Brochure patrimoine - Atomium

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© SOFAM 2018 – Atomium www.atomium.be

l’atomium,

icône bruxelloise


G

enèse

L’Atomium, bâtiment unique en son genre, est à Bruxelles ce que la tour Eiffel est à Paris ou Big Ben à Londres : il s’agit bien de la première identité de la capitale, sans doute l’attraction la plus spontanément plébiscitée aux côtés de la statuette de Manneken-Pis. Au contraire des emblèmes parisien et londonien, l’Atomium est géographiquement excentrée : le visiteur ne tombe donc pas par hasard sur le site, il choisit de s’y rendre ! Le contexte de construction de cet étrange assemblage — pas vraiment un bâtiment au sens le plus courant, pas une tour non plus, un monument se situant quelque part entre architecture et sculpture — est la tenue de l’« Exposition universelle et internationale de Bruxelles de 1958 », depuis le mois d’avril jusqu’au mois d’octobre. Cet événement est la première grande manifestation du genre depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, et le contexte de l’époque, plutôt optimiste, laisse entrevoir paix, prospérité — en Belgique en particulier, partiellement grâce à la colonie du Congo — et développement. Pendant de longs siècles, les terrains sablonneux de cette zone bruxelloise appartiennent à la communauté de l’abbaye d’Afflighem, située non loin de Bruxelles. Pour rappel, l’Église est, au Moyen Âge, un grand propriétaire terrien. L’abbaye développe principalement deux types d’activités sur ce plateau du Heysel : l’extraction de la pierre et l’agriculture — avec l’ancienne ferme d’Osseghem par exemple. À l’origine, le relief est bien plus accidenté ; il sera nivelé pour des raisons urbanistiques. Situé dans le voisinage du domaine royal, résidence du souverain depuis les débuts de l’indépendance nationale en 1830, le plateau du Heysel demeure, comme la plus grande partie de l’agglomération bruxelloise, très rural jusqu’à la fin du 19e siècle. Grâce à une subtile entreprise d’achats et d’expropriations, le roi Léopold II constitue un domaine de 200 hectares. Progressivement, Léopold II embellit et urbanise ce vaste territoire, en suscitant la construction de la Tour japonaise, du Pavillon chinois, de l’église Saint-Lambert, etc. Légué par le roi à l’État, celui-ci le cède à la Ville de Bruxelles en 1926. Cette dernière avait, quelques années plus tôt, incorporé la commune de Laeken sur le plan administratif. L’Exposition universelle de 1935 Dans un premier temps, on envisage d’aménager le site du Heysel pour pouvoir y organiser un double événement : l’Exposition internationale de 1930 et les festivités du centenaire de la Belgique, anniversaire tombant la même année — voyez par ex. le boulevard du Centenaire, tout proche. Au final, les villes de Liège et d’Anvers organiseront conjointement l’exposition internationale de 1930, laissant Bruxelles seule aux commandes de l’exposition de 1935. Néanmoins, l’élan était insufflé dans le quartier du Heysel. S’il fallait s’atteler à construire un réseau correct de voies de communication desservant le site, la première construction

sur le plateau du Heysel proprement dit est le stade du Heysel ou stade du Centenaire — actuel stade roi Baudouin, inauguré en septembre 1930 par un match de football opposant les équipes nationales de Belgique et des Pays-Bas. Les 3 expositions internationales précédentes (1888, 1897 et 1910) s’étant toute tenues dans l’est de la région bruxelloise, on considère qu’une autre zone de l’agglomération doit profiter des effets bénéfiques d’un tel événement, avant tout sur le plan du développement urbanistique. De toutes les constructions élevées en vue de la tenue de l’exposition, on ne devait conserver, selon les prévisions d’avant 1935, que 5 palais — dont le majestueux Grand Palais (14.000 m² !), symbole de l’événement, au même titre que l’Atomium en 1958 —, le stade et le parc d’Osseghem. Le reste devait céder sa place à du logement. « L’Expo 1958 » Le contexte économique de l’entre-deux-guerres n’ayant pas permis le lotissement du site, il demeurait disponible en 1958, et les infrastructures pouvaient être réutilisées ! La construction de l’Atomium constitue justement la grande modification : elle évince le Grand Palais et s’impose à la vue à la place de celui-ci, s’érigeant sur le même boulevard du Centenaire tout en rompant la perspective vers son concurrent — qui sera même masqué par un énorme écran bleu-ciel ! Mais pourquoi donc choisir le concept de l’atome ? L’atome renvoie à la science qui traite de la matière. Le monument prend l’aspect d’un cristal élémentaire — ou « maille élémentaire », c’est-à-dire la structure constitutive du cristal en question — de fer agrandi 165 milliards de fois ! Il s’agit donc de 9 atomes et non d’un, en dépit de ce que son nom peut faire croire… Le fer a été choisi en référence à l’usage intensif de ce matériau par l’importante industrie métallurgique de l’époque, qui permettra la concrétisation des intentions de l’ingénieur André Waterkeyn. Le contexte de l’époque coïncide avec les recherches en matière nucléaire. L’intention est de renvoyer aux applications pacifiques de l’énergie nucléaire. La recherche nucléaire accomplit un grand pas en avant juste avant la Seconde Guerre, mais le conflit infléchira l’orientation des travaux, conduisant à des usages catastrophiques — Hiroshima, Nagasaki, etc. — à la fin de la guerre. En 1954 est mise en service, en URSS, la première centrale nucléaire servant à produire de l’électricité. Le chantier de construction de l’Atomium — qui durera 18 mois — est délicat car on navigue en terrain peu connu. Les travaux se terminent in extremis : « Nous avons respecté les délais sur le fil du rasoir. Les ouvriers et le chef monteur quittaient le hall qu’ils croisaient les premiers visiteurs de l’Expo. » Extrait de l’interview en 2008 de Louis Warolus, ingénieur ayant participé au montage de l’Atomium « Les hommes travaillaient sans casque, rendez-vous compte. Ils portaient des casquettes et des chaussures souples aux pieds. Inimaginable de nos jours. Le chantier a duré approximativement 10 mois, hiver compris, et c’est un miracle si nous n’avons pas eu d’accidents. Le midi, pour aller manger à la baraque, il y avait foule devant l’unique ascenseur. Certains descendaient comme des singes, en rappel, pour aller plus vite. On les engueulait bien sûr. » (Extrait de l’interview en 2008 de Louis Warolus, ingénieur ayant participé au montage de l’Atomium).

A

rchitecture et décor

La conception revient à l’ingénieur Waterkeyn. La réalisation pratique de l’ensemble est due à deux frères, les architectes André et Jean Polak. Ce duo a également dessiné les plans de bâtiments célèbres à Bruxelles, comme par exemple les trois tours du World Trade Center proches de la gare du Nord ou le magasin l’Innovation, fameuse enseigne de la rue Neuve, grande artère commerçante de la capitale. L’ensemble, soutenu par 3 piliers, est constitué de 9 sphères en inox, reliées entre elles par 20 tubes. La hauteur totale de la construction atteint 102 m, les sphères ont un diamètre respectable de 18 m tandis que le poids total atteint 2.400 tonnes. Après sa rénovation, avec les plaques en inox, elle pèse 2.500 tonnes.


P

arcours et détours

L’« Expo 58 », comme on a l’habitude de l’appeler en Belgique, s’insère dans le cadre de ces grandes manifestations internationales, véritables vitrines technologiques et industrielles des différents participants, à la fois États, institutions internationales et organismes privés. Elle accueille les installations de 53 pays, réparties sur une superficie de 200 ha ; elle attire 42 millions de visiteurs, durant les 186 jours d’exposition ! À ce jour, il s’agit de la dernière Exposition internationale à s’être tenue en Belgique… Dans la conception de l’Atomium, tout est invention et prouesse. Son ascenseur, par exemple, occupant le tube central, devient le plus rapide d’Europe : il atteint une vitesse de 5m/sec., ce qui emmène les visiteurs au sommet de la construction en 23 sec. ! À l’origine, la plupart des sphères de l’Atomium sont consacrées à l’énergie nucléaire, sorte de musée sur la question. Cette énergie est présentée sous les meilleurs auspices ; on vante sans ambages les progrès qu’on lui devra… Dans ce contexte, le slogan choisi pour l’événement est : « Bilan d’un monde, pour un monde plus humain ». Comme bien d’autres constructions nées de l’événement de 1958, l’Atomium n’avait qu’un statut provisoire et devait disparaître après l’exposition. Son succès et sa popularité joueront en faveur de son maintien. Dans les années 1990, certains envisagent à nouveau de la démolir car son état est assez délabré… Elle bénéficie enfin, de 2004 à 2006, d’une restauration majeure, dans un esprit de respect patrimonial ; les travaux concernent, entre autres choses, l’amélioration du confort intérieur, l’isolation, l’éclairage et le remplacement des plaques qui recouvrent les boules — cette mission est confiée à une équipe de plus de 200 voltigeurs venus des 4 coins du monde, qui démontent les plaques d’aluminium et posent à la place un revêtement en acier inoxydable, l’opération nécessitant une durée de 22 mois ! Après l’exposition de 1958, le site du Heysel n’aura de cesse de se développer, se transformant peu à peu en centre important d’affaires et de loisirs, avec par exemple l’implantation du Trade Mart, complexe commercial réservé aux professionnels, un nouveau Planétarium, la station de métro « Heysel », le parc d’attractions « Bruparck » — intégrant « Mini-Europe », « Océade » et un complexe « Kinepolis », plusieurs nouveaux palais, etc. Actuellement, la partie inférieure de l’Atomium est consacrée à une exposition permanente mettant en scène le contexte de 1958, tandis que les niveaux supérieurs sont affectés à des expositions temporaires. La sphère du sommet offre un panorama étendu sur les environs, et permet également de se restaurer. La « Boule des Enfants » permet des activités pédagogiques aux écoles, et même d’y passer une nuit ! le ADAM – Brussels Design Museum, initiative portée et financée par l’Atomium, valorise une collection unique au monde de design plastique des Golden Sixties à aujourd’hui et est également destiné à mettre en évidence le design sous toutes ses formes. Il n’est pas vain d’attendre la tombée de la nuit : l’Atomium s’éclaire alors de 2970 ampoules LED ! Depuis plusieurs années, les autorités envisagent de modifier en profondeur le quartier du Heysel, pour bâtir un pôle de développement humain, économique, commercial, touristique, culturel, de loisirs et de logements, sous l’appellation « Neo ».

www.visit.brussels copyright: Archives de la Ville de Bruxelles


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