Faire Route Ensemble 2012 n°4

Page 1

Belgïe - Belgique

Faire route ensemble 4

P.B. - P.P. Gent X 3/1751

Afgiftekantoor Gent X ISSN=1370-5814 P 6022489

Quatrième trimestre 2012 // Revue trimestrielle : année 20, n° 4

let’s develop our future


Editorial & Sommaire

Qui va payer le prix fort? Chers lecteurs, Si nous devons en croire la presse écrite, l’avenir de l’aide au développement ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices. MO*, le magazine spécialisé dans l’actualité mondiale, annonçait le 24 septembre que la Belgique était un des pays ayant le plus réduit ses budgets en matière d’aide au développement. Un mois auparavant, De Standaard signalait déjà que de plus en plus de Belges estiment que le budget de l’aide au développement devait diminuer. La crise économique n’est évidemment pas étrangère à cette tendance. A côté de cela, nous lisons que le fossé entre riches et pauvres ne cesse d’augmenter dans les pays les plus riches au monde. La croissance économique est loin d’être le remède miracle, comme en témoignent les exemples du Brésil, de l’Inde, de la Chine et de la Russie – des pays où un formidable essor économique s’accompagne d’inégalités sociales et économiques croissantes. La solidarité est remise en question, tant entre les pays qu’au sein des pays. Mais qui va en faire les frais?

l’Est du Congo et de la Syrie semblent étayer notre conviction. Un nouveau rapport de l’Organisation internationale du travail la confirme également. 75 millions de jeunes sont au chômage dans le monde. Une “génération perdue” selon l’organisation. Cependant, si vous passez en revue le contenu de ce Faire Route Ensemble, cher lecteur, vous remarquerez que d’énormes efforts sont consentis pour améliorer le sort des jeunes. VIA Don Bosco fait partie du groupe d’ONG qui s’investissent pour que les enfants et les jeunes aient davantage de chances d’accéder à l’enseignement et à une formation. Ce sont des “voies royales” pour s’assurer un meilleur avenir. Il n’est donc pas étonnant que cette édition s’intéresse à la Journée mondiale des Droits de l’homme, et plus particulièrement au droit à l’enseignement. Vous y trouverez aussi un article sur le camp de réfugiés Kakuma au Kenya. Deux initiatives citoyennes belges en faveur des orphelins au Kenya et en Inde y sont également mises à l’honneur. Ce sont les enfants et les jeunes qui ont le plus besoin de notre aide et de notre soutien. Ensemble, soutenons ces projets. “Let’s develop our future,” tel est le credo de VIA Don Bosco. Les jeunes sont l’avenir. En leur nom: merci beaucoup!

Force est de constater que ce sont surtout les enfants et les jeunes qui ont le plus de mal à s’en sortir en période de crise. Des images récentes en provenance de l’Ouganda, du Kenya, de

Omer BOSSUYT Président

Thème

Education au développement

3. Skilling India Jeunes, compétences et travail en Inde.

10. Camp chantier Bâtir ensemble une société mondiale. 12. Interview de Peter Martin

Coopération au développement 6. Partenaires L'accent sur deux initiatives citoyennes belges. 8. Kenya (Sur)vivre à Kakuma.

2

LeMonde.be 14. Journée mondiale des Droits de l'Homme 10 décembre: Pour tous et partout! 15. A l'Agenda


Thème // Jeunes, compétences, travail

Skilling India

“Le succès n'est pas le fait du hazard, mais bien du travail."

L’Inde fait, tout comme le Brésil, la Chine la Russie et l’Afrique du Sud, partie des pays BRICS, soit les nouvelles puissances économiques émergentes. Leurs pourcentages de croissance dament le pion à bon nombre d’économies occidentales. Malgré cela, les résultats en matière de lutte contre la pauvreté en Inde sont décevants.

dans les campagnes qu’en ville. Naître en tant que fille en Inde reste aujourd'hui encore un facteur pénalisant pour un accès à l’enseignement et à la formation, réduisant de ce fait les chances de trouver un travail digne de ce nom.

Des cinq pays BRICS, l’Inde a le pourcentage le plus élevé d’habitants vivant sous le seuil international de la pauvreté. Le nombre d’analphabètes est lui aussi particulièrement élevé: 42 pour cent de la population indienne doit subvenir à ses besoins avec moins d’un dollar par jour et 33 pour cent de la population ne sait ni lire ni écrire. Il y a de fortes inégalités en termes de bien-être entre les 28 États composant l’Inde et le pays est confronté à des inégalités tout aussi importantes entre villes et campagnes. Certains groupes démographiques restent sur la touche, aussi bien

Les jeunes âgés de 15 à 35 ans forment le principal groupe d’âge du pays. Outre les femmes, les scheduled castes (dalits ou intouchables), les scheduled tribes (certaines minorités ethniques) et d’autres minorités courent le plus grand risque de tomber dans la pauvreté. Ils n’ont que peu de chances d’acquérir des compétences utiles dans une économie en pleine mutation. Bien plus souvent que d’autres, ils travaillent comme journalier dans des secteurs désorganisés où leurs droits ne sont aucunement respectés, ou ils ne trouvent aucun travail.

Mettre les jeunes au travail

3


Thème // Jeunes, compétences, travail

professionnelles. Sept ans plus tard, DB Tech est devenu le plus grand réseau de VTC (vocational training centers) du pays – une communauté d’écoles qui comprend également des VTC non salésiens. Depuis deux ans, DB Tech organise des formations de trois mois et a d’ores et déjà accueilli quelque 61.520 jeunes âgés de 18 à 35 ans. Près de 50.000 d’entre eux ont entretemps trouvé du travail – dont une majorité de jeunes BPL, soit des garçons et des filles issus de familles vivant below the poverty line (sous le seuil de pauvreté).

Un accompagnement et un suivi intensifs

L'emploi des jeunes est une priorité pour les autorités indiennes.

Le chômage de longue durée a en outre de lourdes conséquences. La recherche d’un travail digne s’avérera de plus en plus difficile au fil du temps: les rares compétences dont on dispose s’amenuisent davantage encore en période de chômage, cependant qu’on acquiert aucune expérience supplémentaire. C’est ce manque de perspectives qui explique pour partie les ravages de l’alcoolisme, les addictions et la violence. Ce n’est donc pas un hasard si les autorités indiennes ont fait de l’emploi des jeunes une priorité. En début d’année, le Premier Ministre Manmohan Singh a encore plaidé en ce sens devant le Conseil National pour le Développement des Compétences (National Council on Skills Development): “L’Inde peut pleinement profiter de la jeunesse de sa population, à condition que les jeunes citoyens de ce pays soient formés et disposent des compétences nécessaires à leur assurer une vie décente et à atteindre une qualité de vie et de travail supérieure. (…) Des études ont démontré que, d’ici 2018, l’Inde aura besoin de 260 millions de personne dûment formées, et même de 340 millions d’ici 2022. Ces mêmes études démontrent également que, dans les cinq ans à venir, 80 millions de gens devront bénéficier de formations de qualité.” Les salésiens de Don Bosco veillent à ce que les jeunes défavorisés ne restent pas sur la touche. En 2005, un groupe de salésiens indiens fonda Don Bosco Tech (DB Tech), une initiative qui devait regrouper sous un même pavillon tous les centres Don Bosco dédiés aux formations techniques et

4

Ces prestations sont en grande partie dues à la collaboration étroite avec les autorités indiennes et à des partenariats solides avec les entreprises. Mais les salésiens préfèrent en toute modestie évoquer l’économie favorable. Le Pr. Joy Nedumparambil, coordinateur de DB Tech dans la province salésienne de Bangalore (qui comprend les trois états du Sud Karnataka, Kerala et Goa), résume la situation comme suit: “Le succès de notre approche est dû, d’une part, à la forte demande d’employés qualifiés sur le marché du travail. Il y a assez d’emplois en Inde, mais ce qui manque, ce sont les compétences. Nous enseignons donc des compétences techniques aux jeunes, mais nous mettons également l’accent sur l’attitude au travail, la motivation, la gestion de l’argent, etc. Dès l’instant où nos diplômés trouvent un travail, ils constituent la meilleure publicité qui soit pour notre approche. D’autre part, nous avons développé un système de suivi très détaillé, qui suit nos élèves dès leur sélection et jusqu’à un an après leur mise au travail. Nous suivons de très près le programme de formation, en collaboration avec notre bureau de développement BREADS (Bangalore Rural Educational and Development Society). Chaque semaine, nous rendons visite aux VTC membres de DB Tech et nous établissons tous les mois un rapport détaillé.” Les résultats sont analysés à mi-parcours ainsi qu’en fin de formation. Un système de gestion des informations en ligne spécialement développé à cet effet permet un suivi des données en rapport avec chaque étudiant. Le Pr. Joy sait ainsi que les centres DB Tech de la Province de Bangalore ont permis ces deux dernières années à 9.131 des 11.020 jeunes formés de décrocher un emploi – soit 83 pour cent. Placer des étudiants en tant que salariés auprès d’entreprises fait intégralement partie des objectifs de DB Tech. Une collaboration s’est instituée dans ce cadre avec des entreprises locales et internationales, parmi lesquelles TATA Housing Company, TAJ Hotels, BOSCH India Foundation, Hinduja Global Solutions, Akash et bien


d’autres encore. Ces entreprises apprécient fortement la transparence du système de suivi. Elles peuvent voir de leurs propres yeux à quel point la méthode suivie par DB Tech est un succès et s’engagent comme partenaires afin de former aujourd'hui la main d’œuvre de demain.

Anushaya Le bureau de développement BREADS a implanté dans la Province de Bangalore cinq projets dans 23 VTC, répartis sur trois états ; Kerala, Karnataka et Goa. La Province est en effet composée d’extrêmes. Le nord du Karnataka, la région autour de la ville d’Hyderabad, est considérée comme l’une des contrées les moins développées du pays et traîne une triste réputation liée au travail des enfants, aux mariages de mineurs et à l’inégalité entre hommes et femmes. Un contraste flagrant avec la ville de Bangalore, dans le sud du Karnataka, réputée pour être la Sillicon Valley indienne. Bidar est l’un des 27 districts du Karnataka. Le revenu moyen de la population locale est très faible en raison de la faible productivité de l’agriculture et du taux de chômage élevé. Beaucoup d’enfants arrêtent l’école afin d’aider leurs parents aux champs, quand ils ne migrent pas vers des villes telles que Hyderabad, Pune ou Mumbai dans l’espoir d’y trouver du travail. Les salésiens ont fondé une école à Bidar en 2006, avec un internat pour les enfants et les adolescents les plus démunis. Cinq ans plus tard, DB Tech y a lancé trois formations: services IT, opérateur de machine à coudre industrielle et vente d’ordinateurs et marketing. DB Tech fournit un travail de qualité, comme en témoigne Anushaya, une jeune femme de Rajanala, un village situé dans le district de Bidar.

Le père d’Anushaya est un travailleur salarié qui a du mal à assurer les besoins élémentaires d’une famille de sept personnes. Un jour, Anushaya entendit parler de l’offre de formations de DB Tech. Elle s’inscrivit avec quelques amis à la formation “opérateur de machine à coudre industrielle”. À l’issue de cette formation, elle débuta en tant qu’opérateur machines chez Prateek Apparels, à Bangalore. Anushaya est satisfaite de son salaire de 4.500 roupies par mois (65 euros) et confie que DB Tech Bidar lui a redonné espoir et confiance: “Le succès n’est pas le fait du hasard, mais bien du travail.” Ses parents sont heureux, comme le reconnaît son père: “Ma fille n’est plus une charge, aujourd'hui, mais une bénédiction.”

De nouveaux partenariats L’embauche des jeunes constitue pour le gouvernement indien une priorité, mais en 2013, ces efforts ne concerneront plus la province de Bangalore. Il y a en effet en Inde des régions plus pauvres encore. Pour DB Tech, cela ne signifie pas pour autant la fin des programmes de mise au travail au Kerala, au Karnataka ou à Goa. Les VTC disposent à présent de l’expertise nécessaire pour organiser des formations de courte durée induites par le marché et les récits couronnés de succès des anciens étudiants ont également eu pour conséquence que les formations techniques de longue durée font recette. Les défis majeurs consisteront à continuer de trouver de nouveaux partenariats auprès des entreprises, de limiter au minimum les coûts liés aux formations pour les plus pauvres, et de continuer cependant à fournir la meilleure main d’œuvre. Comment comptent-ils y parvenir? Vous le découvrirez le 29 novembre, de la bouche même du Pr. A.M. Joseph, le directeur national de DB Tech. Il sera en effet invité comme orateur à Bruxelles, à l’occasion d’une conférence d’Educaid.be, la plateforme belge pour l’enseignement et la coopération au développement, dont VIA Don Bosco est membre. Tout le monde est bienvenu! Maïka DENYS ■

DB Tech a donné de l'espoir et de la confiance à Anushaya.

Vous trouverez plus d'informations à propos de DB Tech et de BREADS sur www.dbtech.in et www.breadsbangalore.org. Tous les détails relatifs à la conférence d’Educaid.be se trouvent en p.15 de ce Faire Route Ensemble.

5


Coopération au développement // Partenaires

De l’espoir pour les enfants de Kabondo et Chennai Traditionnellement, les veuves et les enfants sont recueillis par des membres de leur famille ou des voisins, mais depuis que le SIDA a fait son apparition dans chaque village ou presque, ce n’est plus le cas. Et les conséquences sont le plus souvent dramatiques. Les veuves sont fréquemment répudiées par leur famille ou le village, et d’innombrables enfants restent ainsi sur le carreau, devenant de facto orphelins. Dans de nombreux cas, ils sont abandonnés à leur sort. Sans le moindre encadrement, et sans vêtements, nourriture ou foyer, comme ont pu le constater Lieve Blancquaert et Annemie Struyf lors de leur périple de 2004 à travers le Kenya, dans le cadre d’un livre de photos consacré aux femmes séropositives.

Hope Home D'après l'UNICEF, le Kenya compte plus d'un million d' “orphelins du SIDA”

Aussi dur soit-il, le jargon en dit parfois très long. Ainsi, les “enfants orphelins et vulnérables” ont désormais leur propre abréviation dans le secteur de la coopération au développement: OVC, ou Orphans and (other) Vulnerable Children. Selon les dernières estimations (très approximatives), il y aurait dans le monde quelque 143 millions d’orphelins. Ces chiffres datent toutefois d’il y a près de 10 ans. Il serait inhumain de regrouper tous ces enfants sous un même dénominateur commun, mais comment leur donner un “visage”? VIA Don Bosco a pris sous ses ailes deux initiatives citoyennes en Belgique qui offrent une réponse : Hope for Kabondo et la Cellule d’Animation d’Ostende.

Ravages sociaux Avec ses réserves animalières et ses luxueux safaris, le Kenya représente un vrai paradis pour le touriste pouvant s’offrir le billet d’avion. Il n’en va hélas pas de même pour bon nombre d’enfants kenyans abandonnés à leur sort. Si les conflits ethniques et la corruption au sein de l’appareil étatique causent depuis des années de sérieux problèmes, c’est le SIDA qui représente aujourd'hui le plus grand danger pour la population. La pandémie est particulièrement difficile à endiguer en raison du tabou qui continue d’entourer cette maladie. Le SIDA a ainsi provoqué de véritables ravages sociaux.

6

La confrontation avec ces orphelins délaissés par tous a incité Lieve et Annemie à agir. Avec l’aide d’Achieng, une femme séropositive rencontrée dans le cadre de leur livre, elles ont fondé à Kabondo, le village de naissance d’Achieng, Hope Home, un orphelinat pouvant accueillir 30 tout-petits. L’objectif de ce projet à Kabondo est de recueillir les “orphelins du SIDA” sans pour autant rompre les liens avec le reste de leur famille. Certains enfants retournent ainsi auprès de leurs proches après un court séjour à Hope Home, où ils reçoivent des soins. Ils bénéficient également de cours à la Hope Academy, une petite école privée qu’Achieng a fondée elle-même, le niveau de l’enseignement officiel – il est vrai gratuit – étant extrêmement faible. Plus grands, les enfants déménageront vers la Hope Youth Farm, l’internat de Kabondo. Une solution intermédiaire, car l’objectif reste de permettre au maximum d’enfants de retrouver une place au sein de leur famille. Les coûts du projet sont partiellement couverts par les frais de scolarité des enfants des villages voisins, les revenus de petits projets agricoles, un magasin de produits manufacturés, mais aussi par des fonds et des donations. L’attention médiatique que les “marraines” journalistes de Hope for Kabondo ont su apporter au projet a été d’une grande aide. Les enfants de Kabondo ont rapidement eu un “visage” dans notre pays. Mais au final, le succès du projet doit tout autant à des actions et efforts continus de


moindre ampleur, comme en témoigne le récit de la Cellule d’Animation d’Ostende.

Ces enfants sont comme des diamants qui joncheraient les rues

Saintes-Maries-de-la-Mer (sud de la France). Les revenus tirés de ce voyage étaient destinés à un projet en République Centrafricaine. Mais le voyage fut tout sauf une sinécure.

“Il suffit de les ramasser pour qu’ils se mettent aussitôt à briller.” Ces paroles célèbres de Don Bosco ont beau dater de 1815, elles restent d’une actualité brûlante. Cela fait également près de 200 ans que les orphelins angloIndiens sont accueillis à St. Bede’s, l’un des plus anciens orphelinats d’Inde. Les rejetons de coloniaux britanniques et de mères indiennes continuent de former une société à part, mais leur nombre a aujourd'hui fortement diminué. Les salésiens ont pris au début du siècle passé la direction de St. Bede’s, qui héberge actuellement 145 enfants. Outre l’accueil et l’accompagnement, les enfants y bénéficient également d’une formation. Les besoins en structures d’accueil pour orphelins et le manque de moyens pour leur assurer une meilleure vie restent criants. L’orphelinat n’ayant pas les moyens suffisants pour couvrir les frais médicaux, l’achat de vêtements, l’accueil, l’hébergement et la scolarisation de tous les orphelins, Miet Provoost et Frits Vandecasteele de la Cellule d’Animation Ostende ont décidé d’apporter leur contribution. Chaque année, ils organisent ainsi une randonnée de sponsoring au profit d’un projet Don Bosco dans le Sud. La 20e édition est en pleins préparatifs.

Frits Vandecasteele a tenu le coup.

Frits croisa peu de campings sur sa route, mais Miet lui avait assuré que le camping-car le suivrait à la trace. Hélas, le sort s’acharna sur lui: GSM oublié! Le camping-car était injoignable et personne ne put l’aider à retrouver le numéro de téléphone de Miet. Forcé contraint, Frits dut parcourir d’une seule traite 140 km à vélo.

A l’été 2013, Frits entreprendra un périple à pied qui le mènera de St.-Jean Pied-de-Port (France) à Santiago de Compostelle (Espagne). Afin de recruter dès à présent des sponsors, Miet et Frits ont prévu un stand d’informations lors de festivals et de salons à travers toute la Flandre. Frits se promènera également à proximité avec un “sac à dos plein d’histoires” – des témoignages d’éditions précédentes qui doivent inciter les gens à se montrer solidaires. Mais aussi des photos, bien sûr, car la Cellule d’Animation d’Ostende sait elle aussi à quel point des “visages” sont un must.

Et si les débuts furent difficiles, l’arrivée se révéla réellement éprouvante. Deux semaines après son départ d’Ostende, Frits eut un accident à quelques kilomètres de Lalevaded’Ardèche, avec à la clé des douleurs dans tout le corps et de solides écorchures. Il se fit poser un plâtre au bras dans la clinique d’Aubenas et dut, bien malgré lui, abandonner son périple pour rejoindre les Saintes-Maries-de-la-Mer dans le camping-car. Groggy mais heureux d’avoir survécu à l’aventure. Groggy, mais d’une façon ou d’une autre déjà convaincu qu’une autre édition suivrait. Une édition anniversaire, au profit des enfants de St. Bede’s.

À destination dans le plâtre

Kilian DE JAGER ■

Nous espérons que Frits rejoindra sans problème sa destination l’été prochain. Car cela n’a rien d’évident, comme en témoigne la dernière histoire qu’il a rangée dans son sac à dos. Une histoire qui date de 2012. Frits quitta Ostende le 12 août, sous les vivats du bourgmestre et de sympathisants, pour rejoindre à vélo les

Vous pouvez soutenir la vingtième randonnée de sponsoring en effectuant un versement au numéro de compte BE84 4358 0341 0159, KREDBEBB, avec mention FRITS 20. Vous trouverez plus amples informations sur Hope for Kabondo à l’adresse www.hopeforkabondo.org

7


Coopération au développement // Kenya

(Sur)vivre à Kakuma

Cela fait deux ans que Ayub séjourne dans le camp de réfugiés de Kakuma, au Kenya. Il avait 14 ans lorsqu’il fuit en compagnie de sa mère les horreurs de la guerre en Somalie. Quelques années plus tôt, son père Hamza était décédé des conséquences d’une balle perdue, et sa sœur Halima avait perdu la vie lorsqu’un obus de mortier était tombé sur leur quartier de Mogadiscio, la capitale somalienne. Dans ce camp de Kakuma, Ayub et sa mère jouissent d’une certaine sécurité. Même s’ils doivent rester sur leurs gardes face aux Turkana, la population locale de ce territoire. Les réfugiés ne peuvent d’ailleurs pas quitter le camp. Ils tentent de survivre, tant bien que mal. Mais la vie dans les camps n’offre guère de perspectives, surtout pour des jeunes comme Ayub. C’est la raison pour laquelle les salésiens ont décidé qu’une tâche de grande ampleur les attendait ici. Kakuma est situé dans une région perdue et désertique, dans le nord-ouest du Kenya. La terre y est peu fertile, des tempêtes de sable ravagent fréquemment les huttes des réfugiés et, lorsqu’arrivent enfin les pluies, celles-ci provoquent souvent de fortes inondations. Un environnement rigoureux, où survivre demande chaque jour, aux hommes comme aux animaux, un maximum d’énergie.

Une menace pour les Turkana Le nord-ouest du Kenya fut progressivement submergé en 1992 par l’afflux de réfugiés cherchant à échapper à la guerre

8

au Soudan. Les Turkana, les bergers locaux qui tentent de survivre avec leur bétail sur ces terres arides, considérèrent les nouveaux venus comme de dangereux concurrents, dans ce combat de tous les jours pour assurer leur survie. Pour atténuer les tensions, inévitables, les Nations Unies (N.U.) établirent rapidement un camp de réfugiés, de sorte que le territoire des Turkana en fut grandement préservé. Si le camp avait été prévu à l’origine pour accueillir quelque 16.000 personnes, l’escalade de la violence dans la région poussa bien vite entre 80 et 100.000 réfugiés vers Kakuma. Neuf nationalités vivent aujourd'hui dans le camp, parmi lesquelles un fort contingent de Somaliens, de Soudanais et d’Ethiopiens. Les N.U. tentent de motiver les gens – lorsqu’ils en sont encore capables, après toute la violence que la guerre leur a fait subir – à prendre eux-mêmes la vie du camp en main, pour partie. Les réfugiés qui sont autorisés à rejoindre le camp reçoivent par exemple des matériaux de construction, mais ils doivent construire eux-mêmes, éventuellement avec l’aide d’autres personnes, leur abri de fortune. Les N.U. tentent ainsi de les inciter à participer activement à la vie du camp.

Apprendre à Kakuma Plus de 60 pour cent des réfugiés de Kakuma ont moins de 25 ans. Le besoin d’écoles s’est donc rapidement fait sentir. Mais organiser des cours ne fut pas une sinécure, étant donné les nombreuses nationalités composant ce camp et le fait que la


plupart des occupants n’avaient jamais encore reçu le moindre enseignement, en raison des troubles de guerres dans leur pays. Les enseignants se recrutent le plus souvent parmi ces mêmes réfugiés. De même nationalité que leurs élèves, ils connaissent mieux que quiconque les us et coutumes. De plus, ils saisissent avec reconnaissance la chance qui leur est donnée de reprendre un métier qu’ils n’avaient plus pu exercer depuis longtemps. Les écoles qui ont été créées par les N.U. se limitent toutefois à l’enseignement primaire. Bien qu’une fois ces études achevées, les jeunes étaient voués à traîner dans le camp, sans la moindre perspective de se former davantage. Cette problématique avait été décelée dès 1993 par les salésiens au Kenya. En mai de cette même année, ils ouvriront un premier centre de formation professionnelle (CFP) au sein du camp. Quatre ans plus tard, ils en ouvraient un deuxième. Les jeunes peuvent y suivre des formations de tous types. Ils peuvent ainsi choisir entre des branches telles que la soudure, la mécanique, l’électronique, la plomberie, la maçonnerie, la couture, le secrétariat et l’anglais. VIA Don Bosco offre depuis cinq ans son soutien à l’un des CFP de Kakuma.

Construire l’avenir Au travers de ces formations, les salésiens poursuivent différents objectifs. Ils veulent tout d’abord préparer les réfugiés à un possible retour dans leur pays. Ils sont convaincus qu’après leur retour, les jeunes auront de meilleures perspectives d’avenir s’ils maîtrisent un métier. Ils peuvent du reste déjà appliquer les compétences acquises à Kakuma, afin de transformer le camp en un lieu habitable et vivable. Leur deuxième ambition est de veiller à ce que les jeunes se

découvrent un but dans la vie. À force de traînailler au camp, la vie de ces jeunes réfugiés en perdrait jusqu’à son sens. La monotonie et l’ennui les incite fréquemment à rechercher l’excitation que procure un comportement criminel. C’est la raison pour laquelle les salésiens organisent aussi pour un groupe plus large d’enfants et d’adolescents une “activité de plaine de jeux” quotidienne. Ainsi, ils brisent la monotonie du quotidien de ces jeunes, leur apportent un peu d’amourpropre et de sens des responsabilités, assurant ainsi un certain contrôle social.

Enseignement et prévention des conflits C’est à dessein que les salésiens ouvrent également leurs formations à la population locale. Ils souhaitent offrir de meilleures perspectives d’avenir aux jeunes Turkana, mais aussi mettre en contact la population locale de bergers et les habitants du camp. Dès l’instant où des jeunes des deux groupes se retrouvent sur les mêmes bancs d’école, leurs parents apprendront eux aussi à mieux connaître leurs mondes respectifs. Les partenaires de VIA Don Bosco recourent encore à d’autres méthodes pour prévenir les conflits. Ayant remarqué que les Turkana prenaient assez mal le fait qu’en cas de grande sécheresse, les réfugiés avaient droit à de la nourriture des N.U., alors qu’eux-mêmes ne pouvaient que difficilement accéder à l’aide ainsi apportée, les salésiens décidèrent d’accorder une aide alimentaire à 4.000 familles Turkana. Ils aident aussi les bergers à gérer l’eau. Afin de limiter les pertes de bétail, des puits ont ainsi été construits sur les terres des Turkana. Enfin, les pères kenyans leur donnent accès à un enseignement de base et ont créé à ces fins cinq écoles primaires. Toutefois, une immense tâche attend encore les salésiens. Au total, 749 étudiants peuvent actuellement être accueillis dans les deux centres professionnels. Mais l’an dernier, c’est plus de 1.500 jeunes qui se sont portés candidats à l’une ou l’autre formation. Beaucoup d’entre eux, à l’exemple d’Ayub, se sont retrouvés sur une liste d’attente. Les salésiens souhaitent d’urgence ouvrir un troisième CFP au sein du camp de réfugiés, afin de pouvoir offrir à tous les mêmes chances. Mais ceci exige bien entendu des moyens financiers. C’est la raison pour laquelle, au nom d’Ayub et de nombreux autres, nous faisons aujourd'hui appel à vous. Les guerres ont privé ces jeunes de leur enfance et de tout passé. Nous devons à présent veiller à ce qu’ils puissent prendre leur avenir en main.

Plus de 1.500 jeunes attendent l'occasion d'apprendre.

Eric JORIS ■ 9


Éducation au développement // Camp chantier

Bâtir ensemble une société mondiale

"A l'école, nos travaux sont démolis à la fin de l'année. Ici, les gens vont vraiment en profiter."

Zaventem, quatre juillet 2012. Les neuf participants et quatre accompagnateurs du camp chantier organisé conjointement par VIA Don Bosco et mondi build sont prêts à s’envoler à destination du Cap en Afrique du Sud. Dans la petite ville de Worcester, à une centaine de kilomètres à l’est du Cap, ils vont participer durant quatre semaines à la construction d’une nouvelle aile du National Institute for the Deaf, une grande et vénérable institution (130 ans!) qui fournit toute une série de services aux personnes sourdes: éducation, soins de santé, assistance spirituelle, ... Les enfants, les adultes et les personnes âgées de tout le pays et même du reste du continent y ont accès au National Institute. Le petit groupe de Belges profitera de l’occasion pour se faire une idée de l’Afrique du Sud authentique, pays où le Ministre de la Culture, Paul Mashatile, a encore promis cette année que la langue des signes serait promue à terme comme les 11 autres langues officielles. Et pour construire un bâtiment évidemment. Pendant la durée du camp, les jeunes belges collaborent intensivement avec un groupe de jeunes sud-africains. Le chantier est un lieu de rencontre: en participant ensemble à un même projet de construction, les jeunes apprennent à mieux se connaître et à mieux connaître leur mode de vie respectif.

10

Ce qui contribue en même temps au développement d’une société mondiale plus solidaire et durable.

De la rivalité à l’amitié Apprendre à connaitre “l’autre” n’est pas toujours évident; les accompagnateurs qui ont vécu plusieurs chantiers en Tanzanie et en Haïti ne le savent que trop bien. Cette fois, il a non seulement fallu tenir compte des différences culturelles, mais également des troubles de l’audition des jeunes sudafricains. Cela ne facilitait guère la communication, tous les Belges ne possédant pas la langue des signes. C’est donc armé de stylo et de papier que notre groupe a entamé le dialogue. Yana, professeur de mathématique et accompagnatrice, explique: “Mon rôle consistait à rapprocher les deux groupes et à faire en sorte qu’un bon contact s’établisse entre eux. J’ai dû continuellement tenir compte de la spécificité de chacun. Ce qui est formidable, c’est que tout le monde se heurte à ses propres limites et doit constamment les reculer. Pas uniquement sur le plan de la construction, mais aussi du contact avec les jeunes de l’endroit.”


Les participants constatent aussi qu’ils doivent ajuster petit à petit les idées avec lesquelles ils ont débarqué en Afrique du Sud. Si les jeunes belges sont partis avec la nette impression “qu’ils allaient apporter leur aide là-bas”, il s’est rapidement avéré sur le chantier qu’ils pouvaient apprendre les uns des autres. Il est plus aisé alors de construire ensemble, et un lien fort se crée entre les deux groupes. Finalement, les Belges et les Sud-Africains s’entraident. Et oui, le bâtiment qui se dresse là maintenant est une belle acquisition pour le National Institute for the Deaf. “Au début du camp, nous sentions une certaine rivalité entre les deux groupes,” reconnaît Jan, un des participants. “Nous critiquions mutuellement nos méthodes ou ne nous transmettions pas spontanément le matériel. Après un certain temps, la compréhension s’est améliorée et le contact est devenu de plus en plus chaleureux. J’ai en tout cas appris énormément de choses grâce à eux.” Maurice, qui suit une formation en construction à l’Institut technique Don Bosco de Halle, partage son avis: “Je conseillerais certainement à mes amis de participer à un tel chantier. Vous découvrez non seulement une autre culture, mais vous faites aussi quelque chose de bien pour la population. J’ai en outre appris beaucoup dans le domaine de la construction. C’est tout à fait différent qu’au cours. Á l’école, nos travaux sont démolis à la fin de l’année, mais ici, les gens vont vraiment en profiter. C’est gratifiant.”

Un pays où l’apartheid n’a pas complètement disparu Grâce au Parc national Kruger, au Cap de Bonne Espérance et à des villes comme Le Cap et Johannesburg, l’Afrique du Sud est un pays intéressant pour le tourisme. Les richesses naturelles y abondent et le pays jouit d’un revenu moyen

selon les critères internationaux. Pourtant, la pauvreté y est encore très présente. Le taux de chômage est très élevé (26 pour cent de la population n’a pas de travail) et les problèmes économiques du temps de l’apartheid, la pauvreté et le manque de pouvoir économique des groupes de population plus vulnérables n’ont pas encore été résolus. Le pays compte en outre le pourcentage le plus élevé de séropositifs au monde et dans certaines régions, la criminalité en bande a considérablement augmenté ces dix dernières années. Ces problèmes n’échappent pas aux participants au camp. Lors d’une excursion, ils ont été confrontés à la vie à Zwelethemba, un des bidonvilles de Worcester. Tout le monde se pince spontanément le nez pour échapper à la puanteur omniprésente. Nos jeunes ne comprennent pas comment quelque 10.000 personnes peuvent vivre sur une si petite surface et dans de telles conditions. L’expérience restera longtemps gravée dans les mémoires. “Quand je mangeais ma gaufre à la crème fraîche, je pensais à ces gens qui vivent dans les bidonvilles et qui n’en mangeront probablement jamais. Individuellement, nous ne pouvons pas résoudre ces problèmes, mais c’est déjà bien de se rendre compte que cela existe.” Un autre participant témoigne: “L’Afrique du Sud est un pays plein de contradictions et le contraste entre riches et pauvres est frappant. On dirait que la plupart des gens se voilent la face pour ne pas voir ce qui se passe dans les bidonvilles. Cela me touche profondément.” Les séquelles du régime de l’apartheid qui a sévi dans le pays pendant plus de quarante ans sont toujours perceptibles. Lorsque Nelson Mandela est arrivé au pouvoir en 1994 avec son parti, l’ANC, l’apartheid a été aboli officiellement. Mais les conséquences sociales et économiques sont loin d’avoir disparu. Un des participants raconte: “On voit que l’apartheid sévit toujours. Je n’ai vu qu’un seul ouvrier blanc, tous les autres sont des noirs. Mais personne ne veut admettre qu’il existe toujours une forme de discrimination de fait.” Au retour en Belgique, les impressions positives prédominent cependant. Lorsque nous demandons ce qu’ils retiendront de cette expérience, Yana répond d’emblée: “J’ai appris à relativiser et à apprécier les petites choses de la vie. Ma nouvelle philosophie est dès lors: ce que je n’arrive pas à faire aujourd’hui, je le ferai demain. Je n’oublierai jamais combien les Sud-Africains sont chaleureux. Le bonheur, c’est finalement très relatif. Nous avons encore beaucoup à apprendre d’eux.” Katrien DE WILDE ■

11


Éducation au développement // Interview de Peter Martin

Ce pourrait être un village dans l’Est du Congo est un des coorganisateurs de “ngowelke”. Nous l’avons interviewé.

Parlez-nous de “ngowelke”, Peter, de quoi s’agit-il exactement? “Ngowelke” est une activité Nord-Sud bisannuelle autour d’un village fictif dans l’Est du Congo, baptisé évidemment “ngowelke”, qui doit faire face à une kyrielle de problèmes: guerre civile, sécheresse, famine, absence d’enseignement et de soins de santé,... Lors de la première édition de l’année scolaire 2008-2009, nous avons organisé un marché des ONG. Huit ONG ont été invitées à venir expliquer comment elles aborderaient les défis auxquels les villageois étaient confrontés. Les difficultés étaient présentées l’une après l’autre, après quoi les élèves devaient se rendre au marché et chercher l’ONG qui, selon eux, était la plus appropriée pour s’attaquer à chaque problème spécifique.

Cela fait déjà plusieurs années que le collège Don Bosco de Zwijnaarde organise des voyages d’immersion pour le troisième degré. Après une expérience en République d’Afrique centrale, c’est à Lubumbashi en République démocratique du Congo que les élèves se sont rendus ces dernières années. Soucieuse d’intensifier les actions NordSud, l’école a cherché, en complément à ces voyages, une manière d’informer les élèves sur le secteur et la pratique de la coopération au développement.

12

En guise de préparation, les élèves avaient déjà analysé l’action des ONG présentes pendant les cours de religion. En équipes, ils avaient préalablement étudié comment telle ou telle ONG procédait, à quels problèmes l’ONG en question pouvait s’attaquer, au moyen de quelles activités, quelles étaient les atouts et les faiblesses de cette approche, etc. Aux cours d’histoire et de géographie, ils avaient en outre reçu des informations contextuelles supplémentaires sur la coopération au développement ainsi que sur des thèmes tels que la colonisation, la décolonisation et la problématique des matières premières.

En collaboration avec VIA Don Bosco et Broederlijk Delen, elle a élaboré à cet effet “ngowelke”, un projet interdisciplinaire à l’occasion duquel les élèves étudient le contexte de travail, la mission et l’approche de différentes ONG. Si la mise au point de l’initiative a demandé beaucoup de temps, elle a généré une forme de travail qui incite les élèves à la réflexion critique et au débat sur les points forts et les points faibles de la coopération au développement et des acteurs du développement. Maintenant qu’elle est au point, l’activité peut certainement inspirer d’autres écoles.

Et la deuxième édition?

Peter Martin, professeur d’histoire au collège et membre du Groupe d’Animation pastorale (GAP) du troisième degré,

La deuxième édition était mieux balisée que la première. On est passé d’une demi-journée à deux heures de cours

L’édition de l’année scolaire 2010-2011 a recouru au même concept – un village fictif – mais sous une forme différente. La moitié des élèves sont entrés dans la peau d’un journaliste et ont eu l’occasion lors d’une “conférence de presse” de poser des questions critiques à de vrais représentants des ONG étudiées. Ils ont ainsi pu vérifier leur analyse et faire plus ample connaissance avec diverses ONG. L’autre moitié rédigeait un article sur le sujet.


pour les cinquièmes et sixièmes. Le contenu de la tâche à réaliser par les élèves était plus précis: une interview ou la rédaction d’un article. Nous conserverons ces éléments positifs. Cette année scolaire, nous allons nous efforcer d’intégrer “ngowelke” dans un plus grand nombre de branches. Nous voyons des possibilités pour le cours de français, d’anglais, de chimie, d’économie,...

Comment expliquez-vous le succès de “ngowelke”? Chez les enseignants, l’initiative est bien accueillie parce qu’elle est flexible et que son contenu est intéressant. Elle est présentée comme une activité du groupe d’animation pastorale, et sans ce groupe, cette activité n’existerait probablement pas; en même temps, nous essayons de gagner le soutien de l’ensemble du corps enseignant. Un travail interdisciplinaire et interclasses, comme on le propose pour “ngowelke”, va à l’encontre de l’esprit de cloisonnement, tant chez les enseignants que chez les élèves. L’organisation pratique d’une semaine scolaire constitue malheureusement souvent un obstacle à cette multidisciplinarité, mais la collaboration entre collègues a un effet très enthousiasmant. En ce qui concerne les élèves, ils apprécient les activités courtes et denses. La préparation est intense mais ne s’étale pas sur une longue période. Nous vivons dans une société où l’arc ne peut rester tendu trop longtemps! L’apport de quelques ONG, dont VIA Don Bosco, sur le plan du contenu aide à l’organisation de l’activité.

Quel résultat espérez-vous atteindre chez les élèves avec votre initiative? Que leurs yeux s’ouvrent. Quand il est question des inégalités Nord-Sud, tout le monde doit prendre ses responsabilités. Nous sommes tous concernés. L’objectif est de stimuler une vision du monde plus large, qui aille plus loin que celle du dernier Flair ou Foot Magazine. Il est important que les élèves apprennent à mieux connaître et à mieux comprendre les enjeux du 21e siècle. Ils se rendent compte aussi qu’il n’y a pas de solutions ‘toutes faites’ pour un monde plus juste. Nous parlons ici d’une matière complexe sans solutions faciles.

Comment ce concept s’intègre-t-il dans la vision Nord-Sud de votre école?

tant qu’école, nous estimons cependant qu’il est de notre devoir d’éduquer nos élèves à devenir des citoyens du monde soucieux de justice. Nous voulons les sensibiliser aux mécanismes d’inégalité dans et entre les pays pauvres et les pays riches. Et nous le faisons de préférence par le biais d’un projet concret. Dans la pratique, l’accent réside au premier degré dans la collecte de fonds pour un projet Don Bosco à Lubumbashi; au fur et à mesure que les élèves grandissent, nous insistons davantage sur l’aspect éducatif. La collecte de fonds est un moyen de sensibiliser les élèves mais l’éducation au développement, c’est plus que cela.

ngowelke?

Qui fait quoi dans le marché des ONG?

C’est aussi ma vision personnelle des relations Nord-Sud. Le financement, c’est plus l’affaire des autorités, nous y contribuons indirectement en payant des impôts. Il est plus important d’informer les gens sur la manière dont travaille la coopération au développement pour exercer une pression et lutter contre les injustices. Je pense ici surtout à l’aide liée au Sud, assortie de conditions souvent déraisonnables, ou à l’endettement de nombreux pays en développement. Ma connaissance concrète du fonctionnement d’une ONG a en tout cas progressé à grands pas grâce à “ngowelke”. Bram VAN HAVER ■

Nous n’avons hélas pas encore eu assez de temps au sein du GAP pour élaborer une vision Nord-Sud détaillée. En

13


LeMonde.be // Journée mondiale des Droits de l’Homme

Le dix décembre... pour tous et partout partout dans le monde. Cette année aussi, des millions de gens se réuniront dans la rue pour demander que ces droits de l’homme soient respectés dans le monde entier.

Droit à l’éducation et à un travail décent VIA Don Bosco a pour mission essentielle de mettre en pratique les Articles 23 et 26 de la déclaration. Ils traitent respectivement du droit au travail, à des conditions satisfaisantes de travail ainsi qu’à une rémunération équitable, et du droit à l’éducation, qui inclut également l’accès aux formations professionnelles pour tous. Dans le Sud, notre ONG soutient les organisations qui s’efforcent d’améliorer les aptitudes techniques et professionnelles des plus défavorisés et de les accompagner sur le marché du travail. Le projet éducatif de Don Bosco, qui constitue le fil conducteur de l’approche pédagogique de nos partenaires en Afrique, en Amérique latine et en Asie, assure en outre que l’éducation offerte “vise au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales”, comme le stipule la DUDH. Le 10 décembre 1948, la Déclaration universelle des Droits de l’Homme (DUDH) était approuvée à l’unanimité par l’Assemblée générale des Nations Unies. Cette déclaration énonce des droits qui constituent un ensemble commun de valeurs dans la lutte contre la pauvreté et l’exclusion. Il s’agit de droits tels que le droit à la vie, à la liberté et à la sécurité; l’interdiction de l’esclavage, de la torture, de la détention arbitraire; la liberté d’expression, le droit à l’éducation, le droit au travail et à un salaire égal pour un travail égal. Tous ces droits s’appliquent à tout un chacun sans distinction de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, de conviction politique ou autre, d’origine sociale ou nationale. Depuis lors, 192 pays ont apposé leur signature au bas de la déclaration. Ce qui explique que la Journée mondiale des droits de l’homme, le 10 décembre, est célébrée presque

14

En Belgique aussi, notre organisation contribue à la réalisation du droit à l’éducation. La déclaration souhaite en effet que l’éducation “favorise la compréhension, la tolérance et l’amitié entre toutes les nations, groupes raciaux ou religieux”. En donnant aux jeunes Belges l’occasion d’instaurer un dialogue avec des jeunes du Sud lors d’un camp de construction ou d’un voyage d’immersion, ou par le biais d’un projet School-to-School, VIA Don Bosco contribue à éveiller leur solidarité et leur sens des responsabilités. Voir et apprendre à connaître ‘l’autre’ comme un être humain à part entière, c’est une condition sine qua non au respect et à la protection de ses droits humains. Les droits de l’homme appartiennent à chacun de nous et nous rassemblent en une communauté internationale partageant les mêmes valeurs et les mêmes idéaux. VIA Don Bosco est heureuse d’y collaborer! Bram VAN HAVER ■


Evenement LeMonde.be // A l'agenda

21 novembre (9h00-12h30 et 13h30-17h00): Deux sessions de GOAL! Les dernières infos sur le foot? VIA Don Bosco organise une formation qui permettra aux enseignants du secondaire de découvrir le “Ballon du Millénaire”, un outil de sensibilisation aux Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) créé par VIA Don Bosco, et de se l’approprier afin d’être capable de l’animer. La formation est reconnue par le CECAFOC. Les objectifs de cette formation sont: enrichir vos connaissances des OMD et porter un regard global et

critique sur le sujet; découvrir et utiliser le “Ballon du Millénaire” et échanger des expériences et des ressources pour introduire les OMD et d’autres thématiques de l’éducation à la citoyenneté mondiale à l’école. Où? Centre l'ILON, Place l'Ilon, 17 à Namur. Inscription en précisant à laquelle des deux sessions vous participerez au: 02/423.20.83 ou educationaudeveloppement@viadonbosco.org

14 et 28 novembre: Rencontre entre enseignants et ONG

29 novembre: Conférence sur l’(in)équité dans l’enseignement

In n’est pas toujours facile de parler d’éducation à la citoyenneté mondiale à l’école … Vous êtes un prof actif dans votre école autour des questions de solidarité NordSud et de citoyenneté? Vous vous demandez comment ces sujets pourraient mieux être abordés dans votre école? Vous cherchez des conseils, outils et animations? Vous vous demandez comment convaincre les collègues qui ne s’en préoccupent pas? Venez en discuter avec VIA Don Bosco et 13 autres ONG, un mercredi après-midi ! Où: Liège (14/11) et Bruxelles (28/11). Organisée par: Acodev.

Educaid.be a le plaisir de vous inviter à sa deuxième conférence annuelle. Question principale: Comment aborder les principaux obstacles pour l'égalité des chances éducatives comme le genre, le statut socio-économique etc.? La conférence se concentre sur l'accès et les transitions entre les différents niveaux scolaires et entre l’école et le monde du travail. Deux organisations partenaires de VIA Don Bosco sont invitées en tant que conférencier: DB Tech India et Muchachos y Muchachas con Don Bosco. Où? Bruxelles. Organisée par: Educaid.be

Plus d’info et inscriptions: 02/219.88.55 ou sc@acodev.be

Plus d’info : www.educaid.be/fr/content/conference

Rédacteur en chef: Maud SEGHERS - Rédacteur final: Kilian DE JAGER – Rédaction: Omer BOSSUYT, Katrien DE WILDE, Arnoud FESTJENS, Eric JORIS, Marc VAN LAERE – Lay-out: Pierre VANDEVIVERE – Imprimeur: GEERS OFFSET, Oostakker Editeur responsable: Omer BOSSUYT, Bd Léopold II 195, B-1080 Bruxelles Votre adresse est erronée ou vous avez déménagé? Veuillez nous communiquer les changements nécessaires afin que nous puissions vous envoyer le Faire route Ensemble à la bonne adresse. Contactez VIA Don Bosco, Comptabilité des adresses, à l’att. de Jan De Broeck et Peter Goossens, Bd Léopold II 195, B-1080 Bruxelles. Par téléphone: + 32 (0)2 427 47 20 ou par mail: viadonbosco@skynet.be. Suivant les dispositions de la loi du 8 décembre 1992 concernant la protection de la vie privée, vos coordonnées sont insérées dans notre fichier d’adresses. Nous les utilisons uniquement pour la publication d’informations relatives à nos activités. Vous avez pleinement le droit de consulter notre fichier et d’y corriger vos coordonnées.

Partenaires: Association pour une Ethique dans la Récolte de Fonds

Voulez-vous nous soutenir? VIA Don Bosco Compte Banquaire: 435-8034101-59 IBAN: BE84 4358 0341 0159 BIC: KREDBEBB

Sponsors:

15


Citoyenneté mondiale et mobilité sociale

VIA Don Bosco soutient des organisations en Afrique, en Asie et en Amérique Latine. Celles-ci ont pour objectif d’améliorer les capacités professionnelles et sociales de personnes défavorisées de façon à les intégrer dans le monde du travail. A travers nos projets d’éducation au développement, nous créons des liens entre des écoles belges et nos partenaires du Sud. De cette manière, nous contribuons à ce que les jeunes deviennent de vrais citoyens du monde. www.viadonbosco.org


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.