patrimoine picard tome 4

PATRIMOINE PICARD CAYEUX-SUR-MER ET SES CABINES

S E T I S 8 2CONTOURNABLES IN

E DE NOTR

RÉGION

L’ABBAYE DE PRÉMONTRÉ

HORS-SÉRIE - SEPTEMBRE 2019 - 5,90E

LE MUSÉE DE LA BROSSERIE

Tome 4

PATRIMOINE PICARD

Tome 4

LE CIMETIERE DE LA MADELEINE AU CŒUR DE L’HISTOIRE DES AMIÉNOIS

Le torse dégagé de son linceul, Jules Verne soulève de son dos la pierre dont l'angle est brisé, et tend le bras et lève la tête vers la lumière. On y voit parfois le symbole de son esprit créatif, tendant le bras dans une dernière énergie vers la lumière comme un appel à l'aide...

Au fil des ans le cimetière de la Madeleine est devenu un lieu de promenade romantique. Reflet de la société amiénoise du XIX e siècle, il raconte une partie de l’histoire d’Amiens.

Les visiteurs d’un jour viennent pour la tombe de Jules Verne. Ils découvrent une sculpture de l’écrivain en pleine force de l’âge, le bras droit tendu vers le ciel. De la main gauche, il semble soulever la pierre tombale. La sculpture est signée Albert Roze. Il a réalisé le buste en 1907 ; le visage est très ressemblant : son regard, sa barbe… en revanche son bras musclé et le torse ne sont pas ceux d’un homme de 75 ans. C’est un homme d’une trentaine d’années qui aurait servi de modèle pour le corps.

La tombe de l’écrivain est une des plus célèbres du cimetière de la Madeleine. On y croise toujours des particuliers venus se recueillir sur la tombe d’un proche. Mais 6

d’année en année, il se transforme, à l’instar du très parisien Père- Lachaise, en un lieu de promenade et d’histoire, où l’on découvre, au fil des allées, sur les sépultures, les noms de personnalités qui figurent sur les plaques de rues, de boulevards, de places, de monuments d’Amiens.

Musée de l’art funéraire, il est le reflet de la société amiénoise du XIX e siècle.

Installé dans le quartier Saint-Maurice, le cimetière a été aménagé de « façon que lorsqu'on est au milieu des plantations et de la riante verdure on se croirait partout ailleurs que dans l'asile des morts », note l’historien Antoine Goze. La ville aurait décidé, dès 1785, de supprimer les onze cimetières urbains d´Amiens, pour établir un nouveau cimetière général « hors les murs », par manque de place et pour des questions de salubrité.

Le site de la Madeleine dans le quartier Saint-Maurice a été retenu pour l’implantation du nouveau cimetière mu-

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PREMIÈRE INHUMATION EN 1811 nicipal ; il s’agit d’une ancienne maladrerie, propriété de la ville depuis 1675 ; la léproserie, fondée au XIII e siècle a été affectée à l’accueil des malades de la peste en 1665.

Un hospice y a été construit pour les accueillir.

Le site est réaménagé par l’architecte François –Auguste Chaussey tout en vallons et coteaux, en un parc à l’anglaise. Les parties boisées alternent avec des clairières, et des allées. Une chapelle sera construite en briques, masquées par un enduit et couvert d’ardoises.

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JULES-VERNE L’IMMORTEL La sépulture de Jules Verne, réalisée par le sculpteur Albert Roze est intitulée Vers l’Immortalité et l’Eternelle Jeunesse. Jules Verne y est représenté regardant vers le ciel, après avoir brisé sa pierre tombale, torse nu et sortant de son linceul. Le visage de l’écrivain a été exécuté d’après le modèle de son masque mortuaire. L’écrivain qui est né à Nantes en 1828, a épousé en 1857 une Amiénoise, Honorine De Viane. Après Paris, et le Crotoy, la famille Verne s’installe à Amiens, où Jules Verne passera les 34 dernières années de sa vie. Il s’engage dans la vie locale, devient conseiller municipal et meurt à Amiens le 24 mars 1905. La maison qu’il louait se visite toujours aujourd’hui. Sa femme est morte cinq ans après lui. Son nom figure sur le caveau, « Honorine Anne Hebe de Viane, son épouse 1829-1910. »

Dans ce carré, des victimes du bombardement de la prison d'Amiens par la Royal Air Force (L’Opération Jéricho) le 18 février 1944 ; ainsi que celles du 27 mai 1944 à Amiens . Les tombes sont matérialisées par 250 croix noires, en chêne, de 1,50 m de haut et 5 cm de large à la manière des cimetières militaires. Une stèle commémorative est dédiée « à la mémoire des victimes civiles de la guerre 1939-1945 ».

Alexandre-Ferdinand Lapostolle, physicien et chimiste inventa un parafoudre et un paragrêle en corde de paille. Son tombeau fut restauré en 1995 par Les Amis de La Madeleine.

La porte d´entrée principale a été aménagée dans l'angle sud-est du cimetière.

Cette pierre provient du cimetière Saint-Firmin la-pierre et daterait de l’époque des Templiers (ordre dissout à Amiens en 1307). A la tête de la grande croix en prelief sont sculptés la lune et le soleil (rep du Jugement Dernier) et aux pieds une tête de mort entre les os croisés et un crapaud.

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Frédéric Petit, fut maire d'Amiens et sénateur de la Somme. Ardent républicain et ami de Jules Barni, il fut l'un des fondateurs du quotidien radical « Le Progrès de la Somme », aujourd’hui « Courrier picard ». Il repose à côté du tombeau de Jules Barni.

Le lieu sera agrandi pour atteindre 18 hectares.

La première inhumation a lieu en 1811 (Duval), suivie d'une deuxième inhumation en 1814 (Debray-Valfresne). Mais l’inauguration officielle n’a lieu qu’en 1817. Le cimetière est divisé en seize « plaines » ; les îlots y sont délimités par des allées bordées d´alignements et de massifs d'arbres.

En 1840, a lieu la translation des ossements du cimetière Saint-Denis, l’actuelle place Goblet dans le centre d’Amiens vers le cimetière de la Madeleine. Les sépultures actuelles n’ont plus rien à voir avec celles du XIX e siècle, et la crémation devient une pratique funéraire de plus en plus répandue.

Près de 2650 concessions perpétuelles protégées au titre 8

des monuments historiques ont été recensées au cimetière de la Madeleine. Il a permis d’accroître dans ce cimetière classé monument historique les connaissances sur l’art funéraire des XIX et XX e siècles.

Les mains unies. L'alliance donne l'affirmation d'un attachement ; le sablier représente l'écoulement inéluctable du temps ; la chaîne délimite l'espace sacré de la sépulture et le sépare du domaine profane…Pour mieux les comprendre, des visites guidées sont organisées régulièrement par Amiens-Métropole. (2 à 4 **CARA**. Tél. 03 22 22 58 90 ; 03 22 71 60 50.) Un plan à l’entrée du cimetière permet de localiser les tombes des principales célébrités du lieux, et les monuments classés du cimetière.

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UN LIEU FORT EN SYMBOLES L'association Les Amis de La Madeleine créée en 1985 avec parmi ses objectifs la volonté de sauvegarder les tombes, et d’en assurer la restauration. Une cinquantaine de monuments ont ainsi été restaurés en 23 ans, la plupart avec les propres moyens financiers de l'Association.

(Tél. 03 22 91 90 15. )

Parmi les symboles représentés, celui du hibou ou de la chouette, animal qui vit la nuit. Il symbolise Athéna et personnifie la connaissance qui bat l’ignorance et les ténèbres. La pleureuse est le symbole du chagrin inconsolable

Le tombeau de Louis Cozette, philanthrope, (1766-1842). Il a légué 260 000 francs or à la ville pour la création d’une maison pour les deshérités. Son monument a été réalisé grâce à une souscription publique. Le blason d’Amiens y figure.

Jules Barni, était philosophe et homme politique, traducteur de Kant et ardent républicain. Il est décédé à Mers-les-Bains, le 4 juillet 1878. Une souscription à l'initiative de Frédéric Petit permit l'érection de son monument funéraire.

INFOS PRATIQUES Amiens (80) Cimetière de la Madeleine, 474, rue SaintMaurice. De 8 heures à 18h30. Tél. 03 22 97 13 77.

Création contemporaine en marbre noir commandée par le chirurgien Bernard Devauchelle pour son épouse.

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