Faire Route Ensemble 2008 n°1

FA I R E ROUTE ENSEMBLE België - Belgique P.B. - P.P. Gent X 3/1751

Afgiftekantoor Gent X ISSN=1370-5814

P 602488

Don Bosco Nord-Sud

PREMIER TRIMESTRE 2008

p4

FORCE MOTRICE AU CONGO

Revue trimestrielle Année 16, nr 1

p6

ENTREPRISES SOCIALEMENT RESPONSABLES

Service de Coopération missionnaire au développement

p 12

VOYAGE D’IMMERSION A HAÏTI

d m o s

2

Rendre plus fort...

Il arrive que les gens me demandent: ‘Quel est l’objectif ultime de l’ONG dans laquelle vous travaillez?’ Mais lorsque je réponds: ‘Notre objectif ultime est de nous rendre superflus’, ils ouvrent parfois de grands yeux surpris.

Cependant, je crois que toutes nos activités et interventions sont orientées sur le renforcement des personnes. Nous pouvons considérer la création d’un programme avec nos partenaires du Sud comme un processus pédagogique qui est orienté de façon à amener des enfants à l’âge adulte et leur apprendre à poursuivre leur chemin dans la vie en étant autonomes.

Les parents donnent toute sorte de chances à leurs enfants, font appel à leurs talents et leurs capacités, les soutiennent dans les situations difficiles, les initient au réseau social et économique complexe dans lequel ils vivent. En résumé, ils renforcent leurs enfants, leur donnent les moyens d’apprendre à voler de leurs propres ailes, à prendre par eux-mêmes des décisions raisonnables et à prendre leur vie en mains. Nous avons pu constater à nouveau, début décembre 2007, qu’un tel choix stratégique est efficace et porte ses fruits, lors de notre visite de travail à la ‘National Meeting’ des bureaux de développement salésiens en Inde. Nous avons pu y voir le fruit d’un renforcement des capacités et d’un renforcement institutionnel de plusieurs années chez nos partenaires locaux et dans les institutions

éducatives. La création du réseau national ‘Don Bosco Action, India’ peut à juste titre être considéré comme un signe du fait qu’ils ‘sont devenus plus forts’. Les bureaux de développement sont à présent en mesure de développer leur propre politique et, en tant qu’ONG, nous pouvons nous concentrer sur de nouveaux terrains d’action. Toutefois, même les visites à différents groupes d’entraide composés de femmes dans les villages du Nagaland et de l’Assam nous ont permis de voir de quelle façon ces femmes défavorisées ont puisé des forces dans le soutien offert, se sont renforcées en croyant en leurs propres possibilités et en collaborant pour des projets certes modestes mais pourtant très créatifs, capables de faire décoller leur vie et celle de leur famille pour le meilleur.

‘Empowering’ n’est pas un terme vain mais une réalité concrète que nous avons constatée de nos propres yeux. Nous nous sommes à nouveau rendus un peu superflus. Toutefois, bien des personnes attendent encore cette chance. Notre tâche n’est pas encore terminée. ✒ Omer BOSSUYT, Président

SUD

3

Don Quichotte au Salvador

- ‘Dans les maras, il se passe beaucoup de choses.’

- ‘“As-tu déjà tué quelqu’un?’

Un sourire triste et un regard vitreux. Silence.

Pendant des années, Alejandro a été membre d’une mara. C’est ainsi que l’on nomme les bandes urbaines et violentes qui caractérisent la vie quotidienne au Salvador. “Lorsque tu quittes la mara, il y a trois options possibles: soit tu es tué par ton ancienne bande, soit tu es tué par une bande rivale, soit tu es tué par quelqu’un à qui tu as nui autrefois”, explique-t-il.

Telle est l’histoire et la réalité d’un grand nombre. Pour Alejandro, cela s’est heureusement passé différemment. Cinq ans plus tard, il est toujours en vie. Mieux encore: il dirige sa propre entreprise, spécialisée dans la menuiserie. Et cela, il le doit au Polígono Industrial Don Bosco, un centre salésien qui jouit d’une reconnaissance internationale dans le pays et qui est dirigé par un Don Quichotte charismatique, l’Espagnol José María Moratalla.

Il y a un peu plus de vingt ans, Pepe Moratalla est parti pour le Salvador afin d’y donner des leçons, en tant que Salésien, dans le quartier Iberia, l'une des coins les plus défavorisés de ce pays d’Amérique centrale.

Bien vite, ses collègues et lui sont arrivés à une conclusion déprimante: en dépit de leurs efforts pour donner une formation aux jeunes de l’endroit, ceux-ci ne trouvaient généralement pas de travail par la suite. Les filles sombraient dans la prostitution, les garçons cherchaient leur salut dans le trafic de dro-

'Le niveau de nos écoles doit bien se maintenir, même à la campagne.'

Depuis quelques années, Pepe Moratalla jouit d’une réputation et d’une renommée internationale et est un orateur très demandé lors de séminaires et de symposiums sur les bandes de jeunes, leur réintégration dans la société et les problèmes sociaux des grandes villes. C’est avec beaucoup de plaisir qu’il ouvre son centre à des visiteurs tels que la Reine Sophie d’Espagne, les ambassadeurs des pays de l’Ancien Monde, les représentants d’instances internationales et les collaborateurs d’ONG internationales telles que DMOS-COMIDE.

gue et dans les bandes urbaines arrivées des Etats-Unis. ✒ Filip VANHESTE En tant que membre de la congrégation salésienne, Pepe avait surtout foi en l’enseignement en tant que bouée de sauvetage pour échapper à cette spirale infernale. Il croyait dur comme fer aux capacités des jeunes et à leur désir d’une vie conforme à la dignité humaine. C’est ainsi qu’il a pu les aider, en s’appuyant sur des formations professionnelles pratiques et en leur offrant la possibilité de lancer leur propre entreprise. Durant les

FA I R E R O U T E E N S E M B L E

- ‘Quelle est la chose la plus grave que tu aies jamais faite?’

Deux décennies plus tard, il jette un regard rétrospectif sur l’histoire d’un succès qui a transformé de façon radicale le quotidien de bien des jeunes. Grâce à un soutien national et international, et surtout grâce à la volonté et à la confiance que les jeunes de ce lieu ont placée dans sa vision, le complexe Polígono Industrial Don Bosco (PIDB) abrite aujourd’hui 11 sociétés coopératives industrielles qui emploient 250 garçons et filles.

Par ailleurs, plus de 300 élèves suivent une formation professionnelle en métallurgie, transformation du bois, menuiserie, mécanique automobile, imprimerie et confection.

Et tout cela, sur ce qui était encore, voici un quart de siècle à peine, l’un des plus grands et des plus immondes dépotoirs d’Amérique centrale.

1/2008

matches de football hebdomadaires qui avaient lieu sur un terrain en friche du quartier Iberia, Pepe faisait part de ses idées aux jeunes. C’était en 1986.

4

Une force motrice en R.D. du Congo Durant mon dernier voyage en R.D. du Congo, j’ai été l’hôte de

la Maison provinciale de Lubumbashi. J’ai été frappé de con-

stater la façon dont le “Bureau Salésien des Projets de Développement” sert de plaque tournante pour bon nombre d’associations. Sa renommé s’étend sur toute la province mais également bien audelà. Une figure centrale: le Père Eric Meert.

A 7h30 pile, il s’attelle à sa tâche journalière. Il passe une grande partie de la journée derrière son ordinateur où il est en liaison avec bon nombre. Il connaît la plupart des œuvres salésiennes de fond e comble. Depuis des années, il a contribué à la mise en œuvre des projets de ces centres. Il connaît donc son monde; les directeurs, les coordinateurs et les enseignants des différents centres… Toute la journée, ils vont et viennent avec leurs questions. Avec son “bureau de projet”, il est constamment au service de toutes les communautés salésiennes.

Pour eux, il entretient des contacts intenses avec leur base arrière en Belgique. Si les questions ne manquent pas, ce n’est pas le cas des ressources au Congo. Fort heureusement, il peut toujours frapper à la porte de son large réseau de sympathisants.

Il peut également compter sur l’aide de Serge, son fidèle secrétaire, qui le décharge de bon nombre des tâches administratives.Tous les projets sont centralisés ici. Il reste à l’écoute des besoins des œuvres de Don Bosco au Congo et recherche activement des possibilités de financement. Par ailleurs, il encadre de nombreux bénévoles. Des Belges qui viennent, sur place, soutenir les œuvres locales pendant un an ou davantage. A leur tour, ceux-ci mettent en œuvre leur base arrière. Je pense, par exemple, à Mutoto, un groupe de jeunes originaires de Tervuren et des environs. Dans l’ensemble, il accueille chaque année une trentaine de bénévoles pour une courte ou une longue durée.

A Lubumbashi, il représente souvent les Salésiens auprès du consulat belge. Il est également invité à la plupart des événements, tout comme le Gouverneur du Katanga. Si vous discutez avec lui, il vous fera part, tôt ou tard, d’un profond souhait. Le fait est que la communauté locale africaine devrait tenir les rênes de plus en plus. Mais il y a encore beaucoup de pain sur la planche… Il mettra toujours son expérience à la disposition de ceux qui la demandent. Il est le partisan incontesté de la collaboration avec les Sœurs de Don Bosco.

'Son grand rêve: que les Africains prennent de plus en plus la responsabilité.'

Et sa tâche journalière ne s’arrête pas là.A croire qu’il a le don d’ubiquité.Vers 18 heures, il est de retour à Bakanja Ville, la maison d’accueil centrale pour les enfants de la rue. Le soir, il tient le rôle de figure paternelle pour une centaine d’enfants de la rue. En effet, il a vu naître les œuvres en faveur de ces jeunes: la plupart d’entre eux sont à la dérive, ou bien leurs parents ne peuvent plus subvenir à leurs besoins, ou encore ils sont considérés comme ensorcelés par leurs familles. Le centre, qui devait au départ servir de centre de jour, a complètement évolué pour accueillir les jeunes de la rue la nuit et a été intégré aux “Œuvres Maman Marguerite”. Parallèlement à l’accueil, la réintégration de ces jeunes dans leur famille

occupe une place centrale. Ceux qui le souhaitent alors, peuvent bénéficier d’une formation de base au Centre Bakanja, et apprendre ensuite un métier dans l’une des nombreuses écoles professionnelles du réseau salésien. L’image classique de la coopération au développement est sérieusement remise en question lorsque l’on voit ces jeunes à l’œuvre. De jeunes garçons, âgés de 8 ans en moyenne, qui gagnent leur vie chaque jour: en cirant des chaussures, en portant des charges… se retrouvent le soir à Bakanja Ville où, en petits groupes, ils préparent leur propre repas (du poisson frais acheté au marché, du riz…). Un peu de temps pour jouer et se doucher.

La nuit, ils peuvent dormir sur place, à même le sol. Le confort, ils n’en demandent pas.

J’ai moi-même eu l’occasion de l’accompagner, la nuit, à la recherche des enfants de la rue. Ici et là, cachés dans des abris, sous les auvents de magasins. Ils reconnaissent sa voiture de loin et se lèvent pour agiter les bras et crier “Père Ericé”.

Avec un soin tout paternel, il prend en charge les nouveaux-venus. Une histoire très courante: en voyage pour se rendre dans la famille et abandonné sur le quai par les parents ou par un oncle…

Père Eric, un homme pour et parmi les enfants de la rue. Une image qui restera gravée dans ma mémoire. ✒ Gery JANSSENS Plus d’informations: www.mutoto.be

SUD

5

Développement communautaire au Nord-Est de l’inde

Calés dans une 4X4 qui nous emmène sur les pistes aussi cabossées que poussiéreuses du Nagaland (un Etat reculé du Nord-

_ SON TRAVAIL ?

Est de l’Inde), nous écoutons notre guide et interprète Marta

Il consiste en un savant mélange d’ecoute, de persuasion, de formation et de motivation. Promouvoir le développement communautaire de villages aussi sous-développés que ceux du Nagaland, c’est arriver dans un village à pied ou en moto après des heures de route éreintantes, rendre visite au chef pour obtenir son autorisation à rencontrer les villageois, s’installer au village, s’asseoir au milieu des gens, gagner leur confiance au fil des jours et écouter leurs difficultés.

Ensuite, les inviter à penser à des solutions concrètes pour finalement leur proposer… de les mettre en œuvre eux-mêmes, sans compter sur une aide extérieure !

nous expliquer son travail pour AIDA, une ONG salésienne spé-

bénéficiaires du projet. Par l’intermédiaire de Marta, les femmes se racontent avec un mélange de timidité et de grande fierté.

_ CE QUE LE DÉVELOPPEMENT COMMUNAUTAIRE A CHANGÉ DANS LEUR VIE ?

_ ET APRÈS ?

L’idée séduit toujours, car elle dynamise et responsabilise les gens. Ils se constituent en petits groupes de 10 à 15 personnes et mettent en commun une partie de leurs maigres ressources dans un système d’épargne à partir duquel tout devient possible: l’achat, en groupe, d’un moulin à grain, le démarrage d’un élevage de porcs ou de toute autre activité économique qui génère des revenus jusque là impensables et inaccessibles.

Nous sommes entre-temps arrivés à Dhansiripar. Après la visite de courtoisie au chef du village, son épouse nous mène de maison en maison, où nous rencontrons quelques

Tout ! Pour s’en convaincre, il suffit de les regarder et les écouter. Elles ont pris confiance en elles, ont appris à lire, à écrire et à compter. Elles tiennent des livrets d’épargne individuels et réinvestissent les gains dans de nouveaux projets communautaires dont les bénéfices rejaillissent sur chacune. Leurs maris ont leur propre groupe d’entraide. A la fin du mois, ils peuvent enfin payer les frais médicaux d’un membre de la famille malade ou l’inscription des enfants à l’école. Par ailleurs, la solidarité qui naît entre les membres du groupe améliore grandement les rapports sociaux: les disputes de village se raréfient, les femmes gagnent de l’importance, les hommes apprennent à tenir compte de leur avis, l’alcoolisme et la violence conjugale diminuent.

Après quelques mois, Marta forme des coordinateurs au sein du village pour faire le lien entre les groupes d’entraide et AIDA. Elle passe alors une fois par mois pour suivre l’évolution des groupes et les aider à résoudre les problèmes qu’ils ne parviennent pas à démêler eux-mêmes.

La fierté de ces femmes, la joie de Marta…

Voilà qui donne tout son sens à nos propres efforts pour trouver ici les moyens de financer toute la logistique de ce superbe travail de développement.

✒ Françoise LÉONARD

1/2008

D’abord la stupeur et l’incompréhension. Les visages incrédules semblent dire «Cette jeune fille est des nôtres – elle parle d’ailleurs notre langue – mais elle n’est quand même pas là pour se moquer de nous ?! ».

De fait, et c’est bien là l’étape décisive du développement communautaire, Marta les prend très au sérieux. Son travail consiste à faire comprendre aux villageois que tout dépend d’eux-mêmes, que personne ne

pourra durablement améliorer leur sort à leur place et qu’il n’y a nul besoin de moyens extraordinaires pour cela. La clé du succès : mettre en commun les atouts existants pour réaliser ensemble ce que l’on ne peut pas atteindre tout seul.

FA I R E R O U T E E N S E M B L E

_ LA RÉACTION DES VILLAGEOIS ?

cialisée dans le domaine du développement communautaire.

6

Les entreprises Les entreprises et laetsociété la société Inde, 2008, dans un village reculé du Pendjab: un villageois conduit fièrement sa voiture, de marque européenne. Il n’a pas l’air d’un ‘manager’ mais a parcouru plus de chemin qu’un travailleur journalier normal.

Un coup d’œil plus approfondi a confirmé mes suppositions: il s’agissait bien d’un homme du peuple, un agriculteur local. Il était toutefois surprenant de voir un agriculteur aisé et surtout dans cette partie de l’Inde. Une surprise plus grande encore était le fait de constater que cet agriculteur n’est pas une exception. Il y a quelques années, cette région n’avait pas de routes bien entretenues, pas d’électricité, pas de téléphone, pas d’hôpitaux ni de moyens de transport efficaces. La région vivait dans une pauvreté complète. J’étais dès lors curieux de connaître les causes d’une telle transformation.

L’agriculteur aisé m’a alors emmené à la source de sa prospérité, celle qui est à la base du soudain développement du village. Il ne m’a pas emmené au bureau de développement des autorités locales ou de l’ONG locale. Ce qu’il m’a montré, c’était la section locale d’une multinationale.

_ COMMENT LA MULTINATIONALE EST-ELLE PARVENUE À CE RÉSULTAT? Telle a bien sûr été ma question suivante à l’agriculteur qui m’a répondu comme suit: lorsque l’entreprise s’est établie dans les années 60 dans la région du Pendjab, la plupart des agriculteurs ne disposaient que d’une vache ou d’un buffle qui leur donnait juste assez de lait pour leur propre consommation. La plupart des veaux ne vivaient pas un an. En raison de l’absence de chemins et de transports adéquats, les agriculteurs ne pouvaient transporter leur lait vers des marchés éloignés pour l’y vendre.

Etant donné que la multinationale veut toujours faire appel à une base élargie de fournisseurs locaux, il lui a fallu transformer de manière drastique l’infrastructure et les moyens existants.

Dans une première phase, l’entreprise a érigé des petites laiteries réfrigérées où le lait était recueilli chaque jour. Des camions venaient alors chercher la production pour l’acheminer vers des entreprises laitières.

Les agriculteurs étaient assistés par des vétérinaires et des spécialistes de l’alimentation. Ceux-ci ont administré au bétail des médicaments et des suppléments alimentaires et ont donné des formations aux agriculteurs locaux. Il est très vite devenu évident que la qualité du lait était déterminée par la qualité du fourrage. Avec l’aide financière et technique de la multinationale, les agriculteurs ont creusé des puits afin de pouvoir mieux irriguer leurs pâturages.

En peu de temps, tout a rapidement changé pour les agriculteurs.

Dans les premiers temps, il n’y avait que 180 agriculteurs locaux qui approvisionnaient l’entreprise en lait. Aujourd’hui, cette entreprise achète le lait auprès de plus de 75.000 agriculteurs de la région. La qualité et la quantité ayant augmenté, la multinationale a pu payer un prix plus élevé, ce qui a notablement accru le niveau de vie de la population locale. A présent, chaque maison a l’électricité, il y a des médecins, des écoles et le téléphone.

SUD

_ DE LA BIENFAISANCE AUX ENTREPRISES SOCIALEMENT RESPONSABLES Dans une économie en forte croissance telle que l’économie indienne, de nombreuses entreprises ont opté, ces dernières années pour l’Entreprise Socialement Responsable (ESR) en offrant de l’argent, en soutenant les ONG et, par des incitants, en encourageant leur personnel à s’engager en faveur des œuvres de bienfaisance. Bon nombre de nos partenaires dans les pays en développement ont déjà bénéficié d’un soutien de cette manière. Certaines entreprises vont même jusqu’à créer leurs propres fondations ou actions de bienfaisance autonomes. Toutefois, ces initiatives semblent aujourd’hui ne

'Une entreprise réussie et son apport au progrès social ne se contredisent pas.' prises sont déjà concernées par des projets de développement, par le biais d’actions de bienfaisance ou de missions spécifiques bien déterminées. Si cette prise de conscience était intégrée plus fortement dans un mouvement plus large, les prévisions en matière de développement seraient plus favorables.

Mais, bien sûr, il est également de la responsabilité de l’entreprise proprement die de prendre part à l’aventure.

_ DE NOUVELLES GÉNÉRATIONS D’ACTEURS DU DÉVELOPPEMENT? De nombreuses personnes commencent à comprendre qu’une entreprise couronnée de succès et le bien-être social n’appartiennent pas à deux mondes totalement différents.

Des études récentes en Inde et ailleurs dans le monde ont montré non seulement que des entreprises jouissant d’une solide réputation en matière d’éthique attirent une main-d’œuvre meilleure et plus talentueuse et sont capables de les garder à leur service, mais aussi que les investisseurs, les soustraitants et les clients font preuve d’une plus grande loyauté envers de telles entreprises.

Pour faire des affaires de manière raisonnable, il ne faut donc pas seulement être perçu en termes de marges de profit maximales pour les actionnaires mais aussi en termes d’entreprise sociale et éthique, en se souciant de la communauté et de l’environne-

pas être suffisamment efficaces. Etant donné que les investisseurs, les clients et les citoyens en général sont devenus plus sensibles à l’implication morale t étant donné que les entreprises ne sont que trop disposées à profiter de cette conscientisation croissante pour damer le pion à leurs concurrents, une nouvelle forme d’ESR est en train de s’imposer. Il ne suffit plus d’exécuter uniquement les activités de routine. La responsabilité sociale d’une entreprise doit dépasser le cadre de la simple bienfaisance pour intégrer également des objectifs sociaux dans la stratégie d’entreprise générale. L’ESR ne peut plus être considérée comme

une plus-value pour l’entreprise mais doit plutôt être perçue comme une opportunité pour l’innovation et la croissance.

_ LE DÉVELOPPEMENT: QUI S’EN CHARGE? Pendant longtemps, l’aide au développement a été l’apanage des autorités, des ONG et des institutions internationales. Ces dernières années, cependant, les espérances se sont tournées vers les entreprises locales et les multinationales pour aborder les problèmes de développement. Etant donné leur portée géographique, leur puissance économique et leur influence politique, il est admis qu’il serait possible d’obtenir bien plus de résultats si les entreprises assument totalement leur responsabilité à l’égard de la société dans laquelle elles travaillent et font des bénéfices. Il ne fait aucun doute que la clé du développement est entre les mains des gouvernements et des ONG. mais le monde des entreprises est également en mesure d’ouvrir bien des portes.

Nos organisations partenaires en Inde sont conscientes des possibilités et des avantages d’une collaboration avec le monde des entreprises. Dix ONG régionales ont décidé de créer un réseau national. Par le biais de 80 centres de formation professionnelle, elles veulent atteindre 15.000 jeunes. Le réseau collaborera à cet effet avec le gouvernement indien et les entreprises locales. DMOSCOMIDE a lancé un programme de trois ans afin de les soutenir dans cette mission.

✒ Jochim LOURDUSWAMY

1/2008

Bon nombre croient que le monde des entreprises détient la clé du développement pour les territoires et pays défavorisés. Les partisans de cette vision avancent que les possibilités des gouvernements et des institutions internationales telles que les Nations unies sont limitées. Bien que les autorités et les organisations d’aide internationales investissent depuis de nombreuses années déjà dans la coopération au développement, ils n’ont pas pu enregistrer de progrès significatifs en raison de la bureaucratie, de l’inefficacité, de la corruption et, assurément, du manque de motivation. Par ailleurs, leurs ressources financières et humaines sont souvent limitées par rapport aux possibilités de certaines multinationales. A cet égard, de telles entreprises sont en mesure de combler ces lacunes. En outre, de nombreuses entre-

ment. La pratique montre que cette position est plus rentable à long terme.

FA I R E R O U T E E N S E M B L E

_ LES MULTINATIONALES SONTELLES LA CLÉ DU DÉVELOPPEMENT?

7

8

Afrique du Sud: apprendre et vivre mieux et d’avantage ‘Puisque nous ne pouvons pas toujours bâtir le futur pour notre jeunesse, bâtissons notre jeunesse pour le futur.’

Franklin Roosevelt

Aider les jeunes à briser le cercle de la pauvreté, de la drogue et de la criminalité, tel es le but que Don Bosco voulait atteindre pour les jeunes de son époque.

Mais aussi pour ceux du futur et cela, dans le monde entier. Son rêve est devenu réalité. Les Salésiens travaillent aujourd’hui dans plus de 50 pays d’Afrique et sont à l’œuvre en Afrique du Sud depuis plus de 100 ans déjà.

Les adultes et les enfants qui vivent dans la rue se situent tellement bas dans l’échelle sociale qu’ils doivent lutter pour être reconnus par la société comme des citoyens à part entière. Au Salesian Institute, ils se sont fixé pour objectif d’éduquer les jeunes défavorisés et de leur donner une chance de mener une vie meilleure. Bon nombre d’anciens élèves sont un témoignage vivant de ce travail et leur courage pour devenir quelqu’un dans la vie constitue, pour les Salésiens de là-bas, une source d’inspiration.

“Je suis le premier de ma famille à briser le cercle” est un commentaire que nous avons récemment entendu dans l’un des ateliers. Il reflète la différence, petite mais importante, que nos formations offrent aux défavorisés.

_ APPRENDRE L’AVENIR Les activités de ce projet de trois ans, baptisé Salesian Youth Capacity Building Project (cofinancé par la Commission

européenne) s’adressent aux enfants de la rue et aux jeunes femmes sans emploi qui souhaitent améliorer leur niveau de vie. Le projet a délibérément opté pour ce groupe cible car il constitue la partie la plus vulnérable et marginalisée de la population. En outre, peu de services d’aide sociale s’intéressent à eux.

Le Learn to Live Work Skills Program pour les enfants de la rue s’adresse spécifiquement aux jeunes qui résident au Salesian Don Bosco Rehabilitation Hostel ainsi qu’à un certain nombre de jeunes qui ont été envoyés par d’autres organisations d’aide. Les jeunes de l’Hostel sont repérés grâce au programme salésien 16+ Outreach Programme, coordonné par un éducateur de rue qui a gagné la confiance des groupes de jeunes de la rue. Les jeunes qui se montrent désireux d’être accueillis au Don Bosco Hostel subissent un processus de sélection. Dès que les jeunes sont admis dans l’Hostel, ils peuvent également participer automatiquement au Live Workskills Program. Ils y reçoivent une formation spécialisée dans le traitement des métaux et du bois ainsi qu’en maçonnerie. Cette formation recommence tous les 18 mois. Au cours des six premiers mois, ils ont la possibilité de suivre différents ateliers pour faire ensuite un choix définitif.

SUD

9

'J'étais le premier dans ma famille à rompre le cercle vicieux.'

Le Youth Employment Skills (YES) Training Programme offre aux jeunes femmes sans emploi une formation dans le cadre de laquelle l’attention nécessaire est également accordée aux compétences vitales. Les intéressées subissent une large série de tests afin de s’assurer qu’elles ont réellement besoin d’une for-

Le programme Job placement offre aux jeunes femmes qui ont terminé la formation en informatique et la formation en Home Maintenance le soutien nécessaire dans la recherche d’un emploi. Un Job Placement Officer est recruté pour leur chercher des emplois dans le secteur for-

mel et informel. Il établira à cet effet les contacts nécessaires avec les entreprises et les autorités et sensibilisera ces personnes à la situation difficile des jeunes femmes. Celles qui préfèrent lancer leur propre entreprise sont encadrées. Le responsable de l’embauche leur rend visite chaque mois sur le lieu de travail afin de suivre leur progrès et résoudre d’éventuels problèmes.

Sharon Reagon, qui est la Job Placement Officer, vient de nous faire savoir que, depuis le mois de novembre 2006, elle a pu aider pas moins de 91 étudiants (57 femmes et 34 hommes) à trouver un emploi.

_ DÉVELOPPEMENT INSTITUTIONNEL Ce ne sont pas seulement les enfants de la rue et les jeunes femmes sans emploi qui bénéficient d’une formation dans le cadre de ce projet de 36 mois. Les capacités du partenaire local doivent également encore être développées afin de pouvoir garantir de façon effective une coopération au développement durable. A cet effet, des activités seront organisées non seulement dans le domaine financier et organisationnel mais également sur le plan des ressources humaines, de la gestion stratégique et des relations publiques (renforcement des liens avec les entreprises, les autorités et les donateurs). ✒ Christophe DE MESMAEKER Pour en apprendre davantage sur ce projet, visitez le site www.salesians.org.za.

Vous pouvez également vous rendre sur www.youtube.com/watch?v=u2ip9PF-yDs

1/2008

mation et qu’elles sont suffisamment motivées. Les jeunes femmes suivent une formation en informatique et à l’entretien pratique de la maison. Cette dernière formation comprend le carrelage, le remplacement des vitres et des serrures, la plomberie de base, la menuiserie de base, l’électricité de base. Ces aptitudes leur offrent la possibilité de gagner ellesmêmes un revenu et, ainsi, de devenir indépendantes et plus confiantes. Un module d’entrepreneuriat est également prévu afin de leur permettre de démarrer leur propre entreprise. Tous les élèves suivent également un programme élargi de compétences vitales. Ce programme comprend, notamment, la prise de conscience du VIH/SIDA, la sensibilisation aux aspects environnementaux, le droit du travail, la santé, la sensibilisation aux questions de genre, la communication et la légitime défense. Les élèves apprennent également la façon de trouver un emploi (rédaction de CV, préparation aux interviews) et suivent aussi une formation en Office Management. Le programme YES offre également aux jeunes femmes la possibilité de se rendre à une consultation car bon nombre d’entre elles ont subi un traumatisme en raison de violences dans le passé. La formation en informatique dure 5 semaines pendant lesquelles les élèves suivent des leçons quotidiennement. La formation aux compétences vitales dure 5 semaines. La formation en Home Maintenance et la formation à l’entrepreneuriat durent 4 mois.

Ces formations sont organisées deux fois par an. Le programme YES peut accueillir 30 élèves à la fois.

FA I R E R O U T E E N S E M B L E

Au cours de ces six premiers mois, les jeunes ont également l’occasion de faire connaissance avec le monde de l’entreprise. Ils y acquièrent notamment des habitudes et des attitudes de travail. Dès que les jeunes ont acquis les compétences de base, ils sont formés à l’esprit d’entreprise et peuvent gagner un peu d’argent. Les jeunes peuvent acheter des matières premières à des prix très bas.

Avec ces matières premières, ils réalisent alors différents produits qu’ils peuvent vendre. Durant l’après-midi, ils suivent des leçons et apprennent à lire et écrire.

Un cours de gestion budgétaire fait également partie de ces leçons afin de leur permettre d’apprendre comment gérer leur argent. Pour compléter le programme, un certain nombre de compétences vitales leur sont également enseignées.

Parmi les thèmes traités figurent notamment la prise de conscience du VIH/SIDA, la gestion des conflits, le leadership et l’hygiène personnelle.

10

Cinq mois au Burkina Faso, une expérience inoubliable 'Elle est de retour après un engagement de volontariat pour DMOS-COMIDE au Burkina Faso.

Quelques impressions de son séjour.'

'Ce qui est le plus beau de la culture africaine: la joie et la fraîcheur de vivre, malgré tout.' _ CULTURE Je me souviens de mon arrivée à BoboDioulasso comme si c’était hier. Le choc culturel ne pouvait être plus grand…

Comme convenu avec les Salésiens, je devais résider dans une famille d’accueil durant mon séjour. Il s’est alors avéré que nous serions quatre à dormir dans une seule chambre. C’est là que tout a semblé un peu plus difficile, comme aller s’assoir seule et assimiler. Je peux compter sur les doigts d’une seule main les moments où j’ai pu m’isoler. Le terme “intimité” ne fait pas partie du vocabulaire africain. Ce qui m’a paru très difficile au début, je m’y suis habituée peu à peu. A la fin, je me rendais moi-même chez la “bonne” (la servante) pour y faire ma lessive, même si nous ne pouvions communiquer. On apprend à apprécier cette autre culture et on réalise qu’il existe une autre manière de vivre.

Le choc culturel tenait naturellement beaucoup plus au manque d’intimité. Dans le quartier où je vivais et travaillais, il régnait une grande pauvreté. On pouvait voir qu’il s’agissait d’un quartier pauvre à certaines choses que nous ne pouvons nous nous imaginer: pas d’asphalte, pas d’éclairage de rue, pas d’égouts, de grands monceaux de détritus, des enfants au ventre gonflé, … Au début, je ne pouvais tout absorber et assimiler à la fois. J’ai vu certaines choses peu habituelles: par exemple, le fait que les cochons erraient en général librement lors d’une cérémonie de mariage à laquelle je m’étais rendue. Toutefois, si l’on commence à s’habituer à certaines choses, l’on réalise qu’il en est d’autres qui méritent d’être révisées.

deux bouts. De plus, si une personne a des difficultés financières, elle demande généralement de l’argent à des amis (argent qu’ils ne revoient d’ailleurs jamais). De même, la notion de “propriété personnelle” n’existe pas vraiment. J’avais dans mon armoire une petite provision (shampooing, piles, …), qui a très rapidement été interprétée comme appartenant à quiconque vivait dans la maison. En toute honnêteté, je dois reconnaître que j’ai eu du mal à l’accepter. Lorsque l’on a toujours vécu dans une culture où l’on attache de l’importance à ses affaires personnelles, il est difficile de ne pas se fâcher contre celui qui “utilise” vos piles.

_ FAMILLE Face à toute cette misère, l’on pourrait croire que les Burkinabés sont dépressifs ou du moins malheureux. Mais c’est là que se situe la beauté de cette culture africaine: ils ont beau avoir peu de choses, ils sont heureux, qu’ils aiment rire et qu’ils sont gais. A les entendre et à les voir, jamais l’on ne penserait qu’ils ont du mal à joindre les

Comme je l’ai dit précédemment, j’ai vécu dans un esprit de famille. La famille se composait d’une veuve, Madame Annick, deux filles, deux fils et une petite nièce. L’une des filles s’est mariée à Ouagadougou (la capitale du Burkina Faso) le soir de mon départ.

Je partageais la chambre avec l’autre fille et

11

NORD

'A la fin je me mettais à côté de la bonne pour laver mon linge.'

Au mois d’août, c’était légèrement plus calme: un certain nombre de Salésiens partaient en retraite, d’autres rentraient chez eux,… J’ai même passé quelques jours toute seule dans le Centre. Ils avaient toutefois organisé des cours particuliers d’anglais, et ainsi je savais ce que j’avais à faire.

Entre-temps, je disposais d’un peu plus de temps pour explorer la ville. Après mes cours particuliers, ma sœur est venue me voir. Ce fut un changement bénéfique: enfin quelqu’un à qui raconter mes histoires. Car il n’y avait aucun Européen dans le quartier auquel j’aurais pu m’épancher. Avec ma sœur, j’ai visité les attractions touristiques: Ouagadougou et son “Ouaga 2000”, Banfora, Sabou, … L’arrivé de ma sœur m’a permis de voir également le Burkina avec les yeux des touristes.

L’année scolaire a ensuite débuté: la date de début a été communiquée une semaine avant la rentrée scolaire. Je me suis surtout chargé des travaux du secrétariat. Dans le bâtiment scolaire flambant neuf, il y avait même un bureau spécial pour la “secrétaire”. J’ai donc dressé des listes, calculé les comptes et les factures, écouté les élèves et les parents,… En étant au secrétariat, on assiste également à bien des choses. Des gens viennent vous expliquer qu’ils n’ont pas d’argent pour payer cette semaine, ils souhaitent obtenir un délai d’une semaine.

Ces situations ne sont bien sûr pas faciles mais sont néanmoins très instructives. Ma semaine de travail était bien remplie: de 7

_ MORALE DE L’HISTOIRE

Peut-être est-ce un peu doctoral de mettre une morale par écrit. Toutefois je dois vraiment dire que j’ai énormément appris: non seulement sur la culture africaine mais aussi sur la nôtre. Lorsque l’on vit dans sa propre culture, il est difficile de réaliser ce qui lui est spécifique ou typique. De nombreux auteurs ont écrit sur leur pays lorsqu’ils étaient en exil. La distance facilite la réflexion selon moi. On voit que ce qui se passe dans son propre pays n’est pas unique au monde, qu’il existe d’autres méthodes. A cet égard, mon séjour à Bobo m’aura ouvert les yeux.

Par ailleurs, j’ai également appris de nombreuses choses sur moi-même et sur la personne que je suis. J’ai appris à relativiser, chose que je faisais difficilement. Je réalise qu’ici nous avons tout ce que nous pouvons désirer et que bon nombre n’en ont pas conscience. Je me suis également promis que le jour où je serai trop pessimiste ou trop malheureuse, je retournerai au Burkina afin d’apprendre à vivre mieux.

✒ Soetkin WERBROUCK

1/2008

Pendant la journée, je me trouvais au “Centre Don Bosco” et mes activités y étaient vraiment très variées. Au mois de juillet, il y avait des sortes d’activités de vacances. Des leçons se donnaient le matin: je donnais cours de français et d’anglais à ce qui correspond chez nous aux classes de la deuxième à la quatrième année du secondaire. L’après-midi, il y avait “atelier”.

Les enfants pouvaient alors choisir le type d’activités auxquelles s’inscrire (basket, volley, dance, bibliothèque, théâtre,…) et s’y rendre dès lors dans l’après-midi. Avec deux autres animateurs, j’étais chargée de l’atelier de théâtre. Je dois dire, par souci d’honnêteté, que j’étais un peu ébahie, raison pour laquelle je ne pouvais être tout à fait moi-même. A cela, j’ajouterais que ma contribution n’a pas été énorme. Cependant les enfants sont extrêmement reconnaissants de ce que l’on fait pour eux. Rien que le fait qu’une blanche accepte de parler avec eux leur paraissait déjà fantastique.

heures à 14 heures, j’assurais le secrétariat.

L’après-midi et le week-end, j’étais active au “Centre de jeunes” et à l’oratoire: les jeunes venaient alors jouer et des ateliers étaient organisés. Les Salésiens souhaitaient ainsi que les jeunes soient encadrés et les empêcher de jouer dans la rue sans accompagnement. Le soir, j’aidais certains jeunes dans leurs études. Nous parcourions leurs textes en français, en anglais et en allemand: je leur en faisais lire certains à voix haute, je les aidais dans leurs devoirs, …

FA I R E R O U T E E N S E M B L E

La famille était vraiment très ouverte et amicale et, étant donné que j’ai pu résider chez elle, j’ai appris à connaître la véritable vie africaine, car c’est là que j’ai vécu une grande partie de mes expériences. Ils me considéraient comme l’une des leurs et cela avait bien sûr ses avantages et ses inconvénients. Il me faut également ajouter qu’il s’agissait d’une famille riche, mais selon les normes burkinabés. Il y avait notamment l’eau courante et l’électricité dans la maison. Ce qui ne veut dès lors pas dire qu’il y avait toujours de l’eau et de l’électricité. Les “coupures” obligatoires veillaient à ce que je sache ce que signifie le fait de vivre sans eau ni électricité. Malgré le fait qu’il s’agissait d’une famille raisonnablement aisée, il a cependant fallu m’adapter au début: un toit en tôle ondulée, un sol en béton, une douche de laquelle sortait un mince filet d’eau,… Si quelqu’un d’ici devait vivre dans une telle maison, l’on dirait de lui qu’il est très pauvre, alors qu’au Burkina, il s’agit d’une famille aisée avec une maison correcte.

_ DON BOSCO

[foto’s: Filip Vanheste]

la petite nièce (qui était orpheline). La servante dormait également avec nous, mais alors sur le sol. Les deux fils avaient leur propre chambre.

12

‘Où sont les autorités?’

Voyage d’immersion pour enseignants à Haïti vivants, l’arrivée des représentants officiels de la justice.

_ SANTÉ PUBLIQUE (JO) Vous êtes un agriculteur de 35 ans habitant Cap Rouge, un village agricole dans les montagnes d’Haïti. Vous vivez avec votre femme et vos quatre petits enfants dans une petite maison qui compte deux chambres; il y a chaque jour beaucoup de travail qui vous attend, qui attend votre femme et même vos enfants dans le champ ainsi qu’avec les animaux. Vous essayez également de vendre des produits afin de pouvoir épargner de l’argent pour un investissement ou pour les frais de scolarité des enfants.

Parce que vous avez mangé de la viande avariée, vous avez contracté une grave intoxication alimentaire. Vous ne pouvez rien faire d’autre que rester au lit, vous êtes beaucoup trop faible pour vous lever, sans parler de reprendre votre travail.

Huit enseignants flamands (dont Lut Vandaele de DMOS-COMIDE) Vous ne devez pas compter sur une offre de soins organisée. Il n’y a pas de médecin ont entrepris un voyage d’immersion à Haïti. La structure, les dans le village, le dispensaire est situé à plus d’une heure de marche mais il n’est règles, la discipline et l’ordre font partie intégrante d’eux-mêmes. ouvert qu’un jour par semaine. Vous pourriez vous rendre à l’hôpital en mototaxi à Haïti ressemble à tout sauf à cela. C’est un pays où les plus grands Jacmel, mais il faudra avoir l’argent suffiabsents sont les autorités. La population sait qu’elle ne doit attensant pour le taxi et pour l’hôpital. D’ailleurs, le voyage pour s’y rendre est irréalisable dre aucun soutien de ce côté. Nous avons dès lors choisi de tenir dans votre état actuel.

Heureusement, vous pouvez compter sur le rôle de ministre et de secrétaire d’Etat chez ces Haïtiens. votre famille, sur les habitants et les collègues du village. Ils viendront vous rendre visite plusieurs fois par jour. Ils vous prêteront également l’argent nécessaire pour _ JUSTICE (VEERLE) meurtre. La population appelle la police et vous rendre à l’hôpital si nécessaire. part à la recherche de l’auteur des faits.

Les habitants de Cap Rouge me montrent Aucun juge ou agent ne prend la peine de fièrement un nouveau local vide. Il vient se rendre rapidement dans leur village des _ ENSEIGNEMENT (ANIK) d’être construit avec l’argent du village lui- montagnes. Ce manque de précipitation même. Il s’agit d’un bureau de police avec s’avère fatal pour l’homme: des villageois Lundi 7 janvier 2008. Il est 8 heures du une prison. Etrange pour un village agricole déchaînés l’incendient. Etait-ce la meilleure matin. Les élèves de l’école primaire de Cap où je ne vois pas le moindre responsable du solution? Après des discussions véhémen- Rouge saluent le drapeau et entonnent à maintien de l’ordre. La petite histoire qui se tes, les villageois apportent eux-mêmes la pleins poumons l’hymne national. Mais cache derrière cela? L’été dernier, un litige réponse avec cette prison. Afin de donner tous les élèves ne sont pas en rang, la main en matière de terrain se termine par un aux futurs criminels la chance d’attendre, sur le cœur. 70% des jeunes garçons et

NORD

13

filles d’Haïti ne peuvent se rendre à l’école parce qu’ils doivent participer au travail de la terre, parce qu’ils n’ont pas assez d’argent pour payer leurs frais de scolarité... Ce lundi matin, je prends congé de ma famille d’immersion. Comme cadeau d’adieu, je donne à Bennet, une jeune villageoise (et ma coiffeuse privée), mon sac à dos pour aller à l’école. L’enfant était folle de joie, mais pas pour longtemps. Madame Ronald Jean-Baptiste a pris le sac à dos et l’a donné à un autre enfant.

_ ENVIRONNEMENT (CHRIS)

_ CULTURE (LUT) Le moins que l’on puisse dire du créole est qu’il s’agit d’une langue savoureuse. Si on l’apprend, il est toutefois possible de le comprendre mais s’il faut écouter, c’est le contraire. Cependant, avec bonjour et bonsoir, on va déjà loin. A Cap Rouge, vous saluez tous ceux qui croisent votre chemin, ou vous criez bonjour et bonsoir aux gens qui se trouvent devant chez vous. Le plus souvent, ces salutations s’accompagnent d’une poignée de main et d’une embrassade. Jamais encore je n’avais embrassé et serré la main de tant de personnes. A Portau-Prince, c’est une autre histoire: on reste dans l’auto, vitres fermées. L’atmosphère est plus maussade. Nous visitons la cathédrale depuis l’auto. L’escalier aux 200 marches qu’Aristide a fait construire reste inachevé. Personne ne souhaite lui être associé. Le monument reste dès lors tel quel: non accessible. “Existe-t-il également des religions mystiques en Belgique?”

femme blanche ici?” Puis à nouveau avec intérêt mais aussi avec un large sourire.

Elles essaient de survivre dans un monde qui n’est pas toujours convivial pour les femmes. Elles travaillent dur comme agricultrice, comme marchande foraine, comme mère (isolée) d’une famille nombreuse, comme étudiante dans la métropole de Port-au-Prince, comme coiffeuse ou _ COMMERCE (BERNADETTE) comme ‘restavek’. Femmes d’Haïti, durant Enith parcourt le marché avec moi. Plus pré- mon court séjour dans votre pays, en tant cisément, elle me précède et je la suis. Je me que femme et mère, je me suis souvent sens un peu à la traîne. Je me mets à penser sentie des liens avec vous. à la façon dont les blancs agissaient autrefois avec les noirs, les faisant trotter derriè_ INFRASTRUCTURE (STEFAAN) re eux.

Nous nous arrêtons près d’un petit magasin.

Devant la porte, des gens tambourinent. Ils Le chemin vers Cap Rouge fait penser à une regardent à l’intérieur au travers du treillis. guerre qui aurait éclaté. Les trous de la Enith entre résolument dans le magasin, le route ressemblent à des cratères de bombe.

Ici et là, la chaussée a disparu pour laisser la magasin de son mari.

Le moulin pour moudre le maïs se trouve à place à un gouffre. Aucune auto ni aucun l’arrière. Chacun est occupé. A l’avant, un camion ne peut aller plus loin. Trois ouramur rempli de gsm qui sont chargés. gans successifs ont rendu le petit village de Allientin travaille le fer pour le magasin. Le montagne inaccessible. Ce qui subsiste de treillis a été fabriqué par lui. La ferronnerie la récole reste invendu. Le prix des produits des portes du kiosque sont également son transportés atteint des sommets. La nature œuvre. “Je suis un bon artisan,” me dit-il, elle-même ne semble pas bien disposée à “mais mon travail ne se vend pas parce que l’égard des cultivateurs de ce petit pays. les gens n’ont pas d’argent.” En jetant un Comment payer les frais de scolarité à précoup d’œil à la ronde sur le marché, je com- sent que les bananiers sont dévastés, à préprends ce qu’il veut dire. Ici, les bouillons- sent que les vaches et les cochons ont sombré dans le ravin? Là haut, sur le plateau, un cubes se vendent à la pièce.

Le magasin d’Allientin, trois en un, le tout au chemin est aménagé pour un opérateur sein d’une famille. Ils font partie des chan- gsm. Un superbe chemin accessible, qui mène vers un lieu inaccessible et inutile. Un ceux. tapis rouge pour une multinationale. Les ouragans épargnent leurs antennes émet_ CONDITION FÉMININE (ANNEMIE) trices. Ils choisissent de s’abattre sur les palmiers et les bananiers. Il semble parfois Que serait Haïti sans les femmes? Elles que tout se ligue contre ce pays. Et pourreprésentent une large part de la popula- tant, l’agriculteur plante des fèves et de tion – quelque 60%. J’y ai vu de nombreu- nouvelles bananes repoussent dans les ses femmes superbes. Parfois, avec un champs. Il faut en croire le ciel: Haïti a égaregard soupçonneux: “Que vient faire cette lement du talent.

1/2008

demande un jeune garçon de 17 ans intéressé. Et si je suis catholique? Le drap sur le chemin et la bouteille à ses côtés, que nous croyons tombés de la moto, cela ressemble à une scène de vaudou. Quiconque ramasse le drap tombe malade!

FA I R E R O U T E E N S E M B L E

Des trainées de fumée pèsent sur Port-auPrince. Des tonnes de détritus s’accumulent dans le lit des rivières de la ville, l’odeur des déchets en feu, des cochons qui fouillent dans les décombres... Je ne peux m’y habituer.

Certaines parties de la ville prennent ainsi l’apparence d’un dépotoir à ciel ouvert.

Survivre y constitue le mot d’ordre.

Dans une ville qui, en l’espace de 20 ans, a vu décupler sa population, les autorités ont estimé bien légèrement la problématique des déchets.

Celle-ci figure-t-elle-même sur la liste de leurs priorités? L’on ne remarque pas grand-chose des premières tentatives timides de l’Etat pour l’enlèvement des déchets. Je ne peux comprendre qu’on laisse cela se produire et je me mets aussitôt à réfléchir à toute sorte de solutions.

14

186.484 euros et 16.522 kilomètres en 15 ans [Photo: Cellule d’animation ostendaise

Le bilan de la cellule d'animation ostendaise après trois lustres

25 euros. Le lendemain, l’une d’elles est revenue et a dit: ‘Ma sœur est un peu trop économe mais comme j’ai trouvé votre engagement si beau, voici encore 25 euros de ma part’.

Cela fait déjà longtemps que Frits Vandecasteele et Miet Provoost forment un véritable tandem en tant que bénévoles auprès de la Cellule d’animation de DMOSCOMIDE. Il y a deux ans, ils étaient également assistés par le regretté Jo Deensen.

Durant trois lustres, ils ont parcouru tout le pays en quête d’une salle paroissiale ou d’une école afin de sensibiliser à nouveau jeunes et vieux aux besoins du Sud. Ils font office de faire-valoir et de conteur auprès des diverses associations et des élèves durant la conférence intitulée “Un sac à dos plein d’histoires”. Durant trois lustres, ils ont chaque année mis en commun leur créativité afin de présenter leur projet de la manière la plus vivante possible au public de différents salons et bourses.

Et de se soutenir mutuellement lorsque, plus d’une fois, ils ont dû essuyer une critique négative. Mais contre cela, les marques d’estime et l’appréciation des gens demeurent un souverain remède. Durant trois lustres, Frits a parcouru 16.522 km au cours de ses randonnées parrainées, réalisées à pied, à vélo ou sur un deux-roues motorisé

et Frits et Miet ont récolté 186.484 euros (= 7.459.378 BEF) de fonds pour divers projets sur divers continents. Après ces trois lustres, ils sont reconnaissants du soutien apporté par tous ces parrains, connus et inconnus, et promettent d’y ajouter encore un lustre.

_ NOUS AVONS DEMANDÉ À FRITS CE QUI, AU COURS DE CES 15 ANNÉES, L’AVAIT LE PLUS TOUCHÉ: Lors d’un salon sur les vacances à Hasselt, une dame s’apprêtait à acheter un kilomètre (5 euros) pour l’action parrainée en faveur du Cambodge. Un “monsieur" (?) s’est approché, a regardé notre stand et a commencé à nous agresser verbalement. Il a parlé d’une “escroquerie” puis a suivi son chemin. La dame qui avait suivi toute la scène de loin est revenue sur ses pas et a déclaré: "Puisque cet homme a réagi de la sorte envers vous, JE vais acheter un kilomètre supplémentaire.”

“Deux dames âgées, en promenade à l’occasion d’une bourse de Noël qui se tenait deux jours durant, s’étaient approchées de notre stand et avaient décidé de donner ensemble

“Durant ma randonnée pédestre à Lourdes, je suis arrivé dans un camping qui était exploité par un homme d’origine marocaine. Nous avons un peu discuté et je lui ai parlé de l’organisation et du but de ma randonnée. Cet homme m’a donné le plus bel endroit du camping et une nuitée gratuite.”

“Mes visites aux projets, dans le Sud, m’ont également profondément marqué: C’est le cas d’une visite, en Ethiopie, que j’ai rendue à une vieille femme malade, dans une hutte misérable située dans un petit village.

Lorsque je lui ai tendu la main, elle l’a serrée très fort, l’a regardée et a murmuré: ‘Pourquoi Dieu a-t-il donc créé des blancs et des noirs.’

En témoignage de reconnaissance pour ce troisième lustre, l’administration communale d’Ostende offre à Frits et Miet, à leurs familles, amis et sympathisants, une réception à la maison communale le samedi 28 juin. C’est de là que Frits entreprendra sa randonnée en solex pour gagner NotreDame de la Salette, au profit d’un projet à Madagascar. Votre soutien est le bienvenu sur le compte n° 435-8034101-59 de DMOS-COMIDE, avec la mention: FRITS Madagascar.

NORD

15

lemonde.be Brèves de toutes parts

_ GRAND-BIGARD: VIA DON BOSCO Nous y sommes. C’est précisément au cours des journées où ce numéro de Faire Route Ensemble atterrit dans votre boîte aux lettres que se rassemblent, pour la première fois, dix futurs bénévoles de DMOS-COMIDE à l’Oasecentrum de Grand-Bigard. Le tout nouveau servi-

_ THEATRE: LA MISSION DE L’ONCLE MISSIONNAIRE En décembre dernier, David Van Reybrouck a surpris avec son monologue théâtral intitulé ‘Missie’. L’auteur a parcouru le Congo pendant plusieurs semaines, a interviewé des prêtres et des religieuses et a créé un monologue qui a été joué par Bruno Vanden Broecke. Dans une interview donnée au journal De Standaard, David Van Reybrouck raconte: ‘C’est du tourisme! C’est du théâtre’’ m’a dit un missionnaire à propos des ONG. Voilà des gens qui viennent faire les bravaches pendant trois à six mois pour ensuite s’en retourner chez eux avec des récits courageux et quelque chose de joli à mettre dans leur CV.’ A cela le missionnaire Jo Deneckere a répondu: ‘Les Congolais apprécient que les missionnaires demeurent. Qu’ils ne soient pas partis quand tout allait mal.’’

_ LIVRE DE PHOTOS: LE RÉCIT D’OMER D’HOE SE POURSUIT Après avoir été missionnaire au Congo et au Rwanda de 1955 à 1969, le Salésien Omer D’hoe s’est passionné pour l’animation des missions. Il a écrit et photographié pour le mensuel Wereldwijd (qui est entre-temps devenu MO*).

Aujourd’hui, Omer D’hoe a publié un livre de photos dans lequel figurent ses meilleurs textes et documents. Intitulé ‘Zijn verhaal gaat verder’ [Son récit se poursuit], ce livre est le témoignage d’un photographe respectueux qui promène d’abord son regard sur les personnes.

Moins, beaucoup moins sur les bâtiments et les paysages, bien qu’il ait pratiquement parcouru le monde entier.

C’est le récit d’un Flamand qui a été citoyen du monde, à travers le mot et l’image. Ou encore, comme le déclare Gie Goris de MO*: ‘Omer est une personne qui sait regarder de tous ses yeux. Celui qui fait cela, regarde droit dans les yeux un enfant d’Haïti ou une femme du Congo.’

1/2008

‘Le contact direct ou indirect entre la bouche d’une personne et la bouche d’une autre personne’ constitue dorénavant un délit, en Afrique du Sud, pour celui qui a moins de quinze ans, même si l’adolescent devait lui-même trouver cela agréable. La nouvelle loi a pour but de lutter contre le nombre croissant de délits sexuels parmi et avec les jeunes.

Pour le ‘superintendent’ Kenneth Verwey, un problème se pose avec sa patrouille à Durban: ‘Vous nous voyez débouler dans une fête afin de contrôler si, par hasard, dans un petit coin …?’ Les partisans de la nouvelle loi veulent aider les adolescents à attendre d’avoir au moins quinze ans pour avoir des relations sexuelles.

Toutefois, il était peut-être possible d’envisager des mesures plus agréables et plus constructives.

ce de bénévolat ‘via Don Bosco’ a sélectionné dix candidats qui, à partir de l’été prochain, vont renforcer de leurs talents les centres des Salésiens ou des Sœurs de Don Bosco.Durant trois week-ends, ils seront confortés dans, et préparés à leur engagement dans le Sud. Agés de 22 à 50 ans, ces bénévoles se nomment: Kristin, Hanne, Leena, Lionel, Katrien, Annelies, Harlinde, Tilde, Reinhilde, Joke. Entretemps, des propositions intéressantes sont arrivées d’Afrique, de l’Inde et de l’Amérique du Sud pour ces personnes.

FA I R E R O U T E E N S E M B L E

_ AFRIQUE DU SUD: NO MORE KISSES FOR YOU

FA I R E ROUTE ENSEMBLE Revue trimestrielle, Editeur responsable:

Année 16, n° 1 Omer Bossuyt Bd Léopold II 195 B 1080 Bruxelles Tél.: (02) 427 47 20 fax (02) 425 90 31 E-mail: info@dmos-comide.org Internet: www.dmos-comide.org Compte bancaire: 435-8034101-59

Françoise Léonard / Geers Offset, Oostakker /

Association pour une Ethique dans la Récolte de Fonds

Omer Bossuyt, Jan De Broeck, Jempi Hoorelbeke, Miet Provoost, Lut Van Daele et Marc Van Laere / ‘Samen op Weg’ / deuxième trimestre 2008 /

Suivant les dispostions de la loi du 8 décembre 1992 concernant la protection de la vie privée, vos coordonnées sont insérées dans notre fichier d’adresses. Nous les utilisons uniquement pour la publication d’informations relatives à nos activités. Vous avez pleinement le droit de consulter notre fichier et d’y corriger vos coordonnées.