La route des patrimoines archéologiques

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Itinéraire du patrimoine archéologique Céline D UPONT

2007 Namur

Institut du Patrimoine wallon


Page précédente : Phalère © Musée des Celtes Libramont. 2 . 3


Préface L’archéologie fascine. L’archéologie émeut. L’archéologie passionne… Les recherches archéologiques menées en Région wallonne ont fourni, et continuent de fournir, une documentation foisonnante dont l’étude minutieuse aboutit à la connaissance sans cesse améliorée des modes de vie, des savoir-faire et des coutumes de nos ancêtres. Transmettre ces données au « grand public » doit être le but ultime de l’archéologie car ces tranches d’histoire, au-delà d’être liées à chaque individu et pas seulement à l’élite, sont des outils de sensibilisation à des préoccupations citoyennes, des valeurs et des visions de notre société contemporaine. Inversement, certains archéologues abordent au moyen de traces archéologiques des notions modernes comme le racisme ou encore le développement durable nous rapprochant de populations dont les préoccupations devaient être très proches des nôtres… L’Institut du Patrimoine wallon, en consacrant le troisième volume de sa collection « Itinéraires du Patrimoine wallon » à l’archéologie, liste les sites accessibles majeurs du patrimoine archéologique en Wallonie. « Accessibles » car aménagés pour être visités par le public mais aussi « accessibles » car interprétés par les spécialistes pour être compris par l’ensemble de la population. Le réseau ArchéoPass travaille dans cette voie et place la transmission et la diffusion de l’archéologie dans ses priorités d’actions. À l’instant de la parution de ce guide, le premier « Week-end ArchéoPass » (21 et 22 avril) dont le thème 2007 s’intitule « L’archéologie mise à nu » est organisé par les quelque trente membres du réseau. À cette occasion ou à tout autre moment de l’année, ce bel itinéraire vous orientera vers des façons vivantes et originales de découvrir ou de redécouvrir ce patrimoine riche d’une histoire multimillénaire. Séverine MONJOIE Directrice de l’Archéoforum de Liège Coordinatrice du réseau ArchéoPass

Préface


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Suivez la route... Sous nos pieds, notre passé… Ce guide vous invite à aller à la rencontre de nos origines en découvrant le Patrimoine archéologique wallon, depuis la Préhistoire jusqu’à la fin des Temps Modernes. Il existe aussi un riche Patrimoine archéologique industriel, il fera l’objet d’un prochain Itinéraire. L’archéologie est un long processus qui démarre par un travail de terrain (prospection, fouilles), par l’étude des vestiges et du matériel archéologique pour aboutir à une interprétation de ces témoins matériels du passé. Cette mission est coordonnée par la Direction de l’Archéologie du Ministère de la Région wallonne en collaboration avec diverses institutions (Universités, Centres de recherches,…). Ce Patrimoine archéologique est passionnant aux yeux du chercheur mais souvent perçu comme complexe par le néophyte. De nombreux exemples de valorisation de ce patrimoine ont vu le jour ces dernières années avec comme volonté de faire « vivre » l’archéologie, de la rendre accessible à tous. Les sites repris dans ce guide sont des lieux de diffusion de ce patrimoine par la présentation de vestiges conservés in situ (dans leur contexte de découverte), de collections archéologiques et de reconstitutions. Les modes de présentation au public évoluant vers des pratiques de plus en plus interactives et vivantes, ces sites de diffusion de l’archéologie proposent des moments de découverte intelligente adaptée à chacun. De cette volonté d’accessibilité du message archéologique à tous est né « ArchéoPass », un réseau d’institutions de médiation de l’archéologie dont le souhait est de proposer des activités alliant la rigueur scientifique du contenu à la pédagogie du discours. De la grotte préhistorique au château féodal, de la villa gallo-romaine à l’abbaye médiévale, parcourez les racines de la Wallonie…

Suivez la route...


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Le chaland de Pommerœul. Photo G. Focant, DPat © MRW.


Itinéraire du patrimoine archéologique

1. Le Tournaisis

Le sous-sol archéologique de la cathédrale Notre-Dame (Tournai)

Le parc archéologique (Antoing)

L’Espace gallo-romain (Ath)

L’Archéosite® (Aubechies/Beloeil)

1. Le Tournaisis


Itinéraire du patrimoine archéologique

Le sous-sol archéologique de la cathédrale Notre-Dame

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Inscrite sur la liste du Patrimoine mondial* de l’Unesco en 2000, la cathédrale de Tournai constitue l’un des témoins architecturaux les plus remarquables de nos régions. Dès 1996, d’importants problèmes de stabilité ont conduit à des campagnes de reconnaissance géo-technique du soussol accompagnées de fouilles archéologiques. Celles-ci concernent également les abords de la cathédrale, préalablement à un réaménagement de la place Paul-Émile Janson.

Cathédrale Notre-Dame de Tournai. Photo G. Focant, DPat©MRW.

Les résultats, tant à l’extérieur, sous les anciens cloîtres*, qu’à l’intérieur de la cathédrale, essentiellement sous la nef* nord, ont identifié différentes occupations depuis le Bas-Empire romain. Ces découvertes, partiellement visibles, se sont révélées d’une grande importance pour appréhender les origines du sanctuaire. Au IIIe siècle de notre ère, Tournai devient la capitale des Menapiens et subit, à ce titre, d’importants travaux urbanistiques. De cette période date un vaste bâtiment à la fonction encore indéterminée. Il était notamment pourvu d’un espace thermal dont quelques vestiges sont conservés tels qu’une baignoire pourvue d’une banquette et des éléments d’hypocaustes*. Le mur d’un grand édifice paléochrétien (Ve siècle) a été dégagé sur une longueur de 23 m percé d’une porte pourvue d’un seuil constitué d’une pierre calcaire. 8 . 9


Durant la période mérovingienne, quelques témoins matériels, tels des peignes en bois de cerf, une fibule*, de la céramique attestent une occupation domestique du site, tandis que les structures architecturales semblent assez limitées.

Fondations du baptistère. Photo G. Focant, DPat © MRW.

1. Le Tournaisis


Le sous-sol archéologique de la cathédrale Notre-Dame La première église médiévale a été reconnue dans un vaste édifice révélé par ses murs et son sol. Elle présentait la même orientation que la cathédrale actuelle et une partie de son mur de façade a été dégagé, légèrement de biais par rapport aux nefs*. L’élévation en est très mal conservée et aucun élément appartenant au chœur* n’a été retrouvé. Au IXe siècle, il est question de la construction d’un nouveau sanctuaire et de l’installation du chapitre cathédral. Une église importante est édifiée. Le plan général de cette église pré-romane reprend celui de l’église précédente et le niveau de sol est surélevé. Les fondations d’un baptistère ont été dégagées sous la forme d’un puits circulaire au-dessus duquel s’élevait la

Fibule* ansée en bronze mérovingienne. Photo © CRAN-UCL

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cuve surmontée d’un dais hexagonal. Ce puits a livré du matériel tel que de la céramique carolingienne et de la verrerie dont quelques éléments de vitrail. Contrairement à l’église précédente, des vestiges du chœur* de cette église pré-romane ont été mis au jour dans le pré-transept* de la cathédrale. Des éléments de la galerie du cloître ont également été dégagés sous la place Paul-Émile Janson. Cette église sera remaniée vers l’an mil tout en conservant un plan similaire. Le baptistère sera abandonné au profit de fonts baptismaux suite à un changement d’organisation liturgique concernant le baptême. Les vestiges du chœur* et de l’avant-chœur* de l’église romane (XIe siècle) ont également été reconnus sous le chœur* gothique actuel. Une crypte* funéraire, vide de sa sépulture d’origine (celle de saint Nicaise ?), s’y serait implantée, entourée d’autres sépultures. Actuellement, les travaux se poursuivent sous la conduite du Centre de Recherches d’Archéologie Nationale de l’U.C.L. en collaboration avec la Direction de l’Archéologie de Ministère de la Région wallonne. Fouilles et prospections tentent, à travers la grande complexité des vestiges, de retrouver et de comprendre la succession ininterrompue d’églises. Par ailleurs, les résultats se révèlent également très intéressants dans la recherche d’une solution aux problèmes de stabilité de l’édifice et dans l’élaboration du projet de restauration. Celui-ci intègre un projet de mise en valeur et de présentation des vestiges archéologiques au grand public.

Cathédrale Notre-Dame de Tournai Place de l’Évêché à 7500 Tournai Office du Tourisme de Tournai Vieux Marché aux Poteries, 14 à 7500 Tournai Tél. +32 (0)69/222 045 Fax. +32 (0)69/216 221 Site web : www.cathedraledetournai.be E-mail : tourisme@tournai.be Du 1/11 au 31/03 tous les jours de 9h15 à 12h et de 14 à 17h ; du 1/4 au 30/10 tous les jours de 9h15 à 12h et de 14 à 18h. – Visites guidées sur réservation. Entrée gratuite.


À VOIR AUSSI À TOURNAI... 2

Installé dans l’ancien Mont-de-Piété de Tournai, le Musée archéologique se divise en trois sections, la Préhistoire, l’Antiquité et la Période mérovingienne. Durant l’Antiquité, la ville de Tournai s’est progressivement développée. Au Haut-Empire, l’agglomération s’étend sur les deux rives de l’Escaut. Progressivement, elle s’organise sur un plan orthogonal. Au Bas-Empire, la ville change radicalement d’aspect. Elle se concentre sur la rive gauche à l’intérieur d’une enceinte entourée de plusieurs nécropoles*. Les fouilles archéologiques menées ces dernières années ont permis de connaître les grandes étapes de ce développement et ont produit un matériel riche et abondant. Les collections présentées au musée proviennent essentiellement de la vaste nécropole de quelque 220 sépultures, s’étendant de la Grand-Place à la rue Perdue dont la pièce majeure est un sarcophage en plomb à décor dyonisiaque. La céramique, la verrerie et quelques bijoux illustrent également cette période. Le développement de la ville ne faiblit pas à l’époque mérovingienne puisqu’elle abrite un évêque et que Childéric s’y fait inhumer. En effet, la nécropole* Saint-Brice sur la rive gauche de l’Escaut a accueilli la dépouille de ce roi franc. Les nombreuses tombes de cette nécropole* ont livré un riche matériel, constitué de verrerie, de fibules* et autres bijoux, d’armes, de plaques boucles et contre plaques de ceintures. Site : Musée archéologique de Tournai, rue des Carmes, 8 à 7500 Tournai. Infos : Tél. +32 (0)69/221 672. Ouvert du 1/11 au 31/3 de 10 à 12 h et de 14 à 17h, fermé le mardi et le dimanche matin ; du 1/4 au 31/10 de 9h30 à 12h30 et de 14 à 17h30, fermé le mardi.

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Itinéraire du patrimoine archéologique

Le parc archéologique

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À la sortie d’Antoing, au lieu-dit « Trou de Billemont » le parc archéologique présente une restitution d’un tumulus* et de caveaux funéraires romains datant du Ier siècle de notre ère. Le tumulus*, fouillé dans les années ’50, est le seul à présenter à la fois le tambour de pierre, le couloir et le caveau interne. Sous le tertre, le couloir en forme de T mène à une série de niches où étaient disposées les urnes contenant les cendres du défunt. Il s’agit de la tombe d’un haut dignitaire romain comme en atteste, notamment, le matériel archéologique, dont une belle fibule* discoïde, présentée au Musée archéologique de Tournai. Si vous souhaitez pénétrer à l’intérieur du tumulus*, munissez-vous d’une lampe de poche !

Le parc archéologique : tumulus et caveaux funéraires. Photo C. Dup © MSW.

Des tombes mérovingiennes découvertes à proximité, au lieu-dit « Guéronde » sont reconstituées dans le parc. Provenant d’une plus vaste nécropole*, ces sépultures datent de la fin du VIe, début du VIIe siècle. Le tumulus*, classé* depuis 1957 est un témoignage monumental des pratiques funéraires à l’Époque gallo-romaine, particulièrement diffusé dans nos régions comme en attestent également les nombreux tumulus de Hesbaye. 1. Le Tournaisis


Le parc archéologique

Les caveaux funéraires. Photo C. Dup © MSW.

Trou de Billemont à 7640 Antoing Itinéraire : Face à la gare, prendre la route de Ramecroix, chemin « Trou de Billemont » sur la droite. Office de Tourisme d’Antoing Place Bara 18 à 7640 Antoing Tél. +32 (0)69/441 729 E-mail : tourisme.antoing@skynet.be Site en accès libre, ouvert toute l’année. – Visites guidées sur réservation.

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Itinéraire du patrimoine archéologique

L’Espace gallo-romain

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En juillet 1975, les pelleteuses du chantier de percement du canal HensiesPommerœul, dans la commune de Bernissart, heurtent des pieux profondément ancrés. Le sondage archéologique qui suit ne tarde pas à mettre au jour les vestiges d’une installation portuaire. Étant donné le caractère exceptionnel de la découverte, une campagne de sauvetage est menée durant deux mois et demi et permet la découverte d’un débarcadère, de cinq bateaux et des vestiges d’une tannerie. Beaucoup d’objets sont récoltés dont un morceau de torque* en or, quelques monnaies, des crampons, des haches, des gouges, des fers de gaffes et de lances, des épées et des dagues en fer ainsi qu’un vaste ensemble de céramique mêlant les productions locales et les importations. Tout ce matériel illustre les activités de cet établissement portuaire et permet de dater son activité entre les périodes de la Tène II (250 avant notre ère) et le IIIe siècle de notre ère.

La pirogue de Pommerœul. Photo G. Focant, DPat © MRW.

Étant donné les conditions de la fouille et les problèmes de conservation posés par les matériaux en bois (vestiges du débarcadère et des bateaux), il n’est pas possible de tout préserver. Trois des cinq barques sont prélevées : une pirogue d’une dizaine de mètres de long, un chaland d’une vingtaine de mètres et un second chaland d’une quinzaine de mètres. Plus de 600 pièces de bois sont ainsi récoltées et ont bénéficié d’un séchage progressif et d’un traitement minutieux. La volonté était de remonter les bateaux afin de pouvoir les présenter au public. En 1982, l’idée d’un musée voit le jour et la décision est prise d’entreposer les barques à l’ancienne académie de dessin d’Ath, bâtiment dont seule la façade néoclassique est conservée. À l’arrière, le bâtiment est complètement réaménagé pour recevoir les vestiges toujours en cours de restauration. Une première embarcation est mise en place dans une grande vitrine 1. Le Tournaisis


L’Espace gallo-romain

climatisée du rez-de-chaussée. Il s’agit du chaland, construit selon le principe du monoxyle, c’est-à-dire taillé dans un unique tronc de chêne. Le tronc s’était cependant fendu en deux et les deux parties avaient été raccordées par une série de planches de bois qui constituaient le fond plat du chaland. Cela a rendu sa reconstitution plus complexe. Au premier étage, c’est la pirogue qui est présentée, également construite selon le principe de l’esquif monoxyle. Il s’agit des seuls exemplaires de bateaux galloromains restaurés à ce jour en Belgique. Autour de ces bateaux, le matériel archéologique du portus vous est présenté. Les résultats de fouilles et prospections archéologiques régionales complètent l’ensemble. Après la présentation d’un audiovisuel dans la vitrine même du chaland, vous pourrez découvrir la vie du portus, les activités des différents corps de métier (pêcheur, potier, métallurgiste, cordonnier). Vous êtes invités à suivre Rufus, batelier de Pommerœul, qui vous emmène sur la Haine et l’Escaut et vous fait parcourir le voyage d’une amphore de vin.

Céramique sigillée provenant de Pommeroeul. Photo G. Focant, DPat © MRW.

Le «sesterce» délivré à l’entrée vous permet d’accéder aux différentes bornes qui sont autant de découvertes sur la vie quotidienne ou les techniques antiques. Face à la pirogue, laissez un archéologue vous expliquer les étapes et les techniques de construction d’un tel bateau. Différents ateliers sont également organisés tels que le tissage et la poterie et permettent de reproduire les gestes de ces artisans antiques. Ces vestiges, présentés dans de vastes vitrines climatisées nécessaires à leur bonne conservation, sont d’un intérêt majeur pour l’histoire navale 16 . 17


Vaisselle en bronze provenant de Pommeroeul. Photo G. Focant, DPat © MRW.

antique. À ce titre, le minutieux travail de restauration dont ils font l’objet, a bénéficié du soutien de la Région wallonne, de la Communauté française, de l’Europe et de la ville d’Ath, tandis que le programme de mise en valeur est mené par l’asbl « Promotion du Tourisme et des Musées Athois ».

Espace gallo-romain de Ath Rue de Nazareth, 2 à 7800 Ath Tél. +32 (0)68/269 233 Fax : +32 (0)68/282 763 E-mail : espace.gallo-romain@ath.be Site web : www.ath.be/espace-gallo-romain.html Du 1/4 au 30/9, du mardi au vendredi de 10 à 12h et de 13 à 17h, les samedis, dimanches et jours fériés de 14 à 18h ; du 1/ 10 au 31/3, du mardi au vendredi de 10 à 12 h et de 13 à 17h, les samedis et jours fériés de 14 à 18h. Fermé entre Noël et Nouvel an. – Visites guidées et animations sur réservation De 3 à 4 € par personne.


Itinéraire du patrimoine archéologique

L’Archéosite®

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Située en Hainaut, aux sources de la Dendre, la région de Blicquy-Aubechies constitue depuis des temps anciens un site privilégié d’implantation humaine. Les fouilles archéologiques ont révélé les traces de différentes civilisations qui s’y sont succédées depuis le Ve millénaire avant notre ère. Créé en 1983 sur une idée de Léonce Demarez, auteur de différentes découvertes archéologiques faites dans la région, l’Archéosite® d’Aubechies propose des reconstitutions de structures préhistoriques, protohistoriques et gallo-romaines. La volonté est de montrer grandeur nature, la vie dans les premiers habitats sédentaires de la région.

Reconstitution d’un habitat de l’Âge du Bronze. Photo © Archéosite® d’Aubechies.

Sur base de plans d’édifices découverts en Hainaut et dans le nord de la France, six habitats sont reconstitués. Ils sont représentatifs du Néolithique (Ve millénaire), de l’Âge du Bronze (1800 avant notre ère), de l’Âge du Fer (750 avant notre ère) et du Ier siècle avant notre ère. Une maison dite danubienne (5000 avant notre ère) reproduit un édifice découvert à Blicquy. Elle se caractérise par un long plan rectangulaire (19 m sur 6) à pièces en enfilade dont l’espace central héberge le foyer. Elle abrite également un enclos pour les animaux. Un second habitat illustre également la Période néolithique. De plan trapézoïdal, il mesure 32 m de long. Au centre, un poteau supporte la poutre maîtresse de la charpente. Cette maison appartient au groupe dit « de Blicquy », groupe culturel qui succède au groupe danubien. 18 . 19


Une troisième maison est une restitution d’un habitat de l’Âge du Bronze (1800 avant notre ère). Il s’agit d’une petite maison familiale de 6 m de long. Les pièces de bois assemblées par tenon-mortaise et le sol recouvert d’un plancher illustrent les progrès techniques réalisés depuis la période précédente. Cette évolution est sans doute à mettre en relation avec l’apparition d’un outillage en bronze plus performant. La quatrième maison est une copie d’un habitat du deuxième Âge du Fer (450 avant notre ère). Elle présente un plan rectangulaire et est couverte d’un toit à quatre pans. Enfin, deux reconstitutions illustrent la fin de l’Âge du Fer (à partir du Ier siècle avant notre ère). De plan quadrangulaire, ces maisons sont couvertes d’un toit à trois ou deux pans et équipées d’un foyer surélevé bordé de chenets et d’un métier à tisser vertical. Chaque habitation est flanquée d’annexes telles que des ateliers de potier, de bronzier, de tisserand, une forge, un grenier à grain. Durant certaines périodes, ces ateliers sont animés par des artisans de la région. L’archéologie expérimentale est, en effet, une des activités majeures de l’Archéosite® comme en témoigne la reconstitution actuellement en cours de l’une des barques gauloises de Pommerœul, exposées à l’Espace galloromain d’Ath.

Reconstitution d’un fanum. Photo © Archéosite® d’Aubechies.

1. Le Tournaisis


L’Archéosite®

Les reconstitutions d’un fanum, d’une nécropole* et d’une villa* illustrent la Période gallo-romaine. Le fanum du sanctuaire découvert par photo aérienne en 1976 au lieu dit « Ville d’Anderlecht » a servi de modèle à la reconstitution d’Aubechies. Le temple était bordé d’un portique de 80 sur 120 m et d’un théâtre de 80 m de diamètre. Ce monument religieux typique des régions de Gaule du nord date des Ier-IIème siècles de notre ère. Il présente une cella de 9 sur 10 m entourée d’une galerie périphérique. À côté du fanum, une partie du portique périphérique du sanctuaire est reconstitué. Face au portique, des monuments, stèles et autels funéraires ornés de bas-reliefs et d’inscriptions, permettent d’appréhender les pratiques funéraires des gallo-romains. Les éléments présentés ici reproduisent des exemplaires provenant des régions d’Arlon, d’Allemagne et de France.

Reconstitution d’une villa gallo-romaine. Photo © Archéosite® d’Aubechies.

Enfin, ouverte au public en 2004, la villa gallo-romaine a été reconstituée sur base des plans de la villa de Mayen (Allemagne). Cet édifice de taille modeste présente une galerie de façade qui précède une vaste pièce principale ouvrant sur des petites pièces secondaires. Les murs ont été peints d’un décor provincial dérivé du troisième style pompéien. La villa a été aménagée avec des d’objets et des meubles également reconstitués. Au gré des reconstitutions, des ateliers et des expérimentations, c’est donc une approche toute particulière de l’archéologie que l’Archéosite ® d’Aubechies vous propose de découvrir. 20 . 21


Archéosite® Rue de l’Abbaye, 1y à 7972 Beloeil/Aubechies Tél. : +32 (0)69/671 116 Fax : +32 (0)96/671 177 E-mail : contacts@archeosite.be Site web : www.archeosite.be Toute l’année du lundi au vendredi de 9 à 17h ; du 15/4 au 15/ 10, également les samedis, dimanches et jours fériés de 14 à 18h. Du 1/7 au 31/8, du lundi au vendredi de 9 à 18h, les samedis, dimanches et jours fériés de 14 à 19h. De 2.50 € à 6 € par personne Depuis la E42, sortie 27 Bernissart, depuis la E429, sortie 30 Ath. À partir d’Aubechies, l’Archéosite® est fléché.

1. Le Tournaisis


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Minière de Spiennes. Photo G. Focant, DPat © MRW.


Itinéraire du patrimoine archéologique

2. Les pays de Mons 2. et Charleroi

Les minières néolithiques (Mons/Spiennes)

L’ancienne abbaye d’Aulne (Thuin/Gozée)

Le site archéologique de Liberchies (Pont-à-Celles)

2. Les pays de Mons et Charleroi


Itinéraire du patrimoine archéologique

Les minières néolithiques

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À 6 kilomètres au sud-est de Mons, s’étendent sur près de 150 ha, les vestiges d’une activité minière vieille de quelques 6000 ans. L’ensemble des exploitations se répartit sur deux plateaux, le plateau du « PetitSpiennes » à l’ouest et le « Camp-à-Cayaux », « Champ aux cailloux », à l’est. La découverte du site remonte au milieu du XIXe siècle. Depuis, les travaux se sont succédés et ont révélé l’exploitation intensive du sous-sol.

Minière. Photo G. Focant, DPat © MRW.

Dès le milieu du Néolithique, le silex est extrait des différents bancs crayeux et taillé sur place, essentiellement pour la production de grandes lames et de haches. Les structures d’extraction se présentent en exploitations à flanc de vallée, en fosses à ciel ouvert, mais aussi en puits plus ou moins profonds. En effet, pour atteindre la matière première, les mineurs n’ont pas hésité à creuser un nombre considérable de puits allant jusqu’à 16 m de profondeur. Assez étroits, de 80 à 130 cm de diamètre, ces puits s’évasent vers la base en une petite salle soutenue par des piliers crayeux. De cette chambre partent les galeries d’extraction qui rayonnent dans toutes les directions, sur des longueurs de 3 à 6 m. Les blocs de silex, arrachés des galeries, sont roulés vers la salle centrale d’où ils sont ensuite hissés vers la surface. 24 . 25


Les outils utilisés par ces mineurs étaient de simples pics constitués d’une pointe de silex sur un court manche en bois, outillage lithique vraisemblablement complété par un outillage en bois.

Matériel lithique provenant des minières. Photo G. Focant, DPat © MRW.

Une fois remonté à la surface, le silex était taillé à proximité immédiate du puits comme en témoigne l’importante quantité de déchets de taille qui jonchent le site. On y retrouve des rognons bruts, des blocs à peine testés et rejetés, des éclats et des ébauches d’outils abandonnés suite à un accident de taille. Cette production a été exportée dans de nombreux sites contemporains en Belgique, mais aussi dans certaines régions du nord de la France. À Spiennes, l’extraction du silex a été pratiquée entre 4400 et 2500 avant notre ère. On ne peut, toutefois, pas dire si cette exploitation s’est déroulée de manière continue. A certain moment, l’exploitation du site était telle que des puits ont recoupé des puits plus anciens. En surface, le potentiel archéologique de Spiennes est également important. En effet, un habitat de la civilisation de Michelsberg (IVe millénaire avant notre ère) a été reconnu à quelques 200 mètres du site de « Petit2. Les pays de Mons et Charleroi


Les minières néolithiques

Galerie des minières. Photo G. Focant, DPat © MRW.

Spiennes ». Du matériel retrouvé dans le comblement de certains puits, comme de la céramique, des fragments de meule ou des ossements d’animaux domestiques, témoigne de la vie quotidienne de ces mineurs. Des centres d’extraction du silex sont connus à la même période un peu partout en Europe mais, par son ampleur et ses techniques minières originales, le site de Spiennes revêt un caractère tout à fait exceptionnel. Classé depuis 1991, le site a été inscrit au Patrimoine mondial* de l’Unesco en 2000. L’asbl, la « Société de Recherche préhistorique en Hainaut » assure la gestion du site tout en poursuivant les recherches archéologiques. Elle organise également des visites des minières et permet donc aux visiteurs de descendre dans un puits d’extraction sur les traces des anciens mineurs.

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Les minières de Spiennes Rue du Point du jour à 7032 Mons/Spiennes Tél. +32 (0)65/353 478 E-mail: reservations@MinesDeSpiennes.org Site web : www.minesdespiennes.org Du 1/3 au 31/11, tous les premiers dimanches du mois de 10 à 16h et à l’occasion des Journées du Patrimoine ; toute l’année sur réservation pour des groupes de min. 10 personnes. Les enfants doivent être âgés de 12 ans pour accéder à la mine. De 1,25 à 2,50 € p.p. E42 Liège-Mons, continuer sur R5 en suivant direction Mons Est, prendre la sortie Mons (N 538), direction Beaumont et ensuite suivre la direction de Spiennes.

À VOIR AUSSI À MONS... 7

Modestes en apparence, les restes du château comtal de Mons sont chargés d’histoire et très significatifs du développement de la ville. L’entrée du château abrite une chapelle à l’étage, la chapelle Saint-Calixte, vestige le plus important subsistant sur la butte castrale. C’est contre cette butte que les montois élèvent leur monumental beffroi au XVIIe siècle, monument repris au Patrimoine mondial* de l’Unesco. L’enceinte castrale du château est, quant à elle, inscrite au Patrimoine exceptionnel* de Wallonie. Les fouilles archéologiques ont débuté sur le site en 1984. Leurs résultats sont présentés dans la chapelle sous forme de panneaux explicatifs et accompagnés de quelques objets mis au jour. Site : Square du château à 7000 Mons. Infos: +32 (0)65/ 351 208. Ouvert du mardi au samedi de 12 à 18h, le dimanche de 10 à 12h et de 14 à 18h.

2. Les pays de Mons et Charleroi


À VOIR AUSSI DANS LES ENVIRONS... 2 8

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Waudrez, dans l’entité de Binche, a été identifié à Vodgoriacum, relais routier sur la chaussée romaine reliant Bavay à Cologne, renseigné sur les itinéraires antiques. Le site, classé depuis 1989, a fait l’objet de fouilles archéologiques à partir des années ’50. Le musée présente les résultats et le matériel archéologique de ces campagnes qui illustrent la vie de ce vicus*. Site : Musée gallo-romain de Waudrez, Statio romana asbl, Chaussée romaine, 14 à 7131 Waudrez. Infos : Tél. et fax : +32 (0)64/339 550. Ouvert du 15/2 au 15/11, du lundi au jeudi de 9 à 12 h et de 13 à 16h; du 15/4 au 30/9, également le dimanche de 14 à 8h. Visites guidées sur réservation pour 15 personnes min. Sur la commune de Morlanwelz, dans un bâtiment de l’architecte Roger Bastin, le Musée de Mariemont abrite une importante collection d’archéologie présentant les nombreux travaux archéologiques effectués dans la région. À l’origine de ces collections, on retrouve la passion pour l’archéologie de Raoul Warocqué, riche industriel du XIXe siècle. Non seulement il achète des pièces antiques de provenance diverse mais il mène, à ses frais, des fouilles archéologiques à Houdeng-Goegnies, Fayt-lez-Manage et Gouy-lez-Piéton. À sa mort, il lègue à l’État belge son château, son parc et tout ce qu’il y avait rassemblé pour en faire un musée accessible à tous. L’histoire de la vallée de la Haine est ainsi présentée depuis l’Âge du Fer jusqu’à l’implantation des Francs dans la région. Les collections se sont également enrichies d’achats et dons divers ainsi que du produit des fouilles effectuées par le musée à Fontaine-Valmont et à Thuin. Quelques pièces prestigieuses retiennent particulièrement l’attention tels que les bijoux mérovingiens provenant de la nécropole de Trivière, les statuettes gallo-romaines en Bronze provenant de Bavay ou la borne milliaire retrouvée le long de la chaussée romaine à Péronne-lez-Binche. Site : Chaussée de Mariemont, 100 à 7140 Morlanwez. Infos : Tél. : +32 (0)64/212 193. Ouvert du 1/4 au 30/9, du mardi au dimanche de 10 à 18h ; du 1/10 au 31/3, du mardi au dimanche de 10 à 17h ; fermé le lundi sauf fériés, le 25/12 et le 1/1. Visites guidées sur réservation, organisation de cours, conférences et ateliers.

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Itinéraire du patrimoine archéologique

L’ancienne abbaye* d’Aulne

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Au cœur de la vallée de la Haute Sambre, en aval de Thuin, se dressent les vestiges de l’abbaye* d’Aulne, site inscrit sur la liste du Patrimoine exceptionnel* de Wallonie. Fondée au VIIe siècle, elle dépend alors de l’abbaye* bénédictine de Saint-Pierre de Lobbes toute proche, avant de passer dans le domaine de l’évêque de Liège au Xe siècle. En 1147, l’abbaye* est confiée à saint Bernard et des moines de Clairvaux viennent remplacer la communauté locale. L’abbaye* suit dès lors la règle cistercienne et de grands travaux viennent marquer ce changement. Le chantier de l’abbatiale* commence en 1214 sous l’abbé Gilles de Beaumont (1214-1224) et se termine durant le règne de son successeur, l’abbé Baudouin de Châtelet. Des vestiges de cette abbatiale* gothique sont encore visibles aujourd’hui : l’ancienne façade occidentale, la nef* et deux piliers* de la croisée du transept*. Les murs des collatéraux* de l’église sont conservés sur une faible hauteur et montrent encore les trois ouvertures qui conduisaient au cloître* situé au nord. Cette particularité d’aménagement est sans doute due à la topographie des lieux. Les fonctions nécessitant l’évacuation des déchets (latrines, cuisines) se sont naturellement concentrées à proximité de la Sambre. La première ouverture de l’église vers le cloître*, la plus occidentale, présente un couronnement trilobé. Elle se rattachait sans doute aux installations réservées aux convers dont aucune trace ne reste visible en élévation. La seconde ouverture correspond au premier accès des moines vers le cloître*, la dernière ouverture semblant avoir rempli la même fonction dans une phase plus tardive. Du cloître*, dont les galeries mesuraient 45 m, il ne reste plus qu’un angle datant de cette phase.

Vue aérienne de l’abbaye* d’Aulne. Photo G. Focant, DPat © MRW.

2. Les pays de Mons et Charleroi


L’ancienne abbaye* d’Aulne

Suite à un incendie, la partie orientale de l’église est reconstruite et consacrée en 1525. Le plan reste pratiquement inchangé tandis que le décor architectonique est mis au goût du jour. Au XVIIIe siècle, l’abbé Barthélemy Louant renouvelle l’ensemble des bâtiments conventuels tandis que l’église subit seulement quelques aménagements. Elle est pourvue d’une nouvelle façade classique et l’intérieur est décoré de stucs et marbres qui dissimulent les arcades médiévales. La galerie sud du cloître* est écartée de l’église et la salle capitulaire est réduite à deux travées, par rapport aux trois précédentes. C’est également de cette période que date la ferme abbatiale toujours visible aujourd’hui au sud du complexe. D’autres bâtiments comportent encore quelques vestiges médiévaux, tels que les deux arches du pont sur la Sambre ainsi que le moulin. Le réseau hydraulique présente également quelques tronçons médiévaux. En mai 1794, l’abbaye* est incendiée par les révolutionnaires. Les moines reviennent assez rapidement sur le site et tentent de rétablir la communauté. Cependant en 1806, l’abbé Herset instaure par testament un hospice pour personnes âgées qui ouvre ses portes après le décès du dernier moine en 1854. Les bâtiments conventuels sont donc transformés en hospice et partiellement restaurés au XIXe siècle. En 1873, une église est construite à l’endroit de l’ancienne grille d’entrée et devient l’église paroissiale.

Vue de l’abbatiale* depuis le sud-est. Photo G. Focant, DPat © MRW.

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De 1896 à 1908, Louis Cloquet mène une importante campagne de restauration durant laquelle il gomme une grande partie des décors de l’intérieur de l’abbatiale* pour valoriser son état médiéval. En 1942, des segments du cloître* sont reconstruits. Ces vestiges écrivent la longue histoire de l’abbaye d’Aulne et en font l’un des sites les plus remarquables de Wallonie. La mise en valeur et le développement touristique de cet ensemble font actuellement l’objet de divers projets.

Perspective du transept de l’abbatiale*. Photo G. Focant, DPat © MRW.

2. Les pays de Mons et Charleroi


Abbaye d’Aulne Rue Emile Vandervelde, 275 à Thuin/Gozée Tél. : +32 (0)71/510 677 ou +32 (0)71/595 454 E-mail : thuin@office-tourisme.org Site web: http://www.thuin.be Du 1/4 au 2/11, tous les jours sauf les lundi et mardi, de 11 à 18h ; du 1/7 au 31/8, tous les jours sauf le lundi ; sur demande pour les groupes. – Visites guidées sur réservation. De 1 à 3 € p.p. A54 Bruxelles-Charleroi, direction Montigny-le-Tilleul ou E42 Namur-Charleroi-Mons, périphérique R3, direction Montignyle-Tilleul, sortie 4.

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Itinéraire du patrimoine archéologique

Site archéologique de Liberchies

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L’agglomération de Liberchies, située sur la commune de Pont-à-Celles, sur l’antique voie Bavay-Cologne, comprend deux implantations antiques distinctes dans le temps et dans l’espace. Le programme de fouilles soutenu par le Ministère de la Région wallonne, mené par le Centre de Recherches d’Archéologie Nationale en collaboration avec l’asbl «Pro Geminiaco» et le Musée communal de Nivelles, permet une connaissance approfondie de son développement et de son évolution.

La chaussée Bavay-Tongres à Liberchies. Photo G. Focant, DPat © MRW.

Au lieu-dit « Les Bons-Villers » a été identifiée une agglomération importante correspondant au Geminico Vico ou Geminiacum, étape routière inscrite sur les itinéraires anciens. L’occupation du site remonte au tournant de notre ère et présente un habitat dispersé avant de se regrouper le long de la chaussée antique. Les maisons, construites en torchis sur ossature de bois, au plan allongé, étaient pourvues de caves ou de celliers de grandes dimensions. Vers la fin du Ier - début du IIe siècle, l’agglomération se développe selon un programme urbanistique important et voit s’élever les premières constructions en dur. L’habitat se densifie, de nouveaux quartiers apparaissent, structurés le long de rues aménagées perpendiculairement à la chaussée. Des bâtiments publics sont édifiés en périphérie tels que les sanctuaires dont un fanum et des thermes* à proximité d’une source. Le village-rue s’est alors transformé en une agglomération semi-urbaine. 2. Les pays de Mons et Charleroi


Site archéologique de Liberchies

La richesse économique des habitants de ce vicus* se reflète à travers leurs biens matériels mis au jour au cours des différentes campagnes de fouilles : autel, statuettes en bronze, nombreux bijoux dont certains en or, sans oublier l’exceptionnel trésor monétaire constitué de 368 pièces d’or découvert en 1970 et une abondante production de céramique. Ces vestiges témoignent également des activités artisanales pratiquées à Liberchies : atelier de potier, de verrier, artisanat du fer et du bronze, tannerie. À la fin du IIe siècle, l’agglomération subit quelques dommages suite aux premières incursions germaniques. Certaines habitations situées en périphérie sont abandonnées. Cependant, malgré les troubles politiques et une certaine récession économique, la vie et les activités se sont poursuivies jusqu’à la destruction brutale du vicus* entre 253 et 276, lors des invasions franques.

Plan du quartier occidental de l’agglomération aux IIe et IIIe siècles. Infographie C.Coquelet. © CRAN-UCL.

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Une fortification entourée de profonds fossés est ensuite construite, à cheval sur la chaussée, sur le point le plus élevé du site, au cœur même de l’ancienne agglomération.

Porte d’entrée du castellum de Liberchies. Photo © CRAN-UCL.

La deuxième implantation antique se situe à 1 kilomètre à l’ouest du vicus*. Il s’agit du castellum de Brunehaut, site fortifié édifié au IVe siècle avec des matériaux récupérés du vicus* des « Bons-Villers ». L’enceinte du castellum était constituée de murs épais formant un quadrilatère de 45 sur 56,5 m, rehaussé de tours circulaires aux angles et protégé par des fossés et un marécage. Cette forteresse semble avoir été abandonnée au début du Ve siècle. Quelques vestiges sont encore visibles, dont les restes d’une tour d’angle, englobés dans les constructions modernes. Ces deux sites, par leur implantation et l’intérêt exceptionnel des découvertes, ont été repris au Patrimoine exceptionnel* de Wallonie en 1993. Le matériel archéologique est exposé dans les musées de Liberchies, de Mariemont et de Nivelles.

2. Les pays de Mons et Charleroi


Site archéologique de Liberchies

Statuette du dieu Mars. Photo © Musée communal de Nivelles.

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Site archéologique de Liberchies Chaussée Brunehaut à 6238 Pont-à-Celles/Liberchies Musée de Liberchies Tél. : +32 (0)71/840 567 Fax : +32 (0)71/840 569 E-mail : info@geminiacum.be Site web : www.geminiacum.be Site en accès libre. Les fouilles sont recouvertes au fur et à mesure des travaux, seule une partie du castellum est visible en permanence. Itinéraire : E42 Charleroi-Bruxelles, sortie 21 Pont-à-Celles, Liberchies.

À VOIR AUSSI À LIBERCHIES... 12

La visite du Musée de Liberchies complètera la visite du vicus* et du castellum. Cinquante années de fouilles archéologiques sont retracées par la mise en valeur de multiples objets découverts sur le site de Liberchies. L’accent est mis sur les différentes fonctions et les activités artisanales très diversifiées de l’agglomération gallo-romaine identifiée comme Geminiacum sur les itinéraires anciens. Site : Musée de Liberchies, place de Liberchies, 5 à 6238 Liberchies. Infos : Tél. : +32 (0)71/840 571. Ouvert du mercredi au samedi de 10 à 18h. Visites guidées sur réservation, audioguide.

2. Les pays de Mons et Charleroi


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L’abbaye* de Villers. Photo G. Focant, DPat © MRW.


Itinéraire du patrimoine archéologique

3. Le Brabant wallon

Le sous-sol archéologique de la collégiale* Sainte-Gertrude (Nivelles)

L’abbaye* de Villers (Villers-la-Ville)

Le château de Walhain (Walhain-Saint-Paul)

Le tumulus* dit « Tombe d’Hottomont » (Ramillies/Grand-Rosière)

3. Le Brabant wallon


Itinéraire du patrimoine archéologique

Le sous-sol archéologique de la collégiale* Sainte-Gertrude

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Au sud de Bruxelles, la ville de Nivelles s’est développée autour de sa collégiale*. Le sous-sol de celle-ci est unique par sa remarquable continuité chronologique. Il présente les vestiges des sanctuaires successifs qui ont précédé la collégiale* actuelle, depuis la première église du VIIe siècle, où fut exhumée sainte Gertrude. Les vestiges illustrent une évolution dictée par le développement du culte de la sainte. Ce sous-sol est aujourd’hui aménagé en deux parties distinctes. Le grand sous-sol, à l’est, sous la nef* de la collégiale*, abrite les vestiges du tombeau de sainte Gertrude et la nef* des sanctuaires successifs. Le petit sous-sol, sous le chœur occidental de la collégiale*, montre les restes de l’avant-corps carolingien* qui précéda l’avant-corps actuel.

Collégiale* Sainte-Gertude de Nivelles. Photo G. Focant, DPat © MRW.

Lors de sa fondation en 647, l’abbaye* de Nivelles comportait trois églises. L’une d’elles, dédiée à saint Pierre, était l’église de la communauté. Cet édifice, de plan rectangulaire, est le plus ancien mis au jour sous la collégiale* et constitue la première église mérovingienne (Plan, 1). Quelques éléments des fondations en calcaire sont encore visibles ainsi que les restes d’un autel. Dès l’origine, plusieurs groupes de caveaux y avaient été aménagés. L’un d’eux a vraisemblablement accueilli la dépouille de sainte Gertrude, décédée en 659. Très rapidement, celle-ci est transférée dans un tombeau monumental érigé à l’est. La première église est alors remplacée par un édifice rectangulaire plus grand qui remonte à la fin du VIIe siècle (Plan, 2). Le tombeau, qui a trouvé sa place définitive, est placé dans une annexe de plan quadrangulaire qui s’ouvre largement sur la nef*. Cette pièce sera agrandie un peu plus tard. Le développement du culte de sainte Gertrude demande de nouvelles modifications dans la deuxième moitié du IXe siècle. La nef* de cette première église carolingienne est flanquée de bas-côtés (Plan, 3). La partie 40 . 41


Plan du sanctuaire, évolution du site. Plan d’après J. Mertens © MRW.

orientale est reconstruite sur deux niveaux. Un chœur* surélevé prolonge la nef*, tandis qu’en dessous, une crypte* est aménagée pour la circulation des pèlerins. Au départ des bas-côtés, un couloir contourne un double mur encadrant la tombe et permet d’accéder à celle-ci depuis l’est par un passage central. Les fondations du double mur sont encore bien visibles aujourd’hui. Une nouvelle modification importante intervient dans le courant du Xe siècle, qui conduit à une deuxième église carolingienne (Plan, 4). Le chœur* surélevé est supprimé et la crypte* est nivelée pour faire place à un vaste espace dégagé, en contrebas de la nef*, accessible depuis les bas-côtés. Le sol bétonné est recouvert d’un beau dallage. Le tombeau, inclus dans un massif de maçonnerie, est entouré d’un podium à gradins tel qu’il se présente encore aujourd’hui. Une petite niche servait au dépôt d’objets devant être consacrés par le contact avec les reliques*. Un autel est élevé dans la nef*, devant le tombeau. Ce nouvel édifice, précédé d’une cour (atrium) à l’ouest, reflète la nécessité d’accueillir un nombre croissant de pèlerins. À la fin du Xe siècle, l’église est encore agrandie (Plan, 5) : à l’ouest, la nef* et les bas-côtés de la troisième église carolingienne englobent l’espace de l’ancien atrium ; à l’est, les bas-côtés se prolongent de part et d’autre du tombeau. Dans tout l’édifice, le pavement en béton rosâtre est renouvelé. Plusieurs autels sont implantés le plus près possible de la tombe. Enfin, pour ajouter encore à l’ampleur de l’édifice, la construction d’un avant-corps monumental est entreprise à l’ouest. Constitué de trois travées, il s’inscrit dans la typologie carolingienne. La travée centrale, plus large, se termine à l’ouest par une abside*. Les fondations en schiste de cette travée sont visibles dans le petit sous-sol. Cet avant corps fut épargné par le violent incendie qui détruisit la troisième église carolingienne au début du XIe siècle. La construction de l’église actuelle, en style roman, est rapidement entreprise contre l’avant-corps carolingien*. En 1046, les reliques* de la sainte sont placées dans une châsse et transférées dans le chœur* lors de 3. Le Brabant wallon


Le sous-sol archéologique de la collégiale* Sainte-Gertrude

Mausolée de Sainte-Gertrude. Photo © Musée communal de Nivelles.

la consécration de cette nouvelle église en présence de Henri III, empereur germanique. Les premiers sondages effectués dans la nef* ont lieu en 1941, après le bombardement de la collégiale* par les allemands. En 1950, les fouilles conduites dans la nef* de la collégiale* par J. Mertens et J. Breuer, mettent au jour les cinq églises successives qui donnent lieu à l’aménagement du grand sous-sol. L’avant-corps fait l’objet de fouilles en 1982-1983 sous la conduite de C. Donnay. La collégiale* dans son ensemble est classée* depuis 1936 et inscrite sur la liste du Patrimoine exceptionnel* de Wallonie. Collégiale Sainte-Gertrude de Nivelles Grand-Place à 1400 Nivelles Office du Tourisme de Nivelles Tél. : +32 (0)67/840 864 Fax : +32 (0)67/215 713 E-mail : info@tourisme-nivelles.be Site web : www.tourisme-nivelles.be Les deux sous-sols ne sont accessibles que lors des visites guidées organisées tous les jours à 14h, les samedis et dimanches à 14h et à 15h30. S’adresser au bureau d’accueil à l’entrée de la collégiale*. De 1,50 à 5 € p.p.

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À VOIR AUSSI À NIVELLES... 14

Au dernier étage du Musée communal de Nivelles, installé dans un ancien refuge de l’Ordre des Trinitaires du Prieuré d’Orival, sont exposées les collections d’archéologie* régionale s’étendant de la Préhistoire à l’Époque gallo-romaine. Les objets exposés proviennent essentiellement des fouilles menées dans la région par la Société royale d’Archéologie, d’Histoire et de Folklore de Nivelles. La Période gallo-romaine y est particulièrement bien illustrée par le matériel provenant du site des « Bons Villers » à Liberchies (voir Route 2). Le riche matériel archéologique mis au jour témoigne de la vie quotidienne et de la romanisation de ce vicus* et plus largement de la région. Les objets présentés illustrent les échanges et les influences romaines ainsi que la richesse économique des habitants : céramique sigillée, terra nigra, vase à visages de tradition gauloise, verrerie, fibules* et bijoux. Site : rue de Bruxelles, 27 à 1400 Nivelles. Infos : tél. : +32 (0)67/ 882 280. Ouvert : tous les jours sauf le mardi de 9h30 à 12 h et de 14 à 17 h, non stop le mercredi ; visites guidées sur demande.

À VOIR AUSSI DANS LES ENVIRONS DE NIVELLES... 15

Le Musée de la Porte présente également une belle collection provenant des fouilles du vicus* de Liberchies. Après quelques années de fermeture, sa réouverture au public est prévue pour l’automne 2007. Site : rue de Bruxelles, 64 à 1480 Tubize. Infos : tél.: +32 (0)2/355 55 39. Ouvert : du mardi au dimanche de 11 à 13h30 et de 15h30 à 18 h; fermé les lundis et jours fériés ; visites guidées sur réservation.

3. Le Brabant wallon


Itinéraire du patrimoine archéologique

L’abbaye* de Villers

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À 30 kilomètres de Bruxelles, au creux d’une vallée arrosée par la Thyle, affluent de la Dyle, s’est implantée l’abbaye* de Villers dont les ruines constituent aujourd’hui un des ensembles les plus importants du patrimoine monastique en Wallonie.

Abbatiale* de Villers. Photo G. Focant, DPat © MRW.

En 1147, à l’invitation du seigneur de Marbais, des moines cisterciens venus de Clairvaux s’installent dans cette vallée suffisamment retirée du monde, avec de l’eau en abondance et la disponibilité de matériaux de construction. La première implantation de la communauté (Villers I) est rapidement abandonnée pour un lieu, indiqué par saint Bernard lui-même, lors de sa visite en 1147. Ce nouveau site (Villers II) est occupé jusqu’au début du XIIIe siècle. Il ne reste aujourd’hui aucun vestige de ces deux implantations. Début du XIIIe siècle, une importante campagne de travaux débute et voit l’édification de l’ensemble monumental que l’on connaît aujourd’hui : Villers III. L’abbaye* est construite selon les normes monastiques. Sous l’abbé Charles de Seyne, vers 1200, les moines élèvent d’abord deux longs corps 44 . 45


Voûtes* du chœur*. Photo G. Focant, DPat © MRW.

de bâtiments parallèles, l’un pour les moines, l’autre pour les convers. Par leur style et leur structure, ces bâtiments sont encore romans. Leur disposition détermine également l’espace du cloître et la longueur de l’église. L’édification de celle-ci commence simultanément à l’est par le chevet* et le transept* et à l’ouest par le porche. De plan typiquement cistercien, elle présente un caractère monumental. La nef*, précédée d’un avant-corps, est flanquée de bas-côtés. Le chœur* est pourvu d’une abside* polygonale. L’édifice de près de 92 m de long culmine à 23 m de hauteur. Construite entre 1209 et 1283, elle mêle les styles roman et gothique. La présence répétée d’oculus* dans le chœur* et le transept* est un trait tout particulier de l’abbatiale* de Villers. 3. Le Brabant wallon


L’abbaye* de Villers

Par ailleurs, le chauffoir, le réfectoire et la cuisine s’élèvent du coté sud du cloître* ; l’infirmerie et le noviciat à l’est. Au nord-ouest du quartier abbatial, à l’écart de la zone de prière, on trouve les ateliers (boulangerie, tannerie, ateliers de tissage), le moulin et la brasserie. À l’ouest, la porterie, dite « Porte de Bruxelles » était le lieu de transition entre l’abbaye* et le monde. L’hôtellerie, avec un dortoir à l’étage et une grande salle au rez-de-chaussée qui servait principalement de réfectoire, pouvait abriter une centaine d’hôtes, de pauvres et de pèlerins.

Réfectoire des moines. Photo G. Focant, DPat © MRW.

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Palais abbatial. Photo G. Focant, DPat © MRW.

La Thyle, qui coulait entre ces deux « quartiers », a été voûtée. Elle traverse le domaine à travers un réseau hydraulique souterrain complexe. Au XIIIe siècle, moment d’apogée spirituelle de l’abbaye*, le domaine couvre une superficie de 15 ha clos par un mur d’enceinte qui abrite, selon la chronique, une communauté d’une centaine de moines et de trois cents convers. À la fin de ce siècle, on estime ses possessions à près de 10 000 ha, réparties entre Anvers et Namur. À partir du XIVe siècle, des difficultés financières et différents exodes marquent l’histoire de l’abbaye*. Quelques travaux importants sont entrepris au XVe siècle mais il faut attendre le XVIIIe siècle pour assister à un nouvel essor. L’abbaye* se transforme alors en un grand ensemble classique sous l’impulsion de quelques abbés. Sous l’abbé Jacques Hache (1716-1734), un nouveau palais abbatial est édifié au sud-est de l’ancien couvent. L’ancienne infirmerie est transformée en noviciat et dotée d’une bibliothèque à l’étage. Une nouvelle façade, due à l’architecte Laurent-Benoît Dewez, est appliquée à l’avant-corps de l’église vers 1763-1768. Les bâtiments en brique, couverts de stucs, suivent le goût du jour et les différentes cours et jardins en terrasses accentuent le côté somptueux de l’ensemble. En 1796, la révolution française porte le coup d’arrêt à l’essor de l’abbaye*. La communauté est expulsée et l’abbaye* est vendue à un marchand de matériaux. Les bâtiments sont alors progressivement démantelés et tombent en ruines. 3. Le Brabant wallon


L’abbaye* de Villers

Durant le XIXe siècle, les ruines attirent les artistes romantiques dont Victor Hugo. Cependant, la dégradation du site se poursuit : une grande partie de l’église s’effondre et en 1854, une voie de chemin de fer traverse la vallée et mutile le site de Villers. En 1893, l’État acquiert les ruines et en confie la restauration à l’architecte Charles Licot. Une restauration partielle des bâtiments et diverses mesures de consolidation sauvent alors l’abbaye* de Villers d’une ruine totale. Il faut cependant attendre 1984 pour voir un chantier d’envergure. La Régie des bâtiments de l’État y effectue des travaux de consolidation. Parallèlement, des fouilles ponctuelles sont menées en divers endroits du domaine (infirmerie, cloître*, église, ferme) et se poursuivent toujours actuellement. En tant que témoin le plus complet d’un ensemble monastique cistercien conservé en Belgique, les ruines de Villers sont classées* depuis 1972 et reconnues comme Patrimoine exceptionnel* de Wallonie. Elles sont la propriété de l’Etat fédéral tandis que la ferme abbatiale et le moulin appartiennent à la Région wallonne. Ensemble unique où ruines historiques et cadre naturel sont intimement liés, vous ne manquerez pas de vous laisser prendre par la magie des lieux. Ruines de l’Abbaye de Villers Rue de l’Abbaye, 55 à 1495 Villers-la-Ville Tél. : +32 (0)71/880 980 Fax : +32 (0)71/878 440 E-mail : accueil@villers.be Site web : www.villers.be Du 1/11 au 30/3, tous les jours, sauf le mardi, de 10 à 17 h ; du 1/4 au 31/10, tous les jours de 10 à 18 h ; fermeture les 24, 25, 31/12 et 1/1 ; ouverture les mardis hors saison sur demande pour les groupes. – Visites guidées sur réservation, possibilité de visites thématiques ou de formules « journéesdécouvertes ». De 1,50 à 4,50 € p.p. Autoroute E411, sortie 9, prendre la N25 dir. Nivelles, sortie Villers-la-Ville ou autoroute E19, sortie 19, ring de Nivelles R24, N25, sortie Villers-la-Ville.

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Itinéraire du patrimoine archéologique

Le château de Walhain

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À la frontière méridionale du Brabant Wallon, les ruines du château de Walhain s’élèvent sur un terrain marécageux. Le donjon*, construit au tournant des XIIe et XIIIe siècle, appartient à une série de constructions régionales plus ou moins contemporaines, telle que la tour d’Alvaux toute proche.

Château de Walhain. Photo © MSW.

La construction du château est entreprise sous les auspices d’Henri Ier, duc de Brabant, pour faire face aux prétentions territoriales du comte de Namur. Il y installe la famille de Walhain. De plan circulaire, le donjon* primitif présente encore trois étages. On y accédait par le second étage au moyen d’une échelle escamotable. Un escalier intramural conduit à la salle voûtée du rez-de-chaussée. Entre 1224 et 1228, le chevalier Arnould III de la seigneurie de Walhain est anobli. Des travaux importants sont alors entrepris. Le donjon* devient la tour maîtresse d’un dispositif de défense de plan polygonal irrégulier. Deux courtines* sont construites au sud-ouest et à l’est. Elles se terminent par deux tours d’angle de plan circulaire. Un châtelet d’entrée constitué de deux tours ferme la haute-cour* au sud-ouest. L’accès se fait alors via un pont-levis en bois. 3. Le Brabant wallon


Le château de Walhain

Parallèlement à ces travaux, une importante levée de terre est constituée au sud-ouest du château, afin de délimiter le périmètre de la basse-cour* sur une surface de plus d’1 ha. Plusieurs bâtiments à usage agricole construits en matériaux périssables y ont été découverts. Ces aménagements se terminent entre le dernier quart du XIIIe siècle et le début du XIVe siècle. Ensuite, le château passe de mains en mains avant d’être acheté par la famille de Glimes en 1435. Il devient alors le siège d’une puissante seigneurie. En 1532, Charles Quint érige Walhain en chef lieu d’un comté* dont dépendent les terres de Glimes, Hévillers, Opprebais et Wavre. Le château subit alors de nombreux remaniements, notamment la reconstruction du logis. En 1618, la ferme de la basse-cour* est transférée vers l’actuelle ferme voisine du même nom. Entre 1792 et 1804, une tempête rend le château inhabitable et signe le début de son démantèlement. Depuis 1998, le château et sa basse-cour* font l’objet de recherches archéologiques conduites par le Centre de Recherches d’Archéologie

Donjon* de Walhain. Photo G. Focant, DPat © MRW.

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Nationale de l’Université Catholique de Louvain en partenariat avec l’Eastern Illinois University. Outre les fouilles proprement dites et l’examen architectural des vestiges, des analyses spécifiques, telles que la palynologie*, précisent les activités agricoles des lieux. Des visites guidées sont assurées en certaines occasions par l’asbl « Les amis du château de Walhain » tandis que le site reste en accès libre. Autant les vestiges de ce château classé* depuis 1955 que les recherches qui y sont menées méritent une mise en valeur plus importante.

Château de Walhain Rue du Vieux Château à 1457 Walhain-Saint-Paul L’asbl « Les amis du château de Walhain » Tél. : +32 (0)10/656 623 Le site est en accès libre. Des visites sont organisées en certaines occasions, notamment durant les Journées du Patrimoine. – Visites guidées sur réservation.

3. Le Brabant wallon


Itinéraire du patrimoine archéologique

Le tumulus* gallo-romain dit « Tombe d’Hottomont »

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À la limite orientale du Brabant wallon, dans la commune de Ramillies, se dresse un des plus grand tumulus* de nos régions. Situé en bordure de l’antique chaussée Bavay-Cologne, ce monument gallo-romain ne devait pas manquer d’attirer l’attention du voyageur qui pouvait se recueillir et honorer la mémoire du défunt. Cet imposant tertre abrite, en effet, la tombe à incinération d’un riche personnage de la région, sans doute un propriétaire terrien ou un vétéran. Le nom du hameau vient de l’idée selon laquelle le tertre aurait servi de tombeau à un général romain du nom de Othon. .

Tumulus* dit « Tombe d’Hottomont » en bordure de la chaussée romaine. Photo G. Focant, DPat © MRW. D’un diamètre de plus de 50 m pour une hauteur de plus de 10 m, le tumulus* d’Hottomont était renforcé à la base par un mur-tambour destiné, notamment, à contenir les terres. Disparu aujourd’hui, cet élément est matérialisé par une haie circulaire. Les fouilles menées en 1921 n’ont mis au jour que quelques objets et ossements, le tertre ayant été pillé à une période plus ancienne. Généralement, ces tertres funéraires sont surmontés d’un arbre (comme le tumulus* de Glimes tout proche), d’un mât ou d’une pomme de pin sculptée et sont entourés de tombes plates. 52 . 53


Tumulus* dit « Tombe d’Hottomont ». Photo G. Focant, DPat © MRW.

On compte quelques 300 monuments de ce type, essentiellement concentrés en Hesbaye (voir la route 4), région largement romanisée qui a vu le développement de villas* et vicus*. Souvent implantés le long de voies de communications, ces tumulus* sont érigés entre la fin du Ier siècle et le début du IIIe siècle de notre ère. Dans certain cas, ils sont intégrés à des nécropoles* au milieu d’autres sépultures. Si certains, comme la « Tombe d’Hottomont », sont encore bien perceptibles dans le paysage, d’autres ont été complètement nivelés. En tant que vestige monumental de la période gallo-romaine et témoin des coutumes funéraires, il importe de le préserver ainsi que le site qui l’entoure. Classé* depuis 1971, le tumulus* dit « Tombe d’Hottomont » est inscrit sur la liste du Patrimoine exceptionnel* de Wallonie et intégré dans un projet européen de valorisation de la chaussée Bavay-Tongres.

Tumulus* de Glimes. Photo © MSW.

3. Le Brabant wallon


Le tumulus* gallo-romain dit « Tombe d’Hottomont » Tumulus d’Hottomont Chaussée Brunehaut (à partir de la chaussée de Namur) à 1367 Ramillies/Grand-Rosière Maison du Tourisme de la Hesbaye brabançonne Grand’Place, 1 à 1370 Jodoigne Tél. : +32 (0)10/229 115 Fax : +32 (0)10/815 967 E-mail : hesbaye.brab@skynet.be Site web : www.mthb.be Site en accès libre.

À VOIR AUSSI DANS LES ENVIRONS DE RAMILLIES ... 19

Le tumulus* de Glimes, à quelques kilomètres d’Hottomont, est un autre exemple de tertre funéraire. Il a récemment fait l’objet d’un programme d’entretien et de mise en valeur. Site : rue de la Tombe romaine à 1315 Incourt/ Glimes. Infos : Maison du Tourisme de la Hesbaye brabançonne ; tél. : +32 (0)10/229 115. Ouvert : site en accès libre.

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La villa* gallo-romaine de Basse-Wavre, proche de l’actuelle ferme de l’Hosté au nord de Wavre, a fait l’objet de fouilles au début du XXe siècle. Le bâtiment principal présente une galerie en façade et s’étend sur une longueur totale de 130 m. Il compte une cinquantaine de pièces dont la fonction n’a pas toujours pu être identifiée. Dix de ces pièces sont équipées d’un chauffage par hypocauste*. Cette villa* s’apparente ainsi à quelques-unes des nombreuses villas* romaines fouillées dans nos régions. Les objets mis au jour témoignent également de l’ampleur et du luxe de la villa*. Ils sont conservés pour la plupart, aux Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles mais le Musée archéologique de Wavre en présente également quelques-uns ainsi que la maquette de la villa*. Les vestiges sont restés à ciel

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ouverts pendant une dizaine d’années avant d’être recouverts en 1914. Aujourd’hui, l’ampleur de ce domaine agricole galloromain n’est plus perçue qu’à travers la préservation du paysage. Dans l’attente de nouveaux travaux de recherches, le site archéologique de la villa* gallo-romaine a été classé* en 1961 et est aujourd’hui reconnu comme Patrimoine exceptionnel*. Site : villa* de Basse-Wavre, chemin de l’Hosté à 1300 Wavre. Ouvert : le site est en accès libre. Site : Musée archéologique de Wavre, rue de l’Ermitage, 23 à 1300 Wavre. Info : tél.: +32 (0)10/244 377. Ouvert : les lundis, mercredis et samedis sauf jours fériés de 14 à 17h et sur réservation. 22

Le Musée archéologique régional d’Orp-le-Grand présente du matériel archéologique du Paléolithique à l’Époque mérovingienne trouvé dans la région. Site : place communale, 2 à 1350 Orp-Jauche/Orp-le-Grand. Infos : tél.: +32 (0)19/633 779. Ouvert : du lundi au vendredi de 13 à 17h et sur réservation pour les groupes - visite guidée sur réservation.

Maquette de la villa* gallo-romaine de Basse-Wavre. Photo G. Focant, DPat © MRW.

3. Le Brabant wallon


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Archéoforum de Liège. Photo G. Focant, DPat © MRW.


Itinéraire du patrimoine archéologique

4. Meuse liégeoise

L’Archéoforum (Liège)

Le Préhistosite de Ramioul (Flémalle/Ivoz-Ramet)

Le sous-sol archéologique de la collégiale* Saint-Georges et Sainte-Ode et le sarcophage de sancta Chrodoara (Amay)

Le site archéologique des cinq tumulus* au lieu-dit « Les cinq tombes » (Geer/Omal)

4. Meuse liégeoise


Itinéraire du patrimoine archéologique

L’ Archéoforum

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En novembre 2003, l’Archéoforum ouvre ses portes et présente au public un parcours guidé au cœur même des vestiges archéologiques mis au jour depuis près d’un siècle place Saint-Lambert, véritable centre historique de Liège. Les premières recherches en 1907 révèlent une occupation quasi ininterrompue du site depuis la Préhistoire. À partir des années 1970, les différents projets d’aménagements immobiliers de la place relancent les campagnes archéologiques et font progresser la connaissance du lieu. Les premières traces d’occupation remontent à 9000 ans lorsqu’une population nomade s’installe sur le site. Mais c’est à partir du Néolithique qu’une présence humaine est attestée de manière continue.

Vestiges de l’hypocauste*. Photo G. Focant, DPat © MRW.

À la fin du Ier siècle ou au début du IIe siècle de notre ère, un vaste ensemble architectural de type romain s’implante sur le site. Les recherches actuelles devraient permettre une meilleure compréhension du plan et de la fonction de ce vaste bâtiment doté d’une zone de bains et d’un chauffage par hypocauste*. L’édifice est probablement détruit lors des invasions des Francs, Alamans et autres tribus germaniques dans le troisième quart du IIIe siècle. Ensuite, à partir du IVe siècle, le bâtiment semble être réoccupé. Vers la fin du VIIe siècle, un édifice plus important est bâti à proximité immédiate des vestiges romains, sans doute la demeure où Lambert, l’évêque de Tongres-Maastricht, est assassiné vers 700. Son successeur, l’évêque Hubert, fait ériger un martyrium* sur les lieux du meurtre et y place les reliques* de Lambert. Cet édifice, dont les traces actuelles sont minimes, s’étend sur une cinquantaine de mètres. Pourvu d’une abside* à l’ouest, il est probablement divisé en trois nefs*. Rapidement, le culte voué à l’évêque défunt se développe et les pèlerins affluent à Liège, favorisant l’expansion de la cité. 58 . 59


Vers 800, la localité, devient le siège des évêques de Tongres-Maastricht. Pour accueillir l’afflux croissant des pèlerins, le martyrium* est agrandi et devient « cathédrale ». Le chœur* occidental de cette église carolingienne (IXe siècle) est aménagé à l’emplacement de l’abside* du martyrium*, dont le caractère sacré, lié à l’assassinat de Lambert, explique la permanence du lieu dans les églises successives. Il semble que cette première cathédrale soit également dotée d’un chœur* à l’est, correspondant à l’actuel îlot dit « Tivoli ».

Martyrium*. Photo G. Focant, DPat © MRW.

En 980, l’évêque Notger (972-1008), premier « prince-évêque » de Liège, fait bâtir de nouvelles collégiales*, un nouveau palais épiscopal et une nouvelle cathédrale qui est dédicacée en 1015. Ce nouvel édifice, dans la tradition ottonienne, érigé sur les lieux de la précédente cathédrale carolingienne, comporte deux tours, ainsi que deux transepts* encadrant la nef*. À l’ouest, le chœur* surmonte une crypte* où étaient exposées les reliques* de saint Lambert. Les fondations de cette cathédrale sont en grande partie mises en valeur dans l’Archéoforum. Durant le XIIe siècle, l’église est remaniée en style roman, comme en attestent de superbes chapiteaux récupérés ultérieurement comme structure de fondation et présentés dans leur contexte de découverte. En avril 1185, un incendie dévaste le centre de Liège. Les tours et la toiture sont complètement détruites, ainsi que le cloître et les bâtiments annexes. Très rapidement, l’édifice est reconstruit en style gothique et déjà consacré en 1189 par l’archevêque de Cologne. Les travaux se poursuivent jusqu’au XIV e siècle. La cathédrale reprend les fondations des nefs* et des collatéraux*, ainsi que des deux transepts* de l’édifice notgérien. Des portails sont ajoutés aux bras des transepts* et sont surmontés de rosaces ; le chœur* oriental est allongé. De part et d’autre du chœur* occidental, deux tours, dites « de sable », en raison de la nature de la pierre qui les compose, sont construites. Une troisième tour est élevée entre la fin du 4. Meuse liégeoise


L’ Archéoforum

XIVe et le début XVe siècle. La cathédrale Saint-Lambert s’étend alors sur une centaine de mètres, prolongée à l’ouest par les cloîtres. À l’est, le parvis s’ouvre sur le marché correspondant à l’actuelle place du Marché. La cathédrale dans son état gothique vous est présentée au moyen d’une reconstitution en images de synthèse réalisée sur base des nombreuses représentations de l’édifice et du matériel archéologique mis au jour.

Chapiteau roman. Photo G. Focant, DPat © MRW.

Durant le XVIe siècle, la ville poursuit son essor notamment sous le règne du prince-évêque Érard de la Marck qui offre à la cathédrale un buste reliquaire de saint Lambert, actuellement conservé au Trésor de la cathédrale Saint-Paul. La cathédrale subit différents travaux de réparation, notamment en raison de problèmes de stabilité. Ses murs sont flanqués de constructions diverses. Les archéologues ont mis au jour les caves d’une maison d’habitation dans lesquelles ont notamment été dégagé un puits et une cheminée renaissance bien visibles dans le parcours. En août 1789, les Liégeois se soulèvent contre le régime des princesévêques. En 1793, ils décident de démolir la cathédrale, symbole de l’Ancien Régime. D’abord dépouillé de ses biens mobiliers, l’édifice est progressivement démoli et les divers matériaux récupérés selon les besoins. En 1827, après l’enlèvement des derniers vestiges de la cathédrale, la place est nivelée et prend le nom de place Saint-Lambert. En 1907, des premières fouilles archéologiques, dirigées par Paul Lohest, y sont menées suite à la pose d’une conduite de gaz. Dans les années 1960, les grands développements immobiliers de la ville relancent les travaux. Entre 1970 et 1980, les démolitions se succèdent et font de la place Saint-Lambert un véritable chantier. Pourtant, une solution 60 . 61


urbanistique alliant aménagement urbain (parking et circulation des bus) et conservation des vestiges finit par émerger début des années 1990. La mise en valeur des vestiges archéologiques aboutit à la création de l’Archéoforum. La visite démarre devant une maquette de la ville de Liège au XVIIIe siècle. Vous descendez ensuite sous terre, à la rencontre de 9000 ans d’histoire témoins de la naissance et du développement de la ville.

Archéoforum Place Saint-Lambert à 4000 Liège Parking place Saint-Lambert Tél. : +32 (0)4/250 93 70 Fax : +32 (0)4/250 93 79 E-mail : archeo@archeoforumdeliege.be Site web : www.archeoforumdeliege.be Toute l’année, de 10h à 18h (le dimanche à partir de 11h) Fermé le lundi, le 25 décembre et le 1er janvier. Départ des visites toutes les heures en compagnie d’un guide (le dimanche, départ aux heures impaires). De 3 à 5,5 € - tarif familial

À VOIR AUSSI DANS LES ENVIRONS DE LIÈGE… 24

Le Musée communal herstalien d’archéologie et de folklore aborde différentes périodes depuis la Préhistoire jusqu’à l’époque carolingienne. Site : place Licour, 25 à 4040 Herstal. Infos : tél. : +32 (0)4/240 65 16. Ouvert : les mercredis et samedis de 14 à 16h, les dimanches de 10 à 12h et sur rendez-vous.

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Le Musée régional d’archéologie et d’histoire de Visé est un musée généraliste abordant l’histoire régionale des origines à nos jours. Une salle est consacrée à l’archéologie*. Site : rue du Collège, 31 à 4600 Visé. Infos : tél. : +32 (0)4/374 85 63. Ouvert : les mercredis et samedis de 15 à 17h et sur rendezvous. 4. Meuse liégeoise


Itinéraire du patrimoine archéologique

Le Préhistosite de Ramioul

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Émanation des « Chercheurs de la Wallonie », société fondée au début du XXe siècle, le Préhistosite de Ramioul est un lieu de valorisation du patrimoine où présent et passé se côtoient. À quelques kilomètres de Liège, à proximité de la grotte de Ramioul et du massif rocheux qui abrite les grottes de Rosée et Lyell inscrites sur la liste du Patrimoine exceptionnel*, le Préhistosite se veut le musée de la Préhistoire en Wallonie mais aussi un village d’expériences et de découvertes actives du patrimoine archéologique et naturel.

Préhistosite de Ramioul. Photo G. Focant, DPat © MRW.

Les collections, issues des recherches menées par la société, sont présentées au public dès 1957. Récemment rénové, le Préhistosite vous propose un voyage de 500 000 ans dans la Préhistoire sous forme d’un parcours-découverte, illustré de silex taillés, d’ossements, d’objets d’art et de céramiques provenant des divers sites archéologiques wallons fouillés par « Les Chercheurs de la Wallonie ». Ce parcours est interactif, ponctué de multimédia. Vous pouvez ainsi revivre l’époque glaciaire avant de faire vos courses sur le « marché préhistorique ». 62 . 63


« Marché préhistorique ». Photo © Préhistosite de Ramioul.

Dans l’ experimentarium , espace de démonstration de toutes les technologies préhistoriques, un archéologue-animateur vous propose une approche tactile des métiers et artisanats de la Préhistoire. À l’extérieur, quelques habitations préhistoriques sont également reconstituées. Dans le village des expériences, constitué de cinq structures résolument

Expérimentarium. Photo G. Focant, DPat © MRW.

4. Meuse liégeoise


Le Préhistosite de Ramioul

contemporaines, des ateliers vous invitent à être acteur en taillant le silex, en tirant au propulseur*, en allumant un feu ou en réalisant vous-même de la poterie. Reproduire les gestes de l’homme de la Préhistoire, c’est comprendre les difficultés et l’intelligence de ces artisans et, finalement, découvrir les points communs que nous partageons encore aujourd’hui. La visite peut se poursuivre à la grotte de Ramioul, site classé* depuis 1987. Découverte en 1907, elle offre un magnifique parcours souterrain qui renferme de beaux exemples de cristallisations. Les grottes de Rosée et Lyell ont été « adoptées » par « Les Chercheurs de la Wallonie » qui en assurent la protection. Pour des raisons de préservation, elles ne sont pas accessibles au public. Vous pouvez cependant en découvrir les richesses, aussi bien scientifiques qu’esthétiques, à travers le film « La grotte de Rosée » projeté au Préhistosite. Au cours de votre visite, vous vivrez donc la Préhistoire dans tous les sens. Le musée s’est développé autour du concept : « J’entends, j’oublie ; je vois, je comprends ; je fais, je me souviens ». C’est un véritable dialogue avec l’homme de la Préhistoire, un dialogue passé-présent qui vous invite à « Réveiller le primitif qui est en vous ».

Reconstitution d’un habitat préhistorique. Photo G. Focant, DPat © MRW.

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Préhistosite de Ramioul Rue de la grotte, 128 à 4400 Flémalle/Ivoz-Ramet Tél. : +32 (0)4/275 49 75 Fax : +32 (0)4/275 71 23 E-mail : info@ramioul.be Site web : www.ramioul.org En semaine de 9 à 17h, les WE et jours fériés de 13h30 à 18 h ; du 1/11 au 30/3, fermé les WE et jours fériés. – Visites guidées et animations sur réservation. De 3,80 à 4,80 € p.p. N90 Liège-Namur ; à Ivoz-Ramet prendre la N644 et ensuite la rue de la Grotte.

4. Meuse liégeoise


Itinéraire du patrimoine archéologique

Le sous-sol archéologique de la collégiale* Saint-Georges et Sainte-Ode et le sarcophage de sancta Chrodoara 27 Le 22 janvier 1977, les archéologues mettent au jour, dans le chœur* de la collégiale* d’Amay, le sarcophage de sancta Chrodoara. Cette découverte exceptionnelle attire une attention toute particulière sur ce site qui fait l’objet de fouilles archéologiques depuis 1964 par le Cercle archéologique Hesbaye-Condroz. Ces travaux, qui se sont poursuivis jusqu’en 1995, ont mis en évidence une occupation des lieux depuis la Protohistoire jusqu’à nos jours.

Collégiale* Saint-Georges et Sainte-Ode. Photo G. Focant, DPat © MRW.

Une première implantation romaine, au Ier siècle, fait suite à un premier habitat de l’Âge du Fer. Durant la seconde moitié du IIe siècle, une villa* gallo-romaine est construite sur le site. Elle était pourvue de thermes* et d’un chauffage par hypocauste*, en partie visibles dans la sacristie. À la fin VIe ou au début du VIIe siècle, un sanctuaire dédié à saint Georges est édifié sur les ruines de cette villa* et avec les matériaux de celle-ci. Il présente un plan basilical hérité de la tradition romaine. Sa fondation est attribuée à Chrodoara, veuve de Boggis, duc d’Acquitaine. La légende raconte qu’ayant consacré sa vie à la prière et aux plus démunis, elle quitta l’Austrasie. Arrivée à Ombret, elle jeta son bâton au-delà de la Meuse, se promettant de construire un sanctuaire là où il retomberait. Vers la fin du VIIIe et le début IXe siècle, le sanctuaire est agrandi pour répondre au développement du culte de sainte Ode alias Chrodoara. L’autel est déplacé vers l’est et un transept* est ajouté à la nef* qui se voit flanquée de deux collatéraux* pour présenter un plan en croix latine. L’élévation 66 . 67


des reliques* de sancta Chrodoara a lieu vers 730. C’est sans doute à cette occasion que le sarcophage est réalisé. Il se compose d’une cuve, quasiment vide lors de sa découverte, et d’un exceptionnel couvercle sculpté portant une double inscription mentionnant le nom de la défunte (sancta Chrodoara) ainsi qu’une épitaphe soulignant les qualités de celle-ci. Chrodoara, issue d’une riche famille mérovingienne, est identifiée à sainte Ode honorée à Amay. Ce sarcophage constitue un témoignage unique pour l’art funéraire mérovingien*. C’est vers la fin du XIe ou le début XIIe siècle que l’actuelle église romane est construite. À la fin du XIIe siècle, le contenu du sarcophage est transféré dans une première châsse d’orfèvrerie. Le culte à sainte Ode connaissant toujours un essor croissant, une nouvelle châsse est réalisée au XIIIe siècle. C’est sans doute à ce moment que le sarcophage est enterré sous le maîtreautel de l’église, lieu de sa découverte.

Sarcophage de sancta-Chrodoara. Photo G. Focant, DPat © MRW.

Occupé de manière quasiment discontinue depuis la Protohistoire, le soussol de la collégiale* d’Amay est d’une grande complexité. Classée* depuis 1933, l’église Saint-Georges et Sainte-Ode d’Amay est inscrite sur la liste du Patrimoine exceptionnel* de Wallonie. Par ailleurs, le cloître* est aménagé en musée consacré à l’archéologie* et à l’art religieux. 4. Meuse liégeoise


Collégiale Saint-Georges et Sainte-Ode d’Amay Place Sainte-Ode à 4540 Amay Maison du Tourisme Hesbaye et Meuse Rue de la Paix-Dieu, 1b à 4540 Amay Tél. : +32 (0)85/212 171 Fax : +32 (0)85/212 176 E-mail : hesbayemeuse@skynet.be Site web : www.tourisme-hesbaye-meuse.be La collégiale* est ouverte du mardi au samedi de 9 à 12h, les samedis, dimanches et jours fériés de 14 à 17h30. Possibilité de visites guidées à partir de 16h les 1 ers et 3e dimanches du mois. Le Musée d’archéologie et d’art religieux est accessible sur réservation.

À VOIR AUSSI DANS LES ENVIRONS D’AMAY… 28

Le Musée d’archéologie* hesbignonne expose le matériel archéologique mis au jour dans la région. Les collections s’échelonnent de la Préhistoire jusqu’au Moyen Âge. Site : rue Albert Ier à 4470 Saint-Georges sur Meuse. Infos : tél. : +32 (0)4/259 56 41 ou +32 (0)485/109 450. Ouvert : uniquement sur rendez-vous.

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Le Musée communal de Huy a réaménagé sa section consacrée à l’archéologie* pour y présenter les résultats des fouilles effectuées à Huy ces dernières années. Site : cloître des Frères Mineurs, rue Vankeerberghen, 20 à 4500 Huy. Infos : tél. : +32 (0)85/232 435. Ouvert : du lundi au vendredi de 14 à 16h ; du 1/5 au 30/9 également les WE de 14 à 18h.

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Au confluent de la Mehaigne et du Fosseroule, s’élèvent les ruines du château de Moha. Cette forteresse dont la première mention date de 1031, contrôlait un lieu de passage entre la vallée de la Meuse et le plateau hesbignon. Au XIIIe siècle, elle devient une des douze résidences épiscopales des princes-évêques de Liège, au même titre que Franchimont ou Logne (voir route 5). Site : rue du Madot, 98 à 4520 Moha. Infos : tél. +32 (0)85/251 613. Ouvert : site en accès libre, visite guidée sur réservation pour les groupes de min.10 personnes.

Château de Moha. Photo G. Focant, DPat © MRW.

4. Meuse liégeoise


Itinéraire du patrimoine archéologique

Le site archéologique des cinq tumulus* au lieu-dit « Les cinq tombes » à Omal

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Le long de la chaussée romaine Bavay-Cologne, entre Braives et Waremme, à la sortie du village d’Omal, se dressent cinq tumulus*. Nombreux en Hesbaye, ceux-ci présentent la particularité d’être regroupés. Quatre d’entre eux sont alignés du côté nord de l’antique chaussée tandis que le cinquième, côté sud, se découpe bien dans le paysage. La tradition populaire rapporte une légende guerrière qui serait à l’origine du nom d’Omal : « Omali mal, quo tot periere Romani ! » « O mâle localité d’Omal, où tant de Romains sont venus périr ! ». Les quatre tumulus* nord seraient les tombeaux de quatre fils d’un général romain, lui-même enterré sous le cinquième tumulus*. .

Alignement de 4 tumulus* au lieu dit « Les cinq tombes » en bordure de la chaussée romaine. Photo G. Focant, DPat © MRW. En réalité, il ne s’agit pas de sépultures guerrières mais de sépultures de hauts dignitaires romains. Ces grands tertres affichent le pouvoir social et économique de grandes familles enrichies par l’exploitation de vastes domaines agricoles. Mesurant entre 4 et 5 m 20 de hauteur, les tumulus* ont fait l’objet de fouilles archéologiques dès le XIXe siècle. Les sépultures ont été retrouvées pour trois des cinq tertres. Il s’agit de fosses quadrangulaires creusées dans le sol qui renferment les restes calcinés du bûcher funéraire et des objets personnels. Les objets découverts, dont un glaive à poignée et fourreau en ivoire et un chandelier en bronze, sont conservés aux Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles et au Grand Curtius à Liège. Une forte empreinte romaine marque l’environnement des tumulus*. Ils se dressent à proximité du vicus* de Braives et de deux villas* galloromaines. Ils étaient conçus pour être vus de loin depuis la chaussée, voie de communication très fréquentée. Par conséquent, cet environnement est à préserver au même titre que les tertres mêmes. 70 . 71


Tumulus* isolé au lieu dit « Les cinq tombes ». Photo G. Focant, DPat © MRW.

4. Meuse liégeoise


Le site archéologique des cinq tumulus* au lieu-dit « Les cinq tombes » à Omal Les quatre tumulus* alignés ont été achetés par l’Etat en 1847 tandis que le cinquième appartient à la commune de Geer. L’ensemble a été classé* comme site archéologique en 1984 avant d’être inscrit sur la liste du Patrimoine exceptionnel* de Wallonie. Pour répondre aux impératifs de sauvegarde et préserver le paysage de ces vestiges gallo-romains et afin de sensibiliser le public à leur valeur historique, la Région wallonne et la Commission royale des Monuments, Sites et Fouilles ont élaboré un programme de valorisation qui prévoit la restauration et l’entretien des tertres ainsi que leur intégration dans des circuits thématiques. Nos régions comptent peu de monuments visibles de l’époque gallo-romaine. Ceux-ci méritent donc respect et protection.

Matériel archéologique provenant des tumulus*. Photo G. Focant, DPat © MRW.

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Le site archéologique des cinq tumulus* Lieu-dit « Les cinq tombes » à 4250 Geer/Omal Maison du Tourisme Hesbaye et Meuse Rue de la Paix-Dieu, 1b à 4540 Amay. Tél. : +32 (0)85/212 171 Fax : +32 (0)85/212 176 E-mail : hesbayemeuse@skynet.be Site web : www.tourisme-hesbaye-meuse.be Le site en accès libre.

À SAVOIR… 32 33 34

Si vous empruntez la chaussée romaine dans les environs d’Omal, vous croiserez nombre de ces tumulus*. La plupart portent des toponymes évocateurs tels que « La tombe de l’Empereur » à Villers-le-Peuplier, « Les tombes du Soleil » à Ambresin ou « La tombe d’Avennes » à Braives. En Hesbaye, une soixantaine de ces tertres sont toujours visibles dans le paysage. Ils présentent de nombreux points communs avec les tombes de l’aristocratie celtique rencontrées, notamment, en Ardenne belge (voir route 6) et constituent un indice particulièrement intéressant de hiérarchisation sociale.

4. Meuse liégeoise


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Puits du château de Logne. Photo © Château de Logne.


Itinéraire du patrimoine archéologique

5. L’Ardenne bleue

Le château de Franchimont (Theux)

Le site archéologique de l’ancienne abbatiale* de Stavelot (Stavelot)

Le château fort de Logne (Ferrières/Vieuxville)

5. L’Ardenne bleue


Itinéraire du patrimoine archéologique

Le château de Franchimont

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Au sud de Theux, au confluent de la Hoëgne, du Wayai et du Pré-l’Evêque, se dressent les ruines du château de Franchimont. À 270 m d’altitude, ce site de hauteur a la forme d’un éperon barré. Construit à la fin du XIe siècle pour défendre la frontière orientale de la principauté de Liège, Franchimont est une des douze résidences et places-fortes du prince-évêque.

Château de Franchimont. Photo G. Focant, DPat © MRW.

Sa construction est ordonnée par l’évêque Henri de Verdun (1075-1091) ou Otbert (1091-1119). Les éléments les plus anciens sont situés au cœur de la fortification. Les constructions en grès local délimitent un châteaucour, flanqué d’un donjon* rectangulaire. Incendié en 1387, sa reconstruction est immédiatement entreprise par le prince-évêque Arnould de Hornes. Le donjon* est alors renforcé et les parties anguleuses des murs sont supprimées pour mieux résister aux tirs de boulets. 76 . 77


En 1477, le château est mis en gage aux de la Marck en échange d’un prêt de 4000 florins. Pour tenter de récupérer le bien épiscopal, l’évêque Jean de Hornes assiège Franchimont du 14 juillet au 8-9 août 1487. Forcé de se retirer, il laisse un château très affaibli, devenu vulnérable face aux progrès de l’artillerie de la fin du Moyen Âge. En 1505, sous Érard de la Marck, la principauté connaît une période de renaissance et les fortifications de Franchimont sont relevées. La surface de la place forte est doublée, ceinturée par une nouvelle enceinte qui dessine un pentagone irrégulier tandis que le vieux château est réaménagé. À certains endroits, l’emplacement du chemin de ronde est encore visible. L’entrée se fait à l’est, par un pont-levis qui conduit à l’intérieur d’une grosse tour d’artillerie, ou balloir, s’élevant au moins sur trois niveaux. Le rez-de-chaussée communique avec le pont-levis et la basse-cour*. Le niveau inférieur abrite sans doute une chambre de tir qui semble n’avoir jamais été terminée. Les quatre autres angles de la muraille sont flanqués de moineaux*. À l’intérieur de ceux-ci, une casemate* solidement voûtée communique avec la place forte par un escalier intramural. Les murs, de 4,5 m d’épaisseur, sont percés de canonnières* et d’un couloir de sortie vers l’extérieur fermé par deux portes. Ces divers aménagements démontrent une adaptation du château à l’artillerie du début du XVIe siècle. Ceux-ci ont, peut-être, rendu Franchimont suffisamment dissuasif car aucun fait militaire important n’est rapporté à cette époque.

Vestiges du donjon*dans la haute-cour* du château. Photo G. Focant, DPat © MRW.

5. L’Ardenne bleue


Le château de Franchimont

Durant la seconde moitié du XVIe siècle, l’évolution rapide de l’armement rend la place forte démodée. Elle conserve toutefois, son rôle de résidence épiscopale, de refuge ou de prison jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. En 1676, le château est démantelé par les troupes de Louis XIV qui détruisent les défenses de l’entrée. Douze ans plus tard, le château est en partie restauré mais les modifications témoignent plus d’une occupation résidentielle que militaire. Franchimont est, dans un premier temps, épargné par la Révolution française. Cependant, en mars 1793, le château est pillé avant d’être définitivement abandonné et utilisé comme carrière durant la première moitié du XIXe siècle. Témoin exceptionnel de l’adaptation d’une place forte à l’artillerie du début du XVIe siècle, période intermédiaire entre la fin du Moyen Âge et le début des Temps modernes, Franchimont est un exemple remarquable d’architecture militaire qui justifie son inscription sur la liste du Patrimoine exceptionnel* en 2002. Des recherches et travaux sont menés par l’asbl « Les compagnons de Franchimont » avec l’aide de la commune de Theux qui en est propriétaire, l’Université de Liège et la Division du Patrimoine du Ministère de la Région wallonne. Dans le cadre d’un projet européen, les vestiges de la tour d’entrée ont été restaurés et aménagés en centre d’accueil pour le visiteur. En outre, Franchimont s’anime régulièrement de diverses activités proposées par l’asbl, notamment des foires médiévales durant l’été.

Le château de Franchimont Allée du château à 4910 Theux Tél. : +32 (0)87/530 489 E-mail : info@chateau-franchimont.be Site-web : www.chateau-franchimont.be Du 1/5 au 30/9 : tous les jours de 10 à 18h ; du 1/4 au 30/4 et du 1/10 au 30/10 : les WE et jours fériés de 11 à 17h et sur réservation ; le reste de l’année, sur réservation uniquement. De 1,50 à 3 € p.p. E25 Liège-Luxembourg sortie 45 Theux E42 Verviers-Prüm sortie 7 Theux

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Itinéraire du patrimoine archéologique

Le site archéologique de l’ancienne abbatiale* de Stavelot

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Dans la vallée de l’Amblève, l’abbaye* de Stavelot, une des fondations monastiques les plus anciennes de Belgique, a connu un rayonnement spirituel, culturel et artistique important. Sa fondation remonte à 650 lorsque Remacle, moine aquitain envoyé par le roi Sigebert III, arrive dans la région et fonde deux communautés religieuses à Malmedy et à Stavelot. Ces deux communautés bénédictines vivront en parallèle sous l’égide d’un même abbé jusqu’à la Révolution française.

Abbaye* de Stavelot. Photo G. Focant, DPat © MRW.

Les premières fouilles archéologiques sont conduites en 1977 par le « Cercle archéologique stavelotain ». En 1986, l’Université de Liège reprend les travaux, suivie par l’«Association pour la Promotion de l’Archéologie* de Stavelot et de sa Région». Financées par la Région wallonne depuis 1989, les fouilles ont mis au jour une grande partie des vestiges de l’abbatiale* et des anciens bâtiments conventuels qui témoignent de l’évolution du site durant onze siècles. Les vestiges de la première occupation sont limités. Le tombeau de saint Remacle, inhumé, selon les textes, dans l’oratoire primitif de saint Martin, est découvert en 1999. La conservation du tombeau du fondateur n’est pas fortuite, son emplacement toujours connu et préservé jusqu’au XVIIIe siècle, a dicté l’orientation des bâtiments carolingiens* et ottoniens. En 685, les reliques* de Remacle sont transférées dans l’abbatiale* nouvellement construite. De petites dimensions, ce premier édifice en pierre, présente un plan à trois nefs*, barrées par un transept*, et terminé à l’est 5. L’Ardenne bleue


Le site archéologique de l’ancienne abbatiale* de Stavelot par une abside*. Au nord de cette première église, les fouilles ont mis en évidence une série de constructions qui devaient constituer les premiers bâtiments conventuels. En 881, les invasions normandes dévastent l’abbaye*. Les moines fuient, emportant avec eux les reliques* du fondateur canonisé au VIIe siècle. Ils ne reviennent que l’année suivante. Au milieu du Xe siècle, l’abbé Odilon réforme la discipline religieuse et fait construire une nouvelle église de dimensions modestes. Située au nord de la première abbatiale*, elle présente un plan simple à nef* unique. À l’est, le sanctuaire est constitué d’une abside* ornée d’un décor de mosaïques. Un vaste cloître, doté d’un lavabo circulaire, est érigé au sud de l’église.

Nodus émaillé de la crosse de l’Abbé Wibald. Photo G. Focant, DPat © MRW.

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Le culte des reliques* se développant, le sanctuaire d’Odilon se révèle rapidement trop exigu. Commence alors pour Stavelot une période faste. L’abbé Poppon, nommé en 1021, entreprend un programme architectural d’envergure comprenant un nouveau cloître* et un vaste sanctuaire de pèlerinage mêlant les influences ottoniennes et françaises. Consacrée en 1040, la nouvelle abbatiale* s’étend sur une centaine de mètres de long pour une quarantaine de large. Des piliers* cruciformes séparent la nef* centrale des bas-côtés, tandis qu’un chancel* ferme la nef* centrale à l’est, isolant ainsi le chœur des moines, légèrement enterré par rapport au reste de la nef*. Les pèlerins sont canalisés dans les bas-côtés et dirigés dans le déambulatoire*. À l’est, le sanctuaire surélevé abrite l’autel principal à l’arrière duquel étaient exposées les reliques* de saint Remacle. De part et d’autre du déambulatoire*, deux escaliers conduisent à la crypte* extérieure qui prolonge l’abbatiale*. Cette disposition permettait aux pèlerins de passer sous les reliques* du saint. Au XIIIe siècle, le développement de l’abbaye* se poursuit sous l’égide de l’abbé Wibald qui la dote d’un riche trésor. Sa sépulture, découverte en 1994, a livré des fragments de sa crosse abbatiale*. Les pièces majeures du Trésor de l’abbé Wibald sont exposées dans divers musées étrangers. Néanmoins, le nodus émaillé de la crosse est resté à Stavelot, exposé au Musée de la principauté. .

Vestiges de l’ancienne abbatiale*. Photo G. Focant, DPat © MRW.

5. L’Ardenne bleue


Le site archéologique de l’ancienne abbatiale* de Stavelot Au début du XVIe siècle, quand l’abbé Guillaume de Manderscheidt arrive à la tête de l’abbaye*, les bâtiments sont en mauvais état. Il entreprend la reconstruction de l’église en style gothique tout en respectant la disposition originelle de l’église ottonienne. On lui doit également la porte de l’abbaye* donnant accès à la cour, communément appelée « arvo ». Ses successeurs étendent les travaux à l’ensemble de l’église, à l’exception de la crypte*. Au XVIIIe siècle, les bâtiments conventuels subissent encore d’importants travaux. Mais, en 1794, à l’annonce de l’arrivée des révolutionnaires, les moines fuient en Allemagne, emportant avec eux la majeure partie du trésor et des archives. L’abbaye* est supprimée en 1796 et vendue à un particulier. L’église est démontée pierre par pierre tandis qu’une grande partie des bâtiments abbatiaux sont préservés. Classés* depuis 1958, ils ont été restaurés par la Région wallonne qui en est le nouveau propriétaire. Ces bâtiments accueillent aujourd’hui divers musées et un centre d’interprétation de l’histoire de la principauté de Stavelot-Malmédy complémentaire à la restauration in situ des vestiges de l’abbatiale* ottonienne, repris sur la liste du Patrimoine exceptionnel*. L’abbatiale*, qui fut à l’origine même de la cité, marque à nouveau le centre urbain d’une empreinte culturelle et touristique.

Abbaye de Stavelot B.P. 52 à 4970 Stavelot Tél. : +32 (0)80/880 878 Fax : +32 (0)80/880 877 E-mail : etc@abbayedestavelot.be Site web : www.abbayedestavelot.be Du 2/1 au 31/12, du mardi au dimanche de 10 à 18h ; du 1/6 au 30/9, ouvert aussi les lundis. Fermé le 25/12 et le dimanche du Laetare.– Visites guidées sur réservation. De 3 à 6,50 € p.p. E42 sortie 10 ou 11, direction Stavelot

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Itinéraire du patrimoine archéologique

Le château fort de Logne

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Place forte d’État de l’abbaye* de Stavelot, le château fort de Logne s’élève sur un site escarpé, au confluent de l’Ourthe et de la Lembrée. Située à un emplacement stratégique entre l’abbaye* et ses nombreux domaines en Famenne et Condroz, la forteresse revêt une importance administrative et militaire dès le Xe siècle.

Logis seigneurial. Photo © Château de Logne.

Au XIIe siècle, l’abbé Wibald finance la construction d’un donjon* et nomme Nicolas de Logne comme seigneur. Au XIIIe siècle, le château se développe : une muraille ceinture un espace étiré sur la crête rocheuse, un grand corps de logis est construit au sud-ouest, sur le flanc le plus escarpé. En 1427, l’abbaye* cède la forteresse en gage à Éverard II de la Marck pour la somme de 4000 florins. Le château subit alors de nombreux remaniements et se modernise. C’est sans doute à cette époque qu’il est doté d’un puits de 70 m de profondeur pourvu d’une roue d’écureuil. Cette machinerie a été retrouvée en partie dans le comblement du puits. Enfin, au XVIe siècle, pour répondre aux nouveaux développements de l’artillerie, le château subit d’ultimes transformations. Les fossés défensifs sont recreusés, les caves sont remblayées, les murailles épaissies et des canonnières* sont percées. Des terrasses facilitant le déplacement des pièces d’artillerie sont aménagées. Une impressionnante barbacane* et surtout le moineau*, tourelle placée au fond du fossé, constituent des structures défensives remarquables. 5. L’Ardenne bleue


Le château fort de Logne

Cadran solaire. Photo © Château de Logne.

Malgré tous ces aménagements, la forteresse tombe le 1er mai 1521, au terme d’un siège opposant le dernier seigneur de Logne, Guillaume de Jametz, aux troupes de Charles Quint. Tous les hommes de la garnison sont exécutés, le château est démantelé et le puits délibérément comblé pour qu’il ne puisse plus servir. Abandonné durant près de 400 ans, servant de carrière aux habitants des alentours, le château est finalement dégagé des décombres vers la fin du XIXe siècle. Le 22 août 1973, c’est la découverte fortuite du puits. Il faudra 30 ans pour le vider des quelques 450 tonnes de décombres, mettant au jour un matériel archéologique abondant, constitué d’armes, de marmites en cuivre et en laiton, d’écuelles et d’ustensiles en bois et d’un petit cadran solaire. Nécessitant une précaution toute particulière, le traitement et la restauration de ces objets sont menés par le service de restauration de la Direction de l’Archéologie de la Région wallonne. Certains d’entre eux sont présentés au musée installé dans la ferme de la Bouverie toute proche. Ils témoignent de la vie quotidienne des garnisons qui ont occupé cette forteresse parmi les plus intéressantes de la région.

Restitution du château. Dessin © P.Moray.

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La visite du musée vous permettra également de découvrir le riche mobilier archéologique mérovingien provenant de la nécropole* de VieuxvilleFerrières. Fouillées de 1980 à 1985, les nombreuses tombes ont livré un bel ensemble de verrerie, d’armes et de bijoux. Au cœur de la vallée de l’Ourthe, inscrit dans un site paysager remarquable, ce château, dont les vestiges sont classés* depuis 1990, mérite assurément le détour. Château fort de Logne Rue de la Bouverie, 1 à 4190 Ferrières/Vieuxville Tél. : +32 (0)86/212 033 Fax : +32 (0)86/214 559 E-mail : info@palogne.be Site web : www.palogne.be Du 1/4 au 31/10, les WE et jours fériés de 13 à 18h ; du 1/7 au 31/8, tous les jours de 10h30 à 18h ; toute l’année sur rendezvous. – Visites guidées sur réservation. De 1,75 à 6 € p.p. E25, sortie 47 Harzé ou 48 Werbomont, direction FerrièresVieuxville

À VOIR AUSSI DANS L’ARDENNE BLEUE… 38

Raeren a été un des centres les plus importants de nos régions pour la production de grès entre le XIVe et le XIXe siècle. Le Musée de la poterie est entièrement consacré à cette production dont il présente l’évolution technique et typologique. Site : rue du château, 103 à 4730 Raeren. Infos : tél. : +32 (0)87/850 903. Ouvert : tous les jours sauf le lundi de 10 à 17h.

5. L’Ardenne bleue


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Champ mégalithique de Wéris. Photo G. Focant, DPat © MRW.


Itinéraire du patrimoine archéologique

6. L’Ardenne verte

Le champ mégalithique (Wéris/Durbuy)

Le château de La Roche-en-Ardenne (La Roche-en-Ardenne)

La fortification du « Cheslé » de Bérisménil (La Roche-en-Ardenne/Bérisménil)

L’abbaye* Notre-Dame de Clairefontaine (Arlon/Autelbas)

6. L’Ardenne verte


Itinéraire du patrimoine archéologique

Le champ mégalithique

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Aux confins de l’Ardenne et de la Famenne, à proximité de Barvaux-surOurthe, se développe le champ mégalithique de Wéris. Constitué de deux allées couvertes, ou dolmens, et de 27 menhirs, il s’étend sur 8 km de long sur 300 m de large. Les monuments témoignent d’une véritable organisation du paysage : ils sont disposés suivant des alignements parallèles orientés sud/sud-ouest au nord/nord-est. Au départ de Wéris, devant le Musée des mégalithes, un circuit-promenade vous fera découvrir ces monuments particulièrement bien conservés. Les dolmens, ou allées couvertes, sont des sépultures collectives. Constitués de lourdes dalles constituant une chambre funéraire, ils pouvaient être recouverts d’un tumulus*. Leur monumentalité indique qu’ils étaient destinés à être vus par tous. À proximité, isolés ou regroupés, les menhirs, ou pierres dressées, posent encore de nombreuses questions. Ils pourraient également avoir un rôle funéraire étant donné leur proximité avec les dolmens. L’orientation des allées couvertes et des alignements de menhirs semblent tenir compte du lever et du coucher du soleil aux équinoxes et aux solstices, ce qui suppose l’existence d’une astronomie néolithique.

« Wéris 1 ». Photo G. Focant, DPat © MRW.

L’allée couverte « Wéris 1 » ou dolmen de Wéris est la première à avoir fait l’objet de recherches. Découverte en 1879, elle est fouillée une première fois en 1888. Entre 1979 et 1984, les travaux reprennent sous la direction du Service national des Fouilles. L’allée couverte de 10,8 sur 4,6 m, présente un plan en trois parties : le vestibule, la chambre funéraire et une dalle 88 . 89


« Wéris 2 ». Photo G. Focant, DPat © MRW.

postérieure. Le matériel archéologique mis au jour consiste en quelques ossements, des pointes de flèche néolithiques et quelques tessons dont un fragment de gobelet. À proximité, trois menhirs ont récemment été relevés. L’allée couverte « Wéris 2 » ou « dolmen d’Oppagne » est mieux conservée. De 11,2 sur 4,55 m, elle présente un plan tripartite similaire à celui de « Wéris 1 ». Fouillée de 1996 à 1997 par la Direction de l’Archéologie du Ministère de la Région wallonne, elle abritait les restes d’une dizaine de défunts d’âges divers ainsi que quelques fragments de céramique décorée et une pointe de flèche. Quatre des cinq menhirs trouvés à proximité ont été relevés sur base des résultats de fouilles. Les trois menhirs d’Oppagne marquent la limite méridionale du champ mégalithique. Ils ont été redressés en 1933 sans que l’on soit certain de leur position originelle. D’autres monuments sont encore visibles plus au nord, le menhir de Morville dégagé et restauré en bordure d’un chemin agricole ainsi que les « pierres de légende » telles que la pierre « Haïna » ou le « lit du diable ». Selon la légende, la pierre « Haïna » servait de bouchon au souterrain par lequel le diable émergeait des Enfers. Elle est peinte en blanc chaque année à l’équinoxe d’automne pour éloigner le diable. 6. L’Ardenne verte


Le champ mégalithique

Les mégalithes de Wéris ont été construits en bloc de poudingue, sorte de béton naturel. Extraits à proximité, ces blocs, qui peuvent atteindre 30 tonnes, étaient acheminés vers les sites de construction à l’aide de rondins roulant sur des troncs d’arbre, comme l’évoque la maquette du musée. Leur mise en place se faisait à l’aide de leviers et de plans inclinés. D’après le matériel archéologique, leur construction et leur utilisation remontent à la première moitié du IIIe millénaire. Dans le contexte européen, cet ensemble mégalithique, de la fin du Néolithique, est donc assez récent. Il présente des analogies avec des monuments du bassin parisien de la culture dite « Seine-Oise-Marne ». Après une brève période d’occupation à la fin du IIIe millénaire, les mégalithes tombent dans l’oubli. Les menhirs sont abattus ou basculés dans des fosses. Beaucoup de pierres sont déplacées, notamment pour des raisons agricoles. Les recherches de ces dernières années ont été suivies de réaménagements divers : les allées couvertes ont été restaurées, certains menhirs ont été redressés tout en expérimentant des techniques de transport et de levage des pierres. Classées* depuis 1974, seules les deux allées couvertes bénéficient de protection. Elles ont été inscrites sur la liste du Patrimoine exceptionnel*. Les recherches se poursuivent et la volonté est d’aboutir à une préservation de l’ensemble des monuments. Entre histoire et légende, vous ne manquerez pas d’apprécier cet ensemble mégalithique, le plus spectaculaire de Wallonie, témoin des croyances et coutumes funéraires d’une communauté préhistorique.

Champ mégalithique de Durbuy/Wéris Le Musée des mégalithes Place Soreil, 7 à 6940 Durbuy/Wéris Tél. : +32 (0)86/210 219 Fax : +32 (0)86/210 069 E-mail : megalithes.musee@belgacom.ne Site web : www.weris-info.be/mega.html Le site des mégalithes est en accès libre ; possibilité de visite sur réservation au musée. Le musée est ouvert tous les jours de 10 à 17h30 sauf les 1/11, 25/12 et 1/1.

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Itinéraire du patrimoine archéologique

Le château de La Roche-en-Ardenne

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Idéalement situé, sur un promontoire escarpé dominant la vallée de l’Ourthe, le château de La Roche occupe un emplacement classique d’éperon de méandre. La tradition rapporte qu’il aurait remplacé une fortification romaine mais, jusqu’à présent, aucun indice n’en témoigne. En 1995, le service de l’Archéologie de la province du Luxembourg a procédé à quelques observations. Au début du XXe siècle, seule la « Tour des Sarrasins » a fait l’objet de fouilles.

Château de La Roche en Ardenne. Photo G. Focant, DPat © MRW.

Le château est construit au XIe siècle. Les nombreuses transformations rendent la restitution de son état originel assez difficile. Le premier château avec son donjon*, la « Tour des Sarrasins », comprend une basse-cour* qui correspond à l’actuelle haute-cour*. On y accédait par un plateau au nord, en suivant la ligne de crête pour passer au pied du donjon*. Les premiers seigneurs sont mal connus mais la ville et le château étaient rattachés au comté* de Namur. Au XIIIe siècle, La Roche passe à la Maison du Luxembourg. Le règne de Jean l’Aveugle est déterminant pour l’essor économique du comté* luxembourgeois. Une enceinte est alors construite pour protéger la ville. Une des tours en est encore visible actuellement, derrière l’église. Le château 6. L’Ardenne verte


Le château de La Roche-en-Ardenne

Escalier d’accès à la haute-cour*. Photo G. Focant, DPat © MRW.

est doté d’une nouvelle porte à deux tours, ouverte sur la ville. On y accédait par la rampe que l’on emprunte encore aujourd’hui. Au XVIe siècle, après l’intégration du duché de Luxembourg à l’Empire, le château subit des transformations pour s’adapter aux progrès de l’artillerie. C’est à ce moment que la grande terrasse est construite à l’est de l’entrée. Mais les aménagements les plus importants sont dus aux Français, maîtres des lieux à la fin du XVIIe siècle. Plusieurs salles du château sont voûtées pour être transformées en casemates*. Une citerne est percée au centre de la haute-cour* tandis que le donjon* primitif est complètement démoli. Le château prend alors peu à peu l’aspect qu’on lui connaît aujourd’hui. Abandonné après le départ des troupes françaises, la forteresse est finalement achetée par l’État au milieu du XIXe siècle. Classé* depuis 1976, le château est aujourd’hui un des hauts lieux du tourisme ardennais et s’anime régulièrement de diverses manifestations telles que les grandes fêtes médiévales durant l’été. Un projet de réhabilitation de diverses salles nouvellement dégagées est en cours. 92 . 93


Château de La Roche-en-Ardenne Rue du Purnalet à 6980 La Roche-en-Ardenne Tél. : +32 (0)84/411 342 Fax : +32 (0)84/367 836 E-mail : info@la-roche-tourisme.com Site web: www.la-roche-tourisme.com Du 1/4 au 31/10, ouvert tous les jours de 11 à 17h ; du 1/7 au 31/8, tous les jours de 10 à 18h30; du 1/11 au 1/4, du lundi au vendredi de 13 à 16h et les WE de 11h à 16h30. Fermé par temps de neige et de verglas. – Visites guidées sur demande. De 2 à 4 € p.p.

À VOIR DANS LES ENVIRONS DE LA ROCHE… 41

Le Musée de la Famenne à Marche-en-Famenne présente une belle collection archéologique constituée du matériel exceptionnel provenant des nécropoles* mérovingiennes de Hamoir et de Wellin. Site : rue du Commerce, 17 à 6900 Marche-en-Famenne. Infos : tél. : +32 (0)84/327 060. Ouvert : du mardi au samedi de 10 à 12h et de 13 à 17h, le dimanche de 14 à 17h ; fermé du 1/12 au 28/2.

6. L’Ardenne verte


Itinéraire du patrimoine archéologique

La fortification du « Cheslé » de Bérisménil

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Sur les hauteurs ardennaises, à mi-chemin entre La Roche et Houffalize, le site du « Cheslé » occupe un méandre de l’Ourthe qui forme une boucle presque fermée. Ce site abrite la fortification préhistorique la plus importante et la mieux conservée de nos régions. À son importance archéologique s’ajoute la qualité de son environnement. Classé* depuis 2003, le « Cheslé » est inscrit sur la liste du Patrimoine exceptionnel* à titre de site archéologique et de site naturel.

Site du « Cheslé ». Photo G. Focant, DPat © MRW.

Le plateau, à une altitude de 70 m est fortifié par un rempart de 1700 m qui ceinture une superficie de quelques 13 ha. La première description archéologique du site, en 1867, y voit un camp romain mais les premières recherches, effectuées en 1907, concluent plutôt à une occupation de l’Âge du Fer. Dans les années 1960, le cercle Segnia de Houffalize reprend les recherches. Poursuivies dès 1984, par le Service national des Fouilles et, depuis 1992, par l’Université Libre de Bruxelles, ces recherches ont identifié trois états dans la construction de l’enceinte. 94 . 95


Plan du « Cheslé ». Plan © ULB.

Un premier rempart consiste en une simple levée de terre palissadée auquel a succédé deux autres remparts de type Pfostenschlitzmauer, c’est-à-dire un mur qui présente, côté intérieur et côté extérieur de la forteresse, un parement de dalles de schiste brut maçonnées à sec, armé de pieux en bois qui traversent toute l’épaisseur du rempart. Ils ne dépassaient pas 3 m de haut, surmontés par un parapet de bois qui protégeait un chemin de ronde. Ces deux remparts sont précédés d’un fossé. Une reconstitution de ce mur « armé » a été réalisée sur une vingtaine de mètres de long. 6. L’Ardenne verte


La fortification du « Cheslé » de Bérisménil

Reconstitution du mur d’enceinte. Photo © MSW.

La partie nord du rempart, qui barre l’éperon rocheux, a fait l’objet d’une attention toute particulière. Ce mur, d’une centaine de mètres de long, est percé d’une porte encadrée de deux bastions. Large de 5 m, elle était aménagée pour le passage des chariots. La particularité de ce mur est d’avoir brûlé sur toute sa longueur. Un incendie a provoqué une fusion des matériaux, une vitrification, qui a consolidé la muraille. Cette particularité est récurrente pour ces fortifications protohistoriques (voir Route 7). Le matériel archéologique mis au jour témoigne d’une occupation remontant au Premier Âge du Fer (période de Hallstatt) par un peuple celte*. Étant donné sa position, le site du « Cheslé » n’est sans doute pas destiné à exercer une surveillance sur un territoire étendu et ses rares traces d’occupation ne permettent pas de conclure à la présence d’un habitat à l’intérieur de l’enceinte. Il devait servir uniquement de refuge, en cas de danger, aux populations environnantes. Les recherches archéologiques devraient se poursuivre à l’intérieur du mur d’enceinte afin de préciser son mode d’occupation. Abandonné, vraisemblablement à la fin de l’Âge du Fer, le site est oublié et la nature reprend peu à peu ses droits. Mais la tradition populaire en a toujours gardé le souvenir comme en témoigne le nom du lieu : « Cheslé » 96 . 97


dérive du latin castellitum, petit fort. Ailleurs en Ardenne, d’autres sites fortifiés de l’Âge du Fer portent encore aujourd’hui des noms évocateurs tels que le « Trînchi » à Bertrix ; le « Cheslain » à Sainte-Ode ou le « Chession » à Gouvy. Le potentiel archéologique du « Cheslé » est encore important. Parallèlement aux recherches, un programme de protection et de mise en valeur du site est initié. En effet, les pans de murs dégagés sont menacés par le ruissellement et le gel. Ils réclament une protection adéquate. Situé sur divers itinéraires de promenade, le site mérite le détour tant pour son potentiel archéologique que naturel et pour l’exceptionnel point de vue qu’il offre sur la vallée de l’Ourthe.

Fortifications du Cheslé de Bérisménil Site du Hérou à 6980 La Roche-en-Ardenne/Bérisménil Office du tourisme de La Roche-en-Ardenne Tél. : +32 (0)84/444 261 E-mail : info@ourthesuperieure.be Site web: www.ourthesuperieure.be Site en accès libre. – Visites guidées sur demande à l’Office du tourisme. Site accessible à pied à partir du village de Bérisménil par le chemin traditionnel qui fait le tour du site (promenade 12). Un chemin plus récent permet d’y accéder par le bas en partant de Maboge (N860).

6. L’Ardenne verte


À VOIR AUSSI DANS L’ARDENNE VERTE… 43

Les hauts plateaux de l’Ardenne ne semblent pas avoir été occupés durant la Préhistoire. C’est seulement à partir du Second Âge du Fer que l’on dispose d’éléments témoignant d’une occupation de ces territoires par une population de culture celtique. Les limites de ces territoires, qui s’étendent sur 75 km entre Bertrix, Bastogne, Houffalize et Gouvy, sont établies avec précision grâce à des coutumes funéraires spécifiques : l’édification de tertres funéraires ou « tombelles ». Les nécropoles*, réparties sur plus d’une centaine de sites, à une altitude supérieure à 450 m, comptent jusqu’à soixante tombelles. Les défunts, incinérés ou inhumés, sont accompagnés d’un riche mobilier funéraire composé essentiellement d’armes, pour les tombes masculines, et de bijoux pour les tombes féminines. Une série de sépultures à inhumation se distingue des autres, les tombes à char. Vingt et une tombes de ce type sont actuellement connues. De dimensions assez importantes, elles contiennent un char à deux roues. La présence de chevaux est évoquée par des pièces de harnachement inhumées avec le défunt. Ce type de tombes « princières », qui devaient être celles de notables ou de guerriers aisés, révèle l’existence d’une société hiérarchisée. Le mobilier archéologique issu de ces nécropoles* datant entre 450 et 350 avant notre ère, est exposé au Musée des Celtes de Libramont. Site : place Communale, 1 à 6800 Libramont. Infos : Tél. : +32 (0)61/224 976. Ouvert : du mardi au vendredi de 9h30 à 17h ; les dimanches et jours fériés de 14 à 18h ; ouvert tous les jours du 1/7 au 31/8 ; fermé du 20/12 au 31/1.

Reconstitution d’un char celte*. Photo © Musée des Celtes.

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Itinéraire du patrimoine archéologique

L’abbaye* Notre-Dame de Clairefontaine

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À quelques kilomètres d’Arlon, à la frontière belgo-luxembourgeoise, se situe l’ancienne abbaye* cistercienne de Clairefontaine. Fondée en 1247 par Ermesinde, comtesse de Luxembourg, l’abbaye* est implantée sur un site conforme aux établissements cisterciens : dans une vallée encaissée, isolée et abondamment approvisionnée en eau.

Abbaye* Notre-Dame de Clairefontaine. Photo G. Focant, DPat © MRW.

En 1997, le site est choisi pour un projet de collaboration transfrontalière associant la Division du Patrimoine de la Région wallonne, le Service des Sites et Monuments nationaux grand-ducal et le Römische-Germanisches Zentralmuseum de Mayence. Les fouilles archéologiques permettent de dessiner l’histoire et l’évolution des bâtiments entre le XIIIe et le XVIIIe siècle. Dans l’état actuel des recherches, elles ont mis en évidence quatre grandes phases d’aménagements. La première église du XIIIe siècle, une mononef d’une largeur de 10 m, se développe sur deux niveaux. L’espace inférieur, entièrement voûté, semblable à celui d’une crypte*, est sans doute réservé au chœur* des sœurs. À l’ouest, cet espace est surmonté par une tribune tandis qu’à l’est, le sanctuaire accueille les sépultures d’Ermesinde et de son fils. 6. L’Ardenne verte


L’abbaye* Notre-Dame de Clairefontaine

Au XIVe siècle, l’abbaye* subit d’importants travaux : l’église est agrandie et un nouveau cloître* est construit. Le niveau du sol de l’église est rehaussé d’une cinquantaine de centimètres, ce qui montre que les moniales étaient déjà confrontées aux problèmes des crues du cours d’eau. À la fin du XVe siècle, la communauté, qui ne compte plus que quatre religieuses, est dissoute. Elle se reconstitue au début du XVIe siècle et la nouvelle abbesse doit faire relever les bâtiments en ruine. Une grande partie de l’église est alors arasée pour permettre la construction d’un nouveau sanctuaire au plan radicalement différent. De type basilical, la nouvelle église se développe sur une longueur d’environ 50 m. Elle se compose de trois nefs* avec un transept* non saillant et un chevet* plat. Le cloître* est reconstruit sur un plan quadrangulaire de 25 m de côté. Les crues et inondations se succédant, il faut de nouveau envisager des travaux. Au XVIIIe siècle, pour en finir avec ces problèmes d’eau, les moniales font rehausser le terrain d’environ 1,5 m. L’église garde sans doute son aspect de l’époque précédente. L’aile orientale de l’abbaye* est rebâtie au-dessus de caves voûtées, tandis qu’une partie de l’aile méridionale est reconstruite au-dessus de pièces existantes, transformées alors en caves. C’est ce rehaussement qui a permis la conservation des phases médiévales.

Caves de l’abbaye*. Photo G. Focant, DPat © MRW.

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Démantelée puis vendue à la Révolution française, l’abbaye* est abandonnée avant d’être rachetée en 1874 par des jésuites d’Arlon. Ils retrouvent le corps d’Ermesinde à la croisée de l’ancienne abbatiale* et y construisent une chapelle commémorative. Une opération de mise en valeur du site archéologique s’est développée parallèlement aux travaux. La Communauté européenne a retenu le projet. L’abbaye* est accessible au public tandis que les recherches archéologiques se poursuivent.

Abbaye Notre-Dame de Clairefontaine Rue du Cloître, 33 à 6700 Arlon/Autelbas Tél. : +32 (0)63/217 802 E-mail : pierre.mandy@belgacom.net Site web : www.domainedeclairefontaine.homestead.com Toute l’année de 8 à 20h. – Visites guidées sur réservation pour groupe uniquement.

6. L’Ardenne verte


À VOIR AUSSI DANS LES ENVIRONS D’AUTELBAS… 45

Implanté au carrefour de deux axes routiers antiques, la ReimsTrèves et la Metz-Tongres, le vicus * d’Arlon connaît un développement important dès le Ier siècle de notre ère. Certains vestiges visibles dans le parc archéologique appartiennent à une basilique et à des thermes* romains. À la fin du IIIe ou au début du IVe siècle, pour faire face aux invasions germaniques, un rempart est construit sur la colline Saint-Donat. Des monuments funéraires et des constructions civiles et religieuses ont été démontés et leurs matériaux réemployés dans la construction de l’enceinte. Le Musée de la Tour romaine permet d’appréhender cette construction du Bas-Empire. Adressez-vous au café d’en face pour en obtenir la clé. Le Musée archéologique d’Arlon présente une riche collection de bas-reliefs exceptionnels. Site : rue des Martyrs, 13 à 6700 Arlon. Infos : tél. : +32 (0)63/226 192. Ouvert : du mardi au samedi de 9 à 12h et de 13h30 à 17h30 ; le dimanche (entre le 15/4 et le 15/9) de 13h30 à 17h30. Pour une visite guidée du parc archéologique et de la tour romaine, adressez-vous au musée.

Bas relief «Deux couples». Photo © Musée archéologique Arlon.

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À Habay-la-Vieille, à 5 km de l’antique chaussée Reims-Trèves, ont été mis au jour les vestiges d’une villa* gallo-romaine. Sur une superficie de 3 ha, elle comprend une grande cour agricole au centre de laquelle se trouve le bâtiment résidentiel. Datée de la première moitié du IIe siècle, la villa* de Mageroy a été plusieurs fois remaniée. Les recherches, menées par l’asbl ArcHab, se poursuivent tandis que le site a été aménagé pour les visites. Site : chemin de Nantimont à 6723 Habay/Habay-la-Vieille Infos : asbl « Arc-Hab », tél. : +32 (0)63/422 533 ou au Musée archéologique d’Arlon. Ouvert : site en accès libre ; visite guidée sur demande.

Villa de Mageroy. Vue aérienne d’une partie de la cour agricole et du complexe résidentiel. Photo © asbl Arc’Hab. 6. L’Ardenne verte


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Abbaye* d’Orval, rosace du transept*. Photo G. Focant, DPat © MRW.


Itinéraire du patrimoine archéologique

7. La Gaume

Le château fort de Bouillon (Bouillon)

Le château d’Herbeumont (Herbeumont)

Les ruines de l’abbaye* d’Orval (Florenville/Orval)

Le site archéologique de Montauban-sous-Buzenol (Étalle/Buzenol)

7. La Gaume


Itinéraire du patrimoine archéologique

Le château fort de Bouillon

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La ville de Bouillon est encastrée dans la vallée de la Semois, à un endroit où la rivière décrit une large boucle. La crête rocheuse formée par ce méandre culmine au sud et redescend ensuite vers le nord par paliers successifs. Actuellement, le château se compose de trois parties reliées par des ponts. Les bâtiments sont pour la plupart postérieurs au XVIe et il est difficile d’y percevoir encore la physionomie originelle de la forteresse. Les fouilles, menées en 1977, ont permis de déterminer, en partie, l’évolution des divers aménagements et transformations du château.

Château fort de Bouillon depuis l’est. Photo G. Focant, DPat © MRW.

Bouillon est le siège de la famille des Ardenne-Verdun dont le plus illustre membre est Godefroid de Bouillon, duc de Basse-Lotharingie. En 1096, pour financer son expédition en Terre Sainte lors de la première croisade, Godefroid vend son domaine à l’évêque de Liège avec la faculté de le racheter. À sa mort en 1100 à Jérusalem, Bouillon reste alors la propriété des princes-évêques de Liège et ce, jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. Au Moyen Âge, une motte castrale est érigée à la pointe sud du promontoire, endroit connu autrefois sous le nom de « colline de Beaumont » et actuellement « La Ramonette » ou point de vue. Cette motte est citée dans un texte datant de 1141. Ce même texte parle d’une seconde fortification à Bouillon. La construction de celle-ci, à l’emplacement de l’actuelle cour du château, est attribuée à Godefroid. Il s’agit d’un donjon* à trois étages aménagé d’un cellier, d’une salle d’armes et d’une chapelle dédiée à saint Jean. Il a été complètement détruit par les Hollandais après 1824. Pour s’adapter aux progrès de l’artillerie, le château subit divers aménagements. En 1551, le prince-évêque de Liège, Georges d’Autriche, fait construire la tour d’artillerie, la petite poudrière et la porte du troisième châtelet d’entrée. Au XVIe siècle, le château présente alors une succession de bâtiments en enfilade. Aux XVIIe et XVIIIe siècle, Vauban mène différentes interventions visant à mieux protéger l’accès du château. Des bâtiments pour abriter la garnison sont également construits ainsi qu’un arsenal et une poudrière. 106 . 107


Château fort de Bouillon. Photo © Christel François.

Durant la période hollandaise, entre 1815 et 1830, le donjon* primitif est démoli pour permettre la construction de casernes, détruites elles aussi à la fin du XIXe siècle. Propriété de l’État belge, l’entretien du château est assuré par la Régie des bâtiments tandis que le Syndicat d’initiative en assure la gestion et la valorisation touristique. Classé* depuis 1975, le château, de même que le site qui l’abrite, sont inscrits sur la liste du Patrimoine exceptionnel*. Ce site, patrimoine d’intérêt historique, archéologique mais également biologique, s’anime régulièrement au gré de diverses manifestations. Château fort de Bouillon B.P. 13 à 6830 Bouillon Syndicat d’Initiative Esplanade Godefroid, 1 à 6830 Bouillon Tél. : +32 (0)61/466 257 Fax : +32 (0)61/464 212 E-mail : info@bouillon-sedan.com Site web : www.bouillon-sedan.org Du 1/1 au 28/2 et du 1/12 au 31/12 : tous les jours en semaine de 13 à 17h et le WE de 10 à 17h ; du 1/3 au 31/3 et du 1/10 au 31/10, tous les jours de la semaine de 10 à 17h ; du 1/4 au 30/ 6 et du 1/9 au 30/9, tous les jours de la semaine de 10 à 18h et le WE de 10 à 18h30 ; du 1/7 au 31/8, tous les jours de 10 à 18h et nocturnes jusque 22h sauf le lundi, mardi et jeudi. De 3,50 à 5,20 € p.p. ; possibilité de tickets combinés avec le Musée ducal et l’Archéoscope.

7. La Gaume


Itinéraire du patrimoine archéologique

Le château d’Herbeumont

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Dans la vallée de la Semois, le château d’Herbeumont est construit à l’extrémité d’une crête rocheuse qui occupe l’étranglement d’un large méandre. La forteresse contrôle le carrefour de deux passages venant de France et permet un large point d’observation sur toute la vallée. Des recherches archéologiques y sont menées entre 1973 et 1976 préalablement à un programme de mise en valeur des ruines.

Château d’Herbeumont. Photo G. Focant, DPat © MRW.

Jusqu’au XIIIe siècle, le château fait partie de l’entité d’Orgeo dans le comté* de Chiny. En 1200, les terres de cette entité passent, par mariage, à la famille des Walcourt-Rochefort. En 1268, les biens de cette famille sont partagés entre trois frères. Herbeumont revient à Jehan et devient une seigneurie autonome. La construction du château, au nom évocateur de « La Roche », intervient après cette année. La crête rocheuse, très étroite, est aménagée en plateau artificiel pour accueillir la forteresse. Au nord et à l’est, un fossé est creusé dans les pentes de la colline tandis que la crête est arasée. Le plan primitif présente un trapèze irrégulier d’environ 60 sur 40 m avec, aux angles, un donjon* et trois tours. Le chemin d’accès, en forte pente, traverse un premier rempart de terre qui délimite la basse-cour*. Il débouche sur le châtelet d’entrée avant de franchir les fossés au moyen d’un pont en partie mobile. Le donjon* rectangulaire est aménagé au nord, trois tours arment les autres angles de l’enceinte. Des tourelles protègent également le bas des murailles. Quelques rares vestiges témoignent de bâtiments d’habitation à l’intérieur de la cour haute. Ils ont été largement détruits par les phases d’aménagement postérieures. 108 . 109


Les premières transformations interviennent à la fin du XIVe et au début du XVe siècle. La muraille méridionale est épaissie, rehaussée et percée d’une poterne en arc brisé. En 1420, la forteresse est cédée à Evrard II de La Marck. Des interventions assez importantes surviennent dans la deuxième moitié du XVe siècle et au début du XVIe siècle avec l’avènement de l’artillerie. Les pieds des remparts sont aménagés en plates-formes pour le déplacement des pièces d’artillerie. Le donjon* est abaissé, la courtine* méridionale est doublée et de nouvelles tours apparaissent : la « Tour Malcouverte » au sud-est et la « Tour des Bourgeois » au sud-ouest. Un chemin couvert, conduisant au châtelet d’entrée primitif, est aménagé. Par ailleurs, un nouveau logis se développe dans la partie nord-ouest de la cour. Deux salles sont aménagées avec un certain luxe. L’une d’elles, pavée de plaques de schiste, est dotée d’une cheminée monumentale sculptée. Au début du XVIe siècle, de nouvelles pièces sont encore aménagées. Au début du XVIIe siècle, l’angle nord-ouest est réaménagé. La tourelle est englobée dans un ouvrage de défense. Un nouveau complexe, sans doute des écuries, remplace le logis du XVIe siècle. La forteresse est également pourvue d’une citerne, de deux puits, de fours, d’étables et d’une bergerie, regroupés en face de l’habitat. Le 21 août 1657, le château subit un ultime siège par les troupes du maréchal de La Ferté, aux ordres de Louis XIV, avant d’être démantelé.

Entrée du château d’Herbeumont. Photo G. Focant, DPat © MRW.

7. La Gaume


Le château d’Herbeumont

Les objets mis au jour datent pour la plupart du XVIIe siècle. Un petit trésor monétaire, une statuette de Notre-Dame de Foy, des armes blanches et à feu, des bijoux, de la vaisselle témoignent de la vie quotidienne au XVIIe siècle. La plupart de ces objets sont visibles à la maison communale d’Herbeumont. Dès 1973, l’asbl « Les amis du château d’Herbeumont » est créée dans le but d’assurer la conservation et le maintien du château. La commune s’est fortement impliquée dans la restauration des ruines avec l’aide de la Région wallonne. Plusieurs phases de travaux sont encore nécessaires à la réhabilitation de ce château, classé* depuis 1938. En 1993, le site archéologique des ruines du château d’Herbeumont est inscrit sur la liste du Patrimoine exceptionnel* de Wallonie. Château d’Herbeumont à 6887 Herbeumont « Les amis du château d’Herbeumont » Tél. : +32 (0)61/412 612 Le site est en accès libre. L’asbl « Les amis du château d’Herbeumont » organisent des visites guidées sur réservation pour les groupes et à l’occasion des Journées du Patrimoine.

À VOIR AUSSI DANS LES ENVIRONS DE FLORENVILLE… 49

À quatre kilomètres au sud de Florenville, proche de la frontière française, le relais de Chameleux constituait une étape pour les voyageurs qui empruntaient la chaussée romaine reliant Reims à Trêves. Site : 6820 Chameleux/Florenville Infos : Syndicat d’Initiative de Florenville ; tél. : +32(0)61/ 311 229. Ouvert : site en accès libre.

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Itinéraire du patrimoine archéologique

Les ruines de l’abbaye* d’Orval

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Aux confins de la forêt ardennaise, au confluent de la Marche et de la Mouline, l’abbaye* d’Orval est un haut lieu du patrimoine monastique de nos régions. Une légende est à l’origine de sa fondation. La comtesse Mathilde de Toscane (1046-1115), en visite à Orval, aurait laissé tomber son anneau nuptial dans la fontaine qui jaillit toujours à proximité des ruines. Alors que Mathilde invoque l’aide de la Vierge, une truite surgit à la surface de l’eau et rejette l’anneau. En remerciement, la comtesse décide de fonder, en ce « Val d’Or », un monastère.

Eglise abbatiale d’Orval. Photo G. Focant, DPat © MRW.

La première fondation par des moines bénédictins venus de Calabre remonte, en réalité, en 1070. Ils reçoivent du comte Arnould de Chiny, une partie de son domaine. Vers 1100, ils sont remplacés par une communauté de chanoines réguliers. Des fouilles effectuées dans l’ancienne église abbatiale* ont mis au jour quelques chapiteaux romans. En 1132, à la demande du comte de Chiny et de l’évêque de Verdun, des moines cisterciens arrivent à Orval qui devient alors la première abbaye* cistercienne de Belgique. Une grande campagne de travaux débute et voit l’édification des différents bâtiments abbatiaux autour d’un cloître* : la sacristie, la salle capitulaire et le scriptorium côté est, le réfectoire, le chauffoir et la cuisine côté sud et le cellier, le réfectoire et le dortoir des convers côté ouest. Tous ces bâtiments sont remaniés dans le courant des XIVe et XVIe siècles. La nouvelle église n’est mise en chantier qu’à partir de 7. La Gaume


Les ruines de l’abbaye* d’Orval

Cloître*. Photo G. Focant, DPat © MRW.

1160-1170. Elle est consacrée en 1232. De plan cistercien classique, elle présente une nef* basilicale flanquée de bas-côtés, terminée par un transept* saillant et un sanctuaire à chevet* droit. La croisée de transept* et les trois piliers* sont les principaux éléments authentiques de cette période. La rosace du transept* au nord est particulièrement remarquable. En outre, le calcaire de Florenville donne une tonalité chaleureuse à l’ensemble. Aux XVe et XVIe siècles, l’abbaye* doit surmonter une période de troubles et d’insécurité. Fortement endommagée, une bonne partie de l’église est reconstruite dans le deuxième quart du XVIe siècle. Les travaux ont essentiellement concerné la partie occidentale de la nef*. Il ne subsiste que les bases de colonnes et surtout quelques beaux chapiteaux gothiques ornés de pampres de vigne. Au XVIIe siècle, l’abbaye* subit de nombreux changements. L’abbé B. de Montagaillard (1605-1628), grand prédicateur, suscite de nouvelles vocations. Cet afflux de vocations se poursuit sous l’abbé C. de Bentzeradt (1668-1707). Il établit la stricte observance à Orval, qui devient une abbaye* trappiste sur le modèle de l’abbaye* de la Trappe en Normandie. L’église est alors dotée d’un chœur* à abside*, complété plus tard par un déambulatoire*. Deux tours surmontent l’édifice, l’une en façade et l’autre à la croisée. Cet édifice est abandonné en 1760 au profit de l’église classique de l’architecte Laurent-Benoît Dewez. Une nouvelle abbaye* voit le jour à côté de l’ancienne, grâce aux revenus des forges d’Orval. L’abbaye*, en plein essor, étend son influence sur près de 300 localités. Elle devient un centre important de rayonnement artistique et une école d’art où l’on pratique la 112 . 113


peinture, la ferronnerie ou l’ébénisterie. Entamée en 1759, consacrée en 1782, la nouvelle église est construite en style néo-classique. Mais la Révolution française empêche l’achèvement des travaux. En 1793, un incendie détruit l’abbaye*. Les seuls vestiges de cette phase sont les caves voûtées. Les moines se retirent dans leur refuge au Luxembourg puis au prieuré de Conques (Florenville). L’abbaye* d’Orval plonge alors dans l’oubli et devient la proie des pilleurs. En 1913, l’État belge prend en main le déblaiement et la sauvegarde des ruines. En 1926, on assiste à une véritable renaissance avec le retour de moines cisterciens. Un nouveau complexe monastique est érigé d’après les plans de l’architecte Henri Vaes. Le programme se fonde sur le projet précédent tout en renouant avec une certaine austérité. À cette occasion, quelques structures de l’ancienne abbaye* sont remontées, dans l’idée de valoriser l’église romane et le cloître*. Des fouilles sont menées, à la recherche des fondations pré-cisterciennes, mais ont malheureusement manqué de rigueur. Les travaux se terminent en 1948. Les caves, situées sous la nouvelle abbaye*, seules vestiges des constructions du XVIIIe siècle, abritent un musée consacré à l’histoire d’Orval. Une partie des ruines, placée sous la tutelle de la Régie des bâtiments, fait l’objet d’un plan général de restauration. Le chœur, le bas-côté droit de l’église médiévale, le portail du XVe siècle et le cloître* sont restaurés. Un jardin de plantes médicinales est aménagé au cœur des ruines. Celles-ci, classées* depuis 1971, ont été récemment inscrites sur la liste du Patrimoine exceptionnel* de Wallonie. Les ruines qui côtoient les bâtiments grandioses à l’allure romane ne manqueront pas de marquer le visiteur qui ne quittera pas l’abbaye* avant d’avoir goûté sa célèbre bière trappiste, son fromage ou encore son pain. Abbaye Notre-Dame d’Orval à 6823 Florenville/Villers-devant-Orval Tél. : +32 (0)61/311 060 Fax : +32 (0)61/325 146 E-mail : ruines@orval.be Site web : www.orval.be Du 1/11 au 28/2 de 10h30 à 17h30; du 1/3 au 30/5 et du 1/10 au 31/10 de 9h30 à 18h et du 1/6 au 30/9 de 9h30 à 18h30. – Visites guidées gratuites les après-midi en juillet et en août, les dimanches après-midi de septembre et sur réservation. ; présentation audiovisuelle, ruines avec parcours d’interprétation ; musée d’histoire monastique. De 2,50 à 4,50 € p.p. E411, sortie 26, N85 puis N88.

7. La Gaume


Itinéraire du patrimoine archéologique

Le site archéologique de Montauban-sous-Buzenol

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Dans la région d’Étalle, de nombreux ruisseaux ont creusé une série de vallées abruptes créant une morphologie particulière qui a favorisé l’installation de sites fortifiés dès la Protohistoire. Parmi ceux-ci, le site de Montauban-sous-Buzenol est le plus renommé. Il a fait l’objet d’une attention toute particulière dès le XVIIe siècle. Mais c’est surtout au début du XXe siècle que des travaux sont entrepris par les Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles. Plusieurs campagnes suivront, menées notamment par Joseph Mertens, et plus récemment par la Direction de l’Archéologie du Ministère de la Région wallonne. Ces recherches permettent de comprendre les divers aménagements du site et ont mis en évidence différentes phases d’occupation.

Plan du site : 1. Rempart de l’Âge du Fer ; 2. Donjon* ; 3. Basse-cour*. Plan d’après J. Mertens. Infographie J.Y.Thomas © MRW.

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Très tôt, les recherches se sont penchées sur les éléments défensifs de cet éperon et ont permis de dater la fortification de l’époque de La Tène. Le rempart de 620 m de long ceinture une superficie de 2,5 ha. Le tracé suit les bords du plateau, sauf à l’ouest, où il descend sur les pentes pour englober différentes sources. L’accès se fait à l’est par une entrée en chicane. Le flanc nord, plus exposé, est renforcé par un fossé. L’enceinte est constituée d’une levée de terre appuyée contre une palissade en bois. Dans un deuxième temps, la levée de terre est partiellement nivelée et la palissade est remplacée par une succession de murs qui soutiennent une terrasse. Enfin, dans une troisième phase d’aménagement, le rempart est arasé et remplacé par une levée de terre et de pierre maintenue dans une ossature en bois carbonisée. On est ici, comme au « Cheslé » de Bérisménil (Route 6), en présence d’un « rempart vitrifié ». Le complexe apparaît comme un refuge temporaire pour les habitants des environs. Un mur de barrage, érigé au milieu du promontoire, a été construit avec des matériaux en partie récupérés dont une trentaine de blocs sculptés provenant de monuments funéraires. On y a vu longtemps un réaménagement de la fortification au Bas-Empire. Dans la tour quadrangulaire établie à la pointe de l’éperon, une borne milliaire a été mise au jour. Longtemps l’unique vestige de ce type en Belgique, elle est conservée aux Musées royaux d’Art et d’Histoire.

Moissonneuse des Trévires, ou vallus, bas-relief. Photo © Ph. E. Hance.

En 1958, lors de la mise en valeur du site par les Musées gaumais de Virton, une découverte exceptionnelle apporte une réputation internationale au site. Parmi les nouveaux blocs sculptés mis au jour une scène champêtre illustre la fameuse moissonneuse des Trévires, ou vallus, décrite par Pline l’Ancien. Une reconstitution grandeur nature est présentée sur le site. Tous ces blocs sculptés proviennent sans doute de monuments funéraires du 7. La Gaume


Le site archéologique de Montauban-sous-Buzenol vicus* de Vieux-Virton mais également des abords de la chaussée romaine Reims-Trèves. Ces aménagements récupérant des matériaux antiques sont datés du BasEmpire. Cependant, à la lumière des dernières recherches, il semble que la fortification protohistorique n’ait pas été réutilisée avant le VIIIe siècle au plus tôt et que c’est à ce moment là seulement que les blocs sculptés ont été mis en oeuvre. Les recherches futures devraient permettre de préciser cette nouvelle interprétation. Au Haut Moyen Âge, la surface protégée est réduite à un plan triangulaire de 75 sur 70 m par le mur de barrage. Un donjon* est érigé à la pointe méridionale du promontoire. De plan quadrangulaire d’environ 17 sur 12 m, on y accède par une entrée aménagée à l’étage. La zone située au nord du mur de barrage a pu servir de basse-cour*. Dans un deuxième temps, le refuge est transformé en château par la création d’une haute-cour* avec le donjon* et une basse-cour* entre un nouveau fossé et le mur de barrage. Le donjon*, tel qu’il apparaît aujourd’hui, remonte à cette phase datée du XI e siècle. Incendié avant l’achèvement de sa construction, il est définitivement abandonné. Il est difficile d’identifier l’autorité qui a fait

Donjon* de Montauban. Photo G. Focant, DPat © MRW.

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construire une telle forteresse étant donné l’absence de texte. On peut cependant penser qu’il s’agit des seigneurs de Mussy, seule famille entre Étalle et Virton capable de mettre en œuvre un tel château. Le site est aménagé pour l’accueil du public. Particulièrement bien intégré au site, le Musée lapidaire, construit par l’architecte Constantin Brodzki en 1958-1960, expose quelques blocs sculptés découverts à Montauban. Les autres bas-reliefs sont présentés, pour la plupart, aux Musées gaumais de Virton. Au cœur de la Gaume, le site archéologique de Montauban, classé* depuis 1959 et reconnu Patrimoine exceptionnel*, constitue donc un but de promenade particulièrement attrayant. L’intérêt du site est renforcé par les vieilles forges voisines datant du XVIIe et témoignant de l’activité sidérurgique de la région.

Site archéologique de Montauban-sous-Buzenol à 6740 Étalle/Buzenol Musées gaumais de Virton Rue d’Arlon, 38-40 à 6760 Virton Tél. : +32 (0)63/570 315 Fax : +32 (0)63/576 942 E-mail : courrier@musees-gaumais.be Site web : www.musees-gaumais.be Site en accès libre. – Visites guidées sur demande aux Musées gaumais À Buzenol, prendre la direction de Ethe et suivre la signalisation.

7. La Gaume


À VOIR AUSSI DANS LES ENVIRONS DE BUZENOL… 52

Au sud d’Étalle, la fortification de la « Tranchée des Portes » est de loin la plus vaste fortification protohistorique de Wallonie. Installée sur un vaste éperon, la forteresse est naturellement protégée à l’est, à l’ouest et au sud ; côté nord, un mur de barrage s’étend sur quelques 1010 m, précédé d’un large fossé. Constitué d’une levée de terre tassée dans une armature de bois, le rempart a connu différentes réfections entre le VIe et le IVe siècle avant notre ère. Le site est accessible à pied par des chemins forestiers. Une entrée et une partie du rempart sont reconstituées. Site : 6740 Étalle.* Infos : Musées gaumais de Virton (voir infra).

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D’autres sites fortifiés sont encore visibles dans la région. La fortification de « Château Renaud », au nord de Virton, se dresse à l’ouest du carrefour de « Croix-Rouge ». Elle constitue un point stratégique érigé au IVe siècle, en bordure d’un chemin reliant le sud de la Gaume à la chaussée Reims-Trèves. Les fouilles menées en 1977 et en 1979 ont dégagé une épaisse muraille côté nord/nord-est et un puissant bastion en pierre qui défendait l’entrée principale. Le matériel archéologique abondant et les nombreuses monnaies retrouvées indiquent une occupation permanente du site jusqu’à son abandon vers le Ve siècle. Une statue en bronze figurant Mercure constitue une des pièces les plus remarquables ; elle est exposée aux Musées gaumais. Site : 6760 Virton. Infos : Musées gaumais de Virton (voir infra).

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Un passage aux Musées gaumais de Virton pourra compléter la visite de ces sites archéologiques. Ils offrent un riche panorama archéologique du sud de la Belgique. C’est en effet là que la majorité du matériel archéologique, issu des fouilles locales, est exposé. Site : rue d’Arlon, 38-40 à 6760 Virton. Infos : tél. : +32 (0)63/570 315. Ouvert : du 1/4 au 30/11 de 9h30 à 12h et de 14 à 18h. Fermé les mardis sauf du 1/6 au 31/8.

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Enfin, au sud de Virton, le site de Montquintin mérite encore le détour. Ce bel ensemble patrimonial comprenant une église, un château et une ferme, bénéficie d’un environnement de premier ordre. Site : 6767 Rouvroy/Dampicourt. Infos : Maison du Tourisme de Gaume ; tél. : +32 (0)63/578 904. Ouvert : le site est en accès libre.

Château de Montquintin. Photo G. Focant, DPat © MRW.

7. La Gaume


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Grotte Scladina. Photo Š ArchÊologie andennaise.


Itinéraire du patrimoine archéologique

8. Le Namurois

La grotte Scladina (Andenne/Sclayn)

Le château des comtes (Namur)

La grotte de Spy (Jemeppe-sur-Sambre/Spy)

8. Le Namurois


Itinéraire du patrimoine archéologique

La grotte Scladina

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En 1971, des spéléologues et archéologues amateurs découvrent une grotte jusqu’alors masquée par la végétation. Celle-ci, s’ouvrant sur un vallon qui rejoint la rive droite de la Meuse, est baptisée « Scladina ». Des premières fouilles mettent au jour les premiers outils taillés. À partir de 1978, le site fait l’objet d’un programme de fouilles mené conjointement par l’asbl « Archéologie Andennaise » et le Service de Préhistoire de l’Université de Liège, avec le soutien de la ville d’Andenne et de la Direction de l’Archéologie du Ministère de la Région wallonne. Chantier de préhistoire permanent, le site est également un terrain d’apprentissage pour les futurs archéologues préhistoriens.

Fouilles dans grotte. Photo © Archéologie andennaise.

Dotée d’un riche dépôt sédimentaire, la grotte est une véritable banque de données pour les sciences naturelles. La stratigraphie* retrace les changements climatiques majeurs qui ont affecté le nord-ouest de l’Europe ces 100 derniers millénaires. Différentes phases d’occupation ont été mises en évidence dont deux phases néandertaliennes (130 000 et 40 000 ans), un bref passage de l’Homme moderne au Paléolithique supérieur et une ultime utilisation comme lieu d’inhumation au Néolithique. Les nombreuses découvertes et différentes analyses permettent de mieux comprendre le 122 . 123


mode de vie des hommes de Néandertal* (alimentation, technique et morphologie) dans leur environnement naturel (faune, végétation, climat). À ce jour, une centaine de milliers d’ossements d’animaux et quelques 15 000 pierres taillées ont été mis au jour. En 1993, une découverte exceptionnelle va asseoir la réputation de la grotte au niveau international. Des premiers restes humains sont mis au jour. À cette découverte viennent s’ajouter d’autres restes, tous attribuables à un enfant néandertalien d’une dizaine d’années et ayant vécu il y a près de 100 000 ans. Le dernier fossile* découvert durant la campagne 2006 porte leur nombre à 20. Leur état de conservation était suffisant pour en extraire l’ADN, ce qui apporte des avancées considérables dans la connaissance du patrimoine génétique de l’Homme de Néandertal*. Scladina est un gisement d’une grande importance pour les études archéologiques, anthropologiques et environnementales. Des nombreux scientifiques belges et étrangers collaborent aux recherches sur ce site, considéré comme majeur, pour l’étude de l’Homme de Néandertal*. Classée* depuis 1996, la grotte Scladina est inscrite sur la liste du Patrimoine exceptionnel*. Accessible au public, vous pouvez visiter un chantier en cours de fouille sous la conduite d’un acteur de terrain qui vous offre la possibilité de comprendre les méthodes de fouilles modernes appliquées à un gisement préhistorique. L’accent est mis sur la recherche scientifique via une approche pédagogique et la découverte in situ de la profession d’archéologue. Ce sont d’ailleurs les membres de l’asbl « Archéologie Andennaise » eux-mêmes qui se chargent de la mise en valeur et de la présentation au public de leurs découvertes.

Enfant de Sclayn. Photo © Archéologie andennaise.

8. Le Namurois


La grotte Scladina

Grotte Scladina Rue Fond des Vaux, 339d à 5300 Andenne/Sclayn Tél. : +32 (0)81/582 958 Fax : +32 (0)81/582 958 E-mail : scladina@swing.be Site web : www.scladina.be Pour les visites individuelles, le site est accessible sans réservation le mercredi à 14h et les 3e dimanches du mois à 14h ; pour les groupes (min. 15 pers.). – Visite sur rendezvous en semaine et le WE ; possibilité d’animations au laboratoire. De 2 à 4 € p.p.

À VOIR AUSSI DANS LES ENVIRONS DE SCLAYN … 57

À deux pas de la collégiale* Sainte-Begge, le Musée de la céramique à Andenne vous fera découvrir l’histoire de la céramique des origines à nos jours. Une salle est spécialement consacrée à l’archéologie*. Site : rue Charles Lapierre, 29 à 5300 Andenne. Infos : tél. : +32 (0)85/844 181. Ouvert : tous les jours ouvrables de 9 à 12h et de 13 à 16h30 ; les WE et jours fériés du 1/5 au 30/9 de 14 à 17h ; les 2e dimanches du mois du 1/10 au 30/4 de 14 à 17h.

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Itinéraire du patrimoine archéologique

Le château des comtes

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À Namur, le château des Comtes s’élève à l’extrémité de l’éperon rocheux qui domine le confluent de la Sambre et de la Meuse. Les comtes de Namur y installent leur château au Xe siècle dont les vestiges forment le noyau ancien de la Citadelle. Les fouilles, menées à la fin des années 1990 par la Société archéologique de Namur, en collaboration avec le Service de l’Archéologie du Ministère de la Région wallonne et le soutien de la ville de Namur, ont permis un approfondissement des connaissances préalablement à un programme de mise en valeur du site.

Château des comtes. Photo G. Focant, DPat © MRW.

La première mention d’un comte de Namur remonte en 907, elle concerne un certain Bérenger, comte du pagus de Lomme. Un premier mur, situé sous l’espace de l’actuel château, barre l’éperon. En 974, une chronique atteste que le comte Robert Ier possède une résidence au sommet de l’éperon. Par la suite, le château devient un pôle politique, social, économique et militaire majeur dans la vallée de la Meuse moyenne. Au XIIe siècle, l’occupation se concentre sur la pointe, isolée du plateau par un grand fossé. Un nouveau mur de barrage de 4 m d’épaisseur est construit quelques mètres plus en avant du précédent. Un beau fragment 8. Le Namurois


Le château des comtes

Deux tours de la première enceinte du château des comtes. Photo © MSW.

de monument funéraire daté de la fin du Ier siècle de notre ère a été découvert, réutilisé dans la construction de ce mur médiéval. La collégiale* Saint-Pierre au château, mentionnée en 1184, est construite au milieu du XIIe siècle à la pointe de l’éperon d’où elle domine le confluent. Les fouilles menées en 1996-1998 ont mis au jour les vestiges du chevet* et des bâtiments du chapitre de cette collégiale*. À la fin du XIIIe ou au début du XIVe siècle, le mur de barrage est flanqué de trois tours semi-circulaires dont deux sont toujours visibles de part et d’autre du pont des Hollandais. À l’intérieur de cette fortification, l’organisation des bâtiments de la résidence comtale reste hypothétique. Dans la seconde moitié du XIVe siècle, le château est pourvu d’une deuxième enceinte flanquée de quatre tours et d’une porte centrale. Une de ces tours a été englobée dans la porte de Médiane. Au XVe siècle, le logis comtal groupant les appartements comtaux (la camera), la grande salle (l’aula) et une chapelle (la capella) s’élève sur le flanc nord de la terrasse, c’est-à-dire côté Sambre, à l’emplacement du bâtiment qui abrite actuellement le musée. Le quartier des chanoines, aux abords de la collégiale*, subit diverses transformations liées à l’évolution de leur statut. À l’arrière de la collégiale*, sur l’actuelle esplanade du guetteur, une ruelle dessert diverses habitations. 126 . 127


En 1429, le comté* de Namur est rattaché aux États bourguignons. Le château perd sa qualité de résidence seigneuriale mais va accroître son importance militaire et stratégique par la construction de « Médiane » entre 1542 et 1559, ensemble bastionné, première citadelle truffée de souterrains et casemates*. Au XVIIe siècle, cette citadelle est encore agrandie d’une troisième partie, « Terra Nova ». En septembre 1746, une bombe provoque un violent incendie qui embrase la collégiale* Saint-Pierre. En 1755, elle est remplacée par une église casematée : l’actuel Espace archéologique Saint-Pierre (voir infra ). L’emplacement des ruines est aménagé en terrasse d’artillerie, c’est l’actuelle esplanade du guetteur. Au milieu du XVIIIe siècle, la physionomie du château se trouve donc fortement bouleversée. Au début du XIXe siècle, les Hollandais relèvent les ruines et entament une vaste campagne de travaux qui modifie encore profondément le château pour lui donner son aspect actuel. Un parcours d’interprétation démarre au pied de la citadelle et vous emmène à la rencontre de l’histoire du château. La visite du château des comtes vous invite à découvrir la vie quotidienne au Moyen Âge. Un comité d’animation organise des visites guidées de la citadelle, des souterrains et du château ainsi que de nombreuses activités touristico-culturelles. Propriété de la ville de Namur, l’ensemble du site est classé* depuis 1991 et reconnu Patrimoine exceptionnel*.

Château des comtes Route merveilleuse, 4 à 5000 Namur Comité d’animation de la citadelle Terra Nova, route merveilleuse, 64 à 5000 Namur Tél. : +32 (0)81/654 500 Fax : +32 (0)81/229 366 E-mail : info@citadelle.namur.be Site web : www.citadelle.namur.be Le site est en accès libre. – Visite du musée et des souterrains sur demande, départ à Terra-Nova De 4 à 5 € p.p., possibilité de tickets combinés.

8. Le Namurois


À VOIR AUSSI À NAMUR… 59

Géré par le Service de l’archéologie en province de Namur, l’Espace archéologique Saint-Pierre met en valeur, par le biais d’expositions temporaires, le résultat des fouilles menées en Wallonie. Il prend place dans la chapelle Saint-Pierre (17541757) située dans la partie dénommée « Médiane », à quelques pas du château des Comtes. Site : route merveilleuse, 23 à 5000 Namur. – Infos : tél. : +32 (0)81/250 270. – Ouvert : du mardi au dimanche de 12 à 17h.

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C’est en 1856 que le Musée archéologique de Namur s’installe dans la Halle al Chair, rare témoin de l’architecture civile du XVIe siècle à Namur. La richesse et l’intérêt des collections tiennent aux nombreuses recherches menées par la Société archéologique sur l’ensemble de la province entre la seconde moitié du XIXe et la première moitié du XXe siècle. La période gallo-romaine est abondamment illustrée par le matériel provenant de villas* (Anthée et Jemelle), et de nécropoles* ( Wépion ou Flavion). L’époque mérovingienne y est également richement illustrée. Enfin, le musée présente, au rez-dechaussée, une copie de la maquette du plan en relief de la ville de Namur (1749), document particulièrement intéressant pour appréhender le contexte urbain. Site : rue du Pont, 21 à 5000 Namur. – Infos : tél. : +32 (0)81/231 631. – Ouvert : du mardi au vendredi de 10 à 17h, le WE de 10h40 à 17h, fermé du 25/1 au 1/1.

Mercure, statuette en bronze. Photo © Musée archéologique de Namur.

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Itinéraire du patrimoine archéologique

La grotte de Spy

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À 2 km à l’ouest de Spy, au lieu-dit « Bètche-al-Rotche », la grotte est creusée dans un massif calcaire, à 18 m du cours actuel de l’Orneau, un affluent de la Sambre. Découverte en 1886, elle représente un épisode important de l’histoire des sciences pour le développement de la paléoanthropologie. Elle a fait l’objet de nombreuses fouilles qui, malheureusement, n’ont pas toujours été menées selon les exigences scientifiques actuelles et ont été perturbées par des fouilles sauvages.

Entrée de la grotte. Photo G. Focant, DPat © MRW.

Précédée d’une vaste terrasse, la grotte se compose d’une salle principale et de quelques galeries profondes. Elle comporte trois entrées à des étages différents. La succession des sédiments est complexe mais quelques grandes phases s’en dégagent, depuis le Paléolithique moyen jusqu’au Paléolithique supérieur. Quelques ossements humains témoignent également de l’utilisation du site comme sépulture au Néolithique récent. Le matériel archéologique mis au jour est abondant : des bifaces*, des racloirs, des pointes, des burins, de l’industrie osseuse comme des aiguilles ou des sagaies. Il atteste de l’intensité et de la diversité des occupations 8. Le Namurois


La grotte de Spy

Évocation de l’homme de Spy. Dessin B. Clarys © MRW.

qui se sont succédées dans la grotte. Ce matériel est dispersé en diverses collections conservées à l’Université de Liège, au Grand Curtius, au Musée archéologique de Namur ou aux Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles. Le 11 juillet 1886 survient une découverte capitale qui joue un rôle fondamental dans l’étude de l’évolution humaine. Deux squelettes humains, apparemment complets, sont découverts sur la terrasse précédant l’entrée. Le premier squelette, « Spy 1 », semble être celui d’une femme dont la capacité crânienne avoisine les 1300 cm3. Le second, « Spy 2 », serait le squelette d’un homme assez jeune d’une capacité crânienne de 1500 cm3. D’autres ossements appartiennent à un enfant et à deux ou trois adultes. Ces restes ont de 40 à 50 000 ans et ils sont apparentés à un type humain archaïque, l’Homme de Néandertal*. Cette forme humaine, déjà reconnue à Engis en région liégeoise, présente des caractères archaïques telles que l’absence de véritable menton ou la forme assez basse du crâne. L’importante capacité crânienne, au contraire, est un trait morphologique à rapprocher de l’Homme Moderne. 130 . 131


Plus d’un siècle après leur découverte, les ossements de « l’homme de Spy » attirent toujours les anthropologues du monde entier. Aujourd’hui, diverses études faisant appel à des techniques nouvelles, cherchent encore à améliorer la connaissance des Néandertaliens de Spy. La grotte, intégrée dans une réserve naturelle, est accessible au public. Une promenade sur un chemin balisé permet d’y accéder facilement. L’asbl « Les amis de l’homme de Spy » organisent des visites guidées de ce site reconnu comme Patrimoine exceptionnel*. Un projet de centre d’interprétation de l’Homme de Spy est également en cours.

Grotte de Spy à Jemeppe-sur-Sambre/Spy Asbl « Les amis de l’homme de Spy » Tél. : +32 (0)71/785 003 E-mail : mj.hermand@skynet.be Site web : www.users.swing.be/grottesdespy Le site est accessible en permanence sauf du 15/9 au 31/1 (période de chasse). – L’asbl organise des visites guidées pour des groupes (max. 30 pers.) sur réservation. 40 € la visite E42, sortie 13, à partir de Spy, suivre l’itinéraire fléché.

8. Le Namurois


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VallÊe de la Meuse depuis Poilvache. Photo Š P. Saint-Amand.


Itinéraire du patrimoine archéologique

9. Le Pays de Dinant

Les ruines de Poilvache (Yvoir/Houx)

Le château de Montaigle (Onhaye/Falaën)

Le parc de Furfooz et la fortification de Hauterecenne (Dinant/Furfooz)

Archéoparc de Malagne la gallo-romaine (Rochefort/Jemelle)

9. Le Pays de Dinant


Itinéraire du patrimoine archéologique

Les ruines de Poilvache

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Entre Namur et Dinant, le site de Poilvache surplombe la vallée de la Meuse, au sommet d’une impressionnante falaise. Installé au sein d’une réserve naturelle, le site de Poilvache est remarquable à plus d’un titre. Depuis 1996, les ruines font l’objet de relevés systématiques et de travaux de dégagement et de consolidation menés par le service de l’Archéologie du Ministère de la Région wallonne en collaboration avec l’asbl « Les amis de Poilvache ».

Ruines du château depuis le nord-est. Photo L. Baty, DPat © MRW.

La légende attribue la construction de Poilvache aux 4 fils Aymon. Lors d’un tournoi, un des 4 frères, Renaud, tue Bertolais, le neveu de Charlemagne. Ils prennent alors la fuite sur leur célèbre cheval et trouvent refuge en bord de Meuse où ils construisent un château. Épopée médiévale par excellence, la légende des 4 fils Aymon résonne le long de la Meuse, associée à divers lieux emblématiques. En réalité, la forteresse est mentionnée pour la première fois en 1228, sous le nom « de Méraude ». Attachée, dès 1254, au comté* de Luxembourg, elle constitue un point stratégique de ses territoires, face au comté* de Namur et à la principauté de Liège. 134 . 135


Plan des structures visibles : d’est en ouest : basse-cour* - château - ville. Synthèse J. Plumier ©, d’après les levés de J. Plumier et Cl. Dupont (1996-2001) et P.H. Tilman et Cl. Vilain (2005), (PHI–Infographie).

À 100 m d’altitude, les vestiges s’étendent sur quelques 2,5 ha formant un quadrilatère très allongé et irrégulier. Ils présentent trois parties distinctes correspondant à la basse-cour*, au château proprement dit et à la ville. Au nord-est, une première levée de terre et de pierre protège la basse-cour* ; elle n’a pas encore fait l’objet de recherches approfondies. Un large fossé la sépare du château qui, installé sur le point le plus élevé du promontoire, forme ainsi barrage. Il présente un plan quadrangulaire irrégulier délimité par des courtines* flanquées de tours. Celles-ci ont été aménagées dans un second temps. Différentes pièces s’agencent autour des remparts, laissant un espace central dégagé, occupé par un puits de 54,5 m de profondeur. Dans l’angle sud-est du château, au-dessus de l’entrée et du couloir d’accès, une grande salle a été aménagée, peut-être le logis ? Côté oriental, une autre salle flanque la courtine*. Au sud, un chemin donnant accès à la ville, longe la courtine*. Séparée du château par un fossé, la ville est installée sur le plateau, ceinturée par des murs qui prolongent ceux du château. À l’ouest, une tour remarquablement conservée présente encore 9 archères et un escalier intramural. La tour de la Monnaie, dans l’angle sud-ouest constitue l’extrémité du chemin de ronde. Côté méridional, le mur de rempart est interrompu par la falaise. 9. Le Pays de Dinant


Les ruines de Poilvache

L’organisation spatiale de la ville n’est pas encore clairement établie. Plusieurs constructions présentent une organisation assez semblable : une maison sur cave et citerne, pourvue d’une cheminée au rez-de-chaussée, d’un étage et de combles. La maison « au grand pignon » en est une remarquable illustration. En 1342, Marie d’Artois, comtesse de Namur, acquiert Poilvache et en fait don à son fils, Guillaume Ier. Le château devient alors l’une des sept résidences et forteresses d’état des comtes de Namur. En 1421, il passe à la Maison de Bourgogne. En 1430, le château est assiégé par les Liégeois, en guerre contre Philippe le Bon, duc de Bourgogne et comte de Namur. Complètement détruite, la forteresse est démantelée et abandonnée.

Maison «au grand pignon ». Photo G. Focant, DPat © MRW.

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Propriété de la Région wallonne, le site est géré par le cantonnement de la Division de la Nature et des Forêts du Ministère de la Région wallonne. L’asbl « Les amis de Poilvache » collabore aux travaux de recherches et assure la mise en valeur des vestiges par le biais de diverses activités et l’organisation de visites guidées. Actuellement les travaux de dégagement et de consolidation des murs se poursuivent. Des fouilles archéologiques ne pourraient que renforcer la connaissance de ce bel ensemble médiéval. Au riche potentiel archéologique et historique du site, s’ajoute également l’intérêt environnemental, le tout concourrant à la magie des lieux.

Ruines de Poilvache Chemin de Poilvache, 3 à 5530 Yvoir/Houx Asbl « Les amis de Poilvache » E-mail : lesamisdepoilvache@yahoo.fr Site web : www.poilvache.be Site accessible le WE entre Pâques et Toussaint ; tous les jours du 1/7 au 31/8 de 10h30 à 18h. – Visites guidées sur réservation. De 0,75 à 2 € p.p. E411, sortie 19 dir. Yvoir, à hauteur d’Evrehailles, prendre un petit chemin à gauche. Le site est fléché.

À VOIR AUSSI DANS LES ENVIRONS… 63

À Bouvignes, de l’autre côté de la Meuse, la Maison du Patrimoine médiéval mosan, installée dans l’ancienne « Maison espagnole » (XVIe siècle), vise à faire découvrir le Moyen Âge de la vallée mosane. Site : place du Baillage, 16 à 5500 Bouvignes. Infos : tél. : +32 (0)82/ 223 616. Ouvert : dès le printemps 2008, de Pâques au 1/11, tous les jours sauf le lundi, de 10 à 18h (à partir de Pâques 2008).

9. Le Pays de Dinant


Itinéraire du patrimoine archéologique

Le château de Montaigle

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Au confluent de la Molignée et du Flavion, au sommet d’un massif orienté est-ouest, les ruines spectaculaires du château de Montaigle dominent la vallée à quelques160 m d’altitude. Les fouilles menées par la Direction de l’Archéologie du Ministère de la Région wallonne en 1992, ont permis d’affiner la connaissance et l’évolution du site. Une occupation est attestée sur le haut plateau dès l’Âge du Fer, documentée par un abondant matériel archéologique. Il semble, cependant, que ce soit surtout à l’époque romaine que Montaigle développe sa vocation défensive. À la fin du IIIe siècle, le promontoire est occupé par une petite garnison militaire. Dès le début du IVe siècle, un mur d’enceinte, large de 2 m, ceinture le sommet et délimite un espace de près de 3 400 m2. Des constructions en bois et torchis y sont aménagées. Après 450, le site est abandonné.

Château de Montaigle. Photo G. Focant, DPat © MRW.

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Il faut attendre le début du Xe siècle pour que le site soit réoccupé. Le seigneur de Faing, proche des comtes de Namur, fait de Montaigle sa résidence. Il ne reste que peu de traces de ce château. Au XIIe siècle, la seigneurie passe aux mains de Gilles de Berlaymont qui fait bâtir un donjon* à la pointe du rocher. L’espace fortifié est réduit de moitié par rapport à la forteresse du Bas-Empire. En 1298, Guy de Dampierre, comte de Namur, rachète Montaigle pour le donner à son fils cadet, Guy de Flandres. Le domaine passe donc à la Maison de Namur dont il devient l’une des résidences, au même titre que Poilvache. Une nouvelle construction est entamée, conçue comme un lieu de résidence au centre d’un domaine foncier. Son rôle militaire est secondaire mais le château n’en demeure pas moins puissant. Il se compose de 3 parties distinctes : le logis, la haute-cour* et la basse-cour*. Le logis, défendu par une tour circulaire, est élevé à l’emplacement de l’ancien donjon*. Au nord-est du logis, la cour regroupe les communs et le puits. La basse-cour*, abritant granges, écuries et prairies, s’étend dans la plaine. Dans la seconde moitié du XIVe siècle, la cour du château est agrandie par la création d’une terrasse soutenue par une nouvelle courtine* ponctuée de trois tours. Mais c’est surtout durant la première moitié du XVe siècle que des transformations vont bouleverser sa physionomie. Le caractère résidentiel est nettement souligné, au détriment de l’aspect défensif. La plupart des tours de la partie haute changent d’affectation. Une cheminée et une latrine sont aménagées dans la tour principale d’angle. La façade sud du logis est percée de deux grandes fenêtres à banquette. Enfin, toutes les salles de cette partie haute, à l’extrême pointe du promontoire, sont équipées d’une cheminée. Le besoin de place est important. La nécessité de disposer d’espaces de stockage conduit à l’aménagement de plusieurs caves voûtées sur lesquelles viennent se superposer plusieurs niveaux. Toutes les tours sont surélevées d’un étage pour gagner en hauteur ce qu’on ne peut gagner en surface. L’ancien puits n’est plus suffisant. Côté est, une tour quadrangulaire est érigée à l’extérieure de la courtine*. Sa partie inférieure est aménagée en citerne qui reçoit les eaux de pluies des toitures environnantes. Une seconde citerne est aménagée dans la partie haute du château. En juillet 1554, les troupes françaises d’Henri III investissent le château. Abandonné quelques jours plus tôt, par la garnison qui s’est repliée vers Namur, Montaigle est pillé et incendié. Commence alors une longue période d’abandon et de dégradations diverses. Hormis quelques tentatives de sauvegarde au XIXe siècle, il faut attendre 1965 pour voir un véritable programme de consolidation et de préservation des vestiges. Les travaux, mis en œuvre par l’asbl « Les amis de Montaigle », s’attachent d’abord au débroussaillement des ruines. Suivent des campagnes de consolidations en même temps que des recherches archéologiques. 9. Le Pays de Dinant


Le château de Montaigle

Le site est aujourd’hui accessible au public. Un petit musée à l’entrée du château présente les résultats des recherches et diverses maquettes. La visite vous propose une lecture archéologique des vestiges, classés* depuis 1965 et inscrits sur la liste du Patrimoine exceptionnel*, en y intégrant la problématique de leur sauvegarde.

Château de Montaigle Rue du Château ferme à 5520 Onhaye/Falaën Tél. : +32 (0)82/699 585 Fax : +32 (0)82/213 966 Du 1/9 au 30/6, les dimanches de 14 à 18 h ; du 1/7 au 31/8, tous les jours de 14 à 18. – Visites guidées sur réservation pour les groupes. De 1,5 à 4 € p.p. N92 Namur-Dinant, à Anhaye, prendre la direction de Maredsous et suivre la vallée de la Molignée.

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Itinéraire du patrimoine archéologique

Le parc de Furfooz et la fortification de Hauterecenne

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Au sud du village de Furfooz, le site exceptionnel de la fortification de Hauterecenne, ou « camp romain », domine la vallée de la Lesse. La fortification est intégrée dans un parc qui allie richesses patrimoniales, archéologiques et naturelles. Un itinéraire de promenade vous permet de partir à la rencontre de divers vestiges, logés dans un écrin de verdure. Des fouilles archéologiques ont été menées dès la seconde moitié du XIXe siècle, par la Société archéologique de Namur et ensuite par les Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles. Dans les années 1970, l’asbl « Ardenne et Gaume », en collaboration avec l’Université de Louvain, reprend les investigations.

Crète de Hauterecenne dans la vallée de la Lesse. Photo G. Focant, DPat © MRW.

Le site regorge de cavités, creusées par la Lesse, qui ont fait le bonheur des spéléologues. Elles ont fait l’objet, dès 1864, de recherches archéologiques et ont attesté une occupation au Paléolithique supérieur. Deux sépultures collectives, remontant au Néolithique récent, ont également été découvertes. L’occupation la plus importante remonte au Bas-Empire qui voit l’édification d’une enceinte et de thermes*. À la fin du IIIe ou au début du IVe siècle, un mur de barrage est élevé au sud-ouest, à l’étranglement du plateau. De 19 9. Le Pays de Dinant


Le parc de Furfooz et la fortification de Hauterecenne m de long, il est assez semblable à celui de la fortification d’Éprave toute proche. Des thermes* sont érigés sur le versant nord du promontoire. De plan rectangulaire flanqué de trois absides*, ils ont été reconstitués entre 1957 et 1959. Cette première fortification s’inscrit dans le dispositif de défense mis en place par les romains au début du Bas-Empire.

Fortification de Hauterecenne. Photo © Parc Furfooz.

Dans un deuxième temps, à une période postérieure à 350, la fortification subit quelques réaménagements. Un second mur de barrage vient renforcer le précédent, construit en partie avec des matériaux provenant des thermes*. Ceux-ci sont en effet abandonnés et réutilisés comme nécropole*. Le matériel archéologique mis au jour montre que la population inhumée est de culture germanique. Ceci atteste donc une réoccupation de la fortification à la fin du Bas-Empire par des troupes germaniques à la solde de Rome. L’abondant matériel archéologique et la présence de thermes* et d’une nécropole* montrent que cette forteresse n’était pas un simple abri temporaire. Elle devait abriter, de façon plus ou moins permanente, un contingent militaire. La nécropole* cesse d’être utilisée au tout début du Ve siècle et le site semble peu à peu abandonné. Durant les périodes mérovingienne et carolingienne, aucune structure architecturale n’a été mise en évidence. Au Bas Moyen Âge, un donjon est implanté sur le point culminant du promontoire. Le second mur de barrage est réaménagé, réparé, rebouché et surélevé. Le dispositif de défense est renforcé par un fossé creusé au sud-ouest. Enfin, une enceinte est élevée sur le versant nord-est. Percée au nord, elle se termine au nord-est pas une tour quadrangulaire. Elle reprend peut-être le tracé d’un mur plus ancien, probablement déjà du Bas-Empire. 142 . 143


Reconstitution des thermes. Photo © Parc Furfooz.

Le parc et la réserve naturelle sont la propriété de la ville de Dinant. Depuis 1948, le site est géré par l’asbl « Ardenne et Gaume » qui s’est également chargé de sa mise en valeur. Ce haut lieu de l’archéologie au sein d’un site spectaculaire, où la protection de la nature s’allie à la protection du patrimoine archéologique, justifie pleinement sa reconnaissance comme Patrimoine exceptionnel*. Parc et réserve naturelle de Furfooz / Fortification de « Hauterecenne » Rue du Camp Romain à 5500 Dinant/Furfooz Tél. : +32 (0)82/223 477 Fax : +32 (0)81/224 765 E-mail : christophe.goffin@win.be Site web : www.parcdefurfooz.be Du 1/4 au 31/10, tous les jours de 10 à 17 h ; du 1/6 au 31/8, tous les jours de 9 à 18 h ; du 1/3 au 31/3, les WE et jours fériés seulement de 10 à 17h ; fermé du 1/11 au 28/2. De 1 à 2,50 € p.p., possibilité de ticket combiné avec le château de Vêves. N97, sortie Furfooz, Vêves.

9. Le Pays de Dinant


Itinéraire du patrimoine archéologique

Archéoparc de Malagne la gallo-romaine

66

Entre Rochefort et Jemelle, la villa* de Malagne occupe un plateau qui domine à l’est la vallée de la Lhomme. Elle fait partie des plus grandes villas* connues en Gaule du nord. Dégagée entre 1898 et 1891 par la Société archéologique de Namur, la villa* se compose d’un vaste corps de logis et de quatre bâtiments annexes occupant un espace de 3,5 ha. Un siècle plus tard, à la demande de la ville de Rochefort désireuse de mettre le site en valeur, un nouveau programme de fouille débute en 1992, mené par la Direction de l’Archéologie du Ministère de la Région wallonne. Les deux objectifs majeurs sont de préciser la chronologie et les fonctions des divers aménagements.

Vestiges de la villa. Photo Malagne © Archéoparc.

Dès les premières recherches, un grand complexe est identifié. Il comprend le corps de logis, et cinq bâtiments annexes. Le corps de logis présente un plan en longueur de 104 m de long sur 20 m de profondeur. Le bâtiment principal a été établi sur une butte qui domine l’ensemble. Une galerie orne les façades avant et arrière de l’habitation qui comprend une succession de pièces dont deux salles à manger, ou triclinium, caractérisées par trois banquettes. Dans un deuxième temps, des thermes* sont annexés au corps de logis, côté sud. Les installations balnéaires comportent deux praefurnia, ou foyers de chauffe qui alimentent le chauffage par hypocauste*. Le plan coupé en deux pourrait correspondre à une double installation, l’une réservée aux femmes et l’autre aux hommes. L’eau est acheminée depuis une source 144 . 145


via des canalisations en bois. Ce complexe balnéaire était en usage dans le courant des IIe et IIIe siècle. Il a été détruit par un incendie. La pars rustica, au-delà d’un mur de clôture, comporte cinq bâtiments : trois ateliers, une grange et une habitation. Celle-ci se compose d’une grande pièce rectangulaire avec des pièces d’angle reliées par une galerie. Sa construction remonte sans doute au IIe siècle mais elle a connu plusieurs transformations et était toujours occupée au IVe siècle. Un des ateliers témoigne du travail du bronze, un autre était peut-être un séchoir à grains. Une étude palynologique* a permis de restituer le paysage autour de la villa*, présenté comme largement déboisé, couvert de prairies dans lesquelles les cultures semblent absentes. Il n’y a pas, à Malagne, d’indices d’élevage ou de culture intensive. En revanche, l’activité métallurgique semble avoir été très importante. En 1996, l’Archéoparc de Malagne ouvre ses portes au public qui peut y découvrir le complexe de la villa*, classé* depuis 1981, au sein d’un environnement protégé. Les vestiges mis au jour sont consolidés et deux des bâtiments annexes sont reconstitués. Diverses activités et animations visent à faire revivre cette exploitation rurale. On trouve à Malagne des cultures de céréales proches des variétés antiques, un vignoble ou encore un élevage de quelques races anciennes de bétail. Toutes ces activités fournissent les éléments de base aux diverses animations telles que la micro-brasserie, la fabrication traditionnelle de pain ou l’utilisation de la fameuse moissonneuse des Trévires ou vallus (voir Route 7). D’autres recherches en archéologie* expérimentale y sont menées pour tenter de comprendre les techniques de construction ou le travail de la métallurgie.

Vestiges de la villa. Photo Malagne © Archéoparc.

9. Le Pays de Dinant


Archéoparc de Malagne la gallo-romaine

Maquette, corps de logis. Photo G. Focant, DPat © MRW.

Un programme de chantier de reconstruction des thermes* est actuellement en cours. La notion de conservation du patrimoine est également abordée par l’illustration du travail de l’archéologue et la visite des vestiges préservés.

Archéologie expérimentale: techniques de construction. Photo Malagne © Archéoparc.

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Archéoparc de Malagne la gallo-romaine Malagne, 1 à 5580 Rochefort/Jemelle Tél. : +32 (0)84/222 103 Fax : +32 (0)84/212 582 E-mail : info@malagne.be Site web : www.malagne.be/fr Des vacances de Pâques aux vacances de Toussaint, tous les jours de 13h30 à 18h; du 1/7 au 31/8, tous les jours de 13h30 à 19h. Ouvert toute l’année pour les groupes sur réservation. De 2,80 à 3,80 € p.p. E411, sortie ou N4, sortie Marche ; suivre la N836 jusque Jemelle puis l’itinéraire fléché.

À VOIR AUSSI À ROCHEFORT… 67

Installé sur un promontoire rocheux, le château comtal de Rochefort fut le plus grand de la Famenne, alors tenu par la famille des Montaigu. Les fouilles ont identifié les fondations d’un donjon* carré datant de la fin du XIe siècle. Fortement transformé aux XVIIe et XVIIIe siècles, il est finalement détruit à la Révolution. Site : rue Jacquet à 5580 Rochefort. Infos : tél. : +32 (0)84/214 409. Ouvert : visites guidées sur réservation.

À VOIR AUSSI DANS LE PAYS DE DINANT… 68

À Treignes, une autre villa* gallo-romaine mérite le détour, la villa* gallo-romaine des « Bruyères ». Découverte en 1979, à 300 m du village, elle est fouillée dès l’année suivante par le cercle « Amphora ». Les recherches, qui se poursuivent jusqu’en 1987, ont identifié une villa* entourée de dépendances couvrant une superficie de quelques 6 ha. Le corps de logis présente un plan rectangulaire articulé autour de deux longues pièces. À l’ouest, une cour s’ouvre sur un ensemble de thermes* qui comporte les différentes pièces habituelles. Cette villa* a été construite au milieu du IIe siècle et subit ensuite, quelques 9. Le Pays de Dinant


transformations. En 225, une cave est annexée côté ouest, creusée dans le schiste et pourvue d’un système de drainage. L’occupation semble cesser vers 375. Les vestiges ont été restaurés et aménagés pour les visites. Site : rue des Bruyères à 5670 Viroinval/Treignes. – Infos : le site est en accès libre, pour toute information ou réservation de visite guidée, adressezvous au Musée du Malgré-Tout (voir infra). 69

À 2 km à l’ouest de Matagne-la-Grande, en pleine forêt, les vestiges du sanctuaire du « Bois des Noël » dominent la région à 260 m d’altitude. Le sanctuaire se compose d’un mur d’enceinte délimitant une aire sacrée de près d’1 ha, aménagée de deux fanum* et d’autres bâtiments. Outre sa fonction religieuse, le sanctuaire représentait également un lieu de rencontres et d’échanges. Son occupation est attestée du IIIe au Ve siècle. Site : Sanctuaire du « Bois des Noël » à 5680 Doische/Matagne-laGrande. – Infos : le site est en accès libre, pour toute information ou réservation de visite guidée, adressez-vous au Musée du Malgré-Tout (voir infra).

70

Enfin, vous pourrez compléter votre visite par un passage au Musée du Malgré-Tout. Axé principalement sur la Préhistoire, il présente les diverses découvertes archéologiques de la région ainsi que des expositions temporaires. Le parc de la Préhistoire, à l’extérieur, propose des reconstitutions de tentes préhistoriques. Site : rue de la Gare, 28 à 5670 Treignes. – Infos : tél. : +32 (0)60/390 243. – Ouvert : tous les jours sauf le mercredi de 10h30 à 17h30 ; les WE et jours fériés de 10h30 à 18 h ; ouvert tous les jours pendant les vacances scolaires sauf pendant les vacances de noël.

Villa « Bois des Bruyères ». Photo © CEDARC.

148 . 149


Les routes thématiques

Afin que les circuits géographiques se rapprochent des « routes culturelles » telles que définies par Le Conseil international des Monuments et Sites (ICOMOS), nous vous proposons ici des indexes thématiques regroupant les sites archéologiques selon d’autres critères.

La Préhistoire La Préhistoire correspond à ce long passé de l’humanité qui débute avec l’apparition des premières pierres taillées. Plusieurs grandes étapes ont été reconnues dans l’évolution culturelle. La première, la plus longue, est le Paléolithique. Cette période est marquée par des alternances de climat, entre des périodes de grands froids qui ont vu la désertion de nos territoires et des périodes plus propices à l’installation de l’homme. Ces modifications climatiques engendrent des changements environnementaux importants auxquels l’homme va devoir s’adapter pour assurer sa survie. Vers 300 000 avant notre ère, c’est l’apparition de l’Homme de Néandertal* qui disparaît de manière brutale vers 30 000 avant notre ère au profit d’une autre race, l’Homo Sapiens. Durant le Mésolithique, période intermédiaire entre le Paléolithique et le Néolithique, l’homme continue de vivre de chasse et de pêche. Le Néolithique marque un changement plus profond puisque l’homme passe d’une économie de subsistance à une économie de production basée sur l’agriculture et l’élevage. Il devient sédentaire, établit des villages et développe de nouvelles techniques comme la fabrication de poteries. Les activités de productions s’intensifient comme le montre l’exploitation des minières de Spiennes. Les différents peuples se distinguent par leurs pratiques funéraires. Les défunts sont inhumés individuellement ou collectivement comme par exemple à Wéris. Sites : Archéosite® d’Aubechies (Belœil/Aubechies), minières néolithiques de Spiennes (Mons/Spiennes), Préhistosite et la grotte de Ramioul (Flémalle/Ivoz-Ramet), champ mégalithique de Wéris (Durbuy/Wéris), grotte Scladina (Andenne/Sclayn), grotte de Spy (Jemeppe-sur-Sambre/ Spy), parc de Furfooz (Dinant/Furfooz).

La Protohistoire L’introduction du métal dans nos régions marque le début de la Protohistoire. Après le travail de la pierre, l’homme va exploiter le bronze puis le fer pour en faire des armes et des outils plus résistants. L’Âge du Bronze touche tardivement nos régions (vers 2000-1800) dépourvues des gisements de cuivre et d’étain. La recherche des minerais va développer des relations commerciales et des échanges dans toute l’Europe. Cette nouvelle technologie permet la fabrication de nouvelles armes plus résistantes mais également de nouveaux outils et d’objets de parure. D’un point de vue socio-culturel, cette nouvelle technologie a également apporté certains changements. L’intensification des échanges Les routes thématiques


en a enrichi certains. On assiste alors à une hiérarchisation de la société. Enfin, d’un point de vue funéraire, l’incinération se généralise. Le travail du fer marque une seconde étape dans la Protohistoire. Dans nos régions, la sidérurgie se développe vers le VIIIe siècle avant notre ère. L’Âge du Fer est divisé en deux période : la période de Hallstatt (entre 750 et 480 avant notre ère), du nom du célèbre site autrichien, et la période de La Tène (entre 480 et la conquête romaine), du nom du village suisse des berges du lac de Neuchâtel. Durant le Premier Âge du Fer, on assiste à un renforcement du pouvoir et à une hiérarchisation accrue de la société. Au début du Ve siècle, nos régions sont occupées par une population celte*, les Gaulois. Sites : Archéosite ® d’Aubechies (Belœil/Aubechies), fortification du « Cheslé » de Bérisménil (La Roche-en-Ardenne/Bérisménil), Musée des Celtes (Libramont), site archéologique de Montauban-sous-Buzenol (Étalle/ Buzenol).

L’Antiquité gallo-romaine Après la conquête de la Gaule par César (58-51 avant notre ère), nos régions sont annexées à Rome. Un système d’administration selon le modèle romain est mis en place par Auguste. La Gaule est divisée en trois provinces, elles-mêmes divisées en cités ayant chacune leur chef-lieu administratif. Nos régions sont partagées entre les cités des Ménapiens, des Nerviens, des Tongres et des Trévires. Un réseau routier est établi à travers tout le territoire. Le début de l’Antiquité gallo-romaine, la période du Haut-Empire, est marqué par une stabilité politique qui favorise le développement économique. Nos régions se romanisent progressivement comme en attestent les nombreuses découvertes archéologiques. Au IIIe siècle, cette stabilité vacille suite à des querelles de succession et à des incursions répétées des Barbares. C’est la période du Bas-Empire qui voit l’édification de remparts et de fortins. Sous le règne de Dioclétien (284-305), quelques réformes administratives tentent de rétablir l’ordre. Des auxiliaires germains sont recrutés pour renforcer les frontières. En 406, les populations barbares déferlent sur nos régions. C’est le début des grandes invasions. Les Francs, déjà installés pacifiquement sur le territoire, prennent le pouvoir. En 476, c’est la chute de l’Empire romain d’Occident. Sites : parc archéologique d’Antoing (Antoing), Espace gallo-romain (Ath), Archéosite ® d’Aubechies (Belœil/Aubechies), site archéologique de Liberchies (Pont-à-Celles/Liberchies), tumulus* dit « Tombe d’Hottomont » (Ramillies/Grand-Rosière), Archéoforum (Liège), site archéologique des 5 tumulus* (Geer/Omal), site archéologique de Montauban-sous-Buzenol (Étalle/Buzenol), parc de Furfooz (Dinant/Furfooz), Archéoparc de Malagne la gallo-romaine (Rochefort/Jemelle).

150 . 151


Le Moyen Âge Cette période qui s’étend du Ve siècle au XVe siècle ne présente pas une grande unité et est assez difficile à définir. Elle se divise généralement en deux périodes : le Haut Moyen Âge et le Bas Moyen Âge. À la fin du Ve siècle, Clovis, fils du roi franc Childéric, a regroupé sous son autorité un territoire important dans lequel on observe une fusion des éléments gallo-romains et germaniques. Les Mérovingiens* s’installent donc dans une certaine continuité. Les témoignages archéologiques les plus fréquents pour la période mérovingienne sont des nécropoles* dont les tombes ont parfois livré un riche matériel. En 751, la dynastie mérovingienne est renversée par les Carolingiens*. Sous le règne de Charlemagne (763-814), le royaume s’élargit avant d’être divisé en trois en 843. Tournai et sa région sont incorporés à la Francia Occidentalis et le reste du territoire passe à la Francia Media. Elle se scindera en 925 pour avoir, à l’ouest le comte de Flandres attaché au royaume de France et à l’est, la Lotharingie. Les historiens font commencer le Bas Moyen Âge par l’accession au trône de Hugues Capet. C’est la période de la féodalité et des seigneuries, où de grands seigneurs s’affranchissent du pouvoir central. On assiste à une structuration de diverses principautés territoriales (Brabant, Hainaut, Liège, Luxembourg, Namur). Vers la fin du XIVe siècle, certaines de ces principautés passent sous la tutelle de la Maison de Bourgogne. La situation administrative tend alors à se centraliser. La chute de Constantinople, en 1453, marque généralement la fin du Bas Moyen Âge. Sites : sous-sol archéologique de la cathédrale Notre-Dame (Tournai), ancienne abbaye* d’Aulne (Thuin/Gozée), sous-sol archéologique de la collégiale* Sainte-Gertrude (Nivelles), abbaye* de Villers (Villers-la-Ville), château de Walhain (Walhain-Saint-Paul), sous-sol archéologique de la collégiale* Saint-Georges et Sainte-Ode et le sarcophage de sancta Chrodoara (Amay), château de Franchimont (Theux), site archéologique de l’ancienne abbatiale* de Stavelot (Stavelot), château fort de Logne (Vieuxville/Ferrières), château de La Roche (La Roche-en-Ardenne), abbaye* Notre-Dame de Clairefontaine (Arlon/Autelbas), château fort de Bouillon (Bouillon), château d’Herbeumont (Herbeumont), ruines de l’abbaye* d’Orval (Florenville/Orval), site archéologique de Montaubansous-Buzenol (Étalle/Buzenol), château des comtes de Namur (Namur), ruines de Poilvache (Yvoir/Houx), château de Montaigle (Onhaye/Falaën), parc de Furfooz (Dinant/Furfooz).

Sur la chaussé romaine de Bavay à Tongres… Sous Auguste (-27 à 14 de notre ère), un réseau routier hiérarchisé se met en place dans les provinces gauloises de l’Empire. Ces routes ont permis la gestion administrative de nos régions mais également les échanges Les routes thématiques


commerciaux et culturels. Les plus importantes reliaient les centres principaux : la Bavay-Cassel via Tournai, la Tongres-Metz via Arlon ou la Bavay-Cologne via Tongres. Cette dernière, attestée par l’Itinéraire d’Antonin et la Table de Peutinger, est remarquablement conservée. Son tracé est resté inscrit dans le paysage et il est possible de la suivre, pratiquement sans interruption, entre Bavay et Tongres. Cette permanence est également soulignée par le nom de « Chaussée romaine » ou « Chaussée Brunehaut » qu’elle porte sur une grande partie du tracé. Quasiment rectiligne entre Bavay et Gembloux, elle serpente ensuite en Hesbaye jusqu’aux environs de Tongres. Différentes constructions jalonnent la chaussée telles que des agglomérations, ou vicus*, comme à Liberchies ou Waudrez, des tumulus* comme ceux d’Hottomont et d’Omal ou encore des monuments funéraires et des bornes milliaires comme celle de Péronnes-lez-Binche. Après la période romaine, elle a conservé un rôle de voie de communication et d’échanges. Ce Patrimoine remarquable fait partie d’un projet européen de sauvegarde et de mise en valeur. En voiture ou, mieux encore, à pied ou en vélo, promenez-vous sur cet itinéraire vieux de 2000 ans chargé d’une longue histoire. Sites : Musée gallo-romain de Waudrez (Binche/Waudrez), Musée de Mariemont (Morlanwez), site archéologique de Liberchies (Pont-à-Celles/ Liberchies), Musée de Liberchies, Tumulus* dit « Tombe d’Hottomont » (Ramillies/Grand-Rosière), site archéologique des 5 tumulus* (Geer/Omal).

Photo G. Focant, DPat © MRW. 152 . 153


Glossaire

Abbatiale Église principale d’une abbaye* Abbaye Monastère autonome comptant, en principe, au minimum douze moines et un abbé qui les gouverne. Abside Dans une église, l’abside est l’espace situé derrière le chœur, présentant souvent une forme semi-circulaire. Archéologie Étude des traces matérielles laissées par l’homme durant son évolution. Barbacane Fortification avancée qui protège l’entrée d’un château ou d’une ville. Basse-cour Cour basse du château où se trouvaient les écuries, ateliers… et où les paysans se réfugiaient en cas de danger. Biface Silex taillé sur ses deux faces. Canonnière Ouverture étroite pratiquée dans un mur pour tirer sans être vu. Carolingien Dynastie qui tire son nom de Charlemagne et qui régna de Pépin le Bref (714-768) à Louis V (967-987). Casemate Abri enterré résistant aux tirs des canons. Celte Civilisation de l’Âge du Fer (750-27 avant notre ère) qui se développe en Europe. Chancel Barrière séparant le chœur des autres parties de l’église. Chevet Partie d’une église qui se trouve à la tête de la nef*, derrière le chœur*. Chœur Partie de l’église qui se trouve devant le maître-autel et où se tient le clergé durant les offices. Collatéraux Nefs* latérales, bas-côtés d’une église. Collégiale Église qui, sans être une cathédrale (église de l’évêque), possède un chapitre de chanoines, c’est-à-dire une assemblée de religieux d’une même communauté. Comté Domaine dont le possesseur prend le titre de comte. Courtine Mur compris entre deux bastions. Crypte Salle placée sous ou derrière le chœur et servant de tombeau dans certaines églises. Chapelle souterraine. Déambulatoire Galerie qui tourne autour du chœur d’une église et relie les bas-côtés. Glossaire


Donjon Tour principale qui domine le château fort. Elle abrite les appartements du seigneur et sert de dernier retranchement pour la garnison. Fanum Temple gallo-romain à plan centré. La cella, pièce réservée à la divinité, est entourée d’une galerie couverte. Fossile Reste ou simple moulage d’une matière organique, conservé dans une roche sédimentaire. Haute-cour Cour supérieure du château où s’élève le donjon*. Hypocauste Système de chauffage par le sol mis au point par les romains au IIe s. avant notre ère. Martyrium Eglise placée sous l’invocation d’un ou de plusieurs martyrs. Mérovingien Dynastie qui apparut chez les Francs saliens au Ve s. et qui régna sur la Gaule après les conquêtes de Clovis (481-511). Moineau Dispositif en saillie pour flanquer les murailles. Néandertal L’Homme de Néandertal est apparu il y a 300 000 ans. Il occupait essentiellement l’Europe et le Proche-Orient. Il vivait de chasse, de pêche et de cueillette et était, vraisemblablement, le premier humain à avoir enterré ses morts. Nécropole Vaste cimetière. Nef Espace compris entre le chœur* ou le transept* et l’entrée principale d’une église. Oculus Petite ouverture de forme circulaire destinée à donner du jour ou de l’air. Palynologie Science qui étudie les pollens. Elle permet de restituer un environnement ancien et nous livre également des éléments de datation. Patrimoine classé Bien ayant fait l’objet d’un classement, c’est-à-dire une mesure de reconnaissance de la valeur patrimoniale. C’est la plus importante mesure de protection prévue par le Code wallon de l’Aménagement du territoire, de l’Urbanisme et du Patrimoine. Elle est destinée à assurer la conservation du bien, son entretien et, si nécessaire, sa restauration en lui garantissant la mise en œuvre de techniques spécifiques déterminées en fonction de ses qualités exceptionnelles propres. Patrimoine exceptionnel En 1993, la Commission royale des Monuments, Sites et Fouilles, en collaboration avec la Division du Patrimoine, détermine, parmi les monuments, les sites archéologiques ou les ensembles architecturaux classés*, une liste de biens considérés comme Patrimoine exceptionnel. 154 . 155


L’objectif est de définir une hiérarchie de classement afin d’éviter la concurrence dans la restauration de biens de valeur tout à fait inégale. Pour établir celle-ci, révisée tous les trois ans, la Commission s’inspire, en les adaptant à l’échelle régionale, des critères définis par le Comité du Patrimoine mondial* pour les biens inscrits sur sa liste. Patrimoine mondial L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) encourage l’identification, la protection et la préservation du patrimoine culturel et naturel à travers le monde considéré comme ayant une valeur exceptionnelle pour l’humanité. Cela fait l’objet d’un traité international intitulé « Convention concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel » adopté par l’UNESCO en 1972. La liste actuelle comprend 830 biens classés* répartis à travers le monde. Pilier Massif en maçonnerie formant un support vertical isolé dans une construction. Propulseur Baguette attachée à une lance, un harpon pour augmenter la force et la précision du lancer. Reliques Restes, ossements de saints, ou objets leur ayant appartenu, auxquels s’attache un caractère sacré et auxquels les fidèles rendent un culte. Stratigraphie Les couches archéologiques, ou strates, se superposent au cours du temps et forment ce que l’on appelle la stratigraphie. En principe, les couches les plus basses sont les plus anciennes et les couches superficielles sont les plus récentes. Une stratigraphie offre donc une vision verticale des couches superposées qui donnent un aspect temporel et évolutif d’un site. Thermes Ensemble de bains comprenant le tepidarium (salle tiède), le sudatorium (salle de sudation avec ou sans bain), le caldarium (salle chaude avec ou sans bain), le frigidarium (salle non chauffée avec bain). Torque Collier de cou rigide en métal. Il est l’apanage de la classe sociale élevée. Transept Partie transversale de l’église formant une croix avec la nef* principale. Tumulus Tertre artificiel élevé au-dessus d’une tombe. Vicus Village, agglomération rurale à l’époque gallo-romaine. Villa La villa romaine est une exploitation agricole composée du logis du propriétaire - pars urbana- et des installations agricoles - pars rustica. Voûte Ouvrage de maçonnerie cintrée, fait de pierres spécialement taillées, servant en général à couvrir un espace en s’appuyant sur des murs, des piliers* ou des colonnes. Glossaire


Orientation bibliographique

Ouvrages généraux principaux : - Archéologie en Wallonie, dans Les cahiers de l’Urbanisme n°19-20, 1997 - Guide des sites préhistoriques et protohistoriques de Wallonie, BELLAIRE C., MOULIN J. et CAHEN-DELHAYE A.C. (éds.), dans Vie Archéologique, n°spécial, 2001. - La Belgique romaine, dans Dossier d’Archéologie et sciences des origines n° 315, juillet-août 2006. - Les carnets du Patrimoine, MATTHYS A. (éd.), DGATLP. - Les fiches du Patrimoine, MATTHYS A. (éd.), DGATLP. - Le Patrimoine archéologique de Wallonie, sous la direction de CORBIAU M.-H., Namur, 1997. - Le Patrimoine exceptionnel de Wallonie, sous la direction de DEVESELEER J., Namur, 2004. - Le Patrimoine médiéval de Wallonie, sous la direction de MAQUET J., Namur, 2005.

Différentes contributions parues dans les revues suivantes : - Études et documents. Archéologie. - Chroniques de l’Archéologie wallonne.

156 . 157


Table des matières

Préface, Séverine MONJOIE

.............................................................................

3

...............................................................................................

5

Route 1. Le Tournaisis ................................................................................. Le sous-sol archéologique de la cathédrale Notre-Dame

7

(Tournai) ........................................................................................................

Le parc archéologique (Antoing) ............................................................ L’Espace gallo-romain (Ath) ................................................................... L’Archéosite® (Aubechies/Belœil) .............................................................

8 13 15 18

Route 2. Les Pays de Mons et de Charleroi ...................................... Les minières néolithiques (Mons/Spienne) ......................................... L’ancienne abbaye* d’Aulne (Thuin/Gozée) ........................................ Le site archéologique de Liberchies (Pont-à-Celles) ......................

23 24 29 33

Route 3. Le Brabant wallon ....................................................................... Le sous-sol archéologique de la collégiale* Sainte-Gertrude

39

(Nivelles) ......................................................................................................

40 44 49 52

Suivez la route...

L’abbaye* de Villers (Villers-la-Ville) ...................................................... Le château de Walhain (Walhain-Saint-Paul) ........................................ Le tumulus* dit « Tombe d’Hottomont » (Ramillies/Grand-Rosière) Route 4. La Meuse liégeoise .................................................................... L’Archéoforum (Liège) .............................................................................. Le Préhistosite de Ramioul (Flémalle/Ivoz-Ramet) ............................. Le sous-sol archéologique de la collégiale* Saint-Georges et Sainte-Ode et le sarcophage de sancta Chrodoara (Amay) ............................................................ Le site archéologique des 5 tumulus* au lieu-dit « Les cinq tombes » (Geer-Omal) ...............................

57 58 62

Route 5. L’Ardenne bleue ........................................................................... Le château de Franchimont (Theux) ................................................... Le site archéologique de l’ancienne abbatiale* de Stavelot .. Le châteaufort de Logne (Ferrières/Vieuxville) ....................................

75 76 79 83

Route 6. L’Ardenne verte ............................................................................ Le champ mégalithique (Durbuy/Wéris) ............................................... Le château de La Roche-en-Ardenne (La Roche-en-Ardenne) ....... La fortification du « Cheslé » de Bérisménil

87 88 91

(Houffalize/La Roche-en-Ardenne) ............................................................. (Arlon/Autelbas) ..........

94 99

Route 7. La Gaume ........................................................................................ Le château fort de Bouillon .................................................................. Le château d’Herbeumont .................................................................... Les ruines de l’abbaye* d’Orval (Florenville/Orval) .......................... Le site archéologique de Montauban-sous-Buzenol

105 106 108 111

(Étalle/Buzenol) ...........................................................................................

114

L’abbaye* Notre-Dame de Clairefontaine

66 70

Table des matières


Route 8. Le Namurois ................................................................................... La Grotte Scladina (Andenne/Sclayn) ..................................................... Le château des comtes (Namur) ........................................................... La grotte de Spy (Jemeppe-sur-Sambre) ................................................

121 122 125 129

Route 9. Le Pays de Dinant ....................................................................... Les ruines de Poilvache (Yvoir/Houx) .................................................. Le château de Montaigle (Onhaye/Falaën) ........................................... Le parc de Furfooz et la fortification de Hauterecenne (Dinant/Furfooz) ..................................................... Archéoparc de Malagne la gallo-romaine (Rochefort/Jemelle) ....

133 134 138

Les routes thématiques

.................................................................................

149

..............................................................................................................

153

Glossaire

Orientation bibliographique Table des matières

.........................................................................

156

...........................................................................................

157

Table des pictogrammes

158

141 144

...............................................................................

C3




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