Argument novembre 2024

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ACTUALITÉ

jeunes doivent ĂȘtre attirĂ©s pour garantir l’avenir. Le nombre de candidats voulant devenir fonctionnaires de police diminue de façon spectaculaire. En 2019, le nombre de candidats s‘est rĂ©duit de presque 29% par rapport Ă  2016. (11.697 en 2016 contre 8.381 en 2019). En 2022, nous n’avons mĂȘme plus atteint les 8.000 candidats ! Le gouvernement actuel s’était engagĂ© Ă  recruter annuellement 1.600 nouveaux aspirants inspecteurs. L’annĂ©e derniĂšre, il s’avĂšre qu’ils furent 1.280. Nous en avons appelĂ© Ă  plusieurs reprises aux diffĂ©rents partis politiques pour qu’ils rendent le mĂ©tier de fonctionnaire de police plus attractif. Le gouvernement actuel avait promis de rendre le mĂ©tier plus attractif, mais en pratique il a fait exactement le contraire. Les gouvernements prĂ©cĂ©dents ont tellement Ă©conomisĂ©, vidĂ© le statut de sa substance et gelĂ© les salaires pendant plus de 20 ans, que l’appareil policier fonctionne mal par ci par lĂ  et que le mĂ©tier a moins d’attrait. Nous avons encore dĂ» supplier rĂ©cemment pour que les salaires des fonctionnaires de police et du personnel de CALog soient alignĂ©s sur ceux de la fonction publique. Alors qu’on prĂ©tendait toujours que la police Ă©tait bien payĂ©e, une Ă©tude rĂ©alisĂ©e par l’IntĂ©rieur et le secrĂ©tariat social a montrĂ© que c’est faux.

Ouvrir le portemonnaie Mais si le politique veut rĂ©pondre aux problĂšmes sociĂ©taux liĂ©s Ă  la sĂ©curitĂ© et la justice, et tenir ses propres promesses, il faudra tout de mĂȘme qu’il ouvre son portemonnaie. Par exemple pour compenser l’exode dramatique d’agents expĂ©rimentĂ©s par des nouvelles personnes bien formĂ©es. Il faut installer un automatisme pour maintenir la capacitĂ© policiĂšre Ă  niveau, en totale conformitĂ© avec les tableaux organiques. Une limitation du nombre de nouveaux recrutements pour des motifs budgĂ©taires est inacceptable vu qu’elle porte atteinte tant aux prestations de services qu’à l’efficacitĂ© de l’appareil policier. Nous demandons au gouvernement fĂ©dĂ©ral, ainsi qu’au futur gouvernement, que le feu soit mis au vert pour l’octroi d’un budget plus Ă©levĂ© de sorte que l’on puisse recruter davantage Ă  la police, que le mĂ©tier et l’appareil policier soient revalorisĂ©s pour combler les manques, de mĂȘme que prĂ©voir les moyens de fonctionnement nĂ©cessaires par le biais d’un engagement ferme dans un plan pluriannuel. novembre 2023

Marche contre l’interdiction judiciaire de manifester

Les manifestants ne sont pas des criminels

L

e jeudi 5 octobre, diffĂ©rentes organisations, parmi elles notre organisation sƓur la CGSLB, ont marchĂ© Ă  travers Bruxelles avec plus de 10.000 participants. Leur revendication commune : le retrait du projet de loi prĂ©voyant l’interdiction judiciaire de manifester. Le SLFP Ă©tait aussi de la partie. En juin dernier, la Commission Justice de la Chambre a proposĂ© un texte censĂ© pouvoir apporter des mesures contre les casseurs en introduisant une peine complĂ©mentaire (en sus d’une peine initiale) sous la forme d’une interdiction de participer Ă  des « rassemblements revendicatifs », mĂȘme pendant quelques annĂ©es. La portĂ©e de cette loi est cependant Ă  ce point large qu’elle touche Ă©galement les actions pacifiques menĂ©es par les syndicats et les organisations de la sociĂ©tĂ© civile. Le terme « rassemblement revendicatif » correspond en effet clairement au moyen d’action menĂ© par les syndicats tout au long de l’annĂ©e. Concernant cette peine complĂ©mentaire d’interdiction de manifester pouvant ĂȘtre imposĂ©e par un juge en raison d’actes commis durant de tels rassemblements, le projet de loi Ă©voque par exemple « la menace d’attentat », « le meurtre » et « les blessures volontaires », qui sont des dĂ©lits trĂšs graves. Mais elle mentionne aussi le vandalisme ou les dĂ©gradations Ă  des propriĂ©tĂ©s ou des marchandises. Intimidation Bien qu’en tant qu’organisation syndicale nous soyons opposĂ©s Ă  toute forme de perturbation de l’ordre public lors de manifestations ou de grĂšves, nous n’ignorons pas qu’il arrive que des militants ou des dĂ©lĂ©guĂ©s brĂ»lent des palettes, jettent des Ɠufs ou de la peinture sur une façade, etc. Ce texte peut donc s’appliquer non seulement Ă  des casseurs, mais aussi Ă  des militants et des dĂ©lĂ©guĂ©s. Pour ces derniers, cela reprĂ©sente une pression et une intimidation supplĂ©mentaires, qui font qu’en pratique ils seront dĂ©couragĂ©s d’exprimer leur opinion sur l’une ou l’autre dĂ©cision prise par une autoritĂ© ou une entreprise. Nos collĂšgues de la CGSLB l’ont constatĂ© rĂ©cemment dans le dossier Delhaize : c’est la premiĂšre fois depuis trĂšs longtemps qu’un mouvement de contestation soit Ă  ce point rĂ©primĂ©, avec l’appui

du pouvoir judiciaire. Entretemps, le projet de texte a subi diffĂ©rents amendements. Mais le champ d’application reste nĂ©anmoins trĂšs vaste, et toujours pour des faits commis lors d’un « rassemblement revendicatif », ce qui concerne directement les syndicats. Une condition a Ă©tĂ© ajoutĂ©e : l’action doit rassembler au moins 100 personnes, mais c’est de toute façon le cas pour la plupart des rassemblements. Une clause rappelant la nĂ©cessaire prise en compte des libertĂ©s et droits fondamentaux a aussi vu le jour, mais ces droits doivent de toute façon ĂȘtre pris en compte par un juge. Enfin, la peine maximale a Ă©tĂ© ramenĂ©e de 6 Ă  5 ans, mais ce n’est pas vraiment rassurant. Retrait De lĂ  l’appel des organisations syndicales au retrait pur et simple des dispositions relatives Ă  l’introduction de cette peine. Il y a dĂ©jĂ  assez de lois pour punir les casseurs. Et ce projet de loi est de toute façon inapplicable : comment contrĂŽler des milliers de manifestants lors de grands rassemblements ? En plus d’ĂȘtre dangereuse, une telle loi n’a pas de sens. Un tel projet de loi n’empĂȘchera jamais des personnes animĂ©es de mauvaise intentions de passer Ă  l’acte, ne serait-ce que par son cĂŽtĂ© impraticable. Cela ne fait que renforcer nos soupçons sur les vĂ©ritables intentions cachĂ©es derriĂšre ce projet de loi, qui a le potentiel de servir de levier supplĂ©mentaire pour restreindre les manifestations pacifiques. Il est essentiel de faire comprendre au gouvernement que nous sommes des manifestants, pas des criminels. Nous dĂ©fendons un droit fondamental : celui de la libertĂ© d’expression, l’une des pierres angulaires de notre dĂ©mocratie. Un gouvernement qui met en place des mĂ©canismes pour faire taire les contestations est un gouvernement qui renonce au principe mĂȘme de dĂ©mocratie.

SLFP argument

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