Fr, Global Vote in Zimbabwe

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Leçon de démocratie à l’école Mbizi au Zimbabwe C’est un moment de calme et de solennité quand les enfants déposent leur bulletin de vote dans les pots en terre qui sont les urnes électorales de l’école Mbizi. L’école est située à Harare, la capitale du Zimbabwe. – Ceci est très important pour nous. Le Prix des Enfants du Monde est une leçon de démocratie, dit Vernon Muzorori, 12 ans. Visite les divers locaux de vote du Vote Mondial en vue d’un vote libre et démocratique !

La présidente du Vote Mondial déclare le vote ouvert – Il est 14h18 et je déclare le vote ouvert ! Nous allons d’abord cacheter nos urnes électorales, dit Tinotenda Tongogara, 11 ans, d’une voix forte et assurée en couvrant les pots pour que personne ne puisse ôter ou ajouter des bulletins de vote. Ensuite, les premiers élèves entrent dans le local et le vote peut commencer. – Aujourd’hui, je suis la présidente du Vote Mondial et ma tâche est de vérifier que tout se passe bien dans le local de vote. Et, jusqu’à présent tout va bien ! Tout le monde semble s’être préparé. Avant le vote, nous avons lu Le Globe. Pendant les leçons, ici à l’école mais aussi au club de filles du Girl Child Network, dont je fais partie. Puis nous avons beaucoup parlé de ce que nous avions appris, aussi bien sur les droits des

enfants que sur les candidats. Et nous nous retrouvons dans beaucoup de récits. Par exemple, beaucoup d’enfants au Zimbabwe doivent travailler. Le Globe c’est formidable ! J’adore ce journal, dit Tinotenda.

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L'agent de l'ordre fait entrer les électeurs l'un après l'autre dans le local de vote.

Agents de l’ordre – Bien, tu peux entrer dans le local de vote, dit Panashe Makamba, 12 ans en laissant passer l’élève qui attend son tour dans la très longue queue composée des camarades de classes qui veulent voter. Panashe est l’un des trois agents de l’ordre de la journée et est responsable des entrées. – Nous surveillons les élèves dans les queues pour qu’il n’y ait pas de bagarres et que tout se passe bien. L’ordre c’est important, parce que si tout est détruit, on n’aura pas de résultat. Quand les adultes votent, il y a souvent des bagarres et du désordre. C’est très difficile alors d’obtenir un résultat exact. Mais pas dans notre vote ! dit Panashe. – J’aide si c’est nécessaire à installer les isoloirs et les urnes électorales. Et je vérifie que chacun sache où il doit aller et quoi faire, dit Munyaradzi Mazhangara, 13 ans. – J’indique le chemin du local de vote et je contrôle que ceux qui votent aient la marque à l’encre au doigt, dit Tanaka Murungweni, 12 ans. 20

Panashe Makamba, 12 ans, Munyaradzi Mazhangara, 13 ans et Tanaka Murungweni, 12 ans, sont agents de l’ordre pendant le Vote Mondial.

Scrutateurs 1 – listes électorales – Nous demandons leur nom à tous ceux qui votent et ensuite nous biffons leur nom sur la liste électorale. Si le nom n’existe pas sur la liste, la personne en question ne peut pas voter. Nous demandons le nom aussi pour être sûr que personne ne vote plus d’une fois. C’est important pour que le résultat soit juste et correct, dit Everjoy Dumbu, 11 ans. Pamela Madhibha, 10 ans, Belinda Makawa, 12 ans et Everjoy Dumbu, 11 ans, sont scrutatrices.


Responsable du scanner – Je demande à tous ceux qui votent d’introduire leurs deux mains dans le scanner. Dans un scanner on peut voir s’il y a de l’encre sur les doigts et s’il y en a, la personne en question ne pourra pas voter, parce que cela voudra dire qu’il ou elle a déjà voté. Ce scanner-ci c’est moi qui l’ai fait. D’abord j’ai enlevé la partie supérieure et une des parties latérales d’un emballage de lait. Puis, j’ai bouché le trou sur le côté avec du papier plastifié. Fini ! dit en riant Monica Masvavike, 11 ans.

Rumbidzai Gondora, 11 ans, Chantel Mhembere, 11 ans et Paidamoyo Mukwinya, 11 ans, expliquent comment cocher le nom du candidat pour lequel on vote.

Scrutateurs 3 – bulletins électoraux Tsitsidzashe Chikanga, 11 ans, vérifie que tous ceux qui ont voté trempent leur doigt dans l’encre.

Monica Masvavike, 11 ans, a fait son propre scanner pour déceler les fraudes électorales.

Scrutateur 2 – marquages à l’encre – Je vérifie que tous ceux qui votent, trempent leur doigt dans l’encre, pour que personne ne vote plus d’une fois. En apprenant toutes les étapes dans le Vote Mondial, nous pourrons juger jusqu’à quel point le vote sera libre et démocratique quand nous serons adultes, dit Tsitsidzashe Chikanga, 11 ans.

– Choisis ton candidat et met la croix au bon endroit. Si tu fais plus d’une croix, ton bulletin n’est pas valable ! dit Paidamoyo Mukwinya, 11 ans en tendant le bulletin de vote à un camarade d’école qui fait la queue. – La plupart gèrent déjà tout très bien et sont bien préparés. Et c’est important d’être préparé, savoir pour qui on va voter et pourquoi. Tout ceci nous concerne, il s’agit de nos droits ! Chantel Mhembere, 11 ans.

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Observateurs électoraux Derrière les scrutateurs électoraux, il y a deux filles qui suivent attentivement la procédure de vote. – Nous annotons soigneusement tout ce qui se passe dans le local de vote. Les annotations deviennent le document qui reporte ce qui s’est passé exactement, ici, aujourd’hui. C’est important que quelqu’un soit témoin du vote démocratique, sinon c’est très facile qu’on triche, alors le vote n’est pas juste et le résultat est incorrect, dit Nyaradzo Muduve, 12 ans.

Les observatrices électoraux Kimberly Nhika, 13 ans et Nyaradzo Muduve, 12 ans.

Rutendo James Chakala, 11 ans, Drusilla Tapah, 11 ans et Ashton Masona, 11 ans, représentent les candidats.

Représentants des candidats Les représentants des trois candidats 2011 sont assis à une table dans le local de vote et fournissent les informations de dernière minute aux votants qui hésitent encore. – Je trouve que Monira est fantastique ! Quand on pense à tous ces enfants, agressés à l’acide au Bangladesh qu’elle a aidés. C’est mon héroïne ! dit Drusilla Tapah, 11 ans. – Cecilia est aussi fantastique ! Elle se bat en faveur des enfants victimes de trafficking et contre le travail des enfants. Je veux être comme elle plus tard. Je veux aussi donner aux enfants vulnérables la possibilité d’aller à l’école, la sécurité et l’amour ! explique Rutendo James Chakala, 11 ans. – Murhabazi est un homme qui aide et protège les enfants que l’on oblige à 22

être soldats et esclaves. C’est un homme exceptionnel. Tous les hommes adultes devraient être comme lui. Je veux être comme lui quand je serai adulte, dit Ashton Masona, 11 ans. Drusilla, la représentante de l’« opposition » a l’air satisfait en entendant cela : – C’est bien ! Parce qu'ici aussi, au Zimbabwe, beaucoup d’hommes exploitent les enfants. Les enfants sont victimes de viol et de trafic de personnes. On a vraiment besoin de gars comme Murhabazi ici aussi ! dit Drusilla.


Fête de clôture ! Quand le Vote Mondial est sur le point de se terminer à l’école Mbizi, tout le monde se rassemble dans la cour de l’école pour fêter les droits de l’enfant et parce que tout s’est bien passé. Certains élèves ont pris leur costume de danse et se produisent devant les autres.

Votants

Pour pouvoir sortir du local de vote on doit montrer, aux agents de l’ordre le doigt avec la tache d’encre. Personne avec la tache d’encre n’a le droit de revenir et de voter encore une fois.

TE X TE: ANDRE AS LÖNN PHOTO: JOHAN B JERKE

Impossible de tricher !

– J’ai participé au Vote Mondial aujourd’hui et c’était fantastique de pouvoir voter pour des personnes qui se battent pour nous. Pour tous les enfants vulnérables du monde. En votant on soutient les candidats dans leur travail et c’est comme si on les aidait. Et je trouve que c’est tout à fait normal que nous, les enfants participions et aidions quand il s’agit de choses vraiment importantes ! C’est aussi très important de participer au Vote Mondial pour une autre raison. Maintenant, nous savons, nous les enfants, comment doit se faire un vote démocratique et nous nous en souviendrons quand nous serons adultes. Le Prix des Enfants du Monde est une grande et unique leçon de démocratie ! dit Vernon Muzorori, 12 ans.

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Tanaka rêve d'être candidate au prix – J’ai ressenti quelque chose de spécial, c’était comme un rêve quand j’ai participé au Vote Mondial aujourd’hui. Je me suis vue être un jour la candidate pour qui on voterait car je me battrai pour les enfants vulnérables. Ce rêve, je vais vraiment essayer de le réaliser, dit Tanaka, 15 ans, du Zimbabwe. Elle est orpheline et petite elle a été abusée sexuellement.

T

Maman est morte

J’allais chercher l’eau et lui faisais à manger, mais ça ne servait à rien. Elle était couchée sans forces. J’étais si inquiète que je ne dormais plus. Tanaka avait de la peine à se concentrer pour ses leçons et comme sa mère n’avait plus la force de travailler, elle dut quitter l’école. Les moyens manquaient pour qu’elle puisse continuer. Après quelques mois de maladie, la mère de Tanaka mourut dans son sommeil. – J’étais si triste. Je ne faisais que crier et pleurer. Maman me manquait tellement. Comme grand-maman vieillissait et était trop fatiguée pour travailler, j’ai compris que plus rien ne serait comme avant.

– J’essayais d’aider maman autant que je le pouvais.

Les choses empirèrent

anaka a grandi avec sa mère et sa grand-mère, son père étant mort avant sa naissance. Maman et grand-maman travaillaient dans une plantation de tabac où elles vivaient toutes les trois. Pendant que les adultes travaillaient dans les champs, Tanaka allait à l’école maternelle avec les autres enfants. Puis ce fut l’école et la nourriture ne manquait jamais. - C’était une très bonne vie. Une vie normale. Maman et grand-maman m’aimaient et s’occupaient de moi, dit Tanaka. Mais, sa mère tomba grièvement malade et tout changea. Tanaka n’avait que sept ans.

Tanaka met sa voix dans l’urne du Vote Mondial. Elle veut aider les autres enfants dont les droits ont été violés et rêve d’être un jour candidate au Prix des Enfants du Monde.

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Après l’enterrement, grandmaman réussit à retrouver l’oncle de Tanaka qui avait promis de s’occuper d’elle. – Cela m’a étonnée et inquiétée, parce que mon oncle avait chassé maman de notre maison à la mort de mon père. Pourquoi voulait-il s’occuper de moi ? Je voulais rester chez grand-maman, mais ce n’était pas possible. Au début, la vie chez l’oncle de Tanaka était mieux qu’elle


Ainsi sont violés des droits des filles au Zimbabwe

La liste de Tanaka des violations des droits des filles au Zimbabwe :

Les amies dans le village sûr sont comme une famille. Ici, elles prennent leur petit-déjeuner ensemble.

n’avait espéré. On lui donnait à manger et des vêtements et elle pouvait aller à l’école. Mais cela ne dura pas. – Un jour, on m’a accusée de répandre des mensonges sur la famille. Mon oncle a dit que j’avais raconté aux autres que sa famille était mauvaise et qu’ils ne me traitaient pas bien. Ce n’était pas vrai, mais tout d’un coup il a changé. Il m’a dit que dans la famille on n’avait jamais aimé ma mère

et qu’ils ne m’aimaient pas non plus. On m’a donné moins à manger et on a refusé de payer les taxes scolaires, alors j’ai dû arrêter l’école encore une fois. Les enfants de mon oncle mangeaient bien et allaient à l’école. Je me disais que ce ne pouvait pas être pire ni plus injuste. Mais j’avais tort. – Mon demi-frère de 26 ans avait bu de la bière dans un bar tout le soir et était rentré

Ménage de fin de semaine

saoul à la maison. Je me suis réveillée et l’ai vu dans la chambre où je dormais. Il criait que le repas n’était pas sur la table. Il m’a bâillonnée avec un chiffon et a arraché mes vêtements. Je n’avais que neuf ans et ne comprenais rien. Après, il m’a dit qu’il me tuerait si je disais à qui que ce soit ce qu’il m’avait fait. Le Girl Child Network

Le jour suivant, très tôt, il

Pas d’éducation Si une fille perd ses parents, elle est souvent obligée d’arrêter l’école car il y a rarement quelqu’un qui veuille payer son éducation. Asservissement Les filles orphelines finissent souvent à la rue où elles sont forcées de vendre leur corps pour survivre. Trafic d’êtres humains On trompe les filles pauvres en leur promettant une vie meilleure si elles quittent leur village pour la ville, mais au lieu de cela, elles doivent travailler dur ou se prostituer. Souvent on les conduit dans les pays voisins comme le Botswana ou l’Afrique du Sud. Mariage des enfants Les familles pauvres peuvent gagner de l’argent en vendant une petite fille comme épouse à un homme adulte. Parfois pour seulement deux sacs de maïs.

– Le week-end, nous faisons le ménage dans nos maisons et balayons le jardin. Nous lavons nos vêtements. Mais nous avons surtout le temps de jouer et de nous amuser !

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partit et Tanaka resta seule plusieurs jours. Elle avait très peur, elle priait pour que cela ne se reproduise plus. Mais, cela ne servit à rien. Son demi-frère abusa à nouveau d’elle. Dans un premier temps, Tanaka n’osa rien dire à personne, car elle avait peur pour sa vie. Mais un jour elle rencontra une camarade d’école qui faisait partie du club de filles du Girl Child Network. Sans savoir ce que Tanaka avait enduré, la copine lui raconta qu’une autre fille de l’école avait subi des agressions sexuelles et que le GCN l’avait aidée. – Alors, je n’ai plus pu me retenir et j’ai tout raconté. Je voulais qu'on m'aide aussi. Et comme je n’osais pas le raconter à grand-mère, c’est ma copine qui l’a fait.

« Les autres filles dans le village sûr ont vécu des expériences similaires aux miennes et me comprennent exactement. Elles sont comme mes sœurs et je me sens aimée »

Sa grand-mère se mit d’abord en colère parce que Tanaka avait raconté ce qui lui était arrivé à son amie. Mais quand le bruit se répandit parmi les voisins, grandmère se laissa convaincre d’emmener Tanaka chez le Girl Child Network où elle pourrait être en sécurité. Le GCN s’occupa de Tanaka. D’abord, elle fit un séjour à l’hôpital où on la soigna, ensuite elle intégra un village sûr pour filles violées. Son demi-frère fut arrêté et emprisonné. - C’était si agréable dans le village. Comme si j’avais trouvé un chez moi. Enfin j’étais entourée par des gens qui prenaient soin de moi. Les autres filles avaient vécu des choses semblables et elles me comprenaient très bien. Elles sont devenues mes sœurs et les mamans du village sont devenues mes mamans. Je me sentais aimée. Aime Le Globe

Aime la danse

– J’adore danser ! J’étais si heureuse quand nous avons célébré le Vote Mondial en chantant et en dansant, car nos chansons parlent de nos droits à nous les filles ! dit Tanaka.

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Peu après Tanaka reprit l’école et rejoignit le club de filles du Girl Child Network qui se réunit tous les mercre-

dis après la pause du déjeuner et parle des droits des filles. – Nous lisons souvent le journal Le Globe au club de filles et j’y ai appris que ce qui m’est arrivé, arrive à des enfants partout dans le

Tanaka, 15 AIME : Jouer, faire du volley-ball, danser et chanter. DÉTESTE : Que les filles soient victimes d’abus sexuels. LE MEILLEUR : Que le GCN m’ait sauvée et m’ait permis de vivre dans le village sûr pour filles. LE PIRE : Avoir été abusée sexuellement. VEUT ÊTRE : Médecin, sauver les filles et se battre pour leurs droits. RÊVE : Que toutes les filles puissent vivre bien et aient une chance de faire des choses importantes dans la vie, comme devenir médecin.


Le Vote Mondial

Ce ne sont pas uniquement les récits du Globe qui inspirent Tanaka et lui donnent de la force c’est aussi le fait de participer au Vote Mondial. – En votant aujourd’hui, j’ai senti que je pouvais exprimer librement ce que je pensais. J’ai pu donner entièrement mon avis. Et mon avis est que les droits de l’enfant doivent être respectés sur toute la terre ! Qui plus est, c’était fantastique qu’un jour aussi important pour nous les enfants, comme le Vote Mondial, se déroule ici dans mon village, près de ma maison. C’est presque trop beau pour être vrai ! 

Le Girl Child Network En 2007, Betty Makoni reçut le Prix des Enfants du Monde pour son long combat afin que les filles du Zimbabwe soient protégées contre les agressions sexuelles et bénéficient des mêmes chances que les garçons. À travers l’organisation Girl Child Network (GCN) Betty a construit trois villages sûrs pour filles vulnérables et 500 clubs pour filles avec 30.000 membres, surtout dans les campagnes et dans les bidonvilles. Betty protège les filles contre le travail des enfants, le mariage forcé, la maltraitance, le trafficking et le viol. Elle procure aux filles nourriture, vêtements, soins, un foyer, la possibilité d’aller à l’école et la sécurité. Pardessus tout, elle donne aux filles le courage d’exiger leurs droits. Des milliers de filles ont pu se reconstruire une vie grâce au travail de Betty. Pour en savoir plus : www.worldschildrensprize.org

TE X TE : ANDRE AS LÖNN PHOTO : JOHAN B JERKE

dans le combat en faveur des enfants vulnérables. C’est mon rêve !

monde. C’est très triste. En même temps, en le sachant, je ne me sens plus si seule. Nous nous soutenons entre nous, nous qui vivons dans le village et je ressens la même chose pour tous les enfants victimes de viols dont on parle dans le journal. Le Globe est très important, car c’est une tribune où les enfants peuvent raconter ce qu’ils ont vécu et donner des conseils à d’autres enfants concernant des choses difficiles et importantes. C’est comme si, nous qui lisons, devenions les amis de ceux qui racontent et d’une certaine façon nous nous rendons la vie plus facile. De plus, le récit des candidats me donne la force et l’inspiration pour mieux travailler à l’école, pour ensuite devenir une personne qui s’engage

Pendant le week-end, les filles du village sûr s’amusent bien. Mais elles font aussi du volley-ball et jouent un peu chaque soir.

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06h00 Un jour nouveau commence – Nous nous réveillons presque toujours toutes seules, mais notre maman du village contrôle quand même que tout le monde se lève, comme le fait une mère. Puis nous faisons notre lit, nous lavons et nous brossons les dents.

La journée de

06h15 On prépare la bouillie de maïs –Chaque matin je vais au réfectoire pour préparer le petit-déjeuner pour tout le monde. Généralement, il y a de la bouillie de maïs. Comme je suis la plus âgée, je suis la grande sœur et je m’occupe des autres filles. Quand nous avons fini, chacune lave son assiette. La seule qui ne le fait pas, c’est la plus petite qui n’a que six ans. Elle ne doit pas faire la vaisselle ou à manger, c’est nous qui le faisons pour elle.

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06h45 En chanson, sur le chemin de l’école – Après avoir mis notre uniforme scolaire, nous allons ensemble à l’école. Il faut environ 45 minutes. Souvent on parle et on chante tout le long du chemin pour que le temps passe plus vite !

De 07h30 à 16h00 Leçons – Le Girl Child Network paye nos taxes scolaires, l’uniforme, les livres, tout ! Sans cela je n’aurais pas pu aller à l’école. La première pause est à dix heures, ensuite nous prenons le déjeuner que notre maman du village a préparé le soir précédent. Si on a le temps avant que les leçons reprennent, même deux minutes, je fais du volley-ball ou je joue avec mes camarades de classe ! Pas seulement avec celles qui habitent au village sûr, avec les autres aussi. On me traite exactement comme toutes les autres et ça fait du bien. Je crois que c’est parce que toutes les filles de l’école font partie du club de filles du Girl Child Network. Nous nous rencontrons le mercredi et nous parlons des droits des filles et de ce qui arrive aux filles. Tout le monde comprend ce qui m’est arrivé, à moi et aux autres filles qui vivent au village sûr.

Tanaka dans le village sûr 17h00 Dîner – Quand nous rentrons, nous nous changeons et allons au réfectoire où la maman du village nous attend. Tout est bon ici, mais ce que je préfère c’est la bouillie de maïs sadza avec légumes. – Il y a toujours l’une des deux mamans du village avec nous 24 heures sur 24. Elles sont exactement comme de vraies mamans qui nous demandent comment s’est passé la journée à l’école et comment on se sent et tout ça. Les filles qui vivent ici sont mes sœurs et nous prenons soin les unes des autres. Nous sommes une famille. Même si mon demi-frère est sorti de prison, je me sens en sécurité ici, dit Tanaka.

Aujourd’hui, Tagoma la maman du village, a préparé le sadza avec viande, légumes et riz.

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Tanaka pend avec précaution les bas qu’elle vient de laver. Le fil barbelé est une bonne corde à linge, mais il faut pendre les bas entre les épines.

19h00 Devoirs – Nous allons dans la maison que nous appelons bibliothèque pour faire nos devoirs. Nous ne sommes pas dans la même classe, nos leçons sont donc différentes, mais nous nous entraidons. 18h00 Occupations quotidiennes et jeux – Les filles qui sont de « corvée de vaisselle » font la vaisselle après le repas et celles qui sont de « corvée de sadza » préparent le sadza que nous mangeons ensuite au dîner. Quand nous avons terminé, nous lavons notre uniforme et nos bas pour le jour suivant. Les jours de semaine, nous n’avons pas beaucoup de temps pour jouer, mais nous essayons de faire un peu de volley-ball chaque jour. Pendant le week-end, nous jouons, chantons et dansons et j’adore ça !

21h00 L’heure de se coucher – Nous vivons toutes dans la même maison, sauf la plus petite qui dort avec les mamans du village. Nous parlons longtemps avant de dormir. Nous nous racontons nos secrets et tout ça. Nous nous faisons entièrement confiance. Les filles sont mes sœurs, ma famille. Je les aime ! 30


Le Vote Mondial dans le village sûr pour filles

Isoloirs en caoutchoutier

On a fait les isoloirs !

L

a queue est longue jusqu’à l’isoloir situé sous le l’arbre Mupangara dans le village sûr pour filles à Chihota au Zimbabwe. Il y a quelques jours, Forward et ses amis abattirent deux grands caoutchoutiers et ramassèrent de l’herbe pour confectionner les isoloirs. Quand ils arrivèrent au village sûr pour filles, ils creusèrent de profonds trous dans le sol où ils plantèrent les piliers qu’ils avaient faits avec le caoutchoutier. Ensuite, ils lièrent

l’herbe autour des piliers avec des bandes d’écorce de l’arbre Musasa. Les isoloirs étaient très beaux, mais Forward n’est pas tout à fait satisfait… – C’est bien, mais j’aurais voulu qu’ils soient encore plus beaux. C’est important que tout soit aussi beau que possible quand il s’agit du Vote Mondial, car c’est un jour si important pour nous, les enfants. Tout doit être parfait ! dit Forward Takawira, 16 ans.

De gauche à droite : Misheck Mureverwi, 15 ans, Trymore Munemo, 15 ans, Faith Mudyiwa, 15 ans, Godknows Chinyangu, 16 ans, Forward Tahawira, 16 ans.

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Les garçons votent dans le village des filles « Aujourd’hui, j’ai voté ici dans le village sûr pour filles. Le village est un endroit superbe pour le Vote Mondial. Y a-t-il un meilleur endroit pour voter que là où on défend les droits de l’enfant ? Le Vote Mondial et le club de filles du GCN c’est en quelque sorte la même chose ! Le GCN se bat pour les droits des filles et je soutiens vraiment ce combat. C’est important que filles et garçons aient les mêmes droits. Avant ce n’était pas du tout le cas. La plupart des filles n’allaient pas à l’école. Avant, nous les garçons, nous croyions aussi que nous étions mieux, plus forts et plus intelligents que les filles. Absolument ridicule, puisque ce n’est pas vrai ! Nous avons tous la

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même valeur, que l’on soit un garçon ou une fille. C’est ce que nous pensons moi et tous mes amis. C’est grâce au combat du GCN que les choses se sont améliorées pour les filles au Zimbabwe. Après le vote, nous avons chanté et dansé et avons fêté le Vote Mondial. On doit fêter un jour pareil parce que c’est un jour important. Nous avons pu montrer notre soutien à ceux qui luttent pour nos droits et nos droits c’est ce qu’il y a de plus important. Nous sommes les dirigeants de demain et si on ne nous respecte pas et si on nous maltraite on court aussi le risque d’être de mauvais dirigeants qui maltraiteront les enfants et les adultes. Ce ne serait pas un bel avenir » Anesu Tomondo, 15 ans, école Manyaira

Le club de filles et le Vote « Je fais partie du club de filles de l’école. C’est là que j’ai lu Le Globe et que je me suis préparée pour le Vote Mondial. Le club de filles est un endroit où nous, les filles

pouvons faire entendre notre voix et parler de choses qui sont importantes pour nous. Ce qui peut être difficile dans une classe d’école. Car, ici au Zimbabwe les garçons et les filles ne sont pas égaux. C’est beaucoup plus facile pour les garçons de faire entendre leur voix. On les écoute. Nous, presque personne ne nous écoute. Ce n’est pas juste, puisque nous


les malheurs qui sont arrivés aux filles des villages sûrs, pourraient très bien m’arriver à moi aussi. En lisant Le Globe, je comprends que ce n’est pas seulement ici au Zimbabwe qu’on ne respecte pas les filles. C’est dans le monde entier. Beaucoup sont abusées, ne peuvent pas aller à l'école et on les oblige à se

Mondial donnent du courage ! sommes tous égaux et nous devrions être traités de la même façon. Mais ici, nous n’avons pas les mêmes droits, c’est pour cela que les clubs de filles sont si importants. Les clubs nous apportent les connaissances

et la force de hausser la voix. Même chose avec le journal Le Globe et le Vote Mondial qui donnent aux enfants du monde entier les connaissances, la force et le courage d’exiger le respect des droits de l’enfant ! J’étais si heureuse quand j’ai lu dans Le Globe le récit

de personnes dont les droits ont été violés quand ils étaient enfants, mais qui ont eu le courage de continuer et qui maintenant qu’ils sont adultes, aident les enfants en difficulté. C’est ce que je veux faire quand je serai grande ! » Heather Samuriwo, 14 ans, école Manyaira

Le village de toutes les filles Le samedi, le club des filles tient sa réunion dans le village sûr et près de 100 filles, provenant des écoles et des villages avoisinants, y participent. Ensemble, elles apprennent quels sont leurs droits, jouent au théâtre, écrivent des poèmes qu’ensuite elles lisent à haute voix, jouent au volley-ball, chantent et dansent. – Ce village appartient naturellement aux filles qui y vivent. Mais pas seulement. Il appartient à toutes les filles, parce que c’est un village qui rend les filles plus fortes. C’est notre place, dit Faith Mudyiwa, 15 ans, responsable de la Journée du Vote Mondial ainsi que présidente du club de filles de l’école Manyaira.

TE X TE : ANDRE AS LÖNN PHOTO : JOHAN B JERKE

« Moimême, je n’habite pas dans le village sûr, mais c’est un lieu très important. Ici vivent des filles qui ont vécu les pires choses qu’on puisse imaginer. Elles sont comme mes sœurs. Nous sommes solidaires et nous nous soutenons. Comme les filles sont très exposées ici,

marier bien qu’elles ne soient que des enfants. Cela me met tellement en colère ! Mais je suis aussi heureuse quand je lis Le Globe car je réalise qu’il y a des gens qui luttent pour améliorer la vie des filles. Et je crois qu’un jour cela arrivera. Les récits du Globe me donnent de l’espoir ! Quand je serai grande, je veux devenir animatrice du Girl Child Network et je me battrai principalement pour les filles ici au Zimbabwe ! » Tnokozile Mapfumo, 14 ans, école Manyaira

Les filles sont maltraitées dans le monde entier

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