C'EST DANS L'AIR
KIRA RADINSKY
SPORTS D'ÉTÉ ET SI ON ESSAYAIT ?
UNE PROPHÉTESSE PARMI NOUS
LeMag.co.il
N°7 JUIN - JUILLET 2016
20
SANTÉ
.c o.
il
FOCUS SUR LES BOBOS DE L'ÉTÉ
TERRORISME ENNEMIS DE L'INTÉRIEUR POUVOIR JUDICIAIRE
E
ag
QUAND LE SYSTÈME S'ENRAY
DOSSIER DÉMOCRATIE
le
m
Notre démocratie est-elle en bonne santé ?
L'INVITÉ DU MAG' GILBERT MONTAGNÉ
LeMag’ N°7 JUIN-JUILLET 2016 20,00
FRANCE-ISRAËL
LE JEU DU ‘POKER-FACE’
84 PAGES D’ENQUÊTES, D’INVESTIGATION ET DE DÉCRYPTAGE • leMag’ France Métropolitaine 4,85 € - Israël 20 ₪ - Belgique : 5 € - Suisse : 5,25 CHF Canada 6,86•CAD - Luxembourg : 5 € -N°7 Dom-Tom 7€ Juin - Juillet 2016 LEMAG.CO.IL •1
SOMMAIRE JUIN - JUILLET 2016 LeMag’ N° 7
5 ÉDITO
10
10
Les vacances, l’huile de coco, le soleil et la mer… LeMag’ a chamboulé votre programme en vous faisant découvrir des sports d’été hauts en adrénaline
ag
20
m
Le judaïsme n’est pas une religion prosélyte, pourtant chaque année des centaines de candidats à la conversion en recherche d’identité spirituelle tentent de rejoindre le Peuple juif.
le
46
Coups de chaleur, piqures, déshydratation : compile des best of de l’été, à éviter.
• Juin - Juillet 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°7
LeMag' vous présente quatre activités originales à pratiquer en bord de mer
14 ENTREPRENDRE Au fil des années, sa petite entreprise
est devenue un immense conglomérat industriel. Stef Wertheimer est l’un des hommes les plus riches d’Israël. Portrait
16
TRIBUNE LIBRE
18
L'INVITÉ DU MAG
Robert Feldmann Président de l’UFE Israël
Les chansons de Gilbert Montagné traversent les générations. Interview d’une star pas comme les autres
20 IDENTITÉ
LeMag’ lève le voile sur la conversion. Un sujet qui n’en finit pas de créer des polémiques. Explications et témoignages
26 VACANCES À L'ISRAÉLIENNE
Tsimer
28
DOSSIER DÉMOCRATIE
FONCTIONNEMENT ET DYSFONCTIONNEMENTS. On la défend bec et ongles. C’est pour cela qu’on a souhaité examiner notre système démocratique d’un peu plus près
44 CULTURE
Une œuvre, un artiste. Il s’appelle Ovlac
46 SANTÉ Soleil, chaleur, insectes et bobos en
6
C'EST DANS L'AIR
.c o.
il
8 ZAPPING
tous genres sont de retour
Retrouvez LeMag’ sur www.lemag.co.il et sur facebook/lemag.co.il
L'AN PROCHAIN À JÉRUSALEM
54
LOISIRS
56
RENCONTRE AVEC…
60
REPORTAGE
64
C'EST L'HISTOIRE...
de Martin Gray Il s’est éteint tout récemment, mais sa flamme devrait rayonner encore long- temps
68
ÈRE DU WEB
André Djaoui est un artiste aux multiples talents, dont celui de défendre Israël avec une remarquable détermination
Ses algorithmes sont sa boule de cris- tal. Le monde entier veut connaitre son avenir grâce à Kira Radinsky
70 IMMOBILIER
Les jeunes Israéliens seraient-ils victimes de l’effet ‘Tanguy’ ?
À LA UNE
78
BON GOÛT
80
BON À SAVOIR
le
76
44 63
La gourmandise a trouvé son chef. Claude Bensimon réinvente la pâtisserie parvé
m
Jeux et Enigmes
.c o.
Une famille d’olim nous fait découvrir son environnement et sa ville. Les Aïnouze ont choisi Gan Yavné
ag
Ovlac, ce voyageur passionné et photographe acharné nous offre des clichés rares.
il
50
France - Israël : Je t'aime moi non plus...
C’est doux, c’est frais, c’est bon pour la santé … Et si on se faisait un smoothie ?
Adresses et infos utiles
60
De plus en plus exigeant, le public aspire au top en matière de dessert. Un chef répond à la demande.
64
Hommage à Martin Gray, l'homme qui ne renonça jamais au bonheur
Juin - Juillet 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°7 • 7
.c o.
COURAGE
LE MEDEF AU TECHNION
© Technion France
L’acteur, réalisateur, scénariste et dialoguiste Yvan Attal a fait la une des médias à l’occasion de la promotion de son nouveau film « Ils sont partout ». Brisant la langue de bois, il n’a pas hésité à dénoncer l’antisémitisme ambiant qui règne en France. « Je suis choqué de voir comment l’UNESCO a pu voter cette résolution. C’est du négationnisme dans toute sa splendeur. C’est aussi grave de dire que les Juifs n’ont aucun lien avec Jérusalem, que de dire que les chambres à gaz n’ont pas existé » a-t-il dit lors d’un entretien accordé au site fdebranche.com.
ag
Le Président du MEDEF, Pierre Gattaz, sur le campus du Technion, accompagné de la Directrice Générale du Technion France, Muriel Touaty, et accueilli par le Président du Technion, le Professeur Peretz Lavie, lors de sa visite en Israël en mai dernier. Entouré d’une délégation de chefs d’entreprise, P.Gattaz s’est intéressé au tissu entrepreneurial israélien dans l’objectif de renforcer la coopération franco-israélienne.
LA FRANCE EN TÊTE DE PELOTON... NETANYA AUSSI
m
1857
le
FIERTÉ
Chaque année, sur des milliers de soldats de l’armée israélienne, le Président honore 120 des plus remarquables d’entre eux. Ces soldats représentent une source d’inspiration pour leurs amis, des leaders dans leurs unités et des soldats d’élite de l’armée israélienne. Cette année sur les 120 soldats désignés pour recevoir cette haute distinction, on comptait six Français. Dont ces deux jeunes soldates issues de l’immigration française. Anael Elbaze et Levana Fitoussi. Bravo les filles !
8
• Juin - Juillet 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°7
929
OLIM DE FRANCE 2015 PAR VILLE D’INTÉGRATION
835
610
555 121
NETANYA
TEL AVIV JERUSALEM ASHDOD RAANANA HERTZLIA
119 HAIFA
116
116
ASHKELON HADERA
93 RISHON LETSION
NOMBRE D’OLIM DU 01/01/2015 AU 31/12/2015
7469 6439
6054
1303 689 FRANCE
© DR
il
ZAPPING LEMAG’
UKRAINE
RUSSIE
GRANDE BRETAGNE
(Source : Ministère de l’Intégration)
341
267
ITALIE
BELGIQUE
461 AUTRES PAYS D’EUROPE DE L’OUEST
AUTRES PAYS D’EUROPE DE L’EST
© Mark Neiman (GPO)
il
Les inspecteurs des douanes et le personnel de l'ISA ont déjoué une tentative de contrebande de quatre tonnes de chlorure d'ammonium vers Gaza au point de passage de Nitzana, le 3 mai dernier. Le chlorure d’ammonium est en général utilisé comme fertilisant, mais peut aussi servir à fabriquer des explosifs. Quatre tonnes du produit chimique, assez pour fabriquer des centaines de roquettes, selon les officiels israéliens, qui ont été trouvées dans des livraisons de sel pour la bande de Gaza.
FRENCH DELEGATION
Une délégation de cinquante responsables régionaux, parlementaires et chefs de communauté se sont rendus en Israël, dans le cadre d’un voyage organisé par le CRIF Marseille Provence et le Conseil Départemental, en mai dernier. Parmi eux, douze collégiens juifs, chrétiens et musulmans, joueurs de football, et leurs accompagnants invités à partager ce voyage, pour participer avec une équipe israélienne à deux tournois de football, le premier à Haïfa, le second à Abu Gosh, village arabe proche de Bet Shemesh.
.c o.
© Autorités des douanes israéliennes
VIGILANCE
INDÉPENDANCE DIPLOMATIQUE
ag
TAPIS ROUGE POUR ISRAËL À CANNES !
6ÈME PLACE POUR AMIR
© DR
le
© Haim Tzach (GPO)
© DR
m
La ministre de la Culture de l’Etat d’Israël, Miri Regev, accompagnée de l’ambassadrice Aliza Bin Noun, ont été reçues par David Lisnard, Maire de Cannes, pour évoquer en marge du Festival, les coopérations culturelles entre la France et Israël. Pourquoi pas un festival international du film à Tel Aviv ?
Belle prestation et score honorable pour Amir Haddad à l’Eurovision. Le représentant de la France a obtenu la 6e place pour sa chanson ‘J’ai cherché’. On aurait aimé qu’il trouve la victoire. Une prochaine fois peut-être !
Le corps diplomatique étranger a été reçu par le Président de l’Etat, le jour deYom Ha Atsmaout, pour célébrer le 68e anniversaire de l’Etat d’Israël. « Nous parlons des langues différentes, avons des cultures et des idéologies différentes, mais nous avons en commun une chose. Nous comprenons l’importance de la liberté. Nous appelons cette liberté ‘indépendance’ et c’est notre trésor le plus précieux » a déclaré le président Rivlin, avant de rappeler : « Il existe aujourd’hui des forces dans notre région qui cherchent à détruire notre liberté. Le Hezbollah avec son patron, l’Iran, ainsi que l’Etat islamique, ne sont pas les ennemis de tel ou tel état. Ils sont les ennemis de tous les états. Les ennemis de la liberté. Et c’est la raison pour laquelle nous devons tous être unis contre eux ».
Juin - Juillet 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°7 • 9
le
m
ag
.c o.
il
LEMAG’
10
• Juin - Juillet 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°7
il
CET ÉTÉ,
le
m
ag
.c o.
SI L'ON TENTAIT AUTRE CHOSE QUE LA CHAISE LONGUE ?
Bronzer sur sa chaise longue, c’est agréable mais ça manque un peu d’adrénaline… Que diriez-vous de voler, surfer, plonger, vivre à fond pendant quelques minutes ! Romy a passé en revue (et, parfois même, testé pour vous) quatre sports de plage extrêmes : sensations et émotions garanties ! Juin - Juillet 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°7 • 11
LEMAG’
LE STAND-UP PADDLE
Description du sport
m
Le surf est un sport qui consiste à glisser sur les vagues, au bord de l'océan, debout sur une planche. Le surf se pratique dans des lieux précis nommés « bons coins », ce sont des plages baignées par des vagues plus ou moins grandes et propices à la glisse.
Pour quel public ?
le
Tout le monde. Il n’y a pas de caractéristiques physiques à avoir. Je vous dis cela, car pendant ce cours, j’ai aperçu des élèves minces, gros, petits, grands et même… roux. Ce qui est important, c’est de faire confiance à sa planche et aux vagues pour éviter les bobos. Ce qu’a apparemment oublié de faire Alex, un jeune Allemand de 25 ans, qui s’est blessé au genou. « You have to feel the wave » (tu dois sentir la vague), n’a
12
Je vais peut-être vous décevoir, mais je n’ai pas essayé le stand-up paddle. Non, je n’ai pas eu peur, mais j’ai simplement voulu observer, comme toute ‘petite fille’ qui découvre quelque chose.
.c o.
pourtant cessé de répéter Avi… L’âge reste aussi un facteur essentiel. Plus tôt vous commencerez, plus vite vous apprendrez !
Où peut-on le pratiquer ?
Les villes comme Netanya, Ashdod et Herzliya sont prisées des surfeurs, mais Tel-Aviv garde sa première place. Recommandée par les professionnels, la ‘Ville blanche’ compte de nombreux clubs et écoles de surf.
ag
Pour en apprendre davantage sur le surf, j’ai contacté Avi Sitbon, un surfeur professionnel. Il y a deux ans, il a eu l’idée d’ouvrir son business, la boutique « Avi Station ». Ici, vous pouvez pratiquer deux sports : le surf et le stand-up paddle. Rendez-vous pris à 7 heures du matin. Quelques minutes plus tard, ses élèves arrivent pour pratiquer un cours de surf. C’est là qu’Avi me chuchote, « va enfiler une tenue ». Je respire un bon coup et … « après tout, pourquoi pas ?». Ce n’est qu’une planche qui flotte sur l’eau, non ? Enfin, pas si simple quand même... Au bout de 5 minutes j’abandonne, mais il faut dire que je suis aussi adroite que Pierre Richard dans ses meilleurs jours…
il
LE SURF
Combien ça coûte ?
Surfons sur les prix. Pour une heure de cours, il faudra débourser 200 shekels. Parmi les quatre sports de plage proposés, le surf reste le plus abordable. Pour l’achat d’une planche simple, comptez 3000 shekels. Et franchement, ça vaut le coup pour se la jouer à la Brice de Nice !
Le conseil utile de Romy Je vous conseille de surfer tôt le matin avant de vous rendre au travail. Une heure de surf apporte une bonne dose d’adrénaline et une sérénité de longue durée. « C’est comme si j’avais couru 50 km », m’a confié Roy, un élève du cours. Vous attendez quoi ?
• Juin - Juillet 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°7
Description du sport
Le stand-up paddle est un sport de glisse nautique qui consiste à ramer debout sur une grande et large planche, style surf, avec une pagaie. Au niveau du matériel, il est conseillé d’avoir une planche large et longue pour une meilleure stabilité.
Où peut-on le pratiquer ? Partout ! Sur toutes les plages d’Israël. Mais vous devrez prendre en compte les vagues. Les professeurs préfèrent enseigner sur de petites vagues, « small waves », car sur les grosses, « c’est trop dangereux ». C’est simple, on peut comparer le stand-up paddle à une balade sur l’eau, une balade très tonique !
Pour quel public ? Tout le monde, de 7 à 77 ans, que l’on soit un homme ou une femme. Les faits sont là, nous sommes de plus en
LE KITESURFING Le kitesurfing, nommé aussi « planche volante ou planche aérotractée », est un sport nautique de traction où la planche qui flotte à la surface d'une étendue d'eau, mer ou lac, est tractée par un cerf-volant, spécialement adapté, que l’on appelle aussi « aile » ou « voile ». Quels que soient votre âge et votre morphologie, peu importe, il faut avoir un bon mental, du temps, de la patience et surtout, la technique ! (Oui, ça fait beaucoup quand même).
.c o.
Tal Navarro. Ce nom ne vous dit rien ? Pourtant, elle fait partie des femmes les plus influentes d’Israël sur les réseaux sociaux. Experte en marketing digital, coach, consultante, plus de 15 000 «followers» la suivent sur Facebook et ses conseils sont suivis à la loupe dans le monde entier. Une femme active qui a aussi une passion, le windsurf. Elle devait donc figurer dans ce reportage ! Direction donc vers l’une de ses entreprises situées dans le quartier des affaires de Ramat Hachayal. Tal, c’est un soleil. Elle pétille et sourit. Pour elle, le windsurf est un moyen d’acquérir « la liberté, le pouvoir et un grand bonheur. Le contact avec la nature est si intense qu’il apporte dans notre corps l’adrénaline et le vrai ! En pratiquant ce sport, tu obtiens un mental d’acier », m’explique-t-elle. À la voir, ça donne envie de comprendre un peu mieux ce sport.
ag
plus nombreux à nous croiser sur l’eau. Beaucoup de surfeurs aiment le standup paddle car c’est une manière de rester en forme, les jours sans vagues et de découvrir de nouvelles sensations de glisse. Les femmes préfèrent le côté balade et cardio afin d’entretenir un corps ferme.
il
LE WINDSURF
Combien ça coûte ?
m
Pour avoir le privilège de suivre une leçon privée, il faudra dépenser entre 200 et 250 shekels, et si l’apprentissage en groupe ne vous dérange pas, le prix tombera à 120 shekels. Le prix de la planche est de 3000 shekels, il vous faudra rajouter une centaine de shekels pour la pagaie.
Le conseil utile de Romy
le
Un bon moyen pour vous sculpter un corps à la Bar Refaeli ! L’air marin et le vent salé apportant leurs immenses bienfaits au corps et au mental.
Les professionnels conseillent de pratiquer le kitesurfing sur les plages de Tel-Aviv ou sur la Kinneret. Son prix est de 500 shekels l’heure. Quant à l’achat du matériel, le prix du kitesurf peut aller de 4000 à 11 000 shekels ! Il faut mettre sa main à la poche pour vivre ce grand plaisir ! Mais attention aux accidents car l’adrénaline et les sensations fortes montent vite !
femmes, les hommes et les chiens ! Pour les chiens j’exagère, mais quelle que soit votre condition physique, vous pouvez y aller ! Néanmoins, il y a un élément important : la résistance et la volonté. On peut s’y mettre très tôt, certains enfants commencent dès l’âge de 6 ans avec un matériel adapté.
Où peut-on le pratiquer ? À la plage bien-sûr, mais aussi sur un lac, la Kinneret, par exemple. Et sinon ? A Eilat, Tel Aviv ou Haïfa. Tout dépend de votre localisation.
Combien ça coûte ?
Description du sport Le windsurf ou planche à voile est un type d’embarcation à voile minimaliste, qui a été conçue sur la base d'un surf. Elle est constituée d'une planche insubmersible et d'un gréement articulé à la planche par la base du mât. Le gréement, c’est quoi ? Tout simplement, l’ensemble du matériel situé sur le pont permettant sa propulsion par le vent. Compliqué ? Lorsque l’on voit réellement ce dont il s’agit, on se dit alors : « oui, bien-sûr, j’en faisais petit… » Le jargon de la mer tout simplement…
Pour quel public ? Tout le monde peut le pratiquer ! Les
Un sport de riche ? Son prix est élevé. Une heure de leçon vaut environ 500 shekels. Pour l’achat, un équipement de base coûte entre 1200 et 1500 shekels. Un équipement de compétition complet coûte 4000 shekels.
Le conseil utile de Romy N’ayez pas peur, donnez-vous la chance de commencer et prenez votre temps. Au début, 2 heures par semaine suffisent pour apprendre. Vous ne serez pas déçu par les sensations. Le windsurf réveille une énergie insoupçonnée, vous en serez surpris ! Romane Hassoun
Juin - Juillet 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°7 • 13
UN JOUR, ON ENSEIGNERA LA VIE ET L'ŒUVRE DE DANS LES ÉCOLES
.c o.
STEF WERTHEIMER
É
té 1937 : Stefan (Stef) Wertheimer – né en 1926 – a tout juste onze ans lorsqu’il arrive en Israël avec ses parents. Derrière eux, l’A llemagne nazie s’apprête à anéantir ses Juifs. Les Wertheimer sont partis à temps de leur maison de Kippenheim, dans le Bade-Wurtemberg. La famille s’installe tant bien que mal à Tel-Aviv. Pour le jeune Wertheimer, tout est nouveau : ses copains de classe, à l’école Tel Nordau, parlent une langue qu’il maîtrise mal. Il s’y fera, mais il sent que les études ne sont pas faites pour lui.
il
ENTREPRENDRE LEMAG’
LICENCIÉ FAUTE DE DIPLÔMES
© DR
le
m
ag
UN ADOLESCENT BRICOLEUR
Stef Wertheimer est l’un des Israéliens les plus riches. Mais sa vraie fierté, c’est d’avoir été l’un des principaux artisans de l’indépendance industrielle d’Israël. Par comparaison, les success-stories d’aujourd’hui semblent bien pâles.
14
• Juin - Juillet 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°7
À 14 ans, alors qu’éclate la Seconde Guerre mondiale, il quitte le collège. Sans aucun diplôme. Il trouve un petit job chez un vendeur d’appareils photo. On lui confie des pièces à réparer. Et le voilà qui se découvre un intérêt pour l’optométrie, qu’il se met à étudier avec passion. Il rencontre le physicien et chimiste Emanuel Goldberg : après avoir été l’un des fondateurs de la société d’optique Zeiss Ikon à Dresde, ce Juif russe a dû fuir l’A llemagne. Entre l’inventeur et l’adolescent – tous deux nouveaux immigrants – le courant passe. Nous sommes en 1943, dans ce qui s’appelle alors la Palestine. L’A ngleterre – puissance mandataire – recrute tous azimuts pour participer à l’effort de guerre. La RAF (Royal Air Force) l’engage – il a 17 ans – comme technicien de maintenance des systèmes optiques embarqués.
En 1945, durant les derniers mois de la guerre, Stef Wertheimer se retrouve dans une unité spéciale que les Anglais ont préparée pour affronter les Allemands, au cas où ils envahiraient la Terre sainte. Peu après, fort de toute cette expérience, Stef Wertheimer trouve naturellement sa place dans le Palmach, puis la Haganah (brigade Yifta’h) où il aide à la mise au point de mortiers. Après les hostilités, Shlomo Gour qui vient de fonder la nouvelle unité scientifique de Tsahal (qui deviendra les usines Raphaël), l’embauche. Il y restera jusqu’en 1952 : faute de formation théorique, on lui fait comprendre qu’il n’est plus à sa place dans cette structure qui se veut le fer-delance des industries militaires israéliennes.
CRÉER DES EMPLOIS POUR PROMOUVOIR LA PAIX Cette vision conduit Stef Wertheimer à créer sept parcs industriels : à Tefen, Tel-Haï, Dalton, Lavon, Nazareth, Omer (dans le Néguev) et le dernier en Turquie. Il voyagera plusieurs fois aux Etats-Unis pour promouvoir sa vision d’un « Plan Marshall pour le Moyen-Orient ».
UN PATRON AVEC UNE VISION Jusqu’à aujourd’hui, ses clients se nomment Pratt & Whitney, Rolls-Royce, Snecma, General Electric, MTU Aero Engines, Techspace Aero, Solar Turbines, et beaucoup d’autres. En 2006, les excellents résultats d’ ISCAR attirent l’attention du gestionnaire de fonds américain, le milliardaire Warren Buffet. Celui-ci multiplie les offres. Stef Wertheimer a alors 80 ans. Il se dit que le moment est peut-être venu de passer la main. Il est d’accord pour une transition en douceur mais à deux conditions : premièrement, l’actionnaire majoritaire ne procédera à aucun plan social. Ensuite, son fils – Eytan Wertheimer – continuera à être associé à la direction des entreprises du groupe. Warren Buffet s’incline et acquiert 80 % des parts d’ ISCAR. Un deal de 5 milliards de dollars. Une transaction qui profite aussi à la fiscalité israélienne, qui empoche 1 milliard de dollars au passage.
ag
m
le
AIDER LES JEUNES En mai 2013, Buffet s’adjugera les 20 % restants pour 2 milliards de dollars de plus. Pour Stef Wertheimer, cette cession n’est pas synonyme de mise à la retraite. Aujourd’hui, dans les différentes zones industrielles qu’il a créées, en dépit de ses 90 ans, il se consacre à aider de jeunes entrepreneurs. Plus que l’argent, c’est la volonté de faire d’Israël une nation industrielle forte et indépendante qui aura motivé Stef Wertheimer toute sa vie durant.
de dollars, chiffre d’affaires annuel moyen de sa société ISCAR Blades
UN ÊTRE PLEINEMENT HUMAIN
Quand le père de Guilad Shalit – l’un des employés de l’usine ISCAR de Tefen – réalisa que son fils allait rester longtemps aux mains de ses ravisseurs, Stef Wertheimer le déchargea de toute activité et lui versa intégralement son salaire pendant cinq ans, pour lui permettre de se consacrer pleinement à la mobilisation de l’opinion internationale.
David Jortner © DR
DES USINES SUR LA COLLINE
Au fil des mois et des années, c’est à partir de ce segment étroit – production d’outils et accessoires pour machines-outils – qu’ISCAR va se développer, autant en Israël qu’à l’international. En 1969, pour contrer l’embargo français qui fait suite à la guerre des Six Jours, ses usines tournent à plein régime. Pour s’agrandir, il négocie, en 1982, avec la mairie de Maalot, l’achat d’un grand terrain sur la colline de Tefen, à 15 minutes de Naharyia, d’où l’on domine toute la Galilée. Le gouvernement, qui entrevoit que cette jeune pousse va booster l’emploi dans le nord, le cautionne. Dès lors, tout va s’enchaîner très vite. Contre les banquiers, il réussit à garder le contrôle de son entreprise et fonde ISCAR Blades, qui devient bientôt l’un des premiers producteurs de pales de rotors pour les moteurs à réaction.
1 MILLIARD
.c o.
DANS UNE ARRIÈRE-COUR Stef Wertheimer s’installe alors dans la maison familiale de ses parents à Naharyia. Dans l’arrière-cour, sur 20 m², il ouvre un atelier – ISCAR, en hébreu – ישקרet se met à produire des couteaux, des burins, des outils pour découper et polir le métal. Pour vendre ce qu’il fabrique, il enfourche sa moto et fait le tour des quincailleries du pays. Il n’a pas de mal à trouver des clients. Israël, qui est à ce moment-là un pays en voie de développement, a besoin de tout. Stef Wertheimer conçoit alors des outils pour répondre à la demande de produits métallurgiques élaborés. Devant l’importance de son portefeuille clients, Discount Investments lui avance des fonds pour se développer et embaucher du personnel.
il
FAIRE TRAVAILLER ENSEMBLE JUIFS ET ARABES AMÈNERA LA PAIX AU MOYEN-ORIENT "
Juin - Juillet 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°7 • 15
il
L’ÈRE DU WEB LEMAG’
.c o.
KIRA RADINSKY, UNE PROPHÉTESSE PARMI NOUS
le
m
ais soyons clairs, Kira Radinsky n’a rien à voir avec les grandes prophétesses juives que furent Sarah, Rivka, Myriam ou Déborah. Son créneau est beaucoup plus pragmatique : elle travaille pour des patrons et des gouvernements. Car elle est capable d’anticiper un événement, un phénomène social, une crise mondiale, une épidémie. Et de dire – avec une marge d’erreur de 10 à 30 % – si tel nouveau produit fera un flop ou un carton. À la base de tout cela : aucune boule de cristal, mais des millions d’informations patiemment rassemblées et structurées autour de savants algorithmes. Tout commence en 1991, lorsque Kira Radinsky, qui a alors 4 ans, arrive en Israël avec ses parents. Le Rideau de fer vient de
68
• Juin - Juillet 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°7
s’entrouvrir : pour sa famille, des intellectuels russes, descendre de l’avion à Ben Gourion, c’est l’assurance de pouvoir respirer plus librement. Et de commencer une nouvelle vie. Surdouée, Kira Radinsky l’est certainement puisqu’elle a écrit sa première ligne de codes informatiques à l’âge de 6 ans. Elle reconnaît que c’est à son père, prof de maths, qu’elle doit son esprit d’analyse et son aptitude à apprivoiser les chiffres. Après avoir obtenu son bagrout (bac israélien), elle est acceptée sans difficulté au Technion de Haïfa, d’où elle sort, en 2012, avec un doctorat en poche et … une ceinture noire de karaté. L’informatique n’a alors plus aucun secret pour elle. Elle pressent qu’en soumettant à la puissance de calcul des ordinateurs
© DR
M
ag
Elle a eu les honneurs de BBC et du TIME, du Wall Street Journal, de Forbes, de Paris Match et du Point. Et pourtant, en Israël, elle n’est connue que d’un petit nombre de spécialistes. C’est Kira Radinsky. Particularité : c’est une prophétesse des temps modernes…
toutes les données (démographiques, historiques, économiques, sociologiques, climatiques, sanitaires, etc.) disponibles pour tous les pays de la planète, on pourrait parvenir à mettre tout en équation. Et à partir de toute situation, prédire ce qui pourrait arriver. Reste qu’il lui faut valider ses intuitions. En 2012 – au cours de sa dernière année au Technion – Kira Radinsky poursuit ses recherches et annonce qu’une épidémie de choléra frappera l’île de Cuba cette même année. Personne ne la croit jusqu’à ce qu’en janvier 2013, l’épidémie pronostiquée se déclare à La Havane. Comment en est-elle arrivée là ? En croisant les statistiques climatiques de l’Asie avec l’état sanitaire des pays qui la composent, Kira Radinsky a
DES ALGORITHMES POUR PRÉDIRE L'AVENIR
ag
.c o.
il
La technologie développée par Kira Radinsky s’appuie sur la numérisation d’une quantité astronomique d’informations. Entre autres sources, elle a ainsi numérisé le contenu de toutes les informations parues dans le New York Times depuis 1991. Même chose avec tous les fichiers publiés sur Wikipédia depuis sa création. Idem avec les statistiques de la Banque mondiale, de l’OMS (Organisation mondiale de la Santé), et de l’OMC (Organisation mondiale du commerce). Puisant dans cette immense masse de données, elle va demander à ses ordinateurs de rechercher les corrélations qui peuvent – ou ne peuvent pas – exister entre un tremblement de terre et le taux de natalité des pays en voie de développement, entre un tsunami et l’évolution du prix du pétrole, entre le taux de chômage dans tel pays et l’élection de tel président dans tel autre, etc. Croiser entre elles des centaines de milliers de variables pour trouver des rapports de causalité est un travail de fourmi, où l’intuition se fait toute petite devant la puissance de traitement des outils informatiques d’aujourd’hui. Derrière ce travail, il y a l’espoir de parvenir à découvrir un jour le ‘’ logiciel ‘’du fonctionnement du monde. Raison de plus pour faire preuve d’humilité et de discrétion. Qualités que reconnaissent à Kira Radinsky tous ceux qui ont pu l’approcher… D.J.
le
m
découvert qu’il existe un rapport entre ce fléau et le climat hyper sec du Bangladesh dans les années 60. Elle peut alors affirmer que « le choléra se déclare après des orages qui succèdent à des périodes de sécheresse de six mois ». Résultat : dans le microcosme des business-angels, on commence à s’intéresser à elle. D’autant que Kira Radinsky entend appliquer sa méthode à d’autres aspects de la vie : « Chaque jour, des hommes politiques prennent des décisions qui engagent l’avenir de leur pays sans avoir aucune référence scientifique. C’est absolument dingue ! Il leur manque une vue globale des choses. Des milliers de phénomènes interagissent les uns sur les autres. Or on peut les quantifier et étudier leurs rapports dyna-
miques. On peut alors dire avec une forte probabilité ce qui va se passer ». Kira Radinsky décide alors de fonder sa boîte. Classée par le MIT (Massachussets Institute of Technology) parmi les 35 inventeurs les plus innovants de moins de 35 ans, elle réussit à convaincre Yandex (le Google russe) de lui avancer 1 million de dollars. Le capital-risqueur KGC lui en fournira 4 autres, à condition – le marché israélien est trop étroit – qu’elle s’installe aux Etats-Unis. C’est ainsi que naît en 2014, au 995 Market St San Francisco, SalesPredict. Raison sociale : « entreprise de marketing prédictif ». Pour l’heure, Kira Radinsky est particulièrement discrète sur l’identité de ses clients. On sait seulement qu’elle a travaillé pour InsideView (partenaire
d’Oracle), SalesForce et SAP. Partageant son temps entre son bureau en Californie et Israël – SalesPredict a ouvert une antenne à Netanya – Kira développe avec son mentor, le Pr Chaoul Markovitch, des applications en intelligence artificielle pour prédire des événements historiques et économiques. Parmi ses succès : la prédiction des soulèvements au Soudan en septembre 2013. Suite à quoi, plusieurs services de défense lui commandent des « études ». Actuellement, Kira Radinsky affirme se préoccuper seulement de problèmes humanitaires : « Ce qui m’intéresse, c’est ce qui pourrait changer le monde en mieux. Surtout quand les gens pensent que ça n’arrivera pas ! ». David Jortner
Juin - Juillet 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°7 • 69
il
IDENTITÉ LEMAG’
.c o.
CONVERSIONS
le
m
ag
LA BOITE DE PANDORE
20
• Juin - Juillet 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°7
il
I
ag
.c o.
« Vous êtes Juif » ? C’était la question plutôt drôle, hardiment posée par Elie Kakou, dans un sketch des années quatre-vingt-dix... Ici, la question serait plutôt : « Qui est Juif ? ». Parce qu’elle fait écho à cette interrogation identitaire de la société israélienne depuis ses origines ; Ben Gourion lui-même s’est interrogé et penché sur le sujet dans la Déclaration d’Indépendance... Qui ? Comment ? De quelle façon (se) convertir ? Ce débat reflète aujourd’hui, en Israël, les clivages d’une société plurielle où un consensus a du mal à émerger. Car la conversion, c’est aussi ouvrir une boîte de Pandore…
le
m
l y a moins d’un an, un dernier rebondissement politique a remis le sujet au cœur de l'actualité. Au mois de juillet 2015, la nouvelle proposition de loi sur les conversions, initiée par l'ancien député Elazar Stern et par l'ex-ministre de la Justice Tzipi Livni, crée la polémique. Ce projet de réforme a pour objectif de faciliter le processus de conversion à l'échelle nationale. Le but est d’encourager la conversion au judaïsme des centaines de milliers d'Israéliens originaires de l’ex-Union Soviétique et considérés comme "sans
religion". Un statut compliqué en Israël puisque ces citoyens sont reconnus comme ‘juifs’ par la loi israélienne au retour, mais ‘nonjuifs’ par la hala’ha. En donnant la possibilité aux rabbins municipaux de tenir leurs propres tribunaux de conversion, Livni a jeté un pavé dans la mare. Car la conversion a toujours été l'affaire du Grand Rabbinat et du ministère des Affaires religieuses. Point. Après d'âpres débats entre les formations politiques, le projet, qui provoque nombre de crispations, est annulé. Livni parle « d'un revers pour les cen-
taines de milliers de citoyens qui ont immigré en Israël, qui vivent avec nous, servent dans l'armée et qui continueront à être des citoyens de seconde classe ». Aujourd'hui, la tempête passée, un état des lieux s’impose. Le Rav Avraham Sellem, expert en la matière, qui dirige un oulpan de conversion pour francophones, a accepté d'aborder le sujet avec nous et de lever le voile sur ce dossier complexe. Religion, nationalité, intégration ; la conversion soulève des notions qui nous parlent avant tout de notre identité.
Juin - Juillet 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°7 • 21
c’est le candidat qui affirme ouvertement qu’il refuse de respecter une mitsvah spécifique ». Autre sujet à polémique selon le spécialiste, « le terme ‘religieux’ recouvre un spectre de notions très larges… Des gens vous disent faire shabbat et manger cacher sans être pour autant des ‘ harédim’. D’autres, les ‘massortim’ s' identifient clairement avec " l'être juif ". C’est cette multitude de courants qui transforme la conversion en un véritable parcours d’obstacles ». De là, découle cette volonté d'ouvrir davantage la conversion, de trouver une solution hala’hique permettant à ces personnes de devenir ‘juifs traditionalistes’. Il nous cite alors le Rav Haim Amsellem, ancien député et 'talmid ‘ha’ham, qui défend la position suivante : « vérifier que les candidats aient déjà le profil de traditionalistes. Ce qui favoriserait déjà la conversion de beaucoup plus de gens ». Les positions diffèrent ainsi selon les différents courants en Israël. Le Rav Sellem ajoute que le Rav Nahum Rabinovitch (courant religieux sioniste), dirigeant la Yéshiva de Maalé Adoumim, a déclaré dernièrement qu'il voulait s'occuper particulièrement des jeunes âgés de moins dix-huit ans dont la mère ne veut pas se convertir. « Ce sont des enfants qui grandissent comme des Israéliens et qui, en devenant adultes, connaîtront des Juifs. Avec ce risque, dans le cas de mariages mixtes, d'avoir dans vingt ou trente ans, un taux d'assimilation en augmentation, comme c'est le cas en Diaspora. Que répondre à
le
m
ag
lors en quoi cette loi, qui visait à autoriser les rabbins municipaux à tenir des tribunaux de conversion, aurait-elle changé la vie des candidats à la conversion ? Selon le Rav Sellem, il faut revenir au contexte : « On a toujours considéré le sujet de la conversion comme un problème brûlant en Israël. De nombreux députés considèrent les nombreuses exigences de ce processus comme l'obstacle qui freine les candidats ». Ce qui expliquerait la réticence des candidats éventuels à franchir le pas. Le Rav pointe du doigt la question ‘tabou’ : « la conversion doit-elle être le passeport d’entrée de ceux qui s'engagent véritablement à vivre selon la loi juive ou une simple reconnaissance nationale d'une personne qui se dirait juive, et dans ce cas, trouver des solutions dans la hala’ ha pour faciliter sa conversion » ? Du point de vue de la hala’ha au sens strict, l'approche consiste à vérifier l'engagement d'une personne envers la Torah. Le Beth Din pose des questions générales et vérifie si la personne est impliquée, si elle a une volonté de progresser, si elle est intégrée dans une communauté. Rav Sellem nous explique qu’au moment même de la conversion, la personne affirme « qu'elle s'engage à respecter toutes les mitsvot de la Torah, celles ordonnées par les Sages ainsi que toutes les ‘ bonnes coutumes du peuple d'Israël’ » et proclame « sa foi en un D.ieu unique ». Il rajoute qu’en règle générale, « ce qui dérange vraiment le Beth Din,
1984 et 1991
1950
La Knesset vote la Loi au retour, qui donne à tout Juif, ou à toute personne d’ascendance juive, le droit d'immigrer en Israël.
Deux lois précisent le fonctionnement du Grand-Rabbinat d'Israël et fixent ses domaines d'intervention. Le Grand-Rabbinat, dirigé depuis l'Indépendance par les orthodoxes, gère la vie religieuse et administrative des Juifs israéliens pour ce qui concerne les mariages, les divorces et les conversions.
En 1953 et 1980 22
cela ? Ces jeunes seront convertis, certes, mais quel sera ensuite leur niveau religieux ? ». Pour autant, « quels que soient les idées et les projets, les responsables religieux ont toujours à l'esprit de travailler avec le Grand Rabbinat d'Israël, sans entrer en guerre avec la Rabbanout ». Quand on évoque la conversion, impossible de ne pas s’interroger sur le statut de ces centaines de milliers de citoyens « qui ont immigré en Israël, qui vivent avec nous, servent dans l'armée … » et qui n’ont pas le statut de ‘Juifs’ au regard de la hala’ha, comme l’a déclaré l'ancienne ministre Livni. Pour le Rav, « les Juifs qui viennent de l'ex-URSS ont derrière eux soixantedix ans d'une assimilation forcée qui les obligeait à dissimuler leur judaïsme, leur identité. Durant la vague d' immigration des années 90, j’enseignais l’ hébreu à des groupes d’olim, dont beaucoup de Russes. Nombre d’entre eux se sont fait refouler lors du processus de conversion, car pour eux, il s'agissait de passer un examen de connaissances ». Il rajoute : « or, être juif, c'est un engagement de la personnalité pour le respect de la Torah et des 'mitsvot', concept identitaire qu’il leur était difficile d’intégrer, eux qui ont été coupés de force de leur identité durant des décennies… ». Chaque année, dix à quinze personnes se présentent dans l’oulpan guiour du Rav Sellem. Des candidats potentiels à la conversion présentant deux profils types. « Nombre de candidats à la conversion sont des enfants issus de couples mixtes dont le père est juif. Notre rôle est de leur
il
A
CONVERSIONS, LA BOITE DE PANDORE
.c o.
IDENTITÉ LEMAG’
• Juin - Juillet 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°7
Sauvetage des Juifs d'Éthiopie au travers des opérations Moïse et Salomon. Ces deux épisodes remettent au cœur du débat la question de savoir : « Qui est juif ?». Les autorités israéliennes et le Grand Rabbinat divergent sur les solutions à apporter au problème.
“ “
qui viennent ici pour se convertir ont déjà fait un certain travail et ne débarquent pas comme ça. Pour eux, vivre un an en Israël, et plus particulièrement à Jérusalem, crée une intensité et un vécu. Ils auront appris en un an dans le pays, ce qu' ils auraient peut être appris en beaucoup plus de temps dans leur communauté d'origine ». Dahlia Perez et Naomie Ariel
L'inclusion de la conversion dans la loi du retour a tourné le processus de conversion en un exercice politique plutôt que religieux. Beaucoup de gens se convertissent à des fins d'immigration et non pas de religiosité sincère "
il
“
Déclaration faite en 2006 par le Rav Shlomo Amar, ancien Grand rabbin d’Israël, actuel Grand rabbin de Jérusalem.
.c o.
Nous avons reçu des témoignages sur certains rabbins privés qui font des conversions en échange d'argent, en Amériques du Nord et du Sud et en Europe "
Le Guer vaut mieux que le peuple qui se tint aux pieds du mont Sinaï. Pourquoi donc ? Parce que ce peuple, s’il n’avait pas vu et entendu les voix, les lueurs et les éclairs, le tonnerre et le son du Chofar, n’aurait pas accepté le joug divin. Le Guer par contre, qui sans rien voir de tout cela, vient de lui-même se plier à la loi divine, n’est-il pas ce qu’il peut y avoir de plus cher aux yeux du Créateur ?
Déclaration faite en 2011 par le Rav Shlomo Amar, lors d’une réunion spéciale du Comité de l’Immigration de la Knesset.
cours et de revenir ». L'approche est d'aider, d’accompagner la personne prête à faire des efforts. Et certains candidats les plus ‘tenaces’, parmi les deux cent cinquante dont le Rav s’est occupé depuis ses débuts, l’ont marqué, plus que d‘autres dont … un ancien pasteur qui a intégré depuis l’une des plus grandes yéshivot du pays et deux frères convertis et installés depuis 15 ans déjà dans le Shomron, dont la mère âgée de soixante-huit ans suit maintenant le programme... Enfin, quant à l’idée plutôt répandue qu'il est bien plus facile de se convertir en Israël qu'en France, le Rav rétorque que « cette question a déjà été traitée dans les textes de nos Sages où il est mentionné que dans certains endroits, on convertissait facilement, et dans d'autres, plus difficilement. La conversion en Israël est liée à un besoin local ». Il ajoute que « les gens
le
m
ag
expliquer que ce n'est pas seulement une régularisation, une formalité. C'est aussi s'engager, étudier ». Et de rajouter : « Nous voyons aussi de plus en plus de gens qui s’intéressent au judaïsme, car en recherche d' identité spirituelle. Ils viennent à nous et demandent à se convertir ». Mais tout le monde ne reçoit pas sa conversion pour autant. Pour le Rav Sellem, « les personnes qui ne sont pas prêtes le comprennent souvent d'elles-mêmes. Elles décident d'arrêter en cours de processus ». Et de continuer : « l'approche du Beth Din est d'aider la personne. On n’assène pas abruptement au candidat qu' il a raté son guiour et qu' il ne peut pas passer l'examen. On lui dit qu' il a encore certaines lacunes à compléter et qu' il doit revenir nous voir dans quelques mois. Lorsqu’une personne n'a pas suffisamment approfondi le thème de la émouna, on lui conseillera d'aller suivre certains
Au cours des années 90 Plus d'un million de personnes en provenance de l'ex-Union Soviétique arrivent en Israël. Ils bénéficient de la loi au retour sans pour autant être reconnus, pour beaucoup, juifs par la loi religieuse.
”
Midrach Tanhouma, Parachath Lekh Lekha
1998
L'immigration massive en provenance de l'Ex-Union soviétique et l'émergence des courants conservateurs et réformés en Israël poussent le gouvernement à essayer de résoudre les différends concernant le processus de conversion au judaïsme. La Commission Neeman est créée.
1997
Yaacov Neeman
La Commission Neeman rend son rapport. Elle préconise de laisser la décision finale aux autorités orthodoxes, via des tribunaux de conversion.
Proposition de loi (annulée) pour permettre aux rabbins municipaux d'établir leurs propres tribunaux de conversion. La tentative de réforme crée un tollé. L'autorité de conversion reste en définitive confiée exclusivement à des tribunaux relevant du ministère des Affaires Religieuses et du Grand Rabbinat.
2015 Juin - Juillet 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°7 • 23
IDENTITÉ LEMAG’
le
m
ag
J'ai été en quête spirituelle depuis mon enfance. Ma grande sœur pratiquait le catéchisme et je lui posais des questions sur D.ieu, sur ce qu'Il était et sur ce qu'Il représentait. À l’âge de douze ans, j'ai dû rédiger ma profession de foi. J’ai donc commencé à lire la Bible. Et là, me sont venues des questions épineuses : « Pourquoi D.ieu ne parlait-il qu'aux Hébreux » ? « Pourquoi nous, Chrétiens, nous considérions-nous comme descendants de Jésus lui-même juif »? Plus tard, je me suis penchée sur d'autres religions monothéistes, dont l’Islam. Et puis j'ai fait la connaissance d’un garçon juif non pratiquant. Il m'a parlé des fêtes juives et je me suis intéressée à sa religion. Je suis tombée sur une émission de Josy Eisenberg sur les B'nei Noah (personnes qui s'engagent à suivre les Lois noahides). J'ai beaucoup lu sur ce sujet, les textes de Maïmonide entre autres. Je me suis alors considérée comme une B’nei Noah pendant assez longtemps. Mais je ne me sentais pas assez engagée envers D.ieu. J'ai lu alors "Le livre des égarés". C'est en découvrant cet ouvrage
24
• Juin - Juillet 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°7
Noa, originaire de Paris, en Israël depuis dix ans
il
que ma foi juive s'est révélée. J'ai eu une réaction épidermique : des frissons, la chair de poule…j'en ai même pleuré. Ce livre m'a ouvert les yeux sur ce en quoi je croyais. Puis j'ai pris le temps de lire des ouvrages sur la pratique juive. Et j'ai décidé de me convertir. Au même moment, je commençais à exercer dans un cabinet d'avocat. Je me suis occupée du règlement d'un divorce d'un couple juif qui m'a mis en contact avec un rabbin du Consistoire. Je lui ai fait part ensuite de ma décision et j'ai transmis ma lettre de demande de conversion au Consistoire. J'ai été reçue assez rapidement. À l'époque, le processus était assez flou, je ne savais pas vraiment combien de temps ça allait durer ; j'avais juste une liste de livres à lire et à étudier et je voyais de temps en temps le rabbin. Par la suite, j’ai assisté à des cours de Torah, une fois par semaine. Ce qui m'a marquée, c'est ma transformation, comme celle d'une chrysalide en papillon, avant d'arriver à ma nouvelle néchama (âme). Il y avait toujours l'oreille attentive et l’œil bienveillant de mon rabbin. Jamais de regard désapprobateur. Il m'a laissé le temps de voir les choses et de me transformer. Toujours ouvert, disponible. Ça m'a beaucoup aidée en cette période de doutes, de questionnement où l’on ne sait jamais si ce que l’on fait est bien, où l’on a besoin d'être rassuré. L'accueil que nous réserve la communauté est également important. Des attitudes de défiance ou de rejet, il y en a eu, à cause de mon statut de convertie ou de la couleur de ma peau. J'ai vécu des scènes difficiles mais elles ne m'ont jamais fait douter de mon engagement. Je me suis attachée à ce que dit la Torah et non aux discours des gens.
J'ai commencé un processus de conversion à l'âge de vingt ans. À l'époque, ça m'a semblé très dur, je me suis découragée avant même de vraiment commencer. Mais le judaïsme, c'est quelque chose qui m'a poursuivie toute ma vie. C'est bien plus tard que j'ai refait une tentative, en commençant chez les libéraux, tentative qui m’a fortement déçue. Et puis j'ai eu envie de me tourner vers les orthodoxes parce que pour moi, se convertir, c'était accepter pleinement le joug des mitsvot. C'est aussi par amour de la Terre d’Israël que je ressentais le besoin d'être orthodoxe et c’est pourquoi j'ai fait tout le processus en immersion totale, en Eretz. Le moment le plus marquant de ce processus a été pour moi le passage au 'mikvé', que j'ai fait en France. Outre le fait de dire que l'on respectera les mitsvot, le shabbat, et autres lois, on nous demande aussi de promettre fidélité au Peuple juif. J’ai trouvé ça extrêmement fort et émouvant de souligner cet engagement, puisque devenir juif c'est dès lors, faire partie du 'Peuple' juif. La principale difficulté dans le processus a été pour moi la nouvelle approche à avoir avec mon entourage non-juif. Faire attention à ne pas blesser mes amis ou ma famille tout en imposant mes nouvelles contraintes alimentaires quand j'étais amenée à ne pas pouvoir partager un repas, par exemple, ou à devoir leur expliquer pourquoi il était important pour moi de faire shabbat et du coup d'être injoignable... C'est aussi difficile parfois d'affronter des réflexions très blessantes sur mon statut. Une fois, à la synagogue, au
.c o.
Tsipora, 37 ans, originaire de Courbevoie, en Israël depuis un an. Convertie en France
Tém
oignages
m
Elishéva, 75 ans, originaire de Nice, en Israël depuis dix ans
le
Je me suis très vite intéressée au judaïsme, même si j'ai fait ma conversion, il y a peu de temps. J'étais auparavant …une religieuse, une bonne sœur. Il y avait une communauté à Jérusalem, située coté Est. Au sein de cette communauté, il y avait des sœurs assez proches du judaïsme, même très proches. L'une d'entre elles est décédée, l'autre est tombée gravement malade. Elle s'est retrouvée à l'hôpital fran-
il
me convertir au judaïsme ». Du coup, cette raison a été considérée comme assez grave ! Et j'ai eu ma réponse très vite. J'ai quitté le couvent. Ils ont été très durs avec moi. Ils m'ont demandé de changer de passeport, de partir… J'étais dans une hôtellerie tenue par des Frères de Sion qui étaient très pro-Juifs pourtant... J'avais un visa pour deux ans dans mon passeport, cependant j'ai dû faire plusieurs allers retours, ce qui étonnait la douane, avec un visa de trois mois. Cette période n'a pas été facile. Comment trouver un appartement ? Je n'avais pas d'argent, je n'avais rien. Et puis j'ai eu des 'nissim' et j'ai trouvé très vite un logement. J'avais une maison à Nice et ma sœur l’a prise en viager. Elle m'envoie de l'argent tous les mois, ce qui me permet de vivre ici. Avec le programme de conversion que j'ai suivi, j'ai énormément appris. Je suis sortie d'un monde obscur pour en découvrir un autre, totalement différent. À mon âge, ce n'était pas évident ! On était une quinzaine et j'étais la grand-mère de tout le monde ! J'ai un souvenir inoubliable de l'année de mon 'guiour'. Le Rav Sellem m'a beaucoup aidée. Au moment de passer devant les dayanim, j'ai eu un peu peur parce qu'il y avait des lois, des prières à connaître par cœur, et à mon âge, ce n'était pas évident. Maintenant, ça va. Doucement, tout s'est mis en place. Un conseil ? Surtout ne désespérez pas. Il faut vraiment prendre patience et avoir de la ténacité. Si vous voulez vous convertir, n'ayez pas peur des embûches et des déceptions que vous pouvez rencontrer. N'ayez pas peur !
.c o.
çais et on m'a demandé de rester car l’établissement ne pouvait l'accepter que sous la condition qu'une sœur soit détachée de la communauté pour s'occuper d'elle. On m'a précisé à l'époque que ça durerait un an ou deux... J'ai dit oui. À ce moment-là, je ne pensais pas une seconde à la conversion. Mais j'étais, néanmoins, très intéressée par le judaïsme. Bref, finalement cette sœur est décédée au bout de huit ans, ce qui m'a permis, dans l'intervalle, de faire un cheminement extraordinaire. C'est là que j'ai découvert les cours du Rav Dynovisz, qui m'ont vraiment emballée. Je me suis dit : « la vérité est là, dans la Torah ». Cette étude, je ne la voyais pas dans le christianisme. Ou alors, il s'agissait d'une étude chrétienne, et non juive. Et moi, ce qui m'intéressait, c'était une lecture juive. Je faisais aussi écouter ces cours à cette sœur à l'hôpital. Elle ne pouvait pas parler, à cause de ses AVC successifs, mais elle était ravie d'écouter. Ma demande de conversion s'annonçait très difficile, mais tout s'est passé facilement, c'est cela qui est assez étrange... Quand j'ai annoncé à la congrégation que je voulais tout quitter, le couvent, l'église catholique, pour me convertir au judaïsme, la Supérieure générale est tombée des nues. Elle m'a dit : « Ça va être très dur, tu sais. Déjà vis à vis de Rome, parce que tu as prononcé des vœux perpétuels ». Je me suis dit, on verra bien... « Rome peut très bien refuser, si tu ne donnes pas une raison très grave », m'a-t-on prévenue. Très grave, qu'est-ce que ça veut dire ? C'est si, par exemple, j'avais été enceinte... Mais ce n'était pas le cas ! Que dire ? Alors j'ai décidé qu'après tout, j'allais révéler la vérité. « Je quitte le couvent, l’Église, ce genre de vie, je veux
ag
cours d’un shabbat, une femme m'a dit : « de toute façon, votre sang ne sera jamais juif ». Maintenant, avec le recul, je me dis que finalement ce n'est pas mon problème si certains passent outre l'interdiction de rappeler à un 'guèr' qu'il est converti ou qui n'en pensent pas moins en silence. De plus, dans la amida, nous prions pour les 'guèrei hatzadek', les 'convertis de sincère volonté'. Franchement, savoir que des millions de Juifs prient pour moi trois fois par jour, c'est quand même extraordinaire. Et l'essentiel, au bout du compte, c'est le rapprochement avec Hachem.
D.P
Juin - Juillet 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°7 • 25
il .c o. LA DÉMOCRATIE MISE À L’ÉPREUVE
le
m
ag
p.30
p.34
LES DIX LOIS CLÉS
28
• Juin - Juillet 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°7
p.36
DÉMOCRATIE : NOTION BIBLIQUE OU PROFANE ?
DOSSIER
il
DÉMOCRATIE ISRAÉLIENNE
.c o.
FONCTIONNEMENT ET DYSFONCTIONNEMENTS
Selon l’ONG autrichienne ‘The democracy ranking association’, Israël est la 24ème démocratie au monde sur 113 pays recensés par son classement annuel des démocraties dans le monde. Israël reste ainsi la « meilleure démocratie » de la région Afrique du Nord-Moyen-Orient. Un fait inattaquable. En tant que citoyens israéliens, nous sommes cependant parfois confrontés à des incohérences qui nous donnent le droit de nous interroger sur notre système politique. Quand la démocratie bégaye, pèche par excès ou fait du zèle. C’est le sujet de notre dossier.
le
m
ag
Dossier coordonné par Caroll Azoulay
p.38
KNESSET ET POTINS MONDAINS
p.40
LES GRANDES MANŒUVRES !
Juin - Juillet 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°7 • 29
DÉMOCRATIE ISRAÉLIENNE
ag
LA DÉMOCRATIE MISE À L'ÉPREUVE
le
m
L’État d’Israël est un état sans constitution, affichant fièrement son identité juive et son caractère démocratique. La réalité du terrain n’obligerait-t-elle pas Israël à redéfinir certains aspects de son système, au risque de pécher par excès ? Quelles sont les limites de la démocratie ? Comment Israël peut-il assurer son avenir face aux menaces extérieures et intérieures, tout en restant démocratique ? Ces dernières années, l’actualité et les faits divers ont mis au grand jour des questions essentielles sur l’identité de ce pays. Nous en avons choisies quelques-unes et demandé à un expert, le Dr Emmanuel Navon, Professeur de sciences politiques, de nous éclairer sur ces dilemmes de l’État d’Israël.
UN SYSTÈME ÉLECTORAL SOUMIS AU JEU DES PARTIS À chaque élection, on constate qu’aucun gouvernement ne va véritablement jusqu’au bout de son mandat, que les petits partis peuvent faire tomber une coalition (voir article en page 40) et que la proportionnelle intégrale n’est pas le meilleur système pour la stabilité des institutions du pays. L’actuel gouvernement, qui est le 34e de l’Histoire du pays, s’est reposé pendant un an sur 61 députés, le minimum requis pour former une coalition. Qu’est-ce qui bloque dans le système électoral ?
30
• Juin - Juillet 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°7
Emmanuel Navon : Les coalitions sont plus stables qu’on ne le croit et jusque dans les années 90, ce sont des raisons indépendantes au système électoral israélien qui ont fait tomber les gouvernements, système électoral qui a, certes, des défauts. Ces dernières années, c’est le vote du budget qui a fait chuter le gouvernement. Le budget biennal proposé par Netanyahou devrait renforcer la stabilité de la coalition. À deux reprises, les Israéliens ont voté directement pour le Premier ministre et, bien que la loi ait changé, ces votes ont eu des effets chroniques sur les électeurs qui votent moins qu’avant pour des petites formations politiques.
© Reuven Kaposhinsky
.c o.
il
DOSSIER
FONCTIONNEMENT ET DYSFONCTIONNEMENTS
.c o.
E.N. : Une fois de plus, l’absence de constitution laisse un vide juridique qui a donné des pouvoirs de plus en plus importants à la Cour suprême. Le président de la Cour, Aaron Barak, avait étendu ses pouvoirs en interprétant à sa manière les lois existantes et permettant légalement d’annuler des lois votées par une majorité d’élus. Cette révolution constitutionnelle, qui s’est opérée il y a vingt ans, due précisément à l'absence de constitution et qui a permis aux juges de s’arroger d’importants pouvoirs, illustre le fait que les limites du pouvoir juridique ne sont pas clairement établies. En France, le Conseil constitutionnel peut invalider des projets de loi mais pas des lois déjà votées. Or en Israël, ce genre d’autorité extérieure à la Knesset et à la Cour suprême n’existe pas. (NDLR : Le récent accord de coalition signé entre le Likoud et Israël Beiteinou prévoit le vote d’une loi qui imposera à la Cour suprême de réunir le quorum entier de la Cour, soit les quinze juges, pour invalider une loi votée par la Knesset. Jusqu’à présent même trois juges suffisaient à annuler une loi).
DÉMOCRATIE VS TERRORISME Le cas du sergent Elor Azria, 19 ans, inculpé d'homicide pour avoir achevé, le 24 mars dernier, un terroriste palestinien blessé, divise profondément les Israéliens. Certains plaident pour le respect par l'armée des valeurs éthiques comme l'usage proportionnel de la force et d'autres, au contraire, défendent le militaire en invoquant la multiplication des attaques terroristes palestiniennes. Toutefois, le procès-verbal de l'interrogatoire du soldat diffusé par Aroutz 2 indique que de nombreuses déclarations du soldat contredisent le récit de l'incident, rapporté par l'accusation... Comment un système démocratique confronté à une guerre terroriste d'usure doit-il se positionner dans un tel cas ?
il
UN POUVOIR JURIDIQUE AU-DESSUS DU POUVOIR LÉGISLATIF ? À plusieurs reprises, la Cour suprême a annulé des lois votées par la Knesset et rendu nulles des décisions gouvernementales. Comment les juges ont-ils tellement de pouvoir alors qu’ils ne sont pas élus par le peuple. N’est-ce pas une menace concrète sur la démocratie ?
© DR
ag
E.N. : Les instructions et règles de l'armée sur l'usage de la force et des armes à feu sont claires et doivent être respectées. Si Elor Azria a passé outre ces règles et instructions, il devra être puni. Le film diffusé sur l'évènement laisse peu de place au doute, à savoir qu'il semble qu'A zria ait tiré sur un terroriste neutralisé qui ne représentait plus de danger - un acte clairement contraire aux règles et à l'éthique de Tsahal. Mais les faits seront déterminés à l'issue du procès et il faut laisser la justice suivre son cours. La polémique n'a donc pas lieu d'être.
QUAND LES JUGES DÉFONT LA LOI
le
m
En 2013, la Cour suprême annulait une loi votée à la Knesset en 2012, permettant à l'État d'emprisonner des migrants clandestins pendant trois ans pour avoir franchi la frontière illégalement. Une loi jugée inconstitutionnelle car portant une « atteinte disproportionnée au droit fondamental à la liberté ». Les juges donnaient à l’Etat 90 jours pour libérer environ 2000 migrants, pour la plupart venus du Soudan et d’Érythrée, détenus dans des centres de détention et pour déterminer, cas par cas, dans quelle mesure il y avait lieu de les reconnaître en tant que demandeurs d'asile légitimes et donc, leur accorder le statut de réfugiés ou pas. Une décision à laquelle Gideon Saar, le ministre de l’Intérieur à l’origine de la loi avait vivement réagi : « Mais de quel droit la Cour suprême peut-elle annuler une loi votée par la Knesset ? La morale instituée par les juges serait-elle supérieure et plus juste que celle des élus du peuple ? Il est temps d’atténuer ses prérogatives ! ».
Le sergent Elor Azria
La vidéo d’E.Azria a été diffusée sur internet et a suscité la controverse dans les médias israéliens et parmi les hommes politiques.
Oui, mais d'une façon plus générale, un système démocratique confronté à une guerre terroriste d'usure ne doit-il pas parfois adapter son fonctionnement (mesures d'exception, couvre-feu, état d'urgence) aux dangers environnants qui menacent ses citoyens ? E.N. : L'équilibre entre démocratie et mesures d'urgence est complexe, comme peuvent en témoigner les Etats-Unis, la France, et Israël. Mais pour citer Aharon Barak (que je critique par ailleurs pour sa "révolution juridique") « une démocratie doit savoir se battre avec une main dans le dos. C'est ce qui fait sa grandeur, mais également sa force ».
A.B Juin - Juillet 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°7 • 31
DÉMOCRATIE ISRAÉLIENNE
DOSSIER
LA LIBERTÉ D'EXPRESSION BÂILLONNE-T-ELLE LA DÉMOCRATIE ? Des députés arabes soutiennent publiquement le terrorisme. Une élue, Hanin Zoabi, avait été arrêtée sur la flottille turque Marmara qui avait attaqué des soldats israéliens pour tenter de briser le blocus maritime sur Gaza. Des élus refusent de reconnaitre l’État juif et pourtant, ils ne sont pas inéligibles Le quotidien Haaretz, notamment, publie des éditoriaux violemment opposés à l’État d’Israël, des journalistes et personnalités publiques israéliennes. Parfois même des universitaires soutiennent les organisations qui boycottent Israël, et sur les réseaux sociaux, on peut lire des discours niant la légitimité d’Israël. Les discours racistes contre les minorités sont devenus monnaie courante et la liberté d’expression en Israël donne le sentiment parfois que tout est permis. Comment la démocratie peut-elle se protéger tout en respectant la liberté d’expression ?
ag
E.N. : La liberté d’expression est l’un des piliers de la démocratie et tant qu’il n’y a pas d’incitation interdite par la loi, tout discours est légitime dans une démocratie. On peut ne pas aimer le fait que certaines personnes refusent de reconnaitre le caractère de l’État juif mais ça reste légitime de le dire. Les discours les plus choquants peuvent être entendus tant que cela n’incite pas à la violence ou atteint la sécurité de l’État. Un député arabe, Azmi Bishara, qui avait donné des informations au Hezbollah, a été condamné et s’est enfui d’Israël. Les discours actuels des députés arabes sont choquants mais légitimes, si l’on s’en réfère à une application stricto sensu des principes démocratiques auxquels Israël est particulièrement attaché.
© DR
.c o.
il
LE CAS HANIN ZOABI
m
LES PALESTINIENS SONT-ILS VICTIMES D'APARTHEID ? Israël est accusé dans le monde d’apartheid en raison de sa présence en Judée-Samarie – territoires disputés - et du contrôle de facto de la vie de millions de Palestiniens. Ce qui porte atteinte à l’image démocratique d’Israël…
le
E.N. : Tant Nelson Mandela que Frederick de Klerk ont déjà répondu à votre question par la négative. Ils sont orfèvres en la matière. En ce qui concerne la Judée-Samarie, il y a certes une situation anormale, mais qui est le fruit d'un conflit insoluble. Depuis les accords d’Oslo, 98% de la population palestinienne est gouvernée par l’A P. Les Palestiniens ne jouissent pas de tous les droits dont bénéficient les citoyens d'un État indépendant, pas seulement à cause du blocage politique entre Israël et l'A P, mais également à cause de la violation des droits de l'homme par l'A P. Israël n'est pas au-dessus de toute critique, mais ceux qui critiquent Israël font preuve de malhonnêteté car ils absolvent l'A P tant pour sa contribution au blocage de la situation politique que pour ses propres violations des Droits de l'Homme.
32
• Juin - Juillet 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°7
Lors du dernier Yom Ashoah, la députée israélienne arabe représentant la Liste arabe unie unifiée, Hanin Zoabi, a clairement refusé de participer aux commémorations. Dans une lettre aux organisateurs, elle a dénoncé le fait que l'enseignement et la transmission de la mémoire du génocide juif sont « sélectifs et manipulateurs ». « Comment pouvez-vous enseigner la Shoah lorsque vous ne faites pas la distinction entre les similitudes alarmantes de ce qui se passe aujourd'hui et ce qui s'est passé en Allemagne dans les années 30 ? » s’interroge Zoabi, qui n’a pas hésité à comparer les « exécutions sommaires, les détentions sans procès, la torture, la censure et les persécutions des activistes politiques » aux conditions dans lesquelles vivaient les Juifs sous le régime nazi… A.B
FINANCEMENT D'ONG PAR DES FONDS ÉTRANGERS Des ONG israéliennes reçoivent des budgets d’états européens pour soutenir le boycott contre Israël, d’autres ONG financées par des fonds étrangers luttent de l’intérieur contre leur pays. Un projet de loi est d’ailleurs en cours afin d’empêcher ces organisations de lutter contre Israël. Comment peut-on empêcher leurs actions en restant démocratique ? E.N. : Il ne s’agit pas de lutter contre leur liberté d’action mais d’exiger de la transparence, notamment sur leurs sources financières. Une ONG, par définition, est une organisation non-gouvernementale. Or ces ONG vivent grâce aux fonds de gouvernements étrangers et la loi israélienne peut et souhaite empêcher cela. De plus, le fait que l’Europe finance des associations qui luttent en faveur du droit au retour des Palestiniens, donc de facto pour la destruction de l’État d’Israël, est aberrant et en contradiction
FONCTIONNEMENT ET DYSFONCTIONNEMENTS
m
ag
E.N. : Sur le plan économique, il faut laisser les forces du marché changer les choses et ces dernières années, cette population s’intègre de plus en plus à la société israélienne, dans le domaine de l’emploi mais aussi de l’armée. L’absence de lois dans certains domaines a permis de laisser des choses se faire pendant des années. Parfois, c’est vraiment aberrant mais ça évolue sans cesse et pas nécessairement par la promulgation de lois. La solution est économique et ne dépend pas de la Knesset ou de la Cour suprême.
© A.C Azoulay
.c o.
QU'EN EST-IL DE LA POPULATION HAREDIT'? Près de 10% de la population israélienne s’oppose au service militaire et ses élus ont réussi à déjouer les projets de lois destinés à enrôler les Juifs orthodoxes qui ont bénéficié de dispenses depuis 1949, grâce au statu-quo autorisant les étudiants de yechivot à ne pas faire l’armée. Cette population en arrive même parfois jusqu’à lutter contre les institutions de l’Etat. Est-ce bien démocratique ?
PLUS D'ULTRA-ORTHODOXES DANS L'ARMÉE En janvier 2014, une augmentation de 39 % du nombre de recrues issues du monde ultra-orthodoxe était enregistrée par l’armée israélienne, avec un total de 1972 hommes incorporés dans Tsahal. Parmi eux, 863 dans des unités combattantes. Le résultat de la loi du service égal votée six mois plus tôt. Amendée à plusieurs reprises en faveur du secteur ‘haredi, il n’en demeure pas moins qu’elle fixe des objectifs annuels de recrutement dans le secteur ultra-orthodoxe qui doivent augmenter d’année en année. D’ici 2020, quelques 15 000 hommes ultra-orthodoxes devront effectuer leur service militaire. A.B
il
avec la politique officielle de l’Union Européenne. Je suis contre toute atteinte à la liberté d'expression et d'action des ONG quelles qu'elles soient, mais je suis pour la transparence. Je suis pour que ces ONG agissent librement, mais je suis également pour qu'elles dévoilent leurs financements. Lorsqu'on se dit "non-gouvernemental" et qu'on est financé à 80% par des gouvernements, c'est de l'hypocrisie. Et lorsque les gouvernements européens et la Commission européenne financent des ONG qui promeuvent le "droit au retour" (qui est incompatible avec la solution de deux États) ainsi que le boycott d'Israël (auquel l'UE s'oppose officiellement), c'est de l'hypocrisie.
Ennemis de l'intérieur ?
le
Parmi les associations les plus clairement opposées à Israël, on trouve ‘Breaking the Silence’ et Belem’ts (90 018 fans…Facebook), dont … les principales actions consistent à la publication de violations présumées par Tsahal des Droits de l’Homme dans les territoires palestiniens, au travers des témoignages d’anciens combattants, de films réalisés près des points de contrôle et divers documents, afin de communiquer ces ‘informations’ au monde entier et notamment aux associations anti-israéliennes à l’étranger. 77% des Israéliens considèrent que ces organisations causent des dommages à l’Etat, et 14% pensent qu’elles aident à améliorer l’image d’Israël… A.B
LA DÉMOCRATIE ISRAÉLIENNE SE PORTE-T-ELLE BIEN SELON VOUS ? E.N. : La démocratie israélienne est saine, malgré certaines difficultés dont la plus importante est ce fameux flou artistique dû à l'absence de constitution. La "révolution judiciaire" d'A haron Barak dans les années 1990 a profondément modifié la séparation des pouvoirs, mais de façon unilatérale et sans débat ou accord préalable. La démocratie israélienne souffre également d'un système électoral dans lequel il n'y a pas de responsabilité des élus face aux électeurs, puisque nous n'avons pas de circonscriptions. Quant au système des élections primaires au sein de certains partis politiques, il s'agit d'un système corrompu qui fait fuir les talents et les gens honnêtes, et qui produit des hommes politiques serviles aux groupes d'intérêts qui contrôlent la majorité des votes aux élections primaires. Enfin, le niveau de la culture politique et des débats publics s'est beaucoup détérioré ces dernières années à cause des réseaux sociaux (sur lesquels les gens se déchaînent) et parce que la presse est dominée par deux tabloïdes ("Israel Hayom" et "Yediot Aharonot") dans lesquels tout tourne autour de la seule et unique question : « Pour ou contre Bibi » ? Israël peut néanmoins être fier de la séparation des pouvoirs, des droits donnés aux minorités, de la liberté d’expression. En bref, la situation est plus que correcte… Propos recueillis par Michaël Blum et Ambre Bendayan Juin - Juillet 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°7 • 33
DÉMOCRATIE ISRAÉLIENNE
DOSSIER
LES DIX LOIS CLÉS
.c o.
il
Des centaines de lois ont été votées depuis que la Knesset existe, certaines essentielles pour les citoyens, d’autres moins importantes pour le grand public. Parmi elles, 16 sont qualifiées de ‘fondamentales’ car elles font usage de constitution,fixant les règles de base pour la vie du pays, le rôle des pouvoirs législatifs et judiciaires, de l’armée, du contrôleur de l’État, du Président et du gouvernement. Nous avons choisi d’exposer ici, plusieurs lois clés qui ont marqué l’histoire du pays et formé ainsi son identité juive et démocratique. Attention, il ne faut pas confondre les lois fondamentales qui sont censées être à la base de la constitution future de l'État d'Israël et les lois clés que nous vous présentons.
ag
LOI DU RETOUR : Tout Juif peut faire son alyah (immigrer en Israël) et obtenir la nationalité israélienne. Cette loi connaîtra des changements au fil des ans afin de définir qui est juif et savoir qui peut bénéficier de cette loi, un sujet toujours d’actualité avec un nombre croissant de non-Juifs (selon les définitions rabbiniques) ayant pourtant légalement obtenu la nationalité israélienne.
15 septembre 1949
22 mai 1951
m
8 juillet 1950
le
LOI SUR L’ÉGALITÉ DES DROITS DE LA FEMME Aucune discrimination ne sera autorisée envers les femmes en Israël. Comme dans beaucoup de démocraties, dans les faits, cette loi n’est pas toujours respectée à la lettre…
LOI SUR LE SERVICE MILITAIRE La loi indique que le service militaire est obligatoire pour les hommes et les femmes entre 18 et 26 ans, d’une durée de 24 mois pour les hommes et de 12 mois pour les femmes. En cas de guerre, le ministre de la Défense peut prolonger la durée du service obligatoire, ce qui est le cas depuis le vote de cette loi. Les femmes religieuses, mariées, enceintes où mères de famille sont dispensées de faire le service militaire.
4 septembre 1953
28 juillet 1951 Loi sur les tribunaux rabbiniques instituant que les mariages et divorces juifs se feront uniquement sous l’autorité des tribunaux rabbiniques. Les mariages civils faits à l’étranger sont reconnus en Israël depuis 1963 et les mariages homosexuels depuis que la Cour suprême a obligé le ministère de l’Intérieur à inscrire comme ‘mariés’ ces couples en 2006.
LOI SUR LES HORAIRES DE TRAVAIL La loi fixe à 47 heures par semaine le temps maximal pour un employé. Le jour du chabat pour les Juifs est une journée de repos obligatoire, chaque citoyen a le droit à 36 heures consécutives de congé par semaine.
ANNEXION DU GOLAN Le Golan fera partie intégrante de l’État d’Israël et ne sera plus sous souveraineté militaire comme la Judée-Samarie et la vallée du Jourdain, qui le sont toujours près de 50 ans après la guerre des Six jours.
ag
.c o.
LOI SUR LE BITOUAH LEOUMI (ASSURANCE NATIONALE) L’État d’Israël donnera des pensions de vieillesse et d’assurance en cas d’accident du travail, de retraite, de maternité, de veuvage et ce, même pour les orphelins. Ces aides de l’Etat ont augmenté depuis 1953 mais certaines ont été abaissées au moment de la crise mondiale économique afin de sauver l’économie du pays, tandis que les taxes et impôts ont continué d’augmenter.
5 août 1980
le
LOI FONDAMENTALE SUR JÉRUSALEM Jérusalem unifiée sera la capitale d’Israël. Le gouvernement, la présidence, la Knesset et la Cour suprême siégeront en son sein. (Ne pas confondre avec la loi votée en 1949 qui accordait son statut de capitale à Jérusalem, alors non unifiée). Israël s’engage à protéger les lieux saints et autoriser la liberté de culte pour toutes les religions. Cette loi dérange la communauté internationale qui s’oppose à ‘l’annexion’ de la partie de la ville conquise en 1967 par Israël.
RETRAIT DE GAZA Israël se retire de la bande de Gaza et s’engage à payer des indemnités aux citoyens israéliens expulsés, ainsi qu’à leur fournir des habitations nouvelles. Loi politique votée par le gouvernement Likoud d’Ariel Sharon et dont les conséquences sont encore en cours, et tout accord de paix futur avec les Palestiniens ou retrait unilatéral sera examiné par les élus au regard de cette loi.
9 avril 1987
15 décembre 1981
m
27 novembre 1953
il
FONCTIONNEMENT ET DYSFONCTIONNEMENTS
LOI SUR LE SALAIRE MINIMUM Fixé à 45% du salaire moyen dans le pays. Votée tardivement, cette loi va instituer un salaire minimum pour tous les travailleurs, certaines couches de la population ne bénéficiant pas de la protection de l’État avant cette loi.
18 février 2005 NB: La majorité des lois qui ont dessiné l’identité d’Israël ont été votées dans les trente premières années de l’État, mais ces dernières années, les députés ont multiplié les propositions de loi, et plusieurs lois capitales ont été votées récemment dans le domaine social. Ces dix dernières années, on parle de plus de 200 nouvelles lois comme la loi augmentant les aides pour les rescapés de la Shoah, la loi en faveur des localités proches de la bande de Gaza, la loi fixant de nouvelles sanctions contre les trafiquants de drogue, la loi sur les droits d’auteurs et tant d’autres… *(La plupart d’entre elles ont, bien entendu, connu des ajouts et changements au fil des ans).
M.B Juin - Juillet 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°7 • 35
DÉMOCRATIE ISRAÉLIENNE
DOSSIER
il
KNESSET ET POTINS MONDAINS
.c o.
Depuis la première Knesset en 1949, 931 personnes ont siégé sur les bancs du parlement israélien dont 94 femmes. La plupart de ces élus sont restés anonymes mais leMag’ a choisi de vous présenter quelques anecdotes permettant de mieux connaitre, côté coulisses, ces hommes et femmes qui ont contribué, contribuent et contribueront à l'Histoire du pays.
103
L'AMOUR EN POLITIQUE
DÉPUTÉS
ÉTAIENT NÉS EN DEHORS D'ISRAËL
22
DÉPUTÉS
1949
13 députés étaient mariés à des filles de députés, dont l’ancien ministre des Finances, Avraham Shohat, marié à la fille de l’ancien Premier ministre Levi Eshkol. Cinq députés ont été mariés trois fois dont deux ‘Premier ministres’, Levi Eshkol (marié la 3e fois durant son mandat) et Benyamin Netanyahou.
ag
NE SONT PAS DES "SABRAS"
Actuellement
m
MADE IN DIASPORA Les élus israéliens sont originaires des quatre coins du monde...
le
Aucun
député n’est né en France, mais 22 ont vécu une période dans l’hexagone pour des études ou en service pour le pays, comme Ytzhak Shamir qui avait été en poste à Paris pour le Mossad.
38
FRANCE
EX-URSS
166 députés dont 7 qui occuperont le poste de Premier ministre.
ALLEMAGNE
MAROC 45
IRAK
22
• Juin - Juillet 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°7
Shlomo Artzi
LA POLITIQUE ÇA CONSERVE
POLOGNE 84
28
CÉLÉBRITÉS
Certains députés ont eu des enfants plus connus qu’eux comme Yitzhak Artzi (député travailliste), père du chanteur Shlomo Artzi.
Shimon Peres
Dix anciens députés de plus de 90 ans sont encore en vie, dont Shimon Peres, qui va avoir 93 ans en août et Haneh Hadad qui vient de fêter son 96e anniversaire, le doyen des anciens parlementaires israéliens.
FONCTIONNEMENT ET DYSFONCTIONNEMENTS
FILS ET FILLE DE...
oncle
Ezer Weizman 7ème Président d'Israël
Reuma Schwartz
Shmouel Dayan Député 1ère Knesset
Yossi Sarid Député Meretz
Général Moshé Dayan Ministre de la Défense pendant la guerre des Six jours
Yael Dayan Parti Travailliste
père
Yishaï Sarid écrivain
Ygal Horowitz Amos Hadar Ministre des (né horowitz) Finances Parti Travailliste
Dov Sion
Ehud Olmert est le 18e ancien député de l’histoire de la Knesset à être condamné à la Ehud Olmert prison ferme mais 27 autres sont passés devant un tribunal israélien. Parmi les charges retenues : corruption, fraude, détournement de fonds publics mais aussi trafic de drogue, trahison, etc ...
Rachel Sion
ag
C'ÉTAIT AVANT...
frères
cousins
Ruth Dayan
CONDAMNATION
Devora Dayan
il
soeurs
.c o.
Haïm Weizman 1er Président Israélien
le
m
Avant d’être élus, les députés israéliens étaient maires, avocats, journalistes, diplomates ou officiers de Tsahal, mais aussi champion de judo (Yoel Razbozov), chanteuse (Yifat Sassa Bitton), entraineur de karaté (Elie Cohen), auteur de chansons poOrly Levy-Abecassis pulaires (Akiva Nof) ou poète (Uri Zvi Greenberg). Trois anciens mannequins sont devenues des députées : Pnina Rosenblum (Likoud), Orly Levy-Abecassis et Anastasia Michaeli (Israel Beiteinou).
HÉROS
Cinq députés avaient été déportés dans les camps de la mort dont deux qui ont perdu femme et enfants. Deux ont été prisonniers de guerre en Allemagne en tant que soldats britanniques, huit ont été emprisonnés dans des geôles soviétiques, vingt-cinq dans des prisons britanniques du mandat et cinq autres emprisonnés dans d’autres pays.
FILS DE RABBIN
Plusieurs députés étaient fils de rabbins, notamment Yaakov Yossef, fils du Rav Ovadia Yossef, Moché Nissim, fils du Rav Yitzhak Nissim (Grand rabbin séfarade d'Israël entre 1955 et 1972) et Haïm Herzog, fils du Rav Yitzhak Herzog (grand rabbin ashkénaze d’Israël entre 1936 et 1959). Seulement 42 députés de l'histoire de Rav Ovadia Yossef la Knesset avaient une « semi’ha » (diplôme rabbinique) dont quatre actuellement (Ouri Maklev, Meshoulam Naari, Nissan Smolianski et Eli Bendahan).
VIE DE FAMILLE Le député Israël Eichler (Yaadout Hatorah) est père de 14 enfants mais le record appartient à l’ancien élu Yaakov Mizrahi, avec ses16 enfants dont un sera député également. Tzipi Hotoveli (Likoud) qui vient d’avoir une fille est la 4e élue à accoucher durant son mandat. Michael Blum Juin - Juillet 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°7 • 39