Faire Route Ensemble 2013 n°3

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Belgïe - Belgique

Faire Route Ensemble 3

P.B. - P.P. Gent X 3/1751

Afgiftekantoor Gent X ISSN=1370-5814 P 602488

Troisième trimestre 2013 // Revue trimestrielle: année 21, n° 3

let’s develop our future


Éditorial & Sommaire

En mouvement pour les jeunes… jeunes en mouvement! Chers lecteurs,

en tout cas: que dans notre monde globalisé, les jeunes veulent plus que jamais faire entendre leur voix dans le débat sur leur avenir et celui de leur pays. A travers ses programmes, VIA Don Bosco soutient les jeunes et leur demande justifiée de formation et de possibilités d’apporter leur pierre à l’édifice. C’est une demande que Don Bosco a toujours prise très au sérieux, dès l’instant où en 1845 il a commencé à travailler pour les jeunes des rues à Turin.

L’été est presque terminé. Ce fut à de nombreux endroits un “été brûlant”, au sens littéral comme au sens figuré, riche en événements frappants… Partout, nous avons vu des jeunes en mouvement. Parfois lors de manifestations de protestation comme en Turquie ou au Brésil, mais heureusement aussi lors de manifestations de joie comme lors des Journées mondiales de la jeunesse à Rio De Janeiro en présence du pape François.

Les articles de ce numéro témoignent de notre souci de répondre à la demande des jeunes et de surveiller avec attention certaines décisions gouvernementales qui ne sont pas toujours favorables à leur développement. Comment nos partenaires en Équateur ont-ils réagi à une lettre du ministère de l’enseignement concernant le fonctionnement des centres “Chicos de la Calle”? Sommesnous confrontés à un dilemme impossible? Quelles chances de formation le salésien José Delporte donne-t-il aux jeunes indiens Shuar en Equateur? En quoi consiste le projet de Gaetano Camauer, salésien au Pérou, pour les jeunes indigènes? Vous le découvrirez dans cette édition.

Mais regardons vers l’avenir. Nous aussi, en collaboration avec beaucoup d’autres, nous restons en mouvement pour les jeunes. Les vacances se terminent et une nouvelle année scolaire s’annonce. Pour VIA Don Bosco, c’est le moment de penser – par le biais de l’action “Saved by the Bell” – aux millions de jeunes qui ont toujours bien du mal à trouver le chemin d’un bon enseignement. En septembre, nous suivrons également avec attention l’intervention de notre premier ministre Di Rupo, qui assistera à la traditionnelle assemblée de septembre de l’ONU. On y discutera entre autres de ce qu’il adviendra des OMD après 2015.

Omer Bossuyt Président

Que nous apprennent ces événements et ces actions? Ceci

Thème Réformes de l’enseignement en Equateur Les réformes menacent-elles les possibilités d'apprentissage auprès des jeunes défavorisés?

Education au Développement 3

Coopération au developpement Partenaires Le point sur deux initiatives salésiennes belges Inde Un long été chaud

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Saved By The Bell Action pour le droit à l'éducation pour tous Interview de Jean Bosco Safari

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LeMonde.be 6 8

Post–2015 Di Rupo participe aux décisions relatives à l’après-2015 A l’agenda

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Thème // Enseignement et Développement

Réformes de l’enseignement en Équateur

Grâce à la formation du TESPA, ces jeunes obtiennent une deuxième chance. La LOEI va-t-elle bouleverser cela?

Le 4 avril 2012, Jorge Patricio a comme chaque jour relevé le courrier de TESPA, le centre de formation pour enfants des rues qu’il coordonne depuis de nombreuses années. Ce jour-là, une lettre inattendue allait mettre son humeur et sa tranquillité d’esprit à rude épreuve. Elle contenait un message qui allait faire vaciller TESPA, le Taller Escuela San Patricio.

l’enseignement, Ley Organica de Educación Intercultural (LOEI), stipule en effet que tous les jeunes de moins de 18 ans doivent obligatoirement suivre 10 ans d’enseignement fondamental général avant de suivre deux ans d’enseignement secondaire. Les formations professionnelles ne peuvent plus être dispensées qu’à des personnes majeures.

La lettre, signée par le vice-ministre de l’Enseignement, était adressée à tous les centres proposant un ciclo básico artesanal – un enseignement professionnel de base aux jeunes confrontés à un retard scolaire. D’un point de vue légal, l’activité de TESPA, tout comme celle de nombreux autres centres professionnels similaires, ne pouvait plus être acceptée. La nouvelle loi sur

Comment TESPA doit-il gérer ce dilemme? Abandonner le groupe cible et ne plus proposer que des formations aux majeurs? Fermer les ateliers et mettre en application les programmes de l’état, momentanément encore inexistants? En collaboration avec ses partenaires, VIA Don Bosco s’est mis en quête de solutions.

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Thème // Enseignement et Développement

le programme obligatoire de l’enseignement fondamental et secondaire … Ils ont des besoins, des intérêts et des motivations très spécifiques, et risquent de décrocher en masse si l’on n’entreprend rien contre la nouvelle politique d’enseignement.

La bonne vie

Les populations rurales déménagent en masse vers les bidonvilles de Guayaquil.

Chic@s de la calle On estime à plus de 100 millions le nombre d’enfants qui vivent dans la rue, sans domicile, exposés à une variété infinie de dangers et de défis qu’ils tentent de surmonter malgré leur jeune âge. A Quito, la capitale de l’Équateur, où le centre TESPA est établi, quelque 15.000 enfants et jeunes vivent et travaillent en rue. Le projet salésien Chicos de la Calle a vu le jour en Equateur il y a plus de 35 ans avec l’objectif d’accompagner des jeunes vulnérables et de leur donner une formation intégrale de qualité. Entretemps le projet a été rebaptisé Niños, niñas y adolescentes en situación de calle (NNA en situación de calle) mais son objectif est resté inchangé. Dans les trois grandes métropoles du pays, Quito, Guayaquil et Cuenca, on a créé des centres professionnels comme TESPA, où des jeunes peuvent apprendre un métier. Ce sont ces centres, tous des organisations partenaires de VIA Don Bosco, dont le statut légal a récemment été remis en question. Les programmes à orientation professionnelle qui y sont dispensés s’adressent à des jeunes garçons et filles âgés de 15 à 18 ans qui, en raison de leur situation (familiale) difficile, ont accumulé au moins trois ans de retard scolaire. Ce groupe cible a appris depuis la tendre enfance à survivre de manière autonome à la dure réalité de la ville et à gagner de l’argent “facile” via toutes sortes de voies informelles, souvent illégales. Ces jeunes ne peuvent pas être renvoyés purement et simplement sur les bancs de l’école pour suivre

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Le 24 mai de cette année, Rafael Correa a été officiellement intronisé président d’Équateur, une fonction qu’il occupe avec fierté pour la deuxième fois consécutive. Le gouvernement Correa se voit en général décerner de très bons points, tant par sa population que par les puissances internationales. La nouvelle constitution définit le pays comme un état multinational et interculturel, pour lequel les droits humains et la justice font partie des priorités. Le plan de développement national propose une approche alternative en matière de développement, inspirée par le sumak kawsay ou buen vivi local, ce qui signifie littéralement “la bonne vie”. Dans la pratique, nous constatons ces dernières années que l’on a investi en masse dans l’infrastructure et les systèmes sociaux, dont l’enseignement et les soins de santé. Le gouvernement professe en outre qu’il implique le plus grand nombre possible d’acteurs de la société civile dans les processus décisionnels politiques et sociétaux. Des voix plus critiques font cependant remarquer que le gouvernement joue un peu trop volontiers à Saint Nicolas avec les millions de dollars que rapporte l’industrie pétrolière nationalisée, que la liberté d’expression connait encore de réelles limites et que Correa dépense une fortune pour son propre marketing et département RP ¡Ama a la vida! Personne ne nie cependant que ce gouvernement investit dans le bien-être et la qualité de vie de la population, avec une attention spéciale pour les indigènes et les Afro-Equatoriens, des groupes de population exclus de la société dans le passé. Un des fleurons de l’Equateur est l’enseignement. Avec un afflux de plus de 95 pour cent des enfants dans l’enseignement primaire, le pays peut se vanter d’avoir pour ainsi dire atteint le deuxième Objectif du Millénaire. Et cerise sur le gâteau, la LOEI a vu le jour en 2011 – une législation extrêmement progressive en matière d’enseignement qui, décrets compris, compte non moins de 274 pages. Mais bien que cette loi paraisse bien belle en théorie et ait manifestement été rédigée par des spécialistes de l’enseignement, elle manque sérieusement de sens des réalités. Les inégalités existantes au niveau de


l’enseignement sont effacées d’un trait de plume: 10 ans d’enseignement fondamental obligatoire... ce qui veut dire que tout le monde y a accès, non? En réalité, le fossé entre riches et pauvres persiste: 14 pour cent des Equatoriens ne réussissent pas à achever le cycle primaire avant l’âge de 15 ans. Les jeunes vulnérables courent un risque élevé de quitter l’école prématurément car l’enseignement qui leur est proposé n’est pas assez flexible et dure trop longtemps. Or, c’est justement de ce groupe que les centres professionnels salésiens s’occupent pour le moment. NNA en situación de calle stimule les jeunes à suivre des formations qui donnent non seulement accès à un diplôme d’enseignement primaire, mais leur apprennent aussi un métier. Une manière aussi d’accroître considérablement leurs chances sur le marché du travail à relativement court terme. Selon la nouvelle législation, les jeunes en décrochage – avec une escolaridad inconclusa – doivent être réintégrés dans le système formel. Comment? La loi n’y consacre que quelques lignes. Des “programmes pédagogiques spéciaux” (sans autre spécification) vont être développés qui doivent garantir l’accès universel à l’enseignement. L’élaboration de ces programmes est un défi important auquel le Ministère de l’Enseignement est confronté actuellement. Une chose est sûre: seul, le ministère ne peut y arriver.

Le dialogue, la clé du succès Nos partenaires n’ont manifestement pas l’intention d’attendre passivement les nouveaux programmes. Des contacts avec l’Association flamande pour la Coopération au Développement et l’Assistance technique (VVOB), un partenaire direct du Ministère de l’Enseignement en Equateur, ont permis d’organiser un dialogue direct entre des représentants de NNA en situación de calle et ceux du ministère. Par le biais de ces contacts, nos partenaires ont pu décrire les difficultés que les jeunes vulnérables expérimentent au quotidien dans l’enseignement formel. A court terme, nos partenaires ont réussi à conserver leur statut légal et leur méthodologie, jusqu’à l’élaboration des nouvelles normes et des nouveaux programmes de l’enseignement fondamental alternatif pour les jeunes accusant un retard scolaire. En collaboration avec VIA Don Bosco et VVOB, les dirigeants salésiens de NNA en situación de calle continuent à miser sur la concertation interinstitutionnelle et à pratiquer un lobbying ciblé. Concrètement, ils œuvrent en faveur d’une formation générale de base pour les jeunes vulnérables accusant un retard scolaire considérable, qui contienne d’une part des éléments pratiques et soit dispensée d’autre part d’une manière flexible et modulaire. La création d’une plateforme de discussion multi-acteurs est prévue: nos partenaires ainsi que d’autres parties concernées de la société civile et diverses instances gouvernementales vont s’asseoir autour de la table pour aborder des questions relatives à la précarité, le retard scolaire et la déscolarisation précoce. Le message préoccupant que Jorge Patricio a reçu l’an passé a été digéré et a donné lieu à une action positive. Nous sommes désormais convaincus que les réformes de l’enseignement prévues par la LOEI offriront des perspectives pour les jeunes les plus vulnérables de la société et que les salésiens se révéleront d’excellents interlocuteurs du Ministère de l’Enseignement. Il est certes trop tôt pour crier victoire mais l’avenir de NNA en situación de calle se présente sous un jour favorable. Kaat TORFS ■

Le danger que les jeunes, à cause de la LOEI, ne puissent pas avoir une formation professionnelle est grand.

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Coopération au développement // Partenaires

Les derniers missionnaires Mais en dépit de la proximité de ces lieux célèbres, les habitants de Lares vivent dans la pauvreté. Le sol est difficile à cultiver et la culture des aliments de base, pommes de terre et maïs, demande beaucoup de main d’œuvre. L’élevage du bétail est tout aussi malaisé en raison du peu d’herbages. Outre la pauvreté, la relative inaccessibilité des villages de Lares a également un impact sur les chances d’enseignement des jeunes de la région. Beaucoup d’enfants et de jeunes ne vont pas à l’école parce que la distance à parcourir est trop grande. Certains enfants ont des trajets de cinq à huit heures! Du moins, quand ils peuvent suivre les cours, car de nombreux parents préfèrent faire travailler leurs enfants dans les champs.

Un réfectoire transformé en internat Padre Cayetano Camauer.

En cette année 2013, il ne subsiste plus beaucoup de missionnaires salésiens belges. Ils sont depuis longtemps dépassés en nombre par des confrères d’Inde, du Vietnam et de Pologne. Bien que d’un âge avancé, ces missionnaires continuent à servir les groupes de population les plus difficiles à atteindre. En Belgique, ils peuvent toujours compter sur des sympathisants fidèles qui suivent leurs “aventures” par le biais de bulletins d’info et de visites. Cet article vous en donne un aperçu.

Padre Cayetano au Pérou Lares est un petit district situé dans la partie méridionale des Andes péruviennes. Constitué d’une vaste vallée, à une altitude de 3.200m, il compte 24 hameaux où vivent quatre mille personnes, agriculteurs pour la plupart. La région peut se targuer d’une histoire exceptionnellement riche. A quelques heures de voiture de la capitale du district Lares (capitale est un grand mot pour ce village de quelques centaines d’habitants), la célèbre ville de Machu Picchu, une des sept “nouvelles” merveilles du monde, attire de nombreux touristes. Un peu plus au sud se trouve Cuzco, une des plus anciennes villes de l’hémisphère occidental, capitale impériale des Incas jusqu’à l’arrivée des conquistadores espagnols au 16ème siècle. 6

Pour permettre à ces jeunes d’accéder à une formation réussie, le salésien belge Gaëtan Camauer décide en 1994 de transformer un réfectoire à Lares en un petit internat baptisé “La Casita de Domingo Savio”. Petit, car au départ, seuls 12 jeunes peuvent faire usage des nouvelles installations pendant l’année scolaire. Le critère de sélection n’est autre que la distance que les enfants doivent parcourir. Seuls les jeunes qui ont un trajet de plus de cinq heures ont accès à l’internat. Grâce au temps ainsi gagné, les enfants retrouvent du temps pour étudier, mais aussi pour jouer et être jeunes! Non seulement ils reçoivent un enseignement, mais ils aident aussi à l’entretien de la Casita, bricolent l’une ou l’autre chose, cuisinent pendant le weekend et apprennent d’autres aptitudes de base, indispensables pour la vie dans leur communauté. Durant les deux décennies qui suivent, l’internat ne cesse de se développer sous l’impulsion de Padre Cayetano, comme les gens de Lares l’appellent. Grâce entre autres à un financement de l’ordre des salésiens, au parrainage d’une paroisse de la province italienne du Véneto et aux dons de la famille, des amis et des sympathisants en Belgique, l’internat peut actuellement accueillir 60 enfants. Cette année, on a également entamé la construction d’un nouveau réfectoire pour les élèves externes qui fréquentent l’école de Lares.


Bienvenue au pays des têtes réduites José Delporte, 71 ans, s’est donné comme mission de renforcer la position sociale des jeunes défavorisés en Amérique latine. Le missionnaire y vit depuis près de 40 ans: il a suivi sa formation de prêtre en Uruguay, a travaillé quelques années dans une mission au Paraguay afin d’atterrir en 2001 dans la forêt vierge d’Equateur. Dans ce paradis pétrolier qu’est l’Equateur, Delporte fait office de protecteur et de soutien des Shuar, une tribu indienne qui a marqué l’imaginaire des Occidentaux et a souvent été évoquée dans les récits d’aventures du 20ème siècle parce que ses membres coupaient les têtes de leurs ennemis et les “empaillaient”, d’où le nom de “têtes réduites”. Le Père Delporte est responsable d’une paroisse d’une trentaine de villages dans le canton de Taisha, au plus profond de la forêt amazonienne dans le sud-est de l’Equateur. Routes et chemins y sont pour ainsi dire inexistants et la plupart des transports se font par la voie des airs.

où les gens peuvent se réunir pour chercher ensemble des solutions à la situation précaire dans laquelle ils doivent survivre. Les malades reçoivent des soins dans un petit hôpital et les catéchistes et les enseignants bénéficient d’un logis. Comme la paroisse compte un grand nombre de jeunes, Delporte a créé un centre de jeunes où ils peuvent se réunir. Et entretemps, plusieurs villages ont acquis de petites bibliothèques et ont accès à l’Internet. La situation s’améliore

En dépit de la difficulté d’accès, le mode de vie de ce peuple relativement petit est ébranlé par les contacts croissants avec le monde moderne et notamment par la menace d’extraction pétrolière dans la forêt amazonienne. Les grandes compagnies mettent en effet tout en œuvre pour prendre pied sur le territoire tandis que de plus en plus d’aventuriers individuels s’établissent dans la région en quête de l’or noir. Ce qui conduit encore régulièrement à des conflits. La modernisation a également amené son lot de maladies modernes dans le monde des Shuar. La drogue qui était inexistante chez les indígenos y fait désormais aussi des victimes. Le sida a également fait son apparition.

Une formation peut augmenter les chances des jeunes Shuar de trouver du travail.

Pour la jeunesse, l’avenir s’annonce souvent sans issue, ce qui explique le taux élevé de suicides. Les jeunes qui ont le courage de partir pour la ville, en quête d’une vie meilleure, fuient un mal pour tomber dans le pire. La faim les pousse à voler et ils se retrouvent rapidement en prison. Une formation qui améliore leurs possibilités sur le marché du travail peut réellement changer la donne.

lentement mais sûrement. Pour le moment, José Delporte utilise le soutien de ses sympathisants pour mettre sur pied des formations qui permettent aux jeunes Shuar de choisir leur voie vers une vie meilleure avec davantage d’atouts et d’améliorer leurs perspectives d’avenir. Gaëtan Camauer et José Delporte font peut-être partie de la dernière génération de missionnaires belges, mais une chose est sûre: leur travail n’a pas fini de porter des fruits.

Améliorer la qualité de vie

Kilian DE JAGER ■

Arrivé en Equateur comme prêtre missionnaire, Delporte ne se contente pas de veiller à la santé spirituelle des Shuar. Il essaie avant tout d’améliorer leurs conditions de vie. Il fait construire dans les villages des petites salles polyvalentes

Pour plus d’informations sur La Casita de Lares, consultez http://salesianos-lares.com

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Coopération au développement // Inde

Un long été chaud

Vous vous souvenez peut-être que la population du nordest de l’Inde devait l’été dernier se réfugier sur les hauteurs suite aux pluies incessantes. Cette année, l’Inde tombe hélas dans l’autre extrême. Les habitants de trois Etats souffrent d’une grave sécheresse. La situation est la plus poignante dans l’Etat du Maharashtra au centre occidental, qui compte quelque 12.000 villages. Les deux autres Etats confrontés à la sécheresse sont le Rajasthan au nord-ouest et Andhra Pradesh au sud-est. Les communautés touchées sont surtout composées d’agriculteurs et d’éleveurs de bétail. Les puits sont à sec et le bétail périt à grande échelle par manque d’eau et de nourriture. De nombreux enfants ne vont plus à l’école et on enregistre un taux d'abandon de 40 pour cent.

Causes humaines

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l’élevage. Au Maharashtra, l’eau est cependant massivement dévolue à l’industrie, ainsi qu’à la transformation de la canne à sucre, une activité très gourmande en eau. La collecte de l’eau est en outre souvent déficiente: l’eau de pluie est collectée dans un système de réservoirs et de petits étangs, qui nécessite un nettoyage annuel, compte tenu d’un apport élevé en sable et boue. Les collectes sont médiocres suite à des problèmes de manque d’entretien et de pollution, ce qui impose un pompage important dans les nappes phréatiques. Conséquence: une décrue souterraine, la végétation ne pousse plus et la situation des agriculteurs et éleveurs s’aggrave encore.

Cercle vicieux

Alors que la sécheresse dans l’Etat d’Andhra Pradesh est due avant tout à une pénurie de pluie et que le Rajasthan est une région principalement désertique, il n’en va pas de même dans le Maharasthra. Il est vrai que les pluies sont décevantes cette année, mais la calamité qui sévit ici depuis plusieurs mois trouve surtout son origine dans des causes humaines.

Depuis mars, les gens sont de plus en plus nombreux à quitter la campagne pour tenter leur chance à Mumbai, la capitale du Maharasthra, ou dans les Etats voisins de Gujarat, Karnataka et Andhra Pradesh, mais l’avenir y est très incertain. Nous avons tous découvert (une version romancée de) la vie dans les bidonvilles de Mumbai dans Slumdog Millionaire, mais il est peu probable que les nouveaux arrivants connaissent le sort du jeune Jamal Malik dans le film.

En Inde, l’eau est destinée avant tout à l’agriculture et

L’urbanisation exerce en outre une pression constante en


accaparant peu à peu l’espace réservé à l’agriculture. Une urbanisation mal gérée compromet aussi la biodiversité indienne. Les villes se situent en effet dans des régions abritant une faune et flore riches et variées. Mumbai, par exemple, qui est aujourd’hui la plus grande ville du monde en termes d’habitants, est située sur la côte ouest de l’Inde, mais la mangrove fragile qui doit protéger Mumbai des tempêtes et des grandes marées pâtit lourdement de l’extension urbaine effrénée.

Economie versus écologie ? L’année dernière, la croissance économique de l’Inde se situait autour de cinq pour cent. Même si ce chiffre était inférieur à la moyenne des dix dernières années, l’Inde reste l’un des principaux “pays émergents”, au même titre que la Chine et le Brésil. Lorsque les chiffres ont été connus, le Premier ministre Manmohan Singh a aussitôt promis que son gouvernement prendrait les mesures de stimulation nécessaires et que la croissance allait redécoller dans les mois à venir. Ces mesures ne pourront jamais aller trop loin pour les industriels indiens. Et puisque les acteurs politiques sont convaincus que la croissance économique permettra de sortir des millions d’Indiens de la misère, les pouvoirs publics préféreront s’attaquer à la “crise” économique plutôt qu’à la crise écologique. Pendant combien de temps le pays pourra-t-il encore se permettre ce choix unilatéral? De célèbres activistes environnementaux tels qu’Aseem Shrivastava et Ashish Kothari sont d’avis que le revirement politique s’impose maintenant.

Stimuler la conscience environnementale La Don Bosco Development Society (DBDS) à Mumbai est parfaitement en accord avec eux. La DBDS est l’une des dix agences de développement des Salésiens en Inde et est soutenue par VIA Don Bosco en sa qualité de membre du réseau Don Bosco Action India. Les collaborateurs de la DBDS ont pleinement conscience des conséquences de la pauvre politique environnementale sur les habitants des régions rurales de leur Etat. La DBDS collabore depuis déjà des années avec les conseils des villages pour améliorer les collectes d’eau au niveau local, afin d’éviter qu’une sécheresse ne signifie nécessairement une période de disette pour les agriculteurs et éleveurs.

Greenline prône un style de vie qui respecte l'environnement.

Cette expérience a toutefois appris qu’il ne suffit pas de doter la population rurale d’un savoir-faire technique. Pour réaliser la durabilité écologique, il faut changer les mentalités… aussi, et peut-être en premier lieu, parmi la population urbaine de Mumbai.

Ligne verte, mouvement vert Comme il sied à de bons salésiens, nos partenaires de la DBDS estiment que l’enseignement et la formation constituent une voie privilégiée pour œuvrer en faveur de ce changement de mentalité. C’est pourquoi la DBDS a fondé la GreenLine ou “Ligne Verte” depuis plusieurs années. GreenLine est un forum qui incite les habitants de Mumbai à opter pour un style de vie plus écologique. L’une des initiatives les plus marquantes est la campagne annuelle “Ecoles Vertes”, qui sensibilise tant les enseignants que les élèves par le biais de workshops, de promenades dans la nature et d’un Green School Award. Le nombre d’écoles participant à l’action a quadruplé en l’espace de trois ans; elles étaient plus de 50 l’année dernière à Mumbai. P. Savio Silveira, directeur de la DBDS: “Le but de la campagne est de former la prochaine génération de leaders verts.” Et une chose est sûre: l’Inde aura besoin de ces leaders. Leur donnerez-vous un coup de pouce?

Maud SEGHERS ■ La campagne Green School de l’année scolaire 2013-2014 vient de débuter. Pour de plus amples informations, voir: www.greenline.org.in/

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Éducation au développement // Saved by the Bell

4 octobre ... Save the date!

L'action ”Saved by the Bell” connaît chaque année plus de succès. également au niveau international.

Fin août: les rayons des supermarchés regorgent comme chaque année de matériel scolaire. Parents et enfants achètent mallettes, plumiers, fardes, cahiers, … et se préparent à entamer une nouvelle année scolaire. Nous avons tous des souvenirs plus ou moins heureux de cette période que les uns ont traversée sans problème, les autres dans les pleurs et les grincements de dents. Mais tous, nous avons eu la chance de suivre un enseignement de qualité. Malheureusement, ce n’est pas encore le cas partout dans le monde. Raison pour laquelle, le 4 octobre, VIA Don Bosco et Studio Globo lancent ensemble l’action “Saved by the Bell”.

L’enseignement pour le développement Que l’enseignement soit important pour le développement personnel, cela semble logique. Grâce à l’enseignement, nous apprenons non seulement à lire, à écrire et à compter mais nous acquérons aussi des connaissances et des aptitudes qui nous aideront plus tard dans nos activités professionnelles. On

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apprend aussi beaucoup de choses sur les droits et devoirs, la démocratie et les autres parties du monde. A côté de cela, l’enseignement joue un rôle important dans le développement économique et humain d’un pays. Il renforce la position des femmes, contribue aux avancées de la démocratie et constitue une arme dans la lutte contre des maladies telles que le SIDA. Bref, l’enseignement est nécessaire pour mettre fin à la pauvreté. Lorsqu’on est privé d’enseignement, cela a non seulement un énorme impact sur la vie personnelle, mais aussi sur l’avenir du pays dans lequel on vit. Les inégalités sociales sont reproduites au lieu d’être éliminées.

Le droit à l’enseignement pour tout le monde? Le 8 septembre 2000, les 189 états membres des Nations


Unies (ONU) de l’époque ont signé la Déclaration du Millénaire, qui promettait de lutter drastiquement contre la pauvreté. Les chefs de gouvernement se sont engagés à œuvrer à la réalisation de huit objectifs mesurables sur le plan du développement. Un de ces objectifs du Millénaire (OMD) stipule que tous les enfants du monde entier doivent avoir accès à l’enseignement primaire … d’ici fin 2015. Les choses ont-elles évolué depuis l’an 2000? D’après les chiffres officiels de l’ONU, le pourcentage d’enfants dans les pays en développement qui vont à l’école primaire est passé de 82 à 90 pour cent. En Afrique subsaharienne, ce pourcentage est passé de 58 à 76 pour cent. L’enseignement primaire accueille donc 43 millions d’enfants de plus qu’avant la signature de l’accord. Ces chiffres sont certes encourageants mais appellent quelques nuances. Pour commencer, ce résultat a été atteint en grande partie entre 1999 et 2004. Après 2004, la situation n’a pour ainsi dire plus évolué. 61 millions d’enfants n’ont toujours pas accès à l’école primaire. Sans enseignement, ces enfants passeront toute leur vie dans la pauvreté. La qualité de l’enseignement laisse également à désirer. On doit même déplorer que l’amélioration de l’accès à l’enseignement en compromette la qualité, du moins lorsqu’on n’investit pas assez dans cette qualité. Il y a trop peu d’enseignants dans le monde … et beaucoup trop peu d’enseignants formés! Rien qu’en Afrique, il faudrait engager au moins deux millions d’enseignants supplémentaires pour rehausser le niveau de qualité de l’enseignement. Actuellement, on dénombre en moyenne un enseignant pour 43 enfants. La pauvreté reste le facteur le plus déterminant en matière d’accès à l’enseignement. Dans les pays en développement,

les familles sont souvent trop pauvres et choisissent dès lors de garder leurs enfants à la maison et de les utiliser comme gagne-pain supplémentaire.

“Saved by the Bell” Le chemin est encore long et les efforts doivent s’intensifier. Mais c’est une bataille que nous pouvons remporter. Les millions d’enfants et de jeunes qui n’ont pas accès à l’enseignement méritent notre attention. Les enseignants méritent eux aussi qu’on leur rende hommage car partout dans le monde, ils donnent, souvent dans des conditions difficiles, le meilleur d’eux-mêmes. Pour que les choses changent, nous avons besoin avant tout de volonté politique et pour l’obtenir, nous devons attirer encore davantage l’attention sur ce sujet. C’est pour cette raison que VIA Don Bosco, en collaboration avec Studio Globo, demande que le 4 octobre, à l’occasion de la Journée internationale de l’enseignant, on fasse retentir la cloche de l’école une fois de plus! Rappelons-nous que des millions d’enfants n’entendent jamais ce son tout simplement parce qu’ils ne peuvent pas aller à l’école. Pour réfléchir ce jour-là au droit à l’enseignement, Studio Globo et VIA Don Bosco proposent des suggestions pédagogiques et une “allocution matinale”. Nous invitons toutes les écoles à faire ce jour-là une photo de groupe avec le plus d’élèves possibles. Les photos peuvent être envoyées par e-mail à educationaudeveloppement@viadonbosco.org. Nous lançons à cet effet un appel non seulement aux écoles belges mais à toutes nos écoles partenaires dans le Sud. L’an dernier, des sonneries ont retenti en RD Congo, en Ouganda, au Rwanda, au Togo, au Guatemala et au Pérou. “Saved by the Bell” est en même temps l’occasion unique de se mettre tous en mouvement et de donner à une initiative locale un caractère mondial. Une manière de renforcer la collaboration et la solidarité entre les jeunes et les enseignants du monde entier. Katrien DE WILDE ■ Vous travaillez dans une école? Persuadez la direction et les collègues de participer à cette action. Vous ne travaillez pas dans une école? Rien ne vous empêche de gagner l’école de vos enfants, de vos voisins, ... à la cause de “Saved by the Bell”. Plus d’infos: www.viadonbosco.org/fr/savedbythebell

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Éducation au développement // Interview de Jean Bosco Safari

“Je est nous et nous sommes je” chansons ces dernières années, Jean Bosco est loin de rester inactif. Entre deux enregistrements, il nous accorde une interview. Et pour commencer, nous lui demandons de nous expliquer l’origine de son nom si évocateur …

D’où vient ton nom? Au Rwanda, les enfants ne reçoivent pas automatiquement le nom de leur père, mais un nom qui fait référence à ce que fait leur père. Mon père était souvent en voyage, ce qui explique le nom “Safari” qui en Swahili signifie “voyage”. Mon prénom, Jean Bosco, fait probablement référence à Giovanni Bosco, bien que je ne sois pas certain que j’aie été appelé ainsi en souvenir du fondateur de la congrégation salésienne. Mais comme le Rwanda est une colonie chrétienne qui a compté de nombreuses missions et que les noms en Afrique s’inspirent souvent de la religion, il est peu vraisemblable que la similitude soit due au hasard. Pour moi en tout cas, Don Bosco n’est pas un inconnu. Lorsque j’étais en troisième année, j’ai reçu une bande dessinée retraçant la vie de Don Bosco. On y dépeignait un homme héroïque au rayonnement extraordinaire qui ne pouvait que susciter la sympathie. De plus, je m’identifiais beaucoup aux orphelins dont Don Bosco s’est occupé, vu que j’étais moi-même orphelin. JB Safari: la citoyenneté mondiale exige l'équilibre.

Une des missions de VIA Don Bosco consiste à sensibiliser les jeunes belges à la citoyenneté mondiale. Un “citoyen du monde”, ce n’est pas nécessairement quelqu’un qui a beaucoup bourlingué. Pour VIA Don Bosco, c’est bien plus que cela: c’est quelqu’un qui se sent solidaire du monde qui l’entoure, y compris au-delà des frontières de son pays et de ses sympathies ou opinions; et partant de cette solidarité, il s’engage pour un monde plus juste. Une évidence pour quelqu’un qui a littéralement passé sa vie au-delà des frontières? Nous avons posé la question à Jean Bosco Safari, le chanteur connu jadis sous le nom de Kid Safari. Lundi matin 10h et l’homme s’affaire déjà dans le studio. Bien que n’ayant guère produit de nouvelles

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C’est pour cette raison que tu as atterri en Belgique? Oui, en effet. Je suis né le 10 mai 1954 à Rubago, au Rwanda. Ma mère était Tutsi, mon père un colon blanc que je n’ai jamais connu. C’était une période chahutée, ponctuée de nombreuses révoltes des Hutus contre les Tutsis que les colons belges avaient confirmés dans leur position traditionnelle de classe aristocratique, et secouée par des conflits récurrents entre les deux communautés. En 1960, juste avant le déclenchement de la “révolution Hutu”, j’ai été adopté par un couple flamand de Merksem. Je me rappelle encore fort bien le moment où j’ai quitté le Rwanda. Par l’une ou l’autre force mystérieuse, nous nous tenions tous devant la porte de notre habitation, au sommet


d’une colline, comme si nous savions que quelqu’un allait arriver. Et effectivement, un messager est venu nous dire que nous devions partir le plus rapidement possible: une guerre civile s’annonçait, depuis le Congo. C’était une question d’heures. L’armée allait venir nous chercher … et c’est ce qui s’est passé. Nous avions préparé tout ce que nous possédions en bas de la colline. Nous avons roulé toute la nuit avant d’être déposés le matin dans un camp de réfugiés, où nous étions en sécurité. Là, nous avo¬ns rendu visite à quelques postes missionnaires, où mes papiers ont été mis en ordre. Et tout à coup, on est venu me chercher. On m’a retiré de la petite école sur la colline et j’ai dû partir. En route pour la Belgique.

Es-tu toujours resté solidaire de ton pays d’origine? Au contraire. C’est un peu comme si le Rwanda m’avait rejeté psychologiquement. Ce n’est qu’à la fin des années 1990 que je suis quand même parti à la recherche de mes racines. Depuis 1995, je me fais à nouveau appeler par mon nom rwandais d’origine, Jean Bosco Safari. J’ai retrouvé les traces de ma famille et redécouvert mon pays. Ma mère était malheureusement décédée. Cette quête a donné naissance à mon quatrième CD “Visions of Home”, un hommage au Rwanda. C’est un CD qui me tient particulièrement à cœur. Il y avait plusieurs choses que je devais coucher par écrit avant de pouvoir continuer à avancer et me sentir à nouveau “solidaire”. Cette impression d’unité, Jean Bosco Safari tente de la communiquer dans sa musique. Sur la page d’ouverture de son site internet, nous lisons: "To be able to transmit the feeling of “oneness” through rhythm and melody is a driven, exciting and very touching process ..." Et bien qu’il ne mette pas toujours l’accent sur ce thème, son répertoire comporte quand même plusieurs chansons qui expriment sa vision de la citoyenneté du monde. “Better world” sur son deuxième album, par exemple, pose la question de savoir comment nous pouvons ensemble contribuer à un monde meilleur.

mais il faudra encore beaucoup de glissements de pouvoir avant d’envisager une réelle citoyenneté mondiale. La conscience générale des gens s’est considérablement développée depuis les années 1960, sous l’influence des médias, d’internet et des autres moyens de communication numériques. Mais plusieurs structures de pouvoir ne suivent pas, parce qu’ils n’ont aucun intérêt à ce que les gens se développent et deviennent de ce fait moins manipulables. Cela empêche les gens de devenir de vrais citoyens du monde.

L’enseignement et la formation peuvent-ils avoir une fonction émancipatoire? J’en suis absolument convaincu. En me basant sur quatorze concepts similaires, je travaille actuellement à un programme éducatif que je veux introduire dans les écoles pour aider les élèves à devenir de véritables citoyens du monde. Le programme s’intitule “Act of Balance” et traite surtout de la manière dont on peut se maintenir soi-même en équilibre, une condition indispensable à la citoyenneté mondiale. Cet équilibre, chacun doit le trouver pour luimême. Tout le monde a son propre équilibre. Ses trois enfants doivent eux aussi trouver cet équilibre. Il les accompagne évidemment dans cette quête. Ce qu’il veut leur donner en plus, c’est un sentiment d’unité: “Nous sommes tous liés les uns aux autres. Nous ne pouvons pas nous contenter de dire “je suis je” et le reste du monde n’existe pas. Je suis nous et nous sommes je.” Et il va de l’avant! L’interview se termine à peine que Jean Bosco Safari plonge à nouveau dans le studio, prêt à continuer à inspirer des gens avec sa musique, ses projets éducatifs et surtout sa personnalité authentique. Bram REEKMANS ■

Qu’est-ce qui fait de quelqu’un un citoyen du monde, à ton avis? Pour moi, c’est lié à mon origine et à mon parcours. En général, je pense que pour stimuler les gens à la citoyenneté mondiale, il faut que les bonnes conditions sociétales et surtout les bons rapports de force soient en place. La citoyenneté mondiale est plus que jamais nécessaire,

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LeMonde.be // Post-2015

Di Rupo participe aux décisions relatives à l’après-2015 OMD. Ceux-ci ont le mérite de rendre incontournable la lutte contre la pauvreté et plusieurs de ses conséquences sociales inacceptables. On ne peut que s’en réjouir. Á l’heure actuelle, à quelques mois de la date butoir et après plus de 10 ans d’expérience, il faut bien admettre que le cadre présentait quelques erreurs de construction.

Besoin d’ambition et d’engagements concrets Notre premier ministre se rendra bientôt à l’assemblée générale des Nations Unies (ONU). Depuis l’an 2000, les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) figurent toujours à l’ordre du jour de la réunion de septembre. Un état des lieux y est dressé. Les grands de ce monde s’attèleront également à élaborer un cadre global pour le développement et la collaboration internationale après 2015, date à laquelle les OMD doivent être atteints. VIA Don Bosco espère que Di Rupo et ses collègues vont profiter de l’occasion pour se ressaisir … Autrement dit, mettre fin aux mesures de restriction et au souci d’économie “à tout prix” qui met le budget de la coopération au développement sous pression ces dernières années, faire l’impossible pour réaliser les OMD au cours des deux prochaines années et veiller à ce qu’à New York, de solides fondements soient établis pour l’après-2015.

Bilan provisoire mitigé Il y a peu de chance pour que les objectifs du Millénaire soient atteints par tous les pays qui ont signé la Déclaration du Millénaire. Le tableau des résultats n’a guère changé ces dernières années. Les objectifs relatifs à l’enseignement, entre autres, ne seront pas atteints. Dans un discours récent, Ban Ki Moon, l’actuel secrétaire général de l’ONU a qualifié l’approche des OMD de plus grande action de lutte contre la pauvreté de l’histoire de l’humanité. Des propos plutôt exagérés! Mais nous ne voulons pas pour autant relativiser l’importance des

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Entretemps, tout le monde a compris que les choses n’allaient pas s’arranger si nous poursuivions la politique actuelle. Des problèmes tels que la pauvreté, les inégalités et le réchauffement climatique doivent être pris à bras le corps rapidement si l’on veut éviter des catastrophes en masse. Le besoin d’ambition est confirmé, mais n’a pas encore réussi à le convertir concrètement en stratégies politiques opérationnelles. Il est crucial de continuer à accorder de l’attention à l’enseignement, facteur essentiel d’intégration sociale, et à promouvoir l’accès universel à l’enseignement primaire.

La Belgique au travail Les représentants belges sont confrontés à une tâche importante. Ils peuvent contribuer à faire en sorte que le futur cadre démarre sous un astre favorable, avec de l’ambition et des points de départ corrects. VIA Don Bosco, avec les autres membres de la Coalition 2015–DE TIJD LOOPT, veille à ce que Di Rupo entre en action.

L’assemblée annuelle de l’ONU a lieu le 25 septembre. Les jours qui précèdent l’assemblée, la Coalition 2015 organise une action pour obtenir davantage de soutien pour les OMD. Tenez le site internet de la Coalition à l’œil pour plus de détails: www.detijdloopt.be.


LeMonde.be // A l’agenda Evenement

18 et 19 septembre: Formation aux médias – le cinéma et l’éducation au développement Produire et diffuser des informations est devenu possible pour un grand nombre de gens grâce aux nouvelles technologies et à la Toile. L’information circule mais ne crée-t-elle pas aussi une réalité de façade? L’objectif de la formation est de mieux comprendre la logique médiatique et mieux utiliser des médias dans une démarche orientée vers le changement. Où? Bruxelles. Organisée par: ITECO

4 octobre: “Saved by the Bell” Les étudiants et les enseignants sont parfois soulagés d'entendre la cloche de l'école à la fin de la journée. Malheureusement des millions d'enfants et de jeunes gens entendent cette cloche rarement ou jamais. Nous demandons donc à toutes les écoles belges de sonner la cloche à la veille de la Journée internationale de l'Enseignant pour que le monde comprenne qu'il est nécessaire de changer quelque chose. Où? Partout dans le pays. Organisé par: Studio Globo et VIA Don Bosco

Pour en savoir plus: www.iteco.be/Formation-aux-Medias Pour en savoir plus: www.savedbythebell.be

15 octobre: Formation – Interdépendances Nord-Sud et internationalisation

7 novembre: Soirée d'information Programme Junior de la CTB

Dans le cadre du cycle de formation “Le développement en question“, la quatrième journée permettra d’aborder les enjeux du développement dans une nouvelle optique: celle des “have’s / have nots“, plutôt que celle d’un fossé NordSud classique. Infos pratiques déjà connues: Organisé par: Solidarité Mondiale

Chaque année entre 40 et 60 jeunes diplômés partent pour joindre un projet de la Coopération belge au développement comme assistant junior. Le Programme Junior de la Coopération belge au Développement organise régulièrement une sélection pour élargir son bassin de recrutement de potentiels assistants juniors. Les jeunes qui veulent acquérir une expérience professionnelle dans la coopération au développement sont invités à cette soirée d'information. Où? Bruxelles. Organisé par: CTB

Pour en savoir plus: http://solmond.be/FormationInterdependances-Nord

Pour en savoir plus: www.btcctb.org/fr/programme-junior

Rédacteur en chef: Maud SEGHERS - Rédacteur final: Kilian DE JAGER – Rédaction: Omer BOSSUYT, Katrien DE WILDE, Eric JORIS, Marc VAN LAERE – Lay-out: Pierre VANDEVIVERE – Imprimeur: GEERS OFFSET, Oostakker Editeur responsable: Omer BOSSUYT, Bd Léopold II 195, B-1080 Bruxelles Votre adresse est erronée ou vous avez déménagé? Veuillez nous communiquer les changements nécessaires afin que nous puissions vous envoyer le Faire route Ensemble à la bonne adresse. Contactez VIA Don Bosco, Comptabilité des adresses, à l’att. de Jan De Broeck et Peter Goossens, Bd Léopold II 195, B-1080 Bruxelles. Par téléphone: + 32 (0)2 427 47 20 ou par mail: viadonbosco@skynet.be. Suivant les dispositions de la loi du 8 décembre 1992 concernant la protection de la vie privée, vos coordonnées sont insérées dans notre fichier d’adresses. Nous les utilisons uniquement pour la publication d’informations relatives à nos activités. Vous avez pleinement le droit de consulter notre fichier et d’y corriger vos coordonnées.

Partenaires: Association pour une Ethique dans la Récolte de Fonds

Voulez-vous nous soutenir? VIA Don Bosco Compte Bancaire: 435-8034101-59 IBAN: BE84 4358 0341 0159 BIC: KREDBEBB

Sponsors:

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Nous parlons la même langue. Lorsque nous affirmons que nous parlons la même langue, nous le pensons vraiment. En effet, s’entendre, parler la même langue, c’est la base pour se comprendre. Pour pouvoir offrir à autrui ce que l’on attend d’autrui. S’épanouir ensemble dans un climat de compréhension. Telle est notre vision chez KBC et ainsi agissons-nous.


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