Extrait de FEMINISTES Récits militants sur la cause des femmes à paraître le 23 janvier 2018 aux éditions Vide Cocagne Plus d'infos : www.videcocagne.fr
FĂŠministes RĂŠcits militants sur la cause des femmes
Sommaire *********************
Avant-propos.......................................................................................................p. 4 Féminisme, par Théa Rojzman..........................................................................p. 6 Jade, portrait d’Alex H. par Louison...................................................................p. 14 Hé ! Mad’moiselle !, par Ingrid Chabbert et Jeanne Puchol............................p. 26 Asiatude, par Christelle Pécout.........................................................................p. 34 L’objet du désir, par Sarah Ayadi.......................................................................p. 44 Petit chemin de grossesse, par Julie Gore.......................................................p. 56 Intersectionnalité, par Marie Gloris Bardiaux-Vaïente, Valérie Lawson et Elvire De Cock.................................................................................................p. 62 Le vagin, par Aurélie Bévière et Claudia Les Mains Rouges............................p. 74 Transidentités et intersexuations, par Laurier the fox.....................................p. 84 Comment j’ai trouvé ma voix, par Annaïg........................................................p. 98 Ce qui ne me tue pas..., par Marie Gloris Bardiaux-Vaïente et Anne-Perrine Couët...p. 110 L’écriture inclusive, par Morgane Parisi............................................................p. 120 Les autrices.........................................................................................................p. 130
Avant-propos ***********************
Manifeste pour une bande dessinée féministe
L
e féminisme est la mise en œuvre et la promotion, dans une société donnée, de l’égalité en droits mais aussi — et cela est tout autant essentiel — de l’émancipation politique, économique, culturelle, personnelle et sociale, des femmes. C’est un mouvement militant pour une égalité entre les individus, quel que soit leur sexe ou leur genre. La bande dessinée féministe existe — elle n’a même jamais cessé sa production —, bien qu’elle soit, par trop souvent, reléguée aux marges. Elle manque de visibilité. Toutefois, nous ne pouvons nier le fait que quelques autrices soient parvenues à créer des succès autour de ce sujet pluriel. Cette invisibilisation des femmes, si elle n’est pas propre à notre milieu, y est patente, et y fait paradoxalement l’objet d’un questionnement récurrent. Plusieurs affaires récentes et désolantes, dans l’orbe de festivals fameux, l’ont rendu plus prégnante encore.
J’avais depuis longtemps ressenti la nécessité de réaliser un ouvrage rassemblant certaines de nos expériences de femmes et d’autrices, à propos de cette cause — j’emploie ce dernier terme à dessein. C’est pourquoi, lorsque les éditions Vide Cocagne m’ont proposé de donner corps à un collectif autour de l’écriture féministe en bande dessinée, j’ai accepté, sans hésitation aucune. Je les remercie — Fabien Grolleau en particulier —, pour leur confiance en ce pari, et pour m’avoir offert une telle opportunité. Le choix des artistes appelés à contribuer à cet ouvrage a répondu à un principe de non-mixité choisie. Les bandes dessinées données dans ce livre sont en effet produites par quinze autrices et un auteur transgenre.
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Je ne sache pas que nos collègues, les éditeurs ou le lectorat, se fussent jamais scandalisés que l’inverse lui soit proposé, à savoir le recueil d’écrits strictement masculins, que cette exclusive soit de droit, ou de fait. La bande dessinée masculine n’existe pas. Elle n’est pas un genre. Celle écrite et dessinée par des femmes, non plus. Nous sommes toutes autrices, mais avec des points de vue divers sur notre médium, le traitement de nos sujets, nos centres d’intérêts et expressions artistiques. S’il s’agit d’un ouvrage collectif d’autrices, nous sommes toutes très diverses dans notre approche et réflexion, même — plus encore ? — sur le sujet donné. Féministes, donc. Dans les années soixante-dix et quatre-vingt, les œuvres féministes s’inscrivaient par essence dans un mouvement contestataire, voire séditieux, et participaient de ce que l’on appelait les contre-cultures. Puis le système, par sa nature même, s’est agrégé sa propre contestation. Cette terminologie a été pervertie en argumentaire commercial : la révolution est passée à la mode ; partout on voit fleurir l’adjonction de ce mot pour vendre des produits ou même des programmes politiques, qui malheureusement n’ont souvent rien à voir avec le fond du problème. Sans doute une société qui a laissé des mots tels que féminisme, égalité ou combat devenir des marques, a du souci à se faire ; vaste sujet dont nous ne ferons pas la thèse ici. Ainsi, se nommer féministe n’est ni une insulte ni être dans une mode : c’est être en lutte. Et c’est bien dans une intention de réappropriation que le titre de ce collectif a été choisi. Nous sommes féministes, et c’est à travers ce prisme que nous avons œuvré dans ce projet commun — nous inscrivant dans la continuité de la contre-culture originelle, dans la lignée de Ah ! Nana, ou de la Wimmen’s Comix, emmenée par Trina Robbins, revues de bande dessinée transgressives et subversives. Merci à elles — ouvrir les portes est ce qu’il y a de plus difficile. Nous tentons aujourd’hui de poser une pierre supplémentaire à l’édifice de la bande dessinée féministe, avec le souhait que d’autres nous y rejoignent. Bonne lecture, Marie Gloris Bardiaux-Vaïente
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Féminisme *********************** Théa Rojzman
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Jade *********************** Portrait de Alex H. par Louison
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16
Hé ! Mad’moiselle ! *********************** Ingrid Chabbert Jeanne Puchol
27
Asiatude *********************** Christelle PĂŠcout
35
L’objet du désir *********************** Sarah Ayadi
45
46
Petit chemin de grossesse *********************** Julie Gore
58
Intersectionnalité *********************** Marie Gloris Bardiaux-Vaïente Elvire De Cock Valérie Lawson
63
64
Le vagin *********************** Aurélie Bévière Claudia Les Mains Rouges
75
TransidentitĂŠs et intersexuations *********************** Laurier the Fox
Se référer au lexique page 97.
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86
Comment j’ai trouvé ma voix *********************** Annaïg
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Ce qui ne me tue pas... *********************** Marie Gloris Bardiaux-Vaïente Anne-Perrine Couët
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L’Êcriture inclusive *********************** Morgane Parisi
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Les autrices Annaïg - Je suis née en 1984 à Brest. J’ai travaillé quelques années dans l’édition de bande dessinée, ce qui m’a permis de croiser des gens passionnants et des œuvres merveilleuses. Je suis maintenant bibliothécaire, et je mène tout un tas de projets projets artistiques, associatifs et militants, seule ou avec des amis. Je vis à Nantes, et si vous passez à Maison Fumetti, vous aurez des chances de m’y croiser.
******************************** sARAH AYADI est autrice de bande dessinée, illustratrice et membre du collectif « Sauvage Garage » sur Bordeaux avec lequel elle organise des événements artistiques. Après un Master à l’École Européenne Supérieure de l’Image, elle poursuit ses recherches universitaires sur les modes de représentation de la sexualité et du genre en entamant une thèse sur la bande dessinée érotico-pornographique.
******************************** Aurélie Bévière est née en 1981 et grandit dans un coin paumé, rural et ouvrier. Après un DNSEP, elle enchaîne divers métiers, collabore à des fanzines et réalise quatre courts-métrages (dont Le Crépuscule des Pouilleux mutants, diffusé à la TV belge) avant de publier Sauvage aux éditions Delcourt et de scénariser la BD Princesse F., sorte d’ovni satirique à l’humour graveleux et au graphisme manga, financé via Ulule et déjà écrit avec Claudia. Elle mène de front son travail de scénariste, de maman, la boxe, la cuisine et une activité d’animatrice d’ateliers BD et cinéma.
******************************** Ingrid Chabbert est née en 1978 en Aveyron et vit aujourd’hui à Carcassonne. Elle écrit depuis sa plus tendre enfance, partout et sur n’importe quoi. Elle n’a pas fait d’études de lettres mais jouer avec les mots, parler de la vie, de ses joies et de ses tourments, c’est sa passion. Son tout premier album jeunesse est paru en 2010 et la barre des 100 livres vient d’être dépassée. 2016 a été l’année de ses premières BD, jeunesse et adulte, et l’écriture scénaristique prend de plus en plus de place dans sa vie d’autrice.
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Assignée fille et en grande difficulté à accepter les traitements intolérables liés à son genre, Claudia Les Mains Rouges chemine entre les -ismes, dont le féminisme. élevée au sein de la communauté Hmong du Laos, elle grandit en Guyane Française. Son imaginaire s’imprègne des merveilles de la forêt amazonienne, des soupes phô, des revues de Fluide Glacial, du Club Dorothée et des films de Bollywood. Débarquée en métropole il y a 20 ans, elle croît toujours et se nourrit d’aventures et de rencontres politiques.
******************************** Anne-Perrine COUËT vit tout près de Bordeaux. Elle travaille en tant qu’illustratrice, graphiste indépendante et autrice de bandes dessinées. Elle édite des fanzines, gribouille sur des gens avec le collectif de dermo-pirates « Skinjackin », a monté des expositions, des sites internet comme Arts en Fac, et des événements comme Les 24 heures de la bande dessinée à Bordeaux. Elle enseigne le dessin, la sérigraphie et l’infographie à l’université depuis 2011 et est cocréatrice du collectif « Sauvage Garage ».
******************************** Née à Bruxelles en 1979, Elvire DE COCK se balade ces derniers temps beaucoup entre la capitale belge et Paris. Après quelques égarements du côté de l’architecture, elle finit par atterrir à Saint-Luc, en section bande dessinée, où elle réalise à quel point elle aime ce média et ne veut plus jamais le quitter. Depuis, elle a commis en tant que dessinatrice quelques albums aux Humanoïdes Associés et chez Dupuis, ainsi que beaucoup d’autres au poste de coloriste.
******************************** Scénariste et docteure en Histoire, Marie Gloris BardiauxVaïente articule ses recherches autour de thèmes spécifiques : l’histoire de la peine de mort et de son abolition en Europe, mais aussi théorie et pratique du langage universitaire en bande dessinée. Scénariste, elle explore l’Histoire et l’actualité, autour des notions de féminisme, de justice et de sociologie politique. Elle est, enfin, une membre active du « Collectif des créatrices de bande dessinée contre le sexisme ».
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Née en banlieue parisienne, JULIE GORE grandit au milieu des papiers découpés. Elle se dirige vers des études de graphisme dès la troisième, poursuit en illustration et en BD à l’école européenne supérieure de l’image d’Angoulême. Elle commence par quelques petits boulots de coloriste puis sort son premier livre pour enfants chez Eidola sur le thème du genre, Bonjour Madame ! en parallèle de sa première parution BD, Renard, Poule, T-Rex (en supplément dans le magazine Spirou). Depuis, elle s’aventure aussi sur de l’objet, du textile en plus d’autres projets de livres jeunesse à venir.
******************************** LAURIER THE FOX - Ex-graphiste marseillais, désormais auteur BD et illustrateur freelance après un passage par l’école Pivaut à Nantes, la majorité de mon travail est militant : féminisme, LGBTIQA+, antiracisme, antispécisme... J’ai toujours rêvé de faire passer des émotions et des messages via la bande dessinée, qu’elle soit fictionnelle ou biographique, comme avec mon projet actuel « ReconnaiTrans ». Je travaille régulièrement pour des associations, le Centre GLBT de Rennes, ou d’initiatives comme les créateurices de binder « Pas Mon Genre ».
******************************** La tête sous plusieurs casquettes, tombée dans des chaudrons de livres de fantasy, de science-fiction et de comics, née avant internet mais hyperactive sur les réseaux sociaux, Valérie Lawson est une afroféministe qui croit toujours en un monde meilleur (sans jamais avoir été Miss !). Proche des autrices depuis des années, elle a fait des salto de joie à l’idée de collaborer avec Elvire De Cock sur ce projet. Pour que les idées circulent et se diffusent. Pour que la diversité ne soit plus ignorée. Parce qu’on a tout-es à apprendre de l’Autre.
******************************** Née à La Rochelle en 1993 et habitant Bordeaux depuis son passage à l’université, Louison est dessinatrice de formation. Ilustratrice et bédéiste en devenir, elle raconte des histoires (parfois vraies), milite un peu et remplit des carnets. louisonpoisson.tumblr.com
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Morgane Parisi est une créatrice d’images. Elle a étudié la bande dessinée, le graphisme et l’anthropologie sociale et navigue entre ces disciplines pour créer des poster scientifico-narratif, des bandes dessinées pédagogiques, et du graphisme humain. www.StudioBrou.com
******************************** Née à Séoul (Corée du sud) en 1976, Christelle Pécout est adoptée à Marseille. Elle vient à la BD en découvrant Yoko Tsuno, le comics, Moebius et Akira. Diplômée de l’école de la chambre syndicale de la couture parisienne, elle entre à l’éESI (Angoulême). Depuis 2000, elle est autrice BD et fait partie du « Collectif des créatrices de bande dessinée contre le sexisme » et du syndicat des auteurs·trices de BD. Ses thèmes de prédilection sont les héroïnes fictives ou réelles, à travers la fiction ou la réalité et l’Asie, sur les traces de ses origines.
******************************** Autrice de BD depuis 1983, Jeanne Puchol s’est essayée à tous les genres – réalisme magique, polar, humour, parodie, histoire, autobiographie, féminisme – en utilisant toutes les techniques – plume, pinceau, crayons, feutres, numérique, féminisme. On lui a donc collé toute sorte d’étiquettes : surréaliste, poétique, engagée, féministe. Elle est membre du Collectif des créatrices de BD contre le sexisme depuis sa création. Le reste du temps, elle dessine. Et parfois elle écrit ses propres scénarios. http://jeanne-puchol.blogspot.fr/
******************************** Après des études de philosophie et une formation de psychothérapeute, Théa Rojzman est retournée à ses premiers amours : peindre et écrire. La bande dessinée lui a permis d’unir ces deux activités privilégiées. Elle publie son premier album en 2007. Sept livres plus tard (dont Mourir (ça n’existe pas), éd. La Boîte à Bulles, qui a reçu la mention spéciale du prix Artémisia 2016), elle travaille principalement pour Fluide Glacial comme scénariste et publie ses chroniques BD dans les magazines Le Cercle psy et Psychologie Positive.
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Féministes
est le dixième titre de la collection Soudain, Cette collection regroupe des ouvrages contemporains, certains engagés, sociaux voire politiques, certains plus personnels et intimes, mais toujours avec une thématique forte et le souci de choisir des autrices et auteurs qui se positionnent dans le monde d’aujourd’hui et le décortiquent. Déjà parus : Les désobéisseurs du service public, collectif Canis Majoris, de Loïc Locatelli Kournwsky Poète à Djibouti, de Nicoby Quelque chose nous a échappé, de Gwendoline Blosse et Juan Pablo Mino Hôpital Public, collectif El Mesias, de Mark Bellido et Wauter Mannaerts Comme un frisson, d’Aniss El Hamouri Je n’ai jamais dit je t’aime, d’Alexandre De Moté D’ailleurs, d’Alain Munoz à paraître : Mon Petit Ponant, de Nicoby
©Vide Cocagne 18 rue Geoffroy Drouet 44000 Nantes ISBN 979-10-90425-93-4 Dépôt : 1er semestre 2018 Imprimé en France par Cloître (29) Couverture : Julia Wauters Dessin 4e de couverture : Anne-Perrine Couët Correction : Catherine Castex