Ils inventent demain
”J’ai construit ma propre main“
À 18 ans, Nicolas Huchet perd sa main droite dans un accident du travail. Onze ans plus tard, il crée sa propre prothèse, 33 fois moins chère que les prothèses classiques. dr
Par Virginie Jourdan
3- « J’ai utilisé la technologie »
À ce niveau de la main, commence le génie mécanique et électronique. deux micromoteurs, « achetés dans un magasin de modélisme », actionnent les doigts de la main via… des fils de pêche, qui ont l’avantage de ne pas se détendre et de supporter du poids : « Pour assurer la préhension, c’est-à-dire tenir quelque chose entre ses doigts, il faut un fil capable de tirer l’équivalent de 200 kilos. » Pour piloter le tout, les makers rennais ont utilisé un circuit imprimé, l’équivalent d’un mini-ordinateur. « Il a été spécialement programmé pour les besoins d’un humain. Par exemple, reconnaître et graduer l’impulsion musculaire générée par mon avant-bras. » Côté énergie, 10 piles sont nécessaires.
2- « J’ai profité de l’open source »
« Je peux ouvrir et fermer mes cinq doigts et saisir des objets entre mon pouce et mon index », détaille Nicolas. Issu de plans déposés librement sur Internet par un ingénieur ayant conçu un robot-humanoïde, chaque élément de la main peut être gratuitement reproduit ou amélioré : « C’est le principe de l’open source. » reste à imprimer le tout en 3d. Articulations, phalanges, paume, mécanismes, rouages et engrenages, un demi-rouleau de filament plastique a été consommé pour imprimer la main. Coût de la bobine : 40 euros. Temps d’impression ? Une bonne journée.
4- « Je contrôle ma main »
Comme sur sa prothèse standard, Nicolas et ses acolytes ont placé des capteurs musculaires au bout de celle-ci. Chaque pièce – commandée aux États-Unis – vaut 40 euros et est apposée sur son avantbras. « Quand je veux bouger ma main, mon avant-bras libère naturellement une impulsion électrique. Les capteurs amplifient cette impulsion, la transforment en signal et l’envoient sous forme d’information au circuit imprimé. »
Après son accident, Nicolas acquiert une prothèse standard à trois doigts. Son prix ? 10 000 euros. « dès qu’elle tombait en panne, je me retrouvais de nouveau handicapé. J’ai voulu construire ma propre main pour être autonome et pouvoir la réparer moi-même. » En 2013, il rencontre des membres du Labfab de rennes, un laboratoire de fabrication numérique où se mêlent des technophiles et des makers, adeptes du « faire soi-même ». Un nouvel univers s’ouvre à lui : « plans libres, imprimantes 3d, circuits imprimés, je n’y connaissais rien mais j’ai voulu apprendre. » En deux ans, il développe ce prototype, dont le coût avoisine à peine les 300 euros.
5- « Je partage mes connaissances »
Pour « diffuser le savoir-faire accumulé » mais aussi « améliorer son prototype », Nicolas Huchet multiplie les rencontres avec makers et entreprises du monde entier. En janvier dernier, il a rencontré une équipe de recherche d’une université de Goa, en Inde. « Ce pays est très concerné par le handicap qui découle des accidents de trains et de voitures, ses chercheurs veulent donc développer des prothèses à bas coûts. » Échanges de compétences et d’UrL : on trouve les plans de la prothèse de main de Nicolas gratuitement sur le Web.
PHOsPHOre ‹ 43 › sePtembre 2015
DR. Miguel TeMplon/labFab Rennes
1- « Je voulais être autonome »
PH 0SPH0RE
Ils inventent demain
”J’ai construit ma propre main“
À 18 ans, Nicolas Huchet perd sa main droite dans un accident du travail. Onze ans plus tard, il crée sa propre prothèse, 33 fois moins chère que les prothèses classiques. dr
Par Virginie Jourdan
2- « J’ai profité de l’open source »
« Je peux ouvrir et fermer mes cinq doigts et saisir des objets entre mon pouce et mon index », détaille Nicolas. Issu de plans déposés librement sur Internet par un ingénieur ayant conçu un robot-humanoïde, chaque élément de la main peut être gratuitement reproduit ou amélioré : « C’est le principe de l’open source. » reste à imprimer le tout en 3d. Articulations, phalanges, paume, mécanismes, rouages et engrenages, un demi-rouleau de filament plastique a été consommé pour imprimer la main. Coût de la bobine : 40 euros. Temps d’impression ? Une bonne journée.
3- « J’ai utilisé la technologie »
À ce niveau de la main, commence le génie mécanique et électronique. deux micromoteurs, « achetés dans un magasin de modélisme », actionnent les doigts de la main via… des fils de pêche, qui ont l’avantage de ne pas se détendre et de supporter du poids : « Pour assurer la préhension, c’est-à-dire tenir quelque chose entre ses doigts, il faut un fil capable de tirer l’équivalent de 200 kilos. » Pour piloter le tout, les makers rennais ont utilisé un circuit imprimé, l’équivalent d’un mini-ordinateur. « Il a été spécialement programmé pour les besoins d’un humain. Par exemple, reconnaître et graduer l’impulsion musculaire générée par mon avant-bras. » Côté énergie, 10 piles sont nécessaires.
4- « Je contrôle ma main »
Comme sur sa prothèse standard, Nicolas et ses acolytes ont placé des capteurs musculaires au bout de celle-ci. Chaque pièce – commandée aux États-Unis – vaut 40 euros et est apposée sur son avantbras. « Quand je veux bouger ma main, mon avant-bras libère naturellement une impulsion électrique. Les capteurs amplifient cette impulsion, la transforment en signal et l’envoient sous forme d’information au circuit imprimé. »
Après son accident, Nicolas acquiert une prothèse standard à trois doigts. Son prix ? 10 000 euros. « dès qu’elle tombait en panne, je me retrouvais de nouveau handicapé. J’ai voulu construire ma propre main pour être autonome et pouvoir la réparer moi-même. » En 2013, il rencontre des membres du Labfab de rennes, un laboratoire de fabrication numérique où se mêlent des technophiles et des makers, adeptes du « faire soi-même ». Un nouvel univers s’ouvre à lui : « plans libres, imprimantes 3d, circuits imprimés, je n’y connaissais rien mais j’ai voulu apprendre. » En deux ans, il développe ce prototype, dont le coût avoisine à peine les 300 euros.
5- « Je partage mes connaissances »
Pour « diffuser le savoir-faire accumulé » mais aussi « améliorer son prototype », Nicolas Huchet multiplie les rencontres avec makers et entreprises du monde entier. En janvier dernier, il a rencontré une équipe de recherche d’une université de Goa, en Inde. « Ce pays est très concerné par le handicap qui découle des accidents de trains et de voitures, ses chercheurs veulent donc développer des prothèses à bas coûts. » Échanges de compétences et d’UrL : on trouve les plans de la prothèse de main de Nicolas gratuitement sur le Web.
PHOsPHOre ‹ 43 › sePtembre 2015
DR. Miguel TeMplon/labFab Rennes
1- « Je voulais être autonome »