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À LA UNE

LeMag.co.il

“ IL N’Y A PAS DE MIRACLE ÉCONOMIQUE ISRAÉLIEN ”

LES SENIORS

FOCUS SUR LA SILVER TENDANCE

eMag’ N°5 FÉVRIER - MARS 2016 20

rencontre exclusive

GILAD ERDAN L’homme de la situation

DOSSIER SPÉCIAL

EMPLOI TOUT SAVOIR SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL

Santé Flash-Back sur une Success story qui n’a pas pris une ride

LeMag’ N°5 FÉVRIER-MARS 2016 20,00

les techniques à adopter pour retrouver le sourire

84 PAGES D’ENQUÊTES, D’INVESTIGATION ET DE DÉCRYPTAGE France Métropolitaine 4,85 € - Israël 20 ₪ - Belgique : 5 € - Suisse : 5,25 CHF - Canada 6,86 CAD - Luxembourg : 5 € - Dom-Tom 7 €



Éditorial DIRECTEUR DE PUBLICATION Remy Allouche remy@lemag.co.il DIRECTION ÉDITORIALE Caroll Azoulay caroll@lemag.co.il

Mazal tov, il est devenu payant !

DIRECTRICE ARTISTIQUE Solène Sitbon solene@lemag.co.il GRAPHISTE Ilana Cohen ilana@lemag.co.il SECRETARIAT DE RÉDACTION Deborah Marciano deborah@lemag.co.il JOURNALISTES Naomie Ariel Karine Sarfati David Jortner Tal Bauman Kathie Kriegel Boaz Birkmaier Dahlia Perez Claire Zilberstein Ambre Bendayan Agnes Lichten Déborah Hosatte Katja Epelbaum PHOTO EDITOR fotolia - http://fr.fotolia.com/ IMPRESSION Old City Print DIRECTRICE ADMINISTRATIF ET FINANCIER Deborah Marciano deborah@lemag.co.il RESPONSABLE COMPTABLE Sandrine Samama sandrine.compta@gmail.com COMPTABLE Zaira Spencer compta@lemag.co.il MANAGER DE LA PUBLICITÉ Jean Wertenschlag sales@lemag.co.il RELATION PRESSE Caroll Azoulay caroll@lemag.co.il FONDATEUR Remy Allouche Éditions GOALI PRESSE LTD 514 388 016 : ‫ח’’פ‬ ‫ ירושלים‬- 13 ‫כנפי נשרים‬ Tél. : 02 654 01 78 / Fax : 1532 654 01 78

L

eMag’ entre désormais dans la cour des grands en rejoignant le cercle des magazines vendus en librairie et dans les circuits de distribution. Un challenge risqué vous direz-nous ? Peut-être, mais depuis sa création, LeMag’ n’a pas choisi la facilité. Et ce, afin de répondre à vos exigences. Des articles originaux, fouillés, qui répondent aux attentes d’un public à qui l’on ne peut plus raconter des chimères. Devenir payant, c’est valoriser avant tout son lectorat mais aussi ses annonceurs, sans oublier, une équipe rédactionnelle et artistique qui souhaite vous offrir le meilleur. Persuadés que chaque mensuel, hebdomadaire, site internet, radio ont leurs place et utilité au sein de notre communauté francophone, nous nous réjouissons de cette diversité qui laisse place à la singularité. Choisir, puis décider de s’offrir un magazine est une expérience particulière avec laquelle nous espérons vous voir renouer. La qualité de notre magazine étant notre meilleur argument… Ceux de nos intervenants aussi. Nous avons eu ainsi l’honneur de rencontrer l’un des ministres les plus occupés du moment: Gilad Erdan, ou ‘Monsieur Sécurité’, qui voudrait bien remettre un peu d’ordre à Jérusalem-Est, notamment... De l'ordre et de l'équilibre, Yitshak Adda (économiste et consultant pour l’OCDE) pense que notre économie en a aussi sérieusement besoin pour que notre société ne devienne pas totalement inégalitaire. Vous en déciderez après avoir lu. Vous déciderez peut-être également de cesser de voir le marché du travail comme une citadelle imprenable au regard de notre dossier spécial consacré à l’un des sujets qui nous préoccupent le plus, au quotidien. Histoire de vous détendre, plongez dans les strass et les paillettes avec le 7Oe anniversaire de H.Stern, inscrivez-vous à votre première séance de yoga du rire ou découvrez l’univers éthéré des frères Bouroullec, deux stars du design. Bref, attachez vos ceintures, vous êtes à bord de LeMag’. Nous allons décoller. Bonne lecture !

Vous souhaitez nous communiquer une information non commerciale liée à la vie de votre ville, de votre association ou de votre communauté ? Un seul Email : courrier@lemag.co.il Février - Mars • 2016 • LEMAG.CO.IL • LeMag’ N°5 • 5


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SOMMAIRE FÉVRIER - MARS 2016 LeMag’ N° 5

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8 ZAPPING Ça s'est passé et ça

Emploi : Etat des lieux Les Français sur le marché du travail Devenir patron Travailler en Call-Center

s'est dit ici ou ailleurs...

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URBAN ATTITUDE

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14

Le poulain de Netanyahou fait-il le poids face à la menace terroriste ?

Bienvenue dans le village High-Tech de Givat Ram.

L'INVITÉ DU MAG GILAD ERDAN Ministre de la Sécurité intérieure.

18 IMMOBILIER Comment réussir l'achat d'un bien immobillier en Israël. 22 CULTURE Erwan et Ronan Bouroullec, les stars du désign étaient en Israël. LeMag' les a rencontrés. 26

ENTREPRENDRE

Europe, Israël, Chine. Mais qu’est-ce qui fait courir Edouard Cuckierman (fondateur de ‘Cata lyst Funds’ et Président de ‘Cukierman & Co Investment House’) ?

30 SANTÉ Respirez, riez. LeMag'

20

Suspendu dans la galerie 3 du Herta and Paul Amir Building du Musée de Tel Aviv, l'un des 17 nouveaux systèmes de cloisons modulaires conçus par les frères Bouroullec à partir d’éléments détachés en céramique, aluminium, verre ou textile.

DOSSIER EMPLOI

5 ÉDITO

vous fait du bien.

34 L'AN PROCHAIN À JERUSALEM Trois femmes

témoignent sur le cap des six premiers mois d’alyah.

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C'EST TENDANCE Ces

entrepreneurs francophones qui ont fait du ‘made in France’ une réussite ‘made in Israël’.

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BON GOÛT La Chémitah,

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À LA UNE

Yitshak Adda, consultant à la rédaction du dernier rapport de l’OCDE, livre sa vision sur les paradoxes économiques et sociaux de l’Etat juif.

Ils importent leur savoir-faire français en Israël et imposent leur style. Regard sur ces entrepreneurs so "frenchies".

c’est fini ? Pas pour le vin ! Explications.

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TRIBUNE LIBRE

Mariel Aflalo-Benhamou. Le cœur d’une ‘Wizéenne’, c’est grand.

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C'EST L'HISTOIRE

… Des 70 ans de l’enseigne H.Stern. Flash-Back sur une Success story qui n’a pas pris une ride.

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SENIORS

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BON À SAVOIR

© Mark Neiman (GPO)

Coup de projecteur sur la "silver" tendance

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Le Secrétaire général de l’OCDE, José Angel Gurria invité à la résidence du président Réouven Rivlin lui présente le dernier rapport économique sur Israël.

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En 1960, la première boutique H.Stern ouvre ses portes à l'aéroport Ben Gourion. Aujourd'hui, le joaillier fait partie du paysage local.

Retrouvez LeMag’ sur www.lemag.co.il et sur facebook/lemag.co.il

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ZAPPING LEMAG’ 12 Janvier 2016

« Taglit est le pl us grand projet touristique et éduc atif de la planèt e et vous venez ici de tous les coin s de la planète! Vous rejoignez plus d’un demi-million de jeunes originai res de 66 pays qui on t déjà vécu l’exp érience ‘Taglit’ pour dé couvrir quelque chose de très simple. Ce pays et cette te rre vous appartiennent de droit ». Benjamin Net anyahou Binyanei Haoum a, à l’occasion du méga évènemen t organisé par Taglit.

r 2016

13 Janvie

Le célèbre dessinateur et scénariste de bandes dessinées, Joann Sfar, dénonce le traitement biaisé fait par les médias français des agressions antisémites.

ntisémiues et l'a nous q a tt a s le t, « Malgré urs plus présen nous jo r, u u to e p e à la tism e céder d e renons d n t o e s r e h refu c a c entité ». de nous refusons partie de notre id n des e io cer à un achu Un ur #kipp e [ UEJF ] p e a c p n ip a r F #K e d ts Juifs Etudian

© Chen

Galili

Le minis tre du To urism la prem ière ‘Selfi e, Yariv Levin, a inaugu es Gourion. ré « D’autre tation’ à l’aérop seront in ort Ben s stations stallées du mêm à Eil J’invite le e genre s touriste at, à la Mer Mort e s e e t à Akko. t pour nou le public s en sug gérer d’a à nous contacter utres », a-t-il dit.

mm rara n nTiTi soso asas ©©SS

antz et le ef, Benny G ch n y e l ra é n é n Sharansk L’ancien g Juive, Natha ce n e ité g m l’A co e président d r au sein du is pour siége ires du Prix ont été chois s récipienda le r e n g si é d 2014 par les chargé de lem. Créé en sa ru Jé e d dont les trois de l’Unité kel et Ifra’h n e ra F r, e a té kidnappés familles Sh yal avaient é E t à e li a ft a N e, ce prix vise fils, Gilad, même anné s la n e d tio a in is n Ju orga et tués en ividus et des d in s ité e n d r l’u e se récompen promotion d pointe de la ent des liens qui sont à la u renforcem d u o l ë ra Is israélienne. juive en et la société ra is o sp ia D ères des tro entre la antz et les m G y n n e s. B é , pés et tu En photo liens kidnap jeunes Israé

© Western Wall Heritage Foundation

s glas, aux côté Michael Dou e, iv Ju e nc de l’Age du président s de ur po y, ansk Nathan Shar ns. ai ic ér am s campu visites sur les

» Le documentaire « The Story of God né tour , logie consacré à la foi et à la théo et réalisé par l’acteur américain Morgan Freeman, sortira en Avril prochain. En Israël, pour les besoins du tournage, el Morgan Freeman s’était rendu au Kott le é ontr renc t en Octobre dernier où il avai itz. inow rav du Kottel, Shmuel Rab

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15 associations ont signé la charte Qualita, le 20 Décembre dernier. L’association, créée et pré sidée par Marc Einsenberg, « vis e avant tout à apporter des réponses efficaces aux besoins spécifiques des olim de France, mais elle contribu e aussi à positionner l'alyah au cœur des priorités nationales et à apporter des solutions à des enjeux concernan t la société israélienne dans son en semble ».

Sous la pression de spécialistes francophones de l’alyah et notamment du dentiste David Tibi, le Comité conjoint du travail, des affaires sociales et de la santé et le ministère de l'Alyah et de l'Intégration a approuvé en 2e et 3e lectures les propositions de loi d’allègement pour les dentistes nouveaux immigrants. Le Comité a ainsi réduit le nombre d'années d'expérience requis à cinq ans uniquement (dans la proposition d'origine, 14 années d'expérience étaient requises). "Il s'agit d'un changement historique qui renforcera l'alyah de France et de nombreux autres pays et qui facilitera l'alyah en Israël, tout en gardant un niveau adéquat de médecine » a indiqué Z. Elkin...

Le présid ent Réou ve cile de la famille de n Rivlin au domiDaphna de famille Me de 38 an s, assass ir, mère les yeux in de ses en fants à O ée sous terroriste tniel par palestinie un n de 16 a ns.

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URBAN ATTITUDE LEMAG’

L’université DE GIVAT RAM pépinière de talents Le village High-Tech de Givat Ram accueille les jeunes start-up israéliennes aux tous premiers stades de leur développement et leur offre le gîte technologique. Découverte. Tal Bauman pour LeMag'.

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A

u cœur du campus Givat Ram de gros, s’étendent sur un baraquement entier, voire un et l’Université hébraïque de Jérusalem, bien demi, « le maximum est de 2 », note Wexler. D’autres, se loin de l’agitation effrénée de Tel-Aviv, contentent d’une ou plusieurs pièces au sein d’une strucville start-up par excellence, un parc tech- ture et partagent alors les commodités d’usage comme une nologique a trouvé refuge. Encore relative- salle de réunion et un coin kitchenette. ment méconnu du grand public, ce village High-Tech s’est Premier du genre en Israël à être construit au sein d’un pourtant déjà fait un nom auprès des jeunes entrepreneurs centre de savoir et de recherche académique, le village du pays et s’impose désormais comme un pôle incontour- technologique de Givat Ram permet des passerelles inténable sur la carte industrielle israélienne. ressantes entre le monde High-Tech et l’université. En preTout commence en 2002, quand un professeur se tourne mier lieu, en matière d’emploi. Nichés dans l’enceinte de vers la direction de l’université, en quête d’un local pour l’Université hébraïque, les jeunes entrepreneurs n’ont pas abriter des travaux de recherche qu’il souhaite accomplir à aller chercher très loin pour trouver de la main d’œuvre avec une poignée d’étudiants. Il pense alors à ces dortoirs compétente et motivée. désaffectés, en contrebas du campus, inhabités depuis deux Parmi les autres attraits du site, une capacité de parking décennies. Une pièce déblayée et badigeonnée d’un coup étendue, une localisation géographique avantageuse à de peinture plus tard, le projet démarre. Qui va faire des proximité des principaux axes routiers et de l’entrée de la émules. Un autre enseignant, puis des groupes d’étudiants ville et des prix locatifs en deçà de ceux habituellement pratisouhaitent eux aussi bénéficier d’un pied-à-terre tech- qués sur le marché (environ 1.000 shekels pour une pièce de nologique à deux encablures des salles de cours. 10 m2). « C’est inférieur aux tarifs des autres parcs indusA tel point qu’en 2013, l’Autorité pour le développement triels de Jérusalem que sont Har Hotzvim, Mal’ha ou même de Jérusalem Talpiot », avance (ADJ), proAujourd’hui, le site affiche complet : Helen Wexler. jet conjoint En outre, l’ADJ 40 jeunes pousses high-tech, entre le gouchouchoute les vernement et la entreprises naissantes ou au premier jeunes chefs municipalité, en stade de développement, s’y pressent, d’entreprises s’intéresse au leur prodiguant et la liste d’attente ne cesse de potentiel du conseils et assislieu. Elle transtance pour leurs s’allonger. forme alors ces démarches budortoirs oubliés, dignes résidus de ces baraquements post- reaucratiques, sans oublier l’octroi d’aides économiques étatiques où il fallait construire vite, en un hub moderne et non négligeables. Comme par exemple des subventions rénové. « Nous avons fait appel à une architecte d’intérieur conséquentes accordées aux sociétés de 3 à 20 personnes qui a réalisé un énorme travail », confirme Helen Wexler, – 50.000 shekels sur deux ans pour chaque employé hiédirectrice du projet Jnext de l’ADJ et responsable du vil- rosolomytain et 40.000 pour ceux résidant hors de la ville. lage. Résultat, un complexe pastoral, niché en pleine ver- Car l’objectif de l’ADJ est clair, explique Helen Wexler, dure, qui compte une dizaine de baraquements fleuris et et rejoint en ce sens celui de la municipalité : encourager proprets. Un endroit agréable pour se lancer dans le monde le personnel de qualité à rester à Jérusalem. Elle confirme de la start-up. le statut récemment acquis par la capitale de « principale Aujourd’hui, le site affiche complet : 40 jeunes pousses pépinière High-Tech du pays, juste derrière Tel-Aviv ». High-Tech, entreprises naissantes ou au premier stade de Pour preuve, le nombre de nouvelles start-up que l’on y développement, s’y pressent, et la liste d’attente ne cesse voit éclore chaque année : d’une quinzaine en 2012, elles de s’allonger. Il faut dire que nombreux sont les avantages sont passées à 100 en 2014 et à plus de 350 en 2015. Une qui attirent les aspirants startupistes de l’université, mais hausse sans précédent qui se traduit aussi par l’évolution aussi de tout le pays. Sur le papier, l’ADJ leur propose le des investissements à risque, multipliés par cinq sur la gîte technologique pour une durée de deux ans, « mais il même période : de 59 millions à 250 millions par an entre est possible que dans certains cas on repousse les limites », 2012 et 2015. précise Helen Wexler. Certains incubateurs, parmi les plus Février - Mars • 2016 • LEMAG.CO.IL • LeMag’ N°5 • 11


URBAN ATTITUDE LEMAG’

LAURENCE ZEMOUR

un petit incubateur devenu grand

« On commence par le bon élève », plaisante Helen Wexler, quand elle nous fait visiter le site. Lightricks est l’exemple type de la jeune pousse technologique sortie de terre courant 2013 pour jouer aujourd’hui dans la cour des grands. Au départ, cinq doctorants du campus font partie du premier noyau à s’implanter au village de Givat Ram bien décidés à faire germer leurs idées. « Ce lieu s’est imposé comme la solution idéale », explique Nir Pochter, l’un des co-fondateurs, « nous avons commencé par louer 3 pièces

et aujourd’hui nous occupons un bâtiment et demi ». Et de vanter non seulement les avantages économiques, mais aussi la proximité avec l’université. Fleuron de la société israélienne, Lightricks est l’une de ces start-up à l’ascension rapide. La compagnie est l’heureuse créatrice de deux applications de retouches photos pour téléphones portables, bien connues des adeptes des médias sociaux  :  Facetune qui permet de corriger un selfie en deux temps et trois clics, histoire de se présenter sous son meilleur jour, et Enlight, l’équivalent de Photoshop pour smart-

phone. Deux gros succès qui lui ont permis d’empocher l’été dernier la somme de 10 millions de dollars pour poursuivre le développement de ses activités, via la société d’investissement Carmel Ventures. De cinq concepteurs au moment du lancement mi-2013, ils sont passés à un effectif de vingt employés début 2015, pour finir l’année à cinquante. Et ils prévoient encore vingt nouvelles embauches en 2016. « Pour l’heure, nous nous voyons rester au moins encore un an au sein du village, ensuite nous verrons », note Nir Pochter. « Mais comme on ne laisse pas partir comme ça une telle équipe gagnante,

Lightricks pourrait bien hériter d’un autre local au sein de l’université », précise Helen Wexler. Car pour l’Autorité de développement de Jérusalem, qui dit entreprise florissante, dit offres d’emploi, soit une source de croissance et un apport de dynamisme pour la cité hiérosolomytaine.

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Ne plus jeter l’argent dans les bennes à ordures

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est l’un des derniers arrivants du village. « Un grand coup de chance », explique Edy Candel, l'un des quatre co-fondateurs de la structure. Après avoir développé un concept quelque part à Herzliya, ses trois acolytes et lui sont à la recherche d’un hub technologique à leur portée. Ils décident de mettre le cap sur Jérusalem et font le tour des capacités industrielles de la ville. Ils optent pour le village de Givat Ram, alors malheureusement complet. Mais le matin même de signer dans la bourgeoise zone de Har Hotzvim, qui abrite les grands noms de la technologie - Intel, Cisco, Teva, RAD - Helen Wixler les appelle pour leur annoncer qu’une place s’est libérée. « C’est aussi un des avantages du site », explique-t-elle, « nous faisons preuve d’une grande souplesse dans nos relations avec les entreprises. Dans le monde des start-up, tout va très vite, tout est en mouvement perpé12

tuel, du jour au lendemain, une structure de Jérusalem, « le village High-Tech est peut avoir besoin d’une pièce supplémen- un choix gagnant. Non seulement en taire, ou en moins. Et contrairement aux raison de l’attrait financier, mais aussi contrats gravés dans le marbre générale- de l’atmosphère féconde qui y règne et ment imposés, nous modifions les clauses des facilités logistiques dont nous disposi nécessaires ». sons ». Installé sur le site depuis Décembre, Pour la jeune société, la question en susGreenQ réfléchit à une gestion en ligne pens reste de savoir s’il vaut mieux se intelligente de la collecte d’ordures, un lancer dès maintenant dans un appel de des cinq premiers pôles de dépense des fonds, ou attendre d’avoir un pilote et municipalités et qui représente un coût de un client pour, à l’image de Lightricks, 1 milliard de dollars annuels à l’échelle toucher le jackpot en investissements. de tout Israël. Sa solution : une plate- Affaire à suivre. forme pour suivre en temps réel le ramassage des déchets, analyser les Les 4 co-fondateurs de GreenQ données recueillies et proposer un service optimalisé (trajets, horaires, quantité d’ordures) pour chaque municipalité. Le quatuor concepteur espère réaliser son premier pilote à la fin du 1er trimestre 2016. Pour Edy Candel, lui-même habitant

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L'INVITÉ DU MAG' LEMAG’

Gilad Erdan “ Nous devons reconnaître nos failles dans notre gestion de la population arabe israélienne ” Gilad Erdan, le poulain de Netanyahou, connait une fulgurante carrière, puisqu’à seulement 45 ans, il a déjà goûté aux ministères de l’Environnement, des Communications, du Front de défense passive et de l’Intérieur. En mai 2015, il a été nommé ministre de la Sécurité Publique, des Affaires stratégiques et de l’Information. Kathie Kriegel l’a rencontré pour LeMag’.

C

’est sa simplicité qui me frappe d’entrée. Avenant, il commence l’entretien en s’excusant du manque de sommeil qui se fait sentir en cette fin de journée hivernale, le plus jeune de ses quatre enfants, âgé de cinq mois, ne fait pas encore ses nuits, « mais j’aime ça », précise-t-il l’œil qui frise. C’est ainsi que tout ministre qu’il soit, il favorise la simplicité et l’écoute de l’autre dans l’échange. Au cours de l’entretien, il dit ‘je’ parfois, beaucoup ‘nous’. L’homme sait tenir son ego en sourdine et semble vouloir s’effacer derrière la tâche à accomplir, ce qui surprend de la part d’un homme politique. Sans doute ses années à la Yéshivah Netiv Meir à Beit Vegan et aux Bneï 14

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Akivah, y sont-elles pour quelque chose. « On m’a donné les bons outils pour remplir mon rôle », avait déclaré cet avocat de profession, en entrant en fonction, « je vais avoir la possibilité d’agir et d’apporter un vrai changement ». Au bout de six mois en poste, une guerre des couteaux, des affrontements sur le Mont du Temple, un Mahmoud Abbas jetant sans cesse de l’huile sur le feu en fomentant de nouvelles offensives anti-israéliennes auprès des instances internationales, des campagnes de boycott de plus en plus virulentes, où en est-il de ses objectifs ? Rencontre avec un homme exigeant avec lui-même, qui conjugue détermination et capacité d’œuvrer en synergie avec les autres.

commettent, ailleurs dans le monde, et qu’il faut se donner les Contraindre le BDS à se défendre « Mon ministère ne peut pas se substituer à d’autres », moyens de dénoncer. « Jusqu’à présent, ils étaient les seuls lance-t-il en préambule, « je ne remplace pas le ministère des à être pro actifs dans cette arène et c’est à nous, maintenant, Affaires étrangères, ni l’AIPAC, ni le travail de terrain que font de passer à l’offensive en utilisant toutes nos ressources », par exemple CAMERA ou d’autres organisations actives dans le martèle-t-il. combat contre BDS. Mon ministère a pour tâche de coordonner De plus, il œuvre à bonifier la collecte de renseignements. « Nous n’étions pas au courant, par exemple, des pressions exerleurs efforts et de renforcer leur impact », explique le ministre. « Pour la première fois dans notre histoire, nous avons un minis- cées sur la FIFA en Egypte, pour les convaincre de ne pas venir tère dédié à la coordination des efforts entrepris pour combattre en Israël. Cela ne doit plus arriver et nous devons anticiper les la propagande contre Israël et ses effets nocifs qui dispose d’un attaques et passer à l’offensive en amont pour les désamorcer ». budget, présentement de 100 millions de shekels », se réjouit-il. « Sensibiliser les étrangers à Israël en les faisant venir dans notre pays pour juger par eux-mêmes de « Ce n’est pas assez, il nous fauIl convient de forcer les militants la situation et de la complexité du drait 1 milliard annuellement, mais BDS à investir plus de temps et conflit », voilà un autre défi sur lec’est un début ». quel il se concentre. Depuis sa prise « La réalité en Israël est présentée d'énergie à se défendre, de fonction, il a rencontré tous les d'une manière biaisée au monde. Il plutôt qu’à nous attaquer ” experts, organisé des tables rondes convient donc de forcer les militants BDS à investir plus de temps et d'énergie à se défendre, et en fonction des résultats de ces brainstormings : « nous avons plutôt qu’à nous attaquer », recommande le ministre. « Nous aussi décidé de la façon la plus pertinente d’utiliser notre budget, allons par exemple engager des avocats dans le monde entier pour faire la promotion d’Israël tel qu’il est », se réjouit-il. Donc et créer des officines de défense publique, pour passer de la dé- si quelqu’un, par exemple, veut faire venir des leaders eurofense à l’offensive, en dénonçant les doubles standards de leurs péens influents en Israël, le ministre promet pouvoir lui allouer officines ; ils nous accusent de ne pas respecter les droits de un budget pour cela. « Ceux qui seront les leaders de demain aux l’Homme, mais d’autre part, ils ne dénoncent pas ce qui se passe Etats-Unis et en Europe, sont ceux qui étudient aujourd’hui dans les universités et sont soumis à la propagande anti-israélienne », en Syrie, par exemple, il faut le rappeler sans relâche ». Il ambitionne de savoir qui sont ces organisations, par qui elles pointe le ministre. « Il est important de les rencontrer et de les sont financées, car certaines d’entre elles obtiennent des fonds motiver pour venir en Israël se rendre compte par eux-mêmes de illégaux. Sans oublier de pointer les effractions à la loi qu’elles la réalité du pays. Et pas seulement les Juifs ».

Vers une nouvelle politique du port d’arme Le terrorisme actuel est un autre défi posé à notre sécurité. En Israël, 2% des citoyens possèdent un permis d’arme, ce qui représente 150.000 personnes. Le ministre est convaincu que dans le contexte actuel, une nouvelle police de port d’arme est nécessaire. Elle est même d’une priorité absolue. « Il faut que davantage de licences de port d’arme soient accordées à des Israéliens. Qualifiés, bien sûr. J’ai demandé à la police de m’offrir une nouvelle politique à ce sujet. Car ce qu’il faut comprendre, c’est que l’autorité compétente en la matière, de par la loi, c’est la police. C’est à elle qu’il appartient de décider qui va être autorisé à porter une arme. Je peux user de mon in« Je ne permettrai aucune violation de la souveraineté israélienne pour fluence, bien sûr, pour peser sur sa décision, donner du terrain à l’Autorité Palestinienne sur le territoire israélien ». mais je ne peux pas en décider à sa place », G.Erdan. explique-t-il. « Nous nous sommes enJusqu’à présent, les détenteurs d’un Il faut que davantage de tendus pour étendre le permis de port permis devaient s’entraîner une fois d’arme à tous ceux qui ont servi dans licences de port d’arme soient tous les trois ans et tirer une cinquanaccordées à des Israéliens ” les unités d’élite et les forces spéciales, taine de balles, ce qui n’est pas suffiainsi qu’à tous les officiers, quelle que sant. C’est pourquoi il travaille à la mise au point d’un nouveau soit l’unité dans laquelle ils servent ou ont servi. Et nous allons programme d’entraînement, pour une formation annuelle de l’étendre ensuite à tous ceux qui servent ou ont servi comme deux à trois jours. combattants ».

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L'INVITÉ DU MAG' LEMAG’

terrain par tous les moyens et y consacrer le budget nécessaire », Affirmer notre souveraineté martèle G.Erdan. « A part trois attentats terroristes commis par et notre légitimité Qu’il n’y ait pas de postes de police dans les quartiers arabes de des arabes israéliens originaires de l’extérieur de Jérusalem, Jérusalem, laisse songeur. Ce d’autant plus que l'Union Euro- presque tous venaient de Jérusalem-Est où nous n’avons pas aspéenne vient d’allouer 6 millions d'euros à la création de postes suré notre souveraineté », dénonce-t-il. « Ils y enseignent avec de police dans les territoires disputés. Une initiative assimilée à des manuels scolaires fournis par l’Autorité palestinienne, c’est une étape concrète vers une solution à deux Etats. « C’est dire intolérable », s’insurge-t-il. Alors oui, le ministre estime que 900 policiers supsi une préÀ part trois attentats terroristes commis par plémentaires sence polià Jérusalem, cière juive à des arabes israéliens originaires de l’extérieur de Jérusalem est Jérusalem, presque tous venaient de Jérusalem-Est à temps complet, seraient déterminante où nous n’avons pas assuré notre souveraineté ” nécessaires. pour affirmer notre souveraineté dans ce que nous considérons comme faisant Objectif, renforcer la police de proximité pour être en contact partie intégrante d’Israël » explique Gilad Erdan, qui souligne avec la population, développer les sources de renseignements que de son point de vue : « il est temps de décider si Jérusalem afin de prévoir les comportements terroristes. « Et oui, je pense est unifiée ou non. Si nous voulons qu’elle le soit, alors que ce qu’il faudra aussi engager des arabes dans la police pour nous aider à communiquer avec les populations arabes et nous soit effectif dans les faits ». « Ce n’est pas suffisant de dire que nous ne voulons pas que connecter avec eux », précise le ministre. Jérusalem soit divisée, il faut nous atteler à le concrétiser sur le

Le projet de loi proposé par G. Erdan, visant à autoriser et élargir la fouille au corps, a été approuvé par la Knesset début Février.

Comment pouvons-nous espérer que la nouvelle génération d’arabes apprenne à se comporter conformément à nos lois, si nous ne disposons pas des moyens de la faire respecter partout ? ”

Augmenter la sécurité passe par le respect des lois Il y a 257 municipalités en Israël et il n’y a que 70 commissariats en tout dans le pays, dont seulement deux dans les villes arabes. Et ces deux malheureux postes de police ne sont même pas situés à l’intérieur des villes mais à l’extérieur. « Si nous affirmons que nous sommes égaux en droits, il nous faut aussi renforcer notre présence policière dans ces agglomérations », reconnaît volontiers le ministre. « Nous avons dû reconnaitre nos failles dans notre gestion de la population arabe israélienne », avoue G.Erdan, « et même en tant que membre du Likoud, je me dois d’admettre que nous avons fait des erreurs. Si on ne donne pas à la police le budget et les ressources humaines nécessaires pour affirmer sa présence dans ces territoires, comment pouvons-nous espérer que la nouvelle génération d’arabes apprenne à se comporter conformément à nos lois, si nous ne disposons pas des moyens de la faire respecter partout ? Vous ne pouvez pas espérer un comporte16

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ment citoyen de la part d’individus qui vivent dans une espèce de ‘Far West’ d’impunité sur de nombreux plans, qui conduisent sans permis, ne payent pas leurs impôts. Comment voulez-vous qu’ils respectent la souveraineté de l’Etat, s’ils ne sont pas tenus de respecter la législation. Il faut que cela cesse. Il est primordial que nos lois soient connues et respectées par tous. Ce qui n’est pas que du ressort de la police, les ministères de la Justice et de l’Intérieur sont concernés aussi. Si nous affirmons que nous sommes égaux en droits, il nous faut aussi renforcer notre présence policière dans ces agglomérations », souligne le ministre de l’Intérieur. Lors d’un meeting tout récent avec le Premier ministre, il a réclamé un demi-milliard de shekels par an, en plus du budget annuel, pour engager 1.350 policiers supplémentaires, qui seront en poste prochainement dans les villes arabes, répartis dans douze commissariats situés au cœur des localités arabes. « Cela ouvrira une nouvelle ère », affirme-t-il.

Autoriser la présence juive sur le Mont du Temple et sécuriser le Mont des Oliviers Le ministre tient beaucoup à ce que les Juifs et les touristes de toutes confessions puissent se rendre sur le Mont du Temple en toute sécurité, s’ils le souhaitent. A son initiative, la police met au point une nouvelle règlementation dans ce sens qui prendra effet sous peu. De plus, avec Gilad Erdan, il y a fort à espérer que le respect des sépultures juives au cimetière

Je pense qu’il faudra aussi engager des arabes dans la police pour nous aider à communiquer avec les populations arabes et nous connecter avec eux ”

Sur le mont des Oliviers se trouve un cimetière juif vieux de plus de 3.000 ans et 150.000 tombes Le site a été victime de fréquentes profanations de tombes et d'agressions contre les visiteurs juifs par de jeunes Palestiniens.

du Mont des Oliviers sera enfin une réalité. « J’ai visité personnellement le cimetière pour me rendre compte des dommages et je me suis entretenu avec le comité international pour la préservation du Mont des Oliviers. Comme c’est important pour moi, j’ai obtenu qu’un poste de police soit installé sur place, et il existe maintenant, c’est nouveau », se félicite-t-il. Car en principe, la police n’assure pas la sécurité de ces sites en Israël. C’est étonnant, mais celle du Mont des Oliviers relève ainsi de différents départements. C’est à la municipalité de décider et de financer, s’il y a lieu, une clôture, par exemple. Pour autant, le ministre promet que la sécurité de ce lieu sera encore renforcée. « Donnez-moi encore six mois et vous

pourrez constater un grand changement. Mais sachez que tout n’est pas de mon ressort, la sécurité du cimetière sur le Mont des Oliviers relève du ministère du Logement. Il dispose de 15 millions de shekels annuels pour assurer sa sécurité » pointe le ministre. Ce n’est pas un trait d’humour, étonnement c’est la réalité. Quand on dit que le cimetière est notre dernière demeure, on ne croit pas si bien dire. Nous finissons donc cet entretien, assez songeurs. Tout ne se fera pas en un jour, mais il est confiant. En attendant, il s’excuse de devoir s’éclipser. Avec un peu de chance, son petit dernier sera peut-être encore réveillé …

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IMMOBILIER LEMAG’

Les 10 étapes indispensables à un achat immobilier réussi

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Acheter un bien immobilier en Israël est une aventure et il existe des règles bien précises pour que cette belle histoire ne tourne pas au cauchemar.

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Je me fais une première idée du marché local Les prix des appartements en Israël, et en particulier à Jérusalem ou à Tel Aviv, ne sont pas fixés comme ceux de France. Ils ne dépendent pas seulement des fluctuations de l'euro ou du dollar face au shekel, mais surtout d'un marché où l'offre immobilière est largement inférieure à la demande et où il existe une bulle sécurisée mais très chère. Pour exemple, Jérusalem, 155.000 appartements d'habitation en tout, soit largement moins que le besoin local (800.000 habitants) et la demande internationale. En comparaison, à Marseille, on dispose de 450.000 logements pour 1.000.000 d’ habitants. Un premier moyen de se faire une idée sans perdre trop de temps est simplement de consulter des petites annonces sur des journaux ou sur internet. Même si effectivement le prix de vente d'un bien n'est pas exactement celui demandé, il n'en est pas si loin. Compter maximum 10% de moins même si vous êtes un négociateur hors pair.

Je définis donc sobrement mes besoins Qu'est ce qui est le plus important pour moi ? Et surtout, qu'est ce que je suis prêt à mettre de côté ? L'emplacement ? Par rapport à quoi ou à qui ? L'environnement religieux ? Les écoles ? L’accès aux transports en commun ? Le nombre de pièces ? La surface de l'appartement ? Car on peut avoir des pièces minuscules, ca n'est pas toujours significatif ! L'ascenseur? Combien d'étages je pourrais bien accepter de monter s'il n'y a pas d'ascenseur? Je pourrais peut être me faire livrer mes courses, ca se fait ici ? L'ensoleillement ? Le balcon ? Le calme? Le parking ? Une cave peut-être ? Quand j'ai une idée approximative de ce qui m'est essentiel et ce qui me serait agréable, alors je suis presque prêt..

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J'établis mon budget en étant réaliste et je vérifie mes capacités d'emprunT

Lors d'un achat, en Israël comme ailleurs, il faut tenir compte des frais qui viennent s'ajouter au prix de l'appartement que l'on achète : c’est à dire, les frais d'agence 2% + TVA (17%), les frais d'avocat 1% + TVA, la taxe d'acquisition (8% pour un touriste), les éventuels travaux (environ 800$/m2 pour une rénovation totale du sol au plafond). Il est donc important de savoir de quelle enveloppe on dispose au départ en raclant tous les fonds de tiroirs et de combien on peut éventuellement disposer en complétant par un emprunt hypothécaire local en fonction de ses revenus et de ses capacités de remboursement. On peut raisonnablement penser que si l'on peut rembourser 500 shekels par mois alors on peut emprunter 100.000 shekels sur 20 ans. Ceci dit, il ne faut pas oublier que l'emprunt en Israël est plafonné à 50% de la valeur du bien acheté. Exemple : Je dispose de 250.000 euros, soit 1.200.000 shekels et je peux rembourser 4.000 shekels par mois grâce au loyer que je pourrai percevoir du bien que j'achète (ou que je suis prêt à payer par mois si j'y vis moi-même). Donc je peux emprunter 600.000 shekels, je dispose donc de 1.800.000 shekels pour mon acquisition. Il faut donc que mes 1.800.000 shekels = prix appartement + frais agence + frais avocat + taxe acquisition + simple coup de peinture, donc que le prix de l'appartement ne dépasse pas les 1.600.000 shekels. En effet, 1.600.000 shekels + 37.000 agence + 18.000 avocat + 128.000 taxe d’acquisition = 1.783.000 shekels, ce qui laisse 17.000 shekels pour le coup de peinture et les faux frais (expertise, frais d'ouverture de dossier bancaire). Fort de ce budget clairement établi, il faut donc bien souvent réduire ses prétentions et s'atteler à une véritable définition de ses besoins, en établissant des priorités. Vous, moi, riche, pauvre, Anglais, Français ou Israélien, on rêve tous d'une grande maison avec jardin, terrasse, belle souccah, grand séjour, belles chambres, plusieurs salles de bains, cave, parking et pourquoi pas piscine et terrain de tennis, évidemment dans une construction récente avec ascenseur et salle de sport, mais tout cela ne cadre pas avec une enveloppe de 1.600.000 shekels en Israël. Dans de nombreuses villes de France oui, même des villas, mais ici c'est définitivement non.

Je me protège : Je prends contact avec un ou plusieurs avocats Ici, pas de notaire, c'est mon avocat qui protégera mes droits lors de mon achat. Il est important de choisir un avocat en droit immobilier qui soit bien implanté dans la ville où j'achète afin qu’il lui soit aisé de vérifier si le bien que je souhaite acheter est bien enregistré au cadastre, en règle et conforme. Donc, un avocat d'affaires international ne sera pas forcément avantagé pour une telle transaction… De plus, le montant des honoraires de l'avocat compte, certes, mais l'essentiel, c'est la confiance que l'on peut lui accorder. Ce n'est pas le moment de lésiner ! 18

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IMMOBILIER LEMAG’ Je prends contact avec une agence et je visite

Trois mois avant, c’est inutile ! Dix jours avant, c’est très bien. Ainsi, je ne risque pas de m'amouracher d'un bien qui sera déjà vendu avant même que je n'arrive. Je donne mes critères mais j'accepte de voir un peu plus large, car le bien idéal n'existe pas. Même si je me lance dans une construction, cela ne sortira pas conforme. Je n'oublie pas que je dois essayer non pas de trouver le bien idéal mais celui qui me correspond le plus parmi les biens sur le marché, à ce moment donné. Je peux donc commencer mes visites. L'idéal est de concentrer ces visites sur une période maximale de deux semaines, ainsi je suis sûr de comparer des biens en temps réel et de ne rien rater. Je visite aux heures de lumière du jour et de bruit extérieur pour me faire une véritable idée de l'ensoleillement et du calme du bien visité. Je prends des notes et je procède à une véritable sélection. Evidemment, je ne signe que des bons de visite que je comprends entièrement (de préférence en français).

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8 Je signe

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Je négocie

J'ai trouvé, youpi ! Je commence par demander à vérifier les éléments immatériels du bien : inscription au cadastre, feuille d’imposition locale, et évidemment, je demande à mon avocat de vérifier que tout est à priori conforme. Exemple : si des parties ont été ajoutées, cela a-t-il été bien fait avec un permis de construire ? Pour la négociation, il est important de démarrer raisonnablement, avec tact et mesure. Fréquents sont les vendeurs qui se vexent suite à une offre qu'ils jugent indigne de leur bien et ne donnent donc pas suite, alors que l'acheteur était en réalité disposé à payer davantage. Je vérifie quels sont, en dehors du prix, les éléments qui me semblent importants : la date d'emménagement, les dates de paiement… car tous ces éléments peuvent être déterminants dans ma négociation, et je demande à la banque un accord de principe pour mon emprunt.

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Je crève de peur, j'hésite… J’ai bouclé le prix, les conditions de paiement et la date de remise des clés, j'ai obtenu mon accord de prêt, je garde un œil sur le marché et je laisse soigneusement travailler mon avocat. Evidemment, je fais venir l'expert pour être sûr que la banque me prêtera bien sur la base du prix que je m'apprête à payer et non sur une estimation trop basse. Pendant ce temps, je travaille soigneusement mon plan de financement et je vérifie que mon échéancier de paiements coïncide avec mes disponibilités. À ce stade, il est très fréquent de se poser tout un tas de questions et même d'être à la limite de se "dégonfler". Pourquoi si cher ? Pourquoi ici ? Pourquoi seulement 3 pièces ? etc … Ces questions sont naturelles et légitimes. Il ne s'agit pas d'acheter une paire de chaussettes, mais bien d'un énorme investissement, et en plus d'un énorme compromis! C'est normal et je me calme !

Environ une semaine plus tard, je signe mon contrat d'achat et je paye 20% du total au moins, ainsi que les frais d’agence et de l'avocat, et je provisionne mon compte pour pouvoir payer la taxe d'acquisition. J'ai bien conscience que ce que je signe n'est pas un simple compromis qu'il est possible d'annuler, mais qu'il s'agit bien de l'acte définitif de vente. Peu importe au vendeur que j'ai l'argent ou non, que j'obtienne mon emprunt ou non, et que j’ai des travaux à faire. Tout ce qui n'a pas été précisé avant la signature et inscrit sur le contrat n'est plus ajoutable ni modifiable. Mon avocat a inscrit une mention au cadastre indiquant que je suis l'acquéreur en cours et que mon vendeur ne peut donc plus vendre à qui que ce soit d'autre sans mon consentement, je suis donc protégé.

Je rentre chez moi

‫בס’’ד‬

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Je cours à la banque Avec mon contrat signé, je commence le marathon de l'emprunt hypothécaire : une multitude de documents à fournir (déclarations de revenus, bulletins de salaires, relevés bancaires, justificatifs d'état civil ...). Et là, je me débrouille pour faire en sorte que mes virements soient bien effectués aux dates convenues avec mon vendeur. En effet, en cas de retard significatif, le vendeur peut exiger des pénalités de retard, voire même casser la vente en me facturant des indemnités conséquentes pour non respect du contrat.

J’ai effectué le dernier versement, je récupère les clés de chez moi, je peux enfin ouvrir le champagne. Il ne reste plus qu'à faire les changements de noms auprès de la mairie pour la taxe d'habitation, pour les sociétés d'eau, de gaz et d’électricité et je pourrai enfin poser mes mézouzot et faire pendre la crémaillère (en hébreu procéder à la Hanouccat Habaït). La course est terminée, j'ai enfin mon coin de paradis sur terre et j'ai bien conscience que j'ai réussi une belle aventure. C'est un beau roman qui commence chez moi et sur ma terre, en Israël. Je peux être fier de moi, car jusqu'à peu, c'était encore un rêve, alors qu'aujourd'hui, j'en ai fait une réalité concrète. J'ai ramé, j'ai galéré, j'ai failli craquer, mais j'ai enfin réalisé mon projet ! Sources : Une solide expérience forgée au quotidien, une bonne connaissance du marché et de la réalité locale, une équipe compétente et reconnue, une clientèle fidèle et formidable. Déborah Hosatte 20

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JERUSALEM IMMOBILIER

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CULTURE LEMAG’

L’installation « 17 écrans », des frères Ronan et Erwan Bouroullec, nous invite à une déambulation entre des panneaux en 3D suspendus au Musée de Tel Aviv, comme autant de rêveries possibles. Kathie Kriegel, pour LeMag’, a rencontré les deux artistes, internationalement reconnus, et la commissaire de l’exposition Meira Yagid.

Bio express

Ronan & Erwan Bouroullec Erwan et Ronan Bouroullec sont deux frères bretons qui se sont associés très rapidement après la fin de leurs études. Erwan, l’aîné, a suivi une formation à l’École nationale des arts appliqués, et Ronan, le cadet, à l’École nationale d’art de Cergy-Pontoise. Ils se sont associés en 1999, et ont travaillé pour les plus grands éditeurs de design. Très inspirés par le savoir-faire traditionnel, les deux frères travaillent essentiellement sur la définition de l’espace.

DESIGN L’audace de créer du lien de façon inédite


CULTURE LEMAG’

Interview flash des frères Bouroullec pour LeMag’ Créer du lien, grâce à un jeu d’assemblage ludique et audacieux de différents matériaux, utiliser l’espace comme un support tout en lui laissant une respiration propre, en différenciant sans séparer. Cela résume-t-il bien votre travail ? Oui, sur l’architecture et sur la question de l’organisation de l’espace de la séparation. La palette de ce qui est proposé aujourd’hui pour organiser l’espace est très vaste, dans certains cas c’est de l’opacité, dans d’autres c’est isophonique, et dans certains cas des choses très transparentes qui signifient des espaces, mais sans nécessairement bloquer l’œil, c’est le sujet effectivement. Ensuite, c’est la variété des matériaux, des morceaux de verre, de bois, d’aluminium, des croisements un peu étranges.

L’installation « 17 écrans » des frères Ronan et Erwan Bouroullec est suspendue dans la galerie 3 du Herta and Paul Amir Building du Musée de Tel Aviv, 27 Bld Shaul Hamelekh jusqu’au au 26 mars 2016. L’Institut français est partenaire de l’exposition.

M

aira Yagid a dû batailler fort pour obtenir des deux artistes que tout le monde s’arrache, qu’ils travaillent à une exposition spécialement conçue pour le Musée de Tel Aviv. Mais à une Israélienne de souche, rien d’impossible. Et c’est le fruit d’un an de travail, dans leur Bretagne natale, qui se donne à voir. Cela a l’air rigide, mais c’est souple. Cela a l’air urbain, mais c’est truffé de références à la nature. Cela à l’air industriel, mais c’est rustique. Cela à l’air immobile, mais c’est imperceptiblement en mouvement. Toutes ces contradictions sont présentes et s’incarnent dans leur travail. Avec le langage des Bouroullec, qui ont l’art de lier les éléments de façon inattendue, s’articulent des matériaux simples dont ils subliment la banalité. L’originalité de ces combinaisons savantes, empruntées à différentes disciplines, suggère des images dont se dégage une 24

sensualité singulière. Découverte d’une œuvre interactive, tout en délicatesse...

Carte blanche au talent

« Il y a toujours un moment où les artistes ressentent le besoin de montrer leur œuvre. Et pour un conservateur de musée, il y a plusieurs façons de procéder ; soit en faisant une exposition d’œuvres existantes ou avec une rétrospective par exemple », explique Meira Yagid pour LeMag’. « Moi je leur ai dit : voici l’espace que je vous propose au Musée de Tel Aviv, vous avez carte blanche », se félicite-telle.Il lui aura fallu s’armer de patience pour convaincre ces artistes de dimension internationale, qui ont toujours une bonne vingtaine de projets sur la planche. « Nous pensions que travailler avec une femme comme cela, ce serait très compliqué jusqu’à la fin », nous confient les deux artistes en riant, avec un humour non

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dépourvu de tendresse pour ce tempérament bien trempé. Mais un jour, le coup de fil de la conservatrice du Musée tombe à point nommé. « Elle nous a téléphoné à un moment où il y avait beaucoup de rétrospectives de nos travaux et nous en étions un peu las », nous expliquent ces génies artistiques. « Nous avions justement besoin de nouveauté, nous avons donc dit à Meira ‘ok’, on fait quelque chose avec vous, mais ce sera complètement nouveau ». Et c’est ainsi que le ‘Tel Aviv Project’ s’est imposé aux deux artistes. « Avec elle, on était de nouveau comme des adolescents, il y a eu beaucoup de passion autour de ce projet et nous avons décidé de prendre des risques ». Ce type d’aventure nécessite bien sûr, une confiance totale dans le talent des artistes, que Meira a toujours eue. « Je les connais depuis 25 ans, je les ai rencontrés en France, tout jeunes, j’ai tout de suite su qu’ils allaient devenir des

designers de tout premier plan et ce qui est plus rare, c’est que 25 ans plus tard, je leur fais toujours autant confiance, car ce qu’ils font est toujours frais et neuf. Fondamentalement neuf », avoue-t-elle. Avec cette façon de travailler, le Musée joue les mécènes, puisqu’hormis les dimensions du lieu proposé, les deux artistes n’ont eu aucune contrainte, et c’est bien ainsi que la commissaire de l’exposition conçoit son rôle. « Il faut pousser les artistes à explorer toutes les facettes de leur art, à épanouir leur créativité, afin de contribuer ainsi à leur essor. Et justement, leur donner carte blanche, c’est le meilleur moyen de leur donner entière liberté, pour explorer de nouvelles facettes de leur talent. Ils se sont dit ‘d’accord, je prends un an de ma vie, pour me consacrer à mon art sans contraintes, sans me limiter à des considérations externes’ et voilà ce qui en est sorti », lance-t-elle tout sourire, fière du résultat.

Peindre en 3D et repousser les limites du Design Les deux designers dessinent aujourd’hui pour de nombreux industriels comme Vitra, Artek, Kvadrat, Magis, Kartell, Established and Sons, Ligne Roset, Axor Kettal, Habitat, Alessi, Issey Miyake, Cappelleni et d’autres. A citer aussi, leurs travaux d’architecture, comme entre autres, celui très original de l’hôtel Casa Camper à Berlin. Leurs créations se trouvent aujourd’hui dans les collections des plus grands musées du monde, au Centre Pompidou à Paris, au Moma à New-York, ou encore l’Art Institute de Chicago ou le Design Muséum de Londres, pour n’en citer que quelques-

uns. Et leur travail a été couronné par de nombreux prix dont le Grand prix du Design de la Ville de Paris ou plus récemment le London Design Medal. « La proposition du Musée est arrivée à un moment clé de leur créativité, alors qu’ils avaient besoin de changement, c’est une période très intéressante chez ces deux artistes » précise Meira Yagid. Avec cette exposition, les deux artistes ont repoussé et approfondi les limites de leur discipline en ouvrant le spectre de leurs recherches, pour s’imposer comme des peintres en trois dimensions d’un genre nouveau.

Ça donne l’impression de tenir on ne sait pas trop comment… Oui, tout à fait, avec des bouts de choses… des bouts d’élastiques, pour une vibration un peu délicate. Chacune de ces propositions est vraiment un principe, c’est comme des légos, avec un principe d’assemblage simple, qui permet des variations. Vous avez fait appel à des techniques très différentes ? C’est comme une palette, un patchwork de techniques différentes, empruntées à l’industrie par exemple. Mais il y a aussi des techniques de la mode, car nous sommes fascinés par le textile, que nous avons travaillé avec l’équipe de ‘Comme des garçons’. Déambuler à travers les œuvres, contourner les séparations permet au spectateur de construire une œuvre singulière en fonction de ses goûts et de son rythme. C’était le but ? Oui, il y a là un rapport un peu animiste aux choses. Ce sont des parois qui fonctionnent plus par leur symbolisme que par leur présence factuelle. Ce sont des choses avec lesquelles nous devons travailler tout le temps, bien que les gens réagissent plus volontiers à la fonctionnalité, plus qu’aux symboles des fonctions. Mais effectivement, il y a ici quelque chose de l’ordre de la porosité et qui ne peut fonctionner qu’avec le ressenti des personnes. L’exposition est comme un paysage que l’on peut voir de plusieurs points de vue différents. A ne pas louper, un film d’animation intitulé « Végétal » vient compléter ce parcours. Vous y décrivez comment ‘pousse’ la chaise végétale qui se trouve à l’entrée du Musée de Tel Aviv. En regardant le film, le visiteur peut imaginer comment un arbre devient une construction ou un objet. La vidéo vous tente en tant que matériaux ? Oui, aussi. Dans le film que nous avons fait pour Samsung par exemple, notre travail a porté sur l’interface graphique, avec des éléments là-dedans qui ne sont pas du tout de la vidéo, dans le sens où ce n’est pas une histoire, mais une manière de traiter l’image : une forme de pixellisation de l’image qui a de grandes résonnances avec ce qui se passe ici. Février - Mars • 2016 • LEMAG.CO.IL • LeMag’ N°5 • 25


ENTREPRENDRE LEMAG’ Rencontre avec ...

Edouard

Cukierman PRÉSIDENT DE GO4ISRAEL

« La High-Tech est la locomotive de la croissance économique israélienne. Elle représente plus de la moitié des exportations ».

Né le 13 Mars 1965, à Paris. Fils de Roger Cukierman, actuel Président du CRIF. FORMATION : Diplomé du Technion - Israel Institute of Technology et de l'INSEAD. CARRIÈRE : Fondateur du Fond catalyseur et Président de Cukierman & Co Investment House. Fondateur des conférences annuelles de Go4Europe et Go4Israel.

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8,5

Billions

En dollars, le montant que les Chinois ont investi en Israël au cours des 4 dernières années.

L

a treizième édition de ‘Go4Israël’, anciennement nomée ‘Go4Europe’, qui a eu lieu fin Octobre, a, comme de coutume, rassemblé le gratin du business et des investisseurs internationaux, avec une présence de plus en plus marquée de Chinois. Pour son fondateur, le Président surdoué de ‘Cukierman & Co’, Edouard Cukierman, les Chinois ont compris le réel potentiel économique d’Israël qui dépasse de loin son petit territoire… Explication du principal intéressé. Pour les non-initiés, pouvezvous vous présenter ? Edouard Cukierman : J’ai fait mon alyah il y a trente ans et j’ai étudié au Technion et à l’Insead. Je suis officier de l’armée israélienne, à la fois dans l’unité de négociation en situation de crise et de prise d’otage, et porte-parole réserviste de l’armée pour les médias francophones. En 1993, j’ai créé une banque d’affaire et un des trois premiers fonds de Venture Capital. Le premier fond a été coté au marché boursier à Paris, en 1997. C’était à l’époque, la première société israélienne à être cotée en Europe continentale. N o u s avons, par la suite,

Ronnie Chan et E.Cukierman

développé une activité au sein de la banque d’affaire ‘Cukierman & Co Investment House’ (CIH), orientée sur le marché européen et levé des capitaux pour de nombreuses sociétés, principalement israéliennes. En tout, CIH a levé plus de 5.5 Billions de dollars sur le marché européen. Ces trois dernières années, nous avons décidé d’élargir nos activités au marché chinois. Notre directeur général, Haggai Ravid, s’est installé à Shanghai. Aujourd’hui, la majeure partie de nos investisseurs sont des investisseurs chinois. Comment est-on passé de ‘Go4Europe’ à ‘Go4Israël’ ? Nous avons eu la chance de participer à la plupart des introductions en bourse des sociétés israéliennes en Europe continentale (France, Allemagne, Suisse, Londres) mais nous nous sommes aperçus qu’il y avait de plus en plus d’acteurs chinois qui s’intéressaient à Israël. Lors d’une édition du ‘Go4Europe’, nous avons eu l’honneur d’accueillir Mr. Ronnie Chan (Président de Hang

Lung Properties, l’un des plus grands promoteurs immobiliers en Chine, basé à Hong-Kong NDLR) qui nous avait alors aiguillé sur la Chine en mentionnant qu’il espérait voir lors des prochaines conférences des participants chinois. Grâce à lui, nous avons reçu plusieurs délégations d’hommes d’affaire chinois afin de leur faire visiter Israël. Nous avons appelé ces mini-évènements :‘Go4Israël’. Afin d’éviter d’utiliser deux noms différents, nous avons rebaptisé notre conférence annuelle ‘Go4Israël’. Cela nous permet d’accueillir tout investisseur international (chinois, européen, américain,…) qui s’intéresse à la HighTech israélienne. Lors du dernier ‘Go4Israël’, qui s’est déroulé le 26 Octobre dernier, nous avons reçu plus de mille participants, trois cents de l’étranger et parmi eux, une centaine de Chinois. Aujourd’hui, nous avons une équipe de quinze personnes à Shanghai dont la mission est de faciliter la levée de capitaux pour des entreprises israéliennes en Chine. Notre activité de Private Equity se fait en partenariat avec ‘China Everbright’.

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ENTREPRENDRE LEMAG’

De gauche à droite : Y. Shamir, fils de l’ancien Premier ministre Yitzhak Shamir et homme d’affaires de premier plan en Israël, le ministre N.Bennet et E.Cukierman

La Chine est devenue, on l’a compris, l’un de vos terrains de jeux favoris et représente désormais un investisseur privilégié en Israël. A long terme, et vu l’insatiable appétit des Chinois, est-ce un danger ou une opportunité ? Le marché chinois est une véritable opportunité pour de nombreuses entreprises israéliennes, non seulement parce qu’il va être, à terme, le plus grand marché mondial pour les entreprises innovantes israéliennes, mais aussi parce que l’attitude des Chinois vis-à-vis du marché israélien est très différente de l’attitude des Européens vis-à-vis d’Israël, notamment en ce qui concerne les investissements. Ces derniers considèrent Israël comme une plateforme pouvant leur permettre d’accéder à un marché international et occidental et pas seulement au marché 28

local, contrairement à l’esprit européen ou français. Au cours des quatre dernières années, les Chinois ont investi plus de 8.5 Billions de dollars en Israël. Ils sont aujourd’hui les investisseurs leaders et ont détrôné les Américains, qui avaient toujours été les premiers investisseurs en Israël. Il s’agit d’un mouvement historique. J’aimerais citer ici le chairman de Lenovo, que nous avons accueilli quelques jours en Israël, qui disait que « Si HP a racheté des entreprises israéliennes à hauteur de 6 Billions de dollars sur ces vingt dernières années, Lenovo se doit d’être beaucoup plus agressif qu’HP puisque HP est notre principal concurrent ». D’où l’idée pour eux de faire des investissements dans des entreprises technologiques israéliennes, non seulement pour être plus concurrentiels sur le marché chinois, mais également pour être plus compétitifs au niveau mondial.

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E.Macron s’est rendu en Israël et a souligné le retard de la France en terme de business avec Israël. En parallèle, la politique de la France à l’égard d’Israël n’est pas totalement amicale ... Retrouve-t-on cette ambivalence sur le plan des investissements ? Il y a deux types d’investissements français en Israël. Ceux réalisés par la communauté juive qui vont en grandissant et qui se focalisent principalement sur l’immobilier. Et ceux, qui ont également le vent en poupe, effectués par des acteurs de la communauté juive qui s’intéressent à la technologie et à la consommation, tels que ceux réalisés par Michael Golan, Patrick Drahi ou encore Pierre Besnainou. Ce phénomène est le bienvenu car il va renforcer les liens économiques entre Israël et la France. D’un autre côté, s’il existe bien des acteurs

internationaux d’origine française présents en Israël comme Veolia, Air France ou Club Méditerranée, on voit très peu d’industriels français qui investissent en Israël. Ils voient le marché israélien sous un angle local, alors que l’opportunité pourrait être bien plus intéressante s’ils le considéraient comme une plateforme pour investir dans des sociétés innovantes susceptibles de leur apporter un avantage compétitif au niveau mondial. C’est ce que font certains pays européens comme l’Allemagne et l’Angleterre mais surtout les EtatsUnis et la Chine. Je crois qu’il y a encore matière à beaucoup progresser. C’est vrai également que certaines des décisions des acteurs français sont souvent plus politisées que celles des acteurs allemands, chinois ou américains. Cela se reflète par le poids qu’a BDS en France par rapport à d’autres pays sur lesquels il n’a aucun impact. Certains critiquent le statut de ‘Start-up Nation’ donné à Israël car finalement les start-up n’apportent que très peu de valeur ajoutée à l’économie, puisqu’une start-up se crée, se vend et ne crée finalement que très peu d’emplois… En quoi ce domaine d’activité contribue-t-il à la richesse du pays ? Le succès des start-up israéliennes va bien au-delà de l’impact économique qui se chiffre uniquement sur le montant des transactions réalisées, puisqu’il

a un impact sur le tourisme avec la venue de plus en plus d’hommes d’affaire internationaux en Israël (restauration, hôtellerie, immobilier) mais également sur de nombreux prestataires de service qui offrent un support aux entreprises de High-Tech israéliennes. Donc même si seulement 3% de la population israélienne travaillent dans la High-Tech,

situation ? En parle-t-on dans chaque réunion d’affaire ? Est-on automatiquement considéré comme un ‘ministre des Affaires étrangères’ potentiel ? Cela pèse-t-il dans les décisions à l’étranger ? Comme tout Israélien, je suis sensibilisé par la situation sécuritaire du pays (civile

toutes les exportations israéliennes sont liées au monde de la technologie. ”

cela a un impact important sur le PNB. La High-Tech est la locomotive de la croissance économique israélienne parce qu’elle représente plus de la moitié des exportations. On peut même dire que toutes les exportations israéliennes sont liées au monde de la technologie – plus de 50 Billions de dollars exportés sont liés à la technologie, chaque année. Ces ‘startupistes’ qui vendent leur société très jeunes, réutilisent les ressources obtenues en créant de nouvelles entreprises, d’où cette dynamique assez unique au monde de croissance de l’économie liée directement au succès de la High-Tech. Egalement, grâce à internet, ces entreprises peuvent avoir l’ambition de devenir des acteurs mondiaux (Mobileye, Waze), de même pour des structures moins orientées ‘High-Tech’ mais qui sont devenues des leaders mondiaux dans le secteur de l’eau tel que Netafim ou encore IDE. Le nombre d’acteurs israéliens impliqués à l’international atteignant une taille critique (Teva en est un autre exemple) est de plus en plus important, ce qui nous permet de voir l’économie israélienne grandir avec une perspective d’avenir ambitieuse.

et réserviste pour mon cas), mais je ne pense pas que cela ait un impact majeur sur les investissements étrangers en Israël, ni sur le développement des entreprises de technologie israéliennes sachant que de toutes les façons, elles ne vendent que très peu sur le marché israélien. Malheureusement, en Israël, nous avons pris l’habitude d’être confrontés à des situations difficiles, un conflit armé tous les dix ans, en moyenne. Cette situation n’a pas un impact majeur sur le monde des affaires, comme nous le voyons sur l’évolution de l’index boursier de Tel Aviv ou des sociétés israéliennes cotées aux Etats-Unis qui se portent bien. Nous n’évoquons pas ce sujet à chaque réunion d’affaire, contrairement à l’Europe où le sujet est soulevé, et plus particulièrement en France, car les décisions sont souvent plus politisées. Ainsi, nous en parlons très rarement et nous n’agissons absolument pas comme « des ministres des Affaires étrangères », comme vous l’avez suggéré, mais nous avons une sensibilité pour ceux qui sont exposés en Israël à une tension qui, je l’espère, sera, à terme, résolue. Propos recueillis par LeMag’

Un mot, peut-être, sur la situation sécuritaire. Comment les hommes d’affaire israéliens, tel que vous, vivent-ils cette Yair Shamir, Naftalie Bennet, Edouard Cukierman Février - Mars • 2016 • LEMAG.CO.IL • LeMag’ N°5 • 29


SANTÉ LEMAG’

Ces techniques qui nous font aller mieux La thérapie par le rire

Un enfant rit plus d’une centaine de fois par jour, alors qu’un adulte ne rit qu’une dizaine de fois (dans ses meilleurs jours !). Selon une récente étude, les individus laisseraient de moins en moins de place au rire : 19 minutes en 1939, 6 minutes en 1983 et moins d’une minute aujourd’hui. Les rythmes de vie stressants et les conventions sociales intransigeantes sont sûrement à l’origine de ces chiffres surprenants. Selon les médecins, le rire est un réflexe physique qui permet d’exprimer ses émotions : joie, optimisme, bonheur, humour, gaieté, satisfaction, etc… Or puisque l’individu rit moins, doit-on en conclure qu’il se perd dans ses émotions négatives ? 10 à 15 minutes de rire par jour permettraient pourtant de se maintenir en bonne santé. Plus encore, il a été médicalement prouvé dans les années 80, qu’une minute de rire était comparable à 45 minutes de relaxation. Rire nous permettrait d’évacuer l’angoisse, la pression et le stress quotidien. Il aurait ainsi des répercussions sur la douleur, la digestion, les dérègle-

ments fonctionnels, le sommeil et le stress. De nombreuses pratiques ont peu à peu émergé au cours du 20ème siècle permettant d’accéder à cet état de relaxation euphorique, dont : Le yoga du rire. Cette technique n’utilise pas l’humour pour faire rire, mais fait appel au ‘rire sans raison’, c’est à dire, au rire spontané de l’enfant que chaque adulte a en lui mais qu’il refoule la plupart du temps. Une séance type comporte des exercices de rire, d’étirements, de relaxation et de respirations empruntés au yoga. La sophrologie ludique. Cette technique permet de prendre conscience de son corps à travers des mouvements lents, une certaine posture, un lâcher prise et une écoute des sensations ou autres perceptions que l’on peut avoir de son corps. Les jeux. Ceux-ci renvoient à l’enfance, ce qui prédispose au rire. Il peut s’agir de jeux d’éveil, de coopération, de détente ou d’expression. Tous permettent d’évacuer le stress et d’oublier la peur du ridicule. Cela instaure ainsi un climat de confiance important pour pouvoir se vider l’esprit. La méditation du rire. En position allongée, les participants se détendent et laissent émerger ce qu’ils ont en eux, qu’il s’agisse de rires ou de pleurs. La plupart du temps la séance se termine par un fou rire général grâce à un phénomène de contagion. Les tensions physiques et émotionnelles se retirent pour laisser place à un bien-être profond.

L’hypnose

Stressés ? Anxieux ? Tendus ?

Face à un événement stressant, notre corps fait démarrer involontairement une série de changements hormonaux et chimiques. Cette réponse automatique au stress met notre corps en état d'alerte : notre rythme cardiaque augmente, nos muscles sont tendus, notre respiration s’accélère, parfois même notre système immunitaire est à plat. Cette réponse au stress peut être utile dans des situations d'urgence, mais lorsque cette réponse devient permanente, elle met notre esprit et notre corps 30

en état de tension perpétuelle. Avant les traitements médicaux et consultations chez des spécialistes, la relaxation apparaît comme une méthode simple et efficace pour soigner certains de ces maux. Personne ne peut éviter le stress, mais vous pouvez apprendre à déclencher en vous une réponse de relaxation, un état de calme profond qui est le parfait opposé de l’état de stress. Cette réponse relaxante remet de l'équilibre dans votre système nerveux, réduit l'émission d'hormones de stress, ralentit votre activité mus-

• Février - Mars • 2016 • LEMAG.CO.IL • LeMag’ N°5

culaire et accroît l'afflux sanguin dans votre cerveau. Plus vous ferez appel à ces techniques plus elles donneront des résultats probants. Les experts recommandent d’y recourir de 10 à 20 minutes par jour pour une bonne détente, et 30 minutes à une heure pour une relaxation complètement aboutie. LeMag’ a choisi quelquesunes de ces techniques censées vous aider à vivre mieux et plus relax.

Inspirez, expirez… Bienvenue dans un monde calme et détendu…

De plus en plus utilisée aujourd’hui en médecine dans le traitement de certains problèmes de santé, l’hypnose semble efficace pour lutter contre la douleur, soulager des problèmes de stress ou d’anxiété ou se libérer de certaines dépendances (tabac, grignotage,…). Perçue depuis l’antiquité comme une histoire à dormir debout racontée par des charlatans, l’hypnose, état entre éveil et sommeil, intrigue, fascine, inquiète… Mais, loin des salles de spectacle, des cirques et des cabarets, qu’en est-il réellement de cette technique de relaxation ? L’hypnose est un état de relaxation intense provoquée par un thérapeute pendant lequel le patient va pouvoir s’exprimer librement. Pour y accéder, le thérapeute utilise des métaphores pour guider l’inconscient du patient et l’amener à trouver en lui-même les solutions à ses problèmes. Nombre d’entre vous restent sceptiques, persuadés que le thérapeute possède un certain pouvoir occulte qui pousserait le patient à faire ce que bon lui semble. Soyez rassurés, son influence sur votre inconscient n’est pas

toute puissante. Votre cerveau regorge de ‘sécurités’ qui vous empêcheront de faire quelque chose contraire à vos valeurs. En pratique, les prix varient entre 200 et 400 shekels pour une séance qui peut durer de 45 minutes à une heure, à raison d’une fois par semaine. Cinq à six séances seront parfois nécessaires, selon les problèmes à traiter. Février - Mars • 2016 • LEMAG.CO.IL • LeMag’ N°5 • 31


SANTÉ LEMAG’

L’auto relaxation

Sur le plan physique, une séance d’auto relaxation permet, entre autres, de ralentir le rythme de la respiration, le rythme cardiaque, diminuer la pression artérielle, les tensions musculaires et le taux sanguin de cortisol (l’hormone du stress). Pour commencer à vous relaxer dans les meilleures conditions : Trouvez-vous un environnement calme, à part dans la maison, où vous serez sûr de ne pas être dérangé ou interrompu.

NOUVEAU Mettez-vous à l'aise dans une position confortable, mais évitez la position allongée pour ne pas vous endormir ! Asseyez-vous avec la colonne vertébrale bien droite, par terre ou sur une chaise. Choisissez un point de concentration, que ce soit un mot ou une phrase et répétez-les au cours de votre session. Vous pouvez aussi vous concentrer sur un objet dans la pièce ou sur un point sur le mur. Ne vous inquiétez plus des distractions extérieures et des pensées qui vous traversent l'esprit, ne les combattez pas, adoptez au contraire une attitude passive. Vous pouvez commencer … Votre séance de relaxation s’articule alors en quatre phases : Contractez et relâchez les muscles, en commençant par les orteils jusqu'au visage, entre 10 et 20 secondes pour chacun. Vous apprenez à reconnaître vos muscles lorsqu'ils sont contractés et lorsqu'ils sont dans un état de relaxation. Imaginez que vos muscles sont très lourds (très relaxés). Lorsque les muscles qui entourent les vaisseaux sanguins sont relaxés, ces muscles deviennent plus chauds à cause du flot sanguin qui circule plus librement. Visualisez mentalement des paysages ou des scènes calmes et paisibles. Inspirez et expirez lentement, de manière profonde pendant quelques minutes. C est bon, vous êtes relaxés !

Le Tai Chi Chuan

Le Tai Chi Chuan, discipline pratiquée depuis des siècles en Chine, est l’art martial le plus populaire au monde. Associant mouvements lents et respiration, cette discipline est accessible à tout âge. Cette gestuelle chinoise combine relaxation de l’esprit et conscience du corps pendant le mouvement, stimulant ainsi la circulation des énergies, et dénouant les tensions psychiques et musculaires. Les mouvements de détente et d'étirement se font au ralenti, en douceur et sans résistance. On respire de façon abdominale et on prend conscience de chaque partie de son corps. Il s'agit d'effectuer des gestes lents et souples. Ceux-ci doivent impérativement être faits de manière continue, afin d'éviter les saccades et les arrêts brutaux. Les mouvements ne sont pas aléatoires. Ils sont au contraire codifiés et les enchaînements font partie de l'enseignement. Selon la médecine traditionnelle chinoise, le Tai chi chuan permet de s’auto-guérir en permanence. Ses mouvements lents et réguliers doublés d’une respiration naturelle et fluide permettent une relaxation profonde et agissent sur le flux d’énergie vitale, qui à son tour, stimule le bon fonctionnement des organes. Le Tai-chi-chuan est d'ailleurs une méthode mondialement éprouvée pour gérer le stress et retrouver le calme. 32

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NB : Gardez en tête qu'il n'existe pas de technique de relaxation meilleure qu'une autre. Elles sont toutes efficaces. Choisissez une technique ou une combinaison de techniques qui vous correspondent le mieux et qui vont avec votre style de vie.

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eMag’ ENQUÊTES TENDANCES REPORTAGES

la méditation

Méditer en pleine conscience ("Mindfulness" en anglais) signifie vivre le moment présent, c’est à dire être à l’écoute de son corps dans l’instant, en ne laissant plus son esprit se disperser dans un flot incessant d’idées, de jugements ou de préjugés, mais arriver à se concentrer, pour se sentir bien conscient de qui on est. Attention, méditer ne veut pas dire ne plus penser ! Il s’agit de développer différemment son activité mentale. La méditation est une approche humaine qui booste l'attention, permet de connaitre nos pensées négatives qui nous font basculer dans la peur, l'angoisse et la dépression et donc peut vous faire progresser dans la connaissance de vous-même. Il suffit de se concentrer, afin de se vider l’esprit de toute préoccupation, qu’il s’agisse d’événements passés, de souvenirs douloureux ou d’inquiétudes sur l’avenir. Méditez chaque jour quand vous êtes au calme ou quand vous sentez l’angoisse ou le stress monter. La méditation au quotidien se pratique facilement et presque n’importe où ! Pour se sentir mieux dans son esprit mais également dans son corps, découvrez comment méditer et pratiquer la pleine conscience grâce à de simples exercices. Il est possible de méditer presque partout : chez soi, au travail, dans les transports en commun, dans la salle d’attente du médecin, dans la queue du supermarché, debout, en marchant, juste avant de dormir… En pratique : Prenez conscience de votre respiration, en inspirant et expirant normalement, sans jamais retenir l’air qui s’engouffre en vous et vous quitte. Ressentez le soulèvement de votre poitrine. Laisser votre esprit s’apaiser. Concentrez-vous sur les battements de votre cœur et le trajet de l’air qui entre dans votre nez et descend jusqu’à vos poumons, puis ressort lentement. Répétez ce procédé à plusieurs reprises. Pour méditer et retirer un maximum d’effets positifs de la méditation 3 minutes peuvent suffire, 10 minutes sont conseillées. La méditation peut vous aider à mettre fin à une dépression, faire face à un traumatisme, réduire votre stress, réguler vos émotions débordantes, apaiser votre mental, apprivoiser vos angoisses, évacuer vos ruminations mentales, mieux dormir…bref, se sentir exister ! Naomie Ariel

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L'AN PROCHAIN À JÉRUSALEM LEMAG’

Alyah,

A

près l’euphorie des premières semaines, celle d’avoir enfin posé ses valises en Israël et d’y vivre librement aux côtés de ses « frères », retour à la réalité et place aux efforts d’intégration indispensables pour s’ancrer solidement sur cette Terre… Une expérience vécue par Hanna, Karen et Lisa, mères de famille montées de France au cours de l’été 2014. Elles livrent à leMag’ les plus et les moins d’un atterrissage progressif.

le tournant des six mois

Six mois d’alyah révolus : une étape cruciale pour les familles françaises. Fin de l’oulpan, recherche d’emploi, premières pluies et vrai plongeon dans la réalité du pays… tout pour faire chavirer le olé ‘hadash !

JÉRUSALEM

À Jérusalem

VUE DE JUDÉE SAMARIE

À Yakir en Samarie

NETANYA

34

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C’est à Jérusalem, en plein centre ville, que Hanna et son mari décident de venir vivre au cours de l’été 2014, avec leurs trois jeunes enfants, afin de bénéficier de toutes les commodités offertes par la capitale. « Contrairement aux personnes à la retraite ou aux jeunes étudiants, le défi de l’alyah est gigantesque pour les 30-40 ans », confie-t-elle. « Il nous faut rapidement retrouver une vie professionnelle décente, tout en jonglant avec l’hébreu et l’intégration scolaire des enfants. Et il ne faut pas se faire d’illusion », poursuit-elle. « Cinq mois d’oulpan ne suffisent pas pour parler l’hébreu à la perfection. J’avoue avoir été très frustrée, n’ayant pas anticipé le fait qu’après six mois d’alyah, je ne disposerais pas d’un grand choix

Accompagnés par l’association ‘Alyah de Groupe’ au cours de l’année précédant le grand départ, Karen et son mari décident de s’installer pendant l’été 2014, avec une dizaine d’autres familles, derrière la fameuse ligne verte, à Yakir, un doux yishouv accroché aux collines de Samarie. C’est l’approche pédagogique innovante de l’école qui convainc définitivement Karen alors que rien ne prédestinait ces Parisiens pure souche, parents de quatre enfants, à changer de vie. « Nous nous projetions au départ en ville, mais en visitant l’école, j’ai retrouvé toute la superficialité « à la française ». Ici à Yakir, les enfants sont extrêmement bien pris en charge, bénéficiant d’une transmission des vraies valeurs grâce à une équipe et à des méthodes

TEL AVIV TEL AVIV

De Netanya à Tel Aviv

Pour Lisa, l’étape des six premiers mois se caractérise par une réelle déconvenue. Jeune couple sans enfant, elle et son mari décident de tenter l’aventure à Netanya. « J’ai cherché depuis Paris un appartement en location saisonnière. Mais une fois sur place, nous avons vite compris que l’endroit n’était pas adapté à nos attentes. À l’oulpan, il n’y avait que des femmes avec enfants qui repartaient l’après-midi à leurs occupations. Je me sentais un peu perdue. Et à Netanya, à part le kikar et la plage, il n’y a rien à faire. Je faisais sans cesse le parallèle avec Paris. Au bout de six mois, nous avons quitté Netanya pour

pour travailler, malgré mes compétences et ma formation de docteur en anthropologie. J’ai réussi à décrocher un entretien avec le Musée d’Israël grâce à des échanges de mails en anglais. Mais lorsque mes interlocuteurs ont réalisé que je ne parlais pas bien l’hébreu, ils ont purement et simplement annulé le rendez-vous ». Même si l’étape des six mois reste également marquée par la rudesse de l’hiver à Jérusalem et par les affections infantiles, Hanna demeure malgré tout très positive, réalisant avec le recul qu’elle s’est mis beaucoup de pression en plaçant la barre trop haut. Aujourd’hui, elle et son mari travaillent en français et envisagent de relever progressivement les prochains défis de l’intégration en Israël.

d’apprentissage recherchées. D’autant qu’ils évoluent au grand air en toute liberté dans le yishouv ». Après l’oulpan, les distances entre Yakir et les grands centres urbains se révèlent très contraignantes pour partir travailler chaque matin, sans compter l’hiver pluvieux, venteux, neigeux et boueux pour ces citadins qui expérimentent la vie en « caravila » (genre de mobile-home). « Le cap des six mois a été salutaire pour renforcer notre émouna. Nos nouvelles conditions de vie nous ont appris à relativiser, aussi parce nous sommes montés en groupe, bien encadrés par les familles « israéliennes » du yishouv » souligne Karen.

Tel Aviv, en quête de « mouvements », de commerces, de restaurants et de cafés, à chaque coin de rue, ouverts à toute heure ». Un changement de cap vécu par Lisa comme une expérience positive. « Les Israéliens sont extraordinaires et je n’ai aucun problème avec leur mentalité franche et directe, le contraire même de celle des Français ! Aujourd’hui, je ne me vois vivre nulle part ailleurs, d’autant que ma famille est venue me rejoindre ». Katja Epelbaum Février - Mars • 2016 • LEMAG.CO.IL • LeMag’ N°5 • 35


L'AN PROCHAIN À JÉRUSALEM LEMAG’ Soins dentaires : décryptage

Le saviez-vous ?

Installés depuis deux, cinq ou dix ans en Israël, il arrive souvent que les nouveaux immigrants francophones zappent des informations pourtant essentielles sur la vie au quotidien. Nous en avons sélectionnées quelques-unes pour vous ! Alléger le montant de la arnona Si, si c’est possible. La réduction de la taxe d’habitation municipale israélienne, qui peut varier de 70 à 90 % selon les villes, concerne aussi bien les olim ‘hadachim durant leur première année d’alyah que les familles monoparentales, les personnes en situation d’handicap, à la retraite, en service militaire, blessées de guerre, rescapées de la Shoah ou victimes d’attentat, et ce, de façon permanente. L’exemption peut également s’appliquer en cas de rénovation du bien s’il appartient à une personne de nationalité étrangère selon certains critères bien précis. Pour en savoir plus, adressez-vous à la mairie de votre lieu d’habitation, l’arnona étant calculée sur la base du nombre de mètres carrés pour les biens résidentiels comme pour les biens commerciaux. Précision importante, même si le ministère de l’Intérieur fixe les réductions et les taux maximaux autorisés, les municipalités qui n’ont pas l’obligation de respecter ces critères se réservent la possibilité d’octroyer ou non cette exemption.

IRM : quand le ministre de la Santé s’en mêle… Pour le bien-être des patients et pour l’amélioration du système de santé israélien, c’est le ministre de la Santé, Yaakov Litzman en personne, qui a pris à bras le corps la problématique des délais, malheureusement encore trop longs en Israël, pour obtenir un rendez-vous d’IRM. Pour ce faire, le ministre a déployé un vrai plan d’attaque en créant des numéros d’appel et de fax dédiés (02 508 13 25 et 02 647 38 61), arrivant directement à son bureau, pour le traitement de toutes les demandes. Des fonds supplémentaires ont également été injectés pour l’achat d’équipements, la formation et le recrutement de spécialistes en radiologie. « Sur près de 138.000 examens réalisés chaque année, le temps d’attente est passé à ce jour de 51,7 jours contre 161, il y a encore quelques mois, avec l’objectif d’atteindre 14 jours d’ici la fin 2016 », a déclaré Y.Litzman. 36

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Autre pays, autre politique de prise en charge ! Sachez-le, en Israël, votre caisse maladie (koupat ‘holim) ne couvre pas 100% de vos dépenses en soins dentaires. Et pour bénéficier d’une prise en charge certaine, il faut se rendre dans les dispensaires de votre caisse ou dans les cabinets dentaires agréés, sur présentation d’une ordonnance délivrée par le médecin traitant ainsi que d’une autorisation de la caisse. Sont notamment compris dans le panier de prise en charge des soins : un examen périodique, les radios, un détartrage une fois l’an, les soins préventifs par application locale, le plombage des caries et des trous… sachant que depuis le 1er Janvier 2016, la gratuité des soins dentaires a été étendue aux enfants jusqu’à l’âge de 14 ans. Soyez vigilants et renseignez-vous auprès de votre caisse, d’autant que certaines assurances complémentaires offrent des réductions supplémentaires selon les soins. Même si le suivi en cabinet dentaire privé est généralement plus cher, nombreux sont les patients qui préfèrent faire appel au service d’un dentiste hors parcours de remboursement.

Flash : baisse des tarifs dans les transports publics Bonne nouvelle, à partir du 1er Janvier 2016, suite à une importante réforme de la tarification, les usagers des transports publics nationaux israéliens bénéficient non seulement de tarifs réduits mais également d’une flexibilité accrue, le but étant de rendre attractif leur usage par opposition aux véhicules privés. Aussi, les nouvelles modalités d’abonnement offrent désormais la possibilité de circuler dans les zones sélectionnées par l’utilisateur sur l’ensemble du pays, tous moyens de transport compris ( bus, train, tramway ). La carte USB Rav Kav, par exemple, peut être rechargée manuellement et sera accessible aux résidents de Gush Dan dans un programme pilote. Pour de plus amples informations, rendez-vous sur le site du ministère des Transports : www.trans-reform.org.il

Carte ‘Yerushalmi’ Carte ‘Yerushalmi’ : les bons plans yérosolémitains Si vous habitez Jérusalem, courrez acheter la carte ‘Yerushalmi’. Valable deux ans, elle donne accès à des réductions dans les musées, les théâtres, les concerts, les restaurants et cafés ainsi que pour les activités sportives. D’un prix symbolique (20 NIS à partir de 14 ans), cette petite carte maligne permet aussi de bénéficier de 20% de réduction sur le stationnement pour les abonnés aux systèmes Pango et Easypark. Où l’acheter ? A la mairie de Jérusalem, Safra square Bâtiment 1, stand d’accueil de l’entrée. Dimanche, lundi, mercredi et jeudi de 9h à 15h Mardi de 9h à 14h et de 15h à 18h. Pour plus d’informations : www.yerushalmi.org.il (site en hébreu), Hotline : 1 700 53 00 02. Boaz Birkmaier

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DOSSIER

EMPLOI p.40

p.46

Emploi : Etat des lieux

Les français sur le marché DU travail

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p.50

DEVENIR PATRON

Travailler c’est trop dur, surtout en israël, diront certains... Et si ce n’était qu’un mauvais apriori ? D’où ce dossier destiné à nous aider à nous retrousser les manches. Le marché du travail : son profil, ses tendances, son humeur et la place qu'y occupent les immigrants d'origine française. Portrait. Dossier coordonné par Caroll Azoulay

p.52

« Je travaille en Call Center »

Février - Mars • 2016 • LEMAG.CO.IL • LeMag’ N°5 • 39


DOSSIER EMPLOI En 2014, le salaire moyen brut a été fixé à soit

emploi : etat des lieux Vous souvenez-vous de cette question que l’on vous posait enfant : « Quel métier souhaiterais-tu exercer quand tu seras grand ? ».Vous répondiez alors en citant les métiers les plus populaires à votre âge : pilote, avocat, médecin, chanteur, pompier, enseignant ou … le fameux policier... Qu’en est-il aujourd’hui de vos aspirations d’hier ? Sont-elles réalisables et adaptées au marché de l’emploi qui nous entoure ? LeMag' a tenté de répondre à la question. Près de 500.000 personnes s’adressent en âge de travailler à ne jamais rester à la recherche de salariés » affirme Mimi chaque année au Lishkat Taassouka dans longtemps inactives. Bon ou mauvais, le Cohen, vice-directrice du département de ses 72 bureaux répartis dans tout le pays. système étant ce qu’il est, il faut mainte- formation au sein du Lishkat Taassouka. Sorte de pôle emploi version israélienne, nant s’interroger sur ce qu’il a à proposer. Et de poursuivre énergiquement : « Pour ce service « a entamé, depuis deux ans en- « Au cours des deux dernières années, on que la bonne rencontre puisse se proviron, un processus profond visant à aider a enregistré une forte croissance dans le duire, il faut pouvoir s’adapter, que ce efficacement les personnes à la recherche nombre d’offres d’emploi. Nous sommes soit au sujet de la qualification, du lieu de d’un emploi. Cette réforme s’exprime passés de 60.000 places par mois, il y a travail ou du salaire. Celui qui cherche un par un développement des formations 5 ans, à 90.000, actuellement. Les postes poste de directeur au centre de Tel Aviv professionnelles et un accompagnement les plus demandés sont dans l’ordre : aura peut-être du mal, mais celui qui renforcé permetcherche un tant d’offrir les travail pour Dire qu’il n’y a pas de travail en Israël est faux ! nourrir sa outils adéquats pour trouver du n’en Il y a des centaines d’emplois disponibles et des famille travail » nous aura aucun ». centaines d’employeurs à la recherche de salariés ” Pour favoriexplique Rachel Brener Chalem, ser et encoudirectrice du service statistique au sein du serveur, agent commercial, vendeur, bar- rager les demandeurs d’emploi à élargir Lishkat Taassouka. man, développeur informatique, ingé- leurs domaines de compétences (et aussi Si cette réforme semble être tardive, c’est nieur, agent téléphonique, agent hospi- un peu leur état d’esprit) afin de s’adapque le marché de l’emploi est relative- talier, agent d’entretien, travailleur du ter aux demandes du marché, le Lishkat ment en bonne santé. Avec un taux de bâtiment, conducteur, travailleur spécia- Taassouka crée des formations profeschômage oscillant entre 5,4 % et 5,9 % lisé dans le domaine de la construction et sionnelles ad-hoc. dans ses plus mauvaises périodes, Israël enfin agent de sécurité ». Fait intéressant, « Si nous constatons une forte demande est un des pays développés comptabili- c’est dans le secteur high-tech que l’on d’électriciens par exemple, nous ouvrons sant un taux extraordinairement bas de trouve le plus d’offres d’emploi pour les des classes spécialisées et gratuites pour chômeurs. hauts diplômés, et le plus de postes en des personnes susceptibles de corresA cela plusieurs explications. Un goût général… pondre au profil de la formation. A l’issue prononcé pour l’entreprenariat, une Mais c’est parfois aussi dans des do- de ces stages professionnels, les gens population jeune, une législation hyper maines inattendus que l’on peut trouver trouvent immédiatement du travail » nous souple permettant aux employeurs de du travail. explique Mimi. licencier facilement, enfin et surtout, un « Dire qu’il n’y a pas de travail en Israël Une approche qui devrait s’amplifier filet social réduit à sa plus simple expres- est faux ! Il y a des centaines d’emplois dans les années à venir. sion (voir encadré) incitant les personnes disponibles et des centaines d’employeurs

40

• Février - Mars • 2016 • LEMAG.CO.IL • LeMag’ N°5

2,7% de plus qu’en 2013

Le salaire moyen brut pour une femme

7.439 soit 48,8

/ heure

9.317 shekels, Le salaire moyen brut pour un homme

11.114 soit 58,3 36,5%

Les écarts de revenus entre salariés Arabes et Juifs en légère diminution

4.387

35.801

/ heure

32,8%

2013

c'est ce que 10 % des Israéliens les plus riches perçoivent comme revenu moyen mensuel

2014

METIERS LES MIEUX RÉMUNÉRÉS

CADRES 16.601

/ mois

METIERS DE L'INFORMATION & LA COMMUNICATION

16.043

/ mois

Moyenne d'heures effectuée par un salarié

41H / semaine

pour un salaire brut moyen de 54,2

/h Source : BCS Octobre 2015

Bonnes nouvelles pour les salariés ! En vertu d’une nouvelle convention collective ratifiée par le ministère de l’Économie, la Histadrout et le Patronat, la durée minimale des congés payés sera augmentée. durée minimale des congés payés

Patron du Mossad 1 Juillet 2016 er

1 Janvier 2017 er

prévision du salaire minimum d'ici 2017

shekels

actuellement

2/3

La sécurité d’Israël, ça se paye, leurs salaires mensuels en témoignent :

84.000

actuellement

4 650

postes vont être créés dans les ministères pour être occupés par des ‘seniors’. Ils seront employés pour une période maximale de trois ans à raison de cent-vingt heures de travail maximum par mois.

Patron du Shin Bet

JOURS PAR AN

JOURS PAR AN

JOURS par an

80

82.000

12

11

10

c'est ce que 10 % des Israéliens les plus pauvres perçoivent comme revenu moyen mensuel

4 825 shekels

Août 2016

5 000 shekels

janvier 2017

des enfants qui entrent à l’école aujourd’hui exerceront, à l'âge adulte, un métier qui n’existe pas encore

5 300 shekels fin 2017

7,1 millions

85.600

Chef d’état-major de Tsahal

89.300

Commandant de police

d'emplois pourraient être détruits par la 4ème révolution industrielle - intelligence artificielle, big data et objets connectés - d'ici 2020, selon une étude réalisée par le Forum économique mondial (WEF). Février - Mars • 2016 • LEMAG.CO.IL • LeMag’ N°5 • 41


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N°5 FÉVRIER - MARS 2016 20

RENCONTRE EXCLUSIVE

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LeMag’ N°5 FÉVRIER-MARS 2016 20,00

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DOSSIER EMPLOI Selon une étude réalisée en Israël, sur les 3,1 millions de personnes professionnellement actives, 900.000 devraient d’ici dix ans ne plus être en mesure de poursuivre leur activité en raison de l’informatisation et de l’automatisation des métiers qui vont crescendo. « Les menuisiers, les assureurs ou encore les imprimeurs sont déjà concernés par la disparition de leurs métiers. En parallèle, de nouvelles professions apparaissent. Par exemple, l’imprimerie en 3D qui se développe. Face à cette transformation, les gens devront apprendre à s’adapter à ces nouveaux secteurs » explique Mimi Cohen. Les cinquantenaires étant particu-

lièrement concernés, « des politiques de l’emploi feront prochainement leur apparition en Israël avec des budgets spécialement alloués dans ce domaine » assure la vice-directrice. A noter, la possibilité d’obtenir un oulpan professionnel subventionné. « Si nous enregistrons suffisamment de demandes pour un secteur particulier, nous sommes en mesure d’ouvrir des classes destinées aux nouveaux immigrants souhaitant se former. Il suffit de se renseigner auprès de nos services » affirme la responsable. Pour autant, selon une information exclusive obtenue par ‘LeMag’ auprès des deux spécialistes du Lishkat

Taassouka, on compterait 2.620 demandeurs d’emploi nouveaux immigrants sur un total de 190.000 demandeurs d’emploi au cours des cinq dernières années. Parmi lesquels, seulement 96 nouveaux immigrants originaires de France ! « Soit les gens travaillent effectivement, soit ils ne sont plus comptabilisés par nos services car ils ne reçoivent plus d’allocation chômage, soit ils ne sont jamais venus s’inscrire après avoir été licenciés » avance l’experte pour expliquer ce chiffre particulièrement bas que l’on aimerait tout simplement attribuer au fait que les Français sont bien intégrés sur le marché !

S’inscrire au chômage Une transition parfois nécessaire avant de réintégrer à nouveau le monde du travail… Excluant les indépendants (mais la loi est en train d’évoluer) et les actionnaires, le droit au chômage concerne les salariés de 18 à 67 ans pour les hommes et de 18 à 65 ans pour les femmes. Plusieurs conditions sont requises à l’ouverture des droits : L’ex-employeur doit avoir cotisé au Bitouah Leumi, Le demandeur doit justifier de 360 jours de cotisation au moins sur les 540 jours précédant le chômage, Les indemnités peuvent être accordées à la suite d’un licenciement et, dans certains cas, d’une démission. C’est la date d’inscription au Lishkat Avoda (l’équivalent du Pôle emploi) qui détermine le début de la période de chômage. Les allocations sont ensuite versées par le Bitouah Leumi et leur montant dépendra notamment du salaire journalier moyen, sachant que les cinq premiers jours de chômage ne sont pas indemnisés et que la durée maximale d’allocation chômage est de six mois. Pour plus de détails, contactez les services du Lishkat Avoda au 9687* ou au 077 271 88 00.

EMPLOYÉS PAR RÉGION

DE DEPART PROPOSÉ PAR L'EMPLOYEUR

SUD

CENTRE

Ingénieurs informatique

19,895

1092

10511

Professeurs et éducateurs

9,289

483

Infirmières

6,714

610

Plombiers

6,555

Menuisiers en batiment

5,683

Forgerons

5,706

Directeur commercial et publicité

19,259

Techniciens supérieurs informatique et programateurs

9,262

NORD JÉRUSALEM EMPLOYÉS EN ISRAEL

18274

5550

1121

2611

893

2687 6673

3000

1187

628

1955

2095

3823

147

579

367

3968

6277

1812

25005

5504

43993

SUD

CENTRE

NORD JÉRUSALEM

193

1207

364

0

NOMBRE DE POSTE PROPOSÉS

1764

21

64

419

3

507

5425

139

334

98

192

763

1080

8954

54

179

385

81

699

69

1163

24

140

1

186

350

1029

1261

21798

211

198

335

105

849

6300

1679

34796

37

85

102

181

405

10368

6243

66108

14

1737

271

86

2107

7,668

1776

5187

2125

1024

10112

49

142

58

28 277

6,180

1703

5789

4591

2988

15071

6

597

44

4 651

Dentistes

39,557

377

1319

544

319

2559

7

23

9

6

44

Chimistes

11,544

286

3367

1247

407

5307

39

7

37

10

94

Médecins

10,795

3544

9162

5567

2237

20509

5

235

19

21

280

Cuisiniers

5,578

2901

8303

5220

3346

19770

82

502

208

Plâtriers

5,491

261

604

869

490

2224

41

207

77

152 943 88

412

L’extrait du tableau présenté ci-dessus est tiré de celui publié le 10 Juin 2013 par le ministère de l'Economie. Il a été traduit intégralement par l’association AMI pour les olim de France et les candidats à l'alyah afin qu’ils puissent découvrir les domaines professionnels dans lesquels la demande est plus importante en fonction des différentes régions. Bien qu’ayant été critiqué à sa source car pas assez représentatif selon certains, LeMag’ a tout de même voulu en reproduire une partie, à titre purement indicatif, afin de vous donner une idée des métiers qui sont classés dans le top 15 des professions les plus demandées (attention : non les mieux rémunérées !). http://www.ami-israel.org/images/pdf/ovdim.pdf

44

• Février - Mars • 2016 • LEMAG.CO.IL • LeMag’ N°5

36.000

2005

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PROFESSION

SALAIRE MENSUEL

POSTES PROPOSÉS PAR RÉGION

adresses nos partenaires

1.200 placements

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Saba Ba la retraite en Israël

c’est l’avenir

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DOSSIER EMPLOI

Les français sur le marché DU Décryptage. Comment les immigrants de langue française appréhendent-ils le marché du travail ? S’y sont-ils intégrés ? Quelles sont leurs principales difficultés? Comment booster leur embauche ? Autant de questions que nous avons voulu poser aux responsables d’associations, coordinateurs d’alyah et autres personnes impliquées dans l’intégration professionnelle des olim ‘hadashim.

D

epuis 2008, l’Antenne emploi Israël- économique particulièrement dynamique, qui se caFrance fonctionne sous la responsabilité ractérise par une situation de quasi plein emploi en de l’association AMI (Alyah et Meilleure Israël, rayonne sur tous les Israéliens, immigrants ou Intégration). Fonctionnant comme une non. Le marché est donc porteur et propose du traagence de placement, elle place entre vail. Evidemment, pas toujours celui dont on rêve ou huit à dix personnes chaque mois. « Le dénominateur en fonction du lieu que l’on aimerait, mais globalecommun des offres d’emploi qui nous parviennent est ment il y a du travail ». Autre facteur qui joue un rôle la nécessité de parler le français, en plus des qualifica- particulièrement important dans l’emploi des Frantions spécifiques liées au poste. Mais pas seulement » co-Israéliens : les fameux call center qui ont essaimé au cours des dix derexplique Danières années. « Contre niel Heffes, Les call center fournissent aussi du responsable toute attente, ces travail à des centaines d’olim qui entreprises emploient des Projets emploi et étaient commerciaux en France et dont une main d’œuvre qualifiée (étude de éducation au le seul outil de travail est de manier au projets, développeurs, sein d’AMI. comptables, ressources « Les permieux la langue française.” humaines) dans de sonnes qualifiées bac + 4 / 5 sont évidemment les plus recher- nombreux domaines. Et puis les call center fournissent chées » explique-t-il en jetant un coups d’œil rapide aussi du travail à des centaines d’olim qui étaient comsur le profil des placements effectués en 2015 : profes- merciaux en France et dont le seul outil de travail est seurs, commerciaux, coordinateurs de l’évènementiel, de manier au mieux la langue française. Pour eux, tradéveloppeurs, comptables, analystes, consultants RH, vailler dans un call center en français est une suite lojuristes, avocats, le champ des possibles est large… gique de leur carrière professionnelle ». Daniel Heffes Un peu plus de 35.000 nouveaux immigrants français reconnait porter un regard beaucoup plus positif sur ces sont arrivés en Israël au cours des dix dernières an- entreprises aujourd’hui, notamment parce que « la rénées. Soit environ entre 8 à 10.000 personnes en âge munération proposée est plus importante que celle qui de travailler. Alors, travaillent-elles ? Le bilan semble serait offerte par le marché israélien à un nouvel imêtre plutôt positif selon D.Heffes. « L’environnement migrant ne possédant ni la langue, ni le networking, ni

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• Février - Mars • 2016 • LEMAG.CO.IL • LeMag’ N°5

travail

l’expérience requise ». Pour autant, il n’hésite pas à désigner la facilité que représente un emploi dans un call center comme un « piège de miel ». « Surtout pour les jeunes, qui vivent selon un rythme de travail français, dans un environnement français et parlent français, négligeant ainsi de s’intégrer dans la société israélienne ». Mais le profil du nouvel immigrant français est-il foncièrement adapté au monde du travail israélien ? « Une personne qui a des capacités de management doit chercher comment les adapter au marché israélien. Même si elle ne fait pas exactement le même travail, elle pourra se servir de ses qualités pour les mettre au service d’un autre poste qui nécessite, par exemple, de savoir gérer des gens, des productions ou du temps. C’est cet état d’esprit, qui fait appel à une grande souplesse et à la volonté de comprendre le système, qui permet de réussir professionnellement ». Même si cela prend du temps de faire sa place en Israël, il est donc possible de la trouver. A condition de mettre un bémol à ses prétentions. Accepter de faire des allers retours Tel Aviv/ Jérusalem, de prendre deux mi-temps, de faire une formation pour adapter ses atouts professionnels au marché ; autant d’exemples de compromis que les olim doivent accepter pour décrocher un poste et débuter ainsi une carrière professionnelle. La cooptation, la candidature spontanée, les réseaux sociaux, les sites spécialisés d’offres d’emploi, la recherche d’emploi sur le terrain sont les principaux moyens de trouver du travail, à vous de trouver celui qui vous correspondra le mieux. Sachant qu’en Israël, « on n’est pas jugé sur ce qu’on était, mais sur ce qu’on fait. Le marché du travail donne sa chance à chacun et les employeurs ne craignent pas l’échec. Penser plus librement, explorer des chemins hors des sentiers battus, oser, innover, ce sont les secrets de la réussite d’Israël et donc de ses olim ! » affime Daniel Heffes qui précise, « l’intelligence émotionnelle est un accélérateur de réussite très important en Israël. Il faut donc la cultiver quand on en est doté, et la développer quand on en manque ».

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DOSSIER EMPLOI

T

el Aviv-Yafo est devenue la première ville d'intégrase procurer ses diplômes universitaires et les faire traduire, tion en Israël. Nicole Koskas, responsable projets s’intéresser aux opportunités professionnelles présentes sur le ‘Intégration Olim francophones’ au sein de la maimarché israélien, envisager, avant même d’arriver, une reconrie de Tel Aviv-Yafo, version et budgétiser le coût de a été rejointe dernièrement par son intégration professionnelle, Comment est-il possible de deux autres responsables proautant de démarches qui peuvent jets dédiés aussi aux olim frantrouver un emploi, de passer un faire la différence quand vient le cophones : Céline Benhamou et moment de trouver un boulot » entretien professionnel sans une selon l'équipe des responsables Stéphane Goldin. L’équipe du département Intébonne maîtrise de l’hébreu ? ” de projets. gration de la Mairie de Tel Aviv « Adapter ses compétences à apporte des réponses dans de plusieurs champs d’action » senombreux domaines auprès des 1.500 olim francophones que rait une clé essentielle pour pénétrer dans le monde du travail compte désormais la ville, contre seulement 200 en 2011-2012 ! local. Fait intéressant à noter selon Stéphane Goldin, même si Et l’aspect professionnel en fait désormais partie. « En plus des les cultures de l’emploi sont complétement différentes en Israël jeunes âgés de 22 à 30 ans, intéressés par une expérience à l'inet en France (congés, temps et conditions de travail), « une évoternational, et des jeunes séniors souhaitant profiter de leur relution s’est produite dans les mentalités des olim francophones. traite, nous avons vu récemment arriver des familles avec trois Elle est liée à ce qui se passe en France. L’époque où l’on traet quatre enfants dont les parents âgés de 30 à 45 ans cherchent vaillait toute sa vie dans une entreprise est bannie. Désormais, à s’intégrer sur le marché de l’emploi » explique Nicole Koskas. il faut s’adapter à un monde plus précaire. Et tout le monde Selon elle, les olim ‘hadashim de Tel Aviv seraient généralele sait ». Autres conseils et non des moindres : « être proacment diplômés, avec une expérience à l’étranger facilitant leur tif, être curieux et intégrer des communautés pour partager des entrée dans la vie professionnelle dans cette grande ville cosmoinformations. Il faut apprendre à demander et à s’entraider pour polite par excellence. progresser » conseille Céline Benhamou. « Tel Aviv est la ville phare de la ‘Start-up nation’. Il s'agit du nerf économique du pays avec ses 700 start-up sur Rothschild. De son côté, Elyahou Ben Shoushan, incite vivement « à cesser Tel Aviv offre de très nombreuses opportunités d’emploi ». Les de comparer » ! olim y trouvent-ils pour autant plus facilement du travail ? Oui, Le meilleur moyen pour ce bénévole, devenu professionnel de selon l’équipe des coordinateurs à condition que les nouveaux l’intégration presque sans le vouloir, « d’arriver pour rester », immigrants se plient aux exiselon son slogan fétiche. gences de leur nouvelle vie. Et A l’origine une simple page parmi elles, l’hébreu arrive en Facebook, aujourd’hui un site première place. « Nous avons très complet dédié aux nousouvent la sensation que les veaux immigrants de France , olim ne profitent pas des leviers d’intégration qui sont mis à ‘Arriver en Israël’, Elyahou livre toutes les adresses utiles : leur disposition pour s’insérer dans le marché du travail, notamagences nationales pour l’emploi, agences de recrutement, sites ment. Et c’est dommage » note N.Koskas. Coaching via MAOF, internet qui vous aideront à démarrer professionnellement en soirées de networking organisées par le Département IntégraIsraël. Une mine d’informations qui donnent envie de se lantion de la Mairie de Tel Aviv, cours d'hébreu professionnel mis cer à la recherche de l’emploi de ses rêves ou pas… Car pour en place par le ministère de l'Intégration, stages, accompagneElyahou Ben Shoushan, Israël requiert de renoncer à son statut ments par les associations concernées telles que l’AAEGE ou d’enfant gâté. « Devenir israélien, c’est se mettre dans la peau GVAHIM, les outils existent, il faut juste être déterminé à les d’un Juif dans l’Etat juif » rappelle Elyahou. En d’autres termes, utiliser. adopter les us et coutumes d’un pays occupé à se construire « Comment est-il possible de trouver un emploi, de passer un envers et contre tout, parfois sans état d’âme mais avec un optientretien professionnel sans une bonne maîtrise de l’hébreu ? misme débordant. Pour cela, il faut au moins avoir fait l’oulpan Aleph et Beth, et www.ami-israel.org souvent un oulpan professionnel pour pouvoir se débrouiller. Enfin, même si de nombreuses entreprises travaillent à l'interBureau francophone de la mairie de Tel-Aviv : national et donc en anglais, c’est un niveau ‘langue maternelle’ Page Facebook ‘Olim francophones de Tel Aviv’ qui est requis, ce qui est rare chez les Français ». Autre argument avancé pour accélérer l’entrée des olim français sur le marché du travail, une préparation pré-alyah. « Faire un oulpan avant l’alyah, commencer à préparer ses équivalences,

Israël requiert de renoncer à son statut d’enfant gâté

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• Février - Mars • 2016 • LEMAG.CO.IL • LeMag’ N°5

Vous êtes face à un nouvel avenir, nous vous attendons avec l’ensemble de vos droits.

Bienvenue à la maison en Israël! Le Ministère de l’Alya et de l’Intégration investit de nombreux efforts afin que vous puissiez vous intégrer en Israël facilement et rapidement. Le Ministère octroie aux nouveaux immigrants, un panel de droits et d’avantages dans tous les domaines importants de la vie: logement, emploi, études, entreprenariat, etc.

Vous êtes conviés à vous adresser à l’un des bureaux du Ministère, pour obtenir des renseignements sur tous les droits et les avantages qui vous reviennent. Le Ministère tient à votre disposition des conseillers multilingues qui seront heureux de répondre à vos questions. Pour plus de renseignements: klita.gov.il et Ministère de l’Aliya et de l’Intégration.

Ministère de l’Aliya et de l’Intégration


DOSSIER EMPLOI

Devenir PATRON,

Oui mais pas n’importe comment ! Dans la Start-up nation, quoi de plus naturel que de travailler à son propre compte ? Et si créer sa propre entreprise était La solution ? Perspective.

33%

soit 160.000 entreprises en Israël comptent entre 1 et 4 salariés.

12%

soit 250.000 travailleurs à temps plein sont indépendants contre

34%

aux Etats-Unis (taux qui devrait atteindre les 40% d’ici 2020).

Tendance qui gagne la planète. La souplesse, la réduction des coûts de travail et l’absence de charges sociales séduisant de plus en plus de chefs d’entreprise.

« Nous sommes témoins d’une véritable effervescence dans le domaine de la création d’entreprise chez les francophones, qu’il s’agisse de services ou de biens de consommation » explique Esther Amar. Selon cette diplômée de l’ESSEC-Paris, fiscaliste, consultante agréée du ministère de l’Industrie et du Commerce israélien et qui aide depuis plus de 25 ans les entrepreneurs – francophones notamment - à créer et adapter leur société sur le marché israélien, « il existe différents profils d’entrepreneurs indépendants. Parmi les plus nombreux, on retrouve les personnes qui poursuivent l’activité qu’ils exer50

çaient en France. Ils travaillent pour leur ancien patron en faisant des allers retours en France et se sont mis à leur compte pour pouvoir exercer cette activité qui a pour particularité d’être réalisable à distance ». Cette sorte de délocalisation se révèlerait être gagnante pour tout le monde, ainsi « pas de charge salariale pour le patron (devenu client), souplesse et poursuite d’activité pour le prestataire de services ». Autre profil parmi les indépendants francophones : « ceux qui ont des idées et qui souhaitent les transformer en entreprises, dont le produit ou le service sera unique-

• Février - Mars • 2016 • LEMAG.CO.IL • LeMag’ N°5

ment destiné aux consommateurs israéliens. En général, ce sont des personnes peu diplômées, autodidactes qui si elles se retrouvaient sur le marché du travail israélien seraient ‘condamnées’ à gagner 25 nis de l’heure » explique E.Amar. D’une façon générale, les indépendants semblent bien s’en sortir. Sous certaines conditions. « Celui qui est accompagné par des experts et se sert des aides accordées par l’Etat aura de fortes chances de réussir son business » appuie-t-elle. Réussir s’entendant par parvenir à assurer un revenu mensuel décent, mais généralement plus élevé que celui observé chez

Indépendant : Un statut sans filet mais qui séduit. Le système israélien déteste l’assistanat. Et les indépendants le savent bien. Aucune aide, ni avantage, pas de distinction entre les secteurs d’activité, il ne faut rien attendre de l’Etat quand on décide de devenir indépendant. « Les entrepreneurs israéliens ont une mentalité spéciale, ils font le maximum de ce qu’ils peuvent faire sans filet. Pour autant ce statut a le vent en poupe. De nombreux Israéliens ouvrent un dossier d’entrepreneurs indépendants tout en poursuivant leur activité salariée, ce qui leur permet de changer en douceur d’activité. A titre d’exemple, 50% des Israéliens qui s’adressent aux bureaux de ‘MATI’ viennent du monde salarial. Il faut aussi savoir que la plupart des entreprises sont des microsociétés. 90 % des entreprises en Israël sont des PME et 70 % d’entre elles emploient jusqu’à quatre employés seulement ! », explique Esther Amar. D’ailleurs, il y a une phrase en hébreu qui résume bien cette situation : « la bonne affaire c’est une petite affaire ». Et c’est un dicton plein de bons sens.

les salariés en général, la moyenne de revenu mensuel constatée chez les indépendants s’établissant aux environs de 10.000 shekels. Selon les statistiques des centres pour la création des entreprises ‘MATI’ (voir encadré) au cours des trois premières années - généralement les plus critiques pour la vie d’une entreprise – 84 % des sociétés accompagnées sont pérennes. Alors, pourquoi se faire aider ? « Le plus gros écueil consiste à s’adapter à une mentalité et un environnement fondamentalement différents, fiscalement, juridiquement et financièrement. Croire que

Les traits de caractère de l’entrepreneur réussi : Être persévérant, ne pas se décourager. Être travailleur. Être souple. Etre capable de s’adapter à la situation au fur et à mesure que le temps passe sans pour autant perdre ses ressources, sa vision ou sa motivation. Ici, la prévision se fait à court terme. Six mois à un an au maximum ! Si les choses ne se passent pas comme prévues, être capable de changer de système. Être organisé. En Israël, si l’on n’est pas organisé, l’on peut tout autant gagner ou perdre beaucoup d’argent. Il faut mettre en place des procédures de gestion des priorités. Gérer son entreprise, ce n’est pas uniquement vendre afin de gagner de l’argent.

MATI, l’organisme incontournable pour créer sa ‘boîte’ Il s’agit d’un organisme d’aide et d’accompagnement à la création d’entreprise qui bénéficie d’une multitude de sources de financement parmi lesquelles : les associations et les ministères de l’Intégration, de l’Economie et du Commerce. Cours de formation, emprunts, tutelles, conseils, accompagnements, suivis, MATI offre un panier d’aides extrêmement variées destinées aux nouveaux immigrants de moins de dix ans en Israël. A noter : les budgets alloués par MATI ont largement augmenté depuis 2015. On peut ainsi, si l’on cumule tous les prêts et emprunts disponibles, disposer d’emprunts allant de 125.000 à 400.000 shekels avec un taux de remboursement ultra réduit.

l’on maitrise le marché est une erreur. Ce n’est pas parce que l’on connait son produit en raison d’une ancienne expérience, que l’on connait le marché. D’où la nécessité d’être accompagné ». Qu’en est-il du sacro-saint problème des immigrants français : la maîtrise de l’hébreu ? « L’augmentation des consommateurs français convainc de plus en plus les Israéliens à prêter une oreille attentive aux initiatives des entrepreneurs français. Même avec un hébreu approximatif, j’ai vu des clients réussir ce qui n’aurait pas été possible s’ils avaient cherché du

travail en tant que ‘salarié lambda’. Evidemment, une bonne maîtrise de l’hébreu est recommandée pour pouvoir négocier et promouvoir son projet mais disons que la langue n’est plus un handicap comme cela était le cas il y a une quinzaine d’années ». Bref, devenir chef d’entreprise est désormais plus facile qu’auparavant. Plus d’aides, d’informations, de soutien, de consommateurs, aucun doute, devenir indépendant pourrait bien être une alternative ultra maligne pour faire sa place en Israël !

Février - Mars • 2016 • LEMAG.CO.IL • LeMag’ N°5 • 51


DOSSIER EMPLOI

JE TRAVAILLE DANS ET ALORS ?

UN CALL CENTER... encourageaient la concurrence entre nous et certains n’étaient pas très ‘réglos’. Après presque deux ans, une rémunération en dents de scie et pas d’évolution professionnelle à l’horizon j’ai démissionné. Depuis, j’ai fait un petit emprunt et j’ai ouvert un kiosque. Je ne gagne toujours pas des milles et des cents mais je m’en sors pas mal. En plus, au contact des clients, je parle de mieux en mieux en hébreu. Je me sens aujourd’hui comme un vrai Israélien. Il n’empêche que ces deux ans en call center m’ont permis de nourrir ma famille, et d’une certaine façon m’ont donné la ‘niaque’ pour m’intégrer véritablement sur le marché de l’emploi en Israël ».

T

out olé est confronté dès son arrivée aux écueils de l’alyah : barrière de la langue, casse-tête pour faire reconnaître ses diplômes et difficultés à décrocher un travail. D’autres l’effraient encore plus : un marché du travail israélien dont il ne maitrise pas les codes et des salaires stagnants qui lui semblent insuffisants pour boucler ses fins de mois. Et nul ne peut lui garantir qu’un médecin ou un avocat gagne plus que l’épicier du coin… Enfin, n’ayant pas forcément un métier exportable, le nouvel immigrant rechigne souvent à entamer une reconversion professionnelle. Face à ces obstacles, bon nombre d’immigrants se contentent de cumuler des petits boulots même s’ils se rendent très rapidement compte que cette formule est épuisante et … décourageante. D’autres optent pour une alyah Boieng, persuadés de pouvoir se partager entre deux continents. Celle-ci peut être envisageable si le nouvel immigrant est célibataire ou sans enfants en âge d’être scolarisés. Mais dans le cas contraire, les rentrées d’argent, certes au rendez-vous, se font à quel prix ? Dans la plupart des cas, la santé et l’équilibre de la famille sont rapidement ébranlés. En effet, du fait des changements radicaux liés à l’alyah, les proches ont plus que jamais besoin de se sentir unis et soutenus face aux difficultés qui ne manquent pas. Or ces déplacements trop fréquents créent un fossé entre ceux qui tentent de s’intégrer à leur nouvel environnement et celui (ou celle) qui se partage entre deux ‘mondes’, et qui n’a pas encore réellement fait Le pas. Reste alors la fameuse ‘manne ‘ du francophone : le call center. Ce secteur d’activités séduit d’emblée le nouvel immigrant : peu de qualifications sont requises, les salaires sont ’alléchants’ et le centre offre une formation rapide sur place, le tout en français ! Le call center apparaît ainsi comme le meilleur moyen de s’intégrer au marché du travail mais surtout le plus sûr. Mais est-ce vrai ? Impossible, vous l’aurez donc compris, de conclure ce dossier de l’emploi en Israël sans évoquer ces fameux call center qui ont changé la done pour les Français installés ici depuis une dizaine d’années. Et plutôt que de donner notre avis sur le sujet, nous avons préféré laisser la parole aux principaux intéressés. Témoignages. 52

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Vanessa, 39 ans, mariée et mère de quatre enfants, Jérusalem David, 33 ans, marié et père de trois enfants, Ashdod « Nous avons fait notre alyah, il y a trois ans. En France, j’étais représentant dans une boîte de textiles et ma femme était secrétaire dans un cabinet dentaire. Nous gagnions correctement notre vie mais la montée de l’antisémitisme nous faisait peur. Nous avons donc décidé de nous installer en Israël en Août 2012. Johanna était enceinte de notre troisième enfant, elle n’a donc pas envisagé de chercher un nouveau boulot.

Moi, par contre, je n’avais pas le choix, il fallait bien que je nourrisse ma famille. J’ai commencé mon oulpan au mois de Septembre et, en même temps, à prospecter pour trouver un job. Sans la langue, ce n’était pas facile. J’ai travaillé quelques mois comme manutentionnaire dans une superette, mais le travail était harassant et peu valorisant. J’ai rencontré alors une ancienne connaissance qui travaillait dans un call center. Cette personne m’a tant loué les vertus de son boulot, sa super paye et ses horaires mal-

léables que j’en ai lâché le mien et j’ai postulé dans sa boîte. J’ai tout de suite été embauché avec mon cv de ‘tchatcheur’. Au début, j’étais content, je faisais ce que savais faire, démarcher des clients et en plus dans ma langue maternelle, et l’ambiance était sympa. Mais je me suis vite rendu compte que la ‘super paye’ n’était pas au rendez-vous. Même en bossant huit heures par jour et en rajoutant des heures sup, je ne gagnais pas ce que j’avais espéré. Des commerciaux y’en avait plein dans la boîte et les patrons

« J’ai fait mon alyah à l’âge de 29 ans pour rejoindre mon futur mari, installé, à l’époque, depuis plus de 6 ans en Eretz. J’ai tout laissé en France : ma famille, mes amies, mon métier (très bien rémunéré), bref tout ce à quoi j’étais habituée… Les six premiers mois ont été éprouvants. A part les quelques heures où j’étudiais à l’oulpan, je m’ennuyais ferme et j’attendais avec impatience, tous les soirs, le retour de mon mari. Ne connaissant personne, ma vie sociale était bien triste. Un jour, je suis tombée sur une petite annonce dans un petit ma-

gazine français. Un call center spécialisé dans le placement en maison de retraite recrutait une responsable administratif. Je ne savais pas trop ce que c’était mais les compétences exigées me correspondaient assez : français langue maternelle (maternelle, paternelle, fraternelle même), être multitâche (j’ai appris de ma mère que c’est la caractéristique même de la femme), avoir goût pour les relations humaines (j’en étais affamée !!!) et enfin être capable de travailler dur (j’étais plus que capable). Le poste était à pourvoir dans l’immédiat. J’étais très motivée, j’ai postulé. J’ai déposé le lendemain mon CV à l’accueil de la société et quelques jours plus tard, j’ai été convoquée en entretien. Deux jours après, j’ai reçu une réponse positive. Depuis presque 10 ans déjà je travaille dans ce call center et j’en suis heureuse. Les conditions de travail sont bonnes, les horaires sont adaptés aux mères de famille et mon salaire est plus que correct. Et surtout, je me suis créé une nouvelle famille ici. Mes collègues de travail sont devenues au fil du temps des amies voir même des sœurs ! » Naomie Ariel

environ

50%

des immigrants de France récemment arrivés ont trouvé un emploi dans un call center français.

1990

APPARITION DES CALL CENTER EN ISRAËL

+

de

500

call center en 2015 (tous langages confondus)

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C'EST TENDANCE LEMAG’

La French Touch Un savoir-faire unique à la conquête du marché israélien

L

e savoir-faire à la française s'importe en Israël depuis quelques années sous l'impulsion d'entrepreneurs francophones de tous horizons. Il se traque, pour les connaisseurs avertis, au détour d'une vitrine, d'une annonce, d'une terrasse de café. Bien sûr, il y a les francophones qui restent à l'affût de leurs repères. Mais pas seulement. Aujourd'hui, les Israéliens se familiarisent aussi avec ce sens si particulier du service et du détail qui sont des gages de qualité reconnus dans le monde entier. Mais qu'est-ce donc que cette fameuse ‘French Touch’ ? Un sens du service, un style, un état d'esprit, un atout, un risque ? Faut-il la mettre en avant ou bien la métisser, voire l'atténuer au maximum pour se fondre dans le décor local ? Au-delà des incontournables secteurs qui ont fait la marque de fabrique et la réputation de l'excellence à la française, à savoir la mode et la gastronomie, le raffinement à la française se décline aujourd'hui partout. LeMag’ est allé à la rencontre de ces entrepreneurs francophones qui ont choisi de mettre en avant, dans leur entreprise ou leur commerce, cette patte ‘made in France’ et de s'engouffrer dans un marché israélien très concurrentiel certes, mais où leur valeur ajoutée reste leur singularité. Enquête.

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C'EST TENDANCE LEMAG’

La Parisienne s’habille beaucoup plus que l’Israélienne. Cette dernière va s’habiller pour une occasion bien particulière alors que la Française va faire attention tous les jours à sa tenue.”

P

atricia Djian a choisi, il y a six mois, de défendre une marque française au cœur de Tel-Aviv. Installée en plein Dizengoff, sa coquette boutique a, comme il se dit, pignon sur rue. ‘Les Bourgeoises’ est une chaîne de prêt à porter qui existe depuis de nombreuses années déjà en France et en Belgique. Patricia explique : « j'ai fait mon alyah pour rejoindre l’un de mes fils qui faisait l'armée. C'est dans ce contexte que j'ai ouvert ma boutique en Israël ». Un lancement en douceur qui rassure cette nouvelle immigrante pleine d'énergie. La concurrence ? Elle balaie la menace d'un revers de main. « J'ai ouvert il y a à peine six mois. Je n'ai pas fait vraiment attention à cela car nous tablons sur des produits totalement différents. Nous importons de bonnes marques, qui mettent l'accent sur la beauté des tissus. Nous n'avons pratiquement que des produits français ». Au niveau des prix, l'esprit est de rester très compétitif et d'adapter la qualité française au budget moyen israélien. Patricia utilise donc la recette qui a fait ses preuves en Europe : des vitrines très abordables. Elle précise :

“ Les francophones de Tel-Aviv nous connaissent. Mais la clientèle 56

alyah n'est pas facile. C'est un pays qui se mérite. Il faut être patient. Peu importe les petits soucis que l'on peut rencontrer, au niveau comptable ou administratif. Ça passe… » Ces premières difficultés surmontées, l'affaire prend sa vitesse de croisière. « Les publics français et belges connaissaient déjà l'enseigne et ont été ravis de retrouver la marque à Tel-Aviv.

israélienne s'est vite montrée intéressée aussi ”.

Patricia s'adapte à leurs exigences et s'initie au goût local. Très vite, les différences entre les deux clientèles se font jour. La demande est totalement différente. Elle détaille : « la Française a du goût, l'Israélienne est très hésitante. Elles ont un goût très particulier qui n'est pas le nôtre. La Parisienne s'habille beaucoup plus que l’Israélienne. Cette dernière va s'habiller pour une occasion bien particulière alors que la Française va faire attention tous les jours à sa tenue ». Le raffinement à la française marque cependant des points. Les Israéliennes font connaissance avec un produit inédit, se laissent convaincre, conseiller. Des consommatrices qui apprécient avant tout l'authenticité des produits. Et leur nouveauté aussi. Patricia mise sur de

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très belles vitrines, qui donneront envie à l'acheteuse potentielle d'explorer l'intérieur. Les clientes deviennent amies et sympathisent avec la patronne. Une familiarité typiquement israélienne dont Patricia s’enthousiasme. Les points noirs à ce tableau plutôt encourageant ? « S'il y en a, ce n'est pas dû à la clientèle, qui est charmante. Non. Venir en Israël et faire son

Accessoires disposés dans la boutique "Les Bourgeoises" de Tel Aviv.

Les Israéliennes quant à elles sont satisfaites d'avoir accès à des produits français à des prix corrects ». La chaîne, qui compte une quarantaine de magasins en France et en Belgique, achète en grosse quantité et peut donc bénéficier de prix concurrentiels. Un atout non négligeable sur le marché israélien. Alors, pour ceux qui arrivent avec une marque française,

quels conseils pour percer en Israël ?

“ Ne pas abuser au niveau des prix. Parce que la clientèle israélienne n'est pas très argentée. Il faut donc apporter de la qualité à petits prix ”.

P

as très loin de Patricia, proposer une formation d'excellence dans ter un scepticisme local peu accueillant. Michael Sebban a fait lui le domaine de l'hôtellerie pour participer Il l'interprète ainsi : « les Israéliens sont aussi son credo de l'excel- au développement touristique du pays ». méfiants envers les entreprises étrangères lence et du raffinement à la La ‘Ville Blanche’ est un emplacement qui viennent s'installer dans le pays. Ils française. Ce francophone stratégique. L'école s'installe boulevard pensent que l’on veut leur apprendre qui vit depuis vingt-cinq ans en Israël Rothschild, près des quartiers d'affaires différentes choses sur un métier qui n'a dirige l'école d'hôtellerie du groupe fran- et des hôtels « boutiques ». Un empla- jamais été considéré comme tel ici ! Les çais Vatel. Le groupe a les reins solides, cement central d'où affluent les élèves gens nous regardaient un peu comme des extraterrestres... » avec des établisseQu'importe. L'école ments sur les cinq Vatel a pris le parti de transmettre décide d'appliquer les continents. Des recettes qu'ailécoles qui forment l'art de recevoir à la française, reconnu mêmes leurs. Un enseignement chaque année des dans le monde entier comme gage de pratique en partenariat milliers d'étul'hôtellerie de luxe diants dans les qualité, de bon goût et d'excellence. ” avec locale ; une pédagogie postes clés du touexigeante qui mise sur la risme et de l'hôtellerie de luxe à l'international. Alors, de différentes villes d'Israël. Netanya, rigueur et le sens du service à la française. pourquoi le groupe a-t-il rajouté Israël Ashdod, Ashkélon, Ra’ananna… Quel Il détaille : « on a eu au départ un parà sa carte de visite déjà bien remplie ? accueil a reçu cette école d'hôtellerie qui tenariat avec le groupe David InterconMichael explique : « le président fonda- a fait du savoir-faire français son image tinental. L'école a ouvert en 2012 avec teur, Alain Sebban, avait une volonté sio- de marque dans le monde ? Michael ne trente élèves, pour arriver aujourd'hui à niste d'ouvrir une école ici. L'idée était de le cache pas : il a fallu s'imposer, affron- plus de quatre-cents inscrits ».

L'école Vatel a ouvert en 2012 avec 30 élèves. Elle compte aujourd'hui plus de 400 inscrits.

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C'EST TENDANCE LEMAG’ Pour Michael, la valeur ajoutée d'un service à la française provoque une croissance touristique importante au sein des hôtels. Il précise : « on rencontre maintenant de la part des professionnels israéliens et des cadres hôteliers une demande pour venir se former chez nous ». Michael a une idée très précise de ce qui caractérise la French touch, surtout dans ce secteur très concurrentiel. « Pour nous, au départ, elle vient du code vestimentaire. Le savoir-faire à la française, c'est une image : c'est ce qu'on reflète, la manière dont on se comporte, dont on parle. C'est la manière dont on va écouter une personne. C'est une chose qui existe peu en Israël parce qu'il s'agit d'un

C

ette culture française et européenne qui s'importe et finit par s'imposer frappe aujourd'hui à la porte des médias francophones. Une presse qui connaît depuis quelques mois un véritable essor et qui se diversifie. Eliane Sebban et Keren Atlan se sont lancées dans la création du magazine "Nouvelle" avec cette phrase pour slogan : « la French touch au féminin en Israël ». Eliane, rédactrice en chef, explique : « ce projet est né d'un constat. Nous étions très attachées à la presse féminine en France. Avec tout ce qu'elle avait de particulier. On y parlait de mode, mais aussi de sujets de société essentiels et forts. En arrivant en Israël nous avons constaté qu'il y avait une presse disponible, mais pas cette presse féminine à laquelle nous étions tellement accoutumées en France ; ELLE, Marie-Claire, Madame Figaro… ». Un manque qui provoque un déclic, les deux jeunes entrepreneuses mûrissent leur projet. « On a voulu aussi que ce magazine ait une identité, celle de la femme juive, qu'il présente la société israélienne et ses particularités et qu'il nous aide à comprendre com58

pays du Moyen-Orient avec des codes culturels très différents. Le savoir-faire à la française ce sont toutes ces valeurs que l'on va apprendre à nos élèves, et surtout sur lesquelles on veut qu'ils se différencient ». A l'école, les étudiants portent l'uniforme, strict et rigoureux. Chemise, costume, cravate : la mise doit être parfaite. Un autre code important « à la française » sur lequel Michael ne transige pas, c'est la ponctualité. « Arriver à l'heure. On insiste sur çà. Ça donne à nos élèves une rigueur et des réflexes qui leur permettront d'être à la hauteur des codes internationaux d'hôtellerie et du tourisme. Ça leur donnera aussi des armes sur le marché israélien. C'est ce

qui constituera leur valeur ajoutée  ». Des petits détails qui font toute la différence. « C'est quelque chose qui n'est pas enseigné ici, qui ne fait pas partie de la culture locale même si les Israéliens comprennent que ce sont des points essentiels ». La qualité française, pour Michael, c'est évidemment « la tradition, l'art de la table, comment les verres et les assiettes sont disposés. On exige des élèves une rigueur, de ne pas glisser dans une certaine facilité israélienne. Une désinvolture qui les empêcherait de se différencier».

c'est un peu comme le charisme, ça ne se définit pas. Disons que c'est la petite épice, le détail supplémentaire qui met en valeur un style, un objet, une musique ou une personne. On a grandi avec sans s'en rendre compte et elle a une vraie influence sur nous ». Ne pas faire de notre singularité un complexe mais au contraire un atout, serait-ce le secret d'une bonne intégration professionnelle et sociale en Israël ? Quoi qu'il en soit, Patricia, Michael, Eliane et Keren la revendiquent. Et défendent farouchement ce style à la française, cette culture, comme le dit Eliane, « qui nous a apporté inconsciemment le goût, le raffinement et l’élégance spécifiques à la France ». Et Keren de conclure, « la French touch, c'est ce que les Israéliens et le monde entier apprécient chez nous ! ». Karine Sarfati

“ Mettre en avant ce qui fait l'art du féminin, et que les femmes adorent : les tendances, en faisant ressortir l'identité juive des lectrices. ” ment en tant que femmes francophones, nous avons un rôle à jouer ». Eliane et Keren, directrices de la publication, veulent mettre en avant ce qui fait l'art du féminin et dont les femmes raffolent : les tendances mode, beauté, déco et psycho, tout en faisant ressortir l'identité de la femme juive. Au mois de Septembre 2015, le premier numéro sort. L'accueil chaleureux correspond visiblement à une attente des francophones israéliennes qui encouragent l'initiative. Keren se souvient : « des lectrices se sont reconnues dans le magazine et nous ont dit qu'il correspondait à quelque chose qu'elles attendaient ». Ce bon accueil récompense les efforts des deux jeunes femmes et de

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leurs équipes graphique et journalistique. Ont-elles reçu une aide quelconque, une subvention de l’État, une bourse, un prêt ? Keren est claire là-dessus : « on a relevé nos manches et, avec l'aide de D.ieu, on s'est dit que si l’on parvenait à convaincre les annonceurs, c'était presque gagné. Nous avons quand même reçu une aide via l'association Mati (voir notre article sur l’emploi NDLR). En tant que nouvelles immigrantes, nous avons bénéficié de ce programme de soutien à l’entrepreneuriat. Ça nous a beaucoup aidé ». Comment les deux jeunes femmes définissent cette « French touch » dont se réclame « Nouvelle » ? Un ton ? Un esthétisme ? Les sujets abordés ? « La French touch,

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BON GOÛT LEMAG’

Vendanger

la kédouChah

Le vin occupe une place centrale dans la tradition juive puisque c’est grâce à lui que l’on peut bénir les grands moments de la vie traditionnelle que sont la ‘houpa, la brit-Milah, et le chabbat, entre autres. Mais quel processus permet de produire un grand cru au plus haut niveau de cacherout ? Cette question revêt une importance particulière cette année 5776 (2015-2016) puisque nous sommes dans la huitième année du cycle, c’est-à-dire l’année qui suit l’année de chémitah. Et si la chémitah ne dure qu’un an, les produits fabriqués pendant cette période sont vendus bien après. Certaines précautions doivent donc continuer à être prises. Explications.

U

n vin produit pendant la chémitah revêt la kédoucha shéviit et doit être traité avec précaution. Selon les lois de la chémitah, les produits de cette année peuvent seulement être stockés aussi longtemps que les plantes de la même espèce sont disponibles dans les champs pour les animaux. Une fois qu’une espèce n’est plus disponible, il faut se débarrasser des produits qui la contiennent à travers un processus appelé ‘biour’, similaire au biour ‘hametz que l’on fait avant Pessa’h. Pour le vin, l’obligation de biour s’applique aussi la veille de Pessa’h de l’année qui suit l’année de chémitah. Le biour devra donc être effectué cette année, la veille de Pessa’h 5776 (2016). La procédure est simple. Le jour du biour, le propriétaire de l’entreprise vinicole doit déclarer ses bouteilles issues de produits de la chémitah ‘propriété publique’ face à trois témoins libres de se servir et de prendre ce qu’ils souhaitent. Le propriétaire peut ensuite se réapproprier ce qu’ils ont laissé. Ce ne sont que ces dernières bouteilles qui pourront donc être bues et vendues après Pessa’h cette année. L’occasion de revenir sur les règles religieuses liées à la récolte du raisin en année de chémitah, pour tenter de comprendre au mieux les enjeux en cause. Yarden Golan Heights Winery est la première entreprise vinicole israélienne. De nombreux prix internationaux en attestent. Rav Shalom Aronzon est le mashgia’h (surveillant de la cacherout) de cette cave, sous l’égide du Rav Auerbach. Il explique que :

La fabrication du vin en Israël, aujourd’hui, est plus complexe qu’elle ne l’était auparavant. Tout au long de l’année, des questions matérielles et spirituelles doivent être traitées.”

Le travail du Rav Aronzon commence bien avant la vendange. Dès qu’un nouveau pied de vigne est planté, il surveille son développement. Il observe notamment chaque cep et chaque rangée de pieds de vigne pour vérifier qu’aucun problème hala’hique ne se pose. En Israël, deux questions principales sont soulevées au sujet des fruits, notamment sur le raisin : la orlah et le maasser. Chaque année, une partie de la récolte est mise de côté pour respecter les lois du maasser et certaines bra’hot sont récitées puisque, en l’absence du Bet Hamikdach, il n’est pas possible d’apporter ces fruits aux Cohanim à Jérusalem. Février - Mars • 2016 • LEMAG.CO.IL • LeMag’ N°5 • 61


BON GOÛT LEMAG’ Pendant la chémitah, le rôle du Rav Aronzon est encore plus actif. Et même s’il existe bien un débat rabbinique sur la question de savoir si la région du Golan, où se trouve la grande entreprise vinicole, se trouve ou non dans les frontières bibliques d’Israël - (certains considérant qu’elle se trouve « au-delà du Jourdain ») ce qui pourrait l’exempter de respecter les lois de la chémitah - Golan Heights Winery ne s’appuie pas sur cette opinion pour s’abstenir de respecter scrupuleusement ces lois si particulières. Et c’est tout le processus de production qui est alors modifié. En général, l’entreprise vinicole paye les viticulteurs par tonne de raisins vendangés. Pendant l’année de chémitah, le Rav Aronzon crée un Bet Din temporaire qui loue les terrains des viticulteurs. Les fruits deviennent donc la propriété du Bet Din et les viticulteurs sont rémunérés à l’heure. Le travail de la vigne est très restreint pendant la chémitah mais l’entretien général est autorisé puisque la hala’ha veille à ce que les viticulteurs ne subissent pas de perte financière. Une fois déterminé le moment optimal pour la vendange, Rav Aronzon demande à ses employés de traiter les grains de raisin avec une délicatesse accrue puisque les fruits vendangés revêtent une kédouchah supplémentaire. Après la pression du raisin, le jus commence son parcours de fermentation pour devenir du vin. Pour qu’un vin soit certifié cacher, il ne doit être touché que par des employés respectant le chabbat. Un membre de l’équipe de Rav Aronzon apporte des échantillons aux vignerons pour qu’ils puissent créer leurs assemblages. En principe, les vignerons jettent les excédents de ces échantillons. Pour traiter avec respect le vin spécial de chémitah, le Rav leur fournit des récipients destinés à recueillir le vin non utilisé. Toutefois, le travail du Bet Din ne s’arrête pas à la fin de l’année de chémitah. Le tribunal rabbinique emploie l’entreprise vinicole pour produire le vin. L’entreprise facture ses services et le vin appartient ensuite au Bet Din. Ainsi, le Bet Din accomplit le biour à la veille de Pessa’h et peut ensuite expédier le vin vers les quatre coins du monde. Il est interdit de faire des bénéfices sur la vente d’un produit de la chémitah. Pour ne pas bouleverser le marché international du vin, le Bet Din vend chaque bouteille de vin au prix régulier et compense le surplus d’argent reçu en donnant plus de 100.000 bouteilles de vin à la tsédakah. Ainsi, outre le label de cacherout du Rav Auerbach, les vins Yarden Golan Heights portent également le label ‘Chémitah Bet Din’.

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GALERIES @ TIROCHE

Un rendez-vous unique pour les passionnés de l’art entre les

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Vous aimez l'art?

Première foire d’art en Israël La KédouChah Shéviit sans crainte : N’étant pas habitués à respecter les lois de la chémitah, certains consommateurs en dehors d’Israël sont méfiants concernant l’achat d’un produit de la chémitah. Rav Aronzion dissipe toute crainte :

Tout ce que vous avez à faire est de terminer la bouteille ” dit-il avec un sourire.

16-Grandes galeries d'art réunies en un seul évènement par les Galeries Tiroche La foire est ouverte au grand public | Entrée gratuite. Réservation à l'avance sur le site: www.artiroche.co.il Pour plus d'informations: 09-950-9893 | E-mail: artiroche@gmail.com | Tiroche: Kikar de Shalit, Herzliya Pituach, Havatselet Hasharon 35

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Que faire si l'on ne finit pas la bouteille ? La traiter avec précaution ! Selon le machguia’h, il convient de laisser le vin à découvert quelques jours jusqu’à ce qu’il tourne (vous devez pouvoir sentir une odeur de « vinaigre » affirmée). Devenu impropre à la consommation, il est possible de le jeter de manière habituelle. Dernier point sur lequel les consommateurs devront être vigilants, un vin de chémitah ne peut pas être utilisé pour cuisiner, il peut seulement être bu. Pour cuisiner, il suffit d’utiliser un vin non produit en année de chémitah !

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À LA UNE LEMAG’

Yitshak Adda “ Il n’y a pas de miracle économique israélien ”

Le 31 Janvier dernier, le Secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurría, présentait au gouvernement israélien sa toute dernière étude économique sur l’Etat hébreu, dont la publication coïncide avec le cinquième anniversaire de l’adhésion d’Israël à l’Organisation. Selon ses conclusions, « l’économie d’Israël repose sur des bases saines, mais le pays doit aborder les questions de productivité, d’inégalité et de pauvreté s’il entend améliorer le niveau de bien-être de sa population et réduire les clivages socioéconomiques ». Selon les experts, « investir davantage dans les infrastructures et améliorer les compétences, en particulier des populations défavorisées, pourraient être des facteurs à la fois de cohésion sociale et de croissance à long terme ». LeMag’ s’est entretenu avec l’économiste Yitshak Adda qui a participé en tant que consultant à la rédaction de ce rapport très attendu. Il nous livre sa vision sur les paradoxes économiques et sociaux de l’Etat juif, mis en relief dans cette étude.

Yitshak ( Jacques) Adda En France, avant son alyah : Maître de conférences à Sciences-Po, chercheur à l’OFCE. Monté en Israël en 1992, il a enseigné à Bar Ilan, est consultant auprès de l’OCDE. Il travaille sur les questions liées à la globalisation et la crise sociale. Il est l’auteur de « La mondialisation de l’économie – de la genèse à la crise », Editions La Découverte, 2012. En Israël, il y a deux écoles pour décrire la réalité économique : l'une, celle du miracle économique, de la Startup nation, et l'autre, celle des classes populaires qui vivent en surendettement et qui ont des difficultés quotidiennes. Quelle est votre opinion ? Yitshak Adda : Nous vivons un paradoxe en Israël. Notre économie est décrite en termes élogieux, mais parallèlement la détresse sociale 64

est omniprésente. La plupart du temps, les gens ne savent pas comment articuler ces deux éléments apparemment contradictoires et pensent que l'un est vrai et l'autre faux. En réalité, les deux sont vrais. Contrairement à ce que l'on entend souvent, les chiffres de croissance en Israël n'ont rien d'exceptionnels. Certes, ils sont au-dessus de la moyenne de l'OCDE mais le pays connaît aussi une croissance démographique beaucoup plus forte. Quand on regarde

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la croissance moyenne du revenu par habitant sur longue période jusqu’à la crise de 2008, elle est de 2% par an, équivalente à celle des ÉtatsUnis. L’écart de revenu, qui atteint 40%, s’est légèrement résorbé depuis, mais c’est uniquement en raison de l’impact de la crise financière sur l’économie américaine. S’il est vrai qu’un rattrapage des niveaux de vie s’opère par rapport aux pays de la zone européenne, cela tient davantage à l’arrêt de la

croissance en Europe qu’à la performance de l’économie israélienne, dont le revenu par habitant ne progresse que de 1,3% par an, depuis sept ans. Difficile de parler de miracle dans ces conditions. S’il existe un miracle économique israélien, c’est celui de la High-Tech, secteur qui symbolise le mieux le dynamisme économique de notre pays. Mais l’économie ne peut se résumer à la HighTech. Mis à part le monde de la finance, le secteur public et

quelques autres grandes entreprises privées qui se portent bien, le reste du pays vivote. L'une des expressions les plus frappantes de ce phénomène est le fait que le salaire réel moyen, qui est à la mesure du pouvoir d’achat des salariés, est aujourd’hui au même niveau qu’il y a quinze ans. Pourquoi les salaires ne progressent-ils pas ? Ils n'augmentent pas parce qu'en moyenne, la productivité en Israël progresse dans certains secteurs et dans d'autres, pas du tout. Au final, cette progression est très lente globalement. En définitive, nous avons une économie qui tourne à deux vitesses.

être basée sur des start-up. L'exemple américain est significatif : quand vous observez l'emploi généré par les sociétés comme Google ou Apple, les chiffres sont dérisoires par rapport à ce que pouvaient générer des entreprises comme General Motors ou US Steel dans les années 60. En Israël, la High-Tech représente, en étant large, 10% des emplois…

d'une manne scientifique et technique exceptionnelle dans les années 90 avec l’arrivée d'un million de Juifs soviétiques dont beaucoup avaient été très bien formés. De nombreux médecins aussi sont arrivés. Mais la formation est insuffisante pour renouveler ces professionnels. On ne prépare pas assez la prochaine génération, celle qui doit prendre le relai, dans la HighTech, mais aussi dans la santé.

nous sommes juste devant la Slovaquie, tout en bas de l’échelle ! Ensuite, il faut être conscient que l’idéologie libérale règne sur la politique économique depuis une quinzaine d’années. Nos gouvernants ont foi dans le libre jeu des forces du marché, dans l’idée que le bon fonctionnement de l’économie suppose de réduire le rôle de l’État au strict minimum. Même lorsque des intentions sociales sont affichées par le ministre de l’Economie, l’emprise idéologique est telle que les actes ne suivent pas. L’an passé, par exemple, on s'est aperçu qu'on avait davantage de recettes fiscales que prévues. Au lieu de réinjecter cet argent dans l’éducation, la santé ou le logement social, on a réduit la TVA d’un point, soit tout de même l’équivalent de 5 milliards de shekels, alors même que cela n’a pratiquement aucune incidence sur les prix et donc le pouvoir d’achat. L’idéologie de l’Etat minimum est largement responsable des dégâts actuels.

“ En matière de pauvreté, selon les critères de l'OCDE, Israël est comparable au Mexique ! ”

Comment expliquezvous que ces messages ne soient pas davantage transmis et expliqués. Chercherait-on à nous tromper sur la réalité ? Les gens aiment les messages simples. La complexité est moins facile à faire passer. Selon moi, les deux images sont vraies. Ce qui se passe n'est pourtant pas difficile à comprendre. La High-Tech bénéficie d'un investissement important en ‘Recherche et Développement’, des dépenses militaires et du haut niveau de qualification des immigrants arrivés depuis 1990. Mais les effets d’entraînement sur les autres secteurs économiques sont très limités.

Comment changer la réalité ? Il faut davantage d’intervention publique. Or, depuis 2002-2003, on assiste à un désengagement social de l’État. La politique menée vise à réduire au maximum la dépense publique qui, hors dépense militaire, se situe dix points de PIB en dessous de la moyenne de l’OCDE. Les dépenses sociales ont considérablement diminué, ce qui est à l’origine d’une fracture sociale grandissante. On n’investit pas assez dans l’éducation. On a bénéficié

Ce que vous évoquez a été largement débattu pendant la campagne des dernières élections. Pourquoi ne voit-on aucun résultat concret ? Tout d'abord, il est clair qu'il y a un grand pas entre les déclarations et les actes, les chiffres sont sévères de ce point de vue. On est au dernier rang pratiquement de l'OCDE pour ce qui est de l’investissement public. Idem pour l’investissement éducatif : quand on compare les dépenses par élève relativement au niveau de revenu de la population,

© Anne-Carol Azoulay 52 % des personnes âgées vivant en dessous du seuil de pauvreté sont incapables de se payer des médicaments ou des traitements médicaux. 43 % souffrent de malnutrition. Source : Latet

Le phénomène des start-up qui montent en puissance avant d’être finalement revendues représente-t-il un apport profond à l’économie, ou un simple bon ‘coup de com’ pour notre pays ? C’est un atout considérable. Mais une économie ne peut Février - Mars • 2016 • LEMAG.CO.IL • LeMag’ N°5 • 65


À LA UNE LEMAG’

a tenu bon, et ce, malgré les difficultés sécuritaires du pays. Oui, mais une fois sortis de la crise, on doit se demander quels sont les facteurs qui nous ont réellement permis de nous en sortir et dans quelle mesure la crise a servi de prétexte pour développer un autre type de société, toujours plus libérale et individualiste. Pour ce qui est de la récession globale de 20082009, notre économie a mieux traversé la crise parce que le système bancaire en Israël est relativement mieux contrôlé qu'ailleurs et que les banques n’étaient pas engagées dans les subprimes. Par ailleurs, la bonne diversification géographique de nos exportations nous a permis de bénéficier de la croissance du marché asiatique. En outre, si on s'en sort moins mal que d'autres, autant penser à préparer l'avenir, à réduire la fracture sociale. Une crise sociale peut être plus grave qu'une crise financière.

© Anne-Carol Azoulay Si les chiffres officiels font état de 1,71 millions d’israéliens vivant en dessous du seuil de pauvreté, l’ONG Latet avance dans son dernier rapport un chiffre de 2,5 millions de personnes vivant dans un état de grande précarité.

L’État d’Israël pécherait-il par excès de libéralisme ? L’argument des libéraux est qu’il faut encourager les gens à travailler pour ne pas créer une société d’assistés. De fait, dans les secteurs les plus touchés par la pauvreté (harédim, arabes, familles monoparentales), le taux d'emploi a augmenté. Pourtant la pauvreté ne baisse que de façon marginale. Selon l'OCDE, encore 22 à 23 % d’Israéliens vivent 66

sous le seuil de la pauvreté. L’idéologie selon laquelle il suffit de travailler plus pour sortir de la pauvreté a montré ses limites. De plus en plus de travailleurs sont pauvres, tout simplement parce que les salaires sont trop bas. L’emploi est de plus en plus précaire et les conditions de travail difficiles. Dans le contexte actuel de l’économie, encourager la hausse des taux d’activité ne suffit pas.

• Février - Mars • 2016 • LEMAG.CO.IL • LeMag’ N°5

Comment est-on passé d'une société socialiste ‘kiboutzinique’ à une société presque esclavagiste ? Il y a des éléments nationaux, le tournant libéral s'est fait par étapes. Au milieu des années 1980, pour mettre un terme à l'hyperinflation, le gouvernement a mis en œuvre un plan de stabilisation qui a donné le signal du désengagement de l’État. Celui-ci s'est accentué quand Benyamin Netanyahou

est arrivé au pouvoir en 1996. La récession mondiale et la deuxième Intifada du début des années 2000 ont été l'occasion pour les tenants de ce désengagement de passer à la vitesse supérieure. Il y a aussi des facteurs structurels globaux : la montée des inégalités et de la pauvreté est observée dans la plupart des pays de l'OCDE. La globalisation fait que les travailleurs peu qualifiés sont confrontés à la concurrence de ceux

qui sont sous-payés en Asie ou ailleurs. Parallèlement, la révolution technologique augmente la demande de travailleurs très qualifiés et de plus en plus d’emplois sont menacés par l’automatisation et la robotisation. Pourtant, il faut reconnaitre qu'alors que tous les pays occidentaux ont durement souffert de la crise, Israël, dirigé par Benyamin Netanyahou,

Concrètement. Peut-on réellement sortir de cette économie à deux vitesses ? La condition de la réussite économique, c'est l'investissement dans le social ! C'est la clé du redressement économique. Les pays scandinaves le font très bien. A votre appel à investir dans le social, on peut vous répondre que notre pays doit faire face à de nombreuses menaces sécuritaires qui sont extrêmement coûteuses. Que répondez-vous ? Les dépenses militaires ne sont plus considérées comme un fardeau mais plutôt comme

un facteur d’entraînement économique. La High-Tech israélienne, en particulier, en bénéficie fortement. Dans les années 1960, on avait un budget militaire beaucoup plus important, et pourtant, la sensibilité sociale de nos gouvernants était beaucoup plus développée ! Tous ces arguments sont biaisés. La plus grande richesse de notre pays c'est évidemment sa population. On utilise des prétextes pour mener une politique motivée par une idéologie libérale qui part du postulat que chacun n’est responsable que de soi-même. Israël est un pays où la solidarité joue un rôle particulièrement important. L’État n'aurait-il pas confié le travail de justice sociale aux très nombreuses associations qui agissent dans le pays ? Le problème est précisément que l’Etat a tendance à se défausser sur les associations qui s'occupent de social en Israël. Ces associations font un travail énorme mais elles ne peuvent pas répondre à tous les besoins des gens. Le résultat fait mal : une famille sur cinq et un enfant sur trois vivent dans la pauvreté ! Les associations ne peuvent pas tout faire, malgré les nombreux efforts qu'elles fournissent. Peuvent-elles quelque chose pour la santé ? Pour le logement ? Pour l’éducation ? Est-ce normal que les allocations vieillesse pour un couple ne permettent pas de vivre audessus du seuil de pauvreté ? Et ce alors-même que la moitié des personnes âgées n'ont pas de plan de retraite professionnelle ! Dans notre pays où les habitants ont pour répu-

tation de râler sur tout, on ne sent aucun vent de révolte sociale. Comment l'expliquez-vous ? C'est un réflexe lié au sentiment que nous sommes tous dans le même bateau. Les gens se disent : « On a suffisamment de menaces autour de nous pour créer des conflits intérieurs ». Regardez lors des élections : même si les questions sociales sont évoquées, les votants se prononcent essentiellement sur les questions de sécurité, sur des questions de survie finalement. Vous êtes consultant auprès de l'OCDE, dont Israël fait partie depuis cinq ans. Qui a rédigé le rapport sur Israël paru en janvier 2016 ? Il s'agit d'un économiste français, le responsable d’Israël pour l’OCDE, qui m'a demandé d'intervenir en tant que consultant. Je produis des analyses sur un certain nombre de thèmes définis d’un commun accord, mais c’est l'OCDE, en tant qu’institution, qui engage sa responsabilité sur le texte final. L’adhésion à l'OCDE at-elle un impact sur les décisions de nos dirigeants ? Cette adhésion facilite les comparaisons internationales et donc ajoute beaucoup de transparence. Lorsque des rapports sont régulièrement publiés, l’élément de comparaison internationale possède une force de répercussion médiatique plus puissante. Donc, c'est un facteur de remise en question et d'action. L'OCDE fait aussi des recommandations au Premier ministre qui font l'objet d'un suivi par l’organisation.

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À LA UNE LEMAG’

s

elon les derniers chiffres publiés par le Bitoua’h Léoumi et repris par le récent rapport de l’OCDE, près de 1,71 millions de personnes, soit 22 % de la population, dont un enfant sur trois, vivent sous le seuil de la pauvreté. Beaucoup s’accordent à dire que la marginalisation des banlieues, la concentration des richesses dans les mains d’une petite élite qui contribue peu à la société, un gouvernement qui a coupé ses dépenses sociales pour faire la part belle aux grandes entreprises, un ascenseur social toujours en panne pour les plus démunis et enfin, mais surtout, la réforme gouvernementale induisant une réduction des allocations familiales sont les principaux facteurs qui sont à l’origine de cette crise sociétale. Depuis cette réforme, ce sont malheureusement près de 20.000 enfants qui rejoignent les rangs des pauvres chaque année. Les familles ultra-orthodoxes (59,7%) et arabes (52,6%), pâtissent le plus de ces mesures gouvernementales. Avec un indice de pauvreté qui a encore augmenté de 6% cette année, le Bitoua’h Léoumi définit comme ‘pauvre’ une personne seule ayant un salaire inférieur à 3.077 shekels par mois, un couple gagnant moins de 4.920 shekels et une famille moins de 9.230. Naomie Ariel 68

• Février - Mars • 2016 • LEMAG.CO.IL • LeMag’ N°5

ETAT D’URGENCE 18.8%

31%

des enfants grandissent dans un environnement financier précaire.

Classement des pays les plus pauvres de l'ocde (rapport 2016 ocde)

Mexique Israel USA Grèce Corée Espagne Australie Portugal Italie

des familles israéliennes vivent sous le seuil de la pauvreté

48

milliards de shekel

prix que coûte la pauvreté à l'économie israélienne chaque année selon l'ONG Latet

65%

des parents pauvres ne peuvent pas assumer le coût des traitements médicaux

776 500 enfants souffrent de sous nutrition taux de familles pauvres en israel

16,8% 2013

de shekels (18 milliards d’euros) sur 10 ans pourraient ramener le taux de pauvreté en Israël au niveau des autres pays de l’OCDE.

2014

taux de familles monoparentales vivant dans la pauvreté

27,5%

(latet)

76 milliards

18.8%

2013

24% 2014

taux de familles pauvres n'ayant qu'une seule source de revenus

29,5%

30,2%

2013

2014

?

Les grandes villes d’Israël se portent-elles bien Selon une enquête menée en 2013 par le Bureau Central des Statistiques (CBS), Rehovot a été nommée la « ville la plus riche d’Israël » avec un revenu mensuel net moyen de 16.800 shekels par ménage, soit le plus élevé du pays. Bnei Brak se trouve être la ville la plus pauvre d’Israël avec un revenu de 10.211 shekels. Quant à Bat Yam, elle a le plus faible taux de dépenses mensuelles de consommation avec 7.929 shekels. Selon les chiffres du CBS, le revenu net des ménages à l’échelle nationale est de 13.829 shekels et les dépenses de consommation sont de 10.751 shekels, en moyenne. Le plus grand écart entre les recettes et dépenses des ménages est à Rehovot où il s’élève à 5.809 shekels et le plus faible, à Bnei Brak, 1.393 shekels.

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TRIBUNE LIBRE LEMAG’

WIZO

Une main tendue à tous les enfants ! Mariel Aflalo-Benhamou, Présidente nationale des sections francophones de Wizo Israel (Women International Zionist Organisation, Association Internationale des femmes Sionistes), est montée en Israël en 1992, après avoir vécu à New York et à Toronto pendant plus de 18 ans. Elle rejoint la WIZO tout de suite après son oulpan, en 1993, et en est la Présidente Nationale depuis 2006. Une cause à laquelle elle se consacre avec amour et passion. Tribune.

Mariel Aflalo-Benhamou

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• Février - Mars • 2016 • LEMAG.CO.IL • LeMag’ N°5

À

mon arrivée en Israël, j’ai rejoint la WIZO tout de suite après l’oulpan. Et je ne l’ai jamais regretté. Si l’on y consacre son temps libre, la Wizo nous le rend bien. On y enrichit sa vie personnelle, on se dépasse, on apporte notre propre richesse sans jamais la perdre. Depuis que j’ai pris la direction des sections francophones en Israël, j’ai essayé d’insuffler un sang nouveau. Avec beaucoup d’énergie, de dynamisme et de détermination, l’image de la WIZO change petit à petit. Toutes celles qui assistent à nos activités sont étonnées de voir que l’image ‘ringarde’, qu’elles avaient de la WIZO, était erronée. Elles sont agréablement surprises par nos groupes qui accueillent des femmes modernes, battantes, entre 50 et 70 ans, avec des idées plein la tête et une vitalité et un enthousiasme que beaucoup de jeunes n’ont pas … mais surtout, une disponibilité et de l’amour pour son prochain. En plus de la section de Netanya, j’ai décidé d’ouvrir des sections dans les villes à forte concentration de francophones, telles que : Tel Aviv en 2006 qui compte également une section ‘Aviv Jeune’ (30-45ans) très active, Jérusalem en 2013, mais aussi Ashdod depuis le 11 Novembre dernier et enfin Ra’anana, en Janvier dernier, avec une section ‘Aviv Jeune’, puisque les responsables et leur comité ont moins de 45 ans …

D’autres villes sont en voie d’ouverture et constituent leur comité ou recherchent leur présidente dont Repas de fête offert aux jeunes Bar-Mitsva. Ashkelon, Bat Yam, Haïfa et, très prochainement, Hadera. Comme nous venons toutes de pays francophones, nous avons gardé, même pour certaines qui sont là depuis plus de 40 ans, la culture, les traditions et la sensibilité qui nous viennent de notre « séjour » en Europe. Sous mon impulsion, nous allons consolider ensemble notre travail de francophones au sein de WIZO ISRAEL, pour être plus fortes et faire en sorte que notre voix commune porte, non seulement au sein de la WIZO même, mais également auprès des différentes instances gouvernementales. Et sans parler de ‘lobby’, mot très à la mode, être prêtes à accueillir les nombreux olim qui s’apprêtent à faire le pas vers notre pays et les aider dans leur intégration. Une grande partie de mon travail consiste à motiver les membres … Je suis au bureau tous les jours à parmodernes aujourd’hui, la WIZO s’est engagée aux côtés d’Istir de 9h30. Le rôle d’une Présidente est sans aucun raël, partageant avec lui ‘le meilleur et le pire’. La dévotion, doute de réussir au mieux dans la collecte de dons, mais je l’idéal et l’engagement des membres de la WIZO se voient sur pense qu’il est important de dire qu’être une Présidente de toute notre terre. Notre diner-gala annuel qui a eu lieu au mois sections à la WIZO est plus qu’un simple ‘job’, c’est une façon de Décembre dernier à Netanya de vivre, une façon de penser. WIZO était dédié aux enfants victimes de est toujours dans un coin de ma tête, à Redonner le sourire violences familiales. Penser qu’un chaque minute de la journée... à un enfant ne suffit pas. enfant puisse souffrir de la faim en De plus, à mes yeux, être Présidente Israël, pays des start-up et des prix Il faut également le dans une organisation de femmes, et reconstruire pour un faire Nobel par excellence, nous déconde plus sioniste, est un grand honneur. J’ai reçu, en 2010, la Médaille de un adulte sain, équilibré qui certe et nous interpelle. Car le monde des adultes ne peut rester indifférent Chevalier dans l’Ordre du Mérite par pourra, à son tour, agir au sort de ceux qui représentent leur la France et cela a été une énorme positivement dans la société.” avenir. Je veux ici exposer les faits surprise pour une Présidente d’une précis, sans échappatoire, pour déassociation sioniste en Israël. voiler la cruelle réalité : 48% des enfants en Israël souffrent de faim et de mauvais traitements. Soit un enfant sur deux ! Aujourd’hui, la WIZO Ce sont 350.000 enfants qui sont victimes de mauvais traiteest plus que jamais ments et 600.000 autres qui sont témoins de violences au sein nécessaire. Actuelle de leur famille. et moderne, elle est Redonner le sourire à un enfant ne suffit pas. Il faut également prête à affronter le reconstruire pour en faire un adulte sain, équilibré qui pourde nouveaux défis, ra, à son tour, agir positivement dans la société. C’est ce que la pour fournir l’assisWizo fait. De nombreux abris et centres adaptés accueillent ces tance nécessaire aux enfants à tous les stades de leur évolution en prodiguant chabébés, aux enfants, leur, soins et traitements spécifiques. Un long travail d’accomaux adolescents, aux femmes et aux personnes du troisième pagnement individuel est mis en place pour aider ces enfants âge. Mais aussi pour renforcer les liens d’affection entre le à se reconstruire. Parfois, nous gardons ces enfants très longjudaïsme mondial et Eretz Israël. Ces défis ont pris de nomtemps, jusqu’au bac ou jusqu’à leur service militaire… breuses formes et aspects durant l’existence de notre assoSi l'on peut effectivement compter sur l'activité bénévole des ciation (presque un siècle), mais l’essence et les fondements Wizéennes, rien ne peut être réalisé sans les dons du public, restent les mêmes et nos idéaux sont semblables à ceux de qui sont la véritable contribution à l'amélioration de la société nos mères fondatrices. Depuis sa création en 1920, la WIZO israélienne et l'accomplissement d'une ‘Mitzva’. est l’une des plus anciennes organisations de femmes dans le

*.

monde. Etre membre de la WIZO a pour signification d’être un modeste fil dans la tapisserie compliquée qu’est Eretz Israël. Depuis la première ‘Tipat Halav’ (‘Goutte de lait’) qui fut inaugurée à Jérusalem en 1922, avant même la création de l’Etat, jusqu’aux jardins d’enfants et villages de jeunes, si

Renseignements pour faire un don ou pour adhérer à la WIZO :

054 450 09 96 ou 054 647 41 70

*Des soldats réjouissent de jeunes enfants célébrant leurs Bar-Mitsva organisées au Kottel par la Wizo.

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C'EST L'HISTOIRE... LEMAG’ … DES 70 ANS DE

H.STERN

Q

ui aurait cru que ce jeune immigrant allemand, âgé de dix-sept ans à peine, débarqué au Brésil à l'aube de la Deuxième guerre mondiale allumerait des étoiles dans les yeux des plus grandes stars de la planète ? Hans Stern, lui, y croyait. Amoureux des pierres précieuses de sa nouvelle terre d'adoption, il réussit à bâtir un empire dans la joaillerie et faire de son rêve une réalité. LeMag’ retrace la ‘success story’ d'un homme et d'une enseigne qui a fêté ses sept décennies dédiées à la bijouterie de luxe.

Hans Stern

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• Février - Mars • 2016 • LEMAG.CO.IL • LeMag’ N°5

Bar Rafaeli pose, altière et rayonnante, de pierres nimbée d'une lumière bleue et parée précieuses des plus récentes créations H Stern : de Rio. Il c'est l'image choisie par la marque pour s'y forge illustrer une campagne qui a célébré, en une expé2015, les 70 ans de la griffe. Une marque rience et qui a gagné depuis des années ses galons se prend de en termes de luxe et de glamour. Les passion pour stars hollywoodiennes arborent sans se la gemmologie. Le faire prier les diamants frappés du sceau jeune homme n'hésite pas à délaisser son Stern. Angelina Jolie, Catherine Zeta- bureau pour partir en quête des pierres Jones, Halle Berry ou Cate Blanchett, les plus convoitées sur cette terre d'Elpour ne citer qu'elles, ont assis la réputa- dorado qui le fascine. Hans est myope, tion et l'image de prestige qui a fait dire mais son œil s'aiguise et déniche, en à Roberto Stern, fils du fondateur, qu'il explorateur avisé, nombre de pierres de visait dorénavant la longévité de Cartier couleur dont il va, en véritable vision! Mais, avant de se projeter une centaine naire, entrevoir tout le potentiel comd'années dans le futur, revenons d'abord mercial. Il pressent que ces pierres fines aux origines et au parcours d'un jeune seront plébiscitées par une clientèle de Juif allemand, Hans Stern, qui décida, riches touristes étrangers avides de nouen 1939, de rejoindre l'Amérique latine veauté et d'exotisme. Le marketing avant alors que le marketing. la Seconde Hans Stern Percée décisive guerre monbrade alors ses de la marque diale s'anderniers sounonçait en dans les années 1960 venirs d'une Europe. Le Allemagne en en Israël futur entredéliquescence preneur, originaire d'une petite ville alle- pour investir dans de petites échoppes, mande appelée Essen, naît en 1922. Il a bien modestes, certes, mais qu'il choisit à peine dix-sept ans quand il foule pour de situer au cœur des ports brésiliens. la première fois ce continent inconnu H.Stern vient de planter son territoire qui va lui porter bonheur. Pour l'heure, et n'entend pas en rester là. Il crée sa le jeune immigrant découvre un pays, le propre entreprise de commercialisation Brésil, pour lequel il éprouve un véritable de pierres précieuses brésiliennes. La coup de foudre. Très vite, il commence marque amorce alors son ascension et va à travailler chez Cristab, un exportateur révolutionner l'industrie de la bijouterie

dans le monde entier. L'empire Stern fondé à Rio par le jeune aventurier juif allemand va devenir la plus grande entreprise de bijoux en Amérique latine. Pas moins. Les boutiques de Duty Free compteront parmi les premières conquêtes de marché de l'entreprise familiale. Ce sont les aéroports qui contribueront à créer une large reconnaissance de la marque avec une visibilité idéale auprès des touristes. Dans les années 1960, H.Stern opère également sa percée en Israël, avec l'ouverture de son premier magasin à l'aéroport Ben Gourion. Nous sommes en 1963 et le ministre israélien des Finances, Pinhas Sapir, souhaite promouvoir les investissements de cette riche famille juive brésilienne en Terre Sainte. Il va alors remettre à Hans Stern en personne un permis écrit à la main, sur une serviette en papier ( !), pour ouvrir un magasin franchisé à l'aéroport. Quelques mois plus tard, l'Hilton de

Tel-Aviv accueillera lui aussi une boutique de la marque, qui ne cessera alors de s'étendre et d'affirmer son influence dans le pays.

Des clientes qui s’appellent Catherine Deneuve et Madonna Aujourd'hui, l'entreprise est dirigée par Roberto Stern, le fils du fondateur, homme passionné lui aussi et qui a fait ses classes en insufflant à l'enseigne cet esprit d'aventure qui lui a permis d'innover durant toutes ces années. Il explique, entre autres, que son père « avait une vision étrangère, presque exotique, du Brésil : celle d'un pays coloré, heureux et chaud. Il a voulu rendre le Brésil célèbre pour ses pierres fines de couleur, comme

la France l'est pour ses parfums ». Émeraudes, topazes, aigues-marines, tourmalines, améthystes, citrines... 80% des pierres travaillées aujourd'hui par H.Stern viennent du Brésil. Dès les années 1950, la marque conquiert les plus grandes vedettes. Des magasins ouvrent à New York et à Francfort. Ella Fitzgerald et Rita Hayworth franchissent le seuil des pimpantes boutiques de l'enseigne qui gagne du galon à l'international. Plus tard, Jayne Mansfield, Catherine Deneuve et même Madonna y feront leurs achats. Un nom prédestiné à séduire les stars puisque ‘Stern’ signifie étoile en allemand. Le nom donné à un corps céleste qui a la capacité de créer sa propre lumière et sa propre énergie… Bigre ! Il faut savoir qu’H.Stern ne possède pas de mines au Brésil mais détient, expérience oblige, toute la cartographie des mines locales qui ravitaillent leurs ateliers. Les artisans prennent soin d'étudier chaque pierre avant de la tailler. C’est une équipe d'orfèvres, de tailleurs, de polisseurs et de sertisseurs qui travaillent à mains nues. Toute la journée, penchés sur leurs trésors, ils reproduisent les prototypes dessinés par les designers de la marque. En 1984, H.Stern lance une collection inspirée par Catherine Deneuve. Cette série va devenir l'un des plus gros succès de la marque. Elle préfigure un concept qui se développera dans les années 1990 : les collections inspirées par des personnalités. H.Stern crée des collections inédites, avec des professionnels de différents domaines ; l'entreprise convoque ainsi à sa table de travail des consultants de mode, des musiciens, des architectes, des designers. L'objectif ? Rester à l'affût des dernières tendances. Aujourd'hui, une bonne partie des magasins H.Stern sont situés en Israël. La chaîne locale, sous la direction générale d'Israël Kurt, est pour beaucoup dans la bonne santé de la firme. Jusqu'en 1996, 97 % des ventes de la chaîne se font grâce aux touristes. Durant la première moitié des années 2000, la chaîne ouvre des points de vente dans des centres commerciaux. Le Ramat Aviv Mall, le centre commercial Azrieli à Tel-Aviv et le Grand Canyon Mall à Haïfa sont sélectionnés par l'enseigne qui souhaite conquérir la clientèle israélienne.

Bar Refaeli. Égérie de la marque aux 70 ans de H.Stern. Février - Mars • 2016 • LEMAG.CO.IL • LeMag’ N°5 • 73


C'EST L'HISTOIRE... LEMAG’ … DES 70 ANS DE H.STERN

Diane Kruger Ancienne égérie de la marque H.Stern.

H.Stern implante aussi un magasin dans le centre commercial de la mer Rouge à Eilat. Une tentative qui se soldera par un échec. Qu'importe. Les publicités glamour inondent les médias israéliens et l'ouverture des succursales dans les centres commerciaux marque un tournant décisif pour H.Stern. L'objectif ? Consolider l'image de marque de la griffe et en faire une référence incontournable de la joaillerie en Israël. La griffe affirme sa singularité et H.Stern devient la plus grande chaîne de magasin de bijoux à la fois en Israël et au Brésil. Sa présence reste en revanche encore mineure en Europe et aux États-Unis. Robert Stern ose, en avant-gardiste de la joaillerie, parler « d'un design audacieux, d'asymétries », pour des créations sen-

sées explorer une sensualité brésilienne à fleur de peau. Parmi les musts, les boucles d'oreilles ‘Love Knot’ en pavé de diamants, régulièrement sur liste d'attente. H.Stern est aussi la première marque à introduire le prêt aux célébrités. Une publicité inespérée pour l'entreprise de bijoux qui s'invite sur les plus prestigieux tapis rouges. En 2001, aux Oscars, Catherine Zeta-Jones assortit sa tenue à un collier aigue-marine de 50 carats issu de la collection privée de Hans Stern. En 2004, tous les yeux se tournent vers Angelina Jolie qui porte 85 carats de diamants griffés Stern, d'une valeur de 10 millions de dollars... Avant-garde et tradition pourraient être la

H.Stern, première marque à prêter ses créations aux célébrités

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• Février - Mars • 2016 • LEMAG.CO.IL • LeMag’ N°5

profession de foi de l'héritier visionnaire. Roberto garde aussi un œil sur les créations israéliennes, bien que la grande majorité de ses designers soient brésiliens. Il précise : « Mon père a été impliqué dans la création du programme de fabrication de bijoux au Shenkar College. Et moi, comme lui, je suis convaincu du potentiel d'Israël pour devenir, dans l'avenir, l'un des meilleurs centres du design dans le monde ». Pour célébrer le 70ème anniversaire de l'enseigne, la marque de bijoux internationale s'offre une rétrospective de la « star ». Décidée à remettre au goût du jour ce symbole emblématique de la marque, la collection Genesis se veut un voyage dans le temps et les étoiles, avec une nouvelle déclinaison de bijoux représentant les mystères célestes. Le musée Stern est aujourd'hui l'un des sites les plus visités de la mégalopole brésilienne. Des centaines de milliers de visiteurs affluent du monde entier pour redécouvrir une histoire, et surtout une ‘success story’ qui fait rêver. Un visiteur qui n'oubliera pas de ‘chiner’ ensuite, en toute discrétion, dans la boutique attenante… Au douzième étage de la même tour, le musée privé du patriarche reste jalousement gardé par le clan familial. Hans Stern y avait, avant de mourir, installé son sanctuaire, véritable hommage aux gemmes. 1.250 tourmalines, de toutes les formes et de toutes les couleurs, contemplent le chemin parcouru par le jeune réfugié allemand. Elles sont la signature d'une passion transformée en empire prospère.

BAMBOO

Dahlia Perez

Février - Mars • 2016 • LEMAG.CO.IL • LeMag’ N°5 • 75


Fin 2014, le nombre de retraités en Israël était de

900.000 PERSONNES

503.000 et 397.000 FEMMES

HOMMES

En 1948

ils représentaient de la population Les retraités représentent de la population

d’ici 2035

ils représenteront de la population

1,66 million

soit de personnes

LES SENIORS VENT DEBOUT

I

sraël est au cœur d'une transition démographique. L'espérance de vie étant en constante augmentation, le nombre de personnes âgées devrait enregistrer une hausse de 92% au cours des vingt prochaines années pour atteindre 1,66 million d’individus. 76

• Février -2016 Mars-•Mars 2016• •2016 LEMAG.CO.IL • LEMAG.CO.IL • LeMag’ • LeMag’ N°5 N°5

Cette croissance rapide met le système de santé au défi de prendre en compte de façon adéquate la santé, le bien-être et la sécurité des personnes âgées. Mais la réalité exige aussi une prise en main individuelle, doublée d’une solidarité communautaire et intergénérationnelle.

82% des hommes retraités vivent en couple

contre

48%

84% des séniors se disent satisfaits de leur vie

69% des séniors se disent satisfaits de leur niveau de vie économique

16%

des séniors se plaignent de la solitude.

La moitié des séniors ont

75 ans et +

de femmes retraitées

3.000 centenaires Fin 2014, on dénombrait

77,1 %

des personnes âgées de 65 ans et + sont propriétaires de leur appartement

Contre 18,9% qui vivent en location

Ces chiffres ont été publiés par le Bureau Central des Statistiques à l’occasion de la journée nationale des séniors en Israël célébrée cette année le 1er Octobre 2015.

Être jeune senior et le rester

Être jeune à l’âge de la retraite : c’est bien, l’objectif est de le rester. Bien sûr, la forme physique est indispensable et doit être entretenue. Mais cela ne suffit pas. Solidarité, entraide, soutien communautaire sont les maître-mots d’une retraite réussie.

Les clés de la longévité

Les études pointent deux raisons à la longévité des seniors israéliens. Tout d’abord, plus on est éduqué, mieux on vieillit et plus longtemps, on vit. Une bonne raison d’entretenir sa matière grise avec une gymnastique cérébrale appropriée. Tout est bon, étudier la Torah, apprendre l’hébreu, la socialisation par les loisirs, le bénévolat, sans compter les initiatives créatives telle que le Gripspfad (voir encadré). Autre facteur clé, l’activité. De façon générale, la mortalité survient plus tôt chez les hommes que chez les femmes. Mais étonnement, en Israël, les hommes tiennent mieux la longueur. D’aucuns diront que la pratique religieuse y serait pour quelque chose. D’autres retiendront que chez les Israéliens, les hommes sont plus nombreux que les femmes à exercer une activité professionnelle après la retraite.

Travailler, c’est bon pour la santé !

« Pour le ministère israélien des Seniors, créé en 2007, la transition démographique met en évidence de façon significative l'importance d'ouvrir le marché du travail aux seniors, avant et après la retraite, et ce, afin de bonifier leur qualité de vie et leur situation économique. Ce qui a motivé, en 2004, la décision du gouvernement de relever l'âge de la retraite à 67 ans pour les hommes et à 63 ans pour les femmes », explique au Mag’, Tal Nahoum. FévrierFévrier 2016 - Mars • 2016 • LEMAG.CO.IL • LeMag’ N°5 • 77


LES SENIORS VENT DEBOUT

A noter également la mise en place d'un projet de la ministre de l'Egalité sociale, Gila Gamliel, appelé 'Expérience recherchée' (site: www.darush-nisayon.org.il ). « Il s’agit d’une antenne d'aide à l'emploi dédiée spécialement aux seniors à partir de 60 ans » précise Tal Nahoum. « Leur expérience est très demandée et valorisée. Nous encourageons leur embauche et leur donnons les outils pour les entretiens, sachant que d'après nos études, on estime qu'ils peuvent encore travailler une bonne vingtaine d'années, passée la soixantaine », affirme-elle. Une théorie confirmée par Hila Dawidovitch, assistante sociale, qui confie au Mag’ « employer déjà beaucoup de seniors, une dizaine d’heures par semaine, au service du 4ème âge. Ils ont 50, 60, voire 70 ans. On leur évite les travaux lourds, bien entendu. Mais ils sont d’une aide précieuse, car ils savent déjà quelles sont les épreuves du vieillissement », explique-t-elle. Dans ce domaine, les Français n’ayant pas toujours acquis la maîtrise de l’hébreu devraient d’ailleurs trouver des opportunités adaptées. « Il y a une pénurie de soignants francophones (métapélim) », reconnait Deborah Pewzner de l’UFE, « et nous allons sous peu fonder un centre de formation ouvert à tous ».

Garder toute sa tête

Un vieillissement dynamique qui favorise les comportements sains et les activités productives, prévient le syndrome de fragilité se caractérisant par une diminution de la masse musculaire et osseuse, la baisse cognitive, voire la démence. De plus, on vieillit mieux si l’on se sent utile, ce qui renforce l’estime de soi. « Nous avons actuellement une équipe de 40 bénévoles qui nous prêtent main forte. Certains exerçaient même des métiers dans le domaine médical et viennent mettre leurs compétences au service des Français plus âgés. Pour ceux qui maîtrisent l’hébreu, ils peuvent aussi se proposer dans les hôpitaux », nous confie Nathalie Mimoun de l’UFE. 78

Quant aux loisirs, ils contribuent fortement à renforcer et diversifier le réseau social des olim. Les associations, Wizo, AMI et Moadone Gil Azaav, présents dans toutes les villes, proposent un large éventail d’activités d’excellent niveau à prix réduits.

Ktsat Ivrit

En prenant de l’âge, en milieu hospitalier, en maison de retraite, on est davantage immergé dans la société israélienne loin du cocon francophone. Et c’est là que l’hébreu se révèle crucial pour éviter les méfaits du repli et de l’isolement. L’association AMI, par exemple, a mis en place un nouveau type d’oulpan plus adapté aux seniors à Tel Aviv, Ashdod et Jérusalem. Appelé ‘Ktsat ivrit’ (‘un peu d’hébreu’), il propose l’acquisition du vocabulaire via des jeux de rôles et des mises en situation de la vie quotidienne, une occasion aussi de renforcer le lien social. « Ces réunions autour de l’apprentissage de l’hébreu, quelques heures par semaine, sont très conviviales et permettent de s’échanger les bons plans et les ‘trucs’ à savoir, de tisser des liens entre retraités, qui partagent les mêmes préoccupations et rencontrent les mêmes difficultés », souligne Edwige Chekroun, qui se consacre à l’intégration des olim seniors dans la société israélienne au sein de l’association AMI.

La famille élargie des francophones

80% des seniors expriment leur bonheur d’être en Israël et de vivre leur judaïsme en toute liberté. Pour beaucoup, l’alyah rime avec rapprochement familial. Mais « pour les Juifs de Tunisie ou du Maroc par exemple, c’est un deuxième déracinement qui pourrait réveiller d’anciennes douleurs à la faveur de la vulnérabilité liée à l’âge », prévient Hilla, assistante sociale. De plus, on ignore trop combien ils sont

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nombreux à espérer une alyah des enfants qui tarde à suivre. « Ils disent clairement qu’ils sont venus pour mourir en Israël, sur cette terre », confie Hilla Dawidovitch. Dans tous les cas, qu’ils soient seuls ou qu’ils aient de la famille ici, le spectre de la solitude guette et c’est à la communauté francophone de devenir une famille élargie, afin de permettre à notre communauté de vieillir dans les meilleures conditions possibles. Kathie Kriegel.

Vous avez dit Gripspfad ? Le quoi ? Le Gripspfad ? C’est un test ? Si on est resté jeune, on arrive à prononcer ce mot sans s’y reprendre à dix fois ? Qu’on se le dise, le Grips-machin, c’est une affaire à suivre… Pour améliorer les performances du cerveau, le groupe Israël-Suisse a importé le « Gripspfad » (‘brain park’ ou encore parcours d’entraînement cérébral) en Israël, qui a été inauguré à Neve Eshkol, le 5 Novembre dernier. Ce parcours d’entrainement cérébral en plein air, car le mouvement est un facteur essentiel pour la santé mentale, comprend, en tout, onze exercices qui conviennent à tous, mais sont plus spécialement dédiés aux personnes âgées, pour stimuler la vivacité de leur esprit. Ils favorisent la circulation sanguine cérébrale et le métabolisme du cerveau, renforcent la plasticité synaptique des cellules nerveuses, augmentent la formation de substances messagères pour le transfert de l'information, stimulent la production de divers facteurs de croissance pour la formation de nouvelles cellules nerveuses, sollicitent les différentes zones du cerveau et activent les sens. Un des exercices consiste à se masser l’oreille en douceur, de l’hélix au lobe avec le pouce et l’index. Le saviez-vous ? L’amélioration de la circulation sanguine des oreilles entraîne une stimulation de la zone du langage ! Contact Gripspfad : Dina Peleg : dinave@bezeqint.net

Le 1er Décembre 2015, en conseil des ministres, Benyamin Netanyahou annonçait l’octroi de 500 millions de shekels destinés à l’augmentation des allocations vieillesse. Une décision prise par son ministre des Finances, Moshé Kahlon. Selon la nouvelle législation en vigueur depuis le 1er Janvier 2016, l’augmentation sera de 13% pour les personnes âgées bénéficiant d’une pension mensuelle allant de 2.070 shekels à 6.800 shekels. Un couple de moins de 70 ans percevant 4.164 shekels verra ainsi ses revenus augmenter de 542 shekels par mois. Un senior de plus de 80 ans percevant une retraite de 3.016 shekels verra quant à lui son revenu passer à 3.151 shekels par mois.

K. K

Les seniors à nouveau sur le marché (du travail) !

E

n Juin 2015, une décision gouvernementale fixait l’emploi des seniors comme une nouvelle priorité stratégique. Une décision motivée par les projections démographiques indiquant que le nombre de personnes âgées, évalué aujourd’hui à 850.000 personnes, devrait doubler d’ici à 2030. En Décembre 2015, la ministre de l'Egalité des sexes, des Minorités et des Personnes âgées, Gila Gamliel (Likud), a donc proposé un premier projet pilote pour l’emploi des séniors : Quatre-vingt postes créés dans les ministères et destinés à être occupés pour une période maximale de trois ans à raison de cent-vingt heures de travail maximum par mois.

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LES SENIORS VENT DEBOUT La carte vitale de la CFE

Santé

Que choisir

Pour ces Français-là, la CFE (caisse des Français à l’étranger) est une option pertinente. « Elle donne les mêmes avantages qu’en France (100%, ALD - affection de longue durée – etc…) et fonctionne de la même façon sur les mêmes barèmes, quel que soit le médecin ou l’établissement choisi. Le package sécu/mutuelle est très intéressant. De plus, les interlocuteurs sont français », se félicite Christiane Kammermann, sénatrice de Paris. « L’inconvénient est de devoir avancer les frais et vu les retards dans les remboursements (entre 3 à 6 semaines), cela demande d’avoir une trésorerie qui permette de faire face », reconnaît Mme Cheneau, de la CFE Paris, « d’autant plus qu’il n’y a pas encore en Israël d’établissement hospitalier ayant des accords avec la France et qui propose le tiers payant ».

La sécu israélienne, bon à savoir

Comme le montre un récent rapport de l’OCDE, le sous-financement du système de santé israélien est préoccupant : les dépenses de santé doivent être financées à hauteur de 39% par le privé (contre 27% en moyenne dans les pays de l’OCDE).

Seniors boeing

Pour les abonnés aux allers-retours entre la France et Israël qui n’ont pas encore fait leur alyah, pas de sécurité sociale israélienne. Ils prennent leurs rendez-vous santé en France, et viennent en Israël avec leurs médicaments pour toute la durée de leur séjour. Oui, mais voilà. Il est un âge ou des pépins de santé peuvent survenir à tout moment. « Quand elle est venue pour les fêtes 80

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de Pessa’h, ma mère a été renversée par une moto qui a reculé sans regarder. Là, on a découvert que l’assurance de sa carte de crédit ne remboursait les frais qu’à partir du 3ème jour d’hospitalisation. Et le rapatriement n’est pas toujours la solution, car il sépare, à un moment où justement, je n’avais pas envie que ma mère se retrouve seule en France. Heureusement, le motard qui était en tort ne s’est pas enfui, c’est son assurance qui a payé les frais », confie Nathalie.

Nouveau, ‘La voix de la Santé’ au *5400 est un centre d’appel téléphonique mis en place par le ministère israélien de la Santé qui assure un service aussi en français. Le site ‘Docteurs.co.il’ permet quant à lui de trouver un médecin francophone en Israël ou de bénéficier d’une traduction en temps réel au téléphone pendant une consultation. Les coordinateurs d’alyah parlant le français, les sites internet comme celui du ministère de la Santé (en français), ou celui de l’UFE, (union des Français à l’étranger), donnent des renseignements précieux et des explications claires sur le système de santé israélien. « A l’UFE, il y a toujours quelqu’un qui vous écoutera et aura à cœur de vous aider », insiste Nathalie Mimoun, sa présidente. « Il m’arrive même de prendre des olim par la main et de les accompagner dans leurs démarches administratives », avoue-t-elle. Il y a quatre Koupot ‘holim : Clalit (55% des assurés), Maccabi (25% des assurés), Meu’hedet (15% des assurés), Leumit (10% des assurés). « Elles font toutes croire que vous aurez affaire à des Français, mais c’est de la publicité mensongère », avertit Deborah Pewzner du UFE. Il faut choisir celle qui vous demandera le moins de déplacements pour les consultations et les soins. C’est à cela qu’il faut penser », conseille-t-elle. Toutes proposent des cotisations en fonction du ‘Sal briout’ (panier de santé) choisi. Le top est toujours plus cher. Mais bon à savoir, dès que vous décidez de prendre un panier de santé plus cher, vos nouveaux droits et avantages seront immédiatement opérationnels. Pas de délais de carence. « Quand mon père a fait son AVC, nous avons pris le panier supérieur à 300 shekels par mois. La prise en charge de l’hospitalisation, du centre de convalescence, la rééducation qui a duré des semaines et bien sûr, l’aide à domicile et l’appareillage (fauteuil roulant,) tout a été pris en charge tout de suite et nous n‘avons rien eu à débourser », se félicite Sarah. Kathie Kriegel Février - Mars • 2016 • LEMAG.CO.IL • LeMag’ N°5 • 81


Bon à Savoir

‘Ata medaber ivrit’ ? Le ministère de l'Intégration propose un oulpan complémentaire et gratuit aux olim ayant fait leur alyah entre le 1 Mars 2015 et le 31 Décembre 2015. Renseignez-vous auprès du coordinateur d’alyah de votre mairie, de l’oulpan le plus proche ou sur le site : www.moia.gov.il/French Satisfait ou mécontent ? Bon à savoir ! Si vous avez des difficultés à faire valoir vos droits et souhaitez partager un retour positif ou négatif, contactez l’association Qualita : contact@qualita.org.il Dispense d’armée Les nouveaux immigrants, âgés de 22 à 26 ans, ne sont plus obligés de servir au moins six mois dans l’armée israélienne. Une nouvelle loi a été adoptée afin de leur permettre de consacrer leurs premiers mois en Israël à leur intégration. Toutefois, ils pourront toujours décider de s’enrôler en tant que volontaires dans Tsahal. Labriout ! Le Centre d'information téléphonique "Kol Habriout" (La voix de la santé ou Toute la santé) a été créé par le ministère de la Santé en collaboration avec le ministère de l'Alyah et de l'Intégration afin de fournir un service professionnel dans de nombreux domaines, dans différentes langues et notamment en français. Ce service dispense des informations générales et personnalisées sur tout ce qui est lié à la santé. *5400 ou 08 624 10 10 Mail : Call.Habriut@moh.health.gov.il Du dimanche au jeudi de 8h00 à 19h00, le vendredi de 8h00 à13h00. 82

• Février - Mars • 2016 • LEMAG.CO.IL • LeMag’ N°5

Shmuel Trigano enseigne en Israël ! L’Institut Mishkan créé en Israël en 2015 par l’écrivain, professeur d’université, sociologue et fondateur de l'Université Populaire du Judaïsme, Shmuel Trigano, « vise à introduire aux disciplines fondamentales du savoir juif que l'honnête homme – femmes et hommes ! – devrait maîtriser. Notre méthode d'enseignement a pour ambition de mettre à la disposition des esprits, sans connaissances hébraïques ou judaïques préalables, la quintessence du savoir du judaïsme. Aucun prérequis n'est donc demandé aux étudiants, si ce n'est la volonté de comprendre. La notion d'Humanité judaïque exprime cet idéal de savoir alliant la sagesse de l'éternité et la connaissance du monde dans la même cohérence » affirme l’intellectuel qui espère ainsi « créer le noyau d'un nouveau lieu d'études et de débats, accompagnant l'importante alyah des Juifs de France, au carrefour de la culture juive de langue française et de la renaissance de l'hébreu, à hauteur de l'horizon du nouvel Israël ». A Tel Aviv : les Mardi 1er, 8, 15, 22 Mars, ainsi que les 3 et 10 Mai. Shmuel Trigano : ‘Le sujet de l'histoire juive’. Lieu: Beith Matanel-Alma, Rehov Shadal 6. ( Carrefour Shderot Rothschild ) à 19h00. A Jérusalem : les Dimanche 21 Février, 6 et 20 Mars ; Michaël Wygoda : ‘Le droit hébraïque, Mishpat Ivri’. Lieu : Beith Etseg (Oury-Zvi Greenberg). Rehov Yafo 34 (Kikar Sion), 1er étage à 18h00. Contact : institutmishkan@gmail.com Chouette, des promos ! Création du premier club d’avantages gratuit en français et pour les Français en Israël par une société israélo-française, basée à Tel-Aviv. JINI Privilèges est destiné aux immigrants et touristes de langue française et draine derrière lui des grandes enseignes israéliennes dans de nombreux domaines (Hot Communications, Teig Assurance, Banque Discount, Subaru, Herzlia Medical Center etc… Objectif : faire bénéficier ses membres de réductions, de services VIP et d’avantages particulièrement intéressants. Tel: 073 279 20 00 ou sur le net : www.jini.co.il Paroles et musiques Le 20 Mars, le Collège Francophone de Netanya organisera comme chaque année la Rencontre internationale du judaïsme francophone, cette fois en paroles et musique : « Les artistes, auteurs et compositeurs juifs de la chanson française ». Réservation : francophonie010@netanya.ac.il Tel : 09 860 78 98

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