Belgïe - Belgique
Faire Route Ensemble 1
P.B. - P.P. Gent X 3/1751
Afgiftekantoor Gent X ISSN=1370-5814 P 602489
Premier trimestre 2012 // Revue trimestrielle: année 20, n° 1
let’s develop our future
Editorial & Table des matières
Thème // Jeunes, compétences, travail
Nouveau drapeau, nouvel élan Chers lecteurs, Dans la précédente édition de Faire Route Ensemble, nous avons consacré beaucoup d’attention au changement de nom de notre organisation. Sur la page de couverture, "DMOS-COMIDE" a été recouvert d’une couche de peinture pour faire place à notre nouveau nom: "VIA Don Bosco." Les festivités qui ont accompagné ce changement de nom sont passées, les bruits de la fête se sont estompés. Nous remercions tous les sympathisants présents à l’un des deux grands évènements organisés à cette occasion. Ils ont hissé avec nous le nouveau drapeau en nous souhaitant le meilleur pour les prochaines années. Il est bon et même nécessaire de faire la fête de temps en temps. Cela stimule pour avancer avec un élan renouvelé. Toute l’équipe de VIA Don Bosco entend poursuivre sur cette lancée et s’efforcer en 2012 d’insuffler de la force au nouveau nom. Tant nos donateurs – toutes les personnes et organisations qui nous soutiennent – que nos bénéficiaires, les jeunes qui sont touchés par nos organisations partenaires en Belgique et dans le Sud, ont le droit de savoir à quoi se réfère notre nouveau nom et à quoi nous voulons nous consacrer en tant qu’ONG de Don Bosco.
technique et professionnel, formel et informel, et sur le renforcement des capacités. De nombreux collaborateurs de ce service voyageront cette année dans tous les coins du monde, soucieux de partager encore plus intensément les préoccupations de nos partenaires. En ce début 2012, ils travaillent déjà à la préparation du prochain programme de développement. Cela demande beaucoup de concertation et une intense collaboration avec nos partenaires dans le Sud. Dans le courant de cette année, nous vous tiendrons régulièrement au courant des principaux thèmes qui guideront nos programmes de développement. Les prochaines éditions de Faire Route Ensemble vous en apprendront davantage à ce sujet. Nous savons, chers lecteurs, que nombreux sont les concitoyens qui ont débuté l’année 2012 avec anxiété, préoccupés par la sombre perspective des économies annoncées. Il est toujours difficile de vivre avec un peu moins. Nous tenons cependant à vous souhaiter une heureuse année 2012! Quant à nous, nous nous engageons à ne pas économiser nos efforts en faveur des plus faibles et nous osons espérer que votre solidarité avec eux ne subira pas de coupe sombre. Ensemble, continuons à nourrir la même espérance d’un monde meilleur. Omer Bossuyt Président
Notre Service Sud continue à mettre l’accent sur l’enseignement
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Et après l’école primaire?
Thème
Éducation au développement
3. Et après l’école primaire? A propos du Rapport mondial de suivi sur l’Education pour tous 2012 de l’UNESCO
10. Camp chantier au Sénégal Pour en finir avec les stéréotypes habituels 13. Interview avec Annemie Demedts
Coopération au développement
LeMonde.be
6. Haïti deux ans plus tard 7. Honduras Un des pays les plus pauvres d’Amérique centrale ploie sous la violence. Récit de voyage depuis Tegucigalpa
14. La Journée Internationale des Enfants de la Rue Pourquoi réserver le 12 avril dans votre agenda 15. A l’agenda
Le droit à l’enseignement ne se limite pas au droit à l’enseignement primaire. Il y a encore toute une vie à vivre par la suite.
Pour la plupart des Belges, la réponse à cette question est, heureusement, évidente: l’école secondaire. Soucieux de l’avenir de leurs enfants, quelques parents vont peut-être se casser la tête à essayer de comprendre les différences entre premier degré commun et premier degré différencié, ou entre enseignement général, technique, artistique et professionnel…. Dans la plupart des pays en voie de développement les préoccupations sont d’un tout autre ordre: il n’y a pour ainsi dire pas d’options. A l’enseignement primaire ne succède dans la plupart des cas aucun niveau d’enseignement, même si les enfants qui achèvent l’école primaire ne sont pas prêts pour le monde du travail: ils sont trop jeunes ou ne disposent pas des aptitudes nécessaires. Les donateurs commencent petit à petit à se rendre compte du problème, comme en témoigne le Rapport mondial de suivi sur l’Education pour tous (RMS EPT) de
l’UNESCO. Chaque année, l’RMS EPT dresse le bilan de ce qui a été fait l’année précédente pour atteindre le deuxième Objectif du Millénaire (MDG 2): assurer l’éducation primaire pour tous d’ici 2015. En 2012, le rapport sera consacré pour la première fois à l’importance des dernières années de l’enseignement de base (secondaire inférieur) et au développement des aptitudes professionnelles.
Plus que le droit à l’enseignement primaire Pour réaliser ce MDG 2, les gouvernements ont consacré beaucoup d’attention et de moyens pour rendre l’enseignement primaire accessible à tous les garçons et filles du monde entier. A juste titre, puisque l’article 26 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme rend l’enseignement élémentaire obligatoire. Aux autorités donc de rendre gratuit l’accès à l’enseignement primaire 3
Thème // Jeunes, compétences, travail
et à assurer que tous les enfants puissent jouir de ce droit. Pour aider les autorités des pays en voie de développement dans leur mission, de nombreux donateurs ont opéré un glissement dans le budget qu’ils dégagent pour l’enseignement au sein de la coopération au développement – un glissement en faveur de l’enseignement primaire. Mais le droit à l’enseignement est bien plus que le droit à l’enseignement primaire. Toute la période d’enseignement obligatoire doit être gratuite – sinon on peut difficilement contraindre les parents à envoyer leurs enfants à l’école. Actuellement, la durée moyenne mondiale de la scolarité obligatoire est de presque neuf ans, à compter de l’âge de six ans. Dans de nombreux pays, la scolarité obligatoire comprend donc également l’enseignement secondaire inférieur. De plus, l’article 26 préconise la généralisation de la formation technique et professionnelle. Le développement de compétences professionnelles n’est évidemment pas encore au programme à l’école primaire. Il est grand temps que les donateurs portent davantage
Peut-être ne faut-il pas considérer tous les travaux réalisés par des enfants comme nuisibles. Le travail à petite échelle, qui ne porte préjudice ni à la santé ni à l’enseignement ni à l’épanouissement personnel des enfants, peut contribuer à leur développement. Ironiquement, il arrive que le revenu rapporté par les enfants dans les pays en voie de développement permette aux familles d’envoyer leurs enfants à l’école! Le travail des enfants paraît donc parfois nécessaire pour garantir le droit à l’enseignement. En réalité, ce sont cependant uniquement les enfants des familles défavorisées qui doivent aller travailler. Tout comme chez nous, le travail des enfants n’est pas une norme culturelle générale dans les pays pauvres. C’est souvent une nécessité économique et la conséquence de familles brisées. Les chances pour que quelqu’un trouve un travail digne – un travail choisi librement et qui offre un revenu qui couvre les propres besoins de la personne et ceux de la famille; un travail sans danger qui protège de la discrimination; un travail qui donne droit à une pension décente – sont en outre d’autant plus élevées que la personne est bien formée. Quand on est peu qualifié et qu’on ne dispose pas des compétences qui comptent sur le marché de l’emploi, il est très difficile de trouver du travail. Et quand on trouve un travail, il est généralement mal payé, dangereux, mauvais pour la santé ou très dur. Le développement d’aptitudes professionnelles est dès lors une clé importante pour l’exercice effectif du droit à un travail décent. Raison de plus d’y consacrer de l’attention et d’adapter la répartition des budgets pour l’enseignement et la coopération au développement.
Compétences professionnelles : une clé essentielle pour un travail digne.
d’attention à cette question car il y a encore toute une vie après l’enseignement primaire.
Le droit effectif à un emploi digne L’âge minimum requis pour accéder à un travail rémunéré est fixé à 15 ans dans la plupart des pays. Ce n’est pas par hasard que cet âge correspond à celui d’un jeune qui a pu bénéficier de huit à neuf années d’enseignement 4
et communautaire plus vaste. D’un point de vue salésien, il est clair que l’enseignement technique et professionnel (aussi) doit être axé sur l’être humain dans son intégralité. L’apprenant ne peut être réduit à un acteur économique. Dans un projet éducatif, tous les aspects de la personne doivent être pris en considération: physique, technique, musical, politique, spirituel,... tous ces aspects qui font de l’être humain un être unique.
(gratuit). A l’instar des autres droits de l’enfant, le droit à l’enseignement doit en effet endiguer le travail des enfants.
Rectifier les attentes Donner une impulsion à la correction des budgets est une question que l’RMS EPT pourrait prendre à cœur en 2012. Il est tout aussi urgent de rectifier les attentes qui sont nourries à l’égard des écoles secondaires techniques et professionnelles, et à l’égard de toutes sortes de formations professionnelles combinant apprentissage et travail, comme l’enseignement à temps partiel ou de promotion sociale. Lorsque le secteur de la coopération au développement consacre de l’attention au développement d’aptitudes
Savoir ce qui marche Le Rapport mondial de suivi sur l’Éducation pour tous 2012 sur le thème du développement des compétences.
Enfin, nous espérons que l’RMS EPT nous éclairera sur "ce qui marche." L’expérience de nos organisations partenaires dans le Sud nous apprend déjà ceci: ■
professionnelles à travers l’enseignement et la formation, il se laisse en général guider par des considérations économiques: "la formation permet d’accroître la productivité de la main d’œuvre, ce qui conduit à la croissance économique;" ou "les aptitudes augmentent les chances d’insertion sur le marché du travail, ce qui mène à l’emploi." On investit souvent dans l’enseignement professionnel, partant de l’espoir que cela générera soit la croissance économique, soit une diminution du nombre de chômeurs. Malheureusement, ces attentes sont à la fois trop élevées… et trop peu ambitieuses. On dispose de peu de preuves que le développement des aptitudes professionnelles mène par définition à plus d’emploi et à une baisse des chiffres de chômage. Les gouvernements ne demanderaient pas mieux, surtout quand ils sont confrontés à un taux élevé de chômage des jeunes. Les jeunes en question pourraient en effet causer de l’agitation sociale. Les investissements dans toutes sortes de formes d’enseignement technique et professionnel sont dans de telles circonstances souvent destinés à maintenir les jeunes "hors de la rue" et à "les occuper." Dans les pays en développement surtout, ce raisonnement est d’autant plus attrayant que la majorité de la population a en moyenne moins de 24 ans. Mais on attend trop en fait. Pour réduire les taux de chômage (des jeunes), il faut en premier lieu investir dans une économie saine, génératrice d’emplois en suffisance. D’autre part, le point de vue économique est trop restreint. Le risque existe en effet que l’on veille essentiellement à ce que les formations professionnelles répondent aux besoins du marché et que l’on néglige l’épanouissement d’aptitudes axées sur un développement personnel, familial
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i nvestir uniquement dans des formations ne suffit pas; des mesures de soutien s’imposent également, telles qu’un accompagnement vers le monde du travail; p our atteindre les jeunes issus de familles plus démunies, il est nécessaire, dans le cadre de la formation, de prendre des mesures spéciales, dans le domaine du transport, des soins de santé, des livres et du matériel scolaire, ou de l’accueil des enfants; p our avoir de réelles chances de travail décent et d’intégration sociale, si les aptitudes techniques comptent, les "compétences pour la vie" ou l’épanouissement social et émotionnel sont au moins aussi importants..
Un peu plus loin dans ce Faire Route Ensemble, dans l’article sur le Honduras, on voit ces leçons concrétisées. Nous sommes curieux de savoir si elles se confirmeront dans le Rapport mondial de suivi sur l’Education pour tous 2012. Maud SEGHERS ■
Vous pouvez suivre la préparation du Rapport mondial de suivi sur l'Education pour tous 2012 via http://www.unesco.org/new/en/education/ themes/leading-the-international-agenda/ efareport/reports/2012-skills/ Le rapport sera publié en septembre.
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Coopération au développement // Haïti
Haïti deux ans plus tard
La reconstruction du collège Marie Dominique Mazzarello à Pétionville.
Le 12 janvier 2010 restera à jamais un jour noir pour Haïti. Ce jour-là, à 16h53 exactement, la terre a tremblé quelques secondes. Suffisamment en tout cas pour plonger un pays déjà en crise dans un chaos encore plus grand. Plus de 230.000 personnes ont perdu la vie. 400.000 ont été blessées, dont plusieurs milliers garderont un handicap pour la vie. 1,3 million de Haïtiens n’avaient plus de toit. Des chiffres hallucinants. La vague de solidarité que cette catastrophe a déclenchée a été tout aussi faramineuse.
La catastrophe Ces événements resteront gravés dans la mémoire de tous les Haïtiens. Nos partenaires, les pères et sœurs salésiens, ont eux aussi été durement touchés par le tremblement de terre. A La Saline, un des plus grands bidonvilles de la capitale Port-au-Prince, une école s’est écroulée, ensevelissant plus de 200 élèves et cinq religieux. Les élèves de l’école des sœurs à Pétionville étaient heureusement déjà rentrés chez eux. Presque tous les pères et sœurs ont perdu qui un membre de la famille, qui une connaissance, qui un ami… Ils ont dû, eux aussi, trouver refuge dans des tentes, car quasi tous leurs bâtiments se sont effondrés ou étaient trop abîmés. Sur les terrains des pères et sœurs, les gens affluaient, en quête d’aide. La communauté
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salésienne, active depuis 75 ans en Haïti, est connue en effet pour l’aide qu’elle apporte aux plus démunis. Après la catastrophe, ils ne sont pas restés les bras croisés. Soutenus par des organisations internationales telles que l’UNICEF et CARITAS et par les ONG salésiennes du Don Bosco Network, ils ont offert "le gîte et le couvert" sur leurs terrains. Entretemps, ils ont répertorié les dommages subis par leurs projets et établi des priorités. Les pères et sœurs ont centralisé la coordination de tous les projets dans ce qu’on appelle des "bureaux de planification et de développement." Ceux-ci constituent en même temps le point de ralliement pour tous les donateurs internationaux qui veulent collaborer avec la communauté salésienne en Haïti.
La reconstruction VIA Don Bosco collabore avec le réseau salésien des pères et sœurs en Haïti depuis la fin des années 1970. Après le tremblement de terre, nous avons donné suite à la demande urgente de nos partenaires pour la reconstruction de leurs centres éducatifs. Grâce à la contribution solidaire de nombreux particuliers et organisations en Belgique, grâce à l’action 1212, au gouvernement belge ainsi qu’à nos propres fonds,
nous avons pu affecter un montant de plus de 1.100.000 € à la reconstruction de deux écoles en Haïti. Une collaboratrice de VIA Don Bosco se rend régulièrement sur place pour assurer le suivi des projets. Nous constatons que les fonds sont bien utilisés et que les travaux progressent. A Pétionville (grande banlieue de Port-au-Prince), nous finançons la reconstruction du Collège Marie Dominique Mazzarello, qui comprend une école primaire et une école secondaire. La plupart des élèves sont issus des familles les plus pauvres, Pétionville étant situé dans un des quartiers les plus misérables de Port-au-Prince. L’école a pour ainsi dire été complètement dévastée par le séisme. La reconstruction se fait de manière professionnelle en collaboration avec des firmes spécialisées, dans le respect des normes qui doivent permettre aux bâtiments de résister aux tremblements de terre et aux ouragans. Avec une contribution de non moins de 822.000 €, VIA Don Bosco soutient la construction et l’équipement de 17 classes, trois labos et un bâtiment administratif. Plus de 1.500 jeunes défavorisés recevront ainsi chaque année une formation de qualité. Ce projet est coordonné par le bureau de développement des sœurs salésiennes. Les travaux avancent bien et le projet devrait s’achever d’ici avril 2012. A Gressier, les pères salésiens ont reconstruit une école fondamentale. Elle se trouve non loin de Port-au-Prince, en zone rurale, tout près de la côte. Elle compte quelque 500 élèves originaires de familles défavorisées des environs. Le tremblement de terre a détruit ou rendu inutilisables la majorité des bâtiments. La nouvelle école fait partie d’un grand complexe scolaire constitué de deux bâtiments (une école primaire et une école secondaire) et d’un internat. Ce projet de reconstruction a ceci d’unique qu’il est financé par différentes ONG salésiennes du monde entier. VIA Don Bosco est l’une d’elles, avec un apport de 318.000 €. Le bâtiment est prêt et a été inauguré en janvier 2012.
De l’espoir pour demain VIA Don Bosco offre non seulement un soutien financier pour la reconstruction des écoles mais propose aussi des formations en vue de soutenir les bureaux de planification et de développement des pères et sœurs. La catastrophe a été l’occasion pour les bureaux de planification et de développement de continuer à se déployer. Le secteur haïtien de la construction a désormais aussi l’occasion de faire ses preuves et crée de l’emploi. Ainsi, les sœurs se sont engagées avec la société de construction
L’école, havre de paix à Port-au-Prince.
haïtienne Kay Consulting. L’ingénieur Pompidou a travaillé pendant des années comme salarié dans une société de construction étrangère avant de créer sa propre petite entreprise. Sur le chantier de l’école à Pétionville, une centaine d’ouvriers travaillent sous sa supervision. Presque toutes les écoles des pères et sœurs en Haïti sont à nouveau fonctionnelles et en cours de reconstruction. Il leur reste à affronter de grands défis: construire des bâtiments capables de résister aux séismes et aux cyclones, trouver et gérer les fonds à cet effet, équiper les écoles du matériel nécessaire et recruter du personnel de qualité. Il leur faudra en outre accorder une attention spéciale au rôle crucial que joue l’école dans la préparation des élèves aux situations de crise et dans la prévention du choléra par une meilleure hygiène. Cette dernière épidémie a refait son apparition après le tremblement de terre, décimant en un rien de temps des milliers de vies humaines dans tout le pays. Les écoles des Salésiens sont souvent situées dans les quartiers les plus pauvres de Port-au-Prince, où règne un climat d’insécurité. L’école représente pour les élèves un havre de paix. Ils peuvent non seulement y jouer en toute sécurité mais y reçoivent aussi chaque jour un repas chaud. La poursuite de l’année scolaire, très rapidement après le séisme, a joué un rôle important sur le plan pédagogique, certes, mais plus encore au niveau psychologique. La réouverture des écoles est un signe que la vie reprend, ce qui donne de l’espoir aux Haïtiens. Maïka DENYS ■
Pour en savoir plus sur les pères et sœurs salésiens de Don Bosco en Haïti http://www.fmahaiti.org/ http://sdbhaiti.org/pages/
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Coopération au développement // Honduras
Le Honduras en l’an Maya 2012
outre, le centre propose une série de workshops de plusieurs jours consacrés aux "compétences pour la vie," durant lesquelles les adolescents sont confrontés à des défis tels que: le leadership, la confiance en soi, l’hygiène, la santé et la violence familiale. Le centre prévoit également un accompagnement psychosocial continu des jeunes qui se trouvent dans une situation à risque. Enfin, il se charge d’accompagner les jeunes sur le marché de l’emploi, afin qu’ils puissent immédiatement commencer à travailler une fois leur diplôme en poche. J’ai rencontré Pablo (15 ans), l’un des élèves du CFP, qui a abordé spontanément avec moi le quotidien de son école. Pablo me confia que le centre était devenu une deuxième maison pour lui, ses petits frères et ses amis. "Ici, on peut jouer au football et s’amuser sans courir de danger, et je suis très fier de devenir bientôt mécanicien-garagiste." De plus, Pablo a le sentiment qu’il peut toujours s’adresser à quelqu'un lorsqu’il a des problèmes ou souhaite tout simplement parler. L’ambiance familiale entre le personnel, les étudiants et la direction est exceptionnelle et la façon dont les ados me saluaient et conversaient avec moi témoignent d’une approche pédagogique adéquate et sérieuse. Pedro Chico, le directeur du centre, se montre lui aussi énormément soucieux du bien-être de ses étudiants.
La plupart des jeunes proviennent de Comayagüela, une ville en pleine expansion.
L’Amérique centrale est "la région la plus violente au monde" titraient fin octobre 2011 quelques journaux belges. Le Honduras, deuxième pays le plus pauvre de la région, n’échappe pas davantage à la violence liée aux bandes et au trafic de drogue. Le pays subit en prime les séquelles d’une période de troubles politiques – un coup d’État s’y est déroulé en 2009 – et peine à se redresser suite aux coups encaissés lors de la récente crise économique mondiale. L’actuel président, Porfirio "Pepe" Lobo, a promis l’an dernier, lors de son intronisation, de veiller à recoller les morceaux d’une nation éprouvée. Pour ce qui est de la sécurité du pays, on n’a hélas pas encore enregistré le moindre résultat positif, un échec que Pepe Lobo a publiquement reconnu le mois dernier. 2012 – la célèbre dernière année du calendrier maya – pourrait pourtant représenter une année exceptionnelle pour le secteur touristique du Honduras, un pays imprégné de la culture maya; c’est toutefois sans compter avec les tour operators qui, en raison de l’insécurité déclarée de ce pays, évitent de le promouvoir comme destination de voyage. Quelles sont les conséquences de ce climat de violence pour la population locale? Comment les jeunes d’aujourd’hui arrivent-ils à s’en sortir dans un pays qui est en crise depuis tant d’années? Et comment les missions salésiennes apportent-elles leur pierre à l’édifice?
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Un joyeux chaos J’ai rendu visite aux missions de nos partenaires dans la capitale du Honduras, Tegucigalpa, ainsi que dans la ville voisine de Comayagüela. Comme toute capitale d’Amérique latine, Tegucigalpa est vaste, très animée et chaotique. Klaxons de taxis, fumées noires recrachées par les autobus, vendeurs de rue passant le temps, femmes au foyer en train de bavarder et de nombreux jeunes qui traînent dominent dans le paysage. Mais bizarrement, la ville dégage aussi une impression de tranquillité et d’équilibre: les maisons et magasins hauts en couleur, le ciel toujours bleu, les collines en pente douce à l’horizon; tous ces éléments font de "Tegus" ce qu’elle est aujourd'hui: une ville où quelque 1,5 million d’Honduriens construisent leur avenir au quotidien.
Un apprentissage axé sur les compétences
La vie comme elle va La grande majorité des jeunes suivant une formation au CFP est originaire de Comayagüela, la ville qui forme avec Tegucigalpa le District Central du Honduras, et que seul un fleuve agité et d’un brun suspect sépare de sa grande sœur. Tout comme Tegucigalpa, Comayagüela est une ville en expansion. Le nombre de ses habitants a littéralement explosé ces dernières années, suite à l’arrivée massive d’habitants des campagnes venus s’installer en ville dans l’espoir d’une vie meilleure. Concrètement, cet exode rural a donné naissance à des centaines de quartiers populaires, accrochés tant bien que mal aux flancs des collines qui entourent les deux villes. Les quartiers en périphérie de Comayagüela sont dangereux et la vie y est difficile. Chaque jour, les médias honduriens rendent compte de fusillades, règlements de compte et enlèvements dans le District Central. C’est dans ce climat de violence que beaucoup de jeunes adultes tentent de survivre. Certains tombent sous la coupe des maras, ces bandes de jeunes redoutées qui comptent souvent des milliers de membres et vivent dans l’illégalité la plus complète.
VIA Don Bosco en visite au centre Don Bosco de Tegucigalpa.
les conduire en toute sécurité à l’école. La paroisse María Auxiliadora, un conglomérat de quartiers populaires de quelque 125.000 habitants, était notre destination finale. On trouve au cœur de cette banlieue un petit centre salésien – Campo Cielo – qui, par le biais de courts workshops, se consacre essentiellement à sensibiliser les jeunes à l’importance d’une formation et à toute une série de valeurs fondamentales. Le centre dispose de son propre dispensaire et d’un terrain de football – ce qui est loin d’être évident à flanc de colline – sur lequel des dizaines d’adolescents se réunissent chaque jour pour pratiquer un sport. Pendant notre entretien avec le père Pépé, un vieil Italien qui réside depuis de nombreuses années dans ce quartier, je fus effrayé par des coups de feu. Pépé ne sourcilla même pas : "Hier encore, deux jeunes ont été abattus dans le quartier." Grâce aux Salésiens de Tegucigalpa et de Comayagüela, plus de mille jeunes défavorisés ont trouvé à la fois une bouée de sauvetage et un refuge. La formation qu’ils suivent aujourd'hui permettra à ces jeunes, mais aussi à leurs familles et à leur entourage, d’espérer un meilleur avenir. Kaat TORFS ■
C’est en 1985 que les Salésiens ont créé à Tegucigalpa le Centro de Formación Profesional (CFP) Don Bosco, un centre où adolescents et jeunes adultes défavorisés ont la possibilité de suivre sept formations professionnelles de haut niveau. En
Lors de ce séjour au Honduras, Pedro Chico m’a emmené visiter Comayagüela. Nous sommes entrés dans la ville par le même petit pont qu’empruntent chaque jour pas moins de 15 minibus du CFP pour aller chercher les adolescents et
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Éducation au développement // Camp chantier
Pas dans une sorte de Club Med
étaient claires: ne pas encourager cette forme de mendicité. Adoptant la position de la tortue, le groupe fend la foule pour rejoindre les véhicules qui devaient nous conduire à Sessène, dans la région de Thiès. L'aventure sénégalaise a commencé.
Les chantiers Les jours suivants, les chantiers se mettent en place. Nous rencontrons les bénéficiaires du projet et le maçon avec lequel nous allons travailler. Après les explications et le choix de l'emplacement pour construire le poulailler, on organise le chantier. Souvent, les briques sont entreposées à l'extérieur du village. Parfois, le sable doit encore être extrait du sol. On résout les problèmes au fur et à mesure: on demande un cheval et une charrette pour aider au transport et, très vite, l'attelage arrive escorté d’une nuée d'enfants et d'ados qui viennent prêter leurs concours. Le ballet des bassines d'eau (travail des femmes) se met en place. Le mortier se prépare.
Mme Koumba, merveilleuse cuisinière et protectrice du groupe dans les contacts avec la foule.
Les projets ne manquent pas à l’Institut Don Bosco de Huy, mais une idée a trotté longtemps dans la tête de certains professeurs: sortir des murs de l’école, partir à la rencontre du monde. Un chantier au Sénégal fera vivre quelque chose d’encore plus proche de l'esprit salésien: devenir des partenaires dans un pays du Sud.
Sept petits mois de préparation Seulement la fin de la première période scolaire et une partie du congé de Toussaint pouvaient convenir… sept mois pour tout préparer, c’est court, mais tant pis: on fait une courte information avant Pâques à tous les futurs finalistes de l’année scolaire suivante, une idée approximative du projet ainsi qu’une ébauche de budget. L’idée séduit beaucoup de jeunes mais le coût estimé à 1.200 € fait mal! Douze d’entre eux s’inscriront, mais ils seront au final sept à relever le défi. Quatre gars et trois filles qui représentent pratiquement toutes les options, ce qui traduit que c’est un engagement personnel qui va les réunir. Les parents ont partagé le même enthousiasme que leurs enfants. Difficile à croire mais ils ont été particulièrement contents d’apprendre que leur progéniture n’allait pas dans une sorte de Club Med! Que l’hébergement se ferait à la dure dans
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des sortes de "baraques," avec des toilettes "à la turque;" que l’eau – non potable – viendrait de puits, que la nourriture serait exclusivement locale. Un des professeurs qui avait déjà été sur place et connaissait les réalités du terrain a pu les rassurer. Mais entre nous on ne parlait pas de privations et d’inconfort: nous allions vivre au cœur d’une communauté villageoise et travailler à la réalisation de projets concrets comme construire des poulaillers et débroussailler des terres pour implanter des jardins potagers biologiques. La magie était là: non pas visiter des projets réalisés grâce à notre financement mais les réaliser avec eux. "C’est ensemble que les deux mains travaillent le mieux," ce proverbe africain nous inspirait le goût de sceller une forme de solidarité.
Les plus jeunes enfants, qui ne vont pas à l'école car les parents ne sont pas assez riches, viennent voir les toubabs. On réalise avec eux des bracelets de perles, des jeux avec des bulles de savons, on les fait chanter. Ils parlent wolof, sérère ou bambara, mais la communication passe bien; avec les mamans aussi d’ailleurs et les rares hommes qui habitent le village. Parfois, ils nous récompensent avec un chant, une danse. Le thé à la menthe circule sur le chantier: il fait souvent 40 degrés et une pause fait du bien. On abandonne la pelle ou la truelle (remarquez la marque du singulier) pour chercher un peu d'ombre. Les Sénégalais continuent le travail – ils sont infatigables – mais ils ont beaucoup de respect pour nous: nous sommes les premiers toubabs qui partageons leur quotidien de la sorte.
Plusieurs élèves ont pu participer à une campagne de vaccination des petits enfants avec une bénévole de la "case santé." Elles ont aussi partagé des matinées avec les enfants de l'école maternelle voisine. Le décalage entre nos approches de la petite enfance a été souvent débattu dans nos soirées. Les instituteurs sénégalais sont très soucieux de leur autorité et n'hésitent pas à donner des fessées ou à secouer les enfants! Pas de tendresse au programme. Par contre, nous avons souvent été accueillis dans des classes du primaire (souvent plus de 70 enfants par classe) et à chaque fois, nous avons remarqué combien les enfants semblaient tenir à leur maître d'école. Cela reste donc fort paradoxal.
Immersion culturelle et détente Avant le repas du soir, bien souvent, une partie de foot s'engageait avec les garçons du coin. Une fois, nous avons rejoint un groupe de femmes et de jeunes filles qui s'étaient réunies pour fêter l'une d'elles. Les écouter chanter et les voir danser, c'était fantastique. Quand elles nous ont invités à faire de même, nous avons déclenché de nombreux fous rires! La nuit tombe très vite, à 19h00. Après le repas du soir, nous restions dehors quelque temps à bavarder ou bien les plus fatigués, se glissaient sous la moustiquaire pour se reposer. Les maçons et le technicien agricole ne travaillant pas le weekend, nous avons organisé une sortie de deux jours dans le Siné Saloum: ce furent des instants magiques que de rencontrer des villageoises qui se battent pour reconstituer la mangrove. Sans les forêts de palétuviers, toute la pêche en mer est menacée! Et des zones agricoles seront détruites à cause de la salinité des sols! Se déplacer en pirogue, nager et jouer dans la mer, nous a fait du bien.
Espoirs Quitter nos nouveaux amis n'a pas été simple. Notre vision des Sénégalais est à jamais marquée par ce que nous avons vécu avec eux et grâce à eux. Nous avons pu en finir avec les stéréotypes habituels et les condamnations stupides! Il reste une envie de croire que le peu de notre richesse que nous leur avons apporté les aide à mieux résister aux mirages de la ville et à sortir davantage de leur pauvreté. Il reste l'espoir que leur richesse, cette joie de vie incroyable, cette chaleur communicative, puisse s'immiscer pour toujours dans nos vies.
Les codes bousculés Arrivée de nuit à Dakar, dans un aéroport en pleine effervescence. Nos codes sont vite bousculés. La désorganisation règne, des Sénégalais ont envahi l'espace où on récupère nos bagages, proposant de nous aider gracieusement mais bien vite réclamant quelques euros pour leur peine! Nous avons vite compris qu'ici, mais ce sera le cas partout, pour beaucoup de Sénégalais, nous sommes des toubabs, des gens forcément riches. Les consignes
Etonnements, perplexité
Pas vraiment confortable, mais sympa et plus écolo que le 4X4.
Patrick GILSON ■
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Éducation au développement // Interview
Savoir ne suffit pas
aux jeunes qu’il n’y a pas que des problèmes dans le monde, et qu’ils peuvent également contribuer à trouver des solutions.
est crucial, car le fait d’être "touché" est très souvent le déclic qui amènera par la suite à s’engager et à agir. La formation des citoyens du monde fait souvent référence au concept de continuum éducatif: sensibiliser, conscientiser, mobiliser et pérenniser. Sur quel aspect faudrait-il insister ? Le continuum éducatif n’est pas un processus linéaire: les étapes ne se suivent pas dans un ordre bien précis, et une étape n’est pas supérieure à l’autre. La pratique a révélé qu’il n’est pas rare qu’un changement de comportement se produise avant un changement d’attitude. Les ONG investissent encore trop peu dans la mobilisation des jeunes. Il y a pourtant là d’énormes opportunités, car elles ont plus de possibilités de faire bouger les jeunes que les écoles. Hélas, leur offre est trop peu variée et trop axée sur les connaissances.
Annemie Demedts est responsable du soutien au Volet Nord au sein de ngo-federatie, la fédération des ONG flamandes spécialisées dans l’aide au développement. Notre interview a principalement porté sur la citoyenneté mondiale et l’éducation au développement. Cette dernière est une des composantes de l’éducation à la citoyenneté mondiale dont l’objectif général est de concourir à un monde plus juste et solidaire empreint des valeurs démocratiques. L’éducation au développement a comme spécificité de mettre en exergue les relations "Nord/Sud." Qu’entendez-vous par citoyenneté mondiale ? Nous avons atteint une vision commune au sein du groupe de travail "formation mondiale": les citoyens du monde sont des personnes qui ont les deux pieds solidement ancrés sur cette terre, et qui sont capables de poser des choix fondés et durables. Il ne s’agit pas seulement de connaissances, mais d’un ensemble de compétences qui peuvent être sollicitées à chaque fois que cela s’avère nécessaire. La citoyenneté mondiale est un concept qui intègre avant tout les notions de compréhension, de valeurs et d’empathie. Ce dernier élément
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Pour compléter ce continuum éducatif, il faut satisfaire à trois conditions essentielles avant de pouvoir arriver à un changement de comportement durable. La première condition, c’est la connaissance. Chaque jour, on rabat les oreilles de la majorité de la population avec les problématiques actuelles du monde, le plus souvent par l’entremise des médias. Mais savoir ne suffit pas. Sinon, toutes les personnes qui regardent le journal télévisé seraient des citoyens du monde. Une deuxième condition, c’est la foi (ou confiance) dans ses propres capacités. On doit se sentir compétent pour pouvoir changer quelque chose. Enfin, la dernière condition, c’est la construction d’une identité commune. Les gens veulent appartenir à un groupe, ils veulent faire des choses ensemble. Ils ne modifieront pas rapidement leur comportement s’ils ont peur d’apparaître comme des "inadaptés." Comment les écoles contribuent-elles à former des citoyens du monde ? Une étude de la KU Leuven consacrée à la formation mondiale est arrivée à la conclusion que la famille, la vie associative et les médias exercent la principale influence sur la création d’images, l’attitude et le comportement des jeunes. Mais l’impact de l’école est lui aussi apparu signifiant. C’est l’attitude au quotidien des enseignants qui influence l’image que l’on se crée de l’être humain et de la société. Et c’est là – ce que les médias ne peuvent faire – que l’on peut expliquer
Hélas, des études ont révélé que les compétences de nombreux enseignants à travailler par exemple sur les thèmes Nord-Sud sont affligeantes. Lorsqu’ils organisent quelque chose, cela tourne le plus souvent autour de la récolte de fonds. Ce n’est pas pour rien si l’enseignement est demandeur davantage de méthodologies éprouvées. Ces méthodologies doivent viser des groupes-cibles spécifiques tels que l’enseignement technique et professionnel. De plus, les enseignants doivent être plus fréquemment impliqués dans le concept et sa mise en œuvre.
Les citoyens du monde d’aujourd'hui réfléchissent à demain.
À quels égards les ONG peuvent-elles servir de fournisseurs externes adéquats ? 40% seulement des fournisseurs externes de matériel éducatif consacré à la thématique Nord-Sud chez "Annoncer la Couleur" sont des ONG. Il y a également des organisations du quatrième pilier qui proposent leur matériel ou leurs services aux écoles. Mais les ONG ont une plus-value évidente: nous avons une grande expérience du sud et une vision claire de la coopération au développement. La part de marché du fonctionnement à destination des écoles en Flandre ne doit pas être sous-estimée. Elle représente en effet pas moins de 26% du financement du volet nord par l’État. Mais si l’on examine les carences, on se rend compte que les "orphelins" de l’éducation au développement sont en fait les étudiants de l’enseignement technique et professionnel et les allochtones. 1% seulement des moyens est consacré à du matériel éducatif pouvant réellement être utilisé dans l’enseignement technique et professionnel. Pour la ngo-federatie, il est important que les ONG et l’enseignement accordent leurs violons. Comment y parvenir ? Les ONG et les écoles doivent tout d’abord veiller à ce que les enseignants aient la possibilité de collaborer de façon plus intensive. Par le passé, un travail interdisciplinaire était trop souvent synonyme de "travail en dehors des heures de classe." Il serait pourtant idéal que le professeur d’histoire puisse collaborer avec celui de géographie pendant les cours. Nous devons veiller à une intégration entre plusieurs branches. En deuxième lieu, en Flandre les différents types d’éducation (dont l’éducation au développement) ont reçu du Vlaamse Onderwijsraad le conseil de se concerter structurellement avec les collectifs scolaires. Ces collectifs souhaitent ainsi
renforcer les capacités des écoles et des enseignants dans la réalisation d’objectifs interdisciplinaires. Non pas en leur tenant la main, mais en leur apprenant à mettre leurs accents propres. Nous devons faire attention à ne pas prémâcher la besogne ou à fixer des programmes scolaires trop stricts en matière de citoyenneté mondiale. Les acteurs de l’enseignement voient les ONG comme un levier important de modernisation de l’enseignement (travail interdisciplinaire, renforcement de l’empathie, ...) et nous nous devons donc répondre aux évolutions actuelles dans l’enseignement. L’éducation au développement a un besoin urgent de typologie. Il nous faudrait pouvoir cartographier le stade d’avancement d’une école du point de vue de son action nord-sud. Cela constituerait un bon fil conducteur pour la mise en place d’une stratégie permettant aux ONG de travailler sur l’axe nord-sud dans les écoles. On saurait ainsi mieux quelles interventions doivent être menées dans quelles écoles et à quel moment. Si une école est encore dans la phase initiale de son action Nord-Sud, elle a peut-être besoin de produits prémâchés. Si par la suite elle évolue, elle aura sans doute davantage besoin de formes de travail plus actives. Dans ces deux phases, une autre ONG peut s’avérer utile. C’est également l’idée sousjacente du "mapping" de la ngo-federatie. Chaque ONG inscrit ses activités éducatives dans une banque de données, afin d’offrir une meilleure vue d’ensemble et de permettre une collaboration plus efficace entre ONG. VIA Don Bosco est favorable à une collaboration plus poussée et une harmonisation plus performante. Nous sommes également partisans de faire cartographier notre action. Bram VAN HAVER ■
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LeMonde.be // Journée Internationale des Enfants de la Rue
Conservez une place dans votre agenda le 12 avril 2011, le Consortium for Street Children a organisé, en collaboration avec 60 organisations partenaires originaires de 130 pays, la toute première Journée Internationale des Enfants de la Rue. Et il ne fait pas de doute que cette journée doit rapidement venir s’ajouter au calendrier, comme en témoigne l’avertissement du Consortium britannique: si l’on ne s’attèle pas rapidement à résoudre le problème – politiquement et socialement – il pourrait y avoir quelque 800 millions d’enfants des rues d’ici 2020.
Tout citoyen indigné, toute organisation de défense ou tout ongle incarné a aujourd'hui droit à sa "Journée Internationale." On compte ainsi l’éminemment poétique Journée Internationale de la Langue Maternelle, mais aussi la Journée de la danse, du sommeil, de l’astronautique (comment la fêtent-ils donc au Népal), journée des montagnes ou encore des chutes d’eau (comment donc la fêtent-ils en Mauritanie). Certaines journées font aujourd'hui partie de notre mémoire collective et nous en connaissons presque par cœur la date officielle: la Journée Mondiale du SIDA, la Journée Internationale des Femmes ou la Journée du Travail. Faites le test: pourriez-vous en citer cinq autres de mémoire?
À l’agenda Il reste toutefois une Grande Journée pour laquelle il convient de conserver une place dans votre agenda. Nous tentons le coup. Parce qu’il le faut. Non pas en raison de notre ongle incarné, mais parce qu’ils sont 150 millions: les enfants des rues de notre petite planète.
Dans notre pays, cette Journée Internationale a été essentiellement appuyée par Mobile School, qui soutient les autres organisations œuvrant en faveur des enfants des rues. En 2011, de nombreux bénévoles membres de cette organisation ont colorié à Louvain la place Ladeuze en y inscrivant 5.000 noms. En concertation avec ses partenaires boliviens, grecs, polonais, roumains et philippins, Mobile School s’engage à veiller à ce que le "12 avril" soit soutenu durant trois années par un maximum de personnes et d’organisations dans le monde entier, afin qu’il accède officiellement au statut de Journée Internationale reconnue par les Nations Unies.
Pas sans nous Cela fait de nombreuses années que, de son côté, VIA Don Bosco vous informe également du sort des enfants des rues de Lubumbashi, Cayambe ou Mumbai. Ils sont l’un des groupescibles de notre ONG, essentiellement axée sur l’enseignement professionnel. Il ne s’agit pas seulement pour nous de faire de la place aux enfants des rues sur les bancs de l’école ou sur une machine-outil dans l’atelier. Il s’agit également de leur accueil (extrascolaire) effectif, de l’accompagnement et, lorsque c’est possible, de la réorientation ou réintégration de ces garçons et filles d’Abidjan, Pondicherry et Huancayo. Nous croisons donc vigoureusement les doigts en espérant que la date du 12 avril viendra bientôt s’ajouter à l’agenda mondial et coloré de notre planète.
Evenement LeMonde.be // A l'agenda
31 mars: Date limite nominations Prix 2012 pour la Créativité des Femmes en Milieu Rural
2-6 avril: Formation en genre
Depuis 1994 la WWSF – Fondation Sommet Mondial des Femmes – attribue ce Prix aux femmes et aux organisations de femmes faisant preuve de créativité et d’un engagement exceptionnel dans le but d’augmenter la qualité de vie en milieu rural. Les dossiers de candidatures sont attendus pour le 31 mars 2012 au plus tard. Les prix seront attribués le 15 octobre 2012 à l'occasion de la Journée Internationale de la Femme rurale.
Le Monde selon les Femmes propose une formation pour formateurs et animateurs souhaitant se former en genre. Parmi les objectifs? Identifier les besoins et concevoir une action de formation; intégrer l'approche genre dans les formations.
Pour en savoir plus : http://www.woman.ch/index. php?page=nomination-guidelines&hl=fr_FR
3 mai: Formation éducation au développement Sudestan
4 week-ends de mai: Formation coopération au développement
Le Sudestan est un outil de sensibilisation aux relations Nord-Sud et au développement créé par le SCI (Service Civil International, à Liège). La formation permet de le découvrir et de se l’approprier afin d’être capable de l’animer. Elle est destinée aux professeurs et animateurs socioculturels ainsi qu’à toute autre personne intéressée par l’éducation au développement.
L'Infocycle organisée par la CTB, l’agence belge de développement, est une formation qui donne une vue d'ensemble de la coopération internationale et de la problématique des relations Nord/Sud. Les week-ends abordent des thématiques aussi variées que le contexte économique international, l’anthropologie, l’environnement, l’aide humanitaire, les actions des ONG ou encore la problématique du genre. Pour en savoir plus: http://www.btcctb.org/fr/inscriptionvormingen?nr=540
Pour en savoir plus: http://www.scibelgium.be/spip.php?rubrique58
Rédacteur en chef: Maud SEGHERS - Rédacteur final: Marc VAN LAERE - Rédaction: Omer BOSSUYT, Luk DELFT, Katrien DE WILDE, Arnoud FESTJENS, Eric JORIS - Lay-out: Pierre VANDEVIVERE - Imprimeur: GEERS OFFSET, Oostakker Editeur responsable: Omer BOSSUYT, Bd Leopold II 195, B-1080 Bruxelles Votre adresse est erronée ou vous avez déménagé? Veuillez nous communiquer les changements nécessaires afin que nous puissions vous envoyer le Faire Route Ensemble à la bonne adresse. Contactez VIA Don Bosco, Comptabilité des adresses, à l'attn. de Jan De Broeck et Peter Goossens, Bd Léopold II 195, B-1080 Bruxelles. Par téléphone: + 32 (0)2 427 47 20 ou par mail: viadonbosco@skynet.be Suivant les dispostions de la loi du 8 décembre 1992 concernant la protection de la vie privée, vos coordonnées sont insérées dans notre fichier d’adresses. Nous les utilisons uniquement pour la publication d’informations relatives à nos activités. Vous avez pleinement le droit de consulter notre fichier et d’y corriger vos coordonnées.
Partenaires: Association pour une Ethique dans la Récolte de Fonds
Marc VAN LAERE ■ Non pas que les enfants aient été jusqu’à présent oubliés dans l’agenda mondial. On compte ainsi déjà trois journées internationales pour les droits de l’enfant : la Journée Internationale des Enfants Soldats (12 février), la Journée Internationale contre le Travail des Enfants (12 juin) et la Journée Universelle des Droits de l’Enfant (20 novembre). Mais
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Pour en savoir plus: http://www.mobileschool.org. Ou devenez fan sur facebook de "We want April 12th as International Day for Street Children."
Pour en savoir plus: http://www.mondefemmes.be/genre-developpementformations_stages_formation-formateurs.htm
Voulez-vous nous soutenir? VIA Don Bosco Compte Banquaire: 435-8034101-59 IBAN: BE84 4358 0341 0159 BIC: KREDBEBB
Sponsors:
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Citoyenneté mondiale et mobilité sociale
VIA Don Bosco soutient des organisations en Afrique, en Asie et en Amérique Latine. Celles-ci ont pour objectif d’améliorer les capacités professionnelles et sociales de personnes défavorisées de façon à les intégrer dans le monde du travail. A travers nos projets d’éducation au développement, nous créons des liens entre des écoles belges et nos partenaires du Sud. De cette manière, nous contribuons à ce que les jeunes deviennent de vrais citoyens du monde. www.viadonbosco.org