Pourquoi John a-t-il été nominé ?
Nominé Héros des Droits de l'Enfant • Pages 48–67
John Wood
TEXTE : CARMILL A FLOYD PHOTO : KIM NAYLOR & ROOM TO READ
John Wood a été nominé au Prix des Enfants du Monde 2014 pour un combat de 15 ans pour le droit à l’éducation des enfants. John a quitté son poste de chef chez Microsoft pour réaliser son rêve : Combattre la pauvreté en offrant aux enfants du monde entier la possibilité d’aller à l’école. John dit que si les enfants savent lire et écrire, ils peuvent mieux se protéger contre les abus, la traite de personnes et l’esclavage, et exiger le respect de leurs droits. John et son organisation Room to Read ont construit près de 1.700 écoles et plus de 15.000 bibliothèques scolaires dans quelques pays parmi les plus pauvres du monde. Ils ont publié 874 livres pour enfants dans les langues locales et distribué près de dix millions de livres à des enfants pauvres qui n’avaient jamais eu accès aux livres. John et Room to Read misent surtout sur l’éducation des filles en aidant plus de 20.000 filles pauvres à continuer leur scolarité et à se construire une vie meilleure. Room to Read œuvre au Bangladesh, Cambodge, Inde, Laos, Népal, Afrique du Sud, Sri Lanka, Vietnam, Zambie et Tanzanie, et touchent 7,8 millions d’enfants !
48
John Wood a abandonné sa carrière chez Microsoft afin de se battre pour les droits de tous les enfants à l’éducation. Son organisation Room to Read bâtit des écoles et des bibliothèques pour les enfants les plus pauvres dans dix pays, publie des livres pour enfants et lutte pour l’éducation et les droits des filles. John dit que l’éducation est le meilleur moyen de combattre la pauvreté.
T
out commence à Hong Kong, il y a 15 ans. John est un haut dirigeant chez Microsoft. Il voyage dans toute l’Asie où il rencontre des centaines de personnes et ses journées sont très longues. La carrière est bien entamée, mais au bout de sept ans, John n’en peut plus. Il profite de ses vacances pour réaliser un vieux rêve : marcher dans les montagnes de l’Himalaya au Népal, loin
des ordinateurs et des sonneries de téléphone. Au sommet de la montagne Quelques semaines plus tard, John est dans une petite maison de thé au sommet d’une montagne dans l’Himalaya. Il a marché plusieurs heures et commande une boisson au petit garçon qui sert les clients. Le garçon revient avec une bouteille. John connaissait quelques mots de népalais et dit :
Quand John est arrivé à l’école dans l’Himalaya et a sorti les livres c’était la folie ! Tous voulaient regarder, feuilleter et lire.
– La bouteille est trop ”tato” (chaude). En as-tu une ”chiso” (froide) ? Le garçon fait non de la tête. Dans les montagnes, il n’y a pas de réfrigérateurs. Mais soudain, le garçon a une idée. Il s’élance en bas de la pente escarpée, vers le fleuve et met la bouteille dans l’eau qui vient des glaciers. John rit en levant le pouce et un homme à côté de lui se met aussi à rire. – Est-ce que tous les enfants au Népal sont aussi malins que lui ? demande John. – Ici nous devons être inventifs, car nous avons si peu, dit l’homme. Il s’appelle Pasuphati et travaille pour
l’école du district. En ce moment, il visite les écoles des montagnes et s’informe de ce qui manque. – Ils ont besoin de presque tout, explique-t-il à John. Venez avec moi demain et vous verrez. 50 élèves par classe Le lendemain, John jette son lourd bagage sur son dos, rempli de coûteux équipements de camping. Pasuphati n’a qu’un petit portefeuille et gravit la montagne à pas rapides. John a de la peine à le suivre bien qu’il ait vingt ans de moins. L’air se raréfie avec l’altitude et pendant qu’ils grimpent, Pasuphati explique que le Népal est l’un des pays les plus pauvres du monde. – Quand nous arriverons à l’école, tu pourras voir que nous sommes trop pauvres pour assurer une éducation. Mais sans éducation, nous resterons toujours pauvres ! John est prévenu, mais en parcourant le bâtiment délabré, il est bouleversé. Le sol des salles n’est plus que de la boue après les dernières
Quand Room to Read a publié son dixmillionnième livre pour enfants, au Vietnam, les enfants ont tenu une cérémonie avec John dans leur école !
pluies. Il fait 40° sous le toit en tôle, réchauffé par le soleil. Une cinquantaine d’élèves sont entassés dans chaque classe. Les enfants n’ont pas de tables, ils sont assis les uns contre les autres le long de longs bancs avec un carnet de notes sur les genoux.
Une bibliothèque sans livres Le directeur propose de terminer la visite dans la bibliothèque et John est très curieux. Il a toujours aimé les bibliothèques, depuis tout petit. John était enfant unique et parfois il aurait voulu avoir quelqu’un avec
qui jouer. Alors maman lui disait : « Avec un bon livre, tu n’es jamais seul ». On ne pouvait emprunter que huit livres par semaine à la bibliothèque de la petite ville où habitait John, mais le bibliothécaire et John avaient
Pendant une excursion dans la montagne au Népal, John Wood a visité une école pauvre qui ne possédait pas de livres dans sa bibliothèque. Six mois plus tard, il est retourné dans l’Himalaya avec des milliers de livres transportés par des yacks et des ânes.
John et Room to Read; • Collaborent avec les départements de l’instruction pour développer les livres scolaires et une meilleure méthode d’enseignement. • Construisent des bibliothèques scolaires et les remplissent de livres, puzzles, jeux, meubles de couleurs vives et coussins qui rendent la bibliothèque un des lieux préférés des enfants. • Demandent aux auteurs et artistes locaux d’écrire et illustrer de nouveaux livres pour enfants dans la langue locale, pour que les enfants aient de bons livrent dans lesquels ils se reconnaissent. Dans beaucoup de langues il n’y avait pas de livre pour enfants. • Construisent ou rénovent pour que les enfants aient des classes lumineuses et sûres où l’apprentissage est facile. • Octroient des bourses et le soutien aux filles qui, sans cela, seraient obligées de quitter l’école pour travailler ou se marier.
49
un accord secret. Il pouvait emprunter douze livres, mais il ne devait le dire à personne ! Le directeur ouvre une porte sur laquelle est écrit bibliothèque. Mais la pièce est complètement vide. Pas d'étagères ni de chaises, de tables ou de lampes. Et pas de livres. Dans un coin il y a une petite armoire. – Nos livres sont si rares. Nous devons les protéger, explique le directeur pendant qu’il ouvre les cadenas des portes de l’armoire. John espère que l’armoire sera plein de livres. Mais il n’y a que de vieux livres de poche que les touristes ont laissés. Ce sont des livres pour adultes en anglais et en italien. En un instant la vie de John est bouleversée. Au moment où il quitte le village, le directeur lui dit : – Peut-être reviendras-tu un jour avec quelques livres ? Un yack chargé arrive John retourne au travail à Hong Kong et se met à téléphoner et à écrire à tous ceux qu’il connaît chez lui, aux États-Unis. Il leur demande d’envoyer à ses parents tous les livres pour enfants dont ils n’ont plus besoin. Bientôt leur garage est plein à craquer de caisses de livres. La nièce de John, qui a huit ans, organise un concours pour voir qui recueillera le plus de
John aime voyager et rencontrer les enfants que Room to Read a pu atteindre, ici au Vietnam.
livres. Tout le monde s’y met et, six mois après, John retourne au Népal avec son père avec des milliers de livres dans les bagages. Les livres sont transportés par des ânes et des yacks avant la montée dans les montagnes. À l’approche du sommet où se trouve l’école, John voit une foule énorme. Enfants, parents et enseignants sont là pour accueillir la livraison de livres. Les élèves vont à leur rencontre avec des guirlandes de fleurs
Mon livre préféré Prakash, 11 (le nom signifie Lumière) – Mon livre préféré s’appelle Jackie, la difficile. Si je devais écrire un livre, il parlerait d’enfants handicapés, parce que j’ai un ami qui est handicapé.
50
et quand ils ouvrent les paquets, c’est la folie ! Les enfants s’assoient un peu partout sur le flanc de la montagne en feuilletant les livres multicolores. Plus tard, pendant le dîner, le père de John demande : – D’accord ! Et maintenant ? John n’y a pas encore pensé, mais les idées se bousculent dans sa tête. Jusqu’à ce jour il n’avait pensé qu’aux gains de son entreprise et aux chiffres de vente. À ce qui enrichit encore plus les riches et lui
offre une augmentation de salaire, une nouvelle voiture et une maison plus grande. Mais soudain cela n’est plus important. John a décidé. Il quittera son super travail et consacrera tout son temps et ses économies afin de donner aux enfants du monde entier l’accès aux livres. Des milliers de nouvelles bibliothèques Beaucoup croient que John a perdu la raison quand il a quitté son travail et a créé
Dipa, 9 (Flamme) – J’aime le livre Tempo parce qu’il a de magnifiques dessins. Mon livre parlerait de moi et de ma sœur.
Sirjana, 14 (Création) – J’aime les histoires où les personnages sont des animaux. Mais si j’écrivais un livre, il serait réaliste et parlerait de mon village. Il s’appellerait « L’histoire de mon village» ou peut-être « Sami et les chèvres », parce que je m’occupe de nos chèvres.
Room to Read utilise souvent des jeux pour rendre l’apprentissage plus divertissant. Ici John essaie un jeu d’orthographe avec une fille en Zambie.
l’organisation Room to Read, (Salle de lecture). Mais ses parents le soutiennent. Très vite, il trouve plusieurs personnes qui veulent travailler avec lui. John explique son idée à tous ceux qui veulent bien l’écouter. Certains sont des gens riches qu’il a connus quand il était un haut dirigeant. Beaucoup acceptent de le soutenir pour que les enfants apprennent à lire et à écrire. Ils envoient des livres mais aussi de l’argent pour que John puisse recruter des
assistants et construire plus de bibliothèques. Room to Read croît rapidement. On construit des bibliothèques pas seulement au Népal, mais aussi au Cambodge, au Vietnam, en Inde, en Afrique du Sud et au Bangladesh. Mais John et ses assistants se rendent vite compte qu’ils ont oublié quelque chose d’important. Ils ont ouvert des milliers de bibliothèques scolaires et les ont remplies avec des livres pour enfants en anglais ! Les
enfants doivent pouvoir lire dans leur langue. Mais il n’existe presque pas de livres pour enfants en népalais ou en khmer, langue parlée au Cambodge. – Nous devons trouver de bons auteurs et illustrateurs et publier des livres dans la langue même des enfants, dit John. Vers 100 millions d’enfants Aujourd’hui Room to Read est une organisation internationale présente dans dix
Pas de voiture pour les chefs ! Dans beaucoup de pays pauvres, les rues fourmillent de jeeps chères. John s’est mis en colère quand il a réalisé que la plupart appartenaient aux chefs d’organisations qui aident les gens pauvres. Une jeep peut coûter près de 75.000 dollars US – avec cet argent on peut instruire 300 enfants pendant une année. Rom to Read a décidé que ses chefs prendraient le bus plutôt que de rouler dans une jeep avec chauffeur.
Nirjala, 9:
Dipak, 12
– J’ai lu Chandramukhi au moins dix fois. C’est une fable à caractère historique. J’ai pensé écrire un livre, mais j’ai oublié sur quoi !
(Lumière) – Mon livre préféré c’est L’homme et le miel. Il parle des différentes traditions des villages. J’aime les devinettes, alors j’aimerais écrire un livre avec pleins de devinettes.
Krishna, 9 (nom d’un dieu hindou) – La maison des souris est mon livre préféré. Il parle de souris qui travaillent. Je voudrais écrire un livre pour soutenir les paysans. Où je vis, il y a beaucoup de paysans et la vie est dure pour eux.
Binod, 10 (Nouveau) – J’aime bien le livre Mon jardin, qui explique comment cultiver, enlever les mauvaises herbes, arroser etc. Si j’écrivais un livre, ce serait sur notre vache qui s’appelle Eyeliner.
51
Texte: EVA-PIA WORL AND phOTO: JOHAN BJERKE
La bibliothèque est le cœur de l’école ! Sudip, 13 ans et ses camarades d’école ont créé un club. Ils se rencontrent dans la bibliothèque que Room to Read, l’école et les parents ont construite dans un village pauvre de l’Himalaya. Le club des enfants aide au fonctionnement de la bibliothèque et organise beaucoup d’activités dans l’école. – Nous avons, par exemple, des concours avec des questions tous les jours. Nous posons une question à la réunion du matin, ensuite tous se précipitent à la bibliothèque pour chercher la réponse dans les livres. La bibliothèque est devenue le point de rassemblement et nous a permis de nous connaître mieux.
Participer et influencer Sudip et le club des enfants participent aussi à la propreté de la cour d’école et organisent des concours de poèmes et de nouvelles. Ils font aussi une revue scolaire et des débats sur les questions importantes.
– Les débats c’est ce qu’il y a de plus drôle, dit Sudip. Nous avons parlé de restauration rapide et avons compris que c’est cher et mauvais pour la santé. À présent, presque tous les élèves ont renoncé à se nourrir ainsi. Les membres du club des enfants peuvent aussi voter avec les adultes dans la commission scolaire. – C’est bien et c’est démocratique, dit Sudip. J’aime bien participer et influencer la vie de l’école.
Les vœux du club des enfants : Ordinateurs
Encore plus de li vres Des salles plus grintéressants andes Un ventilateur da Un vrai laboratons la bibliothèque ire
Le club des enfants se réunit dans la bibliothèque ou sous un arbre dans la cour de l’école.
pays. Plus de six millions d’enfants ont accès aux bibliothèques scolaires et plus de 20.000 filles ont eu accès à l’éducation. Mais John n’est pas satisfait. – Nous ne touchons qu’un pourcent de tous les enfants qui ont besoin de nous, dit-il. Nous devons nous dépêcher pour atteindre le plus vite possible 1.090 millions d’enfants ! Notre mot d’ordre est « le changement du monde 52
commence par des enfants instruits ». Nous n’acceptons pas qu’on dise à un enfant « tu es né au mauvais endroit, au mauvais moment et de mauvais parents, donc tu ne pourras pas aller à l’école ». Cette opinion est à jeter dans la poubelle de l’histoire humaine !
Manju, 13, aimerait que les salles de cours soient plus grandes. Gokul, 13, désire un ventilateur dans la bibliothèque pour qu’on puisse y travailler même pendant les heures les plus chaudes.
Room to Read travaille au Cambodge depuis plus de dix ans. Plus de 2.500 filles ont reçu de l’aide pour continuer à étudier, plutôt que d’être obligées de travailler. Les filles de cette école, à Khampung Plok, sont fières de leur école, qui a été construite par les villageois et Room to Read.
Le Cambodge, l’un des pays les plus pauvres du monde, a une histoire terrible. Il y a près de 30 ans, le pays est tombé sous l’emprise d’un groupe violent les Khmers rouges et leur chef Pol Pot.
Le pays où toutes les écoles ont été
L
Devenu orphelin Kall Kann, qui dirige le travail de Room to Read au Cambodge, n’avait que douze ans quand les Khmers rouges et Pol Pot ont pris le pouvoir. On l’a séparé de ses parents et envoyé à la campagne. – Je suis devenu orphelin et ai vécu comme un enfant sauvage, dit Kall Kann. Il n’a plus revu ni sa mère, ni son père. Ils étaient instruits et ont été tués par le régime. Pendant les quatre ans qu’a duré le régime des Khmers rouges, 1,8 millions de Cambodgiens sont morts
Les Khmers rouges ont fermé toutes les écoles ordinaires. Ils ont organisé un enseignement plus simple, à l’extérieur, qui avait surtout pour but de faire comprendre aux enfants comment servir au mieux leurs dirigeants. Photo: Arkiv/Dccam
s e é m r fe
sous la torture ou les exécutions ou victimes de maladies, épuisement et faim. À la chute du régime, il ne restait presque plus de gens instruits dans le pays, plus d’enseignants, d’écrivains ou de médecins. Ce qui était encore plus difficile pour le Cambodge de reconstruire le pays et sortir de la pauvreté. Cela ne doit plus se reproduire Quand le Cambodge a été libéré des Khmers rouges, Kall Kann était pauvre et seul au monde. Il s’est battu pour avoir une éducation, parce qu’il voulait être sûr que rien de tel ne puisse se reproduire. – Si nous donnons une éducation à nos enfants, ils deviennent forts. Alors, per-
sonne ne peut les tromper et les influencer comme ont fait Pol Pot et les Khmers rouges, dit-il. Aujourd’hui c’est beaucoup mieux mais à la campagne surtout, il y a peu de travail et rarement de l’électricité ou de l’eau potable. Près de 80% des enfants commencent l’école, mais la plupart arrêtent leurs études pour travailler et aider leur famille. Plus de filles que de garçon arrêtent l’école trop tôt. On estime que les filles ont moins de valeur et ce n’est pas la peine d’investir en elles. En outre, certains parents pensent qu’il sera plus difficile à une fille avec de l’instruction, de trouver un mari. C’est pour cela que Room to Read au Cambodge met l’accent sur l’éducation des filles. 53
TEXTe: CARMILL A FLOYD & MARITA LINDQVIST phOTO: KIM NAYLOR
es Khmers rouges voulaient créer un pays nouveau et parfait et effacer tout ce qu’ils retenaient mauvais. Ils ont fermé toutes les écoles et interdit l’instruction. Presque tous les Cambodgiens adultes instruits ont été tués. Les enfants ont été séparés de leurs parents et on leur a dit que leur vraie famille c’étaient les Khmers rouges. Ils ont perdu tous leurs droits, on les a obligés à devenir soldats, gardes-chiourme, à travailler dans les champs et à espionner les adultes.
Grand-père ne comprend pas Reaksa, 14 ans, vit avec ses grands-parents, car ses parents sont divorcés et ne peuvent pas s’occuper d’elle. – Sans Room to Read je n’aurais pas pu continuer l’école, dit-elle. Mon grand-père dit souvent que je dois arrêter et travailler. Il a grandi
sous les Khmers rouges et Pol Pot et en ce temps-là, il n’y avait pas d’écoles. Alors, il ne comprend pas à quoi peut servir l’éducation. Mais cela m’incite à étudier encore plus. Mes branches préférées sont les maths et le khmer. Mon rêve c’est d’être enseignante.
Lisa, Sopheak, Sokhit et Kunthi viennent juste d’apprendre à écrire leur nom. Ils aiment leur nouvelle bibliothèque et apprendre à lire, dans les beaux livres en couleurs, dans leur propre langue, le khmer.
C’est plus drôle de lire de bons livres – Nous venons juste d’apprendre à écrire notre nom, raconte Lisa, qui commence sa première année avec ses amis Sopheak, Sokhit et Kunthi. Leur local préféré à l’école est la bibliothèque, que Room to Read a construite avec l’aide des parents des enfants et le chef du village. Tous s’y sont mis. Room to Read a rempli la bibliothèque avec des livres pour enfants en khmer. – C’est plus facile d’apprendre à lire dans des livres beaux et amusants, dit Sopheak. Le bibliothécaire et mon enseignant expliquent très bien ! Ils nous apprennent l’alphabet et comment prononcer et écrire les mots.
Room to Read aide les enfants à « briser le code » La langue écrite est partout, sur les panneaux, les écrans, horaires et indications de prix. Si on ne sait pas lire, beaucoup de portes se ferment dans la société. La lecture est aussi la base pour tout apprentissage à l’école. Par conséquent, Room to Read aide les enfants plus jeunes à « briser le code de la lecture » le plus vite possible. Cela veut dire que les enfants doivent pouvoir lire et écrire les mots courants et des phrases simples et s’exprimer clairement. Ce sont ces connaissances qui les aident pendant toute leur scolarité.
Apprends le khmer ! Au Cambodge on parle le khmer, une langue à construction unique. Room to Read collabore avec le ministère de l’éducation pour changer le mode d’enseignement de la langue khmer. L’ancienne façon d’enseigner était basée sur les méthodes européennes pour l’apprentissage des langues. Mais le khmer doit s’enseigner d’une toute autre façon. Avec la nouvelle méthode, les enfants apprennent à lire et à écrire beaucoup plus tôt.
54
Salut :
Je vais bien :
Adieu :
Comment tu t’appelles ?
Pardon :
Je m’appelle :
Merci :
Je ne comprends pas !
Comment vas-tu ?
Sacty
a cru que sa vie était finie
Un jour, ce que Sacty craignait depuis longtemps, est arrivé. Le soleil se couche sur le toit de paille dans le village flottant et le fleuve est plein de bateaux qui rentrent. Maman est très grave quand elle s’assied sur le sol à côté de Sacty, qui vient d’avoir douze ans. – Tu dois arrêter l’école, dit-elle.
N
ous n’avons pas le choix. Je n’ai pas les moyens de payer les taxes scolaires et nous avons besoin de ton aide pour travailler et gagner de l’argent, continue maman. Sacty a envie de pleurer, mais elle chasse les larmes. Elle ne veut pas que sa mère soit encore plus triste. Elle est désespérée et ne sait pas vers quoi ou qui se tourner. Elle dit à sa mère : « Je comprends. » Presque tous les habitants de Kompong Phluk, le village flottant, sont pêcheurs.
dû se battre pour survivre. – J’ai dû me remettre au travail, alors que tu n’avais que dix jours, lui a dit maman plusieurs fois. Si quelqu’un s’enquiert de son père, Sacty dit qu’il est mort. C’est ainsi qu’elle le ressent. Mais elle sait qu’il vit et qu’il a une nouvelle famille. C’est douloureux de savoir qu’il ne se soucie pas d’elle. Le pire c’est quand les enfants des voisins se moquent de Sacty. – Tu es orpheline et pauvre, tu n’as que ta mère, disent-ils. Cela la blesse mais la met aussi en colère. Très tôt, elle a décidé de mettre toute son énergie dans son travail scolaire, pour que personne ne
la méprise. Elle n’a jamais manqué une leçon, bien qu’elle travaille à la maison avant et après l’école et aide maman à jeter et retirer les filets de pêche. À présent, elle doit arrêter l’école. Est-ce que tout a été inutile ? Le premier jour de travail Sacty commence à travailler quelques semaines avant les examens pour passer à la classe supérieure. Cela la déchire, mais elle ne proteste pas. Maman a été malade récemment et a dû emprunter de l’argent pour les médica-
ments, elles n’ont jamais été autant dans le besoin. Elle veut apporter son aide, car elle fâcherait et décevrait sa famille si elle ne le faisait pas. Tôt le matin, Sacty attend sa mère et sa grande sœur au carrefour près du fleuve. Un camion s’arrête et elles montent sur la plateforme. Il y a déjà pas mal d’autres enfants et des adultes du village qui vont travailler dans les champs. Le camion avance en patinant sur les étroits chemins boueux et Sacty sait qu’ils vont bientôt passer devant l’école. Elle lorgne par-dessous les bords de son grand chapeau et voit ses amis dans leur uniforme scolaire. Sacty croit qu’ils la voient 55
TEXTe: CARMILL A FLOYD & MARITA LINDQVIST phOTO: KIM NAYLOR
Papa a disparu Sacty habite dans un petit village qui flotte sur l’eau six mois par an. Les enfants vont à l’école en bateau et la plupart des familles survivent grâce à la pêche. Puis, l’eau se retire et le lac autour des maisons n’est plus qu’un petit cours d’eau. Soudain les maisons se trouvent bien au-dessus du sol sur de maigres pilotis de six mètres de hauteur. Les enfants montent et descendent de leur maison au moyen de minces échelles. La vie est simple ici, sans électricité ni eau courante. Mais la famille de Sacty est l’une des plus pauvres. Son père a abandonné la famille juste avant sa naissance et n’est jamais revenu. Depuis, la mère de Sacty a
La maison de Sacty est érigée sur des pilotis de six mètres de hauteur. Elle traverse ici la passerelle qui la mène à la maison familiale.
aussi, mais elle n’ose pas leur faire signe. Elle a honte, c’est comme si elle les avait trahis, eux et ses enseignants. Que vont-ils penser d’elle ? Toute la journée Sacty ramasse des patates douces et les met à sécher. Après plusieurs heures sous le soleil brûlant, elle est épuisée quand le camion la ramène chez elle. Le dos lui fait mal et les bras pèsent comme du plomb. Ses mains sont noires de terre et pleines d’ampoules. Malgré cela, elle ne peut pas dormir. Elle est couchée immobile sur le sol et entend la respiration de sa sœur se faire plus lente. Quand Sacty est sûre que tout le monde dort, elle ose enfin pleurer, doucement pour ne réveiller personne. Où est Sacty? D’abord les enseignants croient que Sacty est malade. Mais après plusieurs jours sans nouvelles de la part d’une des meilleures élèves,
56
ils s’informent auprès de ses camarades de classe. – Elle a arrêté l’école, dit une fille. – Elle travaille avec sa mère et sa sœur, raconte une autre. Une jeune enseignante,
Srey Leap, a une tâche importante à côté de son travail d’enseignante. Elle travaille pour Room to Read comme aide pour les filles les plus pauvres. Srey Leap sait que la famille de Sacty a des difficultés et soupçonne qu’elle a été obligée d’arrêter l’école. Elle
prie le directeur d’organiser une rencontre avec le chef du village flottant. Tous doivent faire en sorte que Sacty retourne à l’école avant qu’il soit trop tard. Le chef de village est un soutien important pour l’école et Room to Read. S’il
Les villages flottants
Sacty, 14 Aime bien : Consulter les manuels scolaires et lire des récits. Est triste : Quand on se moque de moi parce que je n’ai pas de papa. A peur de : Être obligée d’arrêter l’école. Et des crocodiles ! Plat préféré : Soupe aigre piquante. Veut : Apprendre à utiliser un ordinateur. Veut être : Enseignante.
Presque tous les habitants de Kompong Phluk, le village flottant, sont pêcheurs. Le village se trouve à proximité du lac Tonle Sap, l’une des plus grandes régions d’eau douce au monde. En mai, quand l’eau est à son niveau le plus bas, le lac se rétrécit et ne couvre plus que 250.000 hectares. À la saison de la mousson qui commence en juin, l’eau remonte dans le fleuve Mékong se répandant dans le lac Tonle Sap et le gonfle a plus d’un million d’hectares. Parfois, les pluies et les orages sont si forts que l’eau cause des inondations. Les maisons sont pleines d’eau et les habitants qui en ont les moyens surélèvent le plancher de leur maison. Ils transportent tous ce qu’ils possèdent et dorment dans des hamacs près du toit. D’autres, qui ont de grands bateaux, y vivent jusqu’à ce que l’eau ait baissé. Les plus pauvres, comme la famille de Sacty n’ont ni grands bateaux, ni l’argent pour surélever le plancher. Leur maison et tout ce qu’ils possèdent sont détruits et ils ne savent pas où aller avant de pouvoir construire une nouvelle maison.
Room to Read misent sur les filles
En bateau c’est mieux Pendant la période où l’eau est basse, il faut à Sacty plus d’une heure pour aller à l’école car le chemin est boueux et très glissant. Quand l’eau est haute, elle va à l’école en bateau. C’est bien plus raide.
La mère de Sacty est fière d’avoir une fille instruite.
demande aux parents de revenir sur leur décision, il est possible qu’ils changent d’avis. Le chef de village, le directeur et Srey Leap rendent visite à la mère de Sacty quand elle est seule à la maison. Ils demandent pourquoi Sacty n’est pas à l’école. – L’uniforme scolaire, le
matériel et les taxes scolaires sont trop chers. Je veux vraiment qu’elle s’instruise, mais c’est impossible, explique sa mère. Le chef de village insiste sur le fait que l’instruction c’est important. Et Srey Leap dit que Room to Read peut aider Sacty. – Elle peut obtenir une
bourse qui paye les taxes scolaires et presque toutes les dépenses. Vous, la famille, vous devez promettre de soutenir Sacty dans ses études. Mais le temps presse. Si elle ne se présente pas aux examens, elle doit répéter l’année. Alors, le risque qu’elle ne revienne plus est grand. Maman promet d’y penser. Elle ne parle pas à Sacty de la visite qu’elle a eue. Les nuits suivantes, c’est maman qui ne peut pas dormir. Le jour de l’examen Un jour quand Sacty grimpe sur la plateforme du camion, elle sent une résistance encore plus grande. Elle sait que cette après-midi-là, ses amis vont faire l’examen pour entrer en septième année. Quand, arrivées au fleuve, elles descendent de la plateforme, sa mère se tourne soudain vers Sacty.
Avant à Kompong Phluk on obligeait les filles à arrêter l’école à 12 ans. Les parents n’ont pas les moyens de payer les taxes et l’uniforme scolaires ainsi que le matériel. Ils veulent plutôt que les filles aident au ménage, la pêche et l’agriculture. On envoie aussi certaines d’entre elles dans les grandes villes comme bonnes ou vendeuses de rues où certaines sont victimes des trafiquants de personnes. À ce jour, Room to Read a octroyé une bourse et de l’aide à 80 filles de Kompong Phluk. Dans tout le Cambodge, plus de 2.000 filles ont reçu de l’aide. Cela a signifié beaucoup pour elles et leur famille. En outre, elles deviennent des modèles pour leurs amis, filles et garçons compris. Le soutien va aux filles les plus démunies et les plus motivées pour les études. Les parents écrivent un contrat où ils promettent de soutenir leur fille dans ses études.
57
On prend soin de notre école et de notre village ! Sacty et les autres élèves aident à l’entretien de l’école, par exemple de la façon suivante :
Enlever les mauvaises herbes et planter des légumes et des épices comme le piment, le potiron et la menthe. On vend ensuite les légumes au marché. Ramassage de bois Creuser les étangs pour recueillir l’eau de pluie, que l’on utilise, entre autre, pour arroser le potager de l’école.
– C’est trop tard ? Tu as manqué ton examen ? – Non, ça commence dans quelques heures, dit Sacty étonnée. – J’ai décidé, dit maman, tu retourneras à l’école ! Avant que Sacty ait eu le temps de comprendre ce qui se passe, sa mère s’est jetée sur le chemin et a arrêté une moto taxi. Elle crie au chauffeur de conduire Sacty à l’école, aussi vite qu’il peut. Sacty arrive à la dernière minute et tout le monde est étonné mais heureux de la voir. Elle est nerveuse en voyant sur le banc les feuilles de l’épreuve. Peut-elle réussir après avoir manqué tant de leçons ? Deux semaines plus tard arrive le résultat : Sacty a répondu juste à toutes les questions et pourra commencer sa septième année ! Dès qu’elle arrive à la maison, elle 58
Sacty fait ses devoirs dans la seule pièce de la maison.
annonce la bonne nouvelle. Maman est heureuse et fière. – C’est bien dit-elle. Ne fais pas comme moi. Je veux que toi, tu apprennes beaucoup. Sacty prend la parole Chaque année, le 8 mars on célèbre, dans le monde entier, la Journée Internationale de
la Femme. L’école de Sacty organise avec Room to Read une grande fête pour les droits des filles. Tout le village est invité ainsi que les journalistes et les hôtes d’honneur de la ville. Le directeur a prié Sacty de prendre la parole et de raconter ce qui lui est arrivé.
Quand le moment arrive, elle se tient près de la scène en serrant le papier avec son discours. Elle tremble et ne se sent pas bien. Son cœur bat très fort et quand elle entend son nom, il lui paraît impossible de monter sur scène. Mais soudain, elle est là debout, un micro à la main. Sacty raconte et le public écoute en silence. Des larmes coulent de ses yeux, mais elle continue. – Je n’ai jamais connu mon père. Je me sens souvent si seule et abandonnée et ma famille a beaucoup de difficultés. C’est pour cela que j’ai dû abandonner mes études. Mais grâce à mes enseignants et à Room to Read, j’ai la chance de pouvoir continuer. L’instruction est ce qu’il y a de plus important. Quand j’ai dû arrêter et commencer à travailler dans les champs, j’ai
TEXTe: CARMILL A FLOYD & MARITA LINDQVIST phOTO: KIM NAYLOR
La pompe à eau depuis le fleuve pour la vaisselle, le ménage et la lessive.
Aptitudes à la vie pour le futur Sacty et les autres filles rentrent tôt l’après-midi pour préparer le déjeuner et s’occuper des frères et sœurs plus petits. Un ou deux après-midis par semaine, elles retournent à l’école dans leurs vêtements habituels pour le soutien aux devoirs et les leçons d’aptitudes à la vie quotidienne !
regretté l’école. J’ai cru que ma vie était finie. Un avenir meilleur Arrivée à la fin de son discours, Sacty s’aperçoit que presque tout le monde pleure aussi. Les autres élèves, ses amis et leurs parents, le chef de village, les journalistes et les politiques haut placés de la ville s’essuient les yeux. – Si je réussis à terminer mes études et à devenir enseignante, je veux revenir ici dans ce village où je suis née et apporter la connaissance à d’autres enfants, termine Sacty. Tout le monde applaudit très fort et très longtemps en souriant. Sa mère court vers elle et la serre dans ses bras. – Je ne savais pas que tu parlais si bien et devant autant de gens inconnus, dit-elle. Je suis heureuse d’avoir une fille avec
de l’instruction ! Beaucoup d’autres parents s’avancent aussi pour la remercier et la féliciter. – Tu es vraiment courageuse, dit l’une des mamans. Sacty espère qu’elle a su inspirer beaucoup de parents à laisser leurs filles aller à l’école. Avec l’aide de Room to Read, Sacty espère pouvoir aller jusqu’à la douzième année d’école pour ensuite continuer à étudier et devenir enseignante. Mais elle a toujours peur d’être obligée d’arrêter l’école. – Mon grand-père n’arrête pas de me dire que je dois quitter l’école pour travailler, mais maman refuse. Je n’ai pas de père, mais ma mère est forte et s’occupe de moi pour que je puisse avoir une formation. Je construirai un avenir meilleur pour moi et pour ma famille !
Les aptitudes à la vie quotidienne concernent la façon de faire face au stress et les soucis quotidiens, de s’occuper de la santé et de l’argent, d’acquérir la pensée critique, de prendre des décisions et de faire des plans pour le futur. – On apprend énormément de choses utiles qui nous aident chaque jour, dit Sacty. Je suis plus sûre de moi et j’ose dire ce que je pense. Nous apprenons quels sont nos droits et comment nous protéger des dangers. Ma mère et d’autres adultes dans le village fument beaucoup. Aux leçons de l’aptitude à la vie quotidienne, nous avons appris à quel point c’est dangereux. J’ai peur que ma mère meure d’une de ces maladies qui viennent de la fumée. Alors j’essaie de convaincre maman d’arrêter de fumer !
Aptitudes avec chants et musique Aux cours d’aptitudes à la vie quotidienne il y a beaucoup de chants, de musique et de jeux. Porath, 15 ans, adore chanter. – Ma chanson préférée est une chanson triste, dit-elle. Elle parle de la pauvreté des habitants de Kompong Phluk, de notre souffrance, des incendies de forêts. Nous cuisinons au gaz et faisons des feux de bois, ce qui prend facilement feu. Tout un village peut être détruit car il n’y a pas de chemins où les pompiers peuvent passer. Je me souviens d’un incendie. Très vite on a assemblé tout ce qu’on pouvait transporter et on a couru vers le fleuve. On était tous prêts à sauter dans les bateaux et fuir si le feu s’était approché. On sentait l’odeur de la fumée et la chaleur, mais on s’en est tirés. Les filles de la classe prient souvent Porath de chanter des chansons tristes. – Elles applaudissent beaucoup quand je chante. C’est fantastique ! Porath
Srey Leap est l’avocate des filles – Je sais ce dont les filles de Kompong Phlok ont besoin, parce que j’ai été l’une d’elles, dit Srey Leap. Elle a grandi dans le village flottant et rêvait de devenir enseignante. Mais à l’âge de douze ans, sa mère lui a dit qu’elle devait arrêter l’école.
TEXTe: CARMILL A FLOYD & MARITA LINDQVIST phOTO: KIM NAYLOR
M
aman voyait que d’autres enfants travaillaient et donnaient de l’argent à leurs parents. Elle a vu d’autres filles se marier et voulait que moi aussi, je trouve un mari. Papa a compris que j’aurais une vie meilleure si je m’instruisais. Mais ils n’avaient pas les moyens. Srey Leap a été sauvée à la dernière minute. Elle a été l’une des premières boursières de Room to Read dans le village flottant. – Room to Read nous a aidés à payer les taxes et le matériel scolaires pour que je puisse terminer le lycée. Ils ont aussi convaincu maman de l’importance de l’éducation. À présent Srey Leap travaille pour Room to Read comme aide pour les filles dans le village flottant. – Au début, elles sont timides, mais très vite leur confiance augmente. Avec les cours d’aptitudes à la vie quotidienne, elles osent se défendre elles et leurs camarades. Au début, parfois les parents me chassent. Mais ça s’améliore. Une maman m’a dit récemment : « Mainte nant, ma fille est aussi la fille de Room to Read, car vous vous occupez si bien d’elle. »
60
Veut devenir enseignante au village Srey Leap a travaillé extra en tant qu’enseignante dans l’école du village, bien qu’elle se soit arrêtée au gymnase. Mais bientôt, elle commencera une formation d’enseignante en ville et passera de vrais examens. – C’est très difficile de trouver des enseignants pour Srey Leap est enseignante assistante dans la classe de Sacty. l’école du village flottant. La plupart viennent de grandes villes et ne s’habituent pas à la vie de la campagne. Ils ont peur de tout : l’eau, les rats et Dans beaucoup de pays pauvres, il y a un manque de les insectes. Ils pensent qu’il salles adaptées aux enfants et fait trop chaud, que c’est sale et de bâtiments scolaires, surtout ne savent ni nager, ni utiliser à la campagne. Room to Read un bateau. La direction de travaille avec la population l’école peut obliger les enseilocale pour construire ou rénognants à travailler chez nous Voici comment était l’école pendant une année, mais après ver les bâtiments scolaires pour dans le village flottant. Il y qu’il y ait des classes spacieuses cela, presque tous arrêtent. Si avait peu d’élèves et elle et lumineuses. En Asie et en plusieurs habitants du village était détruite chaque fois Afrique, Room to Read a appordeviennent enseignants, c’est que l’eau montait et qu’il y beaucoup mieux pour les té son aide pour la construction avait des inondations. de 1.400 nouvelles écoles avec élèves. 5.500 classes, bibliothèques Srey Leap est la seule de sa La nouvelle école dans le vilscolaires et salles des maîtres. famille qui a autant étudié. lage flottant a été construite par les habitants, la direction Les habitants partagèrent les – J’ai réalisé mon rêve ! scolaire et Room to Read. frais du matériel et du travail. Maintenant, je veux donner Elle est érigée sur de hauts Quand le bâtiment scolaire est aux autres filles la même possipilotis pour qu’elle ne soit prêt, il est la propriété du village bilité d’être des modèles. Ma pas inondée à la montée des et des autorités scolaires du mère est très fière de moi. Elle eaux. pays. ne regrette qu’une chose c’est que mes deux sœurs aînées n’aient pas eu la même chance de poursuivre leur scolarité.
Salle pour les apprenants !
Rattana sèche le poisson que la famille a pêché, chaque jour après l’école. Son nom signifie « bijou ».
Uniforme scolaire et chaussures imperméables.
Équipés pour l’enseignement ! Rattana, 15 ans, a reçu une bourse de la part de Room to Read qui lui permet de continuer l’école, bien que sa famille soit très pauvre. – Avant j’avais de la peine à suivre les leçons. Je manquais souvent l’école parce que je devaisaider ma famille dans les tâches ménagères et la pêche. À présent j’ai tout ce qu’il me faut grâce à Room to
Read et qui plus est, des leçons supplémentaires. Finalement, tout va bien à l’école et ma matière préférée ce sont les maths ! Les parents de Rattana et ses frères et sœurs plus âgés sont pêcheurs. Elle-même veut devenir infirmière, mais ses parents préféreraient qu’elle arrête l’école après sa neuvième année. – J’espère qu’ils changeront d’avis, dit-elle. Je les aide tant que je peux à la maison, bien
Plumes, gommes, règles, ciseaux, etc.
que j’aie beaucoup de devoirs. Parfois je les suis à la pêche ou je fais des heures supplémentaires en récoltant des haricots. Je donne l’argent à maman. Elle est contente et ça me fait plaisir de pouvoir l’aider. Mais ma grande sœur n’est jamais contente. Elle trouve à redire dans tout ce que je fais et elle se fâche encore plus quand j’ai de Argent pour les taxes longues journées d’école. Ces scolaires et les leçons supplémentaires. reproches me font très mal.
Voici ce que Rattana et ses amies reçoivent de Room to Read:
Cartable.
Cahiers et manuels scolaires.
Vélo pour se rendre à l’école. Brosses à dents, savon et ce qu’il faut pour la toilette et l’hygiène.
Voyages d’études dans des endroits passionnants comme Angkor Wat. Contrôles de santé.
61
Sony responsable du club D’ami-à-amis Sony, 13 ans est l’une des filles élue responsable du club D’amià-amis de l’école. Au Cambodge, on trouve ces clubs dans toutes les écoles Room to Read qui misent sur l’éducation des filles.
N
TEXTe: CARMILL A FLOYD & MARITA LINDQVIST phOTO: KIM NAYLOR
ous nous battons les unes pour les autres et aidons les autres filles pour qu’elles n’arrêtent pas l’école, raconte Sony, qui a reçu une bourse de Room to Read. Nous aidons les autres à faire leurs devoirs, leur donnons de bons conseils et les surveillons. Si une fille ne vient pas à l’école, nous essayons de savoir pourquoi. Parfois nous allons chez elle et nous racontons ce qui s’est passé à notre personne de contact de Room to Read. Le club D’ami-à-amis m’a aidée à me sentir plus sûre de moi. Au Cambodge, les pères et les fils
ont plus de pouvoir que les filles et les femmes. Je suis d’avis que nous devons décider autant. Le bureau, le travail de rêve Sony rêve de travailler dans un bureau avec des ordinateurs et l’air conditionné. – Je n’ai jamais utilisé un ordinateur, mais j’en ai vu un à l’école. Tout semble facile avec un ordinateur. L’air conditionné, je connais, depuis que nous avons fait une excursion avec Room to Read et nous nous sommes retrouvés dans un hôtel. Dehors c’était la canicule,
Sony fait ses devoirs à la lumière du jour, dans la maison, il n’y a pas d’électricité.
mais à l’intérieur il faisait frais. Incroyable ! Chez moi, il fait toujours chaud. On s’évente avec des bouts de carton, mais ce n’est pas effectif. On se fatigue et la chaleur augmente. Au milieu de la journée, on se couche dans un hamac à l’ombre, sous la maison. Parfois je me verse une seille d’eau sur le corps. La chaleur me donne de la fièvre parfois et je ne peux pas aller à l’école. C’est injuste que les gens riches aient des maisons fraîches où il fait bon, mais pas nous. C’est bien de savoir lire et écrire – Mes parents travaillent beaucoup dans les rizières et
Le club D’ami-à-amis s’occupe d’un petit jardin à l’école, où il y a des fleurs et d’autres plantes. – Nous cultivons des légumes, des mangues et des choux. On s’amuse bien ici, dit Keo, qui est responsable du club avec Sony. Ici, elle est dans le potager avec Reaksa, une amie du club.
62
Bien sûr, le tir à la fronde c’est amusant, mais ce n’est pas un jeu. Sony tire sur les oiseaux pour les effrayer et pour qu’ils ne mangent pas les fruits des arbres de la famille.
maman veut vraiment que j’aille à l’école pour avoir une vie meilleure, dit Sony. Mes parents sont analphabètes, ils ne peuvent même pas écrire leur nom. On se laisse facilement tromper si on ne sait pas lire, écrire et compter. Si tu vends des choses au marché, tu ne peux pas vérifier combien on t’a rendu et on peut te tromper sur le prix. Tu peux perdre ta maison si tu ne peux pas lire le contrat. Et tu ne peux pas voter si tu ne sais pas quel est le meilleur parti politique. Si je reçois une bonne éduction, je pourrai aider mes parents.
La garde-robe de Keo Keo, 14 ans, a aussi été choisie en tant que responsable pour le club D’ami-à-amis. – On m’a aidée quand j’ai voulu arrêter l’école, raconte Keo. Mon père avait emprunté de l’argent pour une opération des reins et ne pouvait pas rembourser. On m’avait offert 2,25 USD par jour pour ramasser des patates douces et je voulais travailler pour aider papa. Mais mes amis et Room to Read m’ont convaincue de ne pas abandonner.
Peng dit qu’il faut que les règles soient égales entre filles et garçons.
Peng joue au foot dans la boue Dans le village flottant de Kampong Phlok on ne peut jouer au foot que quand l’eau se retire. Alors s’ouvrent des espaces qui étaient cachés par les eaux. Quand les grandes pluies arrivent l’après-midi, le sol devient un champ de boue, mais cela n’empêche pas Peng, 14 ans, et ses amis de jouer au foot après l’école.
1
L 3 2
L’uniforme scolaire – Je l’ai eu de Room to Read. Il est élégant, mais c’est difficile d’avoir une chemise toujours blanche et propre dans la glaise.
Tenues pour dormir – Pour dormir je mets un t-shirt et un sarong en coton. Les plus beaux sarongs sont en soie, mais je ne peux pas me les offrir.
Vêtements de loisirs – Mes vêtements les plus confortables. Ils sont agréables et pratiques pour travailler et pour faire le ménage.
a boue est collante et glissante. Elle se colle sous les pieds et nous fait des « pieds d’éléphants » en quelque secondes. – La boue c’est embêtant, mais c’est aussi marrant quand on est de bonne humeur, dit Peng en riant. Aujourd’hui, il n’y a que des garçons qui jouent, mais Peng dit que, évidemment les filles peuvent jouer aussi. – Bien sûr qu’il y a des différences entre filles et garçons, dit-il. Les garçons sont souvent plus forts et les filles mettent au monde les enfants. Mais cela ne veut pas dire qu’il doit y avoir des différences entre leurs droits. Par exemple, c’est très important que les filles aient le même droit que les garçons d’aller à l’école. Les garçons à l’école pensent que c’est dommage qu’ils ne puissent pas avoir des bourses de la part de Room to Read. Ils viennent
aussi de familles pauvres qui ont de la peine à survivre s’ils doivent payer toutes les dépenses scolaires. – Mais nous savons qu’au Cambodge, c’est bien plus difficile pour les filles de s’instruire, alors nous comprenons, dit Peng. Important pour tous Avoir été à l’école c’est surtout important quand on fonde une famille et qu’on a des enfants, pense Peng. – Les deux parents doivent pouvoir prendre soin de leur famille. Quand je me marierai, je veux que ma femme soit instruite pour qu’on puisse partager les responsabilités
aux mêmes conditions. On doit pouvoir prendre les décisions importantes ensemble. Je ferai de tout pour que mes enfants comprennent l’importance d’aller à l’école. C’est important pour eux et pour tout le pays. Alors la société peut avancer et se développer d’une façon positive. Peng a trois sœurs plus âgées qui ont déjà quitté la maison. – Je sais qu’elles ont dû travailler beaucoup plus à la maison quand elles avaient mon âge. Je dois aussi participer un peu, mais j’ai quand même eu plus de temps pour jouer qu’elles !
Après l’école, Peng et ses camarades jouent au foot. Ce n’est pas la peine d’essayer de ne pas se salir ni de se mouiller. Bientôt toute l’équipe a l’air d’un bonhomme de glaise.
63
5h30 Sommeil sans moustiques Les frères et sœurs dorment ensemble sous une moustiquaire rose. Il fait chaud et les nuits sont humides, c’est alors que les moustiques arrivent.
La maman et le papa de Channy.
Seuls à la
Channy, 12 ans et ses deux sœurs habitent dans une petite maison carrée avec une chambre et un toit en tôle. Leurs parents sont partis en Thaïlande, un pays voisin, pour chercher du travail. Dans le petit village de Channy il n’y a pas de travail. – Ils seront absents au moins une année et ils enverront de l’argent. Ils me manquent beaucoup, dit Channy. Le pire c’est le soir, parce qu’ils chantaient pour qu’on s’endorme.
11h00 Queue à la bibliothèque
6h00 Channy va chercher l’eau pour la toilette du matin et le petitdéjeuner. Avec l’eau qui reste, elle arrose le potager.
Channy choisit une paille rouge quand elle va à la bibliothèque et la met dans un bol. Le garçon qui la suit en prend une verte. Room to Read veut s’assurer qu’il y a autant de filles que de garçons qui vont à la bibliothèque. Chaque jour le bibliothécaire compte les pailles et note le résultat.
7h00 Hâte d’aller à l’école
11h15 Trouve le bon livre
La grande sœur est allée au travail et Channy transporte sa petite sœur à l’école sur le porte-bagage.
– Je regarde la couverture, je lis la page arrière et j’emprunte les livres qui semblent amusants et intéressants. Plus tard, je veux écrire un livre. Il parlera de ma famille.
64
16h00 L’eau pour les ancêtres
Presque tout le monde au Cambodge a une petite maison des esprits dans le jardin. Channy allume un bâtonnet d’encens et verse de l’eau dans un petit bol pour les ancêtres qui protègent la famille.
14h30 Calmer la faim Channy fait la cuisine pour elle et sa petite sœur.
17h00 Batterie pour la télé Plusieurs enfants du voisinage viennent regarder la télé chez Channy. L’image saute et n’est pas nette, mais le programme est passionnant. La télé marche avec une batterie de voiture. Une fois par semaine, les sœurs traînent péniblement la batterie au village pour la recharger.
19h00 Devoirs mobiles
21h00 L’ennui des parents
Channy fait ses devoirs dans son hamac. Parfois, elle lit à sa petite sœur un livre emprunté avant l’heure du coucher.
C’est surtout le soir que Channy a l’ennui de sa mère et de son père, quand il fait nuit et qu’elle va se coucher.
Thim veut être bibliothécaire Thim, 12, vit avec sa grand-mère. Sa
mère a une maladie psychique et ne peut pas s’occuper de lui. Avant, les autres enfants se moquaient de lui et il avait des problèmes de concentration à l’école. Mais, grâce à un bibliothécaire qui l’a encouragé à lire, Thim est à présent l’un des meilleurs élèves de l’école. Il a confiance en lui et peut se défendre si on se moque de lui. Thim est le plus jeune de cinq frères et sœurs. Parfois, les autres
TEXTe: CARMILL A FLOYD & MARITA LINDQVIST phOTO: KIM NAYLOR
maison
pensent que Thim devrait arrêter l’école et travailler. – J’explique que c’est important de savoir lire et écrire. Sinon on est facilement victime de tromperie, dans les magasins et de la part de gens méchants. Ceux qui ne savent pas lire et écrire, restent pauvres, ils ne peuvent pas faire grand-chose de leur vie. C’est triste quand je n’ai pas les moyens de manger ou quand je n’ai pas le temps de jouer parce que je dois travailler.
Quand Thim revient de l’école, il cuit le riz fait la vaisselle et coupe le bois. – S’il me reste un moment, j’aime jouer au volant ou au volleyball. Je veux être médecin et faire en sorte que les gens, comme ma mère, aillent bien. Ou alors, encore mieux, bibliothécaire ! Je suis heureux quand je lis. – Lire, c’est ce que j’aime le plus et je me débrouille bien, dit Thim, 12 ans .
Pochey utilis
Le jeu est bon pour le cerveau ! John Wood et Room to Read disent que les enfants qui se sentent bien et s’amusent, apprennent aussi mieux. Les jeux sont bons pour le cerveau et rire fait toujours du bien. Voici quelques jeux que les enfants au Cambodge aiment jouer pendant les pauses. Le jeu de l’élastique Faites deux équipes. Chacun reçoit une paille ou un rouleau en papier et se met en rang. Chaque équipe reçoit un élastique qu’il s’agit de faire passer par-dessus un membre après l’autre de l’équipe sans utiliser les mains. L’équipe qui réussit la première à faire passer l’élastique du premier au dernier membre a gagné !
TEXTe: CARMILL A FLOYD & MARITA LINDQVIST phOTO: KIM NAYLOR
Monstre, dame ou moine ? Deux personnes ou deux équipes jouent plusieurs manches l’une contre l’autre. Si vous êtes deux, procédez de la façon suivante : Choisis sans le dire l’une des trois personnes : monstre, dame ou moine. Le monstre doit faire peur, avec des mains comme des pinces et un museau horrible. La dame est belle avec un index pointu. Le moine est une figure bouddhiste. Au signal donné tu mimes ton personnage. Le monstre gagne sur la dame. La dame gagne sur le moine et le moine sur le monstre. Si vous avez choisi la même personne, le jeu est nul !
Le krama, pièce de coton ou de soie tissée, est connue au Cambodge depuis des centaines d’années. Pochey, 16 ans, utilise son krama pour tout, aussi bien pour transporter ses livres d’école que pour chasser les mouches. Il y a au moins 60 façons d’utiliser un krama. Pochey est la seule personne de la famille qui va à l’école. – Ils pensent que l’instruction est inutile. Ma grande sœur dit: « Plus tu apprends, plus tu deviens Ceinture bête ». Peut-être a-t-elle raison. Mais moi, je veux devenir enseignante ou infirmière. Si je réussi, je peux mieux aider ma famille. Pochey vit avec sa grand-mère. Celle-ci a toujours encouragé Pochey à aller à l’école et l’a aidée à payer les taxes scolaires. – Ma grand-mère est médium. Les gens la paient pour qu’elle contacte les esprits et pour lire l’avenir. Sans son aide, j’aurais dû arrêter depuis longtemps, dit Pochey.
Dame et moine.
Monstre et dame.
Parures de tête Pochey peut enrouler le krama de plusieurs façons pour en faire un beau couvre-chef. Monstre
Fraîcheur
Dame
66
Moine
Pose un krama mouillé sur la tête quand il fait chaud et laisse-le te rafraîchir.
Chasse-mouche Pochey habite près du fleuve. Pendant la période des pluies, l’eau monte jusqu’à la porte, et les moustiques et les mouches adorent ça. Avec le krama on peut chasser tous les insectes volants.
e le krama pour tout Poupée Si on n’a pas les moyens de s’acheter des jouets, on peut faire facilement une poupée en chiffons.
Port de tête Le krama permet de stabiliser les choses que l’on porte sur la tête.
Serviette de bain Le krama existe dans toutes sortes de tailles et de dessins. Celui en coton, à carreaux rouges et blancs est un classique.
Pochey se lave et lave les vêtements de la famille dans le fleuve. Elle aime aussi nager et jouer à cache-cache dans le fleuve.
En ce moment, grand-mère est à l’hôpital. Les parents de Pochey sont partis en Thaïlande pour travailler et pouvoir payer les frais d’hospitalisation et une opération. Pochey se fait encore plus de souci pour l’avenir. – Souvent, je ne mange rien de toute la journée, parce que je n’ai pas d’argent. Mais, à présent une bourse de Room to Read couvre une partie des frais de Pochey. – Mes parents en sont contents, mais ils disent que c’est le moment d’arrêter l’école. Ils veulent m’acheter une petite charrette pour que je vende du pain et des gâteaux aux carrefours. Ça me fait de la peine. J’espère que Room to Read pourra faire changer d’avis à mes parents.
Gants, tabliers et linges de cuisine Pochey aide sa grand-mère à préparer le repas dans la cuisine sous la maison. Elle cuisine sur le feu et cela fait transpirer. Pochey essuie la sueur avec le krama.
Robe ou jupe Sac Le krama se transforme facilement en un sac pour transporter livres et nourriture. Ici, Pochey a enroulé le krama autour d’un plateau avec des fruits et des biscuits qu’elle offre aux moines du temple bouddhiste.
Protection Le krama te protège du soleil cuisant, mais aussi de la poussière, du vent, du froid et de la pluie.
Repos Le krama peut devenir un hamac pour les enfants petits ou couverture et coussin pour les plus grands.
67