Voyageurs en Amérique Centrale

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VOYAGEURSAU MEXIQUE EN AMÉRIQUE CENTRALE

voyageursdumonde.com
& DANS LES GRANDES ANTILLES GUATEMALA BELIZE NICARAGUA COSTA RICA PANAMA CUBA JAMAÏQUE RÉPUBLIQUE DOMINICAINE

Les Cités des Voyageurs

Paris 2e

55, rue Sainte-Anne

+33 (0)1 42 86 16 00

Bordeaux

28, rue Mably

+33 (0)5 57 14 01 48

Bruxelles

23, chaussée de Charleroi

+32 (0)2 543 95 50

Genève

19, rue de la Rôtisserie

+41 (0)22 519 12 10

Grenoble

16, boulevard Gambetta

+33 (0)4 76 85 95 90

Lausanne

Rue-de-Bourg, 6 +41 (0)21 519 10 65

Lille

147, boulevard de la Liberté +33 (0)3 20 06 76 25

Londres

First Floor

111 Upper Richmond Road, Putney (SW15 2TL) +44 (0)20 7978 7333

Lyon 2 e

5, quai Jules-Courmont +33 (0)4 72 56 94 56

Marseille 1 er

25, rue Fort-Notre-Dame +33 (0)4 96 17 89 17

Montpellier

8, rue du Palais des Guilhem +33 (0)4 67 67 96 30

Montréal

295, rue de la Commune Ouest +(1) 514 722 0909

Nantes

13, rue du Moulin +33 (0)2 40 20 64 30

Nice

4, rue du Maréchal Jo re +33 (0)4 97 03 64 64

Québec

540, rue Champlain +(1) 418 651 9191

Rennes

31, rue de la Parcheminerie +33 (0)2 99 79 16 16

Rouen

17-19, rue de la Vicomte +33 (0)2 32 10 82 50

Strasbourg

16, rue Sainte-Barbe +33 (0)3 88 15 29 48

Toulouse

26, rue des Marchands +33 (0)5 34 31 72 72

Voyageurs au Mexique 01 84 17 21 67

Voyageurs en Amérique centrale & dans les Grandes Antilles 01 42 86 16 00

Retrouvez toutes nos idées de voyage sur voyageursdumonde.com

Sans murs, ni fenêtres… Puerto Escondido, village de pêcheurs del’État de Oaxaca, hier prisé par une poignée de surfeurs chevronnés, est devenu en quelques années un épicentre de l’art contemporain et de l’architecture moderne. Idéalement intégrée entre les cactus cierges de la Sierra Madre del Sur et la jungle lapant le Pacifique, l’inattendue fondation Casa Wabi de l’artiste Bosco Sodi, réalisée par le grand maître japonais de “l’architecture invisible” Tadao Ando, reflète bien le prisme par lequel nous envisageons le Mexique, et plus largement l’Amérique centrale et les Grandes Antilles. Une vision actuelle de pays qui, loin d’être figés par les civilisations immenses qui les ont traversés, s’en inspirent

– les Mayas eux aussi édifiaient leurs temples en suivant la topographie-, en perpétuent les savoirfaire (lire les prodiges du maraîchage aztèque, p. 28) et nous inspirent. Voyez le CostaRica (p. 66) et sa politique environnementale, Cuba (p. 82) et son dynamisme culturel, etc. Autant de sphères où vous voyagerez hors des murs.

RIAL Pdg de Voyageurs du Monde 1 édito
JEAN-FRANÇOIS

4 Cartographie

Le Mexique, l’Amérique centrale et les Grandes Antilles en un clin d’œil.

6 L’esprit Voyageurs du Monde Notre façon d’aborder le monde.

8 Les services Nos attentions pour voyager en toute fluidité.

10 Book lovers

Une sélection des libraires Voyageurs du Monde.

12 Panoramas

Treize “tableaux” inspirés et inspirants.

28 Magazine – Mexique

Les “chinampas”, cultures aquatiques très productives héritées de la civilisation aztèque, nourrissent toujours les Chilangos et désormais les grandes tables de la capitale.

32 Le Mexique

Tout bonnement mágico ! Plages, vestiges mayas, hubs de culture contemporaine : le pays est une invitation permanente à explorer, flâner… © Victor Stonem

Sommaire

Voyageurs au Mexique, en Amérique centrale & dans les Grandes Antilles

42 Mexico City

La capitale mélange avec éclat les époques et les styles. Un bain énergisant à ne pas rater.

44 Le Guatemala

Jungle-écrin, temples mayas, villages indiens, côtes décontractées… Tout un monde en couleurs !

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Magazine – Amérique centrale

L’art du tissage de l’ère préhispanique inspire jusqu’aux musées et aux catwalks internationaux.

54 Le Belize

Culture maya, forêt primaire et barrière de corail : un petit bout d’Amérique aux grandes richesses.

60 Le Nicaragua

Ses volcans aimantent, quand ses influences espagnoles et son climat tropical s’ajoutent à la liste des bonnes raisons d’y aller.

62

Contre-culture

Notre sélection “latino pop”, de la légendaire Frida Kahlo à la jeune actrice cubaine Ana de Armas.

66 Le Costa Rica

“Pura vida !” Écosystèmes infinis, forêts, mangroves, volcans, fonds marins : ici, tout célèbre la vie. À l’état pur.

76

Magazine – Panama

Entre nature foisonnante et capitale attrayante, le pays ouvre encore davantage l’horizon des possibles.

80

Les îles San Blas

Des édens engagés dans un processus de conservation nécessaire face aux crises climatique et touristique.

82 Cuba

Une terre de légende à l’énergie inextinguible qui rayonne des murs de La Havane jusqu’aux eaux cristallines des Cayos.

90

Magazine – La Havane

L’histoire du Buena Vista Social Club, baptisé ainsi en hommage à un cabaret des années 1950 situé dans le quartier de Marianao.

94 La Jamaïque

Si cette petite île est devenue au fil du temps l’un des plus grands laboratoires musicaux au monde, elle a toujours été le repaire du “cool caribéen”.

98 La République dominicaine

Pour approcher son âme véritable, cap sur ses campagnes oubliées et ses petits ports de pêche.

104

L’usage du monde

Do you speak… latinoamérica & kriol ?

Quelques repères

• Vol Paris-Mexico City, sans escale : environ 12 heures

• Vol Paris-La Havane, sans escale : environ 10 heures

• Décalage horaire avec la France

Costa Rica : - 8 h (en été)

République dominicaine : - 5 h (en hiver)

• Population (en M d’habitants, 2021)

Brésil : 126,7

Guatemala : 17,11

Jamaïque : 2,828

• Points culminants

Le Tajumulco, stratovolcan du Guatemala : 4 220 mètres d’altitude

Le Pico Duarte, sur l’île d’Hispaniola

(République dominicaine) : 3 098 mètres d’altitude.

Pacifique Sud

Cartographie

Acapulco Oaxaca León San
Luis Potosí Veracruz Puerto Escondido Campeche
Guadalajara San Miguel de Allende Guanajuato Toluca Mexico
Tampico Monterrey Tijuana Chihuahua Culiacán
MEXIQUE Océan

concierges à travers le monde, dont une dizaine au Mexique, en Amérique centrale et dans les Grandes Antilles, veillent sur vous et exaucent vos souhaits àchaque instant.

Chaque jour, nos conseillers spécialisés par pays ou par région créent des expériences uniques, doublées d’une pléiade de services haut de gamme. Aborder le monde par son envers, dévoiler le véritable visage desdestinations, composer des voyages personnalisés selon les envies de chacun : tel est l’esprit de Voyageurs du Monde.

conseillers, dont une douzaine dédiée au Mexique, à l’Amérique centrale et aux Grandes Antilles. Passionnés venus de tous les horizons ou natifs du pays, ils sont une formidable source d’inspiration.

100 %

carbone neutre La totalité des émissions de CO2 liées à nos voyages est absorbée grâce à divers projets de reforestation dans le monde.

di érence. Le budget que vous fixez avec votre conseiller sera respecté au plus juste. Une fois votre devis validé, aucuns frais supplémentaires ne sont à prévoir.

arbres plantés chaque jour: une action parmi les nombreux projets environnementaux et humanitaires soutenus par notre fondation Insolite Bâtisseur-Philippe Romero.

nationalités représentées chez nos salariés. Une façon d’insu er une vision du monde respectueuse des di érences culturelles.

pays, des grands classiques aux régions plus confidentielles, Voyageurs du Monde peut vous emmener partout sur la planète.

Cités des Voyageurs : 13 en France, 2 en Suisse, 1 en Belgique, 1 à Londres et 2 au Canada. Des lieux accueillants où le voyage commence déjà.

maisons Voyageurs qui racontent chacune une part de l’histoire du pays. Le Steam Ship Sudan et la Flâneuse du Nil en Égypte, la Villa Bahia au Brésil, la Villa Nomade à Marrakech et la Satyagraha House à Johannesburg.

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6 invitation au voyage

Voyageurs au Mexique, en Amérique centrale & dans les Grandes Antilles

Conciergerie

Rencontrer un chaman à Puerto Escondido, prendre un cours de cuisine à Bijagua, trouver un médecin anglophone au Nicaragua… Àchaque instant de votre voyage, nos concierges francophones répondent insitu à vos demandes.

Like a friend

C’est l’ami que l’on aimerait avoir aux quatrecoins dumonde. Une personne locale quiconnaît les lieux comme sapoche. À ses côtés, on entre par les coulisses, sans perte de temps: les dernières adresses de la Roma à Mexico, le marché de Chichicastenango, ou encore les meilleurs clubs de La Havane n’auront plus de secret pour vous. C’est aussi l’occasion d’un réel échange sur le pays.

© Ana
Popescu

Les services Voyageurs du Monde

Ring the bell

Réserver la bonne table, obtenir une visite privée, trouver une baby-sitter: notre conciergerie francophone locale répond in situ à vos envies. Son rôle est aussi d’anticiper vos attentes et de vous suggérer des idées.

Net zéro carbone

Pour lutter contre le réchau ement climatique, Voyageurs du Monde participe à des projets de reforestation qui permettent l’absorption carbone sur la totalité des voyages.

Like a friend

Un(e) habitant(e) des lieux propose une balade informelle, adaptée à vos centres d’intérêt. Partageant conseils et bonnes adresses, vous êtes informé sur les mœurs locales. Un moment décontracté et enrichissant.

Assistance 24/24

Jour et nuit, quel que soit le décalage horaire, l’assistance vous aide à trouver une solution aux aléas logistiques, administratifs, médicaux, voire mécaniques. Avant le départ, vous pouvez échanger avec notre médecin Voyageurs.

Fixeur

Destiné à apporter un éclairage pointu (politique, religieux, économique, social) sur la destination, ce correspondant local vous ouvre les arcanes du pays.

Pour un voyage ponctué de rencontres rares, obtenues grâce à un solide réseau.

Dans la poche

L’appli Voyageurs du Monde reprend le déroulé jour par jour de votre voyage, et le détail de vos hébergements. Intuitive et fluide, elle joue les guides malins en compilant des adresses personnalisées et géolocalisées.

8 invitation au voyage

Bonnes adresses

Disponible via l’appli et dans votre carnet de voyage, cette sélection ajustée à votre style pointe au fil du parcours les bons spots par genre (restaurants, boutiques, musées…).

Départ simplifié

Pré-réservation de votre siège, cartes d’embarquement reçues la veille, transferts aéroports sur demande… : vos formalités courantes en un clin d’œil.

Wifi nomade

Même coupé du monde, rien n’interdit de communiquer. Sur certaines destinations, un mini-routeur wifi (ou une eSIM) est mis à votre disposition pour connecter jusqu’à 5terminaux au réseau (1GO/jour inclus).

Fast-track aéroport

À Roissy-CDG, passage prioritaire (enregistrement, contrôles) inclus au départ pour les passagers de vols long-courriers (sur demande au retour). Notre assistance vous accompagne jusqu’à l’embarquement.

Accès aux salons lounge

Arrivée matinale ou départ tardif, Voyageurs du Monde négocie avec vos hôtels afin que vous obteniez/conserviez votre chambre à votre convenance. Sur certaines escales, une chambre à la journée peut être prévue.

Inspirez-vous

Notre site voyageursdumonde.com propose près d’un millier de suggestions de voyages à travers le monde. Vous restez libre d’inventer et de modifier le vôtre à chaque instant.

Au départ de CDG, sur tous les vols (sur demande au retour), l’accès au lounge vous est ouvert. Un autre salon peut vous être réservé: les contrôles (police et sûreté) y sont e ectués en privé. Enregistrement, carte d’embarquement et accès direct au pied de l’avion sont organisés pour vous.

Miles cumulés

Chaque voyage réservé chez Voyageurs du Monde permet de cumuler des miles sur le programme Flying Blue. Un bonus de 1000 miles lors des trois premiers voyages et de 10000 miles à partir du quatrième.

Welcome!
9 invitation au voyage

Book lovers

Une littérature riche, d’autant plus lorsqu’elle croise lesmythes et légendes mésoaméricains et l’histoire des archipels des Grandes Antilles. Résultat: des textes vibrants, inspirants, voire gourmands… Une sélection des libraires Voyageurs du Monde.

Policier – Cuba

Les Brumes du passé de Leonardo Padura

Points

Les Brumes du passé (2006) voit leretour dupersonnage fétiche deLeonardo Padura créé en 1989 : Mario Conde, détective havanais, héros attachant par lequel l’auteur sonde la société cubaine. Mais fini la police, il a mis sur pied un petit trafic de livres anciens. En feuilletant l’un d’eux, il découvre le portrait d’une femme envoûtant, Violeta del Rio, une chanteuse de boléro des années 1950, qui va le mener dans une (en)quête personnelle. Ça sent le café, le rhum cubain, le cigare et les illusions perdues.

Cuisine – Mexique

Paris-Mexico: aller-retour gourmand en 50 recettes de Julien Zattara

Keribus Éditions

De la grande gastronomie française à la street-food mexicaine, il n’y a qu’un pas (ou presque). Pour preuve, Julien Zattara, né en 1980, formé à l’Institut Paul Bocuse de Lyon, et à l’origine d’un concept de street-food traditionnelle mexicaine florissant depuis l’ouverture de son premier restaurant parisien, Bocamexa, en 2010. Il livre ici cinquante de ses recettes maison.Quesadillas, burritos, tacos : on en a plein la boca.

Roman

– Jamaïque

By the Rivers of Babylon de Kei Miller

Zulma

D’emblée, ce titre. Et une mélodie qui résonne: “By the Rivers of Babylon / There We Sat down…” Un classique de la communauté rasta dont les paroles sont tirées d’unpsaume de la Bible. Si, depuis, les croyances rastafari ont été malmenées, cet air nous emporte comme l’écriture du Jamaïcain Kei Miller nous entraîne dans un pays aussi captivant qu’il est rongé par lamisère. Un pays trop longtemps humilié d’où s’échappe le parfum salvateur d’une révolte qui couve. L’auteur, né à Kingston en 1978, livre ici un roman au verbe puissant, servi par une traduction qui restitue lalangue créole à la perfection. Bouleversant.

Photographie – Guatemala

Guatemala de Sabine Von Kienlin

Éditions Place des Victoires

Plaines de Petén, grottes de Cobán, piscines naturelles du lac Atitlán, plages de sable blanc de Punta de Manabique… Que vous ayez déjà programmé ou non votre voyage au Guatemala, cet ouvrage de 500photographies vous ravira et finira d’inscrire le “pays du printemps éternel” dans le top des destinations phare de l’Amérique centrale.

Classique – Mexique

Pedro Páramo de Juan Rulfo

Folio

L’écrivain et photographe Juan Rulfo (1917-1986) est l’une des figures majeures de la littérature mexicaine contemporaine. Son œuvre n’est pourtant constituée que de trois titres: le recueil de nouvelles

Le Llano en flammes (1953), Pedro Páramo (1955) et des écrits pour le cinéma (Le Coq d’or, 1980). Ici, onsuit Juan Preciado parti à Comala, suite au décès de sa mère, à la recherche de son père, Pedro Páramo. Mais ce dernier est mort lui aussi. Ettout n’est qu’âmes défuntes et chuchotantes dans ce village maudit à l’histoire barbare. D’un réalisme magique, le texte convoque ainsi les morts et/ou les vivants (?), la mémoire et l’oubli, le pouvoir et ses abus… Un roman fondateur.

La librairie Voyageurs du Monde

Un passage obligé ! On y trouve tout pour préparer son voyage. Cartes géographiques, atlas, guides, albums photo, littérature d’aventure, polar, bd… Nos libraires passionnés sont là pour vous orienter et vous conseiller. 48, rue Sainte-Anne, Paris IIe

10 librairie

Culture à la page

El Día de los Muertos

Célébré les 1er et 2novembre, leDía de los Muertos est une tradition aux racines mexicaines désormais fêtée dans lemonde entier. Issu d’un rituel aztèque nommé Miccaihuitl, cet hommage aux défunts marque aussi le temps de la période de récolte du maïs, première production vivrière du Mexique. Explosion de couleurs et de joie de vivre, mélange de rites religieux préhispaniques et de fêtes chrétiennes, il est rendu à travers parades costumées (dont la Catrina, squelette de femme élégamment vêtu, est l’un des déguisements phare), feux d’artifice, carillon des églises, et invite à considérer la vie après la mort. Si la fête a évolué au cours des siècles, certains symboles restent immuables. De villes en villages et en cimetières, calaveras (crânes en sucre décoratifs), papel picado (papier coloré et ciselé), fleurs de cempasúchil (rose d’Inde jaune orangée), encens de copal, fruits, pan de muertos (brioche souvent parfumée à la fleur d’oranger), mole (sauce à base de cacao ou de piment), etc., sont partout. Ces o randes, complétées par de l’eau, des photos de famille, des bougies, des objets aimés, sont disposées sur un autel, l’ofrenda, créé spécialement pour accueillir les esprits qui font leur retour dans le royaume des vivants. LaMartiniana, un chant ancien, nous rappelle la célébration vibrante du cycle de la vie que doit rester ce Día de los Muertos: “Non, ne pleure pas. Parce que si tu pleures, moi je sou re. Tandis que si tu chantes pour moi, je vis pour l’éternité” (“No, no me llores. Porque si lloras, yo peno. En cambio, si tú me cantas, Yo siempre vivo y nunca muero”).

© Ana Popescu

Panoramas du Mexique, d’Amérique centrale et des Grandes Antilles

Volcans fumants, sites antiques, refuges de caractère, plages de sable blanc, diversité exceptionnelle de la faune et de la flore… L’émerveillement, face à tant de beauté et de générosité, ne faiblit jamais. Treizetableaux, inspirés et inspirants, pour parachever l’entreprise de séduction massive. 12

Éruption de couleurs

Guatemala

On associe bien souvent au Guatemala l’image de volcans chapeautés de nuages ou de fumerolles et de marchés éclatants de couleurs. C’est celle de l’Altiplano, les Hautes Terres, où s’exprime la vie maya d’hier et d’aujourd’hui. Dans ce pays-confetti à l’échelle du continent américain, les marchés reflètent à la fois des savoir-faire et un art de vivre. Dans une profusion de parfums et de saveurs, les marchandises s’échangent comme les nouvelles avec, au loin, un géant de feu qui veille. Il existe une atmosphère de l’Altiplano, qui gagne tous ceux qui y viennent.

© Pia
Riverola

Cocons mexicains

Mexique

Ici un rooftop ouvert sur les toits de Mexico, là une ancienne école au raffinement colonial, une hacienda rénovée dans un esprit arty ou encore une casita berbèrechic qui se fond à merveille sur le sable de la riviera maya. À la richesse des témoignages coloniaux, des sites antiques de renom, des plages infinies et des initiatives contemporaines répond toute une palette d’adresses de caractère. Autant de refuges destinés aux esthètes.

© Jackie Cole

Entre les océans Panama

L’isthme panaméen relie les Amériques et, avec elles, les cultures et les hommes. Cette fine bande de terre marque la séparation entre Caraïbes et Pacifique, qui ont en partage ce même camaïeu de bleu, presque irréel. Les eaux, le ciel…: on ne sait plus très bien où commence le bleu des airs et où se termine celui des flots. Plages de sable blanc, cocotiers inclinés par les vents, fonds marins foisonnants: le décor a beau se dupliquer d’une côte à l’autre, l’œil ne peut se résoudre à s’en lasser.

15 panoramas
© Jessica Sample

À fleur de Pacifique Nicaragua

Ce petit pays attire les randonneurs venus fouler le relief volcanique, les explorateurs guettant la riche (avi)faune des lacs et des mangroves et, bien sûr, les surfeurs qui se donnent rendez-vous sur la côte Pacifique, nouvel eldorado du surf latino. Car planche et vie d’esthète ne sont pas incompatibles. On glisse même aisément de l’une à l’autre –les cocons nicaraguayens installés à fleur d’eau le permettent. Après avoir dompté les rouleaux, on s’o re volontiers une sieste sur son day-bed avec vue, ou au hamac, les pieds dans le sable.

16 panoramas
©
Bastien Lattenzio

Hasta siempre Cuba

L’énergie de La Havane, les maisons colorées de Trinidad, la forteresse de Cienfuegos. Les rondeurs des voitures américaines, les rythmes de la salsa, la musique partout dans les rues. Les paysages dorés de la vallée de Viñales, les champs de tabac et les plantations de canne. La légende du Che, les joueurs de domino et les fumeurs de cigare. La forêt tropicale, les plages frangées de palmiers et le sable blanc… Cuba fait tourner les têtes.

© Julien Capmeil/Gallery Stock

Et au milieu coule une rivière Belize

Dans ce pays de poche, la nature s’est amusée à concentrer ce qu’elle a de plus fascinant, de plus parfait. Des trésors aujourd’hui largement protégés, enfouis sous la dense forêt primaire ou au large des cayes, gardés par une faune bigarrée qui ne se laisse observer que par les plus aventureux. C’est parfois de nuit ou dans la brume matinale que les chances de tomber nez à nez avec un jaguar, un crocodile, un singe hurleur ou un toucan sont les plus fortes.

© Francis Fraioli/Copal Tree Lodge Belize

Monde nouveau

République dominicaine

Derrière l’image des plages bondées et des complexes all inclusive, il existe une autre République dominicaine – la vraie. Celle des petits villages, des vestiges coloniaux et d’un tourisme balnéaire plus responsable. Saint-Domingue, porte d’entrée du pays comme hier du Nouveau Monde, oscille entre histoire séculaire et futur prometteur. Une poignée d’adresses incarne avec justesse cet équilibre, mélangeant architecture coloniale et intérieurs joliment vintage ou au contraire résolument contemporains.

© Victor Stornem

Pur bonheur

Costa Rica

Son nom signifie littéralement “Côte Riche”. Et pour cause. En plus de concentrer sur un petit territoire un nombre démesuré de parcs et réserves préservant une infinité de forêts primaires, mangroves et volcans, le Costa Rica protège aussi farouchement ses deux côtes. Face aux plages sauvages léchées par des eaux vives et au tapis de sable blond sur lequel quelques palmiers prodiguent une ombre bienfaitrice, l’émerveillement est palpable. Une invitation permanente au lâcher-prise.

21 panoramas
© Salva Lopez

Fascinante Ayiti

Haïti

Haïti dénote. Haïti ensorcèle presque. Le pays a connu des années noires et multiplié les coups du sort jusqu’à disparaître presque entièrement de la scène touristique. Mais aujourd’hui, la “terre des hautes montagnes” renaît, sourit et veut le montrer. Il y a d’abord la grande variété de paysages, couplée à un accueil chaleureux et vrai. Il y a aussi cette incroyable richesse de la création artistique, qui fait partie intégrante du quotidien de la population, tout comme la musique ou le rhum sour. Et cette sensation indescriptible d’être non seulement le bienvenu, mais aussi attendu.

22 panoramas
©
Jérôme Galland

Bain de nature

Jamaïque

Dans cette “terre du bois et de l’eau”, Xamayca en langue arawak, tout est une histoire de rythmes et de balancements. Ceux de la musique, inévitablement – le reggae, bien sûr, entre autres vibrations –, et ceux, tout aussi envoûtants, de la nature. Pour la vivre de l’intérieur, on opte volontiers pour une nuit au milieu de la jungle. Quelques maisons perchées sous la canopée, desservies par un chemin baigné de lumière. Ni téléphone ni télévision, seule une station radio fait le lien avec le monde moderne. On vit là en harmonie avec les éléments, bercé par le chant des oiseaux et des grillons.

© Aline Coquelle

Trois-en-un

Panama/Costa Rica/Nicaragua

Ces trois pays, petits par la taille mais immenses par la richesse, sont comme trois frères se tenant par la main. En un seul voyage, ils nous dévoilent leurs similitudes à grands renforts de vert et de bleu. Ils ont en partage une incommensurable biodiversité, composée de centaines d’espèces animales et végétales uniques au monde, mais aussi d’irascibles volcans et des côtes égrainant les spots de surf et villes lovées entre océan et forêt humide. Partout, la nature, exubérante, semble n’avoir jamais perdu ses droits.

© Maciej Laska/Getty Images/iStockphoto

L’Amérique maya Mexique/Guatemala

Les Mayas n’avaient pas anticipé les frontières modernes; ils ont étendu leur territoire comme bon leur semblait. Voyager du Guatemala au Mexique, c’est aller à la rencontre d’une civilisation qui a marqué par sa sophistication et son ingéniosité. Une histoire millénaire, enfouie parfois, toujours fascinante, qui se joue encore au détour d’un marché de l’Altiplano, sur des rives lacustres ou sur la riviera du Yucatán –le monde maya d’aujourd’hui se tournant vers le bio et le respect de l’environnement.

26 panoramas
©
Pia Riverola

Des volcans aux coraux

Guatemala/Belize

En plein centre du continent américain, traits d’union entre le nord et le sud, ces deux pays frontaliers donnent à vivre une pluralité d’atmosphères. Des grands sites mayas aux volcans fumants, de l’épaisse jungle gardienne d’une biodiversité sans pareille au sable farine frangé de coraux, on y rencontre tous les contrastes qui font l’essence de l’Amérique centrale. Et celle d’un voyage riche de sens et d’aventures.

© Victor Stonem

Xochimilco, du nom du site où se trouvent les jardins flottants, peut se traduire par “lieu du champ de fleurs” en nahuatl, une langue uto-aztèque.

© Alix Pardo

PRODIGES DU

MARAÎCHAGE AZTÈQUE

Au cœur de Mexico, les jardins flottants de Xochimilco fournissent en fleurs et légumes les grandes tables de la capitale et celles des Chilangos. Nommées chinampas, ces cultures aquatiques extrêmement productives, à la croisée entre permaculture et aquaponie, sont un héritage direct de la civilisation aztèque.

29
magazine – mexique

Dans les assiettes du Pujol et du Máximo Bistrot, deux des plus fameuses tables de Mexico City, carottes jaunes et fenouils doux parlent de racines. Sans prétention, les leurs constituent un lien direct entre le Mexico du XXIe siècle et Tenochtitlan, capitale de l’Empire aztèque fondée sur une île du lac Texcoco en 1325, suivant la prophétie divine. Un terreau fertile que les conquistadors espagnols n’hésitèrent pas à écraser deux siècles plus tard pour y implanter les bases de l’actuelle mégalopole.

Le parc de Xochimilco, environ vingtkilomètres au sud du Zócalo (la place de la Constitution, située dans le centre historique de la capitale), reste ainsi l’un des rares vestiges préhispaniques de Mexico DF. Un quartier lacustre sur lequel, chaque week-end, les touristes se pressent de monter à bord des trajineras, ces barques à fond plat colorées, pour une respiration végétale dans l’une des plus grandes villes du monde. Rythmé par les mariachis et le parfum du maïs grillé, ces déambulations au gré des canaux révèlent d’autres secrets que celui de l’axolotl, ce drôle d’amphibien capable de s’autorégénérer.

Sur ces îlots créés de toutes pièces par les Aztèques à partir de sédiments ancrés au fond du lac et protégés du vent grâce à des clôtures de saules, se perpétue une ancestrale technique agricole. Les chinampas, d’étroits jardins flottants, furent pour les premiers habitants un exceptionnel moyen de transformer une terre marécageuse en un potager prolifique. Grâce à cette “terre éponge”, les cultures puisent directement leurs besoins en eau dans le lac, permettant de produire annuellement jusqu’à septcultures di érentes, treizefois plus que sur la terre ferme. De quoi nourrir en partie la

population d’une Venise aztèque qui, à son apogée, abritait 250000âmes. Cinq siècles plus tard, lorsque la pandémie de Covid-19 a mis à l’arrêt les plus gros marchés de la capitale, une part des 22millions de Chilangos a redécouvert ces chinampas pour s’approvisionner en produits frais.

Un système alimentaire plus sain et un biotope protégé

Avant eux, certains leaders de la nouvelle cuisine mexicaine, comme Eduardo García ou Enrique Olvera, avaient flairé l’intérêt des choux, laitues, et autre épazote (une puissante herbe aromatique) de Xochimilco. Une revanche pour ces petites parcelles longtemps grignotées par l’appétit des promoteurs avant que le site ne soit protégé par l’Unesco et l’expropriation rendue plus difficile grâce au travail des associations.

Une preuve d’e cacité aussi pour cette agriculture locale séculaire qui génère “un système alimentaire plus sain et plus fiable”, commente Lucio Usobiaga, fondateur d’Arca Tierra. Créée en 2010, l’association soutient les fermes flottantes suivant plusieurs axes: regrouper les familles de chinamperos en coopératives, faciliter le contact avec leurs clients potentiels, mais aussi protéger un biotope et développer la permaculture sur le terreau initié par leurs ancêtres. Une démarche aussi fertile qu’utile.

VOYAGEURS DU MONDE

Balade sur les canaux, visite des fermes de Xochimilco, déjeuner à base de produits locaux, dîner à l’une des grandes tables de la ville : votre conseiller vous réserve une savoureuse approche de Mexico.

30 magazine – environnement – mexique

Embarquer sur une trajinera est une respiration végétale dans l’une des plus grandes villes du monde.

C’est aussi l’occasion d’observer de plus près le génie agricole des cultures aquatiques chinampas

31 magazine – environnement – mexique

Le Mexique

SAN MIGUEL DE ALLENDE — GUANAJUATO

Tout bonnement mágico ! Des plages du Yucatán à celles du Pacifique, des vestiges millénaires mayas et zapotèques aux derniers hubs de culture contemporaine, le pays est une invitation permanente à explorer, flâner… Puis, à recommencer. 32

HOLBOX — TULUM — PUNTA LAGUNA — VALLADOLID MÉRIDA — PUERTO ESCONDIDO — OAXACA
© Alix Pardo

Irrésistible Quintana Roo

Les rues ensablées mènent droit aubleu des Caraïbes, le Zócalo miniature jongle entre taquerias et bars à smoothies, une poignée de cabañas ondulent du daybed au hamac… Il y a quelques années encore, l’île d’Holbox, pointant à l’extrémité nord de lapéninsule du Yucatán, s’a chait comme la dernière perle mexicaine. Aujourd’hui, la piste reliant Cancún à Chiquilá, petit port d’embarquement du traversier, s’est muée en serpent d’asphalte bien lisse et les voraces moustiques de la mangrove ne font plus peur. Résultat, le ballet des voiturettes de golf –toujours le seul véhicule motorisé sur l’île– s’est largement intensifié, le signal wifi aussi, et porter des chaussures n’est plus vu comme une totale absurdité.

Pourtant, la célébrité de l’île ne semble perturber ni les requins-baleines de Cabo Catoche, ni les pélicans d’Isla Pasión (l’île de la Passion), encore moins les kitesurfers qui déploient leurs ailes le long des 35kilomètres de plage d’albâtre. Holbox (prononcez “Hol-bo-che”) préserve au mieux son environnement et semble maîtriser la recette mexicaine du succès –comme Tulum l’a appliquée avant elle. Deux centskilomètres plus au sud, le magnétisme de l’ancienne Zamá (“cité de l’aube” des Mayas) opère toujours.

Le nombre de “retreat hotels” posés entre la jungle et le sable du Quintana Roo ne cesse de croître. Chacun veut goûter sa part de cuisine au feu de bois, de bains dans l’eau translucide des cénotes, de soirées bohèmes mezcalisées. Pour plus de tranquillité, filer vers PuntaLaguna ou dans la réserve de Sian Ka’an. La côte laisse place à l’intérieur des terres et à l’atmosphère coloniale de Valladolid. Vous troquez alors le toit de palapa pour les murs centenaires d’une hacienda à Mérida… Le Mexique n’est jamais à court d’inspirations.

Sur la côte Pacifique, un bel équilibre entre patrimoine culturel et nature

La côte Pacifique en fait la démonstration permanente. Hier uniquement sur les radars des surfeurs chevronnés, Puerto Escondido reçoit désormais aussi bien les amateurs d’ornithologie que d’art moderne. Avec la fondation

Casa Wabi, l’artiste mexicain Bosco Sodi (sa cochenille avait empourpré la biennale de Venise 2022) a réussi la prouesse de réunir sous le même toit un ensemble architectural minimaliste (élaboré par un collectif, dont deuxprixPritzker -TadaoAndo et ÁlvaroSiza), des résidences artistiques multidisciplinaires en lien avec les communautés locales, et sixvillas ouvrant sur le Pacifique et la Sierra Madre del Sur.

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© Alix Pardo
Vue aérienne sur la vallée de Oaxaca.
© Alix Pardo
Sobriété et épure de la Casa Silencio, à une cinquantaine de kilomètres au sud-est de Oaxaca, temple contemporain de six suites doublé d’une distillerie de mezcal.

Cet équilibre entre l’homme et la nature mexicaine remonte aussi loin que les pyramides et les temples zapotèques de Monte Albán, aux portes de Oaxaca. Dressée entre lasierra et la plaine volcanique piquée de cactus candélabres, la capitale de l’État homonyme est trompeuse. Derrière les paysages désertiques, le classicisme de la place d’armes, les églises et les couvents, Oaxaca s’a rme comme le dernier hub de culture contemporaine du pays. Les techniques séculaires de la région, du tissage au mole negro (cette savoureuse sauce relevéeà base de cacao), sont réinterprétées avec tact.

Le centre des Arts de San Agustín (Casa), initié par le peintre et sculpteur emblématique Francisco Toledo, disparu en 2019, accueille au sein d’ateliers de teinture datant du XIXe siècle, une école d’arts attachée à la préservation du patrimoine culturel et environnemental de la région, mais aussi des expositions et des concerts.

Côté cuisine, Oaxaca se place également comme “the place to eat” Lastreet-food égraine les saveurs locales: fromage, avocat, piment, cochon de lait… Tandis que le chef star Alejandro Ruiz (Casa Oaxaca) y ajoute un zest de Baja California (tostada de poulpe et tamales de crustacés). Une invitation à filer tout droit sur les pistes de cet autre Mexique. Il faudra alors inévitablement réitérer le voyage. Prendre la route de l’Indépendance, flâner sous les façades d’adobe ocre de San Miguel de Allende, de Guanajuato, et des “pueblos mágicos”… Des villages magiques, à l’instar de ce pays tout entier.

VOYAGEURS DU MONDE

Haciendas ou cabañas, plages du Yucatán et dernières adresses de Oaxaca : votre conseiller Mexique met en place un voyage selon vos envies, adaptable à chaque instant, appuyé par une conciergerie locale toujours à l’écoute.

Côté cuisine, Oaxaca se place comme “the place to eat”. Lastreet-food égraine les saveurs locales, tandis que le chef star Alejandro Ruiz (Casa Oaxaca) yajoute un zest de Baja California.
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Le goût du voyage

Baja California en road-trip

Déserts immenses, cactus géants, plages dorées, faune marine précieuse (marlins, tortues, raies Manta, etc., se rencontrent en masque-tuba).

La péninsule, coincée entre le Pacifique et la mer de Cortés, déroule bien des surprises tout au long de ses 1 700 km.

Guanajuato / San

Miguel de Allende

Dans ces deux villes, la beauté architecturale de l’époque coloniale et le style mexicain font des merveilles (inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco). Églises baroques, ruelles étroites et façades colorées se succèdent et vibrent au son des guitares des mariachis.

Tequila, mezcal et sotol !

Si les deux premiers sont fabriqués à partir d’agave, le sotol, lui, nouveau spiritueux à la mode, provient du dasylirion wheeleri (plante proche du yucca), dont seul le cœur est utilisé pour la distillation. Moins fumé, il est bien plus raffiné. À consommer avec modération… ¡ Salud !

Magie des papillons monarques

Se retrouver au milieu d’une nuée virevoltante de ces papillons flamboyants compte parmi les moments les plus spectaculaires. Un instant suspendu à vivre au cœur de la plus grande réserve de biosphère de mariposas monarcas, dans les sanctuaires d’El Rosario ou de Sierra Chincua.

Sauces et palais mexicains

Verde, roja, pico de gallo, chipotle, morita, ranchera… Les sauces, tout comme les tacos, sont nombreuses. Les locaux les aiment bien épicées (“solo un poquito” n’existe pas). Pour épargner les palais les plus délicats, demander clairement un plat “sin chile” (“sans piment”).

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In the mood

Premier lever de soleil mexicain: lalumière révèle déjà les couleurs acidulées du mercado 20 de Noviembre d’Oaxaca dans les parfums de copal et de mole. Elle frise les façades moutarde d’Izamal, petit bijou colonial Que l’on soit sous un toit de palapa ouvrant sur une lagune (Habitas Bacalar, 1), face aux déferlantes du Pacifique (Hotel Terrestre, 2) ou au sommet de la pyramide Calakmul, grande rivale de sa voisine Tikal, alors que la jungle s’ébroue, une même sensation : l’énergie du vivant ! Dans quelques heures, vous barboterez dans un cenote caché, aux portes de l’inframundo maya entre Tulum et Mérida, glisserez en kayak sur la lagune aux sept couleurs de Bacalar, plongerez la tête sous l’eau, à Espiritu Santo, île biosphère parmi les plus foisonnantes de la planète. Plus tard, rendez-vous à Todos Santos pour cavaler à dos de criollo, s’essayer autemazcal (la hutte de sudation mexicaine), s’entretenir avec un chaman et emmener ses enfants à San Martín Tilcajete, dans les ateliers de sculpteurs qui ont inspiré le film d’animation Coco. Il sera bientôt l’heure de surprendre ses papilles aux enfrijoladas (version ++ de l’enchiladas), aux tamales (papillotes), aux piments indigènes et cactus, avant de rejoindre son lit douillet.

PLACE TO BE

L’hôtellerie mexicaine maîtrise l’art de conjuguer le cadre et la culture locale, sans oublier l’e et de surprise. Exemple (très) réussi à la Casa Silencio (3), une distillerie de mezcal dotée de sixsuites d’une beauté monacale enivrante.

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Mexico City Vibrations chromatiques

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Vestiges aztèques et marché des chamans, architecture moderniste et nouvelle cuisine: la capitale mélange avec éclat les époques et les styles. Un bain énergisant à vivre le temps d’une journée.

La Azul, la Verde, la Rosa, laAmarilla… Se réveiller dans l’une des chambres acidulées de cette guest-house du quartier Roma donne le ton. Mexico City, DF pour les intimes (prononcez “Dé-éfé”), vibre de couleurs. L’énergie puissante deTeotihuacan, la monumentale cité aztèque sur laquelle est fondée la mégalopole, n’y est sans doute pas étrangère. Aux terrasses de la Roma, comme celle du quartier mitoyen de la Condesa, artistes et jeunes cadres dynamiques partagent cafecitos et tamales 3.0. Lache e Elena Reygadas prépare, dans ses deuxboulangeries, le pain au levain ancien qui rejoindra les tables délicates de ses restaurants Rosetta et Lardo. Des adresses dans la lignée du Pujol, du Nico’s ou du Máximo qui passent les ingrédients de la cuisine traditionnelle mexicaine à la moulinette du slowfood, métamorphosent l’avocat en sorbet, et placent définitivement la capitale sur l’échiquier de la gastronomie contemporaine. À cette palette s’ajoutent les étals vitaminés du marché de Roma, les fleurs du Jamaica et les plantes médicinales du Sonora, rendez-vous des chamans. Mexico ville bleue, celui de la Casa Azul, maison-musée intimistedu couple

de peintres FridaKahlo et Diego Rivera. Mexico ville rose, mais aussi jaune et pourpre, qui illuminent les murs de la Casa Gilardi, l’une des demeures iconiques réalisées par l’architecte Luis Barragán (1902-1988).

Éblouissante, DF réunit des siècles de style et de culture, du musée national d’Anthropologie jusque sous la carapace métallique du musée Soumaya où Dalí et Picasso côtoient les Vierges de Guadalupe de Juan de Sáenz. Retour au Mexico branché avec les galeries OMR et Kurimanzutto, avant un passage par le vestiaire vintage de GoodbyeFolk et à la librairie-studio design de Casa Bosques. Nouvelle expérience culinaire au Botánico ou au 686 Bar, dernière étoile de la tendance speakeasy version DF. Atmosphère tamisée à la bougie, banquettes vert bouteille, bar en granit. Les couleurs du jour s’estompent, la capitale mexicaine passe au clair-obscur sans jamais perdre de sa vitalité.

VOYAGEURS DU MONDE

Une visite privée des casas de l’architecte Luis Barragán ? Une rencontre avec un artiste ou un chaman ? Nos contacts locaux vous ouvrent un Mexico contemporain.

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Le Guatemala

ANTIGUA — LAC ATITLÁN — CIUDAD DE GUATEMALA

PETÉN — COBÁN — SEMUC CHAMPEY — CANDELARÍA

FLORÈS — TIKAL — LIVINGSTON — SIETE ALTARES

Coincé entre Pacifique et Caraïbes, le pays abrite une jungle-écrin où pointent les temples mayas, des lacs où se reflètent les volcans, des villages indiens, des côtes décontractées. Tout un monde en couleurs.

Àpeine plus de 100000kilomètres carrés de superficie, soit vingtfois moins que son voisin mexicain, et tout de même trois sites estampillés “patrimoine mondial de l’Unesco” et quatreinclusions à la liste du patrimoine immatériel. Dernière en date, la Semaine sainte est peut-être celle qui incarne le mieux la fusion des cultures au Guatemala, le mélange de l’héritage colonial et de la tradition maya, du catholicisme espagnol, des croyances ancestrales et des legs africains. Costumes, cuisine, processions : une profusion de couleurs, de parfums et d’émotions qui illustre l’essence même du Guatemala.

Hautes Terres et géants de feu

Aussi discret et enraciné soit-il, le pays s’ouvre généreusement à qui foule son sol ancestral. Ruelles pavées, façades pastel, églises et fontaines,

couvents et bougainvillées, Antigua, à l’architecture coloniale, est douce à vivre–de ses édifices, détruits par les tremblements de terre puis restaurés, à sesterrasses de cafés où siroter unmatcha latte, en passant par sesgaleries d’art (Nueva Fábrica, à Santa Ana). Partout où le regard se pose, un volcan veille. Le pays concentre le plus grand nombre de géants de feu en Amérique centrale. Ce sont eux qui nous guident naturellement vers le lac Atitlán, sur les terres indiennes. Un rêve lacustre surgi delabrume matinale, une plongée dans la vie maya d’aujourd’hui. Les pêcheurs s’a airent lentement. Sur les berges, femmes et enfants vaquent à leurs occupations. Si tous les villages partagent une même civilisation, ils ont chacun un caractère propre: les cultures en terrasses de SanAntonio Palopo, les tisserands de SanJuan, les caféiers de SanPedro.

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© Pia Riverola
© Pia
Riverola
Retour de pêche sur le lac Atitlán.

SanMarcos la Laguna est devenu l’une desmecques du yoga: les centres se sont multipliés dans le village, désormais tourné vers le bio et le respect de l’environnement. Les locaux plébiscitent leurs marchés qui regorgent de marchandises, éclatent de couleurs, bruissent de nouvelles. Puis, le lac retrouve sa langueur et son aura bienfaitrice.

Un monde maya sous la jungle

En remontant vers le nord, une soirée à Ciudad de Guatemala permet de prendre le pouls d’une ville pleine d’énergie. Plus loin, c’est le Petén, royaume d’une nature tropicale foisonnante et de la civilisation maya. Avant lui, Cobán, à la végétation folle trouée de grottes; Semuc Champey, succession de cascades et piscines naturelles calcaires sur le río Cahabón; Candelaría, aux spectaculaires formations karstiques. Et puis Florès, camp de base pour l’exploration de Tikal. La plus grande ville du monde maya dormait sous la jungle jusqu’à sa découverte en 1848. Depuis, des explorations aériennes (et surtout laser, cf. la technologie Lidar) ont révélé l’existence de dizaines de milliers d’autres maisons, temples et palais enchevêtrés sous les arbres, témoins d’une civilisation sophistiquée comparable à celles de la Grèce antique ou de la Chine.

De la côte caraïbe…

De la jungle, on se laisse glisser vers le sud-est et la côte caraïbe. À Río Dulce, on embarque pour Livingston, qu’aucune route ne relie au reste du pays. Le bateau glisse sur le fleuve à travers la forêt dense. L’emprise encore de la nature. Au bout, la mer des Caraïbes,

pas encore surexploitée mais intime et détendue, frémissante tout de même d’histoires de pirates. C’est aujourd’hui la terre du peuple garifuna, descendant des esclaves noirs et indigènes. Le passé douloureux a laissé place à une douceur de vivre toute caribéenne. Le site naturel des SieteAltares est à la fois grandiose et délassant. Sept bassins naturels se succèdent, où l’eau douce cascade sous un couvert émeraude. On randonne autour et on finit par piquer une tête. Quant à la Playa Blanca, sur la mer celle-ci, on dit qu’elle serait la plus belle du Guatemala.

… aux rouleaux du Pacifique Côté Pacifique, lesable est noir et les palmiers balancent à la brise. Leprogramme de la journée n’est pas di cile à établir: océan toute! Lessurfeurs se donnent rendez-vous à El Paredón ou Monterrico. Entre côte et arrière-pays, la réserve naturelle s’étend sur vingtkilomètres, protégeant unefaune de mangrove en très bon état –les oiseaux tels, ici, l’hirondelle, la spatule rosée ou la paruline jaune apportent toujours au paysage un supplément d’âme. Des mesures de protection des tortues marines, qui pondent sur la plage entre juin et novembre, ont également été prises. Et, en février, place au ballet de la migration des baleines de BasseCalifornie. Spectaculaire et émouvant.

VOYAGEURS DU MONDE

Voir Tikal avant la foule, le musée Morley en privé, le marché de Chichicastenango dans les pas d’un habitant, s’initier à la cuisine maya et à la torréfaction du cacao : un Guatemala intimiste.

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In the mood

Se réveiller sur l’épaule des géants : face aux trois stratovolcans surplombant le lac Atitlán, miroir omniprésent, du lit à la baignoire jusqu’au bout du balcon d’une villa onirique. La Casa Palopó (1) offre ce luxe de vivre suspendu entre le ciel et l’eau. Observer du coin de l’œil le ballet des lanchas, ces barques-taxis qui relient les villages d’un ponton à l’autre. Plus tard, après les asanas et le bol végétarien quotidiens, filer vers Panajachel, faire quelques emplettes en tuk-tuk. S’éblouir devant la façade safranée de San Andrès Xecul, et tenter de capturer couleurs, lumières et visages comme ce premier jour, sous la houlette d’unphotographe de Guatemala City livrant ses conseils techniques et bonnes adresses. Ensuite, les images se télescopent, du côté de Quetzaltenango, des marchés d’Almolonga et de Zunil : patchwork de fruits, de fleurs et de huipiles -ces tuniques portées par les femmes mayas, qui composent l’un des liens indéfectibles à leur culture, avec la cuisine, dont on apprend les rudiments chez l’habitant. Alors, suivre les volutes de copal jusqu’au sommet du Pacaya et de l’Acatenango.

PLACE TO BE

Avec ses casitas perchées entre la forêt et le lac Petén Itzá, dressées de sobriété artisanale, La Lancha(2) est l’un des cinq “hideways” de la famille Coppola en Amérique centrale!

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LE TISSAGE

FIL ROUGE DE LA MODE

En Amérique centrale, le tissage est l’un des marqueurs forts des cultures préhispaniques. Les techniques ancestrales ont si bien traversé les époques que certaines pièces des vestiaires traditionnels guatémaltèque et mexicain sont exposées de nos jours dans les plus grands musées du monde. Une source d’inspiration infinie qui réapparaît régulièrement sur les catwalks.

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©
Molly Berry

Des hauteurs du lac Atitlán (Guatemala) au Victoria & Albert Museum de Londres, l’histoire ne tient parfois qu’à un fil. Et ceux qui constituent ce huipil (la chasuble traditionnelle maya), répertorié parmi les 75000pièces uniques du musée londonien, ont permis d’identifier l’éto e. Datés de la fin du XIXe siècle, la double trame de coton et de soie blanche et rouge, les coutures brodées ensemble et le motif élimé représentant une plume sont caractéristiques du village de Patzún. Assemblés selon des techniques ancestrales par les femmes des communautés mayas, sur des métiers à tisser portés généralement à la ceinture, les huipiles composent, parmi les autres pièces des vestiaires traditionnels guatémaltèque et mexicain, de véritables dialectes visuels.

Des mayas à la Fashion Week londonienne, en passant par Frida Kahlo

Les représentations et les symboles qui les recouvrent, di érents d’un village à l’autre, sont essentiellement liés à la nature et aux éléments : les oiseaux, l’épi de maïs, les éclairs, la pluie, les points cardinaux… Autant de messages codés adressés aux dieux depuis le Ve siècle pour solliciter leur clémence, demander une meilleure récolte. Et comme pour mieux attirer l’attention divine, les couleurs vives sont utilisées: le cyan, le rouge, le vert ou le jaune vif –des pigments autrefois issus de racines, de feuilles ou d’insectes, qui depuis ont majoritairement été remplacés par la chimie.

Le Guatemala ne fait pas exception à la règle du progrès. À San Juan La Laguna comme ailleurs, on peut tisser d’une main, scroller de l’autre. Ce fil

avec le passé, ténu mais solide, est pour autant entretenu par plusieurs associations et certains designers qui encouragent le travail des communautés. En 2016, une jeune créatrice née à Guatemala City se fait doublement remarquer lors de la Fashion Week de Londres. Atteinte de trisomie21, Isabella Springmühl Tejada présente une collection destinée aux personnes à qui, comme elle, la mode tourne le dos. L’autre originalité réside dans les pièces artisanales qu’elle utilise, réalisées par des tisserandes et couturières guatémaltèques à partir d’étoffes traditionnelles recyclées. Une mode en continuité. La démarche résonne et fait écho à une artiste mexicaine qui, un siècle plus tôt, se démarquait déjà. De son corps meurtri (par la poliomyélite et un grave accident), Frida Kahlo avait fait l’étendard de son langage artistique. Un univers teinté d’un style basé sur les huipiles, les rebozos (châles tissés) et les rabonas (jupes longues) portées avant elle par les femmes de sa région de Oaxaca, les Tehuanas, réputées pour leur force de caractère et leur beauté. Frida Kahlo, une icône intemporelle enracinée dans la tradition mexicaine, devenue au fil du temps la source d’inspiration de grands couturiers contemporains, tels Alexander McQueen pour Givenchy en 2001, Jean-Paul Gaultier en 1998 ou encore Maria Grazia Chiuri pour Dior en 2019. Une boucle bien bouclée.

VOYAGEURS DU MONDE

Participer à un atelier avec les tisserandes de San Juan la Laguna et/ou rencontrer une créatrice de Mexico City : votre conseiller organise votre agenda selon vos centres d’intérêt.

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amérique centrale
53 magazine – artisanat – amérique centrale

Le Belize

Terre lointaine que l’on pourrait seulement avoir rêvée, ce petit bout d’Amérique renvoie à ce que la région a de plus fascinant: larichesse de la culture maya, la forêt primaire et la barrière decorail, trésor immergé de 300 kilomètres s’étendant jusqu’au Mexique.

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BELIZE CITY — ALTUN HA — CARACOL — CAANA EL CASTILLO — MOUNTAIN PINE RIDGE — SELVA MAYA PUNTA GORDA — PÉNINSULE DE PLACENCIA — SAN PEDRO
© Aaron Colussi

Àla recherche du temps perdu Un pays de poche –23000kilomètres carrés–qui n’a pas pour autant échappé à la folie des grandeurs colonialiste: contrôlé par les Espagnols, exploité par les Britanniques, a ranchi en 1981. Mais sur les billets, TheCrown veille encore au grain, et on y parle anglais, comme nulle part ailleurs en Amérique centrale. Au XVIIe siècle, l’attrait du Vieux Continent pour les bois précieux de la région a engendré BelizeCity, qui a dû, pour s’étendre, gagner du terrain sur mer et marécages. Les bâtisses coloniales sont toujours là, certaines avec plus d’aplomb que d’autres, abandonnées aux sévices du temps. Des témoins d’une autre époque ont eux été miraculeusement épargnés, et retransmettent en direct du Ier millénaire larichesse de la culture maya. Les entrailles d’Altun Ha, haut lieu cérémoniel de l’époque classique, ont longtemps caché des centaines d’artefacts, dont la tête sculptée de K’inich Ajaw, ledieu soleil, vaut son pesant de jade (4,42kg). Découverte en 1937 au cœur de la splendide réserve forestière de Chiquibul, Caracol a quant à elle révolutionné l’idée qu’on se faisait alors d’une cité maya. Ses temples, places et habitations s’étendent sur plus de 10000hectares. La vertigineuse Caana, pyramide de 43mètres, semble, elle, intimer à la jungle de ne pas la dépasser. En vain. À la frontière

avec le Guatemala, 40kilomètres plus haut, le temple ElCastillo tire lui aussi ses vieilles pierres vers le ciel sur le site de Xunantunich, perché sur l’une des plus hautes plaines de la région. Pour l’atteindre, il faut traverser le río Mopan à bord d’un ferry du XIXe siècle, encore activé à la manivelle. Mise en abyme du voyage dans le temps.

Une Selva Maya sauvegardée

Il faut avoir assisté à l’éveil embrumé de la jungle au petit matin, au vol furtif du colibri ou à la chute grondante des cascades de la sublime réserve de Mountain Pine Ridge pour prendre la mesure des forces en présence. Longtemps restée sous le radar touristique international, lanature bélizienne s’est formidablement épanouie. L’indi érence au service de la biodiversité. Les hippies y ont cru. Mais, révélées au monde, ces collines saturées de forêt vierge –l’une des dernières au monde– doivent désormais être protégées. De nombreuses zones du pays ne tolèrent plus la libre circulation des personnes, privilégiant celle des ocelots, pumas, singes hurleurs, tapirs de Baird et porcs-épics. En 2021, unecoalition regroupant gouvernement, ONG et entreprises privées a acquis, pour la préserver, une partie de la Selva Maya, seconde plus grande forêt tropicale primaire d’Amérique après l’Amazonie: 150000kilomètres carrés baptisés Belize Maya Forest.

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Des sanctuaires ont vu le jour un peu partout: celui de Cockscomb Basin Wildlife, première réserve de jaguars au monde; l’immense réserve naturelle de Río Bravo, avec sa lagune d’eau douce enveloppée de luxuriance subtropicale, ses oiseaux, ses chauves-souris et ses grenouilles. Comme pour mieux sensibiliser le visiteur, les Béliziens l’invitent à loger dans des lodges et cabañas merveilleux, aux murs qui respirent et aux toits de palapa. Pas la peine de chercher plus juste définition du luxe.

Belize en mer

Atout de l’infiniment petit, on n’est jamais loin de rien au Belize. Et certainement pas de la mer des Caraïbes que rejoignent les quatregrandes voies d’asphalte du pays. Punta Gorda, ville colorée du sud et fief garifuna, fait une introduction décontractée à la côte. On s’y acoquine avec le turquoise, sans pour autant rompre avec le vert et les vieilles pierres –celles du site de Lubaantun, aux angles arrondis, et des stèles de Nim Li Punit. Sur la péninsule de Placencia, 160kilomètres au nord, on goûte à la douceur de vivre caribéenne qu’exhalent les jolies maisons sur pilotis, les concerts de reggae

et les bars posés sur le sable. On y fait aussi un constat désarmant: il se trouve au Belize autant de richesses sous l’eau que sur terre. Comment en serait-il autrement? Le pays se situe à l’orée de la deuxième plus grande barrière de corail au monde. Un trésor immergé de 300kilomètres de long s’étendant jusqu’au Mexique. Flottant, impassibles, au-dessus de cemusée du vivant, des milliers d’îlots, lescayes, font la vie belle à qui foule leurs plages et leurs mangroves fabuleuses. La grande AmbergrisCaye –la “Isla bonita” de Madonna–est un tremplin idyllique vers la réserve marine de Hol Chan où l’on explore parmi raies, requins et tortues, les coulisses des fonds coralliens. Au large se profile le Blue Hole, gigantesque gou re circulaire au bleu profond, tache d’encre photogénique sur l’azur parfait de la mer des Caraïbes.

VOYAGEURS DU MONDE

Dans un pays anglophone comme celui-ci, notre conciergerie francophone est un réel atout pour répondre in situ à toutes vos envies.

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Comme pour mieux sensibiliser le visiteur, les Béliziens l’invitent à loger dans des lodges et cabañas merveilleux… Pas la peine de chercher plus juste définition du luxe.

In the mood

Watina, le tube d’Andy Palacio, vous accompagne à l’entrée de Dangriga, principal village de la minorité garifuna, dont l’artiste (disparu en 2008) fut le principal ambassadeur belizien. La visite privée du petit musée Gulisi aux côtés de Pen et Ingrid Cayetano, deux autres artistes reconnus, permet d’en apprendre davantage sur la culture de ce peuple, descendant d’esclaves africains naufragés. Découvrir ensuite leurs huiles sur toile et partager un hudut (ragoût de poisson au lait de coco et purée de bananes vertes) avant de s’envoler sur l’autoroute du Colibri, qui grimpe à travers la jungle dense. On la quittera à San Ignacio pour poursuivre à pied le long du Río Macal. La grotte d’Actun Tunichil Muknal pousse l’aventure un peu plus loin, ce site cérémoniel maya étant accessible uniquement à la nage. À un coup d’ailes de là, en piste vers Caracol, le Blancaneaux Lodge (1) de Francis Ford Coppola, niché au creux de la Mountain Pine Ridge Reserve et ses pins incongrus, invite à se poser pour rejouer la scène. Bientôt, l’appel des Caraïbes retentit. On hésite entre filer au sud vers Punta Gorda ou piquer au nord en direction des cayes, traverser la plaine de Shipyard et croiser les Mennonites au mode de vie figé dans un autre siècle. Un Belize décidément cinématographique, à conclure par le fondu au bleu-noir du Great Blue Hole

PLACE TO BE

Deuxième opus de la famille Coppola, le Turtle Inn (2) se classe parmi les plus beaux refuges du pays. L’expérience ultime restant les îles privées de Coral Caye et Gladden Island.

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Le Nicaragua Bouillonnant à jamais

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Doté de paysages grandioses, le pays est régi par des forces telluriques phénoménales. Ses volcans aimantent les randonneurs avides d’émotions fortes. Cerné d’eau, il est notamment prisé des surfeurs. Ses influences espagnoles et son climat tropical s’ajoutent à la liste des bonnes raisons d’y voyager.

Certaines photos impactent parce qu’elles révèlent quelque chose d’essentiel. Ainsi, celle qui montre à l’aéroport de Managua lepape polonais Jean-PaulII sermonnant sur le tarmac, le 4mars 1983, le théologien dela libération, alors ministre de laculture du gouvernement sandiniste, Ernesto Cardenal. Religion et révolution. Le doigt levé du pape pointe la violence d’une tension qui exprimait le Nicaragua, et le dépassait. Un moment d’universalité pour ce pays central de l’Amérique centrale. En fait, si les Amériques étaient une hélice, son axe passerait par le Nicaragua. Et elle brasserait les eaux du Pacifique et des Caraïbes. Bas du côté de celles-ci, relevé du côté de celui-là, le relief nicaraguayen est marqué par le volcanisme. Il n’y a pas que les mœurs politiques à être éruptives. Parmi d’autres, les volcans Cerro Negro et Telica, Masaya et Mombacho ou Maderas, sur l’île d’Ometepe, s’abordent par des chemins pédestres. De la hauteur donc et de l’activité, puisque certains sont encore travaillés

par les laves. L’autre grand motif morphologique, ce sont les lacs, notamment le Gran lago de Nicaragua et le lago de Managua.

Avec le relief et le climat, flore et faune prennent forme. Forêt nébuleuse sur les éminences de la cordillère occidentale et de la chaîne centrale, marais et mangroves sur la mer des Caraïbes, forêt tropicale. Là-dedans, singes hurleurs et atèles, paresseux, toucans et colibris, caïmans et jaguars, ibis, martins-pêcheurs. Et orchidées! La période coloniale espagnole a laissé de belles choses dans les villes de León et de Granada, que l’on ne s’étonnera pas, ainsi nommée, de trouver andalouse.

VOYAGEURS DU MONDE

Trouver son chemin au Nicaragua demande un peu d’adresse… L’appli Voyageurs géolocalise votre itinéraire et vos étapes grâce au GPS, même hors connexion. Pratique !

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LATINO POP

De la légendaire peintre Frida Kahlo, incarnée au cinéma par la non moins célèbre et sublime Salma Hayek, au créateur couture Oscar de la Renta, en passant par l’homme fusée UsainBolt, toutes ces figures portent haut les couleurs de leurs pays respectifs.

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Oscar Isaac (Guatemala, 1979)

Acteur américano-guatémaltèque, il se fait d’abord remarquer dans des films indépendants avant de figurer au casting de nombreux blockbusters (Star Wars, X-Men…).

Il est au générique d’Into The Spider-Verse (2023), où il incarne le Spider-Man 2099.

Grace Jones (Jamaïque, 1948)

Muse du plasticien Jean-Paul Goude, égérie de feu Azzedine Alaïa, elle a côtoyé Warhol & Co. Voix grave, profil athlétique, bouche immense (d’où sort une antique Citroën CX dans le clip de Slave to the Rhythm, 1985), la chanteuse et top n’en finit pas de fasciner.

Frida Kahlo (Mexique, 1907-1954)

Une figure pop par excellence ! Femme libre, inspirée par les traditions de son pays, meurtrie dans sa chair, son œuvre est essentiellement biographique. L’une de ses peintures clés reste La Colonne brisée, réalisée dix ans avant son décès.

Oscar de la Renta (République dominicaine, 1932-2014)

Le mot “élégance” est sans doute celui qui caractérise le mieux ce prodige de la mode né à Saint-Domingue. L’univers du luxe ne lui a pas fait oublier ses origines pour autant, créant un orphelinat et une école à Punta Cana.

Bianca Jagger (Nicaragua, 1945)

Ancien mannequin, avocate, mondaine, elle a reçu de nombreux prix, dont le Nobel alternatif en 2004. Elle reste surtout connue pour son mariage avec le célèbre chanteur des Rolling Stones, Mick Jagger. De leur union est née une fille, Jade, devenue joaillère.

Salma Hayek (Mexique, 1966)

Celle qui a fait ses débuts dans des telenovelas a rapidement côtoyé les sommets dans son pays d’origine, puis aux États-Unis (Desperado, Dogma,Frida…). En 2021, à 55 ans, l’actrice endosse pour la première fois un costume de superhéroïne Marvel dans Les Éternels.

Roberto Durán (Panama, 1951)

Son surnom ? “Manos de piedra” (Mains de pierre). Le boxeur, champion du monde dans quatre catégories de poids, est l’un des meilleurs de tous les temps. Sa carrière pro, de ses 17 à ses 50 ans, a che un palmarès solide : 119 combats, 103 victoires.

Daniel Zovatto (Costa Rica, 1991)

D’abord attiré par le théâtre, le jeune homme choisit de se tourner vers le cinéma (d’horreur plus particulièrement). Sa carrière a le vent en poupe depuis les années 2010 où on a pu le voir dans plusieurs films (It Follows, Lady Bird) et séries (Station Eleven) salués par la critique.

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Ana de Armas (Cuba, 1988)

Née à La Havane juste avant la fin de la Guerre Froide, la jeune actrice débarque à Hollywood en 2006 sans parler un mot d’anglais ! Après quelques rôles (dans Blade Runner 2049 ou le dernier James Bond), elle est une Marilyn Monroe étonnante dans Blonde (2022).

Janet Gibson (Belize)

Biologiste et zoologiste, elle œuvre dès les années 1980 à la création d’une réserve marine protégée (Hol Chan). Grâce à elle, la barrière de corail du Belize est classée par l’Unesco. En 1990, elle reçoit le prix Goldman pour l’environnement. Une héroïne moderne.

Usain Bolt (Jamaïque, 1986)

L’homme le plus rapide de la planète (100 m en 9,58 secondes) n’a pas été détrôné depuis 2009. Véritable légende de l’athlétisme, il marque l’histoire du sport en remportant huit médailles d’or aux JO et en détenant les records du monde du 100 m, 200 m et 4 × 100 m.

Ertha Pascal-Trouillot (Haïti, 1943)

Unique femme élue à la magistrature suprême d’Haïti, elle est aussi la première présidente de la République du pays (1990).

Un parcours admirable motivé par la lutte pour l’émancipation des femmes et contre l’esclavage, la colonisation et le racisme.

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Le Costa Rica

SAN JOSÉ — PARC NATIONAL TENORIO — NOSARA

TARCOLES — PARC NATIONAL DE CARARA

PUERTO VIEJO DE TALAMANCA — SALSA BRAVA

PUNTA CAHUITA — TORTUGUERO

Sur cette “Côte Riche”, l’optimisme se résume en deuxmots: “pura vida” ! Une tournure d’esprit qui semble relever du bon sens tant ce pays est prospère et merveilleux. Forêts, mangroves, écosystèmes infinis, volcans, fonds marins: ici, tout célèbre la vie. À l’état pur.

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Valentine Dreyfus
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© Hauser

Des caféiers et des volcans Centre névralgique du CostaRica, San José en est aussi la principale expression urbaine, à seulement 20kilomètres du premier parc naturel. À ses débuts, la capitale n’était qu’un hameau de maisons de riches planteurs, perdues parmi les caféiers à 1200mètres d’altitude. Une fièvre bâtisseuse en a fait une ville à l’éclectisme architectural débridé lui donnant des airs de folie. La faute aux styles rococo, néo-Renaissance, Art nouveau, Art déco, Bauhaus et brutaliste qui s’y tutoient depuis le XIXe siècle. Face à cette cacophonie visuelle, le Mercado central incarne un prosaïsme intemporel rassurant. Dans les sodas (petits restaurants) aux marmites frémissantes, on ouvre le bal des gallos pintos de la journée (plat traditionnel d’Amérique centrale à base de riz et de haricots). Autour de la capitale, la Vallée Centrale se voue corps et âmes à la culture du grano de oro, or noir caféiné à la renommée mondiale. Les plantations s’étendent jusqu’aux flancs des volcans. Ceux du Tenorio forment un parc tout en chutes d’eau et sources naturelles. Le río Celeste, photogénique, y oppose à l’émeraude végétale ses eaux bleu turquoise irréelles. Dieu y aurait lavé ses pinceaux après avoir peint le ciel. Poésie tropicale. Cône parfait coi é de nuages, le volcan Arenal s’ingénie à faire oublier

la dévastatrice éruption de 1968. À ses pieds, des ponts suspendus surfent sur la canopée, o rant aux yeux l’horizon, et la faune et la flore mises à nu. Là, sous les feuilles, se cache un petit être polychrome: la rainette aux yeux rouges, emblème du Costa Rica. Plus au sud-est, les montagnes de SanGerardo de Dota, à proximité du parc national Los Quetzales, sont, elles, le paradis du quetzal resplendissant, créature vénérée au plumage flashy. Ici, chaque arbre est une forêt, avec à ses pieds un éden d’orchidées, de fougères arborescentes et tout un peuple trottant, rampant, fascinant.

“Surf & turf” sur la côte Pacifique Ambassadrice costaricienne du surf, lacôte Pacifique s’incarne en villages relax, où boutiques d’artisanat et bars informels côtoient refuges bohèmes et plages de sable blond. Sur la péninsule de Nicoya, Nosara promeut le cool, sponsorisé par une pratique assidue de la glisse et du yoga. Dans sa réserve et sa mangrove, crocodiles, chats sauvages, coatis et oiseaux y vivent en pagaille. En aficionadas, les tortues caouannes reviennent pondre sur la plage d’Ostional plusieurs fois dans l’année, en général une fois par lune. Autant de forces vives qui doivent être protégées. Heureusement, les bonnes âmes ne manquent pas pour sensibiliser, surveiller, replanter.

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© Getty Images/Ingram Publishing/Thinkstock
© Hauser

La péninsule de Nicoya est connue pour la longévité de ses habitants, de quoi être optimiste. De l’autre côté du golfe, le petit village de Tarcoles et ses environs font eux l’apologie de la forêt primaire, de la gente ailée –le parc national de Carara abrite 50% des espèces d’oiseaux présentes au Costa Rica–, et des crocodiles d’Amérique qui lézardent en nombre dans le fleuve Tarcoles. Plus au sud, le parc Manuel Antonio compense sa petite taille par une richesse naturelle démesurée –habitude nationale. Des sulfureuses plages de sable blond à la forêt tropicale, les sentiers créent la rencontre avec le vivant. Une flore représentative de tout un pays, peuplée de singes capucins, de ratons-laveurs et d’innombrables paresseux.

Quand les fonds caribéens ondulent au son du reggae

On surfe aussi à Puerto Viejo de Talamanca, petite ville au sud de la province de Limón bordée de sublimes plages sauvages. Dans cet ancien village de pêcheurs aux chemins de terre, le reggae résonne à toute heure autour des maisons bariolées et des gargotes hippies, évocations de Jamaïque. C’est que Puerto Viejo se nourrit du métissage des cultures afro-antillaises, latinos et indigènes. Une ambiance douce et caribéenne qui sied bien aux surfeurs.

Lesplus aguerris se donnent rendez-vous à Salsa Brava pour surfer une vague mythique. Sur la terre ferme, un refuge porte secours à la faune blessée et orpheline –l’omniprésence de la nature inspire de belles initiatives.

À Punta Cahuita, le parc national préserve depuis 1978 plus de 23000hectares de fonds coralliens fabuleux et de jungle marécageuse où sapajous, serpents-lianes, crabes bleus et ibis verts cohabitent avec un lézard surnommé Jésus-Christ, capable de marcher sur l’eau.

Au nord, ce sont les tortues que l’on protège à Tortuguero. Cette petite Amazonie accessible uniquement par l’eau est sillonnée de canaux labyrinthiques servant de miroir à tout un monde tropical. Chaque été, le crépuscule met en scène l’arribada, ballet magique des tortues vertes venues pondre sur la plage, guidées par leur seul instinct et le clair de lune. Géniale nature.

VOYAGEURS DU MONDE

Aficionados de la destination bien avant son grand boom écotouristique, nos conseillers et nos concierges sur place vous réservent leurs dernières trouvailles. Belles adresses, activités originales : laissez-vous guider les yeux fermés.

Dans le parc national de Cahuita, sapajous, serpents-lianes, crabes bleus et ibis verts cohabitent avec un lézard surnommé Jésus-Christ, capable de marcher sur l’eau.
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Le goût du voyage

Hors des radars : Puerto Jiménez et Golfito    À l’extrême sud de la côte Pacifique du pays, il faut se rendre sur ces “bouts du monde” et goûter le sentiment d’exclusivité qui s’en dégage. Entre Océan et forêt tropicale, ces deux perles, quasi intactes, brillent par la beauté de leur nature.

Tourisme vert et super biodiversité

Mini-pays (51 100 km2) abritant 6 % de la biodiversité mondiale, 30 réserves et parcs nationaux, quelque 500 000 espèces d’animaux (dont 20 000 espèces d’araignées !), le Costa Rica est l’un des rares endroits au monde à posséder 28 % de territoires protégés.

Santa Teresa, refuge boho-chic

Spot favori des surfeurs et des voyageurs en quête d’édens, ce village de la péninsule de Nicoya séduit aussi les yoginis du monde entier. Bordé de sable et de terre battue, il est cerné d’une jungle qui envoûte. Non loin (environ 25 km), le parc national Cabo Blanco vous ouvre ses bras.

Sodas et casados

Ici comme ailleurs, le soda se boit, mais c’est surtout un endroit où l’on mange. Un petit restaurant typique où tester le casado Qué ?

Si la traduction vous oriente vers “l’homme marié”, il s’agit en fait d’un plat national (riz, haricots noirs, bananes plantain, salade, et, au choix, poulet, porc, bœuf ou poisson frit) !

Tortues ou aras ?

C’est sur la plage de Junquillal que peuvent se trouver 4 des 7 espèces de tortues marines du monde. Un lieu magique sur lequel veille la fondation Verdiazul. Pour voir les grands aras verts voler en toute liberté, cap sur le Ara Manzanillo, dans la forêt des basses terres des Caraïbes.

Dormir tout près d’une icône du Costa Rica, aux portes du parc national du volcan Arenal. © Hôtel Nayara Tented Camp
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In the mood

“Pura vida” par-ci, “pura vida” par-là… Utilisée à tout bout de champs, de forêts et de plages, la devise du Costa Rica a largement dépassé les frontières du pays. L’art de vivre en pure décontraction s’exprime et s’expérimente à différents niveaux.Dans l’architecture des habitations et des lodges, à l’image du photogénique Origins Lodge (1), parfaitement intégré à la nature luxuriante de la région de Bijagua; ailleurs, ce sont des havres surplombant l’océan, toujours créés à partir de matériaux biosourcés et fonctionnant sur un réel modèle environnemental. Dans la façon de naviguer, le champion du tourisme vert invite également à fusionner avec les éléments : respirer l’air pur lors de balades suspendues sur la canopée, participer à un projet de reforestation, marcher de nuit (avec un naturaliste pour ne rien rater), sentir le feu sous la peau des volcans et se baigner dans une source chaude, dévaler les ríos en raft, glisser sur les vagues parfaites et indulgentes de Tamarindo… Par les papilles enfin: la force tropicale du café, du gingembre, de la cardamome fraîchement récoltés, la douceur de la patate et du gallo pinto (riz et haricots) que l’on apprend à préparer…

PLACE TO BE

Au pied des volcans, enfoui dans la jungle, sur un îlot des Caraïbes ou un balcon sur le Pacifique…: le Costa Rica ou l’essence de “l’écolodgie”.

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Jessica Sample

LE PANACHE DE PANAMA

Souvent limité à l’image d’un pays transitoire, l’ultime trait d’union entre les Amériques a bien plus à o rir. Nature foisonnante, capitale attrayante, archipels idylliques: le Panama lance des pistes qui ouvrent encore davantage l’horizon des possibles.

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Sous une drôle de carapace en tôles multicolores, des écrans interactifs croassent, hululent, rugissent. Le Biomuseo, niché à l’entrée du canal de Panama City, donne une photographie assez nette d’un pays miniature qui concentre nature, technologie et esthétisme. Dessiné en 2014 par le starchitecte canadien Frank Gehry, le lieu montre un visage du pays bien di érent du paradis fiscal et son mythique canal. À un bond de là, la célèbre Smithsonian Institution de Washington a depuis longtemps répondu à l’appel de la jungle en implantant le QG de son institut de recherches dédié au milieu tropical. Établi dès les premiers coups de pioche du canal, au tournant du XX e siècle, le centre scientifique n’a pas fini de répertorier les organismes vivants sur ce petit bout de terre (à peine plus d’1/10e de la France) et dans les eaux du Pacifique et des Caraïbes qui le bordent. Si l’isthme panaméen formé il y a troismillions d’années entre les deux continents américains a influencé leurs écosystèmes respectifs, la passerelle de Noé a conservé un nombre d’espèces plus élevé que sur tout le territoire nord-américain. Un atout qui fait du Panama un exceptionnel laboratoire biologique face aux défis actuels de notre planète. Les scientifiques du monde entier viennent donc s’y poser, qui pour étudier le langage amoureux des batraciens, qui pour révéler l’entrée dans l’âge de pierre des sapajous capucins.

Sans aller très loin, le plus commun des voyageurs a vite fait de se prendre pour un explorateur des temps modernes. Il su t pour cela de traverser le Metropolitan Natural Park, toile de fond de la skyline du centre d’affaires, d’embarquer sur le lac Gatún où les crocodiles croisent les supertankers, et de monter à bord du train transisthmique qui longe le canal à travers la forêt jusqu’à Colón, le port des Caraïbes d’où repartaient les galions espagnols chargés de trésors incas. Derrière les

façades coloniales décaties du quartier historique de Casco Viejo, la capitale fourmille d’idées rafraîchissantes. Les boutiques-hôtels ont investi les lieux historiques, à l’image de l’American Trade Hotel qui abrite sous son toit de 1917 style Art déco et mobilier design mexicain. On brunche autour d’une tasse de geisha, le véritable or noir (plus de 1000dollars la livre).

Rooftops, friperies vintage et culture sneakers

Lorsque la chaleur s’installe, il faut filer sur le front de mer tester la cuisine locale et inventive du Maito, ou remonter à Río Abajo pour aller grignoter un bout de Jamaïque voisine et son riz coco et, plus loin encore, retrouver l’Asie des bao buns et gyozas. À la tombée du jour, les oiseaux de nuit se perchent sur les rooftops qui ont fleuri au faîtage des maisons centenaires, d’autres rejoignent des antres cosy qui marient l’esprit West Village newyorkais à des rhums trentenaires plus vieux que la moyenne d’âge.

Panama City serait-elle devenue l’une des destinations “les plus stylées d’Amérique Centrale” (dixit le magazine Vogue) ? C’est un fait, la ville ne compte plus les friperies vintage et la culture sneakers marche à grands pas. En 2019, les Indiens Gunas des îles San Blas ont d’ailleurs eu gain de cause face à l’équipementier Nike. Le géant américain avait détourné sur une nouvelle basket, leurs traditionnels molas, ces motifs inspirés par la nature. Mais la grenouille coqui est restée au Panama.

VOYAGEURS DU MONDE

Découvrir le Casco Viejo dans les pas d’un guide privé, naviguer sur le fameux canal et le lac Gatún, visiter la région de Portobelo et sa fondation culturelle, filer vers Bocas del Toro : votre conseiller vous réserve un Panama inattendu.

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Architecture coloniale défraîchie mais colorée, lieux trendy et gourmands, Biomuseo signé Frank Gehry niché à l’entrée du canal de Panama City, centre d’affaires futuriste : Panama City l’audacieuse est aussi là où on ne l’attend pas.

Les îles San Blas

Souveraines et fragiles

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Non loin du littoral panaméen s’épanouissent des édens vigilants, engagés dans un processus de conservation nécessaire face au réchau ement climatique et aux dérives du tourisme.

Ici, pas de resorts, mais un mode de vie simple que les voyageurs sont invités à découvrir en se rendant sur place en catamaran.

Archipel au large de la comarque guna yala, sur la côte nord-est du Panama, les îles San Blas sont un véritable paradis. Mais celui-ci, menacé par la hausse du niveau des eaux, se voit prématurément forcé à un processus de conservation. Les Indiens de la communauté gunayala, premiers habitants poussés là par la Conquista, y ont leur cadre de vie. Les autres (les voyageurs de passage), un monde alternatif.

Mais les visées de tous convergent, les uns et les autres ont un intérêt commun à la préservation de ces îles en état édénique: transparence de l’eau, santé de la faune marine, outre-blanc du sable, vigueur des bosquets de cocotiers, netteté rare des formes et des couleurs. Comment imaginer se passer de pareilles beautés? Car la rumeur de cette beauté disposée à faible distance du littoral panaméen s’est en e et propagée. On vient voir cela de plus près… Mais désormais, les autorités locales, comptables des îles auprès de leur population, veillent. Ouquand un tourisme bien compris peut s’avérer être une force active et contribuer

à la mise en place de mesures d’endiguement… Ici, pas d’hôtels parasites, un mode de vie simple, qui est celui de tout le monde : toit de palme sur la tête, repas à la table commune. Et transe des molas, ces tissus aux motifs qui se peignaient autrefois à même le corps, dont les Indiennes Gunas se vêtent avec grâce. On va en petit bateau ou en pirogue monoxyle d’une île à une caye, on plonge avec masque et tuba, on prend pied sur un haut fond. Partout, lebleu, le sable réverbérant. Devant soi, laprochaine île dont les maisons de bois apparaissent comme posées sur l’eau.

Tout cela est à la fois ample, souverain et fragile. Tout cela réclame respect et engagement, même et surtout lointain. Tout cela paie au centuple les e orts que l’on consent à sa conservation.

VOYAGEURS DU MONDE

Recommander un club de plongée ou le meilleur ceviche de l’île, organiser une rencontre avec des artisans Gunas : votre concierge francophone est constamment à l’écoute de vos envies.

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Cuba

LA HAVANE — TRINIDAD — TOPES DE COLLANTES VIÑALES — CIENFUEGOS — CIÉNAGA DE ZAPATA VARADERO — CAYO GUILLERMO — CAYO LEVISA

Terre de légende rompue aux embargos, l’île-crocodile n’a jamais abandonné son rêve de Cuba Libre. Une énergie inextinguible y rayonne, des murs de LaHavane aux champs de tabac de Viñales, de la forêt tropicale de Trinidad aux eaux cristallines des Cayos.

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© Sarah Van Rij

De La Habana Vieja à l’autre Havane

Derrière une porte chancelante, à l’abri d’une cour encadrée de murs délabrés, bougainvilliers et flamboyants n’en finissent pas de fleurir. Au sol, un reste de cigare. Rien n’a donc changé à LaHavane? Más o menos. Le long du Malecón et sur la majestueuse avenue du Prado, le ballet des grosses américaines n’a pas cessé. Et des Dodge, Chevy et Cadillac ra stolées émane toujours un délicieux parfum fifties. La Havane n’est plus la belle endormie, mais elle reste cette incarnation urbaine de l’anachronie, ce va-et-vient incessant entre la splendeur d’autrefois et la beauté fanée de ce qu’il en reste. Une esthétique de la nostalgie qui saute aux yeux dans les ruelles de LaHabana Vieja, où les vieilles pierres cathédrales tiennent bon. Vue et revue, la chorégraphie du damier colonial nous mène, sans détours, de la plaza de Armas à celle de San Francisco de Asís, d’un rooftop à un club de salsa, du Gran Teatro à La Guarida, merveilleux temple culinaire aux moulures défraîchies. Dans l’autre Havane, la revolución a redessiné les contours des avenues,

des places, des immeubles, à l’aide d’un sérieux et d’un gigantisme tout communiste. Mais Art nouveau, Art déco et gratte-ciel ont trouvé sous le même soleil une belle harmonie. Et la population une échappatoire à la morosité économique: l’art, sous toutes ses formes. Partout, le street-art habille les façades décaties au charme décadent, et, à quelques pas du cimetière Colón, des artistes bien vivants s’expriment à la Fábrica de Arte Cubano (FAC), ancienne huilerie muée en laboratoire d’art contemporain. On y expose, on y danse, on y compose, on y projette. On y réinvente Cuba, encore une fois.

Culture à Trinidad vs nature à Viñales

Des notes de salsa s’échappent du patio de la Casa de la Trova. Les anciens s’amusent à faire tournoyer les danseurs de passage aux pas hésitants. Autour de la plaza Mayor, Trinidad exhibe ses charmes coloniauxle long de rues pavées aux façades versicolores. Une porte entrouverte révèle un luxe inattendu, paré de marbre, de verreries de Bohême et de céramiques d’Espagne.

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Dans la vallée de Viñales, entre palmiers, orchidées et champs de tabac. Au loin, les mogotes, couvertes de végétation, gondolent l’horizon.

Le goût du voyage

Cigares et volutes célestes

“Dieu est un fumeur de havanes…”, chantaient Deneuve et Gainsbourg en 1980. Et la présence de ce “s” final nous dit que Dieu a le choix : Bolivar, Cohiba, Hoyo de Monterrey, Quai d’Orsay, Montecristo… Les marques et arômes sont nombreux et les conseils de notre Like a Friend spécialisé précieux.

À Trinidad, la Casa de la Trova

Dans la ville coloniale la plus célèbre et la mieux préservée de Cuba, entre petites rues pavées, maisons colorées et galeries d’art, se trouve l’épicentre de la culture musicale. Chaque soir, tout le monde s’y donne rendez-vous pour assister aux concerts, chanter et danser autour d’un verre.

Callejón de Hamel, rue magique

Habillé de peintures murales et de sculptures imprégnées de la santería (lire notule ci-contre), cet espace est dédié à la culture afro-cubaine et à toutes les variantes de la rumba. Dans le quartier de Cayo Hueso, musiciens, danseurs et diseuse de bonne aventure assurent le spectacle.

La santería, une croyance métissée

Elle prend ses racines en Afrique et dans la religion yoruba. Les prêtres Babalawos qui la pratiquent vivent dans le port de La Havane. Vêtus de blanc, ils s’en remettent aux divinités de la nature, les Orishas. Coquillages pour lire l’avenir ou herbes pour chasser les esprits sont leurs outils de culte.

L’ajiaco : le plat national cubain Incontournable et d’origine colombienne, ce ragoût de viande (de bœuf, de porc ou de poulet) est cuisiné à feu doux dans une sauce à base de légumes et de racines de tubercules (manioc, patate douce, etc.). Le tout, bouilli, est ensuite parsemé de safran et d’ají, le piment local.

© Steve Boyle/Gallery Stock

Héritage de la prospérité sucrière des XVIIIe et XIXe siècles qui se reflète sur les murs des palacios, sur la vallée de Los Ingenios et l’histoire sombre de l’esclavage. Depuis les balcons en fer forgé, l’œil se prend à scruter, au nord, les collines du massif de l’Escambray. Caféiers, eucalyptus, bambous, palmiers, pins, orchidées et oiseaux par milliers. Le parc naturel de Topes de Collantes fait une belle vitrine à la nature cubaine. Les randonneurs y marchent sur les pas du Che et des rebelles de la révolution venus s’y cacher dès 1958, entre cascades fougueuses et rivières cristallines.

À l’ouest de l’île, la vallée de Viñales –ruralité paisible parrainée par l’humidité tropicale et un soleil éternel– vient bouleverser l’imaginaire du voyageur. Àtravers les lambeaux de brume, le tabac s’étire en champs infinis, au vert profond, sillonnés par des sentiers de terre rouge où se croisent écoliers en uniforme et guajiros menant leurs bœufs au labeur. Les mogotes, étonnantes formations calcaires couvertes de végétation, gondolent l’horizon.

De Cienfuegos, la “perle du sud”, aux Cayos de carte postale Sur la côte sud, Cienfuegos défie le temps à sa manière. Au calme des cours, les plus vieux font la sieste dans des fauteuils à bascule. Dans la rue, sur une table de fortune, des habitués jouent aux dominos. Les jeunes, eux, flânent, traînant les pieds.

On se laisse vivre. Au loin, des entrechocs métalliques annoncent la préparation de la biajaca criolla, avec le poisson pêché dans la bahía, sous les augures de la forteresse de Jagua et de sa vue enchanteresse.

À quelques encablures, l’évocatrice baie des Cochons flirte avec les marais et la forêt tropicale de la Ciénaga de Zapata, réserve de biosphère aux écosystèmes richissimes, peuplée d’espèces endémiques, de reptiles, de rongeurs, de lamantins, et d’oiseaux dont le zunzuncito, plus petit colibri du monde.

Au nord, du côté de Varadero, certains tentent lentement de s’éloigner des mastodontes du tourisme, de réhabiliter l’ancien. Mais l’âge d’or du béton n’a pas dit son dernier mot et, pour le farniente, on préfère encore à la grande île ses jolis satellites. Le Cayo Guillermo, où l’on rêvasse sur pilotis, dans un isolement quasi total. Le Cayo Levisa, au sable plus blanc que blanc et aux lagons translucides. La promesse d’une vie de carte postale sur fond de langoustes grillées et mojitos acidulés, de mangrove et de coraux ondoyants.

VOYAGEURS DU MONDE

Musique, art contemporain, cinéma, cigares… Nos Like a Friend maîtrisent leurs sujets sur le bout des doigts et vous entraînent dans une approche de Cuba ultrapersonnalisée.

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Au calme des cours, les plus vieux font la sieste dans des fauteuils à bascule. Dans la rue, sur une table de fortune, des habitués jouent aux dominos. Les jeunes, eux, flânent.
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In the mood

Planté au cœur de LaHabana Vieja, le cadre baroque dans lequel on avait posé ses valises hier n’était donc pas un songe. Entre les colonnes, sous des plafonds XIXe démesurés, monte l’odeur du café torréfié sur place, et les premiers sons de la rue. Une invitation à grimper sur le toit-terrasse observer la ville à 365degrés. Après quelques foulées dans le parc John-Lennon, bruncher dans un atelier de couture. Puis, filer, dans les pas d’un journaliste, critique et collectionneur d’art, pour une Havane originale : les coulisses du ballet national, une rencontre avec un sculpteur, une chanteuse… Bien accompagné, vous ne connaîtrez aucune barrière, et échangerez dans la même heure aussi bien avec une cantatrice qu’un pêcheur. L’art déborde un peu partout, sur sept kilomètres carrés : la Fabrica de Arte Cubano a investi des friches industrielles où fleurissent dorénavant expositions, concerts, performances. Une fluidité de styles qui invite à s’essayer à la salsa, puis à la boxe auprès d’un ancien champion. Débuter la soirée par quelques tapas sur les toits de San Isidoro, dîner dans un “ruin bar” (gra tis aux murs, mobilier de récup) maîtrisant aussi bien le mojito que le homard, et finir par un live d’afro-jazz. Quitter alors LaHavane pour Trinidad et le parc naturel Topes de Collantes, ancien refuge du Che, avant les plages d’Ancón.

PLACE TO BE

Entre la mémoire baroque et chic d’une maison de ville à LaHavane (AS Boutique Résidence), des casas particulares repimpées à Trinidad et à Viñales (Casa Barmarin) et des perles de luxe (Cayo Guillermo Resort Kempinski), l’hôtellerie cubaine étend sa diversité.

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BUENA VISTA SOCIAL CLUB

Du cabaret au groupe d’anthologie

Au mitan des années 1990, des musiciens cubains plus ou moins oubliés sont réunis par un coup du hasard, grâce à un producteur anglais et un guitariste américain de renom.

Le Buena Vista Social Club, baptisé ainsi en hommage à une boîte de nuit légendaire des années 1950 située dans le quartier de Marianao, voit alors le jour. Récit d’un phénomène mondial.

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© Julien Capmeil/Gallery Stock

De Alto Cedro voy para Marcané / Llego a Cueto, voy para Mayarí…” Derrière une porte de la Habana Vieja monte une mélodie qui a fait le tour du monde. Près de trenteans après son succès planétaire, quarante depuis le premier enregistrement, le ChanChan de Compay Segundo fait encore chavirer les cœurs. Celui des touristes certainement plus que celui des Cubains qui, aux musiques populaires que sont le trova et le son montuno, préfèrent aujourd’hui la timba, le reggaeton et même le hip-hop venu des États-Unis. Reste que le titre emblématique du Buena Vista Social Club, et l’album du même nom, représentent une page de l’histoire de l’île.

L’âge d’or musical de LaHavane retrouvé

En plaçant Cuba sur la mappemonde musicale, le groupe de septuagénaires et plus (Compay Segundo a 89ans en 1996), formé au milieu des années 1990 sous l’impulsion du producteur anglais Nick Gold et du guitariste américain Ry Cooder, a contribué à l’ouverture du pays. Le visage actuel de Cuba, l’une des destinations les plus prisées des Grandes Antilles, est bien évidemment lié aux grands bouleversements géopolitiques -l’effondrement du bloc soviétique, la levée progressive des restrictions commerciales, les tardives réformes économiques. Mais si, aujourd’hui, vous envisagez de vous envoler vers LaHavane, pressé d’appliquer les quelques pas de salsa cubaine appris à un cours de danse, c’est aussi grâce à eux : Compay Segundo, Ibrahim Ferrer, Rubén González, Eliades Ochoa, Omara Portuondo - la voix féminine du BVSC, toujours cristalline à 90ans passés-, et une dizaine d’autres talents. L’histoire de ces artistes, pour la plupart disparus, aurait été bien di érente sans un coup du hasard.

Invité à LaHavane par Nick Gold dans le cadre d’un projet afro-cubain, un groupe de musiciens et chanteurs maliens fait faux bond, faute de pouvoir obtenir ses visas. En remplacement, le producteur demande à Juan de Marcos Gonzáles, joueur de tres (la petite guitare cubaine à troiscordes), de rappeler en studio ceux qui ont façonné, au début des années 1950, l’âge d’or musical de LaHavane.

À cette époque, les étoiles du son, du boléro, de la habanera et du cha-cha-cha se produisent dans de petits cabarets situés en périphérie de la capitale. Le Buena Vista Social Club, dans le quartier de Marianao en est un. Leur accès est exclusivement réservé aux Afro-Cubains. Une réponse à la politique militaire qui réserve les grands clubs du centre comme le Tropicana à l’élite blanche et aux touristes. La révolution de 1959 balaie ces îlots de ségrégation, sonnant de fait une brutale mise à l’arrêt pour les artistes et le déclin de leurs rythmes historiques.

Il faudra une belle part de chance pour retrouver un Ibrahim Ferrer devenu cireur de chaussures, remettre au piano Rubén González, le sien ayant été dévoré par les termites. Après six jours d’enregistrement, le miracle opère. Des millions d’albums vendus, une tournée internationale et un documentaire acclamé signé Wim Wenders plus tard, le Buena Vista Social Club s’est dissous dans les volutes de l’île. De Alto Cedro à l’éternité.

VOYAGEURS DU MONDE

Organiser une rencontre avec des artistes, trouver les meilleurs lieux de La Havane pour danser, réserver un cours de salsa : votre concierge francophone connaît la musique.

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Quelle meilleure bande-son que celle diffusée par Compay Segundo, Ibrahim Ferrer, Omara Portuondo et leurs partenaires du Buena Vista Social Club pour esquisser quelques pas de salsa cubaine ?
93 magazine – musique – la havane
© Jérôme Galland

La Jamaïque

Si cette petite île est devenue au fil du temps l’un des plus grands laboratoires musicaux au monde (reggae, dancehall, rocksteady, burru, mais aussi dub y résonnent de concert), elle a toujours été le repaire du “coolcaribéen”. La preuve par six.

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PORT ANTONIO — NEGRIL — ORACABESSA — KINGSTON FRENCHMAN’S COVE BEACH — TREASURE BEACH BLUE AND JOHN CROW MOUNTAIN
© Jessica Sample

SE RÉGALER

À la table d’une institution : le 3 Dives Jerk Center. Cerestaurant de Negril sert le jamaicanjerk, une viande ou un poisson mariné dans un mélange de piment et d’épices avant d’être grillé et dégusté sur le pouce.

S’AMUSER

En descendant le Río Grande. Les radeaux de bambou qui sillonnaient autrefois le fleuve permettaient d’acheminer les récoltes agricoles jusqu’aux quais de Port Antonio. Aujourd’hui, ils font le bonheur des petits et grands voyageurs aventuriers.

SE REPOSER

Dans les cabanes de l’hôtel Geejam, à Port Antonio, où se trouve également un studio d’enregistrement qui a vu défiler des artistes du monde entier, telles Amy Winehouse ou Björk. Ou à Oracabessa, à l’hôtel GoldenEye, ancienne résidence du père de James Bond, IanFleming, et écrin tropical au service de votre bien-être.

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SE BAIGNER

Dans les eaux limpides qui bordent les plages de l’île. Frenchman’s Cove Beach, située sur la côte Est, ou Treasure Beach, cachée dans le sud, font partie de ces trésors naturels qui subliment les nuances de bleu et de vert.

SE METTRE AU VERT

À l’intérieur des terres, dans le parc national de Blue and John Crow Mountains, seul site jamaïcain classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Plantes indigènes et oiseaux endémiques y côtoient une culture de café de grande qualité.

SE CULTIVER

Dans les rues de Kingston, bercé par le rythme chaloupé de la musique reggae. On marche ici sur les pas de Bob Marley, depuis le mythique Tuff Gong Studio jusqu’à son ancienne maison, aujourd’hui transformée en musée.

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La République dominicaine

Archipel des Tuamotu

SAINT-DOMINGUE — CIUDAD COLONIAL PÉNINSULE DE SAMANÁ — SANTIAGO DE LOS CABALLEROS MOCA — LA VEGA

PROVINCE DE BARAHONA Occupant la majeure partie de l’île d’Hispaniola, le pays ne se résume pas aux longues plages frangées de complexes hôteliers. Pour approcher son âme, cap sur sescampagnes reculées et ses petits ports de pêche.

Aviateur, joueur de tennis, dandy, pionnier de la navigation, Alain Gerbault mena une existence des plus palpitante. Las, il fuit les mirages de la civilisation moderne, et passa du paradis des îles polynésiennes à l’enfer d’une fin de vie faite d’errances.

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RANGIROA — TIKEHAU — FAKARAVA — MANIHI
Stonem
© Victor

Saint-Domingue ou le Nouveau Monde

En 1492, les explorateurs du VieuxContinent font de Saint-Domingue la porte d’entrée du Nouveau Monde, lorsd’un premier voyage dirigé par Christophe Colomb. La petite ville du sud devient rapidement un carrefour commercial important. Cathédrales, hôpitaux et universités sont érigés à l’intérieur de ses remparts comme symboles architecturaux d’une nouvelle ère, celle de la domination espagnole. Paradoxalement, les traces de la colonisation restent ici limitées, en comparaison avec d’autres pays d’Amérique centrale où l’or était plus abondant. Si, aujourd’hui, la ville a che fièrement les di érents témoignages de son histoire, elle n’hésite pas à se tourner vers un futur prometteur. Entre les maisons colorées de la Ciudad Colonial, certains édifices sont dédiés aux courants artistiques contemporains, comme le Palais des Beaux-Arts. Plus globalement, la recherche de mouvement semble être un trait commun à tous les Dominicains. Le merengue et la bachata -musiques et danses

reconnues par l’Unesco comme représentatives du patrimoine culturel immatériel de l’humanité- en sont l’exemple le plus parlant. Dans les bars de la capitale comme des plus petits villages, l’ambiance se réchau e à mesure que les heures défilent et que les danseurs investissent le trottoir… C’est ainsi que s’exprime l’âme du pays.

Vers un tourisme plus responsable Pour comprendre ce que la République dominicaine fait de mieux en termes d’écotourisme, il faut se rendre dans le nord-est du territoire. La péninsule de Samaná se développe selon un axe qui allie durabilité et slow travel, loin des dérives du tourisme de masse. Sur les plages sauvages, les modestes bateaux de pêche vont et viennent, semblant vivre dans un monde à part. Au large, les baleines à bosses reviennent chaque année entre janvier et mars profiter de la chaleur de l’eau caribéenne et, par la même occasion, saluer les populations. Les voyageurs en quête de simplicité et de nature intouchée trouveront ici l’équilibre parfait.

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Au-delà de Las Terrenas, premier village à avoir accueilli ces nouveaux visiteurs et repaire de nombreux francophones, le décor n’est que palmiers et longues étendues de sable. Au bout de la route principale, LasGaleras bénéficie d’un isolement salvateur. Depuis le bourg, on rejoint la majestueuse baie de Rincón, la plage cachée de Frontón ou encore leparc national de Cabo Cabrón. Protégée par le ministère de l’Environnement, larégion dévoile une beauté brute.

Terres intérieures

La République dominicaine ne serait pas complète sans un arrière-pays tout aussi somptueux. Pour cela, chaînes montagneuses et immenses parcs nationaux répondent présents. Malgré une fréquentation moins importante que sur le littoral -ce qui permet une découverte plus intimiste-, ces régions enrobent bien des charmes. Au nord de la cordillère centrale, on va de ville en ville et de culture en culture. Santiago de losCaballeros, entourée

de champs de tabac; Moca, cernée deplantations de café; La Vega, encerclée par la canne à sucre. Dominant ces paysages agricoles, le Pico Duarte culmine à plus de 3000mètres d’altitude, promesse de sensations fortes pour les randonneurs avertis. Au sommet, une statue admire le panorama et accueille les plus courageux.

Changement de décor au sud de l’île, où la province de Barahona abrite une grande biodiversité et des cascades d’eau douce. On approche ici des trésors naturels d’une richesse inestimable, dont la préservation devient une mission de chaque instant.

VOYAGEURS DU MONDE

Saint-Domingue en privé, randonnées à cheval, en quad, en kayak ou en paddle ; cours de surf, de kite, de danse ; observations des baleines et de la biosphère locale : façonnez vos journées selon vos envies !

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Dans le nord-est du territoire, la péninsule de Samaná se développe selon un axe qui allie durabilité et slow travel, loin des dérives du tourisme de masse.

In the mood

La barque file sur un ord émeraude. De miniatures pains de sucre karstiques lévitent à la surface de l’eau, ébouri és d’un toupet de jungle, réveillant un souvenir d’Asie. Le parc national Los Haitises (Terres vallonnées) trouble les pistes. Hier encore, lesable éblouissant de Las Águilas, et les premiers bonds en kitesurf. Demain, la crique sauvage de playa Ermitaño, rien que pour soi et ses têtes blondes. Des bleus azur, cyan, aigue-marine électrique… : face A de l’île. Aujourd’hui, entre les acajous centenaires et la mangrove, dans l’antre des grottes autrefois habitées par les Indiens Taïnos et l’œil profond de la Laguna Cristal, la République dominicaine montre sa faceB, sauvage et intensément verte. Un équilibre des contraires dont elle a le secret : deux pas de bachata, quatre de merengue, la densité du Saint-Domingue colonial, l’espace et le calme d’El Valle, les litres d’eau dégringolant de la cascade d’El Catano, le condensé d’un pan de coco y café.

PLACE TO BE

Qu’ils convoquent l’atmosphère tropicale –comme à la Villa Larimar (1) –, un design épuré à la manière de l’Amanera (2), ou des airs de Polynésie (Punta Rucia Lodge) et de bout du monde (El Valle Lodge), les hébergements dominicains jouent la complémentarité.

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DO YOU SPEAK

latinoamérica & kriol ?

Dix mots ou expressions à connaître pour vivre la “pura vida” !

Au Mexique,

ESTÁ PADRE!

s’utilise pour dire qu’un objet ou une situation est “cool”. Laissez donc votre père tranquille

Ne vous attendez pas à ce que l’on vous serve une sélection d’eaux guatémaltèques en entendant

AGUAS !

Il s’agit d’un avertissement. Comprenez “Attention!”

“Comment ça va?”, “Quoi de neuf ?”, “Salut!” en République dominicaine :

En partance pour Cuba, n’oubliez pas votre

(le maillot de bain)

L’un des mets favoris des Haïtiens:

RIZ COLLÉ

Couramment utilisée, l’expression vient de l’espagnol “Que es lo que hay” et se prononce “keloke”

Il est servi avec salade, banane pesée (banane plantain frite) et griot (porc frit)

Au Panama, pas d’emballement si l’on vous gratifie d’un

GRACIAS MI AMOR

C’est une façon courante et sans sous-entendu de remercier quelqu’un

À Belize, le “kriol” est au cœur de la

KULCHA

Plus qu’un dialecte, formé à partir de l’anglais, il s’agit de la langue maternelle et nationale du pays

Si vous voyagez en famille au Nicaragua, votre plus jeune enfant sera identifié comme

EL CUMICHE

Le bébé, le petit dernier de la tribu

Au Costa Rica, un

QUEQUE

est un gâteau. Dérivé du mot anglais “cake”, il est la preuve de l’influence nord-américaine

En Jamaïque, le langage rastafari est fait de jeux de mots avec l’anglais

POLITRICKS

est ainsi la contraction de “politics” (“politique” en VF) et “tricks” (“ruses”)

104 l’usage du monde
KLK
TRUSA

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LE MAGAZINE VOYAGEURS VACANCE

Directrice de la communication

Nathalie Belloir

Directeur artistique

Olivier Romano

Rédacteur

Baptiste Briand

Ont collaboré à la rédaction

Emmanuel Boutan, Éléonore Dubois, Clara Favini, Cyrielle Robert

Secrétaire de rédaction

Stéphanie Damiot

Coordinatrice fabrication

Isabelle Sire

Responsable photo

Marie Champenois

Iconographes

Daria Nikitina, Alix Aurore Pardo

Photogravure Groupe Santerre

Impression Imprimerie Peau

Édition Avril 2023

Crédits – Couverture

Chiara Bonetti/Connected Archives

Illustrations Førtifem (p. 4, pp. 8-9, p. 10).

Photos Alix Pardo (p. 31) ; Pia Riverola, Matt Dutile/ Gallery Stock, Alix Pardo (p. 35) ; Alix Pardo, Coqui Coqui/DR, Tanveer Badal Photography (pp. 40-41) ; Alix Pardo (p. 42) ; THP Creative/Stock. adobe.com, Hôtel Casa Palppo, Pia Riverola, Molly Berry, Hôtel La Lancha (pp. 48-49) ; Molly Berry, Alix Pardo (p. 53) ; Aaron Colussi, Victor Stonem (p. 56) ; Aaron Colussi, Victor Stonem, Adobe Stock (p. 59) ; Jicaro Island Ecolodge/DR, Julien Capmeil/Gallery Stock, Kike Arnaiz/Stocksy, Daniel Inskeep/Stocksy (p. 60) ; Steve Vas/Future-Image/ZUMA-REA, Photo12/ Alamy/Dom Slike, Photo12/Alamy/ZUMA Press, Inc., Picture Alliance/Photoshot/Bridgeman Images (p. 63) ; Photo12/Alamy/David Parker, Photo12/Alamy/Zuma Press, Inc., Armando Gallo/ZUMA STUDIO-REA, Photo12/Alamy/Sarah Stewart (p. 64) ; Photo12/Alamy/ photoSheikh.com, Han Yan/XINHUA-REA, Goldman Environmental Prize, WikiCommons (p. 65) ; Valentine Dreyfus, Hôtel Origins Villa, Mauro Grigollo/ Stocksy (pp. 74-75) ; Jessica Sample, Gabriela Herman/ Gallery Stock (p. 79) ; Adobe Stock, Jessica Sample, Cavan Images/Adobe Stock, Mickael Turek/Gallery Stock (p. 80) ; Molly Berry, Getty Images (p. 85) ; Cécile Lhermitte, Julien Capmeil/Gallery Stock, Olivier Romano, Ben Roberts/PANOS-REA, Santi Nunez/ Stocksy/Adobe Stock, Sergueï Sorokine/EyeEm/ Adobe Stock, Mandy Sham/Peach Punk (pp. 88-89) ; Jessica Sample, Aline Coquelle, Zach/Stock.adobe. com, Jean-Luc Luyssen/REA (pp. 96-97), Victor Stonem (p. 100) ; Hôtel ANI, Hôtel Amanera, Adobe Stock, Victor Stonem, Claire Guarry (p. 103).

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