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CATE BLANCHETT
ULTIME ET SUBLIME
Elle possède le magnétisme et l’élégance sublime des étoiles de l’âge d’or hollywoodien, qualités que l’on pensait évanouies à jamais depuis que Greta Garbo, Lauren Bacall ou Ava Gardner avaient tiré leur révérence. La modernité et la précision de son jeu, sa capacité à entrer dans tous les rôles, font de Cate Blanchett, une sorte de comédienne ultime. Actrice caméléon, dont la classe n’a jamais été prise en défaut. Sa beauté cinglante, son aura et sa distinction naturelle ont séduit les marques de luxe Armani, Givenchy, Louis Vuitton ou IWC, qui l’ont engagée comme ambassadrice ou égérie et même photographiée au Studio Harcourt. Mais ce qui distingue par-dessus tout Cate Blanchett, c’est son courage, sa générosité et les valeurs qu’elle incarne. Aux avant postes dans la lutte pour l’égalité des femmes et contre le harcèlement, elle défend de nombreuses causes et s’est engagée notamment auprès des plus vulnérables, pour le compte du Haut-Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies (UNHCR), marchant sur les traces d’Audrey Hepburn. Cover story de ce numéro spécial cinéma, Cate Blanchett est aussi une super star du cœur.
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Le film statufie et m’évoque la phase de Moussorgski sur son lit de mort : « L’art sera un jour fait de statues qui parlent ». (…) La femme est plus secrète que l’homme et le cinématographe livre ses secrets ». Cette magnifique réflexion de Jean Cocteau, décrit avec acuité la fascination suscitée par les comédiennes puissantes d’Hollywood et d’ailleurs, « à mi-chemin des dieux et des mortels », selon la formule d’Edgar Morin. Qui mieux que Cate Blanchett incarne aujourd’hui cet archétype ? Celle d’une femme sublime, conjuguant sensualité et noblesse d’âme, avec cette part de fragilité et d’humanité assumées, marque des combattantes de notre époque. Née à Melbourne en 1969 d’un père Texan et d’une mère Australienne, la comédienne surdouée, présidente en 2018 du jury du festival de Cannes, représentée cette année encore sur la Croisette, afin de défendre un film dans lequel elle joue : « The New Boy » de Warwick Thornton (sélection « Un certain regard »), ne pouvait mieux incarner ce premier Harcourt magazine, spécial cinéma.
Considérée comme l’une des meilleures, sinon la meilleure actrice de sa génération, Cate Blanchett a posé au Studio Harcourt Paris à l’occasion d’une campagne de l’horloger IWC. Les mots de Roland Barthes sur le mythe Harcourt, écrits à la fin des années 1950, résonnent encore à merveille concernant ce portrait intemporel, où l’on voit presque réapparaître la reine des Elfes Galabriel, du « Seigneur des anneaux ». « Le visage poncé par la vertu, aéré par la douce lumière du studio » et « idéalement silencieux, c’est à dire mystérieux, plein du secret profond que l’on suppose à toute beauté qui ne se pare pas ». La lumière Harcourt, inspirée du clair-obscur de Rembrandt et du travail d’orfèvre du chef opérateur Henri Alekan, sublime à merveille Cate Blanchett.
Pourtant, cette dernière s’est toujours un peu moquée de son image et du culte admiratif qu’elle suscite. En 2023, plus aucune actrice n’accepterait qu’on la surnomme « le plus bel animal du monde », slogan utilisé en 1954 pour vanter les charmes d’Ava Gardner et qui barre en grand l’affiche de « La Comtesse aux pieds nus » de Joseph L. Mankiewicz. Aujourd’hui, nul doute que Cate Blanchett serait l’une des rares à en rire au second ou au troisième degré.
« Le physique n’a jamais été ma carte de visite. Ce qui m‘intéresse, c’est de rendre séduisant ou acceptable ce que je possède en moi », déclare-t-elle au Figaro. Et d’ajouter : « Il m'est assez incompréhensible que l'être humain cherche à gommer ses imperfections au lieu de les travailler ou même de les souligner. Voilà ce qui rend unique, et donc beau ! » « La beauté doit être honnête, sans complexes, et s'enraciner dans la liberté d'être tel que l'on est. Et j'accorde plus de crédit que jamais à la notion de liberté (…). La beauté conventionnelle ou uniformisée présente peu d'attraits à mes yeux ».
L’aura de Cate Blanchett n’est pas à proprement parler conventionnelle. Mais elle s’approche de ce qui émeut encore les fans inconditionnels de Greta Garbo, Katherine Hepburn, Bette Davis ou Lana Turner. Physique longiligne, teint d’albâtre, pommettes hautes, blondeur diaphane (même si elle a plusieurs fois joué avec la couleur de ses cheveux, passant de brune à rousse, de châtain à cuivrée). Et surtout ses yeux, qui donnent envie de l’appeler « The look », comme Lauren Bacall.
Lors de la cérémonie 2022 à l’Olympia, où toute la profession du cinéma français lui a remis un César d’honneur, son amie Isabelle Huppert, avec laquelle elle interpréta la pièce de théâtre « Les Bonnes », insista beaucoup sur ce regard bleu laser. « Tu habites la planète cinéma. Ta liberté, c’est ce qui te raconte le mieux. Tu peux tout jouer, même un homme, même un serpent (…) Tu nous inspires ce désir de liberté. Je vais donc parler de tes yeux, un miroir. Sauvages, terriblement humains. Tes yeux bleus, magnifiques, ton regard de cinéma », s’exclame Ia comédienne française. « Ce soir nous avons l’immense joie de croiser ce regard et moi de te dire les yeux dans les yeux, toute mon admiration », ajoute Isabelle Huppert.
Comédiens,réalisatrices,personnalités…LesphotosduStudio Harcourtrésonnentavecl’actualitécinématographiqueduprintemps etdel’été2023,àCannesetdanslessallesobscures.MadsMikkelsen, acteur suédois au physique magnétique, figure au générique du cinquièmevoletdes« Aventuresd’IndianaJones »,avecHarrisonFord, JamesMangoldetAntonioBanderas.LacomédienneAnaïsDemoustier apparaît dans « Le Temps d’Aimer » de Katell Quillévéré. L’Abbé PierreestlehérosdufilmdeFrédéricTellier.L’occasiondedécouvrir les combats intimes du fondateur de la Communauté d’Emmaüs. CatherineDeneuveestl’héroïnedel’affichedeCannes2023,avecune photodatantdelafindesannées60.IsabelleHuppert,présidentedu jury Longs métrages 2009 est une habituée des marches du Palais desfestivals.ToutcommeValerieDonzelli,réalisatricede« L’amour etlesforêts »,sontoutdernierfilm.UnebelleoccasiondevoirMelvil Poupaud et Virginie Efira, les deux principaux interprètes. Cannes, c’estaussiunrôledechoixpourClaraMastroianni,lamaîtressede cérémoniechoisiecetteannéeparledéléguégénéralThierryFrémaux etsonéquipe.
« L’avenir est imaginé dans l’esprit des artistes », lui répond quelques instants plus tard Cate Blanchett, très émue. Il y a quelques mois, l’Australienne révélait qu’elle aurait adoré jouer un nain avec une barbe, dans la saga du « Seigneur des Anneaux » et sa suite, signées Peter Jackson ! Une anecdote cocasse qui illustre parfaitement son incroyable tempérament. « Pour moi, le tournage a été trop rapide. J’aimais tellement ça ! J’ai dit à Peter et Fran, qui faisaient une scène de banquet avec plein de nains, que j’avais toujours voulu jouer une femme à barbe. Je leur ai donc demandé si je pouvais être leur femme poilue au moment où la caméra survolerait la table avec les nains. Bien entendu, ça n’a pas été possible à cause du timing. Je n’ai joué Galadriel que pendant trois semaines ».
Cate Blanchett surprend encore en 2007, lorsqu’elle interprète Jude Quinn, l’une des facettes du chanteur Bob Dylan, dans le biopic « I’m Not There » de Todd Haynes, consacré à l’enfance, l’ascension et la carrière du chanteur folk.
« Je pense qu’il est toujours bon de se mesurer à des choses qui semblent plus grandes que vous. Ensuite, vous essayez juste de les surmonter », déclare encore Cate Blanchett.
« Je n'aime pas les opinions dominantes, les diktats, et je valorise plus volontiers la différence comme vous l'avez compris. J'évite les réseaux sociaux, je fuis la pensée unique et l'hégémonie du goût mondialisé ».
Tout en sachant se ménager des moments de pause bien à elle, notamment pour son couple et ses enfants, installés en Australie, loin des turpitudes d’Hollywood, Cate Blanchett a signé l’une des plus singulières carrières depuis 30 ans, alternant les films d’auteur, les superproductions et les blockbusters. « Aviator » de Martin Scorcese et « Blue Jasmine » de Woody Allen, lui ont valu deux Oscar.
Mais son plus beau rôle, selon elle, reste celui qu’elle joue hors champ dans l’humanitaire, notamment pour le Haut-Commissariat des Nations Unies. Elle en parle en évoquant le souvenir d’Audrey Hepburn. « Je pense qu’elle est devenue plus belle quand elle a cessé d’être actrice et a commencé à travailler avec des campagnes humanitaires ». Cate Blanchett ultime, sublime et tellement humaine.
Sur Le Tapis Rouge De Cannes
Comédiens, réalisatrices, personnalités… Ces photos au Studio Harcourt résonnent avec l’actualité cinématographique du printemps et de l’été 2023, à Cannes et dans les salles obscures. Mads Mikkelsen, acteur suédois au physique magnétique, figure au générique du cinquième volet des « Aventures d’Indiana Jones », avec Harrison Ford, James Mangold et Antonio Banderas. La comédienne Anaïs Demoustier apparaît dans « Le Temps d’Aimer » de Katell Quillévéré. L’Abbé Pierre est le héros du film de Frédéric Tellier. L’occasion de découvrir les combats intimes du fondateur de la Communauté d’Emmaüs. Catherine Deneuve est l’héroïne de l’affiche de Cannes 2023, avec une photo datant de la fin des années 60. Isabelle Huppert, présidente du jury Longs métrages 2009 est une habituée des marches du Palais des festivals. Tout comme Valerie Donzelli, réalisatrice de « L’amour et les forêts », son tout dernier film. Une belle occasion de voir Melvil Poupaud et Virginie Efira, les deux principaux interprètes. Cannes, c’est aussi un rôle de choix pour Clara Mastroianni, la maîtresse de cérémonie choisie cette année par le délégué général Thierry Frémaux et son équipe.
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