Les Cités des Voyageurs
Paris 2e
55, rue Sainte-Anne
+33 (0)1 42 86 16 00
Bordeaux
35, rue Thiac
+33 (0)5 57 14 01 48
Bruxelles
23, chaussée de Charleroi
+32 (0)2 543 95 50
Genève
19, rue de la Rôtisserie
+41 (0)22 519 12 10
Grenoble
16, boulevard Gambetta
+33 (0)4 76 85 95 90
Lausanne
Rue-de-Bourg, 6
+41 (0)21 519 10 65
Lille
147, boulevard de la Liberté
+33 (0)3 20 06 76 25
Londres
First Floor
111 Upper Richmond Road, Putney (SW15 2TL)
+44 (0)20 7978 7333
Lyon 2 e
5, quai Jules-Courmont
+33 (0)4 72 56 94 56
Marseille 1 er
25, rue Fort-Notre-Dame
+33 (0)4 96 17 89 17
Montpellier
8, rue du Palais des Guilhem
+33 (0)4 67 67 96 30
Montréal
295, rue de la Commune Ouest
+(1) 514 722 0909
Nantes
13, rue du Moulin
+33 (0)2 40 20 64 30
Nice
4, rue du Maréchal Jo re
+33 (0)4 97 03 64 64
Québec
540, rue Champlain
+(1) 418 651 9191
Rennes
31, rue de la Parcheminerie
+33 (0)2 99 79 16 16
Rouen
17-19, rue de la Vicomte
+33 (0)2 32 10 82 50
Strasbourg
16, rue Sainte-Barbe
+33 (0)3 88 15 29 48
Toulouse
26, rue des Marchands
+33 (0)5 34 31 72 72
Voyageurs en Asie centrale, Iran & Mongolie 01 83 64 79 26
Ouzbékistan 01 70 38 01 46 / Turquie 01 85 08 10 44
Chine & Hong Kong 01 84 17 19 21
Taïwan & Tibet 01 42 86 16 88
Retrouvez toutes nos idées de voyage sur voyageursdumonde.com
Un éclat de céramique sur les toits de Samarcande, un grain de sable dans le désert de Gobi… Voici, en substance, l’objet de papier que vous tenez entre les mains. Tenter de concentrer en une centaine de pages l’un des plus grands territoires de convergence des civilisations, une géographie sans limites –des rives de l’Égée à la mer de Chine, des crêtes du Caucase aux steppes mongoles –n’aurait guère de sens. “Suivre la Route de la soie, c’est comme suivre un fantôme. Elle traverse le cœur de l’Asie, mais elle ne suit pas un itinéraire unique et n’a pas de destination précise. C’est une toile de choix”, prévient l’écrivain-voyageur britannique
Colin Thubron. Une toile sur laquelle dessiner la première ligne d’un voyage vers des lieux mythiques : Boukhara, Khiva, Ispahan… Une toile de fond aussi, imprégnée de conquêtes, corridor de transhumance dès la Préhistoire qui a généré les plus grands flux culturels, religieux, artistiques, scientifiques…
Partir alors et constater que cet immense héritage ne retient pas des villes telles Tbilissi ou Tachkent de vibrer d’un dynamisme tout contemporain.
JEAN-FRANÇOIS RIAL
Pdg de Voyageurs du Monde
4
Cartographie
L’Asie Mineure, centrale, la Chine, Hong Kong, Taïwan & le Tibet en un clin d’œil.
6
L’esprit
Voyageurs du Monde
Notre façon d’envisager le monde.
8
Les services
Nos attentions pour voyager en toute fluidité.
12
Book lovers
Une sélection des libraires
Voyageurs du Monde
14
Portfolio
Le vrai visage de l’Ouzbékistan, par Hassan Kurbanbaev, photographe né à Tachkent.
22
La Turquie
Des criques de l’Egée au plateau d’Anatolie, le pays, berceau des civilisations, jongle entre vestiges et côtes remarquables.
32
La Géorgie
Une terre infusée de culture(s) – soie, vin, danses, poèmes – où l’on chante pour les dieux et pour soi, à plusieurs voix.
38
L’Azerbaïdjan
Un au-delà fascinant, encadré par les montagnes du Caucase et bordé par la mer Caspienne.
40
L’Arménie
Sommaire
Voyageurs en Asie Mineure, centrale, Chine, Hong Kong, Taïwan & Tibet
Résiliente, elle a su préserver ses trésors : montagnes et forêts magistrales, foi millénaire et culture immémoriale.
46 Magazine
Iran, les sons de la révolution
La musique, porteuse d’espoir et voie de résistance pour les Iraniens.
50
L’Ouzbékistan
Paysages superlatifs et coupoles encore plus bleues que dans les rêves sur cette terre-mosaïque faite d’époques accumulées.
56 Le Kazakhstan
Un grand pays qui attire les vents, les légendes et les voyageurs.
58 Le Kirghizistan
Les voyageurs s’y font rares… On y découvre pourtant des paysages illimités et une culture séculaire tissée sur l’ancienne Route de la soie.
62
Le Tadjikistan
Ses plus hautes montagnes passent les 7 000 mètres d’altitude. Un poste idéal pour approcher l’essence de l’Asie centrale.
64 Magazine
L’Asie centrale en train Quand les wagons rutilants de l’Orient Silk Road Express fendent avec majesté les étendues kazakhes, kirghizes, tadjikes et ouzbèkes.
68
La Mongolie
Une culture fière et généreuse qui avait déjà inspiré en son temps le marchand vénitien Marco Polo…
76 Contre-culture Héros et héroïnes des temps modernes.
80 La Chine
Déserts, pagodes, mosquées, villes tentaculaires et humbles rizières : un territoire composite où rêver en grand.
90 Hong Kong
Excessive, gourmande, fashion… Hong Kong entretient notre imaginaire, sa baie et une société en ébullition permanente.
92 Taïwan
Cette île discrète à la créativité tous azimuts déploie également une nature, une hospitalité et une gastronomie surprenantes.
96
Le Tibet
En route pour le royaume du ciel, qui est aussi celui des montagnes, des éleveurs nomades et des moines en kesa rouge qui méditent et communiquent par portable.
100 Magazine
L’artivisme tibétain à l’œuvre Quand l’art moderne tibétain invite à méditer…
104
L’usage du monde
Dix mots, expressions ou traditions à connaître pour un voyage sans accroc.
Mestia Ouchgouli
GÉORGIE
Kakhétie
Koutaïssi
Batoumi
Mer
Caspienne
Stephantsminda
Mtskheta
Tbilissi
Gyumri
Dilijan
Erevan
Etchmiadzine
Garni
Lac Sevan
ARMÉNIE
Mer Noire
Noire
Istanbul
Istanbul
Ankara
Ankara
Izmir
Izmir
Anatolie Centrale Cappadoce
Anatolie Centrale Cappadoce
Konya
Konya
CôteLycienne
CôteLycienne
Mer Méditerranée
Mer Méditerranée
Astana
Astana
KAZAKHSTAN
KAZAKHSTAN
Mer
ARMÉNIE TURQUIE GÉORGIE
TURQUIE
GÉORGIE
ARMÉNIE
Bakou
Bakou
Quelques repères
Gobustan
OUZBÉKISTAN
OUZBÉKISTAN
Noukous Khiva
Noukous
Khiva
Apchéron
Apchéron
Gobustan
Boukhara
Boukhara
Samarcande
Gorgan
Téhéran
Téhéran
Gorgan
Mechhed
Mechhed
Ispahan
Ispahan
Turkestan
Turkestan
Bichkek
Bichkek
Almaty
Almaty
Chon-Kemin
Lac Song-Koul
Tachkent
Tachkent
Samarcande
Chon-Kemin
Lac Issyk-Koul
KIRGHIZISTAN
KIRGHIZISTAN
Marguilan
Marguilan
Kachgar Pamir
Pamir
Lac Issyk-Koul du Lac Song-Koul
TADJIKISTAN
Douchanbé
Kachgar
TADJIKISTAN
Douchanbé
Khorog
Khorog
• Vol Air France Paris-Shanghaï, sans escale : 11 h 55
• Train Venice Simplon-Orient-Express Paris-Istanbul, via Budapest et Bucarest : 6 jours/5 nuits
• Point culminant d’Asie centrale : le Pamir (est du Tadjikistan), à 7 495 mètres d'altitude
Caspienne Mer Rouge
• Devises : livre turque (TRY), lari (GEL) en Géorgie, manat (AZN) en Azerbaïdjan, dram (AMD) en Arménie, rial (IRR) en Iran, sum (UZS) en Ouzbékistan, tenge (KZT) au Kazakhstan, som (KGS) au Kirghizistan, somoni (TJS) au Tadjikistan, tugrik (TG) en Mongolie, yuan (CNY) en Chine et au Tibet, dollar de Hong Kong (HKD), nouveau dollar taïwanais (TWD).
Cartographie
Désert du Taklamakan
Tourfan
Vallée de l'Orkhon Parc national Khustain Nuruu
Oulan-Bator
MONGOLIE
Bayanzag
Dunhuang
Jiayuguan
TIBET
Everest Lhassa Golmud
Col de Tanggula
Lac Namtso
MONGOLIE
INTÉRIEURE
Datong Jiuxian
Pékin
Monastère de Labrang
CHINE
Kham
Xi’an
Nanjing
Ping’an
Longji Yangshuo
HONG KONG
Tainan Alishan
Mer Jaune
Shanghai
Taipei
TAÏWAN
Kaohsiung
Presqu’île de Hengchun
Mer du Japon
Mer de Chine orientale
Golfe du Bengale
Mer de Chine méridionale
HONG KONG
Mer des Philippines Sai Kung Tai Long Wan
concierges à travers lemonde, dont 9 en Asie Mineure et centrale et 2 pour la zone Chine, Hong Kong, Taïwan & Tibet, veillent sur vous et exaucent vos souhaits.
conseillers, dont 13 conseillers
Asie Mineure et centrale et 8conseillers Chine, Hong Kong, Taïwan & Tibet. Passionnés venus de tous les horizons ou natifs du pays, ils sont une source d’inspiration formidable.
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invitation
voyage nationalités représentées chez nos salariés. Une façon d’insu er une vision du monde respectueuse des di érences culturelles.
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Chaque jour, nos conseillers spécialisés par pays ou par région créent des expériences uniques, doublées d’une pléiade de services haut de gamme. Aborder le monde par son envers, dévoiler le véritable visage desdestinations, composer des voyages personnalisés selon les envies de chacun : tel est l’esprit de Voyageurs du Monde. 100
carbone neutre
La totalité des émissions de CO2 liées à nos voyages est absorbée grâce à divers projets de reforestation dans le monde.
di érence. Le budget que vous fixez avec votre conseiller sera respecté au plus juste. Une fois votre devis validé, aucuns frais supplémentaires ne sont à prévoir.
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arbres plantés chaque jour: une action parmi les nombreux projets environnementaux et humanitaires soutenus par notre fondation Insolite BâtisseurPhilippe Romero.
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pays, des grands classiques aux régions plus confidentielles, Voyageurs du Monde peut vous emmener partout sur la planète.
Cités des Voyageurs : 13 en France, 2 en Suisse, 1 en Belgique, 1 à Londres et 2 au Canada. Des lieux accueillants où le voyage commence déjà.
maisons Voyageurs qui racontent chacune une part de l’histoire du pays. Le Steam Ship Sudan et la Flâneuse du Nil en Égypte, la Villa Bahia au Brésil, la Villa Nomade à Marrakech et la Satyagraha House à Johannesburg.
Voyageurs en Asie Mineure, centrale, Chine, Hong
Kong, Taïwan & Tibet
Conciergerie francophone
Joignables sur simple appel et par messagerie instantanée au fil de votre voyage, nos concierges francophones sont un relais précieux pour vous assister et vous conseiller au fil de votre voyage. Vous sou er les lieux à ne pas manquer en chemin, réserver une table confidentielle, modifier un billet de train ou encore démêler une situation administrative : ils répondent toujours présents.
Like a friend
C’est l’ami(e) que l’on aimerait avoir aux quatre coins du monde. Un(e) local(e) qui connaît les lieux comme sa poche. Vivre Shanghaï ou Oulan-Bator dans les pas d’un(e) habitant(e), découvrir ses bonnes adresses… Mais aussi aborder la ville sous un angle que vous aurez déterminé en amont (architecture, histoire, gastronomie…) : cette rencontre est l’occasion privilégiée d’échanger et de voir le vrai visage du pays.
Les services Voyageurs du Monde
Ring the bell
Réserver la bonne table, obtenir une visite privée, trouver une baby-sitter: notre conciergerie francophone locale répond in situ à vos envies. Son rôle est aussi d’anticiper vos attentes et de vous suggérer des idées.
Like a friend
Un(e) habitant(e) des lieux propose une balade informelle, adaptée à vos centres d’intérêt. Partageant conseils et bonnes adresses, vous êtes informé sur les mœurs locales. Un moment décontracté et enrichissant.
Fixeur
Destiné à apporter un éclairage pointu (politique, religieux, économique, social) sur la destination, ce correspondant local vous ouvre les arcanes du pays. Pour un voyage ponctué de rencontres rares, obtenues grâce à un solide réseau.
Zéro carbone
Pour lutter contre le réchau ement climatique, Voyageurs du Monde a développé un outil aérien spécifique et participe à des projets de reforestation qui permettent l’absorption carbone sur la totalité des voyages.
Assistance 24/24
Jour et nuit, quel que soit le décalage horaire, l’assistance vous aide à trouver une solution aux aléas logistiques, administratifs, médicaux, voire mécaniques. Avant le départ, vous pouvez échanger avec notre médecin Voyageurs.
Dans la poche
L’app Voyageurs du Monde reprend le déroulé jour par jour de votre voyage, et le détail de vos hébergements. Elle joue lesguides malins en compilant des adresses personnalisées et géolocalisées par genre (restaurants, boutiques, musées…).
Réservation de tables
Adresses gastronomiques, spots préférés des locaux, haute saison, Voyageurs du Monde anticipe et réserve votre table à l’avance. Des lieux testés et approuvés à retrouver sur l’app et dans votre carnet de voyage.
Wifi nomade
Même coupé du monde, rien n’interdit de communiquer. Sur certaines destinations, un mini-routeur wifi (ou une eSIM) est mis à votre disposition pour connecter jusqu’à 5terminaux au réseau (1GO/jour inclus).
Départ simplifié
Pré-seating; cartes d’embarquement reçues la veille ; sur demande, enregistrement de vos bagages à domicile à Paris et dans le 92 (sur vol aller Air France et au départ de CDG uniquement) et transferts aéroports… : vos formalités réglées en un clin d’œil.
Fast-track aéroport
À Roissy-CDG, passage prioritaire (enregistrement, contrôles) inclus au départ pour les passagers de vols long-courriers (sur demande). Notre assistance vous accompagne jusqu’à l’embarquement.
Accès aux salons lounge
Assurance dédiée
Arrivée matinale ou départ tardif, Voyageurs du Monde négocie avec vos hôtels afin que vous obteniez/conserviez votre chambre à votre convenance. Sur certaines escales, une chambre à la journée peut être prévue.
Gérer les problématiques d’assurances devient très vite insupportable lorsque l’on subit déjà le stress de l’incident.
L’équipe dédiée Voyageurs du Monde s’occupe des démarches à votre place: réactivité, fluidité et “destress” garantis! Welcome!
Au départ de CDG, sur les vols éligibles, notamment ceux d’Air France, même en classe éco, le lounge vous est ouvert. Un autre salon peut vous être réservé : les contrôles (police et sûreté) y sont e ectués en privé. Enregistrement, carte d’embarquement et accès direct au pied de l’avion sont prévus pour vous.
Miles cumulés
Chaque voyage réservé chez Voyageurs du Monde permet de cumuler des miles sur le programme Flying Blue. Un bonus de 1000 miles lors des trois premiers voyages et de 10000 miles à partir du quatrième.
Le voyage désorganisé
Le quotient émotionnel
Décider en temps réel de la suite de son voyage, modifier son itinéraire le jour même, écourter une étape, en prolonger une autre, changer de cap: en Turquie, en Chine ou ailleurs, Voyageurs du Monde vous propose d’explorer un nouveau concept. En lien direct et permanent, votre conseiller et notre conciergerie francophone sur place vous assistent afin de concrétiser vos demandes, selon ce que vous ressentez (de positif ou négatif) à l’instant T.
Book lovers
Une littérature qui témoigne d’une grande diversité, constituée de classiques et de productions contemporaines. Des textes vivants et vibrants, à lire d’urgence.
Une sélection des libraires Voyageurs du Monde.
Roman – Kirghizistan
Quand tombent les montagnes de Tchinguiz Aïtmatov
Paulsen, 2024
Dernier ouvrage d’Aïtmatov, décédé en 2008 à 79 ans, publié initialement en 2006, ce roman-fable est désormais édité en version française (traduit du russe par Raphaëlle Pache). Il n’en perd pas moins sa capacité à faire voyager lelecteur au cœur des montagnes enneigées du Tian Shan, mais aussi d’une légende kirghize. Le récit confronte Jaabars, léopard des neiges rejeté par son clan, et Arsène Samantchine, journaliste idéaliste désenchanté. Tous deux mettent en lumière les tourments et limites d’un monde qui change. Une trame qui mêle problématiques contemporaines (la préservation de la nature face à un système ultralibéral destructeur) et conte traditionnel. Un classique de la littérature centrasiatique.
Photo – Hong Kong
Hong Kong de Frank Horvat
Louis Vuitton/Fashion Eye, 2023
Lephotojournaliste Frank Horvat réalise cette série en 1963 dans le cadre d’un tour du monde de plus de sixmois, suite à une commande portant sur douze grandes villes non européennes. Héritier d’Henri Cartier-Bresson, il capture les rues de Hong Kong, pleines d’échafaudages, d’idéogrammes et de visages saisis à la volée. Le vertige y est palpable.
Policier – Taïwan
Le Sniper, le Président et la Triade de Chang Kuo-li Folio, 2022
En pleine campagne présidentielle, Hsü Huo-sheng, candidat à sa réélection, se fait tirer dessus. Blessé au ventre, il en réchappe. Tentative d’assassinat ratée ou complot?
Pour mettre au jour cette énigme, l’auteur taïwanais Chang Kuo-li convoque à nouveau les personnages de son précédent polar (Le Sniper, son wok et son fusil, 2021): l’ancien policier enquêteur d’assurances Wu et le cuisinier Ai Li, accusé à tort. Et c’est finalement dans la quête d’innocence de ce dernier que réside, sur fond de pègre, de coups bas politiques et de corruption, l’intrigue principale, ponctuée d’humour et habilement relevée de spécialités gastronomiques locales. Un régal.
BD — Chine
Bienvenue en Chine de Milad Nouri et Zheng Tian-you Delcourt, 2019
S’établir en Chine, plus précisément dans la ville de Guangzhou, et décider d’y créer son entreprise n’est pas de tout repos. Les codes dupays-continent sont nombreux et parfois surprenants pour un Occidental. Un récit autobiographique et tendre servi par un trait simple, en bichromie noir-bleu.
Récit de voyage – Asie centrale À l’auberge de l’Orient: seule sur les routes d’Asie centrale d’Alice Plane
Transboréal, 2011
Quoi de mieux pour découvrir unpays que d’aller à la rencontre de ses habitants, principalement des femmes, et de pénétrer leurs cuisines ! Les traditions culinaires conservent une place de choix partout dans le monde. Alice Plane est allée le vérifier au mitan de l’année 2007 –elle n’a alors qu’une petite vingtaine d’années. Une épopée solitaire et gourmande contée en cinq parties, chacune consacrée à un pays d’Asie centrale (1. l’Azerbaïdjan, 2.l’Iran, 3. leTadjikistan, 4.le Kirghizistan, 5. le Kazakhstan), et complétée de recettes. Audacieuse, curieuse et russophone, l’exploratricepartage ses observations avec beaucoup de sincérité. Une lecture attachante.
La librairie Voyageurs du Monde
Un passage obligé ! On y trouve tout pour préparer son voyage. Cartes géographiques, atlas, guides, albums photo, littérature d’aventure, polar, bd… Nos libraires passionnés sont là pour vous orienter et vous conseiller.
48, rue Sainte-Anne, Paris IIe
Culture à la page
Istanbul et le Musée de l’innocence
“C’était le moment le plus heureux de ma vie…” Ainsi débute le roman du Stambouliote Orhan Pamuk, lauréat du prix Nobel de littérature 2006. Publié en 2008, le livre nous est parvenu traduit en français trois ans plus tard. C’est à peu près le temps qu’il aura fallu à l’auteur pour rassembler les artefacts nécessaires à l’ouverture d’un vrai Musée de l’innocence, dans le quartier Cukurcuma d’Istanbul. Installé dans un vieux konak (immeuble traditionnel turc), le lieu donne corps aux objets du roman collectés par Kemal, le principal protagoniste : laboucle d’oreille, égarée dès les premières pages, de la belle Füsun, dont il est fou d’amour ; des mégots de cigarettes, des chiens en céramique… La nostalgie et le romantisme qui émanent de chacun de ces “souvenirs”, disposés dans 83petites vitrines (le roman compte 83 chapitres), sont renforcés par une atmosphère tamisée, par l’évocation de l’amour perdu et d’une Istanbul du passé, celle des années 1970. Pour Orhan Pamuk, ce petit musée est unplaidoyer pour les objets ordinaires, contre l’oubli des choses simples. Lire son “catalogue”, L’Innocence des objets, o re un éclairage passionnant sur l’état d’esprit et la démarche sensible de l’écrivain-collectionneur. Une visite au Musée de l’innocence constituera sans nul doute l’un des moments lesplus heureux de votre vie.
LE VRAI VISAGE DE L’OUZBÉKISTAN
Le pays de Tamerlan, le plus grand conquérant issu des steppes de Haute-Asie du XIVe siècle, a rarement fait l’objet de représentations visuelles. Ce constat, Hassan Kurbanbaev lepartage et est en partie à l’origine de sa quête photographique. Né en 1982 à Tachkent, la capitale, où il vit toujours, il explore son territoire pour lui donner une visibilité nouvelle, débarrassée de la censure soviétique. Artiste indépendant dans un pays indépendant depuis 1991 et l’éclatement de l’URSS, son approche, intuitive et profondément personnelle, questionne l’identité culturelle ouzbèke, qui se révèle peu à peu sous nos yeux.
Hassan Kurbanbaev est le lauréat de la Bourse du talent 2024 de Picto Foundation. Sa première monographie, One Head and Thousand Years, a paru chez Art Paper Editions. https://hassankurbanbaev.studio
La Turquie
IZMIR — CÔTE LYCIENNE — ANATOLIE CENTRALE
CAPPADOCE — ISTANBUL
Berceau des civilisations, la Turquie collectionne certains des plus importants vestiges gréco-romains, perses, byzantins et ottomans. Mais elle compose également un terrain de jeux inépuisable déployé sur une dizaine de milliers de kilomètres de côtes.
Les délices d’Izmir
Le long de l’agora romaine, au pied des élégantes façades des maisons ottomanes de l’époque Atatürk, Nathalie, française expatriée, décrypte l’éclectisme des influences grecques, romaines, byzantines qui ont façonné Izmir. Au cœur de l’ancienne Smyrne, l’histoire plurielle du pays se lit dans les pierres, comme l’avenir peut-être dans le marc d’un premier türk kahvesi. La force du café turc, ladouceur soyeuse du baklava. Trois millénaires, ou presque, et toujours l’e ervescence propre aux grands carrefours culturels et commerciaux posés entre Orient et Occident. Le voyageur oublie bien souvent d’explorer la troisième ville du pays. Pressé de gagner les majestueux sites antiques de la région égéenne qui remémore sa proximité avec la Grèce: à Éphèse, le grand théâtre et le temple d’Artémis, quatrième des septmerveilles du monde antique, celui dédié à Athéna dans l’ancienne cité de Priène. Irrésistiblement appelé aussi, avouons-le, par les plages de Cesme ou d’Alacati, promesses d’idylles en bleu égéen. On gagne pourtant à suspendre le temps dans les villages semés sur la route d’Urla, point névralgique de la gastronomie turque, réputée pour ses cépages. Le soleil, l’air marin, la terre de cette région sont propices aux cabernet-sauvignon, merlot,
chiraz, et nero d’Avola. D’autres pépites locales, déjà cultivées dans l’Antiquité, sont ressuscitées aujourd’hui par une poignée d’enfants de Dionysos nostalgiques. Les paysages sont partagés entre champs d’artichauts et oliveraies centenaires (l’olive, autre trésor auquel la ville consacre un musée).
Là, au beau milieu des vignes, le chef OzanKumbasar réveille les papilles après avoir plaqué Istanbul et un métier de consultant en investissement. Avec Seray, sa femme et sommelière, ils composent des menus qui reflètent diversité, esthétisme et saisonnalité de la région. Leur Vino Locale a d’ailleurs été triplement récompensé en 2024 par le guide Michelin (une étoile, une étoile verte, un prix de la sommellerie).
Au bazar de Malgaca, les étals plient sous des pyramides de grenades, de figues et de coings. Des bouquets de menthe, de thym et d’origan parfument l’air.
Tandis que dans la vibrante Sanat Sokagı, rue de l’Art, on papillonne entre les galeries, les antiquaires, l’atelier d’un céramiste, avant de succomber à la glace au lait de chèvre parfumée à la lavande de la pâtisserie Irmik Hanim.
Aux portes de la Lycie Sur la route, vers l’est, à travers les vergers de Seferihisar, collines douces et vallées étroites se succèdent et nous portent de villages en moulins à vent.
À
un tir d’ailes, sous un soleil de plomb, levillage de Göcek rappelle que l’attraction des astres n’est pas sans conséquences.
Sur ces crêtes, Icare aurait trouvé son ultime tremplin idéal avant d’être précipité dans les flots.
Les sommets du Bozdag pointent lechemin. On glisse doucement vers l’Égée, pour poser ses malles sur les hauteurs de Bodrum, dans une oasis luxuriante. Dîner de mezzés sur le toit quand le soleil plonge entre le château Saint-Pierre et la marina.
De l’autre côté du golfe de Kerme, lapéninsule de Datça ouvre un second acte: la Lycie. La chaleur monte dans lechant froissé des cigales. Rejoindre l’eau turquoise, celle qui donne son nom à une côte en forme de parure, reliant Dalaman à Antalya devient une évidence. À l’extrémité de la presqu’île, le petit port de Knidos marque la limite naturelle entre Égée et Méditerranée, un lieu élu par lesculpteur Praxitèle quatre siècles avant notre ère pour représenter la déesse Aphrodite dans le plus simple appareil. Cette Vénus de Cnide reste l’une des plus célèbres statues de l’Antiquité, une icône du pouvoir de la féminité.
À un tir d’ailes, sous un soleil de plomb, levillage de Göcek rappelle que l’attraction des astres n’est pas sans conséquences. Sur ces crêtes, Icare aurait trouvé son ultime tremplin idéal avant d’être précipité dans les flots. Le moyen le plus sûr d’explorer le “golfe aux douze îles” et ses alentours reste de caboter en caïque. Parmi les plus belles plages de la région
de Fethiye, se distingue Kabak Koyu, crique d’albâtre posée au cœur de la vallée des Papillons, plus tranquille en été que la trop célèbre Ölüdeniz.
L’accès à celle d’Iztuzu est quant à lui réglementé, les tortues caouanes y ayant établi leur pouponnière. Les baigneurs vont donc barboter un peu plus loin, sur Delikada, île couverte de pins, ourlée d’émeraude. Déjeuner de poisson grillé. Une escale à Kaunos témoigne de l’importance de la région dans l’Antiquité.
Les vestiges d’un théâtre romain, une agora, des thermes, un nymphée, aujourd’hui gardés par les chèvres. La tradition des bains de boue minérale –aux bienfaits ancestraux reconnus sur la peau, la fatigue musculaire, les rhumatismes (et même la beauté, à en croire Cléopâtre) – perdure ici.
Dans ce théâtre déambulent de drôles de statues de glaise. En été, lelieu est bondé. Pourtant, la Lycie ne manque pas d’échappatoires. Il su t de troquer la côte pour les rives du lac de Salda, “les Maldives turques”, ou encore de crapahuter dès le lever du jour dans les gorges de Saklikent pour renouer avec la tranquillité.
Heureux qui comme Ulysse de regagner, à la lueur des lampions seulement, l’adorable village de Kas.
Le train, pour parcourir les contrées turques, entre Kars et Ankara, a toutes les chances de séduire les amoureux de voyages “au lent cours” (lire ci-dessous).
Le goût du voyage
Une pause hivernale en Dogu Ekspresi
Depuis quelques années, l’“Est Express”, qui date de 1936, revient en force, notamment via les réseaux sociaux… Voyager en train est tendance. Il faut dire que cette aventure ferroviaire de 26 heures et 1 360 km à travers la Turquie, d’Ankara à Kars, est ultra réjouissante. Cabines-couchettes, doux roulis des wagons, rochers sculptés de la Cappadoce, sommets enneigés d’Erzurum… Un spectacle inoubliable.
Amasra, ville côtière méconnue
Bordée par la mer Noire, cette ancienne et discrète cité byzantine, que l’on peut rejoindre en empruntant le train Dogu Ekspresi (lire ci-contre), multiplie les charmes. Presqu’île fortifiée, village irrésistible, plages de sable fin, eaux paisibles, port classé au patrimoine mondial de l’Unesco, etc. La destination est prisée des Turcs à la belle saison. Un gage de qualité pour qui souhaite se mêler aux locaux et prendre le pouls de la Turquie au grand air.
S’essayer à l’ebru, l’art du papier marbré
Sur la rive asiatique du Bosphore, dans un atelier situé à Kadiköy, il est possible de s’initier à l’ebru. Cet art ancestral consiste à créer des motifs colorés en appliquant des pigments de couleur au goutte-àgoutte ou au pinceau sur de l’eau, à laquelle on a ajouté des substances grasses, et que l’on transfère sur du papier. L’occasion d’en apprendre un peu plus sur ce savoir-faire et de repartir avec sa propre création.
Une gastronomie très étoilée
La Turquie nous met des étoiles plein les yeux… et les papilles. C’est à Istanbul, Izmir et Bodrum que les chefs et les palais les plus exigeants convergent, avec pas moins de 12 étoilés (dont une table doublement, Turk Fatih Tutak, à Istanbul), 26 Bib Gourmand et 5 étoiles vertes Michelin. La scène culinaire locale se porte donc très bien en 2024, et votre conseiller ou votre concierge se feront une joie de réserver vos tables à l’avance.
À chaque kilomètre ou presque, cette côte Lycienne témoigne de la richesse remarquable de son héritage antique.
Les bougainvilliers courent sur des façades chaulées surmontées de balcons en bois, les notes de saz et d’oud dégringolent jusqu’au petit port.
À chaque kilomètre ou presque, cette côte Lycienne témoigne de la richesse remarquable de son héritage antique. L’une des plus grandes concentrations de nécropoles d’Asie Mineure. Tantôt accrochées aux flancs de la montagne, ou émergeant de l’eau, comme au petit port d’Uçagiz, point de départ vers la cité engloutie de Kekova. Un dernier rendez-vous avec la Méditerranée.
Konya et la Cappadoce
Cap sur l’Anatolie centrale. Depuis Olympos, la route serpente entre les pins et les cyprès. La végétation méditerranéenne s’accroche encore aux falaises abruptes. On prend de l’altitude vers la chaîne des Taurus que pointent des cèdres géants. Les villages se font rares, cédant la place aux pâturages et aux vallées profondes. Premiers pas sur le plateau anatolien. Un sillon d’asphalte noir trace à travers les champs d’orge et de blé. L’horizon prend une nouvelle dimension. L’arrivée à Konya, plus ancienne ville habitée de la région, a une saveur particulière.
Dans l’immensité des paysages agricoles a émergé, au XIIe siècle, un pôle culturel majeur de la Turquie. “Konya est une rose”, écrivait le poète mystique Jalâl Al-Dîn
Rûmî, pilier d’un courant de l’Islam guidé par l’amour et la tolérance, le soufisme, dont Konya reste l’épicentre turc.
Chaque année en décembre, des milliers de visiteurs viennent célébrer Rûmî et assister au sema, l’hypnotisant tourbillon de robes blanches des derviches. Entraîné par la danse, on navigue entre le musée de Mevlâna abritant le mausolée du poète, les madrasas, les monuments seldjoukides. Si des quartiers tel Asmali reflètent l’histoire millénaire de Konya (aux portes de la ville Çatal Höyük, est l’un des plus anciens sites néolithiques d’Asie Mineure), d’autres, plus résidentiels et cossus, montrent le dynamisme économique d’une ville pilote en matière de désenclavement. Spirituelle et connectée au présent. Il n’y a qu’un pas à faire, vers l’est, pour gagner la Cappadoce et ses paysages surréalistes. Se laisser envoûter par les formes poétiques des cheminées de fées, le silence des églises rupestres. Sous la neige, entrer de plain-pied dans les décors mélancoliques du cinéma de Nuri Bilge Ceylan et lorsque vient l’heure du départ, ressentir le hüzün, ce spleen turc si bien conté par l’écrivain Orhan Pamuk. Réaliser alors que la Turquie est un chef-d’œuvre inachevé qui méritera bien plus d’un voyage.
VOYAGEURS DU MONDE
Un road-trip de deux semaines, une villa et un bateau sur la côte Lycienne, un long week-end pour découvrir le meilleur d’Istanbul : épaulé par une conciergerie ultradynamique, votre conseiller taille une expérience turque à votre mesure.
In the mood
Enclave aux multiples visages, Istanbul mêle, dans une dualité fascinante, l’Orient à l’Occident, le passé à l’avenir. Il y règne une harmonie singulière, un équilibre rare dont la cité mythique peut être fière. Entre pierres et eaux, les coupoles et les minarets de Sainte-Sophie se détachent sur le ciel orangé du crépuscule. Le Grand Bazar s’anime tandis que le palais de Topkapi raconte les fastes des sultans. Vous débutez la matinée avec un hammam avant de traverser le Bosphore vers la côte asiatique pour une initiation à l’ebru, l’art du papier marbré turc. Vous poursuivez avec une promenade gourmande et culturelle à Besiktas et Uskudar Sillonnez le quartier de Bebek et ses charmants cafés en bordure de fleuve où déguster un jus de pomegranate. À Cihangir, l’ambiance est bohème, quand Kadiköy, le “Brooklyn d’Istanbul”, est résolument trendy. Dans le quartier de Balat, ne loupez pas la galerie d’art francoturque The Pill. Un tour au Arter Museum (quartier Dolapdere) et à l’incontournable Istanbul Modern est vivement recommandé. La nuit tombe sur l’un des multiples rooftops de la ville avant un dîner mémorable, organisé par nous pour vous, chez un ancien journaliste et intellectuel renommé, le Bosphore en vue. Quelques jours de plus ? Filez à bord d’un voilier pour les Îles des Princes, lieu de villégiature prisé de l’élite turque. Mais chut! C’est l’un de nos secrets les mieux gardés.
PLACE TO BE
Construit pour accueillir les voyageurs de l’Orient-Express, le Pera Palace témoigne de l’âge d’or du voyage et de l’élégance stambouliote. Niché dans un palais du XIXe siècle entouré d’un jardin verdoyant, le Soho House (1) mêle influences Art déco et richesses ottomanes dans l’un des meilleurs hôtels de la ville.
La Géorgie
TBILISSI — KAKHÉTIE — MTSKHETA — STEPHANTSMINDA
MESTIA — OUCHGOULI — KOUTAÏSSI — BATOUMI
Titre suite du titre
DESTINATION — DESTINATION — DESTINATION — DESTINATIONI
Aviateur, joueur de tennis, dandy, pionnier de la navigation, Alain Gerbault mena une existence des plus palpitante. Las, il fuit les mirages de la civilisation moderne, et passa du paradis des îles polynésiennes à l’enfer d’une fin de vie faite d’errances.
Voici une terre infusée de culture(s), qui reçoit et donne depuis des millénaires – de la soie, du vin, des danses et des poèmes. Une terre de mythologie où l’on chante pour les dieux et pour soi, à plusieurs voix.
Trendy Tbilissi
L’ascension de la colline de Sololaki fait chau er les mollets.
Au sommet, dominant la vieille ville, la forteresse de Narikala et la statue deKartlis Deda, matriarche nationale, une coupe de vin dans une main, une épée dans l’autre, invitent les amis, menacent les ennemis. À leurs pieds s’enroulent ruelles pavées de galets ronds, places fleuries, maisonnettes de bois aux balcons ouvragés, bains de soufre et platanes donnant à Tbilissi des airs de Méditerranée. N’était-elle pas soviétique? Depuis safondation, la belle géorgienne a reçu de nombreuses visites. Arabes, Mongoles, Perses, Ottomans et Russes ont donné, ont pris. Mosquées et synagogues, épices et thermalisme.
Le soir, tout s’illumine : églises à dômes, fontaines et ponts enjambant la Koura. Étonnante passerelle au look futuriste, lepont de la Paix fait dialoguer les époques. Dans la ville nouvelle trône la toute récente cathédrale de la Sainte-Trinité, achevée en 2004. Sur l’autre rive, l’ancienne cathédrale Sioni réfléchit le soleil depuis leXIIe siècle. Tbilissi s’est avec tout cela tricoté une personnalité que la jeunesse entend bien défendre. Elle n’hésite pas à bousculer les vieilles pierres et les entrepôts soviétiques où s’installent cafés,
ateliers, galeries d’art et restaurants bio revisitant le khatchapouri, pain géorgien au fromage. À la Fabrika, idées et gens convergent à toute heure. L’usine textile accueille désormais hôtel, studios d’artistes, bureaux, boutiques et bars. Danser, célébrer, apprendre, créer, refaire le monde. Tandis qu’à quelques rues, au Silk Museum, on se souvient que Tiflis (Tbilissi) était un incontournable passage de la Route de la soie.
En Kakhétie, sur la route des vins Au pied du Caucase, la vallée vinifie depuis huit milleans. Des vignes baignées de lumière mènent d’un bourg à un autre: Sighnaghi, ceinturé de remparts, Tsinandali, célèbre pour son vin blanc sec et le prince Chavchavadze, poète pionnier du romantisme national. Plus de cinq cents cépages poussent sous le soleil de Géorgie : des rouges charpentés de saperavi et mujuretuli, desblancs rkhatsiteli et mtsvane. Mais aussi ces fameux vins orange, vinifiés en qvevri, jarres de terre cuite rappelant les amphores antiques. Dans les villages, une hospitalité d’instinct ouvre les portes des caves familiales. On déguste, sur un coin de table, des crus sublimant fromages de chèvre, ragoût de mouton et fleurs de jonjoli.
Au Green Bazaar de Koutaïssi, lemarché central, on propose de vivifiantes rasades de tchatcha (alcool de raisin) et des guirlandes de churchkhela (confiserie en forme de cierge).
Du Grand Caucase à la riviera géorgienne
Le regard tourné vers le nord, on ne tarde pas à trouver les sommets –la Géorgie est couverte à 87% de montagnes. Scrutées par chèvres et chamois, des voitures hors d’âge bringuebalent jusqu’à la capitale déchue de Mtskheta, métropole spirituelle du pays. Le monastère perché de Jvari, bâti en 590, et la cathédrale Svetitskhoveli marquent de leur superbe jusqu’au dernier païen.
À cheval sur la frontière russe, le Grand Caucase, tour de force géologique, aligne certains des plus hauts sommets d’Europe. Un jardinier démiurgique opère avec grâce dans le parc national du Kazbek où, aux beaux jours, fleurissent rhododendron caucasicum, campanule et géranium herbe à Robert. Au cœur de panoramas épiques, sous l’ombre de l’aigle royal et du vautour fauve, les hôtels de Stephantsminda s’o rent des vues à couper le sou e sur les neiges éternelles du Kazbegi, géant de 5047mètres lourd de symboles. Zeus y aurait enchaîné Prométhée pour avoir o ert aux hommes le secret du feu.
En Haute Svanétie, dans les entrailles occidentales du Caucase, la vendetta svane semble avoir dit son dernier mot.
De Mestia à Ouchgouli, plus haute localité d’Europe, les étonnantes maisons-tours médiévales crénellent les hameaux de ces terres rudes et reculées. Sur fond de culture clanique, forêts et sommets enneigés, traditions et vieilles pierres s’entretiennent d’elles-mêmes. L’isolement comme conservateur du patrimoine.
La vie est douce à Koutaïssi, troisième ville du pays posée au bord du bouillonnant Rioni. Sur les places, les enfants tournicotent autour des fontaines, les anciens jouent au backgammon. Au Green Bazaar, lemarché central, on propose de vivifiantes rasades de tchatcha (alcool de raisin) et des guirlandes de churchkhela (confiserie en forme de cierge). Les étals débordent d’herbes et de noix, bases d’une cuisine franche et conviviale, sanctifiée lors du supra, banquet traditionnel.
La cathédrale de Bagrati (XIe siècle) patiente entre ruines et restauration.
Suspendus à leurs promontoires, les monastères orthodoxes des environs témoignent de l’âge d’or médiéval. Celui de Ghélati abrite de remarquables peintures murales; celui de Motsameta (VIIe siècle) surplombe la rivière Tskhaltsitélia dans une esthétique terriblement romanesque.
Lorsque le mercure monte, on rejoint rapidement l’Adjarie, au climat subtropical et au littoral baigné par la mer Noire.
Autour de Batoumi, bains de mer et poisson grillé, constructions loufoques et hôtels bling bling, fiesta et plages de galets. Mais aussi forteresse byzantine et merveilleux jardin botanique –le Mexique, l’Himalaya et l’Amérique au pays de la Toison d’Or.
VOYAGEURS DU MONDE
Envie d’explorer Tbilissi avec un local, de parcourir les plantations de thé de Gourie ou d’assister à un concert de chants polyphoniques traditionnels ? C’est possible, même au dernier moment !
In the mood
Premiers frissons, un dimanche matin, à l’écoute des chants polyphoniques de l’église Metekhi. En un clin d’œil, Tbilissi vous transporte. Un voyage temporel, des fresques de la basilique d’Antchiskhati (VIe siècle) à la photographie contemporaine du musée d’Art moderne de la ville, avant une rencontre avec les jeunes talents de la création artistique géorgienne à la galerie E. A. Shared Balade architecturale sous les balcons en bois sculpté de Dzveli Tbilisi (le vieux Tbilissi), pause Art nouveau à la Maison des écrivains, puis rendez-vous aux bains d’Abanotubani pour une totale résurrection. À l’heure des papilles, laissez-vous surprendre par l’une des meilleures tables de Tbilissi, Shushabandi, restaurant ancré à l’ancienne usine/cave à vin réhabilitée Wine Factory n° 1, l’un des endroits les plus en vogue de la ville. Pour aller plus loin, tentez un cours de cuisine avec un chef local. Derrière les façades brutalistes duquartier de Vera naissent de nouvelles bulles design, cavernes rêvées des intérieurs et garderobes avant-gardistes. Enfin, prenez de la hauteur sur le plateau Mtatsminda pour un verre au Funicular Complex. Le soir, suivez le mouvement de vos ventricules, devant le ballet national Sukhishvili, un voyage à lui seul à travers l’âme du pays.
PLACE TO BE
De la suite industrielle chic (Rooms, 1) au domaine viticole du XIXe siècle relevé d’une touche british (Vazisubani Estate), un éclectisme surprenant.
L’Azerbaïdjan
BAKOU — PÉNINSULE D’APCHÉRON — RÉSERVE DE GOBUSTAN
Encadré solidement par les montagnes du Caucase, bordé par la mer Caspienne et faisant cohabiter architecture traditionnelle et tours design monumentales, l’Azerbaïdjan est un au-delà fascinant.
Curieuse Bakou, qui a planté desplateformes de forage entre elle et son horizon marin. Les Azerbaïdjanais, rois du pétrole? Ils le furent, au début du XXe siècle. On avait les moyens. Du coup, on construisait à l’avenant. L’Art nouveau a fait florès sur la Caspienne. Et l’ancienne gare expose une modernisation enthousiaste des canons de l’architecture traditionnelle. Le train était l’avenir de l’époque. Celle des tsars et du bolchevisme, solidairement.
Néanmoins, l’Unesco a classé la vieille Bakou au patrimoine mondial. Corsetée dans ses murailles, diverse déjà, mais caucasienne en diable, un peu empilée, touchante, on s’y promène avec au cœur les sortilèges d’antan et sous les yeux les pures merveilles que sont le palais des Chirvanchahs, la mosquée de Muhammad, la tour de la Vierge ou le bain de Hadji Gaïb Haci. On prend le thé dans les tchaïkhana et on se régale de kükü (quiche aux herbes) et de qutab (crêpe farcie).
Pour un cocktail, choisissez la ville contemporaine, celle des Flame Towers, de la Socar et de l’Azersu qui, souples et optimistes, font monter la skyline d’un cran. Ou le lounge de l’hôtel TheMerchant, qui mixe néoclassicisme russe et glamour caspien. Les barmen y sont virtuoses. C’est l’architecte Zaha Hadid qui a dessiné le sinueux et harmonieux centre culturel
Heydar Aliyev: Bakou bâtit toujours aux avant-postes. Et recycle en gestionnaire avisée. Ainsi, le pôle d’art Yarat, installé dans un ancien chantier naval, échangeur actif de la création nationale et internationale (café bio sur l’eau à la clé). Cependant, à une trentaine de kilomètres de là, sur la péninsule d’Apchéron, on rallie le temple Ateshgah, que les hydrocarbures a eurant ont qualifié pour un très ancien culte du feu.
Dans l’autre sens, vers le sud-ouest, la réserve nationale Gobustan est un autre site majeur, estampillé Unesco. Volcans d’asphalte, pétroglyphes documentant la vie préhistorique sur quinze milleans, et pierres musicales composent un paysage littéralement fantastique. Une expérience étrange et prégnante. Le voyage peut conduire ensuite tout au sud, à la frontière iranienne, dans le pays talyche. Les Talyches sont une population charnière, qui vit à cheval sur la frontière et prend sa culture, plutôt iranienne, au sérieux. Ils vous la font partager avec fierté, mais sans exclusive. Ce qui est bien agréable.
VOYAGEURS DU MONDE
Visites privées, rencontres personnalisées, conciergerie francophone : de la découverte de Bakou à une prolongation en Géorgie, composez un voyage à votre mesure.
L’Arménie
EREVAN
— GARNI — LAC SEVAN — DILIJAN
GYUMRI — ETCHMIADZINE
Convoitée, redessinée, dépeuplée. L’Arménie a tant de fois tremblé. Résiliente, elle a résisté aux secousses, telluriques et politiques, et a su préserver ses trésors: impérieuses montagnes et forêts magistrales, foi millénaire, culture immémoriale et sentiment d’unité.
Une capitale plus vieille que Rome
Ouest d’Erevan. Sur une colline, douze stèles de granit gris protègent une flamme éternelle. Mémorial de l’inimaginable honorant un peuple amputé. Ils appellent leur pays Katastan, “pays de pierre”. Une immense carrière de roche volcanique posée sur une faille sismique. Une terre en équilibre, rompue à l’exercice éprouvant et salvateur de la reconstruction.
Vastes avenues, bâtiments dépouillés, places hyperboliques, statues monumentales : l’architecture soviétique a bel et bien façonné la capitale, la pierre remplaçant le béton. La Cascade, –éléphantesque escalier de 572 marches, esplanades, fontaines et jardins ornés de sculptures–, a mis un point final au projet de Jim Torosyan, visagiste o ciel d’Erevan dans les années 1970. Désormais transformé en centre d’art contemporain, le lieu accueille
de nombreux événements. Botero, Artdéco, apéros. Sur l’avenue MesropMachtots, on est écrasé par le style néo-arménien du Matenadaran, Institut des manuscrits anciens, qui compile près de 300000documents d’archives dont certains du Ve siècle. Véritable trésor national, il s’agit du premier musée du genre au monde. La Mirzoyan Library abrite, elle, la plus grande collection de livres de photographie du Caucase. Erevan a aussi des lectures de son temps. Et des sorties: co ee-shops, restaurants branchés, galeries et boutiques de créateurs. Sur les hauteurs, Kond entortille ses ruelles autour de réminiscences perses: sur le seuil des petites maisons d’argile, parties de nardi (le backgammon local), café à la cardamome et échange de recettes –agneau à la cerise, soupe sepas au blé et au yaourt. Le quartier, noyau historique de la capitale, est plus vieux que Rome.
Dans le cimetière de Noradouz, les moutons jouent les jardiniers
autour des khatchkars, stèles ciselées aux croix sans Christ.
Des volcans et des lacs
On file vers le sud. La plaine est striée de vignobles. Le monastère de Khor Virap, prison de Grégoire l’Illuminateur, saint patron national, est accroché à flanc de colline. Le lieu aimante les pèlerins autant que les esthètes: au loin, le mont Ararat (5137mètres) pose, grandiose, saupoudré de neiges éternelles. Noé et sa famille y auraient échoué leur Arche et repeuplé le monde.
Les routes du nord-ouest mènent à d’autres temps immémoriaux. À l’orée de la forêt de Khosrov, où les princes d’antan chassaient le lion, les volcans ont enfanté de merveilleux instruments de pierre. Depuis 127000ans, les sublimes orgues basaltiques de Garni chantent leur symphonie géologique aux lynx, aux cerfs, aux mouflons. Et à Mithra, dieu solaire auquel on a dédié un temple tout en colonnes et mosaïques. Le monastère voisin de Gherart a creusé dans un canyon d’incroyables chapelles aux murs de basalte noir.
De l’autre côté du mont Ajdahak, s’étale, bleu et immense, le lac Sevan, perché à 2000mètres. “Morceau de ciel tombé sur Terre” (Maxime Gorki), inspirant poètes et romanciers, il s’agit de l’un des plus grands lacs d’altitude de la planète. Si vaste que les Arméniens l’appellent “Mer”. Si riche qu’ibis falcinelle et oies cendrées y viennent en goguette. Quelques courageux défient les eaux fraîches sous les fenêtres de la Maison des écrivains, curiosité brutaliste aux airs de vaisseau spatial.
Dans le cimetière de Noradouz, les moutons jouent les jardiniers autour des khatchkars, stèles ciselées aux croix sans Christ.
Des pins et de l’oseille
En remontant vers le nord, on croise Dilijan, ville de contes sertie d’un parc national de montagnes et forêts. Là, quelques rues pavées, des maisons de pierre et de bois, et une solide tradition de l’artisanat côtoient un campus ultra-moderne où l’on forme au développement durable des étudiants du monde entier. Dans le marz de Shirak, Gyumri, deuxième ville du pays, exhibe avec grâce dans lequartier de Kumayry l’Arménie des XVIIIe et XIXe siècles.
Le retour à Erevan est une traversée champêtre de pâturages et d’abricotiers. Sur le bord de la route, on vend grenades et tresses d’avelouk, de l’oseille sauvage dont on tire une délicieuse soupe. Près de l’aéroport, à Etchmiadzine, Vatican arménien, Sourp Hripsime (Sainte-Hripsimé, VIIe s.) et églises antérieures rappellent que l’Arménie fut le premier pays chrétien de l’histoire. Les vestiges de la cathédrale de Zvartnots, “temple des forces vigilantes”, dessinent un arc de cercle ouvert sur l’horizon. Et le monde.
VOYAGEURS DU MONDE
Erevan et Gyumri en privé avec un guide francophone, bonnes adresses et assistance de la conciergerie, agenda modifiable en cours de route : l’Arménie selon vos envies.
In the mood
Sur une terrasse ensoleillée de la rue Amiryan, à deux pas du centre d’Erevan et de la place de la République, votre assiette reflète larichesse du pays. Un gâteau d’agneau se dresse, et ses multiples couches font écho à celles du quartier historique de Kond, visité plus tôt. La sauce cerise est aussi surprenante que l’éclectisme arménien mis en lumière par le réalisateur Sergueï Paradjanov (Sayat Nova, la couleur de la grenade), son ancienne maison muée en musée révèlant tous ses talents: dessins, costumes, mobilier, etc., près de 600œuvres au total. Tout aussi éblouissants: le Gold Market, marché labyrinthique semé de bijoux, les étals croulant de fruits secs du Gum et les trouvailles des puces de Vernissage. Autre surprise, dans votre verre, lorsqu’un Lalvari pétillant rappelle que la vinification est ici une tradition ancestrale, une invitation à gagner la province de Tavush, où il est produit. Vous crapahutez dans des paysages traversés de rivières et de grottes, remontez le canyon de Yenokavan à la force des mollets. Depuis Dilidjan, vous poursuivez vers les monastères de Haghbat et de Sanahin, bâtis face à face entre les Xe et XIIIe siècles, témoins essentiels de l’architecture religieuse. À elle seule, cette région de Lori ne réunit pas moins de 3 000 monuments archéologiques. Visez plus à l’ouest et vous trouverez dans les montagnes frontalières avec la Géorgie, un terrain de jeu idéal pour cavaler dans la forêt, descendre en raft le Debed, avant de savourer un cours de cuisine.
PLACE TO BE
Mêlant avec subtilité le patrimoine national à l’architecture et au design contemporains, des hébergements d’un style nouveau fleurissent sur l’ensemble du pays à l’image du Toon (1).
IRAN
Les sons de la révolution
Des guitares électriques et de la pop des seventies au rap des années 1990 à aujourd’hui, la musique a toujours été pour lesIraniens une voie de résistance face aux mollahs. Porteuse d’espoir, elle fédère et permet de faire corps ensemble, face à la peur et aux injustices.
Une résistance pop Iran, années 1970. Téhéran chavire au son des guitares électriques et des rythmes funk. Encouragée par le régime pro-occidental, la production musicale est prolifique. De labels indépendants en vedettes emblématiques et glamour, une pop sucrée envahit les ondes. L’icône et diva Googoosh, une Jane Birkin perse, semble tout droit arrivée du swinging London: silhouette filiforme et minijupe, longs cheveux et grands yeux ourlés de noir. Mais au sein d’une société soumise à un régime de terreur, le mouvement se fait contestataire et apparaît comme une voie de résistance. Face à l’autoritarisme du Shah, les chanteurs pop se font les porte-voix du peuple. Farhad Mehrad et son groupe The Black Cats évoquent le quotidien des Iraniens dans des titres de plus en plus politiques. Ebi & Dariush disent la restriction des libertés, le chômage et le désespoir –ce qui vaut au second d’être arrêté et emprisonné.
En 1979, douchant tous les espoirs d’ouverture démocratique, Khomeini prend le pouvoir et décrète la révolution islamique. En quelques semaines, interdiction est faite aux femmes de chanter, et les instruments occidentaux –basses, guitares ou synthétiseurs– sont prohibés. Les chansons d’amour sont bannies au profit des chants révolutionnaires. Les musiciennes et musiciens de la scène pop sont condamnés au silence ou à l’exil.
Le rap, résolument anti-système
À partir de 1997, la présidence du modéré Khatami permet quelques assouplissements, mais les artistes doivent toujours composer entre censure et ordre moral. Une scène hip-hop émerge alors même que le genre est considéré comme “illicite” par les autorités théocratiques. Ce statut confère paradoxalement aux rappeurs une liberté de ton plus grande, sans qu’à aucun moment ils ne cherchent à négocier
avec le ministère de la Culture et de l’Orientation islamique pour obtenir le permis de se produire. Voué à la clandestinité, le rap se fait d’emblée subversif. De concerts sauvages en productions clandestines, il dénonce tous les maux du pays: inégalités sociales, népotisme et corruption des dirigeants, répression du régime. Soroush Laskhari, aka Hichkas, fait figure de pionnier. Exilé à Londres en 2011 pour éviter une arrestation, il signe en 2019 Dastasho Mosht Karde (“Il a serré le poing”) en soutien à la protestation des Iraniens durement réprimée par les gardiens de la révolution. Depuis le 16 septembre 2022 et la mort de Mahsa Amini (Iranienne d’origine kurde, l’étudiante de 22ans avait été placée en garde à vue à Téhéran pour avoir mal porté le voile), le mouvement de contestation qui anime l’Iran s’est lui aussi choisi un hymne, Baraye (“Pour”), publié par Shervin Hajipour sur son compte Instagram. Le jeune homme prête littéralement sa voix au peuple iranien – le titre étant composé à partir de tweets de revendications. La chanson est virale, vue 40millions de fois en deux jours, chantée au cours de toutes les manifestations et reprise dans le monde entier par les Iraniens en exil. Une audace peu appréciée par le régime qui avait condamné en première instance Shervin Hajipour à trois ans de prison pour “incitation et provocation à des émeutes visant à perturber la sécurité nationale”. En août 2024, la peine a été réduite de moitié en appel.
Toomaj Salehi, rappeur engagé et très populaire, a lui aussi fait les frais de cette répression. Emprisonné dès octobre 2022, il est condamné à mort en avril 2024, avant que la mobilisation internationale n’entraîne l’annulation de sa peine par la Cour suprême. À la demande de l’artiste, ses proches continuent d’alimenter ses comptes sur les réseaux sociaux. Ses chansons, porteuses d’espoir, n’en finissent pas d’être écoutées par les jeunes Iraniens. •
L’Ouzbékistan
TACHKENT — MARGUILAN — NOUKOUS
KHIVA — BOUKHARA — SAMARCANDE
Il est des pays dont la seule évocation initie ledésir d’ailleurs. L’Ouzbékistan est de ceux-là. Une terre-mosaïque faite de paysages superlatifs, d’époques accumulées et de coupoles encore plus bleues que dans les rêves.
Il faut honorer l’hôte plus que son père.” Ce proverbe ouzbek illustre la valeur de l’hospitalité dans ce pays à la générosité séculaire. Car on n’est jamais que le voyageur du jour en Ouzbékistan; tant d’autres y sont venus avant nous. Alexandre le Grand, Gengis Khan, Tamerlan. Marco Polo, lui, n’y a jamais mis les pieds (il cheminait plus bas, en Afghanistan), mais les terres ouzbèkes ont nourri ses fantasmes. C’est en tout cas l’un des aspects les plus attachants des vieilles cités d’Ouzbékistan : elles ont été bâties pour recevoir –les caravaniers, bien sûr, et les voyageurs d’aujourd’hui. Le repos de l’hôte est inscrit dans l’architecture et dans les mœurs. Alors, à son tour, on s’en va remonter le fil de soie de l’histoire. En commençant tout à l’est, à la source, dans la vallée de Ferghana.
De Tachkent, capitale-phénix, à Noukous, l’oasis soviétique Après les montagnes kirghizes, les caravaniers transitaient par ce cœur fertile pour rallier Tachkent et le reste de l’Ouzbékistan. Agriculture, élevage, arts anciens –broderies, ikats, céramique, bois sculpté– s’y transmettent et s’y exportent depuis la nuit des temps. Également quelques vestiges bouddhistes: tout autant que les marchandises, la Route de la soie a véhiculé les croyances. À Marguilan, on assiste au processus de fabrication de la noble fibre: élevage et étuvage des cocons, dévidage des fils de soie, confection sur les anciens métiers à tisser, dans un claquement de bois et d’engrenage.
Croisant des Lada et des Mercedes hors d’âge, on rejoint Tachkent par les routes de montagne. La capitale-phénix,
ressuscitée après un séisme majeur dans les années 1960, marque une certaine modernité centrasiatique. Son métro, premier moyen de transport souterrain d’Asie centrale (1977) et souvenir de l’esthétique soviétique, ne peut être photographié que depuis 2018. Sur la place Tamerlan, la statue du conquérant fait transition entre le Grand Hotel Uzbekistan et le tout récent palais des Forums. Sous la vaste soucoupe bleue du marché de Chorsu, profusion d’épices, de fruits et de nan, ces grandes galettes rondes et dorées scellées en leur centre d’un motif floral. Les stands étonnent par l’abondance, les couleurs et le bagout inaltérable des vendeurs.
Un battement d’aile est-ouest et l’on atteint Noukous, oasis soviétique érigée en 1932 au milieu de nulle part. Clinquants bureaux gouvernementaux, immeubles gris et carrés, terrains vagues inachevés: les avenues, larges et dépeuplées, semblent se dérouler à l’infini. Et là, improbable, le musée d’art d’État de la République du Karakalpakstan : une des plus belles collections de l’avantgarde russe. Dans ce musée d’Orsay des steppes, des milliers d’œuvres sauvées de la censure soviétique –l’Ermitage voudrait désormais les acquérir– explosant de liberté, rassemblées là par Igor Savitsky (en 1966) pour insu er leur énergie au petit peuple karakalpak asservi par lesRusses.
Khiva, ville-musée
On laisse dans le rétroviseur le mirage soviétique de Noukous pour faire route à travers le désert de Khorezm et les vestiges de sable des anciennes forteresses. Premier opus de la trilogie rêvée : Khiva, promotion Unesco 1990. Selon la légende, la ville-musée aurait été fondée par Sem, fils de Noé.
Arabesques et minarets turquoise, mausolées et palais, madrasas reconverties en ateliers d’artisans… Au détour des ruelles, on débouche sous la coupole d’un bazar ou au milieu des vestiges d’un caravansérail.
L’itchan kala (ville intérieure) enferme dans ses remparts crénelés uneaccumulation de chefs-d’œuvre des XVIIIe et XIXe siècles –palais baroques, harems, medersas, caravansérails et mosquées. Celle du Vendredi, vaste espace à toit plat soutenu par 218colonnes en bois sculpté, o re une pénombre apaisante. Dans l’émouvant mausolée du poète Pakhlavan Mahmoud, saint-patron de la ville, les pèlerins se font chanter des prières.
Les merveilles de Boukhara et de Samarcande
La route est longue jusqu’à Boukhara; lepaysage du Kyzyl Kum, “désert de sable rouge”, est plat, aride. La ville la plus sainte d’Asie centrale (promotion Unesco 1993) compte autant de mosquées qu’il y a de jours dans l’année, bâties sur plus de dixsiècles. Arabesques et minarets turquoise, mausolées et palais, madrasas reconverties en ateliers d’artisans. Cortège de tisserands, céramistes, miniaturistes et marchands d’épices. Au détour des ruelles, on débouche sous la coupole d’un bazar ou au milieu des vestiges d’un caravansérail. Dans les steppes environnantes, on s’adonne au bouzkachi, sport populaire et viril issu d’une tradition séculaire.
Dans un nuage de poussière, les cavaliers venus de tout le pays s’a rontent pour s’emparer d’une lourde carcasse de chèvre
qu’il leur faut déposer dans un “cercle de justice” tracé à la chaux. De cette joute équestre, on retiendra surtout le côté spectaculaire au moment d’embarquer à bord du train fendant la steppe vers Samarcande (promotion Unesco 2001).
Les bâtiments ondulent dans l’air chaud, petites maisons en torchis, sable et poussière tourbillonnant, brise qui amène les premières rumeurs de la ville. Un premier dôme turquoise, puis un deuxième… et l’époustouflante place du Régistan, ses trois immenses mosquées et medersas, mosaïques de faïence éblouissantes.
C’est sans doute cette image que l’on avait en tête avant de partir. Alors, on s’enivre du bleu des coupoles et de la dentelle des piliers et portes ciselées. Avant de marcher sur les pas de Tamerlan ou de flâner au gré des bazars et des chai-khoneh, ces maisons de thé couvertes de treilles chargées de grappes, un monde de fleurs et de feuillages. Marco Polo avait raison de rêver: l’Ouzbékistan tient toutes les promesses de voyage “grandissime”.
VOYAGEURS DU MONDE
La Route de la soie par le train, Samarcande dans les pas d’un habitant, ateliers cuisine et céramique, réservation de bonnes tables, d’un hammam… L’Ouzbékistan en grand !
In the mood
À Tachkent, la capitale, immersion immédiate au cœur du très animé Chorsu Bazaar. Avec notre Like a friend, vous ouvrez les portes d’adresses confidentielles, de lieux à la mode, vous goûtez une cuisine de rue relevée, sans chichis, puis quittez la ville pour prendre la Route de la soie. Le poids de l’histoire se fait sentir. D’une ville à l’autre, vous levez le voile sur une culture légendaire et vertigineusement riche. Samarcande apparaît tel un mirage de mosaïques éblouissantes et de mausolées grandioses. Paré de joyaux et de soieries dignes des Mille et Une Nuits, vous vous imprégnez de cette cité (aussi ancienne que Rome, Athènes ou Babylone), où les rues murmurent des mélodies envoûtantes et des contes enchantés. C’est presque à regret que vous poursuivez vers Boukhara, où vous séjournez dans un caravansérail. Ici, vous vivez des expériences locales uniques: un dîner sous les étoiles dans le désert de Kyzylkoum, une rencontre avec des artisans locaux qui perpétuent des savoirfaire ancestraux, et une visite privée d’une médersa encore active. Les monts Nuratau apparaissent au loin. Vous passez une nuit chez l’habitant, dans une maison traditionnelle, où l’accueil est chaleureux et les plats faits maison. Votre périple se termine à Khiva, dans un palais rénové. Au loin, l’ouest, le soleil couchant, lesminarets et les remparts baignés d’une lumière dorée.
PLACE TO BE
De la simplicité, du charme (beaucoup) et une room with a view garantie au Bibikhanum Hotel de Samarcande. À Khiva, vous optez pour l’Orient Star, ancienne école coranique datant du XIXe siècle. Lalangueur orientale, et ses délicieux ornements, est à expérimenter au très exotique Boutique Hotel Minzifa de Boukhara.
Le Kazakhstan
ALMATY — ASTANA — TURKESTAN
Avec la Mongolie, il desserre un peu l’étreinte des deux colosses que sont la Russie et la Chine. Grand pays, le Kazakhstan, en partie vide, attire les vents, les légendes et les voyageurs.
Parmi les villes chères à la nymphe Pomone, il y a New York et il y a Almaty. La première, on devine pourquoi (Pomone, pomum, pomme, apple, Big Apple). La seconde, on ne voit pas bien. Car on ignore qu’Almaty signifie “cité des pommes” et que toutes les apples cultivées, big or small, seraient issues d’une rosacée sauvage endémique du nord du Tian Shan, la chaîne de hautes montagnes d’Asie centrale. Et, que voit-on dominant dans l’air pur la grande ville kazakhe? Le pic Talgar, point culminant du Trans-Ili Alataou, partie septentrionale des montagnes du Ciel, Tian Shan des voisins chinois. Almaty dévoilera également sa cathédrale de bois de l’Ascension, son édifice néorusse du musée des instruments de musique, leMémorial de la gloire de la Seconde Guerre mondiale, ou ses meilleurs stands à samsa (chaussons) et à manti (ravioles). La ville a cédé son titre de capitale du Kazakhstan à Astana (littéralement “lacapitale”) en 1998. Cette dernière n’a rien de comparable au dôme d’or de la mosquée Nur-Astana, ni au cirque national, où se perpétue la grande tradition russe des acrobates et des clowns. Mais Almaty reste tout de même, à tous égards, la génératrice nationale. L’endroit où tout se passe, où tout se transforme. Témoin, le Swissôtel, qui a fait un chic
établissement wellness d’un ancien sanatorium soviétique. Deux époques du bien-être. Ou encore, le restaurant Auyl, dans la montagne, qui donne une interprétation esthétique et succulente de la culture nomade d’Asie centrale. Tout en tons naturels grège et gris (vrai ensorcellement un jour neigeux), et ingrédients totems: eau, farine, viande.
Tout cela ne doit pas faire oublier Turkestan, par exemple. Ahmed Yasavi, qui fut au XIIe siècle l’un des pères du soufisme turc, y est enterré. Son mausolée (commande de Tamerlan) est inscrit au patrimoine mondial. Les pèlerins vont nombreux vers le mieux conservé des grands édifices timourides. On voit également des bains médiévaux. Ou un autre mausolée certifié Unesco, celui de la bégum Rabia, fille d’Ulugh Beg, petit-fils de Tamerlan. Turkestan est l’une des capitales spirituelles du monde turc. Quant à la nature kazakhe, elle sait se montrer grande dame. Dans le parc national d’Ile-Alatau, on rencontre l’once, la légendaire panthère des neiges.
VOYAGEURS
DU MONDE
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Le Kirghizistan
BICHKEK — PARC NATIONAL CHON-KEMIN
LACS SONG-KOUL & ISSYK-KOUL
En ce pays de montagnes et de nomades, les voyageurs occidentaux se font rares. On y arpente pourtant des paysages illimités et on y découvre une culture tissée au fil des siècles sur l’ancienne Route de la soie.
Que vient-on chercher au Kirghizistan? C’est sans doute l’un des pays les moins connus au monde. On ne peut comparer ses villes, architecture soviétique et lignes droites, aux glorieuses cités de l’Ouzbékistan voisin, Samarcande ou Boukhara. Les amateurs de trekking lui préfèrent leTadjikistan, avec ses sommets qui culminent à plus de 7000 mètres d’altitude. Mais aucun autre pays d’Asie centrale ne peut rivaliser avec la démesure de ses paysages. Ses montagnes, ses milliers de lacs, ses centaines de rivières et ses dizaines de glaciers dessinent des paysages illimités.
Si on va au Kirghizistan, c’est aussi pour les Kirghizes. Leur culture nomade les rend particulièrement hospitaliers, et bien qu’ils vivent aujourd’hui une partie de l’année dans des habitations fixes, ils accueillent les étrangers aussi chaleureusement qu’à l’époque où ceux-là étaient leur seule ouverture au monde extérieur.
À peine sorti de Bichkek, la capitale, leregard est aimanté par les sommets enneigés et les corniches couchées sur le vide. Sous un ciel bleu limpide et implacable, la route s’enfonce dans les ravins et serpente sur les flancs de collines saturés de soleil, qui surplombent les steppes qui s’étendent à perte de vue.
On roule plusieurs heures à travers la montagne, en songeant aux caravanes de l’ancienne Route de la soie.
Bientôt, le lac Song-Koul se révèle, scintillant et cerclé de montagnes opalescentes. Sur la steppe, quelques yourtes regroupées par famille –c’est l’été, et comme chaque année, les éleveurs transhument
avec leurs troupeaux. Moutons, yaks et chevaux paissent l’herbe grasse sur les rives du lac.
Horizons et rencontres célestes
Un gamin vient au grand galop au-devant des voyageurs. Autour du campement, les femmes s’a airent, vêtues de robes aux motifs colorés; les vieux sont coi és du traditionnel chapeau en feutre blanc, le kalpak. La yourte est ouverte au visiteur. On partage le koumis, à base de lait de jument fermenté légèrement alcoolisé. Et une multitude d’assiettes sont disposées sur des tables basses: manty, samsa, plov, lagman, bechbarmark composent une cuisine familiale roborative, faite de viandes de bœuf et de mouton, de laitages, mêlées d’influences chinoise, turque et russe. Après un repas partagé, la nuit sous layourte de feutre de laine, ellemême sous un ciel blanc d’étoiles, posée à 3000mètres d’altitude, donne une sensation de bout du monde. Le lendemain, on chevauche avec nos hôtes à travers les prairies herbeuses. Robuste et docile, le cheval kirghiz sait mettre le cavalier débutant en confiance. Le Kirghizistan o re unhorizon et une rencontre. Ella Maillart, première femme occidentale à sillonner l’Asie centrale, et amoureuse des monts célestes du Kirghizistan, le disait : “Lire, c'est bien, mais il est mieux d'aller voir.”
VOYAGEURS DU MONDE
Visites personnalisées, rencontres locales, randonnées guidées : des quartiers de Bichkek à la vallée de la Suusamyr, nous restons à vos côtés.
In the mood
De larges allées bien rangées, du vert : Bichkek lance votre voyage par une grande inspiration. Vous déambulez entre les chênes centenaires et les statues de Oak Park, une habitante francophone vous ouvre les portes de ses quartiers favoris et de la vie locale. Vous découvrez les fantômes architecturaux de l’ère soviétique, et le visage d’une jeunesse kirghize à cinq millénaires des collections du State History Museum
Au Osh Bazaar, vous ne résistez pas plus au naan chaud qu’au chapeau de feutre blanc, comme s’il allait vous fondre dans le décor. Lorsque vous atteignez enfin les rives du lac Song-Koul, le feutre toujours, celui de votre yourte, vous protège de la fraîcheur des nuits cristallines. Perché sur votre monture, vous apprenez une nouvelle définition de l’horizon. Le terrain est propice à a ûter les sens, reconnaître en un coup d’œil l’ibis tibétain, la grue cendrée, l’aigle royal. Plus tard, sentir les serres se refermer sur votre gant de cuir, dans la plaine de Bokonbaevo, où vous recevez les rudiments d’une tradition de chasse ancestrale. Respirez encore, lors d’une randonnée entre les dentelles ocre du canyon de Skazka, e ort décuplé entre les cols de Kyzart et de Kilemche De retour à Bichkek, après l’effet relaxant d’un banya (version russe du sauna), séquence émotion à l’opéra Maldybayev, quand Le Lac des cygnes résonne avec les souvenirs du Song-Koul.
PLACE TO BE
Sur les rives du Song-Koul, dormir sous la yourte reste la plus belle des solutions…
Le Tadjikistan
DOUCHANBÉ — MONTS FAN — PAMIR — KHOROG
Les montagnes sont des conservatoires. Au Tadjikistan, ce sont 93% de creux et de bosses, dont les plus hautes passent les 7000mètres. C’est donc en toute logique que l’on touche ici à l’essence de l’Asie centrale.
Àla frontière avec le Kirghizistan, un argali nous toise. Ceseigneur des cimes aux cornes spiralées, en qui les montagnards d’origine iranienne que sont les Tadjiks voient un alter ego, est un véritable symbole. On devine aussi le pic Ismail Samani, ancien pic du Communisme, et le lac Karakul, formations majeures du nord-est du pays. Arrivé sur le plateau, on pense au Tibet. Autour d’un petit village, broutent des moutons à queue grasse. Sur l’une des maisons: “homestay”, l’hébergement principal au Tadjikistan, hors Douchanbé, la capitale, ou Khorog, celle du HautBadakhchan. Une chance, car les Tadjiks sont généreux dans l’accueil. En général, ils ne roulent pas sur l’or, mais savent ce à quoi oblige le dastarkhan, la table, quand on reçoit. Le plov, le pilaf d’Asie centrale, ne saurait manquer.
Le voyage peut se poursuivre vers lesudouest et Douchanbé. Pour l’essentiel, laville est une création de l’Union soviétique. Ne fuyez pas. Il y a de belles avenues et lemarché de Shohmansur, qui fait honneur à la tradition marchande des Tadjiks, commerçants et agriculteurs experts, avec ses fruits, légumes, pains, fromages, épices en pyramides multicolores… Le coton et l’aluminium ne su sent pas à circonscrire la capitale. Au nord-ouest, les monts Fan, sur lesquels la végétation met une barbe
généralement rase, est un domaine ouvert à la randonnée. Pour rallier les lacs Alauddin, Kulikalon, Chukurak, il faut de bons crapahuts, mais quelle atmosphère!
Le voyage peut aussi partir vers l’est et longer le Piandj, la rivière qui marque la frontière avec l’Afghanistan.
Le pittoresque austère de la route découvre les paysages à grand spectacle du Pamir, qui occupe de son énorme masse mouvementée l’est tadjik. Peu de circulation. Quelques camions. Des motards baroudeurs. Des cyclistes qui le sont plus encore. On passe par Khorog. Le samedi, les Afghans sont autorisés à venir vendre ici. Le marché afghan est un rendez-vous local. C’est dans les montagnes du Pamir qu’a été établi le plus grand parc national d’Asie centrale, le Parc national tadjik, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Il inclut des milieux très divers à la beauté exceptionnelle, qui permettent qu’on y trouve l’once, le markhor, la mouette du Tibet ou l’oie tigrée…
VOYAGEURS DU MONDE
Possibilité d’organiser ses étapes au jour le jour, assistance 24/24… : autant d’atouts pour se lancer à la découverte d’un pays comme le Tadjikistan.
L’ASIE CENTRALE EN TRAIN
Les chameaux jadis chargés d’acheminer les marchandises précieuses entre l’Asie et l’Europe ont cédé leur place aux rutilants wagons de l’Orient Silk Road Express, emportant les voyageurs en pays kazakh, kirghiz, tadjik et ouzbek.
Filant quinze jours durant sur 3200 kilomètres entre Almaty (au Kazakhstan) et Tachkent (en Ouzbékistan), l’Orient Silk Road Express suit le tracé de la légendaire Route de la soie. L’atout de cette drôle de caravane d’acier : l’assurance que le convoi vous attende dans chaque ville, le temps de mener à bien vos pérégrinations, afin de retrouver chaque soir votre nid et vos malles. Derrière des voitures tantôt émeraude tantôt grenat, la machine décline diverses options de confort. Les choses sérieuses prennent place dans les compartiments Calife, où l’espace duo privatif est prolongé par une salle d’eau avec véritable cabine de douche.
À ses heures de grande affluence, le convoi accueille 120passagers et, pour répondre aux besoins de ceux-ci, une trentaine de membres du personnel. Ce dernier est partagé entre Russes et Ouzbeks, à l’image de l’o re de restauration. Deux salles s’alignent ainsi sur des cuisines et des ambiances di érentes. Partout, toutefois, la même énergie contagieuse, les mêmes paysages brinquebalants: les serveurs se déclarent en souriant acrobates, compensant les secousses du train pour assurer un service sans accroc. Ou comment transformer une machine à vapeur en véritable palais roulant.
C’est à Almaty, au pied des montagnes du Ciel, que le départ est si é. Un présage de bon augure quant aux beautés qui marqueront le voyage. Déjà, le pic Talgar émerge sur fond de Tian Shan, la neige laissant entrevoir les strates sombres de la roche. Une visite de courtoisie à la cathédrale de l’Ascension et l’heure vient d’investir le carrosse sur rails. Alors que la nuit tombe, les passagers s’habituent déjà à être bercés. Et lorsqu’ils s’éveillent, c’est pour découvrir que le convoi a ralenti sur la rive nord du lac Issyk-Koul. La frontière avec le Kirghizistan a été franchie dans la nuit, sans crier gare.
Malgré la distance parcourue, les monts Tian surplombent ici aussi le panorama dans toute leur
majesté. Ils disparaissent quand vient l’heure de cheminer –en train toujours– vers la capitale kirghize, Bichkek. Pour compenser la rigidité de son plan en damier, direction le bazar, un joli maëlstrom de saveurs locales duquel se détachent les traditionnels chapeaux de feutre blanc.
Comme dans un rêve…
Lorsque la machine se remet en branle, elle ne quitte pas seulement Bichkek mais le Kirghizstan tout entier. Les jours suivants, les arrêts ouzbeks s’enchaînent comme dans un rêve: Tachkent et la médersa Koukeldach, les palais de Khudayar Khan de Kokand et Chakhrisabz. Et, bien sûr, Samarcande –inoubliable. Conquise par Alexandre le Grand et Gengis Khan, la cité plurimillénaire concentre encore tous les regards. Pour lui faire honneur, les passagers descendent du train pour séjourner quelques nuits en ville. De la mosquée au site archéologique, les visites s’étalent du petit matin jusque dans la nuit.
Le surlendemain, les voyageurs renouent gaiement avec leur quartier général sur rails. Un petit passage à Khiva, entre murs crénelés et portes imposantes, puis c’est la fuite vers Boukhara, seconde cité qui accueillera les nomades pour la nuit. La plus grande médersa d’Asie centrale n’a pas fini d’impressionner. Quant au spectacle de danses traditionnelles, il a des airs de songe. L’exploration de la ville doit se poursuivre le lendemain tant ses trésors sont riches. Puis, les passagers grimpent une dernière fois dans leur convoi spécial, direction Tachkent –au crépuscule de la journée et du voyage.
VOYAGEURS DU MONDE
Décrocher des billets pour un compartiment confortable, s’assurer des visites guidées en français dans les villes traversées : nos conseillers spécialisés se chargent d’organiser votre rail-trip.
La Mongolie
OULAN-BATOR — BAYANZAG — VALLÉE DE L’ORKHON
PARC NATIONAL KHUSTAIN NURUU
“Je n’ai pas écrit la moitié de ce que j’ai vu car je savais qu’on ne me croirait pas”, déclara Marco Polo, marchand vénitien attaché auprès de la cour du grand Khan Kubilaï. Des siècles plus tard, les Mongols préservent toujours la culture, fière et généreuse, qui l’avait inspiré.
Le héros rouge
Un périple en Mongolie s’amorce et s’achève presque toujours à Oulan-Bator. Îlot de modernité bercé d’influences soviétiques, la capitale concentre la moitié de la population du pays, soit 1,5 million d’habitants. Ici, point de deel ni de ger (respectivement tenue et habitat traditionnels), ce qui ne veut pas dire que l’on n’y est pas introduit à la culture mongole. Le Musée national peint un tableau exhaustif de l’histoire de la nation, des empires des steppes à la période communiste (Ulaanbaatar signifiant d’ailleurs “le héros rouge”). Dehors, un francophone tombé amoureux du Pays du Ciel Bleu vient à notre rencontre. Formé au chant diphonique et à la danse traditionnelle biyelgee, il pince les cordes de son morin khuur dans un état de quasi-transe au cours d’une démonstration passionnée. Le soir venu, place aux délicieux fumets d’un restaurant de fondue. Comme pour le reste de la gastronomie locale, des khuushuur (chaussons farcis) aux buuz (raviolis), la viande trouve une place de choix à table.
L’appel du désert
Il ne faut s’éloigner que de quelques kilomètres en dehors de la ville pour voir poindre les premiers gers sur l’immensité rase. Des habitants en deel s’en échappent, chapeau vissé sur la tête et ceinture
de soie fermement calée sous le ventre.
À travers la fenêtre du véhicule, ils disparaissent aussi vite qu’ils sont venus, comme convoqués par une vision chamanique. Le van file vers le sud; direction le désert de Gobi. Sur la route, les formations granitiques de Baga gazriin chuluu o rent un premier aperçu des prouesse naturelles de la région.
Un coucher de soleil incandescent allume le ciel tandis que le van ralentit au premier campement. Pour l’heure, celui-ci se limite à une vaste étendue herbeuse. Les invités sont sollicités pour édifier de zéro le nid, un ger traditionnel, en commençant par laporte! Les gestes sont hésitants mais, en moins de temps qu’il n’en faut pour dire GengisKhan, voilà lademeure montée. Et parce que “nomade” ne veut pas dire “sommaire”, les meubles et piliers sont ornés de délicats motifs colorés. Dehors, au coin du feu, l’airag, le lait de jument fermenté, se sirote en compagnie des hôtes en guise de récompense. Lorsque l’aube s’annonce, cap sur les falaises enflammées (Flaming Cli s) de Bayanzag. C’est ici que, outre des ossements, les premiers œufs de dinosaure furent mis au jour au XXe siècle, bousculant plusieurs décennies de certitude. De tels trésors se cachent-ils plus loin sous les dunes de Khongor?
Du Transsibérien au Transmongolien
De Moscou à Pékin, le Transsibérien chemine sur la plus longue voie ferrée du monde. On y embarque avec ses bagages mais aussi ses rêves et ses attentes aux côtés des locaux, partageant le temps de voyage entre contemplation des paysages et parties de cartes endiablées avec les voisins. C’est aux environs d’Oulan-Oudé que le convoi prend le nom de Transmongolien. Exit lac Baïkal et forêts russes : la steppe mongole s’étend, aussi majestueuse et infinie que le ciel. S’engouffrant dans le pays par le nord, le train permet d’être introduit au territoire autrement que par la capitale. Lorsque la machine ralentit en gare d’Oulan-Bator, on a ainsi déjà aperçu ce qui fait la Mongolie dans l’esprit du voyageur : une plaine piquée de troupeaux et de gers, des cavaliers montés sur des chevaux lancés à vive allure… Les curieux descendent tout de même sur le quai pour ne remonter que quelques jours plus tard, le temps d’inspecter plus avant le pays. La locomotive, elle, poursuit sa course jusqu’à Pékin, saluant de loin le désert de Gobi. En chemin, arrêt technique pour changer les essieux, l’écartement de rails étant différent en Chine – un ajustement parmi d’autres avant d’aborder l’empire du Milieu.
Déployées sur 900 kilomètres carrés, lespyramides de sable se rejoignent à dos de chameau, une bosse solidement ancrée dans le dos et l’autre entre les mains, à la manière des anciens voyageurs. Deux pas en avant, un pas en arrière : descendu de la monture, l’ascension est rude et lente mais à la hauteur de la récompense au sommet –une vision de premier matin du monde. Mêmes nuances ocre le lendemain à l’approche des formations de Tsagaan Suvarga. De loin, les falaises sculptées par le vent imitent une cité perdue. De près, le soleil révèle la supercherie ainsi que des dégradés de couleurs insoupçonnés.
À l’ouest dans la vallée
D’un monde à l’autre, la vallée de l’Orkhon transporte les visiteurs au cœur d’un relief vert ondulant, faveur de la rivière éponyme. Un environnement riche qui a séduit plus d’un peuple, à l’image de Gengis Khan qui, au XIIIe siècle, installa ici le centre de son empire, Karakorum. Nomadisme oblige, de cet important campement ne demeurent aujourd’hui que deux tortues de pierre noyées dans la plaine; il faut se rendre au musée de la ville pour reconstituer l’histoire. Plus impressionnant, le monastère d’Erdene Zuu conserve trois temples dans son enceinte où s’a aire une foule de moines à la formidable coi e safran, témoignage de l’influence du bouddhisme tibétain de ce côté des frontières.
À quelques mètres, le Centre des arts et de la calligraphie Erdenesiin Khuree propose, lui, une initiation au bitchig mongol. Le script traditionnel du pays, éclipsé une partie du XXe siècle par l’alphabet cyrillique, s’évertue à retrouver ses lettres de noblesse.
Place aux jeux
Le retour vers la capitale ne se fait pas sans quelques arrêts, dont l’un au parc national Khustain Nuruu. Distingué par l’Unesco, c’est ici que fut réintroduit le fameux cheval de Przewalski (takh), une monture trapue à la crinière aussi rase que la steppe. Après une pause pour admirer un troupeau de yaks broutant d’un air revêche, l’heure sonne du retour à la vie urbaine. Entourée de sommets et de rivières, la capitale permet de renouer avec quelques plaisirs coupables: immeubles en dur, sanitaires modernes, cuisine internationale. L’annonce du lancement des festivités de Naadam rappelle toutefois bien vite le voyageur en dehors d’Oulan-Bator.
Chaque année, aux quatre coins du pays, ce festival voit s’a ronter des Mongols déterminés au cours de quatre disciplines sportives qui forment l’identité nationale: tir à l’arc, lutte, équitation et… osselets!
Au fil de l’été, une myriade de jeux point avec, selon les localités, quelques variantes dans les épreuves. Dans le Bayan-Ölgii, à l’extrême ouest du pays, c’est début octobre que les Mongols kazakhs mettent la chasse à l’aigle sur le devant de la scène. Il tarde de faire la rencontre de ce peuple intrigant, emmitouflé dans de lourds costumes de peaux. Toutefois, pour la prochaine virée mongole, rendez-vous a déjà été pris avec un chamane du côté du lac Khövsgöl, au cœur du nord et de l’hiver.
VOYAGEURS DU MONDE
S’initier au tir à l’arc, parcourir le pays à cheval, rencontrer une famille nomade : épaulés par un concierge francophone sur place, nos conseillers spécialistes dessinent votre périple mongol sur mesure.
In the mood
Dès l’arrivée, Oulan-Bator donne la(dé)mesure du pays. Au monastère Gandan, épicentre du bouddhisme mongol, le petit dernier s’arrête bouche bée au pied de la statue dorée d’Avalokiteshvara, 26 mètres de haut ! L’aînée est plus impressionnée par le rooftop de la Blue Sky Tower surplombant Sukhbaatar Square que par la statue de Gengis Khan qui trône en son milieu. Les sixétages du récent musée au nom du héros national, dédié à l’histoire du pays, mettent toute la famille d’accord: et si on devenait nomades ?
Cap sur le petit Gobi. Votre initiation débute par son élément central: la yourte. Comprendre les matériaux, la fabrication du feutre, les techniques de montage, ainsi que la spiritualité qui imprègne ce cocon. À dos de chameau de Bactriane, ou à vélo, vous défiez l’immensité. E orts bien récompensés lors de votre halte chez une famille, de quatre elle aussi. Vous dégustez le khorkhog, fameux barbecue local, et apprenez de nouveaux gestes: traire les animaux, jouer aux osselets… Finalement, vous reprenez votre monture pour rabattre le troupeau de yacks et chercher les pétroglyphes dans la steppe, comme dans un immense jeu de piste. Les sourires sont fiers, les paysages invitent à l’humilité. Vous reviendrez en hiver, les enfants auront grandi, pour a ronter le froid mordant, filer en traîneau à cheval, et maîtriser la pêche sous glace du saumon de Sibérie. Alors, dans la brume blanche, s’évanouira l’idée d’un retour à la civilisation.
PLACE TO BE
Nuits sous la yourte et les étoiles, intérieurs feutrés, chaleur du poêle et draps de satin: l’expérience se vit au Sweet Gobi Geolodge ou à l’Ursa Major Geolodge.
DE LA FOI SUR LA ROUTE
Portés par une volonté farouche de justice, champions de l’engagement –sportif, militant–, défenseurs des libertés –par les arts ou la politique–, ces femmes et hommes d’Asie Mineure, centrale, de Chine, de Taïwan et du Tibet, sont des héros des temps modernes. L’un d’eux est tombé pour la France.
Golshifteh Farahani (Iran, 1983)
Ce fut d’abord le piano, puis le théâtre et le 7e art. Premier rôle en 1997 (Le Poirier), elle est en 2008 aux côtés de Leo DiCaprio dans Mensonges d’État. Le film marque le début de son exil (pour avoir joué et fait la promotion sans voile). Avec 17 millions d’abonnés sur Instagram, l’actrice engagée est un modèle et un espoir pour beaucoup.
Tchinguiz Aïtmatov (Kirghizistan, 1928-2008)
Humaniste et visionnaire, il écrit sur le climat, la perte des traditions et le féminisme avant l’heure. Correspondant pour le journal Pravda, il se fait publier dès 1952, et reste encore à ce jour l’écrivain soviétique le plus décoré, avec trois prix d’État, dont le prix Lénine.
Missak Manouchian (Arménie, 1906-1944)
Orphelin à 10 ans, il émigre à Marseille en 1924. Entre deux petits métiers, il écrit des poèmes, sa passion. Puis s’engage dès les années 1930 dans diverses actions militantes, avant d’entrer dans la Résistance française. Fusillé en 1944, il faudra attendre quatre-vingts ans avant qu’il soit accueilli au Panthéon, avec son épouse.
Ekaterina Voronina (Ouzbékistan, 1992) Elle porte le nom du rôle-titre d’un film soviétique dramatique sorti en 1957. Mais cette Ekaterina-là est d’un tout autre gabarit. Spécialiste des épreuves combinées (hepta et pentathlon), l’athlète remporte deux médailles d’or aux Championnats d’Asie en 2023 et participe aux JO de Paris 2024.
Asli Erdogan (Turquie, 1967)
Physicienne de formation (elle a travaillé au Centre européen de recherches nucléaires de Genève), c’est en tant que romancière, journaliste et militante pour les droits humains qu’elle se fait connaître du grand public. Opposante au régime turc actuel, elle vit entre l’Allemagne, l’Italie et la France.
Mstislav Rostropovitch (Azerbaïdjan, 1927-2007)
Il est le musicien azéri le plus connu au monde. Violoncelliste et chef d’orchestre hors pair, il marque les esprits en improvisant, deux jours après la chute du Mur (1989), les Suites de Bach au Checkpoint Charlie, entre RDA et RFA.
Alexandre Vinokourov (Kazakhstan, 1973)
Cycliste célèbre pour ses victoires sur le Tour de France et sa médaille d’or aux JO de 2012, il est désormais manager de l’équipe kazakhe Astana, dont le coureur star Mark Cavendish s’est fait rapidement remarquer en remportant la 5e étape du Tour 2024.
Demna Gvasalia (Géorgie, 1981)
Il pioche dans les codes de la contre-culture et crée des collections couture disruptives que les fashionistas s’arrachent. Le DA de Balenciaga est l’un des stylistes les plus adulés du monde de la mode. Son esprit visionnaire et sa maîtrise des techniques font le reste.
The Hu (Mongolie, 2016)
Après The Who, The Hu (hu signifie “humain” en mongol) ! Sur scène, un style “cavaliers de Gengis Khan”, un son metal, des instruments folkloriques (morin khuur à cordes, flûte tsuur…).
Le groupe écume régulièrement les festivals rock mondiaux – son passage à Glastonbury, en 2023, a d’ailleurs donné lieu à un album live.
Tencho Gyatso (Tibet, 1966)
Elle a la politique et le militantisme dans le sang. Sur les pas de sa mère, Jetsun Pema, sœur du 14e dalaï-lama et première femme ministre élue du gouvernement tibétain en exil en 1990, elle est depuis 2023 la présidente de l’ONG Campagne internationale pour le Tibet.
Kris Yao (Taïwan, 1951)
On peut le “croiser” au Musée national du palais (branche sud), au musée de Lanyang, à la gare THSR de Changhua… L’esthétique de l’architecte est en e et très présente à Taïwan. Ses diverses contributions lui ont d’ailleurs valu de recevoir en 2014 le titre de membre honoraire de l’American Institute of Architects.
Ai Weiwei (Chine, 1957)
L’insoumis, c’est lui ! Mais chez lui, la provocation n’est jamais gratuite. Artiste total (plasticien, peintre, photographe, bâtisseur, cinéaste, sculpteur, performeur, mais aussi blogueur), il se sert de l’art pour lutter contre toute forme d’oppression.
La Chine
PÉKIN — SHANGHAI — LONGJI — PING’AN — YANGSHUO
JIUXIAN — XI’AN — JIAYUGUAN — DUNHUANG
DÉSERT DU TAKLAMAKAN — GAOCHANG — TOURFAN
KACHGAR
Dans l’ombre de la Chine que l’on croit connaître, se cache un pays composite fait de déserts, d’épices, de pagodes, de mosquées, de sommets et de cavernes. Une Chine de villes tentaculaires, créative et contestataire.
Une Chine de rizières où l’on gagne petit, une Chine de demain où l’on rêve en grand.
Pékin et le nord-est
Depuis le parc Jingshan, Pékin s’étire à perte de vue. Au premier plan, les toits recourbés de la Cité interdite. Soixante-quatorze hectares de temples et de jardins témoignant avec emphase de la vie sous les dynasties Ming et Qing. À leur porte, le portrait de Mao, la place Tian’anmen et l’ancienne université franco-chinoise reconvertie en résidence d’artistes. Beijing, “capitale du Nord”, concentre toujours les principaux dispositifs de pouvoir du pays. Et certains de ses plus beaux contrastes. Dans le quartier historique de Xicheng (résultat de la fusion des anciens districts de Xicheng et de Xuanwu), letemple du Ciel (1420), quintessence de l’architecture chinoise, recevait autrefois les empereurs venus prier pour une bonne récolte.
La Terre, carrée, y soutient le Ciel, rond et couronné de tuiles bleus. Tout cela tient sans un clou –une prouesse. Autour, les seniors pratiquent chaque jour tai-chi et diabolo, chorégraphie circassienne matinale sur fond de pins et de rosiers. Le labyrinthe de hutong, venelles étriquées du vieux Pékin, sert aussi de théâtre à la vie quotidienne. C’est là qu’on infuse le hongcha, qu’on modèle l’argile, qu’on laque le canard… Comme avant. Pourtant, le Pékin millénaire a fait de la place, promoteurs aidant, à la mégalopole du futur.
Art contemporain et créativité semblent s’infiltrer partout. Musiciens et designers ont investi le hutong bobo de Fongjia, près du temple de Confucius, et le branché Sanlitun. Près du temple du Soleil, le Parkview Green, figure de proue triangulaire de l’architecture écolo, et le Galaxy SOHO, complexe futuriste tout en courbes, réunissent art, shopping chic et gastronomie. Le Centre national des arts du spectacle, signé Paul Andreu, semble flotter sur l’eau,
opposant sa silhouette ovoïde à la rigueur communiste du mausolée de Mao.
Les cerfs-volants flottent aussi, toujours nombreux, au-dessus du parc Ritan voisin.
Ou l’art de brouiller la ligne du temps. Emblème de puissance et de richesse, Pékin fut de tout temps la cité à abattre –et à protéger. Serpent crénelé ondulant de crête en crête à travers une épaisse forêt, la Grande Muraille passe à 70kilomètres au nord-ouest de la capitale. La section de Mutianyu, l’une des mieux conservées, fut reconstruite au XVIe siècle par ladynastie Qi du Nord et donne depuis dans la carte postale.
Au nord du Wutaishan, montagne sacrée du bouddhisme, on accède à la région de Datong et à un autre pan architectural et culturel du pays, où les prouesses s’accomplissent aussi au nom de Bouddha. Maisons troglodytiques, Monastère suspendu, temple Huayan et grottes de Yungang –252 cavernes où s’exprime le fleuron de l’art rupestre du Ve siècle. Dans le centre de la Chine, province du Shaanxi, Xi’an, derrières ses remparts Ming, ne laisse pas soupçonner son ouverture ancestrale aux communautés étrangères. Pourtant, la grande mosquée, modèle de fusion sino-islamique, accueille depuis treizesiècles les prières musulmanes, au point de départ de la Route de la soie. À l’ouest de la ville est postée l’une des plus célèbres armées au monde: celle de l’empereur Qin Shi Huangdi. Des milliers de soldats de terre cuite grandeur nature gardant la tombe de leur souverain pour l’éternité.
Shanghai et le sud-est
Au bord de la mer de Chine, il y a toujours du nouveau à Shanghai, ville entre les mondes, cité de la démesure, laborieuse et cultivée. Un terrain fertile où buildings et projets fous poussent avec frénésie.
À bord de radeaux traditionnels, on navigue au fil de la rivière Yulong jusqu’à Jiuxian, village millénaire dont les maisons fortifiées datent de la dynastie Tang.
À Pudong, à l’est du fleuve Huangpu, on se tord le cou pour apercevoir le sommet de la Shanghai Tower (632mètres), du World Finance Center et de l’Oriental Pearl Tower. Sur l’autre rive, on se serre dans le quartier historique de Puxi, marqué par les anciennes concessions étrangères. C’est ici que le Tout-Paris d’Orient vécut ses Années folles. L’ancien village de pêcheurs customisé à la sauce Art déco, du Cercle sportif français de Maoming Road aux dancings de Da Shijie. Aujourd’hui, les portefeuilles frémissent devant les vitrines de luxe de NanjingLu, Champs-Élysées made in China.
L’austère parenthèse communiste refermée, Shanghai a rouvert ses bras au monde dans les années 1990. Architectes et designers inspirés ont redessiné, transformé, adapté.
Ainsi, l’ancien abattoir du building “1933”, emblématique monument Art déco, est-il devenu un centre culturel, l’ancien commissariat du Jingan District un temple du design, et les entrepôts textiles de Moganshan Lu une e ervescente galerie d’art. L’Occident n’a plus la mainmise sur Shanghai et tandis que la ville file la métaphore Hai Pai –style fusionnant Orient et Occident– la culture chinoise d’hier et de demain est omniprésente. Boutiques d’artisanat de Tian Zi Fang, maisons de thé, assiettes de xiaolongbao fumants (raviolis)… Le soir, on se donne rendez-vous le long du Bund, promenade fluviale à l’éclectisme esthétique où s’entremêlent des façades gothiques, baroques et néo-classiques, derrière lesquelles palaces, tables étoilées et maisons de couture ont élu domicile.
En face, la ville nouvelle les observe, scintillante, depuis ses rooftops branchés.
Autour du Yunnan À l’écart des mégalopoles, on rencontre dans la région centrale de Guangxi une Chine de toute beauté, moins cosmopolite, désormais reliée par le train à grande vitesse. À Longji et Ping’An, les communautés Zhuang et Yao ont accroché à la montagne leurs rizières en terrasses il y a plusieurs siècles. Brumes mystiques et reflets irisés du ciel dans l’eau, le spectacle du lever du soleil est saisissant. Dans les hameaux, une autre représentation se joue chaque jour –femmes lavant le linge, paysans travaillant dans les rizières, enfants joueurs. Autour de Yangshuo, les champs filent en ligne droite jusqu’à des pains de sucre karstiques et des cours d’eau –le cadre a inspiré maints poètes et peintres chinois. À bord de radeaux traditionnels, on navigue au fil de la rivière Yulong jusqu’à Jiuxian, village millénaire dont les maisons fortifiées datent de la dynastie Tang.
Des déserts et des montagnes
La Grande Muraille s’est arrêtée au fort de Jiayuguan, aux portes du désert de Gobi. Là où, au temps des caravaniers, finissait la Chine. Plus à l’ouest, le parc de Zhangye Danxia a peint un tableau géologique déroutant: l’œil nu y voit des montagnes rouges, orange, jaunes, parfois vertes et bleues. Plus loin, le vent fait chanter les dunes de sable du mont Mingsha jusqu’à l’oasis de Dunhuang.
Chaque dimanche se tient le grand bazar de Kachgar, où résonnent des accents
kazakhs, kirghizs et pakistanais alors qu’épices, fruits, vêtements et bétail font l’objet d’âpres négociations.
On pénètre dans le désert du Taklamakan, longtemps surnommé “mer de la mort” par les Ouïghours. Désormais, on peut sans risquer sa vie admirer les merveilleuses teintes dorées des dunes et des plaines argileuses. Longtemps englouties par l’océan de sable, de mystérieuses cités ouïghoures refont peu à peu surface, à l’instar de Gaochang (Ier siècle avant J.-C.), dont les ruines fascinantes révèlent la prospérité passée. À l’abri de son oasis où s’épanouit la vigne, Tourfan n’a, elle, jamais disparu. De tout temps, elle fut traversée par les hommes, les marchandises, les croyances –comme en témoigne son minaret.
À l’endroit le plus chaud de Chine, le bouddhisme aussi a creusé le sable. Et au fond des grottes de Bezeklik (XVe-XIVe siècles), de formidables peintures murales racontent les conflits religieux ayant agité la région.
De dune en dune, on parvient à Kachgar, fief de l’âme ouïghoure où convergeaient les tracés sud et nord de la Route de la soie. À la croisée du Taklamakan et des montagnes du Tian Shan, on troquait ici chameau contre yak, le négoce allait bon train. Chaque dimanche se tient toujours le grand bazar de Kachgar, plus grand marché d’Asie centrale,
“modernisé” par Pékin. Si le cadre s’est lissé, le va-et-vient spectaculaire de corbeilles odorantes, rouleaux de soie colorés et charrettes chargées de pastèques est, lui, inchangé. Dans les ruelles résonnent des accents kazakhs, kirghizs et pakistanais alors qu’épices, fruits, vêtements et bétail font l’objet d’âpres négociations. Cela sent le cumin et l’agneau rôti. Centre névralgique de la ville, la mosquée Id Kah peut accueillir jusqu’à dix mille fidèles. Istanbul semble bien plus proche que Pékin. À proximité de la frontière kirghize se dessine, enfin, la limite occidentale du territoire chinois. Là, le lac Karakul creuse le plateau du Pamir de ses eaux obscures. Miroir esseulé dans lequel se reflètent collines arides et neiges éternelles. Des paysages grandioses et mélancoliques ne pouvant appartenir à aucun temps et à aucun pays.
VOYAGEURS DU MONDE
Pékin en pousse-pousse, une table panoramique à Shanghai, rencontrer une cheffe, un architecte, un moine bouddhiste, un maître du thé, s’initier à la calligraphie et à la céramique : la Chine comme vous ne l’avez jamais imaginée.
Rizières en terrasses de Yuanyang (Yunnan, ci-dessus), montagnes karstiques du parc national de Zhangjiajie (Hunan) ou montagnes arc-en-ciel dans celui de Zhangye Danxia (Gansu), la Chine surprend par la diversité de ses paysages.
Le goût du voyage
Un train pour les Montagnes jaunes
Les célèbres Huangshan (Montagnes jaunes) sont facilement accessibles en train (ou en voiture) depuis Shanghai. Inspiration des poètes et des peintres chinois, elles mettent aussi sur la voie des authentiques villages du Huizhou, protégés par l’Unesco : Xidi, Chengkan, Tangyue… Un vrai voyage dans le temps, et l’histoire des dynasties Ming et Qing.
Les rizières en terrasses de Yuanyang
Cela fait plus de mille ans que les paysansHani et Yi ont aménagé ces terrasses de culture situées au sud du Yunnan. Sinuosité des tracés, miroitement des eaux, palette chromatique changeante selon les saisons (du vert tendre au jaune intense), on est ici en présence d’une œuvre digne de grands maîtres… paysagistes.
Randonner aux gorges du Saut du Tigre
Long d’un peu plus de 16 kilomètres, le canyon des gorges du Saut du Tigre, sur le fleuve Yangzi, se trouve de part et d’autre des sommets du Yulong Xue Shan (“mont enneigé du Dragon de jade”, dans la province du Yunnan, 5 596 m) et du Haba Xue Shan (5 396 m).
Un trek simple mais exigeant à planifier avec votre conseiller Voyageurs du Monde.
En immersion dans la culture tibétaine
La Shangri-La chinoise, à 3 200 mètres d’altitude, donne un avant-goût du Tibet. Le monastère Songzanlin (Ganden Sumtseling en tibétain), connu comme le “Petit Potala” et fondé au XVIIe siècle, pose le cadre. Celui, époustouflant, des vallées, montagnes et hameaux de grandes maisons aux murs blancs, fait le reste.
Galland
Jérôme
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In the mood
À Pékin, laissez-vous porter par les ruelles sinueuses des hutong, puis imprégnez-vous de la sérénité locale en dégustant un thé noir à l’ombre d’un érable. Explorez la majestueuse Cité interdite avant de vous perdre dans le 798 Art District, où l’art contemporain réinvente une ancienne friche industrielle. À Pingyao, remontez le temps en foulant les remparts médiévaux, et laissez l’histoire de la Chine se dévoiler sous vos yeux. À Xi’an, émerveillez-vous devant les légendes des trésors archéologiques en compagnie de vos enfants. Shanghai vous propulse vers l’avenir avec son éclat moderne, tandis que Suzhou, ancienne capitale du royaume Wu, vous envoûte par ses jardins élégants et ses canaux. Le Yunnan, quant à lui, vous invite à une aventure unique. Ici, vous vous initiez aux vertus des plantes et aux pouvoirs millénaires de la médecine chinoise. À Hong Kong, vous chinez des étoffes, des pièces de soierie délicates, des meubles en bois laqué. Le soir, vous déambulez au milieu des gratte-ciels, goûtez à la street-food locale, dégustez un cocktail épicé dans une maison coloniale sombre et enfumée, et allez vous coucher face à la baie…
PLACE TO BE
À Shanghai, le Middle House réinvente la tradition chinoise avec élégance, tandis que L’Éclat, àPékin, se distingue par son design audacieux. Le Tulu Lodge, maison tibétaine traditionnelle, o re une retraite bucolique près de Benzilan. Au pied des monts Qingcheng, le Six Senses donne une version contemporaine de la grande demeure chinoise. Cours, galeries, pavillons, rotondes, intérieurs justes et précis, d’un luxe retenu.
Hong Kong
SAI KUNG — TAI LONG WAN
Excessive, scintillante, gourmande, fashion, irréductible… HongKong entretient notre imaginaire, sabaie –incomparable–, et une société en ébullition permanente.
L’Eastmancolor des Tribulations d’un Chinois en Chine (film de Philippe de Broca, 1966), a, plus que son humour potache, contribué à inscrire l’exotisme de Hong Kong sur nos rétines. Il est possible de mesurer sur cette base Kodak le chemin parcouru, et par le territoire et par nous. Quoi que l’on puisse penser des événements qui ont suivi la rétrocession de 1997 ou de l’érosion du mot d’ordre “un pays deux systèmes”, le pic Victoria (Peak) reste une citadelle de notre imaginaire chinois. Aujourd’hui, turbulente sous les froncements de sourcils de Pékin, la baie entretient sa légende et ses taxi-ferries.
On y va parce qu’on a toujours eu envie d’y aller. Et on n’est pas déçu. Car Hong Kong est sans restriction ce qu’on l’imagine être désormais: une forêt de gratte-ciel miroitant au pied du Peak, une place financière, le paradis de la fusion food, un haut lieu du commerce de l’art contemporain, une ruche postmoderne, le meilleur endroit au monde pour manger des dim sum et la terre d’adoption de Tsui Hark et de Wong Kar-wai. Pourtant, c’est aussi, on y pense moins, le littoral escarpé du parc naturel de SaiKung, dans les Nouveaux Territoires: villages hakka, bulbul de Chine (oiseau familier à Hong Kong, aux tempes
blanches) et belle plage sereine de Tai Long Wan; les parcs de Shek O et TaiTam (où les runners trouvent à galoper spectaculairement).
Hong Kong est unepochette surprise inépuisable, dont on tire sans fin une énergie pure. C’est l’un de ces endroits où l’on peut toujours retourner, à l’appel de la modernité de la modernité, ou à la recherche du siumai ultime. Ces bouchées/raviolis (au poisson à HK) étant partout, il y a de quoi s’employer. Et quel plaisir de se laisser blu er par son hôtel, de contempler le soir le semis électrique sur le bleu roi de la baie. On opte à cette fin pour le Grand Stanford. Ou pour le Shangri-La, à deux pas de Nathan Road, méga shopping à la clé. Et quelles tables ici et là! Hong Kong a pour le glamour gastronomique une passion extrême. Tout est moderne ici, la tradition comme le reste. Ainsi, l’opéra cantonais est-il l’une des formes les plus syncrétiques de l’opéra classique chinois. Voyez cela au Yau Ma Tei Theatre.
VOYAGEURS DU MONDE
Vous êtes plutôt foody, arty, archi, les trois ? Nos relais francophones, conciergerie et Like a friend, font de HK votre plus beau terrain de jeux.
Taïwan
TAIPEI — TAINAN — KAOHSIUNG
PRESQU’ÎLE DE HENGCHUN — ALISHAN
La
Belle Île est une île discrète, un point de passage
séculaire. Bienheureux sont
les voyageurs qui choisissent de s’y attarder, découvrant derrière une créativité tous azimuts une terre surprenante de nature, d’hospitalité et de gastronomie.
Le gage de qualité du made in Taiwan et la suprématie high-tech de la République de Chine – appellation o cielle de l’île de Taïwan – ont fait le tour du globe. Après les puces électroniques et les écrans plats dernière génération, après aussi le coup de projecteur porté par le titre de Capitale mondiale du design en 2016, c’est au tour de l’industrie du vélo de tirer son épingle du jeu. Tous les ans en mars, la capitale brille à l’occasion du Taipei Cycle Show, un salon hors normes qui réunit producteurs et passionnés du monde entier. Le cycle a la cote et l’île-dragon l’a compris. Parmi les dernières initiatives gouvernementales, la réalisation d’un réseau de quelque 4 000 kilomètres de pistes cyclables a ouvert la voie aux cyclotouristes – l’une d’entre elles permettant même de faire le tour de l’île en une dizaine de jours. Comme avant nous les marins portugais, les colons hollandais, l’empire japonais et les nationalistes chinois, on fait d’abord
escale à Taipei. Loin du schéma urbain classique, le labyrinthe de la mégalopole taïwanaise – dominé par l’imposante tour Taipei 101, pour 101 étages – transporte le visiteur dans une joyeuse cacophonie culturelle, flottant entre charme suranné et univers de manga, maisons de thé et cafés-librairies cosy, échoppes d’herbes médicinales et galeries d’art. Prenez Dadaocheng, véritable plongée historique à travers les façades baroques, les églises et les temples traditionnels chinois. On navigue depuis le vieux port – où les cargaisons de sucre, de riz et surtout de thé étaient embarquées à destination de l’Europe et des États-Unis –, avant de rejoindre le MoCA, musée d’Art contemporain de Taipei. Puis, direction le Huashan 1914 Creative Park, dans le district de Zhongzheng, un entrepôt vinicole centenaire reconverti en résidence artistique, avant une soirée au Ningxia Night Market.
Ode à la cuisine taïwanaise
Sur les étals du plus ancien marché de nuit de la ville s’entrechoquent les fumets des soupes de nouilles, des petits pains au porc piquant, des rouleaux de crevettes et autres dim sum. Délices avalés sur le pouce, ode à la cuisine de Taïwan qui semble avoir inventé le concept de street food. De cuisine, il en est aussi question à Tainan. À deux heures de train à peine, l’ex-capitale s’érige en gardienne de l’histoire et de la gastronomie taïwanaises. L’ancien avant-poste, le fort hollandais, la TreeHouse –enchevêtrement spectaculaire de racines de banyans envahissant les ruines d’un ancien entrepôt– sont de ces curiosités qui marquent. De la plus petite échoppe à la table en vue, en passant par les halles aux poissons, partout, Tainan régale. Un peu plus au sud, même son de cloche à Kaohsiung, la deuxième ville taïwanaise. Derrière son allure ultramoderne, le plus grand port du pays cache aussi une scène artistique florissante tout en musées, galeries et street art coloré.
Une nature enivrante
Aussi magnétiques et inspirantes soient ses villes, Taïwan est aussi nature. Très nature, même. Recouverte à 70% de végétation, l’île renferme en son centre une chaîne de montagnes dont les sommets frôlent les 4000mètres d’altitude, mais aussi des plantations de thé, des réseaux de grottes et cascades, des plages
de carte postale Pacifique. La biodiversité s’y épanouit, aussi riche qu’étonnante, des papillons endémiques aux oiseaux par centaines, en passant par les poissons tropicaux et les tortues venues pondre sur le sable.
Sur ce territoire à peine plus grand que la région Paca, pas moins de neufparcs nationaux ont été institués. En tête d’a che, celui de Kenting couvre la pointe sud de la presqu’île de Hengchun (la “paix éternelle”) et cumule les paysages comme les écosystèmes –c’est là que vivent les macaques de Formose, les seuls singes de Taïwan. En remontant vers le cœur de l’île, les sommets émergent au-dessus d’une mer de nuages.
Les arômes enivrants des plantations de thé et de café de la région d’Alishan cèdent la place à quelques vignobles –une curiosité dans cette zone au climat subtropical. Alors apparaît le poétique Sun Moon Lake, refuge prisé des Taïwanais qui viennent s’y ressourcer, pédaler, méditer. En savourant la magie suspendue d’un lever de soleil embrumé sur le lac, on se dit que, décidément, l’ancienne Formose mérite allégrement lenom donné par les premiers marins portugais: “Ilha Formosa”, la Belle Île.
VOYAGEURS DU MONDE
Dérouler un Taipei arty dans les pas d’un local, pédaler de Guandu à Tamsui, explorer la street-food de Tainan : un voyage 100 % personnalisé selon vos goûts.
In the mood
Trente ans après le savoureux film d’Ang Lee, Salé sucré –hommage du réalisateur hollywoodien à son île natale–, Taïwan s’est imposée comme la nouvelle destination foodies d’Asie. Outre les hautes sphères du Mume (aux influences nordiques) ou du Raw d’André Chiang, c’est surtout par sa cuisine de rue que brille lacapitale Taipei. À toute heure, notamment sur le marché nocturne de Raohe Street, on se régale de baos fumants (petits pains briochés fourrés au porc) et de wontons (raviolis). Sans parler des nouilles tous azimuts, dont celles de Din Tai Fung, adresse emblématique. Les influences de la période japonaise resplendissent quant à elles dans les mochis, les tempuras version taïwanaise, et le quartier vibrant de Ximending, surnommé le “Shibuya de Taipei” Dans la journée, vous aurez rencontré un médecin traditionnel, visité l’atelier du talentueux céramiste Wu Wei Cheng, dépensé des calories dans la roue d’un cycliste pro, rajeuni à l’université NTU, campus dont les bâtiments années1920 poussent au milieu des rizières. Naviguant entre le bon et le beau, Taipei inspire par le patrimoine des temples bouddhistes et confucéens, autant que par les prouesses architecturales de Han Pao-Tehet l’approche design du studio local Divooe Zein, qui a métamorphosé une ancienne mine de charbon en retraite culturelle enfouie dans la jungle.
PLACE TO BE
De l’atmosphère délicate de la minsu (maison d’hôtes traditionnelle) Laile à Tainan, au rooftop du W Taipei, jusqu’au charme suranné de la Villa 32, un ancien hôtel thermal de Beitou, Taïwan transcende vos nuits.
Le Tibet
GOLMUD — COL DE TANGGULA — LHASSA — EVEREST
MONASTÈRE DE LABRANG — LAC NAMTSO — KHAM
Gagner le Tibet, c’est quitter le monde pour le royaume du ciel, mais aussi celui des montagnes, des éleveurs nomades et des moines lamaïstes en kesa rouge qui méditent, peignent des thangka et communiquent par portable. Un équilibre délicat entre une nature immense, un peuple attachant et une spiritualité à nulle autre pareille.
SHOPPER À LHASSA
Autour du temple de Jokhang, la vieille ville de Lhassa voit se croiser moines a ables et pèlerins fidèles. Leshommes portent la chuba ; les femmes le pangden, tablier orné de motifs colorés. Tous arborent tresses et bijoux aux vertus protectrices. Dans les échoppes du quartier du Barkhor, le beurre de yak côtoie les guirlandes de loungta, les mala de prière et les thangka hypnotisants.
FENDRE LES NUAGES
Qing-Zang, la ligne de chemin de fer qui relie Golmud à Lhassa, est un tour de force technologique et panoramique. Fendant des territoires jusqu’alors réservés aux explorateurs et aux antilopes, 80% de l’itinéraire céleste dépassent les 4000mètres, défiant lecryosol du plateau tibétain et saluant en chemin la source du Yangtze et le col de Tanggula (5072mètres).
PSALMODIER EN AMDO
Les mâts multicolores des laptse dressés sur les crètes ondulées signalent l’arrivée au monastère de Labrang, destination de pèlerinage et centre de formation théologique de premier ordre. Du petit matin à la tombée du jour s’élève le murmure des mantras répétés à l’infini par les moines Gelugpa, coi és de leurs crêtes jaune safran comme dans Tintin au Tibet
TUTOYER
L’EVEREST
La route s’achève au monastère de Rongbuk, leplus haut jamais construit (5000mètres), tout proche du camp de base de la face nord des alpinistes. À portée d’expédition, Chomolungma (la “Déesse Mère du Monde”, nom tibétain de l’Everest) aimante tous les regards, toisant lachaîne himalayenne de ses8848mètres couverts de neige qui rosit à l’aube et s’empourpre au crépuscule.
CIRCUMAMBULER AU LAC NAMTSO
La kora, c’est la circumambulation rituelle que font les fidèles autour des temples et des lieux sacrés, dans le sens des aiguilles d'une montre. À 4 700mètres d’altitude, les pèlerins e ectuent celle du lac Namtso (le “lac du ciel”, paysage emblématique empreint de pureté et de sérénité) en 18jours. Veillés par les sommets, les éleveurs nomadisent encore dans les pâturages voisins.
S’AVENTURER DANS LE KHAM
Aux confins du Tibet central et de la province chinoise du Sichuan, le Kham incarne peut-être le plus beau témoignage du Tibet ancien. Plateaux, lacs et forêts denses –toujours toisés de montagnes enneigées– forment le décor étonnamment hospitalier de ces vallées oubliées, peuplées d’imposants monastères et de fiers cavaliers khampas.
À L’ŒUVRE L’ARTIVISME TIBETAIN
Ils ont en commun une terre, un exil.
Les artistes tibétains Tenzing Rigdol et Gonkar Gyatso transposent les arts ancestraux et la symbolique bouddhistes dans le XXIe siècle, et au-delà des frontières.
Nuit d’encre à Dharamsala. Les phares d’un camion balaient le visage anxieux d’un jeune homme. Lampe torche en main, Tenzing Rigdol ouvre le hayon arrière et son regard s’illumine. Dans un amas de sacs, l’aboutissement d’un projet de dix-septmois. L’artiste d’origine tibétaine, né au Népal en 1982, a organisé le transport clandestin de vingttonnes de terre depuis Shigatsé, aux portes de Lhassa. Grâce à une installation éphémère consistant à étaler cette terre précieuse, il o re aux milliers d’exilés tibétains de la ville indienne où est réfugié leur gouvernement depuis 1959, la possibilité de fouler le sol originel. Un vœu que son père, qui a fui l’occupation chinoise dans les années 1960 avec femme et enfant, n’aura pas eu le temps de réaliser. Nous sommes en 2011, et le patronyme de Tenzing, à peine trentenaire, ne résonne pas encore de New York à Hong Kong.
Entre art ancestral et culture pop Our Land, Our People - en référence à l’autobiographie du 14e dalaï-lama, My Land and My People– marque un tournant pour celui qui floute volontiers les lignes entre art et activisme. “Je ne corrige jamais les gens lorsqu’ils disent que je suis un activiste. Je suis juste un individu, un artiste”, rappelait-il en 2021 dans une interview donnée lors de l’Art Basel Hong Kong. Hormis la politique, Tenzing Rigdol trempe l’inspiration de ses peintures, installations et poèmes, dans la spiritualité et la symbolique bouddhistes. Le feu et l’eau en prédilection. Il y mêle l’encre de sa propre histoire, celle de sa diaspora, et place en filigrane de ses œuvres modernes, la structure des thangka, ces peintures ancestrales vouées à la méditation.
Formé à Katmandou aux techniques de cet art mais aussi aux mandalas de sable et à la sculpture de beurre, diplômé de l’université du Colorado dont il a reçu un doctorat honorifique en 2022, il compte parmi les rares représentants du pays à avoir placé le Tibet sur la mappemonde de l’art contemporain. Parmi ses œuvres phare, Unhealed (“Non guéri”), photo de son dos tatoué d’une carte du Tibet marquée des dates de soulèvements majeurs. À côté de chacune, l’artiste a planté une aiguille d’acupuncture, évoquant la médecine traditionnelle chinoise, ici ine cace.
Si elle reste centrale, la cause tibétaine n’est pas la seule à faire réagir un artiste qui vit désormais entre l’Inde, New York et Prague. Invité à exposer à Hong Kong en 2019, Tenzing Rigdol marque son soutien aux manifestations anti-extradition avec In Exile, In Hong Kong : “Si beaucoup de mes œuvres concernent le Tibet, je ne vois pas di éremment la sou rance en Palestine, à HongKong, au Cachemire.” Au-delà de son “art-ivisme”, c’est la vision contemporaine de représentations ancestrales qui séduit et fait de lui le premier artiste tibétain à entrer au Met de New York, avec Pin Drop Silence: Eleven-Headed Avalokiteshvara , qui volontairement sorti de son contexte dévotionnel devient une œuvre d’art à part entière.
Exposé aux côtés de Tenzing Rigdol par le musée new-yorkais en 2014, Gonkar Gyatso, autre fer de lance de l’art tibétain contemporain, est né à Lhassa en 1961. Une enfance passée sous la révolution culturelle. Si les deux hommes partagent l’utilisation de l’iconographie bouddhiste et la maîtrise des techniques traditionnelles, l’aîné, diplômé du Chelsea College of Art and Design, à Londres –où il s’est installé à la fin des années 1990 et a fondé une galerie dédiée aux artistes tibétains-, propose un autre chemin. La rencontre incongrue entre l’art ancestral de son pays et la culture pop.
La démarche de Gonkar Gyatso resplendit dans son Dissected Buddha, collage magistral dans lequel la structure du Bouddha sert d’architecture à un fourmillement de figurines et de caricatures politiques, d’avions et de fusées colorés, de biens de consommation, auxquels se mêlent des bulles de messages anecdotiques. Derrière ces objets qui piquent la curiosité, à l’instar de sa sculpture Three Realms (“Trois royaumes”), Gonkar Gyatso interpelle notre société sur ses contradictions, pointant du ciseau la facilité avec laquelle le superflu masque l’essentiel. Ou quand l’art moderne tibétain invite à méditer.
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Dix mots, expressions ou traditions à connaître pour un voyage sans accroc.
L’humour et l’esprit ouzbèkes s’apprécient lors de
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Un art oratoire pratiqué lors de fêtes populaires par des professionnels ou des amateurs
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Cela est le signe que vous avez apprécié le repas
Le “bonjour” taïwanais, en hokkien, se dit
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Quand les Chinois, en mandarin, vous adresseront un “Ní háo” (“Ní men háo” à plusieurs personnes)
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Via Istanbul et aussi pour rallier Tbilissi la capitale à Bakou, en Azerbaïdjan
Chez les Mongoles nomades, comment dire “non” BICHE BICHE
à une randonnée à cheval (“mori”)
Une fois à Pékin, vous pourrez faire “d’une pierre deux coups”
YIJIANSHUANGDIAO
(littéralement “une flèche deux vautours”) en visitant deux sites phares: laCité interdite et la Grande Muraille
En famille au Tibet pour célébrer l’anniversaire du petit ou le diplôme du grand, vous emploierez l’expression
TASHI DELEK
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TANUM EN HRROM
Dit ainsi, vous serez plutôt en Arménie
En Iran, toutes les occasions sont bonnes pour se balader dans la nature et pique-niquer, particulièrement le 13e jour de l’année
SIZDAH BEDAR
Jour porte-malheur, il invite à fuir la ville et sa maison pour se réfugier à l’extérieur
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Photogravure Groupe Santerre
Impression Imprimerie Chauveau
Édition Novembre 2024
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