÉPOND POUR STEVE SUISSA
La qualité qu'il privilégie ? La loyauté, tenir sa parole Son rapport avec D-ieu, la foi, le mystique ? Il est dans la lumière de D-ieu à chaque seconde Son plat préféré ? Le poulet Où en est-il avec les femmes, l'amour ? Il est la proie idéale ! Le sujet qui a le don de le mettre en colère ? Les femmes, une obsession Son point d'ancrage, en général dans la vie ? Sa famille, le théâtre Qu'est-ce qui le met de bonne humeur ? Les femmes aussi, c’est le problème ! L'aventure artistique qui vous a le plus unis ? Bronx (Pièce de théâtre jouée aux Bouffes-Parisiens en 2012 dans laquelle Francis Huster interprète en solo 18 personnages. Le début de leur collaboration artistique. NDLR ) Le projet auquel il n'arrête pas de penser ? Créer un festival de théâtre en Israël comme Jean Villard l’a fait à Avignon Son objet fétiche ? Son petek Ce qu'il admire chez les autres ? Leurs zones d’ombre Ce qu'il dit quand il atterrit en Israël ? Bienvenue chez nous Son acteur modèle ? Marlon Brando
STEVE SUISSA RÉPOND POUR FRANCIS HUSTER
La qualité qu'il privilégie ? L’artistique Son rapport avec D-ieu, la foi, le mystique ? Primordial, mais sans le montrer Son plat préféré ? La viande très cuite, le poulet Où en est-il avec les femmes, l'amour ? Nulle part Le sujet qui a le don de le mettre en colère ? Ceux qui ne savent pas faire ce qu’il faut Son point d'ancrage, en général dans la vie ? Ses filles, le théâtre Qu'est-ce qui le met de bonne humeur ? Une salle pleine L'aventure artistique qui vous a le plus unis ? Bronx Le projet auquel il n'arrête pas de penser ? Un film à faire ensemble Son objet fétiche ? Son petek (prière Breslev qu’il porte autour du cou) Ce qu'il admire chez les autres ? La droiture Ce qu'il dit quand il atterrit en Israël ? On est de retour en Israël Son acteur modèle? Laurence Olivier
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ENTREPRENDRE LEMAG’ © DR
N JUSQU'OÙ IRA PATRICK DRAHI ? Impossible de rester indifférent devant le parcours que mène tambour battant l’homme d’affaires – Franco-Israélien, faut-il le préciser – Patrick Drahi. Consacré par Forbes comme la première fortune de l’État hébreu, leMag’ a cherché à en savoir plus sur ce milliardaire, fort discret, à qui tout semble réussir. 20 20
•• Avril leMag’N°6 N°6 Avril -- Mai Mai 2016 2016 •• LEMAG.CO.IL LEMAG.CO.IL ••leMag’
é à Casablanca en 1963, dans une famille juive marocaine, de parents enseignants, Patrick Drahi est diplômé de Polytechnique et s’inscrit à l’École nationale supérieure des Télécommunications, vingt ans plus tard. Il travaille quelque temps chez Philips, puis décide de se lancer dans l’ouverture entrepreneuriale du câble, en déployant des réseaux dans le sud de la France et en région parisienne. Grâce à cette stratégie, il détient, dès 2003, 99 % des réseaux câblés de France. Son groupe Altice rachète Numéricable, Noos, France Telecom Câble, TDF Câble, UPC France, puis SFR en avril 2014. Il fait également l’acquisition de sociétés de Télécom au Portugal, dans l’Outremer français, en Israël (Hot) et même aux États-Unis (achat de Cablevision). Coté à la Bourse d’Amsterdam en janvier 2014, Altice affronte une première rebuffade avec l’échec d’une offre sur le groupe Bouygues Telecom. Mais l’homme a d’autres fers au feu, notamment dans la presse : il sauve Libération de la faillite, prend la direction du groupe l’Express et s’adjuge tous les titres du groupe Roulata. David Jortner
NATURELLEMENT, UNE TELLE RÉUSSITE NE POUVAIT QUE SUSCITER CRITIQUES ET JALOUSIE
10 Milliards d'€ Fortune que Patrick Drahi possède, nette de dettes
Dans l’opinion française – à la différence de ce que prône la morale protestante ou l’idéologie américaine – l’argent est suspect. Il a nécessairement mauvaise odeur. On reproche à Patrick Drahi d’avoir placé le siège de ses holdings dans des paradis fiscaux – ce que font allègrement toutes les grandes multinationales, et notamment les 50 plus grosses entreprises européennes (et leurs 5.848 filiales). Peut-on le blâmer de jouer – mieux que beaucoup d’autres – le jeu du capitalisme ultra libéral d’aujourd’hui ? Il a épluché – lui et ses avocats – toute la législation des états abritant des avantages fiscaux : le Luxembourg, la Grande-Bretagne, l’Irlande, la Suisse : il n’y a là rien d’illégal et son groupe a son siège aux Pays-Bas, au cœur de l’Union Européenne. Plus préoccupant est le traitement des salariés dans les sociétés nouvellement acquises par le groupe et son « management en mode commando ». Mais là encore, son groupe est en phase avec les politiques sociales des sociétés occidentales, selon lesquelles, la vocation d’un chef d’entreprise n’est pas de créer des emplois, mais de rendre viable une structure de production.
50 Millions d'€ Intérêts de la dette remboursés chaque mois par SFR
DES RACHATS PAR ENDETTEMENT
Devant cette insolente success-story, nombre d’observateurs pointent du doigt l’immense risque que fait courir la stratégie de Patrick Drahi à son groupe, lequel a un jour expliqué : « Avec un groupe présent sur 15 territoires, 46 millions de clients et un chiffre d’affaires de 24 milliards d’euros, le ratio d’endettement est bien plus faible que celui d’un ménage qui emprunte pour acheter son appartement ». Tous ses concurrents s’accordent à dire que la dette est sa drogue. Il explique : « Quand vous empruntez un million à une banque, vous avez un problème. Mais si elle vous prête un milliard, c’est le sien ». Pour l’heure, Drahi est considéré comme « too big to fail », trop gros pour faire faillite. Pour preuve, quand il engage plusieurs milliards d’euros, les banques revendent ses dettes, et le risque Drahi s’éparpille ainsi à travers le monde entre les mains de centaines d’investisseurs inconnus. Alors : qu’est-ce qui fait courir Patrick Drahi ? Vivant discrètement en Suisse, avec sa femme et leurs quatre enfants, on ne lui connaît aucun goût pour l’extravagance, le luxe ou la consommation ostentatoire. Son rêve, transmettre son groupe à ses enfants. Décrit par le Financial Times comme « plutôt Easy Jet que jet set », très engagé dans des projets philanthropiques dans les domaines de l’éducation et de la recherche en Israël et en France, la question de savoir ce qui motive Patrick Drahi reste donc en suspens...
5 à 10 %
Taux annuels auxquels emprunte son groupe ALTICE
31 Milliards d'€ Ce que vaut le groupe ALTICE aujourd’hui
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JE SUIS MOINS ENDETTÉ QU'UN MÉNAGE QUI ACHÈTE UN APPARTEMENT " Le 27 mai 2015 devant les députés de l’Assemblée Nationale
Avril -- Mai Mai 2016 2016 •• LEMAG.CO.IL LEMAG.CO.IL •• leMag’ leMag’ N°6 N°6 •• 21 Avril 21
ENTREPRENDRE LEMAG’ Patrick Drahi est né à Casablanca, le 20 août 1963, dans une famille juive du Maroc, de deux parents professeurs de mathématiques.
Naissance du fonds d’investissement Altice.
Il rentre à l’École Polytechnique et poursuit ses études à l’École nationale supérieure des télécommunications
1978
1994
1963
1983
2002 2001
Début laborieux avec la création de Sud Câble Services à Cavaillon, dans le Vaucluse.
Il s’installe avec sa famille à Montpellier, en France. Ce câblo-opérateur d’Alsace est le premier d’une longue série d’acquisitions. 22
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Dans le dernier classement annuel des grandes fortunes mondiales réalisé par le magazine Forbes, Patrick Drahi était positionné à la 57ème place mondiale mais en première position, en Israël, avec une fortune estimée à 16 milliards de dollars. Au total, neuf Israéliens figurent dans le top 500 de Forbes.
Rachat de Portugal Telecom et de Suddenlink (USA)
Pour financer les dettes contractées, le groupe Altice doit rembourser chaque mois plus de 50 millions d’euros, empruntés à un taux annuel de 7,5 %. Tout cela est obtenu par une politique drastique de réduction des coûts. L’idée maîtresse de cette stratégie est que les profits d’une entreprise dépendent de sa taille : c’est le modèle anglo-saxon du LBO (« leverage buy out »). Devant le volume des engagements du groupe, l’agence Moddy de notation des entreprises lui conseille de « réaliser des économies et de réduire son endettement l’année prochaine ».
Achat de Numericable
Numericable, France Télécom Câble, TDF Câble, Drahi devient un poids lourd des réseaux en France.
2012
2013
2005
2015
Achat de SFR et deVirgin Mobile Patrick Drahi, talonné par Bouygues Telecom, va signer un chèque de 12 milliards d’euros. Un plan qui semble tenir la route, puisque depuis son rachat, et en dépit du départ de 500.000 clients, la rentabilité de SFR a augmenté de 21 %.
Campagne de pub lancée par I24 News, le 7 janvier 2015 (quelques heures avant l’attentat contre Charlie Hebdo), sur 8.500 panneaux Decaux à Paris et dans une dizaine de villes françaises. Créée par P. Drahi en juillet 2013, installée à Jaffa, et composée d’une équipe de 250 personnes, dont 150 journalistes, venus de 35 pays et de toutes confessions, I24 News se veut internationale et plurielle. « Nous recevons aussi bien des représentants du gouvernement, que ceux du Hamas ou de l’autorité palestinienne », aime à préciser son directeur, Frank Melloul.
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ENTREPRENDRE LEMAG’
© Ayala Snir
D.J
© Ayala Snir
Patrick Drahi aurait pu se contenter de la nationalité française. Mais non : il a voulu aussi devenir israélien. Fort discret sur sa pratique religieuse, il explique ainsi son attachement à Israël dans une interview exclusive donnée à l’occasion de sa remise du prix Scopus par l’Université de Jérusalem: « En 2008-2009, on m’appelle pour me dire qu’il y a un truc à faire en Israël. J’arrive, je me promène à Tel-Aviv, et je vois des tours partout. Ça ressemble à New York. Je descends dans la rue et c’est le bazar. C’est le souk, cela me rappelle Casablanca. Bref, je me retrouve dans un mélange de New York et de Casa. Je suis comme à la maison ». Cet attachement le conduira à créer, en novembre 2015, à Mikvé Israël, le « Collège franco-israélien Marcel et Lucette Drahi », nommé en l’honneur de ses parents, dont il résumera en quelques mots l’éducation reçue : « Travail, rigueur, générosité, honnêteté, famille, transmission, recherche, savoir, culture, littérature, lecture, mathématiques, calcul mental, Maroc, France, Israël, judaïsme : j’ai grandi avec ces mots en héritage et ces valeurs en passion». Ces mêmes valeurs l’inciteront à fonder à Jaffa, la chaîne d’actualité i24news, son « bébé ». Patrick Drahi sait très bien qu’on perd de l’argent dans les médias : s’il a tenu, en juillet 2013, à lancer cette chaîne qui diffuse en français, anglais et arabe, c’est pour offrir une « information équilibrée », capable de refléter tous les points de vue et d’exposer « le regard de la société israélienne sur le monde ». Une initiative bienvenue en ces temps où Israël est accusé de tous les maux du monde.
© Ayala Snir
UN LIEN INDÉFECTIBLE AVEC ISRAËL
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Patrick Drahi, lors de la cérémonie de la pose de la première pierre de la nouvelle extension du Collège Lycée Franco-Israélien Mikvé Israël dédiée à ses parents ‘Lucette et Marcel Drahi’, le 23 novembre 2015.
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IMMOBILIER LEMAG’
EST-IL INTÉRESSANT D'ACHETER UN BIEN AU NOM DE SON ENFANT ?
Suite à la récente réforme sur la fiscalité immobilière et face à l’envolée du prix de la pierre, de plus en plus de parents se posent la question de la transmission d’une partie de leur patrimoine immobilier à leurs enfants. En effet, donner une maison ou un appartement à ses enfants permet d’anticiper sa succession avec des avantages fiscaux, reste à choisir le dispositif juridique le plus adapté à votre objectif. Quelles sont les solutions envisageables dans le respect du cadre fiscal? Quels sont les avantages, les risques et les éventuels obstacles ? Les motivations d’ordre fiscal ne doivent pas occulter les implications à long terme. 26
• Avril - Mai 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°6
L’ACQUISITION ET LA DONATION À UN ENFANT MINEUR
Les enfants mineurs sont juridiquement incapables. Ceci signifie qu’ils ne peuvent agir seuls. Des difficultés peuvent donc survenir dans le cadre d’un achat immobilier ou de l’acceptation d’une donation ou encore de la gestion du patrimoine du mineur. Il est tout d’abord important de comparer les conséquences fiscales entre l’acquisition d’un nouveau bien immobilier par des parents (celui-ci sera directement enregistré et inscrit au nom du mineur) et la simple donation à un enfant mineur d’un bien immobilier émanant du patrimoine des parents.
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Dans le cadre d’une acquisition et de l’inscription immédiate d’un appartement sur le nom du mineur Si vous pensiez faire une économie fiscale, c’est raté ! L’enfant mineur est rattaché au « foyer fiscal » de ses parents. La taxe d’acquisition est ainsi calculée en fonction de deux paramètres : Le statut des parents en Israël, citoyens israéliens ou résidents étrangers ; Le bien acheté, bien immobilier unique ou bien immobilier supplémentaire. Exemple : Monsieur et Madame Lévy sont citoyens israéliens, ils souhaitent acquérir un troisième appartement pour un montant de 3 millions de shekels. Pour des raisons fiscales, ils souhaitent inscrire le bien au nom de leur enfant mineur. Ils seront taxés selon leur foyer fiscal et devront alors payer (au nom du mineur) une taxe d’acquisition d’un montant de 240.000 shekels (soit 8% de la valeur du bien car il s’agit d’un appartement supplémentaire), et ce même s’il s’agit du premier appartement de leur enfant.
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Dans le cadre d’une donation au mineur La donation est assortie d’un abattement fiscal non négligeable. Mais pareillement, le mineur étant rattaché au foyer fiscal des parents, il paye le tiers de la taxe que ses parents auraient payée en cas d’achat. Ici aussi, la taxe d’acquisition sera calculée en fonction des deux paramètres énoncés plus haut.*
Exemple : Supposons que Monsieur et Madame Lévy détiennent plusieurs biens immobiliers et qu’ils souhaitent donner un de leurs appartements d’une valeur de 3 millions de shekels à leur enfant mineur, ils devront alors payer une taxe d’acquisition d’un montant de 80.000 shekels (soit 1/3 de la somme de 240.OOO shekels). Ce cas s’applique aussi bien aux résidents israéliens qu’aux résidents étrangers possédant plus d’un bien immobilier en Israël. Dans la cas où Monsieur et Madame Lévy, citoyens israé-
liens, détiennent un seul bien immobilier d’une valeur de 3 millions de shekels et qu’ils souhaitent le donner à leur enfant mineur, ils devront payer une taxe d’acquisition d’un montant de 21.841 shekels (soit 1/3 de la somme de 55.100 shekels).
LA GESTION DES BIENS DE L’ENFANT MINEUR
Après la nouvelle «acquisition» ou «donation», les biens font désormais partie du patrimoine de l’enfant. Tant que les parents (ou l'un des parents) sont en vie et qu’ils savent «exercer» l’autorité parentale, ils assumeront la gestion du patrimoine de l’enfant mineur. Cependant, les parents devront dans certains cas disposer d’une autorisation particulière du juge des Affaires Familiales. Ainsi, les parents ne pourront pas aliéner les biens (meubles ou immeubles) du mineur ou acheter un bien immobilier avec son patrimoine ... sans autorisation du juge. Les parents ne pourront pas non plus disposer du compte en banque de leur enfant mineur. Les fonds appartenant à un enfant mineur doivent, en principe, être placés sur un compte au nom de l’enfant, compte qui sera indisponible jusqu’à sa majorité. Les conséquences pratiques de ces limitations sont donc importantes.
LE CALCUL DE LA TAXE D’ACQUISITION
Le mineur doit répondre en personne à deux questions: Est-il résident étranger ou israélien ? Est-ce son premier appartement en Israël ? Il est alors taxé d’un tiers de la taxe qu’il aurait payée en cas d’achat.
L’ENFANT MAJEUR QUI REÇOIT UNE SOMME D’ARGENT DE SES PARENTS, DÉDIÉE À L’ACHAT D’UN APPARTEMENT
Selon la loi, il suffit d’avoir reçu au moins 50% de la valeur du bien immobilier, dans les trois ans précèdant l’achat, pour que cet appartement soit reconnu comme « cadeau » ou encore comme « donation ». Cette fois-ci encore, la taxe d’acquisition s’élève à un tiers de la taxe payée en cas d’achat. La possession d’un bien immobilier ou même d’une partie de celui-ci exclut les droits au credit immobilier octroyés par l’Etat pour les jeunes couples. Cependant, le crédit immobilier proposé par le ministère du Logement n’est pas plus favorable que les crédits immobiliers disponibles sur le marché. A vérifier auprès de votre banquier !
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IMMOBILIER LEMAG’
VOUS AVEZ REÇU UN BIEN IMMOBILIER DANS LE CADRE D’UNE DONATION ET VOUS SOUHAITEZ LE VENDRE
Comment la taxe de la plus value est- elle calculée? Dans quels cas êtes-vous exemptés d’impôts? Il s’agit d’un sujet important à prendre en considération avant même d’accepter toute donation. Le système fiscal israélien a en effet été profondement modifié par la nouvelle réforme de 2013. Aujourd hui, si vous souhaitez être exempté d’impôts sur la plus- value, certaines conditions sont requises par la loi, comme par exemple, la mise en place et le respect de certaines périodes de « rétractation », trois ou quatre ans suivant chaque cas … Pendant ces périodes de « rétractation », il vous sera fortement déconseillé de vendre votre bien immobiier, objet de la donation. Si cette période de « rétractation » est respectée, 28
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vous serez exemptés d’impôts au moment de la vente ! Le système fiscal israélien est complexe, toute erreur risque d’engager le vendeur à payer une taxe de plusieurs dizaines, voir même centaines, de milliers de shekels. Quoiqu’il en soit, avant d’effectuer toute transaction, il est important de vérifier les aspects fiscaux auprès d’un avocat spécialisé. Prenez conseil ! Cet article ne constitue en aucun cas une consultation juridique en tant que telle. Pour plus de renseignements, notre cabinet se tient à votre disposition. *Voir le tableau ci-après concernant les seuils de taxe d'acquisition pour la période du 17/01/2016 au 15/01/2017
Maitre ABIKZER NATHALIE Avocate au barreau d’Israël
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Avril - Mai 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°6 • 29
IMMOBILIER LEMAG’ LES AVANTAGES DE LA DONATION Le donateur est dispensé d’impôts. Le donateur prévient les conflits au moment de sa succession. Il peut en effet consentir une donation à ses enfants sans qu’ils ne puissent jamais remettre en cause la repartition des biens, contrairement au testament qu’il est possible de contester si l’un des héritiers se sent lèsé ou encore si le formalisme imposé n’a pas été respecté. Un testament peut être à tout moment modifié, révoqué ou encore annulé par le testateur alors qu’une donation est un acte irrévocable et donc définitif. Du fait d’un nouveau mariage, la donation est un moyen d’anticiper et de protéger les enfants d’une première union. Bien qu’un contrat de mariage permette de prévoir les règles pécuniaires et patrimoniales applicables au couple pendant et même après le marriage, ce même contrat peut cependant être annulé par le Tribunal des Affaires Familiales, le conjoint pouvant évoquer un vice de consentement ou une fraude et demander l’annulation du contrat de mariage. En matiere de concubinage et en absence de contrat de sé-
paration des biens, la Cour suprême est parfois amenée à appliquer les règles relatives à la « présomption de partage d’un appartement » et ainsi gratifier l’une des parties d’une part non négligeable du domicile ! Eviter à des créanciers potentiels de confisquer un bien, y compris un bien immobilier, pour ensuite le vendre et ainsi se faire rembourser une partie ou la totalite des dettes. En effet, la transmission de la moitié de ses droits (dans le cas où un appartement lui appartient dans son integralité) par acte de donation à son conjoint pourrait lui éviter de gros dégats: • La vente forcée de l’appartement pourra être difficilement prononcée. • Le donateur n’a pas à verser d’impôts en cas de donation. • Le bénéficaire du bien immobilier, le conjoint, sera, lui aussi, exempté d’impôts et ne payera pas de taxe d’acquisition. Si les conjoints ne vivent pas ensemble, le conjoint bénéficiaire du bien immobilier, ou d’une partie du bien, devra payer un tiers de la taxe d’acquisition qu’il aurait dû payer en cas d’achat ! N.A
Nos conseils A La décision de la transmission du patrimoine ou d’une partie du patrimoine doit être mûrement réfléchie! La personne qui transmet un appartement se dépouille définitivement de son bien au profit du donataire. Ce type de donation présente l’inconvénient d’être irreversible et fait peser sur le donateur un risque d’appauvrissement. B Etablissez un état des lieux de votre situation financière actuelle et future, cela vous permettra d’y voir plus clair. Vous devez notamment déterminer quels seront vos revenus à la retraite pour savoir s’ils seront suffisants pour couvrir tous vos besoins. C Evitez de donner votre résidence principale à vos enfants, mieux vaut porter votre générosité sur votre résidence secondaire ou sur un logement locatif ! Veillez également à ne pas donner votre/vos biens trop tôt. En effet, une fois à la retraite, si vous devez faire face à une chute importante 30
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de vos revenus, vous serez bien content de pouvoir compter sur des ressources régulières provenant de la location d'un bien immobilier. D Optez pour une donation " conditionnée " ou encore "démembrée" qui consiste à séparer la propriété du bien en deux elements : l'usufruit et la nue-propriété. La donation en nue- propriété vous permet de continuer à profiter de votre bien immobilier et d'y vivre car vous ne transmettez pas l'usufruit (ou la jouissance) du bien. E Dans le cadre de votre /vos donations, vous pouvez également établir d’autres conditions qui seront inscrites au cadastre (Tabou), par exemple : Vous pourrez habiter le bien immobilier faisant l’objet de la donation et ce, jusqu’à votre décès et celui de votre conjoint/e. Vous pourrez aussi louer ce bien immobilier pour financer par exemple un logement en maison de re-
traite. Votre enfant ne pourra pas vendre le bien qu’il a reçu en «cadeau» sans votre accord par écrit. Votre enfant ne pourra pas hypothéquer son nouveau bien, sans votre accord par écrit. Votre enfant ne pourra ni vendre ni donner son bien ou une partie de son bien à un conjoint/e. Vous pouvez aussi limiter cette condition dans le temps (par exemple 15 ans de mariage). Evidemment, si ces conditions ne sont pas respectées, vous serez en droit d’annuler votre donation. F Si vous avez opté pour une donation "conditionnée" ou "démembrée", faîtes signer votre enfant sur une procuration irrévocable afin de pouvoir disposer du bien à tout moment. Attention! Une procuration irrévocable n’est valable seulement 10 ans ! N.A
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IMMOBILIER LEMAG’
COMBIEN VAUT LE PENTHOUSE DE VOS RÊVES ? Selon une enquête menée dernièrement par le Département de recherche de la société immobilière Misgav, les Israéliens sont férus des penthouses, considérés comme Le sésame leur permettant d’accéder à un certain "statut social". Au point d’être prêts à payer des centaines de milliers de shekels en plus, en ville et parfois même, jusqu’à 40% en plus, dans de petits villages ou yichouvim, de leur valeur sur le marché ! Lior Roth, chef de la Direction, explique que les acheteurs potentiels « sont prêts à restreindre leur budget familial au maximum et à prendre un plus grand prêt hypothécaire, juste pour vivre dans un penthouse même si celui-ci est construit dans les mêmes matériaux que le reste de l’immeuble ». Pourquoi ces penthouses sont-ils alors si chers ? Selon Roth, chaque projet résidentiel ne présente qu’un ou deux penthouses, ceux-ci sont donc assez rares sur le marché et les acquéreurs sont ainsi persuadés qu’ils ont fait un bon investissement. Et ils sont dans le vrai, car il s’avère que les prix des penthouses augmentent plus fortement que ceux de l’ensemble du marché… Naomie Ariel 32 32
•• Avril Avril -- Mai Mai 2016 2016 •• LEMAG.CO.IL LEMAG.CO.IL •• leMag’ LeMag’N°6 N°6
Peta'h Tikva
DIFFÉRENCE DE PRIX
COÛT
Appartement standard de 6 pièces
2.368.000
Penthouse de même superficie, 6 pièces
3.366.000
shekels
998.000 shekels
shekels
L'acquéreur paie 42 % en plus sur la valeur standard du bien.
Kfar Saba
DIFFÉRENCE DE PRIX
COÛT
Appartement standard de 6 pièces
2.516.000
Penthouse de 6 pièces
3.433.000
shekels
917.000 shekels
shekels
L'acquéreur paie 36 % en plus sur la valeur du bien.
Hod Hasharon
DIFFÉRENCE DE PRIX
COÛT
Appartement standard de 6 pièces
2.775.000
Penthouse de 6 pièces
3.680.000
shekels
905.000 shekels
shekels
L'acquéreur paie 33 % en plus sur la valeur du bien.
Rehovot
COÛT
Appartement standard de 5 pièces
2.378.000
Penthouse de 5 pièces
2.940.000
shekels
DIFFÉRENCE DE PRIX
542.000 shekels
shekels
L'acquéreur paie 24 % en plus sur la valeur du bien. Avril--Mai Mai2016 2016••LEMAG.CO.IL LEMAG.CO.IL••LeMag’ leMag’ N°6 N°6 •• 33 Avril 33
IMMOBILIER LEMAG’
En bref 70.000
appartements seront commercialisés d’ici fin 2016 à moins 20% en dessous du prix du marché, voire 30 % dans certains cas. Parmi eux 7.443 à Herzliya.
MIGRATION NÉGATIVE : LES ISRAÉLIENS FUIRAIENT-ILS LES GRANDES AGGLOMÉRATIONS ?
ASHDOD, VILLE HYPER RENTABLE
Entre 1997 et 2012, le prix de l’immobilier a augmenté de 92.4% à Ashdod ! Le taux record du pays.
COMME DES PTITS PAINS.... Selon une enquête du quotidien Globes, de janvier à octobre 2014, le stock de logements proposés à la location se montait à 22.000 appartements. En 2015, l’offre d’immobilier locatif est descendue à 19.000 appartements.
Seuils de taxe d'acquisition pour la période du 17/01/2016 au 15/01/2017
Les cinq plus grandes villes du pays (Jérusalem, Tel Aviv, Haïfa, Rishon Lezion, et Ashdod) où est concentrée plus d’un quart de la population israélienne, environ 2 millions de personnes, ont enregistré une migration négative entre 2010 et 2013. À Tel Aviv, 22.500 personnes ont quitté la ville en 2013 contre 20.500 qui s’y sont installées. 18.000 personnes ont quitté Jérusalem la même année contre seulement 10.500 qui s’y sont installées. Raanana est la ville la plus quittée, avec une perte de 2 % de sa population chaque année ! Le coût des appartements serait la principale cause de ces départs (un 4 pièces, neuf, couterait en moyenne 2,14 millions de shekels à Raanana selon les chiffres transmis par le ministère de la Construction). L’envie de vivre mieux, plus sereinement et dans un environnement plus intime et moins pollué expliquerait également cette fuite des grands centres urbains vers de petites villes ou communautés de moins de 100.000 habitants. Ganei Tikva (30.800 habitants en 2013), Gan Yavné (24.300), et Yokneam (13.300) attirant toujours plus d’Israéliens. Sources : Bureau central des Statistiques.
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BIEN IMMOBILIER UNIQUE -O% sur la partie jusqu’à 1,600,175 shekels. -3,5% sur la partie de 1,600,175 shekels à 1,898,005 shekels. -5% sur la partie de 1,898,005 shekels à 4,896,615 shekels. -8% sur la partie de 4,896,615 shekels à 16,322,055 shekels. -10% sur la partie au dessus de 16,322,055 shekels. BIEN IMMOBILIER SUPPLÉMENTAIRE ET RÉSIDENTS ÉTRANGERS, Pour un appartement supplémentaire, sans vendre le bien existant, durant les 24 mois suivant l’achat d’un bien immobilier en Israël, la taxe sera de : -8% sur la partie de 0 à 4,896,615 shekels. -10% sur la partie au dessus de 4,896,615 shekels. NOUVEAUX IMMIGRANTS (OLIM HADASHIM) Pour un nouvel immigrant, valable pour les sept premières années de son alyah, valuable une seule fois. -0,5% sur la partie de 0 à 1,734,225 shekels. -5% sur la partie au dessus de 1,734,225 shekels.
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Avril - Mai 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°6 • 35
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L’ÈRE DU WEB LEMAG’
Comment les nouvelles technologies facilitent toutes les arnaques 36
• Avril - Mai 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°6
Bien plus juteuses qu’une attaque de banque, les nouvelles technologies permettent de siphonner à distance des comptes bancaires et de détourner la trésorerie des entreprises. Mondialement, les revenus de la cyber délinquance sont évalués à 200 milliards de dollars par an. Et comme un lecteur averti en vaut deux : présentation (non exhaustive, malheureusement) de quelques arnaques récentes – et d’autres, plus classiques, qu’il convient de connaître pour s’en prémunir. Aujourd’hui, les truands du 21ème siècle sont des as de l’internet : profitant du fait que nombre de transactions financières se font par informatique, craquer des passwords, contourner un firewall, infecter des ordinateurs sont devenus des activités fort lucratives.
Avril - Mai 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°6 • 37
L’ÈRE DU WEB LEMAG’
Le virus DRIDEX, un redoutable cheval de Troie C’est la bête noire de toutes les cyber polices qui traquent sur le web les fraudeurs de la dernière génération. Victimes : particuliers et PME, négligents ou peu experts en sécurité informatique. Ce virus se fraie un chemin dans leurs ordinateurs en dissimulant un Cheval de Troie dans un mail anodin contenant une pièce jointe. Aussitôt ouverte, celle-ci infecte la machine cible en déployant un logiciel de collecte de données. Il va récupérer des numéros de compte et des passwords, puis les transmettre à un serveur distant qui va ordonner des virements automatiques. 38
• Avril - Mai 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°6
Plus de 50.000 ordinateurs dans le monde seraient déjà touchés. Une variante du Dridex consiste à paralyser un ordinateur ou le réseau informatique d’une société. Les cyber pirates affichent alors à l’écran une demande de rançon en échange du retour des machines à leur bon fonctionnement. Comme très souvent les victimes ne tiennent pas à se faire connaître, les autorités de lutte contre la cyber criminalité peinent à remonter à la source de ces attaques.
Les fraudeurs peuvent puiser directement dans un compte bancaire
Avant la réforme bancaire européenne entrée en vigueur le 1er août 2014, pour payer une facture, la banque devait recevoir l’assentiment du débiteur (titulaire du compte) qui signait une autorisation de prélèvement et mentionnait les coordonnées du bénéficiaire. Désormais, avec l’accord SEPA (« Single Euro Payment Area » : espace unique de paiement en euros) les choses vont plus vite. Il suffit d’adresser à son créancier un document (avec son numéro d’identification bancaire IBAN), lequel se chargera de tout. Mais dès lors l’intermédiaire de confiance n’est plus la banque mais le bénéficiaire. Un faux prestataire peut se présenter avec un faux mandat et obtenir le paiement de celui-ci. Bien-sûr il devra disposer d’un identifiant, validé par l’autorité
Attention aux faux ordres de virement internationaux
Particulièrement vicieux, le détournement de carte SIM
Désormais classique : le comptable d’une société reçoit un mail lui annonçant un changement de coordonnées pour un virement bancaire. Plus habile : profitant d’un déplacement du patron à l’étranger (et d’une bonne connaissance de l’entreprise cible), l’escroc, se faisant passer pour lui, demande un transfert de toute urgence sur un compte discret, pour « faciliter une transaction » (c’est-à-dire : verser un pot-de-vin). Pour parfaire l’opération, le fraudeur envoie même un ordre de paiement accompagné de la signature, parfaitement imitée, du chef d’entreprise… Toutes ces manœuvres ont déjà coûté 250 millions d’euros à nombre de sociétés européennes.
Les cartes de crédit continuent à donner lieu à de multiples fraudes
Les débits frauduleux sur CB ont augmenté de 67 % en 4 ans. Exemple : au restaurant, au moment de payer, Monsieur remet sa carte de crédit au serveur. Celui-ci, prétextant avoir oublié le lecteur de carte, s’éloigne un instant et en profite pour relever habilement les 3 chiffres du numéro d’identification. Récupérant ensuite les 16 chiffres de la CB, enregistrés dans le lecteur, il
bancaire – en France, c’est l’ICS (« identifiant créancier SEFA ») – mais il suffit de monter une entreprise virtuellement crédible pour l’obtenir. Certaines banques ont pris les devants, en établissant une « liste blanche » de créanciers autorisés, mais ce système est lourd car il bloque automatiquement les règlements ponctuels. D’autres banques – elles sont rares – préfèrent avertir leurs clients quand un prélèvement SEPA se met en place sur leur compte. En tout cas, la faille de ce nouveau mode de paiement a déjà fait des ravages en Europe : rien qu’en Grande-Bretagne, 40.000 personnes en ont été victimes. Nombre de mafias de l’Europe de l’Est ont investi ce créneau, ciblant de grandes entreprises. Seule parade : surveiller quotidiennement les mouvements de son compte bancaire. Fort heureusement, Israël se tient à l’égard d’un tel système. Mais sous la pression de l’OCDE, les choses pourraient changer.
Payer avec son téléphone est désormais courant. Comme son portable ne marche plus (« réseau indisponible »), Monsieur se rend chez son vendeur qui lui explique que sa carte Sim est défectueuse. On lui en remet une autre. En fait, il ignore que son identité a été usurpée pour obtenir une carte Sim à son nom et détourner sa ligne. Avant que Monsieur s’en rende compte, l’escroc va pouvoir ordonner en ligne des transferts d’argent et effectuer des achats au nom de sa victime. Parade : en cas de panne de portable, vérifier au plus vite ses comptes, pour limiter au maximum le temps pendant lequel l’escroc va pouvoir passer des virements frauduleux.
pourra tout à loisir l’utiliser en se faisant passer pour vous. Seule parade : ne jamais perdre sa carte des yeux. Autre arnaque plus récente, qui concerne les cartes bancaires permettant le paiement par contact : il existe un logiciel qui, par simple toucher, télécharge automatiquement sur un smartphone les numéros de votre carte. Parade : protéger sa carte par un étui en aluminium – sûr, mais plutôt contraignant ! David Jortner Avril - Mai 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°6 • 39
À LA UNE LEMAG’
L'affaire du Guet Vous avez certainement aperçu son visage sur les réseaux sociaux ces dernières semaines. Une photo partagée par des milliers d’utilisateurs afin de relayer la décision du Tribunal rabbinique de Jérusalem d’isoler socialement et religieusement Oded Guez, un citoyen israélien qui s’obstine à refuser le guet à son épouse depuis maintenant quatre ans. En rendant publiques ses nom, photo et informations personnelles, l’instance religieuse a procédé de façon inédite afin de faire céder l’individu. Comment ce père de deux enfants, docteur en physique, professeur à Bar Ilan et détenteur d’un titre de rabbin, en est-il arrivé là ? Pour leMag’, sa jeune "épouse" dévoile, sous couvert d’anonymat, les contours d’une affaire inédite. Comment le Rabbinat a-t-il été amené à rendre publique ses sanctions à l'encontre d'Oded ? Après deux douloureuses années de mariage, j’ai dû m’enfuir dans un refuge pour femmes. C’est à partir de là que j’ai entamé une procédure de demande de guet auprès du Rabbinat. La première année, les dayanim (juges) - qui ont toujours été très respectueux dans leur démarche - ont cherché à comprendre la situation. Ils nous ont, Oded et moi, auditionnés plusieurs fois. Ils ont procédé à des vérifications et nous ont demandé de rencontrer un conseiller conjugal. Oded n’y mettait aucune bonne volonté, il ne voulait participer à rien. Il disait que c’est du ‘hiloul Hashem (profanation du nom de D.ieu ) que de divorcer. Le tribunal rabbinique a rapidement compris à qui il avait à faire. Les juges ne voulaient surtout pas le dresser contre eux, ils tentaient d’aller dans son sens, en cherchant la meilleure des options. Dans notre cas, ils ont alors changé le statut : de « mitsva » (commandement), nous sommes passés au «'hiyouv» (obligation) de divorcer. En parallèle, ils lui ont retiré son passeport et son permis de conduire, limitant l’usage de son compte bancaire. Mais rien n’y a fait, même après l’édiction d’une « har’hakat dérabénou tam » pour l’isoler de la vie sociale et exercer une plus grande pression sur lui, et après la suspension de ses fonctions de l’université de Bar Ilan. Aujourd’hui encore, 40
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Oded s’obstine, se disant prêt à assumer toutes les conséquences. Il reste très procédurier, mettant des bâtons dans les roues à chaque étape du jugement et réussissant même à repousser la mise en pratique de cette dernière sanction. Il aime à garder le pouvoir, c’est la seule chose qui lui reste. Il n’y rien de logique dans son attitude. Heureusement, depuis quelques semaines, les juges ont rendu leur décision publique. Quel a été l'attitude de votre entourage ? Mes proches se sont toujours tenus à mes côtés, et ce, dès que j’ai eu à leur confier les maltraitances que mon mari m’a infligées. Ils se rendaient bien compte que je ne m’épanouissais pas dans mon couple, que je « fanais » littéralement, que quelque chose de malsain se tramait à la maison. Ils auraient voulu que je donne plus d’éléments à la presse, que j’explique publiquement les raisons pour lesquelles je tenais absolument à obtenir mon guet (divorce). Mais je ne souhaite pas rentrer dans les détails. À travers le mot « maltraitance », on comprend déjà beaucoup de choses. D’autant que mon seul but est d’obtenir le guet, inutile de susciter un esprit de vengeance chez Oded. Comment réussissez-vous à surmonter la situation ? Avant de prendre la décision de le quitter, j’étais naïve, je vivais une « petite
shoah » intérieure, j’avais espoir que tout s’arrange. Mais à un moment donné, je n’ai plus eu le choix, c’était une question de « pikoua’h nefesh » (sauver sa vie). Même encore aujourd’hui, Oded continue à cacher à son entourage que nous sommes séparés. Certains de ses proches m’ont appelée pour me dire qu’ils n’étaient absolument pas au courant. Je me sentais très mal à l’aise, j’étais de plus en plus marginalisée. Il m’était désagréable de parler de la situation. Certains disaient que sans guet, on ne peut plus faire partie de la société. J’ai eu peur quand l’affaire est sortie au grand jour, mais grâce aux réactions positives dans l’ensemble, je me sens mieux. Pensez-vous avoir un rôle à jouer à l'avenir ? J’ai été indirectement approchée par des femmes qui vivent le même type de situation. Je leur fais volontiers part de mon expérience. Cela rassure beaucoup et met en garde ceux qui se refuseraient à donner le guet. Si l’affaire est sortie dans les médias, c’est dans l’espoir que cela fasse bouger les mentalités, que cela ouvre des portes à toutes les femmes d’Israël. Depuis quatre ans, je suis active et je vais vers les autres, je suis invitée à des conférences, je parle à la radio, dans la presse écrite. Je continuerai à faire passer le message. Propos recueillis par Katia Epelbaum
DIVORCE ET LOI JUIVE
A
u regard de la Loi juive, un couple n’est réellement divorcé qu’à travers la transmission d’un acte de divorce donné par le mari à l’épouse. Dans la mesure où le judaïsme considère le mariage comme l’union de deux âmes, il prévoit un processus extrêmement minutieux pour aboutir à leur séparation, si les circonstances l’exigent. Un processus qui passe par la rédaction d’un document personnalisé en présence d’un Bet din (tribunal rabbinique), à la condition nécessaire que les deux parties soient consentantes. Sans guet, le couple demeure marié et ne peut en aucun cas légitimer une nouvelle union conjugale. Le « cas d’Oded Guez » soulève ici l’épineux problème des femmes « agounot », littéralement « enchaînées » à leur mariage, alors qu’il existe également des hommes victimes du refus de leur épouse à consentir au guet. Pour remédier à ces situations de blocage, des associations juives militent aujourd’hui en faveur de la signature d’accords prénuptiaux avant le mariage religieux, solution notamment soutenue par le rav Ovadia Yossef. Face à l’étendue des griefs avérés contre Oded Guez, le Tribunal rabbinique de Jérusalem a fait usage de la « har’hakat déRabbénou Tam », une mesure de droit hébraïque datant du XIIème siècle, énoncée par Rabbénou Tam, petit-fils de Rachi. Par cette voie, il entend mettre le récalcitrant au ban de la société, en lui refusant de monter à la Torah ou d’être inclus dans un minyan par exemple. Une mesure inédite qui, en 2016, prend toute sa force, à travers la viralité inhérente aux réseaux sociaux. Un fait qui prouve que les instances du judaïsme surfent, elles aussi, sur leur temps ! K.E
POURQUOI NE FAUT-IL PAS CÉDER AU MANICHÉISME ! Sur le thème du statut de la femme dans le judaïsme, difficile de ne pas céder à la polémique tant la voix des contestataires se fait puissante et parfois même violente. N’en déplaise à certains, le droit juif est favorable à la femme. S’il existe incontestablement des affaires scandaleuses de guet, c’est bien pour des raisons idéologiques et humaines qui dénaturent la bonne application du droit juif au sein des tribunaux rabbiniques. Il y a plus de trente ans déjà, le Rav Ovadia Yossef se penchait minutieusement sur le cas des femmes dont les maris étaient présumés morts au combat lors de la guerre de Kippour en 1973. Il bouleversait ainsi « l’ordre établi » en « libérant » un millier d’épouses « enchaînées ». Depuis, nombreuses sont les associations créées pour monter au créneau en faveur des femmes agounot alors que les tribunaux rabbiniques en Israël tentent d’appliquer par leur jurisprudence, multiples contraintes à l’encontre des maris récalcitrants. Dernier en date, un fait sans précédent pour le monde juif orthodoxe : à travers la mise en application de son jugement, le Bet Din de Tel Aviv est à l’origine de l’emprisonnement, en mars dernier, d’un père, homme d’affaires américain et donateur conséquent de la ‘Hassidout Erlau, ayant longtemps enjoint son fils à ne pas accorder le divorce à sa femme. Un jugement
de 45 pages qui dénonce l’action du père « jouant un rôle central et actif dans le refus de son fils à transmettre le guet ». Autre situation délicate que celle de cette femme ‘harédite, mère de sept enfants, arrêtée et menottée en janvier 2015 pour avoir refusé d’accepter le divorce. Là encore, le tribunal rabbinique s’est appliqué à la contrainte, ordonnant à la police de procéder à son arrestation après qu’elle ne se soit pas présentée devant la cour. L’année dernière, un débat avait secoué le Bet Din de Safed, un juge ayant accordé le divorce à une femme dont le mari se trouvait dans un état végétatif. Récemment, en novembre 2015, le tribunal juif de Londres s’est, lui aussi, illustré dans cette mouvance en publiant une annonce dans le Jewish Chronicle à l’encontre d’un mari récalcitrant, pourtant divorcé civilement depuis 2002, appelant la communauté à le bannir jusqu’à ce qu’il cède. Amorcée en septembre 2015, la refonte des tribunaux rabbiniques en Israël est peut-être à l’aube d’évolutions historiques au sein de l’institution. Selon certains observateurs, ce mouvement - fruit de la pénurie de juges (dayanim) notamment choisis par les partis religieux politiques à la Knesset – répondrait à des tendances plus larges des différentes courants du judaïsme. K.E
Avril - Mai 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°6 • 41
REPORTAGE
FRANCIS HUSTER STEVE SUISSA
DANS LES COULISSES D'AROUTZ HA-KNESSET
LeMag.co.il
INTERVIEW EXCLUSIVE
eMag’ N°6 AVRIL - MAI 2016
RENCONTRE AVEC CLAUDE LELOUCH ET ELSA ZILBERSTEIN
LeMag’ N°6 AVRIL-MAI 2016 20,00
20
L'ÈRE DU WEB FOCUS SUR LA CYBER DÉLINQUANCE
PATRICK DRAHI Patron de HOT et I24NEWS
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84 PAGES D’ENQUÊTES, D’INVESTIGATION ET DE DÉCRYPTAGE France Métropolitaine 4,85 € - Israël 20 ₪ - Belgique : 5 € - Suisse : 5,25 CHF - Canada 6,86 CAD - Luxembourg : 5 € - Dom-Tom 7 € Avril - Mai 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°6 • 1
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• Avril - Mai 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°6
LE SOCIO-ÉCONOMISTE DANIEL GOTTLIEB DÉCRYPTE NOS COMPORTEMENTS DE CONSOMMATEURS. INTERVIEW
p.48
TÉMOIGNAGES COMMENT GÈRE-T-ON NOTRE BUDGET ?
DOSSIER
CONSO De ‘pays kibboutz’, Israël est devenu un pays d’extrême consommation. Centres commerciaux et Duty Free XXL, les Israéliens aiment acheter et consommer ''jusqu’à plus soif'' même si pour cela, ils doivent jongler avec des découverts qui donnent parfois le vertige. LeMag’ s’est penché sur ces paradoxes et ces tendances en cette veille de fête et autres festivités de printemps. Dossier coordonné par Caroll Azoulay
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LES BONS PLANS POUR DÉPENSER MOINS
Avril - Mai 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°6 • 45
DOSSIER CONSO
LE DÉFI DU CONSOMMATEUR :
E
n dépit du coût de la vie et de la tendance qu'ont les Israéliens à user (et abuser ?) du crédit, la consommation des ménages, en cette veille de Pessah 2016, reste un moteur de croissance indéniable dans le pays. Et elle se porte très bien. Après une hausse de 3,7% en 2014, elle a encore bondi de 4,5% en 2015. Dans ce contexte, baisser les prix de première nécessité, et ceux de l’alimentation en particulier, est devenu l’une des priorités du gouvernement. Y réussira-t-il avant les quelques semaines qui précèdent la fête ? Quand on sait que la période des achats débute environ un mois plus tôt, il y a là un véritable défi à relever. Intensifier la concurrence, diminuer les droits de douane pour l'ensemble des produits importés de la chaîne agroalimentaire, des mesures audacieuses que Moshé Kahlon, le ministre des Finances, envisagerait comme des remèdes incontournables à la cherté de la vie. En attendant ces changements, dignes de l'ouverture de la Mer Rouge, les Israéliens font montre de pragmatisme et rivalisent d'ingéniosité pour boucler leur fins de mois. Ainsi, s'il l'on consomme toujours plus, on consomme différemment. Durant ces dix dernières années, la vente des produits sans marque dans les grandes surfaces a fait un bond dans tous les secteurs et se confirme. Et pour les seuls rayons de l’alimentation, cette tendance a marqué une hausse de 20 %. Des solutions pour baisser la facture que les familles plébiscitent. Le concept des « boutiques express » a aussi séduit les consommateurs désireux de contrôler leurs pulsions d'achat et les tentations qui en découlent. La banque, les supermarchés, la restauration (Poalim Express, Shufersal Express ou Cofix, pour ne citer qu'eux) se sont engouffrés dans la brèche. Et côté loisirs, la tendance est au cocooning. On aménage son chez-soi, on investit dans l'ameublement, on soigne sa déco. Et pour le programme du soir, on dévorera son pop-corn (+ 11% des ventes) et ses biscuits apéritifs (+ 7%), devant un bon film, un livre passionnant ou en surfant sur internet... Karine Sarfati
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CRÉDIT À LA CONSOMMATION : attention à la spirale
+5,6 %
+6,2 %
+8,9 %
2013
2014
2015
La consommation à crédit fait désormais partie des comportements d’achats de l’Israélien.
LES ACHATS À CRÉDIT EN 2015 :
Produits d’alimentation : + 4,6% Biens manufacturés (comme habillement et ameublement) : + 8,6% Services : + 9,9%
LES POSTES CLÉS DU BUDGET QUI ONT EXPLOSÉ EN 5 ANS :
+60% Immobilier
LE A S
+45%
+29%
+22%
Alimentation Shopping Frais de transports et de santé
Des consommateurs ont déclaré reporter leurs achats, attendre les soldes, et même préférer les articles d’occasion.
DÉPENSER SANS S'ENDETTER
13 142
40%
MONOPOLE :
Des ménages dépensent plus qu’ils ne gagnent
Budget moyen d'un ménage israélien (2014)
2.984
pour les transports et télécommunications
1.974
pour l’alimentation
1.820
pour la culture et l’éducation
28,1% 22,7% 15% 12,48%
884
6,7%
582
5,82%
pour la santé
pour l’ameublement
499
3,8%
707
5,4%
pour l’habillement
pour les loisirs
COMPARER LES PRIX AVANT DE PRENDRE LA DÉCISION D'ACHETER :
33%
vend 60% des fromages et produits laitiers. En Israël, le lait coûte 37% plus cher qu’en Europe
La viande bovine en Israël coûte 73% de plus qu’en Europe !
10
marques s’accaparent 57% du marché de l’agroalimentaire
69%
Pourcentage des familles qui vivent régulièrement en étant à découvert
RÉDUIRE LES DÉPENSES ET ÉVITER L'ACHAT DE PRODUITS INUTILES :
38%
SALE
3.692
pour le logement
des ménages le font au supermarché, avant et pendant les soldes, comparant les prix pratiqués en Israël avec l’étranger
des Israéliens refusent d'être influencés par les publicités et les offres promotionnelles
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DOSSIER CONSO
DES CONSOMMATEURS, PAS DES FLAMBEURS Entre la cigale et la fourmi, c'est vite tranché. Parmi les personnes interrogées, on notera cette constante : de la mesure, et des dépenses somme toute maîtrisées. Pas de folie, une certaine défiance vis à vis de la consommation à crédit, et une tendance à vouloir d'abord, coûte que coûte, boucler ses fins de mois. Focus sur ces consommateurs pragmatiques désireux de cibler leurs priorités. Avant tout. Meirav, Agent immobilier, divorcée, un enfant à charge Le budget dépenses courantes : Je dépense environ mille shekels par mois pour mes courses. Cela inclut aussi ce dont mon fils de vingt-un mois a besoin : des couches, des lingettes, bref, tout le quotidien. Dans mes gros postes, je dois prévoir le coût du maon (crèche) pour mon fils, pour lequel je paye, tous les mois, mille six-cents shekels. En Israël, on utilise beaucoup le paiement en tachloumim. Malheureusement, on oublie trop souvent que les dettes s’accumulent et se rajoutent aux priorités... Et avec tous ces calculs, c’est difficile de se retrouver ! Il m’arrive donc souvent d’être à découvert. J’ai des mois avec, et des mois sans. Travaillant dans l'immobilier, je n'ai pas de salaire fixe. Cela fait partie des aléas, c’est un choix. Je suis une jeune maman récemment divorcée donc je fais attention et il n'y a pas de nouveautés ou d'imprévus dans mes dépenses .Je n’ai pas assez de marge pour avoir des loisirs. Je sais qu’il faut du temps pour trouver un équilibre... Quand je vais faire mes courses, c'est souvent chez Rami Levy, pour ses prix, beaucoup plus intéressants que ceux des autres supermarchés. Sinon au quotidien, j’essaie de faire attention, dans tous les domaines, que ce soit l'alimentation, les vêtements ou le reste...
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Le coût de la vie : La vie est chère, et les salaires ne suivent pas. Il y a un décalage parfois entre les dépenses que l'on peut faire et ce que l'on gagne... Et Pessah ? : C'est la première année où je vais faire Pessah en étant divorcée. Du coup, ce ne sera pas le même budget, étant donné qu'il n'y a qu’un seul salaire. Je vais devoir faire attention au prix du vin et des matzot, en fait, …un peu à tout. Je vais surtout inclure dans mon budget des activités pour mon fils, car il n'aura pas de maon pendant une semaine. La priorité ira donc, cette fois-ci, aux loisirs.
Carole, Esthéticienne, mariée, cinq enfants dont deux à la maison Le budget dépenses courantes : Nous dépensons entre quatre mille et quatre mille cinq cents shekels tous les mois pour l'alimentation et les dépenses courantes. Shampoing, lessive, produits ménagers... Je ne répartis pas mes dépenses. Je vais au supermarché et je prends tout ce qui me manque et ce dont j'ai besoin, sans faire de budget pour l'épicerie ou les fruits et légumes en particulier. La première chose à prélever du salaire c'est la machkenta, le rembour-
sement du crédit pour l'achat de notre appartement, et l'assurance. En ce qui concerne les coûts de scolarité, il me reste deux adolescents à la maison donc c'est gérable... Pour l'habillement, les deux travaillent donc ils se débrouillent. Les plus grosses dépenses viennent de l'alimentation. Malheureusement, je n'ai pas du tout recours à des bons plans dans ma façon de consommer ! Je sais par exemple qu'au marché les fruits et légumes me coûteraient moins chers… Pareil si j'acceptais de me déplacer dans deux ou trois supermarchés différents pour tout ce que je dois acheter. Mais je n'ai pas le temps. Après, c'est aussi une question de confort, et économiser de l'argent aux dépens de mon temps et de ma santé, c'est inenvisageable. Je n'y arrive pas. Le coût de la vie : Oui c'est vrai, le coût de la vie est cher par rapport aux salaires. A mon avis, une majorité de consommateurs n'arrivent pas à boucler leurs fins de mois. Nous, par exemple, nous avons une autorisation de découvert. C'est sûr qu'on ne s'en prive pas et qu'on y a recours tout le temps ! Tous les mois. A la banque, on nous a même proposé d’élargir notre possibilité de découvert, mais on a refusé ! Alors on dépense, et puis quand il n'y a plus d’argent, …et bien on fait avec ! Les crédits aussi, on évite, parce que nous avons déjà une mashkenta. On nous en a proposés, mais on sait très bien que si
l'on commence à prendre un petit crédit à droite et à gauche, on se retrouve vite surendetté. Donc on ne part pas en vacances, on s'habille moins... Mais je comprends que les gens y aient recours à cause de la cherté de la vie. Et on a forcément plus tendance à dépenser qu'à économiser parce que les salaires sont trop justes... Et Pessah ? : Des vacances ? Non. Nous sommes en Israël depuis huit ans et nous ne sommes jamais partis pour la fête. Une excursion oui, mais aller à l'hôtel dans le cadre d'un vrai séjour, non. Notre priorité à Pessah, c'est le seder avec toute la famille. Bien sûr, nous avons un budget pour la fête, sans acheter pour autant des produits chers ou très haut de gamme. Maintenant, les vacances, on voudrait bien, mais ça n'est pas notre priorité. Pessah, pour nous, c'est d'abord et avant tout des fêtes en famille.
Elyahou, Marié, à la retraite Le budget dépenses courantes : Si j'inclus les restaurants, l'alimentation et les courses, nous dépensons autour de deux mille shekels par mois. En ce qui me concerne, j'ai eu quelques turbulences dans ma vie professionnelle, avec notamment la vente de ma société. Nous n'avons pas de problème de budget, nous évitons simplement les dérapages. Les bons plans pour dépenser moins, ce n'est pas trop notre genre mais c'est sûr que si on a le choix entre aller au supermarché discount ou à la petite épicerie du coin, on choisira la première option. Pour les loisirs, si on veut passer des vacances dans un bel hôtel, on fera plus attention après. Ma femme aime beaucoup les restaurants, se faire plaisir, acheter des vêtements par exemple, sans abuser pour autant. Le coût de la vie : Le coût de la vie en Israël n'est pas particulièrement élevé, maintenant si on
APPRENDRE L'ÉQUILIBRE BUDGÉTAIRE : L'OBJECTIF DE PAAMONIM Dans son rapport publié en 2015, le Contrôleur de l’État, Yossef Shapira, tirait la sonnette d’alarme concernant l’augmentation de l’endettement des ménages entre 2008 et 2014. Les dettes des foyers israéliens auraient ainsi augmenté de 60% pour atteindre 433 milliards de shekels à la fin 2014 et 455 milliards en septembre 2015. Une situation particulièrement préoccupante que l’association Paamonim tente d’endiguer au quotidien en promouvant la responsabilité économique des familles et des personnes. Fondée en 2002 sur le principe : « Il vaut mieux apprendre à pêcher que
compare avec le niveau des salaires, c'est autre chose… Les Israéliens ne sont pas assez rebelles, ne se défendent pas assez. Contracter des crédits, c'est une vision à court terme, et une réalité qu'on ne devrait pas accepter. Les cartes bancaires sont données trop facilement, avec n'importe quel plafond. Ce ne sont pas des solutions réelles. Moi, j'ai opté pour une carte à débit immédiat. Bien qu'on puisse bénéficier d'un découvert de dix mille shekels, on sait très bien que cet argent n'est pas gratuit. Et Pessah ? : Ce cas de figure est un peu particulier car je n'ai pas de famille nombreuse. Donc jusqu’à présent, nous n'avons pas eu de budget conséquent pour la fête. On sait que les dépenses sont plus importantes, bien sûr. A titre d'exemple, on a pris trois jours de vacances à hol haomed dans un hôtel au bord de la mer. Mais c'est tout, nous ne prévoyons pas sinon de budget spécial. D.P
de donner du poisson », Paamonim aide les familles en situation de crise économique à relever les défis auxquels elles sont confrontées, et à parvenir à une situation d’équilibre budgétaire. Cette aide se matérialise par un coaching individuel des familles via la présence d’un accompagnateur qui les aide à recouvrer leur indépendance économique par un suivi ultra personnalisé : renégociation du crédit bancaire, soutien juridique, conseils de gestion, self contrôle efficace des dépenses, demande d’aides sociales, etc… Grace à cette dynamique, les familles retrouvent peu à peu leur place sur le marché du travail, intègrent les méthodes nécessaires pour équilibrer leur budget, gérer leurs dettes et résoudre d’autres problèmes économiques complexes. L’association propose également des programmes éducatifs afin d’enseigner aux familles comment éviter de subir de plein fouet une crise économique. Chaque année, ce sont 4.500 familles qui sont accompagnées par l’association Paamonim, dont de nombreuses familles francophones et d’immigrants. Composée de 2.500 volontaires spécialisés et formés à la gestion, Paamonim est présente du nord au sud d’Israël grâce à ses bureaux opérationnels qui travaillent en coopération avec les autorités locales. Récompensée par de nombreux prix nationaux, Paamonim a notamment été classée comme l’une des dix associations les plus efficaces d’Israël. A.Bendayan www.paamonim.org
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DOSSIER CONSO
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LES ISRAÉLIENS NE DÉPENSENT PAS PLUS QU'ILS NE GAGNENT "
Daniel Gottlieb
Centres commerciaux rutilants, facilités de paiement, crédits bancaires alléchants et (trop ?) accessibles. Comment les consommateurs israéliens naviguent-ils entre la nécessité de boucler leur budget et les nombreuses tentations du shopping ? Quelles sont leurs principales difficultés ? Daniel Gottlieb, expert en politique socio-économique, économiste du Bitouah Leumi et auteur de nombreuses études sur l'économie et la société israélienne, nous en dit plus. Décryptage.
Grandes villes, périphéries, qu'estce qui change pour le consommateur qui vit en grande agglomération ou dans de petites localités ? La vie est-elle forcément moins chère en région ou en zone de développement ? Consomme-t-on différemment ? La périphérie n'est pas nécessairement moins chère, sauf pour le logement, évidemment. Mais il y est aussi plus difficile d'économiser de l'argent, car ces localités ne sont pas toujours bien desservies par les transports en commun et que la vie y est plus chère en raison du cout de l’acheminement des biens depuis le centre. Il n'existe cependant pas d'étude sur cette question au Bureau Central des Statistiques, même si c'est une question importante. Le crédit a-t-il toujours de beaux jours devant lui si l'on considère que les Israéliens dépensent plus qu'ils ne gagnent ? Nous étudions cette question, mais on ne peut pas dire que les Israéliens dépensent plus qu'ils ne gagnent. Les gens qui ont perdu leur travail 50
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n'adaptent pas immédiatement leur niveau de vie à leurs revenus qui ont baissé. De même, ceux qui reçoivent plus d'argent, n’augmentent pas aussitôt leur niveau de vie, et cela parce qu’ils veulent être assurés que ce nouveau revenu sera permanent... Les Israéliens ne dépensent pas plus qu'ils ne gagnent, au contraire. Si une personne vit sur son crédit bancaire, elle fera attention et dépensera moins, notamment parce qu'elle sait qu'elle devra payer plus tard des taux d'intérêts. Elle devra aussi inclure dans son budget le remboursement de ses dettes. Autant de paramètres qui accroîtront sa vigilance. A long terme, personne ne peut vivre au-dessus de ses moyens.
“
DE PLUS EN PLUS DE GENS QUITTENT ISRAËL POUR ALLER VIVRE EN EUROPE, EN ALLEMAGNE, À BERLIN NOTAMMENT, PARCE QUE LA VIE Y EST MOINS TAXÉE ET MEILLEURE MARCHÉ " Comment se définirait le consommateur israélien type ? Il se balade beaucoup sur Internet,
achète sur Amazon, et aime acheter à l’étranger. Les jeunes consommateurs israéliens reçoivent des paquets entiers d'achats faits sur la Toile. Mais en réalité, je ne pense pas que ce comportement soit spécifique aux Israéliens ... A part le fait qu'ils aiment vraiment souvent voyager ! Nous vivons sur un petit territoire et les gens dépensent énormément pour les vacances, pour aller voir ce qui se passe au-delà de nos frontières. C'est une question de goût mais il y a aussi le fait que nous soyons entourés de pays avec lesquels nous avons des difficultés... Le petit voyage en Europe ou en Amérique donne la possibilité de respirer… Produits sans marque, soldes, boom des enseignes discount, achats sur internet, comment ces nouvelles tendances modifient-elles les habitudes de consommation des Israéliens ? Le consommateur israélien suit la mode, et la mode d’aujourd'hui est de comparer les prix. Avec « Zap », sur Internet, par exemple. Les gens savent beaucoup plus vite ce que le produit
peut leur apporter. On essaie d'économiser en achetant dans des solderies, mais je pense que l'Israélien sait très bien distinguer entre une enseigne qualitative et une autre plus ‘cheap’. Et puis il y a eu, comme partout en général dans le monde occidental, une ouverture aux produits d'importation de Chine, de Corée, et des pays ultra compétitifs. Nous consommons ces produits et faisons des ‘affaires’ avec ces pays-là. Le « business » est encore israélien mais la production est délocalisée. Les biens d'équipement, l'électroménager et le secteur automobile, notamment, sont les produits les plus coûteux, et fortement taxés, lorsqu’ils sont importés. Dans ce contexte, le gouvernement parle de mesures en faveur du pouvoir d'achat des ménages. Qu'en est-il réellement ? De plus en plus de gens quittent Israël pour aller vivre en Europe, en Allemagne, à Berlin notamment, parce que la vie y est moins taxée et meilleur marché. Les informations circulent sur internet pour pointer du doigt la différence de niveau de vie existant bel et bien entre Israël et d'autres pays. Face à cette Yerida (descente), le gouvernement réalise qu’il doit mener une politique plus attractive - réduire les impôts et le coût de la vie, pour diminuer le décalage avec les autres pays développés. Les taxes spéciales israéliennes ne peuvent plus supporter la comparaison avec les taxes étrangères, surtout par rapport aux autres pays où il est possible d'aller vivre. C'est une sorte de correction qui se fait lentement parce qu'il y a des intérêts en jeu et des gens près du gouvernement qui sont des importateurs importants. Lentement mais sûrement, ces différences-là vont se réduire. Les chiffres officiels estiment le budget moyen d'un ménage israé-
lien à 13.142 shekels par mois et 40 % des ménages n'arrivent pas à boucler leurs fins de mois. Une fois le logement, l'alimentation, les transports, et même l'éducation, payés, sur quoi rogne-t-on ? Les consommateurs qui voient leurs revenus chuter de façon provisoire ne modifieront pas nécessairement leur train de vie ni leurs habitudes d'achat. En revanche, ils équilibreront leur budget en diminuant les dépenses si leur baisse de revenus se pérennise. Souvent les dépenses de santé sont les premières visées. Si le soin n'est pas inclus dans le « panier » d’assurance classique, il n’est pas acheté. Idem pour les soins dentaires… Autre chose, nous avons fait des recherches autour de l'alimentation et nous avons observé que les personnes qui doivent rogner sur un poste feront des économies d'abord sur la nourriture… Une famille qui se retrouve subitement en difficulté ne pourra pas réduire ses dépenses de logement et changer d'appartement, ce qui coûte de l'argent. C'est ce que révèlent des études faites en 2011 et 2012.
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IL FAUT SAVOIR POURTANT QUE SUR LES TROIS DERNIÈRES ANNÉES,LES PRIX ONT BAISSÉ ! " Avec l'explosion à la hausse des principaux postes budgétaires (Logement +60 %, en 5 ans, Alimentation +45 %, Frais de transport et de santé +22 %) comment éviter l'endettement récurrent des classes moyennes et la baisse inexorable
du pouvoir d'achat ? Il faut savoir pourtant que sur les trois dernières années les prix ont baissé ! On dit qu'ils sont toujours élevés en Israël, et c'est vrai si vous comparez avec la France ou d'autres pays. Mais d'après le CBS (Bureau des Statistiques israélien) soit les prix descendent, soit ils augmentent très peu. C'est à dire qu'il n'y a pas d'inflation en Israël, il y aurait plutôt une tendance à la déflation. S'il faut réduire certaines dépenses, les gens iront vivre dans des localités moins chères. Le consommateur qui doit réduire son budget et qui vivait jusqu'à présent à Tel-Aviv déménagera à Bat Yam, par exemple. C'est ce que les gens font en général. En ce qui concerne la population arabe, elle plébiscite beaucoup plus les grandes maisons où vit toute la famille, avec différentes générations sous le même toit, ce qui permet des dépenses sur d’autres postes. Il n'en demeure pas moins que les Arabes, et les Haredim (ultra-orthodoxes) ont moins de moyens que le reste de la société. Dans les rapports de l'OCDE, Israël se retrouve systématiquement en queue du peloton des pays membres en matière de redistribution de la richesse nationale. Quelles conséquences sur le comportement des consommateurs les plus faibles économiquement ? C'est vrai que nous ne sommes pas à une bonne place selon les critères de l'OCDE. Nous avons pu améliorer notre position mais pas suffisamment. Pour cela, il faudrait repenser les droits sociaux qui sont très bas en Israël comparés à d'autres pays. De manière générale, cette redistribution des richesses n'est pas assez avancée et la conséquence pour le consommateur le plus faible est qu'il a moins d'argent à dépenser. Dahlia Perez
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DOSSIER CONSO
BONS PLANS
POUR CONSOMMER MALIN
Profiter de la fameuse ‘mivsta’ promo mais ne pas se faire avoir. Acheter 8 rouleaux de sopalin c’est bien, 4 bouteilles de Ketchup bonjour les dégâts ! Mettre un pull-over en hiver peut faire gagner quelques centaines de shekels sur la facture d’électricité. Qui a dit qu’il fallait jeter le pull tricoté par tata Ginette ? Dans le même genre : ETEINDRE LA LUMIERE ! (dans la pièce où l’on ne se trouve pas). Acheter vintage. C’est tendance. De nombreuses boutiques ‘yad chnia’ (seconde main) offrent des articles en excellent état, et parfois des marques à prix ultra réduits. Un jupe Zara à 5 shekels et un blouson Castro pour le petit dernier à 10 shekels, ça vous tente, non ? Inviter sa copine à boire un café ou un jus d’orange chez Cofix plutôt que chez Aroma. Et pourquoi pas après tout ? S’armer d’une bonne dose de Houtzpa et menacer son opérateur de téléphone de le quitter à moins qu’il ne baisse le prix de notre facture. C’est possible et ça marche. On est au Moyen- Orient ou non ? S’inscrire sur Groupon et bénéficier de 50 % sur des séjours vacances, des restaurants ou une attraction à Eilat. Obligatoire !
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•• Avril Avril -- Mai Mai 2016 2016 •• LEMAG.CO.IL LEMAG.CO.IL •• leMag’ leMag’ N°6 N°6
Ne pas jeter son vieux sofa ou sa table de salle à manger old fashion mais les mettre en vente sur le site Yad2 et récupérer quelques centaines de shekels. Un réflexe avisé qui fait deux heureux. L’acheteur et le vendeur. Emprunter des livres à la bibliothèque au lieu de les acheter. La lecture, c’est gratuit ! Pour vous (de nombreuses bibliothèques sont équipées de sections francophones sinon inscrivez-vous à la bibliothèque du Centre culturel français le plus proche) ou pour vos enfants, pourquoi acheter ce que l’on peut emprunter et changer au grès de nos humeurs ? Aller au marché, une heure avant sa fermeture, c’est économiser environ 30 à 40% sur le prix des fruits et légumes. Pas mal pendant l’été ou les fruits s’avalent par kilos ! Acheter de la qualité car comme disait ma grandmère (zal) acheter bon marché : c’est acheter cher ! Et en vrac : Payez en liquide et faites moins flamber la CB, marchez un peu plus pour dépenser un peu moins. Courrez : c’est gratuit et ça maintient autant en forme qu’un abonnement en salle de sport. Remplissez votre bouteille d’eau le matin avant de partir pour éviter d’en acheter deux ou trois durant la journée. Confectionnez vos déguisements à Pourim (tant pis si la robe de la Reine des Neige de la petite n’est pas exactement conforme à la copie) et n’achetez pas des gâteaux hors de prix à Pessa'h (une bonne galette avec du chocolat fera l’affaire) ! A.B
Vous êtes face à un nouvel avenir, nous vous attendons avec l’ensemble de vos droits.
Bienvenue à la maison en Israël! Le Ministère de l’Alya et de l’Intégration investit de nombreux efforts afin que vous puissiez vous intégrer en Israël facilement et rapidement. Le Ministère octroie aux nouveaux immigrants, un panel de droits et d’avantages dans tous les domaines importants de la vie: logement, emploi, études, entreprenariat, etc.
Vous êtes conviés à vous adresser à l’un des bureaux du Ministère, pour obtenir des renseignements sur tous les droits et les avantages qui vous reviennent. Le Ministère tient à votre disposition des conseillers multilingues qui seront heureux de répondre à vos questions. Pour plus de renseignements: klita.gov.il et Ministère de l’Aliya et de l’Intégration.
Ministère de l’Aliya et de l’Intégration
L’AN PROCHAIN À JERUSALEM LEMAG’
FORMATIONS PROFESS QUELLES OPTIONS POUR
O
On assiste à une explosion des formations professionnelles destinées aux olim. Opportunité d’intégration ou option de reconversion réussie. Tout est possible. LeMag’ a vérifié.
pter pour une formation professionnelle quand on cherche du travail en Israël n'est pas une décision à bâcler ou à prendre à la légère. Elle représente une chance de se renouveler et nécessite de faire un bilan de son expérience afin de mûrir son virage. Plusieurs paramètres entrent en jeu : le temps dont on dispose, le budget que l'on peut y consacrer, la prise en charge dont on peut bénéficier éventuellement en tant que nouvel immigrant. Mais ça n'est pas tout. Doiton envisager une formation pour se perfectionner, pour adapter ses compétences à la couleur du pays ou bien se reconvertir en optant résolument pour une nouvelle voie ? Faire le grand écart ou rester dans son milieu professionnel d'origine en recyclant son expérience française ? Se 54
• Avril - Mai 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°6
former en hébreu ou en français ? Une fois ces questions tranchées (et un rendez-vous plus que recommandé avec un conseiller professionnel), on mettra le cap sur les aides aux olim. L'option principale reste le dispositif "Voutcher" pour les nouveaux immigrants et citoyens de retour dans le domaine de l'emploi. Cette aide est en fait une bourse à la formation qui peut être financée jusqu'à 80% par l’État et plafonnée à 7.000 shekels maximum. Le but ? Faciliter l'intégration sur le marché du travail des nouveaux immigrants, en leur ouvrant un plus grand choix professionnel en Israël. Ce droit est valable dix ans pour l'olé à partir de sa date d'alyah. Il faut au préalable avoir suivi un oulpan et vouloir se former à une compétence recherchée sur le marché de l'emploi. Attention donc : il faut présenter une demande crédible avec un devis complet du coût de la formation, un programme d'études et une attestation de
SIONNELLES LES OLIM ? reconnaissance de l'organisme professionnel choisi. Dernière chose : n'allez pas choisir une spécialisation en chinois ou des cours sur l'histoire de l'art égyptien. La formation est censée vous ouvrir le plus rapidement possible les portes du monde du travail, donc pragmatisme et réalisme sont à inclure dans les critères de vos choix. Vous vous poserez sûrement aussi cette question : pourquoi choisir une formation dans un organisme privé ? Tout simplement parce que les formations gratuites ne couvrent pas tous les besoins des olim et se font de plus en plus rares depuis une dizaine d'années. Voici donc une sélection de plusieurs écoles qui ont ouvert des sections francophones destinées aux nouveaux immigrants. Différents métiers et compétences sont proposés par ces différents organismes habilités à accueillir les ayants droit au "Voutcher".
Pour bénéficier d'une subvention, il vous faut réunir :
1 L'accord de l'école pour suivre la formation 2 La preuve que vous avez suivi jusqu'au bout votre oulpan en Israël (une personne ayant un niveau d'hébreu satisfaisant et ayant été dispensée de l'oulpan doit prouver via des attestations qu'elle a étudié la langue à l'école). 3 Une attestation indiquant : * Les dates de début et fin de la formation * Le nombre d'heures de la formation * Le programme d'études * Le coût de la formation Pour recevoir votre aide, il faudra apporter ces documents à votre conseiller emploi (yoets taasouka) du ministère de l'Intégration dont vous dépendez. Avril - Mai 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°6 • 55
L’AN PROCHAIN À JERUSALEM LEMAG’
MODE, STYLISME ET COUTURE HÔTELLERIE
DESIGN ET MULTIMÉDIA
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INFORMATIQUE, BUREAUTIQUE ET AUDIOVISUEL
FORMATIONS QUI N'ATTENDENT QUE VOUS
FORMATIONS POUR PUBLIC RELIGIEUX
MASSOTHÉRAPIE
MÉDECINE DOUCE ESTHÉTIQUE, COIFFURE
© Freepik
Quelques écoles et centres de formation professionnelle dont le coût est tout, ou en partie, financé par le Voutcher : 56
• Avril - Mai 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°6
FORMATIONS POUR PUBLIC RELIGIEUX
En partenariat avec les organismes gouvernementaux (ministères de l'Industrie, du Commerce et du travail, des Finances, du Tourisme et la chambre de l’Ordre des experts-comptables d’Israël) dont : Technicien supérieur en informatique, Architecte et Décorateur d'intérieur, Conseiller fiscal, Métiers du Commerce / Marketing, Puéricultrice Prérequis : 12 ans d'études (sans avoir nécessairement le Bac). Pour le diplôme d'architecte : bac demandé. Conditions d'admission : examen psychotechnique selon la formation demandée. Formation dispensée en hébreu. Coût : entre 3.000 et 6.000 shekels selon la formation. Lieux : Jérusalem, Bnei Brak, Ashdod, Haïfa, Modiin Illit et Beit Shemesh. Reconnaissance : ministère de l’Économie pour la plupart des diplômes. Architecte : diplôme reconnu par l'Institut National de Formation Technologique et Scientifique. Prise en charge : services sociaux, ministère de l'Intégration (Voutcher). Débouchés : entreprises israéliennes privées et publiques. Le plus : aide à l'insertion et à la recherche d'emploi, placement en entreprise.Vu le nombre important d'étudiants francophones, le Centre aide les inscrits ayant des difficultés en hébreu. Cours de soutien en français. Merkaz ‘Haredi Renseignements : 072 256 36 37
HÔTELLERIE
Pour ceux qui souhaitent s'investir à plein temps dans une formation initiale : Manager en hôtellerie internationale (3 ans d'études). Directeur d'hôtellerie internationale (5 ans d'études). Formation dispensée en français. Coût : 1.600 shekels (frais d'inscription) et 25.000 shekels par an. Admission : dossier de candidature, concours d'entrée et entretien. Niveau minimum requis : diplôme de fin d'études secondaires. Lieu : Tel Aviv. Reconnaissance : ministère du Tourisme. Prises en charge : ministère de l'Intégration (Voutcher), bourse Massa. Débouchés : l'école Vatel est en contact permanent avec les employeurs et réserve à ses diplômés des offres d'emploi dans le monde entier. Le plus : un réseau international et des partenaires professionnels prestigieux, en Israël et dans le monde. Vatel Tel Aviv Michael Sebban 03 600 66 87 www.vatel.co.il/fr/
ESTHÉTIQUE, COIFFURE
Deux Formations privées qui ont pour particularité d'être dispensées en français : Formation longue : 50 heures. Coût : 8.500 shekels, matériel inclus. Formation courte : 30 heures. Coût : 8.000 shekels, matériel inclus. Une formation courte de groupe : Coût : 5.400 shekels Conditions d'admission : pas de niveau minimum requis. Lieux : Jérusalem et Bnei Brak. Reconnaissance : ministères de l’Économie et de l’Éducation. Prise en charge : services sociaux, ministère de l'Intégration (Voutcher). Galit Italia -Jérusalem, Rehov Yirmiahu 43, Centre commercial « One Shopping Center » Renseignements : 054 325 46 17 / 02 500 30 13 -Bnei Brak : Rehov Rabbi Akiva, 62 Renseignements : 03 570 08 56
DESIGN ET MULTIMÉDIA
Métiers : Architecte d'intérieur, Graphiste, Concepteur de sites internet, Monteur vidéo. L'école propose pour les francophones une section adaptée à leur profil. Formation dispensée en français pour 70 % du contenu des enseignements, complété par 30 % des enseignements en hébreu pour le vocabulaire technique. Conditions d'admission : bases d'informatique minimum demandées. Pas de limite d'âge. Coût : entre 10.000 et 13.000 shekels (entre 2.000 à 3.000 shekels avec l'aide du Voutcher). Facilités de paiement proposées. Lieux : Jérusalem, Région Centre (à proximité de Bnei Brak et de Ramat Gan) et prochainement à Ashdod. Reconnaissance : Diplôme du ministère de l’Économie et certificat de l'école. Prise en charge : ministère de l'Intégration (Voutcher) et bourses d'études sur dossier. Débouchés : en tant que salarié dans les départements internet des entreprises, les bureaux d'architecture, les entreprises de publicité et la presse. Ou en Freelance.
Les plus : Aide à remplir le dossier Voutcher et aide à l'insertion sur le marché du travail. Adapté au public francophone et aux étudiants actifs ayant déjà une activité professionnelle. Coaching pour les diplômés se destinant à être en freelance. Enseignants bilingues français / hébreu. Siour Mo’hot /Brain Storm Renseignements : 055 664 43 65 ou 052 714 49 99 (standard aussi en français) 7144999@gmail.com Avril - Mai 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°6 • 57
L’AN PROCHAIN À JERUSALEM LEMAG’ INFORMATIQUE, BUREAUTIQUE ET AUDIOVISUEL
MODE, STYLISME ET COUTURE
Formations dispensées en anglais : Architecte d'intérieur, Infographiste, Concepteur de sites Web, Gestionnaire administratif, Photographe et Monteur vidéo. Formations dispensées en français : Architecture d'intérieur et Infographie. Coût : 10.000 shekels (possibilité de prendre des modules. Se renseigner). Admission : prérequis selon la formation choisie. Pour le public féminin uniquement. Pas de limite d'âge. Lieu : Jérusalem. Reconnaissance : certificat reconnu par le ministère de l'Intégration. La formation d'Infographiste est reconnue par le ministère du Travail. Prises en charge : ministère de l'Intégration (Voutcher), programme Massa. Débouchés : l'école oriente pour une très grande majorité ses élèves vers les entreprises après leur période de formation. Le plus : l'école développe des sections francophones, dont une prochainement dans le webmarketing. Classes de petits effectifs. Compuskills/Mesilot 11/5 Mishkelov Street Jérusalem Renseignements : 02 654 12 68 http://compuskills.org/
Compétences enseignées : Couturière de mode (1ère année). Couturière robes de soirée et mariage (2ème année). Formation dispensée en
hébreu. Coût : 16.000 shekels la première année. 10.000 shekels la deuxième année (option de spécialisation facultative). Lieux : Jérusalem, Tel-Aviv, Ashdod et Haïfa. Reconnaissance : ministère de l'Intégration. Prise en charge : ministère de l'Intégration (Voutcher). Admission : bac français ou israélien. Pour public féminin uniquement. Pas de limite d'âge. Débouchés : travailler pour une ligne de vêtements ou en indépendante. Le plus : ce métier manuel ne nécessite pas une maîtrise parfaite de l'hébreu. Hamidrasha Renseignements : 1 700 700 985 www.hamidrasha.co.il
AUTRES ORGANISMES DE FORMATION MÉDECINE DOUCE
Compétences enseignées : Réflexologie et Tuina (physiothérapie chinoise) ; ouverture d'une session fin mars 2016. Médecine chinoise, Naturopathie et Réflexologie et Tuina (selon un nombre minimum de participants) ; ouverture d'une session en octobre 2016. Formation dispensée en français. Coût : non communiqué, se renseigner. Lieu : Jérusalem. Reconnaissances : Diplôme non académique de l’École, Diplôme de l'hôpital Shaarei Tsedek. Prise en charge : se renseigner. Débouchés : hôpitaux, koupot ‘holim, travailleur indépendant. Les plus : Stage de deux mois à l'hôpital Shaarei Tsedek. Oulpan médical mis en place dans le cadre de la formation. Coaching professionnel. Serenity 18, Rehov Hillel, Jérusalem Renseignements : 02 563 20 15 www.serenity.co.il
MASSOTHÉRAPIE
Compétence enseignée : Massage suédois. Formation dispensée en français Coût : 7.000 à 8.000 shekels (250h de formation étalée sur huit mois).
Lieu : Jérusalem. Reconnaissance : Certificat de formation professionnelle. Débouchés : SPA et instituts de massage israéliens. Le plus : la formation ICON de massage suédois est complète et conforme aux exigences de la Fédération des Masseurs Professionnels Israéliens. L'école propose aussi des formations plus longues en Ostéopathie et Médecines alternatives. Se renseigner. Collège Israélien d’Ostéopathie et de Naturopathie ICON 24 Rue Hillel Jérusalem Renseignements : 054 632 77 05 / 054 206 85 55 www.israel-osteopathy.com/FR/
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• Avril - Mai 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°6
D'autres pistes de formations...
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Sur le site du ministère de l’Économie, la liste complète des formations répertoriées par domaine professionnel. Optique, Informatique, Ingénierie hydraulique, Électronique, Administration, Métiers du Bâtiment, du Transport, de la Mode, Graphisme, Ébénisterie, la liste est longue. Ces formations sont, bien entendu pour leur grande majorité, dispensées en hébreu, ce qui nécessite un bon niveau linguistique pour se lancer. Mais il y a toujours la possibilité de faire un oulpan professionnel…
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L’AN PROCHAIN À JERUSALEM LEMAG’
LE POUVOIR DES FLEURS
© R. Hassoun
Il y a un moins d’un an, Anna Oliel a fondé ‘Bamboo’, le premier bar à fleurs d’Israël. Avant d’avoir la main verte, elle travaillait dans les médias. Sa reconversion s’est faite rapidement car les fleurs ont toujours représenté sa véritable passion.
Anna Oliel devant son ‘bar à fleurs’
Avant 'Bamboo', quel a été votre parcours ? A Paris, je travaillais dans le milieu du cinéma. J’ai choisi de faire mon alyah en 2005 puis, j’ai créé avec mon mari « infolive.tv », sur internet, dont le but était de montrer, en anglais, français et espagnol, la réalité d’Israël afin de
lutter contre la désinformation en Europe. Ensuite, j’en ai eu assez de travailler avec des ordinateurs, j’ai fait un véritable rejet d’internet. J’ai réfléchi et je me suis demandée ce que j’aimerais vraiment faire dans la vie. La réponse est venue tout simplement. Devenir fleuriste.
Comment avez-vous opéré cette reconversion ? Guidée par ma passion, j’ai commencé par une première formation chez «Zer4u», le plus grand e-commerce de fleurs sur internet et j’ai ensuite embrayé sur une autre formation académique, avec un grand professeur reconnu mondialement : Benzi Gil. Il se se trouve à Petah Tikva. Quel est le concept de votre magasin ? Un bar à fleurs. C’est à dire, que c’est à la fois un magasin de fleurs et un café. On peut s’asseoir sur la terrasse fleurie, ensoleillée et boire une boisson chaude (ou fraiche selon la saison !), accompagnée de gâteaux et de viennoiseries. Et puis, j’ai évidemment voulu miser sur la beauté des fleurs, les bouquets à la française, cette qualité « made in France », qui manque un peu à mon goût en Israël… Une fleuriste très " frenchie " donc... Oui, car en plus des fleurs, je vends des produits qui sont en rapport avec le plaisir. Se faire plaisir est essentiel. On trouve dans ma boutique du bon vin, du chocolat, des parfums en sticks qui proviennent de France et des bougies parfumées. 60
• Avril - Mai 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°6
Conseillez-vous certaines fleurs à vos clients, selon que la personne soit amoureuse, triste ou bien heureuse ? (Rire). Je crois qu’il faut suivre ses envies. Une personne amoureuse va forcément acheter des roses rouges. Un individu triste choisira des fleurs pâles. Mais pour moi, un bouquet triste n’existe pas. Une personne heureuse sera séduite par le jaune comme les jonquilles, des freesias ou des tournesols par exemple. Quel style de clientèle ciblez-vous ? Je cible un grand panel de clients, mais surtout les personnes qui aiment sincèrement les fleurs, j’aime les conseiller et prendre mon temps. En France, les fleurs font partie du domaine culturel, tout le monde possède un bouquet de fleurs à la maison. En Israël, c’est moins culturel. C’est essentiellement une clientèle anglaise, européenne ou américaine. Les Israéliens commencent à s’y mettre et cela me fait plaisir. Quand et pour quelle occasion achète-t-on des fleurs en Israël ? Principalement, le vendredi avant shabbat. C’est la ruée. Pour les grandes fêtes également. Pour ma part, j’ai un plaisir à offrir des fleurs à mes amis ou à la famille au quotidien. Pensez- vous que les fleurs ont un pouvoir ? Je ne conçois pas une pièce sans un bouquet de fleurs, cela fait partie de la décoration. C’est tendance, comme la mode, et source de joie, de bonheur et d’originalité. Pourquoi avoir choisi d'appeler votre boutique "Bamboo" ? Je cherchais un nom qui pouvait se dire en trois langues. En anglais, français et hébreu, cela veut dire la même chose. Cela représente pour moi le chêne et le roseau, comme un symbole d’Israël. Il plie mais il ne casse pas. Bamboo : Hamelits 4, Moshava HaGermanit, Jérusalem Propos recueillis par Romane Hassoun.
Avril - Mai 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°6 • 61
TRIBUNE LIBRE DE LEMAG’ ...Céline Ahnine, une infirmière en colère
Je m'appelle Céline, et je lutte depuis mon alyah pour pouvoir poursuivre, en Israël, une vie professionnelle consacrée au service des autres. Après avoir passé plus de vingt ans en service de soins et au bloc opératoire, l'insécurité grandissante en France et l'envie de voir grandir mes deux jeunes enfants en Israël, nous ont conduis à quitter Marseille pour nous installer à Netanya. Quand je suis arrivée en Eretz, il y a presque trois ans, avec mon mari et mes enfants, j'étais pleine d'espoir. Je savais qu'une équivalence professionnelle existait, l'Agence juive me l'avait d'ailleurs confirmé, tout était possible ! Après un oulpan général (que j'ai commencé au niveau )א, puis un oulpan professionnel spécifique aux professions médicales et paramédicales, j'ai rassemblé et fait traduire les documents nécessaires à envoyer au Misrad Habriout. Une dépense exorbitante… A la fin de l'oulpan, le seul salaire de mon mari ne suffisant pas, j'ai dû travailler en tant que metapelet dans une maison de retraite, pensant qu'une intégration au sein d'une structure de soins israélienne me permettrait de parfaire mon hébreu. Malheureusement, la majorité du personnel et des patients étaient russes, et au vu, entre autre, de ma régression dans la langue ainsi que du salaire dérisoire, j'ai dû chercher un nouvel emploi. Je travaille actuellement dans un call-center français, emploi qui ne me procure au62
• Avril - Mai 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°6
cune satisfaction, si ce n'est celle de pouvoir subvenir, en partie, aux besoins de ma famille, et de poursuivre le processus exigé pour me présenter à l'examen professionnel. Car si la pseudo équivalence nous dispense des quatres années d'études, elle nous contraint à un processus long de deux à trois ans minimum, pour repasser l'examen professionnel. Le taux de réussite est ridiculement bas pour les Français, alors que notre diplôme est reconnu en Europe, au Canada, en Suisse…La majorité des candidats français abandonnent d’ailleurs avant l’examen, devant l'impérieuse nécessité de manger et de se loger et désespérés par les barrages administratifs. Il me semble injuste de devoir travailler dans un call-center, alors que je maîtrise parfaitement mon métier et dispose de vingt années d'expérience, pourquoi faut-il que je repasse mon diplôme ? Les standards de soins ne sont pas inférieurs en France ! Pourquoi m'empêcher d’exercer mon métier alors qu'en bas de chez moi, il manque depuis plusieurs mois une infirmière française dans le dispensaire de soins, ce qui est d'ailleurs généralisable sur tout le pays. Et quand, prochainement, la vague d'alyah française arrivera, le personnel français aura un rôle majeur à jouer dans l’accueil de ces nouveaux olim, il permettra une meilleure communication avec le reste du personnel. Il apportera un sens du relationnel, une faculté de compréhension, propres aux infirmières françaises. Malheureusement, notre pays ne nous donne pas la possibilité d'exercer ce métier choisi et aimé ! Malgré le manque cruel d'infirmières. Et pourtant, alors que le Québec m'ouvre les bras, je préfère rester en Israël, où mes enfants évoluent dans un climat général pas toujours réconfortant, et où notre situation financière n'est pas toujours au beau fixe. Pourquoi risquer la vie de nos enfants à l'armée, alors que d'autres pays ne nous demandent pas un tel sacrifice ? Au Québec, un stage d'un mois et demi
suffit pour obtenir un permis de travail. Nous avons choisi de vivre ici. Nous nous battrons ! Mais combien de temps encore à devoir travailler dans un call-center? Obligée de travailler en français parce que mon hébreu, qui après l'oulpan était très correct, s’appauvrit de jour en jour ! Comment ne pas penser à une yerida (retour vers l’étranger), si la situation ne change pas ??? Je ne suis pas seule, presque toutes les infirmières olot ont le même parcours. A leur arrivée, remplies d’enthousiasme, elles découvrent très vite les joies de la bureaucratie israélienne, et ont cette impression étrange de ne pas être acceptées... Nous avons créé un groupe Facebook, afin de mobiliser l’opinion publique dans la reconnaissance de notre diplôme. Il compte à ce jour 650 personnes impliquées, en France et en Israël. Grâce à ce groupe et avec l'aide de Qualita, nous avons pu rencontrer le président de la commission de la santé et des affaires sociales à la Knesset, et Mr M. Habib, député des Français établis à l'étranger, qui nous soutiennent dans notre combat. Ils ont pu prendre connaissance de la nature des difficultés rencontrées parmi les membres du groupe. Comme Florence, infirmière anesthésiste, arrivée en Israël depuis dix mois, en plein processus, confrontée au manque d'informations et aux dépenses excessives, qui est obligée de faire des allers-retours vers la France pour subvenir à ses besoins. Aujourd’hui, nous attendons une décision politique. Lorsque le Premier ministre s'engage à faciliter la reconnaissance de tous les diplômes français, les infirmières sont exclues de ce projet ! Nos revendications sont simples : nous voulons l'annulation de cette soi-disant équivalence, pouvoir simplement travailler, aider notre pays, participer à son évolution. Notre intégration dépend de la reconnaissance de notre diplôme !
Céline Ahnine,
Responsable de la Coordination des Infirmiers(ères) Olim Français(es) en Israël.
SANTÉ LEMAG’
MAIGRIR EN TOUTE SÉRÉNITÉ Bonjour le printemps et ses jolies robes fleuries. Quelques rondeurs subsistent ? Remercions la dizaine de beignets engloutis lors des fêtes de ‘Hanoukka et l’abondance des douceurs reçues gracieusement à Pourim ! Mais pas de panique ! N’essayez surtout pas d’entamer dix régimes à la suite, ou pire encore, de fermer la bouche jusqu’à que vous ayez perdu ces kilos accumulés pendant l’hiver… On a tous (mais surtout toutes) suivi un régime, un jour ou l’autre, puis décidé, abandonné, repris, abandonné de nouveau...etc. Pour réussir son régime, pas de mystère : une vraie motivation est indispensable. Mais avant tout, il faut savoir choisir : Le bon régime ! Celui qui s’adapte à votre âge, votre style de vie mais surtout à votre quantité de kilos à perdre ! Car dans cette jungle qu’est le monde des régimes, vous pouvez vous perdre très facilement entre les mille et une méthodes existantes ! Des plus variées aux plus folles ! À l’approche des fêtes de Pessa’h et des kilos en "prévision", l’équipe de leMag’ a sélectionné et testé deux programmes minceurs, très à la mode en ce moment, qui pourront vous aider à perdre du poids, malgré la variété et l’abondance des mets qui s'annoncent !
CONSEILS PRATIQUES POUR MAIGRIR INTELLIGEMMENT : Pour maigrir de manière durable, une activité physique est indispensable ! Pensez à perdre ce poids seulement parce que vous voulez être en bonne santé et vous sentir mieux. Prévoyez dès le début de la semaine vos menus-minceur et affichez-les dans la cuisine à portée de vos yeux. Buvez pour éliminer : de l'eau, du thé, des tisanes, pendant et en dehors des repas. Prenez vos repas à heures fixes. Chaque repas doit être pris assis dans le calme, en mâchant et en savourant les aliments. Privilégiez un solide petit déjeuner afin de garder la faim loin de vos pensées pour le restant de la journée. Si vous avez un faible pour les sucreries, compenser cette envie en vous accordant un petit (et unique) carreau de chocolat noir. Ne vous fixez pas d'objectif poids irréalisable. Garder tout au long de votre régime une attitude positive. Enfin, ne soyez pas obsessionnel/le, pesez-vous une ou deux fois grand maximum dans la semaine. Avril - Mai 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°6 • 63
SANTÉ LEMAG’ LA CHRONO-NUTRITION
C’est une méthode de nutrition permettant d'adapter l'apport alimentaire en fonction des variations métaboliques chez l'individu au cours de la journée. La Chrono-nutrition, élaborée dans les années 80 par le Dr Delabos, et testée médicalement, permet de mincir là où il faut sans se priver. Au regard du morphotype*, cette méthode minceur cible les kilos superflus qui sont localisés sur telle ou telle partie du corps et corrige les erreurs d’alimentation. Fondée sur le principe de l'horloge biologique du corps, laChrono-nutrition permet de consommer tous les aliments habituellement interdits par les régimes classiques, mais, au bon moment de la journée. Sans être réellement un régime, ce sont surtout des habitudes alimentaires à prendre pour réguler l’organisme et éviter de stocker des graisses aux mauvais endroits et donc de grossir.
Petit-Déjeuner
Fromage à pâte dure <100 g
Comment ça marche ? Il suffit de manger les bons aliments, au bon moment, dans la bonne quantité : gras le matin, dense le midi, sucré l’après-midi et léger le soir. La Chrono-nutrition s’articule autour de repas à base de viandes, de poissons et de fromages mais les quantités d’aliments sont calculées en fonction du morphotype et de l’activité de chacun. En cas de faim, certains aliments peuvent être consommés à volonté. Il s’agit des trois catégories destinées à assurer l’apport énergétique. C’est-à-dire le fromage au petit déjeuner, la viande au déjeuner, les poissons au dîner. En revanche, les autres aliments (pain, pâtes, riz, légumes) ne doivent jamais être consommés en quantités trop importantes, sauf cas très particuliers de dépense physique intense. Petit plus : cette méthode permet de consommer deux repas joker par semaine, totalement libres. Attention! Les aliments industriels, les allégés et les édulcorants (type aspartame) sont totalement proscrits. *Au cours d’un examen clinique suivi d’un bilan sanguin, le patricien évalue les paramètres morphologiques (tour de poitrine, tour de taille, tour de hanches, poids et taille) et les anomalies de volume. Il établit ainsi le morphotype.
Matière grasse <20 g
Boisson chaude sans sucre à volonté
Pain complet <70 g
ou
Déjeuner
Goûter
Protéines
Chocolat noir <30 g
Féculents
Féculents + Protéines
Fruits à coques <5
Fruits
Eau à volonté
Eau à volonté
ou
Diner
64
Légumes verts
• Avril - Mai 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°6
Viande maigre ou poisson
Eau à volonté
LEGUMES
LE RÉGIME INDICE DE SATIÉTÉ Pour faire attention à sa ligne, il est important d'être rassasié à la fin du repas pour éviter les fringales qui poussent aux grignotages compulsifs. Comment ? En choisissant des aliments qui remplissent l'estomac sans faire exploser le compteur calorique. Pour les sélectionner, l’indice de satiété va vous aider. Idéal pour perdre du poids sans avoir faim. L’IS est un outil nutritionnel développé par le Dr Holt de l’Université de Sydney. Avec son équipe, elle a déterminé la capacité à rassasier de différents aliments pour une même portion et un même apport calorique. Elle a ainsi pu mettre en lumière le fait que pour le même nombre de calories et la même portion, certains aliments donnaient l’impression d’être rassasié plus longtemps. L’indice de satiété est ainsi aussi important que la valeur calorique des aliments. Mais attention ! Un IS élevé ne signifie pas automatiquement ‘hypocalorique’ ! Au contraire, on peut souvent se retrouver avec des aliments caloriques, riches en graisses et à l’apport lipide beaucoup trop haut. Pour ce faire, il ne faut pas abuser d’aliments à IS élevé mais choisir ceux qui affichent un bon rapport IS/calories, c’est-àdire supérieur à 1,5.
Exemple : entre une escalope de dinde (IS/kcal = 1,81) et un steak haché à 5%MG (IS/kcal = 1,41), mieux vaut opter pour la dinde. Vous avez peur de vous perdre avec tous ces chiffres, n’ayez crainte ! Voici les grandes lignes pour maigrir grâce à l’indice de satiété : Trois repas par jour. Avec un IS de 450 au petit-déjeuner, 700 au déjeuner et 500 au dîner. Au regard d’un tableau où sont affichés tous les aliments et leur IS/100g, à vos calculatrices ! Des apports variés. Pas question de zapper une catégorie d’aliment ! Pour votre équilibre, chaque repas doit comporter une source de protéines, des sucres lents (pain, pâtes, riz, céréales), un laitage, un peu de graisses et des fruits et légumes. Dans une même famille d’aliments, il faut juste préférer ceux affichant le rapport IS/kcal le plus élevé, pour des portions dans la norme (30 à 40g). *Supposons que l’on consomme 30g de pain. On sait que pour 100g de pain l’IS est de 378 : 100g—->378 30g—–>IS=? donc IS=(30×378)/100=113
Naomie Ariel
LES RÉGIMES À PROSCRIRE Attention ! Certaines diètes dites ‘tendance’ sont complètement loufoques, voir dangereuses. Elles n’entrainent que fatigue, carences et sentiment d'échec... Ces méthodes ne marchent pas et nous mettent à plat !
1 2 3
Les régimes monomaniaques comme les "régime ananas ", "régime soupe au chou", " régime rose", "blanc "... où le principe consiste à manger à volonté un seul aliment. Ils sont efficaces sur le court terme mais profondément déséquilibrés et carencés. La perte de poids immédiate sur laquelle on compte s'évapore très rapidement du fait des pulsions de compensation. La diète hydrique, régime à base d'eau, de bouillons et de tisanes. L’organisme est hydraté et élimine les toxines, mais ce régime manque cruellement de lipides, de glucides et de protéines. Et sans apport de protéines, la fonte musculaire s'enclenche. L’organisme affaibli puise dans ses propres réserves en protéines pour produire de l'énergie. L'euphorie des premiers jours cède vite à une fatigue intense et à un découragement qui vous feront reprendre doublement vos kilos perdus ! Les régimes protéinés en sachets Comme leur nom l’indique, ce sont des substituts de repas en sachets dont l’utilisation doit être occasionnelle au risque d’entrainer une monotonie voire un dégout par saturation.
IS
IS/kcal
Artichaut
86,3
1,84
Aubergine
51,2
1,76
Banane
128
1,44
Brocoli
60,2
1,72
Carotte
60,5
1,48
Courgette
28,3
1,77
Fraise
55,9
1,64
Haricot vert
53,3
2,22
Kiwi
80,6
1,52
Pamplemousse
67,4
1,5
Pomme
75,2
1,53
Potiron
53,8
1,79
Salade
25,2
1,94
Tomate
33
1,57
IS
IS/kcal
VIANDES Dinde
179,4
1,81
Bœuf, faux-filet
194,8
1,84
Bœuf, steak haché 5% MG
"
1,41
Poulet rôti
232,3
1,44
Veau, filet
334,1
1,54
Veau, escalope 258,8
1,76
POISSONS
IS
IS/kcal
Perche du Nil
208,2
1,95
Bar
169,2
1,76
Cabillaud
148,4
1,93
Daurade
152,2
1,86
Saumon fumé
220,6
1,41
Thon en conserve au naturel
212,3
1,81
LAITAGES
IS
IS/kcal
Fromage blanc à 0%
125,6
1,57
Lait écrémé (15 cl)
80
1,57
Yaourt 0%
62,8
1,43
IS
IS/kcal
CÉRÉALES
Pains et biscottes (par portion) Petales de corn falkes type ‘spécial K’ (40 g) 208,5
1,63
Pain complet (1 tranche) Wasa fibres (1 tranche)
52,5
1,5
71,3
1,70
LÉGUMINEUSES
IS
IS/kcal
Flageolets
187,6
1,99
Haricots rouges
192,3
2,07
Lentilles
180,1
2,02
Pâtes completes 485,5
1,46
Petits pois
2,07
128,4
Pomme de terre vapeur
119,6
1,39
Riz complet
156,1
1,32
Semoule
153,6
1,40
Avril - Mai 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°6 • 65
LOISIRS LEMAG’ ÉNIGMES
2 Roland Spoutnik n'en peut 3 On vient de trouver une personne morte dans une automoquêtaient dans une maison où il plus. Chaque jour, après bile et c'est à vous que l'enquête y avait eu un meurtre. Son ami leur travail, les ouvriers de la est confiée. Manifestement, la eut besoin d'aller aux toilettes. mine traversent son champ victime a été assassinée, car Un homme lui dit: en saccagant tous ses plans elle a plusieurs balles de revol- Montez les escaliers et tournez pour se rendre dans le bar de ver dans le corps. Le revolver se à gauche mais attention si vous Joséphine. trouve sur le trottoir, juste à coté tournez à droite vous tomberez Il décide alors de poser une de l'automobile, mais toutes dans un trou. cloture, obligeant ainsi les oules portes étaient verrouillées, Trente minutes plus tard, son ami vriers à contourner sa propriété. fenêtres fermées, au moment du Le lendemain matin, bien qu'aun'étant pas revenu, Sherlock crime et les clés sont à l'intécun meurtre ou aucun vol n'ait Holmes décida de monter les rieur. Il n'y a aucun trou dans la été commis, Roland Spoutnik est escaliers, tourna à droite, ouvrit emmené par lades police, menottes ni dans les vitres. la porte et vit son ami dans leOnline Le site de référence cruciverbistes deMots langue française. Le site de référence des cruciverbistes de la Mots Croisés Croiséstôle, Online Comment le meurtrier a-t-il aux poignets. trou, mort. Créaon de grilles de mots croisés et fléchés pour l'édion et la presse - Grilles spécialesCréaon sur mesure pour de publicité ou de grilles motspu croisés et fléchés pourson l'édion et la presse commetre crime ? - Grilles spéciales sur m Pourquoi ? Est-ce un meurtre ou un événement - Grilles de mots croisés interacves - Grilles de mots croisés, fléchés et sudoku imprimables - Logiciel événement - Grilles de mots croisés interacves - Grilles de mots croisés, fléchés et sudoku suicide générateur et pourquoi de grilles -?Moteur de recherche de mots. générateur de grilles - Moteur de recherche de mots. SOLUTIONS PAGE 82
1 Sherlock Holmes et son ami en-
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C'EST L'HISTOIRE ... LEMAG’
...D’un homme qui n’a pas oublié
© DR
Enfant caché pendant la guerre par un couple belge, Nathan Diament enquête aujourd’hui sur ces héros de l’ombre qui ont risqué leur vie pour sauver des Juifs.
N
ous sommes dans les années soixante. La Shoah est encore un sujet tabou mais le jeune Etat d'Israël attribue la plus grande des reconnaissances aux sauveurs de la famille de Nathan Diament. Celle de ‘Juste parmi les Nations’. Une distinction dont Nathan devient familier puisque lui-même va siéger, près de soixante ans plus tard, à la Commission qui attribue le fameux titre, à Yad Vashem. Pour ce survivant, la boucle est bouclée... Dans quel contexte voyez-vous arriver la Seconde guerre mondiale ? Nathan Diament : Mes parents sont tous deux originaires de Pologne, mais nous vivons en Belgique. Nous sommes trois enfants, trois garçons. J’ai un frère ainé et un frère cadet. Nous assistons à la montée du nazisme et en 1940, aux évènements effrayants de la conquête de la Belgique par l'Allemagne. Mon père décide alors que nous devons fuir, comme de 68
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nombreux autres Belges, vers la France. Mes parents, mon jeune frère et moi arrivons au bout de quelques jours à Paris mais mon frère ainé, quant à lui, reste en Belgique. Après nous avoir trouvé un logement, mon père, très inquiet, y retourne pour tenter de le retrouver. C’est à ce moment-là que nous sommes pris et emprisonnés dans un camp d’internement en France, ma mère, mon jeune frère et moi-même. Lorsque mon père revient, il trouve une maison vide. Apres quelques recherches, il apprend où nous sommes retenus en captivité et réussit à soudoyer les gardes. C'est la première fois où nous sommes sauvés…où nous échappons à la déportation. C'est en 1942 que nous avons tous réellement été cachés. Mon frère cadet, dans une famille de paysans dans le nord de la Belgique. L’ainé est allé vivre en pension. Mes parents se sont cachés dans un appartement, un peu comme Anne Frank... Quant à moi, j'ai trouvé refuge auprès d'une famille aristocratique francophone,
à Gand, chez qui je suis resté pendant deux ans. Comment se déroule votre sauvetage ? En 1942, près d’un million de Belges sont déjà partis. Ils se sont enfuis en France. Et la situation s'est aggravée lentement pour les Juifs. Cette année-là, l'étoile jaune est devenue obligatoire pour les enfants, dès l’âge de six ans. Mes parents décident donc de nous cacher. Mon plus jeune frère trouve refuge chez un couple de paysans, et moi, je suis caché grâce à une femme qui s’appelle Andrée Geulen. Elle fait partie d'un réseau qui a réussi à cacher plus de trois mille enfants en Belgique. Ils ont presque tous survécus… Voici comment cela se déroule : la mère emmène l'enfant à la gare et le laisse sur place. Cette femme, ou l’une de ses collaboratrices, le récupère, le met dans un train et le transfère dans une autre ville. Ma mère agit donc de la même manière. Elle me laisse à la gare et cette femme, Andrée
Geulen, me met dans un train en direction de Gand. Je suis alors âgé de quatre ans. Là-bas, on me place dans une maison avec d'autres enfants. Arrivent alors M. et Mme Brunin... Lui est un grand avocat en Belgique. Je garde encore cette image de leur arrivée : ils portent tous les deux des imperméables et tiennent un chien. Ils me demandent gentiment : « Veuxtu venir chez nous ? ». Je leur réponds : « Peut-être, pour un petit moment... ». Plus tard, ils m'ont raconté que lorsque je suis arrivé, j'avais juste une brosse à dents dans ma poche… et je m'appelais Albert Dumont... Vous avez donc changé d'identité… Oui. A mon arrivée, on m'avait demandé quel était mon prénom et j'avais donné ce nom-là. Je n'ai jamais prononcé mon vrai nom pendant la guerre. Comme tous les autres enfants cachés… On nous disait : « A partir de maintenant, vous avez un autre nom ». Et nous n'avons pas trahi ce nom… J'arrive donc chez la famille Brunin, avec cette brosse à dents et quelques timbres de ravitaillement obtenus par l'intermédiaire de ce réseau. Ils racontent à leurs connaissances que je suis un enfant qui vient d'une famille ayant subi les bombardements. Mais la mère de M. Brunin prend peur à mon arrivée et leur dit: « C'est dangereux, ne laissez pas l'enfant ici. Vous mettez en danger toute la famille ». Mais au bout d'un certain temps, elle m'accepte. Je suis resté chez eux deux ans. Comment vivez-vous cette période ? D'une manière formidable… J'ai des photos de ma famille, et les Brunin me conseillent de les placer à coté de mon lit. « Tu peux ainsi raconter tous les soirs à tes parents ce qui s'est passé durant la journée », me disent-ils. Ils avaient cette intelligence-là. A l'époque, c'était tout de même très spécial. Tout le monde n'était pas fin psychologue ! Je passe donc ces deux années du mieux possible, et grâce à eux, j'apprends le français, étant donné qu'on ne peut pas m'envoyer à l'école. Les enfants peuvent découvrir que je suis juif. Chez les garçons il y avait ce problème, aller aux toilettes dans une école pouvait
ier, cousine De gauche a droite : Didi Coll in Didier Brunin et Lucien Brun
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de Ginette Brunin, Ginette
Brunin, Nathan Diament,
Je n'ai jamais prononcé mon vrai nom pendant la guerre. Comme tous les autres enfants cachés… On nous disait : « A partir de maintenant, vous avez un autre nom ». Et nous n'avons pas trahi ce nom…”
se révéler très risqué... Mme Brunin me donne donc elle-même des cours de français et elle me lave tous les soirs. Deux domestiques s'occupent de la maison mais elle ne leur confie jamais cette tâche-là. Elle a bien trop peur d'une dénonciation. La majorité des personnes arrêtées, familles ou enfants, ont été dénoncées. Que se passe-t-il ensuite ? Vers la fin de la guerre, ma mère tient à me voir. Elle est très pessimiste : « C'est la fin, nous allons être arrêtés, nous savons que tous les Juifs vont être rapidement arrêtés. On voudrait voir si notre enfant est entre de bonnes mains ». On lui permet donc de venir. Elle fait le voyage de Bruxelles à Gand via des tramways, parce qu'elle a peur de prendre le train, et après tout un voyage bien compliqué, elle arrive pour constater que je suis très heureux. Monsieur Brunin lui dit : « S'il vous arrive quelque chose, nous l'adopterons. » Ma mère lui répond alors : « Que va-t-il se passer ? » et il a cette phrase pour la réconforter : « En juin, il va y avoir le débarquement. Gardez courage ». Mais il n'est sûr de rien à ce moment-là. Personne ne
sait. Il n'empêche, quand mes parents apprennent cela, ils savent désormais que la fin de la guerre se rapproche. Et cela les soulage… C'est ce que m'a raconté ma mère bien plus tard. Et en effet, le débarquement a lieu ! Quelques mois plus tard, c'est la fin de la guerre, Caen est libérée, Bruxelles aussi. Ma mère demande à ce que je sois gardé encore quelques mois, le temps d'installer notre nouvel appartement. Je reviens alors à la maison... L'une des images que je garde de mon retour est celle-ci : il y a un garçon qui m’accueille avec mon père à la gare, et qui me dit « Je suis un ami de la famille ». Lorsqu’on arrive à la maison, il s'avère que c'est mon frère plus âgé. Un peu plus tard, mon petit frère nous rejoint. Il est dans un coin, bien habillé, et il ne parle que le flamand. Parce qu'il a été caché chez des Flamands ! Et aucun d'entre nous ne peut communiquer avec l’autre ! Ce sont des images qui restent. La mémoire est faite souvent d'instantanés. Il y a des souvenirs que l'on raconte, et puis il y a des images qui restent gravées. Et moi, je garde l'image de cet enfant avec qui on ne peut pas parler. Avril - Mai 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°6 • 69
C'EST L'HISTOIRE... LEMAG’ Comment votre famille s'est-elle « accommodée » avec le passé ? Vous arrivait-il d'évoquer cette période avec vos parents ? Plus tard, nous ne leur avons pas posé de questions. On ne voulait pas rouvrir des blessures et eux se taisaient. Ce silence de notre famille, je l'ai retrouvé aussi chez les autres. J'ai mon frère plus âgé qui est tombé à la guerre de Kippour. On ne lui a jamais demandé, de son vivant, comment il avait été caché. On était tous les trois toujours ensemble mais on n’en a jamais parlé entre nous. On essaie actuellement de faire des recherches pour savoir où il était réfugié pendant la guerre. Mais il y a eu, avant cela, ce silence qui a perduré, jusqu'au procès Eichmann. Et puis, avec le procès, les gens se sont mis à parler. Il y a eu, à ce moment, un changement énorme. Comment avez-vous vécu le fait que votre famille ait témoigné et que ces Justes aient reçu une distinction ? Le fait d’avoir été sauvés par trois familles non juives, qui ont reçu le titre de ‘Justes’, fait véritablement partie de notre histoire personnelle. Nous sommes l’une des rares familles de Belgique dont tous les membres ont été sauvés, qui se sont retrouvés après la guerre. Mes parents et leurs trois fils. Nous nous sommes retrouvés à la fin de cette période et mes parents ont décidé, en 1949, de partir en Israël. Les années 60 ont vu le début de la reconnaissance des ‘Justes’ par Yad Vashem... On a fait alors la demande, et trois ‘Justes’, appartenant aux familles qui nous ont cachés, ont été reconnus pour avoir sauvé plusieurs de nos proches en Europe. Un lien fort s'est créé puisque nous avons toujours gardé contact avec la famille Brunin. Ils sont venus en Israël, nous nous sommes retrouvés lors des mariages, des décès et à différentes occasions. Juste après la guerre, ils ont eu une fille, Régine, avec qui j'ai étudié plus tard en Angleterre et en France. Nous avons 70
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C’est cela qui, en définitive, est extraordinaire : ce sont des Justes mais ils sont aussi, pour nous, une deuxième famille”
reçus Jérusalem en l’honneur des Brunin Cérémonie au Consulat Belge à Justes planter un arbre dans la forêt des
à Yad Vashem pour
réellement gardé d'excellents contacts et c'est cela qui, en définitive, est extraordinaire. C'est le fait qu'ils soient des ‘Justes’ mais aussi, une deuxième famille. La majorité des gens ont perdu des proches. Ma mère a perdu toute sa famille en Pologne. Toutefois, d'une certaine manière, j'ai gagné une famille. Et maintenant, mes enfants sont en contact avec leurs enfants. Faire parti de la Commission pour l’attribution du titre de ‘Juste’ à Yad Vashem doit avoir quelque chose d'émouvant pour vous. Une commission qui a reconnu le mérite de ces gens qui ont sauvé votre famille... En effet, c'est très émouvant. Yad Vashem est, en quelque sorte pour moi, un retour aux sources. Propos recueillis par Dahlia Perez La petite-fille de Lucien et Ginette Brunin, Florence, pose avec Nathan Diament à côté d’un arbre planté à Yad Vashem en 1995 sous le nom des Brunin, le couple qui a reçu le titre de «Justes parmi les Nations».
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RENCONTRE AVEC... LEMAG’
Claude Lelouch, le réalisateur culte d' «Un homme et une femme», et Elsa Zilberstein étaient à Tel-Aviv pour la présentation d' «Un + Une», à l’occasion de la 13ÈME édition du Festival du Film français. LeMag’ était présent.
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habadabada… Claude Lelouch et Elsa Zilberstein ont inauguré le Festival du Film Français avec la présentation d' « Un + Une », nouveau succès du réalisateur culte actuellement à l'affiche en Israël. Une comédie exotique et piquante, où l'actrice et Jean Dujardin forment un couple réjouissant dans la grande tradition des comédies romantiques hollywoodiennes. Arrivés détendus et un brun intimidés à la conférence de presse organisée à l’Institut français de Tel Aviv, le cinéaste et son interprète féminine, révélée par Maurice Pialat dans « Van Gogh », se sont prêtés de bonne grâce au jeu des questions-réponses. Gros plan sur une personnalité incontournable du cinéma français et sur une actrice qui, de par son éclectisme, a su constamment se renouveler.
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L'amour, Claude Lelouch a construit sa vie dessus. Amour pour le cinéma, pour les acteurs, pour les femmes qu'il a épousées et pour la vie qui le lui a bien rendu. Cinquante ans de cinéma, des dizaines de films, et l'homme n'est toujours pas rassasié, ni blasé. Pas de clap de fin pour celui qui aborde, à soixante-dix-huit ans passés, un tournage avec toujours la même gourmandise. Sa vocation, il l'explique ainsi : « A travers
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mes films, j'ai envie de faire aimer la vie aux autres. Je ne suis rien d'autre qu'un observateur. Même si la vie peut être cruelle, il n'y a rien de plus extraordinaire et il faut l'honorer. Cette force me donne envie de faire un 46ème film, voire un 47ème, et tant que je n'aurai pas reçu ma lettre de licenciement, je mettrai toutes mes forces au service de cela ». Construire sa vie sur des oui : le leitmotiv de Lelouch. « Comme je l'ai dit
S'appeler Zilberstein et ne pas venir en Israël, il faut être fou !" Elsa Zilberstein
© Institut français d’Israël 2016
Claude Lelouch & Elsa Zilberstein
PETITE SELECTION DES FILMS DE CLAUDE LELOUCH : Un homme et une femme Vivre pour vivre Un homme qui me plaît L'aventure c'est l'aventure La Bonne Année Toute une vie Le Chat et la Souris Robert et Robert Les Uns et les Autres Édith et Marcel Itinéraire d'un enfant gâté Tout ça… pour ça ! Les Misérables Hasards ou Coïncidences Roman de gare Un plus une
QUELQUES FILMS À DECOUVRIR (OU REDECOUVRIR) AVEC ELSA ZILBERSTEIN :
à la Cérémonie des Césars, je remercie tous ceux qui m'ont dit non. Car ils m’ont permis de trouver les gens qui m'ont dit oui ! De grandes stars ont refusé de tourner avec moi, qu'importe. Je me suis accroché au positif et j'ai construit ma vie dessus. Sur les gens qui m'aiment, pas sur ceux qui ne m'aiment pas. Et si aujourd'hui à l'âge que j'ai, j'ai la force de faire des choses, c'est grâce au positif qui est la seule chose qui m'intéresse ». A ses cotés, Elsa Zilberstein, lumineuse et volubile, retrace, sourire aux lèvres, la genèse d'un film né d'une rencontre peu ordinaire : « Je connaissais un tout petit peu Jean (Dujardin). On s'est retrouvé par hasard - et comme je ne crois pas au hasard, j'étais faite pour Claude Lelouch ! - dans le même avion Paris-Los Angeles. On a fait tout le vol ensemble et on a parlé, rêvé de cinéma. Très vite, on a évoqué Claude Le-
louch. On a cité des répliques, et puis on s'est dit : pourquoi ne ferait-on pas un film avec Claude ? Pas un film avec plein de monde, mais juste un film à deux ! Quinze jours après, on était dans son bureau, et Claude avait le début de l'histoire ». Claude Lelouch avoue entretenir une relation particulière avec Israël qui reste viscéralement liée à son judaïsme : « Tel-Aviv est une ville magique parce qu'elle est le mélange de plein d'endroits dans le monde. Il y a une mixité qui me plaît. C'est une ville expérimentale, qui peut devenir un modèle. Il y a une prise de risques, de danger, de plaisir, un mélange intéressant qui fait que j'aime venir ici. Ce n'est pas une ville dont on sort indemne. La plupart des villes du monde deviennent confortables. Il n'y a rien de plus ennuyeux ! ». Sur ses retrouvailles avec Israël à l'occasion de la présentation du film
Van Gogh Mina Tannenbaum Jefferson à Paris Farinelli Modigliani Les fantômes de Louba Là-bas, mon pays Il y a longtemps que je t'aime Et prochainement : Un sac de billes de Christian Duguay
au Festival du Film français, Elsa est aussi visiblement enthousiaste et émue : « J'étais venue il y a vingt ans pour présenter « Mina Tannenbaum » au Festival de Jérusalem. Et depuis tout ce temps, je ne suis pas revenue ici... S'appeler Zilberstein et ne pas venir en Israël, il faut être fou ! Je voyage beaucoup pour les films que je fais et j'aime bien me dire que je pourrais venir tourner ici ». Des projets en vue ? Elsa ne nie pas être en contact avec des grands noms du cinéma israélien, à la recherche du scénario qui lui fera sauter le pas : « On se voit avec Amos Gitaï, on a envie de tourner ensemble et il m'a proposé quelque chose ». Avril - Mai 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°6 • 73
RENCONTRE AVEC... LEMAG’
Lelouch, lui, revendique une identité plurielle dans laquelle il s'est reconnu toute sa vie, et épanoui : « Mon père est un Juif d'Alger, ma mère était normande. Ils se sont rencontrés avant la guerre et ma mère s'est convertie au judaïsme. J'ai grandi dans la tolérance. Je suis très attaché par mon père et par ma mère à toutes mes racines. Il y a un an, un groupe de rabbins est venu me voir à Paris pour me demander d'adapter à l'écran la Torah. Je leur ai dit que je ne l'avais jamais lue, mais ils m'ont répondu que dans mes films j'en parlais tout le temps. Derrière tous les chefs-d’œuvre, ont-ils ajouté, D.ieu se cache... Ce qui fait qu'à un moment donné, on croit à quelque chose, c'est le résultat de nos observations. Et à force d'observer, j'ai de plus en plus envie de croire en un grand metteur en scène qui a plus de talent que moi, voilà… ». Au cours de sa longue et prolifique carrière, le cinéaste aura connu plusieurs fois la désaffection du public, puis des retours en grâce, comme avec « Roman de Gare » sorti en 2007 sous un nom d'emprunt qui l'a vu renoué avec le succès populaire de ses meilleures années : « C'est vrai que certains de mes films ont été de gros succès, et d'autres des
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© Adi Alon
IL Y A UN AN, UN GROUPE DE RABBINS EST VENU ME VOIR À PARIS (...) DERRIÈRE TOUS LES CHEFS-D'ŒUVRE, M'ONT-ILS DIT, D.IEU SE CACHE...
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J'ai plus appris de mes échecs que de mes succès. Le succès rend bête et l'échec vous fait grandir, voilà ! "
échecs. J'ai pris des risques dans tous mes films. C'est ce qui m'amuse le plus ! ». Une ambition qui l'amènera à une belle maturité artistique, avec « Itinéraire d'un enfant gâté » et « Les Misérables », audacieuse adaptation du chef-d’œuvre de Victor Hugo, injustement boudée en France. Il précise : « J'aurais très bien pu, après le succès d' « Un homme et une femme» ne tourner qu'avec des stars et adapter des best-sellers, faire une carrière sans trop de risques. Mais ce n'est pas ce dont j'avais envie. J'ai une passion pour l'art cinématographique, j'ai envie de voir tout ce que l'on peut faire avec une caméra et jusqu'où peut-on aller ». Alors, quel épilogue à ce prestigieux générique ? « J'ai fait quarante-cinq films. La moitié d’entre eux ont été des gros succès. L'autre n'a pas trouvé son public. Mais ce sont tous les films qui ont été boudés par le public qui m'ont fait progresser. J'ai plus appris de mes échecs que de mes succès. Le succès rend bête et l'échec vous fait grandir, voilà ! L'échec, quand vous le prenez à votre compte, ça fait mal
et c'est à ce moment-là que c'est bon. Que l'on devient créatif. Ma phrase préférée est : la contrainte sollicite l'imagination ». Reste que le verdict du public demeure, même pour Claude Lelouch, une équation à plusieurs inconnues : « Les Misérables » ont été un immense succès dans le monde entier sauf en France et c'est le cas de certains de mes films, comme « Treize jours en France » que j'avais fait sur les Jeux Olympiques. Ça a fait un carton au Japon. Allez savoir pourquoi les Japonais aiment tant ce film ! ». Dahlia Perez
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VIVRE AUTREMENT LEMAG’
Ashdod,
Digne héritière de l'esprit pionnier Pour être la ‘smart city’ modèle, Ashdod invite la science-fiction à prendre ses quartiers dans son ciel et se lance dans une aventure inédite : devenir la première ‘ville intelligente’ à utiliser les drones dans la vie civile. Objectif : sauver des vies en quelques secondes chrono et s’affranchir des embouteillages du plancher des vaches. Hôpitaux, pompiers, Amazone, DHL et bien d’autres livreurs toutes catégories, vont commencer à faire danser leurs engins au-dessus de nos têtes. Smart, non ? Pour ‘leMag’, Kathie Kriegel a rencontré les chefs d’orchestre de ce ballet d’un genre nouveau.
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VIVRE AUTREMENT LEMAG’ PRENDRE DE LA HAUTEUR EN TOUTE SÉCURITÉ
Les drones remplaceront-ils un jour les livreurs de pizza ?
LES CHEVALIERS DU CIEL
Imaginez une circulation simultanée de centaines, voire de milliers de drones au-dessus de vos têtes. Moins de hurlements de klaxons, de ronronnements de moteurs pollueurs qui nous crachotent au nez, certes. Mais comment éviter la casse et une pluie de tôles froissées de drones ayant fait connaissance de façon… un peu trop rapprochée ? C’est là qu’entrent en piste deux Israéliens spécialistes de l’altitude. Le Brigadier général de réserve Ziv a servi comme pilote dans l’armée de l’air israélienne pendant 25 ans. Ce diplômé de Harvard possède un master en sciences informatiques et un diplôme de management de l’université de Tel Aviv. Quant à son frère, Ran Levy, lui aussi Brigadier général de réserve de l’armée de l’air, il est expert et manager en technologies avancées et développement informatique au sein de l’armée de l’air. Un tandem de choc qui a mis au point ‘Sky-rails’, (que l’on pourrait traduire par les rails du ciel), une application ultra sophistiquée pour gérer ce ballet aérien. « Coordonner tous les vols en temps réel et organiser leurs trajets simultanément, c’est encore plus complexe que ce qui se fait dans une tour de contrôle d’aéroport », explique Ziv Levy. « Et il n’y a que l’informatique qui puisse gérer tous les paramètres à prendre en compte. D’où cette application de gestion de la circulation aérienne des drones, que nous avons mise au point ». 78
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Car ces deux Israéliens nous promettent de prendre de la hauteur en toute sécurité. Pour cela, l’investigation empirique est la plus appropriée. « Nous avons mis au point l’application, mais pour qu’elle soit opérationnelle à 100% avec un risque zéro, nous devons la tester sur le terrain, afin de la finaliser et d’optimiser son efficacité ». C’est pourquoi le coup d’envoi de ce projet pionnier vient d’être donné à Ashdod en janvier 2016, qui sera la première ville en 3D dans leur application. « Dans une ville, les avions atterrissent et décollent du même endroit, l’aéroport. Mais dans le cas des drones, il y a une multitude de points de décollage et d’atterrissage simultanés et chaque itinéraire est unique », explique Ran Levy. C’est cette multitude de trajets différents, chacun comportant des dangers spécifiques, qu’il s’agira de paramétrer. « Selon qu’il s’agisse de sauver une vie ou de livrer un bien de consommation, les autorisations de vol seront différentes. Pour sauver une vie, c’est le trajet le plus court qui sera privilégié. Mais pour une livraison ordinaire, le drone aura l’interdiction de survoler un jardin d’enfant ou une station essence par exemple, et il faudra organiser son trajet en conséquence », confie Ziv Levy au Mag’. « Sans oublier que les drones volent à basse altitude et qu’il faudra également tenir compte des bâtiments de la ville, comme autant d’obstacles potentiels. Notre tâche sera de programmer leur trajet en conséquence, pour bien sûr éviter les collisions » pointe Ran Levy.
LA ROBOTISATION EN MARCHE
« Le futur c’est l’automatisation », ont martelé les experts, réunis en novembre dernier, au salon de l’aéronautique à Tel Aviv. « Dans un avenir proche tout ce qui pourra être robotisé le sera », a confirmé Rafi Maor, Président du Comité de Direction de l’IAI (Israël Aérospace Industries). Dans le domaine militaire, tout ce qui permettra d’agir à distance ou de combattre sans faire intervenir de soldats, sera optimisé. Idem pour les transports d’hommes et de logistique. Des prototypes sont déjà opérationnels et une production en série ne devrait plus tarder. La vie civile ne sera pas en reste. Drones bien sûr, mais aussi voitures de patrouille, autobus, taxis, et engins agricoles pour semer, arroser, fertiliser et récolter, seront automatisés. Fedex a déjà un avion sans hublot et sans pilote. Lufthansa est prêt à accueillir des passagers, mûrs pour voyager à bord d’un avion de ligne sans pilote. « Mais la technique va plus vite que les mentalités », fait remarquer Rafi Maor.
Avec un drone, un organe pourra être transporté du lieu même d’un accident vers un centre hospitalier, pour une greffe immédiate.
ASHDOD À LA POINTE DU CHANGEMENT
Pour rafler les premières loges dans le futur, rien de tel que de prendre les devants. C’est pourquoi Ashdod est la première ville à vouloir transformer cette vision du futur en actes et à préparer les mentalités de ses administrés. « Notre objectif c’est d’être une « smart city » et d’introduire les nouvelles technologies et la robotique dans la vie quotidienne de nos habitants », nous explique Yehouda Frenkel. Celui-ci siège au conseil général d’Ashdod, en tant que responsable de l’introduction des nouvelles technologies dans la ville. Il est l’un des hommes clés qui ont permis la concrétisation de ce projet ‘drone city’ à Ashdod. Fort de son expérience de manager chez Elta, au sein du groupe Israël Aérospace Industries (IAA), la fine fleur israélienne de l’aéronautique et du spatial, Frenkel est très au fait des développements dans les domaines de l'équipements et des systèmes électroniques pour environnements sévères. Avec les travaux d’extension de son port, Ashdod va ouvrir ses eaux à des bâtiments qui ne peuvent mouiller qu’en eaux profondes. Ce qui va booster son volume d’activité. Mais l’objectif premier de la ville n’est pas de rivaliser en taille ou en importance avec les autres, de battre Haïfa aux amarres ou d’être dans le tiercé des plus grandes villes israéliennes. « Notre but est de nous placer en tête en terme de qualité de vie et de modernité ». Il va donc sans dire qu’il aura fallu à peine une demi-heure à Yehouda Frenkel pour accepter le projet des frères Levy.
UNE VISION HOLISTIQUE DU DÉVELOPPEMENT
Yehouda Frenkel a une vision holistique de l’avenir d’Ashdod. Il est conscient que ce partenariat va contribuer au développement de la ville, l’immobilier par exemple, et à la création d’emplois d’un genre nouveau. « Le métier de ‘contrôleur aérien de drones’, n’existe pas encore. Nous allons en former. En même temps, nous allons tester et perfectionner l’application sur le terrain. Un département spécial pour enseigner cette discipline va être créé à Ashdod », précise-t-il au Mag’. « Les étudiants, une fois formés, seront opérationnels pour les autres villes, car dès que nous aurons fait nos preuves ici, le même système sera ensuite installé dans d’autres agglomérations israéliennes », se félicitent les frères Levy. L’Amérique lorgnerait d’ailleurs déjà sur Ashdod, nous soufflent-ils, sur les starting blocks…
RÉUSSIR PAR ÉTAPES
Début 2016, pour une durée de six mois, ‘Sky-rails’ et les pompiers de la ville d’Ashdod vont travailler ensemble. Objectif, minimiser les risques au sol. « Les drones seront envoyés en éclaireurs sur le lieu du sinistre dans un temps record, munis de caméras et d’un appareillage spécialisé leur permettant de communiquer aux équipes la force et la direction du vent, la propagation des flammes et la gravité de l’incendie. Avril - Mai 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°6 • 79
VIVRE AUTREMENT LEMAG’ Ashdod met le cap sur l’avenir
Les équipes de pompiers pourront ainsi s’équiper en conséquence et arriver sur les lieux avec un maximum d’informations leur permettant de combattre le sinistre de façon optimale, tout en sécurisant leur travail », explique Ziv Levy. « Idem pour une roquette. Le drone livrera les images à la tour de contrôle qui pourra situer immédiatement le point d’impact de façon précise et déterminer quels sont les besoins, s’il y a des blessés, et une foule de précieuses informations qui seront communiquées aux équipes de secours », précise Ran Levy. Ensuite, deuxième étape, l’hôpital. Avec un drone, un organe pourra être transporté du lieu même d’un accident vers un centre hospitalier, pour une greffe immédiate. Un malaise cardiaque dans n’importe quel endroit de la ville et un défibrillateur pourra venir soulager le malade en quelques tours d’hélices. Sans oublier les multiples applications pour la sécurité des citoyens qui sont évidentes. L’attentat de Tel Aviv et le tueur en fuite pendant plusieurs jours sont encore dans tous les esprits… Si l’application avait été opérationnelle, quelques secondes à peine après les premiers coups de feu, des drones auraient pu être lancés à la poursuite du terroriste, communiquant au centre de contrôle des renseignements précieux sur sa position en temps réel. 80
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LA RÉVOLUTION VOCABULAIRE EST EN MARCHE
Les partenariats de l’aventure sont nombreux : Elbit, spécialisé dans la défense et le renseignement numérique, une société pour laquelle Ziv a déjà travaillé. Les fabricants de drones, bien sûr, qui pourront les tester, voire même les perfectionner en fonction des besoins. Mais les entreprises privées se sentent pousser des ailes et il leur tarde d’entrer dans la danse. Le port d’Ashdod, la Poste, DHL, Amazone (qui sera équipé en 2017), et autres livreurs toutes catégories, sans compter les particuliers, tous trépignent d’impatience d’expérimenter ces nouveaux développements. Bon, rassurez-vous, ce n’est pas demain qu’un drone vous ramènera votre bambin de l’école par le col de sa chemise. Laissons cela au cinéma et à ses Peter Pan des temps modernes. Pour l’instant ! Car de même que « ‘J’te mail’, est devenu une expression qui s’est imposée dans le langage courant, et qui en dit long sur notre mode de vie, Ashdod et Sky-rails se préparent à initier une nouvelle révolution vocabulaire tout aussi éloquente : « tu veux lire le dernier numéro du Mag’ ? Bouge pas j’te l’drone ! ». Trop smart, non ? Kathie Kriegel
BON À SAVOIR LEMAG’
Y A-T-IL UN MÉDECIN (FRANÇAIS) ? L’ouverture de l’hôpital Assouta d'Ashdod est prévue pour juin 2017. Le Professeur Shouki Shemer, Président d'Assuta, a, d’ores et déjà, confirmé son intention de recruter 100 médecins et 100 infirmier(e)s olim de France ! Si vous êtes intéressé, contactez lisar@gvahim.org.il ATTENTION TSUNAMI L’Autorité nationale de la gestion des situations d’urgence va, pour la première fois, lancer un projet pilote de déploiement de panneaux d’avertissement de tsunami le long des plages. Des dizaines de panneaux seront ainsi déployés sur les plages d’Ashdod et d’Ashkelon. Le déploiement des panneaux dans le reste du pays sera décidé par la suite. Israël rejoindra ainsi la liste des pays disposant de routes d’évacuation vers des zones sûres, comme pratiqué actuellement aux Etats-Unis, en Italie, au Japon, en Thaïlande, au Chili, et dans de nombreux autres pays. La Méditerranée est l’une des régions les plus sensibles aux risques de tsunami. 25% des tsunamis connus dans l’histoire de l’humanité se sont produits en Mer Méditerranée. En moyenne, un tsunami d’importance significative frappe la Mer Méditerranée orientale tous les 100 ans. Sur la côte littorale d’Israël, c’est en moyenne tous les 250 ans qu’un tsunami a lieu. (Source : www.ashdodcafe.com)
SI C'ÉTAIT JÉRUSALEM... Colloque organisé par Schibboleth, actualité de Freud, en hommage à Raphaël Draï et Benno Gross. L’édifice invisible et le désir de Jérusalem. Entre syndrome, questions de sens et destination de l’homme. Les 18,19 et 20 avril, au Begin Heritage Center, 6 Sh.A. Nakhon, Jérusalem Renseignements : contact@schibboleth.fr WANTED ! En accord avec la politique gouvernementale d’encouragement à l’alyah, le ministère de l'Aliyah et de l’Intégration a mis en place un programme d’intégration des chercheurs qui encourage et soutient, de diverses manières, les jeunes chercheurs.
Principalement destiné aux jeunes, aux étudiants et aux jeunes familles intéressés à établir leur vie professionnelle et sociale en Israël, il comprend notamment l’octroi de bourses pour les étudiants en recherche (doctorants). Détails: www.moia.gov.il/French/Subjects/ResearchAndScience BOOSTER LES EMPLOIS Le 26 juin 2016, la Chambre de Commerce et d’Industrie Israël-France et Qualita, en partenariat avec les associations AMI, Gvahim et la mairie de Tel Aviv, organisent un salon de l’emploi dans un double objectif : expliquer aux Français en Israël comment se positionner sur le marché du travail israélien et leur permettre de rencontrer un maximum d'entreprises Israéliennes. Info : www.jobbooster.org PROGRAMME " TSIPORA, ALYAH POUR TOUS " Sous la houlette d’Albert Sitbon et de son équipe de volontaires, AMI lance le premier programme d’aide et d’accompagnement aux familles françaises qui comptent un proche atteint d’un handicap physique, mental ou lié à l’âge. Une belle initiative. Renseignements : 01.84.16.42.95 et d’Israël : 02.623.57.88. PERMANENCES DES CONSEILLERS CONSULAIRES -Mme Daphna POZNANSKI-BENHAMOU, Mme Pascale MIMOUNI et M. Robert FELDMAN, Conseillers consulaires et Conseillers AFE; -Jonathan-Simon SELLEM, M.Claude LEVY et M. Elie LEVY, Conseillers consulaires, sont à votre disposition. Pour découvrir l’agenda de leur permanence dans tout le pays, allez sur le site : www.ambafrance-il.org/-Consulat-General-de-France-a-Tel-Aviv
COURSE POUR L'ALYAH Le vendredi 27 mai prochain, Qualita organisera une course-relais pour l’alyah francophone, à Jérusalem. Cette course, à laquelle participera le maire de Jérusalem, Mr Nir Barkat, s’achèvera par une fête en musique et des surprises. Info : www.qualita.org.il KEREN LAYEDIDOUT : UNE ADRESSE À RETENIR ! « Dynamiser la procédure de l’alyah et réduire les difficultés liées au départ et à votre intégration en Eretz Israël », tel est le but de l’association philanthropique fondée en 1983 par le Rav Yechiel Eckstein, Keren Layedidout. Un large éventail d’aides est offert par cette organisation « qui soutient le peuple Juif en Israël et partout dans le monde, au travers d’actions sociales, sécuritaires et identitaires ». Parmi ces aides : 700 $ pour les frais de cadre, la prise en charge des billets de toute la famille, 500 $ par mois d'aide aux frais de logement pendant 6 mois, jusqu'à 1000 $ de bourse d'installation par personne, etc… En savoir plus : www.yedidout.org Avril - Mai 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°6 • 81
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