Fragments d'urbanité

Page 1

anthony vong [ fragments d’urbanitÊ ]



L’habitant contemplant la ville (projet de diplôme 2015 - Pitre Chevalier, Nantes) Recueil de travaux


Parcours

06

Ménager pour aménager

11

La Loire civilisatrice estuaire 2029

13

La pédagogie de l’option vise à vivre le territoire dans lequel le projet se fabrique, à s’informer et se familiariser dans la vie des habitants. « Tirer des bords » tente de retrouver sur les traces de la mémoire, la dynamique d’un « ménagement» capable d’inaugurer un processus de résilience avec les habitants de Paimboeuf.

«L’art de compléter la ville» Réinventer l’îlot Pitre Chevalier hqe on|no ground

31 33

Les figures de renouvellement urbains, ZAC, PLU, Ecoquartiers, etc, sont confrontées à l’émergence du numérique qui redéfinit une nouvelle pensée pour faire la ville. L’intégration de ces nouveaux outils réoriente la pensée environnementale en permettant de mettre en place dans les processus de la construction et de la gestion de la cité, l’optimisation du «déjà là».

S’inscrire dans un territoire en mutation épicentre

61

L’enseignement vise à croiser l’objet architectural et l’espace public. La figure paysagère révèle les enjeux urbains et les intentions, la stratégie d’implantation du projet avec son périmètre d’intervention pour ensuite parvenir au travail de l’espace public et aux usages d’une médiathèque ancrée entre le quartier de la République et la métropole nantaise.

Andromède 19B scalène architectes

73

Le quartier d’Andromède possède une identité forte, celui d’un parc habité. La parcelle linéaire de l’îlot 19B adopte cette qualité paysagère pour le quartier et pour les habitants de l’îlot. Le paysage fabrique l’intimité et le bien-être à l’échelle du logement.


La place du corps et des usages L’existant comme support à la création hqe light

81 83

L’intervention se situe dans un tissu urbain en pleine mutation. Le bunker au front du boulevard de l’Estuaire, axe majeur de l’île longeant l’ancienne zone ferroviaire qui projette d’accueillir de nouveaux logements, équipements publics et CHU, est donc une aubaine pour construire un objet de contemplation de ce paysage en pleine transformation.

Habiter le ciel et l’eau paysage urbain, paysage naturel density is home ?

101 103

A l’origine d’un concours conduit par l’agence Louis Paillard, le groupe d’étudiants a été amené à développer un complex à Stockholm pour accueillir plus de 500 logements pour 12 000 m² d’occupation au sol dans un quartier en pleine mutation à Marievik.

Représentations urbaines Nantes 2050

situation extrême, la ville à faire

111 113

L’article consacré à un grand projet urbain fictif vise à porter un regard critique sur les études urbaines autour de nouveaux modèles telle que la smart city. Le geste architectural et la technologie associée, où temps, déplacements et objets connectés apparaissent de plus en plus optimisés, rendent-ils la ville, certes plus ancrée dans le progrès, moins humaine ?

La ville en déclin

fabrique de ville, forme urbaine

127

La ville développe une incroyable fascination pour son histoire, son passé, son avenir. Elle nous interpelle tant par la beauté de sa prospérité que celle de son déclin. L’étude porte sur le récit par la bande-dessinée, illustration la plus à même de mettre en avant la ville moderne et rationnelle où l’homme devient l’objet de son espace urbain.


Parcours

à la croisée des enseignements et des expériences

Entrée à l’ENSAN en 2009 et initiation au projet architectural auprès de l’enseignement de Michel Velly. Les projets relèvent de l’échelle de l’habitat, l’étudiant se familiarise autour de projets connus s’appuyant sur les fondamentaux de l’architecture moderne. La première année vise à développer la culture architecturale pour se consacrer ensuite à l’expérimentation et la grande échelle en seconde année. L’étudiant fait appel à son inventivité, son rapport au site et à l’art pour développer des micro-architectures. Le projet majeur s’illustre dans le rêve architectural, celui du pont habité, autour d’une équipe de 7 étudiants. Expérimenter et imaginer des projets de grande ampleur et ‘‘utopiques’’ passent aussi par la maîtrise du numérique et la conception 3D familiarisant l’étudiant au souci de la communication et à une méthodologie de projet différente. La grande échelle se traduit de même au-delà des limites physiques d’un bâtiment, invitant l’étudiant à travailler la dimension spatiale dans laquelle la ou les architectures prennent place. La Licence III s’est concentrée dans le domaine de l’urbanisme portant sur la compréhension du territoire habité et l’espace public, espace de sociabilité principal. L’aménagement urbain est une réflexion qui se poursuit dans la réalisation d’un équipement public culturel visant à travailler un projet multi-scalaire.

6

Le cycle de Licence se conclut par un stage de mise en pratique (agence [Mûrisserie] Parent-Rachdi) qui offre un parallèle entre formation et réalité, une mise en confrontation directe des différents enjeux que constitue l’ensemble du processus d’un ouvrage en chantier, de sa conception à sa livraison. S’ajoute à cela une formation de 6 mois auprès de l’agence Bourbouze & Graindorge installée à Nantes. La rigueur, la qualité esthétique et fonctionnelle de leurs projets, la réflexion qui les anime sont des éléments que l’étudiant assimile pour préparer son entrée en Master.


Le second cycle est l’occasion de reprendre les principes enseignés en Licence avec une plus grande autonomie et le pousse à explorer le potentiel de son projet. La rapidité et la productivité constituent une rigueur dans des projets de grande envergure à l’image des 500 logements et équipements à développer dans le cadre du concours de Stockholm dirigé par Louis Paillard. Mais la réflexion du projet passe aussi par des itinéraires et des ateliers auprès des habitants. Apprendre à voir et comprendre la ville pour donner au projet tout son sens dans un territoire en mouvement. Le projet est ainsi pensé collectivement avec les habitants, de la découverte au ménagement, de l’aménagement au retour à la parole. Le studio de l’option HQE portait réflexion sur «l’art de compléter la ville» dans un souci d’améliorer et de conforter la relation de l’édifice à la silhouette globale du quartier. Finalement, l’architecture que l’étudiant a travaillée, l’a surtout conduit à réfléchir sur la ville, son visage et son ancrage dans la société. Le diplôme a été l’occasion de poursuivre la réflexion de la régénération d’un îlot pour un renouvellement urbain autour de la thématique de la ville partagée, de la smart et open city. Ce travail a été l’occasion d’intégrer un vocabulaire et une ambiguïté architecturale qu’il a souhaité présenter au jury, à partir d’un libre court à son imagination. L’accomplissement des études conduit l’étudiant à collaborer au sein de l’atelier Scalène Architectes à Toulouse, où sensibilités architecturales, rigueur et passion se croisent. Chaque projet, que ça soit 200 logements ou la requalification urbaine des allées du centre-ville, convoque une réflexion majeure portée sur l’analyse du territoire et les potentialités d’usages. Le master professionnel en urbanisme - Villes & Territoires - exercé en 2016-17 est une formation supplémentaire qui vise à élargir les compétences disciplinaires et à une double qualification : architecte-urbaniste Lieux de vie, lieux de travail, lieux de culture, lieux publics, ce qui séduit avant tout l’étudiant est de construire en complétant la ville, renouveler, transformer comme acte de création architecturale.

7


Profil Continuellement à la recherche de perfection, curieux et ouvert, j’ai accompagné mes travaux par un regard constant que je porte sur la ville. J’ai fait de mon cursus un enrichissement de ma posture architecturale et urbaine qui fonde mon imaginaire. L’intuition se mêle volontiers aux éléments du réel et de la fiction, aux expériences et aux potentiels d’usages dans la composition architecturale.

Objectifs En écho au parcours universitaire à l’ensan, je souhaite développer la réflexion sur le «déjà-là», à tirer l’essentiel de l’accessoire, sur l’héritage des formes urbaines et architecturales. Je prête ainsi un grand intérêt aux agences qui démontrent par leurs travaux toute l’importance à exercer un travail de couture et de transformation comme acte de création et de revitalisation. Leur capacité à mêler les traces du passé et du présent, à réintroduire des espaces à fort potentialité dans la structure urbaine, culturelle et sociale, m’intéresse tout particulièrement.

Formations 2016/2017 École Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes ENSAN, faculté de Droit et institut de géographie de Nantes IGARUN Master professionnel Villes & Territoires visant au diplôme d’architecte-urbaniste 2009/2015 École Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes ENSAN Cycle Licence & Master Diplômé d’État en architecture - Session juillet 2015

8

2008/2009 Baccalauréat Scientifique Mention Bien Lycée Jacques Cartier, Saint-Malo


Expériences 2016 Architecte chargé de projet - Agence Scalène Architectes Toulouse (Décembre à Mars) 2015 Architecte-dessinateur - Studio d’architecture Yannick Pédel Nantes (juillet-août) 2014 Moniteur de projet à l’UE 11 encadré par Romain Rousseau Ensan Nantes (Septembre à janvier) 2013 Formation pratique - Agence Bourbouze & Graindorge Nantes (Février à Août) 2012 Assistant pour le suivi de chantier, restructuration d’une cité universitaire - Agence Mûrisserie Parent-Rachdi Rennes (Février à Juin) 2010 Ouvrier-maçon pour le stage de chantier - Entreprise Borsa Dinard (Février)

Travaux . Ateliers publics et exposition à Paimboeuf (Estuaire 2029) . Mémoire de fin d’études sur la fabrique urbaine de Saint-Malo autour de la culture et du tourisme.

Voyages Florence, Milan, Rome, Turin, Venise (Italie) ; Cadix, Grenade, Madrid, Séville (Espagne) ; Berlin, Hambourg (Allemagne) ; Bruxelles (Belgique). 9



Prairies et marais de Corsept, au mois d’août, à l’embouchure de la Loire, Charles Le Roux


estuaire 2029

master 2, semestre 9, 2015 Saweta Clouet, ChĂŠrif Hanna, Jean-Yves Petiteau


Ménager pour aménager La Loire civilisatrice L

orsqu’on arpente les quais de Paimboeuf, on a le sentiment que cette ville regarde ailleurs, vers l’horizon d’un exotisme, d’un souvenir lointain. Tout ici semble attendre de voir resurgir la silhouette qui autrefois était celle d’un navire. Le temps a isolé Paimboeuf, ses habitants, orphelins d’une lointaine économie glorieuse, se sont détachés du dynamisme de la Loire, reclus désormais dans leur immobilisme. Pourtant, les Paimblotins sont accueillants, familiers, ordinaires, rendant la ville agréable à parcourir, à habiter. Chacun aspire à des projets mais isolé l’un des autres, ne saurait s’engager à l’éveil de leur territoire. Notre aventure au cours du semestre leur a permis de partager et d’exprimer leurs envies, de se sentir engagés et propriétaires de Paimboeuf.

13


La découverte par le récit itinéraires et rencontres auprès des habitants

Le travail majeur mené en groupe consistait à enquêter auprès des habitants et partager au plus près d’eux leur vie à Paimboeuf. L’objectif, habiter le territoire avant d’envisager un projet fondé. Au cours de nos explorations nous nous sommes laissé conter le paysage si particulier de la ville au bord du fleuve, à travers le regard sensible des Paimblotin. Le premier, Denis Hamard, nous a guidé pas à pas sur la rive nord-ouest de Paimbœuf. Il pleuvait ce jour là et son fils était avec nous, c’est pourquoi fidèle à ses habitudes lorsque ce genre de climat tombe sur Paimbœuf, il nous a proposé après une courte promenade d’aller vite se réfugier au Café de la Loire, se réchauffer et partager un moment convivial. Cette rencontre et cet itinéraire nous a permis de découvrir des pratiques, celles de sa famille et de ses amis, et le regard que les paimblotins peuvent porter sur ce tableau changeant, qui défile en arrière plan de ce lieu que certains n’hésitent plus à appeler : « Notre Jardin ! ».

SUD

14

[Documents atelier Paimboeuf 2015]


NORD

15


Ateliers publics

des rencontres pour faire débat, faire projet Nos précédentes rencontres et études ont déterminés les thèmes que nous avons choisi de questionner : le paysage, le social, le rapport aux délaissés dans la ville et les pratiques des Paimblotins aux différentes échelles du territoire. Dans chacun de nos 7 exercices, les avis de chacun se sont ajoutés, parfois en réaction aux avis précédents ou à nos propres avis. L’atelier «Recycler la ville» a été le support nous permettant de parler de toutes les valeurs fantômes que nous n’aurions jamais connues sans les paimblotins. Les participants aux ateliers commençaient à nous parler d’un lieu, mais en l’associant tout de suite à une pratique passée ou présente du territoire. Le post-it a dès lors pris la dimension de potentiel d’usages dont le tout constitue une vision commune. Ces usages qui ne sont pas officiels et qui ne laissent pas de traces forment pourtant des habitudes, des échanges et des valeurs partagées. Les ateliers ont finalement révélé des potentialités de projet au sein de chaque habitant disposant de ressources mais souffrant d’un immobilisme, constamment en quête de mécène tel que l’avait été Kuhlmann ou le Port. Aussi, la portée de nos travaux à venir doit viser l’engagement des Paimblotins dans la construction de leur ville, en les rendant responsables et actifs de son futur. Pour cela, il leur manque des lieux dynamiques, des dispositifs d’échanges et de négociation.

16


3

2

1

1

3

4

7

7

[Documents atelier Paimboeuf 2015]

EXPRIME-TOI

2 1

CARTES POSTALES EXPRIME-TOI

3 2

CONFESSIONS URBAINES CARTES POSTALES

4 3

4

2

1

5 6

6

5

ITINERAIRE(S) PAIMBLOTIN(S) CONFESSIONS URBAINES

5 4

RECYCLER LA VILLE ITINERAIRE(S) PAIMBLOTIN(S)

7 6

TISSAGE LIGERIEN (RE)CREATION

7

TISSAGE LIGERIEN

6 5

(RE)CREATION RECYCLER LA VILLE

1. expression libre 2. cartes postales 3. confessions urbaines 4. projection itinéraire 5. critiques et idées de projet «recycler la ville» 6. dessins 7. mobilités paimblotines Extrait de l’atelier «Recycler la ville» et atelier avec les classes de l’école primaire.

17


LA PINEDE

LE PARC MAISONS ARMATEURS

LA CITE DES AMOURETTES

Lieux d’Art (Atelier d’artistes, rencontres littéraires, jardin étoilé) Commerces/ Etablissement publics/Loisirs/Espaces verts repérés lors de l’Atelier Public Points de vue remarquables Vennelles / chemins piétonniers Structures sportives

18


MA LOIRE

LES

Place du marché

QUA

IS

LE

LE BOUL EVARD

Nouvelle Ecole

HA UT

Paimboeuf

PAI M

BO

EU

F

Collège Gymnase VASIÈRE

Lycée Pro LES NOUVEAUX PAVILLONS

KULHMANN

Le street

LA CITE CASTOR

LES MARAIS

A l’issu des ateliers publics et à la croisée de la parole habitante, nous avons dessiné notre vision de Paimboeuf remplie d’histoires personnelles et de richesses dévoilées. [Document atelier Paimboeuf 2015]

19


Des potentialités d’usages s’appuyer sur les ressources locales, «la Loire civilisatrice»

Nous nous sommes attachés à des activités et pratiques existantes qui font de Paimbœuf une cité de l’estuaire. Car derrière chacune de ces pratiques, identitaires, se cache une valeur positive. Si les habitants se sont attachés à nous raconter ce que la ville a perdu plus que ce qu’elle est aujourd’hui, nous nous sommes ainsi rattachés au passé pour faire projet. Ces discours certes passéistes, véhiculent du lien social et des valeurs communes. L’enjeu est de révéler, dans le sens de «rendre visible», une civilisation ligérienne, paimblotine, capable de surmonter ses traumatismes, d’être son propre mécène. Il convient ainsi de provoquer une dynamique transversale de mise en réseaux, des connaissances et des moyens. Transactions, échanges, mutualisations et expérimentations sont possibles entre les programmes que nous projetons, eux-même hybrides et vecteurs de rencontres et de reconnaissances. la Loire reste une voie de transport et cette ville est une des escales du voyage. Itinérants et sédentaires se côtoient donc, provoquant échanges et émulations. Cette fonction de catalyseur social se retrouve en certains points stratégiques établis par le groupe de projet, sous forme de réseau. A travers nos 5 projets, nous avons fait appel à des pratiques en résonance avec le territoire : gîte urbain, itinéraire cycliste et touristique, interprétation du patrimoine, valorisation de l’agriculture et la filière courte, du commerce maritime et de la pêche locale, ressourcerie et économie locale de partage.

20


Marais

Evénement

Promenade

Rencontre

La vie

Le fleuve

L’économie

Ressource

21


Ménager pour aménager les 3 temps du chantier, pour 5 projets

« L’aménagement, comme processus volontaire d’organisation et de fertilisation de l’espace, ne réussit bien que s’il s’accompagne d’une certaine dose de ce que l’on pourrait appeler ménagement du territoire ; notion que je définirai provisoirement comme étant la capacité des institutions de l’aménagement à s’auto réguler, c’est-à-dire à réévaluer en permanence les termes de leur action en fonction des forces en présence » Michel Marié, Aménager ou ménager le territoire ? Il s’agit tout d’abord de rendre sa force à la civilisation paimblotine. Nos dispositifs, de part leurs implantations premières permettent de révéler des lieux d’interaction, de rendre visible les forces en présence qui doivent interagir pour s’enrichir et s’entraider. Ces lieux altérables, appropriables, visent à responsabiliser les usagers. Cette appropriation partagée viendra créer des règles d’interaction de la ville en commun. Ensuite un premier aménagement pourra avoir lieu : La Loire à Vélo, itinéraire bis. Cet aménagement vient mettre en friction et en dialogue nos dispositifs de négociation avec les espaces-enjeux de Paimbœuf, ses frontières, ses richesses naturelles et patrimoniales. Enfin, et seulement au moment où l’identité paimblotine sera assez forte pour répondre aux aménagements, ces derniers pourront être envisagés, proposés, débattus. Car si chacun se sent propriétaire de sa ville et ainsi responsable du territoire qu’il habite, c’est dans le compromis et le partage que naîtront des aménagements durables.

22


Temps I

Choix de lieux d'interactions engagés dans des pratiques et des valeurs Temps II

Itinéraires bis de la Loire à Vélo, développement des projets de ménagement Temps III

Aménagements prévus autour des projets [Document atelier Paimboeuf 2015]

23


Co-op agricole

redécouvrir la Loire nourricière, projet personnel L’estuaire, ce n’est pas seulement la Loire que l’on voit mais aussi cette Loire fluviale irriguant les prairies et les marais. Si la Loire n’apporte plus suffisamment de ressources économiques avec la pêche, l’agriculture fait vivre les différentes communautés de communes du Pays-de-Retz. L’opportunité de désenclaver les marais se présente en s’appuyant sur les déplacements et les réseaux. Préserver l’agriculture, la consommation des produits locaux, la reconnaissance et le maintien de l’activité professionnelle se regroupent au sein d’un programme, à la croisée de la ville et des marais le long des anciens remparts. Cette opération fondée sur le réseau de la filière courte et une logique de proximité, initie un itinéraire de découverte des terres intérieures. Pour ancrer durablement la pratique de la promotion, de la diffusion et la rencontre des agriculteur, consommateur, cuisinier, etc, un espace de formation et d’information constitue une aubaine, regroupant les collectifs d’agriculteurs telles que les AMAP, dans la continuité de leurs activités. L’établissement propose deux temporalités. La première porte sur la diffusion et la mise en partage des savoirs-faire et culinaire aux habitants et générations futures, la seconde, sur la promotion des produits locaux. Ainsi, en plus des conférences, il est possible de venir dans cette Maison de l’agriculture pour apprendre à cuisiner les produits de saison au sein d’ateliers food lab’, lieu d’échanges et de conseils sur les techniques agricoles et culinaires. Le programme se compose ainsi d’une partie Formation et ressources avec La Maison des agriculteurs et Espace de conférence & de médiation. La seconde, Atelier Culinaire, la Cantine et le Food Lab’. La dernière vise la vente des produits à partir du drive. 24


I . initiation

II. installation

III. occupation

La zone de la gare devient un espace de stockage des matériaux nécessaires à la construction des structures. La mise en oeuvre des pontons sur sol inondable constitue l’étape majeure dans la redécouverte des marais avec la maison du projet, finalisée par les équipements. [Documents Anthony Vong]

25


4. Toiture bac acier 3. Charpente bois 2. Stores bois - osier 1. Cloison ossature bois

26

Exemple de structure surélevée en terrain humide composée majoritairement de bois. Ici le centre de ressources.


Invitation à parcourir les franges de la ville, redécouvrir la Loire fluviale depuis l’ancien site de la gare. [documents Anthony Vong]

27


28

Paimboeuf, terre nourricière [document Anthony Vong]


29



Ceramic Market, la rue animĂŠe, Tsuyoshi Kawata


hqe on|no ground

master 2, semestre 10, pfe, 2015 Pascal Joanne, Claude Puaud, Ignacio Requena


« L’art de

complèter

la ville »

Réinventer l’îlot Pitre Chevalier « C’

était une double rangée de maisons de bois penchées les unes vers les autres, et laissant entre elles assez de place pour un ruisseau qu’on appelait la rue. On marchait les jambes écartées des deux côtés de l’eau, en heurtant de la tête ou du coude les maisons de droite et de gauche.» Victor Hugo

33


L’invention du lieu la ville compacte, la ville intense

Comme le formule Renzo Piano, la ville depuis les années 50-60 a été une grande consommatrice d’espaces naturels et libres en périphérie, développant inexorablement une masse pavillonnaire qui éloigna les habitants des centres urbains. Aujourd’hui, la ville est à la recherche de nouveaux modèles urbains plus compacts où l’architecture se voit comme «l’art de compléter la ville». Transformer la cité ne passe plus par expansion ex nihilo, mais par implosion. La régénération urbaine permet de redonner à voir au sein même de la ville, des espaces inertes, en latence. Désormais, il faut instaurer des limites urbaines et donner les conditions aux habitants à retrouver ce(s) centre(s), non seulement dans les activités commerciales, tertiaires et de recréation, structurées par un système de transport public, mais aussi dans l’habitat. Outre la ville dense, la ville intense et multipolaire est à envisager puisque son origine tient à l’intensité de ses échanges. Ce sont à travers les rues, les places et édifices publics que l’on partage des expériences où les différences peuvent s’estomper. L’îlot PCH, intégrant un supermarché et son parking démesuré, se reconfigure pour tisser des liens avec les pratiques territoriales enrichies par la crèche, maison de l’enfance, gymnase, école et lycée technique et le commerce de proximité. En fabriquant ce morceau de ville dans la ville à l’image d’un parcours, ce sont des moyens que l’on donne aux habitants pour exercer une variété d’activités collectives. Le cœur d’îlot devient une place centrale à la croisée des cheminements et des échelles. Les espaces de commerce et publics prennent place au sol pour favoriser une dynamique d’échanges sociaux, physiques, économiques, que l’on qualifierait de transactions.

34

Parking gratuit de l’Intermarché pour les clients, il se destine majoritairement aux riverains et visiteurs du centre-ville sous forme de parc relais. Juxtaposée au fleuve, l’infrastructure, de par sa topographie, s’en retrouve détachée. [documents Anthony Vong]


a

b

c

a. Centralité renforcée. Les communes satellites dépendent du coeur de Nantes où les activités majeures y sont implantées. b. Intensités polarisées. Les communes et quartiers sont développés. Les intensités urbaines se répartissent à l’échelle du territoire et fabriquent sa dynamique. c. Intensités linéaires. La ligne de tramway participe à l’essor des quartiers et à leur animation.

35


1.2 pers véhicule 8 actifs 10 «Métro - boulot - dodo»

*insee

17%**

Télétravail

**lbmg worklabs

278***

Covoiturage + Coworking

36

***coworking-carte.fr

[documents Anthony Vong]


Entre déplacement et proximité physique, le foisonnement piéton a fondé la qualité sociétale du commerce de proximité qui est à retrouver. 50 ans auparavant, la voiture a façonné le modèle urbain - associée notamment à l’hypermarché - en tant que vrai choix de société. Tout comme l’autoroute urbaine a découpé les centres-ville, le parking de l’Intermarché met à distance le bâtiment de la rue, privilégiant pour 2/3 de la parcelle son espace non-bâti à la voiture. De l’hyperproximité des transports doux alliée à la technologie, le piéton s’inscrit dans une interaction avec son monde. Il cartographie la ville et se réapproprie l’espace grâce aux objets connectés, que ca soit son smartphone ou le bicloo de JCDecaux. Piéton roulant, piéton augmenté, l’hommecitadin reprend ses droits de cité.

De l’automobile, nous passons aujourd’hui à l’ère de l’auto-mobilité Pourtant, la voiture reste encore bien présente dans les déplacements des populations. Héritage du fordisme, il convient de la réintégrer dans un modèle économique sociétale de partage. Mode de transport le plus pertinent pour 75% des distances parcourues, la voiture peut devenir un transport serviciel conduisant la société à une logique économique de biens mutualisés et optimisés, conduisant in fine à sa réduction. De fait, la ville intelligente ne relève pas de sa richesse infrastructurelle mais celle en services. Le projet s’inspire du système du covoiturage mise en place par l’Intermarché, alternative du drive. Chaque client peut ainsi s’inscrire dans cette logique selon sa géolocalisation.

37


Intensifier l’îlot

construction de 50 logements et résidence étudiante, co-working, Pop-Up store, caféteria, ateliers, épicerie-marché Les figures de renouvellement urbains, ZAC, PLU, Ecoquartiers, etc, sont confrontées à l’émergence du numérique qui redéfinit une nouvelle pensée pour faire la ville. L’intégration de ces nouveaux outils réoriente la pensée environnementale en permettant de mettre en place dans les processus de la construction et de la gestion de la cité, l’optimisation du «déjà là». Ce «là» où fourmillent diverses cultures et générations devient un lieu propice à la rencontre. Conforté par le commerce de quartier, cet espace amène à penser la notion de commercer comme la pratique d’échanges et de sociabilité. Avec le fleuve, ce sont des groupes sociaux, habitants et artisans qui se sont épanouis. L’installation de vie a alors débuté avec l’économie du travail et du partage. Pour reprendre Heidegger et la figure du pont, l’homme, en construisant cet ouvrage en un endroit, a métamorphosé celui-ci en lieu. Avec l’urbanisation extra-muros, des espaces se sont retrouvés détachés et abandonnés, générant des discontinuités. Si l’image du pont évoque alors la naissance d’un morceau de ville, la régénération de l’îlot PCH contribue, non seulement à repenser le lieu, mais surtout à perpétuer sa création. Des ateliers qui ont bordé la rive de l’Erdre, l’esprit du lieu existe toujours et se réinterprète sous une forme d’artisanat entrepreneurial, de partage des compétences professionnelles.

38


[documents Anthony Vong]

39


En se référant à la ville moyenâgeuse, ce n’est pas un ensemble de bâtis organisés entre eux que l’on perçoit, mais une masse que l’on vient trancher jusqu’à ce que l’on obtienne un complexe de ruelles. Renzo Piano évoque Gênes telle une carrière d’ardoise «dans laquelle, avec un couteau, en coupant, on faisait des rues». La conception architecturale s’appuie sur une intériorité tantôt sculptée par les ruelles, tantôt sculptant le ciel. Parcours physique et émotionnel du quotidien, l’architecture s’appuie sur des espaces interstitiels, voire «extraordinaires» pour rappeler la définition de Tadao Ando. La rue étroite, la place haute et le patio.

« L’intérieur et l’extérieur du bâtiment ne sont pas des catégories distinctes mais forment un lieu unique et continu. Le bâtiment permet la réorganisation des diverses relations existant dans cet espace continu et apparaît comme le noyau de ces relations. Il est donc essentiel que l’architecture naisse d’une confrontation avec le site» Tadao Ando

40


Remplir l’Îlot, Êpaissir le sol

Trancher le vide dans la masse

Articuler le dehors et le dedans [documents Anthony Vong]

41


42

L’opération est la rencontre du dedans et du dehors, de l’habitant, du travailleur et du promeneur. L’ensemble revêt une dimension tantôt urbaine, tantôt domestique et entremêle les composantes qui font la ville. [document Anthony Vong]


43


b

c

a

44

a. Plateau du co-working. b.Logements collectifs/maisons. c. RĂŠsidence ĂŠtudiante [documents Anthony Vong]


a

b

c

d

a. Espace d’accueil (rue PCH). b.Cour triangle. c. Galerie d’études. d. Espace de travail, ateliers (vers place haute). Si l’équipement apparaît compact, il favorise l’intimité et cherche à intégrer les éléments extérieurs telles que la lumière, le ciel et la végétation pour créer un univers de réflexion.

45


46


Se mettre au clos de l’animation urbaine pour un laps de temps, où seul le ciel et la végétation représentent une rencontre avec l’extérieur. [document Anthony Vong]

47


Alors que les années 70 ont vu émerger l’urbanisme des Malls regroupant une multitude de commerces, le rapport à l’extérieur s’est estompé au profit d’un univers construit. Héritage des passages urbains et des grands magasins, le centre commercial absorbe le piéton déconnecté du monde extérieur et du temps. Le profil adopté consiste à se rapprocher de la «grande rue» et du passage urbain en tant que promenade publique et rendez-vous de la population. Répartis en une nappe sur toute la surface parcellaire, les espaces de travail partagé se conjuguent à une épicerie, une cantine dédiée à l’expérimentation culinaire, aux ateliers résidents et numériques, aux espaces de médiation et créativité, etc. A cette composition interne s’ajoutent un bistrot/wifi et Pop-up stores qui parsèment l’espace public et complètent les RDC des habitants. A l’image du «vivre ensemble», l’unité bâtie est une combinaison mixte et souple de la diversité des pratiques. Le bâtiment principal se nourrit de la rencontre de la sphère publique et privée, rendue possible par son ouverture tout au long de la journée, d’autant plus que les populations qui y habitent sous-entendent un fonctionnement 24h/24. Les espaces de rencontre sont donc privilégiés à travers la cafétéria, supermarché, épicerie, forum, place haute, ressourcerie qui parsèment le sol. Les étudiants auront l’occasion d’aider des artistes à parvenir à leur création alors qu’une start-up de marketing conseillera de jeunes architectes.

48


[document Anthony Vong]

La place haute reprend la topographie existante. Elle devient un espace de rencontre et de halte aux riverains et usagers, croisant le co-working, les habitations du niveau supérieure, le bistrot et épicerie-marché. La place illustre les potentialités de vie et d’animation de ce territoire.

49


[document Anthony Vong]

50

Tel le plan de Nolli où les RDC des édifices accompagnent l’espace public, le socle ici croise les pratiques les plus variées, favorisant la rencontre. La mixité d’usages se prolonge dans le bâtiment. L’hybridation en faveur d’espaces collectifs ouverts diversifiés (entrées, cours, terrasses, etc.) mêle les start-ups, résidents et populations extérieures, visant à rompre toute insularité de groupes.


La typologie des logements vise à faire cohabiter familles, étudiants et personnes âgées où la proximité conduit à une forme d’entraide. Ces populations se regroupent autour du co-working, espace fédérateur. Sur le plan de la mobilité, un espace d’auto-partage prend place sur l’ancien parking de l’entrée rue Pitre Chevalier. La voiture est mutualisée dans la semaine auprès des familles et des étudiants.

51


52


En une forme compacte, le projet amène à habiter la toiture des ateliers de co-working. L’adressage des maisons se mêle aux entrées secondaires du centre au sein d’une ruelle longeant les jardins des maisons voisines. [document Anthony Vong]

53


54


Le vivre-ensemble s’illustre dans la composition des logements universitaires. Le principe repose sur la cohabitation et l’organisation des studios autour d’espaces collectifs. [document Anthony Vong]

55


56

La façade, composée de panneaux préfabriqués, renvoie à la ville d’aujourd’hui une part de son histoire architecturale. Elle présente une relecture de l’ordonnancement des ouvertures des édifices du 18ème siècle, mêlant arc droit, segmenté et plein-cintre. Chaque système d’arcade, renvoyant à la hiérarchie sociale par le passé, reflète une famille de logements (simples, mixte, intergénérationnel).


Les coursives périphériques, espace d’entrée et de prolongement des studios étudiants, favorisent les instants de rencontres. A contrario du co-working replié sur lui-même, les coursives illustrent l’équation édificeville et la volonté d’ouvrir intégralement le logement sur l’environnement urbain. [document Anthony Vong]

57


58

L’opération se révèle en une composition complexe, un univers à l’accumulation d’usages intenses en cœur de ville. [document Anthony Vong]


59



Accompagner la promenade urbaine


epicentre

licence 3, semestre 6, 2012 Gilles Bienvenu, Thomas Nouallier, Jean-Franรงois Renaud


S’inscrire dans un territoire en mutation L

a condition métropolitaine traverse les multiples échelles de nos interventions du projet urbain à l’architecture. L’enseignement vise à faire le lien entre l’objet architectural et le site dans lequel il s’implante, et pour cela, commence par l’étude de la grande échelle. La figure paysagère révèle les enjeux urbains et les intentions, la stratégie d’implantation du projet avec son périmètre d’intervention pour ensuite parvenir au travail de l’espace public et aux usages d’une médiathèque ancrée entre le quartier de la République et la métropole nantaise.

63


Chemin de traverse

construction d’un équipement culturel et aménagement urbain de la rue Paul Nizan. Le réaménagement de la rue Paul Nizan par l’itinéraire de la nouvelle ligne de chronobus est l’opportunité d’ouvrir le quartier sur l’ensemble de l’île de Nantes raccrochée à la métropole. Bénéficiant d’une visibilité, le projet de la médiathèque, espace de rencontre et de partage auprès des populations, apparaît comme un passage urbain entre le boulevard Gustave Roch et la rue Paul Nizan. La construction du programme est l’occasion de donner plus d’ampleur au piéton, notamment dans la restructuration du boulevard, réduisant les 2 voie automobile pour privilégier une traversée piétonne des habitations au groupement école-centre culturel et cultuel. L’appréhension du quartier République donne à voir des formes urbaines héritées du passé industriel de l’île et des artisanats autrefois installés. De là découle une forme architecturale et urbaine qui réemploie la structure d’une usine en un équipement culturel entièrement traversé et ouvert sur l’extérieur, relevant d’une logique de continuité piétonne et d’articulation du quartier à la ville. Le choix de conserver la structure offre une liberté spatiale et une autonomie aux différents programmes. La fabrique culturelle et urbaine passe ici par une transformation du territoire où le maître mot est la réécriture du lieu.

64


Au-delà de la simple mémoire des lieux, les halles industrielles deviennent un dispositif de composition spatiale et architecturale pour accueillir les usages les plus variés et libres dans le tissu urbain et historique du faubourg de l’île. [document Anthony Vong]

65


66


Les différents programmes culturels se composent de part et d’autre du passage couvert, véritable prolongement de l’espace public. La galerie s’anime de l’activité de chaque espace, favorisant les café-rencontres et les expositions temporaires. [documents Anthony Vong]

67


68

[documents Anthony Vong]


69


70


L’arrière-façade de l’ancienne usine se transforme désormais en façade principale ouverte sur l’ensemble du territoire de l’île de Nantes. Le chronobus, les cyclistes, les skateurs, les habitants fabriquent une nouvelle animation urbaine. [document Anthony Vong]

71



Habiter le paysage, archiTecTes office 360 OfďŹ ce 360 Habitat x


scalène architectes

concours de 200 logements Blagnac, ZAC Andromède


Andromède 19B L

e quartier Andromède possède une identité forte : c’est un parc habité. L’aménagement de l’îlot 19 comme un seul ensemble suit ce principe. Les îlots 19A et 19B constituent un ensemble bâti en regard du théâtre de verdure que forment le parc urbain et la plaine de Grands jeux du cours Coinays. La voirie traverse cette logique, entre parc et collectifs. Le projet s’organise autour du paysage comme identité du quartier. La parcelle linéaire de l’îlot 19B adopte cette qualité paysagère pour le quartier et pour les habitants de l’îlot. Composante majeure de l’opération, le paysage fabrique l’intimité à l’échelle du logement. Il fédère les familles et met à distance les bâtiments pour une meilleure cohabitation.


Construction d’un éco-quartier un quartier mixte pour faire la ville dans le grand paysage

Les collectifs, qu’ils soient libres ou sociaux, s’organisent à l’alignement des voiries sur un socle continu surélevé par des stationnements. Ce socle génère un ensemble de 5 plots ne dépassant pas le R+5. La distance suffisante entre les plots garantit un ensoleillement pour l’ensemble des appartements, la vision depuis les rues sur un cœur d’îlot largement planté et une vue depuis les logements sur le parc de verdure et le cœur d’îlot. La disposition des stationnements en ceinture enterrée libère totalement le cœur du 19B des emprises carrossables.Il offre 3 000m² de pleine terre pour un jardin généreux, véritable prolongement du parc du cours. Ce cœur paysager contribue à répondre à deux enjeux de la ZAC. Il constitue une ambiance climatique propre à réduire les effets d’îlot de chaleur et développe la biodiversité au sein des jardins collectifs. Il instaure une identité paysagère propre qui offre un cadre de vie agréable aux familles. L’installation d’un bosquet d’arbres de haut jet en cœur d’îlot permet d’atteindre ces deux objectifs et d’offrir un lieu de rencontre et de convivialité à l’ombre de sa végétation. Le bosquet en tant que tel est délimité par une circulation périphérique en sol souple et perméable qui permet de lier l’ensemble des liaisons externes et internes à l’îlot. Au cœur du bosquet, à l’ombre des arbres sont installées des clairières aménagées avec jeux et mobiliers urbains. Des sentiers relient les clairières et traversent le sous bois afin de multiplier les échanges, les ambiances et les parcours possibles. Le projet vise à créer un lieu où chacun peut vivre dans le respect de son intimité dans un cadre pérenne et durable.

76


Dans les plots : Un habitat compact Des logements en double orientation Une trame urbaine

Accès aux halls en double hauteur Accès aux stationnements Parking en demi-niveau. Cœur d’îlot végétal : Une ambiance climatique Une identité paysagère propre

19A

[document scalène architectes]

77


18.53 m

3.4 m

LIMITE PARCELLAIRE

LIMITE PARCELLAIRE

[documents scalène architectes]

78

La mise en souterrain du parking donne l’opportunité de créer un véritable parc paysager en cœur d’îlot, avec plus de 3000 m² de pleine terre.


Le linéaire urbain créé en front de boulevard suit la géométrie du terrain. Avec les loggias et les venelles, le projet offre une relation étroite entre le cœur d’îlot et le parc Andromède.

79



Le bunker, support de légèreté Collage de principe


hqe light construction

master 1, semestre 8, 2014 Pascal Joanne, Claude Puaud, Michel Velly


La place du corps et des usages L’existant, support à la création

A

la croisée du passé, du présent et du futur, le bunker est propice à l’expérimentation autour de la notion de temporalité. Dans une tentative de rupture avec la massivité de l’objet et dans une ville en constante évolution, le bunker devient le support d’architectures expérimentales en mouvement, entre éphémère et durable. En prenant soin de s’intégrer au contexte, l’intervention suggère une curiosité architecturale, à la fois simple et originale, à l’image d’un lampion qui anime en légèreté le quartier. La programmation se veut permissive et non-figée, les espaces évoluant dans le temps au gré des usages.

83


84

Dans la partie ouest de l’île de Nantes, le bunker se situe aujourd’hui au sein d’un quartier de mixité et de grands équipements. Il est le témoin des transformations urbaines profondes d’une zone actuellement en friche, avec notamment l’implantation du futur CHU et d’un important parc immobilier.


La matérialité unique et la rugosité de l’objet primitif provoquent un effet de masse important. Nous nous tenons face à un rocher immuable. [documents atelier hqe 2014]

85


86

Détaché de toute construction mitoyenne, on peut déambuler tout autour pour apprécier la présence et la matérialité du bunker. Avec des parois d’une épaisseur de 2m, ce monolithe possède autant de plein que de vide.


[documents atelier hqe 2014]

87


Réécrire l’histoire

reconversion du bunker pour l’accueil du spectacle vivant, gîtes artistiques et lieu d’exposition. Le blockhaus vestige de la 2nde Guerre, semble être immuable, figé dans le temps mais son opacité et sa rigidité apparentes sont trompeuses. Ce bloc qui peut paraître anachronique aujourd’hui, dévoile finalement un potentiel incroyable. En attente, patient, il se révèle être une réelle invitation à l’expression, un point de départ pour une nouvelle histoire à dérouler.

«Il faut être attentif et vigilant avec l’histoire dans nos villes. Il nous faut respecter le passé et pour cela le faire constamment revivre.»

Christian de Portzamparc.

L’idée de soubassement, de support, de base pour un futur à construire est accentué par le contexte immobilier existant. Cet effet d’ensemble, complété par le vide au sud, souligne la situation de podium du bunker. Chaque étudiant du groupe a développé un concept différent qui s’appuie sur l’idée du temps qui passe, proposant trois visions possibles du rapport au bunker : la continuité, la superposition et l’enveloppement. Pour s’opposer à la figure figé, le bunker devient le support d’architectures expérimentales en mouvement, entre éphémère et durable dans un territoire en pleine évolution. En prenant soin de s’intégrer au contexte, nos interventions s’assimilent à des curiosités architecturales, à la fois simples et originales, à l’image d’un lampion qui anime en légèreté le quartier. 88


Pauline - continuitĂŠ

Thomas - superposition

Anthony - enveloppement [documents atelier hqe 2014]

89


Le projet abrite un équipement artistique et scénographique pouvant accueillir un public selon les activités. Les 6 niveaux comportent une cafétéria, des ateliers de composition, espaces d’exposition, studio de danse, chorégraphie, laboratoire de création artistique, salle de représentation et plateau d’expression libre sur le toit du bunker. Pensé comme une sculpture, le bunker suggère une promenade délimitée par la rue, le boulevard et les résidences. De fait, cet objet urbain développe l’idée d’une appréhension de sa matérialité, support d’installations artistiques par la création d’une galerie au RDC. Ce rapport physique entre l’extérieur et l’objet central autour d’une promenade se perpétue aux niveaux supérieurs où la toiture du bunker se rend constamment visible. L’architecture se définit ainsi en une structure ouverte et habitée, observatoire urbain. Deux masses identiques définissent ainsi l’espace majeur du projet dans lequel les corps s’agitent et traversent l’ensemble des volumes internes, des points de rencontres et des surfaces reliés entre eux par les lignes directrices que composent les coursives et les escaliers. Ces éléments périphériques de déambulation labyrinthique et de transition entre le dehors et le dedans, situées sur les trois faces de l’édifice, mettent en scène, aux regard de tous, le mouvement des individus. Le bunker, à la fois présent et discret, devient le support à la production artistique.

90


[document Anthony Vong] 91


92

Niveau 1 - La Plateforme

Niveau 3 - Espace exposition

Niveau 0 - La Galerie

Niveau 2 - Studios & espaces communs (cafétéria, sanitaires)


Niveau 5 - Laboratoire artistique

Niveau 7 - Espace SCENO

Niveau 4 Studio danse

Niveau 6 Laboratoires artistiques & plastiques (terrasses)

Les étages se construisent par accumulation autour du vide. Avec le temps, les surfaces de plancher peuvent s’étendre ou s’ajourer au gré des usages. [document Anthony Vong]

93


94

L’équipement se présente comme une sculpture à apprécier dans sa totalité, une promenade de l’espace du sol jusqu’au toit. [document Anthony Vong]


95


[documents Anthony Vong]

96


Chaque niveau du pavillon se veut complètement ouvert sur le plateau scénique. Le bunker est une intensité de potentiels d’usages qui se croisent, se perçoivent et s’entendent constamment.

97


98


Depuis le plateau scénique installé sur la toiture du bunker, la structure mise à nu et omniprésente, fait corps avec l’usager. [document Anthony Vong]

99



Le fleuve, un paysage à composer avec la densité Décor de la série Game of Thrones Georges R. R. Martin


density is home ?

master 1, semestre 7, 2013 CĂŠcile Graindorge, Louis Paillard


Habiter le ciel et l’eau l’urbain dans la nature

Lorsque l’on observe la ville de Stockholm, la première image que l’on se donne est celle d’une communion avec la nature. Si l’eau est très présente en cette région, la végétation quant à elle semble omniprésente. Là où les bâtiments montent plus haut au ciel, là où les dimensions apparaissent brutales, le sol est de qualité, l’espace public, généreux dans l’usage au quotidien du citadin. Les nombreux parcs atténuent le tremplin de densité urbaine. En cette contrée, il semble que ca soit la ville qui tient lieu dans la nature et non l’inverse.

103


Plus dense la ville

construction d’un complex à Marievik, Stockholm pour accueillir plus de 500 logements dans un quartier en mutation. Ce qui a conduit le travail de ce semestre n’est autre que le terme «Densité» auquel il a fallu y mêler qualité de vie et d’usage pour un espace urbain à fort potentiel. Aussi, une telle quantité de logements sur 1.2 ha nous incite à repenser la manière d’habiter la ville en hauteur, à proximité de services et d’équipements en transport en commun. A partir d’un plan de masse réalisé à 4 étudiants, nous sommes parvenus à décliner le projet par l’assemblage de tours de base rectangulaire, accueillant des logements en simplex et duplex. Elles sont bordées par de grandes terrasses, protégées de l’extérieur par une surface composée de panneaux d’acier et de bois. De par leur matérialité mais aussi le jeu de hauteur des tours, se dessine au lointain un paysage évoquant les collines de Stockholm. Les premiers niveaux sont dédiés aux commerces, équipements culturels et scolaires, restauration, dans la continuité de l’espace public et des quais. Au regard d’une telle densité d’habitations pour une faible surface, le parti pris relève d’un aménagement d’espace public de qualité. La dimension du végétal est ainsi abondant tel un paysage mis en scène au bord des quais se reflétant sur le fleuve de l’Ärstaviken. L’eau s’imisce à l’intérieur de la parcelle sous forme de bassins pour climatiser et apporter convivialité et repos entre les bâtiments en retrait.

104


[document Anthony Vong]

105


106

L’espace du sol bénéficie d’un aménagement de qualité. La végétation généreuse aux bords des quais s’infiltre entre les logements en un cœur de voisinage intime. La minéralité du sol témoigne d’une géologie où la roche est abondante à Stockholm. [document Anthony Vong]


107


108

[documents Anthony Vong]


109



Complexe de synapse, structure de diffusion de l’information neuronale dans les surfaces cellulaires


situations extrêmes * la ville à faire

licence 2, semestre 3, 2011 Freddy Bernard, Michel Berthreux, Stéphane Lagré * master 1, semestre 8, 2014 Gilles Bienvenu, Elise Roy


Représentations urbaines Nantes 2050 L

a ville se révèle en un véritable système de déplacements qui se rencontrent et se dérobent dans les innombrables artères. A ces circulations individuelles et collectives s’ajoutent des services complémentaires qui tendent à se rapprocher le plus des composantes humaines. Transports, informations, communications, énergies, commerces et complexes hôteliers, habitat partagé. Que ça soit à la périphérie ou à l’hyper-centre urbain, l’homme sera connecté aussi rapide qu’il soit aux différentes stations urbaines. Ce projet de licence a été croisé à l’enseignement de master ‘‘la ville à faire’’ mêlant fiction, média et grand projet. La forme écrite de l’article et le sujet étudié visaient à porter un regard critique sur les études urbaines audacieuses et leur présentation, autour de nouveaux modèles telle que la smart city. Ici, le geste architectural et la technologie associée, où temps, déplacements et objets connectés apparaissent de plus en plus optimisés, rendent la ville, toujours plus ancré dans le progrès, moins humaine.

113


Hybrid’urbain

simulation et diagnostic du système urbain de la métropole nantaise Le projet vise à fluidifier et répartir les diverses fonctions du territoire prenant en compte les 380 000 déplacements supplémentaires par jour en 2050. L’infrastructure créée s’appuie sur l’épaisseur de voiries et le squelette urbain bien présent et performé par le réseau TAN. L’approche de ce projet se veut à la fois conceptuelle et chirurgicale, s’inspirant du système nerveux et de la diffusion de l’information. Parcours et rencontre des flux s’expriment à travers une infrastructure repensée et optimisée dans le tissu urbain. De nouveaux points d’échanges sont créés aux espaces les plus stratégiques et dynamiques. L’ensemble intégrant les stations de transport rapide, services publics, espaces du numérique et partage des savoirs, hébergements, restaurations, etc, s’étire dans la ville dans un mouvement d’expansion organique à partir de la Tour Bretagne. Hypercentre métropolitain nantais, ce cœur métabolique abrite tous les flux nerveux qui viennent converger et se redistribuer à l’ensemble de la surface métropolitaine. Cette rencontre neuronale s’opère de fait en une interface des programmes vitaux au système, véritable HUB entre une multitude de réseaux. Ce travail présente une réflexion de situation extrême du modèle urbain de demain, où les mode de transports rapides, le numérique et les flux du quotidien font de la ville un univers intense. La dimension critique visée ici, une société où prime l’anonymat, l’individu écrasé par le poids du progrès.

114


H����������:

Stratégie & Design Morphogénétiques

Article présenté à l’atelier ‘‘la ville à faire’’, inspiré de la revue Architecture Digital.

115


Diagnostic de la Métropole Nantaise 6ème ville de France, la métropole constitue plus de 800 000 habitants, avec 24 communes urbaines, connectées à la plupart des métropoles françaises. De part son attractivité culturelle, économique, tertiaire et étudiante, la métropole nantaise ne cesse d’accroître sa part de population, attirant chaque année 4 000 habitant.1 Or, le centre et méta-centre urbain sont désormais saturés d’occupations bâties, les espaces de circulations en transports publics et douces présentent des conflits de partage des usages et la Ville constate une forte congestion humaine. S’y ajoutent la forte demande en services et équipements public in situ, tout en assurant une réduction du temps de trajets. L’enjeu politique du développement de la métropole est de reprendre la maîtrise de son territoire, éviter toutes constructions hors métropole, étalement urbain, tout en veillant à compléter son territoire, construire la ville sur la ville. Par la saturation en services et activités dans le cœur métropolitain, Nantes porte le concept de fluidifier et répartir les différentes fonctions urbaines-métropolitaines dans l’ensemble du territoire. Vivre à 800 000 habitants en 2050 impose d’avoir des équipements diversifiés et complétés à la mesure. Le devenir de la métropole est alors d’accepter la construction de logements aussi audehors du cœur nantais s’intégrant aux espaces libres ou peu fabriqués, incorporés à des équipements publics et offres programmatiques qui complètent ceux présents dans la ville-mère. Avec 440 100 emplois, les dynamiques économiques récentes de l’agglomération ont été accrues : entre 1999 et 2013, Nantes Métropole a accueilli 6 100

116

Diagnostic de l’état des déplacements en 2050 A droite: Cartographie numérique de la saturation des réseaux sans intervention morpho-urbaine. Impact des transports privés sur l’environnement métropolitain et modélisation des points de conflits usuels révélant les imperfections de la ville future et le rallongement des durées de trajets.

Développement des emplois en périphérie et cœur métropolitain

Développement des emplois dans le c centre-villes et centre-bourgs


cœur,

Un développement prioritaire du cœur d’agglomération, accompagné d’un maintien des centralités

Un développement à la fois du cœur de Nantes et des autres centres-villes et centres-bourgs

Un archipel de polarités (centres-bourgs, villages, quartiers… )

Notes emplois supplémentaires chaque année, se hissant ainsi 1. Source INSEE des Pays à la troisième place des métropoles françaises pour la de la Loire. 2 Lescréation emplois se développent dans les espaces dédiés Les emplois se développent dans le cœur de Nantes Les emplois se développent à proximité de l’habitat d’emplois. 2. Rapport d’études en périphérie et dans le cœur d’agglomération et dans les centres-villes et centres-bourgs dans l’ensemble des quartiers -MAVILLEDEMAIN- Inventons L’agglomération nantaie affiche un poids économique la Métropole Nantaise considérable dans ses relations internationales et s’affiche 2050. en une vitrine de la métropole française à l’étranger. Elle est par l’occasion la première ville à bénéficier d’une infrastructure de cet ampleur, première ville à avoir réintroduit le tramway, première ville française à développer et expérimenter un transport rapide aérien en site propre.

R «ville à taille humaine» 5 min en vélo 5 min à pied

Quartiers, «villages urbains»

Habiter et travailler dans les polarités et centralités

Préserver les capacités d’accueil industrielles et logistiques dans l’agglomération Espaces d’activités et de services Grands centres industriels et logistiques

Immobilier tertiaire métropolitain

Centres-villes et centres-bourgs

Valoriser et développer l’économie de la connaissance et de la recherche

Établissements d’enseignement supérieur, de recherche, pépinières… Université, CHU, Chantrerie, Quartier de la création, IRT, Cyclotron…

Proximité emplois et habitats dans les quartiers

Organisations urbaines et activités de Nantes - Visions prospectives Développement prioritaire du cœur de l’agglomération compte tenu des orientations déjà décidées (PLU, PLH, PDU, PCT), accompagné d’un renforcement de centralités et archipel de polarités. A gauche: le réseau s’articule autour du cœur de nantes et des centres, points de connexions voitures/transports collectifs.

Le centre et métacentre urbain sont saturés d’occupations bâties, les espaces de circulations en transports publics et douces présentent des conflits de partage des usages, autour d’une forte congestion humaine.

D’ici 2050, ce seront entre 300 000 et 380 000 déplacements supplémentaires par jour qu’il faudra prendre en compte, l’enjeu étant de réduire considérablement le nombre de déplacements individuels motorisés. Les modes alternatifs pourraient représenter entre 70% et 75% des déplacements, dont 45% à 60% pour les transports collectifs. L’objectif est de construire une ville à la circulation exemplaire, stratification des usages. Sont ainsi développés le transport en commun rapide aérien, confortant les 3 lignes de tramways, et les circulations douces (vélos et piétons) sur la nouvelle infrastructure. La mobilité en vélo constituera 30% de la part modale en 2050 contre 10% aujourd’hui, avec la création de 50 stations en plus, soit au total 155 stations Bicloo, sur 500 km d’aménagements cyclables dans l’agglomération dont près de 150 dans le cœur urbain de Nantes. L’espace public au sol se transforme entièrement en un espace libre, dépourvu de toute circulation automobile - restriction à 30% pour 2050 jusqu’à éradication. Le cœur urbain demeure un lieu de vie où coexistent commerces, lieux de divertissement, travail et recherche, ainsi qu’habitations. Les résidents peuvent désormais se rendre plus facilement aux différents points de rencontre dans leur journée, au gré de leurs usages.

117


Process formel & architectural

‘’La ville, en tant que mécanisme, n’est donc rien d’autre qu’un labyrinthe : une configuration de points de départ, de points terminaux, séparés par des obstacles’’... La mobilité ne sera pas celle du bâtiment, mais celle de l’usager auquel une liberté nouvelle est conférée.

118

L’étude et l’architecture de l’infrastructure porte en intelligence la séparation des usages quotidiens des habitants. Se déplacer à pied, en vélo, en tramway ou en métro, tous ces différents mouvements autrefois entremêlés dans le chaos seront désormais hiérarchisés, ramenant l’ordre à la ville. A l’image de Yona Friedmann et de ses structures spatiales surélevées sur pilotis à l’imbrication des volumes habités alternés avec d’autres non utilisés, l’hyper-structure enjambe à la fois les voiries reconverties en espaces piétons et traversées des transports en commun ‘’terrestres’’, les zones non aedificandi (Loire et l’Erdre). Elle s’opère dans le tissu urbain, lui renforçant sa densité, et se dérobe jusqu’à la limite périphérique de la métropole nantaise. Cette seconde couche de la ville sur pilotis est une structure tridimensionnelle conçue à partir d’éléments treillis, pensée à fonctionner en une extension de l’espace du sol au ciel, le quartier, la rue, la promenade urbaine, les jardins, le fleuve. De ce fait, l’espace au sol sera, par le temps et l’essoufflement du transport individuel, entièrement utilisable par le piéton. ‘’La ville, en tant que mécanisme, n’est donc rien d’autre qu’un labyrinthe : une configuration de points de départ, de points terminaux, séparés par des obstacles’’.3


“Le bâtiment est mobile au sens où n’importe quel mode d’usage par l’usager ou un groupe doit pouvoir être possible et réalisable” déclare Friedman. L’architecture mobile signifie ainsi une architecture disponible pour une “société mobile”. Pour faire face à cette société mobile, l’architecte classique avait inventé “l’Homme moyen”, et les projets des architectes des années 50 furent faits, selon Friedman, pour satisfaire cette entité fictive, et non pas pour chercher à satisfaire l’usager réel. Aujourd’hui les architectes mettent en exergue l’application d’un nouveau paradigme émergeant dans la société contemporaine existante. “L’usager réel doit se retrouver et pour ainsi dire se refléter dans l’architecture qui lui est destinée. L’architecture Connecting incarne par dessus tout la condition de l’homme, qui s’illustre non par des actes résiduels, éparpillés sur l’ensemble de la

surface membranaire, la métropole, mais par le mouvement, mise en scène de sa vie!”.3 De ce système universel, City’brid vient s’adapter à l’existant de la ville. Parce que Nantes possède une épaisseur suffisante de voiries et par le squelette urbain déjà bien présent et performé par le réseau TAN, le projet s’insère naturellement dans le tissu urbain. La ville n’a plus qu’à se laisser développer de l’intérieur, à la restructuration de son plan de circulations collectives et partagées par les individus. L’infrastructure de la connexion urbaine prouve une nouvelle fois, dans ce collage par stratification, sa performance de catalyseur pour la régénération de l’urbanité et la genèse d’une nouvelle forme de la ville. Véritable artefact de la mécanique architecturaurbaine, l’approche de la méta-ville connectée auprès du système naturel régit l’information de Notes 3. Yona Friedmann,1958 traité de “L’Architecture mobile” 4. Entretien auprès de Rem Koolhaas (OMA), le 23.06.2015

Les artères de Nantes, la nuit A gauche: Photographie depuis la Tour Bretagne, vision des artères de circulation dans le cœur métropolitain.

Imagerie par Résonance Magnétique A droite: Représentation de l’activité cérébrale dans la zone encéphalique à différents moments et usages de l’individu.

119


notre corps humain et la transmission de ses données. La ville pensée en une combinaison neuronale, synapses s’immisçant dans le puzzle urbain structuré par le transport en commun terrestre. Les déplacements en commun dans la métropole nantaise ne s’opèrent pas selon les mêmes intensités dans la durée et l’espace. L’activité des flux s’effectue en réponse aux usages des individus dans la journée, une intensité accrue à certains moments précis, notamment l’après-midi et le soir. Elle se propage de point en point, à l’intérieur de lieux majeurs à la vie citadine connectés entre eux, survolant parfois sur une longue distance les espaces présentant peu d’estime dans les usages. L’environnement métropolitain est composé d’un ensemble d’interactions humaines et sociales inégalement réparties sur son territoire, congestion

Imagerie microscopique A droite: Aperçu d’un complexe de synapse, structure de diffusion de l’information neuronale dans les surfaces cellulaires.

Illustration d’artiste d’un synapse Ci-dessus: Représentation de l’espace intersynaptique, zone de séparation des deux neurones et libération des neurotransmetteurs, à la rencontre des axones et des échanges vésiculo-synaptiques.

120

de l’ensemble des mouvements qui porte en discrimination certaines zones urbaines. A cet état des lieux problématiques, l’équipe projette comme réponse une canalisation et dilatation de ces flux, un remodelage urbain qui rééquilibre l’occupation de la ville. Ils déterminent ainsi les espaces urbains peu desservis en programmation et peu investis par les hommes, qui comportent pourtant un dimensionnement suffisant à la pratique citadine et métropolitaine. De fait, plusieurs configurations s’offrent. Rééquilibrer les zones en déperdition de dynamique urbaine, en lui appliquant une concentration humaine plus importante. La distance entre ces espaces à reconquérir et le cœur métabolique métropolitain n’apparaît en un problème majeur par la mise en service d’un réseau ultra-connecté et performant. De cause à effet, la congestion humaine au cœur de cité viendra se réguler, et s’alterner avec un ensemble de HUB Connecting dans la métropole nantaise.


L’environnement métropolitain est composé d’un ensemble d’interactions humaines et sociales inégalement réparties sur son territoire, congestion de l’ensemble des mouvements qui porte en discrimination certaines zones urbaines.

Imagerie Simulation IRM du cœur métropolitain Ci-dessus: Cartographie du centre, méta-centre et hyper-centre urbain, incorporant un ensemble de réseau-synapse dans les artères principales. Développement de ces éléments à partir des espaces inter-synaptiques.

Représentation virtuelle - Nantes 2050 Pour Nantes 2050, la politique urbaine mise sur une architecture audacieuse à l’image du rayonnement de la métropole dans le monde et le développement des transports rapides aériens en site propre. Le concept des architectes consiste en un système structurel répétitif sur l’ensemble du réseau de la TAN, un treillis se surélevant sur les lignes par le biais de pilotis, à l’image des recherches de Yona Friedmann. L’enveloppe, par l’utilisation du matériau composite associant la fibre de verre et le textile, participe à l’évanescence de la fluidité des circulations et du mouvement humain. L’impact de leur geste se révèle en un phénomène de distorsion de la trame structurelle dans l’espace de vie des habitants, illustration de la rencontre des flux quotidiens des usagers. La maîtrise de l’outil numérique se prête au dessin de l’infrastructure, à l’expérimentation architecturale et l’ouverture sur la ville, associées aux techniques de production 121


composition programmatique Ci-dessus: Axonométrie des différents niveaux de programme de l’infrastructure.

Évanescence de la fluidité du mouvement humain

non standard pour définir de nouvelles modalités constructives. Signal architectural fort en interaction avec son contexte, cette méga-structure fluide et hybride se déploie en trois excroissances métaboliques tout droit sorties de l’univers du virtuel. L’ensemble intègre les stations de transport rapide, services publics, espaces du numérique et partage des savoirs, hébergements temporaires, associés à la restauration, logements partagées, s’étire dans la ville dans un mouvement d’expansion organique à partir de la Tour Bretagne. Hypercentre métropolitain nantais, ce cœur métabolique abrite tous les flux nerveux qui viennent converger et se redistribuer à l’ensemble de la surface membranaire. Cette rencontre neuronale 122

s’opère de fait en une interface des programmes vitaux au système, véritable HUB, gare de transit entre les différents réseaux, côtoyant des espaces d’activités de proximité. La forme résulte d’une combinaison des technologies numériques et de l’analyse de l’environnement naturel participant à l’identité du monde. Elle est pensée en une cavité creuse, à l’image des canyons, dont les stratifications - sédimentations soulignent les différents étages et activités, et viennent amplifier l’écho sonore qu’apporte la foule humaine. Depuis l’intérieur de ce noyau fonctionnel, la Tour Bretagne émerge en un symbole de la centralité, un appel métropolitain affiché en une hybridation à la méga-structure, processus de fusion entre image, matière et information.


Ci-contre: Intérieur du noyau métabolique, station HUB de l’infrastructure à l’architecture des canyons, véritable congestion humaine.

L’impact se révèle en un phénomène de distorsion de la trame structurelle dans l’espace de vie des habitants, illustration de la rencontre des flux quotidiens des usagers [...] pour y inscrire de nouveaux points d’échanges, à l’accumulation et décongestion des entités artérielles.

123


124


Gotham City, la ‘‘New-York at night’’ L’univers des comics Batman Bob Kane & Bill Finger


forme de ville, fabrique d’urbanitÊ

master 1, semestre 8, 2014 Laurent Devismes, Elisabeth Pasquier


La ville en

déclin

le réel par la fiction ‘‘

La ville dessinée s’entend dans ce regard porté vers l’architecture, la représentation de l’Histoire dans la ville, le design, les débats d’idées, les métropoles vues comme des icones modernes de notre temps. L’époque actuelle semble en froid avec le discours de l’utopie, mais son désir de respirer dans de nouveaux espaces, réels ou imaginaires, reste très vivace... [...] les images et les rêves se répondent, et se confondent parfois.’’ Exposition Archi & BD, la ville dessinée, Cité Chaillot, Paris.

La ville, réelle ou fictive, développe une incroyable fascination pour son histoire, son passé, son avenir. Elle nous interpelle tant par la beauté de sa prospérité que celle de son déclin. Elle est avant tout la représentation de la société dans laquelle tout homme vit. Les ouvrages, les peintures, les films la dépeignent constamment car elle incarne ce souci de la réflexion, de l’inquiétude et du désir que nous avons tous sur notre société. A cela, il convient d’explorer la condition de la ville à travers le cinéma, notamment à l’ère de la société industrielle ; le récit par la bande-dessinée, illustration la plus à même de mettre en avant la ville moderne et rationnelle où l’homme devient l’objet de son espace urbain.

127


Gotham City

La sublimation de la ville sombre et stupéfiante

New-York, ville cosmopolite tantôt sujet à l’activité débordante de l’ensemble de ses citoyens la faisant fonctionner et vivre, tantôt sujet à une face sombre, baignée dans la criminalité et l’insécurité où chaque promenade dans la rue est un risque qui s’agrandit dans votre perte. Cette New-York at night est notamment dépeinte dans le film de John Carpenter - NewYork 1995 - où, dans un avenir proche, l’augmentation du crime aux États-Unis conduit les autorités à transformer la ville en une véritable citadelle de prisonniers, la liberté devant d’emblée un symbole révolu et rejeté dans ce nouvel univers. New-York at night est cet aspect de la cité qui nous effraie par la crise des classes, la ville d’en-haut oisive et la ville d’en-bas sujette à la misère et au fort taux de criminalité. Mais dans un autre sens, elle nous fascine, car la ville contient aussi cette face obscure. Batman est une des fictions les plus influencées par l’architecture, se déroulant quasiment uniquement dans la ville de Gotham. Les premières images au bout des quelques pages des comics, ou bien des visionnages des séries télévisés nous interpellent par la ressemblance étrange de la ville de Gotham à celle de New-York ou Chicago, des villes où la finance et l’économie sont la puissance de leur développement d’un côté et de leur déclin d’un autre, par la ségrégation sociale et l’atteinte à la juste morale. Mais chaque ville, réelle ou fictionnelle, possède un caractère unique qui se définit par sa géographie et son histoire. Plus qu’un simple résultat de la dimension matérielle de l’architecture et de l’urbanisme, les villes sont aussi empruntes d’une dimension bien plus immatérielle et universelle, un reflet de la conscience de ses habitants. Reflet certes, mais aussi l’origine même de la conscience collective de sa population, de sa culture, Gotham City est la représentation et la genèse de Batman. 128


Gotham City est une ville sombre, incarnation de la paranoïa collective de l’urbain à l’architecture vertigineuse baignée d’une atmosphère étouffante.

129


130

Illustration d’Anton Furst pour le film Batman de Tim Burton. On retrouve l’inspiration de l’univers de Metropolis, icône de la sciencefiction urbaine.


131


Peuplée de mafias, de gangs violents et institutions corrompues, elle est le lieu de la perdition et de l’incivilité. Elle est entre autre l’illustration que nous avons des peurs urbaines, réunies sur trois îles métropolitaines (Uptown, Midtown et Downtown), raison pour laquelle sa mise en scène ne s’opère que la nuit, très peu de scènes se passant la journée, ce qui augmente l’atmosphère étouffante de la ville. Parce que les villes semblent souvent plus dangereuses et effrayantes la nuit où les hommes deviennent plus violents, rendus à leur nature plus sauvage. Depuis ses débuts, Gotham city est ainsi représentée comme la New-York at night, l’ombre de la prospérité urbaine, source de criminalité et de corruption, d’insécurité et d’insalubrité, des conditions qui ont aidé à la formation des banlieues américaines, quartiers à l’extérieur des villes. Toujours dessinée comme une ville sombre, peuplée de cimetières, de gargouilles, de ruelles et d’asiles, Gotham est un cauchemar, une métropole distordue qui corrompt l’esprit de ses habitants. Pour ainsi dire, la ville enferme cette antinomie entre sa nature réelle la nuit, la représentation de que les hommes ont suscité, produit, la part la plus extrême et sauvage de la civilisation dans un monde qui s’est artificialisé, s’en étant pourtant détaché, et l’univers dans lequel s’activent ces individus la journée. Elle vient mettre en exergue la superficialité à travers notre civilité et notre culture, que la construction de nos sociétés et la sûreté de notre architecture ont suggérée et imposée.

132


Travaillée et construite à l’image trop moralisatrice, la ville va agir moralement sur ses citoyens et sur le personnage principal, Batman, né de ces formes perverses.

133





Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.