Rapport annuel 2021 - Service de l'eau

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La sécurité comme mot d’ordre

Pendant les travaux… Durant la première phase de chantier, l’eau provenant du Pont de Pierre se mélange à celle du Pays-d’Enhaut et passe par deux chambres de déviation. Durant la seconde phase de travaux, l’opération inverse sera réalisée pour l’eau en provenance du Paysd’Enhaut. Il sera ainsi possible d’effectuer les travaux sur la passerelle du Pont-de-Pierre. Sur le chantier, trois collaborateurs du Service de l’eau travaillent main dans la main avec une entreprise de génie civil spécialisée dans les travaux en hauteur. La mission du Service de l’eau sur le chantier est de poser les tuyaux. Le reste des opérations, comme les fouilles, est accompli par l’entreprise de génie civil. La pose des tuyaux se fait en parallèle sur les deux conduites, dans le sens de la descente, de part et d’autre de la vallée. Chaque tuyau mesure 6 m et doit être posé individuellement. En une journée, il arrive que l’équipe parvienne à poser quatre tuyaux… Ou un seul ! La difficulté de la tâche et les imprévus prennent l’avantage sur une cadence effrénée et régulière. Quand on se frotte à la nature, ses éléments sont déterminants : sol glissant, chute de pierres, boue, coulées. Les hommes de terrain travaillent en toute saison. Lorsque les conditions météorologiques rendent le travail dangereux, comme lors de fortes pluies, le chantier est arrêté.

Sur les trois employés présents sur le terrain, deux d’entre eux posent les conduites pendant que le troisième guide la descente des tuyaux par blondin (téléphérique de chantier muni d’un système de levage) et sécurise ses collègues. Tous sont encordés et un grillage placé au-dessus d’eux les protège de chutes de pierres. Côté formation, ils ont suivi des cours dispensés par une entreprise spécialisée dans la sécurité ainsi que des cours de cordistes. L’entreprise de génie civil les a également initiés à l’utilisation du blondin. La formation est une chose. La condition physique en est une autre. En plus de ne pas avoir le vertige, les hommes de terrain doivent faire preuve de force et d’endurance. Ils sont en contact téléphonique régulier avec leur supérieur hiérarchique resté « en ville » pour confirmer que sur ce terrain hostile tout se passe bien. Chaque tuyau pèse environ 800 kg. Tout est plus gros et lourd que sur un chantier urbain: de la clé pour serrer les vis jusqu’aux tuyaux… Sans oublier la fatigue qui, elle aussi, est décuplée.

© Nicolas Di Meo

Une collaboration avec Dame Nature

© Nicolas Di Meo

© Nicolas Di Meo

40 – Le cycle de l’eau

Vitor Oliveira, monteur de réseaux et chef d’équipe sur le chantier du Pont de Fenil, est un sportif accompli. Il vit son travail au Pont de Fenil un peu comme « un treck en famille ou entre amis ». Travaux exigeants, tension permanente, cadre spectaculaire… L’aspect psychologique n’est pas négligeable. « Nous vivons des choses très fortes. Au fil des semaines, nous avons tissé des liens solides et appris à nous faire entièrement confiance. » Sur la corde, toutes les barrières tombent. « En hauteur, nous ne pouvons plus mentir. Nous partageons nos joies comme nos peines. » A force d’être quelque peu isolée du reste de leurs collègues et de partager cette aventure hors du commun, l’équipe s’est soudée. Lorsque autour du petit campement aménagé sur le terrain, avec une petite table de fortune posée sur des grosses pierres, « l’un de nous a oublié de ramener son pic-nic, les autres n’hésitent pas à partager leur repas. » L’ambiance est excellente, preuve en est le sourire aux lèvres des trois collègues. « On rigole beaucoup, mais lorsqu’on travaille, on passe dans un autre monde et sur un autre mode, détaille le chef d’équipe. La concentration est de mise, car le danger permanent met parfois nos nerfs à rude épreuve. Lorsque quelque chose ne va pas entre nous, on ne peut pas laisser la tension monter. On crève l’abcès sans tarder. »

© Nicolas Di Meo

Une aventure humaine unique

Le poids de l’histoire Conscient qu’il n’y aura pas d’autre chantier similaire, Vitor Oliveira confie « pour moi, ce chantier est la chance d’une vie. En 20 ans de carrière au Service de l’eau, je n’ai jamais connu cela auparavant et je ne connaîtrai plus cela après ! » Craint-il la fin du chantier, prévue dans le courant de l’année 2023 pour autant ? « Absolument pas, ce que nous avons déjà vécu est incroyable et il nous reste beaucoup à faire. Au final, tout cela restera à jamais gravé dans ma mémoire. » Et la mémoire, très justement tient une place déterminante sur ce chantier spectaculaire. Il y a 120 ans, les tuyaux ont été posés à la main, à force de coups de pelles et de pioches, par environ 1’400 personnes aidées de chevaux. « C’est incroyable d’imaginer comment ces hommes ont pu accomplir un tel travail avec les moyens de l’époque, confie le chef d’équipe. J’ai beaucoup de respect pour ce que nos ancêtres ont fait et cela me motive au quotidien. Je me dis : nous nous devons de faire encore mieux qu’eux. » Le cycle de l’eau – 41


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