Faire Route Ensemble 2009 n°3

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FA I R E ROUTE ENSEMBLE België - Belgique P.B. - P.P. Gent X 3/1751

Afgiftekantoor Gent X ISSN=1370-5814

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Don Bosco Nord-Sud

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TROIXIÈME TRIMESTRE 2009

Revue trimestrielle Année 17, nr 3

Service de Coopération missionnaire au développement

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INTERVIEW. ERIC MEERT

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‘En visite’… Chers Lecteurs et Lectrices, L’été est traditionnellement une période pendant laquelle de nombreuses personnes partent en voyage. On le remarque aisément à l’agitation parfois énervée dans le hall de l’aéroport. C’est là que nous constatons clairement que notre monde est devenu un village.

Toutefois, à l’aéroport, nous ne rencontrons pas seulement des personnes sur le départ; nous y rencontrons également des visiteurs, des compatriotes qui reviennent en Belgique après une courte ou une longue absence. Ils viennent ‘en visite’ dans la famille, chez des amis ou des connaissances de la communauté qu’ils ont quittée, voici des mois ou des années. Parmi ces visiteurs, nous trouvons encore régulièrement des sœurs, des frères ou des pères de différentes congrégations, mais aussi des coopérants au développement. Dans ce numéro, nous donnons la parole à l’un de ces visiteurs. Après une absence de 5 ans, le Salésien Eric Meert était de retour pour quelques semaines dans son port d’attache de St.Pieters-Leeuw, dans sa chère région du Pajottenland. Entre leurs nombreuses activités, les collaborateurs de DMOSCOMIDE ont trouvé une matinée pour s’assoir autour de la table avec Eric et l’interroger sur sa vision concernant l’une de ses grandes passions: le soin des enfants de la rue. Toutefois, une telle visite au front de départ offre encore d’autres possibilités. Les nombreux contacts qui, pendant des années, ont eu lieu par lettres, courriels et skype, prennent subitement, à présent, un autre visage et une plus grande intensité. Tout à coup, la chance se présente pour une rencontre personnelle, pour écouter les récits et échanger les expériences. Les nombreux noms d’une longue liste d’adresses ont à nouveau un visage.

C’est ainsi que la période des ‘visites’ est un moment particulièrement opportun pour rencontrer ceux qui font partie de la base de soutien, pour parler à de nombreux aidants ou volontaires, parfois anonymes, et les remercier de leur ardeur jamais démentie, de leur créativité pour récolter un cent après l’autre et ainsi soutenir et réaliser un projet. Ce sont les personnes qui appartiennent à ce que l’on nomme le ‘4ème pilier’ et qui, avec beaucoup d’enthousiasme et de bonne volonté, animent et stimulent leurs communautés locales afin que, par l’entremise des pères, des sœurs et des volontaires, les personnes du sud ne soient pas abandonnées, bien au contraire. Je pense, chers lecteurs et lectrices de ‘Faire Route Ensemble’, que vous appartenez tous à ce 4ème pilier. Vous êtes si souvent prêts à répondre favorablement à la proposition d’une ONG ou à une initiative locale de la paroisse, d’un mouvement de jeunesse ou d’une association. Au nom des nombreux ‘visiteurs’ que j’ai également pu rencontrer durant les derniers mois d’été, je tiens à vous remercier de tout cœur. Les liens d’amitié et les liens de solidarité se sont à nouveau resserrés. L’enthousiasme perdure, de part et d’autre. Que tout aille bien pour vous!

Omer BOSSUYT, Président


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Stan Provoost: 10 années au service de DMOS-COMIDE (2) 1988 - 1999

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En 1989, Gerrit Van Asperdt, le fondateur de DMOS-COMIDE, a demandé au Provincial des Salésiens si un Salésien pouvait lui succéder à la tête de DMOSCOMIDE. Gerrit souhaitait céder les rênes après avoir assuré la création et le développement de l’organisation durant les vingt premières années, de 1969 à 1989. Le Provincial de l’époque s’est adressé à Stan Provoost et c’est ainsi que, le 1er mars 1989, il est devenu le ‘secrétaire général’ de l’ONG. Il a bénéficié d’une période d’initiation de six mois environ, au cours desquels, sous la direction de Gerrit Van Asperdt et de Rik Renckens, il a pu découvrir le travail sur le terrain, prendre connaissance des dossiers, etc. Après avoir cédé la direction, Gerrit est encore resté un mois dans les bureaux de l’ONG et s’est alors mis en arrière-plan. En 1989, DMOS-COMIDE comptait douze collaborateurs et était, à cette époque, l’une des plus grandes ONG qui se consacraient spécifiquement à l’aide au développement en Belgique. COMIDE était encore, à ce moment-là, une entreprise familiale pour ainsi dire, avec son style maison bien à elle. Le fonctionnement reposait sur l’élan et le charisme des fondateurs et les différents collaborateurs avaient contribué à la croissance progressive de DMOS-COMIDE. Il s’agissait d’une bonne équipe, avec un engagement solide de la part de chacun.

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_ DÉVELOPPEMENT PROFESSIONNEL Lorsque Stan Provoost a repris les rênes de COMIDE, il y a trouvé un groupe de collaborateurs enthousiastes, qui avaient déjà acquis une grande expérience et une grande connaissance dans le domaine de la préparation et de la mise en œuvre des projets de développement. Toutefois, face aux évolutions sur le plan gouvernemental de la coopération au développement (il s’agissait encore de l’AGCD à l’époque), il a découvert la nécessité d’organiser le fonctionnement de l’ONG de manière plus professionnelle également. L’équipe a travaillé avec enthousiasme mais il n’y avait pas de vision nette, pas de stratégie définie et peu de procédures et de critères pour l’acceptation des projets. Les deux grands services internes, le service de préparation et le service du suivi devaient davantage se coordonner pour parvenir à un ensemble intégré. Cette option s’est traduite par la rédaction des nouveaux statuts de l’ASBL sous la direction de Monsieur Rik Renckens et la création d’un règlement d’ordre intérieur pour consolider le fonctionnement.

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_ ENTRÉE EN ACTION


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90’ anno 19 C’est également la période au cours de laquelle l’Administration journalière a vu le jour en tant qu’organe de direction. Elle se composait de 5 personnes, dont 3 Salésiens et 2 collaborateurs laïcs. Ils formaient une équipe opérationnelle qui assurait l’organisation. Sous leur direction, on a notamment travaillé aux procédures en relation avec la finition et l’évaluation des projets en fonction des visites d’évaluation chez les partenaires du Sud. Le souci de la professionnalisation s’est traduit, pendant cette période, par une collaboration naissante avec South Research qui, à la demande de Stan, a donné des sessions de formation à tous les membres du personnel. Les sujets d’étude étaient essentiellement les suivants: 1. L’étude de la situation où un projet était demandé, 2. La façon de définir, rédiger et introduire un projet, 3. La façon de réaliser un projet approuvé et de le mener à bonne fin, 4. L’importance d’une bonne évaluation du projet.

_ LA FORMATION DANS LE SUD

Pendant cette période, l’administration centrale de Rome avait encore une autre vision de la coopération au développement en Belgique. Dans sa politique, Stan se retrouvait toujours face aux mêmes questions essentielles: ‘Pour qui entreprenezvous ce projet? Qui est votre groupe cible? S’agit-il réellement des personnes défavorisées que vous souhaitez atteindre et aider? Un glissement dans les groupes cibles se produisait trop souvent, selon lui, et dans le Sud également. Pour Stan, DMOS-COMIDE était l’intermédiaire entre les autorités belges et les personnes défavorisées, les jeunes, et non pas la congrégation en soi. C’étaient des questions qu’il soumettait à chaque conseil provincial des Salésiens lors de la discussion portant sur les projets introduits. Il y a bien eu quelques discussions ‘enflammées’ mais cela valait la peine et c’était profitable pour l’avenir.

Les sessions de formation de South Research n’étaient pas seulement proposées aux membres du personnel de DMOSCOMIDE à Bruxelles. Stan avait également découvert la nécessité d’une formation solide pour les collaborateurs salésiens dans l’exécution des projets dans le Sud. South Research s’est également mis à l’œuvre là-bas, sur sa demande et ses insistances. Les projets introduits ne pouvaient plus être considérés comme l’initiative personnelle de l’un ou l’autre directeur d’une école salésienne locale, mais de la province salésienne à laquelle cette œuvre concrète pour la jeunesse ou cette école appartenait. Avec cette formation, Stan ambitionnait une plus grande cohésion et une continuité plus forte lors de la planification des projets. Avec cette manière de travailler, une plus grande responsabilité en est venue à reposer sur les épaules du conseil provincial et de l’économe provincial. Stan tenait à être personnellement présent lors de la plupart de ces sessions de formation données par South Research. Ses voyages vers le Sud s’inscrivaient surtout dans le cadre du suivi et de l’évaluation des projets et de la formation des partenaires. Il fallait également qu’une relation de confiance se développe entre DMOS-COMIDE et les partenaires dans le Sud. Celle-ci revêtait une impor tance extrême pour une coopération cohérente et durable.

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_ DES NOMS QUI MARQUENT J’ai eu l’occasion de collaborer avec de nombreuses personnes engagées au cours de la période de 1989 à 1999. Il est délicat de citer des noms et de courir le risque d’en oublier certains. Gerrit Van Asperdt, Rik Renckens et Marie-Josée Philipet ont assurément profondément marqué ma mémoire, mais aussi les collaborateurs de la première Administration journalières, les Salésiens et les laïcs.

Rik Renckers, Gerrit Van A sperdt et Ma rie-Josée Ph ilippet’

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En ce qui concerne l’administration de l’AGCD, je garde certainement en mémoire les bonnes relations avec M. Poignard. M. Poignard avait certainement des conceptions politiques et une vision diffé- J’ai toujours rempli très volontiers cette rentes de DMOS-COMIDE, mais il s’est mission. Il s’agissait pour moi de la concrétoujours montré correct envers nous. Il tisation de mon choix, en tant que Salésien estimait que DMOS-COMIDE avait, à l’é- de Don Bosco, pour les jeunes défavorisés. poque, deux largeurs d’avance sur le reste Je suis heureux d’avoir pu remplir cette du monde des ONG. Lorsque je lui deman- mission pendant 10 années. dait conseil, il restait toujours très ouvert à Omer BOSSUYT, nos questions et nous avons toujours reçu Président beaucoup de soutien de sa part, dans une atmosphère ouverte. Je garde un très bon souvenir de lui.

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Les rues de Lubumbashi Voici déjà plus de 30 ans que le Salésien Eric Meert œuvre à Lubumbashi. En tant que grand inspirateur de l’asbl salésienne Œuvres Maman Marguerite (OMM), il a permis à ce réseau de centres d’accueil pour enfants de la rue de se développer pour devenir un exemple d’école pour de nombreuses ONG et autorités. Il était dès lors grand temps de lui consacrer une interview. Tout a commencé lorsque, en tant que jeune Salésien âgé de 23 ans, vous avez décidé de partir au Congo. Comment cette décision a-t-elle été prise? Hé bien, dès l’enfance, j’ai ressenti un très fort engagement social en moi. Je m’impliquais pour mon école Don Bosco, je faisais campagne pour Broederlijk Delen et je m’engageais pour le magasin Oxfam local. Lorsque, quelques années plus tard, j’ai participé aux chantiers internationaux en France, en Tunisie et en Algérie, j’ai réalisé qu’un engagement à l’étranger pourrait bien être le rêve de ma vie. Vous comprendrez sans peine que ma décision de partir au Congo, lorsque j’avais 23 ans, n’est pas intervenue comme un coup de tonnerre dans un ciel bleu. Et comment les enfants de la rue de Lubumbashi en sont-ils venus à occuper une place centrale dans votre vie? Pendant quelque temps, j’ai été économe provincial pour les Salésiens d’Afrique centrale. Très vite, j’ai constaté que ce travail ne répondait pas à mes aspirations dans la vie. Lorsque, quelques années plus tard, l’occasion s’est présentée à moi de m’engager en faveur des enfants de la rue, je l’ai saisie des deux mains. Le fait que, pour cela, je sois obligé de vivre parmi les enfants de la rue, à Bakanja Ville, l’un de nos foyers d’accueil, rendait le défi encore plus grand. Au jour d’aujourd’hui, Lubumbashi est encore et toujours ma maison.

Les besoins étaient-ils importants à cette époque? Ils étaient assurément très importants. Jusqu’en 1990, le phénomène des enfants de la rue était un problème marginal au Congo. Le phénomène se limitait à quelques jeunes qui vivaient, travaillaient et dormaient dans les

gouffre. Les parents ont perdu leur foi dans les religions traditionnelles. Pour résoudre leurs problèmes, ils allaient demander conseil auprès de sectes et de charlatans qui ‘découvraient’ ensuite que l’un des enfants devait être possédé par des esprits mauvais et portait ainsi malchance à la famille. Le chômage,

‘Vivre parmi les enfants de la rue rend le défi encore plus grand … mais aussi plus attrayant’ marchés locaux. Toutefois, la crise sociale, politique et économique dans laquelle le Congo a été plongé dans les années 90, a ébranlé toute la société. Des familles qui, financièrement, ne parvenaient plus à joindre les deux bouts, ne tardaient pas à mettre leurs enfants à la rue. La crise économique a-t-elle encore eu d’autres conséquences pour les enfants de la rue? Malheureusement, oui. La situation sociale et économique qui ne cessait de se détériorer a amené la population congolaise, physiquement mais aussi mentalement, au bord du

une mauvaise récolte, une maladie ou un décès. L’enfant ensorcelé est, aujourd’hui encore, tenu pour responsable de tout ce qui peut aller mal. Ils sont dès lors souvent maltraités et jetés hors de chez eux. Malgré ce contexte difficile, les Œuvres Maman Marguerite sont appréciées de toutes parts pour leur mode de fonctionnement pragmatique et efficace. En vivant pendant 15 ans parmi les enfants de la rue, j’ai effectivement acquis une vision de ce qui fonctionne bien ou pas. C’est ainsi que nous sommes bien vite revenus de l’idée


Supposons que, demain, un enfant de la rue vienne vers vous et vous demande de l’aider à se construire une nouvelle vie. Que faites-vous dans ce cas? Dans ce cas, nous avons un entretien approfondi avec l’enfant sur son passé: pourquoi est-il arrivé dans la rue, qui fréquente-t-il, consomme-t-il de la drogue, etc. Nous essayons ainsi de déterminer la meilleure façon de procéder avec lui ou elle. En recherchant une solution, nous ne faisons donc pas abstraction de l’enfant qui se trouve devant nous. C’est un enfant avec sa personnalité propre dont nous nous efforçons, autant que possible, de tenir compte. Notre objectif final consiste à convaincre la famille de reprendre l’enfant à la longue. Nos assistants sociaux jouent un rôle important dans chaque réintégration. Progressivement, ils rétablissent le lien entre l’enfant et ses parents. Dans un premier temps, l’enfant rend visite à sa famille sous accompagnement, ne serait-ce que pour quelques heures. Ensuite, l’enfant va de dormir le week-end dans sa famille. Pendant la semaine, l’enfant demeure le plus souvent dans notre centre d’accueil pour fréquenter l’école. En effet, l’enseignement constitue le point névralgique dans le processus d’intégration. Nous avons remarqué que

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l’intégration des enfants se déroule plus rapidement lorsque la famille sait que l’enfant n’est plus un bandit de la rue mais qu’il apprend à lire, à écrire et qu’il reçoit même une formation professionnelle. Comment envisagez-vous le fonctionnement des Œuvres Maman Marguerite à long terme? Dans combien de temps les Congolais auront-ils eux-mêmes les choses en mains? Le fait est que, depuis le début, j’ai effectivement joué un rôle important dans le fonctionnement des Œuvres Maman Marguerite. Mais j’ai également toujours veillé à ce que tout le fonctionnement ne s’arrête pas en mon absence. C’est ainsi qu’en 2003, j’ai confié la coordination au Frère congolais Pascal Mukendi et que je dirige systématiquement tous mes contacts internationaux vers la direction des Œuvres Maman Marguerite. Nous avons également renforcé l’organisation de l’intérieur, avec des collaborateurs permanents et une structure décisionnelle claire qui doit assurer la continuité. Il est permis d’avancer, sans crainte, que les Congolais ont les choses en mains depuis un certain temps déjà. Les Œuvres Maman Marguerite sont un projet en évolution constante. Quelles sont les dernières initiatives? Nous avons remarqué que l’enseignement n’est pas toujours un instrument adéquat pour intégrer chacun dans la société. C’est pourquoi nous avons créé un petit club de football. Le sport est effectivement un moyen superbe pour donner cependant une structure et de l’espoir à ces jeunes, qui ne veulent en aucun cas fréquenter l’école. Dans chaque nouvelle initiative, nous nous efforçons donc toujours de partir de la réalité pour aborder, de manière très pragmatique, les nouveaux problèmes. Je suppose qu’il s’agit là de la clé de notre succès. Plus d'info? www.omm.be

Wouter DERIJCK

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Et comment agissent les Œuvres Maman Marguerite avec les enfants de la rue, dans l’attente de ce ‘déclic mental’? Dans le foyer d’accueil, Bakanja Ville, nous offrons aux enfants de la rue une oreille attentive, des soins médicaux, des ustensiles de cuisine et un endroit sûr et abrité pour dormir. Le soir, ils peuvent préparer leur repas dans notre centre, se laver et passer la nuit en sécurité dans leur petit abri en carton. C’est consciemment que nous ne proposons pas de nourriture gratuite ni de lits confortables, afin de ne pas promouvoir, de la sorte, la vie dans la rue mais aussi créer de nouveaux enfants de la rue. Nous avons déjà trop souvent remarqué que les parents mettent plus facilement leurs enfants à la rue lorsqu’ils savent que leur enfant finira bien par trouver de la nourriture et un endroit sûr pour dormir. Sans améliorer le confort de la vie dans la

rue, nous souhaitons cependant répondre de manière réfléchie à certains besoins primaires chez les enfants de la rue. Cette manière de travailler se manifeste dans les moindres détails. C’est ainsi que nous ne donnons qu’un demi morceau de savon aux enfants de la rue et ce, deux fois par semaine. Un morceau entier en une fois serait vite vendu au marché ou échangé contre de la colle, des cigarettes ou d’autres drogues.

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d’élever les enfants de la rue dans du coton. Au début, nous donnions gratuitement de la nourriture et des vêtements au enfants de la rue, pendant la première étape, lorsqu’ils vivent encore dans la rue. Mais bien vite, nous avons constaté que cette approche était erronée. Il semble plutôt que nous facilitions la vie dans la rue et la rendions plus permanente. Pour représenter davantage qu’un recours en cas de coup dur, nous avons dû adapter notre stratégie. Depuis lors, nous travaillons sur la volonté propre de l’enfant, qui doit se rendre compte de lui-même que la rue n’est pas un endroit pour grandir. En étant présents jour et nuit dans les quartiers de Lubumbashi, les enfants de la rue peuvent toujours venir nous trouver lorsqu’ils veulent en finir avec cette vie rude dans la rue. Ce déclic mental est tout sauf évident. En effet, la vie dans la rue suppose non seulement la faim et la violence mais également le fait de vivre dans une liberté absolue. C’est une vie sans règles ni lois, une dure réalité à laquelle se résignent de nombreux enfants de la rue qui se tracent leur propre voie. La volonté propre d’échapper à cette spirale de la violence et de la pauvreté revêt une importance énorme.

‘Sans améliorer le confort et donc encourager la vie dans la rue, nous souhaitons cependant répondre de manière réfléchie à certains besoins primaires chez les enfants de la rue.’


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Solidaires avec la

Bolivie Voici déjà plusieurs années que DMOSCOMIDE soutient des projets de développement en Bolivie. Nos partenaires organisent des formations professionnelles à La Paz, un enseignement informel pour les jeunes filles immigrées de Cochabamba et des cours à distance pour les paysans qui mènent une vie isolée au fond des Andes.

Pour nos partenaires, il n’était pas du tout évident de mener ces projets à bonne fin. Des machines difficiles à utiliser, des formations pédagogiques de longue durée pour les enseignants et des lourdeurs administratives non négligeables. Pourtant, la coopération s’est avérée très fructueuse en fin de compte et nos partenaires sont suffisamment solides pour voler de leurs propres ailes. Ils ne sont plus dépendants des subventions belges qui leur sont allouées mais peuvent ‘se débrouiller’ avec leurs propres moyens financiers. Ils tirent à présent des ressources de la vent des produits fabriqués par eux-mêmes, des investissements privés et de toute sorte de subventions des autorités locales.

Nous sommes dès lors fiers du résultat d’une coopération de plusieurs années. Le centre El Alto forme de plus en plus de jeunes ouvriers et techniciens en mécanique, électricité, imprimerie et informatique. Le centre Las Villas offre aux jeunes filles des formations en couture, secrétariat et comptabilité. Quant aux stations de radio, elles continuent de diffuser des actualités et des programmes de formation pour les paysans isolés dans les montagnes des Andes.

_ LE DÉPART POUR LA CAMPAGNE : UN CHOIX CONSCIENT Il est bien connu que la Bolivie est le pays le plus pauvre de l’Amérique du Sud. En Bolivie, cette pauvreté extrême frappe le plus durement la région des Andes et la population autochtone. Un paysan bolivien moyen doit se contenter de 30 à 80 euros par mois pour faire vivre sa famille. La pauvreté règne donc en maître, tant dans les villes qu’à la campagne. Etant donné que DMOS-COMIDE ne peut œuvrer partout en même temps, nous sommes contraints de faire des choix.


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Avec notre partenaire local OFPROBOL (Oficina de Proyectos en Bolivia), nous nous concentrons surtout sur la population rurale qui, en raison de son isolement, peut à peine subvenir à ses besoins de base. Bien trop souvent, ils sont abandonnés à leur sort. Les familles vivent de leurs maigres récoltes (de pommes de terre) et de l’élevage. Les femmes essaient de subvenir quelque peu aux besoins du foyer avec des travaux de tissage et de poterie tandis que les hommes descendent en ville afin d’y trouver du travail comme ouvriers.

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Un spécialiste agraire du centre agricole d’Independencia montre la façon d’examiner les animaux.

Un technicien agricole, prêt à partager les connaissances acquises avec sa communauté locale.

_ LE DÉVELOPPEMENT RURAL AU SERVICE DE LA POPULATION LOCALE Etant donné que les paysans locaux vivent de manière très dispersée dans les Andes, il est difficile de former de grands groupes de paysans au moyen de quelques grandes sessions de formation. DMOS-COMIDE adapte dès lors sa stratégie et investit dans la promotion rurale locale. Après avoir suivi une formation courte mais intensive en techniques agricoles et d’élevage spéciales Les Andes.

Chaque mois, les écoles agricoles envoient également leurs propres collaborateurs techniques vers les communautés locales afin de veiller à ce que les promoteurs agricoles assument leurs responsabilités. Les collaborateurs organisent en outre des réunions pour toute la communauté afin d’avoir une vision claire des besoins et problèmes spécifiques locaux, de répondre aux questions techniques et encadrer le développement lorsque c’est nécessaire. Les écoles techniques agricoles n’organisent pas seulement des formations spécialisées pour de futurs promoteurs mais s’adressent également aux jeunes qui fréquentent l’école. Le matin, les élèves suivent le programme de cours traditionnel (mathématiques, espagnol, histoire, ...) et, l’après-midi, la formation en agriculture et élevage occupe une place centrale. Etant donné que les élèves sont souvent des fils et des filles de paysans, ils manifestent un grand intérêt pour les nouvelles techniques agricoles afin de pouvoir, par la suite, mieux assister leurs parents.

_ UN DÉPART FULGURANT Depuis 2008, le programme de développement a déjà permis d’offrir une formation spécialisée à 3000 paysans. 450 d’entre eux étaient des femmes, soit un nombre relativement élevé lorsque l’on sait que les parents, les conjoints et même la communauté dans son ensemble sont souvent réticents à l’égard du travail des femmes dans l’agriculture.

En l’espace d’un an, le programme global a déjà organisé 50 formations spécialisées autour de thèmes spécifiques: techniques de soins spéciales pour le bétail, lutte contre les parasites, amélioration des techniques agricoles (entretien, récolte, stockage), diversification agricole (poissons, fruits, apiculture, horticulture), protection environnementale (recyclage des déchets, engrais naturels, compost), commercialisation des petites entreprises agricoles, etc. Outre ces formations intensives, le programme finance également l’assistance technique pour les communautés qui vivent de l’agriculture. Des conseils techniques concernant, par exemple, des semences améliorées, doivent dès lors permettre d’accroître la production et leurs revenus. La mission est lourde et complexe, mais les premiers résultats sont très positifs et encourageants. Les paysans manifestent un énorme intérêt pour les formations et diffusent déjà les connaissances acquises au sein de leur communauté. En soutenant ce projet, c’est consciemment que nous faisons le choix d’aider les plus défavorisés: les paysans isolés qui doivent encore s’appuyer sur d’anciennes techniques agricoles et survivre dans des conditions misérables. DMOS-COMIDE est fière de soutenir un programme qui est à l’écoute des besoins des paysans et qui donne de l’espoir à la population. Car, lorsque vous demandez à un paysan bolivien ce qu’il souhaite plus que tout, celui-ci vous répond: APPRENDRE!

Jorge PEÑARANDA

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Ces situations impossibles poussent de plus en plus de jeunes vers les villes et l’on peut parler d’un véritable exode rural. Face à cet exode des jeunes, DMOS-COMIDE souhaite améliorer la situation socio-économique locale au moyen d’un plan pluriannuel. Ce nouveau programme de développement soutiendra 5 centres techniques agricoles à Kami, Independencia, San Carlos, Sagrado Corazon et Santa fé de Yapacani.

dans l’un de nos centres, ils s’en retournent chacun dans leur communauté afin de partager ces nouvelles techniques avec d’autres et les mettre en pratique sur leurs propres terrains agricoles.

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_ LUTTER CONTRE L’EXODE RURAL


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Les jeux éducatifs: une autre manière de découvrir le monde 0321 Le monde de la coopération au développement reste, pour bien des jeunes, un terrain inconnu. En encadrant le processus dans les écoles, c’est bien volontiers que nous apportons notre contribution à l’élargissement des horizons. C’est pourquoi nous mettons deux jeux éducatifs en avant. Au cours de l’année scolaire, nous les avons régulièrement

empruntés

à

‘Kleur

Bekennen’ et nous les avons testés en divers endroits.

_ FIFTY FIFTY POUR LANGAR

_ LANGAR AU BANC D’ESSAI

Ce jeu a pour but de faire découvrir aux jeunes la complexité et l’engagement de la coopération au développement. Le jeu se déroule dans un pays imaginaire, appelé Langar. Ce pays est confronté à différents besoins, tant sur le plan administratif que sur le plan humain. L’objectif principal du jeu consiste à réaliser six projets différents dans le pays. Chaque groupe est responsable d’un projet et s’efforce de réunir le partenaire, les personnes et les moyens les plus adaptés. Le groupe s’identifie à la population locale, aux autorités ou à une ONG locale. Le jeu s’adresse aux élèves de la 3e année de l’enseignement secondaire, à l’enseignement supérieur et à la formation des enseignants

Nous l’avons testé sur le nouveau contingent de volontaires qui viennent juste de partir. Durant leur dernier week-end de préparation, nous avons consacré la matinée du dimanche à ce nouveau jeu de société. Tant la soussignée, en tant qu’animatrice du jeu, que les volontaires, en tant que cobayes, ont été tout à la fois curieux et critiques à son égard. Le déroulement du jeu ressemble à un croisement entre le jeu de l’oie, au Jumbo et au Monopoly. Des cartes chance et malchance déterminent le sort des joueurs. Un projet est à grande échelle, l’autre est à petite échelle. Cependant, il apparaît assez vite que, dans les jeux de société, nous sommes habitués à gagner et à mettre en avant notre intérêt personnel. Il en allait de même dans notre groupe de volontaires qui, bien que pénétré de solidarité, ne tient pas nécessairement compte de l’intérêt des autres. C’est OK, si c’est stratégiquement intéressant pour soi-même. Toutefois, un certain nombre d’esprits ‘éclairés, perdants’ ont fini par privilégier la coopération et ont

‘Le jeu n’est "pas honnête" et la plupart des joueurs l’ont déjà déploré.’ pu, dans une certaine mesure, atteindre l’objectif final. Pour une animatrice de jeu débutante, les choses n’étaient pas simples. Les règles du jeu, bien étudiées au préalable, laissaient encore la place, ici et là, à quelques incertitudes que nous avons dû corriger au fil du jeu. Le groupe, avide d’apprendre, ne cessait de poser une question après l’autre et avait du mal à laisser le jeu suivre simplement son cours. Ce jeu offre cependant de nombreuses possibilités. Parce qu’il est si complexes et comporte de nombreuses couches, il présente une image assez réaliste de la situation à laquelle doit faire face le travail du développement. Les rondes de négociation inhérentes déclenchent bon nombre de discussions et renforcent la prise de conscience.


NORD

La trame du jeu de l’oie ou du curriculum vitae est également appliquée dans ce jeu. Dès le début, il est très clair que tout le monde n’a pas les mêmes chances. Cela a bien suscité de la frustration dans l’école primaire Don Bosco de Sint-Pieters-Leeuw et chez les enfants de 2e année de l’enseignement secondaire professionnel pour le travail du bois et du métal de Don Bosco Sint-Pieters-Woluwe. Les enseignants des deux écoles se sont chargés eux-mêmes d’encadre le jeu. Parce qu’ils connaissent bien leur ‘monde’, ils ont également pu influer sur les réactions des élèves qui reconnaissaient ces situations ou y avaient été confrontés.

_ UN EXEMPLE TIRÉ DU JEU. LE RÉCIT DE COSTALINA _ LES ENFANTS DE LA RUE DE VERWEGISTAN Pour la catégorie des enfants de 10 à 14 ans, nous avons essayé ce jeu de société éducatif sur les enfants et leurs droits. Le jeu concerne la précarité chez les enfants de la rue, dans une ville d’un pays du tiersmonde. Tout en jouant, les causes, les conséquences ainsi que la survie journalière sont abordées dans les récits de six enfants qui vivent dans la ville fictive de Verwegistan-city. Le jeu repose sur des récits et des situations véritables. Les enfants portent des noms fictifs mais leurs récits sont bien réels. Dans la pratique, la vie des enfants de la rue est souvent pire que celle exposée dans ce jeu. En effet, le jeu ne traite pas vraiment de la problématique de la drogue ni de l’exploitation (sexuelle) auxquelles ils sont souvent confrontés.

La misère a commencé il y a 10 ans. A l’époque, tu n’avais que 3 ans. Il y avait des révoltes des Garifunas dans la région côtière. Le riche Monsieur Pablo a voulu installer un grand hôtel à l’endroit où était situé le village autrefois. Avec d’autres hommes, ton père est allé protester. Il a été pris par la police et se trouve en prison depuis 10 ans déjà Il n’a pourtant rien fait. Lorsque ton père est parti, il n’y avait plus personne pour aller pêcher. Ta mère s’est alors rapidement remariée avec Alejandro. Tu vis à présent avec ta mère chez lui et ses 3 enfants. Il y a 5 ans, Alejandro a cependant chaviré

avec son bateau. Tu ne sais pas bien comment. Vous avez ensuite déménagé pour Verwegistan-City. En réalité, tu dois toujours te charger des corvées pénibles et aider ta mère alors que les enfants d’Alejandro peuvent jouer. Tu dois aussi t’occuper régulièrement de ta petite sœur d’un an. Mais tu ne trouves pas cela grave. En fonction du déroulement du jeu, Costalina peut avoir de la chance ou de la malchance. Sur l’une de ses cartes-chance personnelles, nous pouvons lire: “Une vieille dame demande si tu veux faire des commissions pour elle. En échange, tu reçois tous les vêtements qui sont trop petits pour sa petite-fille.” Dans les cartes-malchance, on trouve: “Tu es jetée hors de la maison par ton beau-père.” C’est ainsi que des circonstances positives ou négatives déterminent l’avenir de ces enfants défavorisés. Le jeu n’est pas difficile en soi et la discussion qui suit permet de comprendre la situation des autres enfants. C’est certainement un jeu à conseiller! Le jeu ‘De Straatkinderen van Verwigistan’ [Les enfants de la rue de Verwigistan] a été créé par Jeugd En Vrede, Kadapalabra à Malines. Il est possible de le commander ou de l’emprunter gratuitement auprès de Kleur Bekennen. www.jeugdenvrede.be www.kleurbekennen.be

Lut VAN DAELE

Le jeu n’est "pas honnête" et la plupart des joueurs l’ont déjà déploré. Cet aspect est très sciemment mis en exergue dans le jeu afin de lancer une courte discussion à partir de cette indignation. Le jeu dure environ 50 minutes avec la discussion. Il est possible d’y jouer avec six élèves ou six petits groupes.

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_ VERWEGISTAN AU BANC D’ESSAI

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La discussion est naturellement tout aussi importante que le jeu lui-même et confronte le joueur à son attitude au cours du jeu: quelles priorités a-t-on fixées, a-ton écouté le contexte du jeu? En effet, il y avait régulièrement des bulletins d’informations à lire, qui expliquaient la situation du pays. En fonction des connaissances préalables du groupe, il était possible de compléter et d’enraciner les connaissances acquises, lors de la discussion. Le jeu permettait effectivement de découvrir ‘en live’ de quoi il est réellement question et à quel point il est difficile d’atteindre un noble objectif. En résumé, il s’agit certainement d’un jeu à conseiller mais qui exige beaucoup de la part de l’animateur et des joueurs. Le jeu a été développé par Kleur Bekennen et peut être emprunté GRATUITEMENT.

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Avec un baisemain de Napoléon Neuf mois durant, Leena De Bakker a été bénévole en Inde ‘via Don Bosco’.

Sur la table du salon, s’élève une pile de ‘Nest’, la revue sur l’art de ‘bien vivre’ dans sa maison et dans son jardin. Sur l’appui de fenêtre, se dresse une colonne indienne, des éléphants en bois. Hilde, la mère de Leena, repasse dans la cuisine. Couché sur le dos, dans un lit haut placé dans le living, Adam, quatre ans, chantonne de temps à autre, les yeux fermés. Par moments, il tend son petit bras vers le haut, jusqu’à ce qu’il cède au sommeil la bouche ouverte. Devant moi, se tient Leena, à peine de retour de son séjour en Inde. Je suis encore sous l’effet de la surprise suscitée par son nouveau et superbe look, lorsqu’elle a ouvert la porte, tout à l’heure. Il y a neuf mois, alors que je l’accompagnais à Zaventem, elle avait quinze kilos de plus et une queue de cheval. Ici, à Zoersel, elle est rayonnante, vêtue de bleu et de jaune, avec une mèche de cheveux du côté droit. Vous pouvez appréciez vous-même sur la photo ci-jointe qui se passe de commentaire.

_ NAMASTE Neuf mois durant, Leena De Bakker a vécu dans la ville de Pondichéry, au sud de l’Inde. Elle y était en tant que bénévole dans une Don Bosco Boys Home et dans une école de transition. La première accueille une centaine de jeunes de plus de 15 ans qui y apprennent un métier, la seconde accueille quelque cent vingt jeunes âgés de 5 à 15 ans et qui connaissent une situation familiale difficile. Pendant dix mois, Leena a rédigé de temps à autre ses impressions. Trois journaux bien remplis. Fort heureusement pour sa famille et ses amis, elle a également envoyé de longs mails. Des mails qui, étonnamment, étaient souvent émaillés de ‘trois points’, des

points de suspension comme pour indiquer un moment de réflexion. Et, immanquablement, ses mails débutaient par ‘namaste’ – je salue la divinité qui est en vous - et se terminaient par une embrassade, une étoile et une lune. ‘Pendant tous ces mois, j’ai redécouvert le temps. Le temps de suivre des fourmis. D’admirer un coucher de soleil. De faire ma lessive à la main, avec une brosse et un savon bleu. Le temps, également, de rentrer à la maison, là-bas. Les deux premiers mois, la nostalgie prenait régulièrement le dessus. Mais ensuite, je parvenais à mieux me libérer de mes habitudes et de mon rythme.’ A la mi-novembre 2008, elle écrit à ses amis: ‘Pendant deux bons mois remplis de doutes, de défaillances, de nostalgie, de nombreuses questions, j’ai parfois envisagé de repartir. Mais à présent, je ne regarde plus constamment le calendrier pour y compter les jours et les semaines. Je laisse le temps suivre son cours. Car cela fait du bien d’être ici. De pouvoir suivre le cours, rire, rappeler les boys à l’ordre, mais plus encore de les encourager, de les féliciter lorsqu’ils le méritent.’

Ce n’était pourtant pas quelque chose qui, même dans une ‘maison Don Bosco’, allait de soi. Leena: ‘Je voyais de quelle façon la règle ou la brosse à effacer le tableau servaient régulièrement pour donner une tape ou une raclée aux garçons – parfois, de vrais petits bandits, cependant. Certains éducateurs et enseignants ne pouvaient s’empêcher de frapper. Le seul recours que nous avions, avec deux autres bénévoles néerlandais, était d’exprimer notre incompréhension et notre mécontentement. Comme pour le petit Bosco, âgé de neuf ans. Il avait toujours fait quelque chose. Il encourait et subissait donc régulièrement les foudres des éducateurs. Bien sûr, c’était un petit gars survolté. Mais lorsqu’on l’encourageait dans ce qu’il faisait bien, on voyait ses yeux briller de gratitude.’

_ DE L’EAU, UNE VACHE ET UN BAISEMAIN ‘La communication n’était pas des plus simples durant les premiers mois. Le tamil est la langue principale. Les conversations se limitaient souvent à oui et non ou ‘Puis-je avoir


NORD

Quelques mois plus tard, Leena écrit chez elle: ‘Une visite rendue à Raja et Josephine, à Nanapallian, où ils s’occupent d’une trentaine d’enfants. Des orphelins et des enfants

‘C’est ce sentiment qui, en fin de compte, prédomine chez les boys: ils sont fiers d’appartenir à ‘Don Bosco’, que des chances leur soient offertes pour plus tard. Les enseignants et les pères donnent bien quelques directives lorsqu’ils sortent: Faites voir que vous êtes ‘de chez Don Bosco’. Et ça marche.’

_ HOME Au cours des dernières semaines de son séjour, Leena a encore passé une dizaine de jours à Jeeva Jothy Illam, une maison de repos située à Chennai. ‘Il s’agit, ici et là, de faire un lit, de couper des ongles, de faire une petite promenade. Mais, surtout, d’être auprès des personnes. Dire ‘volontiers,’ lorsque l’on vous demande: ‘Veux-tu t’asseoir près de moi, sur le lit?’. Il importait peu de pouvoir suivre leurs récit en tamil.’ C’est une présence pour laquelle Leena était déjà très douée avant de partir en Inde, lorsqu’elle travaillait dans un service de soins palliatifs à Wilrijk. Un service qu’elle va d’ailleurs regagner en septembre.

Leena reconnaît son souci et son engagement pour les personnes âgées de Chennai: ‘Lorsqu’une personne décède la nuit, le corps est exposé dans le couloir. On prie constamment pour elle. Chaque patti ou tatta qui peut encore le faire, vient saluer le défunt. Vers midi, le corps (vêtu d’un sari blanc) est allongé sur une charrette, couverte de feuilles de palmier vertes entremêlées. On se rend alors en cortège – en chemin, nous semons des petites feuilles roses - vers le cimetière. Les feuilles de palmier sont d’abord déposées dans la fosse, puis vient le corps du patti, lequel est de nouveau recouvert de feuilles de palmier. Puis encore de la terre. Des bâtonnets d’encens et des bougies sont allumées.’ (...) ‘A la poussière tu retourneras. C’est comme cela que l’on dit, n’estce pas? C’était pur, tout était simplicité et beauté.’ ‘Un gros câlin pour Sambugam, un bisou pour Yesu et Carna, un clin d’œil pour Viknes, le regard pénétrant d’Isaac et le visage tout déconfit de Napoléon. Ce fut un joli séjour.’ Pondichéry était le lieu choisi par Leena, un lieu qu’elle avait également choisi parce que la ville donne sur la mer. ‘L’eau me calme, c’est un lieu de repos et de référence pour moi.’ Cette expérience est également suivie de trois petits points. Parce que ces neuf mois ont également donné matière à réflexion avant de se replonger dans l’aventure que la vie offre à Zoersel, à Lier, à Wilrijk et en tous lieux.

Marc VAN LAERE

Namaste, je salue la divinité qui est en vous.

Ceux qui ont 21 ans et plus et qui sont désireux de mettre leurs talents pendant un semestre au moins, au service de ‘Don Bosco’, en Afrique, en Inde, en Amérique du Sud ou en Amérique centrale, ont la possibilité de le faire avec le service de bénévolat ‘via Don Bosco’. Ecrire à marc.vanlaere@dmos-comide.org ou téléphoner au 02 423 20 82.

3/2009

Il y avaient également les expériences vécues en dehors de la Bosco Boys Home proprement dite. Fin novembre, il y a eu la tempête dans et autour de Pondichéry. Des averses interminables estompaient la différence entre le jour et la nuit. Quatre jours sans électricité. Avec father Majella, Leena s’en allait apporter de la nourriture à Cuddalore, à 20 kilomètres de distance, là où l’eau arrivait d’abord à hauteur de la poitrine et, lors de leur visite, à hauteur du genou. Autour de la maison Don Bosco, il y avait 800 familles dans le besoin qu’ils ont pu secourir.

atteints de polio. J’ai pu parrainer l’aménagement d’un potager et l’achat d’une vache. Cette vache s’est vue attribuer le prénom fantastique de Leena, n’est-ce pas génial?’ Le voyage de l’aller-retour pour Nanapallian s’effectue à moto, à travers champs. ‘C’est merveilleux. Et, une fois de retour à Pondichéry, m’entendre appeler par mon prénom de l’autre côté de la place, recevoir des dessins glissés dans ma main et être accueillie avec un rire enchanteur. Je reçois même un baisemain de Napoléon, l’un de mes gamins préférés!’

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de l’eau?’ A la longue, j’ai cependant fini par comprendre un mot par-ci, par-là. Il arrivait que nous partions, avec les garçons ou avec le directeur du centre, Gerard Majella, visiter la région. Vers Ooty, dans les montagnes, vers la grande ville de Coimbatore. A 140 dans le bus. Ou encore, nous assistions à des fêtes indiennes telles que Diwali et partions en voyage scolaire vers Chennai. Le matin, à 4 heures, dans le bus, avec une bande de boys hurlants, débordants de joie, sur une musique indienne mal jouée. J’aurais espéré pouvoir somnoler encore un peu. C’était donc hors de question. Trois églises à visiter, puis retour à la plage, ensuite une eucharistie avec plein de monde, pour reprendre le bus à 2 heures du matin et regagner Pondichéry. Ce n’était pas vraiment l’idée que je me faisais d’un voyage scolaire mais les boys trouvaient cela fantastique.’

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Saved By the bell 2009 Appel aux écoles En l’an 2000, les dirigeants du monde entier se sont engagés, par le biais des objectifs du millénaire, à garantir un enseignement de base pour tous les enfants en 2015. L’enseignement est un levier pour le développement. L’enseignement œuvre pour l’égalité des chances. Nous devons le leur rappeler, car le temps file … Les élèves sont parfois soulagés d’entendre la cloche et de pouvoir rentrer chez eux, un peu avec le sentiment d’être sauvés par le gong. Toutefois, plus de 100 millions d’enfants ne peuvent entendre, aujourd’hui, sonner la cloche de l’école. Même si c’est avec plaisir qu’ils saisiraient la chance d’aller à l’école. Pour eux, les mots sauvés par le gong ont un tout autre sens… C’est la raison pour laquelle Studio Globo, ism Klasse et de nombreuses organisations Nord-Sud, dont DMOSCOMIDE, organisent pour la troisième fois une action symbolique baptisée Saved by the

Cette année, l’action aura lieu le lundi 5 octobre. Ce jour-là, nous demandons de l’attention pour l’importance mondiale de l’enseignement et des enseignants en particulier. C’est pourquoi nous vous prions de laisser sonner, ce jour-là, à 15 heures, la cloche de votre école en solidarité avec tous les enfants qui, où qu’ils soient dans le monde, sont privés de leur droit à l’enseignement. Manifestez également votre solidarité avec les enseignants du monde entier qui, bien souvent, doivent enseigner dans des conditions difficiles.

‘Laissez sonner la cloche de votre école ce lundi le 5 octobre à 15 heures, et faites résonner le droit à l’enseignement dans le monde entier.’ bell, à l’occasion de la journée internationale des enseignants.

Nous nous adressons également à certains de nos partenaires dans le Sud afin qu’ils fas-

sent la même chose au même moment. Nous ferons retentir les cloches des écoles Don Bosco en Afrique, en Inde, en Amérique latine et aux Caraïbes afin d’alimenter et de ressentir encore davantage cette solidarité. Afin de concrétiser ce moment de sonnerie en Flandre, Studio Globo vous donne quelques conseils. Il y a également de toutes nouvelles suggestions de leçons pour préparer ce moment d’action en classe. Ces leçons, personnalisées en fonction de l’âge, pourront être téléchargées gratuitement sur le site www.savedbythebell.be. L’année dernière, il y a eu près de 65.000 participants. Nous souhaitons faire au moins aussi bien cette année. Serez-vous à l’unisson avec nous, le 5 octobre? Dans ce cas, ne manquez pas de vous inscrire avant le 7 septembre sur www.savedbythebell.be et voyez ce que vous pouvez faire pour le droit à l’enseignement dans le monde entier. Pour plus d’informations: Lut Van Daele Service éducation 02/423 20 83 lut.vandaele@dmos-comide.org

ou directement: savedbythebell@studioglobo.be www.savedbythebell.be


NORD

lemonde.be

En juillet 2010, Frits et Miet entreprendront une nouvelle randonnée parrainée en faveur des filles de la rue de Port Gentil, au Gabon. Les Sœurs de Don Bosco leur viennent en aide dans leur centre d’accueil et leur école. De la sorte, elles évitent à ces jeunes filles qui ont quitté la campagne pour la ville de tomber dans la prostitution.

Vous pouvez soutenir le nouveau projet par un versement sur le compte 435-8034101-59, accompagné de la mention ‘Frits Gabon’.

_ GUWAHATI / L'INDE Les bonnes idées ne viennent pas rarement de l’Est. A Guwahati, une ville située au Nord de l’Inde, de nombreux citoyens de premier plan se sont assis autour de la table, il y a quelques mois. Ils se sont demandé à quel point leur ville était conviviale à l’égard des enfants? Peuvent-ils jouer, étudier, sont-ils en bonne santé, ont-ils un logement décent et ... ont-ils suffisamment à manger? Au nombre des participants, figurait également le directeur d’un foyer Don Bosco de Guwahati. Father V.M. Thomas a fait forte impression avec son plaidoyer selon lequel ‘nous sommes tous personnellement responsables’ quand il s’agit des enfants. L’assemblée a décidé de travailler davantage en réseau et de placer la sensibilisation en haut de l’agenda de leurs diverses organisations axées sur les enfants.

De plus en plus de villes choisissent de mettre en exergue leurs liens avec le Sud par le biais d’expositions artisanales en plein air. Vous n’avez sûrement pas oublié les majestueux éléphants en bois de l’artiste sud-africain Andries Botha, exposés sur la plage à La Panne, au Zoo d’Anvers et au Musée de l’Afrique centrale de Tervuren. Toutefois, ce sera bientôt au tour de Gand de resplendir. Pour les fêtes gantoises de 2010, la ville souhaite illustrer (dans la rue) ses liens municipaux avec la ville sud-africaine de Mangaung, au moyen d’une exposition artisanale en plein air permanente. Vous souhaitez en savoir davantage? Rendez-vous sur le site www.gent.be/zuid-afrika

FA I R E ROUTE ENSEMBLE

Revue trimestrielle, Editeur responsable:

3/2009

Fritz Vandecasteele et Miet Provoost forment ensemble la Cellule d’animation ostendaise de DMOS-COMIDE. Chaque année, ils organisent une randonnée parrainée pour l’un des projets salésiens dans le Sud. Cette année, une école primaire salésienne, durement frappée par un ouragan en mars 2007, a occupé une place centrale. En juin 2009, Fritz et Miet ont remis personnellement le montant récolté. Leurs nombreuses actions de parrainage (conférences, salons, ...) et leur randonnée en solex vers Notre-Dame de la Salette, en France, ont rapporté un total de € 27.500. Grâce à cette somme, les sœurs de Don Bosco peuvent payer les travaux d’infrastructure nécessaires, l’équipement et la fourniture du matériel scolaire pour différentes années.

_ MANGAUNG / L'AFRIQUE DU SUD

Année 17, n° 3 Omer Bossuyt Bd Léopold II 195 B 1080 Bruxelles Tél.: (02) 427 47 20 fax (02) 425 90 31 E-mail: info@dmos-comide.org Internet: www.dmos-comide.org Compte bancaire: 435-8034101-59 IBAN : BE84 4358 0341 0159 BIC : BREDBEBB

Association pour une Ethique dans la Récolte de Fonds RÉDACTEUR EN CHEF: Françoise Léonard / RÉDACTEUR FINAL: Wouter Derijck / REDACTION: Omer Bossuyt, Lut Van Daele et Marc Van Laere / LAY-OUT: Anderz, Evergem IMPRIMERIE: Geers Offset, Oostakker / EDITION NEERLANDOPHONE: ‘Samen op Weg’ / PROCHAINE EDITION: quatrième trimestre 2009 / Toutes les personnes qui désirent recevoir cette revue peuvent en faire la demande à: DMOS-COMIDE, Boulevard Léopold II 195 à 1080 Bruxelles. Tél. (02) 427 47 20. Suivant les dispostions de la loi du 8 décembre 1992 concernant la protection de la vie privée, vos coordonnées sont insérées dans notre fichier d’adresses. Nous les utilisons uniquement pour la publication d’informations relatives à nos activités. Vous avez pleinement le droit de consulter notre fichier et d’y corriger vos coordonnées.

FA I R E R O U T E E N S E M B L E

_ ANKILILOAKA / MADAGASCAR

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