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CULTURE

LA MUSIQUE ISRAÉLIENNE DANS TOUS SES ÉTATS

L'INVITÉ DU MAG' FRÉDÉRIC LEFEBVRE ISRAËL AU COEUR 20

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LeMag.co.il

N°8 AOÛT - SEPTEMBRE 2016

COMPRENDRE LES ROUAGES DE LA SOCIÉTÉ ISRAÉLIENNE

TRANSPARENCE FISCALE

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VOUS N'Y ÉCHAPPEREZ PAS ! PRÈS DE 200 MILLIARDS D'EUROS DÉTOURNÉS DES CAISSES MONDIALES

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ET ISRAËL DANS TOUT ÇA ?

SANTÉ

LA RITALINE DROGUE OU MÉDICAMENT ?

LeMag’ N°8 AOÛT - SEPTEMBRE 2016 20,00

FOCUS SUR HADERA UNE VILLE AUX MILLE PROMESSES

84 PAGES D’ENQUÊTES, D’INVESTIGATION ET DE DÉCRYPTAGE • leMag’ France Métropolitaine 4,85 € - Israël 20 ₪ - Belgique : 5 € - Suisse : 5,25 - Canada 6,86•CAD - Luxembourg : 5 € -N°8 Dom-Tom 7€ Août CHF - Septembre 2016 LEMAG.CO.IL •1


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• Août - Septembre 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°8


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Août - Septembre 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°8 • 3


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• Août - Septembre 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°8


DIRECTEUR DE PUBLICATION Remy Allouche remy@lemag.co.il

DIRECTION ÉDITORIALE Deborah Marciano deborah@lemag.co.il DIRECTRICE ARTISTIQUE Solène Sitbon solene@lemag.co.il GRAPHISTE Ilana Cohen ilana@lemag.co.il

Entrer dans la danse pour mieux pouvoir la mener

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Union européenne dépense chaque année 200 milliards de dollars pour la Défense, elle dispose de plus de 2000 jets, de 500 navires, de 1,4 million de militaires et de plus d’un million de policiers. Mais l’Europe semble impuissante face à la menace islamiste, notait dernièrement Bret Stephens dans le Wall Street Journal. Limpide comme de l’eau de roche, la seule solution pour la France notamment, consiste désormais à « ‘’israéliser’’ notre sécurité  » ; dixit le président du conseil régional de Normandie, Hervé Morin. On croit rêver. Ou voir tout simplement se réaliser la prophétie, selon laquelle Israël sera une lumière pour les nations. Qui aurait un jour cru que les médias se pâmeraient devant notre légendaire résilience, nos systèmes de lutte contre les attentats, notre vigilance et même le fait que les civils armés, peuvent réagir en cas d’attaque ?!? Et que penser de notre situation diplomatique ? Un accord de libre-échange avec la Chine sur le feu, des exportations vers l’Inde en hausse de 30 %, une reprise des relations avec les pays africains et la Turquie, sans oublier les 120 rencontres menées au cours des six derniers mois entre notre Premier ministre et les chefs d’état et de gouvernement de la planète ! Alors isolé Israël ? Pas autant que nos ennemis voudraient bien le laisser à penser… Et c’est justement parce qu’Israël fait indubitablement partie du village global qu’il doit se plier aux exigences internationales, allant parfois même jusqu’à montrer la voie. Accepter les règles de transparence fiscale, lutter contre les évasions d’impôts et se montrer exemplaire au point de devenir membre observateur du prestigieux GAFI (Groupe d'action financière international), ce n’est qu’un exemple de la capacité d’Israël à relever les défis fixés par un monde dans lequel il entend bien ne pas être un suiveur. Caroll Azoulay

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JOURNALISTES Naomie Ariel Karine Sarfati David Jortner Tal Bauman Kathie Kriegel Boaz Birkmaier Dahlia Perez Claire Zilberstein Ambre Bendayan Agnes Lichten Déborah Hosatte Katja Epelbaum Yaël Ancri Michaël Blum

éditorial

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RÉDACTRICE EN CHEF Caroll Azoulay caroll@lemag.co.il

PHOTO EDITOR fotolia - http://fr.fotolia.com/ IMPRESSION Old City Print

DIRECTRICE ADMINISTRATIF ET FINANCIER Deborah Marciano deborah@lemag.co.il

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RESPONSABLE COMPTABLE Sandrine Samama sandrine.compta@gmail.com COMPTABLE Zaira Spencer compta@lemag.co.il

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MANAGER DE LA PUBLICITÉ Jean Wertenschlag sales@lemag.co.il RELATION PRESSE Caroll Azoulay caroll@lemag.co.il

FONDATEUR Remy Allouche Éditions GOALI PRESSE LTD 514 388 016 : ‫ח’’פ‬ ‫ ירושלים‬- 13 ‫כנפי נשרים‬ Tél. : 02 654 01 78 / Fax : 1532 654 01 78

Vous souhaitez nous communiquer une information non commerciale liée à la vie de votre ville, de votre association ou de votre communauté ? Un seul Email : courrier@lemag.co.il

LeMag' décline toute responsabilité du contenu publicitaire. Les manuscrits et photographies non sollicités ne seront pas restitués.

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SOMMAIRE 5 ÉDITO 8 ZAPPING

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© Kobi Gideon (GPO)

AOÛT - SEPTEMBRE 2016 LeMag’ N° 8

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À LA UNE

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RENCONTRE AVEC…

© Ran Mendelson

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Le film ‘Emek’, réalisé par Sophie Artus, a été présenté et récompensé dans différents festivals à travers le monde. Impuissante à lutter contre la violence dans sa propre classe, l’ancienne prof a préféré la dénoncer à travers le 7e art.

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La Ritaline, qualifiée de "coke des enfants" outre Atlantique, est largement décriée par certains parents et spécialistes de la santé, mais elle peut être également une source de mieux-être dans certains cas. Comment savoir ?

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Après la Chine et l’Inde, Israël poursuit sa conquête des grands espaces en Afrique

Sophie Artus. Cette ancienne ensei- gnante a préféré passer derrière la caméra. Elle nous explique pourquoi

18 ENTREPRENDRE

Le monde des startups utilise un jargon bien précis. LeMag’ vous initie à ce drôle de langage

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SANTÉ

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VIVRE AUTREMENT

Ça bouge du coté des séniors ! Israël fait face à la crise du vieillissement

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PORTRAIT

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La tournée africaine effectuée début juillet par le Premier ministre israélien avait notamment comme objectif celui de redonner à Israël sa position d’État observateur de l’Union africaine dont il avait été évincé en 2002.

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Ritaline. Pour ou contre ? Drogue ou médicament ? LeMag’ a décidé de com- prendre, une fois pour toutes

Il aurait dû être terroriste mais il a préféré devenir espion du Shin Beth. Découvrez l’incroyable parcours du Prince vert

36 DOSSIER La transparence fiscale est une

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donnée qui marquera les annales éco- nomiques et financières du 21e siècle. Pourquoi ? Comment ? LeMag’ fait le point


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C'EST DANS L'AIR

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L'INVITÉ DU MAG

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TRIBUNE LIBRE

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Myriam Shermer, porte-parole du groupe francophone du Likoud appelle les Franco-Israéliens à prendre leur destin en main

L’AN PROCHAIN À JÉRUSALEM

LeMag’ s’est glissé dans un groupe de parole pas comme les autres. Celui d’enfants cachés pendant la Shoah

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C'EST L'HISTOIRE DE...

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La presse israélienne. Une plongée passionnante dans l’histoire des médias qui ont façonné notre pays

74 IMMOBILIER C’est un fait, Jérusalem est la capitale

d’Israël, ET du sionisme immobilier…

CULTURE

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À la plage ou au café, tout le monde parle des fameuses réformes imposées par la Transparence fiscale. Et si on si on prenait le temps de comprendre de quoi il est vraiment question ?

LeMag’ a zoomé sur Hadera pour vous

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© Nir Kafri for The Jewish Agency for Israel

Frédéric Lefebvre n’est pas un homme politique comme les autres. Découvrez pourquoi

Elle est débordante de vie, créative et bourrée de talent. Branchez-vous musique israélienne

BON GOÛT

LeMag’ vous a concocté le menu idéal

© Oren Kessler / The Israel Project

La prochaine rentrée scolaire verra affluer des milliers de jeunes olim de France. LeMag’ s’est intéressé aux struc- tures d’études qui leur sont dédiées

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Retrouvez LeMag’ sur www.lemag.co.il et sur facebook/lemag.co.il

Le 20 juillet dernier, 200 olim français arrivaient en Israël à bord d’un avion spécialement affrété par l’Agence Juive. Parmi eux, on comptait une moitié de jeunes et d’enfants prêt à entamer leur vie d’écoliers et d’étudiants en Terre Sainte.

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Maariv, Yediot A’haronot, Haaretz, Israël Hayom, Jerusalem Post… La presse israélienne fascine, car c’est quotidiennement, avec ces journaux, que l’histoire du pays s’est écrite.

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© M.S.A

© Photo Libre De Droits

ZAPPING LEMAG’

ELIE WIESEL,

UN PHARE DANS LA NUIT

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UN PEUPLE FORT

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2 juillet 2016. Elie Wiesel s’est éteint à l’âge de 87 ans. Si l’homme nous a quittés, son enseignement continuera à éclairer le Peuple juif et les Nations du Monde. Témoin de l’horreur, son combat laissera une trace indélébile dans les mémoires. « C'est avec un profond sentiment d'humilité que j'accepte l'honneur que vous avez choisi de m'accorder. Je le sais : votre choix me transcende. Il me fait peur autant qu'il me plait. Il me fait peur, parce que je me demande : Ais-je le droit de représenter les multitudes qui ont péri ?… Il me plaît, parce que je peux dire : cet honneur appartient à tous les survivants et à leurs enfants, et à travers nous, au Peuple juif, avec lequel le destin m'a toujours identifié ». (Discours de réception du Prix Nobel de la Paix en 1986).

Israël a vécu des moments dramatiques avec les attentats de Hallel Yaffa Ariel (13 ans), poignardée sauvagement dans son lit et Michael Mark, père de dix enfants, assassiné sur la route 60 près de Hébron. Au-delà de la douleur, la force morale et la dignité de ceux qui restent nous montrent à quel point le Peuple d’Israël plie mais ne rompt jamais. Propos choisis : « Regarde-nous ici-bas, nous sommes tellement brisés, mais pourtant encore si forts grâce à ce que tu nous as appris. Papa, tu peux être fier… Nous allons continuer ton travail grâce à la foi incroyable et la force que tu nous as données ». Les enfants de Michael Mark.

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© Gage Skidmore

WONDER WOMAN FÉMINISTE ET PRO-ISRAÉLIENNE !

Gal Gadot (Wonder Woman, dans le film « Batman vs Superman: Dawn of Justice») a participé à un clip réalisé pour valoriser les femmes israéliennes qui occupent des fonctions inhabituelles : actrice, pilote de chasse, femme d’affaires, médecin, surfeuse etc… Un bel hommage aux femmes de ce pays qui ne leur refuse l’accès à aucun poste !

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BREXIT ET LE JOLI MOIS DE MAY ! Les Britanniques ont décidé de sortir de l’Europe, ce qui a provoqué un cataclysme politique dans la fière Albion. David Cameron a jeté l’éponge et c’est Theresa May qui occupera dorénavant le ‘10 Downing Street’. Certains la comparent déjà à Margaret Thatcher. Pour Israël, la nomination de May est accueillie avec le sourire, cette dernière n’ayant jamais caché ses convictions pro-israéliennes. Autre soutien de l’État Hébreu, Boris Johnson, l’homme par qui le Brexit est arrivé, est nommé aux Affaires étrangères. Charismatique à souhait, le nouveau ministre devrait réserver de belles surprises dans les relations internationales de la Grande Bretagne.


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© NMaze

ZAPPING LEMAG’

LE DRAME

Après de longs mois d’âpres négociations, Israël et la Turquie se sont enfin réconciliés. Oubliées les discordes suite à l’affaire du Mavi Marmara ou au blocus de la Bande de Gaza. Erdogan a fait primer les ‘intérêts supérieurs’ (comprendre l’approvisionnement du pays en gaz). Pris à la gorge par Poutine, ce dernier s’est tourné vers l’État hébreu pour assurer sa consommation en gaz. Une aubaine pour Netanyahou qui voit là une porte ouverte vers l’Europe. Une réconciliation par intérêts qui n’est pas du goût de tout le monde, Daesh en tête. Le lendemain de la signature de l’accord, l’État Islamique attaquait l'aéroport international Atatürk d'Istanbul (44 morts, dont 19 étrangers, et 260 blessés) et mi-juillet, Erdogan étouffait dans l’œuf un putsch organisé par son état-major. Ça sent le gaz…

© Photo Libre De Droits

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La talentueuse actrice, Johanne Toledano, qui devait monter sur scène le 31 juillet dernier, dans son one-woman show intitulé ‘l’Ego mon jeu préféré’ a dû annuler son spectacle suite à la mort tragique de ses parents (zal), assassinés par leur jardinier à Casablanca au Maroc.

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© Photo Libre De Droits

TURQUIE/ DAESH : ÇA SENT LE GAZ !

RÉCHAUFFEMENT DIPLOMATIQUE

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© Haim Zach (GPO)

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NICE / BHL

Suite à l’attentat terroriste qui a fait 84 morts à Nice le 14 juillet, Bernard-Henri Lévy, qui était en Israël pour la projection de son film ‘Peshmergas’, le 21 juillet, a fustigé la frilosité des institutions françaises à nommer les choses. « Psychopathe ou terroriste ? Comme s’il fallait choisir. Comme si les terroristes n’étaient pas tous, toujours, des psychopathes. Comme si les services nazis des années 20 et 30, les piquets des Sections d’assaut hitlériennes donnant la chasse à leurs ennemis, comme si les brutes SS préposées à l’éducation idéologique des masses allemandes avaient jamais été autre chose que des brutes psychopathes plus ou moins galonnées ». Le 26 juillet, la France vivait un nouvel attentat, cette fois deux terroristes ont égorgé un prêtre et grièvement blessé une personne, lors d’une prise d’otages dans une église à Saint-Etiennedu-Rouvray dans le nord-ouest de la France. Ces crimes ont été revendiqués par Daesh.

Dix ans que cela n’était pas arrivé : le ministre égyptien des Affaires étrangères a rencontré, début juillet, à Jérusalem, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. Les deux hommes ont parlé du processus de paix et de la détérioration de la situation sécuritaire dans la région. Netanyahou a appelé les Palestiniens à suivre l’exemple des Égyptiens et des Jordaniens et à revenir dès maintenant à la table des négociations. En coulisse, certains s’accordent à dire que l’Égypte est venue demander l’aide d’Israël pour éradiquer les cellules de l’État Islamique basées dans le nord du Sinaï égyptien, près de la bande de Gaza… Quelques jours après la rencontre, les drones israéliens bombardaient la zone occupée par Daesh. Pur hasard, non ?


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À LA UNE LEMAG’

ISRAËL

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À LA CONQUÊTE DU CONTINENT AFRICAIN B. Netanyahou et son homologue éthiopien H. Desalegn

Alors que l’Afrique est courtisée par le monde arabe, et plus particulièrement par la Turquie et l’Iran, l’État hébreu tente d’affirmer sa présence dans une région aux potentiels économiques et diplomatiques importants. Début juillet, le Premier ministre Benyamin Netanyahou a effectué une tournée de quatre jours en Afrique subsaharienne, n’hésitant pas à proclamer haut et fort : « Israël est de retour ! ».

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UNE VISITE HISTORIQUE D’UN PREMIER MINISTRE ISRAÉLIEN EN AFRIQUE

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Quelques jours à peine après un regain de violence du terrorisme palestinien en Israël, qui a fait deux morts et plusieurs blessés, le Premier ministre israélien s’est envolé pour l’Afrique noire. Cette visite en Ouganda, au Kenya, au Rwanda et en Éthiopie était justement placée sous le signe de la lutte antiterroriste dont le chef du gouvernement israélien s’est fait le fer de lance. Elle a du reste débuté symboliquement par une cérémonie de commémoration de l’opération Jonathan, menée par un commando israélien, le 4 juillet 1976, à l’aéroport d’Entebbe,

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à quelques kilomètres au sud de la capitale ougandaise Kampala. Qualifiée par M. Netanyahou de « mission de sauvetage la plus audacieuse de tous les temps », l’opération Entebbe avait permis de libérer la centaine de passagers et de membres de l’équipage du vol Air France détourné par des pirates de l’air pro-palestiniens. Le frère du Premier ministre, Yoni Netanyahou, chef du commando, y avait trouvé la mort.

LE SAVOIR-FAIRE ISRAÉLIEN AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE

Fort de son expérience dans la lutte contre le terrorisme qui le touche depuis sa création, l’État hébreu se pro-

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pose notamment de mettre son savoir-faire au profit des pays africains, eux-mêmes largement concernés par ce phénomène aujourd’hui mondial. M. Netanyahou a ainsi souligné à Nairobi, lors d’une conférence de presse commune avec le Président kényan Uhuru Kenyatta, l’importance de s’unir contre la « nouvelle forme de terrorisme qui menace tous [les] pays » de la région. Et d’assurer : « Je sais que coopérer nous aidera à défaire encore plus vite le fléau du terrorisme ». Au-delà de l’enjeu stratégique que représente l’Afrique pour Israël, en sa qualité de seconde ceinture derrière celle des pays arabes voisins de l’État hébreu, cette région du continent noir


les relations économiques et la coopération avec l’Afrique ». TROUVER UN NOUVEAU SOUTIEN SUR LE CONTINENT NOIR

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Sur le plan diplomatique, Israël cherche à pallier sa solitude géopolitique au Proche-Orient, en s’attirant le soutien de l’Afrique, qui représente 54 états, soit un nombre de voix non négligeable dans des institutions internationales comme l’ONU. Dès le premier jour de la visite, l’Ouganda a accueilli un sommet régional réunissant le Premier ministre israélien et sept dirigeants africains. Au cours de ce sommet, les chefs d’État et de gouvernement d’Ouganda, du Rwanda, du Kenya, d’Éthiopie, du Soudan du Sud et de Zambie, ainsi que le chef de la diplomatie tanzanienne ont affirmé « l’importance des relations amicales entre leurs pays respectifs et Israël ». Ils ont par ailleurs souligné leur désir « d’ouvrir de nouvelles voies de coopération, s’appuyant sur le renforcement des capacités humaines et l’utilisation de technologies innovantes, notamment l’énergie renouvelable et le déve-

loppement durable ». Les dirigeants africains ont par ailleurs affirmé qu’ils œuvreraient à redonner à Israël un statut d’État observateur auprès de l’Union africaine, engagement chaleureusement salué par M. Netanyahou. Cette réconciliation avec l’Afrique subsaharienne s’est conclue par un discours du Premier ministre israélien devant le Parlement éthiopien, où il a martelé : « Israël revient en Afrique avec beaucoup d’ambition ! ». Yaël Ancri

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B. Netanyahou et le président Kenyan Uhuru Kenyatta

1 MILLIARD DE DOLLARS

Total des exportations pour l’Afrique vers Israël

269 MILLIONS

DE DOLLARS Total des importations pour l’Afrique vers Israël

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163 MILLIONS

DE DOLLARS

Total des contrats d’exportation de matériel militaire en Afrique (ANNÉE 2015)

© Kobi Gideon (GPO)

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© Kobi Gideon (GPO)

présente un intérêt dans un double registre : économique et diplomatique. Israël le comprend dès l’accession à l’indépendance des états non arabes d’Afrique. Dans les années 1958-1960, l’État hébreu noue rapidement des relations avec les pays d’Afrique subsaharienne. Mais, elles se détériorent après la guerre des Six Jours en 1967 et celle de Kippour en octobre 1973, alors que le continent africain est largement dépendant du monde arabe en matière d’approvisionnement pétrolier. La plupart des pays d’Afrique noire rompent alors leurs relations diplomatiques avec Israël. Si la glace commence à fondre au milieu des années 1980, et surtout des années 1990, lorsque des liens diplomatiques ont repris officiellement avec certains pays, le volume des échanges économiques entre Israël et l’Afrique ne représente aujourd’hui que 2 % du commerce extérieur de l’État juif. Après plusieurs décennies de présence discrète en Afrique, Jérusalem cherche à prendre une place plus concrète dans une région en pleine expansion. « L’Afrique est un continent qui monte. Israël souhaite renforcer ses relations avec tous les pays qui la composent. Plusieurs dirigeants africains se sont rendus en Israël et je suis fier d’être le premier chef du gouvernement israélien depuis plus de 20 ans à effectuer une visite en Afrique subsaharienne. Après plusieurs décennies, je peux affirmer sans équivoque : Israël revient en Afrique et l’Afrique revient en Israël », a déclaré M. Netanyahou lors de la première étape de sa tournée africaine en Ouganda. Le chef du gouvernement israélien a répété ce leitmotiv dans les quatre pays qu’il a visités avec une délégation de 80 chefs d’entreprise israéliens. Plusieurs contrats et accords économiques ont ainsi été conclus au cours de cette tournée et le Premier ministre a appelé les entreprises israéliennes à investir en Afrique avec l’aide du gouvernement. Une enveloppe de 50 millions de shekels (environ 11,7 millions d’euros) a par ailleurs été approuvée par le gouvernement avant cette tournée dans le but de « renforcer

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© Ran Mendelson

RENCONTRE AVEC... LEMAG’

SOPHIE ARTUS

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DE L'ENSEIGNEMENT AU MONDE DU CINÉMA : LE PARCOURS ATYPIQUE D'UNE RÉALISATRICE ENGAGÉE

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es années de professorat et d'observation de la jeunesse israélienne ont amené Sophie Artus à envisager une reconversion audacieuse. Dans le 7ème Art ! Son premier film est inspiré en grande partie de son expérience douloureuse dans l'enseignement. Emek narre ainsi le parcours chaotique de trois jeunes adolescents pris dans l'engrenage d'une violence qui gangrène leur quotidien. Dans la rue, à l'école, avec leur propre famille : ce sont les rapports de force qui prédominent, tout le temps. Un premier long-métrage qui n’est pas passé inaperçu avec une jolie moisson de prix récoltés dans les festivals internationaux. Retour sur le parcours singulier de cette réalisatrice, passée de l'ambiance délétère d'un collège difficile où elle enseignait la biologie aux plateaux de cinéma. Vous êtes arrivée en Israël il y a une vingtaine d'années. Quels

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étaient vos projets et ambitions à l'époque ? Dans quel état d'esprit étiez-vous ? Sophie Artus : Je suis arrivée en Israël en 1999. J'étais une petite jeune, étudiante et célibataire, avec un état d'esprit très enthousiaste ! J'ai fait une alyah assez spontanée et je me suis inscrite à l'Université Hébraïque de Jérusalem où j'ai entrepris des études pour obtenir une téoudat oraa (diplôme d'enseignement). Puis j'ai commencé un doctorat en neurobiologie.

Vous enseignez ensuite la biologie au collège. Vous vous retrouvez alors face à une jeunesse israélienne difficile à affronter au quotidien, avec de nombreux problèmes de violence. Avec le recul, d'où venait la faille selon vous ? Du système éducatif ou d’une certaine démission des parents ? S.A : Je veux d’abord préciser que les difficultés que j’ai éprouvées étaient notamment liées à mon parcours. Arrivée

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en Israël, je sortais de l'Université qui était un monde assez protégé. Quand j'ai obtenu mon diplôme et que j'ai voulu travailler, le premier poste que l'on m'a donné était dans une école difficile et je ne le savais pas. J’ai été choquée par l'attitude et l'agressivité des élèves. J'avais mes propres difficultés, qui étaient celles d'une ola ‘hadacha. Mon hébreu était ce qu'il était et je me suis retrouvée dans des classes très difficiles. Je ne savais pas comment m'en sortir. Je ne comprenais pas. Je ne savais pas comment gérer ça et je n'y arrivais pas. Il y avait beaucoup de violence verbale, et aussi physique, des bagarres, bref, c'était une épreuve. Petit à petit, j'ai compris d'où venait cette violence. Pour certains élèves, il s'agissait d'une violence présente à la maison et qui ressortait à l'école. Pour d’autres, elle était indirectement générée par le système scolaire israélien qui ‘met les enfants dehors’ à partir de 13h30. Pour les enfants dont les parents ont la possibilité de payer des activités extra-sco-


laires, tout va bien. Mais les autres se retrouvent livrés à eux-mêmes et vivent beaucoup dans la rue.

© Ran Mendelson © Ran Mendelson

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Quel est le tournant décisif qui vous fait aller vers le cinéma ? S.A : Je ne l’ai pas cherché consciemment mais je sentais que je ne pouvais pas continuer dans l'enseignement. Pas dans ces conditions-là. C'est sans parler du salaire, très bas pour un professeur débutant…. En France, je faisais du théâtre. Mais arrivée en Israël, la barrière de la langue a freiné ma passion. Un peu par hasard j'ai trouvé un cours à Na’hlaot qui apprenait aux gens à filmer, à faire de petits reportages, et j'ai

© Ran Mendelson

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Quels étaient les défis auxquels vous étiez confrontée au quotidien ? Est-ce qu'il s'agissait de suivre coûte que coûte votre programme ou d'essayer d'abord de comprendre les difficultés de vos élèves en adaptant votre enseignement à la réalité ? S.A : Ça n'était pas possible de suivre le programme. Et puis, aussi, les directives étaient claires : sur quarante-cinq minutes de cours, si j'arrivais à enseigner dix minutes, c'était déjà pas mal ! On n'attendait pas de moi que je fasse le programme, mais que je tienne les élèves. Il fallait tenir chaque heure ! Donc forcément, c'était adapté à la réalité. Et puis, il s'agissait de classes nombreuses, trente à trente-cinq élèves. S'occuper de chaque cas prenait du temps. Il y avait, à ce moment-là, un manque de moyens et de possibilités pour gérer des situations pareilles, surtout pour une prof qui débutait. Je n'étais pas la seule d'ailleurs dans ce cas. Et je ne me suis pas sentie soutenue par le directeur de l'école. J'avais certes mes propres difficultés, mais le problème était global.

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SUR QUARANTE-CINQ MINUTES DE COURS, SI J'ARRIVAIS À ENSEIGNER DIX MINUTES, C'ÉTAIT DÉJÀ PAS MAL ! "

intégré ce groupe. J'ai fait un premier court-métrage sur les colocataires avec qui je vivais à l'époque, qui a connu un certain succès et qui a été apprécié. Il est passé sur une chaîne de télévision. Je me suis sentie bien. J'aimais ça et j'ai décidé de changer de métier et de passer au cinéma. Je suis partie à TelAviv pour étudier dans ce domaine et j'ai continué à enseigner pour gagner ma vie. Mon objectif était vraiment de passer au cinéma, et c'est ce que j'ai fait.

MON CAS ÉTAIT ATYPIQUE : J’ÉTAIS UNE PROF DE BIOLOGIE QUI VOULAIT FAIRE DU CINÉMA ! "

De votre passage à l'Université de Tel-Aviv pour étudier le cinéma, quels souvenirs gardez-vous ? Dans quelle mesure cela a-t-il été formateur pour la suite ? S.A : Tout d’abord, cela m'a apporté une crédibilité. Parce que mon cas était atypique : j'étais une prof de biologie qui voulait faire du cinéma ! Après ces études, je n'avais plus besoin de justifier tout ce que j'avais fait auparavant, qui j'étais, d'où je venais, etc… Comment monte-t-on un premier film en Israël ? Et sur ce type de projet, de sujet, avez-vous rencontré en pré-production des réticences, des frilosités ? S.A : Bien sûr que j'en ai rencontrées mais je pense que c'est propre à tous les cinéastes. C'est difficile justement parce que les moyens sont limités. En tant qu'étudiante, j'ai pu réaliser des court-métrages. Puis, quand j'ai écrit le scénario d'Emek, j'ai d'abord reçu une aide du Keren HaKolnoa (fonds de soutien au cinéma), et ensuite j'ai

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RENCONTRE AVEC... LEMAG’

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Dans votre film, il y a ce thème récurrent que vous creusez d'une adolescence en souffrance, avec des personnages sur le fil du rasoir, écorchés vifs. Comment avezvous travaillé sur le plateau pour mettre les jeunes acteurs interprétant Josh, Linoy et David en condition ? S.A : Bien avant le tournage, je me suis portée volontaire pour aller enseigner

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dans l'école où j'ai filmé Emek. J'y ai donné un cours sur le jeu d'acteur et cela m'a permis de m'imprégner d'une ambiance, même si mes élèves ne ressemblaient en rien à mes personnages. J'ai pu tester mon scénario, voir si ça parlait aux jeunes. Le vrai travail se fait au moment du choix de l'acteur, pendant les auditions. C'est important, car il faut savoir choisir les bons interprètes. Il y avait beaucoup d'acteurs excellents mais je cherchais des profils particuliers. J'ai emmené ensuite mes comédiens avec moi à Migdal HaEmek. On a vu l'école. Je voulais qu'ils ressentent

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Y-a-t-il des films références qui vous ont inspirée pour ‘Emek’ ? Qui ont provoqué votre désir de cinéma ? S.A : Il y en a beaucoup. Pendant l'écriture, je pensais au film ‘Elephant’, une œuvre assez connue qui a obtenu la Palme d'Or au Festival de Cannes en 2003 (sur un massacre commis dans un collège américain par un adolescent, ndlr). Ça n'a rien à voir avec mon film mais il y a cette même tension, on sait que quelque chose de dramatique va arriver. C'est aussi une histoire qui se passe dans une école, où des jeunes arrivent à s'introduire avec des armes. Par exemple, ‘La Haine’, de Mathieu Kassovitz, est aussi un film qui m'a inspirée. Le sujet est proche. Et là aussi, comme dans Emek, l'action se déroule en périphérie.

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trouvé un producteur qui a aimé le projet et qui m'a prise un peu sous son aile. Pour monter un film en Israël, on est obligé d'obtenir le soutien d'une fondation du cinéma. Il y en a plusieurs. Le processus est assez long, mais si le projet est retenu, on peut être financé à hauteur de 50 % du budget du film. Il faut alors chercher d'autres sources de financement, auprès des télés, par exemple. Il faut trouver la patience et le courage, mais pour moi cela s'est passé relativement bien. Concernant le sujet du film, je n'ai pas rencontré de réticences. Au contraire, les décideurs qui accordaient le financement ont compris qu'il y avait là un angle important.

le rythme et l'ambiance de l'endroit, de cette ville. On a fait ensuite beaucoup de répétitions et d'improvisations. Même si elles n'ont pas été gardées dans les prises, cela les a beaucoup aidés. Ce sont des acteurs doués, très impliqués, qui croyaient à l'histoire, aux personnages. C'était, pour tous, leur premier film au cinéma et ils voulaient donc donner le maximum d'eux-mêmes. Comment avez-vous appréhendé l'accueil du public et de la critique en Israël ? S.A : Avant même que le film ne sorte,


C'EST SÛR QU'ÊTRE OLA ‘HADACHA EST UNE DIFFICULTÉ EN SOI. PARCE QUE FINALEMENT, ON ARRIVE UN PEU DE NULLE PART "

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Quels sont vos prochains projets ? Y a-t-il des rôles, des thèmes que vous souhaiteriez aborder aujourd'hui en tant que réalisatrice ? S.A : Je suis assez intéressée par le thème du social en Israël. Mon film ‘Emek’ est dans cette veine et le prochain projet sur lequel je travaille en parle aussi, mais pas chez les jeunes. Du point de vue de la narration, ce sera assez différent et le ton sera aussi plus léger.

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il a été d'abord dans beaucoup de festivals à l'étranger. En Israël, il a aussi été sélectionné au Festival de Haïfa où j'ai gagné le Prix du Meilleur Premier Film et le Prix du Meilleur Acteur et d'autres prix ont suivi à l'étranger. Je savais que le film parlait aux gens, les sensibilisait, les faisait réfléchir.

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Que conseilleriez-vous à une personne qui souhaiterait réaliser son premier film ? Qu'est-ce qui vous semble essentiel pour mener un projet à bien en Israël ? S.A : En ce qui me concerne, je veux continuer à faire des films en Israël et à tourner en hébreu. C'est sûr qu'être ola ‘hadacha est une difficulté en soi. Parce que finalement, on arrive un peu de nulle part. Mais je n'ai jamais senti que je n'irais pas au bout du projet à cause de ça. Pas du tout. C'est néanmoins difficile de s'intégrer, et le fait est qu'il y a très peu de cinéastes olim ‘hadachim qui font partie de ce milieu-là. Mon conseil, c’est qu’il faut faire preuve de beaucoup de patience. Le choix du sujet et du film doit être au plus proche du réalisateur. Choisir un sujet, une histoire à laquelle on croit, et qui semble même vitale à faire, et tenir bon. Parce que ça peut prendre quatre, cinq ou six ans pour faire un film ! Il faut pouvoir garder son énergie jusqu'à la fin, quelle que soit l'étape, avec les financiers, les producteurs, les acteurs, au montage… Cette force, il faut la conserver, sinon on ne peut pas arriver jusqu'au bout. Dahlia Perez

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ENTREPRENDRE LEMAG’

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PARLEZ-VOUS « STARTUP » ?

Chaque nouveau métier développe son propre vocabulaire. Le monde des startups ne fait pas exception à cette règle. Si certaines expressions sont facilement compréhensibles (application, business-angel), d’autres sont peu accessibles aux non-initiés. Pour s’y retrouver, leMag’ vous livre quelques-uns des mots-clés de cet univers à cheval sur plusieurs domaines (la finance, les marchés, la recherche, la science, les consommateurs, etc). Par David Jortner

BURN RATE

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ADVISORY BOARD

BFR

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Besoins de fonds de roulement GESTION FOURNISSEURS

STOCKS

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Provisions pour financer le décalage entre les dépenses d’une startup et ses recettes.

FONDS DE ROULEMENT

GESTION CLIENTS

CAISSE

DIVERSIFICATION Un investisseur prudent ne placera pas tous ses œufs dans le même panier. Il répartira ses fonds entre des startups technologiques, énergétiques, pharmaceutiques, ou autres (développement durable, ou applications facilitant la vie quotidienne).

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Vitesse (calculée en mois) à laquelle une startup consomme du cash, avant de générer des revenus.

COMMUNITY MANAGEMENT Activité consistant à créer des liens entre la startup et les « communautés » d’utilisateurs et/ou les partenaires, à être présent sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, etc.), à publier des contenus (blogs, vidéos YouTube, etc.) et à organiser des événements où l’on rencontre les « vrais gens ». Elle permet d’identifier des dysfonctionnements et d’anticiper des crises.

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© Freepik

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Groupe d’experts et de personnalités rassemblés par les fondateurs d’une startup pour se faire conseiller sur la stratégie et la conduite des affaires.


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PAROLES DE STARTUPS

Au moment du lancement : « Convaincu par notre pitch, notre advisory board est prêt à nous trouver un incubateur. En attendant, on va approcher quelques hedge funds. Toute love money sera bienvenue ! ».

Après un an d’activité :

EBITDA

EQUITY GAP

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« Bien qu’on contrôle très strictement notre burn rate, nos besoins en BFR creusent notre equity gap. Notre community manager a de bons retours sur notre MVP. On espère lancer une IPO avant deux ans, histoire de sortir un EBIDTA intéressant ».

Se dit du trou d’air habituel dans le financement des startups entre le démarrage et le développement.

(EARNINGS BEFORE INTEREST TAXES DEPRECIATION AND AMORTIZATION)

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Indicateur développé aux ÉtatsUnis, maladroitement traduit par « excédent brut d’exploitation ». Ce chiffre donne une idée du bénéfice d’une startup avant paiement des parts sociales, des intérêts, des taxes et de l’amortissement.

EXIT

C’est le moment où les investisseurs « sortent » de la startup, soit en retirant le cash qu’ils y ont placé, soit en rachetant l’entreprise, soit en l’introduisant en Bourse.

FUSION INVERSÉE

Plutôt que d’entrer en Bourse sous son appellation d’origine, une startup peut racheter une entreprise publique en grande difficulté et mouler ses opérations dans cette « coquille vide ». Elle prend alors le risque de souffrir de la mauvaise image de marque de l’entreprise-hôte mais hérite de son portefeuille clients.

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ENTREPRENDRE LEMAG’ PARLEZ-VOUS « STARTUP » ?

GAZELLE

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Se dit d’une startup qui passe le seuil critique de 50 employés et qui est en forte croissance.

Fonds d’investissement indépendants de toute cotation boursière qui espèrent, par effet de levier, engranger de fortes plus-values. Placés sur des concepts à risque, ils jouent un rôle important dans le succès de startups au business-plan jugé aléatoire.

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HEDGE FUNDS IPO INCUBATEUR (INITIAL PUBLIC OFFERING) Introduction en bourse. Permet à la startup de lever des capitaux sur le marché financier pour se développer.

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Lieu d’hébergement d’une startup (qui peut être : un laboratoire de recherche, une grande école, un centre d’affaires, une zone industrielle, etc.).

KICKING

( de l’expression “kicking the tyres“. Littéralement « taper dans les pneus », en argot américain ) :

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Faire une recherche approfondie sur les points faibles d’une startup pour décider – ou non – d’y investir.

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LICORNES (UNICORNS) Startups, souvent américaines, qui ont réussi à lever plus d’un milliard de dollars auprès d’investisseurs. Elles sont de plus en plus rares depuis 2013.

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LeMag’+ info

La startup (ou jeune pousse) est une jeune entreprise innovante à fort potentiel de croissance qui fait souvent l'objet de levées de fonds. Le mot startup est un mot anglais d’origine américaine, ellipse de startup company. Il est composé de start (commencer, en anglais) et d’up, notion de hauteur, d'élévation. Il s'agit donc littéralement d'une « société qui démarre ». Ce terme est devenu populaire à la fin des années 1990 pendant la prolifération des dot-com (« point com » en français) où beaucoup de spéculations du marché boursier entouraient les petites startups liées aux technologies de l’information cherchant une entrée rapide en Bourse et promettant de fabuleux profits potentiels. Beaucoup de ces startups ont démarré comme spin-offs (filiales) de groupes de recherche universitaires. Le pic de l'engouement pour les startups, qui bénéficie aussi aux petites sociétés de biotechnologies et aux sociétés minières junior, a lieu entre 1997 et 2001. En 2009, Saul Singer et Dan Senor choisissent d’intituler un ouvrage consacré au dynamisme de l'écosystème entrepreneurial israélien, « Israël, la start-up Nation ». Le terme est entré dans le vocabulaire courant. David Jortner


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LA RITALINE

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DROGUE OU MÉDICAMENT ?

De plus en plus d’enfants israéliens sont sous traitement de Ritaline. Or la forte parenté chimique du méthylphénidate, actif dans la Ritaline avec les amphétamines, est à l’origine d’une inquiétude sur cette molécule. S’agit-il d’une drogue ou d’un médicament ? La réponse à cette question n’est pas simple.

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SANTÉ LEMAG’

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GÉNÉRATION RITALINE

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En Israël, selon une récente étude menée par le Dr. Michael Davidovich, membre de la Faculté de médecine de Bar Ilan et à la tête du Département pour le développement de l’enfant à la Maccabi, la caisse de sécurité sociale la plus importante, un enfant sur sept est aujourd’hui diagnostiqué comme ayant un TDA-H (Trouble du Déficit de l’Attention Hyperactif ou Hypo actif). L’étude qui a porté sur 500 000 enfants de 5 à 18 ans sur une période de dix ans a révélé que le nombre d’enfants affectés est deux fois plus élevé en Israël que la moyenne mondiale et a plus que doublé ces dix dernières années. Même si l'on connaît les effets secondaires à court terme du méthylphénidate, (perte de l’appétit, troubles du sommeil, céphalées, dépression), ses effets à long terme soulèvent beaucoup d'inquiétudes chez les parents des enfants ayant un TDA-H. À cela, s’ajoute un potentiel d'abus des stimulants bien connu et l’existence d’un vrai marché noir de la Ritaline chez les étudiants israéliens. Il est donc naturel de s'interroger sur le risque de dépendance physique ou psychologique que la prise de cette substance peut entraîner chez l'enfant ou le jeune exposé à sa consommation.

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ADDICTION OU ACCOUTUMANCE ? Les neurologues et psychiatres favorables à la Ritaline prescrite à bon escient, interrogés par leMag’, estiment que dans l’ensemble, avec le recul, il est possible d’affirmer que l’utilisation du méthylphénidate bien dosé et prescrit à bon escient expose à peu de risques sérieux. Dans la grande majorité de ses usages, ce produit ne peut pas être assimilé à

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une drogue dans la mesure où la dépendance est quasi inexistante, de même que l’accoutumance. Ils en veulent pour preuve qu’il n’est pas difficile de sevrer les enfants de ce médicament, s’il y a lieu, mais que bien au contraire, il faut toujours que parents et enseignants soient derrière eux pour vérifier qu’ils n’ont pas oublié de le prendre. En Israël, beaucoup suggèrent d’ailleurs d’arrêter le traitement le shabbat et pendant les vacances. D’autre part, il faut souligner que les enfants avec un TDA-H ont tendance à être facilement la proie de diverses formes d’addictions en général, mais rien ne

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prouve que la prise de Ritaline va augmenter ce risque, il s’agirait plutôt du contraire. Pour autant, même si la pharmacothérapie est le traitement du TDA-H dont les effets sont les plus rapides, il ne s’agit pas d’un traitement médicamenteux anodin. « Nous sommes conscient que la Ritaline est une substance chimique comme beaucoup de médicaments, mais nous n’avons pas les moyens financiers, ni le temps, d’envisager une thérapie cognitive pour l’instant. L’avantage de la Ritaline, c’est son efficacité quasi immédiate », précise Mickaël, dont le fils est sous Ritaline depuis quelques mois. « Notre fils a été diagnostiqué TDA-H hyperactif et la Ritaline a permis de mieux canaliser son énergie débordante. Il progresse mieux à l’école et il est aussi plus épanoui. Quant à nous les parents,


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Le trouble TDA-H est souvent confondu avec l’hyperactivité. En effet, nombreux sont ceux qui croient que sans manifestation d’hyperactivité motrice, il n’y a pas de TDA-H. Ceci est faux et serait, selon certains experts, la raison pour laquelle moins de femmes atteintes du TDA-H sont diagnostiquées. Chez la femme, le TDAH a plutôt tendance à se manifester par de l’inattention ou une tendance à « être dans la lune » et moins par de l’hyperactivité motrice. De plus, l’hyperactivité motrice diminue souvent avec l’âge pour être remplacée par une agitation interne, moins visible, ou une hyperactivité cognitive. K.K

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ce n’était tout simplement plus gérable au quotidien, nous étions épuisés, usés ».

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LE TDA-H EST-IL UNE MALADIE QU’IL FAUT SOIGNER AVEC UN MÉDICAMENT ? D’autres psychiatres soutiennent que le TDA-H n'est pas une maladie, mais un caractère particulier qui fait mauvais ménage avec la scolarité, les règles, l'immobilité et les contraintes. Ils sont de l’avis que ce désordre exige un traitement psychologique, et que le suivi médicamenteux est inutile. La commission ministérielle contre la violence en Israël qui coordonne la question du TDA-H au ministère de la Santé, interrogée par leMag’, affirme cependant qu’il s’agit avant

tout d’une maladie neurologique. « Les enfants qui ne sont pas traités sont les premiers à en souffrir, en particulier dans le domaine social », nous explique-t-on, avec des études scientifiques à l’appui. « Les recherches démontrent ainsi que les enfants ayant un TDA-H présentent un risque augmenté de toxicomanie, d’alcoolisme, de personnalité antisociale, de troubles de somatisation et de délinquance, susceptibles d’entraîner un comportement antisocial et violent, ou des symptômes d’anxiété et de dépression pouvant se manifester chez 25% des enfants atteints au cours de leurs années d’études et de rendre difficile leur intégration au sein de l’armée et dans la société en général. Par conséquent, il ne faut pas prendre ce trouble à la légère et un traitement précoce est conseillé, traitement qui diminue le

risque de problèmes à l'adolescence ou à l' âge adulte ». Encore faut-il pouvoir diagnostiquer un TDA-H avec justesse et avoir recourt à la solution médicamenteuse à bon escient. LE SPECTRE DU DIAGNOSTIC ERRONÉ Le diagnostic est un sujet épineux. Il n’existe pas de moyen infaillible de détecter ce syndrome, ni de marqueurs physiologiques fiables. Des chercheurs de l’Université de TelAviv et de Haïfa ont annoncé récemment avoir mis au point des tests impliquant des mouvements oculaires involontaires, mais ils en sont encore au stade expérimental. Dans les écoles, il n’y a pas de protocole mis en place. Les tests informatiques sont seulement un outil qui peut

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SANTÉ LEMAG’

L’EFFET « PLACEBO » DE LA RITALINE Bien que l'on connaisse les effets à court terme de ce médicament sur le comportement, ses effets à long terme sur l'apprentissage et la réussite sont moins bien définis. De nombreux chercheurs pointent qu’il n'y a pas de preuve indiscutable que le méthylphénidate, l'ingrédient actif dans la Ritaline, améliore réellement la mémoire ou augmente les compétences cognitives dans tous les cas. Elle n’aurait même aucun effet sur environ 15% de ceux qui sont diagnostiqués avec le TDA-H. La Ritaline provoque une euphorie intense et son influence résiderait beaucoup dans le sens de l'éveil qui est induit, renforçant les sentiments de vigilance et de concentration. Le Prof. Avinoam Reches, neurologue et président du comité d’éthique de l’Association médicale d’Israël, estime que « l’efficacité de la Ritaline lorsqu’elle n’est pas médicalement justifiée, est aussi renforcée par un effet placebo. Son influence intervient alors notablement au niveau psychologique, mais pas nécessairement au niveau neurologique, dans la mesure où la seule pensée de la prise de ce médicament améliore la concentration du consommateur, convaincu de gagner en concentration s’il est sous Ritaline ». Il y aurait dont bien un risque de dépendance selon lui, mais davantage psychologique. Dans ce cas, la Ritaline est alors utilisée comme un dopant, par ceux qui ne sont pas affectés par le TDA-H.

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Mon fils m’a dit que la maitresse commence son cours en demandant « qui n’a pas pris sa Ritaline ? » et dans sa classe, sur 30 élèves, ils sont plus d’une vingtaine à en prendre », confie Myriam au Mag’.

les médecins, pédiatres et généralistes, neurologues et psychiatres ainsi que le corps enseignant. Très peu d’enseignants israéliens sont formés pour reconnaître le TDA-H et souvent le processus de diagnostique est défectueux. Les hyperactifs sont « repérés », parfois même à tort, alors que les hypo actifs qui devraient l’être, le sont plus difficilement.

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donner une indication supplémentaire, mais ils ne sont pas considérés comme absolument nécessaires au diagnostic. Les parents interrogés confient avoir souvent le sentiment que le corps enseignant en sous-effectif qui doit gérer des classes en surnombre, semble encourager le recours à la Ritaline pour cadrer ces enfants turbulents, fréquemment surnommés les « shovavim » (perturbateurs).

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Un diagnostic systématique et rigoureux s’impose donc, ce médicament ne devant être prescrit que par un expert. Yael Leitner, neurologue en pédiatrie à la tête du Centre de développement des enfants atteints du syndrome du TDA-H au Centre médical Sourasky de Tel-Aviv, comme de nombreux spécialistes en Israël, explique que le diagnostic demande une évaluation complexe qui nécessite un ou plusieurs avis médicaux fiables et une pléthore de détails sur le comportement et les performances de l'enfant dans les différents domaines de sa vie. Or de nombreux experts dénoncent un manque de coordination entre le corps enseignant et les médecins, comme étant la cause de nombreuses erreurs de diagnostic. Au ministère de la Santé, les professionnels estiment que pour l’heure, la meilleure façon d’éviter les ‘sur-diagnostiques’ et l’utilisation excessive du médicament, est de mieux former

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LE DOPAGE À LA RITALINE Les organismes de santé publique ne communiquent pas d’informations précises sur la géolocalisation des consommateurs de Ritaline, ni sur leur niveau social, mais on reconnaît sous couvert d’anonymat que la prise de ce médicament est plus importante chez les personnes d’un milieu social élevé et les habitants du centre du pays. Dans la mesure où la scolarité constitue un filtre social permettant d’accéder aux métiers les mieux rémunérés, certains parents préoccupés par l’avenir de leurs enfants soumis au devoir d’excellence, poussent au traitement médicamenteux. La pression sociale et l’obligation d’excellence pousseraient donc à se ‘doper’ à la Ritaline, faisant miroiter de meilleurs résultats scolaires, de meilleures performances sportives, et des compétences accrues à l’armée. Comble d’ironie, ceux qui n’en prendraient pas se sentiraient parfois désavantagés, voire pénalisés, par rapport à ceux qui en utiliseraient ! Une enquête anonyme menée auprès de 1156 étudiants universitaires à travers le pays a révélé que 75% ont admis avoir recours à la Ritaline pour améliorer leurs résultats scolaires.


LE TDA-H, LE MAL DU SIÈCLE

tumance concerneraient une petite partie des consommateurs, essentiellement adultes, qui peuvent chercher dans ce produit une excitation artificielle. Le Docteur Hadar Yardeni, pédiatre à la tête du Département pour le développement et la réadaptation de l’enfant au ministère de la Santé, explique que l'ingrédient actif dans la Ritaline peut être « sniffé » par voie nasale par des sujets qui ne souffrent pas de TDA-H pour créer un "effet de speed", voire même injecté par intraveineuse. Ces

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14% ont obtenu une prescription de leur médecin, 51% ont obtenu le médicament d'un ami qui avait sa propre ordonnance et 24% ont acheté des comprimés au marché noir sur le campus, à un prix qui oscille autour des 20 shekels par pilule, mais qui peut atteindre 50 shekels. « Il y a des enfants et des adultes qui ont été sauvés par ce médicament. Mais il y en a d'autres qui l'utilisent parce que la pression sociale est trop forte ou parce qu'ils pensent que cela va améliorer leurs performances entre autres aux examens », reconnaît Yael Leitner.

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Les chercheurs s’accordent à dire que le TDA-H est congénital, (génétique ou acquis). À partir des études sur des jumeaux, on a pu déterminer que « l'héritabilité » (part des facteurs génétiques dans l'étiologie d'un trouble) était de plus ou moins 80%. Le TDA-H est un trouble polygénique, c'est-à-dire qu'il est associé à une constellation de défectuosités dans de nombreux gènes. Chacun d'entre eux explique une partie infime de l'apparition de la pathologie. Par ailleurs l’environnement est aussi responsable de l’augmentation de ce syndrome et tout particulièrement les avancées des nouvelles technologies ce qui expliquerait en partie son caractère exponentiel. Téléphones cellulaires, Facebook tout ce monde digital, requiert d’être multitâche. La multiplicité des écrans, smartphones, télévision, engendre une incapacité à gérer l’augmentation du flux des informations, de plus en plus rapides qu’il faut absorber et qui monopolisent l’attention, et entraîne une capacité de concentration réduite. À noter que les enfants élevés devant des écrans ont plus de difficultés à communiquer une fois qu’ils ne sont plus devant, comme à l’école, par exemple, où il est plus difficile de capter leur attention. Des études ont montré que les tout-petits exposés à la télévision et aux ordinateurs avant l’âge de 2 ans sont plus susceptibles de développer le TDA-H. K.K substances de type amphétamines, administrées à mauvais escient et à haute dose, peuvent alors provoquer le même genre d’effets physiques que d’autres formes de drogue : perte d’appétit, insomnie, accélération du rythme cardiaque. Selon ‘la Fondation pour un monde sans drogue’, l’action sur le cœur du méthylphénidate, consommé comme une drogue, peut être mortelle. Une fois injectées dans le sang, des particules solides bloquent les petits vaisseaux sanguins, provoquant

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RITALINE ET PARADIS ARTIFICIELS Ce produit est classé dans la classe des « stupéfiants » en France, d’où le lourd carcan administratif qui encadre sa prescription. En Israël, la Ritaline figure dans la liste des « médicaments dangereux ». Le Dr. Eyal Schwartzberg, pharmacien en chef du ministère de la Santé, explique que le méthylphénidate n’est pas un médicament dangereux mais qu’il est classifié comme tel, afin que les organismes de santé puissent contrôler son utilisation de façon rigoureuse et éviter les abus. Sa prescription ne se fait en effet que pour un mois, renouvelable, et les généralistes ne sont autorisés à le prescrire que pour les adultes. La dépendance et l’accou-

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SANTÉ LEMAG’

CONCLUSION

Les traitements non médicamenteux doivent faire partie du traitement du TDA-H ; thérapie cognitive-comportementale, apprentissage d’un comportement social adapté et pour

les parents, une formation traitant des techniques de prise en charge de l'enfant ayant un TDA-H. En conséquence, même si la Ritaline peut avoir un effet bénéfique sur l'inattention, sur l'hyperactivité/impulsivité et l’hypoactivité et permettre une amélioration du comportement et des résultats scolaires chez 60 à 80% des enfants diagnostiqués avec un TDA-H, on devrait éviter de faire de la médication, la seule thérapie entreprise pour aider l'enfant. Des stratégies d’adaptation bien assimilées

suffisent parfois à gérer les problèmes scolaires ou comportementaux, sans avoir besoin de recourir à la médication qui représente parfois une solution de facilité évitant de faire face aux problèmes de fond. Tout l’art du médecin sera de trouver un juste milieu dans son approche thérapeutique : toujours privilégier la pédagogie familiale et les mesures d’adaptation, mais savoir aussi en prescrire lorsque c’est médicalement mais aussi socialement nécessaire. Kathie Kriegel

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des lésions sérieuses aux poumons et aux yeux. Hormis l’impact physique, des troubles émotionnels graves sont également provoqués à court terme. Hallucinations et comportements psychotiques ne sont pas rares.

LES OLIM ET LA RITALINE

fants sont très couvés, les structures scolaires sont très structurantes et il règne une certaine discipline qui cadre les enfants. En Israël, le système éducatif vise à responsabiliser les enfants et à les rendre autonomes. Par conséquent, les petits Français qui arrivent en Israël sont déstabilisés par ce système éducatif et deviennent vite turbulents. Dans un conseil de classe un jour, un instituteur a dit : « quand les Français arrivent, ce sont des petits poissons et trois mois plus tard, ce sont des requins ». Tous les Israéliens ont apprécié sa comparaison. Or les parents ne comprennent pas pourquoi en France leurs enfants qui étaient considérés comme de bons éléments, ne posant pas de ‘problèmes’, deviennent des ‘cancres turbulents, impossibles à gérer’ une fois arrivés en Israël. Pour eux, le problème vient des enseignants qui ne savent pas les tenir », nous explique David Gradovicz. Une totale incompréhension liée à la différence de culture règne donc entre parents nouveaux immigrants et corps enseignant, ce qui ne favorise pas la communication. Et alors qu’en Israël, il n’existe aucun tabou à diagnostiquer un TDA-H et encore moins à envisager la « solution » médicamenteuse, les Israéliens considèrent que les Français diabolisent excessivement ce médicament... À bon entendeur... K.K

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Les protocoles étant différents en France et en Israël, l’incompréhension est totale. En France, ce médicament est classé dans la liste des stupéfiants et sa prescription est très réglementée par l'Agence du médicament, comme le confirme Nathalie Richard, médecin et directrice adjointe des médicaments en neurologie, psychiatrie, antalgie, rhumatologie, pneumologie, ORL, ophtalmologie et stupéfiants à l'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) : « la prescription de méthylphénidate chez l'enfant doit se faire uniquement quand toutes les mesures à visée corrective, notamment les mesures d'accompagnement psychologique, ont été faites et n'ont pas donné lieu à une correction et à une "guérison" de l'enfant ». La Ritaline a donc très mauvaise presse dans l’hexagone et est loin d’être perçue comme une pilule miracle comme c’est parfois le cas dans le système israélien. Sa prescription n’est envisagée qu’en dernier recours. Or « les enfants olim de France en auraient presque tous besoin selon l’avis de leurs enseignants », confie David Gradovicz, médiateur entre les enseignants et les parents d’élèves pour le compte du ministère israélien de l’Éducation nationale. « Avec la alyah, les problèmes affectifs surgissent ou s’exacerbent. L’environnement est nouveau et la perte de repères qui touche aussi les parents, déstabilisante. En France, les en-

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TDA-H ET MÉDECINES DOUCES

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Il existe un débat très actif entre ceux qui considèrent le méthylphénidate comme un médicament utile pour corriger un handicap scolaire ou social lié à une immaturité cérébrale, et ceux qui pensent qu'il est anormal de devoir modifier chimiquement le caractère des enfants pour qu'ils se plient à l'école et aux contraintes sociales. Explications.

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« Lorsque mon fils avait 5 ans, on m’a conseillé de consulter un neurologue pour qu’il le mette sous Ritaline, car il ne tenait pas en place deux minutes et « perturbait » la classe » confie Avigaël qui vit à Jérusalem. « De mon point de vue, il avait tout simplement trop d’énergie et n’avait pas la patience d’écouter la ganenette car elle n’était pas intéressante, donc il s’ennuyait vite. De plus, elles n’étaient que deux pour une classe de 30 enfants. J’ai alors énormément lu sur le sujet et j’ai été convaincue que la Ritaline est une drogue et il n’était pas question pour moi que mon fils en prenne ». Avigaël ne s’est pas opposée frontalement à la demande de la ganenette, mais a fait traîner le rendez-vous avec le neurologue prétextant des délais très longs. Son enfant n’a donc pas été diagnostiqué. Elle s’est alors tournée vers des solutions alternatives non remboursées, précisons-le, contrairement à la Ritaline…

Divers remèdes naturels existent. Le Dr. Adi Aran, expert du TDA-H et neurologue pédiatrique au Centre médical de Shaare Zedek de Jérusalem, pense que « certains produits chimiques environnementaux, tels que les organophosphates, peuvent contribuer au développement du TDA-H, ainsi que des colorants alimentaires et des additifs. Par ailleurs, un déficit en fer pourrait, selon certaines études, expliquer les anomalies des récepteurs défaillants. « Je me suis documentée sur le sujet et je suis convaincue de l’influence d’une mauvaise alimentation dans ce genre de problèmes », insiste Avigaël. « J’ai donc supprimé le sucre et toutes les substances chimiques de nos assiettes et nous sommes passés au 100% Bio ». Il est regrettable, que le diagnostic du TDA-H et des traitements cognitifs et psychologiques comme l’ergothérapie, doivent être payés par les parents ou, dans le meilleur des cas, couverts

par les municipalités aisées. Naturellement, les groupes socio-économiques plus élevés bénéficient donc plus facilement de ces solutions alternatives ou complémentaires, tandis que les populations moins argentées sont moins susceptibles d’en profiter. « Avec mon mari, nous avons pris un crédit bancaire pour pouvoir faire face aux frais tels que ceux d’un ostéopathe et d’un phytothérapeute », confie Abigaël au Mag’. « On lui a fait faire beaucoup de sport et on a pris à nos frais des activités parallèles d’éveil prodiguées par une éducatrice spécialisée ». Aujourd’hui le fils d’Abigaël a 12 ans. Il est toujours atypique, animé d’une grande curiosité intellectuelle. Il est l’un des meilleurs élèves en classe et on ne lui fait que des compliments sur lui. Créatif en sciences, il va intégrer une école très réputée… Et il n’aime plus le sucre. Kathie Kriegel

Août - Septembre 2016 • LEMAG.CO.IL • leMag’ N°8 • 29



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