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2,40e N° 1655 - Du 13 au 19 mai 2009
vsd.fr
le guide week-end
lisbonne à prix malins, “millénium” : l’héroïne se confie…
le premier hebdo d’information du week-end
johnny superstar «je réussis enfin ma vie de famille»
reportage
électro-sensibles : comment vivent les malades des ondes
TÉLÉ
24 heures avec laurent delahousse
la révélation de l’année
ENTRETIEN VÉRITÉ
Les attaques, ses convictions, ses colères, ELLE répond à nos LECTEURs
Dati
Rachida
‘‘ Dans la vie, il ne faut pas avoir peur ’’
BUZZ LES INDISCRETS DE VSD PaGES COORDON N É E S PA R OLIVIA ELKAIM
coup d’arrêt Gasquet – ici, blessé à RolandGarros le 26 mai 2008 – pourrait bien rater l’Open de France une fois de plus.
TEXTOS ➤ Un Pakistanais
très attendu
Dès l’annonce de la venue d’Ahmed Rashid, journaliste pakistanais spécialiste des talibans, à Paris (14 et 15 mai), son agenda a été bouclé en quelques heures. Du jamais-vu. ➤ Greanpeace
face au virus
C’est à l’aide d’un virus informatique, dit « cheval de Troie », que le hacker Alain Quiros s’est introduit dans divers réseaux, dont celui de Greenpeace. Une révélation du site intelligenceonline.fr. ➤ le village
sponsorisé par Cardin
la nuit où richard gasquet a dérapé
APRES AVOIR CONFIRMÉ SON TEST POSITIF À LA COCAÏNE, LE TENNISMAN ORGANISE SA DÉFENSE. RETOUR SUR CETTE FaMEUSE SOIRÉE.
L
e 27 mars, victime de douleurs à l’épaule, Richard Gasquet, 23 ans, déclare forfait pour le tournoi de Miami. Il s’apprête à quitter la Floride sur-le-champ, mais le célèbre DJ français Bob Sinclar est en ville. Ce fou de tennis, proche de Thierry Champion, membre du Team Lagardère dont Gasquet fait partie, mixe le soirmême. Thierry Champion récupère deux cartons d’invitation, et direction le Set, club hype de South Beach, quartier chic. Frustré et sans doute déçu, Gasquet a-t-il craqué ? À des proches, il aurait confié avoir bu cette nuit-là plus que de raison. Mais la coke ? Aux États-Unis,
les discothèques sont très surveillées par la police. Difficile de croire à un dérapage. « On a peut-être mis quelque chose dans mon verre », avance le joueur, décidé à porter l’affaire en justice. Mais où commence et où s’arrête l’irresponsabilité quand on est numéro 23 mondial et suivi comme son ombre par les autorités antidopage ? L’ex-Mozart du tennis français, dont la carrière balance dangereusement entre coups d’éclat, blessures et coups de blues, pourrait avoir deux ans pour répondre. Deux ans de suspension si le contrôle antidopage a été effectué Jean-François Pérès/RMC Sport avant son forfait officiel.
Le rachat par Pierre Cardin de maisons dans un village du Vaucluse, où il a aussi acquis le château du marquis de Sade, exaspère les locaux. L’homme d’affaires est déjà propriétaire d’une boulangerie, d’une boutique de primeurs, d’une épicerie, d’un point presse, d’un bistrot, d’un res taurant et d’un hôtel.
7 900 000
c’est le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté en France, soit avec moins de 880 euros mensuels, selon le rapport annuel de l’Insee. En 2004, ce chiffre était de 7 millions.
QUI EST DERRIÈRE… Christophe Chenut, dg de Lacoste ? Après son départ de la direction générale du groupe L’Équipe, Christophe Chenut a pris la tête de Lacoste en avril 2008. Féru de sport, il est aussi administrateur du PSG depuis le mois de septembre dernier. Ève Ysern Franck Riboud Le président de Danone, administrateur du groupe Lacoste, apporte son savoir-faire et lui, sa vision du développement des marchés. Alain Cayzac Ce publicitaire est le C de RSCG, agence qui a longtemps géré Lacoste. Depuis vingt ans, il transmet à Chenut son expérience dans l’univers du sport.
Sébastien Bazin Représentant de Colony Capital, il préside le PSG. Proche de Christophe Chenut, il lui permet de rester en contact avec le monde du sport, historiquement proche du crocodile. Xavier Romatet Le président de Condé Nast France (Vogue, Glamour) observe l’évolution du secteur luxe pour son ami. Ils ont dirigé ensemble le groupe de pub DDB. Michel Lacoste Rencontré sur le Paris-Dakar en 2004, le président a confié à Chenut la responsabilité de la firme. Il reste un support de la marque et représente le nom Lacoste.
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Époque PLUS D’infoS SUR vsd.fr
Arcady adapte khadra
Avant de tourner son film, il invite journalistes et politiques en Algérie. Le réalisateur (Le Grand Pardon…) s’apprête à poser ses bagages à Oran pour y tourner l’adaptation du livre de Yasmina Khadra, Ce que le jour doit à la nuit. Ce projet franco-algérien a été présenté devant un parterre de journalistes et la secrétaire d’État chargée de la Ville, Fadela Amara. Isabelle Adjani et Roschdy Zem pourraient être du casting. Aurore Aubin
Sauvé par Carla Bruni
photos : abaca – rea – sipa – mélanie bordas aubies – pascal rostain – rené van der hulst – gamma – maxppp – visual – d. r.
L’assistant de la première dame, Franck Demules, raconte son douloureux parcours dans Un petit tour en enfer*.
D
ans ce récit parfois brutal, Franck Demules n’élude rien de ses douleurs et de ses erreurs. Il raconte aussi trois personnages phares. Christian, son tuteur, qui lui a imposé des relations sexuelles dès l’enfance, Isabelle, sa femme, morte du sida, qui l’a « sauvé et éduqué », et Carla Bruni, qu’il assiste depuis douze ans. « En m’employant, elle m’a permis d’élever ma fille dignement, d’avoir mon premier appartement, à 30 ans ! J’ai appris à écouter, à ne pas juger. » Franck Demules tient toujours son rôle auprès de l’épouse du président, et s’occupe notamment de son fils. Marie-Pierre Garrabos (*) Éd. du Moment.
INSOLITES ➤ Un menu enfant
BAROMÈTRE En hausse
très protégé
Une fillette a découvert un préservatif dans la boîte de son Happy Meal, acheté dans un McDonald’s suisse. L’objet se trouvait dans son emballage d’origine, ouvert au milieu des frites. Une enquête est en cours pour savoir comment le préservatif a atterri dans ce menu qui, d’ordinaire, propose des jouets pédagogiques.
Nicolas de Tavernost Dans un contexte très difficile, M6, dont il est le patron, résiste mieux que ses concurrentes, notamment en matière de recettes publicitaires.
➤ Il grille ses
En BAISSE
Christine Albanel La ministre de la Culture a admis que l’e-mail anti-Hadopi d’un employé de TF1 avait été transmis à la direction de la chaîne par l’un de ses collaborateurs, qui a été suspendu.
propres radars
Le directeur d’une société britannique de radars routiers a été condamné à six mois d’interdiction de permis après avoir roulé à plus de 160 km/h sur une route limitée à 110. L’infraction a été enregistrée par un radar installé par la propre entreprise du conducteur…
Stéphane Richard Le directeur de cabinet de Christine Lagarde est pressenti pour remplacer Didier Lombard à la tête de France Télécom.
➤ Régime : la
Sébastien Bourdais
Le seul pilote français de F1 (Toro Rosso) connaît un début de saison difficile, à l’image de son accident avec son coéquipier lors du Grand Prix d’Espagne.
méthode Tussauds
Le maire de Londres, Boris Johnson, a eu un choc en découvrant son alter ego de cire au musée Madame Tussauds : c’est en regardant le mannequin à son effigie qu’il a pris conscience de l’ampleur de son embonpoint. Depuis, il a promis de se mettre au régime et au jogging.
Dida Diafat Ex-champion de boxe thaïe, ancien délinquant de Villiers-le-Bel (95), cet entrepreneur et acteur interprète son troisième rôle au cinéma dans Mutants.
François Morel Le chef de l’entreprise de textile Carreman, basée à Castres (81), a proposé à neuf de ses salariés d’être reclassés à Bangalore, en Inde, pour 69 � brut par mois.
éclairez-vous à la boue Voici une idée… lumineuse, naturelle et non polluante.
L
« Carla m’a donné une chance et m’a encouragé à écrire mon histoire. C’est un honneur de travailler pour la première dame de France » franck demules
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’éclairage alternatif, c’est possible. La preuve avec cette « soil lamp » de la créatrice d’objets néerlandaise Marieke Staps. Cette lampe à LED fonctionne à la boue. Le cuivre et le zinc contenus dans le sol permettent en effet d’alimenter les LED par réaction d’électrolyse et d’éclairer les jardins ou allées extérieures. Tout ce dont la lampe a besoin est d’un peu d’eau de temps en temps. Sa commercialisation est prévue avant l’été. È. Y.
EN COUVERTURE
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ntre des négociations très tardives avec les gardiens de prison et le réveil au petit matin de sa fille Zohra, la nuit a été courte. Pourtant, ce jeudi 7 mai, Rachida Dati se montre énergique, comme toujours. À l’aise, comme elle sait l’être. Plus figée, toutefois, quand on l’interroge sur sa vie privée. Ils sont neuf, de 20 à 25 ans, à avoir concocté leurs questions à la garde des Sceaux. Une ministre sur le point de quitter son poste, et dont l’avenir suscite des interrogations.
GUIDE SURPRISE À l’issue de l’entretien, Rachida Dati a offert à notre panel une petite visite du ministère. Elle s’est souvenue d’être venue une première fois dans ce salon, en 1987, comme simple visiteuse.
UN MESSAGE D’ESPOIR Une femme, surtout, scrutée, disséquée, éreintée comme aucune autre, durant cette dernière séquence politique. Et qui, traversant les couloirs et les salons de la Chancellerie, rappelle à ces jeunes originaires de diverses régions de France qu’elle a été conviée dans ces lieux par Albin Chalandon, il y a plus de vingt ans. « Je ne m’attendais pas à y revenir un jour en tant que ministre », leur révèle-t-elle. Plus en confiance qu’avec les journalistes, dont elle se méfie, elle accepte de réagir aux attaques dont elle est l’objet. Et ne manque pas d’adresser à ces interlocuteurs un message d’espoir pour l’avenir : « J’espère que vous avez tous des rêves ! », leur lancet-elle. Avant d’ajouter, comme en écho à son propre parcours : « Il ne faut pas avoir 쐌쐌쐌 peur et rester immobile. »
LA GARDE DES SCEAUX RÉPOND À DE JEUNES LECTEURS DE VSD
RACHIDA DATI
‘‘JE SUIS LIBRE DE MES CHOIX’’ Les attaques, son engagement en faveur de l’Europe, ses ambitions à Paris… La ministre s’est soumise aux questions sans concession de ses intervieweurs d’un jour. Sans paraître un instant abattue. Par Caroline Derrien, Olivia Elkaim, Stéphane Lepoittevin. Photos : Xavier Lambours pour VSD
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ntre des négociations très tardives avec les gardiens de prison et le réveil au petit matin de sa fille Zohra, la nuit a été courte. Pourtant, ce jeudi 7 mai, Rachida Dati se montre énergique, comme toujours. à l’aise, comme elle sait l’être. Plus figée, toutefois, quand on l’interroge sur sa vie privée. Ils sont neuf, de 20 à 25 ans, à avoir concocté leurs questions à la garde des sceaux. Une ministre sur le point de quitter son poste, et dont l’avenir suscite des interrogations.
un message d’espoir Une femme, surtout, scrutée, disséquée, éreintée comme aucune autre, durant cette dernière séquence politique. Et qui, traversant les couloirs et les salons de la Chancellerie, rappelle à ces jeunes originaires de diverses régions de France qu’elle a été conviée dans ces lieux par Albin Chalandon, il y a plus de vingt ans. « Je ne m’attendais pas à y revenir un jour en tant que ministre », leur révèle-t-elle. Plus en confiance qu’avec les journalistes, dont elle se méfie, elle accepte de réagir aux attaques dont elle est l’objet. Et ne manque pas d’adresser à ces interlocuteurs un message d’espoir pour l’avenir : « J’espère que vous avez tous des rêves ! », leur lancet-elle. Avant d’ajouter, comme en écho à son propre parcours : « Il ne faut pas avoir peur et rester immobile. »
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En couverture
une ministre déterminée Après une nuit de négociations avec les surveillants pénitentiaires, Rachida Dati a répondu à nos jeunes lecteurs, réunis au ministère qu’elle quittera bientôt.
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Sandrine Kerléo, 23 ans, étudiante à l’ICN, à Nancy. On annonce une
abstention record aux européennes, notamment parmi les jeunes. Pouvez-vous nous donner trois bonnes raisons de voter le 7 juin ?
Un mandat européen est indissociable ‘‘ de la vie politique nationale. En politique, le danger, c’est le repli sur soi ! ’’
Rachida Dati. D’abord, pour votre géné-
ration, l’Europe est une évidence, puisque vous ne vous posez pas la question des frontières ou des visas pour aller à Londres, Berlin ou Varsovie. L’Europe vous ouvre d’autres horizons pour votre insertion professionnelle et votre carrière. Enfin, l’Europe intervient directement dans notre vie quotidienne, puisque 60 % de notre législation est issue de la législation européenne. Voter, c’est avoir le choix de son avenir. Sophie Vallet, 23 ans, étudiante en médecine, à Paris. La Turquie peut-elle
faire partie de l’Union européenne, selon vous ?
Je ne pense pas que la Turquie ait vocation à entrer dans l’Union européenne. Cela n’exclut bien sûr pas un partenariat renforcé. Avant tout élargissement, il faut d’abord s’interroger sur les frontières de l’Europe. Si la Turquie intègre l’Union européenne, pourquoi ne pas accueillir la Russie ou l’Ukraine ? Il faut ensuite se poser la question du fonctionnement de l’Europe à vingt-sept. Les mécanismes européens de décisions doivent évoluer : c’est l’un des objectifs du Traité de Lisbonne. Aujourd’hui, dans des domaines comme la sécurité ou la justice, il faut l’accord des vingt-sept états membres pour adopter une décision. Si un état refuse, tout est bloqué. La Turquie est un grand pays, une grande civilisation. C’est une passerelle entre l’Europe et l’Orient et elle joue un rôle primordial dans les relations entre les pays arabes et Israël. Si demain, elle faisait partie de l’Union européenne, elle serait intégrée dans un ensemble et ne pourrait plus jouer le même rôle politique. R. D.
offensive L’Europe, une sanction élyséenne ? La ministre le nie : « Comme sanction, il y a pire ! » Elle confie qu’elle rencontre presque chaque jour Michel Barnier, numéro un de la liste UMP. « Sinon, on se téléphone », précise-t-elle.
tiques ethniques, notamment entre
teur de Welcome, Philippe Lioret,
pour les Français. Pendant trop longtemps, l’immigration a été considérée comme un sujet tabou dans notre pays. Cette question n’était abordée qu’au moment des élections, et souvent pour faire peur. Les partis extrêmes s’en étaient emparés. Nicolas Sarkozy a ouvert le débat. Il a toujours dit qu’il n’était pas favorable à une immigration zéro. Pour autant, dire que tous les sans-papiers ont vocation à être régularisés est irresponsable. C’est manquer de respect à tous les immigrés qui sont entrés dans notre pays légalement, qui ont contribué à son développement et qui ont fait des efforts d’intégration pour enrichir notre identité. Refuser l’immigration clandestine, c’est refuser d’être complice des passeurs et des réseaux criminels.
entre la politique actuelle de la France
Youssef Chahb, 20 ans, étudiant à
Parlement de Strasbourg sera-t-elle
vis-à-vis des sans-papiers et le régime
Sciences po Paris. Quel est votre avis
pour vous l’île d’Elbe ou l’île de
de Vichy ?
sur la récente polémique au sein du
Sainte-Hélène ?
R. D. Une telle comparaison est insultante
gouvernement, concernant les statis-
R. D.
Sandrine Kerléo. Que pensez-vous
de la comparaison faite par le réalisa-
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Yazid Sabeg et Fadela Amara ?
L’objectif des statistiques est de recenser les discriminations pour mieux les combattre. Il faut pour cela des critères objectifs. Est-ce que cela doit être la couleur de la peau, l’âge, l’origine ou la condition sociale ? C’est une question complexe. Dès mon arrivée au ministère, j’ai mis en œuvre une politique pénale, ferme, de lutte contre les discriminations en créant des pôles antidiscrimination dans tous les tribunaux de grande instance. Ils sont composés d’un magistrat et d’un délégué du procureur issu du réseau associatif. Dans 80 % des cas signalés, la justice a apporté une réponse pénale. R. D.
Salem Belgourch, 23 ans, étudiant à Sciences po Paris. Votre élection au
L’engagement politique se fait
21
En couverture
devant ses pairs Dans le couloir du ministère, Rachida Dati pose devant les photos de Badinter, Mitterrand… les gardes des Sceaux qui l’ont précédée.
sous plusieurs formes, sans jamais oublier de se confronter au suffrage universel. C’est ce que j’ai fait en devenant maire du 7e arrondissement de Paris. Je suis également conseiller politique en charge de l’Europe pour le Mouvement populaire. Ma candidature aux élections européennes confirme ma volonté d’être au service des Français, et en particulier des Franciliens.
Salah Elouakrime, 25 ans, étudiant en doctorat de droit, à Paris. Ce mandat
pourrait-il constituer un obstacle à une carrière nationale ? R. D. Au contraire ! Un mandat européen
est indissociable de la vie politique nationale. C’est une ouverture. En politique, le danger, c’est le repli sur soi. Loïse Delacotte, 21 ans, étudiante en histoire, à Paris. Mais avez-vous des am-
bitions plus larges que le 7e arrondissement parisien pour les municipales de 2014 ?
Les élections européennes, c’est le 7 juin. Mon objectif est d’être élue au Parlement européen. Après, on verra. R. D.
Salah Elouakrime. Vivez-vous
votre candidature aux élections européennes comme une sanction émanant du président de la République ? R. D. Je suis libre de mes choix. J’aime la
politique, avec un seul objectif : être au service de mon pays. Les élections européennes en font partie. Sandrine Kerléo. Vos relations avec
le Président semblaient meilleures du temps de Cécilia. Qu’en est-il réellement de vos liens avec Carla Bruni-Sarkozy ? R. D. Il est président de la République, et
je suis ministre de son gouvernement ; nous servons l’intérêt général. J’ai, par ailleurs, de très bonnes relations avec Carla Bruni-Sarkozy. Florent Iosub, 20 ans, ferronnier d’art, à Torcy (77). N’êtes-vous pas néan-
moins nostalgique de la campagne présidentielle, quand vous travailliez davantage à ses côtés ?
Non, je ne suis pas nostalgique. La campagne présidentielle a été une très R. D.
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‘‘
Je dois être à la hauteur, à « l’apogée de l’apogée », comme dirait Jamel Debbouze
’’
belle aventure et un moment exceptionnel de ma vie politique, puisque le candidat dont j’ai été la porte-parole a été élu président de la République. Ce n’est pas mal comme expérience, non ? En plus, c’est une fierté et un grand honneur. Sophie Vallet. N icolas Sarkozy est-il
êtes-vous la plus fière ?
sécurité des Français : l’instauration des peines planchers pour lutter contre la récidive, la création de la rétention de sûreté, la réforme intégrale de la formation des magistrats pour éviter de nouveaux dysfonctionnements, la mise en place d’un contrôle indépendant des lieux de privation de liberté et, surtout, la création de nouveaux droits pour les victimes. Ces réformes étaient attendues par les Français. Xavier Salvatore. 25 ans, futur avo-
R. D. Le ministère de la Justice n’avait pas
cat, à Montfermeil (93). Avez-vous vrai-
été autant réformé depuis trente ans. La réforme de la carte judiciaire, par exemple, était attendue depuis de nombreuses années ; plusieurs gardes des Sceaux qui avaient essayé de mener cette réforme ont finalement renoncé. Il était important de remettre les tribunaux au service des Français de manière plus cohérente et mieux organisée. D’autres réformes ambitieuses ont été mises en œuvre pour la
ment pris conscience de la pénibilité
le parrain de votre petite Zohra ?
Je pensais que nous n’évoquerions pas les aspects personnels. Sophie Vallet. D e quelle réforme R. D.
du métier de gardien de prison ?
L’administration pénitentiaire est une priorité du gouvernement et de mon action. C’est une administration souvent mal connue, à laquelle je suis très attachée. Les surveillants pénitentiaires exercent un métier difficile dans des conditions de plus en plus difficiles. Depuis 2007, le budget de l’administration péniten- R. D.
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Pour Ludmila Gautier, une pile peut changer l’énergie. Mère de deux enfants, Ludmila se rend tous les matins à Karlsruhe en Allemagne, où elle travaille pour EDF sur le développement de la pile à combustible. Elle explique : « Une pile à combustible, c’est un procédé un peu magique. L’idée est de produire de l’électricité et de la chaleur à partir d’hydrogène et d’oxygène, séparés par une membrane pour éviter la combustion. Cette technologie peut avoir des applications pour des résidences individuelles, avec des puissances faibles, mais aussi des applications industrielles puisqu’on peut atteindre 1 mégawatt de puissance. » Pour Ludmila, cette technologie sera sur le marché d’ici 5 ans en Europe. Découvrez les histoires de ceux qui changent l’énergie dès aujourd’hui sur
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En couverture
Il faut militer pour le droit au respect des ‘‘ femmes. Certains se permettent des com mentaires que l’on ne ferait pas à un homme ’’
R. D. Pour quelques-uns, peut-être… Salem Belgourch. En tant que
ministre de la Justice, représentante de la diversité, n’êtes-vous pas une pionnière et un symbole que certains souhaiteraient rabaisser ? R. D. Vous devez être conscient que Nico-
las Sarkozy a ouvert la voie : tous les prochains gouvernements seront à l’image de l’actuel, en termes de parité, de diversité et d’origines sociales. Parce que je n’ai pas suivi le parcours habituel de l’engagement politique : militer pendant des années, s’engager, tracter sur des marchés, coller des affiches, tenir des réunions publiques, prendre sur sa vie personnelle, connaître des succès, des échecs électoraux, je dois en faire plus que les autres. J’ai une obligation de résultat. Cela m’incite à une certaine modestie et je peux comprendre que certains soient agacés ou qu’ils trouvent cela un peu injuste. Je dois être à la hauteur, à « l’apogée de l’apogée », comme dirait Jamel Debbouze. Aussi ai-je décidé, une fois pour toutes, de ne pas répondre aux attaques et aux polémiques. Me plaindre, ce serait de l’indécence. Salem Belgourch. B eaucoup d’ouvrages ont été écrits sur vous,
tiaire a augmenté (+ 6,4 % en 2008 et + 4, 1% en 2009), 3 264 emplois nouveaux ont été créés et près de 9 000 places de prisons ont été ouvertes. Nous avons aussi multiplié par deux les aménagements de peines, comme le bracelet électronique ou la libération conditionnelle pour réinsérer les détenus… Les surveillants, en participant directement à la réinsertion des détenus et à la lutte contre la récidive, sont essentiels à la sécurité des Français. J’ai également donné des instructions fermes pour que toute agression d’un détenu contre un surveillant soit systématiquement poursuivie. Youssef Chahb. F ace aux attaques
Astrid Caupin, 23 ans, étudiante en magistère de gestion, à Paris-Dauphine.
Suite aux critiques dont vous avez été la cible, vous avez déclaré : « La poli tique, c’est aussi rire, c’est la vie. » Pensez-vous qu’il soit difficile de garder sa spontanéité en politique ?
général, n’avez-vous jamais pensé à
Être ministre n’autorise aucune familiarité et être spontanée ne veut pas dire être désinvolte ! Si pendant très longtemps les Français se sont désintéressés de la politique, c’est parce que le monde politique ne leur ressemblait pas et qu’il s’était éloigné de leur préoccupations. Moi, je reste comme je suis dans la vie, en prenant soin de tenir mon rang de ministre de la République. Salem Belgourch. L es critiques
baisser les bras, à arrêter la politique ?
portent rarement sur votre bilan ou
Il n’y a qu’une chose qui peut être déstabilisante, c’est de ne plus être en accord avec ses valeurs et ses convictions. Ce n’est pas mon cas. Le reste est accessoire.
vos compétences, mais davantage
de toutes sortes et à l’adversité en
R. D.
24
R. D.
« pose » détente Rachida Dati n’aime guère s’attarder dans le jardin… à moins d’être entourée par des jeunes ravis de découvrir le ministère.
souvent destructeurs. Comment l’expliquez-vous ? R. D. Je n’ai lu aucun de ces livres. écrire
des ragots, cela fait sûrement vendre, mais ce n’est ni du journalisme ni de la littérature. C’est pour cela que j’avais souhaité m’expliquer dans un livre d’entretiens, Je vous fais juges. Certains oublient, parfois, que j’ai une famille. Sandrine Kerléo. V otre retour rapide après votre accouchement n’a-t-il pas constitué un affront aux femmes qui ont milité pour le droit au congé maternité ? R. D. En tant que ministre de la Justice, j’ai
des responsabilités et des devoirs. Il était donc important que je continue à les assumer. J’ai toujours milité pour les droits des femmes et leur libre choix : de travailler ou pas, de faire des enfants ou de ne pas en faire. Florent Iosub. N e vous arrive-t-il
sur votre personnalité. Alors moi,
pas d’avoir envie de révéler le nom
je m’interroge : y a-t-il une Rachida
du père de votre enfant ?
qui dérange ?
R. D. Cela relève de ma vie privée. VSD N° 1655 du 13 au 19 mai 2009
garden-party Le 13 juillet 2007, Sarkozy adoube sa protégée. Et lui lance : « Vous avez une obligation de résultat. » un jour à amman Le 4 mai, son voyage en Jordanie, où elle fut reçue par la reine Rania, fut maintenu, malgré les protestations des gardiens de prison. vie municipale Le 7 mai, le maire du 7e, qui tient à faire de Paris son meilleur ancrage politique, commémore l’Armistice de 1945. tandem Elle assure bon gré mal gré, avec le sourire, la campagne européenne avec Michel Barnier.
Florent Iosub. Mais ça intéresse tout
le monde… R. D. Absolument pas ! Salem Belgourch. Pensez-vous que
l’avenir du pays est, plus que jamais, aux mains de la jeunesse ou que, au contraire, nous avons beaucoup de souci à nous faire ? R. D. La chance de la jeunesse, c’est de pou-
voir rêver, et j’espère que vous avez tous beaucoup de rêves. Dans la vie, il ne faut pas avoir peur et rester immobile. Aujourd’hui, comme dans toutes les périodes difficiles, notre jeunesse doit s’engager. Et, malgré le contexte économique actuel, il faut poursuivre les réformes. Le risque, ce serait de tout arrêter. Youssef Chahb. P ensez-vous être une icône pour les jeunes, et notamment ceux « issus de l’immigration » ?
deux ans d’attaques et de polémiques
Plus que son action, c’est le style de la ministre qui a souvent dérangé depuis son entrée en fonction. E 25 juin 2007 une carte explosive
L’annonce de la réforme de la carte judiciaire suscite une vague de protestations et d’importantes manifestations dans de nombreuses juridictions. E 6 juillet 2007 démissions en chaîne
Son directeur de cabinet, Michel Dobkine, quitte la Chancellerie. C’est l’amorce d’une longue salve de démissions et de critiques. E 31 octobre 2007 plaidoyer
Face aux polémiques – procès en incompétence et postures de la ministre jugées trop glamour –, elle publie un livre d’entretiens avec le journaliste Claude Askolovitch, « Je vous fais juges » (Grasset).
Photos : sipa - angeli - fédéphoto - D.R.
E 16 mars 2008 madame le maire
La garde des Sceaux conquiert la mairie du 7e arrondissement et entre au Conseil de Paris. Ses détracteurs dénoncent un parachutage téléguidé par Nicolas Sarkozy. E 27 octobre 2008 un signe de désaveu
Face au malaise grandissant des juges, le président de la République reçoit l’Union syndicale des magistrats à l’élysée, en présence de Patrick Ouart, puissant conseiller présidentiel à la justice qui ne considère guère Rachida Dati. Elle doit patienter avant d’être associée à la discussion. VSD N° 1655 du 13 au 19 mai 2009
E 17 novembre 2008 la riposte
534 magistrats envoient une pétition à la ministre, dénonçant l’incohérence des politiques pénales mises en place et exigeant des « excuses » à l’égard d’un de leurs pairs. « Si je comprends les difficultés des magistrats, je ne peux accepter les mises en cause », rétorque alors la garde des Sceaux. E 2 janvier 2009
mère, discrète et pressée
Elle donne naissance à Zohra, dont elle choisit de ne pas révéler l’identité du père, en dépit de la pression médiatique. Sa célérité à revenir sur la scène politique, cinq jours après l’accouchement, suscite une nouvelle polémique. E 21 janvier 2009
européenne
Nicolas Sarkozy annonce qu’elle sera numéro deux sur la liste européenne menée par Michel Barnier. Trois jours plus tard, son attitude et son regard embué, lors du conseil national de l’UMP, trahissent quelque amertume à devoir quitter la place Vendôme. C. D.
‘‘
Il ne faut pas oublier d’où je viens. Je ne suis pas grisée
’’
Je pense que ma nomination a été forte, symboliquement. Il ne s’agit pas de ma personne, mais de ce que j’incarne. Je ne suis pas exemplaire, mais le fait que j’appartienne à la première génération de ma famille née en France, avec un père ouvrier, une maman qui ne travaillait pas, dans un environnement pas simple, et que je sois devenue ministre de la République, cela peut donner envie à d’autres. Cela peut, peut-être, leur permettre de se dire : « Pour moi aussi, c’est possible !» Florent Iosub. M algré la difficulté R. D.
de votre tâche, et les attaques, vous ne semblez pas abattue. R. D. Je suis heureuse, en tant que ministre, d’être au service des Français. Vous verrez que, dans quelques années, on aura oublié qu’il y a eu des livres ; on se demandera plutôt : « Au fait, qu’a-t-elle fait au ministère de la Justice ? » C’est cela qui me préoccupe. Être garde des Sceaux, d’abord pour ma famille, pour moi, mais aussi pour l’ensemble des Français qui me font confiance, c’est un immense honneur. Il ne faut pas oublier d’où je viens. Je ne suis pas grisée ; j’aime la vie, et puis je suis toujours curieuse des choses. Voilà, je ne suis pas « fatiguée » ! J
balade dominicale La ministre profite d’une journée radieuse de février pour promener sa petite Zohra.
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ÉPOQUEpeoplE L’IDOLE DE JOY ET de JADE Le chanteur adore jouer au papa poule avec ses deux filles. « Quand Joy est arrivée, Jade disait : « J’ai bien compris, vous ne m’aimez plus. Je ne sers plus à rien. » Puis, petit à petit, elle s’est habituée.
le dernier tour
Le rockeur, qui fêtera ses 66 ans le 15 juin, vient d’entamer sa tournée d’ad
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VSD N° 1655 DU 13 AU 19 MAI 2009
johnny hallYday ENTRE RIFFS ET CÂLINS
d’ un daddy cool
ieu. Il a reçu VSD en coulisses, pour ses ultimes répétitions, À SAINT-ÉTIENNE. Par Sacha Reins VSD N° 1655 DU 13 AU 19 MAI 2009
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photos : gérard giaume/h & k – daniel angeli/angeli
COSTUME DE STAR Johnny lors des derniers essayages de ses tenues de scène. Elles ont été imaginées par la styliste américaine Maryam Malakpour, réputée pour ses créations destinées aux Stones, à Coldplay ou à Seal.
ÉPOQUE SPORT
OM /BORDEAUX
LA GUERRE DES MONDES Deux styles, deux cultures… Tout oppose les deux équipes, engagées dans la course au titre de Champion de France de foot. Par Jérôme Jessel
E
poustouflant. Depuis maintenant plus de sept ans et une domination sans partage de l’Olympique lyonnais, jamais une fin du championnat de France n’a suscité autant de passion et de suspense. Lyon largué, c’est bien entre Bordeaux (GB) et Marseille (OM) que le titre va se jouer. D’un côté, l’OM : la ferveur populaire qui l’entoure et ses crises permanentes. De l’autre, une ville feutrée où les supporteurs laissent vivre en paix les Girondins. Le match de la passion contre la raison.
Ce que l’on veut oublier OM. L’affaire OM/ VA hante encore toutes les mémoires et demeure comme l’une des pages les plus sombres de l’histoire du foot français. C’est d’ailleurs ce dossier de corruption de joueurs valenciennois qui a conduit Bernard Tapie à la case prison pour « subornation de témoins ». GB. Au début des années quatre-vingtdix, Claude Bez, patron du club, aujourd’hui décédé, est le grand rival de Tapie. Les deux hommes, qui se détestent, jouent sans cesse la provocation. Un soir de match, Claude Bez arrivera au stade Vélodrome en limousine rose. Le sulfureux président avouera sur le plateau de « Téléfoot » avoir offert des prostituées aux arbitres lors de rencontres de Coupe d’Europe. 40
ON EN RÊVE ENCORE
OM. 26 mai 1993. Jour de gloire du foot
français. D’un coup de tête rageur, le défenseur Basile Boli anéantit le grand Milan AC de Gullit, Rijkaard et Papin. Le capitaine Didier Deschamps brandit la coupe « aux grandes oreilles », comme l’a qualifiée Bernard Tapie. L’OM reste à ce jour le seul club français à avoir remporté la Ligue des champions.
GB. 19 mars 1996. Au parc Lescure, les
Girondins de Bordeaux reçoivent le grand Milan AC à l’occasion du match retour des quarts de finale de la Coupe de l’UEFA. Battus 2 à 0 à l’aller, les Bordelais, emmenés par un jeune trio magique composé de Bixente Lizarazu, Zinedine Zidane et Christophe Dugarry, atomisent les Italiens 3 à 0.
Le joueur numéro un OM. Mamadou Niang – deuxième salaire du club, avec 220 000 euros par mois, derrière le Néerlandais Boudewijn Zenden –, blessé deux mois durant l’hiver, termine la saison en fanfare. Avec 10 buts, l’international sénégalais est le meilleur scoreur et le meilleur passeur de l’équipe (5 passes). GB. Yoann Gourcuff, 22 ans, est la nouvelle icône du foot français. Après un léger passage à vide début mars, il est le grand artisan de la remontée des Girondins. Sur les trois derniers matchs, il a inscrit 4 buts. Il est payé 150 000 euros par mois, mais les dirigeants lui o ffrent le double pour qu’il prolonge. Le business OM. Avec un budget de près de 120 millions d’euros, Marseille est le deuxième club le plus riche derrière Lyon. Mais il est celui qui vend le plus de maillots par an (360 000). L’OM tente désormais de percer des marchés internationaux comme le Moyen-Orient et la Chine. GB. Quatrième budget de Ligue 1 avec 70 millions d’euros, Bordeaux n’a pas les moyens de son adversaire. Le club, qui écoule en moyenne 45 000 maillots par an, a une grande marge de progression. Les dirigeants souhaitent axer le développement sur l’accueil des VIP, en augmentant le nombre de loges (dixhuit seulement, pour le moment).
le stratège Yoann Gourcuff, le milieu de terrain, baromètre des Girondins, enchaîne les prestations de très haut niveau.
Bordeaux n’a pas les moyens de l’OM, mais sa marge de progression est grande
VSD n° 1655 du 13 au 19 mai 2009
discret Négociant en vins, Jean-Louis Triaud, le président des Girondins, fuit les médias.
photos : presse sports - afp
L’environnement OM. Doté de 60 000 places et comptant 42 000 abonnés), le stade Vélodrome offre la plus grande capacité d’accueil et la plus chaude ambiance de Ligue 1. Le club s’est doté d’un vrai centre d’entraînement, à la Commanderie, pour un coût de 20 millions d’euros. Un écrin de verdure de 9 hectares, situé sur les hauteurs de Marseille. GB. Le centre d’entraînement du château du Haillan, lancé par Claude Bez, est sans doute celui qui offre le plus joli cadre. Ville réputée sage, Bordeaux ne connaît pas la ferveur populaire de la
prolixe Pape Diouf, président de l’OM, multiplie les tirades en conférences de presse.
cité phocéenne. En revanche, le stade Chaban-Delmas ne pouvant accueillir que 35 000 spectateurs, la construction d’une nouvelle structure est à l’étude. LE jeu de l’ENTRAÎNEUR OM. Erik Gerets, victime de la crise financière, a perdu plus de 1 million d’euros dans des placements boursiers. Il a demandé aux dirigeants une rallonge de 100 000 euros sur son salaire mensuel – déjà plus de 200 000 euros. Refus poli. Le Belge, très apprécié par les joueurs, sera remplacé par Didier Deschamps la saison prochaine.
respect Les entraîneurs de l’OM et des Girondins, Erik Gerets et Laurent Blanc, s’apprécient mutuellement. VSD n° 1655 du 13 au 19 mai 2009
le buteur Mamadou Niang, l’attaquant sénégalais de l’OM, est le meilleur réalisateur de son équipe avec dix buts.
À Marseille, agitation et passion ; à Bordeaux, sérénité et discrétion de bon aloi
GB. Entraîneur depuis 2007, aurent Blanc est une révélation. L En deux ans, il a déjà remporté le Trophée des champions et la Coupe de la ligue. Le « président » dégage une incontestable sérénité sur le banc de touche.
LA STRATÉGIE DES PRÉSIDENTS OM. Ancien journaliste à La Marseillaise, ex-agent de joueurs, Pape Diouf est la voix du club. C’est lui qui monte au front lors des turbulences que traversent régulièrement le club. Intelligent et charismatique, il manie la langue de bois comme un homme politique chevronné. GB. À l’inverse de son homologue marseillais, Jean-Louis Triaud, à la tête des Girondins de Bordeaux depuis près de douze ans, cultive la discrétion. Ce négociant en vins, gendre du célèbre Henri Martin, propriétaire de plusieurs domaines dans le Bordelais, préfère laisser les rênes de la communication à son entraîneur. Une démarche assez rare dans le milieu du foot. Jean-Louis Triaud a toute la confiance des dirigeants de M6, actionnaire du club. J 41
MONDE portrait
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Silvio berlusconi
ésolé, mais je n’ai pas réussi à vous amener les showgirls. » La boutade déclenche aussitôt une salve de rires dans un parterre d’agriculteurs. Au lendemain de la polémique qui l’a contraint à retirer les starlettes de ses listes européennes, le chef du gouvernement italien n’a rien perdu de sa verve. À 72 ans, les cheveux impeccablement teints, le visage lifté, jouant les éternels beaux gosses dans son costume cravate marine, il en rajoute même : « Au fait, j’y songe, pour vos vingt mille points de vente, si vous avez besoin de belles vendeuses, vous savez à qui vous adresser ! »
La popularité du président du conseil italien reste très forte, maL
Depuis longtemps, sa passion pour les jeunes femmes n’est plus un secret. Les scandales qui ont émaillé son actuel mandat ne l’ont d’ailleurs pas empêché de retomber sur ses pieds. Jusqu’au 3 mai. Exaspérée, sa femme, Veronica Lario, a rendu publique son intention de divorcer, après avoir dénoncé « le divertissement de l’empereur. Ce n’importe quoi sans pudeur, au nom du pouvoir ». Cette intervention, tombée la veille de la publication des listes, a permis au président du Conseil de revoir sa copie et de s’en sortir par une énième pirouette. L’épisode s’est clos dans l’indifférence amusée d’une Italie amplement vaccinée contre ce genre d’incidents. Le lynchage en règle infligé dans la foulée à « lady Berlusconi », qualifiée «d’ingrate et de capricieuse » par la presse « amie » du chef, n’a pas suscité davantage de réactions. Surtout pas de la part du mari « offensé ». Même indifférence bienveillante, la veille, lors de la visite impromptue du chef du gouvernement, dans la périphérie de Naples, à l’anniversaire d’une jolie blondinette de 18 ans. Pour Veronica Lario, la coupe était pleine. Le Premier ministre a contre-attaqué au cours d’une émission politique sur la première chaîne. Et a demandé à sa femme de présenter des excuses publiques. Ce différend conjugal 48
epa/corbis
« le n’importe quoi sans pudeur de l’empereur »
ne semble pas scandaliser un pays qui, en quinze ans, l’a élu trois fois et continue de le soutenir avec ferveur. Assistant à un concert à Naples le 1er mai, comme si de rien n’était, Silvio Berlusconi en a profité pour proclamer qu’il détenait « le record absolu de consensus ». « Les sondages en ma possession me donnent à 75,1 % , tandis que Barack Obama est à 59 %, et le président brésilien Lula à 64 % », s’est-il vanté, en précisant que « ces sondages sont faits par d’autres, qui n’ont guère plaisir à les divulguer ». À un mois des élections européennes, couplées en Italie à des élections locales partielles, le leader du centre droit est assuré d’être plébiscité. « Il y a deux semaines, il était crédité de plus de 50 % d’intentions de vote. Un record, confirme Renato Mannheimer, directeur de l’institut de sondages Ispo. Son succès tient à sa capacité à toujours instaurer un rapport direct avec le public. Il ne supporte pas les intermédiaires et se passerait bien
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Il aspire à maintenir le pays tel qu’il l’a modelé. Comme il a reconstruit le système politique à son image
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Alessandro Amadori
des institutions. Quant à ses blagues ou ses petites phrases, elles le rendent plus humain et ne font que le rapprocher des gens, qui se reconnaissent en lui. » Mais ce « magnétisme » n’explique pas tout. En showman expérimenté, « Sua Emittenza » sait comment occuper l’espace, à coups de provocations. Rien de tel pour être au centre de l’attention médiatique et distraire l’opinion publique. Arrivé sur la scène fin 1993, alors que les forces politiques du pays venaient d’être balayées par l’offensive anticorruption « Mains propres », cet entrepreneur doué en affaires a su aussi profiter habilement de ce vide, puis de l’effondrement de la gauche. « On est loin d’un effet météorite, comme le pensaient certains. Silvio Berlusconi est devenu un phénomène structurel et fondamental de la politique italienne. Et il est là pour longtemps encore. Il occupe une place tellement centrale que ses adversaires ne peuvent exister VSD n° 1655 Du 13 au 19 mai 2009
MONDEPORTRAIT
D
SILVIO BERLUSCONI MAÎTRE EN SON PAYS
ésolé, mais je n’ai pas réussi à vous amener les showgirls. » La boutade déclenche aussitôt une salve de rires dans un parterre d’agriculteurs. Au lendemain de la polémique qui l’a contraint à retirer les starlettes de ses listes européennes, le chef du gouvernement italien n’a rien perdu de sa verve. À 72 ans, les cheveux impeccablement teints, le visage lifté, jouant les éternels beaux gosses dans son costume cravate marine, il en rajoute même : « Au fait, j’y songe, pour vos vingt mille points de vente, si vous avez besoin de belles vendeuses, vous savez à qui vous adresser ! »
LA POPULARITÉ DU PRÉSIDENT DU CONSEIL ITALIEN RESTE TRÈS FORTE, MAL GRÉ SES DÉBOIRES CONJUGAUX.
AP/SIPOA
« LE N’IMPORTE QUOI SANS PUDEUR DE L’EMPEREUR »
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CONTRE-ATTAQUE Le 5 mai, lors d’une émission sur la RAI, Berlusconi somme sa femme de présenter des excuses publiques.
ne semble pas scandaliser un pays qui, en quinze ans, l’a élu trois fois et continue de le soutenir avec ferveur. Assistant à un concert à Naples le 1er mai, comme si de rien n’était, Silvio Berlusconi en a profité pour proclamer qu’il détenait « le record absolu de consensus ». « Les sondages en ma possession me donnent à 75,1 % , tandis que Barack Obama est à 59 %, et le président brésilien Lula à 64 % », s’est-il vanté, en précisant que « ces sondages sont faits par d’autres, qui n’ont guère plaisir à les divulguer ». À un mois des élections européennes, couplées en Italie à des élections locales partielles, le leader du centre droit est assuré d’être plébiscité. « Il y a deux semaines, il était crédité de plus de 50 % d’intentions de vote. Un record, confirme Renato Mannheimer, directeur de l’institut de sondages Ispo. Son succès tient à sa capacité à toujours instaurer un rapport direct avec le public. Il ne supporte pas les intermédiaires et se passerait bien
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Il aspire à maintenir le pays tel qu’il l’a modelé. Comme il a reconstruit le système politique à son image
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Alessandro Amadori
des institutions. Quant à ses blagues ou ses petites phrases, elles le rendent plus humain et ne font que le rapprocher des gens, qui se reconnaissent en lui. » Mais ce « magnétisme » n’explique pas tout. En showman expérimenté, « Sua Emittenza » sait comment occuper l’espace, à coups de provocations. Rien de tel pour être au centre de l’attention médiatique et distraire l’opinion publique. Arrivé sur la scène fin 1993, alors que les forces politiques du pays venaient d’être balayées par l’offensive anticorruption « Mains propres », cet entrepreneur doué en affaires a su aussi profiter habilement de ce vide, puis de l’effondrement de la gauche. « On est loin d’un effet météorite, comme le pensaient certains. Silvio Berlusconi est devenu un phénomène structurel et fondamental de la politique italienne. Et il est là pour longtemps encore. Il occupe une place tellement centrale que ses adversaires ne peuvent exister
ACTIVISME Depuis le tremblement de terre qui a ravagé la région des Abruzzes le 6 avril, le chef du gouvernement s’est rendu dix fois sur place.
REUTERS
AGENT PROVOCATEUR En avril, le Premier ministre s’est rendu aux 18 ans de Noemi Letizia, qui, dans la presse, confie le surnommer « papounet ».
EPA/CORBIS
Depuis longtemps, sa passion pour les jeunes femmes n’est plus un secret. Les scandales qui ont émaillé son actuel mandat ne l’ont d’ailleurs pas empêché de retomber sur ses pieds. Jusqu’au 3 mai. Exaspérée, sa femme, Veronica Lario, a rendu publique son intention de divorcer, après avoir dénoncé « le divertissement de l’empereur. Ce n’importe quoi sans pudeur, au nom du pouvoir ». Cette intervention, tombée la veille de la publication des listes, a permis au président du Conseil de revoir sa copie et de s’en sortir par une énième pirouette. L’épisode s’est clos dans l’indifférence amusée d’une Italie amplement vaccinée contre ce genre d’incidents. Le lynchage en règle infligé dans la foulée à « lady Berlusconi », qualifiée «d’ingrate et de capricieuse » par la presse « amie » du chef, n’a pas suscité davantage de réactions. Surtout pas de la part du mari « offensé ». Même indifférence bienveillante, la veille, lors de la visite impromptue du chef du gouvernement, dans la périphérie de Naples, à l’anniversaire d’une jolie blondinette de 18 ans. Pour Veronica Lario, la coupe était pleine. Le Premier ministre a contre-attaqué au cours d’une émission politique sur la première chaîne. Et a demandé à sa femme de présenter des excuses publiques. Ce différend conjugal
Par Dominique Muret
qu’en se démarquant par rapport à lui », analyse Alessandro Amadori, patron du centre d’études Coesis Research. Fort de sa fortune personnelle et de son empire médiatique (en plus des trois principales chaînes privées qui lui appartiennent, il contrôle de fait la télévision publique), plusieurs fois inculpé pour corruption, mais jamais définitivement condamné, « Il Cavaliere » n’a jamais été aussi puissant. Rebondissant à chaque fois avec maestria sur ses échecs, liquidant sans pitié ses adversaires, tout comme ses alliés politiques, qu’il a fini par avaler totalement, fin mars, en les insérant dans son grand parti, le Peuple de la liberté, le leader de la droite s’affiche désormais en « père de la nation ». Il ne parle plus de révolutionner l’Italie comme autrefois. Il a adouci son discours et se veut le chef de tous les Italiens, comme l’a illustré sa participation, pour la première fois en quatorze ans, à la fête nationale du 25 avril commémorant la Libération par les partisans. « Aujourd’hui, Silvio Berlusconi aspire à maintenir le pays tel qu’il est. C’est-à-dire tel qu’il l’a modelé. Tout
comme il a reconstruit le système politique à son image, souligne Alessandro Amadori. Grâce à un consensus populaire venu de la base, sans instaurer le moindre régime, plaçant ses hommes dans tous les rouages importants, il a mis en place une forme de gouvernement autoritaire. C’est un phénomène unique en Europe. Un mécanisme de pouvoir très personnalisé, qui s’appuie sur une culture nationale populiste à travers le contrôle des télévisions. »
« BERLUSCONI EST LE MIROIR DES ITALIENS » « Berlusconi est l’un des rares à avoir compris les Italiens. Avant lui, il y avait eu Mussolini, qui disait : “Gouverner l’Italie n’est pas difficile, c’est inutile” », tranche Elio Veltri, ex-député indépendant de gauche et auteur de plusieurs enquêtes sur le système politico-financier transalpin. Pour l’essayiste Marco Belpoliti, qui vient de publier une fascinante étude sur la construction de ce personnage à travers ses photos officielles (Il Corpo del capo, éd. Guanda), la réalité est plus simple : « Berlusconi est le miroir des Italiens, lâche-t-il. Ils lui disent : “Merci, tu nous a fait comprendre que nous sommes comme toi.” » À la fois la cause et l’effet, le modèle et l’essence même du berlusconisme, l’homme n’est pas près de quitter la scène. 쐍
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WEEK-END cinémaCAnnes 2009
En route pour la L’EX-STAR DU BALLON ROND MONTERA LES MARCHES DU PALAIS AU CôTÉ DU CINÉASTE POUR
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RICHARD AUJARD POUR VSD
UNE IDÉE DE CANTO C’est l’ancien attaquant de Manchester United qui a contacté Ken Loach, afin de lui soumettre l’idée d’un film relatant l’histoire vraie d’un fan qui perdit travail, famille et potes pour suivre Cantona de Leeds à Manchester.
croisette !
LOOKING FOR eRIC, PRÉSENTÉ EN COMPÉTITION. INTERVIEW CROISÉE. Par Olivier Bousquet
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Réunis grâce au film, Éric Cantona et Ken Loach partagent deux passions : le cinéma et le football
tables possible. Lorsqu’ils se sentent en confiance, ils deviennent plus courageux. Sauf que, au cinéma, si on fait une erreur, ce n’est jamais vraiment grave. On recommence la prise. VSD. Éric Cantona, comment avez-vous trouvé le réalisateur Loach ? É. C. J’ai
F
ootball et cinéma n’ont jamais fait bon ménage. Pour un documentaire exaltant sur Zidane, combien de 3 zéros balourds et d’À nous la victoire ringards ? Avec l’attachant et juste Looking For Eric (voir critique), Ken Loach a réalisé une performance qui méritait qu’on organise cette rencontre entre un cinéaste palmé et son interprète principal, « The King » Éric Cantona, un jour de demifinale aller de Ligue des champions. VSD. Quelle image aviez-vous
l’un de l’autre ?
REMISE À NIVEAU urant l’interview, Éric D Cantona écoute attentivement les réponses de Ken Loach (1). « Il fallait trouver une astuce, explique le cinéaste anglais, Éric n’étant plus dans la forme qu’il avait à l’époque, on ne pouvait pas reconstituer des matchs avec lui. » Cependant, Cantona joue le rôle de coach virtuel pour Eric. (2) À noter, la novélisation du film par Marc Dolisi (Le serpent à plumes, 219 p., 18 €).
photoS : KCS – RICHARD AUJARD POUR VSD – PHILIPPE QUAISSE – D. R.
Ken Loach. Éric
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était comme je l’avais imaginé. J’ai l’habitude de traîner avec les gens du cinéma, je n’avais jamais rencontré de footballeur. Là, j’étais un peu tendu, en fait. J’avais même la tremblote ! Éric Cantona. Nos univers sont proches. Certains pensent passer leur vie à se construire une image, d’autres sont convaincus qu’il est important d’être, tout simplement. Ken fait partie de cette catégorie.
appris beaucoup de choses. Quand on travaille avec lui, on comprend mieux pourquoi ses comédiens sont toujours aussi justes. Là réside une partie de son génie. Mais, Ken, je ne vais quand même pas livrer tes secrets… K. L. (Rires.) Il n’y en a pas vraiment. Il s’agit de parvenir à l’alchimie idéale.
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Ken savait avant de me proposer de jouer VSD. Votre image, justement, dans le film Loach s’en amuse dans le film. que j’allais É. C. Je ne l’ai pas attendu ! J’ai souvent tourné les choses en dérision. Ken a me marrer beaucoup d’humour et sait percer le et accepter s ecret des gens. Il savait avant de me proposer de jouer dans le film que j’allais me marrer et accepter.
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éric Cantona
Nombre d’acteurs peuvent jouer un rôle. Trouver ceux qui fonctionnent parfaitement ensemble, c’est plus difficile. VSD. Sur le site Internet Wikipédia, la biographie d’Éric Cantona est quatre fois plus longue que celle de Ken Loach. Les footballeurs sont-ils plus importants que les cinéastes ? K. L. Ils l’ont toujours été ! Les plus grands sportifs ont plus d’importance dans l’inconscient collectif que les grands cinéastes. É. C. Les moindres faits et gestes d’un footballeur sont rendus public. Pour un cinéaste, seul le résultat prime. Tant mieux ! Le cinéma garde ainsi son mystère et continue de générer des fantasmes.
VSD. Ken Loach, comment
VSD. Dans Looking for Eric, un suppor-
avez-vous trouvé l’acteur Cantona ?
teur clame son désamour pour Man-
K. L. Il a été très facile. Le cinéma et le foot
chester United, qu’il estime pourri par
fonctionnent un peu de la même manière. Il faut mettre les gens dans les situations les plus sûres et les plus confor-
l’argent, et se tourne vers le Fc United of Manchester, créé par les fans en colère et qui évolue en septième VSD N° 1655 DU 13 AU 19 MAI 2009
division. Ces dernières années, l’arrivée massive d’argent a-t-elle changé votre rapport à ce sport ? K. L. Pas tant que ça. Comme beaucoup
de gens, je supporte l’équipe la plus proche de chez moi, le Bath FC. É. C. Qui évolue dans les profondeurs du classement. K. L. On est en septième division, nous aussi. Je les suis depuis trente ans, mais je dois être le supporteur le plus récent. Ils sont tous abonnés depuis soixante ans. Vous imaginez la vitalité du club (rires)… Je veux aller au stade et non pas vivre ma passion via la presse ou la télé.
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Aujourd’hui, la plupart des clubs appartiennent à des types qui se moquent du foot
’’
ken Loach
D’un côté, ils ont l’impression d’être utilisés par Manchester United. De l’autre, ils ne peuvent abandonner le club de leur cœur et leur histoire commune. Le foot ne doit pas appartenir qu’aux riches. É. C. Cependant, l’argent n’a pas nui au jeu car Manchester pratique un football magnifique, l’un des plus beaux du monde. Cela continuera tant qu’un manager comme Alex Ferguson sera là, à défendre bec et ongles les valeurs du club, qui sont les siennes. En revanche, l’argent a nui aux supporteurs, qui doivent se saigner pour aller au stade. Même si les stades, agrandis d’année en
1
É. C. C’est
sûr que pour voir Bath
à la télé… K. L. Je ne vivrais sans doute pas assez longtemps ! Aujourd’hui, la plupart des clubs appartiennent à des types qui se moquent du foot. Quand des fans se rebellent et créent un club, ils forment un nouveau lien communautaire et reviennent à la source de ce que doit être celui-ci. C’est magnifique. C’est une tragédie, aussi. Car leur cœur est déchiré.
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année, sont souvent pleins, le vrai public y répond de moins en moins présent. VSD. Vous avez dit vouloir revenir à Manchester United, mais en tant que président ! É. C. Cela ne dépend pas de moi. Mais si
je reviens, ce sera pour créer quelque chose. Entraîner une équipe comme les autres le font ne m’intéresse pas. VSD. Les demi-finales de Ligue des champions, avec trois clubs anglais en lice sur quatre, vous passionnent-elles ?
une fable enthousiasmante EN MÂTINANT SON RÉALISME DE FANTAISIE, KEN LOACH TOUCHE AU BUT.
Postier à Manchester, Eric a des bleus à l’âme. Sa femme l’a quitté, ses beaux-fils se prennent pour des caïds… Restent ses potes, qui lui prescrivent une thérapie à coups de tabac qui fait rire, et son idole Éric « The king » Cantona, qui déboule dans sa vie pour l’aider à se reprendre en main. Cela faisait des années que Ken Loach avait envie de confronter son art à la chose footballistique. Cet apôtre du réalisme cinématographique a choisi la voie de la fable, pour un résultat d’une justesse enthousiasmante, malgré quelques crochets scénaristiques un poil convenus (sortie le 27 mai). VSD N° 1655 DU 13 AU 19 MAI 2009
É. C. C’est un faux débat. Le foot a tou-
jours privilégié les grandes équipes. K. L. J’espère que Barcelone gagnera la Ligue des champions. Non seulement parce qu’il n’est jamais bon d’avoir trois équipes d’un même pays en demi-finale – où est l’Europe ? –, mais aussi parce que, lorsque j’habitais à Londres, je vivais à Fulham, l’ennemi juré de Chelsea ! Je supporte donc toutes les équipes qui jouent contre ce club. J 59
photo Lisa croze - centre culturel suédois - boléro en plumes yru sha, débardeur en jersey de coton isabel marant
WEEK-END L’INTERVIEW CINÉMA
Noomi Rapace, l’héroïne de Millénium
‘‘révéler le monstre dans l’adaptation du best-seller, CETTE SUÉDOISE joue lisbeth salander et décroche
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e. fougere/VIP/corbis
D.R.
D.R.
auteur maudit Mort quelques jours après en avoir remis l’ultime manuscrit de sa trilogie, le Suédois Stieg Larsson n’aura pas profité du triomphe de Millenium.
l’adaptation Dans le film, Noomi Rapace incarne Lisbeth Salander, l’adolescente dont les connaissances en informatique permettront d’élucider le drame.
cinéaste fétiche Gaspar Noé est un des auteurs avec lesquels Noomi Rapace adorerait travailler. Elle a d’ailleurs visionné Irréversible à plusieurs reprises.
> Je m’appelle Noomi Norèn, mais j’ai choisi le pseudonyme de « Rapace » parce que j’adore la langue
française, que mon mari a vécu à Montpellier et que je m’identifie volontiers à un oiseau de proie. Si je pouvais observer le monde de très haut, sans personne pour me donner des ordres, je n’hésiterais pas à foncer, toutes serres dehors, vers tous les hypocrites, les menteurs, les lâches et les tortionnaires. > J’ai su que je voulais être actrice à 7 ans, quand j’ai fait de la figuration sur un film islandais dont le réalisateur se comportait comme un tyran pour obtenir ce qu’il voulait. Depuis, j’ai principalement tenu des rôles qui m’ont permis de briser toutes sortes de tabous, dont celui d’une mère infanticide dans Daisy Diamond1, un drame danois qui aurait mérité de connaître une vraie carrière internationale. > Durant mon adolescence, j’ai été punk. Les cheveux teints en blond, le visage maquillé de noir et les vêtements déchirés, j’étais soûle à longueur de journée, je me révoltais contre le monde entier, et je voulais ressembler à Nancy Spungen, la petite amie de Sid Vicious2. Quand j’ai lu Millénium, j’ai tout de suite su que j’étais née pour incarJe ne ner le personnage de Lisbeth. Cette jeune femme que personne n’aime au premier pouvais pas abord, qui n’hésite pas à torturer l’homme qui l’a violentée et qui pose sur le satisfaire les monde un regard terriblement méfiant, je l’ai été pendant quelques années. fantasmes > Chacun s’est fait une image de Lisbeth depuis le triomphe de Millénium de vingt en librairie, et je sentais qu’une pression énorme pesait sur mes épaules. Mais millions de comme je ne pouvais pas satisfaire les fantasmes de vingt millions de lecteurs lecteurs différents, j’ai préféré ne pas en tenir compte et la construire à ma façon. > Je déteste ma Suède natale. C’est un pays atrocement renfermé sur luimême, où les politiciens mettent tout en œuvre pour rester le plus neutres possible, où les gens ont une peur panique de se mettre en avant, et où le fait d’exprimer une opinion ou un sentiment personnels est presque considéré comme un crime. Si vous osez dire que les films d’Ingmar Bergman c’est de la merde, on vous regarde comme si vous vous étiez échappé d’un asile ! Pendant la Seconde Guerre mondiale, de très nombreux Suédois étaient du côté des nazis, et personne n’a jamais jugé bon d’exprimer la moindre repentance nationale comme a pu le faire l’Allemagne. Là-bas, tout est caché, muselé, enterré. Les adolescentes y ont tellement peur d’extérioriser leurs angoisses qu’elles s’automutilent et qu’elles se font maigrir jusqu’à l’anorexie. > Le cinéma qui m’attire est le contraire du politiquement correct. J’ai vu plusieurs fois Irréversible, de Gaspar Noé, et La Pianiste, de Michael Haneke, et je donnerais beaucoup pour travailler un jour avec ces deux réalisateurs. Ils n’hésitent pas à faire exploser le vernis des apparences pour révéler le monstre qui sommeille en chacun de nous, y compris moi-même.
‘‘ ’’
> Hollywood devrait produire un remake de Millénium et ça me fait très peur. Avec tout l’argent qu’ils vont mettre dedans,
en moi’’ ses galons de célébrité.
Par Bernard Achour
je parie que tous les aspects dérangeants de l’histoire et de mon personnage vont se retrouver ratiboisés pour ne surtout pas choquer le grand public. Si je dois jouer dans un film américain, ce sera dans une production indépendante, ou rien ! Mais mon vrai rêve d’actrice serait de quitter la Suède pour repousser toutes les limites aux côtés de cinéastes européens. J (1) Réalisé en 2007 par Simon Staho, avec Noomi Rapace, Jens Albinus, Sofie Grabøl. (2) Bassiste des Sex Pistols.
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WEEK-END CULTURE PaGES RÉALISÉE S PA R F rançois Julien a v ec Olivier Bousquet e t Nora Sahli
Émile Gallé
Cent cinquante pièces cernent les influences japonisantes sur l’œuvre du créateur de l’école de Nancy. Jusqu’au 30 août, au musée départemental Georges-de-LaTour, Vic-sur-Seille (57). cg57.fr
Alan Vega
Première rétrospective de l’œuvre plastique du pionnier de l’électro-rock minimaliste (avec Suicide), dont une installation lumineuse monumentale. Jusqu’au 2 août, MAC, Lyon (69). mac-lyon.com
Avishai Cohen
En duo comme en trio, le bassiste israélien dégage une énergie rare, avec une virtuosité et des arrangements sans égal. Le 16 mai, à Élancourt (78) ; le 28 juin à la salle Pleyel, Paris 8e. avishaimusic.com
spectacles, théâtre, concerts, expositions… l’actualité culturelle d’un coup d’œil.
Khaled
Le prince déchu du raï retrouve sa couronne avec un excellent album qu’il part défendre sur scène. Le 15 mai, à L’Olympia, Paris 9e, puis en tournée. http://khaled-lesite.artistes.universalmusic.fr
« Knüt »
Figure surréaliste des arts de la rue, Fred Tousch se tape un joli délire emplumé. Jusqu’au 18 juin, au Sentier des Halles, Paris 2e. 0892.68.36.22.
Jazz à Saint-Germain-des-Prés
D’Erik Truffaz à Kyle Eastwood (photo), c’est le rendez-vous obligé pour les amoureux de jazz. Jusqu’au 25 mai, à Paris 6e. festivaljazzsaintgermainparis.com
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« Or des Amériques »
Magique parce que rarissime, le métal jaune a bouleversé l’histoire du continent américain. Jusqu’au 11 janvier 2010, au Muséum national d’histoire naturelle, Paris 5e. mnhn.fr
« L’Amante anglaise »
Cette histoire de criminelle, écrite par Marguerite Duras et jouée par Ludmila Mikaël, est servie avec finesse par Marie-Louise Bischofberger. Actuellement, au théâtre de la Madeleine, Paris 8e. 01.42.65.07.
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PLUS D’infoS SUR vsd.fr
Lenny Kravitz
À bientôt 45 ans et incapable d’écrire un nouveau tube, le New-Yorkais continue de servir brûlant son goûteux brouet Led Zep-Beatles-Hendrix. En tournée jusqu’au 28 mai, puis festivals en juillet. lennykravitz.com
Cyrz
Salon de Montrouge
Petit Poucet de la création contemporaine, le raout montrougien fête ses 55 printemps avec une sélection d’artistes plus concise. Jusqu’au 20 mai. Montrouge (92). 01.46.12.75.74.
Avec son folk dépouillé évoquant Neil Young mais aussi Calexico et même Dominique A., le trentenaire raconte tendrement son quotidien sur une simple sixcordes. Délicat. Le 19 mai, aux Trois Baudets, Paris 18e, puis en tournée. cyrz.fr
pjharvey.lucidwebs. co.uk
Histoires de têtes
Antiques ou contemporains (photo, anonyme, XXe siècle), une quarantaine de masques et sculptures n’en font qu’à leur tête. Jusqu’au 27 juin, Vallois sculptures, Paris 6e. 01.43.29.50.80.
Xavier Lambours
À cent lieues de son travail cinématographique, l’ami Lambours s’est penché avec tendresse sur la petite reine, vrai sport de gueux. Jusqu’au 12 juillet, à La Grange, Montreuil-surBretèche (60). diaphane.org
Elderberries
Ce collectif anglo-franco-canadien de Clermont- Ferrand a assimilé comme peu l’héritage de Led Zeppelin, de Nirvana et d’AC/DC. Le 29 mai, à Périgueux (24), puis en tournée. myspace.com/ theelderberries
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photos : golding/retna/dalle - e. vernazdore - otten/dalle - grodard/ dalle - zuma /dalle - p. cibille - p. victor/artcomart - x. lambours - D. R.
P. J. Harvey
Accompagnée du fidélissime John Parish, la princesse du rock alternatif nous offre une de ses trop rares apparitions. Les 17 et 18 mai, au Bataclan, Paris 11e.
WEEK-END sport
Chaos liquide Teahupoo est pour beaucoup de surfeurs pros l’essence même du tube parfait. Mais, en cas de chute, elle peut se transformer en un impitoyable cylindre broyeur.
surf
teahupoo
dans la vague
à l’occasion du Billabong Pro Tahiti, jusqu’au 20 mai, quatre stars du surf
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T
eahupoo (prononcez « Choo-po ») n’est pas la plus haute, mais la plus lourde, la plus épaisse, la plus puissante des vagues du circuit mondial. De ces forces de la nature qui font peur et rendent humbles les plus grands « big wave » riders. Car ici, au sud de la presqu’île de Taiarapu, à Tahiti, quand la vague atteint 2 mètres, elle peut devenir mortelle à cause de cette énorme reef (barrière de corail) à fleur d’eau. Le ride est donc court : un tube et un virage, sous peine de points de suture ou bris d’os. Mais son intensité semble sans limite. JéRÉMY FLORÈS « Parfaite jusqu’à 2 mètres, terrifiante après »
Fait d’armes. Un certain 14 mai 2007, le Français Jérémy Florès, 21 ans, frappe les esprits en éliminant Kelly Slater alors qu’il est néophyte sur le circuit ASP (ex-WCT) et qu’il n’a jamais surfé le monstre. «Ayant grandi entre La Réunion et Madagascar ; j’ai passé mon enfance à rider ce type de vagues, je me suis donc senti à l’aise assez rapidement sur Teahupoo. La première fois que je l’ai surfée en 2007, lors de l’entraînement, j’ai quasiment cassé toutes les planches que j’avais prises avec moi, tellement la vague est puissante. Mais ça m’a bien réussi car j’ai battu Kelly Slater et signé mon premier quart de finale. J’espère encore et ne pas me faire piéger par le fameux « bowl » d’ouest, une vague qui décale, encore plus dangereuse que les autres... » Laird Hamilton « Dangereuse quoique plus prévisible que Jaws »
tim-mckenna.com
mortelle
Fait d’armes. C’est l’un des défricheurs de Teahupoo. L’Américain Laird Hamilton, 45 ans, a été le premier à affronter le phénomène en stand up paddle dans de grosses conditions. « La première fois que je l’ai ridée, en 2000, c’était tube sur tube, du bon 2 ou 3 mètres ! Cette vague est un rêve de surfeur, un cylindre parfait. Elle est confortable, car prévisible, à la différence de Jaws (Hawaii), une vague beaucoup plus tourmentée qui requiert expérience et maîtrise. Elle n’est pas plus dangereuse que les
décryptent le spot le plus dangereux de la planète. Par Patricia Oudit VSD N° 1655 du 13 au 19 mai 2009
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photos : tim-mckenna.com - joli/uma
Un danger isolé Découverte au milieu des années quatrevingt, est située au sud de la presqu’île de Taiarapu, Teahupoo reste peu accessible : aucun hôtel à moins d’une heure, ce qui limite sa fréquentation.
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de trois étages, qui m’a littéralement explosé dans le dos et m’a submergée ! J’ai juste eu le temps de prendre une goulée d’air avant de me faire broyer. Si je n’avais pas eu mon gilet de sauvetage, je serais certainement morte. » Manoa Drollet
« j’en rêve depuis tout petit »
on ne dégage pas vite après le tube, on finit ‘‘ Sicomme moi, en vrac dans les coraux, avec des dizaines de points de suture au crâne ’’
Keala Kennelly
autres, mais les risques, là encore, sont évidents : le peu de fond et le corail très coupant. Une autre cause d’accident qui ne devrait pas exister : les spectateurs et les photographes sur les bateaux, souvent dans le passage. à la sortie du tube, vous ne les voyez pas. J’ai déjà été blessé dans ces conditions, ce serait bien que ça change... »
Fait d’armes. En juillet 2006, le Tahitien Manoa Drollet, 31 ans, local de l’étape, a surfé l’un des plus gros tubes jamais pris à cet endroit, soit une dizaine de mètres ! Cette vague lui a valu de remporter le Billabong Monster Tube Awards 2008. « J’ai ridé cette vague 750 fois depuis quinze ans. La première fois, j’avais 14 ou 15 ans. Vetea David (le premier Tahitien à avoir participé au Championnat du monde de surf), l’un de mes héros de l’époque, était là pour m’encourager. J’ai tout de suite senti que cette vague était différente : ça poussait plus que d’habitude sous ma planche, il fallait être hyper concentré, anticiper chaque mouvement. Je me suis pris une sacrée “boîte”, me rapant fesses et jambes, mais l’envie d’y retourner était irrésistible. Surfer Teahupoo, c’est un peu comme conduire une voiture avec un gros moteur très puissant... Elle est plus dangereuse que la plupart des vagues car les conditions grossissent vite. Si on chute au mauvais endroit, les choses peuvent très mal tourner : on peut rester longtemps sous l’eau et se faire emmener par le courant, très fort, jusqu’à la droite voisine… et se retrouver bloqué là où les deux vagues se rejoignent. Aïe… » J
Keala Kennelly
« elle a failli me tuer »
Fait d’armes. C’est la vague favorite de la surfeuse hawaïenne. Keala Kennelly (30 ans) est la première femme du circuit à s’être risquée en tow-in (surf tracté) sur un gros Teahupoo. Elle détient le record de la plus grosse session. « Quand elle vient percuter le récif en forme de fer à cheval, le bruit fait penser à un énorme camion qu’on aurait balancé d’un building. Mais ça vaut le coup, si on en réchappe ! En mai dernier, j’ai bien failli y passer : j’ai pris en tow-in le plus beau et gros tube de ma vie, je me suis retrouvée seule face à tout l’océan qui semblait s’être soulevé ! J’ai ramé comme j’ai pu, mais je suis passée sous la lèvre d’une vague haute comme un immeuble VSD N° 1655 du 13 au 19 mai 2009
querelles de taille Impossible de dire quelle est la plus grosse vague jamais surfée, sauf au conditionnel. C’est à Ken Bradshaw que revient la palme de la plus grosse vague ridée, le 28 janvier 1998 à Outer Log Cabins (Oahu, Hawaii). Lors de la session, certaines vagues ont été estimées à près de 30 mètres de haut. Le pionnier du tow-in, Laird Hamilton, a surfé un Jaws (Maui, Hawaii) en 1992 qu’on aurait mesuré à 20 mètres. Méfiance, cependant : il s’agit d’appréciations qui ne font qu’entretenir des polémiques dans un milieu partagé entre désapprobation d’une pratique dangereuse et organisation de compétitions de big wave riding (avec à la clé des récompenses de plusieurs dizaines de milliers de dollars). Parmi les spots redoutés : Maverick’s et Cortes Banks (Californie), Belharra (France), Easter Reef (Australie), Dungeons (Afrique du Sud)... En attendant le swell à 100 pieds, peut-être du côté de Cape Danger (Oregon)... Pour suivre en direct la compétition : www.billabongpro.com.
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WEEK-END VOYAGES
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panoramique C’est le bar pour le coucher de soleil avec vue sur le Tage, le pont du 25 avril et le Christ ; et la caïpirinha (5,50 €) ! Noobai Café, miradouro de Adamastor ; 00.351.21.346.50.14.
LES CAPITALES à prix malins
Lisbonne la nonchalante
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➝ décoiffant En plein Bairro Alto, le quartier de la fête, un concept store ouvert la nuit avec une griffe de vêtements déjantée et un coiffeur. Agencia 117 et HairKlinic, rua do Norte, 117 ; 00.351.21.346.12.70.
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authentique Le design des boîtes de sardines, thon, poulpe, anchois, etc., de cette conserverie n’a pas changé depuis 1930. À partir de 1,23 € pièce. Conserveira de Lisboa, r. dos Bacalhoeiros, 34 ; 00.351.21.886.40.09.
la grande cité portugaise regorge d’adresses abordables, mais il faut savoir choisir pour respirer l’air du temps. Notre sélection serrée, entre lieux qui montent et valeurs sûres.
Par Sabine Bouvet. Photos : Thierry Borredon VSD n° 1655 du 13 au 19 mai 2009
dégustation Pedro Marques vous fait découvrir le porto, le vinho verde et le porco preto, l’excellent jambon portugais (à partir de 5 € l’assiette). Garrafeira Alfaia, r. Diario de Noticias, 125 ; 00.351.21.343.30.79.
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B
elle alanguie au soleil, isbonne sait aussi se mettre en mouveL ment, entretenant une ébullition permanente avec l’ouverture de lieux ultrabranchés, pris d’assaut par des initiés de plus en plus nombreux. À un mois de la Saint-Antoine (le 13 juin), la fête du saint patron local, la ville se prépare à un rassemblement populaire digne du carnaval de Rio. Dans la nuit du 12 au 13 juin, tout Lisbonne sera dans la rue. Et précisément dans l’Alfama, son plus vieux et pittoresque quartier. Le seul resté intact après le tremblement de terre de 1755. Au programme : la montée de la colline du château Saint-Georges par un labyrinthe de ruelles. Une nuit de liesse rythmée par les bals popu sous les lampions, les verres de ginginha (liqueur de cerise), les sardines grillées et les beignets de morue. Autant d’étapes sur des stands improvisés par les habitants où l’on déguste les spécialités maison sur des napperons en papier. Un délicieux kitsch règne à tous les coins de rue. Au bord du Tage, l’ambiance change du tout au tout. À deux pas de la
ythique pâtisserie de Belém – auteur m des fameux pastéis de nata (des petits flans) –, les quais vibrent pour deux nouveaux lieux hype : un hôtel et un bar ultra-design les pieds dans l’eau.
des pensions dignes de petits hôtels de charme Ailleurs, des pensions à prix serrés n’ont rien à envier à nos hôtels de charme. Partout, des créateurs se réapproprient des lieux à l’abandon – anciens palais, entrepôts portuaires ou usines désaffectées – pour y créer leurs boutiques-ateliers, leurs galeries. Fleurissent des concept stores décoiffants. Les musées ont le don de produire des cafétérias avec vue imprenable, des repaires arty magiques à tarifs raisonnables. Et puis les grands classiques ont toujours la cote : un verre de vinho verde et des pesticos (les tapas portugaises) sur un coin de bar. Mais attention, pas n’importe lequel ! Suivez le guide. J visitportugal.com
Y aller. Avec TAP : à partir de 157 € TTC, vols A-R au départ de Paris, Marseille, Lyon, Nice et Toulouse. 0820.319.320. flytap.fr
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WEEK-END VOYAGES pieds dans l’eau Au cœur du triangle culturel de Belém – monastère des Hiéronymites, tour de Belém, Centre culturel et monument des Découvertes –, ce cube en verre posé au bord du Tage comprend un café très design. Un lieu stratégique pour un déjeuner ou un apéro face à un décor de rêve (3 € la théière). A Margem, Doca do Bom Sucesso ; 00.351.91.822.55.48.
ramique en passant par c vue pano les con e v a s cept fé a c x u a u a s l’e n a d
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perché Sur la colline du château, ce restaurant-école de cirque est un classique à ne pas manquer pour sa vue à couper le souffle. On aime tout, de la cuisine sous influence exotique à l’atmosphère bohème (20 € env. le repas). Chapitô, r. Costa do Castelo, 7 ; 00.351.21.886.73.34.
conceptuel Éclectique, le concept store de la Brésilienne Marcela Brunken est installé dans des écuries abandonnées depuis cent ans. Mobilier années cinquante-soixante et lustres rococo recyclés, et des pièces uniques de créateurs. Fabrico Infinito, r. Dom Pedro V, 74 ; 00.351.21.246.76.29.
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De
s ied p les s sse a r ter
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sous serre Entre charme désuet et cocooning, ce café abrité sous une verrière a un petit air de jardin d’hiver. Planté dans le parc de Principe Real sous les arbres exotiques, il déploie aussi une belle terrasse à l’ombre de ces géants ramenés des colonies autrefois. Esplanada do Principe Real, Principe Real ; 00.351.21.343.10.00.
patio monacal Adresse de charme par excellence, ce couvent du XVIIe siècle reconverti en hôtel aux chambres très déco (à partir de 60 € la double). On opte aussi pour le déjeuner à l’ombre des palmiers (à partir de 25 €). York House, r. das Janelas Verdes, 32 ; 00.351.21.396.24.35.
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➝ bistrot argentin Ils sont argentins et adorent Paris. Résultat, ils ont créé à Lisbonne un restaurant ambiance bistrot avec un menu inventif. Bœuf argentin et dulce de leche (confiture de lait) pour les aficionados (20 € env.). Buenos Aires, calçada do Duque, 31 ; 00.351.21.342.07.39.
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l ta o t 100 % arty senteurs nt Une boutique qui mêle S’attabler sous les oliviers, face au Tage, e au CCB, le Centre culturel de Belém, avec corner design, librairie et m son musée qui abrite la fameuse produits locaux : savons (7 € env.) de la yse collection Berardo d’art contemporain. fabrique Claus à Porto depuis 1887. a Emporio Casa, r. da Escola Politécnica, 94 ; Pour un prix mini, cafétéria self-service dép oblige (repas à 10 €). 00.351.21.397.96.05. n Cafetaria Quadrante, CCB, Belém. ur u o p rme store a h c s altern de atifs, Lisbonne ultiplie les adresses m ➝
nuits design C’est LE nouvel hôtel, l’ultime repaire hype de la capitale. À deux pas du bar A Margem et de la tour de Belém, la seule adresse sur le Tage. Emplacement unique, d’où le prix élevé… À partir de 250 € la chambre. Altis Belém Hotel & Spa, Doca do Bom Sucesso ; 00.351.21.040.02.00.
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douceurs C’est LA pâtisserie mythique où s’approvisionner en fameux pastéis de nata, ces tartelettes au feuilleté aérien incomparable garnies d’une crème flan. Un délice auquel on devient vite accro ! (0,90 € pièce). Antiga Confeitaria de Belém, r. de Belém, 84 ; 00.351.21.363.74.23.
pièces uniques Carla incarne l’esprit atelierboutique régnant à Lisbonne. Elle se renouvelle sans cesse et multiplie les styles : baroque ou épuré, coloré ou argent brossé. Bijoux à partir de 15 €. Carla Amaro, r. Dom Pedro V, 1. 00.351.21.347.40.43.
et aussi
• Youinlisbon, le bon plan appart à louer, central avec vue spectaculaire, youinlisbon.com. • Residencial Alegria, la meilleure pension pour son rapport qualité-prix (48 € la double). Praça da Alegria, 12 ; 00.351.21.322.06.70. • Casa de São Mamede, un palais du XVIIIe siècle reconverti en hôtel intimiste. R. da Escola Politécnica, 159 ; 00.351.21.396.31.66. • Esperança, la pizzeria branchée où les bobos se pressent (dîner à 15 €). R. do Norte, 95 ; 00.351.21.343.20.27. • Pois Café, l’adresse cosy et gourmande qui manquait, imaginée par deux Autrichiennes amoureuses de Lisbonne. R. São Joao da Praça, 93-95 ; 00.351.21.886.24.97. • Bedroom, le bar-club hype du Bairro Alto. R. do Norte, 86.
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WEEK-END TVSD
un week-end avec
laurent delahousse le marathonien de l’info
Derrière son physique de jeune premier se cache un bourreau de travail, très impliqué dans ses journaux. Par Yves Quitté. Photos : François Darmigny pour VSD
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Focus
‘‘ Laurent a toujours
envie d’inventer, car il a peur de s’ennuyer
D
Arlette Chabot, directrice de la rédaction
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imanche, 20 h 31. La mèche blonde reste impeccable, mais le journaliste semble fatigué. Les yeux cernés par deux cent cinquante minutes de direct, cinq journaux télévisés, deux magazines, six interviews en direct (Daniel Auteuil, Nathalie Kosciusko-Morizet, Zabou Breitman, Tom Hanks…) en quarante-huit heures chrono ! Un marathon du week-end, habituel pour Laurent Delahousse. Son rédacteur en chef, Pierre Géraud, qui a travaillé avec Yves Mourousi, PPDA et Béatrice Schönberg, s’inquiète pour son nouveau poulain : « Je ne lui connais pas de défaut, sauf celui d’en faire trop. Avec la préparation des JT et des magazines, il ne pourra pas tenir éternellement. Il en est conscient. »
douze heures par jour, il vit à France 2 Pour l’heure, Laurent Delahousse trace son sillon. Depuis son arrivée à la tête des éditions du week-end sur France 2, en février 2007, les audiences ont fait un bond. Les magazines de 13 h 15 et les JT de 13 heures et 20 heures ont gagné sept cent mille téléspectateurs en moyenne. Avec des pics à 25 % de part d’audience à 20 heures, l’écart se resserre avec TF1. Une forteresse que l’on croyait imprenable et qu’il aperçoit de son bureau. Derrière lui, sur son mur d’images, Claire Chazal veille. Au milieu de photos d’idoles « mi-anges, mi-démons » (Dewaere, Bashung, Cantat, Senna, Maradona), d’idoles tout court
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à toute allure
Entre ses quatre JT et ses deux magazines à préparer, le journaliste se repose beaucoup sur ses proches collaborateurs, dont Sarah, son assistante (3). En conférence de rédaction du 13-heures et du 20-heures (2) ou dans son propre bureau (6), le présentateur se tient informé de l’avancée des reportages. Vers 19 heures, la pression monte. Lecture de ses textes au préposé au prompteur (4), consultation des dernières dépêches (1) et concentration juste avant le JT (5) : le rituel est à chaque fois le même. 20 h 31 : c’est le moment de la décompression et d’un court débriefing du journal (7).
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(Nathalie Baye, Pauleta), de mots doux (de Line Renaud, sa « marraine du Nord »), de photos souvenirs (Le Touquet, la Brasserie Lipp où son père l’emmenait déjeuner), une couverture de magazine affuble sa « consœur » de TF1 d’un titre qui « l’amuse » : « La discrète ». Nouvelle intervention de Pierre Géraud : « Laurent, lui, est trop discret médiatiquement ! » Mais, à 39 ans, le journaliste est un homme pressé, habité par sa fonction. En semaine, il est à Boulogne-Billancourt (92), dans les bureaux de Magnéto Presse, dont il fut actionnaire autrefois, pour peaufiner ses magazines, « 13 : 15 » et « Un jour, un destin ». Puis, du vendredi au dimanche, il vit à France 2, plus de douze heures par jour. « J’aime bien arriver le premier, à 8 heures. Je commence à préparer mes interviews au calme. » Une heure plus tard, Sarah, son assistante, s’installe en face de lui. « C’est une journaliste importante pour moi », dit-il. C’est elle qui lui compile ses dossiers, met à jour les dépêches, appelle les correspondants… Et l’admire : « Laurent n’est pas seulement un présentateur, il connaît vraiment ses sujets, comme un rédacteur en chef. »
« le journal de 20 heures, c’est plus solennel » Entre deux conférences de rédaction destinées à préparer simultanément le 13-heures et le 20-heures, Laurent Delahousse se cloître dans sa « bulle », et tape ses textes tout en se relisant à voix haute. S’il se lève, c’est pour aller fumer, boire un énième verre d’eau ou demander des précisions en pleine actu de grippe A. à peine prend-il le temps de déjeuner dans son bureau – « J’en ai marre des sushis ! » – ou de faire une micro-sieste à 14 h 30. Méthodique, son emploi du temps de l’après-midi est calqué sur celui du matin. Une heure et quart avant les deux JT, il ouvre sa penderie, horizontale, pour choisir une chemise et une veste. Une cravate aussi, « mais uniquement pour le 20-heures, c’est plus solennel ». Lui essaie de ne pas l’être, mais reste concentré. Il se rend au maquillage, prend un bonbon Arlequin
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Je ne connais pas de défaut à Laurent, sauf celui d’en faire trop
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Pierre Géraud, son rédacteur en chef
– « c’est la tradition » –, puis remonte au PC AT, « la salle de fabrication ». Une heure de va-et-vient permanent et d’affolement maîtrisé de toute la rédaction au cours de laquelle il s’enferme dans une autre bulle vitrée pour dicter ses textes au préposé au prompteur. Il lui reste cinq minutes pour descendre au studio, le temps de saluer Daniel Auteuil, son invité qui patiente en loge, et c’est parti pour l’édition en direct. Après le générique de fin, le présentateur refait le monde et le journal, le temps d’une conférence critique d’une dizaine de minutes. Il est 20 h 45. Avant de rejoin-
dre chez lui ses deux petites filles, Liv-Helen et Sacha, ainsi que Raphaël, le fils de sa femme, il cogite. « Il a toujours envie d’inventer, car il a peur de s’ennuyer », témoigne la directrice de la rédaction, Arlette Chabot. à son arrivée, il a bousculé quelques codes en imposant de nouvelles rubriques. Désormais, il souhaite rendre le journal « plus moderne et plus interactif ». Le soleil se couche. Lui ne s’arrête jamais. Ce qui n’est pas pour rassurer son rédacteur en chef : « Attention ! l’antenne, c’est toxique. Mais Laurent le sait bien… » J
‘‘mon physique m’a desservi’’ parfois Trop investi au quotidien, le présentateur estime qu’il va devoir penser à faire une pause.
V
le diraient tout de suite. Et ce n’est pas ma nature d’être sûr de moi. Au bureau, j’ai besoin de mon noyau dur, Sarah, Erwan et Pierre, pour me rassurer. VSD. Est-ce une punition de travailler le week-end ?
SD. En arrivant sur France 2,
L. D. Non, ou alors ce serait un problème
aviez-vous peur de la lourdeur
de riche ! Les éditions du week-end sont un formidable laboratoire où l’on peut innover. Mais je dois faire attention à ma vie de famille, à l’usure. Le JT m’a fait grandir, mûrir… et vieillir ! Une touche pause sera bientôt nécessaire.
de la machine ?
Laurent Delahousse. Quand je suis venu de M6, on m’a prévenu du mode de fonctionnement très hiérarchisé de la chaîne. Aujourd’hui, malgré les lourdeurs, je trouve que c’est une force.
VSD. Vous êtes-vous fixé une date limite ?
VSD. Votre physique constitue-t-il
L. D. Je m’en étais fixé une, oui,…mais
une force, lui aussi ?
elle est bientôt dépassée !
L. D. Non, il m’a desservi à mon arrivée
VSD. Préféreriez-vous présenter
sur France 2. J’entendais les a priori. Cela m’a forcé à être plus rigoureux. Et si l’on ne m’avait choisi que pour mon image, cela n’aurait pas duré longtemps.
le 20-heures en semaine ?
VSD. Est-ce la raison pour laquelle
VSD. TF1 ou M6 vous ont-ils approché ?
vous vous mettez peu en avant
L. D. Je déteste ce genre de question. Le
médiatiquement ?
buzz du mercato de juin, ce n’est pas mon truc et j’ai trop de respect pour les gens de France 2. Je fonctionne à l’affect, mais ce n’est pas parce que je déjeune avec Thomas Valentin (directeur général de M6, ndlr), que je vais signer chez lui… Ni au Real Madrid d’ailleurs ! J Recueilli par Y. Q.
L. D. C’est exactement ça ! J’ai mis ma
médiatisation sous cloche pour ne pas alimenter ces a priori. Ne pas m’exposer est ma marque de fabrique. VSD. Les bonnes audiences vous ont-elles donné la grosse tête ? L. D. Ma femme et mon meilleur ami me
L. D. Non, car cela m’empêcherait de
fabriquer des documentaires, ce qui est un plaisir immense pour moi.
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la griffe du chat Par Philippe Geluck
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VSD n째1655 Du 13 au 19 mai 2009