Voyageurs en Europe Centrale et dans les Balkans

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VOYAGEURS EN EUROPE CENTRALE & DANS LES BALKANS

PAYS-BAS — ALLEMAGNE POLOGNE RÉPUBLIQUE TCHÈQUE

SLOVAQUIE — HONGRIE — AUTRICHE — SUISSE — SLOVÉNIE CROATIE BOSNIE-HERZÉGOVINE — MONTÉNÉGRO — SERBIE ALBANIE — MACÉDOINE DU NORD & KOSOVO — ROUMANIE — BULGARIE

voyageursdumonde.com

Les Cités des Voyageurs

Paris 2e

55, rue Sainte-Anne

+33 (0)1 42 86 16 00

Bordeaux

28, rue Mably

+33 (0)5 57 14 01 48

Bruxelles

23, chaussée de Charleroi

+32 (0)2 543 95 50

Genève

19, rue de la Rôtisserie

+41 (0)22 519 12 10

Grenoble

16, boulevard Gambetta

+33 (0)4 76 85 95 90

Lausanne

Rue-de-Bourg, 6

+41 (0)21 519 10 65

Lille

147, boulevard de la Liberté

+33 (0)3 20 06 76 25

Londres

First Floor

111 Upper Richmond Road, Putney (SW15 2TL)

+44 (0)20 7978 7333

Lyon 2 e

5, quai Jules-Courmont

+33 (0)4 72 56 94 56

Marseille 1 er 25, rue Fort-Notre-Dame

+33 (0)4 96 17 89 17

Montpellier

8, rue du Palais des Guilhem

+33 (0)4 67 67 96 30

Montréal

295, rue de la Commune Ouest

+(1) 514 722 0909

Nantes

13, rue du Moulin

+33 (0)2 40 20 64 30

Nice

4, rue du Maréchal Jo re

+33 (0)4 97 03 64 64

Québec

540, rue Champlain

+(1) 418 651 9191

Rennes

31, rue de la Parcheminerie

+33 (0)2 99 79 16 16

Rouen

17-19, rue de la Vicomte

+33 (0)2 32 10 82 50

Strasbourg

16, rue Sainte-Barbe

+33 (0)3 88 15 29 48

Toulouse

26, rue des Marchands

+33 (0)5 34 31 72 72

Voyageurs en Allemagne 01 83 64 79 46 /Autriche 01 49 26 94 74

Balkans (divers) 01 55 42 78 42 / Croatie 01 83 64 79 48

Hongrie, République tchèque, Pologne 01 55 42 78 42

Monténégro 01 83 64 79 36 / Pays-Bas 01 42 86 16 00

Slovénie 01 83 64 79 37 / Suisse 01 84 74 37 26

Retrouvez toutes nos idées de voyage sur voyageursdumonde.com

L’Europe centrale est un strudel. Les Balkans, le raisin de Corinthe sur le gâteau. De cette spécialité pâtissière, on pense deviner les ingrédients : une belle dose de géographie alternant plats pays, forêts primaires, crêtes vertigineuses, delta du Danube et criques de l’Adriatique. Plus faramineuses encore, les couches d’histoire et de cultures qui ont façonné cette région continentale: peintres flamands, philosophes allemands, compositeurs autrichiens… Et alors qu’on les imagine figées dans un classicisme sirupeux, ces entités vous saisissent par la fraîcheur de leurs personnalités, celles, entre autres, de notre sujet “Europop !”, page68, où l’on apprend qu’Andy Warhol avait du sang slovaque. Surprise jubilatoire du voyageur qui s’attend à trouver uniquement les façades rose bonbon vues dans Grand Budapest Hotel (un lieu bien réel à la frontière allemano-tchéco-polonaise) et tombe des nues devant l’architecture de nouveaux refuges suisses.

Et de celui criant au surtourisme en Croatie, et qui entend l’écho répondre Monténégro ou Albanie.

Belle à toutes saisons, adaptée au voyage en train, cette Europe-là est décidément très inspirante.

JEAN-FRANÇOIS RIAL

Pdg de Voyageurs du Monde

1 édito

4

Cartographie

L’Europe centrale et les Balkans en un clin d’œil.

6

L’esprit

Voyageurs du Monde Notre façon d’envisager le monde.

8

Les services

Nos attentions pour voyager en toute fluidité.

12

Book lovers

Une sélection des libraires Voyageurs du Monde

14

Portfolio

La minorité pomak de Bulgarie, sous l’œil du photographe Mathieu Richer Mamousse.

22

Magazine – Pays-Bas

Eindhoven, pôle créatif des plus attirant, accueille de nombreux hubs foisonnants et réjouissants, dont celui du designer Piet Hein Eek.

28

L’Allemagne

Des paysages qui subjuguent, des métropoles vibrantes et quelque vingt mille châteaux…  Rencontre avec une terre d’artistes et de légendes.

34

La Pologne

Direction Varsovie et Cracovie, pour humer la vitalité nouvelle d’un pays tourné vers l’avenir.

38

La République tchèque

Vignes, thermes, styles Renaissance ou baroque… : un concentré d’émerveillement.

42

La Slovaquie

Du château perché de Bratislava au massif spectaculaire des Tatras, la Slovaquie atteint des sommets…

44

La Hongrie

Élan créatif de Budapest, la capitale, vignes du Balaton, Danube : la Hongrie sait se montrer moderne et séduisante.

© Nick Prideaux/Connected Archive

Sommaire

Voyageurs en Europe centrale & dans les Balkans

48

L’Autriche

Vienne bouscule les codes sans renier ses classiques ; quand la Carinthie et le Tyrol cultivent un art de vivre “nature”.

58

Magazine - Autriche Artiste rom et rescapée

des camps, Ceija Stojka (19332013) a su créer, à travers l’écriture, puis la peinture, une œuvre contre l’oppression et le silence.

62

La Suisse

En train, traverser la Suisse, celle des villes et des champs, et voir défiler par la vitre des panoramas émouvants.

68

Contre-culture

Un condensé de génies pop, visionnaires et hauts en couleur.

72

La Slovénie

Un cœur slave, latin et germanique. Une terre verte, alpine et méditerranéenne, sillonnée de milliers de kilomètres de pistes cyclables et de sentiers.

80

Magazine – Slovénie Cheffe autodidacte, Ana Ros a épinglé son pays natal sur la mappemonde culinaire.

84 La Croatie

Destination prisée, elle réserve encore, dans l’intimité de sa côte lumineuse et de ses terres champêtres, une bonne part d’inattendu.

96

La BosnieHerzégovine

Une mosaïque culturelle qui invite à plonger dans l’histoire tumultueuse des Balkans.

98

Le Monténégro

Une “Montagne Noire” qui fait les choses en grand et brille de ses multiples influences culturelles.

104

La Serbie

Belgrade, Subotica, Novi Sad : le territoire distille ses charmes antiques tout en s’inscrivant dans le présent.

106

L’Albanie

Pleine de contrastes, l’Albanie se découvre du nord au sud, de villes séculaires en lieux modernes.

110

La Macédoine du Nord & le Kosovo

Deux pays d’ex-Yougoslavie à l’important patrimoine naturel et culturel, arrosé d’une ambiance cosmopolite.

114

La Roumanie

Aux confins de l’Europe, la Roumanie, complexe, souvent dépréciée, intrigue avant de fasciner.

118

La Bulgarie

Entre nature vigoureuse et histoire millénaire, le pays, confidentiel, sait se faire aimer.

120

L’usage du monde

Dix mots ou expressions pour un voyage mémorable en Europe centrale et dans les Balkans.

Manche

Sylt

Mer du Nord

Kiel

Mer Baltique

Ahrenshoop

Lübeck Rostock

Hambourg

Leeuwarden Brême

PAYS-BAS

Berlin Amsterdam

Utrecht

Rotterdam

Eindhoven

Hanovre

ALLEMAGNE

Dortmund

Düsseldorf

Cologne

Bonn

Francfort

Mannheim

Freibourg

Stuttgart

Zurich Bâle

Berne

Szczecin

Leipzig Dresde

Karlovy Vary

Prague

Marianske Lazne

Telc

Nuremberg

RÉP.

Cesky Krumlov

Linz

Munich

Alpbach

Salzbourg

AUTRICHE

Lucerne

Interlaken

SUISSE

Lausanne Montreux

Neuchâtel Zermatt

Innsbruck

Saint-Moritz Genève

Cartographie

Patergassen

Klagenfurt

Bled Bovec

Kobarid Dobrovo

Ljubljana

SLOVÉNIE

Piran

Secovlje

Motovun

Rjeka Rovinj

CROATIE

îles Kornati

Mer Méditerranée

Gdansk

Poznan

Malbork

Torun

Wroclaw

Mikulov

Ostrava

Bialystok

Varsovie

Lodz

POLOGNE

Czestochowa

Katowice

TCHÈQUE

Brno Slavkov

Lublin

Cracovie Sanok

Zilina

SLOVAQUIE

Nitra

Vienne Bratislava

Kofice

Miskolc Tokaj

Debrecen

Budapest

Lac Balaton

Graz Tihany

Klagenfurt

SLOVÉNIE

Zagreb

CROATIE

Zadar

Kornati

HONGRIE

Vukovar Sisak

Banja Luka

Ibenik

Brac

Tuzla

BOSNIE

Sarajevo

Split Bol

Hvar

Korcula

Quelques repères

• Vol Paris-Berlin ou Paris-Ljubljana, sans escale : environ 2 heures

• Train Paris-Vienne, avec deux correspondances : environ 10 heures

• Point culminant des Balkans : le mont Moussala, à 2 925 mètres d’altitude

• Devises : si l’euro est largement présent, certains pays d’Europe centrale et des Balkans composent encore avec leur monnaie historique. La Pologne a le zloty (PLN), la République tchèque la couronne (CZK), la Hongrie le forint (HUF), la Suisse le franc (CHF), la BosnieHerzégovine le mark convertible (KM), la Serbie le dinar (RSD), l’Albanie le lek (ALL), la Macédoine le dénar (MKD), la Roumanie le leu (RON), la Bulgarie le lev (BGN).

Maramures Bucovine

Puszta

Oradea

Arad

Timisoara

Novi Sad

Belgrade

Cluj-Napoca

Targu-Mures Sighisoara Valenii

ROUMANIE

Brasov Bran

Lasi

Bucarest

SERBIE

MONTÉNÉGRO

Podgorica

Dubrovnik

Mer Adriatique

Durrës

Pristina

KOSOVO

Craiova

Galafii

Braila

Montana Lovetch Veliko Tarnovo

BULGARIE

Sofia

Skopje

Tirana

Berat

ALBANIE

Gjirokastër

Saranda

Plovdiv

Tulcea

Constanfia

Varna

Bourgas Sozopol

Mer Noire

AUTRICHE
DU NORD
MACÉDOINE
HERZÉGOVINE
Mer Égée

250

Chaque jour, nos conseillers spécialisés par pays ou par région créent des expériences uniques, doublées d’une pléiade de services haut de gamme. Aborder le monde par son envers, dévoiler le véritable visage desdestinations, composer des voyages personnalisés selon les envies de chacun : tel est l’esprit de Voyageurs du Monde.

conseillers passionnés, formidables source d’inspiration. Pays-Bas (4), Suisse (4), Autriche (10), Allemagne (6), Pologne (3), République tchèque (7), Roumanie (3), Hongrie (2), Croatie (11), Bulgarie (2), Monténégro (10), Serbie (4), Bosnie (5), Albanie (3)…

142 concierges à travers le monde pour veiller sur vous et exaucer vos souhaits.Chaque destination d’Europe centrale et des Balkans en compte au moins un.

0

26

100 %

carbone neutre

La totalité des émissions de CO2 liées à nos voyages est absorbée grâce à divers projets de reforestation dans le monde.

di érence. Le budget que vous fixez avec votre conseiller sera respecté au plus juste. Une fois votre devis validé, aucuns frais supplémentaires ne sont à prévoir.

2 700

arbres plantés chaque jour: une action parmi les nombreux projets environnementaux et humanitaires soutenus par notre fondation Insolite BâtisseurPhilippe Romero.

19

nationalités représentées chez nos salariés. Une façon d’insu er une vision du monde respectueuse des di érences culturelles.

120

pays, des grands classiques aux régions plus confidentielles, Voyageurs du Monde peut vous emmener partout sur la planète.

Cités des Voyageurs : 13 en France, 2 en Suisse, 1 en Belgique, 1 à Londres et 2 au Canada. Des lieux accueillants où le voyage commence déjà.

maisons Voyageurs qui racontent chacune une part de l’histoire du pays. Le Steam Ship Sudan et la Flâneuse du Nil en Égypte, la Villa Bahia au Brésil, la Villa Nomade à Marrakech et la Satyagraha House à Johannesburg.

6 invitation au voyage

Voyageurs

en

Europe centrale & dans les Balkans

Conciergerie francophone

Installés à destination, toujours joignables par téléphone et messagerie instantanée, nos concierges francophones sont une aide précieuse dans des pays qui peuvent parfois s’avérer déroutants. Réserver un billet de train, lameilleure table, trouver une idée cadeau, démêler une situation administrative…: ils ne sont jamais à court.

Like a friend

C’est l’ami(e) que l’on aimerait avoir aux quatrecoins du monde. Un(e) local(e) qui connaît les lieux comme sa poche. À ses côtés, on entre par les coulisses et sans perte de temps: les ateliers des jeunes designers viennois, lesderniers lieux culturels de Zagreb, les adresses gourmandes de Prague… C’est surtout l’occasion privilégiée d’échanger et d’avoir sous les yeux un vrai visage du pays.

© Nathalie Lété

Les services Voyageurs du Monde

Ring the bell

Réserver la bonne table, obtenir une visite privée, trouver une baby-sitter: notre conciergerie francophone locale répond in situ à vos envies. Son rôle est aussi d’anticiper vos attentes et de vous suggérer des idées.

Like a friend

Un(e) habitant(e) des lieux propose une balade informelle, adaptée à vos centres d’intérêt. Partageant conseils et bonnes adresses, vous êtes informé sur les mœurs locales. Un moment décontracté et enrichissant.

Fixeur

Destiné à apporter un éclairage pointu (politique, religieux, économique, social) sur la destination, ce correspondant local vous ouvre les arcanes du pays.

Pour un voyage ponctué de rencontres rares, obtenues grâce à un solide réseau.

Zéro carbone

Pour lutter contre le réchau ement climatique, Voyageurs du Monde participe à des projets de reforestation qui permettent l’absorption carbone sur la totalité des voyages.

Assistance 24/24

Jour et nuit, quel que soit le décalage horaire, l’assistance vous aide à trouver une solution aux aléas logistiques, administratifs, médicaux, voire mécaniques. Avant le départ, vous pouvez échanger avec notre médecin Voyageurs.

Dans la poche

L’app Voyageurs du Monde reprend le déroulé jour par jour de votre voyage, et le détail de vos hébergements. Elle joue lesguides malins en compilant des adresses personnalisées et géolocalisées par genre (restaurants, boutiques, musées…).

8 invitation au voyage

9 invitation au voyage

Réservation de tables

Adresses gastronomiques ou spots préférés des locaux, Voyageurs du Monde anticipe et réserve votre table à l’avance. Des lieux testés et approuvés à retrouver sur l’app et dans votre carnet de voyage.

Wifi nomade

Même coupé du monde, rien n’interdit de communiquer. Sur certaines destinations, un mini-routeur wifi (ou une eSIM) est mis à votre disposition pour connecter jusqu’à 5terminaux au réseau (1GO/jour inclus).

Welcome !

Arrivée matinale ou départ tardif, Voyageurs du Monde négocie avec vos hôtels afin que vous obteniez/conserviez votre chambre à votre convenance. Sur certaines escales, une chambre à la journée peut être prévue.

Assurance dédiée

Gérer les problématiques d’assurances devient très vite insupportable lorsque l’on subit déjà le stress de l’incident. L’équipe dédiée Voyageurs du Monde s’occupe des démarches à votre place: réactivité, fluidité et “destress” garantis!

Départ simplifié

Pré-seating; cartes d’embarquement reçues la veille ; sur demande, enregistrement de vos bagages à domicile à Paris et dans le 92 (sur vol aller Air France et au départ de CDG uniquement) et transferts aéroports… : vos formalités réglées en un clin d’œil.

Fast-track aéroport

À Roissy-CDG, passage prioritaire (enregistrement, contrôles) inclus au départ pour les passagers de vols long-courriers (sur demande au retour). Notre assistance vous accompagne jusqu’à l’embarquement.

Accès aux salons lounge

Au départ de CDG, sur les vols éligibles, le lounge vous est ouvert. Un autre salon peut vous être réservé : les contrôles (police et sûreté) y sont e ectués en privé. Enregistrement, carte d’embarquement et accès direct au pied de l’avion sont organisés pour vous.

Miles cumulés

Chaque voyage réservé chez Voyageurs du Monde permet de cumuler des miles sur le programme Flying Blue. Un bonus de 1000 miles lors des trois premiers voyages et de 10000 miles à partir du quatrième.

© Kintzing

Le voyage désorganisé

Le quotient émotionnel

Décider en temps réel de la suite de son voyage, modifier son itinéraire le jour même, écourter une étape, en prolonger une autre, changer de cap : en Autriche, en Slovénie ou ailleurs, Voyageurs du Monde vous propose d’explorer un nouveau concept. En lien direct et permanent, votre conseiller et notre conciergerie francophone sur place vous assistent afin de concrétiser vos demandes, selon ce que vous ressentez (de positif ou négatif) à l’instant T.

© Ana
Kutija

Book lovers

Une littérature qui témoigne d’une grande diversité, constituée de classiques et de productions contemporaines. Des textes vivants et vibrants, à lire d’urgence.

Une sélection des libraires Voyageurs du Monde.

Roman – Pays-Bas

Dans les montagnes des Pays-Bas de Cees Nooteboom Actes Sud/Babel, 1994

Plus qu’un romancier reconnu et traduit dans le monde entier, CeesNooteboom est un poète, voire un thérapeute! Tant ses mots et son écriture ont le pouvoir de changer laperception de notre monde. La vie quotidienne est sa muse. Mais comme le Néerlandais, né en 1933 à La Haye, a eu la bonne idée de se rêver en nomade et de devenir un écrivain-voyageur, l’ennui n’est jamais au coin de la page. Si l’Asie du Sud-Est, lesCaraïbes, l’Indonésie et le Japon sont passés sous sa plume, il n’en délaisse pas moins l’Europe. Et ces Montagnes des Pays-Bas, conte de fées baroque, donnent à cet auteur majeur l’opportunité d’en revisiter la culture.

Cuisine – Pologne

Pierogi –Plus de 50recettes de délicieuses ravioles polonaises de Zuza Zak Hachette, 2023

L’ambition de cette cuisinière et conteuse est assumée: inciter lemonde à manger plus de produits d’Europe de l’Est(et centrale aussi)! À commencer par ces pierogi maison qu’elle “pimpe” en les sortant de la traditonnelle farce pommes de terre/fromage blanc. Dequoi se régaler à coup sûr !

Récit – Slovaquie Slovaquie,

par-delà

les frontières d’Andréa Salajova

Magellan & Cie, 2023

Il s’agit du troisième ouvrage écrit en français de cette autrice et cinéaste d’origine slovaque née en 1974 et installée en France depuis 1998. Elle y remet sur le métier le thème duretour au pays, déjà traité dans le roman Eastern, paru en 2015. Mais cette fois, le retour se fait, comme le titre le suggère, “par-delà les frontières”, avec la distance et lerecul permis par vingt-cinqannées passées dans l’Hexagone. Témoignage touchant sur la Slovaquie de son enfance, lelivre est aussi une bonne porte d’entrée sur l’histoire riche et passionante de ce territoire méconnu.

BD – Kosovo Retour au Kosovo de Gani Jakupi

Dupuis, 2014

Né en 1956 au Kosovo, l’écrivain, journaliste, jazzman, dessinateur et scénariste a quitté son pays natal pour n’y revenir que quelques années plus tard, après la fin des combats, en 1999. Comment dire l’après, l’indicible? C’est avec l’aide d’un autre dessinateur, JorgeGonzález, collaborateur du New Yorker, qu’il le fait, livrant ainsi un récit des plus poignant.

Nouvelles – Serbie

La Chronique

de Belgrade

d’Ivo Andric Éditions des Syrtes, 2023

Bien qu’éditées en 2023, ces nouvelles furent écrites au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. En1942, l’auteur, né en Bosnie-Herzégovine en 1892 et grandi dans une famille croate, avait déjà signé une autre chronique, celle de Travnik, relatant la vie de la capitale du pachalik de Bosnie de 1806 à 1814. Ce texte constitue l’un ses deux plus célèbres romans, avec LePont sur la Drina (1945). Dans LaChronique de Belgrade, l’humaniste, diplomate (de 1921 à 1941), combattant du nazisme, et député rend hommage à la ville qui avait accueilli, en 1918, le poète engagé qu’il était alors… et le Nobel de littérature qu’il sera plus tard, en 1961.

La librairie Voyageurs du Monde

Un passage obligé ! On y trouve tout pour préparer son voyage. Cartes géographiques, atlas, guides, albums photo, littérature d’aventure, polar, bd… Nos libraires passionnés sont là pour vous orienter et vous conseiller. 48, rue Sainte-Anne, Paris IIe

12 librairie

Culture à la page

Franz Ka a à l’honneur

Le 3 juin 1924, l’auteur, entre autres chefs-d’œuvre, de LaMétamorphose,de l’inachevé Procès et du Château, succombe, à l’âge de 40 ans, à la tuberculose. Une existence brève, animée par la justice sociale et la vérité, notamment. Une œuvre forte, parcourue par un sentiment d’étrangeté quasi permanent. Ce dernier puisant sans doute son origine dans l’appartenance même de l’auteur, issu de la communauté juive germanophone de Prague, dans un pays alors à majorité orthodoxe et de langue tchèque. Ka aïen, non ?

Ces fondations n’empêchèrent cependant pas Franz Ka a de devenir au cours du XXe siècle l’un des plus grands écrivains que la Terre ait jamais porté. Si l’homme est célébré partout dans le monde, Prague détient sûrement le plus grand nombre d’édifices érigés en son honneur. Il y a tout d’abord la statue en bronze signée Jaroslav Rona, haute de quatre mètres, dans laVieille Ville, près de la synagogue espagnole; celle du sculpteur David Cerny, représentant la tête de Ka a, composée de 42plaques de chromes mobiles, en plein centre-ville; surtout, il y a l’incontournable et très érudit musée Ka a, non loin du pont Charles, dans le quartier de Mala Strana… Tant et plus encore de lieux qui invitent àexplorer la capitale de la République tchèque. Ka a lui-même, bien que taciturne et réservé, nous aurait d’ailleurs enjoint à sortir hûmer l’air du temps, suivant ses mots : “La croissance de l’homme ne s’e ectue pas de bas en haut, mais de l’intérieur vers l’extérieur.”

© Nathalie Lété

POMAKS NOCES

Minorité slavophone de confession musulmane, les Pomaks ravivent un rituel ancestral interdit au temps du communisme. Durant deux jours entiers, en l’honneur des jeunes mariés, tout un village –ici, celui de Ribnovo, au sud de la Bulgarie–vibre au rythme des tambours et des danses folkloriques. Tenues chatoyantes des femmes, rubans recouverts de billets et montagne de cadeaux aimantent l’œil. Entre héritage culturel, frime et fête paillarde. Une célébration au cœur du sujet Pomak, un peuple aux traditions hors normes, photographié par Mathieu Richer Mamousse.

portfolio 14
© PHE
Upcyclée et sublimée, cette armoire est une pièce phare du designer Piet Hein Eek.

PIET HEIN EEK

LA DUTCH TOUCH

DURABLE

D’une ville industrielle peu réjouissante, Eindhoven s’est muée en un pôle de design européen des plus attractifs. Les anciennes friches ont vu éclore une école de renommée internationale, ainsi que des lieux créatifs initiés par des talents fondateurs, tel Piet Hein Eek.

23
magazine – pays-bas
© Lieve Eek

Dans ces hangars de 10000mètres carrés, le géant de l’électronique Philips a produit ses premières ampoules à filament. Idée lumineuse qui fera rayonner cette entreprise familiale, fleuron d’Eindhoven, à travers le XXe siècle, avant de s’éteindre aux portes de l’an 2000. À la place des chaînes de production, les hautes verrières de ce lieu phare du Strijp-R, un quartier situé au nord-ouest de la ville, abritent désormais le hub créatif de Piet Hein Eek. Voilà une quinzaine d’années que le designer a installé ici sa scierie et les stocks de bois, métal, verre, céramique, plastique –un ensemble de matériaux de rebut, de chutes– qui composent la matière première de son travail. “L’idée a toujours été de créer un espace reliant design, art et culture, dont l’atelier serait le cœur battant”, explique-t-il.

La ruche dans laquelle s’a aire une centaine de personnes est aujourd’hui encadrée de galeries, de salles d’exposition et d’espaces événementiels, mais également d’une vaste boutique, de trois restaurants, d’un bar et, plus récemment, d’un hôtel minimaliste. Des espaces sans réelle démarcation qui laissent libre de déambuler entre les meubles et les objets, d’observer leur conception et de repartir avec une pièce unique. Les grandes tables de la néocantine locavore, où le maître de maison est passé en cuisine pour relancer l’affaire après le Covid (“une expérience enrichissante”), mais aussi celles d’un restaurant basé sur la frite, le lobby de l’hôtel où l’on dîne allégrement: tout s’inscrit dans un concept créatif global. Au deuxième étage, les treize chambres personnalisées hébergent les œuvres d’artistes néerlandais et internationaux. On dort ici sous les installations de Sjimmie Veenhuis, là devant les photographies architecturales de Willem van den Hoed, les acryliques survoltées du Mexicain Daniel Ruanova.

L’

upcycling

, un fil conducteur

Les chaises, les luminaires… Tout porte la patte de Piet. Diplômé en 1990 de la Design Academy –une école désormais convoitée pour son approche bigarrée (art, architecture, design, mode), et véritable

pouponnière de talents-, le designer a fait de l’upcycling, un recyclage sublimé, sa marque de fabrique. Si, aujourd’hui, la conception d’objets à partir de matériaux réutilisés semble évidente, voire galvaudée, c’était loin d’être le cas il y a trenteans. La norme penchant alors vers le neuf et la production de masse. Aux côtés de Piet Hein Eek, de jeunes créateurs néerlandais, dont Renny Ramakers et Gijs Bakker s’intéressent alors aux objets du quotidien et aux matériaux issus de démolitions. En les détournant, ils font sensation au Salon du meuble de Milan de 1993, et initient le courant du Droog Design, un design “sec”, en néerlandais.

Des pièces iconiques

Ancré sous le ciel bas d’Eindhoven, travaillant de manière artisanale à partir des matériaux, des moyens et des personnes à disposition sur place, Piet Hein Eek n’a jamais cessé d’explorer ce design ressuscité. “Je me suis toujours intéressé aux matériaux considérés sans valeur. Récemment du bois récupéré dans une étable, largement abîmé par les animaux, s’est mué en bu et. La qualité, les défauts, l’histoire, les heures incalculables de travail font la beauté d’une pièce.” Résultat: des traverses de chemin de fer transformées en fauteuil club, des pièces de verre de Murano, oubliées dans une cave, remodelées en chandeliers, et du bois, toujours du bois. Présentées dès son projet de fin d’étude, son armoire Scrapwood, composée à partir de planches de chantier assemblées et laquées selon une technique originale de marqueterie, compte définitivement parmi les pièces iconiques du design néerlandais.

www.pietheineek.nl

VOYAGEURS DU MONDE

Virée design à Eindhoven, arty à Amsterdam, adresses repérées en campagne et sur les bords de la mer du Nord : Voyageurs du Monde vous propose une vision rafraîchissante des Pays-Bas.

24 magazine – design – pays-bas
© PHE
25 magazine – design – pays-bas
Dans ce hub créatif du Strijp-R, la patte de Piet Hein Eek est partout. Dans la conception des objets bien sûr, mais aussi dans le lieu même, véritable ruche qui réunit sur 10 000 mètres carrés atelier, boutique, restaurants et depuis peu un hôtel.
26 pays-bas 1

In the mood

Hier encore focalisé sur Amsterdam, l’intérêt pour les Pays-Bas atteint aujourd’hui Eindhoven, Rotterdam, Utrecht, Leyde, La Haye, Gouda et la romantique Delft. Bien sûr, la Venise du Nord reste un pôle d’attraction majeur. Lelong de ses canaux, la capitale néerlandaise allie un charme unique, douillet, à un design novateur, des boutiques pointues et des tables d’exception D’un coup de vélo, vous traversez le si mignon quartier de Jordaan et filez flâner vers Oud-West avant de vous attabler chez Gertrude, bistro à la déco antique et léchée La cire des bougies coule, les vases en cristal débordent de tulipes et vos fluitjes de bière locale. À quelques rues se trouve le musée Van Loon, coup de cœur pour les papiers peints et la cuisine de ce lieu historique Incontournable aussi: Our Lord in the Attic, une chapelle rose dissimulée dans le grenier d’une demeure du XVIIe siècle (Amstelkring Museum). À ne pas manquer, l’emblématique Rijksmuseum et le très contemporain Stedelijk Museum. Côté shopping, direction le quartier de 9 Straatjes. Pour dîner, c’est farm-to-table chez De Kas, uneinstitution étoilée.

À une heure de train, l’atmosphère déroutante de Rotterdam s’o re à vous: l’architecture futuriste de la Markthal, la créativité du musée Boijmans Van Beuningen… Retour au calme sur les plages de Zélande, plateaux d’huîtres dans une cabane de pêcheurs sous le regard envieux des phoques.

PLACE TO BE

À Amsterdam, loger au célèbre Pulitzer Hotel (1), dans l’une de ses 25petites maisons bordant les canaux. Àvingtminutes à vélo du centre-ville, le très ra né De Durgerdam permet une échappée dans la province hollandaise. Le soir, le restaurant De Mark propose une carte pensée par deux chefs de renom, Richard van Oostenbrugge et Thomas Groot. Délicieux. À Delft, envisager le très chaleureux hôtel Arsenaal.

27 pays-bas

L’Allemagne

FRANCFORT — BERLIN — AHRENSHOOP — SYLT — LÜBECK

HAMBOURG — BRÊME — MUNICH — NUREMBERG

Archipel des Tuamotu

RANGIROA — TIKEHAU — FAKARAVA — MANIHI

Aviateur, joueur de tennis, dandy, pionnier de la navigation, Alain Gerbault mena une existence des plus palpitante. Las, il fuit les mirages de la civilisation moderne, et passa du paradis des îles polynésiennes à l’enfer d’une fin de vie faite d’errances.

Blottis entre les contreforts des Alpes et les mers septentrionales, les paysages allemands subjuguent. Fallait-il que le pays s’orne en sus de métropoles vibrantes et de quelque vingt millechâteaux? Rencontre avec une terre d’artistes et de légendes.

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© Konrad Langer

Neues Berlin

Gare de l’Est, 19h12. Le train à destination de Berlin Hauptbahnhof se met en branle. Lesheures s’égrènent, les kilomètres aussi. C’est au niveau de la Forêt-Noire que le convoi s’introduit in Deutschland, où il remonte le long de la route des vins allemande. Au cœur de la nuit et de la Hesse, la locomotive ralentit à Francfort avant de repartir de plus belle: Thuringe, Saxe-Anhalt et, enfin, c’est le Brandebourg qui enrobe la capitale. Ilest 8 heures,Berlin s’éveille. La ville a cette nonchalance branchée des cités qui ne s’embarrassent pas d’avoir l’air chic –elle n’en a ni le temps ni l’envie. Laculture underground a pris le pas sur lasplendeur de bâtiments historiques devenus trop lisses. Il fallait se réinventer ou laisser sa place; la localité a opté pour la première option. Prenzlauer Berg le bohème, Kreuzberg l’alternatif, Mitte l’inévitable: les quartiers se suivent sans se ressembler. Révérence sur le toit du Reichstag. L’édifice incarne à lui seul lerenouveau berlinois: incendié en 1933, bombardé durant la guerre, il hérite, au crépuscule du nouveau siècle, d’une coupole transparente. Tout un symbole.

Au grand air (marin)

À la moindre occasion, les Berlinois s’extirpent de leur quotidien frénétique pour décélérer au nord, dans le Mecklembourg-Vorpommern voisin. Lesvalises posées dans une maison demaître rénovée, la ferveur laisse place à l’inspection tranquille de la centaine de lacs qui parsèment la région. À quelques kilomètres, la côte baltique procure ce goût iodé qui manquait à l’appel.

Ses émouvants paysages poussèrent les artistes à s’établir dans le village d’Ahrenshoop, non loin des falaises

decraie de Rügen immortalisées à jamais par Caspar David Friedrich. De l’autre côté de Schleswig-Holstein, aux portes duDanemark, l’air marin a une saveur nouvelle: la Baltique a laissé place à la mer du Nord. Les îles de la Frise forment unebarrière le long de la côte. Parmi elles, Sylt, point septentrional du pays. UneAllemagne inattendue qui en appelle aux cinq sens: la musique des vagues, les reflets de l’eau. C’est le long de ces deux mers de légende que se forma la Hanse germanique, association historique de communes marchandes d’Europe du Nord. À Lübeck, Hambourg et Brême, la prospérité de l’alliance se lit encore dans les lignes urbaines, les jolies maisons de brique rouge côtoyant des sites administratifs et religieux pleins de faste.

Bavière romantique

L’Allemagne n’a pas dit son dernier mot. Au sud se déroulent les plaines serties de lacs et de fleurs de Bavière, les Alpes bavaroises en toile de fond. L’homme a tôt fait de s’ancrer dans cette nature grandiose et le temps a vu poindre bourgades médiévales, églises baroques et centres vivants, à l’image de Munich et Nuremberg, chargés de beauté et d’histoire. Des châteaux? La Bavière en compte de fameux: Neuschwanstein, Linderhof et Herrenchiemsee par exemple, indissociables de leur extravagant commanditaire, LouisII. Un parfum romantique flotte dans l’air. Àmoins que ce ne soit un air d’opéra?

VOYAGEURS DU MONDE

Explorer le Berlin tendance avec un francophone, relier Hambourg et Lubeck en train, mener la vie de château en Bavière : l’Allemagne sous toutes ses coutures.

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Dans le Mecklembourg-Vorpommern, la région dite des “mille lacs”, la nature est reine et profuse. Et les activités de plein air ne manquent pas.

Le goût du voyage

De Dresde à Leipzig en train

Au départ de Berlin, regagner les deux villes de Saxe en train est aisé et confortable. Le charme provincial de Dresde opère toujours, des bords de l’Elbe à la vieille ville baroque ; quand Leipzig, entre turbulence estudiantine et résistance intellectuelle, multiplie les expériences novatrices. Le tout ponctué de visites avec un guide francophone privé.

La Route romantique, tout un programme

D’environ 400 kilomètres, ce circuit est le plus ancien du pays (1950). Il s’emprunte du nord (Würzburg) au sud (Füssen) et déroule un patrimoine (historique, naturel, culturel) très riche. De mai à octobre, de nombreux festivals et fêtes ont lieu à travers les diverses régions parcourues. L’occasion de se désaltérer d’une bonne bière. Romantique, on vous dit !

Hambourg, maritime et moderne

Au cœur de la Speicherstadt, “la ville des entrepôts”, bâtiments et canaux confèrent une atmosphère particulière à la cité de l’Elbe. Réhabilité, le quartier abrite désormais plusieurs musées, ainsi que la HafenCity, projet innovant et vert. Une île du futur dont la spectaculaire reconversion en écocité (toujours en cours) a pour but, à terme, d’atteindre la neutralité carbone.

Müritz, une réserve naturelle hors normes

Avec 6 200 hectares déployés sur la rive est du lac de Müritz (grand comme Paris), cette réserve naturelle promet de belles et nombreuses rencontres avec de grands oiseaux rares et menacés. À pied, à vélo ou en canoë, les ornithologues, amateurs ou non, y trouveront leur compte. La région, dite des “milles lacs”, abrite aussi une forêt primaire de hêtres majestueux.

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In the mood

D’est en ouest, Berlin se dévoile sous un jour nouveau. Petitdéjeuner gourmand chez Sofi, une pâtisserie située dans une ancienne usine réhabilitée, puis balade dans le très trendy quartier de Mitte où sont installées galeries d’art, friperies vintage et librairies en vogue comme Do You Read Me?! qui propose unchoix pointu de magazines indépendants. Après une halte enrichissante sur l’Île aux musées, le quartier de Kreuzberg, repaire arty, cosmopolite, écolo, anarchiste et bobo séduit immanquablement. L’été, direction Holzmarkt et les rives de la Spree pour un dernier verre au soleil couchant. Puis, suivez les locaux et prenez la clé deschamps pour un week-end en Müritz, dans la région des lacs Côté Baltique, vous visitez le village d’artistes d’Ahrenshoop, la charmante Lübeck et les falaises de craie sur l’île de Rügen. Au sud, forêts enchanteresses et mystérieuses se dessinent, puis apparaissent enfin les sommets enneigés de Bavière sur lesquels s’agrippent quelques églises rococo et autres châteaux féériques.

PLACE TO BE

Le Telegraphenamt Berlin (2 & 3), mélange singulier entre architecture brute et confort cosy, incarne à lui seul le patchwork historique qui caractérise le Berlin contemporain. Dans le quartier de Charlottenburg, le Wilmina promet le calme d’un jardin luxuriant et le ra nement d’une décoration épurée. Sinon, trouvez refuge chez Rosso (1), version bavaroise du luxe décontracté conçu selon les principes du wabi-sabi

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La Pologne

À Varsovie et Cracovie, on découvre l’histoire inscrite dans l’architecture, de l’époque médiévale à l’ère soviétique, et la vitalité nouvelle d’un pays tourné vers l’avenir.

Varsovie, ville ouverte Une euphorie toute neuve règne àVarsovie. En octobre 2023, mettant fin à près de dixans dedérive autoritaire, la victoire de l’opposition ouvre une dynamique qui permet à la Pologne de revenir au cœur de l’Europe. Un renouveau démocratique porté par les femmes et la jeunesse, qui se ressent partout dans la ville la plus libérale du pays. Malgré le visage austère que lui a donné l’histoire, Varsovie a toujours été une ville tolérante et ouverte à l’autre. Presque entièrement détruite durant la Seconde Guerre mondiale, lacapitale a dû apprendre à vivre au milieu des édifices de béton.

Mais ses habitants s’en accommodent, et au-delà de son étonnante “vieille ville”, reconstitution à l’identique des églises, cathédrale, château royal et remparts, achevée dans les années 1970, ses larges artères sont idéales pour faire cohabiter tramways, pistes cyclables et piétons. Lesvestiges soviétiques jouxtent les bars à ramens, dans un émouvant mélange d’esthétiques et d’époques. À Praga, ancien quartier ouvrier réinventé en village alternatif, aujourd’hui assagi et gentrifié tendance bling, les espaces de coworking, les start-up et les tables étoilées ont remplacé les salles de concerts rock. Pour retrouver l’esprit frondeur, il faut aller vers les berges de la rivière Vistule.

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© Dagmar
Scwelle/Laif-Réa
Contrairement à Varsovie, Cracovie a été épargnée par la folie des hommes: elle n’a pas été bombardée pendant la Seconde Guerre mondiale etles communistes n’ont pas osé s’en prendre à ses pierres sans âge.

Leur récent aménagement a fait naître des plages ponctuées de petites échoppes, où l’on boit une bière installé dans une chaise longue à la lueur des guirlandes colorées. C’est là, les pieds dans le sable, que l’on réalise à quel point il fait bon vivre à Varsovie.

Cracovie, bohème et arty

Contrairement à Varsovie, Cracovie a été épargnée par la folie des hommes: elle n’a pas été bombardée pendant la Seconde Guerre mondialeetles communistes n’ont pas osé s’en prendre à ses pierres sans âge. Sa monumentale place centrale aux façades somptueuses, construite en 1257, où se dressent les deux tours carrées asymétriques de la basilique Sainte-Marie et lesanciennes halles aux draps, est laplus vaste place médiévale d’Europe -c’est aussi l’une des plus belles. Architecture gothique, Renaissance et baroque, on ne sait où poser le regard.

Mais “Krakow”, c’est aussi et surtout uneville bohème, portée parlavitalité des 200000étudiants qui y vivent.

Au sud de la vieille ville, l’ancien ghetto de Kazimierz fut pendant dessiècles le plus important foyer de la culture juive. Délaissé durant lapériode soviétique, il est aujourd’hui l’épicentre de la vie cracovienne. Onaime flâner dans ses ruelles pavées bordées d’habitations basses et de belles synagogues en brique rouge. Les restaurants prennent place dans d’anciennes maisons de prières du XIXe siècle, et les nuits vibrent de pulsations électro. Depuis la construction d’une passerelle entre les deux rives de la Vistule, lesanciennes friches industrielles des quartiers de Podgorze et Zablocie sont aussi investies par lajeunesse arty. Au Mocak, musée d’art contemporain, mitoyen de l’ancienne usine Schindler, on découvre les formes artistiques qui disent le présent et le futur du pays.

VOYAGEURS DU MONDE

Varsovie dans les pas d’un local, cours de cuisine à Cracovie, skis dans les Carpates : une approche personnalisée de la Pologne.

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In the mood

Il y a des airs de New York à Varsovie : la ville pulse, les néons scintillent et les rooftops se comptent par centaine. Mais c’est bien Cracovie qui a volé notre cœur. Ici, vous aurez l’impression d’être au Royaume des délices du féerique Casse-Noisette Basiliques et cathédrales en chantilly, maisonnettes colorées en pains d’épices, sapins saupoudrés de sucre glace… Tout est particulièrement mignon. Charme bohème au Café Camelot, où vous dégustez unsucculent sernik (cheesecake local), artisanat local au marché de Noël de Kazimierz, antiquités polonaises au château de Wawel… À l’abri d’une forêt de sapins, vous découvrez le village traditionnel de Sanok, un véritable voyage dans le temps. À Gdansk, vous vous immergez dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale dans l’un des musées dédiés les plus complets sur Terre. Ambiance médiévale au château de Malbork, situé à quelques kilomètres. Vous cabotez sur la Baltique et engloutissez des spécialités culinaires rustiques dans l’arrière-pays. Enfin, un voyage en Pologne ne saurait être complet sans un pèlerinage à Auschwitz, afin de rendre hommage, se recueillir et s’engager à préserver la mémoire collective.

PLACE TO BE

Les hôtels du groupe Puro (1, 2 & 3), à Varsovie, Cracovie et Gdansk, se sont rendus incontournables par leur décor moderne, leurs détails historiques et leurs tables conviviales. Ambiance de palace au Altus Hotel de Wroclaw. Le Pod Roza de Cracovie o re un point de chute idéal alliant ra nement et détails high-tech.

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La République tchèque

PRAGUE — KARLOVY VARY — MARIANSKE LAZNE — TELC

CESKY KRUMLOV — SLAVKOV — BRNO — MIKULOV

Un patrimoine faramineux la dote de près de deux mille châteaux, de forêts et de lacs et de villes remarquables.

Des styles Renaissance au baroque, des vignes aux thermes, elle émerveille.

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© Stéphanie Davilma

Le patrimoine de la Bohême et de laMoravie est tel qu’il mérite plusieurs voyages. L’éblouissement ne faiblit pas. Mais l’on ne saurait réduire la République tchèque à un simple musée à ciel ouvert. On y vit et on y crée. ÀPrague, Caput Regni, “capitale du royaume”, à la fois romane, gothique, baroque par la grâce de la contre-réforme et des Habsbourg, Art nouveau par celle d’un baroque naturalisé, socialiste malgré elle et contemporaine avec enthousiasme, il y a de beaux hôtels, ainsi de l’élégant Augustine. Et la brasserie trouve des formules nouvelles, celle de la gare Masaryk notamment, tradi stylisée. Du château que domine la cathédrale Saint-Guy à la place de la Vieille Ville que veille l’église Notre-Dame du Tyn, duquartier d’Andel, où Jean Nouvel a construit, à Holesovice, devenu l’un des centres culturels les plus attractifs, des vignes de Vinohrady à la bibliothèque des Prémontrés de Strahov, de la statue de Saint-Venceslas par Josef Vaclav Myslbek à celle de FranzKa a par Jaroslav Rona, le bocal du royaume s’agite. Partant, il est à suivre de près. D’ailleurs, 2024 marque le centenaire de la mort de l’auteur du Procès(lire aussi p.13) Mais il faut sortir de Prague (qui ne vous retient pas, pour faire mentir Ka a). Aller prendre les eaux au col de cygne à Karlovy Vary. Un chocolat au café au Grandhotel Pupp, tradition Mitteleuropa oblige. Marianske Lazne sont aussi sur les rangs du wellness Belle Époque.

Le sud est un pays de campagne riante et de petites villes où l’architecture seigneuriale Renaissance s’est un peu poussée pour faire place au baroque populaire. Ainsi de Telc, ou de Cesky Krumlov. Dans cette dernière, on retrouve un grand Viennois, le peintre Egon Schiele, qui y a vécu et travaillé. Uncentre d’art lui est dédié. Autre chose : sait-on où se trouve Austerlitz? Eh bien, en Moravie, au sud-est de Brno, dans lapetite ville de Slavkov. C’est dans le château des Kaunitz que la paix fut signée après labataille. Un monument à tous les morts a été érigé sur le plateau tactique de Pratzen.

Des châteaux tels des ornements

Inscrite au Patrimoine mondial (avec seizeautres sites nationaux), Brno fut unphare de la modernité tchécoslovaque. La villa fonctionnaliste Tugendhat (1930), restaurée avec beaucoup de soin, en est une splendide illustration. Et reste une ville où l’on sait se mettre à table.

Au restaurant Skanzeen, par exemple. À Mikulov, dans le sud morave, c’est lavigne qui est à l’honneur –il n’y a pas que la bière en République tchèque! Disséminés dans tout le pays, les châteaux en sont l’un des ornements, évoquons pour la bonne bouche Karlstejn, bien sûr, mais aussi Becov et Loket, à l’ouest, Lednice et Valtice, au sud.

VOYAGEURS DU MONDE

Balade architecturale dans Prague, accès privé à la bibliothèque de Strahov, vignobles en Bohême : votre concierge francophone répond à toutes vos demandes sur place.

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In the mood

Mystique et magique à l’image d’unconte des frères Grimm, Prague, la capitale, est l’une des plus belles et romantiques villes d’Europe. Ici, vous marchez dans les pas du roi CharlesIV et de son héritage gothique, du visionnaire astronome TychoBrahe, du torturé FranzKa a, dont vous découvrez l’incroyable collection de manuscrits au musée éponyme, et du génie blagueur MilanKundera. Les tramways rétros, miniatures Orient-Express réhabilités, vous permettent de rejoindre châteaux rococo, musées cubistes et nouveau hub culturel qui longe larivière Vltava où s’égrainent co ee-shops, galeries et bars branchés. Pour expérimenter la vie locale, rendez-vous au cœur du quartier brutaliste de Praha 7, un district gentrifié où marchés de producteurs bio, pop-up stores et coworks créatifs s’installent de plus en plus dans d’anciens entrepôts réimaginés. La scène artistique contemporaine et alternative se dévoile quant à elle au Dox Centre. Côté nature, vous apprécierez vous échapper dans les gorges de Kamenice, sillonner le parc national des Monts des Géants, savourer les eaux thermales de l’opulente station Marianske Lazne ou passer la nuit dans un châlet de montagne. Au détour d’un chemin, ouvrez l’œil et vous apercevrez peut-être, au milieu de vastes étendues sauvages, un lynx ou un cerf.

PLACE TO BE

Tons doux et lignes épurées, vous posez vos valises au Julius, à Prague. À la recherche d’un établissement historique et intemporel, choisissez l’hôtel Augustine. Luxe, classicisme et valeur sûre, optez pour le Grandhotel Pupp (1), à Karlovy Vary, petite ville thermale de la région de la Bohême.

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La Slovaquie

Au firmament

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© Nicolas Leconte

Du château de Bratislava la capitale, perché au-dessus du Danube, au spectaculaire mais accessible massif des Tatras, dans les Carpates occidentales, la Slovaquie atteint des sommets. Sans oublier son goût pour la culture et son authenticité.

Il a fallu du temps, mais on peut aujourd’hui parler de la Slovaquie pour elle-même. Ce n’est plus laHaute-Hongrie, ni le deuxième membre de la Tchécoslovaquie. Sans doute est-ce le critique suisse William Ritter qui, au début du XXe siècle, a fait de la Slovaquie un rêve centreuropéen. On l’en remercie! En route pour Bratislava, ville tout aussi subtile dans l’agencement de ses mémoires que dans son existence contemporaine, lesstatues vous jouent des tours et lerestaurant UFO, sur le pont du Danube, est tout à fait SF.

Ensuite, s’avancer dans les Carpates occidentales: Basses Tatras pour randonner autour du pic Dumbier, qui hausse à plus de 2000 mètres un front sombre; Hautes Tatras pour courir despaysages auxquels leur resserrement donne un aspect altier et aigu. Et habiter lelégendaire Grand Hôtel Kempinski, qui comble les aspirations du romantisme sommital. Là-bas, la vie est montagnarde au plein sens du terme. L’ours et le loup en sont. Le tourisme y est nature par un e et d’évidence.

On serait parti vers l’ouest, onaurait abouti au parc de la Petite Fatra, dont le karst

plissé fait toute la séduction. Ou à la forteresse de Beckov, château royal et défi séculaire à la poliorcétique. Néanmoins, on a poussé de l’autre côté, vers Kosice. Comme à Levoca, on trouve, dans lacathédrale SainteElisabeth, un retable admirable.

Car la Slovaquie n’est pas que nature, elle est art tout autant. Il y a une décennie maintenant, Kosice a su être une impeccable capitale européenne de la culture. Il reste quelque chose de cet appel d’air. Pour faire moins parler de lui que d’autres, qui jouent des coudes sur le podium des destinations chéries, le pays n’est pas pour cela en peine de ressources et d’une authenticité qui n’est pas encore un argument de vente. C’est, en conséquence, une bonne idée européenne.

VOYAGEURS DU MONDE

Les adresses qui vous ressemblent à Bratislava, le bon guide de vos randonnées, une rencontre avec un naturaliste : votre conseiller Slovaquie dessine un voyage à votre image.

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La Hongrie

BUDAPEST — LAC BALATON — PÉNINSULE DE TIHANY PLAINES DE LA PUSZTA — COLLINES DE TOKAJ

Pour un pays majoritairement plat, laHongrie ne manque pas de relief. De l’élan créatif de sa capitale aux vignes du Balaton, elle sait se montrer moderne et séduisante.

Et au milieu coule le Danube.

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©
Ben
Oumayma
Tanfous
Les Bains Gellért, à Budapest.

Budapest Calling

De Budapest, on connaît leParlement. Les thermes aussi. Àjuste titre, car ils figurent, chacun à leur niveau, un visage clé de la capitale hongroise. Le premier reflète sa splendide façade et ses flèches néogothiques dans les eaux ondoyantes du Danube. À l’intérieur, on glisse, stupéfait, de halls infinis en majestueuses salles d’apparat. Les bains ottomans, eux, sont l’incarnation de tout un art de vivre: on y nage, se soigne, discute et joue aux échecs. Derrière la carte de visite, la ville duale décline ses séductions de part et d’autre duDuna. Ruin bars, étudiants et jeunes créateurs la secouent joyeusement; d’innombrables monuments en balisent lamémoire. Après plusieurs années derénovation, l’Opéra a retrouvé son éclat d’antan en se dotant d’un confort et d’uneacoustique de pointe. Ainsi va Budapest, qui manifeste un soin respectueux pour son histoire et uneappétence étonnante pour toutes lesformes de modernité. On passe donc des musées de haute volée aux dernières galeries tendance, des cafés Belle Époque aux clubs électro, des halles centrales aux épiceries bio. Avec, pour fil rouge, unje-ne-sais-quoi d’unique qui tient au caractère magyar et au piment.

Balaton plage

Sorti des radars pendant plusieurs décennies, le lac Balaton a retrouvé sesvoiliers et ses baigneurs à bonnets. L’ample nappe liquide –la plus vaste d’Europe centrale–concentre les activités thermales et balnéaires du pays. Là encore, une atmosphère singulière, un brin vintage et décalée. Un tourniquet métallique, une plage degazon, une aire de jeux, quelques stands

de lángos (petits pains cuits dans l’huile) et, à quelques encablures, les nageurs qui ont pied longtemps. Au petit matin, lapéninsule de Tihany semble plonger dans le lac. On troque le maillot de bain pour les chaussures de randonnée –les sentiers et points de vue du parc national sont réjouissants. Non loin s’étend l’une des belles régions viticoles du pays, semée de petites villes baroques et de clochers à bulbes.

La steppe et la vigne Changement de décor à l’est. Octobre, unsoleil pâle, un silence absolu. Soudain, des milliers de grues survolent les plaines immenses de la Puszta pour aller se poser dans l’horizon lointain. Elles vont passer l’hiver au sud, quand lerobuste mouton racka, lui, revêt son manteau laineux très flower power duquel dépassent ses cornes torsadées. Quand reviennent les beaux jours, leschamps de paprika sèment destaches de couleur sur les steppes. Les csikosok, les gauchos hongrois (en VF, les gardiens de troupeaux), démontrent leur virtuosité à l’occasion de spectacles équestres. Plus à l’est encore, les collines de Tokaj façonnent l’une des plus anciennes régions viticoles au monde. Sol volcanique et microclimat favorisent la production de nectars complexes qui séduisent même les plus épris des cépages tricolores. La Hongrie a décidément tout ce qu’il faut pour convaincre.

VOYAGEURS DU MONDE

Week-end en amoureux à Budapest, road-trip familial et estival, escale en train : choisissez le format qui répond le mieux à vos envies.

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In the mood

L’effervescence de “Buda”, lacapitale, qui mêle des siècles d’histoire à une ambiance vibrante, moderne et avant-gardiste, captive. La métropole hongroise, baignée par les eaux du Danube, séduit autant les voyageurs en quête de majestueux édifices Art nouveau, de design contemporain que d’atmosphères déjantées qui pulsent dans les clubs underground du 7e arrondissement et dans les fameux “ruin bars” cachés dans les immeubles désa ectés de l’ancien quartier juif. Vous sillonnez la ville à vélo, l’air printanier est frais, lesoleil scintille entre les feuilles desarbres, des bribes de discussions parviennent à vos oreilles… Que cette langue harmonieuse est belle, riche et légère, comme le sont les spécialités culinaires. Au Déryné Bistro, le petit déjeuner est servi jusqu’à 16 heures Aux Bains Gellért, tout un pan du patrimoine hongrois se dévoile au travers d’un décor Art nouveau en céramique de Zsolnay N’oubliez pas de visiter la Maison de la musique hongroise, dessinée par Sou Fujimoto, et de déguster un thé au New York Café, indémodable.

PLACE TO BE

À Budapest, tandis que l’Hôtel Parisi Udvar est une perle architecturale néo-gothique sur leDanube, le Kozmo o re unvéritable havre de paix élégant et contemporain. Le Verno House (1) est, quant à lui, l’exemple parfait duboutique-hôtel chic et douillet. Dissimulé dans les vignes, le familial Obester Panzio surplombe le lac Balaton. Luxe et gastronomie sont au rendez-vous lors d’un séjour au féerique Botaniq Castle.

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L’Autriche

VIENNE — SALZBOURG — PATERGASSEN — ALPBACH

Un voyage en Autriche, entre ancienne capitale d’empire et sommets alpins. Vienne bouscule les codes sans renier sesclassiques et pulse d’une dynamique qui la replace au centre de l’Europe; quand laCarinthie et le Tyrol cultivent un art de vivre “nature”.

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© Nicolas Quiniou

Le dynamisme viennois

Loin de son image “fin de siècle”, Vienne est une métropole cosmopolite et créative. Entre classicisme et esprit ultracontemporain, elle bouscule les codes. On visite sessublimes palais hérités des Habsbourg, mais ses forces vives interdisent del’enfermer dans son passé fastueux – The Economist ne s’y est pas trompé, qui la classe en 2023 en tête du palmarès des villes les plus agréables au monde.

Le Museumsquartier (“MQ”) rassemble quelques-uns des plus beaux musées de la ville. Uneréinvention muséale datant des années 2000 qui a dynamisé tout lequartier, devenu l’un des pôles culturels les plus avant-gardistes d’Europe. Surl’esplanade centrale, parmi lesmultiples lieux dédiés aux disciplines les plus diverses, deux musées conçus par les architectes Ortner&Ortner encadrent les anciens haras de l’empereur François-

JosephIer. L’architecture de calcaire blanc du musée Léopold –où l’on s’ébaudit face à la plus grande collection de Egon Schiele au monde– contraste avec le basalte anthracite du Mumok, qui accueille de très belles propositions d’art contemporain. Les lignes contemporaines des deux édifices cubiques s’intègrent parfaitement aux nobles volumes des écuries de la cour impériale et, tout autour, les librairies, ateliers, boutiques design et bars à vin nature aimantent une faune arty. Un peu plus loin, le MAK expose une collection hors du commun de mobilier, verre, céramique, textile… Il s’appuie sur l’héritage du Wiener Werkstätte (l’Atelier viennois), qui révolutionna lesArts déco et le design et préfigura leBauhaus, pour sans cesse se réinventer, de performances d’art contemporain en expositions temporaires audacieuses. S’il ne fallait visiter qu’un seul musée des Arts appliqués au monde, ce serait celui-ci.

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Certes, il y a les cafés viennois à la déco inchangée, mais on peut aussi aller boire un verre à une terrasse éphémère posée sur les quais bordant les rives du Danube.

À deux pas de là, le Kunsthistorisches Museum (KHM), équivalent autrichien duLouvre, majestueuse architecture demarbre, d’or et de stuc; parmi la valse des chefs-d’œuvre signésRubens, Dürer, Rembrandt, Titien…, on en retient un, La Tour de Babel de Pieter Brueghel l’Ancien. Puis, onrevisite le mythe de l’impératrice Élisabeth d’Autriche au Musée Sissi et on va voir Le Baiser de Klimt, au Belvédère. Ensuite, direction l’ancien quartier ouvrier de Reumannplatz, à la Brotfabrik, ancienne fabrique de pain transformée en centre créatif, avec ateliers d’artistes, street art et brasseries artisanales – une atmosphère toute berlinoise…

On aime aussi les cafés viennois pour leur décor inchangé, la perfection de leurs breuvages, et la componction de leurs serveurs, mais on peut aussi aller boire un verre à une terrasse éphémère posée sur les quais bordant les rives du Danube. Et s’il fait chaud, on fait comme les Viennois : on pique une tête!

Inauguré en 1869, le Staatsoper, l’opéra de Vienne a été dirigé par Gustav Mahler, Richard Strauss ou Herbert von Karajan. Assister à un opéra dans la magnifique salle de velours rouge à l’acoustique

exceptionnelle demeure la plus viennoise des expériences… Que l’on peut prolonger par une nuit dans un club électro dans le quartier de Neubau.

Salzbourg, quintessence du romantisme

Entre citadelle médiévale, palais scintillants, clochers-bulbes des églises et panoramas alpins, la vieille ville de Salzbourg, qui s’étend du mont des Moines à la rivière Salzach, est la quintessence du romantisme. La “Rome du Nord” abrite des trésors d’architecture inspirés du baroque italien –ses rues sont bordées de hautes façades XVIIe et XVIIIe, parées d’enseignes en fer forgé. Mais son joyau le plus cher reste Mozart, qui y passa ses jeunes années. On visite sa maison natale, où lettres, mèche de cheveux, violons d’étude et autres reliques témoignent du culte qui est voué ici à l’enfant prodige du pays. Ensuite, on savoure une Sachertorte, un gâteau typique au chocolat amer rehaussé par de la confiture d’abricots. Et on va, comme les habitants de la ville, se poser sur les bords de la rivière ou, un peu plus loin, en balade le long du lac Fuschl.

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L’Autriche compte un grand nombre de domaines skiables et de belles adresses cosy pour observer le manteau blanc bien au chaud.

Le goût du voyage

k.u.k : de la cour impériale aux boutiques

Bien que l’époque impériale soit révolue, le titre de “fournisseur de la cour k.u.k” reste prestigieux. Le label, qui existe depuis le XVIIIe siècle, détenu par des entreprises de divers secteurs (café, confiseur, chausseur, etc.), garantit toujours la meilleure des qualités. Les boutiques de ces fournisseurs se trouvent principalement dans la vieille ville.

Les charmes alpins d’Innsbruck

Si la capitale du Tyrol est dotée de nombreux domaines skiables qui invitent au grand air, elle donne également l’occasion d’admirer le projet signé en 2007 par feue l’architecte Zaha Hadid. À savoir, la ligne de quatre stations du funiculaire Hungerburg, qui amène du centre-ville d’Innsbruck au téléphérique Seegrube.

Grüner See : un lac vert et magique

Près de la ville de Tragoss, dans le Land de Styrie, le Grüner See a la particularité de n’apparaître que trois à quatre semaines par an, à la fin du printemps. La raison de ce miracle éphémère : la fonte des neiges. Le site, un parc dédié à la randonnée le reste du temps, se remplit alors d’une eau cristalline. Et les marcheurs de céder leur place aux plongeurs. Magique !

Kaiserschmarrn : la crêpe de l’empereur Avec la Sachertorte et l’Apfelstrudel (respectivement gâteau au chocolat et délice aux pommes), les Viennois vouent une véritable passion à cette recette à base de pâte à crêpe et blancs d’œufs montés en neige, agrémentée de morceaux de pomme, de noix concassées et/ou de raisins secs. Une douceur à savourer dans un café viennois, bien sûr.

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© Jack Coble/Gallery Stock

Train de nuit, train de rêve

Volonté de s’adapter face à l’urgence climatique, envie de renouer avec la lenteur, nostalgie d’un autre imaginaire du voyage et du dépaysement : le train a la cote ! Embarquer gare de l’Est à Paris, juste avant 20 heures, pour se réveiller à Vienne, c’est à nouveau possible depuis 2022 et la réouverture de la ligne de nuit. Faire l’expérience du train de nuit, c’est éprouver le plaisir sensible d’un voyage lent, tout en cultivant une certaine idée du romantisme sur les rails. Prendre place dans sa cabine, illuminée par le soleil du soir qui rougeoie, regarder Paris s’éloigner et, bientôt, la campagne défiler par la fenêtre. Puis, s’abandonner à la rêverie, en même temps que la nuit tombe lentement. Se laisser bercer par le roulement du train, s’endormir finalement, et rêver sur les quelque 1 400 kilomètres qui séparent Paris de Vienne. Être réveillé par la lumière qui filtre à travers le store, et observer les clochers baroques qui ponctuent les champs. Vienne apparaît alors. Une expérience hors du temps, qui attise l’envie du voyage, et celle de poursuivre sur le trajet autrefois emprunté par l’Orient-Express, via Budapest, Bucarest et enfin Istanbul.

© Kintzing
Du vert à perte de vue. Ici et là, des vaches, placides, campées dans des prairies d’abondance.
Et le village d’Alpbach, dans les Alpes de Kitzbühel, l’un des plus beaux fleurons du Tyrol.

Les alpages idylliques de la Carinthie et du Tyrol

Ensuite, direction les Alpes. “Une marche vers ce que la nature a de plus beau et de plus grandiose” : c’est ainsi que Johannes Brahms, qui comme Mahler et Berg, établi pendant de nombreuses années ses quartiers d’été sur les rives du lac de Wörthersee, décrivait la Carinthie. Et c’est vrai qu’il règne ici un air de perfection, au long des routes en lacets, sur les vallées et les alpages, et sur les forêts tendues sans un pli sous le soleil.

Dans le village de Patergassen, juché à 1400mètres d’altitude, les chalets sont depur style alpin. Du bois partout: façades et toits de bardeaux, chambres lambrissées de pin, co res en bois peints de fleurs. Sur les lits, de douillettes couettes en vichy; autour de la table, des bancs couverts de peaux de mouton; aux fenêtres des rideaux de dentelle; aux balcons des géraniums rouges. Tout autour, des alpages, des champs et des prairies fleuries, et de sombres forêts. Une nature préservée, sillonnée de chemins de randonnée et de sentiers qui grimpent sur les pentes, que l’on emprunte à pied ou à vélo. Et les lacs transparents qui inspirèrent la musique romantique, où l’on se baigne dans l’eau turquoise. Cap à l’ouest, vers le Tyrol, une terre

degrands espaces, une nature alpine intacte. Des sommets enneigés, des glaciers scintillants et des falaises abruptes, des villages restreints autour de quelques chalets bardés de bois sous un ciel limpide. Tout vacarme automobile banni. Rien qui ne vienne troubler la majesté de la montagne et des forêts. Du vert à perte de vue. Ici et là, des vaches, placides, campées dans des prairies d’abondance. Et le village d’Alpbach, dans les Alpes de Kitzbühel, l’un des plus beaux fleurons du Tyrol. Ici, la beauté des alpages, l’ampleur des paysages et la limpidité de l’atmosphère sont de puissants stimulants pour la marche: on file le long les chemins de randonnée, en marche contemplative ou en randonnée sportive. On observe lesmarmottes, et les bouquetins entre les éperons rocheux. Après la visite de fromageries d’altitude, une baignage dans les étangs ou la descente de rivières en rafting seront des plus rafraîchissantes.

VOYAGEURS DU MONDE

Une balade dans les pas de Viennoises célèbres, un concert au Musikverein, une sortie à vélo, les adresses dédiées aux enfants : l’Autriche selon vos goûts.

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In the mood

Historique, culturelle, musicale, élégante, gourmande, Vienne est la plus féminine des capitales d’Europe centrale. Après des siècles de fastes, la ville continue d’émerveiller. Votre Like a friend vous guide d’ateliers d’artisans en boutiques de meubles Art déco. Et sur ses bons conseils, vous découvrez la collection d’art moderne d’Heidi Horten, les trésors baroques du musée Kunsthistorisches et la magnifique manufacture de porcelaine Augarten. L’hiver, chaussez vos patins à glace avant de vous réchau er au Café Landtmann autour d’un onctueux chocolat viennois ou au classique restaurant Rote Bar. En été, plongez dans le Danube, puis échappez-vous pour une dégustation de riesling dans l’un des domaines bucoliques situés en bordure de ville. Prenez laroute pour Salzbourg et la très romantique région des lacs du Salzkammergut où vous profitez du grand air. Vous y pagayez, bordez la grandvoile, filez à bord d’un riva ou bien juste barbotez à Bad Ischl, par exemple, élégant village thermal où la douce Sissi fêtait ses fiançailles en 1853. Pour skier, optez pour Bad Gastein, Lech ou Kitzbühel, stations chicissimes et ambiance “wesandersonienne” garantie.

PLACE TO BE

Côté ville, vous choisissez l’Hotel Sacher, construit sur le site de l’ancien opéra de Vienne et fondé en 1869, ou l’Hotel Motto pour vivre la renaissance des Années folles. Côté flocons, votre cœur balance entre le très design Comodo(2) à Bad Gastein, le luxueux Forsthofgut(1 & 3) à Leogang ou le familial Gasthof Post à Lech.

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Sans titre , 1993. Courtesy de la Galerie Christophe Gaillard/Ceija Stojka, ADAGP, Paris.

CEIJA STOJKA

LA VIE AVANT TOUT

Déportée enfant avec toute sa famille, CeijaStojka (1933-2013) initia, à 55ans, une entreprise de témoignage, par l’écriture d’abord, puis la peinture. Une femme forte et solaire, chez qui l’humanité n’a jamais chaviré, dont l’œuvre s’érige contre l’oppression et le silence.

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Christa Schnepf

Sur les photos, elle pose fièrement, sans cacher le matricule Z6399 tatoué sur son avant-bras. Ceija Stojka est née en Autriche en 1933, dans une famille de marchands de chevaux roms d’Europe centrale. Déportée à l’âge de 9ans avec sa famille, elle a survécu à troiscamps de concentration: Auschwitz, Ravensbrück et Bergen-Belsen. Quelque quaranteans après, en 1988, elle est la première rescapée rom à rompre le silence sur la déportation des Tsiganes sous le régime nazi. Les Roms et les Sintis, les deux principales communautés tsiganes en Autriche, ont succombé à 90% aux violences nazies. Le nombre exact des victimes tsiganes en Europe reste aujourd’hui encore di cile à déterminer: les chi res varient entre 300 000 et 500000tués.

Pour les Roms, “la lumière tue”, et le silence est la règle vis-à-vis des gadgés. On préfère rester dans l’ombre, et transmettre la mémoire des persécutions de génération en génération. Mais Ceija Stojka ne peut faire autrement que de “crier”. Avec le soutien de son amie, la documentariste autrichienne Karin Berger, elle qui est presque analphabète se met à écrire. Elle travaille debout dans sa cuisine, noircit des pages et des pages de carnets. “Auschwitz est mon manteau. Tu as peur de l’obscurité? Je te dis que là où le chemin est désert, tu n’as pas besoin de t’e rayer, je n’ai pas peur. Ma peur s’est arrêtée à Auschwitz et dans les camps.” Âgée de 55ans, la petite vendeuse de tapis entame une seconde vie. Première femme rom à témoigner, elle devient une personnalité publique en Autriche, s’attirant les foudres de membres de sa communauté, qui ne lui pardonneront pas d’être allée se raconter à des étrangers.

Mais les mots ne peuvent tout dire de l’expérience concentrationnaire, et bientôt, Ceija Stojka se met à peindre. Dès lors, elle peindra chaque jour jusqu’à sa mort. Dans la cuisine de son appartement de la Kaiserstrasse, à Vienne, mélangeant les couleurs à même la main, les étalant parfois avec ses doigts, le

souci d’expressivité primant, elle peint, trace et retrace les contours de son existence. Elle produit une œuvre naïve et puissante, qu’elle classe en deuxcatégories, “dunkle Bilder” (peintures sombres), et “helle Bilder” (peintures claires). Les premières représentent les années de traque et de déportation endurées par sa famille et son peuple: arrestation de sa famille, voyage en train pour Auschwitz, corps nus et amaigris des femmes, kapos et chiens hurlants… Les mots se mêlent aux dessins, inscrits au feutre noir. Les secondes sont des évocations des années d’avant-guerre, quand la famille de Ceija vivait libre et heureuse dans la campagne autrichienne, roulottes joyeuses et nature flamboyante.

Une œuvre arrachée à l’oubli

Célèbre en Autriche en sa qualité de grand témoin, Ceija Stojka est une inconnue dans le milieu de l’art; le fait qu’elle peigne n’est même pas connu du public. Matthias Reichelt, critique d’art, et Lith Bahlmann, curatrice, découvrent son œuvre en 2011, alors qu’elle est âgée de près de 80ans. Quand Antoine de Galbert, président de la Maison Rouge – qui fut entre 2004 et 2018 l’un des espaces d’exposition d’art contemporain les plus singuliers de Paris–, lit le livre qu’ils lui ont consacré, il décide d’organiser une rétrospective. C’est ainsi qu’en 2018, le public fait face à une œuvre arrachée à l’oubli. Les toiles expriment une sidération face au mal, mais aussi une approche cosmique du monde: les camps sont toujours représentés au cœur d’une nature qui s’obstine –les prairies fleurissent, les arbres verdissent, et au-dessus des baraquements, les ciels se parent de bleu. Une puissance de vie qui dépasse l’horreur.

Les livres de Ceija Stojka (Nous vivons cachés –Récits d’une Romni à travers le siècle et Je rêve que je vis ? Libérée de Bergen-Belsen), sont traduits en français aux éditions Isabelle Sauvage.

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sind zufrieden mit den was sie haben, das ist die Freiheit, 1995. Courtesy de la Galerie Christophe Gaillard/Ceija Stojka, ADAGP, Paris. Les trois œuvres présentées ici font partie des “helle Bilder” (“peintures claires”) de Ceija Stojka. Elles évoquent les années, libres et heureuses, d’avant-guerre. Sans titre 1991. Courtesy de la Galerie Christophe Gaillard/Ceija Stojka, ADAGP, Paris.

La Suisse

LE VALAIS — LES GRISONS — ZERMATT — SAINT-MORITZ GENÈVE — ZURICH — LUCERNE — NEUCHÂTEL — MONTREUX BERNE — BÂLE — LAUSANNE

Derrière les massifs alpins et les lacs scintillants, il existe une Suisse des villes et une Suisse des champs. On passe de l’une à l’autre en train, tandis que défilent par la vitre des panoramas émouvants.

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© Faustine Poidevin

Sublimi-cimes

De retour des Alpes suisses, Victor Hugo écrivait: “Le touriste yvient chercher un point de vue; le penseur y trouve un livre immense où chaque rocher est une lettre, où chaque lac est une phrase, où chaque village est un accent […].” (En voyage, tomeII, éd.1910). Précurseur, il relate l’avènement, dès le début du XIXe siècle, des stations suisses comme lieux de villégiatures prisés des Européens. Ilfaut dire que, les Alpes couvrant près des deux tiers de son territoire, la Suisse a de belles cartes à jouer. Au sud, les hauts reliefs qui habillent le Valais dépassent souvent les4000mètres –parmi eux, le Cervin, reconnaissable à sa pointe.

On skie chic en hiver, on randonne smart en été. La proximité avec la Méditerranée apporte cette lumière éclatante qui sied bien aux décors de montagne.

À l’est, dans les Grisons, chamois, cerfs et marmottes s’épanouissent au milieu des edelweiss et des jonquilles. Aux beaux jours, on pédale électrique et on dévale les rapides en raft. La station de SaintMoritz, elle, a été choisie à deux reprises pour accueillir les JO d’hiver (1928, 1948). Le discret Jura, pour n’être pas aussi vertigineux, n’en incarne pas moins la montagne dans ses mythes et sa splendeur.

Villes d’eau, villes d’art

Derrière la carte postale naturelle, la Suisse reste résolument urbaine. Encastrée au milieu de l’Europe, on y parle allemand, français, italien et romanche. Les particularismes frontaliers ont fait naître une culture remarquablement riche qui imprègne toutes les villes, tous les villages. À Genève, Zurich et Lucerne, les ruelles médiévales s’ouvrent sur des places émaillées de cafés débridés, les sièges de grandes institutions côtoient tables en vogue, parcs proprets et promenades aménagées.

Le charme discret de Neuchâtel contraste avec l’aura (méritée) de Montreux. Sur la scène artistique, Berne, Bâle ou encore Lausanne tirent leur épingle du jeu. Street-art, galeries de haut vol et musées prestigieux fleurissent. Aux quatrecoins du pays, un fil conducteur: l’eau. Chaque cité jouxte une rivière, un fleuve ou un lac parfois immense –laSuisse compte même deux rivieras à son actif, sur le lac Léman et aux abords de Lugano, dans le Tessin.

Show ferroviaire

Au pays des Helvètes, le réseau ferré conduit partout, ou presque. Dans la conception des lignes comme des trains eux-mêmes, les ingénieurs ont tenu compte du relief et du cadre pour créer des expériences ferroviaires aussi pertinentes que spectaculaires. Les wagons, bien souvent panoramiques, permettent l’observation ambulante de paysages majestueux. Les centaines de tunnels, ponts et gares s’apparentent à des ouvrages d’art intégrés à leur environnement.

En deux heures, le Luzern–Interlaken Express croise pas moins de cinqlacs et passe en traction à crémaillère pour grimper vers le col du Brünig. La Golden Pass Line file ensuite vers Montreux ; après villages, lacs et pics, l’arrivée sur le lac Léman éblouit. De Zermatt à Saint-Moritz, le bien-nommé Glacier Express enchaîne tunnels, ponts, cols et tronçon de l’Albula, estampillé Unesco. Par le Bernina Express, on peut alors gagner l’Italie. Des alpages aux palmiers, il n’y a qu’un pas.

VOYAGEURS DU MONDE

À Lausanne, Lavaux, Lucerne, Bâle, Berne, Neuchâtel, nos Like a friend vous proposent une vision personnalisée de leur ville.

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Si l’été, nimbé d’une lumière toute méditerranéenne, se prête à la randonnée, à pied ou à vélo, l’hiver se traverse en skis, tout schuss ! ©

Le goût du voyage

Les vignobles en terrasses du Lavaux

Dans le canton de Vaud, la région de Lavaux est l’une des plus spectaculaires. Au bord du Léman, les vignes, en plus d’offrir à la Suisse ses plus grands crus, sont jalonnées de sentiers balisés qui ouvrent la voie à de belles balades. De Lausanne à Montreux, 800 hectares de vignes et de terrasses se déploient et font le bonheur des œnotouristes, entre autres visiteurs.

Randonner via les bisses du Valais

À travers prairies, champs, vignobles et vergers, les bisses du Valais sont des canaux d’irrigation historiques par lesquels l’eau des torrents est acheminée. Certains d’entre eux sont toujours utilisés. D’autres, réaménagés en chemins de randonnée (de 10 à 30 kilomètres), permettent de s’émerveiller, entre cols alpins et ambiance forestière, de la richesse des reliefs suisses.

Un été au Montreux Jazz Festival

Le Montreux Jazz Festival, créé en 1967, a fait de la ville une mecque musicale. Tous les ans en juillet, durant trois semaines, les line-up d’exception se succèdent (Miles Davis, Marvin Gaye, Nina Simone, Bowie sont passés par là). Sur les rives du Léman, au gré des terrasses, bars et scènes, ce sont quelque 250 000 spectateurs qui viennent satisfaire leurs oreilles mélomanes.

Les Grisons : du tour en e-bike à la cuisine

Le parc national suisse, dans le canton des Grisons, est un terrain de jeux idéal pour organiser une sortie en VTT électrique. Ni trop raide, ni trop plat, il propose des circuits variés. Au fil des étapes ou après l’effort, les spécialités culinaires – viande séchée, soupe d’orge, pizokel (gratin de chou frisé, fromage et lard paysan), tourte aux noix, chocolat… –réconforteront tout le monde.

Nicola Quiniou
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In the mood

Aux beaux jours, la Suisse regorge d’activités outdoor : vélo à travers les vallées ondoyantes des Grisons, dégustation dans les vignobles en terrasses du Lavaux, rencontre avec des producteurs artisanaux dans une ferme d’alpage, baignade dans les torrents pour s’initier au “cold plunge”, ces bains froids aux vertus anti-stress ! L’hiver, l’expérience suisse est tout simplement magique! Embarquez parents, belle-famille et enfants à bord du train Glacier Express et passez Noël dans les montagnes. À Zermatt ou Saint-Moritz, même programme: poudreuse, fondue, air frais, courbatures et bronzage abstrait. À la croisée de trois pays, Bâle, ville aux quarante musées conçus par d’illustres architectes (Renzo Piano pour la Fondation Beyeler, Mario Botta pour le musée Tinguely ou encore Herzog &de Meuron avec le Schaulager), la créativité règne. Vous poussez la porte de l’enseigne Grimsel, antre du design et de la singularité. Vous découvrez le Kunstmuseum, premier musée d’art public au monde dont les prémices remontent à 1661. Vous flânez sur les campus Vitra ou Novartis, qui dissimulent des œuvres signées Richard Serra, Claudia Comte, Tadao Ando, Zaha Hadid ou Frank Gehry. À Genève ou Lucerne, vous vivez au rythme de l’eau. Tout en douceur…

PLACE TO BE

L’Expérimental Chalet, à Verbier, fait ce qu’il sait faire de mieux: bar funky, restaurant goûtu et déco pointue. Chef d’œuvre de modernité designé par Peter Zumthor, le 7132 Vals abrite des thermes high-tech et revigorantes. À Bâle, le Volkshaus est incontournable. Au Nomad, vous craquez pour l’ambiance brutaliste mais branchée. La piscine with a view de l’intemporelle Villa Honegg vous séduit.

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EUROPOP!

Dieu des courts, Gym Queen, hommes-machines, femmes brillantes (voire radioactive pour l’une), inventeurs de courbes souveraines, de formes abstraites ou sophistiquées, Art nouveau, moderne et pop bien sûr… L’Europe centrale et les Balkans ont de tout temps donné naissance à des génies visionnaires et hauts en couleur.

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contre-culture

Kraftwerk (Allemagne, 1970)

Le groupe (“Centrale Électrique” en VF) se propulse dans le futur dès les années 1970, en empruntant l’autoroute (Autobahn, 74) de la musique électronique. Synthés et look d’hommes-machines (The Machine-Man, 78) constituent la panoplie de ces inventeurs d’une pop visionnaire et toujours influente.

Hedy Lamarr (Autriche, 1914-2000)

“N’importe quelle fille peut paraître glamour, il su t de se taire et d’avoir l’air idiote !” Idiote, cette beauté fatale, née Hedwig Eva Maria Kiesler à Vienne, avait oublié de l’être. Star d’Hollywood à l’intelligence hors norme, elle brevète dès 1941 un système de communication à l’origine du GPS, du wifi et du bluetooth !

Nadia Comaneci (Roumanie, 1961)

Elle brille aux JO de Montréal de 1976 en remportant cinq médailles, dont trois d’or. En 1989, elle fuit la dictature roumaine, puis s’installe aux États-Unis. Aujourd’hui, l’ex-championne gère un empire dédié à la gym, dont une académie où s’entraînent 1 500 athlètes

Ernö Rubik (Hongrie, 1944)

Il est l’inventeur de l’un des casse-tête les plus sympathiques et vendus au monde : le Rubik’s Cube (1974). Professeur de design et d’architecture, il met toute sa fibre créatrice et technique dans ce petit cube de 54 pièces aux 43 trillions de combinaisons possibles.

Andy Warhol (Slovaquie, 1928-1987)

Certes né à Pittsburgh (nord-est des États-Unis), le petit Andrew Warhola tire ses origines d’une bourgade de 150 habitants, Miková, située aux confins des Carpates slovaques. Ne pas rater, à dix-sept kilomètres de là, à Medzilaborce, le plus important musée européen consacré au roi du pop art.

Le Corbusier (Suisse, 1887-1965)

Si c’est l’architecture antique (Italie, Grèce, Turquie) qui subjugue le jeune CharlesÉdouard Jeanneret-Gris, né à La Chaux-deFonds, c’est bien l’obsession de la modernité qui va faire du Corbusier l’architecte novateur (et parfois contesté) que l’on connaît. Surtout, l’un des plus audacieux du XXe siècle.

Marie Curie (Pologne, 1867-1934)

Née Sklodowska à Varsovie, elle arrive à Paris en 1891. Récipiendaire de deux Nobel (physique en 1903, chimie en 1911), elle est également dotée d’une fine repartie. À un journaliste lui demandant ce que cela faisait d’avoir épousé un génie (Pierre), elle aurait répondu : “Allez donc demander à mon mari !”

Dua Lipa (Albanie, 1995)

Son prénom signifie “Amour” en albanais. Et de l’amour pour le pays de ses parents, immigrés du Kosovo, la native de Londres n’en manque pas. Nouvelle star planétaire de la pop, elle fait tant rayonner l’Albanie qu’elle obtient la double citoyenneté en 2022.

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Piet Mondrian (Pays-Bas, 1872-1944)

Des rectangles et des carrés, parfois colorés, aux dimensions variées : ces compositions abstraites sont la signature du peintre néerlandais. À Amersfoort, charmante ville médiévale qui a vu naître cette figure majeure de l’art moderne, se trouve le Mondriaanhuis, musée entièrement dédié à son œuvre.

Sylvie Vartan (Bulgarie, 1944)

La Plus Belle pour aller danser, c’est elle ! Icône yé-yé de la France des 60’s, star internationale dans les seventies, la chanteuse, née à Iskrets (non loin de Sofia), est devenue culte de son vivant. Un statut rare qui ne devrait pas faire pleurer cette blonde légendaire…

Novak Djokovic (Serbie, 1987)

Monstre sacré du tennis professionnel, le numéro 1 mondial est toujours au top à 36 ans (il a gagné trois compétitions majeures au cours de l’année 2023).

Le Belgradois détient par ailleurs le record de vingt-quatre tournois du Grand Chelem remportés en simple.

Alfons Mucha (Rép. tchèque, 1860-1939)

Ses a ches Art nouveau s’arrachent toujours à prix d’or. Il faut dire que ses créations verticales, inspirées des estampes japonaises, sont sublimes. Le “style Mucha” aura été universel, qu’il s’exprime sur un portrait de l’actrice Sarah Bernhardt en Gismonda ou une publicité pour Moët & Chandon.

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La Slovénie

LJUBLJANA — ALPES JULIENNES — PARC NATIONAL DU TRIGLAV BLED — BOVEC — TOLMIN — KANAL — KOBARID — DOBROVO SMARTNO — GONJACE — SECOVLJE — PIRAN

Un cœur slave, latin et germanique. Et une terre verte, alpine et méditerranéenne, sillonnée de milliers de kilomètres de pistes cyclables et de sentiers le long des vignes, des lacs, de l’Adriatique. Bienvenue en slow-vénie.

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© Nevena Lukic

Douceur de vivre à Ljubljana Metelkova, 1heure du matin. Lafête bat son plein dans lequartier underground de Ljubljana. Lesmurs peinturlurés de l’ancienne caserne militaire yougoslave vibrent demusique, de couleurs et de vie. Le décorum change régulièrement, selon l’inspiration des cadors du tag et du street-art. Du haut de la colline chevelue de Grajski gric, le château contemple depuis le MoyenÂge l’e et du temps sur la ville qui, après incendies, séismes et occupations, semble s’épanouir dans la douceur de vivre. Et l’hétéroclisme, qu’elle doit à Joze Plecnik, coach architectural o ciel de la capitale au XXe siècle.

Son chef-d’œuvre, labibliothèque nationale et universitaire, s’inspire autant de la Renaissance italienne que de l’Antiquité, comme le marché central au bord de la Ljubljanica. On lui doit aussi l’iconique Triple Pont ou encore l’étonnante église Saint-Michel où

fusionnent les codes du Karst et ceux des temples grecs, montés sur pilotis pour résister aux défis d’un terrain marécageux. Ljubljana est à Plecnik ce que Barcelone est à Gaudí.

Outdoor, dans les Alpes

La Save serpente vers le nord-ouest, menant en quelques dizaines de kilomètres à la Slovénie des hauteurs. Celle des Alpes juliennes et du parc national du Triglav, réserve de biosphère, écrin de paysages alpins, flore et faune sauvages, creusé de mille grottes, gorges et lacs perchés. Un tableau vivant peint à la verticale –400pics y dépassent les 2000mètres–propice à la marche et à la contemplation. Là, enveloppée de forêts et de rêve, figée dans le temps, se trouve l’émouvante Bled. Paisible, bercée de torpeur romantique, laville est veillée par son château qui scrute de l’autre œil les eaux du lac où flotte la seule île du pays, coi ée d’une église du XVe siècle.

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Architecture, nature et tradition : les atouts slovènes se donnent rendez-vous au sein d’adresses chaleureuses et confidentielles. © Hôtel

Le goût du voyage

Danse avec les ours, à Sneznik

Non loin du village de Pivka, il est possible, dans la réserve de Sneznik (“la montagne des neiges”), de rencontrer l’ours brun dans son milieu naturel. Ce dernier, protégé depuis 1951, fait souvent son apparition en soirée, à condition de savoir se faire discret. L’observation du prédateur, depuis une plateforme perchée dans les arbres, reste spectaculaire.

Predjama : le château perché sur une grotte Predjama est le plus grand château troglodyte du monde. Bâti au XIIIe siècle au creux d’une falaise de 123 mètres de haut, il surplombe un gouffre karstique et trône au-dessus d’une grotte. Cette curiosité médiévale se visite (38 pièces réparties sur 6 niveaux), ainsi qu’une partie de la grotte (700 mètres sur 14 kilomètres au total).

Slovénie : l’autre pays du vin

Trois régions viticoles – Primorska, Podravje, Posavje –, neuf terroirs, cinquante-deux cépages et plus de 2 500 viticulteurs. La Slovénie est, sans contestation possible, un pays de vins. Reconnus partout à travers le monde, ils se dégustent le long des routes des vins, nombreuses, qui sillonnent les diverses régions d’origine citées.

Ljubljana, capitale verte de l’Europe À pied, à vélo ou en kavalir, un petit taxi électrique, gratuit et collectif : c’est ainsi que Ljubljana, qui a écarté les voitures de son centre, s’arpente. Des mesures durables qui lui valent depuis plusieurs années d’arriver en tête des villes européennes les plus green. En plus de posséder le pourcentage le plus élevé d’espaces verts par habitant en Europe !

© Daniel Dorsa
Hisa Radua
D’alpages en cascades, on découvre l’esthétique exceptionnelle de la vallée de la Soca, le goût du fromage de brebis, les sensations fortes du rafting et l’élégance frugale de bourgades accueillantes.

Lac voisin et immense, Bohinj o re au visiteur un panorama plus brut encore, et aux sommets enneigés un miroir dans lequel se mirer. D’alpages en cascades, sous le vol du vautour fauve, on découvre l’esthétique exceptionnelle de la vallée de la Soca –flots couleur ciel, forêts émeraude et plaines anis–, le goût du fromage de brebis, les sensations fortes du rafting et l’élégance frugale de bourgades accueillantes à l’image de Bovec, capitale locale de l’outdoor; Tolmin à l’activité festivalière vaste et gorges étroites; lamédiévale Kanal, aux jolies façades pastel ; ou encore Kobarid qui, depuis sa vallée glaciaire, apporte un éclairage muséal savant sur le front local durant la Première Guerre mondiale. Un peu plus haut, on chausse les skis sur le domaine de Kanin.

Comme un air de Toscane Si l’ouest de la Slovénie a parfois de faux airs de Toscane, c’est qu’elle partage avec la regione italienne de formidables prédispositions à la culture du raisin. Primorska, vallonnée et verdoyante, produit avec deuxautres régions slovènes –Podravje et Posavje–lesmeilleurs vins du pays et certains des meilleurs au monde. Habitude hautement méditerranéenne, on cultive aussi dans les alentours oliviers et arbres fruitiers qui alimentent les excellentes tables des villages voisins. Autant d’occasions de siroter, croquer et pédaler à flanc de coteau, du château de Dobrovo au marché du ravissant Smartno, dont lesmaisons blanches à toit rose sont

cernées de remparts. Quant à la tour de Gonjace, elle o re, au terme de quelque 145marches, une vue édifiante sur la vallée et ses infinies rangées de vignes. À la fin du mois de mai, on cueille ici lespremières cerises.

L’air iodé de la côte adriatique

Entre l’Italie et la Croatie, au creux du golfe de Trieste, la Slovénie est parvenue à se ménager un petit bout de mer –moins de cinquantekilomètres, l’un des littoraux les plus courts d’Europe. Pas une enfilade de plages de sable mais une côte rocheuse où les marais salants miroitent au soleil depuis des siècles. La fleur de sel de Secovlje, récoltée de manière ancestrale, se retrouve désormais aussi bien dans l’assiette que dans les soins des spas. La ville de Piran, adorable et presque entièrement piétonne, semble défier les flots cristallins de son isthme aux toits orange. Autour de la très belle place Tartini, une dizaine d’églises jouent à cache-cache entre les façades colorées patinées par le soleil. Dans les ruelles circulent histoires et visiteurs, enivrés par un air chargé d’iode et le parfum musqué de la tru e râpée sur les fuzi. L’Istrie est aussi slovène.

VOYAGEURS DU MONDE

Ljubljana côté archi, randonnée dans la vallée de la Soca, dégustation de vins dans la région de Primorska, bateau privé à Piran : la Slovénie sur un plateau.

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In the mood

Terrain de jeux naturel, ce petit pays cumulant paysages alpins, campagnes et littoral, répond particulièrement bien aux familles sportives. Mettre un pied devant l’autre (et recommencer) sur les crêtes de Podbela, à la frontière italienne, s’envoler en parapente, ou viser les sommets de l’incontournable parc national du Triglav (en hiver, ychausser les skis de randonnée). À moins de préférer ceux plus isolés de Velika Planina ; dès le printemps, dégringoler en raft la rivière Soca et ses torrents a uents en canyoning, ou opter pour sa voisine la Nadiza, dont l’eau plus chaude et les piscines naturelles de galets sont idéales pour les petits frileux ; jouer les spéléologues dans les grottes de Postojna et de Skocjan, les aventuriers sur les ponts de bois des gorges de Vintgar ; se sauver à vélo au pied des Alpes, sur la piste cyclable de Jure Robic, 28 kilomètres parmi les 10 000 que compte le pays, avant de tester son équilibre en stand-up paddle sur le lac de Bohinj… Alors seulement, vous pourrez envisager de vous (re)poser dans l’atmosphère balnéo-italienne d’Izola.

PLACE TO BE

Dans un pays particulièrement sensible à son environnement, l’agritourisme n’est pas une tendance née de la dernière pluie, à l’image de l’Hisa Raduha (1), inauguré en 1875.

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© Suzan Gabrijan

ANA ROS

LA PART DU TERRITOIRE

Che e autodidacte, Ana Ros a épinglé la Slovénie sur la mappemonde culinaire. Un succès guidé par une vision personnelle et subtile de l’écosystème local.

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magazine – slovénie
© Suzan Gabrijan

Il y a dixans à peine, nulle n’aurait envisagé la Slovénie sous l’angle gastronomique. Ses montagnes aux rivières d’émeraude, ses forêts sauvages, son microlittoral méditerranéen attiraient déjà les sportifs assoiffés de nature, beaucoup moins les gourmets. Pour autant, sur ce territoire de presque 21 000kilomètres carrés qui connut bien des découpages frontaliers, le vent des Alpes juliennes peut tourner subitement. Il su t parfois d’une personne, une femme en l’occurrence. Montée à l’automne 2023 sur la troisième marche du trophée TheBest Chef, récompensant les cent meilleurs talents culinaires du moment, seule cheffe dans le top10, et décorée la même année d’une troisième étoile Michelin, Ana Ros ne s’est jamais rêvée star des fourneaux. Fille de médecin, née en 1972 dans une petite ville à la frontière italienne, skieuse confirmée dans son adolescence, la jeune femme filait tout schuss vers une carrière diplomatique dans le prolongement de ses études, suivies à Trieste. Une rencontre amoureuse change sa trajectoire. En 2002, la blonde frondeuse plaque tout pour reprendre avec son compagnon d’alors, Valter Kramar, le restaurant familial de celui-ci. Perché à Kobarid, dans l’ouest du pays, l’Hisa Franko n’est alors guère plus qu’une halte pour les randonneurs de retour des crêtes surplombant le village et les pêcheurs appâtés par les trous d’eaux translucides. Ana Ros prend les commandes en salle, puis rapidement celles des cuisines. “Cette vie de cuisinier n’a pas été facile. C’était une histoire de survie”, livre-t-elle dans l’épisode de Chef’s Table qui lui est consacré en 2016. À ses débuts, la sauce ne prend pas, le restaurant périclite. Le couple (séparé depuis) part alors s’inspirer à la table de grands chefs européens. Ana Ros se plonge dans les livres, passe des nuits, des années, à apprendre de nouvelles techniques. Puis, l’autodidacte comprend que la recette de son identité culinaire bat simplement sous ses yeux : dans ces alpages de l’ouest où elle a grandi, les sous-bois de Kobarid, dans l’eau pure de la Soca, la lagune de Marano: “Je me suis rendu compte, en exprimant le territoire, que mes pensées pouvaient

voyager. Je créais une philosophie et je racontais une nouvelle histoire slovène.” Son apparition dans la célèbre série culinaire de Netflix la propulse sous les feux de la rampe. L’année suivante, elle est sacrée meilleure che e du monde par The World’s 50 Best Restaurants. Et encore troisans plus tard, l’Hisa Franko est le premier établissement slovène à recevoir deux étoiles Michelin. Les mauvaises langues y voient un conte de fées bien marketé, quand s’exprime en réalité une longue histoire de résilience et d’étude environnementale.

Truite marbrée de la Soca, chèvre de Dreznica, orties de Matajur…

Ana Ros puise dans un rayon de cinquante kilomètres les ingrédients d’une cuisine régionale ciselée au crible de sa créativité. “La cuisine est une symbiose de trois éléments: le territoire, la saison et la personnalité du chef… Lorsque vous dînez à l’Hisa Franko, vous pouvez fermer les yeux et comprendre complètement l’environnement dans lequel il s’inscrit”, rappelle la che e qui dresse sa palette grâce à une poignée d’éleveurs, d’agriculteurs, de cueilleurs et de pêcheurs locaux.

Entre ses mains, le cottage cheese fermenté de Tolmin, la truite marbrée de la Soca, la chèvre de Dreznica, les champignons de Kobarid, les orties de Matajur, les légumes de Srednje, comme l’épeautre, le sarrasin, le pollen récoltés ici de façon ancestrale, prennent une autre dimension. Reflétant son tempérament audacieux, l’étoile de Kobarid marie les chairs du cabri et du crabe, convoque les fleurs sauvages, le coing noir et le foin d’été. Guidé par une conscience écologique toute slovène, son menu se végétalise de plus en plus. Une vision durable récompensée d’une étoile verte Michelin et du prix Pristine du meilleur chef en 2022. Se nourrir de la nature, fermenter, mariner, préserver sont des réflexes que ce peuple rural cultive depuis toujours. Ana Ros y ajoute sa touche, un dialecte local unique et délicat, qu’elle maîtrise parmi septautres langues, et fait d’elle une véritable ambassadrice.

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En 2020, la cheffe Ana Ros, tout juste récipiendaire de deux étoiles Michelin, évoquait son environnement naturel, son histoire et sa cuisine dans Sun and Rain, un livre sublimement mis en images et édité en anglais (Phaidon). © Suzan Gabrijan

La Croatie

ZAGREB — VALLIS AUREA — ARCHIPEL DE BRIJUNI ROVINJ — MOTOVUN — GROZNJAN — CAP KAMENJAK PAKLENICA — ZADAR — ÎLES KORNATI — SPLIT BRAC — BOL — HVAR — KORCULA — DUBROVNIK

Parce qu’elle a la cote depuis une vingtaine d’années, on pourrait croire qu’elle n’a plus rien à nous apprendre. Pourtant, dans l’intimité de sa côte lumineuse et de ses terres champêtres se trouve encore de l’inattendu.

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© Ana Kutija
Les remparts médiévaux de Dubrovnik.

Zagreb & le Nord

Depuis Gornji Grad, la ville haute, le regard embrasse la capitale croate qui se déroule en vastes places, clochers et toits orange. Anciens bourgs rivaux, deux collines lui servent de piliers. Gradec, ruelles médiévales, boutiques et restaurants; et Kaptol, dont l’étonnante église Saint-Marc est coi ée des armoiries de la ville, dessinées en tuiles de couleur. Plus bas, le cube de verre de la bibliothèque nationale côtoie la cathédrale, aux emblématiques flèches blanches. Des musées éloquents creusent les grandes questions de l’humanité –archéologie, ethnographie, histoire. Les artistes osent des réponses au musée d’art contemporain. Celles d’IvanMestrovic, élève de Rodin, sont exposées dans son impressionnant atelier. L’hiver, la jeunesse se serre dans les nombreux cafés de la ville nouvelle, derrière façades Art nouveau et Belle Époque. L’été, on s’étend en famille sur les rives du lac Jarun, dans la banlieue sud. À deuxheures de la capitale, les virées lacustres prennent une tout autre

dimension dans le parc national de Plitvice, aux merveilleux lacs en terrasse. Quinze joyaux bleu-vert, à l’eau cristalline, reliés par plus de quatrevingt-dixcascades fabuleuses –Veliki Slap, Prstavic… On explore à pied, en bateau ou à cheval gorges calcaires, vallées sereines et épaisses forêts de sapins et de hêtres. L’apologie de la vie au vert est aussi l’apanage de la Slavonie. Moins équipée pour recevoir en grande pompe, cette région rurale du nord-est du pays accueille avec pragmatisme et générosité dans un décor champêtre, connecté aux a aires terriennes –revigorant cobanac, ragoût berger traditionnel; fertiles terres vinicoles de la Vallis Aurea.

L’Istrie & l’archipel du Kvarner

Au sud du golfe de Trieste, la péninsule d’Istrie semble s’être e ritée en unedouzaine de petites terres flottantes: l’archipel de Brijuni. Un sanctuaire de vie où s’épanouissent plus de 250espèces animales et 680végétales.

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© Olivier Romano
© Ana
Kutija
Sur le continent, la splendide Rovinj déploie de jolis bâtiments aux couleurs chaudes.

Au port, les batana, cesbarques croates ancestrales à fond plat et aux airs de gondoles vénitiennes, invitent à une partie de pêche.

Sur Veliki Brijun, de grandiloquentes villas ont poussé à la Belle Époque, près des vestiges romains et byzantins : celle de l’écrivain James Joyce et la Villa Blanche, où Nehru, Nasser et Tito signèrent, en 1956, la Déclaration des non-alignés. Sur le continent, la splendide Rovinj déploie de jolis bâtiments aux couleurs chaudes. Au port, les batana, ces barques croates ancestrales à fond plat et aux airs de gondoles vénitiennes, invitent à une partie de pêche en eau peu profonde.

Dans l’arrière-pays, on grimpe jusqu’à d’adorables villages perchés –mille marches pour atteindre le point culminant de Motovun, ancien castrum romain (ville fortifiée) surplombant la rivière Mirna. Groznjan, déserté après la Seconde Guerre mondiale, a été repeuplé de nombreux artistes. Aujourd’hui, leurs ateliers et boutiques d’artisanat jouent des coudes le long des ruelles historiques. Lestouristes aussi, attirés aussi bien par le jazz estival que par le jambon cru, le vin et les plats à la tru e.

L’assiette fait en Istrie la synthèse des cuisines méditerranéennes, romarin,

sauge, laurier en tête. Bouquet (garni) qui, à la hauteur du cap Kamenjak, fusionne avec le pin d’Alep et le genévrier. Là, à quelques encablures de l’amphithéâtre de Pula, on accède en pagayant à des criques, falaises, grottes et plages merveilleuses, on rencontre phoques et grands dauphins.

La Dalmatie, du nord au sud Il faut pour apprécier les paysages grandioses du parc national de Paklenica, s’enfoncer dans les canyons karstiques. Chamois et lynx tiennent compagnie au marcheur; faucons et aigles au grimpeur à l’œuvre sur Anica Kuk, paroi de 300mètres réputée pour sa complexité. Àmoins d’une heure, lasympathique Zadar expose, entre terrasses animées, jardins publics et boutiques de mode, quelques grands rescapés de la guerre: lacathédrale Sainte-Anastasie, lesfortifications vénitiennes, l’église byzantine SaintDonat du IXe siècle. Sur le front de mer, les vagues de l’Adriatique jouent des orgues marines conçues par l’architecte Nikola Basic.

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Grottes, plages et criques secrètes : la Croatie, tout au long de l’Adriatique, réserve de belles surprises au gré de son millier d’îles.

Le goût du voyage

Mljet : une île et un parc national

D’un côté la plus belle île adriatique, de l’autre l’espace naturel protégé le plus important de la Dalmatie méridionale. Le tout dans un cadre à la végétation méditerranéenne folle. Le parc, créé dans les années 1960, couvre un tiers de l’île (environ 30 km2). Les deux grands lacs salés, Veliko et Malo Jezero, font le bonheur des amateurs de baignade.

Les précieuses pierres de Brac

La troisième plus grande île de l’Adriatique, prisée pour ses eaux limpides, est également connue pour son marbre et son calcaire. Les pierres de Brac parent ainsi les murs de la MaisonBlanche et des parlements de Vienne et Budapest. Qui dit pierre dit tailleurs, qui se transmettent leur savoir-faire depuis des siècles, notamment à l’école de Puscica.

Dégustation d’huîtres et de moules à Ston La commune de Ston est réputée pour la finesse de ses coquillages. Les huîtres y sont récoltées depuis le XVIe siècle. La Neretva, rivière d’eau douce qui se jette dans la mer, et les pluies hivernales créent les conditions idéales pour pouvoir les cueillir en mars. Période à laquelle de nombreuses dégustations gastronomiques ont lieu.

Primosten, un village de pêcheurs médiéval

En Dalmatie, cette cité posée sur une presqu’île rocheuse invite à l’exploration en bateau d’une plus belles régions croates. Sur la terre ferme, pour accompagner les fruits de la pêche locale, une dégustation de vins peut-être organisée. L’occasion de sympathiser avec les habitants et d’en apprendre davantage sur les secrets des lieux.

© Ana Kutija

Sur l’île de Hvar, la plus ensoleillée de l’Adriatique, la ville ancienne offre un patrimoine historique et culturel riche où il fait bon flâner.

© Ana Kutija

Cité intemporelle bâtie sur un rêve romain, Split entortille à l’intérieur de

fiers remparts

un

labyrinthe de ruelles fleuries.

Le soir, les installations de son étonnante Salutation au soleil transforment la promenade en dancefloor lumineux. Le soleil a aussi un rôle à jouer sur les îles Kornati, dont les falaises blanches éclairent la navigation et la baignade. La mer est ici d’un bleu roi pénétrant. On vit d’eau fraîche et de picarel, petit poisson pêché dans les environs.

Cité intemporelle bâtie sur un rêve romain, Split entortille à l’intérieur de fiers remparts un labyrinthe de ruelles fleuries. À la belle saison, les places à arcades se couvrent de terrasses où boire le marasquin. En bord de mer, les vestiges éloquents du palais de Dioclétien donnent un aperçu du pouvoir de l’Empire romain au IIIe siècle. Sur les étals du Pazar (marché), à l’est du palais, bavardages et emplettes vont bon train au-dessus des produits de l’arrière-pays dalmate.

Alors que l’on poursuit vers le sud, se vérifient quelques heureux clichés et le rythme indolent des jours se fait l’écho de l’expression “Pomalo”, sorte de “Relax Max” croate. On prend les locaux au mot, méditant de plage en plage, lévitant d’île en île. Sur Brac, on entretient une relation intime avec la nature, touchant du doigt une authenticité si souvent galvaudée.

Les pêcheurs rapportent du large des sardines, les producteurs miel et bouquets de thym dont on parsème absolument tout.

Près de Bol, sur la côte sud, la plage de Zlatni Rat, coi ée de forêt, étire son “v” de galets dorés dans les eaux translucides de l’Adriatique. Ici et là, le farniente fait dans l’agenda de la place à la plongée. Sur l’île de Hvar, les odeurs entêtantes de lavande et de pin accompagnent les balades à travers les collines tapissées de maquis. La grande île de Korcula, baignée d’un soleil quasi permanent, aurait vu naître MarcoPolo.

Si le doute demeure, on joue les explorateurs. La vieille ville, entièrement piétonne, se visite tel un musée à ciel ouvert avec, pour exposition permanente, un splendide héritage architectural: cathédrale, bas-reliefs, balcons sculptés. Tout près des frontières bosnienne et monténégrine, Dubrovnik s’aborde comme un autre voyage. Les remparts brise-vagues du MoyenÂge protègent toujours le patrimoine gothique, roman, Renaissance et baroque de l’ancienne Raguse, dont la plus vieille synagogue séfarade en activité et des petits cafés où l’on sert du café turc.

VOYAGEURS DU MONDE

Chevauchée dans le parc de Plitvice, croisière en voilier dans les Pakleni, Zagreb dans les pas d’un habitant : une Croatie vivante et intimiste.

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In the mood

L’Adriatique comme fil d’Ariane : vous l’admirez depuis une table dumont Srd, capturant au passage lavue plongeante sur Dubrovnik; àl’inverse, vous choisissez d’y flâner en kayak pour flotter dans le couchant qui embrase les remparts de la ville. Vous cabotez en voilier dans l’archipel bien mal nommé des îles Infernales (les Pakleni), unpetit paradis, puis plongez sous la surface, dans le bleu profond des tombants des Kornati, enfin, vous l’e eurez en kitesurf sur le spot de Zlatni sur la sauvage île de Brac. L’Adriatique comme un dilemme bleuté, entre le glamour miroitant de Hvar et le vert apaisant de l’île de Mljet (là même où la nymphe Calypso gardait Ulysse captif). Bien sûr, vous vous laisserez parfois tenter par un détour dans les terres, jamais à court d’arguments : les bonnes adresses de Zagreb dans les pas d’un local, le charme deRovinj et des villages perchés de Motovun et Groznjan, en Istrie, une cavalcade dans le parc de Plitvice, et même un safari au surprenant parc de Brijuni, bordé de zèbres et de lamas, mais très vite la Dalmatie rappelle votre raison à l’eau: les ruelles fleuries et les terrasses de Split, les criques de Korcula, pour un final forcément aquatique.

PLACE TO BE

Naviguant entre l’histoire du Palace Elisabeth sur Hvar, le modernisme de la Villa Dubrovnik et l’expérimentation à la Villa Nai 3.3, en Dalmatie, l’hôtellerie croate déroule un vaste horizon.

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La Bosnie-Herzégovine

À la croisée des chemins

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© Gavin Hellier/Adobe Stock

Des paysages naturels et urbains équilibrés, à taille humaine. Des influences ottomanes et austro-hongroises encore vives. LaBosnie-Herzégovine est unemosaïque culturelle qui invite à plonger dans l’histoire tumultueuse des Balkans.

Afin de situer les choses, disons que la Croatie a la BosnieHerzégovine sous le bras. Bosnie au nord et au centre du pays; Herzégovine au sud. L’ensemble étant relié à l’Adriatique par un corridor, ouvrant entre Split et Dubrovnik. Le territoire bosnien est composé de montagnes d’arrière-pays, surtout. Il illustre un pittoresque balkanique résultant d’un long mélange depopulations et de compromis culturels. Les paysages y sont pleins de reliefs, de formes et de couleurs. Et de cours d’eau turbulents, sur lesquels les Ottomans ont jeté maints ponts élégants. Celui de Mostar, sur le fleuve Neretva, est fameux et symbolise les heurs et malheurs de l’Herzégovine. Il commande une vieille ville où sou e encore l’esprit des marchands d’autrefois et des artisans d’art, des ulémas. L’hôtel Muslibegovic House, typique de l’architecture bosnoottomane, conserve l’art de vivre d’alors. En Bosnie orientale, le pont Mehmed Pacha Sokolovic, à Visegrad, permet de passer la Drina. L’un et l’autre ouvrages datent du XVIe siècle et sont inscrits au Patrimoine mondial. C’est beau un pays dont les emblèmes sont des liens.

Parlons donc de Sarajevo, ville du siège et de trois religions: synagogue ashkénaze, église Saint-Michel-et-Saint-Gabriel et mosquée Gazi Husrev-Bey. Sans aller jusqu’à faire de la brasserie unequatrième foi, on peut aussi se rendre à la PivnicaHS, héritière d’une tradition d’excellence. La capitale bosnienne est aussi une ville où l’on prend du bon temps.

En Bosnie centrale, Jajce mérite une reconnaissance: site splendide et longue histoire ! Citadelle, église Sainte-Marie, maisons traditionnelles, mosquée de la sultane Esma dans la carsija, le quartier ottoman. Un peu au sud-est, Travnik est une autre expression bâtie de l’esprit bosnien. Plusieurs mosquées, une médersa, unancien collège jésuite, église orthodoxe serbe de la Dormition-de-la-Mèrede-Dieu. Uneforteresse. L’histoire se lit à même le tissu urbain.

VOYAGEURS DU MONDE

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Le Monténégro

BIOGRADSKA GORA — DURMITOR — CETINJE PODGORICA — KOTOR — PERAST — BUDVA

SVETI STEFAN — BAR — ULCINJ — VELIKA PLAZA

Archipel des Tuamotu

RANGIROA — TIKEHAU — FAKARAVA — MANIHI

Aviateur, joueur de tennis, dandy, pionnier de la navigation, Alain Gerbault mena une existence des plus palpitante. Las, il fuit les mirages de la civilisation moderne, et passa du paradis des îles polynésiennes à l’enfer d’une fin de vie faite d’errances.

Forêts sombres, cimes rocailleuses, cités sérénissimes, plages radieuses: le petit Monténégro –à peine 14000kilomètres carrés– fait les choses en grand. Une“Montagne Noire” qui brille aussi de ses multiples influences culturelles.

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© Ana Kutija

La Montagne Noire des Balkans Ici aussi, les influences sont multiples : illyriennes, romaines, vénitiennes, ottomanes, austro-hongroises… Détaché de la Serbie depuis 2006, il vole désormais de ses propres ailes, tel l’aigle bicéphale ornant ses armoiries. Son nom, “Montagne Noire”, héritage vénitien, fait écho à sesmontagnes sombres, tapissées de forêts millénaires. Celle du parc national de Biogradska Gora est l’une des dernières forêts primaires du continent, propice auxrandonnées à l’ombre des chênes, érables et pins.

Autre record: le pays abrite les gorges les plus profondes d’Europe. Les rafteurs tentent de dompter latumultueuse rivière Tara qui serpente versun autre parc national: Durmitor. Là, des forêts denses de conifères s’entrelacent autour de lacs aux eaux cristallines, au bord desquels on pique-nique devant une toile évoquant les Dolomites.

Cap vers l’Adriatique

Avant de descendre parfaitement vers lacôte, on atteint un ultime sommet dans le parc national de Lovcen. L’ancien souverain Petar II Petrovic Njegos y a choisi une dernière demeure de choix, son mausolée, o rant une vue à 360degrés sur les montagnes et les bouches de Kotor. On lui doit l’essor de Cetinje, capitale d’antan, où l’on flâne sur fond de palais et de façades Art nouveau. L’actuelle capitale, Podgorica (autrefois Titograd), sert principalement de porte d’entrée aérienne. Relativement neuve, elle est souvent boudée pour la rudesse de son architecture brutaliste. En descendant vers Kotor, la bien nommée route Serpentine –dix-septkilomètres et vingt-cinqvirages en épingle– dévoile à chaque tournant unnouveau bout de

littoral. Végétation, lumière et atmosphère évoquent déjà laMéditerranée.

Un littoral captivant

Succession de golfes s’enfonçant dans lesterres, les bouches de Kotor sont serties de palais, monastères et adorables villages de pêcheurs, à l’image de Perast, qui baigne dans des eaux paisibles où les locaux ont délaissé la pêche pour s’adonner aujourd’hui au water-polo. Tout est ici question de perspective et c’est depuis bateaux et kayaks que lespanoramas se montrent sous leur meilleur jour. Les Vénitiens, maîtres de ces contrées pendant quatresiècles, ont marqué la côte de leurs influences. La cité de Kotor en est unbel exemple. On s’en laisse convaincre en sirotant son café sur une place ensoleillée ou en dégustant risottos et calamars grillés à l’ombre des remparts. Chaque déambulation au cœur de son dédale pavé révèle un peu plus l’héritage multiculturel commun aux villes de Budva, Sveti Stefan ou Bar. À Ulcinj, les Ottomans ont laissé derrière eux des parfums d’Orient –chants mélodieux des muezzins et minarets immaculés. Le marché de Zelena a des airs de souks. On y vend des olives en quantité et du tabac, cultivé aux abords du lac Skadar, le plus grand des Balkans et frontière naturelle entre Monténégro et Albanie, et où pélicans frisés et cormorans pygmées planent au-dessus des étendues de nénuphars. La grande plage –Velika Plaza– et les criques des environs racontent des histoires de pirates.

VOYAGEURS DU MONDE

Carnet d’adresses géolocalisées et minirouteur wifi : deux outils pratiques qui accompagnent votre road-trip.

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In the mood

Côté culture et histoire: la cité médiévale de Kotor, marquée de ses influences vénitiennes ; Perast, ses palais et ses dixsept églises, dont l’émouvante Saint-Nicolas, ou encore l’étonnante île Notre-Dame du Rocher Côté nature, vous cabotez sur lesbouches, passez de villages en îles, déjeunez sur un petit port de pêche : Herceg Novi, Risan ou Perast, puis improvisez une baignade au fil de l’eau. Cap ensuite sur le parc du Durmitor : à votre niveau, vous y randonnez entre les pins de Bosnie et les érables des Balkans, l’apparition furtive de chamois et devautours. Le lac Noir en ligne de mire pour les marcheurs aguerris. Enquête d’adrénaline? Rebondissez en rafting sur la rivière Tara. Le lac de Skadartient des promesses plus tranquilles : dans cette réserve privilégiée par les oiseaux migrateurs, un spécialiste vous accompagne. Filez ensuite jusqu’aux vignobles d’Ulcinj déguster ses meilleurs cépages, improvisez-vous fermier de haut alpage une journée, apprenez à traire une vache et à fabriquer le fromage Kolasinski, avant de crapahuter vers les sommets de Bjelasica. Puis, imaginez l’ascèse au monastère d’Ostrog. Et dans le parc national du Lovcen, récoltez champignons et plantes médicinales selon la saison.

PLACE TO BE

Ancienne forteresse, posée à l’entrée des bouches de Kotor, le Mamula Island Hotel (1) conjugue histoire, style et spa, tandis que l’Heritage Grand de Perast revisite la république vénitienne du XVIIIe siècle, et l’Eco Village Nevidio, à Savnik, joue lescabanes alpines.

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La Serbie

Un joyau discret

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Nevena Lukic

De Belgrade, la capitale, à l’esthétique paneuropéenne disparate, jusqu’à la flamboyante et multiculturelle Subotica, en passant par Novi Sad, bordée par le Danube, le territoire distille ses charmes antiques tout en ne manquant pas de s’inscrire dans le présent.

Au centre de l’Europe, ce pays à l’histoire mouvementée et riche reste encore peu visité. La Serbie est pourtant une pièce importante de la mosaïque slave du sud. Et un avant-poste orthodoxe. Une situation qui détermine toute une sensibilité et une authenticité certaine, sinon une Weltanschauung (conception du monde).

Ainsi débarque-t-on à Belgrade et descend-on à l’Hotel Moskva. Art nouveau certes, mais avec une touche di érente. Pas celui de Vienne (Jugendstil), ni celui du Céramic Hôtel parisien. On pense plutôt à la lettone Riga et à l’Art moderne russe. Car Belgrade appartient à une géographie esthétique paneuropéenne. La ville s’o re à nous et nous étourdit de turbo-folk, la pop des Balkans des années 1980-90. L’exploration pousse jusqu’à descendre leDanube en speedboat vers la Roumanie, les Portes de Fer et la forteresse médiévale de Golubac. À moins de remonter le fleuve jusqu’à Novi Sad. La Serbie moderne y est née. L’intelligentsia nationale

du XIXe siècle y a tracé les voies de l’avenir. En témoignent encore la Matica srpska (l’institution scientifique et culturelle laplus ancienne de Serbie), lelycée Jovan Jovanovic Zmaj, construit en 1900, ou l’ensemble thermal Jodna banja. Lanation se concevait mens sana in corpore sano. Enfin, plus au nord, à la frontière hongroise, Subotica, Kaiserlich und Königlich (“impériale et royale”, en allemand) distille ses charmes intacts. Une belle agrafe entre le monde balkanique et l’empire central. En entrant dans lerestaurant de fast-food qui a pris laplace de l’ancien Café de l’Hôtel de Ville, on a un petit pincement en imaginant ce que cela fut. Si l’on vient s’étonner, peut-être obtiendra-t-on réparation…

VOYAGEURS DU MONDE

Belgrade version design et street-art, la culturelle Novi Sad en privé, croisière sur le Danube et promenade baroque à Sremski Karlovsci : personnalisez votre agenda serbe.

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L’Albanie

TIRANA — BERAT — GJIROKASTËR — SARANDA

Multiculturelle et pleine de contrastes, l’Albanie sedécouvre du nord au sud, de villes séculaires et sites exceptionnels en lieux marquant son renouveau et sa modernité.

Vibrante Tirana

Au centre de la place Skanderbeg trône l’impressionnante statue du héros national albanais dont le regard semble protéger la ville. Une ville où l’architecture hétéroclite balance habillement entre l’ancien et le contemporain. La Pyramide, ancien musée dédié au dictateur Enver Hoxha, est aujourd’hui le rooftop le plus fréquenté de la ville; de son sommet on prend le pouls de cette vibrante capitale. On s’émerveille dans les anciens bunkers transformés en temple de l’art moderne et on prie dans les églises ou mosquées bâties les unes à côté des autres.

Au marché Pazar Meydani, les façades bigarrées semblent s’amuser du bal des chineurs d’objets datant de l’époque communiste. Puis, en soirée, on file

boire un verre entre amis au Blloku. L’ancien quartier des élites du parti fait danser la capitale jusqu’au petit matin. Ainsi va la vie à Tirana, attachée à son histoire mais soucieuse d’attraper le train de la modernité. Elle ne se soucie guère de se créer dans une unité mais a rme son identité, le reflet d’un pays qui assume, voire revendique, son passé tumultueux.

Les traces de l’histoire

En descendant vers le sud, une journée à Berat permet de se plonger dans l’histoire ottomane de l’Albanie. La ville aux mille fenêtres semble s’être figée dans le temps. Du haut de sa citadelle l’œil s’attarde sur les toits des anciennes maisons turques qui ont caché jadis leséglises alors interdites et remplacées par des mosquées.

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© Kintzing
La plus belle partie? La Riviera albanaise, où les montagnes se jettent dans la mer laissant apparaître en creux de belles criques et plages aux eaux turquoise.

Un peu plus loin, à Gjirokastër, les étals désormais bien achalandés des échoppes datant du XVIIe siècle attisent la curiosité. Puis, le soir, les souvenirs font place à des banquettes confortables. L’endroit idéal pour trinquer à cette belle découverte un verre de Kallmet à la main, le vin endémique albanais. Un crochet vers la côte et l’antiquité apparaît. Les Illyriens et les Grecs ont laissé des sites archéologiques exceptionnels: Apollonia, Butrint, Bylis… on ne sait lequel choisir.

D’eau douce et d’eau salée

L’Albanie est aussi une terre baignée d’eau. Deux lacs majestueux dont les eaux paisibles sont partagées par les voisins monténégrins au nord et macédoniens à l’est. Shkodra, Ohrid, deux belles promesses. Celles de voir de nombreux oiseaux pour l’un et de découvrir de magnifiques monastères pour l’autre. Un peu plus

au sud, on suit la Vjosa, le premier parc national de Rivière sauvage” en Europe dont les rapides font rugir de plaisir les kayakistes. Au fil de l’eau, on arrive à la Grande Bleue… Adriatique ou Ionienne il y a le choix. La plus belle partie? La Riviera albanaise, où les montagnes se jettent dans la mer laissant apparaître en creux de belles criques et plages aux eaux turquoise. La route serpente de villes animées en villages perchés jusqu’à Saranda, où en récompense de ce beau périple on s’o re un verre sur la terrasse du château de Lëkurës… À l’horizon, Corfou se dessine.

VOYAGEURS DU MONDE

S’imprégner de l’atmosphère de Tirana, déceler les secrets de Berat, rencontrer une famille à Gjirokastër, s’accorder une pause les pieds dans l’eau… Composez un voyage qui vous ressemble.

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In the mood

Noceurs, chineurs, gastronomes, amoureux des vieilles pierres ou des plages d’albâtre, l’Albanie ne manquera pas d’arguments pour vous séduire. Si en plus vous avez l’esprit pionnier, vous connaissez votre prochaine destination d’été Piquez dans le vif du sujet, à Tirana, en vous laissant conter l’histoire du pays au Bunk’Art 2 et à l’ancienne Pyramide, transformée en centre culturel. Sirotez un café glacé sur la place Skanderbeg ou en terrasse dans le quartier de Blloku. En soirée, regagnez pour dîner la table du Mullixhiu, où le chef Bledar Kola (passé par lescuisines du Noma) transcende lacuisine traditionnelle. Le renouveau culinaire – des fromages de montagnes acidulés, à l’agneau épicé– est l’une des belles surprises du pays. Cette campagne d’oliviers aux portes de la ville rappelle l’omniprésence de la nature albanaise. Autre démonstration au lac d’Ohrid, qui invite à une balade en barque, et une nuit au calme. Plongez ensuite dans l’héritage grec et romain sur le site archéologique de Butrint, et celui plus récent laissé par les Français avec les maisons anciennes de Korçe. Prenez alors laroute du sud après une pause thermale aux sources de Benje, avant de gagner les plages d’une beauté insoupçonnée sur la côte ionienne.

PLACE TO BE

Du boutique-hôtel Hani i Pazarit(1) à l’agritourisme de Mrizi i Zanave, en passant par l’élégance toute contemporaine du Yacht Premium Hotel, l’Albanie est à même de répondre à tous les goûts.

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Macédoine du Nord & Kosovo

Deux républiques surprenantes

© Maximilian Von Lachner 110 focus macédoine du nord & kosovo

Enclavés au milieu des Balkans, la Macédoine du Nord et le Kosovo sont les pays les plus méconnus de la région. Or ces deux pays d’ex-Yougoslavie, à l’ambiance cosmopolite propre à l’identité balkanique, abritent un important patrimoine naturel et culturel.

Le son des cloches des églises de Macédoine fait écho aux appels à la prière des minarets du Kosovo, le tout dans un respect et unetolérance chers à ses anciennes républiques yougoslaves. Riche en légendes, la Macédoine est une terre passionnante pour les amoureux de randonnées, d’art et d’histoire. Pourtant, à Skopje, on s’étonne avant tout du kitsch de la capitale. La plupart des monuments de style baroque, ainsi que les statues géantes datent de 2014 et confèrent à la ville un air qu’on adore ou qu’on déteste. Le soir, lequartier ottoman s’anime. On y mange sur le pouce la cuisine traditionnelle des Balkans en déambulant dans les allées du vieux bazar.

En descendant vers le sud, on touche enfin à la perle de la nation: Ohrid. Ici, on prend le temps de naviguer sur les eaux paisibles du plus vieux lac d’Europe et on arpente les sentiers de randonnée du parc national de Galicica. Au loin, on aperçoit le sublime monastère de Saint-Naum qui semble compter lesbateaux et, enfin, la vieille ville d’Ohrid, dont le labyrinthe de ruelles étroites etéglises lui ont valu le surnom de “Jérusalem des Balkans”.

Au nord, c’est le Kosovo: un pays jeune et mystérieux, à l’image de sa capitale Pristina, qui surprend, intrigue mais ne laisse pas indi érent. L’urbanisme anarchique a fait émerger de curieux bâtiments, telle la bibliothèque nationale camouflée derrière une armature de fer. Mais le Kosovo, c’est surtout une histoire qui a fait naître un peuple à l’identité a rmée.

Indépendante depuis 2008, cette nouvelle république est ardemment soutenue parl’Albanie, non reconnue par la Serbie. Car les terres du nord enflamment lesrelations entre les deux pays.

À côté des mosquées, on découvre les joyaux de l’église serbe orthodoxe: lesmonastères de Visoki Decani et de Pec. Les fresques du XIVe siècle, dans un état de conservation remarquable, retracent l’histoire de la Serbie à l’époque médiévale –un trésor que les Serbes ne veulent pas perdre…

VOYAGEURS DU MONDE

Grâce à une logistique parfaitement réglée et des adresses finement sélectionnées, vous roulerez en toute liberté à travers les plaines et les montagnes de Macédoine du Nord et du Kosovo.

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La mosquée de Tetovo

En voyageant de Skopje à Ohrid, un arrêt à Tetovo s’impose. On y découvre un bijou de l’architecture islamique des Balkans. La mosquée, dont les extérieurs et les intérieurs sont ornés de panneaux aux motifs peints de couleurs vives, attire chaque jour visiteurs et fidèles.

© Photo12/Alamy/Michael Marquand

Les gorges de Rugova

Au Kosovo, la ville de Pejë et le monastère de Pec marquent l’entrée d’un site naturel merveilleux. Majestueuses et mystérieuses, grises par temps orageux et vertes sous le soleil, les gorges de Rugova happent le regard et invitent les visiteurs à en découvrir ses profondeurs. La route se faufile le long du canyon à travers les tunnels creusés dans la roche et dévoile un paradis vert que seul le chant des oiseaux et le ruissellement des eaux claires de la rivière viennent perturber. Ici, les sentiers de randonnée tiennent la promesse d’une immersion dans une nature sauvage ; une virée entre cascades, lacs glaciaires et montagnes abruptes. Les terrasses des restaurants nichées à flanc de falaise incitent à la pause. Un café à la main, on admire les “pics des Balkans”, ces imposants sommets transfrontaliers qui culminent à plus de 2 500 mètres d’altitude. De l’autre côté de ces montagnes se profilent l’Albanie et le Monténégro.

© Maximilian Von Lachner

La Roumanie

SIGHISOARA

Archipel des Tuamotu

Aviateur, joueur de tennis, dandy, pionnier de la navigation, Alain Gerbault mena une existence des plus palpitante. Las, il fuit les mirages de la civilisation moderne, et passa du paradis des îles polynésiennes à l’enfer d’une fin de vie faite d’errances.

Aux confins de l’Europe, le Danube se prépare à tirer sa révérence tandis que les éperons rocheux servent de scène à des châteaux dramatiques. Complexe, souvent dépréciée, laRoumanie intrigue avant de fasciner.

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RANGIROA — TIKEHAU — FAKARAVA — MANIHI
BUCAREST
— BRAN — MARAMURES BUCOVINE —
— BRASOV — VALENII
© Lavinia Cernau

Contes de Transylvanie Qu’y a-t-il “au-delà des forêts”? Des vallées tapissées de bois où continuent de s’épanouir l’ours et le loup. De vaillants châteaux déterminés à défier les montagnes. Les nuages s’accrochent aux cimes, acteurs d’un décor nappé de brouillard. Le mythe de Dracula est né ici, quelque part entre les ruelles pavées de Sighisoara et les tourelles du château de Bran. À la fois nobles et ténébreux, lesvillages saxons ont ce je-ne-sais-quoi d’inspirant. Un berceau parfait pour leslégendes, aussi dramatiques soientelles. Au sud, fendant les Carpates, leslacets de la route Transfagarasan serévèlent aussi étourdissants que lespaysages. La futaie laisse petit à petit place à un panorama rocailleux ponctué decascade. Puis c’est le lac Bâlea, engoncé dans les monts Fagaras, d’une beauté hypnotique et froide. Protégé par la muraille que forment lesCarpates, le Maramures a peu craint lesenvahisseurs venus d’Orient –ou toute autre incursion d’ailleurs. En résulte unebulle de culture roumaine: au cœur devillages figés dans le temps, lescostumes colorés dansent devant les yeux, les rapsodies locales emplissent l’air. Gardienne de traditions, la région abrite de fières églises orthodoxes en bois surmontées de flèches gothiques tandis que, plus à l’est, les monastères médiévaux de Bucovine exhibent de fantastiques programmes peints. Classés à l’Unesco, ces ensembles érigent au rang d’art laferveur religieuse de tout un peuple.

Les braises de Bucarest

Plus que toute autre localité, la capitale porte les traces d’un XXe siècle roumain mouvementé. Elle abordait pourtant ce nouveau pan d’histoire sereinement

avec l’édification de façades et parcs àlafrançaise. Puis, c’est l’e ondrement: les bombardements alliés, les tremblements de terre et le communisme de Ceausescu. Avec douzeétages, 5000pièces et 365000 mètres carrés, le palais du Parlement est à l’image de la démesure du dictateur qui l’a fait ériger. Pourtant, depuis la révolution de 1989, Bucuresti redresse la tête. Aujourd’hui, c’est une cité éclectique qui prend les visiteurs par surprise: les vestiges communistes fraient avec un capitalisme e réné; éclats de rire et e uves de bretzel s’entremêlent. La “ville de la joie” (du roumain bucur) arecouvré sa soif de vivre.

Le chant du Danube

Au sud, la frontière avec la Bulgarie épouse la courbe du Danube qui, après avoir sillonné l’Europe, se jette ici dans la mer Noire. Avant de se heurter aux 194 kilomètres de littoral roumain, le fleuve abreuve les plaines. C’est le delta le plus vaste du continent, un monde à part fait de marécages, de roselières et de bancs de sable. Plus de 300espèces d’oiseaux y trouvent refuge : pélicans, ibis, cormorans, balbuzards – à qui mieux mieux. Il faut dire que legardemanger n’a d’égal que la vue. Aucouchant, le soleil irradie puis rougeoie. On est au dénouement de lajournée, aux confins de l’Europe et un sentiment de plénitude prédomine.

VOYAGEURS DU MONDE

Des guides privés francophones à Bucarest et Brasov pour ne rien rater, un service conciergerie pour vos demandes de dernière minute, la réservation de bonnes tables… Voyagez libre et bien accompagné.

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In the mood

Aussi discret que le loup et l’ours qui règnent en maîtres sur lesCarpartes, ce pays gagne à être apprivoisé. À Bucarest d’abord, laissez-vous saisir par les volumes brutalistes du palais du Parlement qui abritent désormais un musée d’art contemporain. Sillonnez cette capitale tranquille à vélo, dans la roue d’un francophone qui vous fera découvrir ses quartiers de prédilection. Celui de Lipscani en est un. Surnommé “le petit Paris” pour son architecture, il constitue l’essentiel de la scène culturelle où les Bucarestois se retrouvent dans les vernissages et les théâtres underground. Vous pourrez également approcher cette Bucur (“Ville de la joie”) par les papilles, sur les halles des marchés (entre tartes traditionnelles et vins locaux), mais aussi à la boutique Biscuit, confiserie réputée pour ses brioches et son lait caillé au citron. Fans d’archi, mettez le cap sur Brasov. Suivez ensuite votre oreille, jusqu’au village tzigane de Valenii, et déjeunez chez l’habitant. Puis, retrouvez votre instinct dans la forêt primaire de Strambu-Baiut

PLACE TO BE

Avec ses maisons traditionnelles du XVIIIe siècle sou ées d’un esprit contemporain, le Bethlen Estates (1) fait la démonstration d’une hôtellerie roumaine qui ne manque pas d’inspiration. Entre bâtiment Art déco pour The Marmorosch et cabane d’architecte pour Cabana Berg

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La Bulgarie

Confidentielle et essentielle

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Par la grâce d’une nature vigoureuse et d’une histoire millénaire –animée par les Slaves, les Romains et l’empire ottoman–, la Bulgarie, destination outsider des Balkans, sait se faire aimer.

Vestiges romains et médiévaux, mosquées ottomanes, édifices néo-byzantins, colosses staliniens… À Sofia, il y a de quoi faire un séjour culturel riche. Néanmoins, il est aussi possible d’en apprécier le charme en hédoniste dilettante, les sens tout de même en alerte. D’une pause au restaurant Moma, où la Bulgarie semble toute neuve dans son traditionnel décapé, cap au sud, vers Melnik et les Rhodopes. Dans la première, architecture vernaculaire -où la Turquie transparaît- et fresques flamboyantes. Dans les secondes, l’ours, leloup et la plus petite vache européenne.

De retour vers le centre et le Grand Balkan, Plovdiv se montre, avec son titre de plus ancien site continûment occupé sur le Vieux Continent et son beau théâtre romain. Dans le secteur, les vignerons font de fameuses bouteilles avec le cépage Thrace mavrud. Au nord de Plovdiv, au pied de la montagne, la rose de Damas est cultivée en champs dans une vallée qui embaume au printemps. Sur le littoral de la mer Noire, on pratique

bains de mer et thermalisme. À Varna même, bien sûr, mais aussi à Sozopol. Par ici, la wellness socialiste se montre encore malgré l’aggiornamento. Revigoré, on peut prendre la route de la Bulgarie médiévale et renaissante, vers Veliko Tarnovo, à l’orée de la plaine danubienne. Les églises de la Nativité-du-Christ et des Saints-Archanges-Michel-et-Gabriel sont des merveilles d’art orthodoxe. Avant de regagner Sofia, un passage dans les environs d’Oreshak, à la très belle Vila Verbena, s’impose. Un rêve de maison XIXe, rustique et élégante, cachée dans les arbres et les replis du Balkan. À ce stade d’une tournée bulgare réjouissante, on se prend d’a ection pour le pays qui, s’il reste encore confidentiel et mystérieux, mérite d’être aimé pour tout ce qu’il a à o rir.

VOYAGEURS DU MONDE

Vous êtes plutôt kayak ou randonnée, vieilles églises ou yacht privé ? Définissez votre profil voyageur et suivez les idées de votre conseiller pour y répondre.

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DO YOU SPEAK…?

Dix mots ou expressions pour un voyage mémorable en Europe centrale et dans les Balkans.

Pour un road-trip en Transylvanie, vous louerez très sûrement une

MASINA

En Suisse, de Zurich à Saint-Moritz, en passant par Montreux, vous aurez le

VA-VA

En train, en ski, en voiture ou en famille, vous ne tiendrez pas en place

Un week-end à Varsovie?

TAK !

(“Oui!”) La capitale polonaise, cœur battant de la Nouvelle Europe, est irrésistible

En Croatie, la fête se dit

Aucun risque de vous retrouver au Mexique

En République tchèque, signifie “Bonjour”

Vous souhaitez rester une nuit de plus dans votre hôtel slovène? Demandez :

LAHKO OSTANEM DODATNO NOC ?

Surtout, vous solliciterez votre concierge qui s’occupera de tout pour vous

Motifs floraux et point plat, la broderie haute en couleur

MATYÓ

est un art hongrois et populaire datant du XIXe siècle. Et une belle idée de tissu décoratif à (s’)o rir

Aux Pays-Bas,

UITWAAIEN

est une invitation à sortir prendre l’air pour se changer les idées. Incontournable au pays des moulins à vent

Si votre allemand n’est pas au point, votre interlocuteur, un brin taquin, pourrait vous dire :

ICH VERSTEHE NUR BAHNHOF

(“Je ne comprends que la gare”), l’équivalent de “C’est du chinois pour moi”

En Autriche, pour accompagner votre strudel aux pommes (Apfelstrudel), quoi de mieux qu’un café allongé?

EINEN VERLÄNGERTEN

À moins de préférer un capuccino : il vous faudra alors commander un “Melange” (à prononcer à la française)

120 l’usage du monde
TULUM

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Secrétaire de rédaction

Stéphanie Damiot

Coordinatrice fabrication

Isabelle Sire

Responsable photo

Marie Champenois

Iconographe

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Photogravure Groupe Santerre

Impression Imprimerie Peau

Édition Mars 2024

Crédits – Couverture et portfolio (pp. 14-21) Mathieu Richer Mamousse

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“Voyageurs du Monde s’est engagée dans une gestion responsable de ses achats papiers en sélectionnant des papiers fabriqués à partir de fibres et de bois provenant de forêts gérées durablement. Le choix d’éditer notre brochure à l’imprimerie Peau, imprimeur écoresponsable, labellisé Imprim’Vert et certifié FSC, s’inscrit dans la continuité de notre engagement en matière de protection de l’environnement. Brochure

avec des encres végétales.”

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