BEL : 2,80 € - CH : 5,50 FS - CAN : 8 $C – A : 3,60 € - D : 3,60 € - ESP : 3,20 € – GR : 3,20 € - ITA : 3,20 € – LUX : 2,80 € – NL : 3,30 € - PORT.CONT. : 3,20 € –DOM : Avion : 4 € – Maroc : 30 DH – Tunisie : 4,200 TDU - Zone CFA Avion : 3 000 CFA - Zone CFP Avion : 950 CFP. photos : michel philippe/wpa – jacovides/angeli
2,40e N° 1701 - Du 31 mars au 6 avril 2010
vsd.fr
raymond
Domenech
le premier hebdo d’information du week-end
«mon autre combat» l’homme le plus détesté de france aide de jeunes autistes. il en parle pour la première fois « samy et moi, on se comprend par des regards »
reportage
avec les enfants d’haïti, plus que jamais en danger
chantal
jouanno
la ministre répond aux coups dans vsd
enquête le fabuleux jackpot des fourrières
lady gaga,
diva déjantée les dessous d’un phénomène
événement politiquEs
photos : a. guizard/angeli – ludovic/rea – jacovides/angeli
Voix discordante Chantal Jouanno, ici à l’Assemblée nationale le 23 mars, prend des risques : elle rompt l’unité de la majorité que prônent le président et le Premier ministre, depuis la débâcle de l’UMP aux régionales.
chantal jouanno riposte
‘‘pour avancer, il faut prendre des risques’’
Attaquée, la secrétaire d’état à l’écologie explique pourquoi elle a marqué sa décep 16
VSD n° 1701 DU 31 MARS AU 6 AVRIL 2010
C
hantal Jouanno n’a sans doute pas saisi la portée de sa franchise. Ni qu’elle susciterait l’ire jusqu’au som met de l’état. Rester dans le rang tout en demeurant fidèle à ses convictions, telle est la devise de la secrétaire d’État à l’éco logie. Mais avec l’échec du sommet de Copenhague, la sortie du président – « l’environnement, ça commence à bien faire… » – et le report de la taxe carbone, ses principes fondateurs volent en éclats. La cheville ouvrière du Grenelle de l’environnement ne peut se résoudre à ce que l’écolo-scepticisme gagne du terrain, même dans son camp. Le 23 mars, l’adepte du parler vrai dé clare être « désespérée par ce recul» sur la taxe carbone, puis tape sur le Medef « qui a planté » le projet. Le matin du 25 mars, Jean-François Copé, le patron des députés UMP, est le premier à sor tir de ses gonds. Pas question de rom pre le nouveau pacte d’unité, décidé depuis les régionales. Le secrétaire général de l’Élysée, Claude Guéant, la convoque le soir même. Le lendemain, c’est Nicolas Sarkozy qui hausse le ton. Deux jours plus tard, François Fillon enfonce le clou.
le medef toujours dans sa ligne de mire Le 25 mars, dans l’avion qui la ramène d’un congrès à Toulouse, la ministre, chic dans sa veste en cuir noir et son pantalon gris noué comme un pantalon de karatéka, assume encore. Son visage à peine maquillé dégage un calme olympien. « Pour avancer, il faut pren dre des risques, ose-t-elle avec douceur. Mais je ne suis pas là pour mettre le bazar. » Avec une certaine naïveté, elle dit ne pas bien comprendre son écart. « Il ne faut pas montrer de rupture d’unité dans la majorité, mais je n’ai attaqué personne ad nominem. » Le syndicat des patrons reste toujours dans sa ligne de mire. « Le Medef était conci liant, puis boum ! les portes se sont fermées d’un coup. On est en train de rendre écologie et économie incompa tibles. Il faut dénoncer, sinon cela ne sert à rien de croire en quelque chose. »
Je ne sais pas ce que je fais en politique. On m’a ‘‘ toujours attrapée par le cou pour y rester ’’
Chantal Jouanno
Démissionner ? Cette mère de trois enfants y a songé, au moment du report de la taxe. Elle n’a pas besoin de la politique pour vivre. Elle pourrait écrire des livres d’écono mie ou donner des cours. Mais la quadra a remis ses rêves à plus tard. « J’ai consulté trois références de l’écologie. On ne peut pas abandonner la ba taille en cours de route. » Celle que Daniel CohnBendit verrait bien à Europe Écologie croit en l’existence d’une écologie de droite. À elle de ferrailler pour expliquer, clarifier un discours, incompris contrai rement à ce qu’elle croyait. « C’est un sujet qui impacte tout », assène-t-elle. Si cette bûcheuse poursuit le combat, c’est qu’elle croit en Nicolas Sarkozy. « Il porte le pro jet écologique comme personne, espèret-elle. Ses propos, on peut les interpréter de différentes manières. Et puis, il est toujours possible de remonter au créneau auprès de lui pour le convaincre. » Comme sa consœur Nathalie KosciuskoMorizet, qui avait essuyé les foudres de son camp pour avoir crié à la lâcheté des siens dans la bataille contre les OGM, la jeune femme aimerait opérer une percée auprès de l’opinion publique, « lassée, selon elle, des politiques sans conviction, qui pratiquent la langue de bois ».
Avec son mentor Avant d’être secrétaire d’état, cette énarque a travaillé avec Nicolas Sarkozy, au ministère de l’intérieur, au conseil général des Hauts-de-Seine, puis à l’Élysée. Ceinture noire Pendant les régionales, cette championne de karaté est retournée sur les tatamis, après treize ans d’absence, et a décroché le titre de championne de France par équipe.
Discrètement mais sûrement, Chantal Jouanno veut montrer qu’il existe une autre manière de faire de la politique. Sincère et directe. Plus technicienne que tactique, cette Normande rappelle qu’elle n’avait pas d’ambition poli tique. Petite, elle se rêvait dans un club équestre. L’ex-plume de Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur a gravi les échelons, un peu par hasard. « Je ne sais pas ce que je fais en politi que. On m’a toujours attrapée par le cou pour y rester. Peut-être est-ce fina lement mon destin. » Depuis son arrivée, en 2009, au côté de Jean-Louis Borloo, la femme de dossiers se frotte à la politique. Non sans mal. « Je ne suis pas une femme de réseaux. Je ne sais pas travailler dans un parti. Je ne comprends pas les luttes d’influence, je ne vois pas les coups venir. » Son passé de championne de karaté lui a appris la concentration et la résistance. Mais pas à gérer les coups psychologiques, « plus durs à encais ser ». « Je suis transparente, c’est ma grande fragilité. Les attaques, je les prends personnellement, là où d’autres savent que cela peut être un jeu du cirque. » Lors des régionales, où elle conduisait la liste parisienne, elles ont été nombreuses. Le bouquet final étant les rumeurs sur sa vie privée. « C’était d’autant bien ciblé que les gens connaissent ma loyauté envers Nicolas Sarkozy et que je suis très attachée à ma famille. »
alain juppé lui apporte son soutien Il est 13 h 30, ce 25 mars, l’avion se pose à Orly. Son visage apparaît plus crispé qu’au décollage. Un SMS de soutien envoyé par François Pérol, un ancien conseiller proche de Nicolas Sarkozy, la rassure. Il s’ajoute à celui d’Alain Juppé. Avant de descendre sur le tar mac, elle lance à sa conseillère, qui lui tend ses lunettes de soleil : « si je reçois un coquard, ça sera utile. » Après un grand éclat de rire, elle soupire : « Je sais que je vais me faire taper sur les doigts. » Elle ne croyait pas si bien dire. J
tion devant le report de la taxe carbone et veut garder le cap. VSD n° 1701 DU 31 MARS AU 6 AVRIL 2010
Par Pascale Tournier 17
EN COUVERTURE
UN PARRAIN TRÈS PRÉSENT Raymond Domenech a vu naître Samy, le fils de l’animatrice de télé Églantine Eméyé, âgé aujourd’hui de 4 ans et demi. C’est ce petit garçon qui l’a incité à s’investir dans l’association Un pas vers la vie, dont il est l’un des parrains, avec Julien Courbet (à g.).
S
i l’équipe de France de foot a parfois du mal à mettre un pied devant l’autre, son sélectionneur a choisi de faire Un pas vers la vie*. En s’engageant au côté de l’association créée par l’animatrice de télévision Églantine Eméyé, qui soutient des familles dans leur lutte contre l’autisme, Raymond Domenech se révèle sous un nouveau jour. N’en déplaise à ses détracteurs, le coach a un cœur ! Personne ne l’oblige à passer, dès qu’il le peut et dans la plus grande discrétion, dans les locaux de l’association. Sa sincérité y transpire plus que certains joueurs sur le terrain. Il a même tissé un lien particulier avec Samy, le fils de l’animatrice, luimême atteint d’autisme. Avant de s’immerger dans cet événement planétaire que sera la Coupe du monde, c’est en père de famille zen qu’il se confie. VSD. Comment le sélectionneur de
l’équipe de France se retrouve-t-il recruté comme parrain de l’association de l’animatrice Églantine Eméyé ? Raymond Domenech. Je connaissais Églantine via Estelle (Estelle Denis, sa compagne, NDLR). J’ai vu arriver son fils, Samy. Même si j’étais déjà sensible à cette question, le fait que cela touche quelqu’un que je connais m’a incité à sauter le pas, à me dire que je pouvais servir à quelque chose. Mais pourquoi me poser cette question en faisant référence à ma casquette de sélectionneur ? VSD. Parce que c’est ainsi que les
L’AUTRE VISAGE DE DOMENECH
‘‘MON COMBAT POUR SAMY’’ Le très contesté sélectionneur de l’équipe de France ne compte pas son temps au profit des enfants autistes. Comme lui, d’autres personnalités s’engagent en toute discrétion. Témoignages. Par Guillaume Dalheine. Photos Michel Philippe/WPA
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gens vous connaissent.
Mais mon engagement, je l’ai en tant qu’individu. J’ai bien conscience qu’être sélectionneur de l’équipe de France a un impact, que cela peut permettre de parler de l’autisme dans les médias, et donc d’attirer l’attention sur le sujet. Que ce soit avec Julien (Courbet, l’autre parrain, NDLR) ou moi.
R. D.
VSD. Qu’avez-vous ressenti quand
vous avez appris que Samy était atteint d’une forme d’autisme ? 쐌쐌쐌
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Un parrain très présent Raymond Domenech a vu naître Samy, le fils de l’animatrice de télé Églantine Eméyé, âgé aujourd’hui de 4 ans et demi. C’est ce petit garçon qui l’a incité à s’investir dans l’association Un pas vers la vie, dont il est l’un des parrains, avec Julien Courbet (à g.).
S
i l’équipe de France de foot a parfois du mal à mettre un pied devant l’autre, son sélectionneur a choisi de faire Un pas vers la vie*. En s’engageant au côté de l’association créée par l’animatrice de télévision Églantine Eméyé, qui soutient des familles dans leur lutte contre l’autisme, Raymond Domenech se révèle sous un nouveau jour. N’en déplaise à ses détracteurs, le coach a un cœur ! Personne ne l’oblige à passer, dès qu’il le peut et dans la plus grande discrétion, dans les locaux de l’association. Sa sincérité y transpire plus que certains joueurs sur le terrain. Il a même tissé un lien particulier avec Samy, le fils de l’animatrice, luimême atteint d’autisme. Avant de s’immerger dans cet événement planétaire que sera la Coupe du monde, c’est en père de famille zen qu’il se confie. VSD. Comment le sélectionneur de
l’équipe de France se retrouve-t-il recruté comme parrain de l’association de l’animatrice Églantine Eméyé ?
Je connaissais Églantine via Estelle (Estelle Denis, sa compagne, NDLR). J’ai vu arriver son fils, Samy. Même si j’étais déjà sensible à cette question, le fait que cela touche quelqu’un que je connais m’a incité à sauter le pas, à me dire que je pouvais servir à quelque chose. Mais pourquoi me poser cette question en faisant référence à ma casquette de sélectionneur ? Raymond Domenech.
VSD. Parce que c’est ainsi que les
visage de Domenech
pour Samy’’ de France ne compte pas son temps au profit des enfants autistes. Témoignages. Par Guillaume Dalheine. Photos Michel Philippe/WPA VSD n° 1701 du 31 mars au 6 avril 2010
gens vous connaissent.
Mais mon engagement, je l’ai en tant qu’individu. J’ai bien conscience qu’être sélectionneur de l’équipe de France a un impact, que cela peut permettre de parler de l’autisme dans les médias, et donc d’attirer l’attention sur le sujet. Que ce soit avec Julien (Courbet, l’autre parrain, NDLR) ou moi. R. D.
VSD. Qu’avez-vous ressenti quand
vous avez appris que Samy était atteint d’une forme d’autisme ?
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ÉpOque enquête
Abandonné à 10 jours. En lui donnant « au moins une identité », les étudiants de l’association Heartland Alliance tentent de protéger ce bébé d’un enlèvement. Il a été déposé ce matin-là à l’hôpital par un anonyme.
Les ONG, familles d’accueil haïtiennes et policiers luttent contre l’adoption illégale, l’esclavage 28
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Haïti, deux mois après le tremblement de terre
enfants, victimes de tous les trafics
ou le tourisme sexuel qui menacent ces innocents. Par Sylvie Lotiron. Photos : Olivier Jobard/Sipa pour VSD VSD n° 1701 Du 31 mars au 6 avril 2010
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ÉPOQUEDÉCRYPTAGE
A SA FOLLE TOURNÉE DÉBARQUERA EN MAI, À BERCY
tous les coups, et ce sera de saison, elle va faire dans l’œuf de Pâques. En guise de coiffure. Après le gros nœud ou la soucoupe volante en cheveux, le total look frisé caniche, le méché tout plumé, le diadème de miroirs ciselés ou le rat crevé sur la tête. La demoiselle a le galurin imaginatif. Et s’il n’y avait que le haut ! Des lunettes aux talons, ce n’est qu’une farandole de créations toutes plus tape-à-l’œil les unes que les autres. Ajoutez à cela une façon de remuer un popotin facétieux à la Kylie Minogue, d’arborer un platiné très Gwen Stefani, de vamper à la Christina Aguilera, d’oser la provoc façon Madonna, de jouer à la « trash girl » comme Amy Winehouse, enfin de débiter de la musique survitaminée. Manquait un pseudonyme choc pour accé-
Elle admire Madonna, bien sûr, mais, outre leurs trente ans de différence d’âge (Lady Gaga a eu 24 ans ce 28 mars), leur moteur n’est pas le même. Pas d’envie de revanche chez ce petit bout de femme de 1,55 mètre. Aimée par une mère « superbement élégante » qui lui a donné le goût de la mode, du maquillage, et par un père, entrepreneur aisé, tous deux d’origine italienne, Stefani Joanne Angelina Germanotta a grandi dans les beaux quartiers new-yorkais, fréquenté l’école où Paris et Nicky Hilton ont tenté de remplir leur cervelle. À 4 ans, elle apprend le piano, seule, à l’oreille ; à 13 ans elle compose ses chansons, à 15 ans elle est admise à la prestigieuse Tisch School Of The
IDOLE. L’ado de bonne famille, ici avec son père, est devenue une star planétaire sur scène, où elle s’éclaire avec des bombes de laque allumées au briquet, ou avec son clip déjanté, Telephone (en bas).
PHÉ-NO-MÉ-NA-LE LADY GAGA LA CHANTEUSE A CRÉÉ UN MÉLANGE DÉTONANT D’ART ET DE POP, DANS LEQUEL L’IMAGE COMPTE
AUTANT QUE LE SON. UN AVATAR TOTAL, QUI DURE.
PHOTOS : REX/SIPA - MR PHOTO/CORBIS - LIKERISH - WIRE IMAGE - VISUAL
lérer le buzz médiatique : ce fut donc « Lady Gaga » en référence à un titre de Queen. Une ambitieuse de plus, usant de tous les expédients éprouvés pour obtenir son heure de gloire, avant d’en être chassée par un autre météore, plus scandaleux ? Ça y ressemble fort, ça en a la couleur, mais, à y regarder de plus près, Lady Gaga, ça n’a pas ce goût-là.
DES AMBITIONS D’ARTISTE Qu’on soit ou non fan de ses prestations, la demoiselle n’est pas qu’un simple clone de starlettes de la dance en mal de célébrité. D’ailleurs la célébrité, elle s’en fiche. De l’argent, aussi. Elle le répète à longueur d’interviews. Depuis deux ans qu’elle est au firmament de la pop, Lady Gaga a des ambitions, n’a que des ambitions… d’artiste. Un mot qu’elle adore, qui signifie tant pour elle : un don, une envie, une culture, une énergie, une créativité, une recherche, du travail et encore du travail. Lady Gaga ne singe pas Andy Warhol ni David Bowie, elle les digère, les réinterprète à sa façon. Lady Gaga les dépasse, avance. Qui l’aime la suive. 34
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Arts, par laquelle sont passés, entre autres, Martin Scorsese, Woody Allen, et, à 19 ans, elle veut gagner sa vie. Elle devient gogo danseuse, chante autant qu’elle sniffe, se ressaisit pour ne pas décevoir papa. Sa voix grave, ses musiques, son brin de folie lui valent d’être remarquée par un responsable du label Interscope Records, qui lui demande d’écrire des titres pour Pussycat Dolls et Britney Spears. Elle met un pied dans la porte. Qui va vite s’ouvrir en grand : quelques mois plus tard, le rappeur Akon produit son album « The Fame » (Polydor). Du jamais-vu. Plus d’un million d’exemplaires du single « Just Dance » partent en trois mois. Elle qui rêvait d’être Boy George devient donc « l’icône de la pop », et son album suivant, « The Fame Monster », le confirme aux yeux des plus réticents. Le clip Telephone, où, après une longue scène sadomaso très « tarantinesque », elle s’échappe avec Beyoncé pour un roadmovie à la Thelma et Louise, en cuissardes, cages et chaînes, a littéralement bouleversé l’Amérique. Il a été visionné rien de moins que 11 millions de fois en quarante-huit heures ! Quant à la tournée
mondiale (prolongée aux États-Unis), The Monster Ball, elle affiche complet, Bercy compris, les 21 et 22 mai. Un tour record, avec vingt-sept camions, trois avions et le plus gros cachet du moment : 2 millions d’euros par date. Et aujourd’hui, on s’arrache (plus de 800 euros) les deux premiers albums de la chanteuse pianiste au look d’ado sage, une maquette enregistrée à la maison et « Red And Blue », sortis sous le nom de Stefani Germanotta et introuvables… Lady Gaga est un phé-no-mè-ne qui a l’air de trouver tout ce barnum absolument normal. Florilège : « Je suis née pour être une légende. Peu m’importe le succès actuel, ce que je veux c’est durer » ; « Petite déjà, je fascinais les autres. J’étais hors normes et très futée » ; « Moi et ma grosse queue, nous sommes là pour la planète », etc.
Par Maryvonne Ollivry
‘‘
Toute petite déjà je fascinais les autres. J’étais hors normes et très futée
’’
Lady Gaga
Modeste, pas vraiment, déterminée, sûrement. « Chaque matin, je passe près de deux heures à me préparer, même pour aller acheter un café. » À l’instar de Warhol, elle a fondé sa « factory » : la House of Gaga où stylistes, vidéastes, danseurs travaillent à ses spectacles. « Je veux créer un univers “bigger than life” (plus grand que la vie, NDLR) où se reflète notre époque. » Un condensé mâtiné de drag queens, de Dark Vador, de Marilyn Manson, son idole, de bon goût haute couture, de régression barbe à papa, de latex sadomaso et de soutifs lance-flammes. De quoi brouiller les repères. Rançon de la gloire, on raconte tout et son contraire sur elle. Bisexuelle affichée, elle ne s’abaisse pas à relever le gant. À force d’être taxée d’hermaphrodisme, elle a voulu rétorquer en posant avec un godemiché pour le magazine anglais Q. La photo ne s’est pas faite, mais c’était moins une. Elle a préferé évoquer la masturbation. L’art peut-il exister sans provocation ? Lady Gaga a répondu non. 35
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tous les coups, et ce sera de saison, elle va faire dans l’œuf de Pâques. En guise de coiffure. Après le gros nœud ou la soucoupe volante en cheveux, le total look frisé caniche, le méché tout plumé, le diadème de miroirs ciselés ou le rat crevé sur la tête. La demoiselle a le galurin imaginatif. Et s’il n’y avait que le haut ! Des lunettes aux talons, ce n’est qu’une farandole de créations toutes plus tape-à-l’œil les unes que les autres. Ajoutez à cela une façon de remuer un popotin facétieux à la Kylie Minogue, d’arborer un platiné très Gwen Stefani, de vamper à la Christina Aguilera, d’oser la provoc façon Madonna, de jouer à la « trash girl » comme Amy Winehouse, enfin de débiter de la musique survitaminée. Manquait un pseudonyme choc pour accé-
Elle admire Madonna, bien sûr, mais, outre leurs trente ans de différence d’âge (Lady Gaga a eu 24 ans ce 28 mars), leur moteur n’est pas le même. Pas d’envie de revanche chez ce petit bout de femme de 1,55 mètre. Aimée par une mère « superbement élégante » qui lui a donné le goût de la mode, du maquillage, et par un père, entrepreneur aisé, tous deux d’origine italienne, Stefani Joanne Angelina Germanotta a grandi dans les beaux quartiers new-yorkais, fréquenté l’école où Paris et Nicky Hilton ont tenté de remplir leur cervelle. À 4 ans, elle apprend le piano, seule, à l’oreille ; à 13 ans elle compose ses chansons, à 15 ans elle est admise à la prestigieuse Tisch School Of The
Idole. L’ado de bonne famille, ici avec son père, est devenue une star planétaire sur scène, où elle s’éclaire avec des bombes de laque allumées au briquet, ou avec son clip déjanté, Telephone (en bas).
Lady Gaga
autant que le son. Un avatar total, qui dure. lérer le buzz médiatique : ce fut donc « Lady Gaga » en référence à un titre de Queen. Une ambitieuse de plus, usant de tous les expédients éprouvés pour obtenir son heure de gloire, avant d’en être chassée par un autre météore, plus scandaleux ? Ça y ressemble fort, ça en a la couleur, mais, à y regarder de plus près, Lady Gaga, ça n’a pas ce goût-là.
des ambitions d’artiste Qu’on soit ou non fan de ses prestations, la demoiselle n’est pas qu’un simple clone de starlettes de la dance en mal de célébrité. D’ailleurs la célébrité, elle s’en fiche. De l’argent, aussi. Elle le répète à longueur d’interviews. Depuis deux ans qu’elle est au firmament de la pop, Lady Gaga a des ambitions, n’a que des ambitions… d’artiste. Un mot qu’elle adore, qui signifie tant pour elle : un don, une envie, une culture, une énergie, une créativité, une recherche, du travail et encore du travail. Lady Gaga ne singe pas Andy Warhol ni David Bowie, elle les digère, les réinterprète à sa façon. Lady Gaga les dépasse, avance. Qui l’aime la suive. VSD n° 1701 Du 31 mars au 6 avril 2010
Arts, par laquelle sont passés, entre autres, Martin Scorsese, Woody Allen, et, à 19 ans, elle veut gagner sa vie. Elle devient gogo danseuse, chante autant qu’elle sniffe, se ressaisit pour ne pas décevoir papa. Sa voix grave, ses musiques, son brin de folie lui valent d’être remarquée par un responsable du label Interscope Records, qui lui demande d’écrire des titres pour Pussycat Dolls et Britney Spears. Elle met un pied dans la porte. Qui va vite s’ouvrir en grand : quelques mois plus tard, le rappeur Akon produit son album « The Fame » (Polydor). Du jamais-vu. Plus d’un million d’exemplaires du single « Just Dance » partent en trois mois. Elle qui rêvait d’être Boy George devient donc « l’icône de la pop », et son album suivant, « The Fame Monster », le confirme aux yeux des plus réticents. Le clip Telephone, où, après une longue scène sadomaso très « tarantinesque », elle s’échappe avec Beyoncé pour un roadmovie à la Thelma et Louise, en cuissardes, cages et chaînes, a littéralement bouleversé l’Amérique. Il a été visionné rien de moins que 11 millions de fois en quarante-huit heures ! Quant à la tournée
mondiale (prolongée aux États-Unis), The Monster Ball, elle affiche complet, Bercy compris, les 21 et 22 mai. Un tour record, avec vingt-sept camions, trois avions et le plus gros cachet du moment : 2 millions d’euros par date. Et aujourd’hui, on s’arrache (plus de 800 euros) les deux premiers albums de la chanteuse pianiste au look d’ado sage, une maquette enregistrée à la maison et « Red And Blue », sortis sous le nom de Stefani Germanotta et introuvables… Lady Gaga est un phé-no-mè-ne qui a l’air de trouver tout ce barnum absolument normal. Florilège : « Je suis née pour être une légende. Peu m’importe le succès actuel, ce que je veux c’est durer » ; « Petite déjà, je fascinais les autres. J’étais hors normes et très futée » ; « Moi et ma grosse queue, nous sommes là pour la planète », etc.
Par Maryvonne Ollivry
‘‘
Toute petite déjà je fascinais les autres. J’étais hors normes et très futée
’’
Lady Gaga
Modeste, pas vraiment, déterminée, sûrement. « Chaque matin, je passe près de deux heures à me préparer, même pour aller acheter un café. » À l’instar de Warhol, elle a fondé sa « factory » : la House of Gaga où stylistes, vidéastes, danseurs travaillent à ses spectacles. « Je veux créer un univers “bigger than life” (plus grand que la vie, NDLR) où se reflète notre époque. » Un condensé mâtiné de drag queens, de Dark Vador, de Marilyn Manson, son idole, de bon goût haute couture, de régression barbe à papa, de latex sadomaso et de soutifs lance-flammes. De quoi brouiller les repères. Rançon de la gloire, on raconte tout et son contraire sur elle. Bisexuelle affichée, elle ne s’abaisse pas à relever le gant. à force d’être taxée d’hermaphrodisme, elle a voulu rétorquer en posant avec un godemiché pour le magazine anglais Q. La photo ne s’est pas faite, mais c’était moins une. Elle a préferé évoquer la masturbation. L’art peut-il exister sans provocation ? Lady Gaga a répondu non. J 35
ÉpOque reportagE
une pêche traditionnelle au thon
Avec les canneurs
vsd a embarqué sur l’un des derniers bateaux à pratiquer cette méthode respectueuse 38
VSD n° 1701 du 31 mars au 6 avril 2010
À bord de l’Aïrosa. u large de Saint-Jean-de-Luz, A l’un des cinq marins, Joseph, vient de ferrer un thon de plus de 25 kilos. Jean-Claude (au second plan), avec une gaffe, se tient prêt à le piquer pour le hisser sur le pont.
A
ïrosa (joyeux, en basque) est le nom du bateau de Didier Martinez. Construit en 1953 à Socoa, sur la côte basque, c’est le plus vieux du port de Saint-Jean-de-Luz (64). Didier Martinez et ses cinq hommes sont pourtant loin d’être sereins. Même si l’interdiction du commerce international du thon rouge vient d’être rejetée par la Cites (Convention de l’ONU sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction), pour 2010, l’équipage dispose d’un quota de 2 tonnes, la moitié de l’an passé. Dérisoire, selon le patron pêcheur. « Je ne sais même pas si, cet été, je vais armer le bateau pour la campagne du thon. Et si je sors, je serai le seul parmi les six canneurs de Saint-Jean. Une sortie me coûte près de 2 000 euros, avec les cotisations sociales, le gas-oil, la glace… Pas sûr que ce soit rentable. » Le patron de l’Aïrosa incarne la troisième génération de pêcheurs dans sa famille. En 1997, avec un de ses frères, Patrick, Didier a racheté les parts du bateau familial. Choisir la pêche traditionnelle lui est apparu évident pendant son année de certificat d’apprentissage maritime au lycée de Ciboure (64), en 1985. « À l’école, je suis parti faire une marée expérimentale avec une paire de pélagiques [deux bateaux qui avancent en parallèle en entraînant un large filet de pêche entre eux, NDLR], se souvientil. Quand j’ai vu ce qu’on rejetait à la mer, je me suis rendu compte qu’il
du pays Basque
du thon rouge, une espèce en danger. Par Guillemette Echalier. Photos : Alain Guilhot/Fedephoto VSD n° 1701 du 31 mars au 6 avril 2010
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ÉpOque polémique 250 000 voitures enlevées l’an dernier à Paris
Fourrières : à qui pr
G
Géré par la mairie et la Préfecture de Police, et confié à des sociétés privées, le système
arées en file indienne, trois dépanneuses attendent le feu vert des policiers. À peine verbalisée, la première voiture gênante a déjà quitté le sol lorsque son propriétaire arrive en courant et tente de parlementer. En vain. Comme l’exige le règlement, l’automobiliste est autorisé à récupérer son bien sur-le-champ, mais il doit auparavant s’acquitter d’une amende forfaitaire de 126 euros. Un moindre mal, car tous n’auront pas, comme lui, la « chance » d’arriver à temps. Dans cette rue commerçante du 17e arrondissement de Paris, située à un jet de pierre de l’Arc de triomphe, les voitures sont enlevées à la chaîne. Direction : la préfourrière Pouchet, où sont stockés tous les véhicules indésirables du quartier.
les sociétés payées au véhicule enlevé Sur ce secteur, c’est une entreprise privée, la société Bidel, qui a été missionnée par la préfecture de police pour déplacer les véhicules gênants. Et, rentabilité oblige, chacun de ses employés est tenu de respecter un quota : 250 voitures enlevées par mois. « On a un salaire fixe de 1600 euros, mais aussi une part variable qui dépend des performances, confie l’un d’eux, sous couvert d’anonymat. Certains grutiers peuvent enlever jusqu’à 500 voitures dans le mois et gagnent alors plus de 3 000 euros. » Une prime logique, puisque les sociétés ellesmêmes sont payées au véhicule enlevé, en moyenne 40 euros. À Paris, les trois entreprises qui se partagent ce juteux marché sont d’ailleurs soumises à un cahier des charges très strict. Si elles n’atteignent pas les chiffres fixés par la préfecture, elles doivent reverser 100 euros hors taxes par enlèvement manquant. « Cette course au rendement conduit à une perversion du système, s’insurge éric de Caumont, avocat spé42
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cialisé. Dans certains quartiers, les grutiers préfèrent enlever des petites voitures ou des véhicules proches des fourrières pour gagner du temps et atteindre leurs objectifs. À infraction égale, les risques d’être enlevé ne sont donc pas les mêmes. » Contactées à plusieurs reprises, aucune des sociétés n’a accepté de répondre à nos questions. À la préfecture de police, en revanche, on joue la transparence. Avec ses ordinateurs dernier cri et son système de géolocalisation, la salle de commandement située dans le nord de Paris est au cœur du dispositif. Avant chaque enlèvement, l’agent de surveillance qui enregistre l’infraction transmet par voie électronique l’emplacement et la plaque d’immatriculation du véhicule encombrant. Aussitôt, les opérateurs de la salle repèrent la dépanneuse la plus proche et envoient l’ordre d’enlèvement au conducteur. L’an dernier, plus de 250 000 véhicules ont ainsi été transportés dans les six
2 Enlèvements à la chaîne. Après avoir verbalisé un véhicule gênant, les agents de surveillance prennent contact avec la salle de commandement de la préfecture de police de Paris (1), où transitent toutes les demandes d’enlèvement (2). En bout de chaîne, l’automobiliste a 3 jours pour aller récupérer son véhicule (3). « Nous sommes en première ligne pour gérer leur colère », déplore Manohar Rasso, chef de la préfourrière Pouchet, dans le 17e arrondissement.
préfourrières parisiennes. Avec un seul objectif, selon la préfecture : fluidifier la circulation et faciliter l’accès au centreville. Des quotas ? « Il n’y en a aucun, affirme le commandant Piloz, chef du service des enlèvements. La fourrière est une mission de service public et l’état n’a donc pas vocation à gagner de l’argent dessus. » Un service public dont la réputation vient pourtant d’être sérieusement écornée par un document confidentiel publié par Le Parisien. Selon cette note interne, certains policiers parisiens sont soumis à des objectifs chiffrés pour les infractions au code de la route. Ancien policier, auteur d’un livre au vitriol sur les contraventions*, Philippe Vénère n’a absolument pas été surpris par ces révélations. Pour lui, le credo de l’état est simple : verbaliser plus pour gagner plus. « À ce jeu, les fourrières constituent un véritable jackpot pour la préfecture de police et la Mairie de Paris, expliqueVSD N° 1701 du 31 mars au 6 avril 2010
ofite le jackpot ? suscite de nombreuses interrogations.
Par Emmanuel Fansten. Photos : Jean picard/ VSD
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tarifs inégaux selon les villes
Les syndicats de grutiers réclament un alignement
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ieux vaut se faire enlever sa voiture à Lille qu’à Paris, Lyon ou Marseille. Aller chercher son véhicule à la fourrière d’une ville de moins de 400 000 habitants ne coûte « que » 91,50 euros, contre 126 euros dans les trois principales agglomérations. Une différence qui irrite les syndicats de grutiers. « Les difficultés de travail et le coût du matériel sont les mêmes », proteste-t-on au Conseil national des professions de l’automobile. D’autant qu’il existe une autre différence : alors que dans les trois grandes villes seul le transport vers la fourrière est confié à des sociétés privées, ces dernières s’occupent également du stockage dans les petites villes. Elles doivent donc supporter des coûts supplémentaires. J
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t-il. Aux 126 euros, il faut ajouter les 35 euros de contravention et les 10 euros par jour de frais de garde. c’est du racket pur et simple. »
la mairie dément tout bénéfice Principales cibles de ces critiques sur le terrain : les 2 000 ASP (agents de surveillance de la ville de Paris) qui quadrillent la capitale et jouissent d’un statut très particulier. Placés sous l’autorité du préfet de police, ils sont payés par la mairie. Officiellement, aucune directive chiffrée ne leur est imposée. « C’est un mythe », assure même un syndicaliste, qui préfère souligner l’impact du lobby écologiste dans la capitale. Car, depuis 2001, l’administration de Bertand Delanoë est accusée de livrer une guerre sans merci aux automobilistes. En cause : la baisse drastique du nombre de places de stationnement et l’aménagement de voiries, jugé responsable d’embouteil-
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On a un salaire fixe de 1 600 e, plus une partie variable qui dépend des résultats
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Un grutier
lages monstres. Du côté de la mairie, si on assume volontiers ces aménagements, on dément en revanche tout bénéfice sur les mises en fourrière. L’an dernier, cette activité aurait même coûté plus de 3 millions d’euros à la municipalité. « Seules les sociétés privées sont bénéficiaires dans cette affaire, expliquet-on dans l’entourage de Georges Sarre, adjoint au maire de Paris en charge de la sécurité. Nous avons d’ailleurs demandé au préfet des indications sur la profitabilité de ces entreprises pour savoir ce que ça leur rapporte exactement. » En cas de marges trop importantes, la municipalité pourrait militer pour un vrai service public des enlèvements. Jugée peu crédible par les policiers, la proposition risque en tout cas de susciter de vives polémiques dans la profession. Et pourrait représenter un enjeu de poids lors des prochaines élections municipales. J (*) Manuel de résistance contre l’impôt policier, éd. Max Milo
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tout en images reportage
Le déclin industriel
Silence, on fer En 2009, quatre cent vingt-huit sites ont fermé. Dans les ateliers déserts, à travers la 44
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novembre 2009, 380 salariés. Le fabricant de roulements à billes, appartenant au groupe suédois SKF, était implanté en Vendée depuis plus d’un siècle. L’arrêt est une catastrophe pour Fontenay-le-Comte (14 000 habitants). Les délégués syndicaux sont les derniers ouvriers à encore occuper l’usine.
me les usines france, retour sur ces drames. VSD N° 1701 du 31 mars au 6 avril 2010
Par Laurence Delpoux. Photos : maud delaflotte/zoko prod. pour VSD 45
WEEK-END Cinéma
LA VRAIE NORMA JEAN « Marilyn détestait l’image de blonde écervelée que la Fox vendait au public. Elle et moi étions en phase sur bien des plans. »
‘‘APRÈS TOUTES CES ANNÉES,
LE COMÉDIEN, à bientôt 85 ans, REVIENT SUR LE TOURNAGE DE CERTAINS L’AIMENT CHAUD, sur LA PER 52
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Photos : Collection personnelle
sur le plateau, en 1958 « J’ai commencé à entrer dans mon personnage de Joséphine dès les premiers essais de maquillage et de costumes ».
MARILYN NE M’A pas QUITTÉ »
SONNALITÉ DE SA FASCINANTE PARTENAIRE, ET NOUS OUVRE SON ALBUM de PHOTOs. Par Bernard Achour VSD n° 1701 Du 31 mars au 6 avril 2010
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WEEK-END planète
spécial développement durable notre « guide vert », à l’occasion de la semaine spéciale organisée du 1er au 7 avril, partout en france
la maison écolo mise à l’épreuve . . . p 64 la vie en vert . . . . . p 70 entrez dans la peau d’un maire nature . . p 72 les hybrides débridés . . . . . . . . . p 74
Au Centre scientifique et de tests
marche avec les ânes dans le queyras . . . p 76
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la maison écolo mise à l’épreuve
technique du bâtiment (CSTB), les ingénieurs font passer, en laboratoire, une batterie spectaculaires à ce type d’habitat. Pour savoir ce qu’il vaut vraiment. Par Vincent Gaullier
Tempête dans un hangar À Nantes, dans cette soufflerie géante, des scientifiques génèrent un vent de 80 km/h et une pluie torrentielle qui s’abat sur un pan de toit équipé de panneaux solaires. Le but, éprouver sa résistance. VSD n° 1701 du 31 mars au 6 avril 2010
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ntre Semaine du développement durable et campagnes écolos, les Français sont de plus en plus sensibilisés à l’environnement. S’ils ne rechignent plus à s’équiper en ampoules basse consommation, à recycler ni à manger bio, la plupart des gestes verts leur semblent souvent compliqués. Nos conseils pour démontrer le contraire.
la chasse au gaspi Certains appareils (téléviseur , imprimante, chaîne hi-fi) peuvent consommer autant d’énergie en veille qu’en marche. En les éteignant, on économise en un an assez d’électricité pour éclairer sa maison pendant six heures. La solution : des blocs multiprises intelligents et autres économiseurs d’énergie tel l’Ecobutton de Nature & Découvertes (19,95 e) qui, d’un clic, met l’ordinateur en mode éco. Encore plus fort, la télé qui se met en veille quand plus personne ne la regarde, grâce à un détecteur thermique de présence. Bravia Eco WE5 de Sony, 1500 e. ORGANISER sa cuisine Quarante pour cent de l’électricité d’un ménage moyen sont consommés dans la cuisine. Le réfrigérateur à lui seul engloutit 20 % de la facture globale de la maison. Aussi, soyez précis sur le réglage : 5 °C pour le frigo, –18 °C pour le congélo. Chaque degré d’écart, c’est 5% de consommation en plus. Signée Whirlpool, la future « cuisine verte » comprend un lave-vaisselle réutilisant la dernière eau de rinçage d’un cycle pour le suivant ; un bol capable de cuire à la vapeur à la vitesse d’un four à microondes, autant d’innovations qui sont la promesse d’une économie annuelle de 6 000 litres d’eau. Green Kitchen, premiers appareils disponibles en 2011. whirlpool.fr Rendez-vous également chez Ikea, qui propose « 29 idées pour une cuisine plus durable ». nettoyer bio Non, la mousse ne rend pas votre récurage plus efficace ! De plus, elle 70
Végétal Jardin vertical pour l’intérieur, avec bac à réserve d’eau. Jardins de Babylone. 2 500 €. 01.55.28.17.83.
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LA VIE EN VERT
respect de l’environnement sont les nouveaux commandements au quotidien. Mode d’emploi. Par Myriam André et Carine Gouriadec
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contient des molécules toxiques suspectées de modifier le métabolisme de certains animaux. Un vrai poison pour la nature. Exempts d’agents surmoussants, complètement et rapidement biodégradables, les produits ménagers bio de dernière génération sont au top de la performance. Exemple avec les Écosurfaçants d’Ecover, dont les agents nettoyants sont 100 % d’origine végétale, huile de colza, glucose et levure. À partir de 3,50 e le litre de multiusage. ecover.fr Efficaces aussi, les éponges biodégradables, les lingettes en microfibre qui se lavent au lieu d’aller à la poubelle, et se réutilisent. 3,19 e la lavette Naturals, de Vileda. vileda.fr
recycler sympa Surnommé le « Facebook du troc », un réseau social propose de se regrouper via Internet pour troquer, au lieu de jeter ou d’acheter, vêtements, livres, CD… myrecyclestuff.com Autre piste de récupération chic, les meubles d’occasion collectés et customisés par les salariés d’Emmaüs Défi en réinsertion, sous la houlette d’une styliste. Éthique, solidaire, tendance et durable. Corner Tribu Déco, 104, rue d’Aubervilliers, Paris 19e. www.emmaus-defi.org jardiner écolo « Un jardinier écolo est un jardinier feignant », résume Jean-Marc Jaegler, formateur en jardinage écologique chez Botanic. Donc, on évite de retourner la terre (les bactéries en surface ont besoin d’air), on aère seulement avec une fourche à quatre dents. Et on plante des fleurs à côté du potager, pour favoriser la venue des guêpes, qui tueront les pucerons.
Photos : D. R.
botanic.com
Pratique Replié, ce vélo est peu encombrant (86 x 36 cm), Hoptown bTwin. 299 €. decathlon.com
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rendez-vous La Semaine du développement durable, du 1er au 7 avril, offre des centaines de manifestations pour apprendre à devenir « écoresponsable ». À découvrir à Paris, Ma Maison pour agir, une maison basse consommation de 80 m², pour intégrer les bons réflexes. Infos sur semainedudeveloppementdurable.gouv.fr J 71
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oici la plus extraordinaire surprise du dernier salon de Genève. La Porsche 918 Spyder évoque le passé glorieux de la marque en compétition, possède une ligne d’une pureté rare, une puissance ahurissante et affiche une consommation à faire pâlir une Toyota Prius ! L’engin est animé par un moteur V8 délivrant 500 ch et par trois moteurs électriques. Un sur l’essieu avant et deux sur l’essieu arrière, qui développent une puissance totale de 160 kW (218 ch). Avec une telle cavalerie et seulement 1 490 kilos sur la balance, grâce à l’emploi de carbone et d’alliages légers, la 918 Spyder est capable de performances extraordinaires. En mode Hybrid Race, qui privilégie les performances, elle 74
des hybrides débridés
Réservée aux voitures dites « écolos », l’hybridation gagne les sportives. À la clé, des économies de carburant et des performances à la hausse. Par Jean-Luc Moreau passe de 0 à 100 km/h en 3,2 s, et atteint 320 km/h (sur circuit) ! Mais cette super-sportive peut aussi jouer les écolos. Sa batterie lithium-ion, rechargeable sur secteur, lui permet d’être un véhicule zéro pollution pendant 25 km. En mode Hybrid, elle fait appel à ses quatre moteurs pour optimiser les consommations. Le résultat est tout simplement incroyable, avec 3 l/100 km et 70 g/km de CO2 en cycle mixte. Ferrari a également succombé aux sirènes de l’hybride. Le Cavallino a en effet profité (pour une fois !) des enseignements de la F 1 pour rendre sa F 599 moins polluante. L’adjonction d’un système hy-Kers (Kinetic Energy Recovery System), c’est-à-dire d’un moteur élec-
Lotus Evora 414 E Hybrid Cette sportive électrique dispose d’un moteur thermique pour prolonger l’autonomie quand la batterie est vide. James Bond la pilotera dans son prochain film. VSD N° 1701 du 31 mars au 6 avril 2010
m o t e u r P LUS
Porsche 918 Spyder Avec718 ch et seulement 3 l/100 km, cet hybride est plus performant qu’une Carrera GT mais moins polluant qu’une smart ! Ce modèle sera produit en (petite) série dès 2015.
Une sportive écolo pour 20 000 €
C
trique et d’une batterie au V12 de 6 l, permet de réduire ses émissions de CO2 de 35 % ! Certes, avec 270 g/km on est loin d’une Prius. Mais cette hybridation a aussi le mérite de faire progresser les performances. Avec les 100 ch supplémentaires du moteur électrique, le V12 de 620 ch propulse la 599 Hy-Kers de 0 à 200 km/h en 10,6 s ! La vraie bonne nouvelle c’est que Ferrari entend généraliser l’hybridation sur tous ses modèles.
hez Honda, on marie aussi sport et économies d’énergie, mais de façon beaucoup plus raisonnable. Le coupé CR-Z est en effet doté d’un système de propulsion hybride similaire à celui de la berline Insight mais avec un moteur thermique plus puissant. Il s’agit d’un 1,5 l qui développe 110 ch. Il est toujours épaulé par un petit moteur électrique de 14 ch et 78 Nm, ce qui permet à cette 2+2 légère (1 196 kilos) de disposer au total de 124 ch et 174 Nm, de quoi afficher de vraies prétentions sportives. Autre différence par rapport à l’Insight, le CR-Z est équipé d’une boîte mécanique à 6 rapports et non d’une transmission à variation continue. Le désagréable effet « Mobylette » devrait donc disparaître. Quant à la conso, Honda annonce 5 l/100 km et 117 g/km de CO2. Enfin, bonne nouvelle, ce petit coupé sera disponible en juin à partir de 22 500 €, soit moins de 20 000 € toutes primes déduites.
l’evora et sa boîte de vitesses virtuelle C’est un scoop : James Bond roulera en voiture hybride dans son prochain film. Il sera au volant d’une Lotus Evora 414 E Hybrid ! Une sportive propulsée par deux moteurs électriques de 207 ch avec un moteur thermique jouant le rôle de « groupe électrogène » pour prolonger l’autonomie. Le mode « zéro pollu-
au volant, pensez nature
tion » est limité à 50 km mais le petit 3-cylindres, 1,2 l, 47 ch. permet de prolonger le rayon d’action jusqu’à 480 km. Au chapitre des originalités, l’Evora propose une boîte de vitesses « virtuelle » et un générateur sonore. Pour les nostalgiques du « vroom vroom ! », la voiture imite, au choix, le bruit d’un V6, d’un V8 ou d’un V12 ! J VSD N° 1701 du 31 mars au 6 avril 2010
photos : D. R.
Ferrari 599 hy-kers La première Ferrari « verte » adopte un système de récupération de l’énergie cinétique (Kers), issu de la F1, qui réduit ses rejets de CO2 de 35 %.
Rouler plus propre est facile. À condition d’éviter quelques pièges. La nouveauté. Changer de voiture n’est efficace que si on remplace la vieille par une neuve qui émet au minimum 40 g/km de CO2 en moins. Sinon, le CO2 émis lors de sa fabrication ne sera pas « amorti » pendant la durée de vie du véhicule. La facilité. Un quart de nos déplacements se font sur moins de 1 kilomètre. Or, sur le premier kilomètre, une voiture pollue de deux à quatre fois plus. La propreté. Un lavage au jet consomme entre 100 et 200 l d’eau. Il est préférable d’utiliser un seau et une éponge, le besoin en eau est alors dix fois moins important. La nervosité. Une conduite brutale augmente la consommation de carburant de 25 %. Soyez cool ! La négligence. Des pneus sousgonflés, des filtres sales et un moteur encrassé, c’est 10 % de consommation supplémentaire.
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WEEK-END TVSD
‘‘j’ai infiltre
Les trublions de Canal+ secouent les conve bonne humeur. TVSD a pisté le gang en pleine les rues de Paris. Par Julien Blanc-Gras. Photos :
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Focus
‘‘ Dis à tes lecteurs qu’on
a fait du théâtre en Australie avec Florence Arthaud. Fais-les rêver !
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Julien Cazarre
L
Dans le repaire du clan. Sous le regard de notre journaliste, planqué derrière un VSD, les membres d’Action Discrète se recueil lent devant la photo de Bertrand Méheut, président de Canal+. Les sketchs sont écrits au bureau puis soigneusement ré pétés et préparés avant l’action. Mais pendant le tournage, la part d’improvisa tion est capitale…
a France a peur. Depuis quelques années, un groupuscule d’activistes sévit sur une chaîne cryptée. Avec leurs happenings kamikazes et leurs caméras cachées, ils menacent de réveiller un PAF qui ronronne. Leurs armes : l’humour et un culot monstre. À leur actif : des grosses barres de rire, des vidéos qui cartonnent sur le Web et quelques scandales. On les a vus hurler des obscénités dans une manif antiavortement, se prononcer contre le Tibet libre, réclamer au siège du FN un impayé pour un défrisage de Jean-Marie Le Pen. Ils ne reculent devant rien. À l’occasion de la sortie de leur premier DVD et d’une soirée spéciale sur Canal+ Décalé*, TVSD m’a chargé d’infiltrer cette cellule de « terroristes de l’info ». Jeudi 18 mars, fin de matinée. J’arrive dans les locaux d’Action Discrète, à La Plaine-Saint-Denis. Sur les murs, un grand portrait pop art de Brice Hortefeux, un autre de Georges Frêche. Une coupure de presse sur la mort de Sim. Cinq trentenaires se tiennent devant moi. Ils portent des cagoules. Mais je les identifie : il s’agit bien de Sébastien Thoen, Julien Cazarre, Pierre Samuel, Patrice Mercier et Thomas Séraphine. Le
nances dans la opération dans
Xavier Lahache/Canal+
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la griffe du chat Par Philippe Geluck
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