VSD 1698 du 10 au 16 mars 2010

Page 1

BEL : 2,80 € - CH : 5,50 FS - CAN : 8 $C – A : 3,60 € - D : 3,60 € - ESP : 3,20 € – GR : 3,20 € - ITA : 3,20 € – LUX : 2,80 € – NL : 3,30 € - PORT.CONT. : 3,20 € –DOM : AVION : 4 € – MAROC : 30 DH – TUNISIE : 4,200 TDU - ZONE CFA AVION : 3 000 CFA - ZONE CFP AVION : 950 CFP. PHOTOS : REUTERS/POOL - POLARIS/STARFACE – PANORAMIC

2,40€ N° 1698 - DU 10 AU 16 MARS 2010

VSD.FR

TEMPÊTE XYNTHIA

LE PREMIER HEBDO D’INFORMATION DU WEEK-END

LA COLÈRE FAIT RAGE SUR L’ÎLE DE RÉ

DÉCOUVERTE AU LAOS, AVEC LES PÊCHEURS DE L’EXTRÊME

OSCARS

LES COULISSES DU GRAND SHOW D’HOLLYWOOD

SEXE, DROGUE

POURQUOI LA JEUNESSE DORÉE VEND SON CORPS

SCHUMACHER INTIME

SA NOUVELLE VIE DE FEMME LIBRE

LES SECRETS DE SON INCROYABLE RETOUR EN F1

MAINTENANT ELLE DECIDE DE TOUT

T 01713 - 1698 - F: 2,40 E

3:HIKLRB=XUWYU[:?b@g@j@s@k;

COUV-VSD1698S001.indd 3

8/03/10 16:30:58


ÉVÉNEMENT CINÉMA

À LOS ANGELES, LORS DE LA 82E CÉRÉMONIE

POLARIS/STARFACE

oscars L’ENVERS DU DÉCOR Après la soirée diffusée sur toutes les télévisions du monde, Kathryn Bigelow se réjouissait d’être la première réalisatrice à recevoir une récompense. Et Jacques Audiard n’était même pas déçu ! De notre correspondant à Hollywood, Hervé Tropéa

12

VSD N° 1698 DU 10 AU 16 MARS 2010


Effet de surprise « Ai-jevraiment mérité cet Oscar, ou l’ai-je eu à l’usure ? » Sandra Bullock a paru extrêmement ­surprise d’avoir été préférée aux autres actrices en compétition, telle Meryl Streep (ci-dessous).

C

omme pour la céré­ monie des Golden Globe Awards à la mi-janvier, la pluie était, cette année, au rendez-vous des Oscars, à Holly­ wood. Mais avec une petite diffé­ rence. Une tente avait été dressée une semaine auparavant pour éviter, cette fois-ci, que les stars, mais aussi les milliers de journalistes, ne soient trempés de la tête aux pieds avant même le début du show. « On dit que la pluie porte chance. Mais, hier, j’ai reçu, alors qu’il pleuvait, le Golden Raspberry de la plus mauvaise ­actrice pour All About Steve, nous explique à son arrivée Sandra ­Bullock, sourire en coin. J’ai donc hésité avant de ­venir, aujourd’hui. » Pourtant, trois heures plus tard, ­l’actrice se retrou­ vera sur scène pour recevoir l’Oscar de la meilleure ­actrice pour son rôle dans The Blind Side.

clooney dragué par une journaliste « Chaque année, c’est la même chose, confie un peu plus tard ­Penelope Cruz en soupirant. Même si je ne suis pas nominée, j’ai l’impression de me retrouver au premier jour de la rentrée des classes. C’est extrême­ ment excitant, mais aussi très ­angoissant de participer aux  VSD N° 1698 DU 10 AU 16 MARS 2010

13


EN COUVERTURE

LE DEVOIR AVANT TOUT Ces dix dernières années, l’épouse du prince ErnstAugust de Hanovre ne passait que quelques weekends par an à Monaco. Depuis son retour, Caroline assiste à tous les événements, telle la fête nationale du 19 novembre, ici avec Albert et Stéphanie.

REUTERS

EN PLEINE PRÉPARATION DU PRESTIGIEUX BAL DE LA ROSE

troie un statut et des droits. Un engagement en faveur du monde des arts et de la culture loin d’être anecdotique, surtout en période de crise. Pour rendre son dynamisme à ce petit État, le prince Albert II a en effet décidé 쐌쐌쐌 16

VSD1698D016.indd 16-17

CAROLINE, UNE FEMME DE POUVOIR À MONACO Revenue dans la principauté il y a six VSDN° 1698 DU 10 AU 16 MARS 2010

mois, la princesse y a trouvé sa place. Au sommet. VSDN° 1698 DU 10 AU 16 MARS 2010

Par Bertrand Meyer-Stabley, avec Capucine Riva 17

8/03/10 14:11:16


EN COUVERTURE

LE DEVOIR AVANT TOUT Ces dix dernières années, l’épouse du prince ErnstAugust de Hanovre ne passait que quelques weekends par an à Monaco. Depuis son retour, Caroline assiste à tous les événements, telle la fête nationale du 19 novembre, ici avec Albert et Stéphanie.

REUTERS

EN PLEINE PRÉPARATION DU PRESTIGIEUX BAL DE LA ROSE

troie un statut et des droits. Un engagement en faveur du monde des arts et de la culture loin d’être anecdotique, surtout en période de crise. Pour rendre son dynamisme à ce petit État, le prince Albert II a en effet décidé 쐌쐌쐌 16

VSD1698D016.indd 16-17

CAROLINE, UNE FEMME DE POUVOIR À MONACO Revenue dans la principauté il y a six VSDN° 1698 DU 10 AU 16 MARS 2010

mois, la princesse y a trouvé sa place. Au sommet. VSDN° 1698 DU 10 AU 16 MARS 2010

Par Bertrand Meyer-Stabley, avec Capucine Riva 17

8/03/10 14:11:16


ÉpOque reportage

Dix jours Après la tempête Xynthia

L’Île de Ré à l’heure des comptes Si l’agriculture est plus durement touchée que l’équipement touristique, de nombreux habitants mettent en cause l’état des digues, mal entretenues ou mal construites. Par Emmanuel Fansten. Photos : Jean Picard/VSD

22

VSD n° 1698 du 10 au 16 mars 2010


Des vendanges à l’eau Viticulteuret producteur de pommes de ­terre à La Couarde, ­Didier Turbé a vu les quatre cinquième de ses vignes recouverts par de l’eau de mer. Si le taux de sel est trop élevé dans ses terres, elles pourraient rester inexploitables pendant dix ans. « Beaucoup de responsables n’ont pas voulu ­écouter les gens de ­terrain », affirme-t-il.

VSD n° 1698 du 10 au 16 mars 2010

23


ÉpOque sport

photoS : HOCH ZWEI/ICON SPORT – J.-M. LE MEUR/DPPI – IMAGO/PANORAMIC

PRÊT À EN DÉCOUDRE Michael Schumacher, 41 ans, se lance dans le plus grand défi de sa carrière : retrouver sa suprématie en formule 1, trois ans après avoir lâché le volant. Pour y parvenir, l’Allemand a multiplié les séances d’entraînement en salle de sport. Il est ­revenu à son poids idéal, 74 kilos. Les couleurs ont changé, Mercedes a ­remplacé Ferrari, mais sa motivation est intacte.

30

VSD N° 1698 DU 10 AU 16 MARS 2010


Schumi l’histoire

Le 14 mars, à Bahreïn, michael schumacher reprendra le volant d’une formule 1 lors du premier grand prix de la saison. Avec un objectif : rafler un huitième titre mondial.

Par Valentin Aubel

M

onza, Grand Prix d’Italie, septembre 2006. Le Michael Schumacher qui annonce sa retraite est un sportif blessé. Après des années de tapis rouge au sein de la célébrissime équipe Ferrari, il vient en effet de faire les frais d’une manœuvre politique : en recrutant Kimi Raikkonen, la Scuderia a pensé à l’avenir et poussé le Baron rouge gentiment vers la sortie. Fatigué, déçu par son employeur, le champion raccroche alors à regret. Même s’il a du mal à tourner la page, il sait que, à 37 ans, les possibilités d’un retour sont quasi nulles. Barcelone, 28 février 2010. Le même Schumacher en termine avec les ­derniers préparatifs du Grand Prix de Bahreïn, prévu pour le 14 mars. L’Allemand ­pilote désormais une Mercedes, porte une combinaison grise, et a décidé de ­revenir en F1 pour trois ans. Il a délaissé Ferrari sans état d’âme et se prépare à ­relever le plus gros défi de sa carrière. L’objectif : « Un huitième titre mondial », dit-il en souriant. La ­tentation  VSD N° 1698 DU 10 AU 16 MARS 2010

secrÈte de son come-back

Un couple en fin de course ? Michael et Corinna se sont mariés en 1995. Ils ont deux enfants, Gina Maria (13 ans) et Mick Jr (11 ans). Mais, aujourd’hui, on parle de séparation, alors que le champion a rompu professionnellement avec le manager de ses débuts, Willi Weber.

31


ÉpOque reportagE

photos : d. R.

À l’affût. Dans cette boîte de nuit, proche des ChampsÉlysées, lieu de rendez-vous d’une jeunesse privilégiée, des adultes se mêlent aux adolescents avec, parfois, de mauvaises intentions. Ici, cet habitué (en chemise blanche) offre toutes les semaines de nombreux verres d’alcool, et plus, à des garçons de 14 à 17 ans, en échange de relations sexuelles.

36

VSD n° 1698 du 10 au 16 mars 2010


Dans les beaux quartiers de la capitale

les mauvaises passes de la Jeunesse dorée bien qu’issus de familles favorisées, ces mineurs se prostituent. certains ont accepté de se confier à notre reporter. Par Pauline Liétar

M

axence* a 17 ans. Il habite le très huppé 16e arrondissement de Paris avec ses parents, qui, chaque semaine, lui donnent 300 euros d’argent de poche. Soit 1 200 euros par mois, plus qu’un smic. Pourtant, ça ne lui suffit pas. Il se prostitue. Pour acheter du cannabis qu’il fume tous les jours après la cantine, de la cocaïne pour ses soirées du week-end et de l’alcool… « J’ai fait ma première passe à 15 ans. Dans un bar gay, j’ai rencontré un homme âgé qui m’a fait des avances et a proposé de me payer. J’ai d’abord dit non. J’ai craqué un jour où j’avais besoin d’argent, je l’ai appelé. Il m’a donné 500 euros pour un rapport sexuel », confie cet ado, caché derrière une grande mèche brune. La première fois, il s’est senti « dégueulasse » mais il a recommencé, trop attiré par cet argent qu’il dit facilement gagné. Dans son téléphone portable, il a une dizaine de numéros de clients, tous bien plus âgés que lui. « Certains sont même plus vieux que mon père », précise-t-il. Ces clients le contactent aussi via Facebook.

pour quelques billets, des cadeaux, des restos Maxence n’est pas une exception. Laura, 15 ans, des parents aisés et un bel appartement, fait parfois des fellations pour 50 euros à des garçons qu’elle rencontre en boîte de nuit. « Pour le fun. Et ça me fait toujours un peu d’argent pour m’offrir des verres », lâche-t-elle, décomplexée. Estelle, 16 ans et une vie apparemment paisible dans une banlieue parisienne chic, a fréquenté pendant VSD n° 1698 du 10 au 16 mars 2010

quelques mois un homme d’une cinquantaine d’années, rencontré alors qu’elle faisait du stop pour rentrer chez elle. Il lui a offert de nombreux cadeaux, l’a invitée au restaurant et lui a donné quelques liasses de billets. « Un jour où on manquait d’argent de poche, avec une copine, on a pensé à se prostituer, dévoile cette petite blonde, comme si de rien n’était. On voulait faire le trottoir, mais on ne savait pas où aller. Alors on a abandonné l’idée. » À 16 ans, Sarah a déjà plusieurs portejarretelles dans sa penderie. Elle les met pour aller dans des soirées très spéciales organisées dans des appartements de particuliers. Avec d’autres adolescentes, habillées elles aussi d’un simple portejarretelles, elle joue les entraîneuses pour des trentenaires, en échange de cocaïne

Première passe à 15 ans. Maxence reçoit 1 200 euros d’argent de poche par mois de la part de ses parents. Mais cela ne lui suffit pas. Pour lui, néanmoins, pas de racolage : il contacte ses clients par téléphone.

et d’alcool à volonté. Les hommes, eux, paient autour de 80 euros pour accéder à ces soirées. « Ce n’est pas de la prostitution, parce qu’il y a quand même de la séduction », se défend Sarah, une jolie brune à la peau mate. Le phénomène, marginal, impossible à chiffrer, inquiète d’autant plus que ces adolescents ne sont ni contraints par la pauvreté ni esclaves de réseaux proxénètes, contrairement à d’autres mineurs prostitués (voir encadré). À l’insu de leurs parents, ils font des passes, éventuellement encouragés par des copains. Difficile, dès lors, de trouver des explications à de tels comportements. La banalisation de la sexualité, certes, mais pas seulement. « On est au cœur d’une société  37


ÉPOQUETÉMOIGNAGE 1

3

sur eux un regard avant tout humain », commente l’actrice Josiane Balasko qui préface le livre et parraine l’exposition. Les deux femmes se sont rencontrées à Cachan (94), en 2006, dans ce gymnase où plus de cinq cents immigrés expulsés s’entassaient dans des conditions déplorables. « Ce qui m’avait frappée d’entrée, et Diane également, c’était la propreté de cet immense dortoir où, entre deux matelas, on avait peine à mettre un pied », témoigne la comédienne. Diane se faufile entre les conteneurs où sont jetées en vrac les affaires des personnes : « Je ne savais pas qu’on empilait tout dans des bennes ! » Cachée pour échapper aux vigiles, ses appareils sous le manteau, elle se souvient : « Un homme cherchait ses CD enregistrés depuis cinq ans, sa musique d’ici, d’autres leur peu de biens détruits. C’est toute une vie en France que l’on brise. »

VSD PARTENAIRE DE L’EXPOSITION « NON-ASSISTANCE À … ? »

LA FRANCE DES SANS- DROITS EN PLEIN CŒUR

LA PHOTOGRAPHE DIANE GRIMONET SUIT LES MAL-LOGÉS DEPUIS PLUS DE DIX ANS. ELLE RA

CONTE UN ENGAGEMENT DE TOUS LES INSTANTS.

Par Laurence Delpoux. Photos : Diane Grimonet

de la crise, mesurant l’urgence à froid. Alors que l’Onpes souligne aussi la « désespérance », un phénomène nouveau né d’« un processus long de fragmentation de la société française », l’Europe vient de déclarer 2010 « année contre la pauvreté ». Tout cela, Diane Grimonet le dit à sa manière, avec un livre (éditions Sophot) et une exposition* sur plus de dix ans de terrain, à chaud.

LA COMPLICITÉ ET LA CONFIANCE DES GENS Aucune mythologie d’artiste derrière ses images, juste une évidence : « L’envie de raconter des histoires, de témoigner de situations qui m’ont choquée », déclaret-elle. Surtout pas de blabla sur le sens de la vie : c’est un hasard si la photographe, après avoir immortalisé à ses débuts les grands acteurs de théâtre, ne s’intéresse plus désormais qu’aux précaires. Depuis 1998 et ses premières images dans les squats, Diane Grimonet se fond dans le décor, s’installe sur un trottoir, ou dans une caravane, se glisse à l’aube dans des hôtels borgnes, disparaît jusqu’à se faire oublier. Aucune photo volée. « Elle a la complicité et la confiance des gens qu’elle photographie, elle porte 40

VSD1698D040.indd 40-41

Les immigrés, les chômeurs, les femmes en errance, les mal-logés, le trafic révoltant des marchands de sommeil… la photographe a bouclé la « boucle infernale », comme elle dit : « Sans papiers, pas de boulot, sans boulot, pas de logement, sans logement… Des images trop dures, me reproche-t-on parfois, mais ce sont les situations que je photographie qui ne devraient pas exister ! » Des images au plus près du réel qui, mieux que les chiffres, racontent l’enfermement, soixante-dix photographies exposées grâce au soutien de l’association Pour Que l’Esprit Vive (pqev.org). Un travail souvent récompensé (nomination au Visa d’or Magazine au Festival international du photojournalisme de Perpignan en 2007), à découvrir à partir du 15 mars, jour de la trêve hivernale. 쐍

2

4 1. PARIS 20E, SQUAT DE LA RUE D’AVRON, 2000. « Je découvrais les conditions de vie des squatteurs, des étudiants, des artistes, raconte la photographe, et, ici, de soixante-quinze familles avec enfants. »

2. CAYEUX-SUR-MER, LOGEMENT INSALUBRE, 2005. « Une inondation venait de noyer les matelas neufs des enfants : une grosse dépense pour la famille Lambotin, logée dans cet immeuble pourri, dans la Somme. »

VSD N° 1698 DU 10 AU 16 MARS 2010

3. ORLY, EXPULSION DU SQUAT DE CACHAN, 2006. « C’est peut-être la seule photo volée que j’aie faite, cachée entre des conteneurs. Les gens tentent de retrouver quelques affaires jetées dans des bennes. »

4. PANTIN, HÔTEL DE PARIS, 2008. « Noëlle vit là avec ses trois enfants. L’action sociale paye 3 500 euros par mois ce taudis aux marchands de sommeil, à défaut de trouver à cette famille un logement HLM. »

(*) « Non-assistance à … ?», jusqu’au 15 mai, galerie Fait & Cause, 58, rue Quincampoix, Paris 4e. Rencontre avec la photographe et débat public avec VSD, Le Monde et Josiane Balasko, le 18 mars, de 14 à 18 h, à l’hôtel de ville de Paris.

VSD N° 1698 DU 10 AU 16 MARS 2010

5/03/10 13:41:29


ÉPOQUETÉMOIGNAGE 1

3

sur eux un regard avant tout humain », commente l’actrice Josiane Balasko qui préface le livre et parraine l’exposition. Les deux femmes se sont rencontrées à Cachan (94), en 2006, dans ce gymnase où plus de cinq cents immigrés expulsés s’entassaient dans des conditions déplorables. « Ce qui m’avait frappée d’entrée, et Diane également, c’était la propreté de cet immense dortoir où, entre deux matelas, on avait peine à mettre un pied », témoigne la comédienne. Diane se faufile entre les conteneurs où sont jetées en vrac les affaires des personnes : « Je ne savais pas qu’on empilait tout dans des bennes ! » Cachée pour échapper aux vigiles, ses appareils sous le manteau, elle se souvient : « Un homme cherchait ses CD enregistrés depuis cinq ans, sa musique d’ici, d’autres leur peu de biens détruits. C’est toute une vie en France que l’on brise. »

VSD PARTENAIRE DE L’EXPOSITION « NON-ASSISTANCE À … ? »

LA FRANCE DES SANS- DROITS EN PLEIN CŒUR

LA PHOTOGRAPHE DIANE GRIMONET SUIT LES MAL-LOGÉS DEPUIS PLUS DE DIX ANS. ELLE RA

CONTE UN ENGAGEMENT DE TOUS LES INSTANTS.

Par Laurence Delpoux. Photos : Diane Grimonet

de la crise, mesurant l’urgence à froid. Alors que l’Onpes souligne aussi la « désespérance », un phénomène nouveau né d’« un processus long de fragmentation de la société française », l’Europe vient de déclarer 2010 « année contre la pauvreté ». Tout cela, Diane Grimonet le dit à sa manière, avec un livre (éditions Sophot) et une exposition* sur plus de dix ans de terrain, à chaud.

LA COMPLICITÉ ET LA CONFIANCE DES GENS Aucune mythologie d’artiste derrière ses images, juste une évidence : « L’envie de raconter des histoires, de témoigner de situations qui m’ont choquée », déclaret-elle. Surtout pas de blabla sur le sens de la vie : c’est un hasard si la photographe, après avoir immortalisé à ses débuts les grands acteurs de théâtre, ne s’intéresse plus désormais qu’aux précaires. Depuis 1998 et ses premières images dans les squats, Diane Grimonet se fond dans le décor, s’installe sur un trottoir, ou dans une caravane, se glisse à l’aube dans des hôtels borgnes, disparaît jusqu’à se faire oublier. Aucune photo volée. « Elle a la complicité et la confiance des gens qu’elle photographie, elle porte 40

VSD1698D040.indd 40-41

Les immigrés, les chômeurs, les femmes en errance, les mal-logés, le trafic révoltant des marchands de sommeil… la photographe a bouclé la « boucle infernale », comme elle dit : « Sans papiers, pas de boulot, sans boulot, pas de logement, sans logement… Des images trop dures, me reproche-t-on parfois, mais ce sont les situations que je photographie qui ne devraient pas exister ! » Des images au plus près du réel qui, mieux que les chiffres, racontent l’enfermement, soixante-dix photographies exposées grâce au soutien de l’association Pour Que l’Esprit Vive (pqev.org). Un travail souvent récompensé (nomination au Visa d’or Magazine au Festival international du photojournalisme de Perpignan en 2007), à découvrir à partir du 15 mars, jour de la trêve hivernale. 쐍

2

4 1. PARIS 20E, SQUAT DE LA RUE D’AVRON, 2000. « Je découvrais les conditions de vie des squatteurs, des étudiants, des artistes, raconte la photographe, et, ici, de soixante-quinze familles avec enfants. »

2. CAYEUX-SUR-MER, LOGEMENT INSALUBRE, 2005. « Une inondation venait de noyer les matelas neufs des enfants : une grosse dépense pour la famille Lambotin, logée dans cet immeuble pourri, dans la Somme. »

VSD N° 1698 DU 10 AU 16 MARS 2010

3. ORLY, EXPULSION DU SQUAT DE CACHAN, 2006. « C’est peut-être la seule photo volée que j’aie faite, cachée entre des conteneurs. Les gens tentent de retrouver quelques affaires jetées dans des bennes. »

4. PANTIN, HÔTEL DE PARIS, 2008. « Noëlle vit là avec ses trois enfants. L’action sociale paye 3 500 euros par mois ce taudis aux marchands de sommeil, à défaut de trouver à cette famille un logement HLM. »

(*) « Non-assistance à … ?», jusqu’au 15 mai, galerie Fait & Cause, 58, rue Quincampoix, Paris 4e. Rencontre avec la photographe et débat public avec VSD, Le Monde et Josiane Balasko, le 18 mars, de 14 à 18 h, à l’hôtel de ville de Paris.

VSD N° 1698 DU 10 AU 16 MARS 2010

5/03/10 13:41:29


tout en images monde

M

ère des eaux » : tout est dit, dans ce surnom, celui que des millions d’hommes, de l’ethnie thaïe à l’origine, ont donné au fleuve roi. « Mae nam khong », que les Chinois ont ensuite appelé « Mékong », né sur le plateau tibétain, flirte avec cinq pays d’Asie avant d’écrire son dernier chapitre dans le sud du Vietnam. D’immenses boucles arrosent le delta, comme un triangle géant au pied d’Hô Chi Minh-Ville, entre la frontière cambodgienne, la mer de Chine et le golfe du Siam.

au royaume des rapides Mais c’est dans le district de Khong, dans le sud du Laos, le long de la frontière cambodgienne, que le Mékong est le plus étonnant, avec les « 4 000 îles ». Une zone unique au monde, royaume des chutes et des rapides, des villages de pêcheurs, du poisson-chat et du pakha, un dauphin qui vit dans les eaux fraîches et douces. Durant la saison sèche, le niveau du fleuve baisse, faisant naître un nombre incalculable de petites îles, d’aspérités ­minérales et de chutes vertigineuses, comme autant de recoins à poissons, où les ­ pêcheurs bravent la mort pour ­installer leurs nasses de bambou. Jusqu’au début des années soixante, pour les peuples du Mékong, la pêche était une activité nourricière. Aujourd’hui, avec les fermes aquacoles, une importante économie piscicole s’est bâtie : 1,5 million de tonnes de poisson par an soit 16 % de la production mondiale. Et, partout, le quotidien se lie intimement à la Mère des eaux. J Antoine Dreyfus

Au Laos, à la saison sèche, le plus grand fleuve d’Asie est un piège à poissons

Mékong : les

Dans la zone tumultueuse des « 4 000 îles », les habitants perpétuent une pêche artisa 42

VSD n° 1698 du 10 au 16 mars 2010


la prise du funambule Un pêcheur laotien ramène un poisson dans son filet. Il travaille dans une zone très dangereuse, le district de Khong, connu sous le nom de « 4 000 îles ». La moindre erreur peut signifier la mort.

pêcheurs de l’extrême

nale, acrobatique et spectaculaire. Au péril de leur vie. Photos : Suthep Kritsanavarin/Zuma/Visual VSD n° 1698 du 10 au 16 mars 2010

43


WEEK-END bEaux-arts

50

VSD N째 1698 DU 10 AU 16 MARS 2010


“je suis plutôt brocanteur”

CONNU POUR SES SLOGANS IMPRIMÉS sur toutes sorteS d’objets, L’ICONOCLASTE EST L’OBJET D’UNE RéTROSPECTIVE à lyon. Par François Julien. Photos : Johann Rousselot pour VSD

TOUT EST ART Comme il n’a « rien à dire », Ben parle beaucoup. Et il écrit encore davantage : reprenant à son compte l’adage de Duchamp (dès lors qu’exposé, tout est art), il s’approprie le moindre ­objet récupéré, le graffe, le signe et le transforme ainsi en création de Ben. VSD N° 1698 DU 10 AU 16 MARS 2010

L

’idée venait de Thierry Prat, directeur technique du musée d’art contemporain de Lyon. Qualifier Ben de « Vieux Sex addict Dégueulasse », ­histoire de coller à l’acronyme de votre magazine, VSD, quoi. Au grand dam de l’intéressé, Benjamin Vautier, 74 ans au compteur : « J’aurais voulu être Bukowski, me soûler la gueule et dire à tout le monde d’aller se faire foutre. J’aurais aimé être Gainsbourg et pou-

voir traiter les filles de connasses. Mais, en fin de compte, je suis très poli. » Poli, Ben ? oui, mais alors poli par le temps, car un poil lubrique quand même. À en juger par sa façon de zieuter le décolleté d’une stagiaire quatre fois moins âgée que lui (elle doit encore en rougir) ; à ­visiter, au second étage, sa Chambre échangiste digne du Reeper­bhan hambourgeois (« Suce ») ; ou à prendre au sérieux sa volonté ­d’appliquer à la  51


renaud corlouer/sipa

WEEK-END L’INTERVIEW CINÉMA

Romain Duris

‘‘ Le cinéma peut nuire

dans L’arnacœur, l’acteur s’est fait plaisir après des rôles sombres. impliqué à 100 %, sans 54

VSD n° 1698 Du 10 au 16 mars 2010


> La comédie est le genre de prédilection en France, actuellement.

Et, franchement, on n’est pas les meilleurs. Du coup, quand j’ai reçu le scénario de L’Arnacœur*, j’ai d’abord été méfiant. Très méfiant. Je sortais à peine de Persécution et de l’univers de Patrice Chéreau, un metteur en scène en qui j’avais pleinement confiance. > Depuis mes débuts dans Le Péril jeune (1995), j’ai toujours connu le luxe de choisir mes projets. Ces choix n’ont pas tous donné de bons films,

mais je m’y suis investi en connaissance de cause. Là, j’étais devant une comédie avec un cinéaste, Pascal Chaumeil, qui n’avait jamais réalisé de long-métrage. > Je voulais éviter certains pièges, comme la vulgarité ou les gags à répétition qui finissent par lasser. Pascal m’a rassuré en évoquant Billy

Wilder, Frank Capra, Ernst Lubitsch… On était sur la même longueur d’onde.

D. R.

Charlotte Forever En 2009, l’acteur a partagé avec elle l’affiche de Persécution. « Comme avec Vanessa, je pressentais qu’on allait s’entendre. Une question de génération. »

> J’ai essayé de rendre mon personnage le plus crédible possible.

Je ne voulais pas en faire un petit con arrogant. Le côté « je te regarde en coin et je t’emballe », ça marche deux secondes et puis on n’en peut plus. > J’avais vraiment envie de rencontrer Vanessa Paradis. Je pressentais qu’on allait s’entendre. Une question de génération, sans doute. Un peu comme avec Charlotte Gainsbourg dans Persécution. Elles trimbalent leur univers où subsiste une part de mystère. Ce sont des personnes discrètes qui fait que lorsqu’elles donnent, ne serait-ce qu’un petit peu, on se réjouit parce qu’on sait l’exigence qu’il y a derrière.

> Quand j’ai dit à mes proches que je tournais dans une comédie, ils étaient ravis ! Paris,

L’amour, quelle arnaque ! Un briseur de couples est engagé pour empêcher le mariage d’une œnologue (Vanessa Paradis). L’Arnacœur est une jolie surprise menée par un merveilleux duo d’acteurs.

Et après, Persécution… Depuis trois ans, j’enchaînais les rôles sombres. Je venais d’avoir 30 ans. Inconsciemment, j’ai peut-être eu besoin d’aller vers Cinéaste clé des personnages qui me faisaient aborder la question de la mort. J’aime Avec Klapisch, Gatlif et Chécroire que c’est le fruit du hasard. reau, Jacques > J’ai besoin de vivre des expériences. Les seuls moments difficiles consisAudiard est l’un des réalisateurs tent à choisir un film plutôt qu’un autre. Dans ces moments-là, je tombe en qui ont compté plein doute. Quand j’accepte un projet, je me mets à poil. Je ne vais pas y aller et dans l’épanouissement de Duris, faire les trois-huit. Tony Gatlif m’a appris à me rendre totalement disponible. avec De battre, mon cœur s’est > La mise en scène ne m’attire pas. Je n’aurais jamais la patience de arrêté (en 2005). préparer le découpage, choisir les axes de caméra, avoir une vue d’ensemble. Moi, je suis dans l’instant. Soit je fais, soit je ne fais pas. > Au cinéma, je n’ai pas de projet pour le moment. En revanche, je vais faire du théâtre avec Patrice Chéreau, et ça me suffit amplement. Il m’a fait découvrir une façon différente de travailler. Rentrer dans un projet, s’accaparer un rôle et un texte. C’est un homme passionné, riche et cultivé. > J’arrive à sortir la tête du cinéma. J’ai enchaîné un peu trop rapidement les tournages de L’Arnacœur et de L’homme qui voulait vivre sa vie, d’après le livre de Douglas Kennedy (sortie en novembre prochain, NDLR). Je me rends compte que cela ne me convient pas. J’ai besoin de faire les petits trucs du quotidien. Le cinéma, ce n’est pas la vie. Je pense même très sincèrement qu’il peut nuire à celle-ci. En plus, je suis papa depuis peu. Mes priorités sont d’un autre ordre. J oublier sa famille. Par Olivier Bousquet

à la vie ’’ VSD n° 1698 Du 10 au 16 mars 2010

(*) Sortie le 17 mars. Un film de Pascal Chaumeil, avec Vanessa Paradis, Julie Ferrier, 1 h 45.

55

visual

’’

rantes, mystérieuses, belles. Au début de ma carrière, j’ai croisé pas mal de collègues qui me laissaient insensible. Mon premier flash a eu lieu avec Juliette Binoche sur Paris, de Cédric Klapisch. Je me suis retrouvé en face d’elle et je me suis régalé. C’est riche, c’est animal, ça vit, c’est brillant ! Ce genre de personne est extrêmement honnête. Il ne s’agit pas juste de faire la maligne dans une émission de télévision.

D. R.

‘‘

Mes choix n’ont pas tous donné de bons films, mais je m’y suis investi en connaissance de cause

> Ces actrices n’ont pas une réputation galvaudée. Ce sont des vraies femmes, rares. Elles sont atti-


WEEK-END sport Xavier Bertoni et Kevin Rolland, la French touch

30 janvier dernier, à Aspen, aux États-Unis, les deux français ont fait un holdLe up ­presque parfait. En finale du superpipe, Kevin Rolland, le prodige de La ­Plagne, compose trois doubles rotations qui lui donnent l’or, alors que ­Xavier Bertoni, déjà médaillé d’or 2009, glane le ­bronze. Les deux ­potes, qui rident ­ensemble depuis cinq ans, y voient là un juste retour sur investissement. « Sans aide de la fédération, on a créé il y a un an notre propre structure, Freeski ­Project, qui finance notre coach et nos déplacements aux États-Unis pour s’entraîner. » Après les X, le binôme à la jeune notoriété disposera enfin d’un superpipe à domicile. En attendant de les retrouver à 7 mètres au-dessus du coping de Tignes (bord supérieur du pipe), rendez-vous sur followus.tv pour vivre en live leurs aventures de freestylers !

X

avec les acteurs du grand show

tignes se prepare

games aux

Ils vivent en « apnée » depuis des mois pour réussir le lancement de ces jo de la glisse 58

VSD N° 1698 DU 10 AU 16 MARS 2010


A

J –15 avant le lancement des premiers Winter X Games Europe, Tignes s’est muée en fourmillière. Sur le parking du Val-Claret s’entassent les 320 tonnes de matériel nécessaires à l’installation du village et du site de la compétition. Le slopestyle est un énorme chantier en cours, ­vibrant du ronronnement des dameuses, qui ­travaillent les 115 000 mètres cubes de neige de culture produites sur le site. Depuis juillet dernier, la ­station ­savoyarde – heureuse élue auquelle on a annoncé qu’elle n’aurait que neuf mois pour accoucher d’un énorme bébé – se prépare à la fête. Avec un ­entrain exceptionnel.

un contrat de trois ans au sein du team COreupt « L’événement vaut bien un tunnel de nuits blanches », s’enthousiasme ­Guerlain Chicherit, l’enfant du pays, multichampion du monde de freeride. C’est une vitrine pour toutes ces disciplines. Impensable de rater ça, on est au cœur de la cible qui nous a toujours fait ­vibrer ! » Pour l’occasion, Chicherit a monté une opération de ­recrutement inédite : au terme d’un ­casting vidéo de très haut niveau, un jeune freestyler pourra participer aux X (en ski slope­ style) avec, à la clé, un possible contrat de trois ans au sein du team CoreUpt, au côté de Candide Thovex et autres pointures du freeski. Sébastien Merignargues, directeur de la station de Tignes, renchérit : « C’est à ce jour notre plus gros investissement. Quatre cents personnes ­seront sur le pont pendant trois jours et le taux de remplissage devrait friser les 90 %. Sur ce plan, le contrat est déjà rempli. » En attendant, et dès aujour­d’hui, place aux ­surprises, aux émotions, aux belles histoires… Ces premiers X Games Europe sont bien partis pour contribuer à façonner une légende, née il y a treize ans dans le Colo­rado, sur le plateau d’Aspen devenu ­depuis l’épicentre du freestyle mondial. En ­digne petit frère, Tignes prend le ­relais, avec ce pari, culotté, de se hisser en trois ans au niveau de l’aîné. J 

en france. Revue des troupes avant le grand jour. Par Patricia Oudit. Photos : Tristan Shu pour VSD VSD N° 1698 DU 10 AU 16 MARS 2010

59


WEEK-END VOYAGES

SEVILLE LES « CAPITALES » à prix malins

66

La cité ardente

baroque Le couvent de Santa Paula est l’un des rares où il est permis d’entrer. Les sœurs y vendent de délicieuses marme­lades d’orange. Calle Santa Paula, 11. (00.34) 954.53.63.30.

VSD n° 1698 du 10 au 16 mars 2010


➝ À la fraîche La Casa Romana occupe une demeure du XVIIIe siècle, avec son beau patio et sa fontaine d’eau glacée. Toute la déco est à vendre. À partir de 135 € la nuit. Calle Trajano, 15.

hotelcasaromana.com.

S fièvre du samedi soir Le quartier de Triana est aussi attachant que surprenant. Les processions religieuses y sont plus nombreuses qu’ailleurs. Les bars aussi.

Fière de ses traditions, insomniaque et joyeuse, la belle andalouse est tout sauf un repaire branché. Cela ne la rend que plus attrayante. Foncez-y !

Par Sébastien Desurmont. Photos : Michel Slomka/VSD

VSD n° 1698 du 10 au 16 mars 2010

on air est rempli en permanence du parfum des orangers et de l’encens des églises, des cantiques fredonnés et du grattement des guitares. Une escapade à Séville, c’est d’abord un plongeon singulier dans un monde qui vacille sans cesse entre sacré et profane. Entre processions religieuses flamboyantes et flamenco endiablé, la capitale ­andalouse n’a jamais été aussi fidèle à elle-même : une cité fervente mais ­festive, à la fois grave et joviale. Elle se tient toujours aussi loin des modes. Tant mieux ! Seule l’authenticité sied à ses ­patios jaune et blanc, à ses bars tapissés d’azulejos, à sa « plaza de toros », véritable Olympe de la tauromachie, aux cinq ­larmes de ­diamant qui coulent sur les joues de sa Macarena, la Vierge la plus vénérée lors de la Semaine Sainte, qui se déroule cette année du 28 mars au 4 avril. Séville est une destination qui ne se ­visite pas seulement. Elle se vit. Pour cela, un impératif : oubliez votre montre. L’âme sévillane repose sur un décalage horaire permanent qui gomme peu à peu vos repères et vous gonfle d’allégresse au moment où le clocher de la ­Giralda annonce que le soleil est enfin allé se ­reposer d’avoir trop brillé. À cet instant, la ville de Carmen et de Don Juan s’éveille

carmen éternelle Le week-end, les boîtes de flamenco font le plein. On se déhanche à la Madruga, c. de Salado, 11, Triana (00.34) 657.97.06.10 ou à La Carbo­ neria, c. Levies, 18, Centro, (00.34) 954.21.44.60.

vraiment. Les rues se remplissent autour de la plaza del Salvador ou de l’Alameda de Hercules. Dans les boîtes à flamenco de Triana, la fièvre de la « sevillana », cette danse presque orientale née au XVIIIe siècle, ne monte qu’après minuit pour ­retomber au petit matin, à l’heure du premier « chocolate con churros ».

dissoudre ses péchés à l’ombre de l’église Après quoi, le reste de la journée ressemble à un long et doux ­ dégrisement, entre une balade au bord du Guadalquivir, un crochet par les couvents pour faire le plein de confiseries, un autre dans les ­ateliers de céramique de Triana, sans oublier les passages obligés par ces joyaux architecturaux que sont l’Alcazar, la ­cathédrale, la Casa de Pilatos. Et, pour ­dissoudre les péchés de la nuit, faites comme les locaux, champions du double jeu : reposez-vous dans la fraîcheur des églises sous le visage ­ angoissé d’une Vierge au manteau d’or. Dès lors, vous serez fin prêts pour attaquer de plus belle la tournée des bars à tapas, connus pour être les plus fameux de la péninsule. J Vols A-R Paris-Séville (2 h 10), à partir de 50 euros­, ­aller simple sur vueling.com. Avant de partir, consultez le site de l’office du tourisme : spain.info

67


photos : d. R.

WEEK-END TECHNO WEEK-END mul timédia

Jeux vidéo

Premières salves en 3 D

Après avoir triomphé au cinéma avec avatar, le relief s’invite dans l’univers du jeu. En ligne de mire, les gamers accros à l’ordinateur PC. Par Nicolas Gavet

E

n fin d’année 2009, sur grand écran, Avatar a le premier sonné la charge : un budget de 500 millions de dollars, des images à couper le souffle et, au final, l’un des films les plus rentables de l’histoire du cinéma. Point d’orgue de cette superproduction, la 3 D relief, qui entraîne le spectateur au cœur du film. Cette technologie arrive à point nommé dans une industrie rongée par le piratage et la concurrence du DVD. Si la 3 D fait revenir les spectateurs dans les salles obscures, le marché des jeux vidéo, lui aussi secoué par les copies illégales, compte beaucoup sur l’arrivée de cette innovation pour séduire de nouveaux joueurs. 70

‘‘

Ce que l’on cherche avant tout, c’est l’immersion totale du joueur

’’

Geoffroy Sardin, DG d’Ubisoft

Et c’est sur PC que la révolution s’annonce. Lancé en avril 2009 par le constructeur de cartes graphiques nVidia, le kit 3 D Vision (vendu env. 170 euros) se charge de transformer automatiquement n’importe quel titre PC standard en jeu 3 D stéréoscopique. Du titre le plus récent, Aliens VS Predator (Sega), au plus ancien, comme Tomb Raider Legend (Eidos, 2006) par exemple, près de 500 jeux sont ainsi disponibles dès à présent en 3 D relief. Seule condition pour apprécier cette technique, posséder le matériel approprié : un PC portable compatible 3 D relief. Assez onéreux (comptez 1 700 euros pour un Asus G51J-3 D) ou, plus raisonnable, un PC de bureau équipé d’un moniteur compatible 3 D (Acer, Samsung et Viewsonic proposent déjà des écrans PC de ce type), d’une carte graphique récente et, bien sûr, du kit 3D Vision. Pour moins de 500 euros, vous serez prêt. Sur consoles Xbox 360 et PlayStation 3, en revanche, c’est le flou le plus total, faute d’équipements

spécialisés pour apprécier ces jeux : écrans plats de salon 3 D Ready et autres dalles HD 3 D ne sont pas attendus en France avant la fin de l’été. Du coup, le jeu Avatar (encore lui), lancé en décembre, en a fait les frais. Premier titre console à être développé spécifiquement pour la 3 D relief, le jeu de Gameloft, élaboré en partenariat avec la société Lightstorm Entertainment de James Cameron, a été boudé par les joueurs. Un départ anticipé, sévèrement sanctionné.

on est tenté de toucher les personnages… Mais quand on est bien équipé, l’immersion est totale. Une fois les lunettes chaussées, les éléments se détachent nettement les uns des autres et l’effet de profondeur saute aux yeux. Bluffant. Pour un peu, on tendrait presque la main pour saisir les objets ou toucher les personnages qui semblent réellement sortir de l’écran. Pas de doute, on est au VSD n° 1698 du 10 au 16 mars 2010


internet

J’ai testé Chatroulette.com Le site de discussion qui cartonne n’est pas si dangereux qu’on le laisse entendre. Pas si fascinant non plus. 1

Nouvelle dimension Avec ce procédé, les héros virtuels crèvent littéralement l’écran et les éléments de décor se détachent bien les uns des autres… Bluffant. 2

L

a simplicité du concept de Chatroulette n’a d’égale que l’ampleur de son succès. Le site de tchatche créé par Andrey Ternovskiy, un Moscovite de 17 ans, se propose de mettre en relation de manière aléatoire les internautes du monde entier connectés au serveur. Pas de laborieux profil à compléter. Il m’a suffi d’autoriser le flux vidéo de ma webcam pour me retrouver en quelques secondes face à un parfait inconnu. Un adolescent prébubère qui s’attendait à une bombe latino dénudée et qui, déçu, m’a ventilé aussi sec en appuyant sur la touche « Next » pour passer au suivant. Résultat, un vertigineux zapping humain où se succèdent des échantillons représentatifs de l’humanité : exhibitionnistes, étudiants en goguette, hurluberlus déguisés en pomme de terre… Beaucoup de regards dubitatifs, de faciès sans grande conversation, quelques sourires, heureusement, ceux d’un Marco de Buenos Aires ou d’une Jennifer de Bobigny, qui tuent le temps avec cette drôle de roulette russe. Il paraît que toutes les vingt connexions, on tombe sur un émouvant sexe en érection. Ma patience, ce soir-là, n’est pas allée jusque-là. Next. J chatroulette.com H. B.

3

‘‘

Je suis convaincu que le jeu en relief va devenir la norme

’’

Hideo Kojima, créateur de la saga Metal Gear Solid

cœur de l’action. Certes, il ne s’agit encore une fois que d’une évolution de l’image, le contenu des jeux restant pour l’instant le même, mais les développeurs tiennent avec cette vision stéréoscopique de quoi offrir encore plus de spectacle. Au même titre que certains jeux ont été développés spécifiquement pour la Wii et ses manettes à reconnaissance de mouvements, on peut vraisemblablement penser que des niveaux dédiés spécialement à la 3 D relief feront partie des futures productions. Comme le souligne Geoffroy Sardin, directeur général d’Ubisoft France : « À l’avenir, de plus en plus de jeux vidéo comporteront l’option 3 D, car ce que l’on cherche avant tout, c’est l’immersion totale du joueur. Et la 3 D relief est à la pointe de ce côté-là. » Le message est clair. Au Japon, d’ailleurs, bon nombre de développeurs, comme le célèbre Hideo Kojima, l’auteur de la saga des Metal Gear Solid, se déclarent convaincus que le jeu en relief deviendra la norme. Après l’émergence des écrans 3 D. J

VSD n° 1698 du 10 au 16 mars 2010

1. Pandora ignorée. Lancé en décembre, en même temps que le film, le jeu Avatar a été boudé. Normal, il est sorti sur console alors que les écrans 3D sortiront fin 2010. 2. Catalogue La technologie actuelle transforme n’importe quel titre PC en jeu 3D. Du coup, près de 500 titres sont disponibles (ici, Fallout 3). 3. le kit Pour apprécier un jeu en relief, il suffit d’un moniteur PC compatible, d’une carte graphique récente et d’une paire de lunettes spéciales.

L’objet

Porte-clés plein d’énergie Il abrite un mini-chargeur pour mobile.

P

our éviter de se retrouver déconnecté, au bureau, avec un smartphone qui refuse de livrer ses contacts en raison d’une panne de batterie, la solution se nomme MiPlug. Un chargeur de poche pour mobile, qui se présente sous la forme d’un porte-clés stylisé et décliné en plusieurs couleurs. En cas de panne, il s’ouvre en deux et révèle deux fiches, l’une compatible avec son mobile et l’autre USB, à connecter à son ordinateur pour faire le plein d’énergie. Équipé d’un lecteur de carte micro SD, il permet aussi de stocker des données. J D. M. Prix non communiqué. miplug.com. À partir de mi-mars chez Surcouf, et en ligne sur cdiscount.fr

71


la griffe du chat Par Philippe Geluck

90

VSD N째 1698 du 10 au 16 mars 2010


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.