V O YA G E U R S DU MAROC AU M OY E N- O R I E N T T U N I S I E — A LG É R I E — A R A B I E S A O U D I T E É M I R AT S A R A B E S U N I S — Q ATA R — O M A N
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Les Cités des Voyageurs Paris 2e
Marseille 1 er
Bordeaux
Montpellier
Bruxelles
Montréal
Genève
Nantes
Grenoble
Nice
Lausanne
Québec
Lille
Rennes
Londres
Rouen
55, rue Sainte-Anne +33 (0)1 42 86 16 00
28, rue Mably +33 (0)5 57 14 01 48
23, chaussée de Charleroi +32 (0)2 543 95 50
19, rue de la Rôtisserie +41 (0)22 519 12 10
16, boulevard Gambetta +33 (0)4 76 85 95 90
Rue-de-Bourg, 6 +41 (0)21 519 10 65
147, boulevard de la Liberté +33 (0)3 20 06 76 25
First Floor 111 Upper Richmond Road, Putney (SW15 2TL) +44 (0)20 7978 7333
Lyon 2
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5, quai Jules-Courmont +33 (0)4 72 56 94 56
25, rue Fort-Notre-Dame +33 (0)4 96 17 89 17
8, rue du Palais des Guilhem +33 (0)4 67 67 96 30
295, rue de la Commune Ouest +(1) 514 722 0909
13, rue du Moulin +33 (0)2 40 20 64 30
4, rue du Maréchal Joffre +33 (0)4 97 03 64 64
540, rue Champlain +(1) 418 651 9191
31, rue de la Parcheminerie +33 (0)2 99 79 16 16
17-19, rue de la Vicomte +33 (0)2 32 10 82 50
Strasbourg
16, rue Sainte-Barbe +33 (0)3 88 15 29 48
Toulouse
26, rue des Marchands +33 (0)5 34 31 72 72
Voyageurs au Maroc 01 84 17 21 68 Tunisie 01 84 74 37 50 / Algérie 01 84 74 37 52 Arabie saoudite 01 58 71 15 58 / Qatar 01 42 86 17 90 Émirats arabes unis 01 84 17 19 43 / Oman 01 85 08 10 43 Retrouvez toutes nos idées de voyage sur voyageursdumonde.com
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édito
Magnétique. Comment exprimer autrement le désir d’Orient, si ce n’est par un besoin quasi organique pour nous, Occidentaux, d’aller vers ce pôle, a priori, opposé. Prenez l’exemple célèbre de Tanger (p. 34), “portail vers l’inconnu” devenu dans les années 1950-60 un point névralgique, une source d’inspiration pour d’innombrables écrivains et artistes : Jean Genet, Paul Morand, Tennessee Williams, Paul Bowles, Andy Warhol, Brian Jones, Patti Smith…, attirés par le souffle de liberté comme par la lumière, qui avant eux inspirait déjà Delacroix et Matisse. Loin de s’estomper, l’énergie des casbahs trouve aujourd’hui un nouvel élan, à l’image d’Alger ou de Tunis, sur lesquelles règne une créativité menée par une génération d’artistes, d’artisans, dont des femmes (p. 58) qui inscrivent leurs pays dans le changement. Une quête d’un Orient accessible désormais jusqu’à ses confins : le Grand Sud algérien, l’Arabie saoudite, pour se défaire aussi des a priori. Un voyage essentiel. JEAN-FRANÇOIS RIAL Pdg de Voyageurs du Monde
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Cartographie Du Maroc au Moyen-Orient en un clin d’œil.
Book lovers Une sélection des libraires Voyageurs du Monde.
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L’esprit Voyageurs du Monde Notre façon d’aborder le monde.
Portfolio La douce nostalgie de l’artiste photographe franco-espagnole FLORE, qui retrace et recrée les souvenirs de son enfance au Maroc, dans les années 1970.
8 Les services Nos attentions pour voyager en toute fluidité.
© Jessica Sample
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Sommaire Voyageurs du Maroc au Moyen-Orient
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Le Maroc
L’Algérie
Plage atlantique, palmeraie, riad ou tente berbère… Pour un premier ou un énième voyage, le Maroc emporte loin.
En route pour le grand Erg occidental : vagues infinies de sable fin, oasis prodigieuses et ksour dressés sur leurs pics rocheux.
Les Émirats arabes unis
34 Tanger La plus cosmopolite des villes marocaines fascine, entre passé mythique et vitalité nouvelle.
36 Magazine - Artisanat L’association Itinérance Méditerranée met en lumière les couturières ou brodeuses du bassin méditerranéen.
40 La Tunisie Criques azur et maisons blanches au nord, oasis flamboyantes et palmeraies généreuses au sud. Et la douceur gagne le voyageur.
46 Djerba & Kerkennah Des îles tunisiennes aux eaux claires, vastes vergers édeniques restés à l’abri du monde moderne.
52 Le Sahara algérien Longtemps resté inaccessible, on célèbre enfin ce retour au désert tant espéré.
Dubaï, Abou Dhabi, Sharjah : sur le golfe arabo-persique, tout semble plus haut, plus moderne et plus brillant que partout ailleurs.
70 Le Qatar Pourquoi le petit émirat, véritable perle du désert, mérite plus qu’une escale.
54 Magazine - Société De 1962 à 1972, Alger est le point de convergence des luttes mondiales contre la colonisation et la ségrégation. Une période bouillonnante et pleine d’espoir.
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Contre-culture Douze femmes puissantes. Pionnières ou figures actuelles, elles incarnent le changement.
62 L’Arabie saoudite Derrière l’or noir, le désert et la folie des grandeurs, le royaume se découvre : génie nabatéen, poésie de l’Islam, coutumes bédouines…
72 Magazine - Musées Depuis vingt ans, le Golfe investit ses pétrodollars dans la culture. Certains édifices, imaginés par des starchitectes, méritent le voyage à eux seuls.
76 Oman Du sud au nord, étayée entre les sables du Rub al-Khali et la mer d’Arabie, cette monarchie tranquille coule des jours heureux.
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L’usage du monde Do you speak arabic ?
Océan Atlantique Mer Méditerranée Tanger Asilah
Tétouan
Rabat Casablanca El Jadida Oualidia Essaouira Agadir
Sidi Bou Saïd La Marsa Carthage Annaba Cap Bon Alger Constantine Tunis Sousse Kairouan archipel Bou Saâda Sfax de Kerkennah Tamerza Tozeur île de Djerba Nefta
Oran
Chefchaouen
Fès Meknès
TUNISIE
MAROC
Marrakech Skoura Taroudant
Ghardaïa
Béchar Taghit Beni Abbès
ALGÉRIE Timimoun
Dakhla
Quelques repères • Vols Paris-Marrakech : environ 3 h 20 Paris-Tunis : environ 2 h 30 Paris-Oman : environ 7 heures • Décalage horaire avec la France Arabie saoudite : + 1 heure Algérie : - 1 heure • Population 2023 (en millions d’hab.) Qatar : 3,35 Émirats arabes unis : 10,5 Maroc : 38,4 • Point culminant Djebel Toubkal, la plus haute montagne du Maroc et de l’Afrique du Nord, à 4 167 mètres.
Kumzar
QATAR
Al Ula Médine
Jeddah La Mecque
Mer Rouge
Doha
Diriyah
Riyad
ARABIE SAOUDITE
Sharjah Dubaï Abou Dhabi
Musandam
ÉMIRATS ARABES Mascate Djebel Akhdar UNIS Nizwa Wahiba Sands
OMAN
Salalah
Mer d’Arabie
Cartographie
Hegra
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invitation au voyage
Chaque jour, nos conseillers spécialisés par pays ou par région créent des expériences uniques, doublées d’une pléiade de services haut de gamme. Aborder le monde par son envers, dévoiler le véritable visage des destinations, composer des voyages personnalisés selon les envies de chacun : tel est l’esprit de Voyageurs du Monde.
250
conseillers, dont 13 dédiés au Maroc, 2 à la Tunisie, 3 à l’Algérie, 2 à l’Arabie saoudite, 3 au Qatar, 11 aux Émirats, 14 à Oman… Passionnés venus de tous les horizons ou natifs du pays, ils sont une source d’inspiration formidable.
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nationalités représentées chez nos salariés. Une façon d’insuffler une vision du monde respectueuse des différences culturelles.
142 100 % 120 concierges à travers le monde, dont 2 au Maroc, 1 en Tunisie, 1 en Algérie, 1 en Arabie saoudite, 1 au Qatar, 1 aux Émirats, 2 à Oman, veillent sur vous et exaucent vos souhaits.
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carbone neutre La totalité des émissions de CO2 liées à nos voyages est absorbée grâce à divers projets de reforestation dans le monde.
différence. Le budget que vous fixez avec votre conseiller sera respecté au plus juste. Une fois votre devis validé, aucuns frais supplémentaires ne sont à prévoir.
2 700
arbres plantés chaque jour : une action parmi les nombreux projets environnementaux et humanitaires soutenus par notre fondation Insolite Bâtisseur Philippe Romero.
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pays, des grands classiques aux régions plus confidentielles, Voyageurs du Monde peut vous emmener partout sur la planète.
Cités des Voyageurs : 13 en France, 2 en Suisse, 1 en Belgique, 1 à Londres et 2 au Canada. Des lieux accueillants où le voyage commence déjà.
maisons Voyageurs qui racontent chacune une part de l’histoire du pays. Le Steam Ship Sudan et la Flâneuse du Nil en Égypte, la Villa Bahia au Brésil, la Villa Nomade à Marrakech et la Satyagraha House à Johannesburg.
Voyageurs au Maroc & au MoyenOrient Conciergerie francophone Installés à destination, toujours joignables par téléphone et messagerie instantanée, nos concierges francophones sont une aide précieuse dans des pays qui peuvent parfois s’avérer déroutants. Réserver un billet de train, la meilleure table, trouver une idée cadeau, démêler une situation administrative… : ils ne sont jamais à court.
Like a friend
© Myriam Lemon
C’est l’ami(e) que l’on aimerait avoir aux quatre coins du monde. Un(e) local(e) qui connaît les lieux comme sa poche. Vivre Tanger, Tunis ou Mascate dans les pas d’un(e) habitant(e), découvrir son quartier de prédilection, ses bonnes adresses… Mais aussi voir la ville sous un angle que vous aurez déterminé en amont : cette rencontre est l’occasion privilégiée d’échanger et de découvrir le vrai visage d’un pays.
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invitation au voyage
Les services Voyageurs du Monde Ring the bell
Zéro carbone
Réserver la bonne table, obtenir une visite privée, trouver une baby-sitter : notre conciergerie francophone locale répond in situ à vos envies. Son rôle est aussi d’anticiper vos attentes et de vous suggérer des idées.
Pour lutter contre le réchauffement climatique, Voyageurs du Monde participe à des projets de reforestation qui permettent l’absorption carbone sur la totalité des voyages.
Like a friend
Assistance 24/24
Un(e) habitant(e) des lieux propose une balade informelle, adaptée à vos centres d’intérêt. Partageant conseils et bonnes adresses, vous êtes informé sur les mœurs locales. Un moment décontracté et enrichissant.
Jour et nuit, quel que soit le décalage horaire, l’assistance vous aide à trouver une solution aux aléas logistiques, administratifs, médicaux, voire mécaniques. Avant le départ, vous pouvez échanger avec notre médecin Voyageurs.
Fixeur
Dans la poche
Destiné à apporter un éclairage pointu (politique, religieux, économique, social) sur la destination, ce correspondant local vous ouvre les arcanes du pays. Pour un voyage ponctué de rencontres rares, obtenues grâce à un solide réseau.
L’appli Voyageurs du Monde reprend le déroulé jour par jour de votre voyage, et le détail de vos hébergements. Intuitive et fluide, elle joue les guides malins en compilant des adresses personnalisées et géolocalisées.
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invitation au voyage
Bonnes adresses
Départ simplifié
Disponible via l’appli et dans votre carnet de voyage, cette sélection ajustée à ce que vous aimez pointe au fil du parcours les bons spots par genre (restaurants, boutiques, musées…).
Pré-réservation de votre siège, cartes d’embarquement reçues la veille, transferts aéroports sur demande… : vos formalités courantes en un clin d’œil.
Wifi nomade
Fast-track aéroport
Même coupé du monde, rien n’interdit de communiquer. Sur certaines destinations, un mini-routeur wifi (ou une eSIM) est mis à votre disposition pour connecter jusqu’à 5 terminaux au réseau (1 GO/jour inclus).
À Roissy-CDG, passage prioritaire (enregistrement, contrôles) inclus au départ pour les passagers de vols long-courriers (sur demande au retour). Notre assistance vous accompagne jusqu’à l’embarquement.
Welcome !
Accès aux salons lounge
Arrivée matinale ou départ tardif, Voyageurs du Monde négocie avec vos hôtels afin que vous obteniez/conserviez votre chambre à votre convenance. Sur certaines escales, une chambre à la journée peut être prévue.
Au départ de CDG, sur les vols éligibles, le lounge vous est ouvert. Un autre salon peut vous être réservé : les contrôles (police et sûreté) y sont effectués en privé. Enregistrement, carte d’embarquement et accès direct au pied de l’avion sont organisés pour vous.
Assurance dédiée Gérer les problématiques d’assurances devient très vite insupportable lorsque l’on subit déjà le stress de l’incident. L’équipe dédiée Voyageurs du Monde s’occupe des démarches à votre place : réactivité, fluidité et “destress” garantis !
Miles cumulés Chaque voyage réservé chez Voyageurs du Monde permet de cumuler des miles sur le programme Flying Blue. Un bonus de 1 000 miles lors des trois premiers voyages et de 10 000 miles à partir du quatrième.
© Nevena Lukic
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Le voyage improvisé Le quotient émotionnel
© Nevena Lukic
Décider en temps réel de la suite de son voyage, modifier son itinéraire le jour même, écourter une étape, en prolonger une autre, changer de cap : au Maroc, en Tunisie ou ailleurs, Voyageurs du Monde vous propose d’explorer un nouveau concept. En lien direct et permanent, votre conseiller et notre conciergerie francophone sur place vous assistent afin de concrétiser vos demandes, selon ce que vous ressentez (de positif ou négatif) à l’instant T.
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librairie
Book lovers Une littérature qui témoigne d’une grande diversité, constituée de classiques et de productions contemporaines. Des textes vivants et vibrants, à lire d’urgence. Une sélection des libraires Voyageurs du Monde. Roman
Anthologie
Nouvelles
Les Amants de Casablanca de Tahar Ben Jelloun
Historiettes, anecdotes et bons mots de Jean-Jacques Schmidt
Au café de Mohammed Dib
Gallimard
Actes Sud
Ce Casablanca-là n’est pas celui, en noir et blanc, d’Ingrid Bergman et Humphrey Bogart. En 2016, Nabile et Lamia, en couple depuis plus de dix ans, vont connaître les affres de la trahison. Toutes les nuances de la passion, du désamour et de l’apprentissage de la vie en solo traversent ce roman, hommage à la femme marocaine dans un pays en proie à ses contradictions. Comment concilier vie moderne et traditions – ou quand une femme demande le divorce dans un monde patriarcal ? Tahar Ben Jelloun, né en 1944 à Fès, poursuit ici un portrait du Maroc, déjà esquissé dans La Nuit sacrée, prix Goncourt 1987.
À quoi pouvaient bien ressembler les pratiques, us et coutumes des sociétés arabes médiévales ? Quelle était l’ambiance à la cour des califes omeyyades (de 661 à 750) ou des califes abbassides (de 750 à 1258) ? C’est ce à quoi Jean-Jacques Schmidt, auteur de dictionnaires, d’une méthode d’enseignement de l’arabe, etc., répond, non sans humour, à travers ces dizaines d’historiettes au ton mordant, choisies, traduites et annotées par ses soins. Une approche du monde arabe ludique et savante.
L’un des grands écrivains algériens (né à Tlemcen, 1920-2003) livre ici un recueil de nouvelles des plus émouvant. Publiées en 1955, elles dépeignent l’Algérie de l’époque, celle d’avant l’indépendance. Les personnages qui s’y croisent – un chômeur père de famille, un ancien détenu… –, sont simples, mais aussi prisonniers de leur quotidien. L’auteur semble les connaître, lui qui fut instituteur, comptable, traducteur, journaliste, avant d’être expulsé de son pays pour raisons politiques en 1959. Un ouvrage qui nous rappelle que ce sont souvent des petites histoires que naissent les grands textes.
Cuisine
Le Grand Livre de la cuisine moyen-orientale (Collectif) Mango Baba ghannouj, kebbe, labneh, salata batenjène, shakshuka, baghlava… L’ouvrage rassemble, sur quelque 280 pages, plus de 150 recettes traditionnelles, des plus basiques aux plus sophistiquées, issues de 12 pays. En plus de mettre l’eau à la bouche, ce livre de cuisine, érudit, fournit des informations sur l’origine des plats.
Babel
BD
Paroles d’honneur de Leïla Slimani et Laetitia Coryn Les Arènes Accompagnée de l’illustratrice et auteure de BD Laetitia Coryn, l’écrivaine et journaliste francomarocaine Leïla Slimani, Goncourt 2016, adapte son essai choc, Sexe et mensonges – Histoires vraies de la vie sexuelle des femmes au Maroc (2017), en roman graphique. Un recueil précieux de témoignages qui dit les tiraillements intimes des Marocaines.
La librairie Voyageurs du Monde Un passage obligé ! On y trouve tout pour préparer son voyage. Cartes géographiques, atlas, guides, albums photo, littérature d’aventure, polar, bd… Nos libraires passionnés sont là pour vous orienter et vous conseiller. 48, rue Sainte-Anne, Paris IIe
Culture à la page
© Myriam Lemon
Les Berbères à l’honneur Ils sont les plus anciens habitants de l’Afrique du Nord, répartis entre neuf pays (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Égypte, Mauritanie, Mali, Niger et Burkina Faso). Au Maroc, ils représentent quasiment 50% de la population. Peuples du désert, nomades par définition, ils se nomment eux-mêmes “Amazighs”, les “hommes libres”. La culture amazigh, berbère donc, prône des valeurs de tolérance et de non-violence. Viscéralement défendue, elle est, depuis 2014, mise chaque année à l’honneur lors du festival Tan Tan Moussem, dans le sud-ouest du Maroc, qui rassemble différentes tribus nomades du Sahara marocain et d’autres régions du nordouest africain. Au programme, spectacles, chants populaires, jeux et concours de poésie (le tamazight et le tifinagh sont reconnus dans la Constitution du Maroc comme langue et alphabet berbères officiels). L’édition 2023 a vu pour la première fois la participation des Émirats arabes unis, dont l’ambassadeur au Maroc a salué “la fierté de (l’)identité nationale et la richesse de la culture du désert”. Une richesse qui s’exprime aussi bien à travers la musique gnaouie (le Festival Gnaoua et Musiques du monde d’Essaouira, créé en 1997, a lieu tous les ans en juin) que le blues touareg. Ce dernier tient d’ailleurs avec Tinariwen un fervent défenseur de la tradition. Originaire de l’Adrar des Ifoghas (entre le nord du Mali et le sud de l’Algérie), le groupe, dont la discographie a débuté en 2001, dédie ses invocations émancipatrices, chantées en tamasheq (la langue touarègue), à son peuple.
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Souvenirs du
MAROC
On parle de la patine du temps… Mais c’est à ses images que l’artiste photographe franco-espagnole FLORE applique une patine, par l’ajout de pigments. Le choix du papier japonais, à la texture fibreuse, accentue encore l’effet cotonneux et doux qui affleure à la surface. Cette approche impressionniste restitue à merveille les souvenirs de son enfance au Maroc, dans les années 1970. Comme les bribes d’une mémoire qui s’estompe au gré du temps, qui lui-même file et nous échappe. Une atmosphère nostalgique, tout en délicatesse, à retrouver dans l’ouvrage Maroc, un temps suspendu.
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Maroc, un temps suspendu (Contrejour), www.flore.ws
Le Maroc F È S — M E K N È S — R A B AT — M A R R A K E C H — TA R O U D A N T VA L L É E D U S O U S S — S KO U R A — VA L L É E D U D A D È S C H E F C H A O U E N — T É T O U A N — TA N G E R — A S I L A H — C A S A B L A N C A EL JADIDA — OUALIDIA — ESSAOUIRA — DAKHLA
Aviateur, joueur de tennis, dandy, pionnier de la navigation, Alain Gerbault mena une existence des plus palpitante. Plage atlantique ou palmeraie, riad ou Las, fuit les mirages lavilles civilisation tenteilberbère, clameurde des ou silence moderne, passa paradis des du désert…etPour undu week-end ou îles une saison, polynésiennes à l’enfer d’une fin un premier ou un énième voyage, de vie faite d’errances. le Maroc emporte loin.
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edersas, mosquées, mausolées et palais… Mille et un voyages ne suffiraient pas à épuiser les splendeurs des villes impériales du Maroc. Nichée dans les montagnes du Moyen Atlas, Fès est tout à la fois rugueuse et quotidienne, raffinée et voluptueuse. Fès est artisane, façonnée par les maalem, ces maîtres-artisans – babouchiers, tisserands, orfèvres, chaudronniers… – qui de génération en génération perpétuent les gestes et les savoir-faire. Dans le quartier des tanneurs, les hommes plongent des peaux de chèvres dans de hautes cuves safran ou indigo. Plus loin, les dinandiers martèlent le cuivre à même les trottoirs ; les menuisiers œuvrent dans l’odeur entêtante du cèdre. Fès est spirituelle, peuplée à l’origine par des citadins érudits, réfugiés andalous et kairouanais. On y visite la plus ancienne université au monde, qui accueillit le philosophe, théologien, juriste et médecin Averroès. On y parcourt caravansérails et jardins
andalous, et dans les salles de lecture des medersas, on savoure le calme qui contraste avec la clameur des quartiers artisans. Une mosaïque de villes Meknès, c’est “le Versailles du Maroc”, qui dévoile ses palais de marbre, ses jardins d’agrément et sa place El-Hédime qui, à la tombée du jour, fourmille de bateleurs et de cracheurs de feu. Rabat, elle, fait face à l’océan, mais ses maisons bleues et blanches et sa douceur de vivre évoquent plutôt la Méditerranée, Grèce ou Tunisie. Marrakech est berbère et saharienne. Derrière ses murailles ocre et ses rangées de palmiers, la médina dévoile sa vie de village, ses échoppes, ses fours à pain partagés, ses marchés, ses zaouïas (édifice religieux) et ses riads. Ici, on aime aussi goûter aux plaisirs contemporains, un soin au hammam ou une virée shopping, un verre dans les jardins Majorelle.
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Restauré par Voyageurs du Monde dans la pure tradition marocaine – du sol en terre cuite naturelle aux murs patinés au tadelakt –, ce riad niché dans un quartier populaire de la médina, à mi-chemin entre la place Jemaa el-Fna et le jardin Majorelle, est un véritable écrin de calme et de fraîcheur.
© Galland © Jérôme Samantha Faivre
La Villa Nomade, à Marrakech
Slow train, slow travel
© Carlota Weber Mazuecos
Fès-Rabat-Marrakech : trois villes impériales riches de monuments de prestige, d’architecture, d’épices, de cuir et de jardins odorants. Installé en première classe, vous vous laissez porter au son du rail. Le voyage se fera par étape. Rien ne sert de se hâter, et encore moins de battre un record de grande vitesse. Votre train le sait et il prend so n te mps. U ne fois l es charmes de sa vieille ville, de la médersa Bou’Inania (XIVe siècle) ou de ses jardins andalous dévoilés, Fès laisse place, après une traversée de trois heures vers l’ouest et la côte atlantique, à la capitale chérifienne, Rabat. L’impressionnante casbah des Oudaya (XIIe siècle) et la tour Hassan, emblème de la cité, semblent immuables. La pause se prolonge, de cafés à l’ombre d’un patio fleuri en nuits dans un riad d’un beau style araboandalou. Puis, retour au train direction Marrakech, regagnée en un peu plus de trois heures (et environ 170 kilomètres). En majesté, son jardin Majorelle, créé dans les années 1930, l’écomusée berbère, le musée Yves Saint Laurent, etc. En somme, un périple responsable, historique et fort en intelligence esthétique.
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À Taroudant, architecture vernaculaire berbère et “jardins de demain” mêlant cactus, graminées et euphorbes fusionnent en de belles demeures.
Et à deux pas, la visite du musée Yves Saint Laurent, dont l’architecture compacte s’inspire de la maison arabe. Les créations du couturier, des premiers smokings à la robe Mondrian, y sont mises en lumière dans des salles d’un noir profond. Un road-trip essentiel et enchanté Aux portes de Marrakech, l’immensité du désert fait immédiatement oublier l’effervescence et le bruit. On prend la Route 203, à l’assaut du Haut Atlas. Au col de Tizi-n-Test, à 2 100 mètres d’altitude, porte d’entrée de la province de Taroudant, on s’arrête pour la vue, indiciblement profonde. La descente est raide. Une fois dans la plaine, on accède à Taroudant. La ville est plébiscitée par les architectes et les paysagistes, qui y déclinent l’architecture vernaculaire berbère et expérimentent des “jardins de demain”, cactus, graminées, euphorbes. On savoure leur savoir-faire dans une maison d’hôtes au cœur d’une oliveraie. Et dans les villages berbères alentour, on va chiner poteries et vanneries, semblables à celles qui habillent leurs belles demeures. Sur la route à nouveau, la progression de village en village, à l’ombre des palmiers, donne tout son sens au voyage
en voiture. Un peu plus loin, une halte enchantée dans la vallée du Souss, dans l’arrière-pays d’Agadir. Un hameau haut perché auquel on accède à pied, deux ruelles, une dizaine de maisons basses blanchies à la chaux. Et une maison d’hôtes en pierres sèches, refuge très privé tout en luxe discret, avec vue plongeante sur la plaine et ses milliers d’arganiers et, pour seuls voisins, des ânes, des chèvres et leurs bergers. Il faut partir. La route emprunte les pistes entre erg, étendues rocailleuses ponctuées de figuiers de Barbarie et oasis verdoyantes. Le spectacle est total. Bientôt, c’est Skoura. En balade dans les jardins de sa palmeraie, entre oliviers, amandiers et figuiers, on se prend à rêver : poursuivre la route, continuer le voyage un peu plus loin, vers la vallée du Dadès et ses gorges spectaculaires… Des eaux de l’Atlantique aux sables du Sahara De Tanger à Dakhla, la côte atlantique s’étire sur plus de 2 000 kilomètres et invite au voyage. Et la route de serpenter dans la montagne, au cœur des paysages blonds du Rif. Puis, au détour d’un virage, Chefchaouen, village posé au-dessus des nuages dans un nuancier de bleus.
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© Ngoc Minh Ngo
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En plus de son jardin à Rohuna, dans le nord du Maroc (lire ci-dessous), l’écrivain et botaniste italien Umberto Pasti est l’heureux propriétaire de la villa Tebarek Allah ("Bénie de Dieu”) à Tanger, somptueuse antre luxuriante et fleurie.
Le goût du voyage Lixus, un site archéologique méconnu
Le jardin extraordinaire de Rohuna
S’initier au soufisme marocain, à Fès
Baghrir et amlou du petit déjeuner
Dans le nord du Maroc, non loin de la ville moderne de Larache, visiter le site archéologique de Lixus. D’après de nombreux textes anciens, cette cité, fondée vers 1100 av. J.-C. et habitée jusqu’au VIe siècle ap. J.-C., serait l’une des premières de l’Occident méditerranéen. De belles pièces sont visibles au Musée archéologique de Tétouan.
Avec force, détermination et poésie, le botaniste italien Umberto Pasti a donné naissance à un lieu magique. Vingt années et des tonnes de terre végétale apportées à dos de mules ont été nécessaires à la création de cet éden protecteur de biodiversité. Le décor, composé de lys madonna, d’iris des fées, etc., est digne d’une toile de maître.
Le soufisme, versant mystique de l’Islam, est un concept complexe. Chaque année, le Festival de musique sacrée de Fès constitue un temps fort de rencontres culturelles autour des chants et transes. La présence d’un guide, musicien et seul membre français de la confrérie des Hamadcha de Fès, est une occasion rare d’explorer cet univers sonore et spirituel.
Le repas inaugural de la journée devrait ravir les plus gourmands. No more pancakes, faites place au baghrir, une crêpe à mille trous que vous tartinerez avec amour d’amlou (une sorte de purée d’amandes), de miel ou de confiture maison. Centrales, huile d’argan et olives seront de la fête, ainsi que le fromage de chèvre frais et les gâteaux à la cannelle…
© Aylaan Moodysson
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Essaouira a le goût du vent et du soleil… Il faut arpenter ses remparts avant de tourner le dos à l’océan pour rejoindre la médina, flâner, se poser, siroter un thé à la menthe.
Ruelles sinueuses et pentues, maisons indigo ou cobalt : une médina à ciel ouvert, hautement instagrammable. Un peu plus loin, entre Rif et Méditerranée, Tétouan a la nonchalance d’une ville andalouse – elle ne s’anime tout à fait qu’en fin d’aprèsmidi, paseo boulevard Mohammed-V et anisette à la terrasse des cafés, où l’on parle arabe et espagnol à l’ombre des platanes. À la croisée des mondes Au détroit de Gibraltar, à la pointe extrême de l’Afrique, Tanger vit aussi à l’heure espagnole. Bientôt, on quitte sa casbah cosmopolite pour basculer définitivement vers l’Atlantique. À 45 kilomètres au sud, Asilah étire les remparts de sa vieille ville face aux vagues océaniques, dans une atmosphère arty et bohème. Saisissant contraste à Casablanca. La capitale économique du pays est bruyante et congestionnée. Mais la mal-aimée, théâtre au début du XXe siècle d’une des plus fécondes aventures de l’urbanisme moderne menée par les architectes des Beaux-Arts de Paris, recèle un trésor. On y découvre le plus riche ensemble Art déco au monde – de la Banque du Maghreb au Rialto, où s’est produite Edith Piaf. Après une halte à El Jadida, ancien comptoir portugais, la route reprend le fil de l’océan jusqu’à Oualidia, où l’on savoure fruits de mer et verre de blanc face à la lagune. Elle surgit soudain, au détour d’un virage :
Essaouira la blanche émerge de la forêt d’arganiers comme un mirage. Escale hippie chic et spot de glisse, “La Bien Dessinée” en berbère est aussi l’une des plus belles villes fortifiées d’Afrique du Nord. Fraîche, vivifiante, elle a le goût du vent et du soleil, et peu importe le nombre de visites, la magie opère toujours. Il faut arpenter ses remparts avant de tourner le dos à l’océan pour rejoindre la médina, flâner, se poser, siroter un thé à la menthe, observer le mouvement de ses habitants. Puis, s’installer un peu plus loin, entre littoral et campagne. Murets de pierres sèches, horizon blanc et bleu d’écume. Une paillote et quelques chaises longues, une terrasse flanquée d’une tente berbère, de nattes et de coussins : une belle halte, entre glisse et cavalcades sur la plage. Poussé par les alizées, on peut poursuivre plus au sud, croisant ibis, flamants et vans colorés de surfeurs, jusqu’à Dakhla, aux portes du Sahara occidental.
VOYAGEURS DU MONDE De l’Atlas à l’Atlantique, des médinas du nord au Grand Sud, nos spécialistes maîtrisent leur Maroc sur le bout des doigts. Incontournables, apartés, rencontres et visites privées, à deux ou en famille : un voyage à votre mesure.
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In the mood Un voyage terriblement enivrant, qui sent la fleur d’oranger, le cuir, le cumin… Et invite à chercher l’ombre d’une oasis, la fraîcheur d’un jardin, le cœur d’un riad… Vous êtes matinal à Marrakech, seul moyen d’éviter les foules et le soleil souvent écrasant. Les amateurs de déco iront faire le plein de tapis berbères, lanternes et céramiques mauresques chez Mustapha Blaoui, tandis que les addicts du shopping fileront aux souks ou à la boutique de l’hôtel El Fenn. L’après-midi sera consacré à un massage relaxant dans l’exceptionnel spa du Royal Mansour ou à quelques longueurs dans l’une des piscines du Beldi Country Club. Puis, vous prenez la route, l’immense richesse du Maroc s’offre à vous : à l’est, les montagnes, le désert, le silence. Au sud, les spots de surf de Taghazout vous appellent. En remontant la côte ouest, vous découvrez des vallons peuplés d’arganiers, et le sublime Jardin des Douars (1), un hôtel extraordinaire. L’incontournable Essaouira apparaît. Puis, Rabat et sa casbah, Asilah et, tout au nord, Tanger. 2
PLACE TO BE À l’image du pays, l’offre hôtelière est généreuse : à Marrakech, le charmant Riad Jardin Secret, la mythique Mamounia, notre très chère Villa Nomade ou le confidentiel Dar Kawa… Dans le désert d’Agafay, on passe la nuit sous les étoiles au Scarabeo Camp (2), à moins de préférer les rives du lagon Dakhla dans la très nature Caravan by Habitas. À Essaouira, on opte pour l’Heure Bleue. À Fès, le cœur balance entre le Riad Laaroussa, le Riad Karawan et le Jardin des Biehn. À Tanger, la Villa Mabrouka, ancienne propriété d’Yves Saint Laurent, est un havre dans l’effervescence de la casbah, quand le Nord Pinus jouit d’un des plus beaux panoramas et que la Fiermontina Ocean, plus au sud, permet de plonger dans l’Atlantique.
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Tanger
© Juliette Parisot/Dar Nour
Le charme de la nonchalance
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Point de rencontre de l’Atlantique et de la Méditerranée, avec l’Europe à portée de vue, la plus cosmopolite des villes marocaines fascine, entre passé mythique et vitalité nouvelle.
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lle a aimanté peintres et écrivains, rock-stars et aventuriers. Tanger séduit immédiatement, et on comprend ceux, nombreux, venus y passer une journée, qui n’en sont pas repartis. Quelques jours suffisent à instaurer des rituels, entre rendez-vous en terrasse et fins d’après-midi à la plage. La Cinémathèque, créée en 2007 par l’artiste Yto Barrada, installée dans le patrimonial édifice Art déco du cinéma Rif (1938) est emblématique de la vitalité culturelle de la ville. On adore son café : au bar, pour les conversations animées en arabe, français, espagnol ; en terrasse, pour regarder la ville qui défile sur la place du Grand Socco. En 2010, l’ouverture de la librairie-galerie Les Insolites (28 Khalid Ibn El Oualid, dite rue Velasquez) marque le nouvel investissement du quartier espagnol, longtemps abandonné à sa mauvaise réputation. Depuis, les ateliers fleurissent, où une jeune génération d’artistes s’emploie à donner un nouveau souffle à la culture tangéroise, plus ample que l’image fantasmée par Truman Capote ou Jack Kerouac. De visites d’ateliers en vernissage, on prend le pouls de cette movida tangéroise. Tanger se transforme aussi grâce aux investissements colossaux de Mohammed VI. La vieille ville décatie est devenue station
balnéaire, corniche et port tout neuf. Dans la casbah rénovée, on ne compte plus les anciennes demeures transformées en musée d’art contemporain ou en théâtre. Mais à la légation américaine, la vieille machine à écrire Olivetti, avec laquelle Paul Bowles a écrit Un thé au Sahara, et les photographies d’époque font perdurer le mythe. Au Café Hafa, où l’Américain aimait s’attabler, rien non plus n’a changé. On s’y installe face aux eaux bleues du détroit de Gibraltar, et on attend que le serveur passe avec son plateau de verres de thé. Mais Tanger, c’est surtout une atmosphère. Une nonchalance, qui détonne avec la fébrilité des autres villes marocaines, et que l’on soupçonne liée à sa géographie exceptionnelle, à la pointe extrême de l’Afrique, et à la mer, omniprésente. La mer, on la goûte à la tangéroise : un poisson grillé dans une paillote sur une plage du Cap Spartel, avant de reprendre la route, jusqu’à Asilah, et sa douce médina face à l’Atlantique.
VOYAGEURS DU MONDE Voir Tanger par le prisme de l’art dans les pas d’un habitant : avec notre Like a friend, remonter les traces des artistes qui sont passés par là. Inspirant.
© Olivier Romano
© Jérôme Galland
© Charlotte Robin/Marine Armandin
Au Maroc, les femmes amazighes de l’Anti-Atlas Inde, l’hindouisme ontEn une technique ancestrale de filage et de tissage compte 33 millions de seul la laine, assortie d’une teinture végétale au henné. de divinités ! À des années-lumière de la fast-fashion…
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LES SAVOIR FAIRE EN LUMIÈRE À travers leur association Itinérance Méditerranée, Caroline Perdrix et Alexia Tronel tissent des liens avec des communautés de femmes, couturières ou brodeuses, pour valoriser les artisanats textiles du bassin méditerranéen. Un projet ambitieux et éthique, entre mode et anthropologie.
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n aimait leurs créations, produites sous le label responsable Atelier Bartavelle. Caroline Perdrix et Alexia Tronel ont voulu pousser plus loin leur engagement. En 2017, elles abandonnent le modèle commercial pour créer l’association Itinérance Méditerranée. Leur ambition : valoriser et perpétuer des savoir-faire, proposer des alternatives face à l’urgence climatique et sociale, et à la pollution générée par le secteur de la mode. Elles choisissent de s’impliquer sur le territoire méditerranéen, où les ateliers de confection pour la fast-fashion pullulent au détriment de l’artisanat traditionnel. Une démarche culturelle et féministe Depuis, chaque “édition” voit la réalisation d’un exemple concret de collaboration, qui aboutit à une collection capsule, et met en valeur des savoir-faire singuliers. “Nous collaborons avec des brodeuses, tricoteuses, couturières, afin de montrer l’étendue technique de leurs pratiques, explique Caroline Perdrix. Soucieuses de ne pas verser dans l’appropriation culturelle, elles travaillent en cocréation, en apportant de nouveaux designs. On espère susciter l’intérêt de marques de mode, et amener à ces femmes de nouvelles commandes. Mais notre première mission est culturelle : nous valorisons un art domestique réalisé par des femmes invisibilisées.” Matrimoine, sororité : les mots affleurent qui disent aussi la dimension féministe du projet : “On ne s’est pas dit à l’origine qu’on ne travaillerait qu’avec des femmes, mais il se trouve que jusqu’à présent nous n’avons travaillé qu’avec des communautés de femmes. Et on est très à l’aise avec ça, il y a un échange très fort, qui peut-être le serait moins avec des hommes – même si on n’est pas fermées à l’idée de travailler avec des artisans hommes.” En Tunisie, les deux jeunes femmes partent à la rencontre des brodeuses du village de Guermessa, aux portes du désert. “Nous avons travaillé avec l’artiste jordanien Ali Almasri, qui vivait alors à Tunis, pour bro-
der sur des vêtements le poème de Sghaier Ouled Ahmed Les Femmes de mon pays, un symbole pour celles qui luttaient lors de la révolution de 2011”, raconte Caroline Perdrix. Pour questionner l’industrie textile, dont la Tunisie est l’un des pôles mondiaux, les pièces sont élaborées à partir de fripes chinées à Tunis. Mémoire et transmission En 2022, Itinérance Méditerranée collabore avec des femmes amazighes (berbères) dans la région de l’AntiAtlas (sud-ouest du Maroc), à quelques heures de route au sud de Taliouine. Ici, les femmes pratiquent encore une technique ancestrale de filage et de tissage de la laine, assortie d’une teinture végétale au henné. À la plante tinctoriale, elles ajoutent des écorces de grenades issues des oasis toutes proches pour obtenir une teinte ocre à dimension spirituelle, véritable talisman traditionnellement apposé sur les voiles des mariées. “Avec elles, nous avons conçu des pantalons, des gilets et des étoles en travaillant sur des motifs circulaires qui font écho aux paysages, avec leurs formes rocheuses courbes.” Chaque collaboration est l’occasion de documenter tout le processus en photographies, vidéos et documentaires sonores. Une entreprise de mémoire et de transmission, à laquelle s’associent désormais écoles de mode et institutions muséales, le Mucem (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) de Marseille en tête. Avec des projets en Turquie, au Liban, en Albanie, gageons qu’Itinérance contribuera à faire bouger les lignes d’un secteur en transformation. itinerance.org
VOYAGEURS DU MONDE Rencontrer des artisanes et apprendre leurs techniques, chiner hors des sentiers battus : nos conseillers vous réservent de bonnes pistes.
© Brian Flaherty
De la teinture au henné et des motifs circulaires en écho aux courbes des paysages de l’Anti-Atlas (sud-ouest du Maroc).
La Tunisie TUNIS — LA GOULET TE — CARTHAGE — SIDI BOU SAÏD LA MARSA — CAP BON — AL HAOUARIA — SOUSSE — K AIROUAN T O Z E U R — N E F TA — C H E B I K A — TA M E R Z A
Bordée par le Sahara, avec la Sicile en ligne de mire, la Tunisie déroule criques azur et maisons blanches au nord, oasis flamboyantes et palmeraies généreuses au sud. Et la douceur gagne le voyageur…
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© Sanguer/Adobe Stock
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La Goulette, petit port populaire aux airs de Sicile, qu’il est aussi possible de découvrir à bicyclette (lire ci-dessous).
Le goût du voyage Musée du Bardo : bientôt rouvert ?
La Goulette et La Marsa à vélo
Grande Mosquée de Kairouan
Une sortie en mer dans le Cap Bon
Lablabii, mechouia, kefteji, baklawa…
Fermé depuis 2021, il est la victime collatérale, car mitoyenne, du gel de l’Assemblée. Ses riches collections archéologiques et de mosaïques retracent l’histoire multiculturelle de la Tunisie, et en font l’un des principaux musées du bassin méditerranéen. Un joyau et une fierté nationale.
Une promenade électrisante (votre monture est assistée), d’environ 30 km, à la découverte de la ville et de son patrimoine. Tunis se dévoile : Petite Sicile (ancien quartier portuaire), hara de La Goulette (ville juive), remparts, site antique de Carthage (Sidi Dhrif)…
Elle est l’une des plus prestigieuses mosquées du monde, considérée comme l’une des trois portes du Paradis. Dans une enceinte de 125 m x 75 m, dotée d’un minaret de trois étages, elle renferme de nombreux vestiges, dont le plus ancien minbar (chaire) du monde musulman.
Au port d’Al Haouaria, embarquez sur un petit bateau à coque rigide. Le capitaine a une mission : vous mener aux criques de la pointe du Cap Bon. La vôtre, si vous l’acceptez, est de goûter à l’eau turquoise et aux fruits de mer grillés, et de saison, prévus pour un déjeuner sur l’eau.
Soupe de pois chiches, cumin, ail, croûtons de pain ; “salade grillée” typique garnie de miettes de thon à l’huile et de câpres ; plat frit de pommes de terre et tomates accompagné de boulettes et petit dessert bouffi de sirop de sucre et d’amandes. Chahya tayba (Bon appétit) !
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ne Tunis plurielle Dans la médina, autour de la grande mosquée Zitouna, mille ruelles labyrinthiques se déploient, entrecoupées de passages sous voûtes. Les palais, mausolées et fondouks, les anciens caravansérails, se devinent derrière des façades aveugles fleuries de bougainvilliers, qui grimpent jusqu’à des terrasses écrasées de lumière. On franchit Bab El Bhar, la “Porte de la mer”, parfois encore appelée “Porte de France”, dernier vestige des anciens remparts, puis la ville nouvelle apparaît, avec ses larges avenues haussmanniennes encombrées de cafés, ses théâtres et casinos Art nouveau. Le TGM, petit train en fonctionnement depuis 1872, s’invite dans les quartiers populaires et musarde à travers la splendeur des palais décatis de l’aristocratie. Première halte à La Goulette, petit port populaire aux airs de Sicile, où tout le monde se connaît et tout le monde se mélange – façades rococo ornées d’arcades ouvrant sur la mer, gargotes bariolées de lampions, terrasses qui débordent sur la rue. On s’arrête ensuite à Carthage, une Rome éternelle. Après les guerres puniques et les thermes d’Antonin, on part à l’assaut de Sidi Bou Saïd, ancien village de pêcheurs perché au-dessus du golfe de Tunis – ses maisons badigeonnées de blanc, ses portes bleues à ferronneries, ses jasmins odorants,et ses perspectives spectaculaires sur la mer. Dernier arrêt à La Marsa, ancienne résidence d’été des beys, aujourd’hui banlieue chic de Tunis. Ses gracieuses villas aux jardins fleuris sont investis par des expats et par la bourgeoisie tunisoise – une balade sur sa plage, long ruban de sable battu par les vagues. Un nord altier et plein de charme À la sortie de la ville, les sentiers marins du Cap Bon courent sur les falaises dressées au-dessus d’une mer étale. À la pointe de la péninsule, les criques sauvages d’Al Haouaria. On pique une tête dans l’eau turquoise, limpide et fraîche. À Sousse, la médina toise la mer derrière des remparts crantés, le ribat a quelque chose de léger
dans sa force altière de forteresse-monastère. Au musée archéologique, on voit de belles mosaïques antiques. Quatrième ville sainte de l’Islam – après la Mecque, Médine et Jérusalem –, Kairouan est une ville blanche ponctuée de minarets. On parcourt sa médina, de medersas en zaouïas. La grande mosquée, la plus ancienne du pays – la plus belle, aussi – dessine entre ses murs un espace de recueillement. Au détour des ruelles et des arcades, on regarde, admiratif, travailler les artisans – l’habileté des tisserands est connue dans toute l’Afrique du Nord. Cap au sud : d’oasis en désert de sable chaud En bordure du grand Erg oriental, une eau miraculeuse offre quelques-unes des plus belles oasis du Sahara. Tozeur, ville sculptée de brique sèche – ses maisons-cubes dessinent des ombres dans la lumière éclatante –, déroule jusqu’à Nefta un long ruban vert de 40 kilomètres. Les palmiers, qui produisent les meilleures dattes du pays, la deglet nour, s’épanouissent, cernés de vergers de mandariniers, amandiers, abricotiers et grenadiers. Un peu plus loin, les dunes blondes aux tranches acérées ; et l’éblouissante banquise de Chott, ancien bras de mer devenu désert de sel. Au gré des kilomètres, les traces de civilisation s’éloignent. Ici et là, des oasis surgissent au bout d’un paysage nu : Chebika, fragile et perdue dans l’immensité ocre et rose ; Tamerza, exubérante, îlot de fraîcheur autour duquel le sable chaud se déroule à perte de vue. Pour clore le voyage, on passe la nuit dans un village berbère, une maison troglodytique perchée sur les hauteurs et creusée dans la roche, splendide chambre blanche suspendue entre ciel et terre.
VOYAGEURS DU MONDE Nos spécialistes ont à cœur de vous faire découvrir une Tunisie intimiste : vivre Tunis avec une historienne, dîner avec un écrivain, visiter l’atelier d’un joaillier, dormir dans une maison coloniale… Une expérience très personnelle du pays.
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In the mood De Sidi Bou Saïd à La Marsa, la démocratie a engendré une vague de créativité qui s’exprime en galeries d’art, ateliers d’artistes, collectifs de hip-hop, petites boutiques de mode et innombrables échoppes d’artisans. Pour découvrir tous ces nouveaux talents, rendez-vous chez Supersouk, un concept-store effervescent ! Ne manquez pas les expositions pointues de la galerie Selma Feriani ou les installations expérimentales du centre culturel contemporain B7L9. Dans la médina, poussez la porte de l’atelier Y, un repaire d’artistes très confidentiel. En fin de journée, vous vous encanaillez au Club Gingembre, un restaurant-boîte de nuit ultra branché. Dès que vous quittez la ville, le calme se fait. Ruines romaines au milieu des oliviers à Dougga, oasis biblique à Chebika, paysages lunaires à Chott el-Gharsa et eaux translucides sur les plages de l’île de Djerba où, bien aiguillé, il est possible d’échapper aux flots de touristes. Dans les terres, à Chenini, non loin de Tataouine, une visite de la mosquée des Sept Dormants (1) et de son curieux minaret penché s’impose.
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PLACE TO BE À Tunis, vous poussez la porte de Dar Ben Gacem, une maison du XVIIe siècle installée au cœur de la médina. Ambiance plus contemporaine à Sidi Bou Saïd où vous logez à Maison Dedine : “room with a view” garantie ! À Erriadh, village du centre de Djerba, on craque pour Dar Dhiafa (2). Quand l’Anantara Tozeur (3) s’offre le luxe de l’immensité face au désert.
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Djerba & Kerkennah
Une vue de Djerba.
© Virginie Plauchut/Plainpicture
Luxuriance, calme et volupté
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Très loin de l’agitation du monde, ces îles tunisiennes aux eaux claires, vastes vergers édeniques ponctués de criques sauvages et de villages miraculeusement restés à l’abri du monde moderne, émerveillent.
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jerba et ses alentours : des havres de douceur Ses eaux cristallines, son sable clair et ses horizons de carte postale ont fait d’elle une destination ultra prisée. Mais c’est dans les terres, loin des turbulences touristiques, que l’on goûte à la douceur de Djerba. L’île apparaît comme un vaste jardin, telle que la découvrirent Ulysse et ses compagnons d’Odyssée. Partout s’épanouissent les vergers de dattiers, de grenadiers, de caroubiers qui font sa beauté depuis l’Antiquité. La campagne est piquetée d’oliviers centenaires. Dans la lumière poudrée, des femmes marchent vers nulle part, drapées dans leur fouta, protégées du soleil par de grands chapeaux de paille. La “capitale”, Houmt Souk, reste le gros bourg tranquille que Flaubert a connu, dédale de rues pavées, habitations chaulées, terrasses de cafés ombragées de figuiers et criée aux poissons. À Guellala, du toit-terrasse du musée du Patrimoine, juché sur le point culminant de l’île plate et caillouteuse (52 mètres au-dessus de la mer), les maisons cubiques coiffées de coupoles blanches ondulent vers l’infini. Mais c’est à Erriadh, plus ancien des villages
juifs de l’île, que l’on s’installe, dans une maison d’hôtes au cœur du village, pour une halte hors du temps. Au détour d’une ruelle, une façade où s’appuient deux cactus : cinq houchs (habitations traditionnelles) réunies pour former un labyrinthe de patios et de chambres. Kerkennah, un archipel hors du temps Gharbi et Chergui, ses deux îles, sont flanquées de quelques îlots, où il fait bon vivre, au grand soleil. À quelque 20 kilomètres au large de Sfax, les lieux sont miraculeusement restés à l’abri du monde moderne. Remla, le centre névralgique de l’archipel, compte en tout et pour tout une avenue, qui regroupe tous les magasins utiles à la vie des insulaires. Ailleurs, ce sont des vergers de figuiers, des cultures de vigne et d’orge. Et des plages de sable blanc plantées de palmiers, ponctuées de felouques, et bordées d’eaux turquoise transparentes.
VOYAGEURS DU MONDE Trouver une crique tranquille, réserver un bateau avec skipper pour caboter à la journée, un cours de kite pour les enfants : votre concierge répond à vos demandes spontanées.
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Archipel L’Algérie des Tuamotu
O R A N — B É C H A R — TA G H I T — B E N I A B B È S — T I M I M O U N G H A R DA Ï A — B O U S A Â DA — A LG E R
RANGIROA — TIKEHAU —
FA K A R A V A — M A N I H I
Aviateur, joueur de tennis, dandy, pionnier de la navigation, Alain Gerbault mena une desalgérien, plus palpitante. Prendre la existence route du sud d’Oran Las, il fuit lesle mirages de la civilisation à Alger, pour grand Erg occidental. moderne, et passa du paradis desde îlessable fin, Se confronter aux vagues infinies polynésiennes à l’enferet d’une fin dressés aux oasis miraculeuses aux ksour de faite d’errances. survie leurs pics rocheux. Magique.
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© Matthieu Paley © Saad/Stock.adobe.com
La majestueuse mosquée Ketchaoua, au cœur d’Alger.
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’Oran la balnéaire à Timimoun, au cœur de l’Algérie La ville du Sud méditerranéen cultive sa nonchalance sur les plages de sa corniche et dans ses cafés aux terrasses chantantes où résonne le raï – entré au patrimoine immatériel de l’humanité de l’Unesco en décembre 2022. Depuis Béchar, la route s’étire sur une centaine de kilomètres sur un plateau de pierres – au loin, de lourdes tables rocheuses paraissent flotter au-dessus de la ligne d’horizon. Soudain, un autre monde. Une monumentale dune fait face à la falaise, et, entre dune et falaise, un ruban vert vif court en contrebas. Des murs rouges, une mosaïque de terrasses, un ksar assiégé par le bleu des palmes, le vert des grenadiers. Cernée dans la pierre et le sable par le paysage le plus aride qui soit, Taghit est un refuge privilégié – depuis des millénaires, les gravures rupestres en témoignent. Ses sources providentielles donnent à l’homme la datte nourricière et l’agrément des jardins. Plus au sud, Beni Abbès se cache à l’écart de la route dans un ancien méandre de la Saoura (la partie occidentale du Sahara algérien), trahie par ses dunes vertigineuses, les plus hautes du Sahara, plus douces que la soie, dont aucune végétation ne vient compromettre la pureté, et que les heures du jour rendent tour à tour beiges, roses, abricot, cuivre ou bleutées. Timimoun est une “oasis rouge”, à la beauté intacte. La palmeraie éclate de figuiers, d’amandiers, de grenadiers, au pied desquels poussent le blé, la tomate et la menthe. Prodigieux panorama du lac asséché, la sebkha,
dominée par le grand Erg, qui s’étend, onctueusement, à l’infini. Il faut prendre la piste qui suit les berges du lac de sel, grimpe sur la falaise jusqu’aux anciens ports lacustres aux silhouettes fantomatiques, puis redescend dans la sebkha blanche, écrasée de soleil, face à la masse sombre de la palmeraie. Avant Alger, la route des oasis Bientôt, c’est Ghardaïa, capitale de la vallée du Mzab, première des cinq villes édifiées il y a près de mille ans par les Mozabites, dont l’architecture a inspiré Le Corbusier, Frank Lloyd Wright, Fernand Pouillon et quelques autres. Des villes et des maisons aux murs aveugles, tournées vers elles-mêmes, et vers un ciel qui s’y glisse par des puits de lumière. Bou Saâda : oued encaissé dans la rocaille, palmeraie capitonnée de jardins potagers, maisons en argile… Dans cette “Cité du bonheur”, l’atmosphère est toute singulière, et l’hospitalité celle d’un peuple de seigneurs. Déjà, il faut quitter les sables et l’immensité, retourner à la ville. Alger et ses quartiers partis à l’assaut des collines. La casbah, ses centaines de maisons qui dévalent jusqu’à la mer; et, côté ville blanche, toutes les architectures européennes – Art déco, Art nouveau, néo-mauresque… – qui s’étagent sur les pentes dominant la baie, l’une des plus belles au monde.
VOYAGEURS DU MONDE Découvrir en privé les incontournables d’Oran et de Timimoun, déjeuner chez l’habitant, Alger avec un architecte : une vraie rencontre avec l’Algérie.
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In the mood L’Algérie apparaît encore rarement sur le radar des destinations des grands voyageurs. Quelle chance ! Cela signifie que ses innombrables sites archéologiques, ses anciennes cités romaines, sa culture berbère sont, pour quelque temps encore, préservés des touristes. Le voyage se fait donc à contre-courant. Les sommets granitiques du Hoggar s’élèvent. Plus loin, les portes du désert apparaissent, puis le Sahara. Si irréel que vous croyez rêver. Les mers de dunes des grands ergs s’étendent à perte de vue. Estomaqués, vous découvrez les peintures rupestres de Tassili n’Ajjer. Les plus aventuriers pousseront l’expédition plus loin. La route traversera alors l’immensité jusqu’au champ volcanique d’Atakor. Époustouflant ! À Ghardaïa, la vie est des plus traditionnelle, vous séjournez dans une maison d’hôtes située à l’ombre de palmiers et de dattiers, vous buvez du thé très sucré, passez une soirée sous la tente d’un conteur touareg et laissez la douce mélodie de l’oud vous enivrer. Bientôt, vous atteindrez une terre plus fertile, cette longue côte qui borde la Méditerranée. Constantine, Oran et Alger : mythiques. À Alger, du Jardin d’essai du Hamma à la casbah, du quartier Telemly, réalisé par les disciples de Le Corbusier, à la terrasse du célèbre Milk Bar, en passant par une balade en bateau sur la baie, vous découvrez cette capitale si unique et au caractère bien trempé. PLACE TO BE À Alger, vous profitez du jardin botanique et de l’architecture ottomane du mythique El Djazair. Raffinement à Oran, où vous optez pour le Royal Hôtel. Tout nouveau, l’hôtel Bladi Palace, à Taghit. Coup de cœur pour La Gazelle d’Or, à El Oued, magnifique campement et refuge secret face au désert.
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Le Sahara algérien
© Aimée Maxime Weel
Retour au désert
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De tous les déserts de l’Atlantique à la mer Rouge, le Sahara algérien est le plus beau. Longtemps resté inaccessible, on célèbre enfin ces retrouvailles, de peintures rupestres en nuits en bivouac.
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ar le hublot défile une forêt pétrifiée. Atterrissage à Djanet, au pied du Tassili n’Ajjer, haut plateau de légende – il est à lui seul un fascinant univers qu’il faudrait avoir vu une fois dans sa vie. Cette “forêt” de grès n’est qu’une fantaisie, une de plus, dans ce monde minéral. Dans ce Grand Sud, le Sahara algérien est un désert pluriel. Plusieurs déserts se succèdent : de dunes, de roches aux formes heurtées, de montagnes. Ici, ce sont des rochers découpés en cathédrales. Là, des dunes roses dont les arêtes dessinent des courbes d’une harmonie parfaite. Plus loin, des étendues entièrement plates où les massifs rocheux se voient à 100 kilomètres. On voit les cordons de dune de l’erg Admer, les eaux transparentes des gueltas de l’oasis d’Essendilène, les reliefs monumentaux de l’Afara… Les roches sont couvertes de peintures ocre et de gravures qui témoignent d’un temps où le Sahara était vert – entourées de figurines humaines à deux dimensions, pareilles aux peintures égyptiennes, des vaches aux cornes immenses côtoient des girafes et des éléphants. On mesure le changement avec un certain vertige. On peut aussi aller plus à l’ouest,
dans le Hoggar. À Tamanrasset, où l’on se souvient du Père de Foucauld. Du haut du piton rocheux balayé par le vent, des aiguilles semblables à des orgues, d’énormes roches rectangulaires posées sur l’horizon... On comprend que Foucauld ait choisi l’endroit pour y planter son ermitage, une simple bergerie en pierre sèche, d’une simplicité qui incite au recueillement. Il faut dire le bonheur du bivouac sous les étoiles. L’installation en fin d’après-midi, quand le soleil bas baigne le paysage. La fraîcheur dès que le soleil disparaît, les trois thés autour du feu. Le désert : un univers hostile qui pourtant apaise. Chacun, finalement, y trouve ce qu’il y cherche : une densité de silence, un vertige de dépouillement, ou un espace peuplé de mythes et de fantasmes, d’où il rapportera une expérience qui restera son secret.
VOYAGEURS DU MONDE Nuits en bivouac, randonnées dans le Tassili n’Ajjer, découverte des sites rupestres : un sentiment de grande liberté, bordé d’une logistique sans faille.
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ROCK THE CASBAH
Dès 1931, l’architecte et urbaniste Le Corbusier y voyait la future “capitale de l’Afrique”. Trois décennies plus tard, Alger la rebelle était devenue le point de convergence des luttes mondiales contre la colonisation et la ségrégation, et ce jusqu’en 1972. Retour sur une période bouillonnante et pleine d’espoir.
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Une de la revue The Black Panther du 9 août 1969. Le numéro revient sur la première édition du Festival culturel panafricain qui s’est tenue quelques jours auparavant en juillet et à laquelle des représentants des Panthers américains étaient présents, ainsi que de prestigieux invités telle Nina Simone.
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nnées 1960, Alger. Nelson Mandela, les Blacks Panthers, le Front national de libération du Sud Vietnam… Dans l’euphorie de son indépendance retrouvée, l’Algérie s’impose en première ligne d’un nouveau monde et s’érige en terre d’accueil de centaines d’exilés politiques venus d’Afrique du Sud, d’Angola, d’Amérique du Sud, de Cuba, de Palestine ou d’ailleurs. Pendant une dizaine d’années, les gouvernements successifs de Ben Bella et de Boumédiène apportent un soutien actif à tous ceux qui, dans le monde, luttent contre la colonisation. Tous les mouvements de libération ont leurs bureaux dans Alger, où souffle un grand vent de liberté.
Alger, terre d’accueil pour militants en exil Le premier mouvement accueilli est le Congrès national africain (ANC), avec un bureau dans la ville dès 1962, et jusqu’à la chute de l’apartheid. Nelson Mandela, militant de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud, formé dans le maquis par des combattants du Front de libération nationale (FLN), n’a jamais oublié le soutien des Algériens : à sa libération en 1990, après un peu plus de vingtsept années d’incarcération, son premier voyage est en Algérie, où il déclare à la foule qui l’accueille : “Je suis Algérien ! (…) C’est l’Algérie qui a fait de moi un homme.” En 1968 aux États-Unis, les ghettos s’embrasent après l’assassinat de Martin Luther King, défenseur pacifique emblématique des droits civils. Le FBI accuse le Black Panther Party (BPP) d’être la “première menace intérieure pour la sécurité du pays”, et pourchasse ses membres. Alger apparaît comme un refuge aux militants contraints à l’exil. Le numéro 2 des Panthers, le controversé Eldridge Cleaver, y fonde le bureau international du parti (avant de devenir persona non grata là-bas aussi).
Une vague émancipatrice d’ampleur À l’été 1969, alors que tout le monde a les yeux rivés sur les premiers pas de Neil Armstrong sur la Lune, s’ouvre à Alger le premier Festival culturel panafricain. Une tribune politique majeure pour les pays émergents, mais aussi une grande fête, qui révèle une Afrique bouillonnante de créativité et d’espoir – “Alger 1969, c’était Woodstock”, se souvient la militante américaine Elaine Mokhtefi, interrogée sur les ondes de France Culture en 2020. Une multitude de militants déferle alors sur Alger. Les rues débordent de monde. La ville vibre au son des discours émancipateurs. Quinze jours durant, les Algérois festoient jusqu’au cœur de la nuit avec les révolutionnaires de tout le continent, ainsi qu’avec de prestigieux invités tels que Nina Simone, Miriam Makeba ou Archie Shepp. Cet événement phare de la lutte anticoloniale demeure peu raconté. Plus largement, cette période de l’histoire algérienne est souvent méconnue, parfois oubliée des Algériens eux-mêmes. L’artiste franco-marocaine Bouchra Khalili, nommée au prix Marcel Duchamp 2023, l’a dévoilée au public français. Dans la série d’œuvres réunies sous le titre Foreign Office, présentée au Jeu de Paume en 2018, elle traque les traces des mouvements révolutionnaires dans l’Alger contemporaine. Ses photographies dressent un inventaire des lieux qui ont abrité les différents groupes de libération, et une carte les restitue dans la topographie actuelle de la ville. Son travail précieux constitue une autre histoire, celle des utopies, à emporter avec soi en voyage à Alger.
VOYAGEURS DU MONDE Histoire, architecture : selon l’angle qui vous intéresse, nous trouvons le bon interlocuteur pour apporter une vision thématique de la ville.
© Robert Wade
L’Afro-American Center, Alger, 1969.
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FEMMES PUISSANTES
Pionnières ou figures actuelles – avocate, artistes, mécène ou à des postes clés dans les gouvernements du Moyen-Orient –, elles incarnent le changement. Une place plus grande est donnée aux femmes : brillantes et déterminées, elles la prennent pleinement.
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Chaibia Talal (Maroc, 1929-2004) Rien ne prédestinait cette fillette née à la campagne, dans le village de Chtouka, à devenir une figure de proue de la modernité et le porte-flambeau de la femme au Maroc. Surnommée “la paysanne des arts”, elle est la peintre la plus populaire de son pays. Autodidacte, son œuvre reste inclassable.
Emel Mathlouthi (Tunisie, 1982) Lors de la révolution de 2011, sa voix a résonné fort en Tunisie. “Kelmti horra” (“Ma parole est libre”)… Écrit en 2007, le texte est toujours d’actualité. Artiste engagée, attachée à son pays natal, elle a dû le quitter un temps pour créer plus librement. En 2020, elle publie The Tunis Diaries, un album intime et apaisé.
Jokha Alharthi (Oman, 1978) Elle détient le premier Man Booker International Prize décerné à un roman arabe (en 2019). Avec Les Corps célestes, l’écrivaine signe, à 40 ans, son premier roman. Le récit de l’émancipation d’un pays à travers la vie d’une famille. Une idée inspirée par sa thèse sur l’amour courtois dans l’Arabie du haut Moyen Âge.
Cheikha Moza Bint Nasser (Qatar, 1959) Certes, elle est l’épouse de l’ancien émir du Qatar et mère de l’actuel, Tamim ben Hamad Al Thani. Mais son rôle est central dans le petit pays du Golfe. Son grand sujet : l’éducation. Sa fondation Education Above All permet d’assurer la scolarisation de milliers d’enfants fragilisés. Un engagement fort.
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Sarah Rivens (Algérie, 1999) Passionnée de littérature, la jeune femme rédige ses premiers textes en 2019, via une plateforme d’écriture en ligne, sous le pseudo de TheBlurredGirl. Le succès est au tournant : en 2022 sort Captive, dark romance qui séduit plus de sept millions de lecteurs. Début 2023, un tome 2, non moins successful, paraît.
Sheikha Lubna Khalid Al Qasimi (Dubaï, 1962) Partie étudier très tôt à l’étranger, elle devient ingénieur. Sa carrière, couronnée de succès, la mène à la politique dès le début des années 2000. D’abord ministre de l’Économie, puis du Commerce extérieur, elle est nommée à la Tolérance en 2016. Tout un programme.
Haifaa Al Mansour (Arabie saoudite, 1974) Première femme réalisatrice du pays, elle est l’auteure de Wadjda (2013). L’histoire d’une fillette de 12 ans déterminée à obtenir le droit de faire du vélo ! Chose compliquée dans son milieu conservateur d’origine…
Habiba Ghribi (Tunisie, 1984) Habiles, les commentateurs sportifs l’ont baptisée “la gazelle brune”. Elle est la première femme tunisienne à remporter une médaille olympique (l’argent), à Londres en 2012. Vice-championne du monde sur le 3 000 m steeple, la petite de Kairouan est grande.
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Lila Borsali (Algérie, 1976) Ce sont ses parents, mélomanes, qui l’ont mise sur la voie (voix ?). Bercée de musique andalouse depuis son plus jeune âge, elle est très naturellement devenue une star de la musique arabo-andalouse. Initiée aux airs classiques algériens, un de ses professeurs lui avait dit qu’elle n’était pas faite pour ça. Bingo !
Gisèle Halimi (Tunisie, 1927-2020) Née à La Goulette, elle est une figure emblématique des combats des femmes pour l’égalité. Avocate et militante féministe, elle défend, dès 1972, le droit à l’avortement (le procès de Bobigny). Également sensible à la pauvreté et aux injustices, elle cofonde en 1998 l’association altermondialiste Attac.
Sarah Al-Amiri (EAU, 1987) Il faut toujours croire en son étoile… Fascinée par l’espace dès l’enfance, la petite Sarah, d’origine iranienne, est aujourd’hui ministre d’État pour les hautes technologies des Émirats arabes unis et présidente de l’Agence spatiale, à la tête de la “mission Mars”.
Selwa al-Hazza (Arabie saoudite, 1960) Cette ophtalmologiste à la renommée internationale, considérée comme l’une des personnalités les plus influentes du royaume, aurait-elle soufflé au gouvernement saoudien le nom de son plan de développement lancé en 2016 : Vision 2030 ? On pourrait le parier…
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L’Arabie saoudite R I YA D — D I R I YA H — M É D I N E JEDDAH — AL ULA — HEGRA
Or noir, désert et folie des grandeurs. Mais pas seulement. Ici se découvre le reste du royaume : le génie nabatéen millénaire, la poésie de l’Islam, les coutumes bédouines et l’âge d’or des caravanes. Voyage en terre sacrée.
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n ovni. Au milieu du désert, les gratte-ciel futuristes et centres commerciaux luxueux de Riyad rivalisent de taille et d’avant-gardisme. La capitale saoudienne brasse dans ses avenues gargantuesques un flot ininterrompu de trafic climatisé, du richissime Musée national à la tour emblématique Kingdom Centre (300 mètres de haut), en passant par la mosquée Al Rajhi, bijou d’architecture pouvant accueillir plus de 20 000 fidèles. À quelques kilomètres de là, Diriyah, ancienne capitale et berceau de la famille Al Saoud – donc du pays tout entier –, est un musée à ciel ouvert où s’expose une Arabie d’un autre temps.
Celle d’aujourd’hui voit affluer chaque année des centaines de milliers de pèlerins venus réaliser à la Mecque le rêve de toute une vie. À 500 kilomètres au nord, le mont Uhud évoque aux musulmans la célèbre défaite de Mahomet face aux Qurayshites. Pour le marcheur, évoluer à travers jujubiers, palmiers dattiers, caroubiers et acacias tient plus de l’escapade botanique que du pèlerinage. En contrebas se dessine Médine et l’imposante mosquée Al-Masjid an-Nabawi, reconnaissable à son dôme au vert vif, dernière demeure du prophète. Le musée Dar Al Madinah renseigne, lui, généreusement sur l’histoire et la vie locales, à l’aide de milliers d’artefacts, images rares et reconstitutions pointues.
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© Brian Flaherty
© Alixe Lay
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Vestige archéologique de la cité nabatéenne d’Hegra.
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Au-delà de la palmeraie, les étendues ocre aux étonnantes formations rocheuses et canyons spectaculaires composent des paysages magnétiques dignes de westerns orientaux.
Jeddah, deuxième ville du pays Entre les deux cités les plus sacrées de l’Islam surgit Jeddah, petit village de pêcheurs devenu grand, désormais deuxième ville du pays. Au bord de la mer Rouge, parmi l’entrelacs de ruelles patinées de la vieille ville, la superbe façade ottomane du Musée de la maison Nassif renvoie à un âge d’or centenaire. Des prestigieux résidents au mode de vie cossu restent de beaux témoignages, et une incroyable bibliothèque aux 16 000 ouvrages. Autour, la ville d’aujourd’hui s’étire avec mégalomanie, celle de demain lui emboîte le pas. Le reste semble n’être que désert…
voisins de Dadan et Jabal Ikmah jouent les machines à remonter le temps. Au-delà de la palmeraie, les étendues ocre aux étonnantes formations rocheuses et canyons spectaculaires composent des paysages magnétiques dignes de westerns orientaux. Ils mènent à Hegra, cité nabatéenne aux tombes monumentales miraculeusement préservées, et à la réserve naturelle de Sharaan où oryx et gazelles ont été réintroduits avec succès, et où les dunes se couvrent de fleurs sauvages. C’est là que l’architecte Jean Nouvel a choisi de donner vie à un hôtel somptueux inspiré des habitations troglodytes nabatéennes de l’Antiquité (lire aussi pp. 72-75). Retour vers le futur.
De sites antiques en hôtels somptueux Et pourtant. Nécropoles, vestiges de maisons millénaires, installations hydrauliques, sanctuaires sculptés dans le grès, pétroglyphes pré-arabiques : l’oasis d’Al Ula et les sites antiques
VOYAGEURS DU MONDE Notre service conciergerie vous accompagne, que vous souhaitiez changer d’hôtel à Jeddah ou prolonger à Al Ula… N’hésitez pas à le solliciter.
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L’ Arabie saoudite est l’une des dernières destinations au monde dont l’immense et unique potentiel reste à découvrir. Les trésors y sont multiples : le désert d’Hisma, souvent comparé au Wadi Rum jordanien, abrite de majestueuses formations rocheuses et des centaines d’œuvres d’art rupestre datant de l’époque du commerce caravanier et des premières décennies de l’Islam. La mystérieuse cité nabatéenne d’Hegra, désertée durant des milliers d’années, s’ouvre enfin au monde. Idem à Khaybar, nouvelle destination saoudienne, qui mêle vestiges archéologiques et camps pour glamping chic. Côté balnéaire, les archipels s’égrainent le long de la côte ouest du pays et les plages sont pour l’instant toujours désertes et immaculées. Pour combien de temps ? En attendant, vous plongez au milieu de petites îles de la mer Rouge, nagez parmi les coraux et profitez tant que vous le pouvez de ces eaux translucides. À Jeddah, vous vous délectez des succulents mets afghans servis chez Kabana. Un délice ! Vous terminez votre séjour dans le désert d’Al Ula face aux monumentales installations d’art contemporain imaginées par les collectifs créatifs Lita Albuquerque et Superflex. PLACE TO BE Les 96 tentes du Habitas Al Ula sont discrètement disséminées à travers le sable rouge de la vallée d’Ashar. Au milieu des roches, une piscine étincelante, comme un mirage, c’est celle du Banyan Tree Al Ula (1). Près de la mer Rouge, ayant pour toile de fond les plaines désertiques et les montagnes du Hijaz, le Six Senses Southern Dunes – The Red Sea déploie ses charmes en rendant hommage au patrimoine architectural nabatéen (ouverture prévue fin 2023).
Les Émirats arabes unis DUBAÏ — ABOU DHABI — SHARJAH
Sur le golfe arabo-persique, tout semble plus haut, plus moderne et plus brillant que partout ailleurs. À la pointe de l’innovation dans de nombreux domaines, les Émirats font se côtoyer avant-gardisme et tradition.
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© Mark Hartman/Gallery Stock
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e tarmac est aussi brûlant que le désert. Dubaï, n’a pas (encore) réussi à refroidir le soleil. Cette cité de science-fiction a pourtant accompli quelques miracles : des îles créées de toutes pièces, des pistes de ski par 45 degrés, des rooftops plus hauts que la tour Eiffel, des malls grands comme des villes, et cette intimidante skyline qui semble plus géante, plus moderne, plus brillante que partout ailleurs. Une fièvre du “toujours plus” qui, si elle laisse perplexe, laisse aussi pantois. Car à Dubaï, l’avant-gardisme joue sur tous les terrains. La gastronomie, l’architecture, le climat – il fut envisagé un temps de bâtir une montagne pour faire venir la pluie. Et la culture. À Dubaï, innovation et traditions mêlées C’est ébahi que le monde entier a vu naître l’audacieux Museum of the Future, incarnation ovoïde de l’avenir de l’humanité, dont le vide matérialise l’incertitude. Sur sa façade d’acier fabriquée par des robots, on lit : “Le secret du renouvellement de la vie, du développement de la civilisation et du progrès de l’humanité tient en un mot : l’innovation”. CQFD. Pendant ce temps-là, à l’ombre des gratte-ciel, les épices se marchandent toujours dans le souk de Old Dubaï, les minarets appellent toujours à la prière, les boutres traditionnels prennent toujours la mer au petit matin pour aller pêcher. À 140 kilomètres au sud, Abou Dhabi, érigée en gardienne des traditions, est, elle aussi, pétrie de contrastes. Marché au poisson et îles artificielles, piste de Formule 1 et palais XVIIIe
aux murs de sable et de coquillages. Il en a parcouru du chemin, le petit village de pêcheurs de perles... De l’universaliste Abou Dhabi à l’ultra culturelle Sharjah Au sein de l’œcuménique Maison d’Abraham, mosquée, synagogue et église sont réunies pour prôner la tolérance, dans un pays où cohabitent 200 nationalités. Agora dédiée à l’art, le Louvre Abou Dhabi répond lui aussi à une ambition universelle. Sous une fascinante coupole ajourée, un ensemble de cubes immaculés semblent flotter sur l’eau. Une esthétique futuriste dessinée par Jean Nouvel, à la hauteur de la collection du musée : des œuvres de toutes les époques et de tous les continents – Rembrandt, Da Vinci, sarcophages et bouddhas de marbre. Pourtant, c’est à un autre émirat, méconnu, que revient le titre de capitale culturelle : Sharjah. Là, les plus anciens souks du pays côtoient des mosquées hors normes et pas moins de dix-sept musées, dédiés à la calligraphie, à l’aviation, à l’histoire naturelle, à la bijouterie, à l’archéologie… Le richissime Musée de la civilisation islamique retrace, lui, à l’aide de 5000 œuvres et objets, plus de mille ans d’Islam dans la région. Toujours plus.
VOYAGEURS DU MONDE La position géographique des Émirats arabes unis et les routings aériens en font une destination idéale pour un combiné original : Maldives, Inde, Asie, Nouvelle-Zélande…
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À la croisée des mondes, Dubaï rêve en grand et n’a de cesse de se réinventer. On ne s’ennuie jamais dans la ville-État et la to do list donne le tournis ! Un MoyenOrient clinquant fait de gratte-ciel futuristes, restaurants étoilés, malls démesurés, chambres de luxe haut perchées coexiste avec les souks, des tours à vents persanes, une vieille ville à l’effervescence communicative, des bouis-bouis gourmands, des musées d’excellence et bien sûr les eaux cristallines du Golfe, jamais très loin. Dans le quartier de Jumeirah, vous savourez l’ambiance branchée : coffee-shops, galeries d’art et concept-stores. Arrêt obligatoire au centre holistique Seva Experience pour un yoga régénérateur, puis virée shopping dans le Dubaï Design District, ou “d3”, antre du design, de la mode et de l’entrepreneuriat. À la nuit tombée, vous découvrez Downtown Dubaï, quartier à la verticale aux nombreuses bonnes adresses gastronomiques. Vous dînez sur la terrasse du bar-restaurant Cé La Vie, avec vue sur l’impressionnante tour Burj Khalifa. Le lendemain, en jeep vintage, la route du désert vous mène jusqu’à un campement bédouin traditionnel éclairé à la bougie, où vous passerez la nuit. Unique ! PLACE TO BE L’une des plus hautes piscines du monde se trouve au SLS Dubai et offre une vue panoramique à 360 degrés sur la skyline. Pour une escale balnéaire ultra luxueuse, rendez-vous au Burj Al Arab, sur l’île de Jumeirah. Vivez l’expérience de l’opulence émiratie dans le très privé Anantara Qasr Al Sarab (1), caché dans le désert de Liwa.
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Le Qatar
© Qatar Tourism/DR
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Un territoire muséal exponentiel qui côtoie les souks, et des îles artificielles un arrière-pays désertique. Entre modernité ostentatoire et traditions bédouines, le Qatar mérite plus qu’une escale.
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ôte de la Coupe du Monde 2022, propriétaire du PSG, le petit émirat, à peine plus vaste que la Corse, est au centre de l’attention médiatique. Mais qui connaît vraiment le Qatar? Le pays se réinvente à la mesure de sa colossale rente gazière, et multiplie les initiatives pour préparer la sortie des énergies fossiles, en misant pour son développement futur sur la culture, les arts et l’éducation. Son héritage culturel est mis en valeur dans deux sublimes écrins : la monumentale rose des sables de l’architecte Jean Nouvel pour le Musée national du Qatar, et le Musée d’art islamique pour lequel l’architecte chinois Ieoh Ming Pei s’est inspiré de la très belle mosquée cairote Ibn Touloun. Et dans les rayons de la Bibliothèque nationale érigée en 2018 par Rem Koolhaas, où l’on trouve des ouvrages de Salman Rushdie ou de Judith Butler (lire aussi pp. 72-75). Dans Msheireb Downtown Doha, l’ancien quartier marchand, pas de gratte-ciel iconique, mais un ensemble contemporain qui reprend les motifs traditionnels qataris, mosquées étincelantes de blancheur et vastes demeures flanquées de leurs tours à vent. Loin des malls, on flâne du marché aux épices à celui dédié aux rapaces sous les arcades du souk Waqif.
Du côté du Pearl, on se mesure à une architecture plus ostentatoire. Vu du ciel, le quartier construit sur un archipel d’îles artificielles dessine une perle – jadis la principale source de revenus du Qatar. Il accueille une multitude de boutiques de luxe, plusieurs marinas et un grand nombre de plages privées. Safaris en 4 x 4 dans les dunes, chasse au faucon… : chaque week-end, les Qataris quittent Doha pour se rendre dans de luxueux campements dans le désert – un “retour à la terre” qui célèbre les traditions nomades. On fait comme eux pour rejoindre, à un peu plus d’une heure de la capitale, la mer intérieure de Khor Al Adaid. Refuge pour les flamants ou les oryx où d’imposantes dunes de sable clair plongent dans une eau aux mille nuances. Tout au sud de la péninsule, une baignade en plein désert, avec vue sur le littoral de l’Arabie saoudite.
VOYAGEURS DU MONDE Envie de prolonger la visite des grands musées par une découverte architecturale de Doha dans les pas d’un local, ou d’un safari dans le désert ? Demandez-nous !
© Joshua Davenport/Stock.adobe.com
Le Musée national du Qatar, à Doha : 40 000 mètres carrés entre sable et mer. Le bâtiment, inspiré de la rose des sables et aux disques de béton géants, est signé de l’architecte français Jean Nouvel.
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L’ART DES MUSÉES
DÉMESURÉS
Depuis vingt ans, le Golfe investit ses pétrodollars dans la culture : marchés, grandes foires et musées à visibilité internationale. Certains édifices, monumentaux, imaginés par des architectes stars, méritent le voyage à eux seuls.
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remière pierre du vaste projet de district culturel lancé en 2007 dans la capitale des Émirats arabes unis, le Louvre Abu Dhabi est le musée inaugural et universel du monde arabe. C’est aussi l’une des réussites majeures de l’architecte français Jean Nouvel. Sous une coupole d’acier – dont le poids avoisine celui de la tour Eiffel – qui forme un plafond ajouré de 8 000 étoiles de métal, l’espace se déploie comme une médina. La superposition des voûtes filtre le dur soleil, et crée des jeux de lumière évoquant les ombres mouvantes des palmeraies. Des prouesses architecturales et sensorielles Avec ses 55 bâtiments qui accueillent les expositions permanentes et temporaires, un auditorium, un restaurant et un café, avec ses collections d’œuvres prestigieuses – prêts du Louvre et de douze autres institutions françaises –, le Louvre Abu Dhabi s’impose comme une destination culturelle en soi. Des terrasses de l’édifice, d’autres musées commencent à se dresser : l’un, historique, sous la houlette du British Museum (conçu par Norman Foster), l’autre, moderne et contemporain, sous celle du Guggenheim (dessiné par Frank Gehry, comme celui de Bilbao). À Doha, Jean Nouvel a achevé en 2019 un autre chantier, non moins ambitieux, après dix-huit ans de gestation. Dans la course aux plus beaux bâtiments que se livrent Émirats arabes unis et Qatar, celui-ci, le Musée national du Qatar, ne manque pas de spectaculaire : là aussi, l’architecture du lieu vaut le voyage. Inspiré de la rose des sables et de ses concrétions aléatoires, c’est un agencement de disques de béton géants aux
dimensions variables : 40 000 mètres carrés, entre sable et mer. Une prouesse architecturale doublée d’une expérience sensorielle rendue possible grâce aux nouvelles technologies. Ce “caravansérail moderne”, selon les mots de l’architecte, raconte l’histoire du pays (de - 700 000 ans à nos jours). Ce nouveau symbole de la puissance du petit émirat s’ajoute au Musée d’art islamique – imposant navire blanc signé de l’architecte chinois Ieoh Ming Pei, écrin d’une collection historique sans équivalent dans la région (érigé en 2008) – et à la monumentale bibliothèque de Rem Koolhaas (2018). Si la compétition entre Émirats arabes unis et Qatar se poursuit, entraînant pléthore de projets muséaux plus titanesques les uns que le autres, les amateurs d’art doivent aussi envisager un voyage en Arabie saoudite. La capitale, Riyad, ambitionne d’ouvrir d’ici 2030 plusieurs musées pour mettre en valeur le majestueux site antique d’Al-Ula et ses tombeaux nabatéens taillés dans la pierre. Décidément incontournable, Jean Nouvel a poursuivi sa collaboration avec les monarques de la péninsule Arabique, en érigeant cette fois-ci un hôtel troglodytique dans les canyons de roche ocre d’Al-Ula. Gageons que le trésor archéologique local, jumeau de la célèbre nécropole de Pétra, jusqu’ici fermé aux visiteurs, brillera bientôt sur la carte du tourisme mondial.
VOYAGEURS DU MONDE Billets d’entrée des musées réservés, visites privées des villes sur le thème de l’architecture ou de l’histoire : votre voyage culturel en toute fluidité.
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© Mohamed Somji/Louvre Abu Dhabi
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Jeux de lumière au musée du Louvre Abu Dhabi, imaginé par l’architecte français Jean Nouvel et inauguré en 2017.
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Archipel Oman des Tuamotu S A L A L A H — W A H I B A S A N D S — N I Z W A — M A S C AT E DJEBEL AKHDAR — MUSANDAM — KUMZAR
RANGIROA — TIKEHAU —
FA K A R A V A — M A N I H I
Aviateur, joueur de tennis, dandy, pionnier de la navigation, Alain Gerbault mena desentre plus palpitante. Du sudune au existence nord, étayée les sables Las,Rub il fuit les mirages de la civilisation du al-Khali et la mer d’Arabie, cette moderne, passa du coule paradis des îlesheureux monarchieettranquille des jours polynésiennes à l’enfer fin entre canyons et wadis, d’une villes millénaires, de vie et faite d’errances. fjords plages tropicales. Un voyage fabuleux.
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© Alila Jabal Akhdar
Perchoir cosy posé au cœur des montagnes du Hajar.
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e jour-là à Salalah, le sourire est sur toutes les lèvres : il pleut. Chaque année, entre juin et septembre, la capitale du Dhofar et sa région - la plus méridionale d’Oman ont la particularité d’être arrosées par le kharif. Cette queue de mousson – qui touche également l’influent voisin indien - est accueillie comme une bénédiction. Les températures ne dépassent pas 30 degrés, une brume humide nimbe les bananeraies, rend son vert profond à la forêt des contreforts montagneux, et génère des cascades, dégringolant dans des piscines naturelles d’un bleu émeraude. Les wadis, l’un des autres joyaux naturels du royaume, se gorgent alors d’eau. Miracles en plein désert. Les familles omanaises déploient leurs plaids dans des paysages que l’on pensait imaginaires, bordés d’arbres à encens centenaires. Cette nature fabuleuse a placé Oman sur les routes commerciales ancestrales reliant l’Inde du Sud à la Mésopotamie, l’Arabie et la Perse,
comme une escale indispensable. Déjà désignée comme “Felix Arabia”, l’“Arabie heureuse” par les Romains – et avant eux les Grecs –, cette région de la péninsule n’a jamais failli à sa réputation : “Oman est un pays fertile, arrosé de cours d’eau et planté d’arbres, de vergers, de palmeraies”, écrivait l’explorateur marocain Ibn Battûta au XIVe siècle. C’est toujours vrai. L’appel du désert Lorsque le voyageur quitte – non sans un certain vague à l’âme - ce sud encore méconnu et absolument tranquille, ses longues plages de sable ivoire bordées de cocoteraies, c’est pour mieux aller se cacher au creux des dunes miel des Wahiba Sands. Oman dévoile alors sa grandeur désertique. Un camp bédouin revisité en oasis de luxe discret, la force d’un lever de soleil accompagnant vos salutations yoguiques, le rire des enfants dégringolant sur les épaules de ces géants de sable : le sultanat a cette capacité à transformer quiconque en aventurier heureux.
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Le pouls calme de Mascate bat entre les étals du souk et la récente marina d’Al Mouj, quartier favori des jeunes familles mascataises.
L’aventure facile, dans l’un des pays les plus sûrs au monde, où il suffit d’être bien aiguillé et faire confiance au légendaire sens de l’hospitalité des Omanais. Sans aucune hésitation, on prend la route de Nizwa. L’ancienne capitale entretient un dialogue permanent avec le passé, symbolisé par la mosquée du sultan Qabus ibn Saïd. Ce monarque éclairé, après avoir renversé l’autorité paternelle en 1970, a mis sur les rails de la modernité l’État alors le plus pauvre de la péninsule, développant les routes, les ports, les écoles, accordant aux femmes le droit de vote. Malgré la mort du sultan en 2020, le pays semble garder le cap, avec un avenir désormais entre les mains de son cousin, Haïtham ben Tariq, et du prince héritier Theyazin ben Haïtham, qui comme son aïeul a étudié en Angleterre. Dans les fjords profonds Mascate, la capitale actuelle, reprend sans complexe ce rôle de trait d’union entre les époques, les remparts de la vielle ville dictant la hauteur et le code couleur des immeubles récents. Son pouls calme bat entre les étals du souk et la récente marina d’Al Mouj, quartier favori des jeunes familles mascataises.
Lorsque retentit l’appel du sauvage, il suffit de grimper vers l’intérieur, sur les crêtes vertigineuses du djebel Akhdar, 2 000 mètres au-dessus du niveau de la mer d’Arabie. Là, les anciens forts ont inspiré de nouveaux refuges guidant les savoir-faire traditionnels selon une perspective contemporaine. De ce perchoir, le regard invite à aller toujours plus haut sur les sentiers du djebel Shams, point culminant du pays. Et plus loin encore, à s’envoler vers le septentrion omanais, remonter les golfes profonds de la péninsule isolée de Musandam à bord d’un boutre (le voilier traditionnel arabe) jusqu’à Kumzar, village du bout du monde arabe dans lequel résonne une langue mêlant farsi, hindi, anglais, portugais… Témoin fragile d’une histoire tumultueuse. De retour sur le pont, le voyageur s’endort sur un tapis persan, la tête dans les étoiles, secrètement guidé par Sinbad le marin.
VOYAGEURS DU MONDE Sortie snorkeling à Mascate, camp privé dans le désert de Wahiba, escapade à Dubaï : votre voyage reste modulable à l’envi et à l’improviste.
© Ahmed/Adobe Stock
Tout à la gloire d’Oman et ses 800 millions d’années d’histoire : le Oman Across Ages Museum.
Le goût du voyage Découvrir le Across Ages Museum
Snorkeler autour des îles Daymaniyat
Se rafraîchir au Wadi Darbat
Explorer la cité antique de Qalhât
Combiner halwa et kahwa
Inauguré en mars 2023, le musée célèbre Oman, tout simplement. Des expériences immersives permettent de voyager à travers les 800 millions d’années d’histoire du pays. La forme du bâtiment, d’environ 40 000 m², fait écho aux monts Hajar, à une centaine de kilomètres de Nizwa.
Au nord de Mascate, ce récif et sanctuaire corallien (110 espèces y ont été recensées), classé réserve marine naturelle, offre un cadre sublime aux amateurs de plongée. Avec masque, tuba et palmes (prêtés le temps de la sortie), saluer tortues, barracudas, et raies Manta…
Son oued chemine à travers plaines et montagnes, dotant le paysage de cascades pouvant atteindre plusieurs dizaines de mètres de hauteur. Ce spot, même si l’on ne s’y baigne pas, est l’un des préférés des familles du Dhofar qui adorent y pique-niquer le week-end venu.
Sur la côte est du sultanat, les vestiges uniques de cet ancien port médiéval fondé vers 1100 témoignent des échanges commerciaux de la péninsule Arabique. Sur 35 ha, les fouilles ont révélé un système d’irrigation sophistiqué, des ateliers d’artisans, des grandes maisons, des nécropoles, etc.
Les douceurs nationales font bon ménage ! Le halwa, sorte de nougat friable à base de sucre, de sésame et d’épices, accompagne très bien le kahwa, servi noir. La boisson se partage en un rituel qui consiste à boire trois petites tasses, que l’on secoue légèrement quand on n’en veut plus.
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In the mood Après la découverte du marché de Nizwa, première immersion vibrante et authentique où vous dégustez d’excellents mishkak (des brochettes de viande marinée dans une sauce piquante au tamarin), vous quittez l’effervescence citadine. À quelques heures de route apparaît, entre la mer et le désert, une oasis de verdure en terrasses au milieu des montagnes. Bienvenue dans le djebel Akhdar - littéralement la “montagne verte”. Pendant la cueillette, d’avril à mai, les pétales de roses virevoltent et embaument l’air de cette verte palmeraie. Vous déambulez au milieu des abricotiers, des figuiers, des grenadiers. Voilà un doux aperçu de ce que serait le jardin d’Eden… Au fond des canyons, l’eau court dans des canaux millénaires, ce sont les wadis qui cachent des vasques naturelles. D’ailleurs, à Wadi Shab, l’eau fraîche vous appelle. Direction les dunes du désert de Sharqiya Sands (ou Wahiba Sands) pour un coucher de soleil embrasé. À l’est de Mascate, la région de Bandar Khayran est une côte dentelée qui abrite plages désertes, criques isolées, eau chaude et coraux. La péninsule de Musandam, minuscule enclave omanaise, est un joyau. Ses eaux turquoise sont nichées au cœur de montagnes ocre culminant à 2 000 mètres. Un spot de snorkeling et de kayak totalement éblouissant.
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PLACE TO BE Les dix tentes du très écoresponsable Magic Camps (1) offrent un cadre idéal pour se ressourcer et se couper du monde (sans wifi). Situé au bord d’un canyon, l’Anantara est l’un des hôtels les plus hauts du monde : la vue y est évidemment exceptionnelle. L’hôtel Alila Jabal Akhdar (2) est quant à lui un véritable bijou architectural. Au Six Senses Zighy Bay (3), une expérience de relaxation hors du commun vous attend !
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l’usage du monde
DO YOU SPEAK arabic ?
Dix mots ou expressions à connaître pour vivre un voyage au diapason. Dans la bouche des Algériens,
IWA KHALIJI “BSAHTEK”
En Arabie saoudite,
est utilisé pour dire “À ta santé” ou souhaiter un bon appétit
Le dialecte
(“oui”) sera parfait suivi, par exemple, de “choukran” (“merci”)
est l’arabe parlé dans les pays du golfe Arabique (Qatar, Émirats arabes unis, Oman, Arabie saoudite…)
Longue tunique unisexe,
LA DISHDASHA est le vêtement traditionnel et officiel d’Oman
Parcourir La Goulette à…
BISKELIT
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L’un des plaisirs au Maroc, à sirorer à l’ombre d’un figuier
“JOUJ ATAY AFAK” “Deux verres de thé s’il vous plaît!”
L’encens, très populaire au Qatar, se dit En quête de souvenirs dans les souks de Tunis, apprenez à dire
“LA MECH GHÂLI !” (“C’est très bon marché !”) ou “Hada ghâli !” (“C’est trop cher!”)
BUKHOOR
Embrasé dans un brûleur (mabkhara), il produit une riche fumée qui parfume la maison et les vêtements
Espace central de la vie qatarie, le
MAJLIS
Plus souvent réservé aux hommes, il permet de discuter et de partager dattes et café avec les invités
Lieu de purification du corps et de l’âme, le
HAMMAM marocain, non mixte, est l’occasion de se faire
dorloter (vigoureusement) par une kessala qui viendra pratiquer un gommage à base de savon noir sur votre peau
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