VSD 1700 du 24 au 30 mars 2010

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LE PREMIER HEBDO D’INFORMATION DU WEEK-END

REMANIEMENT APRÈS LA DÉFAITE, SARKOZY JOUE L’OUVERTURE… À DROITE

VSD.FR

POUR PÂQUES, PARTEZ AU SOLEIL ! NOS BONS PLANS EN ITALIE, EN GRÈCE… EMMANUEL CHAIN SUR TF1, IL PREND TOUS LES RISQUES

REPORTAGE EN MISSION AVEC LES COMMANDOS ANTIPIRATES

SAGA BECKHAM

POURQUOI SA BLESSURE POURRAIT TOUT CHANGER

250 MILLIONS DE DOLLARS POUR 10 ALBUMS !

À QUI PROFITENT SES MILLIONS ?

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LA SIGNATURE DU « CONTRAT DU SIÈCLE » AIGUISE LES CONVOITISES

T 01713 - 1700 - F: 2,40 E

BEL : 2,80 € - CH : 5,50 FS - CAN : 8 $C – A : 3,60 € - D : 3,60 € - ESP : 3,20 € – GR : 3,20 € - ITA : 3,20 € – LUX : 2,80 € – NL : 3,30 € - PORT.CONT. : 3,20 € –DOM : AVION : 4 € – MAROC : 30 DH – TUNISIE : 4,200 TDU - ZONE CFA AVION : 3 000 CFA - ZONE CFP AVION : 950 CFP. PHOTOS : JONATHAN EXLEY/CONTACT BY GETTY - ABACA - HEMIS.FR

2,40€ N° 1700 - DU 24 AU 30 MARS 2010

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EN COUVERTURE

MICHAEL JACKSON

PLUS RENTABLE MORT QUE VIVANT Neuf mois après sa disparition, l’icône de la pop est l’objet du contrat du siècle : 250 millions de dollars pour dix albums ! Enquête sur un héritage phénoménal et forcément compliqué. Par Olivier Cachin

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LES HÉRITIERS En disparaissant à 50 ans, Michael Jackson a laissé trois enfants, Paris, Prince et Blanket. Les deux premiers sont issus de son mariage avec Debbie Rowe, le dernier a été conçu par insémination artificielle.

WIREIMAGE

STEVEN PAUL WHITSITT/CONTOUR BY GETTY

DES VENTES RECORD, 60 INÉDITS ANNONCÉS, LE BUSINESS CONTINUE…

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QUE VIVANT

les héritiers En disparaissant à 50 ans, Michael Jackson a laissé trois enfants, ­Paris, Prince et Blanket. Les deux premiers sont ­issus de son mariage avec Debbie Rowe, le dernier a été conçu par insémination ­artificielle.


ÉpOque sport

xposure/abaca

vers le même but Le footballeur au visage d’ange et la chanteuse à l’ambition démesurée ont su construire et vendre leur image de couple glamour. Grâce à la publicité et aux soirées « people » – ici à Londres, en décembre 2009 –, ils sont devenus des piliers de la jet-set.

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Le joueur doit stopper net sa carrière

L’empire

Beckham en danger ?

Victoria et David ont fait de leur couple une entreprise rentable. Qui ne devrait pas trop souffrir de la blessure grave du footballeur, selon les experts. Par Jérôme Jessel

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ne tragédie. À bientôt 35 ans, David Beckham quitte la grande scène footballistique sur un coup de théâtre. Dimanche 14 mars, le match contre le Chievo Vérone touche à sa fin, quand le milieu de terrain du Milan AC, balle au pied, s’arrête brutalement et hurle en portant sa main sur son talon : « C’est cassé, c’est cassé ! » Le visage ravagé par la douleur, le « Spice boy » sait sans doute qu’il vit ses derniers moments de footballeur. Un clap de fin implacable : rupture du tendon d’Achille. Bien qu’opéré par le Finlandais Sakari Orava, considéré comme le roi de la chirurgie orthopédique, le joueur ne participera pas à la Coupe du monde 2010.

le temps de la reconversion Un Mondial sud-africain qui était devenu ­l’ultime objectif de sa carrière sportive. Le joueur anglais le plus capé, avec cent quinze sélections, semble frappé d’une malédiction lors des périodes précédant les Coupes du monde. En 2002, il était arrivé en Corée diminué par une fracture du métatarse. En 2006, en Allemagne, déjà touché au tendon d’Achille, il était contraint de sortir du terrain lors du quart de finale contre le Portugal. Aujourd’hui, les enjeux sont d’une autre ­importance : c’est la retraite et la reconversion que le joueur doit envisager. Au lendemain de la blessure, le Daily Mail titrait même : « La fin du monde ». Les experts ne sont pas aussi définitifs, comme Gilles Dumas, directeur de Sportlab, une agence spécialisée dans le marketing  VSD n° 1700 du 24 au 30 mars 2010

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ÉpOque reportage RUSTIQUE MAIS EFFICACE Positionné entre l’agresseur et son « client » (à droite sur la photo), ce chaland de débarquement accueille six hommes armés.

Avec un commando d’ « anges gardiens »

Croisière antipira Au large de Djibouti, au côté de la force militaire internationale, des compagnies privées

DISSUASIF En cas d’approche suspecte, les six anciens militaires ont consigne de s’abriter, casqués, derrière des sacs de sable et de sortir leurs armes.

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Système D Visage en carton, chalumeau pour simuler un fusil et corps en combinaison de plongée, de faux tireurs, postés sur le navire, dissuadent les pirates d’approcher.

D

jibouti. Six Européens montent à bord d’un ancien chaland de débarquement suédois. Dans le port, un gendarme leur a remis – comme la loi l’exige – leurs armes automatiques pour leur mission de sept jours dans les mers Rouge, d’Aden et d’Arabie, jusqu’au sultanat d’Oman. Malmenée par les vagues, la barcasse rouillée de 22 mètres met le cap en pleine nuit sur son « client », un bateau atelier battant pavillon britannique qu’il faut protéger. Ne dépassant pas les 7 nœuds, le traînard au franc-bord très bas est une proie facile pour les pirates somaliens qui quadrillent le golfe d’Aden. Il est en effet rapidement distancé par les frégates, pétroliers ou vraquiers filant 10 ou 15 nœuds, qui, eux, sont sous la garde des bâtiments de guerre de la coalition internationale de lutte antipirates. En liaison radio avec le bateau qu’ils assistent, les anges gardiens sont tous, à part Roy, un ancien sauveteur en mer féru de

ates en mer d’Aden assurent la sécurité des navires.

Par Antoine de Tournemire. Photos : Emmanuel Donfut/Balao Suspects Repérées au large depuis le bateau de surveillance, ces barques, sans filet, peuvent trahir la présence de pirates.

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tir sportif, des anciens des forces spéciales britanniques et françaises. Ces solides quadras ont quelques heures pour s’approprier l’embarcation à fond plat, les armes et les procédures de défense. Après avoir vidé un chargeur chacun, casqués et engoncés dans des gilets pare-balles, ils se relaient par quart pour barrer et surveiller la mer. Rien ne ressemble plus à une barque de pirates qu’une barque de pêcheurs. « Mais les barques remplies qui ne pêchent pas, ça sent le pirate », résume-t-on à bord. Qu’un ou plusieurs skiffs s’approchent et, selon un strict protocole, ils peuvent user de la légitime défense. Crescendo. « Si les agresseurs potentiels ne répondent pas aux messages radio, on se montre. Puis on sort nos armes, explique Pierre, 40 ans, un “ancien” de la guerre du Golfe. En cas de menace, nous balançons des fusées pour alerter la coalition et, s’ils sont armés, le sniper [tireur d’élite, NDLR] vise les moteurs. Si on distingue dans nos jumelles un RPG-7 [lanceroquettes], on a le feu vert pour tirer dessus. » Un luxe de précautions puisque, selon ce Français, « les marines chinoise et indienne, dès qu’elles aperçoivent un skiff, ont ordre de le couler sans sommation. »  29


ÉpOque enquêtE on se les arrache dans les salles des ventes

la cote des objets histo devient marteau

M

on mari ne m’aime pas, il m’adore. Je crois qu’il deviendra fou. » Quelques mots écrits à la plume, juste une confidence faite à une amie. Combien ­seriez-vous prêt à débourser pour acquérir ce témoignage d’amour ? Avant de proposer un prix, ­attendez de savoir qui en est l’auteur. Cette phrase est extraite d’une lettre manuscrite de Joséphine de Beau­ harnais. L’impératrice y dévoile les sentiments de son jeune époux, Napoléon Ier. Estimée entre 15 000 euros et 20 000 euros, cette missive sera mise en vente le samedi 27 mars par Me Jean-Pierre Osenat, à Fontainebleau (Seine-etMarne). Pour faire honneur au Weekend au Marteau *, qui débutera ce jourlà, et sera l’occasion pour trente hôtels des ventes de s’ouvrir au public, le commissaire-priseur dispersera une cinquantaine d’autres lettres rédigées par la première épouse de ­Bonaparte. Secrets, révélations, mensonges… Maître ­Osenat est persuadé que cette vie, ­couchée sur le papier, ­déchaînera les passions. Car, aujour­d’hui, expliquet-il, « plus un ­souvenir historique est ­intime, plus les enchères s’emballent ! »

aux meubles anciens ou aux préfèrent désormais des sou célèbres, telles les lettres

De coquettes sommes Cette lettre de ­Joséphine de Beauharnais, montrée par Me Osenat, est très convoitée, mais moins que le foulard que portait Louis XVI le jour de sa mort ou les sabots de JeanJacques Rousseau. Les quelques lignes laissées par Pierre Bérégovoy étaient accompagnées d’une mis­ sive de sa veuve, dans laquelle elle assurait ne pas croire au suicide de son mari.

garantir la provenance des objets La preuve avec les sabots de Jean-Jacques Rousseau, qui sont partis à la somme record de 15 600 euros l’an der-

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riques

photos : jean picard/vsd – d. r.

tableaux, beaucoup d’acquéreurs venirs ayant appartenu à des personnages de Joséphine. Par Capucine Bordet nier. Selon la légende, le philosophe aimait chausser ces souliers en paille tressée pour aller gambader dans la ­rosée du matin. L’histoire a visiblement plu à l’acheteur. Pour acquérir une relique de son idole des Lumières, ce fanatique n’a pas hésité à enchérir au-delà de trois fois le prix de son estimation, fixée à 4 000 euros. Un montant d’autant plus insensé, lorsqu’on sait que, d’après Jean-Claude Dey, expert desdites chaussures, « si ces sabots n’avaient pas appartenu à Rousseau, ils seraient partis à 40 euros maximum ». Pour ce spécialiste en souvenirs historiques, « l’essentiel dans ce marché est de pouvoir ­garantir la provenance des objets. Si l’on réussit à prouver leur ­appartenance, les prix peuvent alors ­littéralement exploser. » Parfois, les preuves sont évidentes. En juin 2009 par exemple, à Vendôme (Loir-et-Cher), Me Philippe Rouillac mettait aux enchères une montre de col (qui s’accrochait autour du cou) ayant appartenu à Marie-Louise de Habsbourg-Lorraine, seconde femme de ­Napoléon Ier. « Ce bijou d’apparat a été ­offert par l’impératrice à sa lingère, Mme Minette, indique le commissairepriseur. Je n’ai eu aucun mal à démontrer ce pedigree, puisque, en plus d’être restée dans la famille de Mme Minette depuis 1813, la montre est accom­ pagnée d’un mot de remerciement du grand chambellan de Napoléon Ier, ­envoyé par l’Empereur pour remettre le cadeau. » Conforté par ces arguments, un passionné de l’époque ­n apo­léo­nienne l’a donc achetée 85 000 euros.

un véritable travail de détective Mais, la plupart du temps, commissaires-priseurs et experts en souvenirs ­historiques doivent mener de véritables enquêtes. Comme pour le foulard de Louis XVI que Me Rouillac a vendu 70 000 euros, en 2004 : « Le prix de VSD N° 1700 DU 24 AU 30 MARS 2010

l’émotion ! Le monarque portait ce grand tissu de soie blanche le jour où il a été décapité. La première fois que je l’ai eu entre les mains, j’ai remarqué qu’il était constellé de petites traces brunes. Des taches de sang ! Or Louis XVI avait pris soin de dénouer son foulard avant d’être guillotiné. D’où pouvaient donc bien provenir ces taches ? » Après vérification, il s’est avéré, tout simplement, que le roi s’était coupé en se rasant, juste avant de monter sur l’échafaud ! Jean-Claude Dey tient à nous raconter l’une de ses plus mémorables investigations, qui faillit partir en fumée. Un jour, un homme lui apporte une petite boîte en fer renfermant un mégot. « C’était un bout de cigare, censé avoir été fumé par Winston Churchill ! » Le propriétaire du mégot travaillait au sein d’une compagnie de wagons-lits et, d’après lui, l’ancien Premier ministre du Royaume-Uni voyageait souvent dans les trains auxquels il était affecté. « Je ­vérifie alors si la marque du cigare est bien celle qu’il fumait, et puis s’il y a trace de ses déplacements en train de nuit. » Les preuves étant probantes, l’expert estime à l’époque le mégot à 10 000 francs (plus de 1 500 euros).

des trésors dans de simples brocantes Les exemples contemporains sont moins nombreux. Il faudra encore ­attendre quelques années avant que les descendants des personnalités actuelles mettent des fétiches inédits en vente. De temps à autre, tout de même, un objet récent apparaît sur le marché. Comme à Drouot, en ­octobre 2009, où une lettre de Pierre ­Bérégovoy fut mise aux enchères. Il s’agissait d’une carte de remerciement, rien de plus banal, mais datée d’un jour très particulier (le 1er mai 1993), celui de la mort de l’ancien Premier ministre. Ce mot avait été acheté 10 euros dans une brocante. Il a été revendu 800 euros aux enchères, accompagné d’une missive écrite par Gilberte Bérégovoy, son épouse, ­assurant qu’elle ne croyait pas au ­suicide de son mari. J (*) Toutes les informations sur le Week-end au ­Marteau, qui donnera lieu à de multiples animations, sont disponibles sur symev.org. Pour vous tenir au courant des prochaines ventes aux enchères de souvenirs historiques, rendez-vous sur ­interencheres.com.

Napoléon IER Superstar

ses objets personnels sont très recherchés.

Souvenir guerrier L’empereur portait ce sabre à la ­bataille de Marengo. Il a trouvé preneur sans aucune difficulté, et à quel prix !

L

e recordman toutes catégories du marché des souvenirs historiques est Napoléon Ier. Dans les salles des ventes, ses souvenirs s’arrachent à des millions d’euros. En juin 2007, Me Osenat ­adjugeait par exemple le sabre qu’il portait à la bataille de Marengo à 4,8 millions d’euros. Expert en souvenirs historiques, Jean-Claude Dey raconte sa plus belle histoire napoléonienne : « Elle concerne l’un de ses caleçons ! J’ai pu retrouver une lettre datant de la Seconde Guerre mondiale, dans laquelle un père écrivait à son fils : “Un drame est arrivé, le château a été bombardé. Mais j’ai pu sauver […] le caleçon de l’Empereur.” » L’impérial sous-vêtement a été vendu 280 000 francs (soit plus de 42 000 euros). Jean-Claude Dey confirme l’indétrônable succès de Bonaparte. « Il est connu dans le monde entier, et ce depuis l’époque de son règne, contrairement à nos rois, dont l’aura dépasse rarement les frontières. Partout dans le monde, on ­collectionne ses biens. » C’est à Paris que réside peut-être le plus farfelu des fétichistes de ­Napoléon. Maître Rouillac lui a un jour rendu visite : « Ce mono­maniaque de 35 ans ­possède plusieurs vitrines de collection, dans lesquelles il expose les souvenirs du Premier consul, comme son lit de mort. » Un mannequin est allongé dessus avec, posé sur sa tête, le masque mortuaire C. B. de l’Empereur. J

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ÉPOQUETÉMOIGNAGE

PHOTOS : SIMON/PICTURE - ALLIANCE/ABACA - GABY GESTER/LAIF/REA - LABAN MATTEI/AFP - DOC. PERSO

À 27 ANS, LA RENAISSANCE. Malgré toutes les médailles obtenues en saut à la perche, Yvonne Buschbaum n’a jamais été heureuse. Grâce à son opération et au traitement hormonal, elle a redonné vie à l’homme qu’elle a toujours été.

YVONNE EST DEVENUE BALIAN

T

roisième aux Championnats d’Europe en 1998 en Hongrie, première un an plus tard aux Championnats d’Europe junior de Riga, deuxième aux Championnats européens indoor de Vienne en 2002, sixième aux Championnats du monde de 2003 à Paris… À l’époque, cette perchiste de très haut niveau s’appelait Yvonne Buschbaum et était la fierté de l’Allemagne fédérale. Aujourd’hui, l’exathlète se prénomme Balian et relate son histoire dans un livre, qui vient de paraître en Allemagne*. Celle d’une petite fille née en juillet 1980, à Ulm, et qui, à 27 ans, annonce, à des téléspectateurs sidérés qu’elle va changer de sexe. Enfin, quitter son « faux moi », qui la rend de plus en plus dépressive, pour devenir un homme. Il lui aura fallu deux ans pour arriver à ses fins. Deux ans à suivre un lourd traitement hormonal. Le champion, qui se préparait pour Pékin, n’a, dit-il, pas hésité une seconde face à ces piqûres, pas ressenti l’ombre d’une mélancolie, « même si ce traitement signifiait la fin de ma carrière sportive. Pourtant la testostérone, c’est du dopage et c’est bien la chose pour laquelle je ressens le plus de dégoût. J’étais sur le chemin d’une liberté qui était pour moi plus importante que mon amour pour le saut ». Puis Yvonne a changé de prénom, et la première opération, l’ablation de la poitrine, a eu lieu à Munich. Deux mois plus tard, on lui a créé un pénis dans une clinique spécialisée de Potsdam, près de Berlin. Quelques mois après, retour sur le billard, pour retoucher les cicatrices de la poitrine, lui poser des testicules et une pompe pour avoir des rapports sexuels. Balian est heureux dans sa nouvelle peau. Il s’est même reconverti en entraîneur. Seule ombre au tableau, il ne pourra pas donner la vie. « Je suis maintenant un homme, mais il y a une chose à laquelle je ne peux rien 쐌쐌쐌

‘‘J’ÉTAIS DANS LE MAUVAIS CORPS’’ CETTE EX-ATHLÈTE ALLEMANDE, PERCHISTE DE HAUT NIVEAU, EST DÉSORMAIS UN HOMME. DEUX ANS APRÈS SON OPÉRATION, IL RACONTE SA MÉTAMORPHOSE. Par Alexandra Kraft, adapté par Marie-Aude Panossian 34

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ÉPOQUETÉMOIGNAGE

PHOTOS : SIMON/PICTURE - ALLIANCE/ABACA - GABY GESTER/LAIF/REA - LABAN MATTEI/AFP - DOC. PERSO

À 27 ANS, LA RENAISSANCE. Malgré toutes les médailles obtenues en saut à la perche, Yvonne Buschbaum n’a jamais été heureuse. Grâce à son opération et au traitement hormonal, elle a redonné vie à l’homme qu’elle a toujours été.

YVONNE EST DEVENUE BALIAN

T

roisième aux Championnats d’Europe en 1998 en Hongrie, première un an plus tard aux Championnats d’Europe junior de Riga, deuxième aux Championnats européens indoor de Vienne en 2002, sixième aux Championnats du monde de 2003 à Paris… À l’époque, cette perchiste de très haut niveau s’appelait Yvonne Buschbaum et était la fierté de l’Allemagne fédérale. Aujourd’hui, l’exathlète se prénomme Balian et relate son histoire dans un livre, qui vient de paraître en Allemagne*. Celle d’une petite fille née en juillet 1980, à Ulm, et qui, à 27 ans, annonce, à des téléspectateurs sidérés qu’elle va changer de sexe. Enfin, quitter son « faux moi », qui la rend de plus en plus dépressive, pour devenir un homme. Il lui aura fallu deux ans pour arriver à ses fins. Deux ans à suivre un lourd traitement hormonal. Le champion, qui se préparait pour Pékin, n’a, dit-il, pas hésité une seconde face à ces piqûres, pas ressenti l’ombre d’une mélancolie, « même si ce traitement signifiait la fin de ma carrière sportive. Pourtant la testostérone, c’est du dopage et c’est bien la chose pour laquelle je ressens le plus de dégoût. J’étais sur le chemin d’une liberté qui était pour moi plus importante que mon amour pour le saut ». Puis Yvonne a changé de prénom, et la première opération, l’ablation de la poitrine, a eu lieu à Munich. Deux mois plus tard, on lui a créé un pénis dans une clinique spécialisée de Potsdam, près de Berlin. Quelques mois après, retour sur le billard, pour retoucher les cicatrices de la poitrine, lui poser des testicules et une pompe pour avoir des rapports sexuels. Balian est heureux dans sa nouvelle peau. Il s’est même reconverti en entraîneur. Seule ombre au tableau, il ne pourra pas donner la vie. « Je suis maintenant un homme, mais il y a une chose à laquelle je ne peux rien 쐌쐌쐌

‘‘J’ÉTAIS DANS LE MAUVAIS CORPS’’ CETTE EX-ATHLÈTE ALLEMANDE, PERCHISTE DE HAUT NIVEAU, EST DÉSORMAIS UN HOMME. DEUX ANS APRÈS SON OPÉRATION, IL RACONTE SA MÉTAMORPHOSE. Par Alexandra Kraft, adapté par Marie-Aude Panossian 34

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tout en images monde

Rivière artificielle Avec cette image du glacier Petermann, Nick Cobbing a obtenu la deuxième place du World Press Photo dans la catégorie Nature. Pour Greenpeace, qui a sponsorisé l’expédition, il s’agissait de montrer que le glacier fond : cette rivière, remontée par des scientifiques en kayak, avait été « ouverte » par un courant chaud faisant fondre le glacier.

Primé au World Press, nick cobbing s’est passionné pour ces paysages de glace

Touche pas

Le photographe Britannique montre la beauté de ce territoire, pour mieux éveiller les 40

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’aime l’espace, les zones sans populations, vides. Dès que je me rends au Groenland, j’éprouve un sentiment de sérénité. C’est comme une méditation. La vie y est plus relax. Elle s’écoule lentement. » C’est une véritable histoire d’amour entre le Britannique Nick Cobbing et cette ancienne province du Danemark qui, depuis juin 2009, a accédé à une autonomie renforcée. Le photographe s’y est rendu cinq fois, au minimum un mois, avec des expéditions scientifiques, culturelles ou militantes (Greenpeace). À chaque voyage, il a ressenti cette incommensurable plénitude. Et puis, au retour, le choc, le contraste avec la ville, spécialement à Londres, où il réside.

icebergs cathédrales Nick Cobbing a choisi de photographier la beauté de l’Arctique, ses glaces translucides, ses rivières bleu outremer, ses icebergs cathédrales. L’objectif est de sensibiliser le public à la fragilité de cette calotte glaciaire afin de mieux la protéger des conséquences de l’industrialisation. « En termes de photographie, je ne montre pas le réchauffement climatique, mais il existe, il est palpable. Je l’ai vu. » Nick Cobbing veut désormais photographier les habitants du Groenland. « Le mode de vie est en train de changer là-bas, à cause du pétrole, notamment, et de l’appétit que suscite l’exploitation des ressources. » J Antoine Dreyfus

à mon Groenland ! consciences sur la fragilité de la calotte glaciaire. VSD n° 1700 Du 24 au 30 mars 2010

Photos : Nick Cobbing 41


WEEK-END MOTEUR

Rencontre avec le designer plébiscité par Hollywood

‘‘Mes bolides so L’Allemand Daniel simon, spécialisé dans l’univers futuriste du film Tron

À 35 ans, il décolle. Ce designer, originaire de l’ex-RDA, vient de ­publier un ouvrage sur sa vision des véhicules d’après-demain ­Cosmic ­Motors (en haut à droite) et a conçu les motos du film Tron Legacy, les ­fameuses Light Cycles (ci-contre). Il a auparavant travaillé pour Lamborghini et Bugatti.

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nt cosmiques’’ l’automobile, a été appelé par Disney pour créer Legacy. Par David Folch. Illustrations : Daniel Simon et Walt Disney

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WEEK-END VOYAGES

Bons plans pour Pâques

le printemps sous le soleil, exactement

bruno morandi/hemis.fr

Cette saison, la Méditerranée déroule ses trésors. Destinations d’exception et Et, déjà, on se tient prêt à partir. Cap au sud. Par Delphine Sampic Berger

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Tranche napolitaine. Ouverte sur la mer Tyrrhénienne, la baie de Naples est l’une des plus belles de la Méditerranée. À proximité, ne manquez pas l’île de Capri, le Vésuve et Pompéi.

Crédit photo :

plages de rêve s’allient pour nous faire la cour

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photos et photomontage : yves bottalico pour VSD - tous nos prix sont donnés à titre indicatif

WEEK-END M TECHNO ULTIMÉDIA INTERACTIVITÉ MAXIMUM De l’avis des experts, l’arrivée des tablettes électroniques (ici, le modèle d’Archos) donnerait un coup de jeune à la presse papier en offrant davantage d’interactivité et de nouvelles possibilités iconographiques (photo et vidéo). Ici, le lecteur pourra sélectionner un reportage coup de cœur et l’envoyer par e-mail à un ami.

La presse à l’ère du numérique

vsd 3.0

votre magazine à l’horizon 2015 nous avons imaginé à quoi pourrait ressembler VSD sur tablette électronique : interactif et encore plus spectaculaire ! Par Amaury Mestre de Laroque

C

e vendredi 2 janvier 2015 est un peu particulier. L’Etna est entré en éruption et d’immenses coulées de lave menacent d’engloutir Catane. On n’avait pas vu ça depuis trois siècles ! À la une de VSD, un cratère béant vomit bombes volcaniques et scories à un rythme effréné. Oui, ce vendredi est décidément particulier, car le magazine se consomme pour la première fois non plus sur du papier mais sur l’écran de verre d’une tablette électronique. Les images ne sont plus fixes, mais animées. La taille du texte est ajustable à loisir. Les pages glissent de droite à gauche par un 72

‘‘

Le Web se feuilletera comme le menu d’un grand restaurant, avec des surprises

Thierry Derouet, du groupe 01

effleurement de l’écran. L’hebdo du week-end donne désormais autant qu’à lire, à voir et à entendre. En appuyant sur la photo de une, la couverture s’anime et embarque le lecteur au cœur du volcan via une vidéo vertigineuse sur le magma en fusion. Toutes les images, petites dans les « Buzz : indiscrets » – rubrique réactualisée en temps réel – ou plus généreuses dans « Époque : reportage », peuvent être affichées en pleine page pour en révéler tous les détails. Si l’on pose un doigt sur les lèvres de cette femme en pleurs à la page 45, elle se met à raconter

en vidéo le récit de sa nuit, sa maison avalée en deux minutes par les laves voraces. Une collecte de fonds solidaires a été mise en place, et là encore, sans quitter le magazine, le lecteur envoie par SMS sa promesse de don. En décrivant un rond sur l’écran, un menu semitransparent vous invite à transférer cet article à un ami, à le publier sur un réseau social ou, plus simplement, à le ranger dans un classeur numérique. Retour en 2010. Dans un mois et demi, la première tablette électronique signée Apple envahira les rayonnages. C’est elle qui va permettre de lire des magazines interactifs et innovants, mais aussi, selon les vœux unanimes de la profession, de réconcilier les lecteurs avec la presse payante. Car le secteur est en crise. Internet est passé par là. Selon l’OJD, sur les cinq dernières années, les ventes ont connu une lente érosion. « La presse est trop chère, souligne cet éditeur de Lagardère média, on paye la situation monopolistique de syndicats contrôlant la fabrication et les kiosques. VSD N° 1700 du 24 au 30 mars 2010


L’objet

bougez-vous avec la move

Sony dévoile sa manette à reconnaissance de mouvement.

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lle ressemble à un cornet de glace, mais ne vous méprenez pas : Sony Playstation ne cherche pas à se diversifier en lançant un business de crème glacée, mais plutôt à introduire une nouvelle façon de jouer sur sa Playstation 3. La firme nipponne a présenté sa manette de nouvelle génération à la Game Developpers Conference de San Francisco. Disponible à la fin de l’année (100 e), elle sera baptisée Move, pour « mouvement », et invitera le joueur à lever les fesses de son canapé pour jouer en mouvement devant l’écran. Cela ressemble étrangement à ce qui existe déjà sur la Wii de Nintendo, sauf que là, le système ne fonctionnera pas avec un capteur infrarouge, mais exploitera la caméra de la console, ce qui, selon les concepteurs, devrait offrir une bien meilleure précision dans la captation. J D. M.

feuilletage digital En faisant glisser son doigt sur l’écran, le lecteur fera défiler les pages numériques de son magazine, de façon extrêmement intuitive.

Sans eux, on pourrait baisser d’au moins un tiers le prix des magazines. »

DeS BOUTIQUES VIRTUELLES Et si l’iPad était la solution comme l’iPod a pu l’être pour la musique ? Notre interlocuteur veut y croire. Les kiosques laisseraient la place à des boutiques virtuelles, accessibles d’un clic vingtquatre heures sur vingt-quatre. Et il en serait fini des délais de livraison. Les journaux seraient immédiatement disponibles à l’issue du bouclage de la rédaction. Comme un site internet, en somme ? « Non, le web reste un média de flux sur lequel on vient consulter des informations précises. Le magazine se feuillette comme le menu d’un grand restaurant, avec des surprises éditoriales d’une page à l’autre pour, au final, trouver que l’addition est raisonnable au vu de la qualité du dîner », avance Thierry VSD N° 1700 du 24 au 30 mars 2010

Reportage vidéo En plus du reportage photo, dont les images sont sélectionnées pour leur caractère spectaculaire, le lecteur pourra, sur certains sujets, visionner une vidéo afin d’approfondir ses connaissances.

Derouet, directeur des rédactions du groupe 01 (Micro Hebdo, 01net.com). On s’accorde sur un point. Les tablettes vont aussi souffler un vent nouveau et créatif sur le petit monde de la pub. « Les agences vont pouvoir proposer des campagnes “immersives” où le lecteur est réellement impliqué », explique Christophe Brossard, DG de l’agence PHD. Dans une réclame pour une voiture, le lecteur visitera l’intérieur, changera les coloris ou choisira la motorisation, du bout du doigt, simplement en déplaçant à l’écran des objets modélisés. Rien n’empêchera, d’ailleurs, en un clic de prendre rendez-vous chez un concessionnaire pour l’essayer, en vrai. « En observant le temps passé à la lecture de chaque page, on pourra même adapter instantanément les messages publicitaires », poursuit Christophe Brossard. Les fans des pages high-tech verront ainsi deux pages plus loin une annonce pour le dernier gadget à la mode et au meilleur prix. Ou comment transformer la promotion en information… J

Caméléon Attendue fin 2010, elle sera surmontée d’une boule qui change de couleur au gré des phases de jeu.

D. R.

Animations en Une En couverture, on trouvera toujours un sujet fort, mais plus seulement illustré par une photo et un titre. Notre une du n° 1694 consacrée à Stéphane Guillon aurait pu proposer des extraits sonores de ses chroniques.

JEU VIDÉO

Alice au pays des merveilles

Une adaptation naïve et originale

I

nspiré du film de Tim Burton, le jeu replonge le jeune spectateur dans l’univers déjanté de Lewis Carroll, mais sans l’ambiance terrifiante… l’enfant est là pour s’amuser. Ainsi, il dirige les personnages farfelus, dotés de pouvoirs magiques, qui viennent aider l’héroïne dans son duel contre la Reine rouge. Il manipule le temps avec le Lapin blanc, modifie les perspectives avec le Chapelier fou, et se joue au final de ce monde d’illusions. J D. M. Sur DS, Wii et PC. À partir de 40 E. Disney Interactive.

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la griffe du chat Par Philippe Geluck

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VSD N째 1700 Du 24 au 30 mars 2010


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