VSD 1715 du 7 au 13 juillet 2010

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Tour de France

Laurent Fignon

Un courage de champion face au cancer le premier hebdo d’information du week-end

Des écoutes téléphoniques accablent Barbara, sa sulfureuse compagne

Belmondo

Victime d’un reseau d’escort Girls ? T 01713 - 1715 - F: 2,40 E

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2,40e N° 1715 - Du 7 au 13 Juillet 2010

vsd.fr

Enquête

Où et comment vivent

les français les plus riches

Spécial été

Les plages du monde en images

Cette semaine, l’Iran


Photos : eliot press - p. warrin/sipa

Bébel, victime d’un accident vasculaire cérébral en 2001, semble avoir trouvé son élixir de jouvence avec celle qu’il surnomme sa « belle brune »

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en couverture

INDIFFÉRENTS AUX RUMEURS. Le couple n’hésite jamais à afficher son bonheur, comme ici lors de la soirée d’inauguration du Festival du film classique au Grauman’s Chinese Theatre de Los Angeles, le 22 avril dernier.

belmondo Avec

Barbara

l’amour mais

à quel prix ? Deux ans après leur rencontre, l’idylle entre le Magnifique, 77 ans, et l’ex-candidate de « L’Île de la tentation » belge, 34 ans, soulève de plus en plus d’interrogations. Selon des écoutes téléphoniques menées par la police belge, Barbara Gandolfi pourrait appartenir à un réseau d’escort girls, qui aurait pris pour cible l’acteur. Par Aurore Aubin

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C’est de l’injustice, ‘‘ des mensonges, des calomnies. Il est plus qu’intègre, cela ne l’atteindra pas

Florence Woerth femme d’influences Comment l’épouse du ministre du Travail, bombardée à la une de l’actualité à cause de l’affaire Bettencourt, a tissé de solides réseaux aux confins des affaires, de la politique et des courses de chevaux.

Par Emmanuel Fansten et Antoine de Tournemire 22

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Florence Woerth, samedi 2 juillet, sur BFM TV UN SOUTIEN SANS FAILLE Paris,dimanche 27 juin. Florence Woerth, ici lors du « Grand Jury » RTL – Le Figaro – LCI, est bien décidée à défendre bec et ongles l’honneur de son mari.


photos : b. langlois/afp – eliott press

ÉpOque affaiREs

elle fait aussi les courses. Florence Woerth applaudit la victoire de Sea The Stars en compagnie de son mari et d’Alain Delon, lors du prix de l’Arc de Triomphe, à Longchamp, en octobre dernier.

A

vec son château, ses jardins dessinés par Le Nôtre et ses champs de courses, Chantilly (Oise) ­affiche le charme désuet des villes royales. C’est ici que le couple Woerth vient se reposer, le weekend. Maire de la ville depuis 1995, lui y tient permanence chaque ­samedi matin. Elle, préfère flâner du côté de l’hippodrome. Mais ­depuis trois ­semaines, dans les ­loges, on parle surtout des conséquences de l’affaire Bettencourt. L’ex-ministre du ­Budget aurait-il sous-estimé le rôle joué par son épouse dans la gestion de la ­femme la plus riche de France ? Possible : « Avant chaque remaniement à Bercy, l’administration enquête sur les candidats ­potentiels et leurs proches, explique un ex-cadre du ­ministère des Finances. En cas de problème, un conjoint dans les ­affaires par exemple, l’intéressé est prévenu. Il régularise ou il renonce. Malgré les activités de sa femme, Éric Woerth est resté. Il a pris sa ­décision en toute respon­sabilité… » Pour éviter tout soupçon, Florence Woerth avait pourtant quitté la Compagnie 1818, la banque ­d’affaires des Caisses d’épargne. Elle pensait être plus à l’abri chez Clymène, la société chargée de ­placer des dividendes de l’héritière de L’Oréal. Peine perdue. Celle qui a horreur d’être traitée en « femme de » a donc VSD N° 1715 DU 7 AU 13 JUILLET 2010

fini, en démissionnant de son poste, par payer pour son mari. Dans la mythologie grecque, Clymène ­désigne la déesse de la ­renommée et de l’infamie. Tout un symbole, pour cette femme au chic discret. Diplômée d’HEC, ­ Florence Woerth commence sa carrière comme analyste financier avant d’être recrutée par la banque Roth­ schild, à la fin des années ­quatrevingt-dix. En 2003, elle y est responsable des clients VIP lorsqu’un des dirigeants, Édouard de Rothschild, est élu à la tête de France Galop, la ­société mère des courses et du PMU. L’homme d’affaires lui demande alors de ­venir l’épauler béné­vo­

lement à la commission des ­propriétaires. Sa mission : fidéliser une clientèle ­fortunée. Au carrefour de la poli­tique, des courses et des ­affaires, Chantilly lui offre le réseau idéal. Près de trois mille chevaux s’y ­entraînent chaque jour et les amateurs richissimes viennent admirer leurs cracks fouler l’hippodrome des princes de Condé. Ce joyau a pourtant failli dispa­ raître. Trop vieux et pas assez ­fréquenté, l’hippodrome menace de fermer en 1994. Mais son altesse ­Karim Aga Khan IV, ­milliardaire et propriétaire d’un des plus grands ­haras français, ­accepte d’investir plus de 40 millions d’euros pour

éric woerth partira, partira pas ?

D

epuis le renvoi jeudi dernier du procès de François-Marie Banier, accusé d’avoir soutiré 1 milliard d’euros à l’héritière de L’Oréal, les événements semblent s’être accélérés. Alors que les inves­ tigations sur les enregistrements pirates réalisés chez Liliane Bettencourt se poursuivent, le procureur Philippe Courroye envisage d’ouvrir une enquête pour « fraude fiscale » et « blanchiment » contre la milliardaire, après les ­révélations contenues dans ces bandes. Une option qui ouvrirait alors la porte aux auditions de

­Patrice de Maistre, son gestionnaire de fortune, et, surtout, de Florence Woerth. Sur le plan poli­ tique, les démissions des secrétaires d’État Christian Blanc (pour ses 12 500 euros de cigares) et Alain Joyandet (pour son jet privé à 116 000 euros et son permis de construire dans le Var) ont précipité un agenda qui prévoyait un remaniement en octobre. De quoi relancer les paris sur un éventuel départ d’Éric Woerth. « Aucune raison qu’il ­démissionne, répond son entourage, puisqu’il n’a rien à se reprocher. » J

­réhabiliter le domaine. Ce projet aurait d’ailleurs largement aidé Éric Woerth à conquérir la mairie. ­Depuis, les deux hommes sont ­devenus amis et la ville a retrouvé des couleurs. Florence Woerth a même décidé d’y établir sa propre écurie, Dam’s, fondée en juin 2008 avec quatre autres femmes d’affaires et « épouses de » rencontrées sur les champs de courses : Nicole Seroul (femme du président du groupe ­Direct Presse, spécialisé dans les chevaux), ­Nathalie Bélinguier (épouse de l’ancien président du PMU) ou Réjane Lacoste, du nom de l’héritier de la marque au crocodile. Exclu­ sivement féminine, l’écurie compte aujourd’hui vingt-sept membres. Ont également rejoint ce club très sélect : les épouses du P-DG de Suez, d’Alstom ou encore de Mars & Co. Outre le formidable ­vivier de relations que constitue Dam’s, partager des pursang offre aussi un avantage financier.

Son écurie : un club très sélect de femmes de grands patrons Nouveauté de la loi de ­finances 2010 fignolée par les services d’Éric Woerth : au même titre que pour les PME, investir dans une écurie de groupe permet en effet de défiscaliser en partie son ISF. Autrement dit, investir dans Dam’s autorise les grosses fortunes à ­déduire 75 % de leur feuille d’impôts dans la limite de 50 000 euros. Éclaboussée par l’affaire Bettencourt, Florence Woerth pourrait maintenant choisir de se recon­vertir. Avant même que n’éclate la polémique, elle est entrée au conseil de surveillance d’Hermès. Un cooptation logique. La famille habite Chantilly et en sponsorise la course la plus prestigieuse, le prix de Diane. Florence Woerth, femme d’influence envers et contre tout, mais, surtout, femme dévouée jusqu’au bout. « Il est plus qu’intègre, déclarait-elle ­samedi dernier sur BFM TV au ­sujet de son mari. C’est de l’injustice, des mensonges, des calomnies. » J 23


ÉpOque enquête

comment viv les Français

les plus A

qui sont-ils ? Une véritable caste en France, à peine une trentaine d’individus que même les cinq cents simples riches – avec 40 millions d’euros d’actifs – ont du mal à approcher. Et ce n’est pas faute ­d’essayer, mesurant régulièrement leur fortune à l’aune des palmarès. Premier cette année au classement hexagonal publié par le magazine Challenges : ­Gérard Mulliez (Auchan), avec 15 milliards d’euros, détrônant pour la deuxième fois ­Bernard Arnault (LVMH), à qui il manque 500 ­petits millions pour grimper sur la première marche, suivi de Liliane Bettencourt (L’Oréal) avec 10 milliards d’euros. Pour son enquête, ­Aymeric Mantoux s’est appuyé sur le classement international de Forbes qui ignore Gérard Mulliez pour consacrer Bernard Arnault, premier ­Français au septième rang des vingt plus grandes fortunes mondiales, avec non plus 14,5 mais 21  milliards d’euros. Explication des cabinets d’étude : « Nos méthodologies diffèrent. » Ainsi François Pinault (PPR) affiche-t-il, pour Challenges, 4,9  milliard d’euros, contre 8,7 milliards pour Forbes, selon qu’on examine la Bourse ou le ­patrimoine. Mêmes fluctuations pour Serge Aymeric Mantoux Dassault, Alain et Gérard Wertheimer (Chanel), Jean-Claude Decaux, Alain Mérieux, Martin et Olivier Bouygues, etc. Douteux, ces hit-parades

En ‘‘ ­France, les

plus riches sont cinq fois plus fortunés qu’il y a vingt ans, au point qu’ils ne ­savent même plus ce qu’ils possèdent

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abaca

vant, on les appelait les « milliardaires ». Aujourd’hui, ce sont les « ultra-riches », les 0,01 % de la population mondiale à concentrer 25 % des revenus sur la planète. Des nababs qui, selon l’édition 2010 du World Wealth Report1, sont, chaque ­année, ­encore plus riches. « En France, ils sont cinq fois plus fortunés qu’il y a vingt ans, au point qu’ils ne savent même plus ce qu’ils possèdent », témoigne Aymeric Mantoux, rédacteur en chef adjoint de L’Optimum, qui, en habitué des coulisses du grand luxe, signe une enquête chez Flammarion, Voyage au pays des ultra-riches2.

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représentent surtout une menace selon les ­sociologues Monique Pinçon-Charlot et Michel ­Pinçon, auteurs en 2006 de Grandes Fortunes : dynasties familiales et formes de richesses en France (éd. Payot) : « Apparus récemment, ils contribuent à créer une classe mondiale dans laquelle les riches se concurrencent, creusant encore la distance avec le monde de l’économie réelle. Une grave dérive pour l’avenir. »

COMMENT SE ­ RECONNAISSENT-ILS ? Les ultra-riches rivalisent pour posséder toujours plus. « Surtout depuis que l’argent est ­décomplexé au plus haut niveau du pouvoir », analyse Monique Pinçon-Charlot. Affairistes et industriels en mode bling-bling accumulent les attributs de l’archi-richesse dans l’espoir d’entrer dans la dynastie feutrée des vieilles ­familles. ­Première condition pour « en être » : posséder un territoire de chasse, si possible en Sologne (voir p.  28-29). Tous les capitaines du CAC ont le leur, Bouygues, Arnault, Wertheimer, Dassault, ­Pernod, Vuitton, Bich (les stylos Bic), rehaussé d’un château ou d’un golf, ou des deux. On y chasse « entre soi », en commençant par

dynasties En 2005, Bernard Arnault (1), patron du groupe LVMH, marie sa fille ­Delphine à l’héri­ tier d’une famille de propriétaires ­viticoles, Alessan­ dro Gancia. Ses ­activités dans le luxe en font une des figures les plus reconnues parmi les grands patrons français, avec son rival François ­Pinault, qui a cédé les rênes de son groupe à son fils François-Henri. ­Ce dernier a acquis une nouvelle noto­ riété auprès du grand public en épousant l’actrice mexicaine Salma Hayek (2), en 2009.

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ent

Ils sont une trentaine, dans notre pays. Plutôt discrets, ils ont fait fortune dans l’industrie, la grande distribution ou la finance. Leur occupation principale ? Faire fructifier leur argent. Par Laurence Delpoux

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COMMENT FONT-ILS FRUCTIFIER LEUR fortune ? Toutes ces passions pourraient être des gouffres financiers. Que nenni. « Tous en tirent un ­retour d’image et fiscal », raconte l’enquêteur. Une œuvre d’art détenue depuis plus de douze VSD n° 1715 du 7 au 13 juillet 2010

ans est exonérée de taxes à la revente. Et avec une fondation, le collectionneur peut déduire jusqu’à 75 % du montant de son acquisition. Le ­domaine de chasse s’accompagne de cultures pour nourrir le gibier, donc de subventions comme pour les forêts et les châteaux. On peut réduire aussi ses impôts avec des olives ou des truffes, défiscalisées. Quant au yacht, c’est « un capital flottant ». Et le grand vin, comme le château, représente à la fois un investissement et une niche fiscale. Exonérations des droits de ­succession, subventions publiques, allègement de l’ISF, les ultra-­riches joignent ­depuis longtemps l’utile à l’agréable. Et quand travaillentils ? « Tout le temps », répond le journaliste, à la chasse ou sur leur bateau, une coupe de champagne à la main. Ce qui ne les ­empêche pas de prendre des vacances.

les maisons. D’autres seigneurs ont investi comme lui la région, à moins qu’ils ne préfèrent Noirmoutier comme Alain-Domi­nique Perrin (Cartier, Van Cleef & Arpels, Montblanc, etc.), qui a acheté et rénové à son goût le camping… Mais le must reste la ­Sardaigne, Porto Cervo, « la baie des milliar­daires », qui s’y posent en ­hélicoptère ou en jet : « Pas d’avion de ligne direct et plusieurs heures de route, un ­ petit coin ­tranquille. » Mieux ? Une île à soi, « le dernier avatar de l’ultra-riche », commente Aymeric Mantoux, comme celle de ­Bernard ­Arnault aux ­Bahamas ou celle que coiffe le manoir d’Yves ­Rocher en Bretagne. Et l’été prochain ? Direction l’espace. Les milliardaires américains s’y sont déjà mis, alors… J (1) Rapport sur l’évolution des fortunes dans le monde, publié par Capgemini et Merrill Lynch. (2) Éd. Flammarion, 291 p., 20 e.

Gérard Mulliez, le plus secret

A

la tête de 15 milliards d’euros, il est le plus riche et le plus discret de France. Inconnu du grand public, Gérard Mulliez, 79 ans, est l’héritier de l’entreprise Phildar et le fondateur des magasins Auchan. Dans les coulisses, il est aussi le bâtisseur d’un véritable empire familial ayant aidé cousins et petits cousins à créer Saint Maclou, Kiabi, Kiloutou, Norauto, Leroy Merlin... Et, dit-on, la montre qu’il porte au poignet est en vente dans ses supermarchés. J L. D.

Où PASSENT-ILS L’ÉTÉ ? Saint-Tropez est un brin galvaudé, pour ne pas dire vulgaire, en comparaison de Portofino, en Italie, plus raffiné. Mais beaucoup, comme ­Bolloré, y ont leurs habitudes. Le couturier Pierre Cardin préfère, lui, le charme de Lacoste, dans le Luberon, dont il achète progressivement toutes

asa-pictures

garer sa Jaguar bien en vue. Deuxième attribut nécessaire : le yacht, imposant (plus de 18 mètres). Jean-Charles Decaux possède l’un des plus gros avec celui de Bernard Arnault (70 mètres), quand Michel-Édouard Leclerc et Benjamin Rothschild se la jouent « voileux » avec des ­bateaux plus ­racés, plus élégants, bref toujours plus, que l’on soit à voile ou à moteur. Incontournables aussi : le vin et le cheval, symboles d’anoblissement. « S’offrir un château bordelais est salutaire », confirme ­Aymeric Mantoux qui, dans cette course au ­premier cru, n’exclut pas l’acquisition d’une maxi-villa avec piscine à ­débordement. Il peut aussi s’agir d’une bastide ou d’un mas, à condition d’y planter des chênes truffiers et/ou d’y récolter des olives pour fabriquer une huile que l’on écoulera chez Fauchon. Maintenant, il ne reste plus qu’à ­collectionner les voitures et les œuvres d’art.

visual

riches

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ÉpOque portrait

Laurent Fignon

le combat d’une vie

L

aurent Fignon, bientôt 50 ans, livre son combat le plus difficile. Immense. Et il sait que la famille du cyclisme est à ses côtés. Le public aussi. À chaque kilomètre parcouru, son cœur remporte une nouvelle bataille. La guerre n’est pas gagnée, mais Fignon s’accroche. Il fera encore cette année des allersretours entre les routes du Tour et l’hôpital. Une situation épuisante, mais cette course est la sienne. « Il n’est pas mort, lance Thierry Adam, son compère journaliste de France 2, qui reconnaît ne pas être sorti indemne du dernier Tour de France au côté de Fignon. C’était une grosse expérience humaine. Lorsque nous étions en direct et qu’il me prenait l’épaule pour me dire qu’il allait se reposer une demi-heure ou une heure, c’était très particulier. J’espère qu’il va gagner son combat. » Le double vainqueur du Tour (1983 et 1984) n’a pas hésité à rendre publique sa maladie. Les médecins avaient d’abord diagnostiqué un cancer des voies digestives, qui s’est révélé plus tard être un cancer du poumon. Lance Armstrong, « le boss », lui-même rescapé d’un cancer des testicules diagnostiqué en 1996, a appelé Fignon pour l’encourager dès l’été 2009. Ils se sont ­revus le 22 mars dernier autour d’un petit déjeuner. L’Américain lui aurait recommandé les spécialistes qui l’ont soigné il y a quatorze ans.

intransigeant avec les coureurs et avec lui-même Samedi, au départ de la 97e Grande Boucle, à Rotterdam, malgré la fatigue, les complications, l’angoisse, Laurent Fignon était bien là, fidèle au poste. « C’est lui qui décide s’il vient ou pas, précise Thierry Adam. S’il s’absente un ou deux jours, on ne prendra pas quelqu’un d’autre. Le Tour est l’une de ses grandes motivations, mais il fera en fonction de sa maladie. » Et à l’antenne, on peut compter sur lui pour défendre 30

ses convictions. Pour Thierry Adam, il est surtout « intransigeant avec les coureurs, car il l’est avec lui-même. Mais il a un vrai côté paternaliste, et un cœur gros comme ça. » Pendant longtemps, Fignon, surnommé « il professore » par la presse italienne en raison de ses petites lunettes rondes et de ses études en sciences physiques, fut le coureur français qui avait perdu le Tour de France pour huit secondes. C’était sur les Champs-Élysées, en 1989, face à Greg LeMond, lors d’un contre-la-montre inédit pour une dernière étape. Cette défaite l’a meurtri, mais elle l’a rendu plus sympathique auprès d’un public qui le jugeait glacial. « Plutôt timide », rétorque Daniel Mangeas, speaker du Tour depuis 1974 ; « introverti », préfère Cyrille Guimard ; « réservé et solitaire », précise Vincent Barteau, son équipier chez Renault, puis chez Système U. « Si tu oublies Laurent seul dans une montagne avec des moutons, ça ne le gênera pas, il s’en sortira toujours, sourit Barteau, ami de trente ans, son témoin lors de son mariage avec Valérie. Ne vous fiez pas à sa réputation, il a toujours été ouvert et déconneur lorsqu’il était dans son cocon et avec ses potes. Quand il refusait des autographes, je lui disais : “Signe, Laurent, les gamins seront contents.” Fignon est avant

photos : eliot press - d. R.

Malgré son cancer, qu’il a révélé en juin 2009, l’ancien champion cycliste est de retour à l’antenne, comme consultant sur le Tour. Après un an de lutte contre la maladie, il avait tout simplement envie d’y être. Par Hubert Allin/RMC Sport

IL Y A UN AN…

DéTERMINé. L’ancien double vainqueur du Tour a passé quelques heures dans les tribunes de Roland-Garros, le 29 mai, avec sa femme, Valérie. Ses longs cheveux blonds ont certes disparu, mais pas son regard franc et acéré sur les choses du sport et de la vie. Depuis la révélation de sa maladie, son état de santé est resté relativement stable.

Dernière étape du 96e Tour de France, des sports de France Télévisions vient

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en direct sur France 2. Le directeur de saluer son courage, et Laurent craque.

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tout différent. » « Sans hésiter », confirme Cyrille Guimard, son ancien directeur sportif chez Renault et ex-associé. Ensemble, ils ont créé l’équipe Système U, en 1986, après le retrait de Renault. Aujourd’hui, le duo gagnant des années quatre-vingt ne se fréquente plus vraiment. Sans être fâché, selon Cyrille Guimard, aujourd’hui consultant pour RMC sur le Tour. « La vie a fait que nous nous sommes éloignés, mais sans réelle raison. C’est vrai, je ne l’ai pas appelé lorsqu’il a annoncé sa maladie. Je m’en suis déjà expliqué ; je ne sais pas quoi dire,

je n’ai pas de discours pour ça », reconnaît ­Cyrille Guimard, qui ne cache pas son admiration pour le coureur Fignon. « Lorsque je l’ai vu pour la première fois sur un vélo au Tour de Corse 1981, tout m’a impressionné, chez lui : son coup de pédale, sa puissance, son charisme. C’était déjà un guerrier. Il courait toujours pour gagner. » Aujourd’hui, Laurent ne roule plus, son combat contre la maladie exige trop d’énergie. « Il a envie d’aller sur le Tour, ça lui change les idées, reconnaît Vincent Barteau, qui ne s’épanche pas sur les soucis de santé de son ami. Quand on se voit, on ne parle pas de ça. » J 31


Comme ‘‘ Jacques Delors lorsqu’il travaillait à Bruxelles, il lui faut, de Washington, entretenir le désir

’’

J.-L. Luyssen/Gamma

Philippe Martinat, journaliste

Au cœur du pouvoir. Anne Sinclair et

Dominique Strauss-Kahn, ici dans les rues de Washington en 2007, semblent apprécier leur vie d’exilés. Leur maison de 260 mètres carrés (à dr.) est située à Georgetown, un quartier chic et stratégique fréquenté par des membres du Congrès et des grands éditorialistes américains.

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politiqueS portrait

à Washington

Sur les traces

de DSK Douliery/abaca pour vsd

Inconnus des Américains, le patron du FMI et sa femme mènent une vie paisible dans leur maison achetée 4 millions de dollars, tout en fréquentant les mêmes adresses que Barack Obama. Par Pascale Tournier

D

ominique Strauss-Kahn, c’est une femme ?», s’interroge le responsable de Parish, une galerie élégante de Georgetown, à Washington. Quelques mètres plus loin, dans la grande librairie Barnes & Noble, située dans la rue principale de ce quartier chic de la capitale américaine, un vendeur écarquille les yeux à la vue d’une photo de DSK : « Sa silhouette ne me dit rien. » Même son de cloche au Pain quotidien, une chaîne belge qui propose VSD n° 1715 Du 7 au 13 juillet 2010

viennoiseries et fromages de l’Hexagone. La responsable demande à un serveur, d’origine française : « C’est quoi, le FMI ? » Nous sommes à quelques blocs de la maison des Strauss-Kahn, où ils ont élu domicile depuis novembre 2007. Ici, dans ce décor avenant de lierre et de briques rouges, de rues ombragées et de grilles en fer forgé, où vécurent John et Jackie Kennedy, le directeur général du FMI et sa femme mènent une vie paisible d’expatriés fortunés. Mais dans le plus parfait anonymat.

Devant leur demeure de 260 mètres carrés achetée par Anne Sinclair pour 4 millions de dollars à un éditeur du Washington Post en ligne, pas un paparazzi ne bat le pavé. Car celui qui trône dans les sondages en France et qui pourrait battre Nicolas Sarkozy en 2012 passe pour un illustre inconnu auprès de l’Américain de la rue. Le FMI aide de nombreux pays en difficulté financière mais pas les États-Unis. Changement de discours, en poussant la porte du Bistro français. Normal, le chef Gérard Cabrol est un Français, certes installé à Washington depuis trente-cinq ans, mais qui a fait ses preuves au Plaza Athénée, à Paris. Dans son restaurant de style Belle époque, les Strauss-Kahn ont dégusté deux fois un saumon grillé et des épinards sautés. Un vrai menu de régime. Pour étayer ses propos, le patron sort son livre d’or, placé sous clé dans une armoire. Au milieu des signatures du mime Marceau, de Phil Collins, d’Eddie Murphy, de Pierce Brosnan ou de Madeleine Albright, une ex-ministre de Bill Clinton, on aperçoit un petit mot du socialiste français : « Quel plaisir d’avoir une bonne table française ! à très vite. » Anne Sinclair a aussi apposé sa signature, ce 12 décembre 2007. Ils ne sont pas revenus depuis. Le couple préfère sans doute le Citronelle, niché à quelques rues, un restaurant gastronomique à 220 dollars (180 e env.) le ticket moyen. Le maître des lieux ? Michel Richard, un autre Français, dont la plus grande fierté est d’avoir reçu Barack et Michelle Obama, pour leur première sortie en amoureux depuis leur entrée à la Maison-Blanche.

se plier à une certaine réserve publique Il faut effectivement se tourner vers nos compatriotes pour avoir quelques échos sur le socialiste. « On ne le voit pas beaucoup », disent pourtant de concert les expatriés. Le patron du FMI ne cesse de parcourir la planète. Rien qu’en juin, des déplacements à Pusan, en Corée du Sud, à Istanbul, Jérusalem, Paris, Madrid et Toronto étaient inscrits à son agenda. Quant à sa femme, si elle ne s’attelle pas à l’écriture de son livre ou de son blog, elle file souvent à New York, le week-end, ou à Paris, pour voir la famille. Alors, quand ils sont sur place, ils assurent le service minimum au niveau des mondanités. Quelques sauts à l’ambassade de France comme à la fête du 14 juillet, une conférence à la chambre franco-américaine il y a six mois, une autre à l’Alliance française, qui a par ailleurs approché Anne Sinclair pour son conseil d’administration. Leurs apparitions sont furtives. Il s’agit, pour le patron du FMI, de tenir le rythme de travail, plus soutenu depuis la crise, mais aussi de se plier à une certaine réserve publique. « Il ne peut pas utiliser son poste au FMI pour préparer une carrière  33


TOUR DU MONDE DES PLAGES

TOUT EN IMAGESSPÉCIAL ÉTÉ

LE DÉFI AUX MOLLAHS Sur la plage de Jafroud, à 270 kilomètres de Téhéran, Vera, la mère, ici avec son petit garçon et une amie, reste sur le sable pendant que, dans la Caspienne, Ali-Sina, le père, se baigne. Un défi au régime des mollahs. Comme le décrit Bijam, un architecte de 45 ans : « Les plages de la mer Caspienne sont le reflet de la société : une joyeuse cacophonie où se mêlent insolite et interdit, anarchie et ordre. »

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IRAN

LA LIBERTÉ ENTRE DEUX EAUX Sur les bords de la mer Caspienne, Iraniens et Iraniennes flirtent avec les interdits. Premier épisode d’une série de portfolios qui nous mènera sur les rivages roumains, gazaouis ou brésiliens. Par Sabine Bougoin/Polka Magazine.

Photos : Mickaël Bougoin/Galerie Polka

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TOUR DU MONDE DES PLAGES

TOUT EN IMAGESSPÉCIAL ÉTÉ

LE DÉFI AUX MOLLAHS Sur la plage de Jafroud, à 270 kilomètres de Téhéran, Vera, la mère, ici avec son petit garçon et une amie, reste sur le sable pendant que, dans la Caspienne, Ali-Sina, le père, se baigne. Un défi au régime des mollahs. Comme le décrit Bijam, un architecte de 45 ans : « Les plages de la mer Caspienne sont le reflet de la société : une joyeuse cacophonie où se mêlent insolite et interdit, anarchie et ordre. »

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IRAN

LA LIBERTÉ ENTRE DEUX EAUX Sur les bords de la mer Caspienne, Iraniens et Iraniennes flirtent avec les interdits. Premier épisode d’une série de portfolios qui nous mènera sur les rivages roumains, gazaouis ou brésiliens. Par Sabine Bougoin/Polka Magazine.

Photos : Mickaël Bougoin/Galerie Polka

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WEEK-END littérature

Né sur le Web, il est devenu un best-seller

la saga du livre mystère TRUFFÉ DE RÉFÉRENCES CINÉMATOGRAPHIQUES ET MUSICALES, LE LIVRE SANS NOM EST L’éVéNEMENT DE L’ÉTÉ. PUBLIÉ ANONYMEMENT, IL POURRAIT AVOIR ÉTÉ ÉCRIT PAR TARANTINO, BOWIE OU LE PRINCE CHARLES.

Par François Julien. Dessin : Luz pour VSD.

A

la huitième minute, le vœu de Marcus la Fouine fut exaucé (il est mort, NDLR), après qu’il eut pu voir à quoi ressemblait la plus grande partie de l’intérieur de son abdomen. Il avait même été contraint de manger ses propres doigts et ses propres orteils. Et pire encore. Bien pire. » Gore, n’est-ce pas ? Mais drôle tout autant. Et c’est comme ça, près de cinq cents pages durant. Dans un bled western, Santa Mondega, des moines karatékas foutent la pâtée à des bikers bodybuildés, qui eux-mêmes se font bouffer par des vampires avant que tous ne périssent sous le tir du Bourbon Kid, dont la puissance de feu est digne d’un croiseur, et tout ça à cause de l’imminence d’une éclipse totale, qui pourrait bien annoncer d’éternelles ténèbres. Si Une nuit en enfer fait partie de vos films de chevet, Le Livre sans nom est pour vous : un bijou noir dont – ça n’est pas commun – on ne connaît toujours pas l’auteur. L’histoire, comme tant d’autres, n’a pas seulement transité par le Net, elle y est née, tout simplement. C’est sur le site d’autoédition lulu.com qu’est ­apparu  51


WeEK-END sport

to élastique qui au le ng sa e un , » ne « slackli t le maître de la es is w Le dy An n L’Américai

l’Équilibre fait homme Sur la slack, sangle élastique tendue à 100 mètres au-­dessus des gorges de la Jonte (Aveyron), lors des Natural Games, l’Américain Andy Lewis, 23 ans dont cinq de slack, fait le show, concentré à l’extrême, façon yogi.

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une vie e t u a h sous n o i s n e t

Andy Lewis

. u, dans l’aveyron illa M à , es m Ga ral rs des Natu eux. Rencontre lo in ig rt : Pascal Tournaire ve s re li dé rise des Par Patricia Oudit. Photos

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WEEK-END VOYAGES

Les bons plans sur

la Côte d’Azur

vamos a la french riviera ! entre terrasses Par Sébastien Desurmont. enchanteresses, Photos : Alexa Brunet/Collectif Transit pour VSD plages privées, hôtels de rêve et night-bars, la côte est toujours à la fête. Voici nos meilleures adresses.

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Les nuits folles de Saint-Tropez Cet été encore, le Vip Room continue d’aimanter la jetset, française et internationale.

e mémoire de « sudiste », on n’avait pas vu cela depuis des lustres. Les températures frisquettes et les trombes d’eau qui se sont abattues sur la côte d’Azur, en juin, ont ­retardé le démarrage de la saison. Raison de plus pour en profiter pleinement. D’autant que le mythe de la « french riviera », lui, n’a pas pris l’eau, avec une moisson de nouvelles adresses. De ­Marseille à Nice en passant par Saint­Tropez, les bonnes surprises ne manquent pas. Nouveaux palaces, terrasses sur le sable, restos ­préservés des hordes de touristes… Notre programme pour passer vraiment à l’heure d’été.

11 h : tous à la plage !

D. R.

Matelas moelleux et farniente branché, la plage privée (entre 10 et 40 �, la journée) fait partie du Sud. Testez les meilleures places au soleil.

Repaire hype à l’heure de l’apéro La plage du Pearl Beach ­offre une vue sublime sur le golfe de Saint-Tropez.

 Hi Beach. La plage la plus innovante du littoral. La plus sympa aussi. C’est l’annexe du Hi Hotel à Nice, établissement hors normes créé par la designer Matali Crasset. L’endroit se ­divise en trois ­zones. À droite, la Hi-Play, dédiée aux familles ; au centre, la zone Hi-Energy, avec musique lounge, et notre favorite : la Hi-Relax, équipée de ­hamacs géants. Un Dj officie tous les soirs de 16 à 20 heures. 47, promenade des Anglais, Nice (06). 04.97.14.00.83. hi-beach.net  Cabane Bambou. Au bout de la baie de Pampelonne, à Rama­tuelle (83), cette paillote est un havre de paix. Une forêt de bambous pour vous accueillir, des lits de repos taupe et blanc, des massages (90 � l’heure), un mojito * d’anthologie (13 �)… Pour déjeuner (comptez 40 �), mettez le cap sur la ­table n° 600. Surélevée, elle offre une vue merveilleuse. Route de BonneTerrasse. 04.94.79.84.13.  Venice plage. Une plage privée de 20 mètres sur 10 pour quarante parasols. On accède à cette crique par une petite route (tournez à droite au niveau de l’hôtel Les Roches). Un coup de cœur pour cet îlot baba-cool à petits prix (9 � la journée). Plage d’Aiguebelle, le ­Lavandou (83). 06.03.06.80.28.

14 H : À la bonne table ! On peut encore se régaler sans que le portefeuille attrape un coup de chaud.

L’hyper-luxe du Muse Cet endroit très ­glamour ne propose que des suites, et vous dépose à la plage en… Bentley.

 Bijou Plage. La perle rare, à Juan-Les-Pins. Un bon resto les pieds de l’eau. Le menu du midi à 22 �, avec entrée, plat, dessert, est une super-affaire. Sans compter la vue sur les îles de Lérins et sur ­l’Esterel. Le soir, on sirote son apéro au rythme de la bossa-nova. Boulevard du Littoral. 04.93.61.39.07. bijouplage.com  65


Pilotes du dimanche. Doté de quatre hélices, le drone fabriqué par la société française Parrot est facile à stabiliser. On le dirige aisément à partir de son iPhone ou de son iPad. Seule ombre au tableau : son autonomie en vol de douze minutes, qui ne gâche pas pour autant le plaisir entre amis.

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Un jeu d'enfant. L’engin est doté de deux caméras (1). L’une fournit des indications de position. L’autre, avec son objectif grand-angle, filme le paysage et transmet en direct l’image vidéo à l’écran de l'iPhone. Ces images peuvent être intégrées à celles d’un jeu vidéo sur le mobile (3) pour donner lieu à une sorte de « Space Invaders » entre réel et virtuel. Le drone peut être utilisé à l’extérieur comme à l’intérieur, car son carter de protection évite les chocs contre les murs (2).

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WEEK-END TECHNO

l’ovni Gadget high-tech

de l’été Le 18 août, la société Parrot commercialisera en France un drone révolutionnaire, pilotable à partir d’un iPhone. Un concentré de technologies que VSD a pu tester, en avant-première. Par David Michaud. Photos : Pascal Vila/VSD

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n les croyait réservés à des missions de haut vol, façon opération de reconnaissance en Afghanistan en plein cœur d’un territoire taliban. C’était compter sans l’inventivité de Parrot, une jeune société française spécialisée dans les périphériques sans fil pour mobiles, qui vient de présenter, à Paris, le premier drone destiné aux particuliers. Le petit quadricoptère, d’environ 50 centimètres de diamètre, propulsé par quatre hélices, est pilotable via un réseau wi-fi par un iPhone, un iPod Touch ou un iPad. Une caméra, à l’avant, retransmet en temps réel sur l’écran du mobile les images qu’elle filme. Elles peuvent même être intégrées à un jeu vidéo sur mobile, à base de « réalité augmentée ».

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entre réel et virtuel Bref, une sorte d’ovni dans le paysage high-tech, à la frontière de la téléphonie, du modélisme et du jeu vidéo, qui coûtera la modique somme de 299 euros. Nul besoin d’être un pilote émérite pour le faire voler. Après avoir pris son iPhone en main dans le sens de la largeur, on appuie sur le bouton « décollage » de l’écran tactile. Le drone met en route ses moteurs, s’élève en vrombissant et se stabilise à 1 mètre du sol. Inclinez le mobile légèrement vers l’avant, et l’appareil avance. Un mouvement vers la gauche, il vire instantanément. Le pilotage exploite à merveille les capteurs d’accélération du smartphone, en liaison avec des marqueurs spéciaux situés sur le drone, et se révèle extrêmement intuitif. « Nous

voulions qu’un enfant puisse s’en emparer sans difficulté », souligne Henri Seydoux, P-DG de Parrot. Cette simplicité d’usage cache un produit de haute technologie, protégé par une vingtaine de brevets. Fabriqué en fibre de carbone et en plastique ultrarésistant, l’engin d’à peine 400 grammes renferme un accéléromètre précis, deux gyroscopes, un capteur à ultrason et deux caméras. La première, logée sous l’appareil, fournit des indications de position. La deuxième, équipée d’un objectif grand-angle, filme et transmet en direct l’image vidéo à l’écran de l'iPhone. On peut ainsi réaliser d’un clic une capture en plein vol (640 x 480 pixels). Magique. Parfois, absorbé par ce retour vidéo, on perd de vue le drone : « Pardon, messieurs, pour la coupe de cheveux ! ». « L’AR-Drone* – c’est son nom – est utilisable en intérieur comme en extérieur », précise Thomas Derbanne, ingénieur chez Parrot. Il sera livré avec une batterie rechargeable (seulement douze minutes d’autonomie), une carène de protection pour évoluer dans un appartement – que l’on prendra soin d’ôter dehors pour réduire la prise au vent. Et côté jeu vidéo ? L’application AR FlyingAce sera disponible au lancement sur l’App Store. Elle proposera un combat aérien boosté par la réalité augmentée. En clair, il s’agira de prendre en chasse un autre drone, de verrouiller sa cible à l’écran et de tirer un missile virtuel. Les joueurs auront la possibilité d’inventer d’autres scénarios, via le site web. De quoi ravir petits et grands enfants. J (*) ardrone.org

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WEEK-END DÉCRYPTAGE

Agitateur, provocateur, et vrai réac ?

L’incorrect monsieur

L

Poursuivi en justice pour injure à caractère racial, le tribun se défend, entre agacement et vraie-fausse indifférence. Populaire, le journaliste politique garde pourtant la confiance du Paf. Jusqu’à quand ?

’homme se rêvait énarque, serviteur gradé de cette France qui l’obsède tant. Aujourd’hui, « l’étourneau », comme le surnomme Jonathan Lambert chez Ruquier, pousse des cris d’orfraie sur un peu tout, un peu partout. Et fait monter la fièvre du samedi soir dans « On n’est pas couché », prompt à dérouler sa vision du monde, plus idéologique que journalistique. « Éric est habité par sa propre pensée comme de Gaulle habitait sa statue ; le professeur Zemmour a eu parfois tendance à venir faire un cours répétant vingt fois la même chose », reconnaît Laurent Bazin, arbitre cette saison de « ça se dispute » sur i-Télé, entre Nicolas Domenach et ce « gentil réac », comme il dit.

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photos : jerry com - rivapress

« anti » par principe L’année fut chahutée pour le désormais « bankable » et sulfureux journaliste. Une phrase dans l’émission de Thierry Ardisson sur Canal+ en mars dernier – « Les Français issus de l’immigration sont plus contrôlés que les autres parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c’est un fait » – et c’est l’affolement médiatique puis judiciaire. Tout le monde s’égosille depuis sur le « cas Zemmour ». Un temps, Le Figaro menace même de le licencier. « Mougeotte était d’accord pour le virer parce qu’il ne faisait plus grand-chose », souffle un confrère. L’affaire jette le doute sur cet esprit très libre déjà hué pour ses saillies antiféministes, anticommunautaristes, antimondialistes, antitout. « Il fait croire qu’on attente à sa liberté d’expression, mais ses casquettes médiatiques lui servent de paratonnerre, alors qu’il recycle la doctrine du Front national », attaque

Par Caroline Derrien

Patrick Lozès, président du Conseil représentatif des associations noires, qui a assigné Zemmour en diffamation pour des propos ambigus tenus dans l’hebdomadaire Vendredi en novembre 2008. Dans « l’affaire Ardisson », la plus gênante, les témoins, de Robert Ménard, l’ex-président de Reporters sans frontières, au socialiste Jean-Christophe Cambadélis, se bousculent déjà pour plaider sa cause le 13 janvier 2011 face à SOS Racisme, la Licra et d’autres. « Il n’est pas plus raciste que je suis danseuse étoile au Bolchoï », défend son avocat Olivier Pardo. S’il est condamné, « ça changera la donne », avait concédé en mars Laurent Ruquier au Parisien. L’accusé, issu d’une modeste famille juive pied-noir, ne raconte-t-il pas à l’envi sa naissance à Montreuil On l’aime... (93), ses jeunes années dans le Ou on le quitte ! 18e, à Paris, tel un bouclier face Soutenu par ses fans quand Le aux critiques ? Figaro menaçait Mais le trouble s’installe de s’en séparer, le quand Minute lui consacre sa polémiste inquiète des associaune et quand disciples frontistions comme le tes et groupuscules radicaux Cran (Conseil représentatif des vantent sur la Toile la logorassociations noirhée du polémiste : « Rien ne res), qui l’a assim’embête, personne ne me régné en justice. cupère, et moi je ne diabolise personne, confie Éric Zemmour, las de ce barnum. Mais 80% des journalistes sont de gauche, il y a derrière tout ça une petite entreprise de démolition, on veut me déconsidérer. Dès qu’on n’est pas d’accord avec la gauche bien-pensante, on est fasciste. » Rhétorique victimaire ou sentiment profond d’injustice ? « Il a été très blessé et ne s’attendait pas à tout ça, lui qui ne se considère pas comme un provocateur », glisse un proche. Le sniper de France 2 est une âme sensible. Certes mue depuis toujours par l’ambition, mais capable de s’emballer pour les

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zemmour choses de la vie avec « une joie enfantine », selon son attachée de presse chez Fayard. Un « bon garçon solitaire », dit l’intéressé, mais heureux lorsqu’une foule se presse pour faire parapher son best-seller Mélancolie française. Pour l’heure, le PAF lui déroule le tapis rouge. « Nous souhaitions avoir un éventail d’opinions le plus large possible, assure Jacques Esnous, directeur de l’information à RTL, où officie Zemmour depuis janvier. Nous attendons sereinement la décision de justice, sans préjuger de rien. »

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Il y a derrière tout ça ‘‘ une petite entreprise de démolition ’’

Éric Zemmour

Baltel/sipa

un « français moyen » qui prend le métro Récemment, Vincent Parizot, l’homme-orchestre de la matinale la plus écoutée de France, semblait un rien gêné lorsque son chroniqueur dissertait sur « l’apéro saucisson et pinard », provocation à l’égard des musulmans : « Je ne suis pas toujours d’accord avec lui, mais cela ne m’empêche pas d’écouter ses arguments avec plaisir. » Les auditeurs aussi. « On recevait davantage de courrier quand Gerra s’attaquait au pape. » Si tous louent « sa grande intelligence », passera-t-il longtemps entre les gouttes ? Bien sûr, il ne faut pas compter sur Zemmour pour s’émouvoir du sort de Stéphane Guillon (qui l’avait caricaturé sur France Inter en « ministre nazi ») : « L’incarnation du conformisme absolu, le faux rebelle parfait », avait-il répliqué. À 51 ans, ce « Français moyen », dixit son avocat, qui prend le métro chaque jour, s’est trouvé un public. Un été avec femme et enfants côté sud, et la nouvelle star replongera avec délice dans le grand bain médiatique à la rentrée. Mais le milieu est versatile. Et la moindre vague, fatale. J


la griffe du chat Par Philippe Geluck

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