Mémoire HMONP : Matières et Manières d'être

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matières et manières d’être Vincent Schmitt

2016 - 2017


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matières et manières d’être

Mémoire rédigé par Vincent Schmitt pour la formation d’Habilitation à la Maîtrise d’Oeuvre en son Nom Propre Encadrant : Christian MARCOT école Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon Mise en Situation Professionnelle réalisée dans l’agence Z Architecture Tuteur : William VASSAL Soutenance le 7 Juillet 2017 3


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sommaire 7

0 - Préambule 1 - Matières premières

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Dans les bras de Vauban Dissection à vif Un McDo dans la canopée Sortir du nid

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2 - L’équarrissement De A à Z

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Eviter l’écueil du « consensus mou » Défendre la matérialité

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3 - L’épure

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L’Anthropocène comme nouvelle ère de jeu Ethiques et tactiques La triple personnalité du matériau En quête de bon sens Le mythe de la caverne ?

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4 - Pose de la première pierre

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Choisir son paradoxe L’Analyse de Cycle de Vie, un champ d’expérimentation Co-conception, approches pluri-disciplinaires

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Conclusion

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Bibliographie

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Projets référencés - Z Architecture

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Curriculum vitae

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Remerciements

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0 - Préambule :

Peu de professions exigent une validation des pairs par un passage introspectif et « conscientisant ». Sans doute, l’Architecture ne peut être pratiquée « à la légère ». Tant par l’impact sur des territoires, sur des modes de vie, que pour le quotidien de celui qui l’exerce, son influence peut sembler vertigineuse. La responsabilité que porte l’architecte me semble actuellement trouver un écho particulier dans un contexte mondial incertain. La situation écologique est ainsi jugée préoccupante voire alarmante par une large communauté scientifique. En réaction à cet état d’urgence, une responsabilité universelle de l’individu, en tant que consommateur, citoyen, sachant et professionnel émergera-t-elle ? Entreprendre aujourd’hui la HMONP est ainsi une opportunité pour moi de cristalliser des convictions et penser leur mise en oeuvre. Nées au fil d’un parcours personnel encore balbutiant, elles me poussent cependant à envisager une manière d’être au monde et une pratique en accord avec elles. L’Architecture se raisonne et s’intuite, elle oscille entre démarche inconsciente et pragmatique. Cette richesse de la discipline s’illustre dans le rapport à la matière projetée et construite. Même s’ils tendent à être mis à mal par diverses logiques extérieures, son choix et sa maîtrise restent une interrogation au coeur du projet, confrontant sensibilité propre et savoir-faire, enjeux financiers et nécessités écologiques, technicité et bon sens, normes et innovations, artisanat et industries. Les relations entre matières et manières d’être forment ainsi le fil conducteur du raisonnement qui suit. Ce dernier débute avant mes premières expériences professionnelles et s’étoffe au grès de mon travail en agence. Le temps du mémoire de HMONP, il en profite pour prendre du recul par rapport à un quotidien parfois pressé et ses petits tracas, afin de formaliser une projection à long terme que je souhaite engager.

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1 - Matières premières :

Dans les bras de Vauban Penser sa pratique actuelle et ses ambitions futures ne peut se faire sans interroger son histoire personnelle. Non exhaustif, un regard en arrière permet de dégager certains faits marquants, conscients ou inconscients. Né en 1988 à Besançon, la proximité directe entre Nature et Histoire construite fait très tôt partie de mon environnement. Habitant à la lisière des fortifications Vauban, je vois à ma gauche des collines entre lesquelles la rivière du Doubs ruisselle jusqu’à la vieille ville, à ma droite. Dans ce paysage du quotidien, la minéralité calcaire des façades historiques est le pendant des vallons arborés très peu urbanisés. Protégé par des enceintes érigées successivement par la Nature et par l’homme, le centre ancien est aussi le lieu de mes premiers souvenirs d’Architecture. Après avoir traversé l’une des 7 collines limitrophes, enjambé la boucle du Doubs puis franchi l’enceinte Vauban, flâneries et explorations urbaines deviennent un jeu. Les ruelles et les cours arrières offrent à chaque fois son lot d’héritages : escaliers extérieurs apparents en bois, modénatures de façade en pierre de Chailluz, toits en tuiles vernissées, … De là naît une attirance pour la matière vécue, usée, voire même en ruine. Le patrimoine architectural est visible partout, jusqu’aux traces gallo-romaines mises en scène. Ces strates construites se lisent sur un territoire encore maîtrisé, ayant respecté jusqu’à aujourd’hui une certaine distance vis-à-vis d’une ceinture verte naturellement généreuse, autre héritage. Sensible à ces thématiques, une année d’études en Histoire de l’Art et Archéologie sera ainsi les prémices aux études d’Architecture. L’arrivée à l’ENSAL en 2008 marque le début d’une période de grande effervescence. On plonge volontiers dans la culture du projet par lequel on apprend à maîtriser conjointement le trait et le parlé de l’architecte. Les temporalités du projet sont encore éloignées d’une réalité pratique mais les outils restent les mêmes. Concepts, plans, coupes, maquettes analogiques et numériques forment un quotidien des plus enrichissants. Dégagé d’un Académisme passé, le regard critique est sans cesse sollicité. On se refuse à tomber sous l’égide d’une théorie généralisante pour s’approprier plutôt des 10


théories ou des sensibilités en rapport à un monde aux enjeux de plus en plus imbriqués. Dans cette quête de cohérence entre dessin et dessein du bâtiment projeté, des figures comme Tadao Ando, Peter Zumthor, Carlo Scarpa ou Louis Kahn ont marqué mon parcours naissant. Ne pas rechercher l’exubérance du plan et laisser parler le matériau. Mettre en oeuvre intelligemment sa charge poétique comme partie prenante de la qualité des espaces : le grain de la matière par une lumière rasante, la jonction entre deux éléments, la patine naturelle, etc. La dimension patrimoniale n’a jamais été loin. Les deux années de master à l’Ecole se concentrent ainsi sur des projets d’intervention sur l’existant. Je renoue avec des sites dans lesquels l’architecture doit composer avec le déjàlà, visible et invisible. La matérialité héritée ou la charge symbolique sont questionnées au même titre que le nouveau programme et les contraintes urbaines. Une culture théorique, à travers les écrits de Alois Riegl ou Francoise Choay, aborde de manière plus globale les enjeux contemporains rattachés derrière cette question de l’héritage construit.

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1. Pierre calcaire de Chailluz - matériau traditionnel du centre historique de Besançon

2. Jonction entre les briques Kolumba et les briques héritées de l’ancienne église - Peter Zumthor, Kolumba Museum, Cologne

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Dissection à vif Afin d’apprécier d’autres pans du vocabulaire de l’Architecture, je mène en parallèle de ma scolarité à l’ENSAL, une formation d’Ingénieur en Génie Civil à l’INSA de Lyon. Sans doute teinté de naïveté, ma volonté initiale était pourtant d’acquérir une culture technique raisonnée, plus « mesurable », comme autre force de conviction dans la défense du projet. Les années à l’INSA seront ainsi de toute autre nature, principalement de l’autre coté du décor que j’avais eu tant de plaisir à mettre en place. Dans un cadre plus marqué, l’architecture y est disséquée. J’apprend de manière souvent disjointe des notions de structure, de géotechnique ou de CVC. La matérialité est vu à travers ses propriétés physiques et chimiques : module d’Young, limite d’élasticité, de plasticité, etc. L’étude des impacts environnementaux commence aussi à être enseignée. Des cours d’Analyse du Cycle de Vie (ACV) et d’Hydrologie Urbaine mettent en avant la « conscience » de l’ingénieur pour une pratique raisonnée et plus respectueuse. Pluri-disciplinaire, technologique sans être techniciste, la démarche des techniques alternatives en hydrologie urbaine m’interpelle. Mon choix se porte ainsi pour un stage de 4 mois chez Atelier LD, premier contact avec une maîtrise d’oeuvre réellement pluri-disciplinaire entre architecte-urbaniste, paysagiste et ingénieur hydraulicien. Puis, je continue cette approche en partant 6 mois au sein d’un laboratoire d’hydrologie urbaine à Melbourne. Là, je me confronte aux impacts visibles et invisibles d’une urbanisation non maîtrisée sur des cours d’eau et leurs abords. En effet, le mitage du territoire, la place privilégiée du transport individuel et de ses infrastructures ainsi que la dispersion d’essences végétales non endémiques sont une problématique récurrente en Australie. Couplé à du travail in situ, l’analyse de données compilées sur une dizaine d’années explicitera l’étendue des impacts environnementaux, tant physiques que chimiques. La notion de traçabilité me marquera particulièrement. Les évolutions et améliorations apportées par les techniques alternatives type bassins de rétention ou noues sont ainsi lisibles sur une échelle de plusieurs dizaine d’années.

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Un McDo dans la canopée Ce poids d’une culture « à l’américaine », si jeune sur ce territoire, mais si gourmande d’espace et de ressources crée chez moi un malaise. Malaise d’autant plus grand que ce mode de consommation du territoire se confronte à une Nature encore « primitive » pour un européen. Habitué aux villes du vieux continent dont la construction a depuis longtemps éloigné les terres sauvages, le choix d’un rapport direct entre ces deux milieux est brutal. Je commence à me questionner sur la responsabilité des architectes, des urbanistes, des politiques et des entreprises du bâtiment, mais avant tout sur la question de « culture » et des valeurs partagées auxquelles elle renvoie. Fruit d’une volonté de croissance continue, « l’Anthropocène » renvoie ainsi à différentes facettes de nos mode de vies : obsolescence programmée, surabondance des déchets, recherche de l’instantanéité, etc. Ce constat fait écho à bien des pans de la société, y compris au monde de l’Architecture. Il renvoie aussi, j’en suis convaincu, à une responsabilité universelle de chaque individu dans tous les rôles qui lui incombent : consommateur, citoyen, professionnel. L’adage : « L’Architecture est l’expression de la Culture » peut ainsi prendre plusieurs sens. Doit-elle seulement en être l’expression et comment puis-je me positionner si je n’en partage pas toutes ses valeurs ? Doit-on être à coup sûr dans la réaction aux modèles existants ? Et peut-on retrouver certaines valeurs prônées dans d’autres horizons culturels : « la sobriété heureuse » de Pierre Rahbi, « la conscience planétaire et politique de civilisation » d’Edgar Morin, et tant d’autres. Je reviens en France avec ces pensées et initie la recherche d’emploi en agence d’Architecture. Après 2 ans de patience à l’INSA, ma vie professionnelle commençait enfin, en même temps cependant qu’une période de doute sur le modèle de société auquel j’appartiens. Un mois après mon retour, j’obtiens mon premier poste d’assistant architecte à l’agence Rue Royale Architectes (RRA).

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Sortir du nid Cette expérience marqua de façon sensible deux approches du projet par le concours : une Conception - Réalisation et une Loi MOP, une démarche par le concept et une approche par la matière. Tout comme ce qu’elle crée, la pratique de l’Architecture évolue. Comme beaucoup de domaines aujourd’hui, peut-être est-elle bousculée encore plus facilement ? La crise financière et sociale l’a agitée depuis bientôt une dizaine d’années et nous commençons notre vie professionnelle dans une histoire complexe. Avec la culture du projet, l’Ecole nous offre un rôle de démiurge si notre positionnement réussit à être intellectualisé et personnel. La pratique quotidienne se heurte à un jeu de pouvoir bien plus serré. Entre dumping, budgets sous-évalués, force croissante des promoteurs, ou certains contrats de maîtrise d’oeuvre, la pression subie par l’Architecte est grande. Un aspect inhérent au métier apparaît : savoir distinguer le moment pour défendre les ambitions et convictions qui nous définissent de l’instant où les taire. Dans ce jeu de priorités, la générosité des espaces et de la matière est un point dur. Un premier concours de Résidence Sociale en Conception - Réalisation chez RRA fût une bonne initiation. Une élaboration progressive part, de manière assez classique, des contraintes urbaines pour mener conceptuellement à une forme puis à une matérialité. La notion de rentabilité est implantée dès le départ dans le plan et la structuration des espaces. La démarche est cohérente et suscite l’approbation générale du groupement. Avec le montage final du dossier et son chiffrage hors agence, l’Architecte n’a cependant plus les cartes en mains. Le projet peut alors être déshabillé. La matérialité du projet, au départ pensée de manière cohérente avec un site, une sensibilité et/ou une démarche environnementale, va être changée une fois, deux fois, trois fois. La légitimité du matériau est perdue pour absorber le delta financier. Cette perte de contrôle tardive dans l’identité du bâtiment me laissa un goût amer. Amertume qui souleva d’autres questions. Dans son processus de création, l’Architecte doit-il forcément avoir une connaissance profonde de son matériau? Au-delà de son esthétique, de sa surface, peut-il anticiper son coût, son vieillissement et son impact écologique ? De par le rôle des acteurs de la 15


construction sur un environnement hérité, bâti et naturel, une matérialité vertueuse peut-elle être remise au centre de la conception, quitte à en devenir un impératif ? Sa maîtrise serait donc nécessaire, dans ce qu’elle a de visible (états de surface, de vieillissement, …) et d’invisible (propriétés physiques, énergies grises intrinsèques, déchets générés, recyclabilité, …). Le rapport au monde et l’empreinte environnementale de nos modes de vie suscitant toujours autant d’inconfort chez-moi, il ne me semblait cependant pas encore possible de le combattre dans une pratique professionnelle. L’engagement dans l’association lyonnaise Zéro Déchet servit alors de soupape. Bénévole dans le projet local des « Entrepreneurs du Zéro déchet », je rencontrai une somme d’acteurs entrés en résistance face au modèle de sur-consommation établi. Etudiants, instituteurs, restaurateurs mais aussi architectes et ingénieurs s’engagent dans la réduction des déchets par la prévention, le recyclage et le réemploi ; la jeune société Mineka, créée par une architecte en reconversion, veut par exemple valoriser les matériaux de construction de seconde main. Partageant des convictions communes, tous mettent en écho des actions locales et leurs différentes compétences pour proposer une façon alternative de vivre la ville. De telles rencontres questionnent forcément par ricochet la notion d’architecture « vertueuse », d’une pratique « consciente » : aller au-delà de la réponse au programme, du respect des engagements contractuels ou de l’immédiateté esthétique. Comment une oeuvre peut-elle fonder une cohérence entre des acteurs, un territoire, des usages, une communauté, une symbolique, tout en modérant l’impact inhérent à toute construction de l’homme sur la planète ? En parallèle, un second concours en loi MOP chez RRA permit un contrôle plus conscientisé et maîtrisé de la dimension matérielle du projet. L’approche patrimoniale du projet plaça le matériau au centre de la conception. Certes non porteuse, la pierre de Hauteville fut cependant le trait d’union entre un site et son histoire, entre la grande échelle et le détail. A travers une volonté environnementale de l’agence, son choix acquis aussi une légitimité par une étude comparative des provenances de la pierre.

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Ces deux concours montrent donc l’engagement très différent que peut prendre un projet bien en amont de sa trajectoire. Néanmoins, suite à ces rendus sur APS, il serait naïf d’imaginer nos convictions propres sauvées, nos volontés figées dans le marbre. Mandataire ou non, la posture de l’architecte sera tourmentée d’autant qu’il précisera son trait le long des phases ultérieures.

1. Image de rendu pour le concours de l’internat Fays à Villeurbanne Rue Royale Architectes

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2 - L’équarrissement :

De A à Z Je n’eues pas le temps de me confronter au projet au-delà de l’APS, que déjà ma propre trajectoire m’amena de Rue Royale Architectes à l’agence Z Architecture au printemps 2016. Autre agence, autre approche, mais même contexte global du milieu de la construction. L’axiome « on nous demande aujourd’hui de rendre sur APS dans le même temps qu’une Esquisse avant » (Anne Delevallée - Rue Royale Architectes) devient « on prend beaucoup moins le temps de construire aujourd’hui » (Béatrice Pirat - Z Architecture). Rapide, complexe et instable, le système demande aux architectes de s’adapter ou disparaître. Des stratégies d’agence sont mises en place et accompagnent la pratique du projet. L’étudiant défend sa vision du bâtiment architectural, le praticien défend sa production mais aussi le cadre dans lequel il produit. Il construit l’oeuvre et aussi sa place au sein d’un monde professionnel, son identité. L’accès à des marchés d’une certaine échelle et pouvant mener à une architecture de qualité peut nécessiter des composantes extérieures à l’Architecture. Compétence atypique, moyens complémentaires, philosophie propre, état d’esprit partagé, … sont autant de clés d’entrée supplémentaires. Ethique et image se mêlent, bien en amont de toute conception. Il y a ainsi volonté affichée de s’adapter voire de « résister » (intitulé des voeux de l’agence pour l’année 2016). Elle peut s’exprimer jusque dans l’approche initiale du projet. La position de l’agence en élément perturbateur se retrouve souvent en amont des concours. Comprendre les limites du programme, les invariantes du site pour mieux les tester, pour mieux les dépasser. Cette approche non scolaire, c’est une prise de risque ; c’est aussi une démarche teintée de volonté pédagogique. Chaque écart à la règle est raisonné et expliqué à travers différents media : éléments graphiques, paroles écrites ou orales, etc. On accompagne la maîtrise d’ouvrage, on incite l’équipe de maîtrise d’oeuvre vers une solution commune et jugée légitime par l’ensemble des acteurs. 20


Plutôt que de penser l’architecte comme seul tributaire d’une vision d’ensemble, la responsabilisation de l’ensemble de l’équipe est recherchée. En valorisant « l’intelligence collective » et la « force de proposition »1 du groupement, la construction de relations productives et pérennes entre acteurs de la construction est pensée comme partie prenante du processus de projet. Dans un climat professionnel actuel dont certains critiquent la répartition du pouvoir entre architectes, bureaux d’études, promoteurs immobiliers, multinationales du BTP, … il n’est à première vue pas évident d’asseoir des relations sincères sinon complices, bien loin de l’image du combat acharné et solitaire.

Eviter l’écueil du « consensus mou » Cette volonté de confiance amène l’architecte à jouer entre flexibilité, fermeté et didactique, notamment lors de marchés pour lesquels la position de l’architecte est mise en balance : PPP, Conception - Réalisation ou projets à « 4 mains » en association. L’intelligence du trait seule ne mènera pas forcément le projet vers une architecture de qualité, ni même réalisée, sans une stratégie plus large. En prendre conscience peut paraître étourdissant pour un jeune professionnel. Le concours en Conception - Réalisation pour un centre aquatique [projet 1] illustre l’imbrication des données d’entrées. Le budget annoncé ayant été comparé puis jugé insuffisant par le groupement, au regard du programme, la recherche commune d’une « économie inventive » devient le filtre du projet. Prise de risque assumée, elle impacte la réponse au programme et au site. L’architecture doit être solidaire de cette trajectoire rentabilisée sans que sa légitimité y soit réduite. Fonctionnalité, symbolique et pérennité sont assurées par une maîtrise d’un plan scénarisé dont on anticipe les principaux détails de construction. La recherche d’une sobriété et formelle et matérielle ne prévaut pas à une réflexion technique en amont pour penser le vieillissement de l’édifice. Le choix des matériaux n’est pas un préfondé de la démarche mais leur mise en oeuvre est soignée. Elle s’exprime aussi dans l’image de synthèse pour 1 William Vassal et Vincent Gadaix, Z Architecture 21


laquelle l’agence porte la plus grande attention. Vecteur de communication incontournable en Architecture, elle est souvent critiquée de par son manque d’objectivité parfois trop grand. Utilisé de manière rétroactive et raisonnée, le travail des images conscientise les forces et faiblesses du projet ; il peut servir d’outil d’aide à la décision s’il est initié au préalable. Toujours externalisé dans la même agence de graphisme, une complicité créée dans le passé permet aujourd’hui de gérer au mieux ce temps clé du concours. Le processus de coconception autour de l’oeuvre est une fois de plus primordial. La mise en situation professionnelle est donc un saut dans les rouages du projet, parmi les mécanismes que cache l’écrin. Politique d’acteurs, prépondérance du budget, gestion des temporalités rendent la priorisation des choix architecturaux beaucoup plus floue. Le diagramme de Venn « pas cher <=> rapide <=> de qualité » est affiché à l’agence pour faire part des attentes contradictoires inhérentes à chaque projet. Le non-respect d’un paramètre engendrera un compromis automatique. Au-delà d’un outil pédagogique pour quelqu’un d’extérieur, il illustre aussi la nécessité chez l’architecte de prendre conscience de l’impact de ces compromis. Dans une époque qui n’est plus celle des théories unificatrices ou des dogmes, mais qui pourtant fait face à des enjeux globaux jamais égalés, maintenir son éthique tout le long du projet peut sembler être un réel défi.

Défendre la matérialité Averti des enjeux gravitant autour de la matérialité, l’exercice du mémoire de HMONP est aussi un temps pour analyser les dynamiques pouvant compliquer sa maîtrise. Les différents projets sur lesquels j’ai travaillé témoignent de logiques extérieures dépréciatives que l’architecte doit savoir refuser, dévier ou accepter. Elles dépendent très tôt du type de marché. PPP et CREM (ConceptionRéalisation-Exploitation-Maintenance) semblent ainsi être des opérations à « double tranchant ». Une vision idéalisée encenserait cette approche globale du bâtiment, matière et énergie, au-delà de sa réalisation et du coût d’investissement. Elle valoriserait l’utilisation juste de matériaux adaptés aux usages et au budget. Néanmoins, quand l’architecte perd le mandat, 22


la logique dominante de l’exploitant suffit-elle ? Dans un canevas de la fonctionnalité et du rendement, comment ne pas reléguer le matériau à une vêture facilement lavable et démontable ? Outre ce déséquilibre entre entreprise générale et agence d’architecture, la multiplication d’intervenants complexifie le processus. De nouveaux intermédiaires en lien avec la maitrise d’ouvrage, avec des labels ou des certifications peuvent rentre le rapport avec le client plus flou et l’arbitrage des décisions sibyllin. Cette augmentation, au-delà d’obscurcir les limites de prestations et d’abaisser les honoraires, complique la réunion de la maîtrise d’oeuvre autour de valeurs communes, non rentables, y compris environnementales. Plus la part de chacun est faible dans le processus, plus son engagement risque d’en être réduit. Présente dès les phases de conception amont Esquisse - APS, une telle tendance peut s’accentuer lors de projets à « 4 mains » qui dissocient par nature les tâches. Lors du concours d’une piscine publique en CREM [projet 2], la répartition des tâches a dissocié traitement des façades et dessin des plans, matérialités extérieures et espaces intérieurs. Couplée à une mauvaise communication entre le mandataire et ses co - traitants, elle n’a pas facilité l’intégration de la matière dans une logique vertueuse ou identitaire pour le lieu ni pour le bâtiment. L’avancée dans les phases APD - PRO - DCE fait remonter d’autres dynamiques. Certains projets s’étalent sur des temps de conception longs et voient les interlocuteurs, entreprises et promoteurs, se succéder. Le changement de chargé d’opération chez une entreprise générale participe à cette segmentation et peut nuire à la vision d’ensemble du projet et à son historique. La cohérence des choix passés, tant en terme de matières concrètes que de valeurs abstraites, peut se diluer à l’inverse d’objectifs chiffrés : m2, kWh/m2/an, € HT, … La précision du budget par lots et l’approche de l’ACT peuvent elles aussi participer à ce phénomène dépréciatif. Le projet de siège social en Conception - Réalisation [projet 3] a vu sa phase PRO - DCE se terminer par une chasse aux sorcières lancée par le promoteur contre les plus - values « non justifiées » de chaque lot. Cette dissection des optimisations financières s’attaque à tout élément non réglementé ou exigé par le client : démarche environnementale volontaire ( RT - 20%, etc. ), matérialité et ambiances (revêtements de sol qualitatifs, matériaux 23


nobles intérieurs, mobilier, …), détails de systèmes constructifs, etc. Ce changement de physicalité questionne le travail même de l’architecte et la limite entre volonté propre et responsabilité. Comme le souligne alors Willian Vassal dans son refus de se plier à la plupart des moinsvalues, « peu importe ce qui arrive durant le projet, si à la fin le bâtiment est laid, tu auras beau te défendre, ce sera vers toi qu’on se tournera ». Une relation soudée avec les BET et notamment l’implication concomitante du bureau HQE devient parfois même nécessaire pour faire entendre sa voix ; comme la vision est segmentée, toute solution ne répondant pas à une qualité et esthétique, et structurelle, et environnementale, et … sera plus facilement mise en danger. Dans ce tumulte, la validation du permis de construire par la mairie reste heureusement une garantie de pérenniser certaines caractéristiques du projet contre un nivellement par le bas. Ce travail entre rixes et médiation se poursuit du DCE au DOE. L’échange avec les entreprises et les fournisseurs peut être un moment clé. Premièrement, il s’agit par exemple de faire capitaliser leurs acquis (techniques de pose, méthodes de préfabrication, matériaux alternatifs, etc.) pour construire avec eux des solutions variantées parfois plus intelligentes ou plus simples. Pour le projet de « la Ruche » [projet 3], un détail de coffre BSO dans le gros-oeuvre, répété près de 300 fois dans le bâtiment, est ainsi repensé pour diminuer les interfaces entre les entreprises sur le chantier et privilégier un autre modèle plus sobre et artisanal. En parallèle, il faut prendre le temps de questionner ces intervenants sur leurs bonnes pratiques : où sont implantées leurs filières de production - fabrication ? Quels sont les qualités environnementales et labels des matériaux ? Quelles sont les raisons implicites derrière un coût du produit plus faible que d’autres ? Etc. Sur le même projet, la recherche d’optimisation pour la charpente bois nous amène ainsi à travailler avec des poutres lamibois. La rencontre en amont de l’entreprise « Baubuche » est primordiale pour établir le portrait du matériau. L’utilisation moins courante du hêtre plutôt que d’un résineux permet une économie de matière et d’argent, la filière est régionale mais l’ajout de colle est légèrement plus important que pour un lamellé classique, donc mois 24


écologique. Une part conséquente de représentants mettent même aujourd’hui en avant des études d’analyse de cycle de vie de leur produit pour gager de son caractère vertueux. Conscient de ces propriétés, vient alors l’approche directe, physique de l’échantillon où il s’agit de toucher la matériau, lui faire prendre la lumière naturelle, l’agencer à un autre produit, … pour projeter au mieux son effet dans le bâtiment. Ce saut d’échelle entre échantillon et élément incorporé dans l’ouvrage est parfois complété par le prototypage sur site, échelle 1, en phase chantier. Cette étape qui me semble pertinente, permet d’appréhender pleinement la relation unique entre un composant et son contexte. Elle se justifie d’autant lorsque la mission DET incombe par exemple à l’entreprise générale et rend la présence de l’architecte plus sporadique. A travers ces phases, les deux années de pratique ont donc mis en évidence des temporalités dans la trajectoire du projet. Gardien d’une posture initiale qui lui est propre, éthique, politique, sensible, l’architecte est pris dans cette trajectoire. Il saisit des instants charnières pour asseoir ses ambitions ; d’autres parfois lui échappent par manque d’anticipation, par exemple. D’autres encore peuvent avoir lieu sans qu’il n’en ait conscience, car ils renvoient parfois à des préoccupations extérieures à son schéma de pensée.

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3 - L’épure :

L’Anthropocène comme nouvelle ère de jeu « Nous devons reconnaître notre double enracinement dans le cosmos physique et dans la sphère vivante, en même temps que notre déracinement proprement humain. Nous sommes à la fois dans et hors de la nature. » - Edgar Morin - Les 7 savoirs nécessaires à l’éducation du futur. Comme évoqué précédemment, la pratique de l’Architecture peut être aujourd’hui prise dans un champ de questionnements globalisé. La quête d’indépendance de l’homme par rapport à des conditions naturelles s’exprime successivement à travers son mode d’aménager, d’habiter et de consommer. Les ressources naturelles (largement sollicitées dans le milieu de la construction) sont majoritairement perçues comme un bien de consommation, la quantité excessive des déchets générés reste encore une acception commune. Pourtant, face à ce déséquilibre croissant exprimé à l’échelle planétaire, une communauté de plus en plus large remet en perspective la place de l’homme dans son territoire. Scientifiques, sociologues, historiens, architectes et urbanistes ont depuis longtemps explicité les processus successifs d’anthropisation, de colonisation puis de mondialisation de la culture. L’étendue actuelle de l’empreinte humaine est telle qu’est avancée la fin de l’Holocène, ère géologique de ces 10 000 dernières années, au profit de « l’Anthropocène ». Nouvelle dénomination, elle conscientise l’approche selon laquelle l’activité humaine, par sa puissance et son étendue tant spatiale que temporelle, est devenue une force tellurique capable de modifier le visage physique et chimique de la Terre. L’intérêt n’est pas ici d’énumérer les impacts dramatiques connus mais de digérer cet état de fait. « L’Anthropocène : nous y sommes déjà […] c’est notre époque. Notre condition. Cette époque géologique est le fruit de notre histoire depuis deux siècles et quelques. L’Anthropocène, c’est le 28


signe de notre puissance, mais aussi de notre impuissance […] Car ce qui nous arrive n’est pas une crise environnementale, c’est une révolution géologique d’origine humaine. » - Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz - L’événement Anthropocène. Exercer la profession consciemment au quotidien, c’est aussi selon moi saisir ce contexte mondial. C’est comprendre l’histoire qui nous a menés ici, dans cette fracture entre Nature et Société. Ancré dans un mode de pensée occidental, la domination de l’homme sur la nature connaîtra une croissance exponentielle au cours du 19e et 20e siècle. La première Révolution Industrielle puis les deux Guerres Mondiales apportent ainsi les ressources et les progrès technologiques pour construire cette société. L’industrialisation massive accompagnée par une démarche intellectuelle et sociale permettront l’essor des villes modernes, en Europe et ailleurs. La victoire du modèle capitaliste à la sortie de la Guerre Froide va lui répandre massivement un mode d’existence, à l’échelle mondiale car fondé sur des valeurs reproductibles. Depuis l’archétype de la cabane primitive, premier toit pour s’arracher des conditions naturelles, l’Architecture s’est inscrite dans cette évolution. Elle devra rapidement faire face à une accélération du phénomène. Alors que l’on prévoit une augmentation exponentielle de la population mondiale, le cadre de vie sera majoritairement urbain : près de 5 milliards pour une projection moyenne de 8,3 milliards d’individus d’ici 2030 selon les Nations Unies. L’Architecte devra donc construire plus, et de plus en plus vite. Avec un modèle économique davantage sujet aux oscillations, la diminution récurrente des enveloppes budgétaires dans le cadre des nouvelles constructions sera un réel défi.

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1. La cabane primitive Illustration pour Essai sur l’architecture, 1755 - Abbé Laugier

2. Crystal Palace Illustration pour l’Exposition Universelle Londres, 1851 - Sir Joseph Paxton

3. Quartier de Hong-Kong Photographie pour « Architecture of density » 2015 - Michael Wolf

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Ethiques et tactiques Il n’y pas de consensus quant à une responsabilité éthique du praticien, seulement une vérité inhérente : tout acte de construire transforme un « déjàlà ». Dans ce rapport conscient au monde, comment se positionner en tant que futur architecte ? Faut-il être dans l’opposition automatique aux modèles hérités, souvent jugés responsables de l’état d’urgence actuel, au risque cependant de tomber dans l’écueil d’un raccourci abusif. Doit-on forcément s’inscrire dans de nouveaux courants de pensée germants çà et là, sans peur de s’y enfermer : ville frugale, ville en transition, sobriété heureuse, décroissance, etc. ? Cela pose la question des limites de la responsabilité de l’Architecte. Acteur de la société, son exercice est d’abord régi par les responsabilités civiles (décennale, extracontractuelle, de droit commun) et pénales. Le parcours de HMONP montre clairement le système de droits et de devoirs dans lequel, jeune praticien, je vais m’engager. Il révèle aussi une certaine pression quand à leur étendue et leurs implications. Ce socle juridique commun ne garantit malheureusement pas à lui seul une production de qualité ni une pratique vertueuse. La déontologie qui règle les pratiques professionnelles doit assurer la diffusion et le partage de valeurs autres, communes. Le degré de respect de ces valeurs révèle aussi de la posture de l’architecte et de sa responsabilité. Dans un contexte de troubles économiques, les pratiques de dumping ainsi que les pressions exercées de toute part sur les agences dégradent d’autant les bonnes volontés individuelles. Le jeu de pouvoirs et de responsabilités est aussi politique, car l’acte de construire en est un outil. La commande a toujours lié praticien et client, maîtrise d’oeuvre et maîtrise d’ouvrage. De la commande royale ou religieuse, le panel s’est aujourd’hui grandement élargi : de l’élu au client de maison individuelle, en passant par les rangs de la promotion immobilière. L’accès à ces différents marchés n’engagera pas la même vision du projet. Là interviendra sans doute la dimension éthique comme « recherche d’un accord entre soi et son métier »2. Finalement, les limites de la déontologie et des 2 - Chris Younès et Thierry Paquot, Ethique, architecture, urbain - 2000 31


enjeux politiques ne définissent-elles pas le début de l’éthique ? L’ethos est la « manière d’être ». Propre à chacun, je ne dois pas l’imposer en bloc mais je peux agir pour influencer le travail d’équipe vers des valeurs partagées. Cette conscience peut faire partie de la « philosophie » propre à l’agence ; philosophie qui est désormais indispensable pour être identifié au sein d’une production architecturale éclectique et détachée de tout dogme ou de style.

La triple personnalité du matériau Tout le long du travail de conception, dessin et dessein de l’édifice s’entremêlent donc. Le choix des matériaux en est un aspect fondamental. Expérimental et libre durant les études d’architecture, il cristallise une grande part des tensions dans la pratique quotidienne, nous l’avons vu. Tantôt structurel, tantôt enveloppe ou décor, le matériau fait passer l’idée à une réalité construite et vécue. « Construisant entre les sens et le sens, la demeure des hommes, l’art architectural et urbain fait se rencontrer éthique et esthétique » - Chris Younès et Thierry Paquot, Ethique, architecture, urbain. L’histoire de l’Architecture c’est aussi l’histoire des techniques du matériau. Age de la pierre, âge du fer, âge du bronze, il définit les époques. On théorisera sa mise en oeuvre. Dans « De architectura », Vitruve énonce ses qualités intrinsèques : Venustas, Utilitas et Firmitas ou Beauté, Utilité et Solidité. Cette dernière valeur pourrait être élargie vers la notion de Durabilité qui prend en compte l’impact environnemental. Car les choix de la maîtrise d’oeuvre en terme de matériaux ne sont pas innocents. Avec 50 % des ressources naturelles exploitées, 45 % de la consommation totale d’énergie, 40 % des déchets produits, 30 % des émissions de gaz à effet de serre et 16 % de la consommation totale en eau, le milieu de la construction pèse lourd dans le décompte final. Comment opter alors pour une approche sensible et sensée de la matérialité ? Nous savons que la vue règne sur notre perception immédiate de l’espace et dirige en grande partie notre ressenti dans un environnement. Nous serons sensibles aux proportions, à l’aspect du matériau, aux jeux de lumière. 32


Nous vivons qui plus est dans une époque où les stimulations visuelles sont omniprésentes et le rôle de l’image, principal. Cette recherche esthétique met au premier plan la « surface » du matériau. Rendu aussi possible par la technologie constructive, on détache structure et enveloppe dont on investit la capacité à « faire rêver ». Dans cette nécessité de devenir une image vendeuse et communicable aux néophytes comme aux profanes, la peau concentre beaucoup d’attention. Une multitude de sites internet référencent à l’échelle mondiale des projets pour former une « matériauthèque » quasi illimitée. Utile en amont du projet car libératrice, il faut pouvoir conserver en tête les deux autres composantes du matériau, à savoir ses propriétés intrinsèques (physiques et chimiques) et sa « soutenabilité »3. Les propriétés intrinsèques sont rattachées aux techniques de construction. Connues par les architectes et maîtrisées par les ingénieurs, leur bonne utilisation est un prérequis pour une architecture intelligente et de qualité. La bonne coconception entre Z Architecture et un Bureau d’Etude Structure engage dès les phases concours une cohérence entre générosité des espaces et principe structurel. La soutenabilité du matériau de construction est autre. Elle s’insère dans une temporalité plus longue, presque prospective pour considérer son impact environnemental global : consommation initiale en ressources naturelles, utilisation d’énergies pour les transformations, fin de vie, etc. Conscient de ces trois composantes et sans se limiter à une démarche type « Green-washing », comment peut-on s’engager dans une recherche de matérialité vertueuse ? Etonnamment, c’est un aspect de la profession qui est à première vue peu réglementé. Les exigences des politiques environnementales, pourtant nombreuses, semblent en avoir fait un parent pauvre. Confronté aux règlementations thermiques, aux dossiers Loi sur l’eau, aux certifications sanitaires type WELL, … je n’ai été que peu responsabilisé à ce sujet. Les cibles HQE initient une avancée avec notamment la cible C2 : Choix intégré des produits, systèmes et procédés de construction. L’impact financier plus ou moins grand des différentes cibles me paraît cependant être un critère de choix, primant sur une posture initiale. Il n’est ainsi pas toujours évident de faire corps avec une 3 Sophie Trachte - Matériau, matière d’architecture soutenable - 2012 33


démarche jugée parfois chronophage. Il est vrai qu’en lien avec le resserrement des budgets et des phases du projet, une forme de rentabilité économique prime, dans laquelle on demande à l’architecte de sélectionner un matériau performant dans son rôle et dans son coût. Un choix objectif prendrait en compte les trois composantes nommées plus haut. Un choix raisonné pourrait aussi appliquer le « principe de précaution » selon lequel l’incertitude liée au risque peut suffire comme critère de refus. Cependant, l’Architecture n’est pas qu’une pratique raisonnée, et peu d’outils sont aujourd’hui mis à sa disposition pour lui permettre d’être pleinement consciente des caractéristiques environnementales et constructives de ses matériaux. L’approche par Analyse de Cycle de Vie semble, nous le verrons par la suite, prometteuse car elle intègrerait les éléments constituants du bâtiment dans l’ensemble de sa trajectoire. Sans considérer cette méthode encore très rattachée au champ universitaire ou industriel, comment dégager une forme de pragmatisme dans une pratique d’agence quotidienne avec ses moyens et ses délais, pour dépasser une éthique de papier ? Pour faire face aux dynamiques de nivellement par le bas dont la matérialité souffre et dont les enjeux environnementaux restent souvent occultés, quels comportements adopter ?

34


En quête de bon sens Ancrées dans le réel, des actions sont ainsi possibles et témoignent d’une démarche volontaire chez les agences que j’ai pu investir depuis bientôt 2 ans. Souvent le fruit du « bon sens », d’un pragmatisme acquis avec l’expérience, elles s’expriment à chaque phase du projet pour anticiper la pérennité du bâtiment et limiter son empreinte écologique. Pouvant s’inscrire dans une « Architecture aux pieds nus »4 chère à Rudy Ricciotti, il s’agit d’éviter l’écueil d’un baroque excessif au profit de la juste mesure. Sans s’enfermer dans une posture Adolf Loos, on peut limiter l’emploi d’éléments jugés superflus pour privilégier ceux répondant à plusieurs fonctions. Questionner les matériaux bruts contre ceux nécessitant plus de traitements ou l’ajout d’un habillage. Contrôler l’utilisation récurrente de composants à forte empreinte écologique type acier ou aluminium et donc conserver en tête certains ordres de grandeur de la consommation en énergie grise des matériaux courants (180 à 240 kWh/ m3 pour du bois local scié - prêt a l’emploi avec transport inclu, contre 195 000 kWh/m3 pour de l’aluminium) ; à l’instar du gros oeuvre qui, le plus souvent, reste prépondérant dans le bilan final énergie grise. Pour une même spatialité, pour une même flexibilité d’usages, plusieurs systèmes constructifs peuvent coïncider. Ces scénarios structurels, tout béton, tout bois, tout acier ou mixte enclenchent la trajectoire environnementale du bâtiment dès la phase esquisse. Toujours dans cette visée, restreindre les matériaux composites dont les lians type colles rendent le mélange inséparable donc non recyclable. Considérer le déjà-là, la matérialité héritée comme porteurs de valeurs et donc encourager le réemploi ; la réhabilitation de l’immeuble patronal du 19e siècle [projet 4] a nécessité ainsi un temps de travail en amont pour établir une cartographie objective et sensible de l’ensemble des matériaux nobles et moins nobles, les détails de modénature et les principes constructifs afin de revaloriser l’ancien et mesurer les interventions contemporaines.

4 HQE. Les Renards du temple. Rudy Ricciotti, 2006 35


1. Le salon de chasse - Etat existant Projet Hôtel 71 - Z Architecture

1

1

1

2

3

2 3 4 5 6 7

2

3

24

Moulure périphérique à conserver

Composition du plancher - solives bois portées de la façade au mur de refend, espacement de 39 à 47cm - section des solives : 15.5x21cm Faux plafond lattis bois Moulure périphérique plâtre Corniche périphérique Plinthe bois Porte bois à carreaux vitrés Radiateur existant HEA 200 floquée

S

M

P

P Reprise au niveau moulure démolie

HEA 260 floquée

T Suspente

4 Embrasure de fenêtre en médium / ep : 22mm à peindre / saillie 10mm

A

296

R+1 Bureau P n°1-06

Moulures murales à conservées

Reprise au niveau de l'emprise du mur démoli

220

Châssis alu simple vantail

7

Embrasure de porte à boucher cloison CF 1h

R+1 Bureau P n°1-06 221

230

61

R+1 Séjour P n°1-06

Ouverture cloison en suivant les moulures de la P n°1-05

306

333

333

6

287

R+1 Séjour P n°1-06

F

HEA 260 floquée

Habillage fibre de bois ép. 25mm type Organic de Knauf

4

Moulure murale à conserver

5

0.82

COUPE CC

A

B

COUPE AA

A

2.38

0.40

COUPE AA

COUPE CC

0.91

Châssis alu simple vantail

Châssis alu simple vantail Habillage fibre de bois ép. 25mm type Organic de Knauf Embrasure de fenêtre en médium / ep : 22mm à peindre / saillie 10mm

Plinthe médium ép. 10mm / 70mm ht finition brute

5

h.f :0.00/3.04

Radiateur type ACOVA Kéva VKD teinte Anthracite

D

HEA 260

21

67

60

103

60

133

4.69

Balcon

65

60

105

R+1 Bureau P n°1-06

Embrasure de fenêtre en médium / ep : 22mm à peindre / saillie 10mm

1-06

107

Suspente

Plafond lattis plâtre avec moulure périphérique

h.f :0.00/3.04

129 HEA 220 floquée

60

R+1 Bureau P n°1-06

R+1 Séjour P n°1-06

109

287

Moulures murales à conserver

7

HEA 260 floquée

D

SOL : ragréag parquet cons MUR : doubla périphériques CHASSIS : cha PLAFOND : rep SF1H/CF1H) 103

42

7

197

Habillage fibre de bois ép. 25mm type Organic de Knauf

Suspente

287

333

333

R+1 Séjour P n°1-06

C

23

Moulure périphérique à conserver

HEA 200 floquée

D

1-05/1-06/1BUREAU Code du trav (effectif selo 59.8m²

7

HEA 260 floquée

C

h.pl:3.34

24

C 4

4

Séjour

5.03

3

3.61

3

2

5.05

2

Plancher bois à chevrons

1

1

HEA possible ?

4.67

F112 -

COUPE BB

COUPE DD

LYON CONFLUENCE - 71 QUAI PERRACHE _ REHABILITATION D'UN IMMEUBLE PATRONAL

COUPE BB

A

B

COUPE DD

cadre indesign

- Ech: 1/50 PIECE 1-06 LYON CONFLUENCE - 71 QUAI PERRACHE _ REHABILITATION D'UN IMMEUBLE PATRONAL

2. Coupes pour l’état des lieux et les interventions pièce par pièce PRO - DCE - Projet Hôtel 71 - Z Architecture APD -

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MARS 2016 - N°

A


Ces actions décrites s’inscrivent toutes dans un exercice du low-tech qui trouve tout à fait écho dans la recherche actuelle d’optimisations financières qui tend à devoir légitimer toute matière et énergie mise en oeuvre. Elles s’expriment dans toutes les échelles du projet. Le site tout d’abord. Le paysage qui reste la première matière pour l’Architecte. On compose selon le programme avec la topographie et les orientations afin de tirer profit de ce qui est donné et limiter une dépendance ultérieure aux béquilles technologiques. La culture ensuite, le patrimoine et les techniques locales s’ils trouvent écho avec le client. Se réapproprier des modes constructifs propres au territoire dont le savoir-faire et l’esthétisme seront déjà appropriés. A son échelle, le travail des façades du centre aquatique de Villars-les-Dombes [projet 1] est passé par une recherche sur l’héritage des constructions bois des Dombes, de la ferme bressane au Parc des Oiseaux par l’agence Tectoniques. Autre aspect, le tissu professionnel connait lui aussi des échelles très diverses selon qu’il soit artisanal ou industriel. Bien que dépendant aussi du budget, construire avec un fournisseur national, international ou local n’engendre pas la même relation au produit. Un autre bâtiment de l’agence illustre ce propos. Le microprojet de fablabs sur le campus de la DOUA [projet 5], innovant par son système constructif et thermique, a été aussi rendu possible par la forte implication d’une l’entreprise locale de charpente bois et isolation paille ; implication voire coapprentissage entre architecte et entreprise que n’aurait sûrement pas souhaité assurer une plus grosse société. Dans ce rapport du matériau au savoirfaire, pratique artisanale et industrielle se confrontent. A l’architecte de savoir faire appel intelligemment à l’une ou à l’autre selon le contexte et ses besoins. La première tend à davantage exprimer la main de l’homme dans la mise en oeuvre et par conséquent produire une matérialité plus « narrative ». Elle comporte aussi une plus grande part d’imprévu car elle dépend fortement de sa main d’oeuvre. La construction en terre crue amplifie par exemple cette démarche ; avec un matériau ayant connu peu de transformation, recyclable, poétique et peu cher, le besoin d’une main d’oeuvre nombreuse, aujourd’hui peu formée, rend finalement son utilisation complexe. A l’inverse, la seconde pratique se fonde en majorité sur le standard et la déclinaison de gammes. Gage d’une efficacité dans la mise en oeuvre et dans le prix mais aussi dans la limite des chutes et déchets, elle tend par la même occasion à offrir le monopole à 37


certains groupes. De là découle sans doute le risque d’une homogénéisation de la production, qui voit de Marseille à Lille, ArcelorMittal baliser le paysage de ses parements Abysse, Arguin, ou Vibrato. Penser les matériaux demande en parallèle une vraie réflexion sur les usages futurs du bâtiment. Le matériau le plus noble ou « soutenable » qui soit connaîtra une vieillissement prématuré ou non selon le rapport physique qu’il entretient avec les usagers. Peu de matériaux ont cette valeur propre d’accepter les dégradations et usures du temps. Pour estimer sa durabilité, il s’agit d’appréhender la matière selon le programme, les flux, les relations privé - public, dedans - dehors. Un revêtement de sol linoléum verra ainsi sa durée de vie divisée par 2 à 3 selon son utilisation dans une école ou dans un lieu de vente5. Un soubassement en enduit, en pierre, ou en cassettes métalliques, donnant sur l’espace public, sera sujet à des attaques extérieures différentes. Toujours en lien avec l’intérêt croissant pour les coûts d’exploitation et de maintenance, il ne faut pourtant pas tomber dans une vision purement hygiéniste ou sécuritaire du matériau mais dans une répartition précautionneuse de ce qui fait la générosité du projet. Cela dépend aussi de la balance entre ambiances et exigences de confort souhaitées. La tendance est à l’augmentation des niveaux de confort, quant il faudrait peut-être réfléchir à les réduire dans un souci d’atténuer l’empreinte écologique collective. Pour son siège social [projet 3], le client « Bjorg » a par exemple exigé l’obtention d’un label WELL. Ce label est issu des normes sanitaires américaines et donc propre à une culture et une technique différentes. Sa transposition dans le projet a dès lors engendré plusieurs restrictions sur les matériaux intérieurs certes, mais aussi de réelles plus-values sur les lots techniques, parfois au-delà du bon sens. Un exemple marquant est la nécessité de visiter tous les 3 mois les équipements de chauffage - climatisation pour la détection et le nettoyage d’éventuelles moisissures. Le modèle américain fonctionne à partir de grandes CTA tous les 5000 à 6000 m2 et facilement visitables, quand le standard français du tertiaire s’appuie plutôt sur des ventilo-convecteurs en lien avec quelques postes de travail. En résumé, chacune des 120 machines, chacun des 2000 m2 de faux-plafonds du projet sont spécifiquement adaptés pour ces interventions. 5 source : les guides Biotech de l’ARENE 38


Dans un bilan global, on peut se demander au détriment de quels autres lots se fait l’augmentation sensible des lots techniques. Anticiper la pérennité des matériaux, voire leur fin de vie, n’est pas une science savante. Elle dépend nous l’avons vu en grande partie du site, des usages, des entreprises, du client. Détaché de tout cela, il n’est pas évident d’avoir une connaissance exhaustive du matériau pensé. Entre une pierre agrafée posée sur une ossature métallique et un panneau de vêture métallique posé sur une ossature bois, comment peser leur différence ? Plusieurs bases de données rassemblent les caractéristiques environnementales et sanitaires des produits de la construction. La base Suisse Ecoinvent est ainsi la plus importante au niveau mondial. Son homologue française, la base INIES fournit elle des Fiches de Déclaration Environnementale et Sanitaire (FDES) dans le cadre de la norme AFNOR NF P01-010 régissant la Qualité environnementale des produits de construction. Ces fiches apportent un complément de connaissances sur le matériau concernant entre autre les indicateurs : impacts environnementaux, consommation des ressources et déchets. Il est intéressant en tant que praticien de faire appel à ces outils, en partenariat étroit avec le BET HQE. Il est aussi nécessaire, nous le verrons, de questionner la transparence des données offertes et les jeux de lobbying sous-jacents. Par la suite, le travail sur la jonction des matériaux par l’échelle du détail est un impondérable. Cette jonction harmonieuse ou non sera plus tard source de richesse ou de désordre, de durabilité ou d’obsolescence prématurée. Le suivi sur 5 mois du siège social en PRO - DCE [projet 3] montre le temps nécessaire pour maîtriser cette échelle. De l’étanchéité air/ eau à l’acoustique en passant par les règles de sécurité, le bon détail doit assurer la somme de ces préoccupations en ne s’y réduisant par pour autant. Un volet particulièrement intéressant dans la conception du carnet de détails fut pour moi la réflexion entre l’agence et le BET Structure - Fluides concernant les assemblages structurels de l’atrium. Avec une solution mixte acier-bois, une vraie satisfaction est née du dessin final des éléments de charpente et de serrurerie. La structure des passerelles est indépendante des murs béton attenants et réside dans un jeu de poutres moisées repris par quelques poteaux aciers supportant la charpente bois. Verticalement, une seule cohérence dans la lecture du sol au plafond. 39


Sans superflu, sans habillage supplémentaire, mais deux matériaux dont les assemblages font l’esthétisme, l’optimisation de matière et rendent possible un démontage futur. Outre les documents graphiques rendus, il est évident qu’une rédaction consciencieuse des CCTP puis la mission ACT sont un pas de plus vers une finition maîtrisée de la petite échelle.

1. Image du concours pour la Place du Village Projet de siège social pour Bjorg Bonneterre et Compagnie - Z Architecture

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Le mythe de la caverne ? Au-delà du bon sens, le cadre normatif exerce désormais une influence sans doute plus pressante qu’auparavant. La prise de conscience écologique est assortie d’un ensemble de règlementations, de normes volontaires, labels et certifications dont l’intrication reste difficilement compréhensible de prime abord. Avancée pour les uns, escroquerie pour les autres, on ne peut nier l’importance qu’il revêt dans la plupart des projets. En lien avec son éthique propre, il est donc intéressant de garder une certaine lucidité par rapport à cet environnement normatif. Quels sont les principaux acteurs ? Existe-t-il un monopole ? Quelle est la concordance entre chiffres annoncés et résultats réels ? Il est vrai que la normalisation incitative issue d’acteurs privés et la réglementation nationale tendent à s’influencer ou se suivre. On évoque parfois un lobbying industriel français. A travers l’essor du HQE, le rôle de l’AIMCC (Association des Industries de Matériaux produits, Composants et équipements pour la Construction) prête ainsi à confusion quand son Conseil d’Administration regroupe en quasi totalité de grandes industriels de la plasturgie, métallurgie ou plâtrerie. Dans cette démarche, la règlementation des matériaux ou même les normes volontaires sont encore peu répandues et d’aucuns montrent du doigts ces acteurs dans le refus de prescriptions concrètes. A l’inverse, les lots techniques ont connu une nette augmentation dont le surcoût se répercute forcément sur les autres lots. Certes, il n’existe pas d’écomatériau à proprement parler. Cependant la démarche ne doit pas être fondée uniquement sur une mise en avant des équipements techniques ou d’une seule propriété exemplaire du matériau, dissociée des autres. L’ensemble participe sinon au flou ambiant autour des qualités environnementales des produits. Rappelons qu’aujourd’hui ces informations recensées sont le monopole de l’AIMCC par les FDES sous la norme NF P01-010 de l’AFNOR. Au-delà de rendre impossible toute vérification ou comparaison avec un autre référentiel, il est important de rester méfiant des stratégies de fournisseurs ; elle peuvent en effet tendre à dégager un seul des indicateurs pour vanter le caractère vertueux du matériau. Il ne s’agit pas d’être naïf, la certification « verte » représente des intérêts très disparates, volontiers marchands. Ils peuvent servir et la maîtrise d’ouvrage et les entreprises pour 41


valoriser un bien, obtenir des subventions ou encore communiquer à l’extérieur ou en interne. Entre Analyse de Cycle de Vie et Bilan Carbone, la future RT 2020 se basera de toute façon sur ces outils décrits précédemment pour replacer l’impact écologique et sanitaire des matériaux dans les jeux d’arbitrages. Comment pourra-t-elle éviter deux tendances auxquelles l’architecte semble déjà être confronté : la segmentation du processus de conception et de ce qui fait la qualité d’une architecture, et le renforcement de la place des experts dans la gouvernance ? La première vient des attentes de plus en plus nombreuses qu’un bâtiment doit satisfaire et des méthodes mises en place pour accompagner la conception. Sans parler des normes de sécurité ou d’accessibilité, les référentiels et règlementations thermiques s’accompagnent d’une approche type « check-list » fortement subdivisée. HQE, BREEAM, LEED, etc. sont globalement basés sur des thèmes prédéfinis, explicités en cibles et étayés par un critère de pondération ou de niveau de performance. Cette dimension multicritères dénote une forme de subjectivité dans l’appréciation des poids et ne renseigne pas forcément la cohérence du projet. De la segmentation des enjeux découle alors un risque de segmentation des réponses. La valeur architecturale serait donc un critère dans un corpus, quantifiable comme les autres ; à tel point que de nombreux ouvrages l’expriment fréquemment sous la formule « performance architecturale »6. Dans ce nouveau langage chiffré de ratios, de grilles d’aide à la décision et d’analyses multi-critères, Rudy Ricciotti y voit une « infantilisation » de la profession. Un assistanat dans lequel les « renards du temple », grands industriels du BTP par exemple, dicteraient la bonne conscience. Cette affirmation dépasse le cadre de ma jeune expérience professionnelle mais les deux années de pratique m’ont illustré la place influente d’experts techniques et spécialistes qui opèrent dans le processus sur des temps bien moins longs que d’autres acteurs. L’intervention tardive d’un expert extérieur WELL fut ainsi nécessaire pour suivre le PRO-DCE du siège social [projet 3] afin de respecter les prérequis 6 Bâtiments HQE et Développement Durable. Guide pour les décideurs et les maîtres d’ouvrage, 2008 42


du label et viser ces optimisations. L’atrium central fut au coeur de l’arbitrage entre volontés initiales, nouvelles attentes du client, recherches d’économies du promoteur, contraintes règlementaires et enfin exigences intangibles des normes américaines. Plus largement, autour de l’équipe classique de maîtrise d’oeuvre gravite désormais de nouveaux profils : manager environnemental, manager BIM, assesseurs, etc. Malgré cela, à l’architecte d’être garant d’une vision d’ensemble, bien qu’il ne maîtrise pas toujours les outils et ne connaisse les tenants et aboutissants des décisions originelles. Dans ce maillage, à qui faire donc confiance ? Qui est en mesure de proposer le bon outil de calcul ou la base de données légitime ? Vaste interrogation. La collaboration répétée avec le bureau d’études TRIBU et mes échanges successifs avec plusieurs de ses membres, dans la sphère professionnelle et en dehors me pousse à renforcer ce type de co-conception. Leurs propres logiciels tel PAPOOSE ainsi que leurs méthodes construites en interne sont sans doute moins complets que d’autres outils vendus par de grands groupes, mais je ne questionnerai ni leur intégrité, ni les valeurs communes que nous partageons.

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4 - Pose de la première pierre :

Choisir son paradoxe Penser la matérialité du projet en toute conscience de son impact environnemental est un défi contemporain. L’éthique propre ne suffit pas, le « bon sens » tout au long du projet est une clé d’entrée. Une approche transversale est aussi indispensable afin d’avoir une cohérence dans l’action. De par mon parcours en double cursus architecte - ingénieur, il me paraît plus qu’approprié d’envisager une future pratique professionnelle qui conjuguerait les compétences. L’époque n’est plus à l’architecte solitaire. La pression humaine est forte, visible parfois quand elle marque le paysage, invisible souvent mais quantifiable quand elle peut être techniquement mesurée. Pour affronter l’imbrication des échelles, imbriquons les savoirs. Le champ scientifique doit être sollicité dans la pratique architecturale pour fournir de nouveaux outils. J’ai évoqué certains d’entre eux et leurs limites : protocoles d’aide à la décision, analyses multi-critères, traçabilité durant l’exploitation ou la fin de vie, etc. Il ne s’agit pas de faire de l’Architecture une pratique technicienne mais d’être apte à ne pas entièrement subir des choix extérieurs. Le rapport aux matériaux est à même de changer prochainement ; c’est même une nécessité. Des actions, certes encore à la marge, se développent de plus en plus : associations militants pour une meilleure gestion des déchets de chantier, collectifs promulguant le réemploi des matériaux ou le recyclage, etc. En parallèle, l’expérimentation dans les matériaux innovants ou traditionnels mais éco-responsables est en plein essor : fibres naturelles, terre mais ausi briques en papier, béton en lin, isolants issus de micro-champignons, et tant d’autres. Enfin, des avancées politiques proches pourront remettre en perspective la soutenabilité du matériau dans l’acte de construire. Dans le cadre du décret d’application de la loi CAP, le « permis de faire » aborde ces mêmes thématiques et devrait assouplir la pression normative dans certains programmes. La future RT 2020, quant à elle, risque d’imposer de nouvelles exigences par rapport à cette empreinte environnementale. 46


Face à ces enjeux proches, une future pratique se refuserait à tout idéalisme candide par rapport à une architecture jugée formellement comme « écolo baba cool ». Nous ne serons pas la génération du zéro : zéro énergie, zéro déchet, zéro impact, quand bien même cet objectif est possible. Il s’agit davantage d’oeuvrer dans cette trajectoire en continuant de produire une Architecture qui a du sens, à la matérialité narrative et aussi raisonnée. Refuser aussi une conscience environnementale uniquement à travers la norme. Avec son caractère exhaustif, elle tend à freiner des initiatives vertueuses et innovantes. « Dans ce domaine encore émergent qu’est le développement durable, où les représentations et les approches ne sont pas encore stabilisées, il existe une autre voie de développement de l’architecture durable, celle du progrès collectif volontaire dans lequel chacun prendrait sa part, par le dialogue, l’incitation et la diffusion des connaissances et dans lequel l’innovation, la créativité et les réponses adaptées seraient sollicitées. » 7 - Patrice Genet, Président de la commission « Développement durable » du Conseil National de l’Ordre des Architectes Ma jeune expérience me montre que ce qui ne rentre pas aujourd’hui dans une norme ou une grille est facilement mis sur la sellette, la matérialité du projet en ligne directe. Dans cette optique, il ne s’agit pas simplement de douter de tout, mais bien de choisir son paradoxe. Admettre d’abord, que l’architecture n’est pas qu’une pratique objective mais qu’elle est aussi guidée par l’intelligence de la main, le ressenti, le vécu, l’envie. L’architecte n’est donc pas toujours au contrôle de ses propres logiques. Reconnaître aussi l’état actuel des connaissances encore fragmentaire dans ce puzzle des causes et conséquences environnementales dont il faut pourtant se préoccuper. Tout choix se fera à travers une vision des enjeux forcément biaisée. Quelle que soit la méthode encouragée, la réponse sera incomplète. L’omniscience n’est pas pour demain. Enfin, accepter les carences d’une expérience du métier encore récente mais qui cherche à éviter tout esprit candide ou défaitiste.

7 Explications lors du retrait de l’association HQE en 2005 - source : www.architectes.org 47


Une fois ce paradoxe admis, par quels biais passer d’une éthique sur papier blanc à une capacité d’action ? S’accorder avec une éthique personnelle et se défendre de tout monopole imposé nécessite en effet d’être force de proposition pour conserver une marge de manoeuvre. Dans ce sens, une pratique future s’appuierait à mon sens sur quatre piliers. 1. Le travail d’une conscience sur les enjeux environnementaux au quotidien dans l’Architecture et au-delà ; il est l’assise de ce présent mémoire. 2. La gestion des échelles du projet dans une approche et sensible et pragmatique pour une sobriété des réponses et une dépendance technologique minimale ; elle s’inspire de cette forme de pensée volontairement réaliste dans lequel j’opère depuis bientôt deux ans en agence. 3. L’utilisation adéquate de méthodes connexes dans le but de scénariser ou quantifier plusieurs hypothèses le long du processus. 4. Enfin, le développement d’un réseau resserré d’acteurs autour d’une conception pluridisciplinaire engagée.

L’Analyse de Cycle de Vie, un champ d’expérimentation Plusieurs logiques existantes sont déjà prometteuses afin de construire une forme de méthodologie propre en interne. Bien qu’il soit encore sujet à vifs débats, le processus BIM épaulé des logiciels de CAO tels que REVIT possède un potentiel à envisager. Au-delà de pouvoir gérer au mieux la complexité de certains projets, il lie d’une part les corps de métiers bien en amont de la conception, et permet de renseigner les propriétés des matériaux ; conductivité thermique, perméabilité, module d’Young, densité, types de finition ne sont qu’un bref aperçu. Dans l’idée de collecter les données et de les rendre traçables, c’est une étape importante. Les informations renseignées se limitent aujourd’hui aux deux premières composantes du matériau, dont nous avons parlé précédemment : aspects de surface et propriétés intrinsèques. La troisième, sa « soutenabilité » est encore peu impliquée. Pousser l’utilité du processus pourrait amener à renseigner des aires d’origines géographiques pour les filières de production et d’extraction, le degré de recyclabilité des composants mixtes, les quantités d’énergie grise exploitées durant ses phases de transformation et de transport, etc. L’aspect quantitatif (métré, poids, …) étant déjà facilement mis en oeuvre dans ces logiciels, des propositions de « scénarios » reflétant le profil 48


écologique du projet sont envisageables pour ajuster sa trajectoire. Sur le long terme, l’archivage des données est aussi gage d’une meilleure maintenance et d’une gestion plus détaillée de la fin de vie. Nous avons en effet aujourd’hui une capacité grandissante de tout mesurer, renseigner et stocker. Cela est fascinant et terrifiant à la fois. Nous pouvons déjà avoir un ordre d’idée de l’énergie grise nécessaire pour une tasse à café comme pour un m2 d’isolant polyuréthane. La méthode la plus complète à mon sens reste l’Analyse de Cycle de Vie, déjà largement employée dans le domaine industriel. L’analyse comprend chaque étape du cycle de vie du matériau, de l’extraction à sa fin de vie, et renseigne la consommation des ressources énergétiques et non énergétiques, le rejet des polluants dans l’air, l’eau et le sol et la production des déchets. Elle permet en outre de passer d’une exigence de moyens à celle de performance. Le champ d’expérimentation est donc grand. Il est aussi déjà bien cerné par de grands groupes industriels qui, depuis plusieurs années, construisent un monopole : la « calculette ACV produits » de Eiffage Construction, « CarbonEco » de Bouygues Construction, « CO2NCERNED » de Vinci Construction, etc. Tous se basent sur les Fiches de Déclaration Environnementales et Sanitaires (FDES) et s’inspirent d’une méthodologie développée par l’ADEME. La pression que va exercer ces majors dans ce futur domaine d’application risque bien d’être pesante. Pourtant, d’autres initiatives offrent une piste d’alternative que l’on peut s’approprier plus aisément en tant que petite structure professionnelle. Des Universités et certains BET développent ainsi des outils, diffusés de manière Open Source. Moins aboutis que des logiciels privés, ils gardent cependant une autonomie de pensée et une interface plus aisée. Une évaluation même simplifiée des lots les plus significatifs permet de comparer des scénarios de profils environnementaux. L’INSA propose ainsi plusieurs documents Excel types en partenariat avec l’ADEME, tandis que TRIBU présente deux logiciels d’aide à la décision afin de calculer sommairement en amont la part des énergies grises. A partir d’une décomposition simple des composants type murs, toitures, châssis, etc., leur logiciel « Papouse » renseigne au final la part des différents lots dans l’empreinte globale du bâtiment. Des organismes privés distribuent enfin leurs propres logiciels internes, comme 49


OpenLCA développé par une société allemande de conseil en développement durable. Quelle que soit la méthode adoptée, elle présentera des limites, communes aux autres car propres au domaine de la construction. Des zones d’incertitude sont toujours présentes dans les données d’inventaire des flux de matière et énergie. La transparence des données fournies par la chaîne d’acteurs peut être compliquée. Il est par exemple difficile de vérifier dans quelles usines les matériaux de construction sont préfabriqués. Cela milite bien sûr pour des relations régulières et pérennes avec fournisseurs et entreprises dignes de confiance. D’autre part, outre la composition des parois, le profil environnemental dépend aussi du système constructif choisi (assemblage ou soudures par exemple) mais reste encore peu présent dans l’outil. Enfin, l’outil doit s’adapter aux différentes phases du projet et non l’inverse. En phase Esquisse, l’étude doit être grandement simplifiée ; elle s’accompagne forcément de l’approche pragmatique abordée précédemment afin d’identifier des principes et ordres de grandeurs, en premier lieu pour le gros-oeuvre, la charpente, les façades et les dispositifs énergétiques. Elle sera ensuite précisée tout au long des étapes de conception pour s’élargir aux menuiseries, revêtements de sol, mobiliers, …, de l’optimisation du dessin jusqu’au choix du produit. Une telle approche itérative doit se prémunir ainsi du phénomène de check-list que l’on reproche aujourd’hui à divers référentiels. L’Architecture ne peut se réduire à la somme de ces parties mais doit trouver son sens en tant qu’ensemble.

Co-conception et approches pluri-disciplinaires Ce positionnement qui mêle préoccupations environnementales et nouveaux outils n’est pas sans lien avec une ouverture du marché dans cette direction. Exigences volontaires de maîtrises d’ouvrage ou subventions financières émergent, que ce soit dans le cadre de nouveaux référentiels tel E+C- (Bâtiments à Energie Positive & Réduction Carbone), ou de la prochaine RT. L’ADEME Auvergne-Rhône-Alpes et la DREAL lancent ainsi en 2017 un appel à projets centré sur l’ACV et le référentiel « Energie Carbone » autour d’une trentaine de bâtiments en phase travaux ou conception ; d’autres suivront. Par rapport à cette commande en devenir, comment définir son rôle? Expert spécialisé, 50


mercenaire, faire-valoir des majors, …? Comme je l’ai déjà évoqué, une coconception sérieuse est à même de satisfaire des enjeux de plus en plus transverses y compris environnementaux ; face à la segmentation des tâches, elle offre une réponse architecturale cohérente. La pousser jusqu’à intégrer une équipe pluri-disciplinaire au sein d’une même agence me semble adéquat, sans comparaison cependant avec de très grandes structures, divisées en plusieurs pôles. Cette imbrication facilite la concomitance des acteurs et limite les choix prématurés qui peuvent être contradictoires et chronophages s’ils sont pris isolément. Elle s’appuie aussi sur des modèles existants, créés pour faire face à la compétition : entreprises avec bureau d’étude intégré et chaîne de fabrication/conditionnement, agence de paysage couplant bureau d’étude VRD et Hydrologie urbaine, mais aussi agences associant architecture, ingénierie, économie de la construction, assistance à maîtrise d’ouvrage. De tels modes de pratique facilitent par la même occasion un travail d’expérimentation, à la frontière entre choix architecturaux et choix techniques ; travail permettant de garder une part d’initiative et performer au-delà de la réglementation.

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Ruines de l’abbaye de Jumièges - Seine-Maritime


Destruction du quartier des Poètes en 2009 - Pierrefitte-sur-Seine


Conclusion : Ce mémoire ne cherche pas à être exhaustif ni moralisateur. Je suis conscient qu’il est le fruit d’une démarche jeune, encore fragmentaire, dans une pratique complexe. Il s’agit d’un arrêt sur image d’un travail d’introspection qui se poursuit au quotidien. « La première blessure narcissique de l’humanité arrive avec Galilée, l’homme n’est plus au centre de l’univers ; la deuxième blessure narcissique, c’est la blessure qui vient de Darwin, parce que l’homme n’est plus au centre de la création; et puis la troisième blessure narcissique, c’est bien sûr avec Freud lui-même, qui nous indique que l’homme n’est en quelque sorte plus maître de lui-même […] avec la réflexion sur la responsabilité arrive une sorte de quatrième blessure narcissique […] qui est que je dois me sentir responsable de tout, je suis un élément du tout, un élément qui n’est pas central, mais un élément parmi d’autres. » - Chris Younès et Thierry Paquot, Ethique, architecture, urbain. Cette citation peut être vue comme une métaphore de la place actuelle de l’architecte au sein d’un jeu d’acteurs toujours plus large. Elle m’évoque aussi la volonté d’un agir dans le cadre d’une pratique consciente et modérée. Dans cette visée, les considérations environnementales auront été un fil conducteur pour le mémoire ; l’appropriation du matériau et sa maîtrise, le questionnement central : matières sensible ou technique, matières impactante ou vertueuse, matières normée ou innovante. Toutes interrogent la culture, le patrimoine, l’esthétique, le savoir-faire, les usages, la pérennité, le confort, l’empreinte écologique. Pris dans des liens de causalités enchevêtrés, tiraillé entre une logique de pensée tantôt fondée sur l’émotion tantôt sur la raison, l’exercice se refuse à toute posture dogmatique. L’omniscience n’existe pas et se positionner par rapport à ces enjeux, c’est donc choisir son paradoxe sur chaque projet. Les propos avancés ici ne sont bien sûr que les premières pierres d’une démarche personnelle en construction. Elles seront amenées à s’étoffer au gré des rencontres et des connaissances acquises. Dès maintenant, il s’agirait pourtant de fonder une pratique sobre, ancrée dès les premiers traits dans les contraintes locales. Parmi elles, l’attention portée au matériau chercherait un équilibre entre parcimonie et générosité, mais se garderait d’une spécialisation trop dogmatique déconnectée 54


de la réalité du marché. L’agrégation de connaissances et d’outils empruntant aussi à des domaines connexes offrirait la capacité de légitimer certains choix, dans un souci de cohérence d’ensemble. Enfin, la co-conception autour d’un noyau dur pluri-disciplinaire serait une réponse pour faire face à l’essor des monopoles et à la segmentation de la profession. Elle refuse une fragmentation croissante qui participerait au désenchantement de l’Architecture quand cette dernière, par son emprise physique et sociale, participe à définir notre manière d’être au monde et à notre temps.

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Bibliographie : L’habitat écologique. Quels matériaux choisir ? Friedrich Kur, éd. Terre vivante, Allemagne 2006 Caractéristiques des produits pour la construction durable. Choisir et prescrire des solutions environnementales adaptées, éd. Le Moniteur, Paris 2008 Bâtiments HQE et Développement Durable. Guide pour les décideurs et les maîtres d’ouvrage. Jean Hetzel, éd. AFNOR, Saint-Denis, 2008 Trachte, Sophie. Matériau, matière d’architecture soutenable. Prom. : De Herde, André, Faculté d’architecture, d’ingénierie architecturale et d’urbanisme LOCI, Belgique, 2012 Les multiples acteurs de la normalisation : Etude exploratoire et cas du bâtiment. Rapport final pour le PUCA. Jean-Pierre Galland, Lionel Cauchard, Laboratoire Techniques, Territoires et Sociétés, Paris, 2014 Les sept savoirs nécessaires à l’éducation du futur. Edgar Morin, éd. du Seuil, France 2000 L’événement Anthropocène. Christophe Bonneuil, Jean-Baptiste Fressoz, éd. du Seuil, France 2016 Eco-conception des bâtiments. Bâtir en préservant l’environnement. Bruno Peuportier, Les Presses de l’Ecole des Mines, Paris 2003 HQE. Les Renards du temple. Rudy Ricciotti, éd. Transbordeurs, Marseille 2006 La ville frugale. Un modèle pour préparer l’après-pétrole. Jean Haentjens, éd. FYP, France 2011

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Construire l’Architecture - Du matériau brut à l’édifice. Dir. Andrea Deplazes, éd. Birkhäuser Verlag, Suisse, 2013 Éthique, architecture, urbain. Dir. Chris YOUNÈS, Thierry PAQUOT, éd. La Découverte, Paris 2000 Esthétiques et Qualité Environnementale Philippe Madec, Exposé aux 2 Jours du P.U.C.A. 2001 L’architecture éco-responsable reste à inventer Entretien avec Philippe Madec, Le Moniteur n°5505, 2009 L’énergie grise des matériaux et des ouvrages Les guides Biotech, ARENE 2010

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Z Architecture et Projets référencés : Equipe : Chloé COSTA, 23 ans, Architecte DE Noémie MABRU, 25 ans, Gardienne de la Galaxie Charlotte MARTIN, 27 ans, Architecte DE HMONP Margaux BROUSSE, 26 ans, Architecte DE HMONP Morgane SECOND, 26 ans, Architecte DE HMONP Geïlon CANNAROZZI, 30 ans, Architecte DE HMONP Amélie GAUTHIER, 30 ans, Architecte DE HMONP Jonathan LETOUBLON, 31 ans, Designer Graphiste Hélène BOUCHAIN, 34 ans, Architecte DPLG Guillaume SIMONIN, 38 ans, Architecte DPLG Vincent GADAIX, 45 ans, Architecte DPLG et Executive MBA William VASSAL, 47 ans, Architecte DPLG Béatrice PIRAT, 50 ans, Architecte DE HMONP

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Projets cités :

[projet 1] : Concours en Conception-Réalisation pour un centre aquatique à Villars-les-Dombes

[projet 2] : Concours en Conception-Réalisation-Exploitation-Maintenance pour un centre aquatique à Rillieux-la-Pape 59


[projet 3] : PRO-DCE en Conception-Réalisation pour le siège social de Bjorg Bonneterre et Compagnie à Saint-Genis-Laval

[projet 4] : PRO-DCE pour une réhabilitation d’un immeuble patronal en bureaux à Lyon Confluence 60


[projet 5] : PRO-DCE pour un fablab sur le campus de la DOUA à Villeurbanne

[projet 6] : PRO-DCE en contrat privé pour un ensemble de logements collectifs à Lyon Croix-Rousse 61


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curriculum vitae

VINCENT SCHMITT Né le 01/09/1988 à Besançon vincent.schmitt.25@gmail.com 06 47 21 84 91

formations 2015 ///////////////////// Diplôme Ingénieur Génie Civil et Urbanisme - INSA Lyon 2013 /////////////// Diplômé d’Etat en Architecture - Ecole d’Architecture de Lyon 2007 ////////////////////// Licence 1 en Archéologie et Histoire de l’Art à Besançon

expériences professionnelles 2016 - 2017 //////////////////////////////////////// Salarié chez Z Architecture, Lyon Assistant de projet 2016 ///////////////////////////////////// Salarié chez Rue Royale Architectes, Lyon Assistant de projet (6 mois) 2015 /////////////////////// Stage en laboratoire d’Hydrologie Urbaine, Melbourne Assistant Chercheur et Ingénieur (6 mois) 2014 ///////////////////////////////////////////////// Stage à l’agence Atelier LD, Lyon Assistant Ingénieur VRD - Urbanisme (4 mois)

Expériences personnelles 2015 /////////////////////////////////////////////////////////// Space Prize Competition Monument pour la paix entre les deux Corées 2013 ///////// NTUT International Student Design Competition - Mention du jury Se perdre sur les toits de Paris 2013 /////////////////////////////////////////////////////////////// Projet de Fin d’Etudes Sélection au Prix de la Jeune Architecture de Lyon 2012 //////////////////////// International Student Tall Building Design Competition Une tour-gare pour la Part-Dieu 63


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Remerciements

Je remercie Z Architecture pour cette mise en situation professionnelle : William Vassal, Vincent Gadaix et l’ensemble de l’équipe pour ces moments partagés Un grand merci à Christian Marcot pour sa curiosité et sa culture sans faille Merci aussi à l’équipe de Tribu Lyon Et enfin, merci à Amélie pour ses mots justes 65


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Mémoire rédigé par Vincent Schmitt pour la formation d’Habilitation à la Maîtrise d’Oeuvre en son Nom Propre Encadrant : Christian MARCOT école Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon Mise en Situation Professionnelle réalisée dans l’agence Z Architecture Tuteur : William VASSAL Soutenance le 7 Juillet 2017 67



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