Faire Route Ensemble 2013 n°4

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Belgïe - Belgique

Faire Route Ensemble 4

P.B. - P.P. Gent X 3/1751

Afgiftekantoor Gent X ISSN=1370-5814 P 602488

Quatrième trimestre 2013 // Revue trimestrielle: année 21, n° 4

let’s develop our future


Editorial & Sommaire

Comment allez-vous ? Chers lecteurs,

jeunes dans un pays sous tension croissante, dans une région où la violence extrême n’est hélas pas un lointain souvenir.

Pas très bien, si j’en crois le journal que j’ai sous les yeux. Les Belges ont de toute évidence le moral en berne. Ces dernières années, la satisfaction des Belges quant à leur quotidien a diminué de quatre pour cent, d’après les chiffres de l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE) qui, depuis 2011, compare ses membres – dont la Belgique – en fonction de l’indicateur du vivre mieux, un indicateur qui compare certains facteurs essentiels au bien-être. Toujours selon l’OCDE, les Belges sont de moins en moins enclins à l’entraide et au bénévolat. De tels résultats suscitent des questions, et particulièrement celle de “la poule et de l’oeuf”. Les partenaires de VIA Don Bosco peuvent en tout cas s’estimer satisfaits des efforts fournis, cette année encore, en vue d’offrir de meilleures perspectives d’avenir à de jeunes défavorisés. Frits Vandecasteele, membre de la Cellule d’Animation d’Ostende, et Kaloma Bamiriyo, par exemple, se sont investis pour la jeunesse en Inde et au Congo. Non pas en raison d’un quelconque sentiment de culpabilité ou parce qu’ils estiment avoir “la” réponse clé en main, mais par respect pour les populations locales. Les salésiens de l’école technique Rango, au Rwanda, maintiennent la flamme de l’espoir pour “leurs”

Thème La coopération sous pression VIA Don Bosco obligée d’abandonner des pays partenaires.

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Vous en saurez plus à la lecture de ce Faire Route Ensemble. L’année 2013 vous a sans doute aussi offert des opportunités pour aider d’autres personnes ou, tout simplement, montrer à leur égard de bonnes dispositions. VIA Don Bosco et ses partenaires vous souhaitent, à leur tour, une satisfaisante fin d’année! Maud SEGHERS Directeur

Education au développement 3

Coopération au développement Partenaires Le point sur deux initiatives citoyennes belges. Rwanda De vertes collines pour le mouton noir?

Sr. Ana Victoria Ulate Vargas et P. Juan José Gomez Serrano, tous deux directeurs d’une école partenaire de VIA Don Bosco au Bénin, seront prochainement en Belgique afin d’expliquer leurs activités visant à offrir un meilleur avenir aux enfants des rues et aux victimes de la traite des enfants. Vous pourrez les rencontrer le 5 décembre à Bruxelles. Les directeurs, enseignants et élèves du collège Lutgardis à Auderghem et de Don Bosco Haacht ont déjà accueilli chaleureusement leurs collègues indiens. Tout simplement parce qu’ils veulent aller à la rencontre de l’autre. Notre façon de traiter “l’autre” détermine le degré de civilisation dans notre société. Chez les partenaires School-to-School de VIA Don Bosco, le respect mutuel est clairement une priorité absolue.

School-to-School Belgique-Inde Une onde de chaleur indienne en Belgique. Interview de Gie Goris

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LeMonde.be 6 8

Educaid.be Résultats d’apprentissage pour tous. A l’agenda

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Thème // Enseignement et Développement

La coopération au développement sous pression

L’éducation conduit à plus d’égalité entre hommes et femmes et a un impact positif sur le revenu.

Des progrès sont possibles En cette fin 2013, 1,3 milliard de personnes vivent encore sous le seuil de pauvreté et 842 millions souffrent de la faim chaque jour. Il y a pourtant des signes positifs. De nombreux chiffres montrent que la coopération au développement a contribué au développement dans le Sud. Au niveau de l’éducation, entre autres, on a réalisé d’énormes progrès, grâce notamment aux efforts de tous les acteurs qui se sont attelés à la réalisation des Objectifs du Millénaire. L’enseignement accueille actuellement 31 millions de filles de plus qu’en 1999. Cette progression, c’est à vous ainsi qu’à toutes les organisations belges et étrangères qui se mobilisent pour le droit à l’éducation qu’on la doit.

L’éducation a un impact considérable sur le développement humain et économique:

’éducation est source d’augmentation des revenus L et de croissance économique. Une année de scolarisation supplémentaire entraîne une hausse du revenu individuel de 10 et une progression du revenu national brut moyen (RNB) de 0,37 pour cent. L’éducation permet d’améliorer la santé. Chaque année de scolarité supplémentaire pour les mères aboutit à une diminution de la mortalité infantile de 5 à 10 pour cent. L’éducation conduit à plus d’égalité entre hommes et femmes et a un impact sur le revenu et la croissance économique annuelle par tête. Investir dans l’éducation des filles, par exemple, peut augmenter le rendement agricole en Afrique subsaharienne de 25 pour cent. L’éducation augmente la prise de conscience en matière de changement climatique et de gestion de ses conséquences.

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Thème // Enseignement et Développement

Lors des négociations budgétaires pour 2014, il a été décidé que la coopération au développement devrait une fois de plus accepter une réduction de 135 millions d’euros. Pourtant, l’accord gouvernemental de 2011 stipulait que le budget de la coopération au développement serait gelé.

VIA Don Bosco doit laisser tomber des pays partenaires

L’enseignement accueille actuellement 31 millions de filles de plus qu’en 1999.

’éducation joue un rôle dans l’instauration de la paix L et la stimulation de la démocratie. L’éducation est une des conditions indispensables à la réalisation de sociétés pacifiques.

Des progrès sont donc possibles si nous fournissons tous les efforts promis. Mais c’est là que le bât blesse ... Certains gouvernements, dont le gouvernement belge, ne tiennent pas leurs promesses.

L’aide publique belge connait des ratés Encore récemment, CNCD-11.11.11 a constaté que plusieurs pays européens ne respectent pas leurs promesses. Entre 2011 et 2012, l’aide a baissé ou stagné dans neuf pays de l’Union européenne (UE), les plus fortes baisses se produisant en Espagne (49%), en Italie (34%), à Chypre (26%), en Grèce (17%) et en Belgique (11%). En 2012, le gouvernement belge a supprimé 407 millions d’euros des dépenses prévues. Au lieu du rattrapage promis en 2013, le budget fait l’objet d’une nouvelle coupe. En juillet 2013, le compteur indiquait déjà 220 millions d’euros d’économies. Ce qui porte l’économie totale à 627 millions d’euros ou 22 pour cent du budget promis sur deux ans. Les dépenses officielles belges pour la coopération au développement sont passées de 0,64 pour cent du RNB en 2010 à 0,47 pour cent. Loin de la norme de 0,7 pour cent que la Belgique et d’autres membres de l’Organisation de Coopération et de Développement économiques (OCDE) se sont imposés.

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Les ONG continuent à frapper à toutes les portes pour obtenir des subsides, dans un climat de réglementation de plus en plus sévère et une charge administrative de plus en plus lourde. Lors de la présentation des programmes de développement pour les trois prochaines années (20142016), l’approche dite régionale s’est tout à coup avérée être une pierre d’achoppement pour la Direction Générale de la Coopération au Développement (DGD), l’instance publique fédérale qui donne un avis au Conseil des ministres concernant l’approbation ou non des dossiers introduits. Dans le programme actuel (2011-2013), VIA Don Bosco collabore avec cinq régions: Afrique de l’Est (Kenya, Tanzanie), Afrique des Grands Lacs (Rwanda, Burundi, Ouganda), Afrique équatoriale (République d’Afrique centrale, Gabon, Cameroun, République du Congo), Afrique occidentale (Benin, Côte d’Ivoire, Mali, Togo) et Amérique centrale (El Salvador, Guatemala, Honduras, Nicaragua). A côté de cela, VIA Don Bosco a soutenu ces trois dernières années des organisations partenaires en Inde, en République démocratique du Congo (RDC), à Madagascar, en Bolivie, en Colombie, en Equateur et au Pérou. Un accord avait été conclu entre le gouvernement et les ONG à propos de l’approche régionale mais cette année, nous devons hélas constater que la DGD interprète cet accord de manière très restreinte. Ainsi, VIA Don Bosco a été pressée d’abandonner l’approche régionale et de rentrer un dossier qui ne contient plus que dix pays partenaires dans le Sud. Pour éviter un avis négatif, le Conseil d’administration et la Direction de VIA Don Bosco ont décidé de tenir compte de l’avertissement de la DGD. Nous avons donc demandé pour la période 2014-2016 des subsides pour (seulement) dix pays: Benin, RDC, Madagascar, Mali, Tanzanie, Bolivie, El Salvador, Equateur, Haïti et Pérou. Avec les organisations partenaires dans les autres pays, il a fallu de toute urgence mettre au point une stratégie de sortie. Dans ce genre de situation, il est heureux que VIA Don Bosco collabore avec des organisations de la famille Don Bosco!


Grâce à la solidarité mutuelle, la durabilité et la survie de nos partenaires ne sont pas totalement compromises. Il n’empêche que cela chambarde pas mal de projets et que la Belgique mérite un blâme: une aide imprévisible ne peut être efficace.

L’attention à l’éducation doit perdurer De plus, la coopération au développement n’est efficace que lorsqu’elle établit des priorités claires et qu’elle les traduit en actions concrètes. Mais sur ce plan aussi, certaines choses ne tournent pas rond. Ainsi, les autorités belges ont fait du secteur de l’éducation, à juste titre, un des secteurs prioritaires pour la coopération au développement. En réalité, nous remarquons que l’acte ne suit pas la parole. Ces 30 dernières années, la Belgique a investi dans l’éducation: environ huit pour cent en moyenne de la coopération au développement officielle ont été affectés à l’éducation. Depuis 2009, l’aide à l’éducation recule. De plus, une grande partie des huit pour cent va à des projets qui ne contribuent pas vraiment à renforcer l’éducation dans le Sud mais renforcent plutôt d’autres secteurs tels que l’agriculture ou les soins de santé. Les programmes de bourses d’études qui permettent à des médecins et des ingénieurs agricoles du Sud de suivre des études supérieures en Belgique en sont un bon exemple. Pour la coopération au développement bilatérale, l’éducation est le secteur présent dans le plus

petit nombre de pays partenaires (seulement quatre des 18). Et si nous regardons l’apport de la Belgique dans les débats sur l’après 2015 – débats en vue de préparer le cadre de développement après 2015, l’année où les objectifs du Millénaire devraient être atteints – force est de constater qu’on y réclame peu d’attention spécifique pour l’éducation. Vu l’importance de notre secteur, VIA Don Bosco trouve que le gouvernement doit fournir plus d’efforts pour mériter un bon bulletin.

Ce que vous pouvez faire Heureusement, les partenaires de VIA Don Bosco peuvent compter sur le soutien de la population belge. Un petit coup de pouce financier sous la forme d’un don est toujours bienvenu. Mais vous pouvez faire plus. Année électorale par excellence, 2014 promet d’être une année clé pour la coopération au développement, et pour l’éducation dans la coopération au développement en particulier. En tant que citoyen vigilant, vous pouvez faire en sorte que les politiciens avec qui vous entrerez en contact pendant la campagne électorale se rendent compte que vous attachez de l’importance à l’éducation dans la coopération au développement. N’hésitez pas à leur rappeler que le gouvernement doit réaliser ses promesses. Mieux encore. Durant l’année écoulée, on a beaucoup parlé des compétences dites usurpées, qui seraient transférées du niveau fédéral au niveau régional. Diverses contributions fédérales à des organisations qui travaillent à l’éducation via la coopération au développement – comme la collaboration universitaire et l’Association pour la Promotion de l’Education et de la Formation à l’Etranger (APEFE) et son pendant flamand (VVOB) – ont été mises en question sous prétexte de leur “caractère usurpant”. Le budget de l’éducation et la coopération au développement risque d’être encore plus éparpillé et évidé. Le sujet reviendra sur la table en 2014. Faites savoir que cela vous préoccupe. Citoyens vigilants ... des milliers de jeunes dans le Sud comptent sur votre voix! Maud SEGHERS ■

Le 10 octobre dernier, les ONG belges ont manifesté contre les économies faites sur la coopération au développement

Avec des informations de CNCD-11.11.11 et Educaid.be

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Coopération au développement // Partenaires

S’investir sans compter pour le Sud jour, Frits s’est perdu. Après avoir erré pendant trois heures, il a finalement aperçu un petit village: il était à plus de 12 km de Ponferrada, la destination de ce jour-là. Il avait probablement suivi de mauvaises indications ... Mais les choses ont failli vraiment mal tourner lorsqu’il a perdu une paire de lunettes et brisé une autre! Il était incapable de lire son itinéraire, ses mails, les touches de son GSM. A plusieurs reprises, Frits a dû faire appel à d’autres pèlerins, pleins de compassion pour ce “pauvre analphabète”. En revanche, Frits n’a pas eu à souffrir d’ampoules. Chaque jour, il prenait soin de masser ses pieds avec de la vaseline. Mais la meilleure protection était assurée par une solide paire de Hush Puppies reçues en cadeau après une conférence.

La coquille Saint-Jacques: le guide pour les pèlerins.

De nombreux “trois fois vingt” se dévouent bénévolement pour les populations défavorisées dans le Sud. Ils veulent faire quelque chose pour des personnes qui tentent, dans des conditions difficiles, de garder la tête hors de l’eau. Depuis une vingtaine d’années, Frits Vandecasteele, septuagénaire (!) de Flandre occidentale, se mobilise en faveur des projets Don Bosco dans le Sud, en collaboration avec Miet Provoost de la cellule d’animation d’Ostende. Il vient de vivre un des moments forts de sa vie: un pèlerinage à Compostelle. Autre retraitée au grand cœur, Kaloma Bamiriyo est une Congolaise qui vit depuis plus de 40 ans en Belgique. N’étant pas du genre à rester les bras croisés, cette ancienne infirmière a lancé un projet ambitieux en République démocratique du Congo (RDC). VIA Don Bosco s’est intéressé à leur action.

Heurs et malheurs d’un pèlerin Le 2 septembre dernier, Frits Vandecasteele de la cellule d’animation d’Ostende entrait dans la cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle, après une marche à pied de 768 km. Agé de 75 ans, Frits est fier et heureux d’avoir pu accomplir cet exploit pour les orphelins de Chennai, la capitale de l’état indien de Tamil Nadu, qui peuvent compter grâce à son enthousiasme sur 17.138,88 euros! La randonnée s’est déroulée presque sans embûches! Un

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Le pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle a bien changé ces dernières années. Le Camino est devenu très fréquenté et, aux dires de Frits, trop sévèrement réglementé, trop superficiel. Quelle différence avec les expéditions précédentes! Depuis que le Camino est reconnu par la Communauté européenne, les dormeurs reçoivent un drap et une taie d’oreiller en papier. La contribution qui jadis était libre s’élève désormais à six euros. Vous devez reprendre la route avant six heures du matin si vous voulez arriver à temps dans le refugio suivant, sinon il n’y a plus de place. Frits regrette l’ambiance d’antan, tout en sachant que cette époque est révolue.

Un sac à dos témoigne Le sac à dos de Frits en a vécu des choses durant toutes ces années! Ah, si les sacs à dos pouvaient parler. “Cela fait 20 ans que nous voyageons ensemble. Tout droit sorti de l’Aldi, j’ai pu accompagner Frits pour la première fois d’Ostende à Lourdes. Au début, Frits me remplissait beaucoup trop. Avec l’expérience, il a petit à petit réduit ma charge! Nous avons vécu toutes sortes d’aventures durant nos randonnées sponsorisées. J’ai participé aussi aux projets dans le Sud: Mali, Madagascar, Afrique du Sud, Philippines … J’y ai été témoin de la pauvreté, de la reconnaissance et du dévouement sans borne des pères et sœurs de Don Bosco. Durant toutes ces années, nous avons parcouru 27.176 kilomètres et la cellule d’animation d’Ostende a pu verser 323.322,29 euros à de nombreux projets dans le Sud! Je n’aurais jamais cru que, simple sac à dos, je serais si important dans la vie d’un pèlerin.”


L’agriculture, l’adduction d’eau et l’éducation: trois axes importants Sans sac à dos, mais avec un cœur aussi grand, Kaloma Bamiriyo s’investit sans compter pour le Sud. A l’issue de sa carrière professionnelle d’infirmière en Belgique, Kaloma a décidé de se consacrer au développement de sa patrie d’origine, la République démocratique du Congo (RDC). En 2009, elle crée à cet effet au Congo l’Association Congolaise d’Appui au Développement Communautaire (ACADEC). Cette ONG a pour objectif de donner aux habitants de Bu, une communauté de 18 villages sur le plateau de Bateke, à 120 km au nord-est de la capitale Kinshasa, l’occasion de prendre leur sort en mains. Les conditions de vie sont difficiles dans cette partie de la RDC. L’emploi est pour ainsi dire inexistant et les familles ont peu de moyens pour assurer leur subsistance. Avec le soutien du réseau qu’elle a développé en Belgique pendant toutes ces années, Kaloma loue, pour 25 ans, un terrain agricole de 80 ha à Bu. En quelques années, la majeure partie du sol a été utilisée pour l’agriculture. La moitié a été sous-louée à bas prix à des familles et des veuves de la communauté, qui ont peu faire appel à cet effet à des microcrédits. Plus de 80 familles ont ainsi mis sur pied leur propre projet agricole. La diversité des plantes cultivées – légumes, arachides, manioc, arbres fruitiers – leur permet non seulement de se nourrir de manière équilibrée mais aussi de disposer de moyens financiers supplémentaires. Une partie de la récolte est vendue à Kinshasa, ce qui rapporte à une famille environ 150 euros par semaine. Une belle somme quand on sait qu’un enseignant gagne en moyenne 40 euros par mois. L’approvisionnement en eau est une autre réalisation importante du projet Kaloma-Bateke. Dans le passé, les femmes et les enfants devaient parcourir quotidiennement plusieurs kilomètres pour aller chercher de l’eau à la source la plus proche. Un problème que Kaloma a résolu en installant des pompes et des filtres qui purifient l’eau des marais. L’acquisition d’un camion-citerne a également été d’un grand secours. Durant la saison sèche, le camion approvisionne les habitants en eau potable. La construction d’un moulin pour le broyage du manioc et du maïs a également permis aux femmes et aux enfants de gagner un temps précieux ... Temps qu’ils peuvent mettre à profit pour apprendre. Une partie des moyens financiers sert évidemment à améliorer l’enseignement. L’école de Bu compte 1.200

élèves. Jusqu’il y a peu, les conditions d’enseignement et d’apprentissage reflétaient tous les problèmes auxquels la région est confrontée: petits locaux vétustes et trop peu nombreux; manque d’eau potable et d’électricité; sanitaires quasi inexistants, ce qui retient les filles surtout d’aller à l’école. ACADEC améliore cette situation en installant des toilettes et en achetant du matériel scolaire.

Kaloma Bamiriyo s’investit pour son pays natal.

Les élèves qui n’ont pas les moyens peuvent compter sur des bourses; l’ONG investit en outre dans la formation d’enseignants. Cette année, elle a également acquis un terrain pour y construire une nouvelle école. Les projets d’avenir sont ambitieux. L’ONG souhaite installer des panneaux solaires, acheter de nouveaux terrains, construire une deuxième clinique, aménager une salle d’opération, étendre le troupeau de chèvres, etc. Autant d’initiatives destinées à améliorer les conditions de vie des habitants à Bu. Kilian DE JAGER & Miet PROVOOST ■

Frits parcourt le pays avec “Un sac à dos plein d’histoires”, un témoignage passionnant sur les heurs et malheurs d’un pèlerin. Téléphonez au 0475 65 54 45 ou envoyez un e-mail à wilfried.cafmeyer@ telenet.be pour un rendez-vous. Pour plus d’informations sur le projet de Kaloma Bamiriyo, vous pouvez consulter www.acadec-bu.com

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Coopération au développement // Rwanda

De vertes collines pour le mouton noir?

L’avenir de la coopération au Rwanda s’est dessiné le 17 septembre 2013. C’est en effet ce jour-là que le Front Patriotique Rwandais (FPR), le parti de l’actuel président Kagame, a confirmé sa majorité absolue au parlement. D’après le gagnant des élections, le peuple réitérait ainsi sa confiance dans les leaders politiques actuels ainsi que dans leur politique sociale.

De “donor darling” à mouton noir Jusque récemment, la communauté internationale était du même avis. Le Rwanda était unanimement loué pour sa bonne gestion de l’aide au développement. Le pays des mille collines s’est non seulement fortement développé sur le plan économique, mais a aussi amélioré l’accès aux soins de santé. Le Rwanda peut aussi s’enorgueillir du fait qu’il est le seul pays au monde dont le parlement compte plus de femmes que d’hommes. Grâce à ces évolutions positives, le pouvoir a pu compter sur le soutien de quelques poids-lourds internationaux tels que Bill Clinton ou Tony Blair. L’attitude de la communauté internationale a toutefois drastiquement changé en 2012, après la publication par les Nations Unies d’un rapport accusant les autorités rwandaises de soutenir activement les mouvements rebelles dans l’est du Congo voisin. Depuis, les critiques sur le pouvoir rwandais se sont renforcées et l’aide apportée au pays n’a

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cessé de diminuer. Tant l’UE que le Royaume Uni, les PaysBas, l’Allemagne et les Etats-Unis ont fortement réduit leur soutien, quand ils ne l’ont pas carrément gelé. Difficile, à l’heure actuelle, de savoir comment évoluera dans un proche avenir le soutien officiel des donateurs, mais la victoire récente du FPR aux élections ne laisse rien augurer de bon. Pour la politique sociale du Rwanda, qui recevait encore en 2011 la moitié du budget gouvernemental par le biais de la coopération, cette réduction est une catastrophe. Il y a fort à parier qu’elle affectera avant tout l’enseignement, les soins de santé et d’autres services sociaux. Ces services sont pourtant indispensables si l’on veut préserver le tissu social fragile de la société rwandaise.

Trouvé dans les roseaux Muvunyi en est la preuve vivante. Il y a quelques années, ce jeune homme fut retrouvé par des passants dans un champ de roseaux marécageux, non loin de Gatenga. Ils le conduisirent auprès des salésiens qui lui offrirent du thé, des bananes, des vêtements propres et un peu de paracétamol contre la fièvre. Lorsque Thérèse Watripont, récemment nommée coordinatrice du Bureau de Développement salésien, voulut le laver et lui passer de nouveaux vêtements, il apparut bien vite que ce traitement ne suffirait pas. Le garçon présentait des blessures profondes, laissant par endroits apparaître les os.


Muvunyi fut donc amené dans un dispensaire où l’on diagnostiqua aussi un cas de malaria. Le garçon fut soigné immédiatement. Mais celui-ci ne pouvant être endormi, trois personnes durent le maintenir de force pendant que ses blessures étaient soignées. Muvunyi récupéra rapidement de ses blessures et put bientôt raconter son histoire. Ayant perdu ses parents, il avait échoué dans la rue et dormait – littéralement – dans le caniveau. Refusant d’être placé dans une institution, il se cachait dans les marécages à chaque fois qu’une patrouille de police passait par là. Ce calvaire dura deux ans. Rien d’étonnant donc à ce que Muvunyi ait été trouvé aussi mal en point. Une fois sa convalescence terminée, les salésiens lui demandèrent ce qu’il souhaitait faire. Il répondit qu’il aimerait suivre une formation. Ainsi fut fait: au cours des années suivantes, le jeune travailla dur pour obtenir un diplôme de soudeur à Gatenga. Muvunyi a aujourd’hui retrouvé sa grandmère, qui habite à une centaine de kilomètres de là et à qui il a fièrement pu montrer son diplôme.

Seule au monde Immaculée Tuyisenge tente elle aussi d’obtenir un brevet de soudeuse, mais cette fois à l’école salésienne de Rango, à Huye, l’ancienne Butare. Voici son témoignage: “Née 9 mois après la séparation de mes parents, je suis le seul enfant de ma mère retournée vivre chez mes grands-parents. J’ai souhaité un jour connaître mon père mais, après m’avoir rencontré, celui-ci m’a renvoyé chez moi, en refusant de surcroît de reconnaître sa paternité. Cette attitude m’a profondément blessée, au point d’en perdre le goût de vivre.” Immaculée subit un deuxième puis même un troisième choc psychologique après l’arrestation de sa mère. Celle-ci est condamnée à 30 ans de prison parce que l’oncle chez qui elle vivait à l’époque avait volé les biens d’un homme qui avait fui le pays. Lorsque l’oncle disparut à son tour, c’est la mère d’Immaculée qui se retrouva accusée de vol. Le décès de sa grand-mère vint s’ajouter à ce drame, plongeant Immaculée dans un découragement profond. “Heureusement, une famille m’engagea quelque temps plus tard comme aide-ménagère. Ce fut pour moi un premier pas. Soudain, je mangeais et dormais dans un lit, comme tout un chacun.” Immaculée eut ensuite la chance d’entrer en contact avec une association venant en aide aux personnes vulnérables.

La formation à la soudure offre un avenir aux jeunes de Gatenga et Butare.

Celle-ci se montrait prête à payer ses études. Le village dans lequel elle vivait comptant trop peu de soudeurs, elle décida de suivre ces études dans le centre de formation professionnelle Rango. Elle est la seule fille dans sa branche, mais cela ne lui fait ni chaud ni froid; la jeune fille a bon espoir d’assurer sa subsistance une fois sa formation terminée. “Lorsque j’aurai achevé mes études, je commencerai à gagner de l’argent qui me permettra de rendre visite à ma mère en prison. J’achèterai pour elle de bonnes choses, pour qu’elle soit fière de m’avoir élevée. Mon soutien sera pour elle une grande consolation. Je tiens à remercier tous ceux qui, de près ou de loin, m’ont permis de retrouver le goût de vivre.”

Qui veillera aux vertes collines ? Il ne s’agit ici que de deux cas parmi les nombreux récits de jeunes ayant “repris le dessus”. Nos organisations partenaires au Rwanda pourraient vous en conter bien d’autres. Hélas, de nombreux jeunes n’ont pas eu la même chance. Du fait de la réduction de l’aide internationale, l’État rwandais aura bien plus de difficultés à poursuivre ses investissements en faveur des jeunes. Pourtant, ceux-ci ont vraiment besoin de se développer et de veiller à ce que les collines rwandaises retrouvent des couleurs. Heureusement, les salésiens restent fidèles au poste. Grâce à leur motivation et à votre soutien, nous continuons d’aider les jeunes de Gatenga et Rango à apprendre un métier. Ils pourront ainsi se forger un avenir … et contribuer à celui de la société rwandaise.

Stefan LOPEZ-HARTMANN ■ 9


Education au développement // School-to-School Belgique-Inde

Une onde de chaleur indienne en Belgique

Des enseignants indiens des écoles Don Bosco à Pondichéry et Chennai en visite chez leurs collègues de Don Bosco Haacht.

Ces derniers temps, l’Inde est particulièrement au centre de l’attention des médias, du jeune Giel qui souhaite rejoindre un monastère bouddhiste aux inondations et cyclones en passant par l’exposition Europalia à Bozar. Deux écoles belges du secondaire ont un lien spécial avec ce pays. Dans le cadre de School-to-School (s2s), un projet d’échange éducatif de VIA Don Bosco, l’école de Don Bosco à Haacht et le collège Lutgardis d’Auderghem ont noué un partenariat avec deux écoles Don Bosco de Chennai et Pondichéry, deux grandes villes dans l’état du Tamil Nadu. En 2012, six enseignants belges sont partis en Inde afin de faire connaissance avec leur école partenaire et la culture indienne, donnant ainsi naissance à s2s Belgique-Inde. Par la suite, diverses activités d’échange ont été organisées entre ces écoles. En septembre 2013, ce fut cette fois au tour des collègues indiens d’entreprendre le voyage. Dix jours durant, Ursula, professeur d’anglais, Fathima, professeur de biologie, P. Samson, directeur d’école, P. Xavier, directeur d’école et P. Johnson, directeur du Bureau de Développement salésien furent invités en Belgique.

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Saris colorés En route vers notre premier rendez-vous à Don Bosco Haacht, l’un de nos invités déclara tout de go: “C’est si calme, ici, il y a si peu de voitures”. Une remarque normale … n’était le fait que nous étions en plein dans les embouteillages du matin sur le ring de Bruxelles! Le ton était donné. Durant 10 jours, admiration, humour et découvertes se succédèrent. Une fois arrivés à l’école, nous constatâmes bien vite que les saris colorés d’Ursula et Fathima attiraient l’attention de tous les élèves. Si ces derniers se tenaient à bonne distance au début, leur timidité fit bien vite place à une saine curiosité et … à une avalanche de questions. Des questions telles que “Avez-vous aussi des tracteurs dans votre pays?”, d’autres relatives au petit point rouge ornant le front de nos hôtes, aux jours fériés en Inde ou encore à la scolarité des jeunes Indiens. Et c’est précisément l’objectif de ce projet: créer un cadre au sein duquel enseignants et élèves d’écoles au Nord et au Sud entrent en contact et apprennent les uns des autres. En Inde, l’accueil des enseignants belges dans les écoles fut à chaque fois spectaculaire. Danses, chants, banderoles, petits cadeaux, etc. La barre avait donc été mise très haut.


Les écoles belges ont toutefois relevé le défi et accueilli chaleureusement la délégation indienne. Il fut fait appel au conseil d’élèves, les chanteurs en herbe donnèrent le meilleur d’eux-mêmes, une classe de 6ème se chargea d’une visite guidée à travers Bruxelles, d’autres préparèrent un véritable festin, etc. Toutefois, les Indiens n’étaient pas venus les mains vides: pour remercier leurs homologues belges, ils leur offrirent un châle à porter autour des épaules, une coutume indienne témoignant tout à la fois respect et appréciation. Lors de sa visite des écoles, plusieurs choses frappèrent la délégation indienne. La grande diversité des classes du collège bruxellois Lutgardis les surprit. Plus de 10 nationalités au sein d’une même classe? Jamais ils ne s’y seraient attendus! Les méthodes d’enseignement interactives, laissant plus de responsabilités aux élèves et les préparant à une vie autonome au sortir de l’école, firent réfléchir la délégation. Ajoutons encore qu’elle ne tarit pas d’éloges sur les petites classes et l’équipement impressionnant des sections techniques et professionnelles de Don Bosco Haacht.

Une expérience unique pour les écoles Nous avions aussi prévu de fréquents échanges de vue sur les activités futures entre étudiants et professeurs. Suite à cette visite, les quatre écoles ont dès lors mis sur pied quelques activités d’échange: des cours consacrés au quotidien des jeunes Belges et Indiens, ainsi qu’aux valeurs et normes propres aux deux cultures, une étude biologique des sols de Pondichéry pour le cours de géographie, l’envoi de cartes de Noël, etc. Les possibilités sont légion et c’est à présent aux enseignants et élèves impliqués à poursuivre sur cette voie.

Celle-ci ne sera toutefois pas sans embûches, comme l’avait déjà démontré la première année scolaire s2s. La formation de l’Association Flamande pour la Coopération au Développement et l’Assistance Technique (VVOB) programmée lors de la dernière journée le confirma encore. Les participants en arrivèrent à la conclusion qu’une alliance entre écoles est par essence un processus lent et qu’une bonne communication s’avère essentielle pour sa réussite. Cette visite a dès lors permis de faire un grand pas en avant. L’assise entre les écoles s’est clairement renforcée et les deux parties comprennent désormais mieux les attentes de chacun. Le partenariat est devenu bien plus tangible pour tous les intervenants. Ce qui promet de nombreuses années passionnantes au cours desquelles les élèves, tant ici qu’en Inde, évolueront grâce à s2s pour devenir de véritables citoyens du monde. Le discours de clôture prononcé par un élève de 6ème du collège Lutgardis témoigna de l’appréciation et de l’enthousiasme des élèves: “Nous sommes aujourd’hui rassemblés non pas en tant qu’étrangers, et même pas en tant que collègues étudiants, mais bien en tant qu’amis. Ces 10 jours furent une unique pour nos deux écoles. Nous espérons que vous avez pleinement profité de votre visite en Belgique.” Et ce fut assurément le cas: la délégation indienne répondit aux étudiants qu’elle n’était pas prête d’oublier cette visite, qu’elle avait été touchée par les nombreuses interactions passionnantes entre enseignants et élèves, et que les deux écoles indiennes se réjouissent déjà des nombreuses activités qui seront programmées à l’avenir. A suivre, donc! Bram REEKMANS ■

School-to-School (s2s) – “D’un dialogue à propos du Sud à un dialogue avec le Sud” s2s est un partenariat liant une école en Belgique à une école du Sud. Actuellement, VIA Don Bosco facilite deux pôles géographiques s2s: Belgique-Inde et BelgiqueRDC. Les écoles organisent des activités autour de thèmes et objectifs communs privilégiant l’aspect éducatif. s2s a pour but de permettre aux élèves, enseignants et membres de la direction d’écoles du Sud et du Nord de se faire une idée plus réaliste du cadre de vie de chacun et de s’accoutumer aux différences culturelles sur base d’un dialogue et d’actions communes. Les préjugés tombent peu à peu de part et d’autre, “l’autre” n’est plus un inconnu et un respect et une compréhension mutuels se font peu à peu jour.

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Education au développement // Interview de Gie Goris

“Les cultivateurs en Afrique ne sont pas des idiots” Nous devons développer une vision du monde dans laquelle nous ne nous voyons plus comme “les développés”, ceux qui ne manquent de rien et ont dès lors le devoir moral d’aider ceux qui vivent moins bien. C’est le paradigme avec lequel nous avons démarré il y a 50 ans et qui est encore très perceptible dans les programmes aujourd’hui. Je m’étonne de la lenteur avec laquelle la manière d’envisager les relations nord-sud change. Elle est encore très ancrée dans bon nombre d’images ou de convictions.

L’image du poisson

Gie Goris, rédacteur en chef du magazine MO*, est bien connu de tous ceux qui s’intéressent aux relations NordSud. Ce que peu de gens savent en revanche, c’est qu’il a travaillé dans les années 1980 comme collaborateur éducatif chez Broederlijk Delen, le pendant flamand d’Entraide et Fraternité. VIA Don Bosco l’a interrogé sur sa vision de l’éducation au développement, la sensibilisation et le rapport entre ces deux concepts.

Qu’entendez-vous par éducation au développement? Globalement, je pense que l’éducation au développement doit viser à rendre les gens capables de mieux comprendre le monde, à les sensibiliser aux enjeux du développement de manière à transformer le regard de chacun sur cette thématique, certains pays, certaines personnes. Ce qui implique autrement dit que l’éducation au développement renonce à mettre unilatéralement l’accent sur l’aide au développement, voire la coopération au développement.

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Une des images les plus difficiles à éradiquer est celle du poisson: “Nous ne devons pas leur donner du poisson, mais leur apprendre à pêcher.” Cette image était un appel à passer d’un simple don caritatif à une action plus structurée, une invitation à investir à long terme dans la formation. Mais en répétant cette même image aujourd’hui, on garde une vision du monde où nous, nous savons et eux pas. Les cultivateurs en Afrique ne sont pas des idiots. Leur pauvreté a des causes structurelles. Nous pouvons agir sur certaines d’entre elles, non pas en leur enseignant comme cultiver la terre, mais en modifiant notre demande/pression sur le marché mondial. Cela ne veut pas dire qu’une formation complémentaire pour les cultivateurs et les femmes est superflue, mais nous devons abandonner l’idée selon laquelle nous possédons ces connaissances presque par définition, “vous voyez bien que chez nous ça marche”, et que nous allons donc les leur apporter. Même chez les gens qui la désapprouvent, la pensée eurocentrique est très présente. Selon moi, l’éducation au développement doit la combattre. L’éducation au développement doit nous rendre capables de vivre en citoyens du monde dans une relation d’égalité avec d’autres citoyens du monde, parfois socialement plus vulnérables, plus pauvres ou simplement culturellement différents. Ce qu’il ne faut pas faire, c’est convaincre les gens le plus vite possible que la coopération au développement est importante. Son importance doit ressortir de l’éducation à la citoyenneté mondiale.


VIA Don Bosco réunit des écoles du Nord et du Sud par le biais des projets s2s. Est-ce une bonne manière de faire de l’éducation au développement? VIA Don Bosco travaille avec un modèle horizontal qui comporte beaucoup de possibilités. L’ONG est active sur tous les continents, ce qui permet les contacts directs. Cela ne garantit évidemment pas que l’éducation au développement soit exempte d’un certain paternalisme ou d’une attitude eurocentrique. Nous sommes nés làdedans. Cela me surprend toujours de constater que les jeunes sont convaincus que nous savons mieux parce que nous vivons mieux et que nous devons dès lors aider. Ou justement que nous ne voulons plus aider, ce que l’on rencontre malheureusement aussi. Ce modèle horizontal de contact et d’échange peut donner de beaux résultats. Mais s’il n’est pas bien accompagné, il résultera en une reproduction des relations existantes: “nous sommes plus malins, donc nous allons aider.” Nous allons expliquer quelque chose en nous convainquant que “nous apprenons les uns des autres”, mais nous n’apprenons rien, parce que nous ne changeons rien à notre manière de faire et de penser. Nous attendons en revanche que de l’autre côté, ils apprennent quelque chose. Et cet autre côté reproduit ses propres préjugés: “ils sont riches et nous sommes pauvres; ils doivent donc donner et nous devons dire ce que nous pensons qu’ils veulent entendre.” Une relation de ce type est tronquée des deux côtés et la rectifier n’est pas un processus aisé.

L’éducation au développement n’estelle pas une forme de sensibilisation? Les scientifiques qui écrivent des études à ce sujet l’expliquent probablement mieux que moi. Collaborateur éducatif chez Broederlijk Delen pendant des années, j’ai toujours attaché beaucoup d’importance à étayer une action. Une vision nuancée, des informations sérieuses et approfondies sur les projets sont, selon moi, des fondements indispensables pour pouvoir travailler à un engagement durable, à long terme. Cela s’applique aussi aux organisations qui s’occupent de sensibilisation. On peut rallier beaucoup de monde à sa cause au moyen d’une bonne campagne RP, mais si cette campagne ne repose pas sur des fondements solides, sur un choix réfléchi, elle s’effritera rapidement. Les gens doivent avoir la capacité de choisir ou non les propositions que vous amenez. Cela demande plus d’investissement, il faut étayer les

propositions au moyen d’arguments; parfois les gens ne vous suivent pas évidemment. Mais s’ils font la démarche, ce sera de manière plus durable. A plus long terme, vous avez intérêt à démontrer que partout dans le monde, les gens agissent, pensent, doutent, ce sont des êtres contradictoires, et que c’est justement la raison pour laquelle il importe de collaborer, de mettre la solidarité en priorité. Ce qui veut dire aussi que cette solidarité ne s’organise pas avec des êtres angéliques de l’autre côté de la terre, qui ne seraient que solidaires,

“Des images nuancées et des informations réfléchies sont les fondements d’un engagement durable”

travaillent dur et veulent le meilleur pour leurs enfants, qui se soucient de la nature et sont favorables à l’égalité entre homme et femme. Comme si ces gens devaient être tout ce que nous ne sommes pas. Kilian DE JAGER ■

MO* est un mensuel de l’ONG Wereldmediahuis. Au travers d’analyse, de journalisme d’investi­ gation, d’interviews, de reportages, la revue veut mieux faire comprendre les grandes tendances dans le monde. Plus d’informations sur www.mo.be

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LeMonde.be // Educaid.be

Résultats d’apprentissage pour tous enseignants, les directeurs d’écoles, les parents et les communautés locales pour améliorer l’alphabétisation, l’aptitude élémentaire au calcul, les connaissances scientifiques de base, les connaissances technologiques et les aptitudes à la vie quotidienne des jeunes et enfants les plus vulnérables et défavorisés. Attendez-vous à un débat animé sur des questions telles que: comment les écoles attirent-elles des enseignants bien formés? De quelle manière peuventelles les renforcer et les conserver? Comment impliquer les parents et la communauté locale dans le processus éducatif afin d’améliorer les résultats d’apprentissage? Educaid.be a vu le jour en 2010. VIA Don Bosco est l’un des membres fondateurs. Cette plateforme ouverte à toute organisation et à tout individu actif dans l’enseignement au sein de la coopération au développement a pour objectif, entre autres, de favoriser l’échange d’informations et de connaissances, de contribuer à l’élaboration d’une politique belge en matière d’enseignement et de coopération au développement et de stimuler la collaboration entre les membres sur le terrain. Jusqu’en 2010, il n’existait pas de concertation structurelle entre les acteurs belges dans l’enseignement et la coopération au développement.

Conférence du 5 décembre Educaid.be organise chaque année une grande conférence. Cette rencontre, qui aura lieu cette année le 5 décembre, soulignera l’importance de l’acquisition de résultats d’apprentissage reconnus et quantifiables pour tous. Grâce aux nombreux efforts réalisés dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), en 2013 beaucoup plus d’enfants vont à l’école qu’il y a 20 ans. Un succès, mais aussi un avertissement que quantité et qualité ne vont pas nécessairement de pair.

Des partenaires de VIA Don Bosco au programme L’avant-midi, quelques experts internationaux de renom approfondiront le sujet. Nous aurons l’occasion d’écouter Albert Kwame Akyeampong de l’équipe Education pour Tous, Monza Aslam du Center for the Study of African Economics à l’Université d’Oxford et Jenny Hobbs de l’ONG irlandaise Concern Worldwide. L’après-midi sera consacrée à la pratique dans le Sud. Deux partenaires de VIA Don Bosco au Bénin évoqueront leur expérience: Sr. Ana Victoria Ulate Vargas, directrice du centre de formation Laura Vicuña à Cotonou, et P. Juan José Gomez Serrano, directeur du Foyer Don Bosco à Porto Novo. Le centre à Cotonou est prioritairement dédié à des filles qui sont victimes de la traite des enfants. Le Foyer Don Bosco axe son action sur les enfants en situation de rue, et surtout les jeunes en conflit avec la loi. Des orateurs du Togo, Sud-Soudan, Cambodge, Palestine et Bolivie s’exprimeront également lors de cette journée. Eric JORIS ■

Le Rapport mondial de Suivi sur l’Education pour Tous publié en 2012 montre notamment que 250 millions d’enfants ne parviennent pas à lire ou à écrire avant la fin de la quatrième année. La conférence se focalisera dès lors sur les manières d’améliorer les résultats d’apprentissage moyens et de réduire les inégalités à ce niveau dans les pays en voie de développement. L’attention sera portée sur le rôle qu’ont à jouer les

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Envie d’en savoir plus ou de vous inscrire à cette conférence? Surfez sur www.educaid.be. L’accès est gratuit, mais l’inscription est obligatoire.


LeMonde.be Evenement

// A l’agenda

3 décembre: Formation à l’outil pédagogique “Politiki”

5 décembre: Conférence Educaid.be – “Equity in learning outcomes”

Cette formation permet aux enseignants du secondaire et aux animateurs d’éducation au développement de découvrir “Politiki” – un outil pédagogique qui met l’avenir d’une région du Sud dans les mains des joueurs, qui jouent le rôle de parlementaires. La population n’a plus confiance dans le pouvoir politique pour œuvrer au développement du pays. En tant que représentants de partis politiques, les joueurs devront trouver des solutions aux défis de la région, la développer et restaurer la confiance de la population. Ou? Namur. Organisée par: SCI Projets Internationaux

Cette conférence se focalisera sur les manières d’améliorer les résultats d’apprentissage moyens et de réduire les inégalités à ce niveau dans les pays en voie de développement. L’attention sera portée sur le rôle qu’ont à jouer les enseignants, les directeurs d’écoles, les parents et les communautés locales pour améliorer l’alphabétisation, l’aptitude élémentaire au calcul, les connaissances scientifiques de base et les aptitudes à la vie quotidienne des jeunes et enfants les plus vulnérables et défavorisés. Où? Bruxelles. Organisée par: Educaid.be

Pour en savoir plus: www.scibelgium.be/spip.php?article380

Pour en savoir plus: www.educaid.be

19 décembre: Colloque international – “Territoires périurbains”

13-14 janvier: “La démocratie, c’est pas que des mots!”

Ce colloque vise à approfondir les liens entre développement et espaces périurbains. La transition urbaine est devenue un phénomène global depuis la moitié du 20ème siècle et dans les pays en développement, elle se traduit par l’émergence de nouvelles réalités territoriales et sociales où villes et campagnes s’entremêlent dans des formes hybrides et inédites. Où? Gembloux. Organisé par: PACODEL

Les jeunes sont acteurs de changement de la société de demain. Comment renforcer leur esprit critique et les ouvrir à des alternatives respectueuses des droits humains et du développement? Cette formation vise les enseignants du secondaire, animateurs et formateurs de jeunes qui cherchent une réponse à cette question. Elle amène la dimension internationale à travers l’exemple de la dette. Un dossier pédagogique est fourni aux participants à l’issue de la formation. Où? Namur. Organisée par: Annoncer la Couleur

Pour en savoir plus: www.ulg.ac.be/cms/c_3163973/fr/ colloque-periurbanisation

Pour en savoir plus: www.annoncerlacouleur.be

Rédacteur en chef: Maud SEGHERS – Rédacteur final: Kilian DE JAGER – Rédaction: Maud SEGHERS, Katrien DE WILDE, Eric JORIS, Marc VAN LAERE – Photos: 11.11.11 (p.5), Brecht Goris (p.12), Veto (p.13) – Lay-out: Pierre VANDEVIVERE – Imprimeur: GEERS OFFSET, Oostakker Editeur responsable: Albert Van Hecke, Bd Léopold II 195, B-1080 Bruxelles Votre adresse est erronée ou vous avez déménagé? Veuillez nous communiquer les changements nécessaires afin que nous puissions vous envoyer le Faire route Ensemble à la bonne adresse. Contactez VIA Don Bosco, Comptabilité des adresses, à l’att. de Jan De Broeck et Peter Goossens, Bd Léopold II 195, B-1080 Bruxelles. Par téléphone: + 32 (0)2 427 47 20 ou par mail: viadonbosco@skynet.be. Suivant les dispositions de la loi du 8 décembre 1992 concernant la protection de la vie privée, vos coordonnées sont insérées dans notre fichier d’adresses. Nous les utilisons uniquement pour la publication d’informations relatives à nos activités. Vous avez pleinement le droit de consulter notre fichier et d’y corriger vos coordonnées.

Partenaires: Association pour une Ethique dans la Récolte de Fonds

Voulez-vous nous soutenir? VIA Don Bosco Compte Bancaire: 435-8034101-59 IBAN: BE84 4358 0341 0159 BIC: KREDBEBB

Sponsors:

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Citoyenneté mondiale et mobilité sociale

VIA Don Bosco soutient des organisations en Afrique, en Asie et en Amérique Latine. Celles-ci ont pour objectif d’améliorer les capacités professionnelles et sociales de personnes défavorisées de façon à les intégrer dans le monde du travail. A travers nos projets d’éducation au développement, nous créons des liens entre des écoles belges et nos partenaires du Sud. De cette manière, nous contribuons à ce que les jeunes deviennent de vrais citoyens du monde. www.viadonbosco.org


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