VSD 1676 du 7 au 13 octobre 2009

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BEL : 2,80 € - CH : 5,50 FS - CAN : 8 $C – A : 3,60 € - D : 3,60 € - ESP : 3,20 € – GR : 3,20 € - ITA : 3,20 € – LUX : 2,80 € – NL : 3,30 € - PORT.CONT. : 3,20 € – DOM : AVION : 4 € – MAROC : 30 DH – TUNISIE : 4 200 TDU - ZONE CFA AVION : 3 000 CFA - ZONE CFP AVION : 950 CFP. PHOTOS : P. TERRASSON/JLPPA - CAMUS/AP/SIPA - P. WOJAZER/REUTERS - FICO POUR VSD

2,40€ N° 1676 - DU 7 AU 13 OCTOBRE 2009

VSD.FR

DOCUMENT VSD

LE MASSACRE OUBLIÉ DES DAUPHINS DU JAPON

LE PREMIER HEBDO D’INFORMATION DU WEEK-END

INSULTES, RACISME… POURQUOI NOS POLITIQUES DÉRAPENT

DOMENECH

LE MAL-AIMÉ COMMENT IL RESTE DEBOUT

COUV-VSD1676S001.indd 3

EXCLUSIF

-

SES AMIS, SES ENNEMIS LE COUPLE SARKOZY SA VIE DE FEMME SES AMBITIONS…

LAGERFELD SUPERSTAR

EN COULISSES AVEC LE MAÎTRE M 01713 - 1676 - F: 2,40 E

3:HIKLRB=XUWYU[:?l@g@h@q@a; 5/10/09 14:04:59


événement modE

L’œil du maestro Dimanche 4 octobre, aux Tuileries, le défilé Karl Lagerfeld va commencer. En attendant, dans les coulisses, Caroline Lebar, assistante du créateur depuis 1984, veille au bon déroulement du show. Sans oublier de prendre Karl en photo et de lui montrer le résultat.

KARL

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son aura Avant que le défilé ne commence, Lagerfeld répond aux journalistes du monde entier. Avec patience, sans stress apparent. son Personnage Veste brillante, bijoux anciens et accessoires rock, le couturier pose avec ses très jeunes mannequins.

LAGERFELD

‘‘JE FAIS UN JEU DE TOUT’’ Star de la fashion week avec deux collections, le couturier a reçu VSD, juste avant le défilé de la marque à son nom. Par Emmanuelle

de Boysson. Photos : Fico pour VSD

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C

e dimanche matin, 4 octo­ bre, Karl Lagerfeld, en rocker, veste brillante et bijoux chromés, répond aux questions des journalistes du monde en­ tier. Dans quelques instants, le défilé de la marque qui porte son nom va com­ mencer. Entouré d’une cour d’assistants, le maestro pose, concentré, sûr de lui, ne laissant rien paraître de son stress. « Ce n’est pas le moment de faire le capri­ cieux », glisse-t-il. Dans un décor d’am­ plis blancs, sur fond de hip-hop, les silhouettes qu’il a imaginées sont graphi­ ques et sexy, « rock chic », comme il dit. Le 27 septembre, il présentait en Italie, à Milan, la collection Fendi, tout en flui­ dité et pastel. Le 6 octobre, c’était au tour de Chanel, dans une collection d’esprit Marie-Antoinette revue par Sofia Cop­ pola. Les mannequins, sabots aux 

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PolitiqueS enquête

Photos : élodie grégoire/abaca

face-à-face Après l’interview du 23 septembre, dans les locaux de la représentation française à l’ONU, Nicolas Sarkozy discute avec David Pujadas (de dos), Patrick de Carolis, le P-DG de France Télévisions et Arlette Chabot. Selon des ­témoins, le président s’en est vivement pris à cette dernière. Franck Louvrier (au milieu), le conseiller presse de ­Nicolas Sarkozy, estime qu’« il n’y a eu aucun énervement de la part du président ».

Gaffes, lapsus, propos injurieux, homophobes ou racistes

Quand les politiques Les élus de la majorité comme ceux de l’opposition multiplient les impairs. Gros coup 18

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zy Nicolas Sarko ublique

Président de la Rép Le 23 septembre 2009 à New York, lors d’une interview télé.

…deux juges ‘‘ indépendants ont estimé que les

coupables…’’

Villepin exploite l’erreur nterrogé par les présen­ présidentielle en plein x tateurs des journau ­procès Clearstream. Après télévisés de TF1 (Laurence l’interview, Arlette Chabot, Ferrari) et France 2 (David la directrice de l’informa­ t l’Éta de f Pujadas), le che tion de France Télévisions, répond à une question se fait rabrouer par Nicolas sur l’affaire Clearstream. Sarkozy qui juge, notam­ Il emploie le terme de ment, que le service public « coupables » au lieu de propose trop peu d’émis­ e : enc « prévenus ». Conséqu sions politiques. l’avocat de Dominique de

I

dérapent

de fatigue ou stratégie parfaitement calculée ? VSD n° 1676 du 7 au 13 octobre 2009

Par Antoine Dreyfus et Antoine de Tournemire 19


EN COUVERTURE

DE BEYROUTH À BELGRADE, VSD A SUIVI LA SECRÉTAIRE D’ÉTAT EN COULISSES

LA FEMME PRESSÉE Après une escale au Liban pour les Jeux de la francophonie, la secrétaire d’État, avec son conseiller Patrice Champion (au fond), rencontre, le 1er octobre à Belgrade, le président serbe, après la mort d’un supporteur français. Elle veut endiguer la violence sur les stades.

RAMA YADE

L’HEURE DE VÉRITÉ L’ex-égérie de Nicolas Sarkozy tente de se refaire une santé aux Sports. Aimée des Français, la ministre joue la transparence, avant la bataille régionale. Celle qui veut croire à sa destinée se confie sur le président, ses doutes, ses choix. Sans fard. Par Caroline Derrien. Photos Andrey Isakovic/Joseph Barrak AFP pour VSD

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EN COUVERTURE

DE BEYROUTH À BELGRADE, VSD A SUIVI LA SECRÉTAIRE D’ÉTAT EN COULISSES

LA FEMME PRESSÉE Après une escale au Liban pour les Jeux de la francophonie, la secrétaire d’État, avec son conseiller Patrice Champion (au fond), rencontre, le 1er octobre à Belgrade, le président serbe, après la mort d’un supporteur français. Elle veut endiguer la violence sur les stades.

RAMA YADE

L’HEURE DE VÉRITÉ L’ex-égérie de Nicolas Sarkozy tente de se refaire une santé aux Sports. Aimée des Français, la ministre joue la transparence, avant la bataille régionale. Celle qui veut croire à sa destinée se confie sur le président, ses doutes, ses choix. Sans fard. Par Caroline Derrien. Photos Andrey Isakovic/Joseph Barrak AFP pour VSD

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Époque football unis malgré tout Raymond Domenech, ici en juin 2009 à Roland-Garros, n’hésite pas à affirmer le rôle essentiel que joue Estelle Denis auprès de lui. En 2008, au soir du fiasco à l’Euro, il la demande en mariage devant des millions de téléspectateurs. Lors du dernier match, contre la Serbie, il la remercie publiquement de son soutien.

provocateur et polémique, il est attaqué de toutes parts

domenech Com À la veille de deux matchs décisifs pour les bleus, nous avons voulu percer les

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Avec son regard et son ‘‘ goût pour le verbe, il s’est créé un personnage ’’

ment il résiste mystères de l’incroyable longévité du sélectionneur.

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Par Jérôme Jessel et Grégory Martin

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d. r.

Bruno Godard, journaliste


ÉpOque planète

un massacre tabou au Japon

On achève bien les dauphins la chasse ancestrale des pêcheurs de la baie de Taiji est longtemps restée secrète, jusqu’à ce qu’une équipe de militants et de scientifiques réussissent à tourner, clandestinement, The cove, un documentaire édifiant. Par Sandra Tosello. Photos : Louie Psihoyos/OPS/Cosmos.

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la capture C’est dans le décor somptueux de ­cette crique, au sud d’Osaka, que les vingt-six chasseurs de dauphins du vil­ lage (sur deux cent ­cinquante pêcheurs) rabattent deux mille dauphins, entre ­septembre et mars, pour les tuer à l’abri des regards.

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Tout en images photos

Bercy La fontaine Canyoneaustrate de Gérard Singer, au pied du Palais omnisports de Paris-Bercy comme vous ne l’avez jamais vue, une des images du livre Paris vu du ciel qui sort le 21 octobre aux éditions du Chêne. « J’essaie toujours de trouver une silhouette pour donner l’échelle du paysage », explique le photographe.

Yann Arthus-Bertrand publie un nouveau livre sur la capitale vue du ciel

‘‘ Paris, c’e

Le photographe a aimé se laisser surprendre par la ville de son enfance survolée en 46

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uelques mois après la sortie planétaire de son film Home, en juin dernier, Yann ­Arthus-Bertrand s’est attelé à un projet plus ­« intime ». Loin de tout discours écolo, pour « le simple plaisir de montrer des choses vues ». Le photographe, qui a grandi dans le 8e arrondissement parisien, confie être toujours à la ­recherche des ­moments de bonheur de son enfance perdue : « C’est la ville de mes premières années, mon Home à moi. On tente ­toujours de revenir là où on a été bien. J’ai une chance inouïe de parcourir cette ville, spécialement belle d’en haut. À mon ­retour du Kenya dans les ­années quatrevingt, où j’étudiais les lions et où j’étais ­pilote de montgolfière, j’ai ­réalisé mes premières photos aériennes de Paris. J’aime travailler longtemps sur les mêmes sujets, et la capitale m’a toujours ­passionné. J’adore l’odeur de ses cafés, même celle de son ­métro. » Pourtant, Paris est difficile à ­survoler, donc jamais de repérages mais un téléobjectif puissant. « Les vols sont courts, il est interdit de voler plus d’une demi-heure, durant les week-ends et le ­mercredi, jour du Conseil des ­ministres, et lors de ­visites de chefs d’État. New York est ­beaucoup plus facile à survoler, il suffit de posséder une carte de crédit. » J

st mon Home à moi ’’ hélicoptère. Il en offre des images méconnues et insolites. VSD N° 1676 DU 7 AU 13 OCTOBRE 2009

Par Laurence Durieu 47

photos : yann arthus-bertrand/altitude

Q


WEEK-END cinéma


le retour du grand blond

pierre richard

arrêt sur images D’Alexandre le bienheureux, son premier vrai rôle, à Victor, qui sort cette semaine, le comédien aura connu une trajectoire unique dans le cinéma français. Par Olivier Bousquet. Photo : Jean Picard/VSD

P

ierre Richard est un homme pressé. En pleine tournée avec son nouveau spectacle, Franchise postale*, il s’accorde une brève journée dans la capitale pour promouvoir Victor. Dans ce film, il tient son premier grand rôle depuis des lustres. Et y apparaît régénéré. Comme si, à 75 ans, l’immortel interprète du Grand Blond… commençait une nouvelle carrière, dans la joie et la bonne humeur. L’occasion de revenir sur quelques moments de sa vie, photos à l’appui. VSD. Enfin un rôle de méchant !

‘‘

Longtemps je me suis considéré non comme un acteur, mais comme un personnage

’’

Pierre Richard. Et encore, on ne peut pas

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VSD. Cela vous

frustre-t-il ?

un peu. Longtemps, je me suis considéré non comme un acteur, mais comme un personnage proche de Jacques Tati, de Pierre

VSD. Adolescent, vous vouliez être

comédien… P. R. À 18 ans, par un après-midi d’école

buissonnière, j’ai vu au cinéma Un fou s’en va-t-en guerre, avec Danny Kaye. La révélation ! Un grand blond dansait, chantait, faisait rire… J’ai pris des cours de comédie, puis j’ai joué au cabaret avec Victor Lanoux. Et je faisais un peu de figuration. Ma première réplique ? « On cogne, chef  ? » dans Un idiot à Paris. VSD. Et vous rencontrez Yves Robert. P. R. Comme on avait joué au théâtre en-

P. R. Maintenant,

D. R.

Papy vole Dans Victor, une comédie de Thomas Gilou, un grand-père (Pierre Richard) viré de son studio devient le prix d’un concours organisé par un magazine people. Adopté par une famille, le gentil papy dévoile son vrai visage…

le considérer comme un sale type intégral. Victor est intéressé, mais pas foncièrement malhonnête. Il est manipulateur. D’habitude, c’est moi le manipulé. J’espère, un jour, jouer un vrai méchant. Avis aux réalisateurs…

Étaix et de Charlie Chaplin, avant Monsieur Verdoux. Plus tard, j’ai eu envie de faire l’acteur. Dans des films qui n’ont pas connu de succès, mais que j’adore.

semble, il a écrit ce qui sera mon premier vrai rôle dans Alexandre le bienheureux, du sur-mesure. Un jour, nous marchions le long d’une voie ferrée, et il me dit : « Tu n’es pas un acteur, tu es un personnage. Il n’y a aucune place dans le cinéma français pour  55


WEEK-END concours

‘‘

Le lecteur est ligoté à une histoire dont il ne peut – et ne veut – absolument pas sortir

’’

Grand prix

du polar 2010

pour sa seconde édition, notre grand concours du roman policier accueille

Yann Queffélec comme président du jury. Il vous donne rendez-vous en mars

prochain pour notre palmarès.

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près Frédéric Beigbeder, c’est le Prix Goncourt 1985 (pour Les Noces barbares) qui a ­accepté de présider cette seconde ­édition de notre prix du Polar. VSD. Que représente le polar,

pour vous ? Yann Queffélec. Pour moi, c’est la pre-

mière littérature de l’enfance. Comme avec Jules Verne dans La Jangada, qui commence par l’attaque d’une banque. Il y a un mystère, un mauvais coup et il faut trouver le coupable. C’est d’ordre judéo-chrétien, c’est le bien et le mal dans son acception la plus directe, il y a des bons et des mauvais. Pour l’enfant, le roman ­policier donne l’avantage au bien à la fin du livre. Et relance son espoir en l’homme même s’il ne se dit pas les choses dans ces termes. Ensuite, dès l’âge de 9 ans, j’ai lu Bob Morane, du premier à l’ultime, qui ne cesse de ­démultiplier le personnage de l’Ombre Jaune, de l’abominable M. Ming. Henri Verne est le petit-fils de Jules Verne et ce n’est pas du tout un ­hasard. Puis Arsène Lupin, Roule­ tabille. Et tous les grands Américains. Aujourd’hui, j’aime Fred Vargas. Dès le début, le polar m’enchanta car on

Yann Queffélec lira bientôt vos romans et choisira son coup de cœur polar parmi la sélection

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Envoyez vos manuscrits ou devenez membre du jury sur www.lesnouveauxauteurs.com

VSD. Vous ne vous êtes jamais

réellement frotté au genre. Y. Q. On

peut être un extraordinaire lecteur de romans policiers et un très mauvais auteur de polars. Et je ne me vois absolument pas écrire un roman policier. Ça me désole ; j’adorerais le faire, j’adorerais trouver une bonne histoire, jouer avec mon lecteur. Oui, j’adorerais ça et ça me comblerait certainement au niveau littéraire. Une histoire avec un début, un crescendo, une fin. Que la boucle se boucle. Le grand drame du roman français contemporain, c’est qu’aucune boucle n’est bouclée ni même amorcée. Il y a une espèce de déroulement d’écriture sur un tapis linéaire, dans une ­horizontalité parfaitement ennuyeuse. Il est impossible de procéder de la sorte avec un roman policier. Avec les nœuds de l’intrigue, on attache le ­lecteur à l’histoire et à la fin, on lui rend sa liberté. Le lecteur est ligoté à une histoire dont il ne peut – et ne veut – absolument pas sortir. VSD. Quels sont les conseils que

vous donneriez aux auteurs qui

‘‘

La violence littéraire du roman policier est un pur bonheur. Ça peut être un baume

’’

voudraient envoyer leur manuscrit ? Y. Q. Tolstoï disait : « Il y a trois recet-

tes en littérature. 1) la sincérité, 2) la

sincérité et 3) la sincérité. » Cela semble l’enfance de l’art mais c’est plus malin que ça en a l’air. Je suis certain que pour faire un bon livre, il faut avoir envie de croiser le regard de quelqu’un qu’on ne voit pas et de lui raconter une histoire. Quand Céline disait : « La littérature, c’est quelque chose qu’on vous chuchote à l’oreille », il ne disait strictement rien d’autre. Il s’agit d’envoûter avec une histoire universelle mais il faut avoir la force et le courage de la raconter. La violence en littérature, dont on m’a fait reproche, n’a aucune espèce d’importance. Cette violence catalyse des forces souterraines dont nous sommes porteurs. En les catalysant, en les fixant, on les guérit. Il y a une catharsis comme ça, par la violence littéraire du roman policier qui est un pur bonheur. La violence en littérature peut être un baume. J

en quête de best-sellers

APRÈS UNE EXCELLENTE CUVÉE 2009, VSD RELANCE SON GRAND PRIX DU POLAR Seize mille exemplaires pour Opale, grand prix 2009, et pas loin de huit mille pour Mako, coup de cœur de Beigbeder. Pour sa première édition, le prix du polar VSD a rencontré un très grand succès. Avec un objec­tif simple  : donner leur chance à tous ceux qui n’ont ­jamais osé adresser leur manuscrit aux maisons d’édition ou qui s’en sont fait éjecter. Parce que, mathématiquement, les éditeurs

DOUBLé Mako de Laurent Guillaume, et Opale de Stéphane Lefèbvre, lauréats 2009.

ne peuvent pas publier tous les textes « valables » et parce que aussi, sans réseau et sans nom, inutile (ou presque) de compter sur son seul talent pour se voir ­édité. Vous rêvez d’être publié ? Un roman noir dort dans vos ­tiroirs ? ­Envoyez vos manuscrits aux éditions Les Nouveaux Auteurs et, qui sait, peut-être serez vous l’un des deux auteurs publiés en mars prochain… J

photos : maurice rougemont/opale – D. R.

A

était sûr d’avoir du bonheur à la fin. On a un point d’interrogation au ­début du livre et ce point d’interrogation ne cesse de se déformer, de se ­démultiplier au fil des pages pour ­finalement disparaître sous sa forme de crosse d’évêque et devenir un point d’exclamation. On a la solution.

lesnouveauxauteurs.com

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WEEK-END Tvsd

Jean-Hugues Anglade

Sombre héros de braquo

il fait sensation dans la peau d’un flic en chute libre Dans la nouvelle série noire de Canal+, imaginée et coréalisée par Olivier Marchal.

Par Delphine Germain. Photos : Seb et Enzo pour VSD

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Focus

‘‘ Ce métier de flic, c’est

une partie de la vie de Marchal. Il parle presque comme Eddy, le héros

D

Making of Réalisateur de quatre des huit épisodes de la série, Olivier Marchal (1, à dr.) a tourné en région parisienne, de janvier à mai dernier. Pour les séquences d’interpellation (2), JeanHugues Anglade, Nicolas Duvauchelle, Joseph Malerba et Karole Rocher (3) se sont entraînés à la gestuelle, dont la prise en main des armes. Samuel Le Bihan (4) complète l’impeccable casting.

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qu’au charisme du chef incarné, donc, par Jean-Hugues Anglade, 54 ans. VSD. Pourquoi avez-vous accepté

ce rôle, aux antipodes de votre personnalité ? Jean-Hugues Anglade. C’est

surtout le projet d’Olivier Marchal dans son ensemble, très ambitieux, qui m’a séduit. Pour cette série, il a tenu à tourner en 35 mm, avec son équipe de cinéma. Et puis il connaît son sujet, ce métier de flic, c’est une partie de sa vie. Il parle presque comme Eddy Caplan, le héros. VSD. Cela fait de vous son

double à l’écran. J.-H. A. C’est vrai, j’étais son

alter ego. La dimension du chef, c’est lui qui me l’a insufflée. Il m’a donné quelques trucs : courber un peu l’épaule, avoir un regard qui flotte, tout en me disant : « Ne baisse pas les yeux quand tu parles à des salauds, et sois méchant ! » D’ordinaire, il ne faut pas écouter les conseils des réalisateurs, qui sont de piètres acteurs, mais avec Olivier, c’est différent. 3 VSD. Comment avez-vous travaillé ?

J.-H. A. Sa seule manière de me diriger,

c’était de se voir à travers moi. On a forcé le trait, travaillé la fatigue et le teint au maquillage. Et comme on est filmés de très près, il n’y a pas de 4 cadeau au niveau de la lumière, on voit le travail de la vie et du temps sur la peau. J’ai même pris 9 kilos pour ce rôle ; je me suis dit qu’il fallait que Caplan n’ait pas l’air fragile. photos : Tibo et anouchka/canal+

ans son regard, aucune trace de colère, de haine, tout n’est que douceur. Le calme et la sérénité qu’affi- 1 che Jean-Hugues Anglade dans la vie tranchent avec son personnage d’Eddy Caplan, le flic au bord du gouffre qu’il incarne dans Braquo 1. Cette série est la première fiction qu’Olivier Marchal réalise, avec Frédéric Schoendoerffer, pour la télévision. L’histoire : un groupe de policiers, décidés à venger le 2 suicide de l’un des leurs, est pris dans un engrenage mortel. Comme dans ses précédents longs-métrages – 36 Quai des Orfèvres et MR 73 –, l’ex-flic, devenu comédien et scénariste, peint un tableau très noir et très violent de la police. Une vision datée et anachronique, selon certains. « Nous ne ressemblons pas à ses personnages. Il va trop loin. Je n’ai, par exemple, jamais vu un collègue prendre de la drogue », confie un commandant de la brigade des stups, à Paris. « Ces flics sont pires que des voyous, ce n’est pas crédible », ajoute un ancien collègue du groupe de répression du banditisme du service dépar­ temental de police judiciaire des Hauts-de-Seine (92). En revanche, tous sont unanimes pour louer la beauté des images, le suspense, le réalisme des interventions, la gestuelle et les tenues d’armes, le vocabulaire, jus-

’’

VSD. Des personnages excessifs et

violents, vous en avez déjà incarné. Un registre évident, pour vous ? J.-H. A. Non, jouer la violence est tou-

jours quelque chose que j’appréhende, d’autant que j’en ai été victime, il y a quelques années 2. Pour cette série, 

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la griffe du chat Par Philippe Geluck

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