Faire Route Ensemble 2012 n°3

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Belgïe - Belgique P.B. - P.P. Gent X 3/1751

Faire Route Ensemble 3

Afgiftekantoor Gent X ISSN=1370-5814 P 602489

Deuxième trimestre 2012 // Revue trimestrielle: année 20, n° 3

let’s develop our future

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Editorial & Sommaire

A mi-course Chers lecteurs, Avec ce troisième numéro, nous clôturons le premier semestre 2012. Le moment est venu de dresser un bilan intermédiaire. Ces derniers mois, le secteur de la coopération au développement a connu pas mal de remous. Le conseil des Ministres a approuvé un avant projet de loi du ministre de la Coopération au développement Paul Magnette, qui vise à moderniser la coopération internationale belge. Sans doute, il y aura des répercussions importantes pour les ONG dont les interventions sont cofinancées par le gouvernement fédéral. Toutefois nous n’avons pas attendu les résultats précis de la réforme pour entamer la préparation de nos prochains programmes de développement. Au cours de la première moitié de l’année, les collaborateurs du Service Sud ont consulté des partenaires en Afrique, Asie et Amérique latine. Quant aux collaborateurs du Service Education au développement, ils se sont occupés de l’accompagnement des écoles dans le cadre du projet School-to-School (s2s) Belgique-Inde et de la préparation de s2s Belgique-RDC.

Ces deux services ainsi que leurs partenaires ont été impliqués dans une évaluation externe des résultats enregistrés ces quatre dernières années par nos programmes. VIA Don Bosco place “l’apprentissage” dans toutes ses formes au centre de ses activités et de ses efforts, pour lui-même comme pour les partenaires dans le Sud. Vous aurez l’occasion de découvrir les conclusions de l’évaluation dans un prochain numéro. A partir de la présente édition, Faire Route Ensemble vous présentera régulièrement des projets que VIA Don Bosco prend sous son aile et qui sont soutenus par des “initiatives citoyennes” belges. Ce sont des projets en Haïti et au Brésil qui sont mis à l’honneur dans ce numéro. Mais l’événement le plus important de ce printemps est sans nul doute la nomination de notre nouvelle directrice, Maud Seghers. Depuis le mois de mai, VIA Don Bosco est heureux d’accueillir à son bord un capitaine qui nous guidera en toute sécurité et avec compétence dans les eaux tumultueuses du secteur du développement. Nous souhaitons à Maud beaucoup de succès dans sa nouvelle fonction. Omer BOSSUYT Président

Thème

Éducation au développement

3. S'adapter à la demande du marché Jeunes, compétences et travail en RDC.

10. Ballon du Millénaire Marquer des buts pour le développement. 12. Interview de Britt Dehertogh

Coopération au développement 6. Partenaires 8. Nord-Est indien Adivasi dans les difficultés jusqu'au cou.

LeMonde.be 14. Journée mondiale des enseignants 5 octobre: Saved by the Bell. 15. A l'agenda

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Thème // Jeunes, compétences, travail

S’adapter à la demande du marché en RDC

Lubumbashi connait un boom dans la construction. Les CFP. de Don Bosco répondent à la demande.

La nécessité d’un progrès social s’impose en République démocratique du Congo (RDC). Les statistiques du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) en disent long. Depuis, l’an 2000, la RDC occupe la dernière place du classement annuel des pays établi par le PNUD suivant l’indice de développement humain. Une place peu enviable que le pays conserve encore aujourd’hui. Cette situation gravissime n’étonne guère après des années de dictature, de fraude et de conflits continuels. Il ne fait aucun doute que les effets se feront encore sentir longtemps. Heureusement, des améliorations se profilent au Congo cette dernière décennie. Le pays est désormais plus stable qu’il y a dix ans et l’économie affiche à nouveau des signes de croissance, même si ce n’est jamais qu’en comparaison avec les statistiques déplorables du début du siècle.

Contextes différents Mais même la croissance fragile qui se dessine actuellement ne se transformera en développement que si toute la population peut en profiter. Et c’est là que le bât blesse. Trouver un travail décent dans un pays où 73 pour cent de la population est sans emploi, ce n’est pas une sinécure. Une formation sérieuse et de solides compétences constituent indéniablement un atout. Les partenaires locaux de VIA Don Bosco sont confrontés à une tâche essentielle: ils ont à faire coïncider leur offre de formations le mieux possible à la demande du marché. Reste que la demande du marché n’est pas partout la même et ne se manifeste pas partout avec autant d’intensité. La RDC est le plus grand pays d’Afrique sub-saharienne.

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Thème // Jeunes, compétences, travail

local. A Mbuji-Mayi, on paye 50 dollars pour un sac de ciment qui coûte 15 dollars à Lubumbashi! L’économie de la pauvre Mbuji-Mayi tourne - ironiquement en grande partie autour du diamant. Des milliers d’enfants, d’hommes et de femmes passent leur temps à extraire les pierres précieuses avec pelle, bêche, passoire et corde. La méthode artisanale de ces creuseurs est bien éloignée de l’industrie minière avec ses grandes machines et ses plantureux investissements. Comme les diamants sont de plus en plus difficiles à trouver, la descente dans les galeries devient de plus en plus dangereuse et de moins en moins rentable. Pourtant, beaucoup continuent à y placer tous leurs espoirs. La découverte d’une seule belle pierre peut en effet rapporter quelques centaines de dollars, l’équivalent de longs mois de travail dans un autre secteur. Exploitation minière artisanale à Mbuji-Mayi ... peu de perspectives pour un futur meilleur.

Si plusieurs problèmes sont communs à tout le pays, les contextes au sein du Congo sont toutefois très différents. Ainsi, il semble indispensable d’investir partout dans l’enseignement professionnel et l’accompagnement vers le marché du travail pour donner aux jeunes des perspectives de vie meilleure; l’approche spécifique devra cependant être adaptée aux différentes régions. Même les deux plus grandes villes du pays – Mbuji-Mayi, la capitale de la province du Kasaï oriental, et Lubumbashi, la capitale du Katanga – ne se ressemblent guère.

Pays du diamant Le nombre d’habitants de Mbuji-Mayi oscillerait selon diverses instances entre 1,5 et 3,5 millions. En fonction du chiffre choisi, Mbuji-Mayi est la deuxième ou troisième plus grande ville du Congo, juste avant ou après Lubumbashi. Pourtant, les salésiens présents décrivent Mbuji-Mayi comme un grand village. Quand on se promène en rue, rien ne laisse soupçonner une population aussi dense. La ville ne compte que quelques routes asphaltées et aucun immeuble à étages. Le réseau électrique limité ne couvre que le centre de la ville. Par ailleurs, Mbuji-Mayi est isolée du reste du pays. Les routes sablonneuses vers Kinshasa et Lubumbashi sont en mauvais état et les camions tout terrain mettent une semaine, avec un peu de chance, pour livrer leurs stocks de marchandises. Les avions-cargos augmentent l’importation mais coûtent trop cher pour acheminer certains produits. Tout cela explique les prix astronomiques sur le marché

Entreprendre de manière appropriée Mais à Mbuji-Mayi, il n’existe pour ainsi dire pas d’entreprises pourvoyeuses d’emplois. Les habitants qui choisissent de ne pas se lancer dans la recherche de diamant aboutissent encore toujours dans l’économie informelle. Le marché central, par exemple, fourmille de monde. Des centaines de vendeurs tentent d’y écouler leur production … sans grand succès. La population locale ne dispose souvent pas des ressources suffisantes pour acquérir les biens proposés. Celui qui veut vendre au marché de Mbuji-Mayi doit produire les rares biens et services pour lesquels il y a une demande, confectionner des vêtements mieux finis que les autres, réparer des moteurs mieux que la concurrence ou se distinguer par le goût de son pain ou le prix de ses légumes. En d’autres mots: quiconque veut gagner un peu d’argent doit développer ses compétences techniques pour pouvoir fournir de bons produits et se perfectionner dans le domaine de l’entrepreneuriat et du dynamisme social. Dans l’économie informelle on doit se battre sur tous les fronts: en tant qu’entrepreneur sur le marché, mais aussi en tant qu’être humain contre l’insécurité d’existence et la concurrence acharnée. Nos partenaires locaux l’ont bien compris. Ils dispensent aux jeunes défavorisés une formation intégrale. Les formations professionnelles au centre de formation Mazzarello, dirigé par des Sœurs de Don Bosco, associent les compétences techniques et sociales à l’esprit d’entreprise. La dernière année, les jeunes créent leur propre petite entreprise et bénéficient d’un accompagnement de qualité. Les petits profits engrangés les stimulent à aller plus loin et leur

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permettent d’investir dans leur micro-entreprise. Petit à petit, ils parviennent à développer quelque chose pour et par eux-mêmes et deviennent plus forts face aux aléas de la vie.

dans le progrès social que d’autres autorités dans le pays. Raison pour laquelle, à Lubumbashi et dans les environs, les problèmes auxquels Mbuji-Mayi doit faire face sont moins présents.

Le pays du cuivre et du cobalt Miser sur du travail décent Comparativement à Mbuji-Mayi, Lubumbashi entretient des contacts plus aisés avec le reste du monde. La ville est située à une trentaine de kilomètres de la frontière avec la Zambie, les routes y sont relativement bonnes, un aéroport international et des câbles internet en fibre de verre relient la capitale économique du Congo avec l’étranger. L’économie repose ici aussi en grande partie sur l’exploitation minière, mais le cuivre et le cobalt, les minéraux qui abondent au Katanga, se prêtent beaucoup plus facilement à l’exploitation industrielle à grande échelle que le diamant de Mbuji-Mayi. Les chances d’investissements plus stables à long terme sont de ce fait nettement meilleures, bien que beaucoup dépende des prix sur le marché international des matières premières. Lorsque ceux-ci grimpent, les mines de cobalt et de cuivre du Katanga attirent surtout des investisseurs étrangers, en provenance de l’Occident et plus fréquemment de Chine. Les creuseurs artisanaux sont ici moins nombreux qu’à Mbuji-Mayi et l’économie formelle occupe une place plus proéminente. Au Katanga aussi, les gains énormes issus des mines échappent au gros de la population locale; les autorités provinciales semblent toutefois plus soucieuses d’investir

La croissance des investissements étrangers dans l’exploitation minière s’accompagne d’effets secondaires dans d’autres secteurs. La construction, par exemple, en tire profit parce qu’on investit dans l’infrastructure. Cela veut dire aussi de nouvelles chances sur le marché du travail. Mais les investissements étrangers dans l’infrastructure occasionnent des tensions sociales. A Lubumbashi, les ouvriers engagés par des entreprises chinoises se retrouvent souvent sur le même chantier que les ouvriers d’entreprises occidentales. Ces derniers gagnent le quadruple pour le même travail. Il est clair que cela démotive les jeunes qui ne trouvent du travail que dans les entreprises chinoises. Dans ce contexte, une bonne formation prouve aussi toute son utilité, estiment nos partenaires locaux. La maîtrise de techniques modernes permet aux jeunes d’être plus facilement embauchés chez les meilleurs employeurs. C’est une des raisons pour lesquelles les responsables des centres de formation professionnelles (CFP) salésiens ont entrepris d’actualiser le programme d’études de l’option “construction” et de créer plusieurs spécialisations dans les différents CFP de Lubumbashi. Les CFP, qui comptent surtout d’anciens enfants des rues parmi leurs élèves, voient leurs efforts porter des fruits. Leurs jeunes racontent en effet maintenant qu’en rue, en cirant des chaussures ou en exerçant d’autres petits boulots, ils gagnent parfois plus que chez des employeurs chinois. Il n’est pas difficile de deviner quelle “demande du marché” sera la plus forte s’il n’y a pas d’alternative viable. Faire coïncider les formations aux besoins du marché du travail, c’est indispensable. Nos partenaires en sont convaincus. Mais ils attendent des autorités congolaises qu’elles mettent en œuvre une politique d’emploi décente pour les jeunes et un cadre légal qui protège les ouvriers salariés de l’exploitation. A juste titre! Stefan LOPEZ HARTMANN ■

Apprendre à cultiver pour le marché local.

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Coopération au développement // Partenaires

Pour eux, avec eux aussi avec des initiatives citoyennes. Il s’agit en premier lieu d’actions qui se situent dans notre propre domaine d’action – l’enseignement et la formation pour des groupes défavorisés – ou soutiennent des projets Don Bosco dans le Sud.

L’école, pour lutter contre l’exploitation des “restavek”

Les citoyens du monde d'aujourd'hui veulent agir de manière personnelle.

Après un voyage sac à dos à Haïti, Angelika est hantée par la pauvreté dont elle a été témoin, par le courage des enfants obligés de travailler pour aider leur famille à joindre les deux bouts. L’infirmière décide alors d’y retourner, comme bénévole cette fois, et soutient la création d’un dispensaire, lié à une école Don Bosco à Pétionville. Elle devient aussi viceprésidente de Farnières-Haïti, une initiative citoyenne belge qui se dévoue corps et âme pour Haïti pou ti moun yo (Haïti pour tout le monde). La Flandre à elle seule compterait déjà, selon les estimations, plus de 1.100 initiatives actives dans le domaine de la solidarité internationale. Les projets citoyens existent en fait depuis des dizaines d’années. Il suffit d’évoquer les nombreux groupes de soutien pour missionnaires qui ont vu le jour dans les années 1950, dont un grand nombre continuent à retrousser leurs manches pour le Sud. Ces initiatives ont leur propre dynamique: les citoyens (du monde) d’aujourd’hui veulent souvent agir, faire quelque chose de personnel, de direct, qui a du sens. Grâce aux voyages et à l’usage judicieux des moyens de communication contemporains, ils peuvent compter sur des contacts personnels et une implication directe. Cela fait des décennies que VIA Don Bosco entretient des liens avec des groupes de soutien et depuis plusieurs années

Farnières-Haïti en est un excellent exemple. En 2001, ce groupe s’est fixé comme objectif de donner aux enfants et aux jeunes de Haïti, le pays le plus pauvre du continent américain, des perspectives de vie meilleure en leur offrant la possibilité d’aller à l’école. C’est la situation dramatique des “restaveks” (dérivé de “rester avec”), ces enfants de familles extrêmement pauvres, main d’œuvre bon marché mise au service de familles plus prospères, qui a fait vibrer la corde sensible. En soulageant le budget familial de familles démunies, on peut éviter que des enfants soient obligés de travailler comme “restavek.” C’est dans ce contexte que Farnières-Haïti a lancé en 2011 son projet de parrainage. Avec un don financier annuel, un parrain ou une marraine belge assure le parcours scolaire d’un enfant à Port-au-Prince. Sans ce soutien financier, il ne serait pas question d’éducation pour eux. Le projet est mené en collaboration avec la Fondation Rinaldi, le bureau de développement des salésiens en Haïti qui fait en sorte que l’argent arrive au bon endroit, et avec la communauté salésienne de Thorland, qui assure le suivi. Un éducateur a été engagé afin de veiller dans les différentes écoles participantes à ce que les enfants fréquentent les cours régulièrement. Reginaldo s’efforce aussi de les soutenir et de les motiver, car à la maison, les enfants ne peuvent pas toujours compter sur l’encouragement nécessaire. Actuellement, une centaine de jeunes vont à l’école grâce à Farnières-Haïti. Dans une prochaine phase, les partenaires espèrent fonder une école de devoirs où les enfants pourront tranquillement faire leurs devoirs sous la houlette de Reginaldo. Une première évaluation du projet de parrainage a en effet révélé qu’une partie d’entre eux avait bien du mal à étudier à la maison, en raison du manque d’espace, de l’absence d’éclairage, etc. L’école de devoirs va sans nul doute améliorer leurs chances de réussite à l’école!

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5.000 km plus au sud Il n’y a pas que dans cette île frappée par la pauvreté que des jeunes peuvent compter sur l’appui d’initiatives citoyennes belges. Au Brésil aussi, l’aide est toujours la bienvenue. Si l’économie brésilienne connaît une croissance fulgurante, quelque 8,5 pour cent de la population vit encore sous le seuil de pauvreté officiel.

début de 2012 de prendre part à son “Programa Trilha” qui veut former des jeunes défavorisés et les aider à trouver du travail à court terme. L’équipe de Freddy Goven s’occupe maintenant de la formation de 90 jeunes dans l’horeca, la plomberie, la mécanique automobile et la soudure: ils suivent des cours intensifs, tant pratiques que théoriques, pendant six mois. Durant cette période, ils reçoivent également une indemnité financière de 400 reais, grâce à laquelle ils ne sont pas obligés de pourvoir à leur subsistance d’une autre manière.

En 1979, le prêtre Freddy Goven s’installe à Alagoinhas, une ville de Bahia, l’un des États les plus pauvres du pays. Sur une place, il rencontre un enfant abandonné, le regard vide, apathique. Ricardo, neuf ans, mourra ce jour-là à l’hôpital, victime de sous-alimentation et de négligence grave. Sous le coup, Goven se promet qu’il fera tout en son pouvoir pour que cela n’arrive plus. Pastoral do Menor de Alagoinhas voit le jour quelques années plus tard. Plus de 30 ans plus tard, le projet jouit encore d’un large soutien en Belgique, surtout à Dilbeek et environs, d’où le prêtre est originaire. Le groupe de travail d’Etterbeek Enfants des rues d’Alagoinhas soutient Pastoral depuis plus de 16 ans, à l’instar du Fi y-One Club de Dilbeek et du Rotary Club de Gaasbeek qui apportent régulièrement leur pierre à l’édifice. Relations personnelles et confiance dans les talents du partenaire dans le Sud constituent la principale caractéristique des initiatives citoyennes qui abondent dans notre pays. Et les missionnaires belges, quoique de plus de plus rares, peuvent encore compter sur un important capital de confiance.

Confiance justifiée Pastoral a créé il y a quelques années un centre de formations professionnelles. En dépit de l’afflux d’écoliers, l’école a été contrainte de fermer ses portes en 2009 par manque de soutien financier. Entre-temps, Pastoral s’est fait connaître auprès des pouvoirs publics qui apprécient son action. Et comme Bahia ne possède pas de section du Servicio Nacional de Aprendizaje Industrial (SENAI), le gouvernement fédéral a demandé à Pastoral d’assumer le rôle de SENAI à Bahia. Depuis l’an dernier, plus de 110 jeunes suivent des cours un jour par semaine chez Pastoral et travaillent quatre jours comme apprenti(e)s dans une entreprise. Après deux ans, ils reçoivent un diplôme homologué. Les collaborateurs de Pastoral contrôlent régulièrement si les entreprises accompagnent les jeunes comme il se doit. La collaboration avec l’État de Bahia se poursuit. Après une étude de marché, le gouvernement a demandé à Pastoral au

Pastoral prépare les jeunes à un travail décent.

La phase expérimentale du programme a remporté un tel succès que le gouvernement a proposé de poursuivre Trilha. Mieux encore, il a chargé Pastoral d’en assurer l’extension à six communes autour d’Alagoinhas! Il arrive que des ONG et autres acteurs de la coopération au développement regardent avec commisération ces initiatives citoyennes qui semblent pousser comme des champignons. Absence d’ancrage local, de réflexion à long terme et d’une approche structurelle ... telles sont les critiques fréquemment entendues. Des critiques qui ne se justifient pas forcément, comme le sait VIA Don Bosco depuis longtemps, grâce à Pastoral do Menor de Alagoinhas et Farnières-Haïti. Kilian DE JAGER ■

Envie d’en savoir plus sur Farnières-Haïti ou Pastoral? Consultez: http://www.farnieres-haiti. org/ et http://nbpastoral.alfapapatwo.be

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Coopération au développement // Nord-Est indien

Les Adivasi dans les difficultés jusqu’au cou

Alors que les Belges se préparaient aux grandes transhumances estivales vers le soleil, la mer, la plage, des millions d’Indiens d’Assam, au nord-est de l’Inde, prenaient eux aussi le départ. Ou plutôt la fuite. Ils ont dû quitter leur maison suite aux grandes inondations dues aux fortes pluies saisonnières de la mousson. De nombreuses rivières sont sorties de leur lit et on ne compte plus les villages sous eau. D’autres États ont également été touchés par ces inondations, les plus graves depuis 14 ans selon les autorités locales. La récolte de thé, qui fait la réputation d’Assam, a été détruite en grande partie.

possibilités d’exportation de la région. Une médaille qui a cependant son revers. L’industrie du thé d’Assam est jusqu’au jour d’aujourd’hui portée en grande partie par le travail manuel des Adivasi ou tribus aborigènes. Le terme est peutêtre mal choisi (les tea tribes proviennent à l’origine d’autres parties de l’Inde), mais en dit long sur le sort qu’ils partagent avec d’autres populations aborigènes du monde. Amenés à Assam par les Anglais au 19e siècle comme main d’œuvre bon marché, les Adivasi n’ont jusqu’à présent pas réussi à échapper à ces conditions misérables.

Déracinés et négligés

Depuis des générations, les tea tribes travaillent dans des plantations de thé appartenant à de grands propriétaires terriens. Les femmes cueillent des feuilles de thé huit heures par jour, six jours par semaine. En fonction du propriétaire, elles gagnent un salaire journalier fixe ou sont payées par panier. Leur salaire ne dépasse pas 50 roupies ou environ un dollar par jour. Moins que le seuil de pauvreté international de 1,25 dollar par jour.

Le Nord-Est indien se serait bien passé de cette catastrophe. Cette région isolée ne connait pour ainsi dire pas de croissance économique. Les obstacles sont légion: problèmes de sécurité latents, manque d’infrastructure et mauvaise gestion. Les 10 pour cent du budget total de tous les ministères et départements que le gouvernement central consacre depuis la fin des années 1990 au développement du nord-est de l’Inde ne semble guère faire avancer les choses. La corruption au niveau régional est trop grave, expliquent des activistes humanitaires. La plus grande activité agro-industrielle est la production de thé, concentrée dans l’État d’Assam. C’est l’une des rares

Lorsque les Adivasi parviennent à se libérer d’un tel joug, leur subsistance reste précaire car liée à une agriculture de survie. De plus, les autorités ne les considèrent pas comme un groupe minoritaire spécifique ou scheduled tribe. Ce qui explique qu’il est difficile pour eux de se joindre à d’autres minorités ethniques et de bénéficier d’un semblant de protection. On

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peut dès lors se demander si les tea tribes auront accès aux ressources que le gouvernement indien a débloquées suite aux inondations.

Les femmes particulièrement touchées Tous les groupes démographiques ne sont pas touchés de la même manière par les catastrophes naturelles. Force est de constater que les femmes sont particulièrement vulnérables. Une compréhension rapide et correcte des informations, par exemple, revêt beaucoup d’importance quand il s’agit de se préparer à des catastrophes, mais suppose un minimum de connaissances de base et l’accès à des moyens de communication – deux choses qui font souvent défaut aux femmes. Quand on regarde le degré d’alphabétisation, il oscille pour les femmes Adivasi autour des 18 pour cent, alors qu’il est estimé à quelque 73 pour cent pour l’ensemble de l’État d’Assam. Les femmes qui travaillent sont en outre surreprésentées dans le secteur agricole – qui souffre évidemment beaucoup des inondations ou autres catastrophes naturelles. Elles sont de ce fait aussi particulièrement durement touchées par le chômage après ces catastrophes. Sans compter que les femmes n’ont pas les mêmes possibilités que les hommes de quitter les régions touchées pour chercher du travail ailleurs. La responsabilité de la famille, tant des enfants que des personnes âgées, les rend beaucoup moins mobiles. La mousson est un phénomène récurrent annuel dans la région et il est donc primordial d’aider la population, et en premier lieu les femmes, à y faire face. Les changements climatiques ne feront qu’empirer le problème et l’Inde ferait donc bien de s’armer contre leurs conséquences, comme l’indiquait déjà un rapport du Panel climatique international des Nations Unies (IPCC) en 2007. On y annonçait que les schémas de précipitations changeraient considérablement en Inde. Le pays sera confronté à des pluies plus intenses durant de courtes périodes, mais subirait tout au long de l’année des sécheresses fréquentes et persistantes – une catastrophe pour l’agriculture, tout comme les pluies trop abondantes de l’été passé.

Mieux se préparer aux catastrophes Rendre les femmes Adivasi d’Assam moins vulnérables: c’est précisément ce que font les partenaires locaux de VIA Don Bosco. Ils veulent atteindre cet objectif par le biais de formations informelles et en encourageant l’entreprise axée sur l’économie sociale. Dans le Nord-Est indien, les Sœurs de

Huit heures par jour pour moins d'un dollar.

Don Bosco aident les femmes des couches inférieures de la population à former et à maintenir des groupes d’entraide. Elles accompagnent déjà plus de 300 groupes de femmes, qui comptent au total plus de 4.500 membres, essentiellement dans des zones rurales. Il s’agit de créer des moyens de subsistance alternatifs, de manière à ce que les femmes deviennent moins dépendantes de l’agriculture pour leurs revenus. En attendant, on leur propose des cours d’alphabétisation et on stimule leurs compétences en matière de leadership. L’objectif est de préparer des membres de ces groupes de femmes à prendre part aux conseils de village ou panchayati raj et d’y défendre leurs droits et leurs intérêts. Les préoccupations spécifiques des femmes ne peuvent plus être ignorées lors de décisions concernant la gestion locale de l’eau (de grande importance dans des régions facilement inondables) ou lorsque les autorités locales entrent immédiatement en action après des catastrophes naturelles pour protéger la population. Le risque de catastrophes naturelles est extrêmement élevé en Inde, en premier lieu en raison de la situation géographique du pays, mais de plus en plus aussi à cause du changement climatique. Un élément contre lequel nos partenaires ne peuvent pas faire grand-chose. Un plaidoyer pour orienter la politique climatique dans la bonne direction est indispensable mais c’est un travail de longue haleine. Que peut-on et que doit-on faire dès maintenant? Accroître l’adaptabilité des groupes les plus vulnérables. Un objectif que vous avez la possibilité de soutenir.

Danny VAN DE PUTTE ■

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Éducation au développement // Ballon du Millénaire

Marquer des buts pour le développement

Il est crucial que les jeunes d’aujourd’hui, qui seront appelés à devenir de véritables citoyens du monde, soient conscients des grands défis qui attendent le 21ème siècle. Les huit Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), que 189 États membres de l’ONU ont adoptés, recouvrent les principaux enjeux humanitaires actuels: la réduction de l’extrême pauvreté et de la mortalité infantile, la lutte contre plusieurs épidémies dont le SIDA, l'accès à l’éducation, l’égalité des sexes, et l'application du développement durable. Il a beau avoir été convenu que les objectifs seraient atteints d’ici à 2015, le temps s’écoule sans que l’on sache précisément ce qui a bel et bien été accompli. Plus il y aura de personnes sachant en quoi consistent les OMD et plus il y aura de gens susceptibles de rappeler aux gouvernements leurs promesses à cet égard.

Réfléchir sur les relations Nord-Sud Des jeunes de 14 à 16 ans provenant de plusieurs régions de Wallonie et de Paris ont vécu un week-end au Centre de rencontres Don Bosco à Farnières sur le thème de la

solidarité. “Ephata Don Bosco” rassemble des jeunes pour les initier à la spiritualité, pour les aider à tracer un chemin de vie. Dans la pédagogie du mouvement, inspirée par Don Bosco qui voulait construire des jeunes “honnêtes citoyens et bon chrétiens”, les week-ends Ephata mettent l’accent sur l’identité, la réciprocité et la dimension de solidarité. VIA Don Bosco a rendu visite aux jeunes pour les encourager à réfléchir sur les mécanismes qui font patiner le développement. Durant toute une après-midi, VIA Don Bosco a animé 40 jeunes filles et garçons dans la petite église du Mont-Saint-Jacques, hameau de Trois-ponts. On a discuté des relations que nous établissons entre le Nord et les pays du Sud. Il fallait “voter” entre trois propositions concernant la coopération au développement celle qui nous paraissait la plus correcte. De quoi casser certains préjugés et prendre conscience d’attitudes peu adéquates. Lorsque nous parlons de relations Nord-Sud, on parle inévitablement des Objectifs du Millénaire pour le développement, dans lesquels les injustices majeures au niveau mondial sont abordées.

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Jouer pour apprendre Dans ce contexte, VIA Don Bosco a mis au point un jeu éducatif, intitulé “Le Ballon du Millénaire”, Pour chacun des OMD, les participants devront accomplir une mission, celle-ci devant se composer d’une épreuve pratique et d’une discussion au cours de laquelle ledit objectif sera abordé plus en détails. Les épreuves sont destinées à provoquer ces prises de conscience, et permettent aux jeunes de chez nous de se mettre dans la peau des jeunes d’ailleurs. Le ballon, qui est un objet universellement connu et populaire, est un support de la mémoire fort approprié: l’enjeu est bien de marquer quelques “buts” si l’on veut plus de justice et de fraternité sur notre terre. En cas de réussite de la mission, les élèves écriront une lettre qui sera envoyée aux personnalités de premier plan dans le secteur du développement. C’est une manière ludique de démontrer que les jeunes d'aujourd'hui sont préoccupés par la vitesse et la précision avec laquelle les OMD sont mis en œuvre.

Ne plus supporter une seule inégalité Comme avant-goût du jeu, les jeunes d’Ephata ont été invités à jouer deux épreuves du Ballon du Millénaire, plus spécifique autour les Objectifs du Millénaire 8 et 2. Un premier groupe est resté à l’intérieur pour jouer aux cartes. Le “jeu du Président” permet de prendre conscience des relations de pouvoir inégales qui paralysent les changements dans les pays défavorisés. Le joueur qui a le titre de Président, en effet, jouit toujours d’avantages qui lui permettent non seulement de garder sa place dominante, mais encore de la renforcer. Tandis que l’ “esclave” est obligé de se dépouiller de ses meilleurs atouts et de les donner au Président. Cette histoire est de toujours. Les jeunes ont rapidement compris

cette logique: “la démonstration avec le jeu du ‘Président’ était très claire, ça aide à comprendre. Les pays du Nord et ceux du Sud ne vivent pas le processus de développement sur un pied d’égalité.” Ce n’est pas sans raison que l’OMD 8 vise à créer des relations de partenariat entre pays. Dans le cadre de l’OMD 2, assurer l’éducation primaire pour tous, le second groupe était invité à vivre les conditions d’un apprentissage “chahuté”. Un “enseignant” devait lire à un “élève” un texte jusqu’à ce que celui-ci l’ait appris par cœur. L’élève devait ensuite parcourir un trajet truffé d’obstacles pour aller répéter ce texte à un “inspecteur”. Lors du débriefing, les jeunes ont compris qu’il n’était pas facile pour un jeune dans un pays du Sud de suivre un parcours scolaire. “Il ne suffit pas que l’Etat décrète l’enseignement obligatoire, il faut encore construire des écoles qui soient des lieux de paix, organiser les déplacements. Les jeunes doivent en effet parcourir de grandes distances par tous les temps, le ventre vide. Chez eux, c’est tout petit, ils ne trouvent pas le silence pour se concentrer; le soir, l’absence d’électricité ne permet pas d’ouvrir un livre ... ” Alors, les jeunes d’Ephata ont dit “bravo” à ces jeunes d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique latine qui persistent à vouloir étudier et à entrer en contact avec la culture. Ils ont en tout cas beaucoup apprécié les mises en situation qui leur ont fait vivre des mini-drames: “On s’est bien amusé avec le jeu des obstacles, mais on n’oubliera pas la difficulté des enfants pour étudier.” En plus, ils ont appris que l’inégalité entre le Nord et le Sud n’est pas un hasard. Souhaitez-vous aussi que vos élèves développent leur connaissance des relations Nord-Sud? Ou qu'ils grandissent comme des citoyens des mondes, solidaires et actifs ? Jouez le Ballon du Millénaire avec votre classe ou votre école! En jouant, les jeunes apprennent à connaître les OMD, à les décrire et à les considérer d’un œil critique. Jean-François Meurs ■

Pour les enseignants intéressés, un séminaire sera organisé par VIA Don Bosco dans le premier trimestre de l'année scolaire 2012-2013 avec plus d'explications sur les OMD et le Ballon du Millénaire. Pour en savoir plus, contactez VIA Don Bosco: educationaudeveloppement@viadonbosco.org ou 02/423.20.83.

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Éducation au développement // Interview de Britt Dehertogh

Ancrer l’éducation au développement à l’école progressivement des compétences en matière de citoyenneté mondiale et l’éducation au développement peut prendre un caractère durable. C’est bien différent des écoles qui lancent un projet ponctuel ou donnent un contenu particulier à quelques leçons. C’est utile, certes, mais l’élément répétition est moins présent, alors qu’il s’agit là d’un important principe pédagogique. L’éducation au développement peut aussi être ancrée dans la vision de l’école. Dans les écoles dotées d’un projet pédagogique auquel collabore le corps enseignant, cette vision est en outre davantage “portée” que dans les écoles où cette implication est absente. Cela contribue aussi à l’ancrage. Quand vous travaillez comme enseignant dans une école où l’éducation à la citoyenneté mondiale n’est pas portée et qu’il n’est question ni de durabilité ni de ligne d’apprentissage, il est presque impossible d’obtenir cet ancrage. Seul, un enseignant n’y arrivera jamais. Visualiser les Objectifs du Millénaire pour le développement à l'école.

De nombreuses ONG, dont VIA Don Bosco, voudraient voir l’éducation au développement trouver un ancrage dans le programme scolaire. Ce qui permettrait aux thématiques Nord-Sud d’être intégrées dans la culture scolaire; l’éducation à la citoyenneté mondiale ferait alors vraiment partie de la mission de l’école. Mais qu’entend-on précisément par “ancrer”? C’est ce que nous avons demandé à Britt Dehertogh, professeur à la Haute École Artesis d’Anvers et auteur, avec Dimokritos Kavadias, d’un ouvrage traitant de l’éducation à la citoyenneté dans les écoles.

Qu’entendez-vous par ancrage? Comment savoir si on y est arrivé? Cet ancrage dépend de plusieurs éléments ou indicateurs, plus précisément de la combinaison de ces indicateurs. D’abord, la fréquence: à quelle fréquence les élèves sont-ils consciemment confrontés aux thématiques Nord-Sud durant leur carrière scolaire? Lorsqu’une classe est sensibilisée à un sujet particulier à différents moments, on peut parler d’une ligne d’apprentissage. Les élèves acquièrent alors

Des éléments très “tangibles” interviennent donc dans ce processus d’ancrage? Absolument. La désignation d’un coordinateur, par exemple, qui constitue dans l’école le point de contact pour l’éducation au développement. Quelqu’un qui serait déchargé quatre ou cinq heures par semaine pour chercher des informations sur les thèmes Nord-Sud et les répercuter à l’équipe, qui aurait le temps de passer au crible l’offre externe et de visiter ou d’inviter des organisations concernées. Cette démarche garantit une action plus cohérente et peut grandement soulager la tâche d’autres collègues. C’est également un moyen de stimuler l’appui à l’éducation au développement. Un autre signe concret? La visualisation des thèmes NordSud. Des affiches d’ONG dans le hall ou les couloirs, la peinture murale d’une carte du monde dans la cour de récréation, voilà qui peut avoir de l’impact! Dans une des écoles Don Bosco que nous avons visitées en préparation à notre ouvrage sur les écoles et l’éducation à la citoyenneté, une carte accrochée au mur d’entrée affichait les valeurs et les normes de l’école. Y faire figurer des valeurs telles que la responsabilité, l’engagement social, le respect mutuel,... c’est un fameux incitant visuel à œuvrer dans ce sens.

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Des acteurs externes, tels que VIA Don Bosco, peuvent-ils aider à réaliser cet ancrage? Les organisations externes ont peu de prise sur cet ancrage et ce n’est d’ailleurs pas à elles de le concrétiser. Les écoles ne demandent pas l’avis des ONG pour élaborer leur projet et les ONG peuvent difficilement faire pression pour qu’un coordinateur pour l’éducation au développement soit nommé dans l’école. Le budget de l’école joue à cet égard un rôle important. Les acteurs externes peuvent tenter de peser sur une école, mais cela ne peut se faire que via des contacts personnels, et il faut y investir beaucoup de temps et de moyens. L’ancrage ne doit pas non plus être un objectif en soi, indépendamment du contenu et de l’impact sur les élèves. Car finalement, l’objectif est que les élèves deviennent des citoyens du monde à part entière. Mais cet impact est difficile à mesurer. Lorsqu’il est question d’attitudes et de valeurs, les élèves sont soumis à tellement d’influences qu’on ne sait jamais vraiment quelle est la part de l’école, du milieu familial, des médias ou d’autres canaux. Les écoles n’ont pas le monopole dans ce domaine, comme elles l’ont sur le calcul, par exemple. Il est donc quasi impossible pour des organisations externes de mesurer l’influence qu’elles peuvent avoir à ce niveau dans l’école.

Nous devons donc adapter nos attentes? En effet. Souvent, les écoles déploient leur énergie pour investir dans un aspect qu’elles considèrent important pour permettre à leurs élèves à trouver leur place dans la société. Il y a des écoles qui se consacrent aux aptitudes communicatives, et moins à la solidarité Nord-Sud. Les écoles peuvent difficilement s’engager dans tous les domaines. On demande aussi beaucoup aux enseignants. Ils donnent cours à des classes de 25 jeunes parfois, ce qui exige beaucoup de préparation et de suivi individuel. On attend d’eux qu’ils s’investissent en plus dans des groupes de travail. Leur demander en sus de mettre au point des projets durables autour de thèmes Nord-Sud et s’attendre à ce qu’ils y excellent, c’est utopique!

dossiers d’information ou des fiches de cours à une école, il est important, par exemple, de tenir compte du timing. Envoyez ces dossiers au début ou à la fin de l’année scolaire. Dans le second cas, il vaut mieux envoyer un rappel au début de l’année scolaire suivante.

UNE UN E ÉC ÉCOL OLE E OU OUVERTE SUR LE MONDE • Ell lle e es estt p port po rteu euse se d d’u ’un pr p ojet de société é marq ma rqué ué par ar:: - le re esp pec ectt de lla a di dignité et des droits de la p pers pe rson o ne et de on d la famille; - la di diff ffus usio ion n d’ d’un une e cu c lture de s sol olid idar arit ité é et de p paix; - la p prom pr omot otio ion n de conditions d vie plu de lus s jju just stes es;; - la d déf éfen ense se d de e l’ l’éq équilibre écologique. • Elle p perm pe rmet et a aux ux jjeu eunes s de s’ouvrir aux dime mens nsio ions ns d du u mo mond nde e p par des témoigna pa nage ges, s, des p proj ojet ets, s, d des es a act ctio ions n à partir p desquels q il l ur le r est st d dem eman andé dé de devenir ac a teurs et non s mp si ples co cons nsom omma mate teurs.

Extrait de la charte pédagogique de Don Bosco Tournai.

Créez davantage de transparence dans l’offre. Les écoles doivent pouvoir savoir rapidement à qui s’adresser, pour quel type de dossier. Pour cela, il est recommandé que les ONG et d’autres organisations externes unissent leurs forces. Elles pourront alors peser davantage sur les écoles. Pour le reste, la formation (permanente) des enseignants est une piste intéressante, surtout lorsqu’elle est suivie en collaboration avec les coupoles de l’enseignement. Celles-ci forment un point de contact important pour l’école. N’oubliez pas que les enseignants attendent à la fin de la formation de repartir chez eux avec un dossier bien ficelé. Il faut que le contenu ait déjà été converti en matériel de cours. Adapter eux-mêmes les informations pour les transmettre aux élèves ou transformer les idées présentées en un projet durable demande beaucoup (trop) de temps.

Que peuvent faire les acteurs externes pour rendre l’éducation au développement réalisable?

Le niveau de qualité de l’offre externe est en général considéré comme très bon. Les écoles apprécient l’expertise des ONG dans le domaine des rapports Nord-Sud. N’hésitez pas à miser là-dessus.

Des choses très simples parfois. Quand vous envoyez des

Katrien DE WILDE ■

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LeMonde.be // Journée mondiale des enseignants

5 octobre: pleins feux sur le rôle essentiel des enseignants Ce jour-là, nous sommes invités à nous intéresser à l’enseignement dans le monde entier et en particulier à la situation (parfois pénible) dans laquelle les enseignants doivent exercer leur métier. De nombreux enseignants sont mal payés et doivent exercer toutes sortes de petits boulots supplémentaires pour pourvoir à leur subsistance. Dans certains pays, les enseignants sont menacés ou emprisonnés lorsqu’ils font usage de leur droit à la liberté académique ou à l’action syndicale.

Saved by the bell

Le Pacte International relatif aux droits économiques, sociaux et culturels l’affirme quasi littéralement: l’enseignement est un droit et un levier de développement. C’est le principal outil qui donne aux adultes et aux enfants marginalisés sur le plan social et économique la possibilité de sortir de la pauvreté et d’acquérir les moyens de participer pleinement à la vie de la communauté. De plus en plus, l’enseignement est reconnu comme un des meilleurs investissements qu’un gouvernement puisse faire pour sa population. Et pour marquer l’importance fondamentale d’un bon enseignement, le 5 octobre est, depuis 1994, la Journée mondiale des enseignants. Au cours du vingtième siècle déjà, de nombreux pays avaient instauré une “journée de l’enseignant” de leur propre initiative. Cette journée était généralement associée à une figure ou un événement influent dans l’histoire nationale de l’éducation. Le 5 octobre 1966, l’UNESCO, l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la science et la culture a présenté sa “Recommendation concerning the status of teachers”. Dans cette recommandation, l’UNESCO décrit de manière très exhaustive les droits et les responsabilités des enseignants. Ce qui explique que le cinq octobre a été proclamé Journée internationale des enseignants.

La Belgique consacre elle aussi de l’attention à la Journée internationale des enseignants. Ainsi, l’action “Saved by the Bell” est mise sur pied pour la sixième année consécutive. Par cette action, l’ONG Studio Globo invite toutes les écoles flamandes à faire retentir la cloche de leur école le 5 octobre. Avant tout pour remercier les enseignants de l’école pour leur dévouement quotidien. Mais c’est en même temps un signal d’alarme invitant à réfléchir aux conditions difficiles dans lesquelles les enseignants doivent parfois travailler. Enfin, last but not least, l’action veut également rappeler que des millions d’enfants sont encore privés d’enseignement. Cela fait plusieurs années que VIA Don Bosco invite ses écoles partenaires partout en Belgique, en Afrique, en Asie, en Amérique latine et dans les Caraïbes à faire retentir leur sonnerie le 5 octobre. Un appel auquel les élèves et leurs enseignants répondent volontiers. Le monde entier peut entendre ainsi qu’il est urgent d’améliorer les choses. Eric JORIS ■

Vous voulez vous aussi faire retentir la sonnerie dans votre école? Contactez notre Service d’Éducation au développement par téléphone: 02/423.20.83 ou par e-mail: educationaudeveloppement@viadonbosco.org

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LeMonde.be // A l'agenda 18 septembre: Soirée d’information Programme Junior de la CTB

16 octobre: Lancement du Rapport mondial de suivi sur l’EPT 2012

La CTB, l’Agence belge de développement organise une soirée d'information pour les jeunes en quête d'une première expérience professionnelle dans le développement veulent gagner en qualité d'assistante junior. Une explication est donnée sur la sélection, le contrat et les conditions, la préparation pour le départ et le travail sur le terrain. Au cours de la soirée d'information vous avez la possibilité de faire toutes vos questions éventuelles directement à l'équipe du Programme junior. Où? Bruxelles. Organisée par: la CTB.

A travers le monde, de nombreux jeunes quittent l’école sans avoir acquis les compétences dont ils auront besoin pour se faire une place dans la société et trouver un emploi décent. Cela met une hypothèque sur la croissance économique équitable et la cohésion sociale dans les pays avec une population jeune. Pour cette raison l’UNESCO examine dans l’édition 2012 du Rapport mondial de suivi sur l’Education pour tous les tendances dans le domaine de la jeunesse, le développement des compétences et le travail.

Pour en savoir plus: www.btcctb.org/fr/programme-junior

Pour en savoir plus: www.efareport.unesco.org/fr

18 octobre: Journée d’étude – Exclusion scolaire

26-30 novembre: Formation en genre

L’exclusion scolaire définitive est un phénomène interpellant par les proportions qu’il prend. Face à ce constat, un groupe composé de différents services et d’associations, organise une journée pour tirer la sonnette d’alarme et mobiliser les acteurs éducatifs bruxellois afin d’envisager des pistes d’actions pédagogiques, organisationnelles et politiques. Où? Bruxelles. Organisée par: 10 différentes organisations.

Le Monde selon les femmes propose une formation en genre pour formatrices et formateurs! Cinq jours de formation pour formateurs-trices et animateurs-trices ayant déjà une pratique en formation et animation de groupes d’adultes ou de jeunes souhaitant se former en genre. Où? Bruxelles. Organisée par: Le Monde selon les femmes. Pour en savoir plus: www.mondefemmes.be

Pour en savoir plus: www.changement-egalite.be/spip. php?article2380

Rédacteur en chef: Maud SEGHERS - Rédacteur final: Kilian DE JAGER – Rédaction: Omer BOSSUYT, Katrien DE WILDE, Arnoud FESTJENS, Eric JORIS, Marc VAN LAERE – Lay-out: Pierre VANDEVIVERE – Imprimeur: GEERS OFFSET, Oostakker Editeur responsable: Omer BOSSUYT, Bd Léopold II 195, B-1080 Bruxelles Votre adresse est erronée ou vous avez déménagé? Veuillez nous communiquer les changements nécessaires afin que nous puissions vous envoyer le Faire route Ensemble à la bonne adresse. Contactez VIA Don Bosco, Comptabilité des adresses, à l’att. de Jan De Broeck et Peter Goossens, Bd Léopold II 195, B-1080 Bruxelles. Par téléphone: + 32 (0)2 427 47 20 ou par mail: viadonbosco@skynet.be. Suivant les dispositions de la loi du 8 décembre 1992 concernant la protection de la vie privée, vos coordonnées sont insérées dans notre fichier d’adresses. Nous les utilisons uniquement pour la publication d’informations relatives à nos activités. Vous avez pleinement le droit de consulter notre fichier et d’y corriger vos coordonnées.

Partenaires: Association pour une Ethique dans la Récolte de Fonds

Voulez-vous nous soutenir? VIA Don Bosco Compte Banquaire: 435-8034101-59 IBAN: BE84 4358 0341 0159 BIC: KREDBEBB

Sponsors:

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Nous parlons la même langue. Lorsque nous affirmons que nous parlons la même langue, nous le pensons vraiment. En effet, s’entendre, parler la même langue, c’est la base pour se comprendre. Pour pouvoir offrir à autrui ce que l’on attend d’autrui. S’épanouir ensemble dans un climat de compréhension. Telle est notre vision chez KBC et ainsi agissons-nous.

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