La Picardie
DANS L’HISTOIRE DE FRANCE
HORS-SÉRIE - MARS 2019 - 5,90 E
ÉDITO
LA PICARDIE DANS L’HISTOIRE DE FRANCE
C JEAN-MARC CHEVAUCHÉ RÉDACTEUR EN CHEF ADJOINT
’est un plaisir de découvrir à quel point la Picardie est liée à l’Histoire de France. Elle est le berceau des Carolingiens et du royaume de France, le fait est connu. Mais, dans le détail, sait-on que c’est à Compiègne que l’on décida de rendre le Mont-Saint-Michel à la Bretagne ? Tout le monde est-il au fait de l’arrivée d’Hugues Capet à Senlis, où il fut acclamé roi de France, créant une dynastie qui régna pendant près de mille ans sur la France ? Sait-on dans quelles conditions Guillaume arriva à Saint-Valery pour aller conquérir l’Angleterre ? Vous irez de découverte en découverte dans ce hors-série exceptionnel pour lequel des archives insoupçonnées nous ont été ouvertes. La grande Histoire est là à chaque page mais la Picardie s’y révèle. C’est Rose Bertin, la petite modiste abbevilloise de Marie-Antoinette, qui se raconte ; c’est la rencontre picarde entre Marie-Louise et Napoléon qui se découvre... Vous apprendrez comment un Picard sauva la vie d’Henri IV, vous saurez qui a réalisé la serrure du tombeau de Napoléon 1er aux Invalides : un serrurier picard dont l’entreprise a perduré et poursuit encore aujourd’hui son aventure industrielle dans le Vimeu ! Nous revenons sur l’évasion de Napoléon III du fort de Ham mais aussi sur l’histoire de ces deux garçons, conçus pendant sa détention, fruits des amours du futur empereur avec une lingère picarde ! Et Gambetta ? Beaucoup connaissent l’anecdote de sa fuite en ballon de la Capitale. Peu savent que c’est en Picardie, par erreur et à cause de vents contraires, que le ballon a atterri... Qui était Basile Zaharoff ? Tout simplement le plus grand marchand d’armes du monde au début du XXe siècle. Son destin est intimement lié à la Picardie. Vous apprendrez comment. Savez-vous que les discussions qui précédent la signature de l’Armistice, en 1918, à Rethondes, sur les terres picardes, n’auraient pas pu se tenir sans un interprète. C’était un Picard. L’inventeur de la signalisation ferroviaire mondial ? Un Picard ! L’inventeur du Zodiac ? Un Picard ! Rendez-vous tout de suite en page 74 de ce numéro, pour choisir par quel incroyable récit vous allez commencer à remonter le temps et partir à la rencontre de la petite histoire picarde dans la grande Histoire !
ONT PARTICIPÉ À CE HORS-SÉRIE Directeur de la publication : Jean-Dominique Lavazais Rédacteur en chef : Mickaël Tassart Maquette, éditeur, rédaction, mise en page : Jean-Marc Chevauché Photos : Fred Haslin, Fred Douchet, Dominique Touchart, Guillaume Clément, archives Courrier picard.
Coordinatrice technique : Véronique Villain Impression : Imprimerie Presse Flamande, rue du Milieu, 59190 Hazebrouck
Edition : Courrier picard, 5 boulevard du Port d’Aval, CS 41021- 80010 Amiens Cedex 1 Tel. 03 22 82 60 00 www.courrier-picard.fr
Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne pourra être reproduite ni diffusée sous aucune forme ni par aucun moyen électronique, mécanique ou d’autre nature, sans l’autorisation écrite des propriétaires des droits de l’éditeur © 2019 - Courrier picard
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SOUVIENS-TOI DU VASE DE SOISSONS ! (V. 486)
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lovis, roi des Francs et pas encore chrétien, pillait allègrement les églises. Du côté de Reims, un vase magnifique fut pris parmi le butin. L’évêque de Reims, sans doute Remi, nous rapporte Grégoire de Tours, tenait à ce vase superbe. Il envoya un émissaire à Clovis pour au moins récupérer cet objet. Clovis accepta et invita l’envoyé de l’évêque à le suivre à Soissons où le partage devait avoir lieu. Le roi informa ses hommes qu’en plus de sa part, il entendait prendre le vase. Tous s’inclinèrent sauf un soldat qui brisa le vase en défiant le roi, lui disant : « Tu ne recevras que ta part. » Quelques mois plus tard, passant ses troupes en revue, Clovis reconnut l’insolent. Il jeta à terre les armes de celui-ci et pendant que le soldat se baissait, lui brisa la tête d’un coup de francisque, disant : « Souviens-toi du vase de Soissons ! » La part de vérité dans l’histoire est sans doute infime mais celle-ci permit à des générations de petits écoliers français de bénéficier d’une porte d’entrée sur l’histoire de leur pays. Le vase de Soissons reste un événement incontournable, sinon de l’Histoire, au moins de l’Education nationale.
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QUIERZY, VILLAGE DE L’AISNE, CAPITALE DE LA FRANCE !
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n a du mal à l’imaginer aujourd’hui mais ce village d’un peu plus de 400 habitants, situé dans l’Aisne mais à la fois proche de l’Oise et la Somme, au cœur de la Picardie, ne fut rien moins que le centre névralgique de l’Europe ! Charlemagne y est sans doute né, Charles Martel y est mort. Quierzy est d’abord gallo-romaine au centre de la zone d’influence de tribus gauloises. Nous sommes en pleine Gaule belgique peuplée en ces terres par les Suessions, les Viromanduens et les Rèmes. Nous retrouvons des noms que nous connaissons dans ceux de ces tribus : Soissons, Vermandois ou Reims. Mais sous les Mérovingiens, et encore davantage sous les Carolingiens, Quierzy prend son essor. Protade, maire du palais de Thierry II, roi de Bourgogne puis d’Austrasie, vient y mourir en 605. Rappelons que les maires du palais, à l’époque mérovingienne, sont les intendants du roi, les grands ordonnateurs et, souvent, les vrais puissants d’un royaume. C’est d’ailleurs, comme chacun sait, à compter de la lignée de Charles Martel que les maires du palais se substituent définitivement aux rois. Charles Martel, maire des palais d'Austrasie, de Neustrie et de Bourgogne, meurt à Quierzy le 22 octobre 741. Le pouvoir est partagé entre ses deux fils Carloman et Pépin le Bref. C’est à Quierzy, selon toute vraisemblance, que serait né Charlemagne, fils de Pépin et de Berthe de Laon (Berthe au grand pied) entre 742 et 745.
Deux papes sont venus à Quierzy pour des événements de première importance
En 754, Pépin le Bref fait adopter par le concile de Quierzy la liturgie romaine et le chant grégorien dans le royaume qu’il administre. C’est un événement diplomatique d’importance pour l’époque. Les rois carolingiens débutent avec l’Eglise du pape de Rome un jeu de forces et d’influences qui ne cessera jamais pendant toute la lignée d’Hugues Capet. Pouvoirs temporel et spirituel se croisent mais il s’agit avant tout, en ménageant le partenaire, d’obtenir une influence la plus grande possible. En avril de la même année, c’est la visite du pape Étienne II à Quierzy. Les États pontificaux sont officialisés par le Traité de Quierzy. De son côté, le pape, sans se soumettre, admet la représentativité des Carolingiens. En 775, se déroule un champ de mars, ou de mai, à Quierzy. C’est un rassemblement militaire, où il ne manque aucun des grands chefs des armées vassales du roi. Il s’agit d’envahir la Saxe. Le pape Léon III est lui aussi venu à Quierzy, pour rencontrer Charlemagne cette fois. ce qui constitue déjà deux visites papales en vingt ans, preuve de l’incroyable rayonnement de Quierzy et de l’influence de ceux qui l’ont choisi pour capitale du royaume : les Carolingiens.
Le capitulaire de Quierzy, naissance de la féodalité
Charles le Chauve, petit-fils de Charlemagne, s’est marié à Quierzy en 842 après y avoir été couronné quatre ans plus tôt par Louis le Pieux, son père, parfois appelé « le Débonnaire ». En fin de règne, il présida à Quierzy le capitulaire de Quierzy. C’est là que l’on date la naissance de la féodalité. On inscrivit les droits des comtes sur leurs terres, notamment fiscaux. Cette extension des pouvoirs des vassaux était rendue nécessaire par le besoin que le roi avait d’eux dans ses conquêtes. Faute de terres, toutes attribuées, il fallait leur octroyer d’autres avantages. Le moment fut propice en raison de la campagne d’Italie de Charles le Chauve qui allait débuter. Il s’agissait de s’assurer les bras armés des comtes. Tous les pouvoirs seigneuriaux du Moyen Âge découlent de ce capitulaire de Quierzy. C’est à la fin du IXe siècle que les Normands envahissent Quierzy marquant le début du retour à l’anonymat pour un lieu qui eut à faire l’Europe pendant plus de deux siècles.
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LE TRAITÉ DE COMPIÈGNE REND LE MONT-SAINT-MICHEL AUX BRETONS !
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ui connaît un peu son histoire de France sait que depuis le VIIIe siècle, Normands et Bretons se disputent le Mont-Saint-Michel. Dès le début, il appartient au diocèse normand d’Avranche. Mais, situé sur la frontière entre les deux territoires, il cristallisa les inimitiés jusqu’à aujourd’hui. C’est à Compiègne, en 867, que le Mont devint officiellement breton. Et cela jusqu’au début du XIe siècle. Le traité de Compiègne, signé par Charles le Chauve concède au roi breton Salomon l’Avranchin, le Cotentin et des îles anglo-normandes. L’Avranchin retrouve son appartenance normande au XIe siècle et la Normandie le fameux mont. Mais pendant près de deux siècles, le roi de France avait donné le mont à la Bretagne. Et c’est de là qu’est parti le débat qui se poursuit encore aujourd’hui ! Le fleuve Couesnon, objet d’importants travaux au début de ce siècle pour désensabler la baie marque quasiment la frontière entre l’Ille-et-Vilaine et la Manche... à quelques kilomères près. Puisque c’est l’ancien lit du fleuve, qui coule surtout en Bretagne sur les trois-quarts de sa course, qui délimite encore les régions. L’adage le dit : « Le Couesnon, dans sa folie, a mis le Mont en Normandie…et le Couesnon, dans sa raison, le rendra aux Bretons ! » Compiègne est responsable d’une dispute séculaire qui concerne la « huitième merveille du monde » !
COMPIÈGNE, CITÉ IMPÉRIALE DEPUIS UN MILLÉNAIRE
O Maquette de l’abbaye Saint-Corneille réalisée par Guillaume Roignant, Office de tourisme de Compiègne.
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n connaît bien le passé napoléonien de cette belle ville du Pays de Valois. Mais le caractère impérial de Compiègne lui fut donné dès le IXe siècle par Charles le Chauve. Devenu enfin empereur d'Occident, le souverain consacre, le 5 mai 877, la collégiale Sainte-Marie de Compiègne, future abbaye Saint-Corneille. Couronné à Rome en 875, il est, deux ans avant sa mort, le vrai successeur de son grand-père, Charlemagne. Quelques mois après les fastes de Compiègne, il rendra son âme à Dieu. Ce jour-là, le pape est à Compiègne. Soixante-douze évêques l’accompagnent. C’est la consécration pour Charles le Chauve. Le souverain fonde un monastère d'ampleur royale de 100 chanoines. On sait que le modèle de l’empereur est Aix-la-Chapelle, dont le partage carolingien l’avait privé. Il dépose à Compiègne les reliques de l’ancien pape Corneille, rapportées de Rome. C’est là l’origine du nom donné un demi-siècle plus tard par Charles le Simple à l'abbaye Sainte-Marie de Compiègne qu’on appelle désormais Saint-Corneille. Si Charles le Chauve a choisi Compiègne, c‘est qu’il lui fut un souverain fidèle. Il s’y installa, développant cette ville à peu près située au centre du royaume de l’époque. Si la Picardie est le berceau de la France carolingienne, Compiègne en fut le lit.
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LA CRÉATION DE LA POSTE À LUCHEUX
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’événement est contesté mais on a trace du sceau royal mentionnant Luxies, près de Doullens. Louis XI a révolutionné les Postes, l’ancêtre de La Poste. Le 19 juin 1464, vraisemblablement dans le beffroi de Lucheux, par un édit, il crée des dépôts de chevaux toutes les 4 lieues (environ 16 kilomètres). Le soir, il dort au château de Dompierre-sur-Authie. Ce sont « des chevaux courant au service du Roy » qui sont réservés aux courriers officiels. Mais bientôt, la noblesse, puis la bourgeoisie, peuvent aussi utiliser le service, moyennant monnaie bien entendu. Louis XI avait voulu des relais qui fonctionnent jour et nuit. Le courrier n’était heureusement pas encore abondant au XVe siècle mais il y eut tout de même plus de deux cents trente cavaliers au service des missives dès l’édit promulgué. Pendant un siècle, avant une nouvelle modernisation des échanges de courriers et l’arrivée de voitures à cheval et pas seulement de cavaliers, l’invention de Louis XI a prospéré. Puis, on améliora le système pour transporter aussi des voyageurs.
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LES TRAITÉS DE PÉRONNE
Le château de Péronne a été le théâtre de quatre traités internationaux.
LE SORT DE MONACO RÉGLÉ À PÉRONNE EN 1641
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e 14 septembre 1641, Louis XIII et Honoré II de Monaco signérent à Péronne le traité qui marque l’influence française sur le rocher, succédant à celle de l’Espagne. Honoré II devient souverain sur Monaco, Menton et Roquebrune. La France lui fournit des gens d’armes mais c’est le prince qui les commande. La Couronne verse encore à la famille Grimaldi une rente annuelle conséquente. Enfin, Honoré II devient seigneur des terres du Valentinois, des Baux de Provence, de Carladès, de Chabeuil, de Calvinet, de Buis et de Saint-Rémy-de-Provence. Tout cela paraît être payé bien cher par la couronne mais il faut comprendre qu’Honoré II a su jouer de la rivalité de Louis XIII avec l’Espagne. En se plaçant sous la protection française, il se démet de l’Espagne et favorise son adversaire. Le traité de Péronne tint jusqu’à la Révolution française.
Charles le Téméraire
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Louis XI
Philippe-Auguste
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UN SERRURIER PICARD RÉALISA LA SERRURE ET LA CLÉ DU TOMBEAU DE NAPOLÉON 1ER
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’est Hippolyte Forestier, de Valines, dans la Somme, qui fabriqua en 1873 la serrure et la clé du tombeau de Napoléon 1er. Valines est au cœur du Vimeu, la petite région de la serrurerie du Vimeu industriel, en Picardie maritime. Le panneton de la clé que réalisa Hippolyte Forestier est en forme de N. Et on distingue très nettement au-dessus la Croix de la Légion d’Honneur. C’est un véritable travail d’orfèvre. En réalité, lorsqu’Hippolyte Fortestier réalise son petit bijou de serrurerie, l’empereur n’est plus depuis plus d’un demi-siècle. Mort à Sainte-Hélène en 1821, son corps ne fut rapatrié en France qu’en 1840, sous l’impulsion de
Louis-Philippe qui y voit, poussé par Thiers, l’occasion d’en tirer profit. Ce ne sera pas le cas ; l’empereur défunt étant admiré par le peuple mais ignoré par les députés. Finalement, la différence de dévotion a été visible y compris le jour des obsèques aux Invalides et l’événement ne permit pas à Louis-Philippe de faire aimer la monarchie de Juillet. Commencèrent alors les travaux du tombeau proprement dit qui ne finirent que vingt ans après le retour des cendres, en 1861. Le nom de Forestier est toujours présent à Valines, dans le Vimeu, où l’entreprise est désormais spécialisée dans les coffres-forts!
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LES AMOURS DU PLUS GRAND MARCHAND D’ARMES DU
Zaharoff était titulaire de plus de deux cents décorations de plus de trente pays.
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Zaharoff, surpris ici avec l’amour de sa vie, Maria del Pilar. Ils s’aimèrent dans le château de Picardie.
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MONDE SONT PASSÉES PAR LA PICARDIE...
Hergé utilisa la silhouette et le physique caractéristiques de Zaharoff pour dépeindre les traits d’un vil marchand d’armes dans L’Oreille cassée, dont les premières planches sont parues dans Le Petit Vingtième dès 1935.
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asil Zaharoff, né en Turquie en 1849, est mort à Monte-Carlo en 1936. Cet homme secret, honoré par tous les gouvernements d’Europe, a été le plus grand marchand d’armes du monde. La Première Guerre mondiale n’aurait pas pu se faire sans lui. Si, aujourd’hui, il est tombé dans l’oubli ; entre les deux guerres, son nom faisait trembler ou inspirer le respect. Hergé s’en servit dans L’Oreille cassée pour incarner l’archétype du marchand d’armes. Zaharoff, issu d’une famille anonyme, avait su se hisser dans les plus hautes sphères. Un peu de chance, beaucoup d’entregent, un zeste de crapulerie. Zaharoff a passé sa vie à rencontrer les ennemis des uns et des autres pour vendre des armes à tous. Si son nom est lié à la Picardie, c’est qu’il avait acquis le château de l’Echelle-Saint-Aurin, dans la Somme, près de Roye, où il abrita ses amours avec Maria del Pilar, duchesse de Villafranca de Los Caballeros, apparentée à la famille royale d'Espagne et veuve en premières noces du duc de Marchena. On ne sut jamais si les filles de Maria étaient ou pas celles de Zaharoff. Quoiqu’il en soit, cet amour dura près de trente ans avant que le marchand d’armes n’épouse sa belle, peu après le décès de l’époux de celle-ci, en 1924. Dix-huit mois après, elle était morte. Zaharoff ne s’en remit jamais. Ironie du sort : le château de la Somme fut détruit pendant la guerre 14-18 par les propres obus de Zaharoff, largués par les Allemands...
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L’INVENTEUR DE LA SIGNALISATION FERROVIAIRE EST PICARD !
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ugène Antoine Alexandre Verlant est un enfant de Vismes-au-Val (Somme) dans la petite région du Vimeu, en Picardie maritime. Cet ingénieur a laissé une trace profonde dans l’histoire de la signalisation. Verlant, élève de polytechnique, major de la promotion 1887, est un homme de la terre. D’une famille d’agriculteurs, il a fait toute sa carrière dans le train. Rappelons qu’à l’époque, la SNCF n’existe pas. Il y a une quantité d’entreprises privées qui gère des réseaux régionaux. PLM (Paris, Lyon, Méditerranée) est l’un des plus gros. Verlant y est recruté en 1898. Il y restera jusqu’en 1932, en ayant contribué à profondément changer le chemin de fer français, pas encore unifié. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, Eugène Verlant est directeur d’exploitation chez PLM. Le gouvernement de la France a pu constater pendant le conflit comment une myriade d’interlocuteurs aux pratiques diverses est préjudiciable à la bonne marche du train. Verlant, autorité reconnue dans le monde du chemin de fer, est chargé de présider une commission pour l’unification des pratiques. Il faut entièrement revoir les signaux. C’est la grande tâche de Verlant. Il y consacre sa vie. Sa commission dépose un rapport en 1927. Novateur, il prend en compte l’arrivée de la signalisation lumineuse, dont il doit tenir compte tant il pressent qu’elle porte en germes la fin de la signalisation mécanique. Le vert, le jaune, le rouge, qui sont les trois couleurs qu’impose le code Verlant, ont ensuite été utilisées dans la signalisation routière. Et les réseaux ferroviaires mondiaux ont tous appliqué le code Verlant ! On doit aussi au Picard le premier feu tricolore du code de la route. La SNCF, qu’Eugène Verlant a vu naître alors qu’il était déjà en retraite, utilise encore le code Verlant, même si les cheminots en ignorent souvent le nom. Tout juste y a-t-on ajouté le clignotement des feux, techniquement peu fiable à l’époque de Verlant.
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LE ZODIAC A ÉTÉ INVENTÉ PAR UN PICARD !
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ans lui, l’actrice Gaby Morlay, énorme vedette des années folles, n’aurait pas eu son brevet de pilote de dirigeable et ne serait pas devenue la première femme à l’obtenir. Car c’est lui qui lui fit passer ! Pierre Debroutelle, enfant du Vimeu, en Picardie maritime, naquit le 7 avril 1886 à Saint-Quentin-Lamotte. Il devint tourneur à la Société française des ballons dirigeables en 1909. C’était la pleine époque des Zeppelin allemands et des tentatives de conquête du ciel par les ballons, les dirigeables et autres biplans. Pierre Debroutelle participa à toutes les aventures et, bientôt, son ingéniosité, en fit un incontournable acteur de ce moment de l’histoire aéronautique française. L’armée fit appel à lui, les prototypes se succédèrent, capables de larguer des bombes, de transporter des canons... Puis, avant la deuxième guerre mondiale, Pierre Debroutelle adapta toutes les techniques des ballons à des prototypes de bateaux pneumatiques. Il travailla sur commande de la Marine nationale. La société Zodiac prit le virage maritime et acheva sa carrière aérienne. Après la guerre, le bateau pneumatique Zodiac connut un succès spectaculaire en même temps que les activités touristiques. Il est aujourd’hui encore un élément archi-connu et toujours incontournable de toute activité liée au milieu aquatique. Pierre Debroutelle décéda en 1960, toujours au fait des derniers progrès techniques et en inventant jusqu’à la fin de sa vie, des aménagements au Zodiac.
Pierre Debroutelle a eu une carrière exceptionnelle toujours liée aux réalisations pneumatiques ; aériennes dans les premières années du XXe siècle, aquatiques à la veille de la Seconde Guerre mondiale et des années 50 à 70.
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César bat les Belges dans l’Aisne
Souviens-toi du vase de Soissons
Quierzy, capitale de la France
Saint-Riquier, bibliothèque de l’Europe
Nithard, 1er écrivain français
Compiègne, cité impériale séculaire
Le premier roi capétien à Senlis
Guillaume le Conquérant à St-Valery
Philippe Auguste se marie à Amiens
La guerre de Cent Ans est picarde
Blanquetaque a défendu la France
Jeanne d’Arc, une épopée picarde
Création de la Poste à Lucheux
Les nombreux traités signés à Péronne
Le traité de Picquigny de 1475
Louis XII se marie à Abbeville
L’ordonnance de VillersCôtterets
Le Picard sauve la vie d’Henri IV
Le suicide du maître d’hôtel de Chantilly
La modiste picarde de la reine
La paix de Napoléon à Amiens
Napoléon et Marie-Louise en Picardie
La bataille de Laon en mars 1814
La serrure picarde de l’empereur
La belle-fille de Napoléon 1er a vécu en Picardie
Napoléon III s’évade du fort de Ham
Les fils picards de Napoléon III
Napoléon III et Eugénie à Compiègne
Gambetta atterrit en Picardie
Les amours de Basile Zaharoff
L’histoire du Chemin des Dames
Doullens dans l’Histoire en 1918
L’interprète de l’Armistice était Picard !
Bisson de la Roque, égyptologue
L’inventeur de la signalisation ferroviaire
Le Zodiac a été inventé par un Picard
De Gaulle et la bataille d’Abbeville
Hitler fête Noël 1940 en Picardie
L’émotion picarde de Michel Drucker
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