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NOMINÉS
Nelson Mandela Graça Machel et Nelson Mandela sont mariés. Ils sont les meilleurs amis des enfants du Mozambique et d’Afrique du Sud. Quand c’est nécessaire, ils s’élèvent contre les violations des droits de l’enfant et tous les deux ont des organisations qui travaillent en faveur des droits de l’enfant et aident les enfants dans le besoin.
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raça Machel n’a jamais connu son père. Il mourut trois semaines avant sa naissance et le deuxième nom de Graça est Despidida, qui veut dire « adieu » en portugais. La famille était déjà pauvre avant, mais après la mort de leur père, la mère de Graça est restée seule avec sept enfants à nourrir : Graça et ses six frères et sœurs. Avant sa mort, son père avait dit que l’enfant qui
allait naître devait aller à l’école et à sept ans Graça entra en première à Inhambane. Son institutrice s’appelait Ruth et était une missionnaire américaine. Tous les enfants en avaient peur, ils n’osaient pas lui parler. Mais il y avait une exception, la petite Graça ! Elle écrivit une lettre à l’institutrice pour la remercier de tout ce qu’elle lui avait appris. – Nous n’en croyions pas nos yeux quand Graça s’est levée, a donné la lettre à l’institutrice et lui a dit qu’elle l’aimait. Quel courage ! dit
Pourquoi Nelson Mandela a-t-il été nominé ?
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PRETORIA
Johannesburg Soweto swaziland lesotho
Afrique du Sud Le Cap Robben Island
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Nelson Mandela a été nominé au WCPRC 2005 (Le Prix des Enfants du Monde pour les Droits de l’Enfant) pour le combat de toute une vie afin de libérer les enfants d’Afrique du Sud de l’apartheid et pour son grand soutien aujourd’hui en faveur de leurs droits. Après 27 ans de prison, il est devenu le président de l’Afrique du Sud, le premier à être élu démocratiquement, dans un pays où les enfants de toutes les couleurs avaient, pour la première fois, les mêmes droits. Nelson continue à aider les enfants d’Afrique du Sud et à exiger qu’on respecte leurs droits. Il dirige son propre Fonds pour les enfants, le Nelson Mandela Children’s Fund, NMCF, qui assistent les enfants dont les parents sont morts du sida, les enfants des rues, les handicapés et les enfants pauvres. Quand il était président, il donnait la moitié de son salaire aux enfants pauvres et quand il a reçu le Prix Nobel de la paix, il a aussi donné une partie de la somme du prix aux enfants. Nelson ne souhaite pas seulement que tous les enfants soient aimés, il veut aussi leur offrir un avenir meilleur. Pour cela il donne tout son soutien aux enfants pour qu’ils aient la possibilité de développer leurs talents.
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& Graça Machel Florentina Litsur qui était dans la même classe que Graça. Les droits des filles Graça reçut une bourse pour étudier à Maputo, la capitale. Le dimanche elle allait à l’église et trouvait injuste que seuls les garçons aient le droit d’être porte-parole du groupe de jeunes de l’église. – Elle se levait et exigeait les mêmes droits pour les filles au beau milieu de l’église. Personne jamais n’avait osé faire une chose pareille, dit Manuel Fifteen. Aujourd’hui les filles et les garçons ont les mêmes droits au Mozambique. Et les filles peuvent être porte-parole dans l’église ! Manuel pense que c’est l’œuvre de Graça. Lors de son enfance le Mozambique était une colonie portugaise et presque tous les Africains étaient pauvres. Ça aussi était injuste
aux yeux de Graça. C’est alors qu’elle se lança dans son combat pour la libération du pays. Les Portugais voulaient jeter Graça en prison et elle a dû fuir en Tanzanie. Lors d’une mission dans le nord du Mozambique, elle rencontra Samora Machel, qui était le chef des libérateurs et ils se marièrent en 1975, l’année même où le Mozambique devint libre. Les enfants de la guerre Samora devint président du Mozambique et Graça ministre de
PHOTO: LOUISE GUBB
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Pourquoi Graça Machel a-t-elle été nominée ? Graça Machel a été nominée au WCPRC 2005 (Le Prix des Enfants du Monde pour les Droits de l’Enfant) pour son long et courageux combat en faveur des droits de l’enfant, principalement au Mozambique. Elle s’est battue pour le droit des filles à aller à l’école. Pendant qu’elle était ministre de l’éducation, le nombre d’élèves au Mozambique a augmenté de 80%. Aujourd’hui 45% des élèves sont des filles, mais le but de Graça est qu’autant de filles que de garçons aillent à l’école. A la campagne, les filles doivent travailler et sont mariées très tôt. C’est pour cela qu’un groupe de théâtre, créé par Graça explique aux parents l’importance d’envoyer les filles à l’école. Elle fait construire des écoles là où il n’y en a pas ou trop peu. Après les grandes inondations de l’année 2000, Graça et son organisation FDC ont acheté de nouveaux livres pour les élèves et beaucoup d’entre eux eurent même une nouvelle maison. Graça et la FDC se battent aussi contre toute forme de violence et agression à l’encontre des enfants. Graça a travaillé au niveau international en faveur des enfants pris dans la guerre et pour abolir le commerce d’enfants.
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l’éducation. Beaucoup d’enfants purent commencer l’école, mais une nouvelle guerre venait d’éclater. Samora mourut dans un mystérieux accident d’avion en 1986. Graça pense que c’était le régime de l’apartheid en Afrique du Sud qui était responsable de l’accident. Quelques années plus tard, Graça accepta un travail à l’ONU pour pouvoir raconter au monde entier l’expérience des enfants de la guerre. Elle voulait surtout aider les enfants soldats et les enfants mutilés par les mines antipersonnel.
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Même à l’ONU beaucoup trouvaient Graça courageuse. Lorsqu’il s’agissait des droits de l’enfant, il n’y avait personne contre qui elle ne se serait pas battue ! Son travail donna des résultats : Aussitôt la paix revenue au Mozambique, l’ONU commença à déminer. A présent il n’y a presque plus de mines et il y a de moins en moins d’enfants blessés. Il y a dix ans Graça était l’une des personnes qui ont créé l’organisation FDC au Mozambique, qui entre autres, protège les enfants contre les maladies mortelles.
– Nous achetons des vaccins et faisons tout pour que les enfants ne meurent pas de maladies qui peuvent être évitées, dit-elle. Graça aide aussi les enfants qui n’ont pas les moyens d’aller à l’école. – Je sais exactement ce que c’est. Quand j’étais petite j’étais aussi pauvre qu’eux, dit Graça. Bientôt, grâce à son action, la moitié des élèves au Mozambique seront des filles. Avant, beaucoup de familles n’avaient les moyens d’envoyer à l’école que leurs garçons. Les filles devaient rester à la maison et travailler.
Son salaire aux enfants Graça Machel s’est mariée avec Nelson Mandela alors que celui-ci avait 80 ans. Ce fut un heureux mariage : tous les deux adorent les enfants et se sont battus pour leurs droits la plus grande partie de leur vie. Nelson grandit dans la pauvreté. Son père mourut et il vécut chez son oncle qui voulait le marier avec une fille du village. Mais Nelson ne voulait pas. Il se sauva à Johannesburg et ce fut là qu’il rencontra l’apartheid, qui veut dire séparation. On séparait noirs
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PHOTO: GIACOMO PIROZZI / PICTURENET AFRICA
et blancs et les noirs étaient maltraités et discriminés. Nelson détestait les injustices et ne pouvait pas accepter que des gens soient traités différemment à cause de la couleur de leur peau. Il ne voulait pas que ses enfants – et tous les autres enfants en Afrique du Sud – soient obligés de vivre sous l’apartheid. Il dit qu’il était prêt à mourir pour assurer aux enfants un avenir meilleur. Son combat contre l’apartheid et pour une vie de liberté pour les enfants d’Afrique du Sud lui valut 27 ans de prison !
Nelson avait 72 ans quand il fut libéré. Malgré les mauvais traitements qu’il avait subi, il refusa de se venger contre ceux qui étaient responsables de l’apartheid. Il voulait que noirs et blancs vivent en paix et qu’ensemble ils construisent un meilleur avenir. Notre plus grande richesse Quand en 1993 Nelson reçut le prix Nobel de la Paix, il dit : – Les enfants d’Afrique du Sud peuvent jouer ouvertement, sans être minés par la faim ou les maladies ni courir le risque de violences. Les
enfants sont notre plus grande richesse. En 1994 Nelson Mandela fut élu président d’Afrique du Sud et il fit abolir toutes les lois injustes. A présent il est permis aux noirs et aux blancs d'être amis et d'avoir les mêmes droits. Mais Nelson Mandela veut toujours faire plus pour les enfants. Quand il était président, il donna la moitié de son salaire aux enfants pauvres et quand il reçut le prix Nobel de la Paix, il envoya une partie du montant du prix aux enfants des rues. Aujourd’hui Nelson est
retraité et s’occupe de son Fond pour les enfants, Nelson Mandela Children’s Fund, NMCF, qui aide les enfants dont les parents sont morts du sida, les enfants des rues, les enfants handicapés et les enfants pauvres. Rencontrer des enfants et des jeunes donne la force à Nelson. – Quand je suis avec des enfants et des jeunes pleins d’énergie, je me sens rechargé comme une pile, dit-il. Lis la vie extraordinaire de Nelson illustrée par la bande dessinée de la page 87.
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« Graça Machel est la femme la plus courageuse du monde. Elle n’a peur de personne et elle aide toujours les enfants. Surtout ceux qui ont des problèmes, comme les enfants des rues et les mères célibataires. J’ai lu dans les journaux que Mandela est aussi généreux. Il a beaucoup aidé l’Afrique du Sud. »
« Graça Machel aime vraiment les enfants. Elle construit des écoles et les protège contre le sida. Elle est aussi très élégante. Une fois elle est venue dans notre école. Elle était si gaie et elle dansait pendant que nous chantions. » Lina Massaveé, 13 ans, Changalane
Faustino Quissico, 10 ans, Maputo
« Mandela a montré que tout est possible. Il a été prisonnier et il est devenu président. Il a eu des problèmes et il a trouvé une femme charmante. C’est formidable que Graça Machel, sa nouvelle femme, l’ait rendu si heureux. » Ntando Mhlanga, 11 ans, Soweto
« J’aime Mandela. Nous avons notre anniversaire le même jour. Une fois je lui ai envoyé une carte d’anniversaire et je lui ai demandé s’il voulait bien être mon autre papa. » Kefiloe Oliphant, 10 ans, Soweto
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« Mama Graça nous a monté le chemin. Elle est la preuve que les filles peuvent agir exactement comme les garçons. Je lui dois ce que je suis devenue aujourd’hui. » Anabela Nkalinga, 14 ans, Chaukwe
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Mandela « Je souhaite bonne chance à Mama Graça et à Nelson Mandela. Ils ont aidé beaucoup d’enfants à aller à l’école. Mama Graça est une vraie héroïne. Elle répand la joie autour d'elle. »
« Mandela s’est battu pour nos droits et a sauvé notre pays. Ce serait très dur pour nous aujourd’hui s’il ne l’avait pas fait. Si je le rencontrais, je lui dirais : C’est chouette de te rencontrer – et merci pour notre liberté ! » Zanele Gama, 12 ans, Soweto
« Tout est fantastique avec Mandela. J’aimerais me réveiller un beau matin avec sa générosité. Je pourrais alors rendre tout le monde heureux. Je suis vraiment fière de lui.
John Zacksom, 9 ans, Maputo
Gabatshwane Gumede, 11 ans, Letabong
« Graça Machel aime les enfants et les enfants l’aiment. C’est bien qu’elle soit mariée avec Nelson Mandela. Ils aident toujours ceux qui sont en difficulté. Maintenant ils peuvent aussi s’entraider. » Ilda Rodrigues, 13 ans,, Maputo
« Graça Machel a encouragé les gens à s’améliorer. Dans notre village, il y a un homme qui suit ses traces. Il va se procurer une télé et tout le monde pourra la regarder. » Leoildo Maeome, 14 ans, Chaukwe
FOTO: LOUISE GUBB
Phumeza Qwasha, 14 ans, handicapée, Alexandra
« Pour moi Nelson Mandela est un héros. Il pense le meilleur des gens et il fait confiance aux enfants. Il sait que les enfants ont du talent et qu’ils peuvent réussir si on leur donne leur chance. Nous avons de la chance de l’avoir. »
« Quand Graça s’est mariée avec Nelson Mandela en Afrique du Sud, j’ai eu peur qu’elle ne revienne plus au Mozambique. Mais elle ne nous a pas oubliés et elle revient toujours pour voir comment nous nous débrouillons. » Guida Coutinho, 14 ans, Chaukwe
Abae Selaocoe, 12 ans, Sebokeng
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TEXTE: ANNIKA FORSBERG LANGA PHOTO: BO ÖHLÉN, VICTOR MATOM & LOUISE GUBB
« Nelson Mandela a un cœur d’or. Il aime les enfants handicapés et il a montré que les gens peuvent changer. Il a été 27 ans en prison, mais refuse de se venger. Il veut la paix et démontrer que les noirs et les blancs peuvent vivre ensemble. C’est merveilleux ! »
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Leoa Abdul, 14 Vit : Dans le village de Metuge, dans le nord du Mozambique. A travaillé comme : Bonne d’enfants quand j’avais sept ans, loin de chez moi. Tâches : Aller chercher l’eau, faire le ménage, la vaisselle, le petit-déjeuner, aller à l’école, travailler dans les champs et faire mes devoirs. Le pire cauchemar : un mariage forcé. Appelle son école : Graça Machel. Héroïne : Graça Machel. Hjältinna: Graça Machel.
Leoa va à l’école de Gr A échappé au mariage forcé
TEXTE: ANNIKA FORSBERG LANGA PHOTO: BO ÖHLÈN
Un soir, un homme s’est présenté à la maison de Leoa Abdul. Elle ne l’avait jamais vu auparavant, mais elle savait exactement ce qu’il voulait. Deux ans plutôt, un autre inconnu s’était présenté chez son amie et avait demandé s’il pouvait l’épouser. Les parents de l’amie avaient accepté et on l’a mariée contre sa volonté. - C’était affreux. Elle n’avait que 12 ans. Maintenant elle a un enfant et n’a pas le droit d’aller à l’école à cause de son mari, raconte Leoa.
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’après-midi, Leoa va voir son amie. Quand son mari n’est pas à la maison. Leoa et son amie ont peur de lui. Il se met très en colère quand elles parlent d’école. Son idée est que les filles doivent rester à la mai62
son et travailler. Le cauchemar de Leoa est qu’on la marie de force. Elle ne veut pas non plus arrêter l’école et aller travailler. Mais les parents de Leoa sont pauvres et elle avait peur qu’ils acceptent la pro-
position de l’inconnu. Leoa priait et suppliait. Elle a parlé à ses parents de son rêve d’aller au lycée et de
Leoa a toujours beaucoup à faire à la maison.
pouvoir trouver un travail. La mère de Leoa n’est jamais allée à l’école et ne sait ni lire ni écrire. Son père n’a fait que quelques années d'école mais ils ont compris. Ils ont dit à l’inconnu que Leoa était bien trop jeune pour se marier. Leoa a poussé un soupir de soulagement. Elle s’est sentie libre. Elle pouvait continuer à aller à l’école. Chez Graça Machel Leoa vit à Metuge, un village dans le nord du Mozambique. Parce que beaucoup de parents sont pauvres dans cette région presque aucune fille au-des-
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Leoa et sa meilleure amie Juliana sur le chemin de l’école.
Graça sus de 12 ans n’allait à l’école. Quand Graça Machel a appris cela, elle a décidé de fait construire quatre nouvelles écoles. Comme ça personne, n’aurait plus pu dire que les locaux étaient trop petits et qu’il n’y avait place que pour les garçons. Graça Machel, elle-même a grandi dans une famille pauvre. Si on ne l’avait pas aidée, elle non plus n’aurait pu terminer l’école. Elle sait ce que c’est que de se faire du souci à l’idée qu’on l’oblige à se marier ou à travailler. C’est pour cette raison qu’elle a si volontiers aidé Leoa et les autres filles de Metuge. Mais les nouvelles écoles
Regarde toutes ces filles ! Il y a dix ans, seul un petit nombre de filles allaient à l’école à Metuge. Si tu avais jeté un coup d’œil dans une classe moyenne, tu aurais probablement vu 40 élèves : 30 garçons et 10 filles. Seulement la moitié d’entre elles, c’est-à-dire, cinq filles, terminaient l’école primaire. Si tu regardais aujourd’hui dans la même classe, tu verrais à peu près 23 garçons et 17 filles.
ne suffisaient pas. Beaucoup de parents n’étaient pas persuadés que les filles devaient aller à l’école. Alors Graça a créé un groupe de théâtre qui jouait des pièces pour expliquer l’importance, particulièrement pour les filles, d’aller à l’école. Pour Juliana Adolfo, la meilleure amie de Leoa cela a fait toute la différence. Elle avait rabâché à ses parents qu’elle voulait commencer l’école, mais ils répondaient qu’ils n’avaient pas les moyens. Après avoir vu la pièce, ils ont changé d’avis. Et le rêve de Juliana s’est réalisé. A présent Juliana et Leoa vont à l’école ensemble,
chaque jour. Mais elles ne disent pas qu’elles vont à l’école. Elles disent qu’elles vont chez Graça Machel. C’est ainsi qu’on appelle les écoles de Metuge, bien qu’elles aient d’autres noms. Ça faisait mal Il en a fallu de peu que Leoa n’aille jamais à l'école. Elle a commencé à travailler à sept ans comme bonne d’enfants dans une famille à Pemba, une ville
située aussi dans le nord du Mozambique où on parle macua, la langue de Leoa. Et quand la famille s’est transférée à Maputo ils ont emmené Leoa. Leoa était inconsolable. La famille habitait une grande maison avec beaucoup d’autres enfants. Mais
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Graça résout le problème des devoirs
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e nombreuses filles au Mozambique travaillent vraiment beaucoup. Leoa se lève à cinq heures du matin et va chercher l’eau. Puis elle nettoie la maison, lave la vaisselle du jour et s’il y a des provisions, elle prépare le petit-déjeuner pour toute la famille. Après cela, elle fait sa toilette et va à l’école. C’est assez loin, une heure au moins. Qui plus est, Leoa doit trouver le temps pour aider sa mère aux champs et pour ses devoirs. Les garçons ne doivent rien faire à la maison. – Après l’école, ils font ce qu’ils veulent. Le plus souvent, ils jouent au foot, dit Leoa. Parfois les filles travaillent tant qu’elles n’ont pas le temps pour leurs devoirs. Aussitôt qu’elles sont à la maison, elles doivent faire plein de choses. Quand finalement elles ont le temps pour faire les devoirs, elles sont si fatiguées que souvent elles s’endorment sur les livres. C’est Graça Machel qui a résolu ce problème. Elle a créé une activité après-école où les filles se rassemblent pour faire leurs devoirs et suivre divers cours. Leona et Juliana à présent, jouent au foot et font du théâtre.
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personne ne parlait macua et Leoa ne comprenait pas un mot de ce qui se disait. – Le pire c’était que j’étais la seule à ne pas aller à l’école. Les autres se moquaient de moi et moi je trouvais que c’était tellement beau et distingué quand ils parlaient portugais. Ils l’avaient 64
Leoa et sa petite sœur Gilda, 12 ans, aident grandmère à éplucher le manioc pour le repas du soir.
Leoa Abdul à propos de Graça Machel : « Graça Machel est mon héroïne. Elle s’intéresse à nous les filles et vient voir comment ça va à l’école. Elle fait vraiment du bon travail – et j’espère qu’elle continuera. Le mieux c’est qu’elle arrive à expliquer aux gens pourquoi il est important que les filles aillent à l’école. Sans elle, je ne pourrais peut-être même pas écrire mon nom. » Leoa Abdul, qui a travaillé comme bonne d’enfants, loin de chez elle, quand elle avait sept ans.
appris à l’école, raconte Leoa. Leoa ne faisait que pleurer et se souvient que ça faisait tellement mal de voir les autres partir en courant pour l’école avec leurs livres sous le bras. Elle a demandé à la femme pour laquelle elle travaillait si elle pouvait, elle aussi aller à l’école. « Tu es
ici pour garder les enfants, pas pour lire des livres », a répondu la femme. Quand les parents de Leoa ont su que la famille s’était transférée à Maputo et avaient emmené Leoa, ils l’ont fait revenir à Metuge. La mère de Leoa a dit qu’elle pourrait apprendre à lire et à
écrire. Jamais Leoa n’a été aussi heureuse ! – Le premier jour d’école, je me suis réveillée bien avant le lever du soleil. Quand maman et papa se sont levés, j’étais déjà debout, tout habillée, près de la porte à attendre avec un livre sous le bras, dit-elle en riant.
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Un arbre plein de bras Dans le village de Leoa il y a d’énormes baobabs. Ils peuvent vivre plus de mille ans. Certains disent que les baobabs sont magiques et que des esprits vivent dans leurs troncs. C’est pourquoi il ne faut jamais abattre un baobab ni même casser une de ses branches. Il y a un baobab près de la maison de Leoa. Il est si vieux que Leoa se dit qu’il a dû voir bien des choses. Toutes les réunions importantes du village se tiennent sous les branches de l’arbre. Car l’arbre se rappellera peutêtre de ce qui s’est dit et personne au village ne pourra s’en moquer.
Combien pour enlacer l’arbre ? Gagne le T-shirt du prix !
A écrit un poème Aujourd’hui Leoa et son amie Juliana ont 16 ans et parlent déjà couramment le portugais. C’est aussi beau et élégant que les enfants de Maputo ! Leoa emprunte des livres de poèmes à la bibliothèque et il y a deux semaines, elle a écrit son
premier poème – en portugais ! Ça parle de l’école et d’enfants heureux. Car Leoa pense qu’il n’y a pas de plus beau son au monde que le rire de ses camarades. Mais Leoa ne croit pas qu’elle sera poète. Elle n’est pas sûre qu’on puisse en vivre. Elle veut un travail où
l’on gagne bien. Elle aimerait être technicienne. Pas seulement pour pouvoir aider sa famille, mais également parce qu’elle ne veut
Parfois Leoa et ses copains veulent seulement jouer sous l’arbre. Devine combien de copains il faut pour entourer l’épais tronc du baobab avec les bras ? Parmi les réponses justes, on tirera au sort 100 T-shirts. Réponds à l’aide du formulaire que tu trouveras sur www.childrensworld.org ou prize@childrensworld.org, fax +46 159 108 60 ou Barnens Värld, Box 150, 647 24 Mariefred, Suède. Indique ton nom, ton adresse et ton âge.
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Pas de bise au directeur
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l a fallu plusieurs heures à Sifa Made et Rosinha José, 12 ans toutes les deux, pour faire leurs masques faciaux. D’abord elles ont cherché un bon arbre musiro. Ensuite,
elles en ont arraché une branche épaisse qu’elles ont moulue jusqu’à en faire une poudre fine. Pour finir, elles ont mélangé la poudre à l’eau et se sont passé la crème ainsi obtenue, sur le visage. Il faut la garder ainsi au moins deux jours. Embêtant ! Mais quand les filles se l’enlèvent en se rinçant le visage, elles
auront la peau la plus douce qu’on puisse s’imaginer. Ça épate tout le monde, sauf une personne : le directeur Carlos Nampava. Ces crèmes le préoccupent. Surtout si les filles se badigeonnent le corps avec le musiro. C’est le signe qu’elles ont grandi et qu’on peut les marier. Pour le directeur
qu’est Carlos, cela signifie qu’une fille de plus ne terminera jamais l’école. Pas étonnant dès lors qu’il n’aime pas ces crèmes ! Le bois de musiro moulu est bon pour la peau.
Pendant deux jours Sifa et Rosinha se promènent avec la crème de musiro sur le visage pour avoir une peau belle et lisse.
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être à la charge de personne. Pour se marier avec celui qu’on a choisi, il faut être indépendante et avoir de l’argent à soi. – Je veux me marier avec un homme gentil et que j’aime, pas avec quelqu’un qui passe devant notre porte, dit Leoa. Mais avant tout, elle finira l’école. A Metuge il n’y a pas de lycée. Après la septième, on doit aller en ville. La
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famille de Leoa n’en a pas les moyens, mais chaque année l’organisation de Graça la FDC distribue sept bourses aux élèves de septième, les plus méritantes. Leoa pense pouvoir décrocher une de ces bourses. Elle travaille dur et parfois, la nuit quand les autres dorment, elle étudie. Pour être tout à fait sûre que rien ne lui a échappé. Elle se lève tous les matins à cinq heures pour
aller à l’école ou à Graça Machel, comme Leoa et ses amies appellent leur école.
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Graça a contribué à sauver Alice
Fernando, José Louis et Alice sont trois enfants qui ont été battus et victimes d’abus. Graça Machel et son organisation FDC protestent avec force contre la violence et les abus dont les enfants sont victimes et se battent pour y mettre fin.
Le prof a cassé le bras de Fernando U
était cassé. Quand il est revenu à l’école avec le bras dans le plâtre, le professeur lui a demandé pardon. Il n’avait pas voulu frapper aussi fort, dit-il. Mais Fernando a encore peur de lui et il n’a qu’une envie, c’est de quitter l’école. Les copains de Fernando, Helder, Rafael et Ernesto, qui sont en classe parallèle, ont pitié de Fernando. Leur maîtresse ne les bat pas. Elle se contente de crier, les renvoie de la classe et les laisse. Les garçons préfèrent ça. Mais chez eux les quatre garçons sont battus. Il suffit
J’espère que Graça viendra ! José Louis Bila a onze ans et il vit depuis longtemps dans les rues de Maputo. Il ne se souvient pas combien d’années se sont passées depuis qu’il s’est sauvé de la maison. Tout a commencé par le divorce de ses parents et le remariage de son père. – Ma belle-mère ne m’aimait pas. Elle me battait presque tous les jours, raconte José. Après un temps dans la rue, José a été reçu dans un centre pour enfants des rues. Mais c’était pire encore. On le battait encore plus et il s’est sauvé. Ses amis savent très bien de quoi il parle. Eux aussi se sont sauvés de leur centre. A présent, six enfants vivent au pied d’un mur, le long d’une des rues de Maputo où la circulation est la plus forte. José a entendu parler de Graça Machel et de sa gentillesse envers les enfants. – Mon rêve est qu’elle passe par ici. Elle m’aiderait sûrement, dit José.
qu’ils oublient quelque chose, comme faire la vaisselle ou qu’ils cassent quelque chose. – C’est bête. Les adultes devraient simplement nous dire quand nous faisons une faute. Il n’est pas nécessaire de nous battre pour nous le faire comprendre, dit Fernando et tous sont d’accord avec lui. Ils aimeraient que tous les profs respectent sérieusement la loi contre les châtiments corporels et ils aimeraient qu’il y ait une loi interdisant aux parents de battre leurs enfants.
TEXTE: ANNIKA FORSBERG LANGA PHOTO: BO ÖHLÉN
ne fois mon prof s’est tellement mis en colère qu’il a pris un bâton et m’a frappé sur les mains, raconte Fernando Machiane, 13 ans et qui vit à Maputo. Fernando avait bavardé avait son voisin de banc et le prof était furieux. Il frappait et frappait. A la fin il a manqué son coup et m’a frappé sur le bras. Ça a fait très mal. Fernando ne pouvait plus bouger son bras droit et on l’a transporté à l’hôpital. Un médecin a examiné son bras et a constaté qu’il
La mère d’Alice a un petit restaurant à Maputo. Tous les après-midi un homme venait manger chez elle. Alice le trouvait gentil. Il prenait toujours le temps de lui parler. Parfois il l’aidait à faire ses devoirs. Alors Alice n’a pas trouvé étrange qu’il lui demande d’aller faire une promenade avec lui. Mais l’homme avait une horrible arrière-pensée. Il a enlevé Alice et l’a emmenée à Johannesburg, en Afrique du Sud. Là-bas elle a travaillé comme esclave et a été vendue à d’autres hommes. La mère d’Alice était folle d’inquiétude. Elle est allée au bureau de Graça pour lui demander de l’aider. Graça a téléphoné à la police et leur a dit qu’ils devaient intervenir. Trois mois après, l’homme est revenu à Maputo avec l’intention d’enlever d’autres filles. Mais la police était prête. L’homme a été arrêté et a été condamné à la prison – et Alice est retournée à la maison, chez sa mère.
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TEXTE: ANNIKA FORSBERG LANGA PHOTO: BO ÖHLÉN
L’inondation a tout détruit G
ildo Zefanias Chichongue, 14 ans, se réveille en sursaut. C’est l’eau se dit-il. L’eau arrive ! Mais le plancher est tout sec. Gildo se redresse sur le lit et pousse un grand soupir. Presque chaque nuit, le même cauchemar, bien qu’il y ait déjà cinq ans que son village a été inondé. En février 2000, il a plu presque tous les jours au Mozambique. Le résultat c’est que le fleuve a débordé. En même temps le cyclone des tropiques, Eline, qui venait de l’Océan Indien, se préparait à déferler sur le pays. Très vite dans le village de Chaukwe, la maison et l’école de Gildo, ont été inondées. – L’eau est arrivée si vite. Nous n’avons rien pu emporter. Tour le monde a été pris de panique, raconte Gildo. Gildo et sa famille n’ont
pas eu de place dans les voitures qui évacuaient les gens du village. Ils durent marcher dans l’eau jusqu’au sommet d’une colline à 25 km du village. Là-haut l’eau n’était pas arrivée. – Nous sommes restés sur la colline un mois avant d’oser revenir au village, dit Gildo. L’eau s’était retirée – et presque tout avec. Les masses d’eau avaient tout détruit. L’école, qui était vieille et délabrée, s’était écroulée et le directeur a dit que les enfants devraient rester chez eux. Très embêtant se disait Gildo. Ce qu’il regrettait le
L’école de Gildo est une des quatre écoles que Graça Machel a fait construire à Chaukwe après l’inondation.
plus, c’était que ses livres avaient été détruits. – Tout était sens dessus dessous et j’avais peur de ne plus pouvoir retourner à l’école, dit-il Mais l’histoire de Gildo eut une fin heureuse : l’organisation de Graça Machel
construisit de nouvelles écoles à Chaukwe, elle offrit aux enfants de nouveaux livres et une bibliothèque. Gildo est d’accord. La terrible inondation a vraiment eu une fin heureuse.
Merci pour la maison ! Q
Carlito tisse un tapis pour sa nouvelle maison.
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uand l’eau s’est engouffrée à Chaukwe, Carlito Sitoi, 13 ans, était seul à la maison. C’était si affreux qu’il préfère ne pas en parler. Par chance, il fut sauvé par un voisin qui vint le chercher avec un camion. Carlito fit le voyage sur la plateforme. – J’étais tellement inquiet pour mes frères et pour ma mère. Beaucoup
n’ont pas eu le temps de se sauver et se sont noyés, dit-il. Mais la famille de Carlito s’en est tirée. Carlito était heureux et malheureux tout à la fois. Tous ceux de sa famille étaient saufs, mais leur maison avait été emportée par le courant. Ils n’avaient pas les moyens de construire une nouvelle maison et
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« On fait confiance à maman Graça ! » habitants abattirent les arbres et en firent du bois de chauffage qu’il vendirent en ville. Il ne resta plus que le sable. Quand Salvador Raul Basket, 13 ans est né, la guerre au Mozambique était sur le point de se terminer. Ses parents s’étaient cachés dans les montagnes et ils décidèrent de retourner au village. Ils étaient inquiets. Tous les arbres avaient été abattus et la terre était trop pauvre pour pouvoir être cultivée. Comment
allaient-ils survivre ? – Il n’y a qu’une personne à qui on peut toujours faire confiance, dit Salvador et c’est Graça Machel. Elle était la seule à pouvoir nous aider. Mama Graça, comme l’appellent les enfants de Changelane, fit planter de nouveaux arbres dans le village ainsi qu’une ferme pour l’élevage de poulets où les parents pouvaient travailler. Quand les autres réfugiés ont appris cela, ils voulurent aussi revenir. Il n’y avait qu’un problème : l’école était trop petite. Une seule classe aurait dû contenir 663 élèves. Impossible. Les plus petits durent aller à l’école dans un autre village.
Salvador Raul Basket.
Mais elle se trouvait à 14 km et les enfants ne rentraient pas avant dix heures du soir. Ceux qui ne pouvaient y aller, devaient rester à la maison. Une fois de plus Mama Graça vint au secours des enfants en faisant construire cinq nouvelles écoles pour Salvador et ses camarades.
Prêt à lancer le ballon fait maison !
I
l n’y a pas si longtemps, Changelane était un village fantôme. Personne n’y habitait et la terre avait séché. Mais il n’en n’avait pas toujours été ainsi. C’était la guerre qui avait obligé les gens à fuir le village et les dégats dans l’environnement qui avaient changé le climat. Quand la sécheresse fut trop grande pour la culture, les
Carlito dut vivre sous une petite tente construite avec des bouts de bois et de sacs en plastique. Il y resta jusqu’au printemps dernier quand Graça Machel fit construire 206 maisons pour les familles les plus pauvres. Carlito et sa mère eurent une maison de deux pièces. Puisque ces frères aînés ont déjà quitté la maison, Carlito a maintenant sa chambre.
Rencontre ! La cour d’école d’une des cinq écoles que Graça Machel a fait construire pour les enfants de Changelane.
– Nous sommes très heureux, dit sa mère en embrassant Carlito, qui est en train de tisser un tapis pour sa nouvelle chambre.
Les maisons que Graça a fait construire pour ceux dont la maison a été détruite par les inondations.
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Le plus beau cad
LIBERTE ET E
LES ENFANTS DE L’APARTHEID
«
Le plus beau cadeau de Nelson Mandela aux enfants d'Afrique du Sud est son long combat pour leur liberté et pour l'égalité des droits. Combat qui lui a valu 27 ans de prison. L'histoire de Peliswa témoigne de ce que c'était avant, quand sévissait l'apartheid en Afrique du Sud et que les enfants noirs étaient maltraités, allaient dans des écoles moins bonnes et étaient séparés de leurs parents. Je m’appelle Peliswa Gzaza et j’ai 12 ans. J’habite à Khayelitsha, à la périphérie de la Ville du Cap en Afrique du Sud. Ma mère dit qu’aujourd’hui le VIH/Sida est comme un nouvel apartheid. Au début, je ne comprenais pas ce qu’elle voulait dire, alors je lui ai demandé ainsi qu'à Gogo (ma grand-mère) de m’expliquer ce qu’était l’apartheid. C’est une longue histoire. Vous savez, dans ma vie il n’y a pas d’apartheid et il n’y a rien que je n’aie pas le droit de faire simplement parce que je suis noire.
theid appelait la région où on obligeait les noirs à vivre. En ce temps-là, tous les noirs devaient avoir un passeport pour quitter la ‘patrie’. Le passeport leur permettait de séjourner dans la région réservée aux blancs. Ma Gogo n’avait pas de passeport, mais un jour, elle a quand même pris le bus pour la Ville du Cap et a trouvé du travail chez une femme blanche. Voici ce qu’elle raconte : ‘Chaque matin, à six heures, je partais du bidonville où je vivais, car après huit heures, ils contrôlaient tous les passeports dans les autoL’HISTOIRE DE bus. Si tu n’avais pas de passeGRAND-MÈRE port, ils te battaient et t’emMa Gogo dit qu’elle est arrivée prisonnaient. Puis ils te rameà la ville du Cap il y a très naient à Transkei pour t’y longtemps. Elle venait de laisser mourir de faim. Transkei, sa ‘patrie’ pauvre, Les week-ends je ne sortais comme le régime de l’aparjamais par peur d’être arrêtée.
Comme un chien Un jour j’ai vu par la fenêtre l’inspecteur des passeports qui passait dans la rue. Il allait de maison en maison et contrôlait les passeports des bonnes. J’ai téléphoné à Madame, la femme pour laquelle je travaillais. Elle m’a dit de me cacher dans un placard jusqu’à ce qu’elle rentre. Puis elle est arrivée et je l’ai
Racisme légal
L'apartheid
Unions interdites
Le racisme a existé et existe dans le monde entier. Mais au cours du XX siècle il était plus important en Afrique du Sud que partout ailleurs. Le racisme commença tôt en Afrique du Sud, mais en 1948 il fut légalisé et fut appelé apartheid.
Apartheid signifie « séparation » en afrikaans. Noirs et blancs devaient vivre séparés. L'apartheid était un racisme légal et le gouvernement, les lois et les tribunaux le soutenaient.
Noirs et blancs n’avaient pas le droit de se marier entre eux. Si un enfant naissait d'une union mixte, l’enfant était appelé « de couleur » et il devait vivre avec le parent noir. Si la police découvrait que les parents vivaient ensemble, ils étaient jugés et parfois emprisonnés.
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adeau de Mandela aux enfants
EGALITE DES DROITS
Ma Gogo Somlayi
Mon cousin Babalwa
Ce garçon devait travailler dur aux champs où les noirs étaient obligés de vivre. Mais il ne pouvait aller librement dans les régions réservées au blancs.
entendue dire à l’inspecteur qu’il n’y avait qu’un chien à la maison. Voilà, comment c’était en ce temps-là. Nous, les bonnes noires, nous étions les chiens des blancs. Nous portions leurs enfants sur nos dos et nous les élevions, alors que nos propres enfants devaient rester à la ‘patrie.’’ L’HISTOIRE DE MAMAN Ma mère a grandi à Transkei chez la mère de Gogo, mon arrière-grand-mère. La mère de Gogo est morte alors que Gogo travaillait pour les noirs. Alors ma mère est allée vivre chez des voisins à Transkei. Elle ne rencontrait Gogo qu’à Noël. Et Gogo lui apportait les vieux vêtements des enfants des blancs. Voici l’histoire de ma mère
et comment elle vivait quand elle était petite à Transkei : ‘J’avais toujours été proche de ma mère, comme toi et moi sommes proches l’une de l’autre. Elle me manquait et quand ma propre Gogo est morte, je me suis sentie orpheline. Je savais que ma mère s’occupait des enfants blancs très loin. Quand j’ai eu 11 ans elle est venue me chercher et depuis j’ai vécu avec elle, dans le bidonville. Un jour je suis allée avec maman à son travail pour l’aider à nettoyer l’argenterie de Madame. Quand nous sommes arrivées à Mowbray, la gare des trains chez les blancs, j’ai vu partout des écriteaux qui disaient ‘Pour
Maisons illégales L'Afrique du Sud fut partagée en quartiers noirs et quartiers blancs. Des millions d'enfants furent obligés de quitter leur maison avec leur famille parce qu'ils habitaient dans un quartier « blanc » et de s'installer dans un quartier « noir » où il n'y avait pas de travail. Les parents durent confier leurs enfants à leur famille et aller chercher du travail très loin, dans les maisons des blancs, à la campagne ou en fabrique. Beaucoup d'enfants noirs ne voyaient leurs parents qu'à Noël.
blancs seulement’. Il y en avait sur les autobus, les portes, les magasins, les banques, partout quoi. Je trouvais ça bizarre que les blancs ne veuillent pas que nous nous asseyions sur leurs bancs. Maman m’a dit qu’il ne fallait pas refuser de se plier à ces interdictions, sinon la police et les autres blancs nous battraient. Maman m’a interdit aussi de boire dans les tasses à la cuisine de Madame. Elle disait que sinon on la mettrait à la porte. Je buvais alors dans un pot de confiture que maman m’avait lavé. Adolescente en colère C’est à cette époque que ma mère a entendu parler de Nelson Mandela pour la première fois.
C'est moi, Ma maman, Pelizwa Nomonde
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Mauvaises écoles pour les noirs Les écoles des quartiers « noirs » étaient très pauvres. Les enfants s'entassaient sur les bancs et il y avait souvent 60 enfants dans la même classe ou à l'extérieur, sous un arbre. Les enfants noirs n'étaient pas acceptés dans les écoles des blancs. Les écoles pour noirs étaient mal équipées et l'enseignement consistait à les préparer à devenir des travailleurs au service des blancs. En 1975 le gouvernement a investi 42 rands pour l'instruction de chaque enfant noir, mais 15 fois autant, 664 rands, pour l'instruction de chaque enfant blanc. 71
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Il y avait une grande pauvreté dans les régions "pour les noirs", tandis que dans celles réservées aux blancs, les maisons avaient l'eau courante et des toilettes, il y avait des voitures et de bons moyens de transport, suffisamment de produits alimentaires et autres, de bonnes écoles et des places de jeu.
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Elle a vu une photo qui montrait des hommes noirs qui fuyaient d’une baraque de mineurs. Gogo m’a expliqué que la police était allée les battre parce qu’ils avaient protesté contre les lois de l’apartheid sur le passeport. Les hommes se sauvaient en sautant par les fenêtres. Gogo m’a dit que mon grandpère travaillait
dans la mine et que c’était pour ça qu’on ne le voyait jamais. Ces baraques de mineurs c’était comme des prisons pour esclaves. Gogo m’a dit aussi que Mandela était le président de l’organi-
sation anti-apartheid qui dirigeait les manifestants. Ma mère m’a expliqué qu’au cours de son enfance, elle a souffert de toutes les horreurs que l’apartheid a commises envers les enfants. Arrivée à l’adolescence, elle avait en elle une grande colère. En 1976 elle a manifesté avec des milliers d’autres enfants contre la mauvaise qualité de l’enseignement pour les noirs. Leurs écoles étaient très pauvres et surpeuplées
Nelson Mandela montre son “passeport”. Les noirs d’Afrique du Sud devaient avoir un “passeport” s'ils se trouvaient dans un quartier blanc.
Enfants au travail
Le passeport ou la prison
Des milliers d’enfants travaillaient dans les fermes et les fabriques des blancs. Ils étaient mal nourris, mal payés et ils n'allaient jamais à l'école.
Quand les parents des enfants travaillaient dans les quartiers blancs ils devaient avoir un passeport dans leur propre pays. On les appelait dompas, « passeport stupide. » Si on les surprenait sans passeport, ils finissaient en prison ou on les renvoyait dans leur quartier « noir » et ils perdaient leur travail.
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d’enfants qui étaient obligés de suivre les cours en afrikaans, la langue des blancs. ‘Nous avons fabriqué des bombes à l’essence’ me raconte maman. ‘Nous étions tellement en colère, que nous avons décidé de nous battre avec tout ce que nous avions, pour en finir avec l’apartheid. Tôt le matin, le 16 juin 1976 mes amis et moi avons fabriqué des bombes derrière notre hangar. Nous avons utilisé du sable, de l’essence, des allumettes et un morceau de tissu que nous avons enfoncé dans une grande bouteille de coca cola. L’HISTOIRE DE MA COUSINE
Ma cousine Babalwa est beaucoup plus âgée que moi. Sa mère était membre de l’ANC et laissait souvent
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Les enfants au travail aspergent les cultures sans protection contre les insecticides.
Cette fille blanche pouvait s’asseoir sur le banc, mais pas la femme noire qui s’occupait d'elle.
Nelson Mandela brûle son “passeport” pour protester
Une plage pour blancs seulement.
Les parents emprisonnés
Enfants en prison
Les parents noirs en Afrique du Sud étaient très en colère contre ces injustices. C'était impossible pour eux de s'occuper convenablement de leurs enfants. Dans les quartiers noirs, il n'y avait que très peu d'hôpitaux, des maisons insalubres, de mauvaises écoles et pas de places de jeu. Les parents se rassemblèrent en groupes anti-apartheid pour protester contre les lois de l'apartheid. Des milliers d'enfants perdirent leurs parents, tués ou emprisonnés pour leur combat.
Des milliers d'enfants se retrouvèrent à la rue parce qu'ils n'avaient plus de maison. Dans les bandes des rues, les enfants se recréaient « une famille » sans les adultes. Ils devaient voler pour se procurer de la nourriture et beaucoup furent emprisonnés pour vol.
Partout l'apartheid Une loi de 1953 rendit illégal l'utilisation des autobus, des parcs, des bancs publics, toilettes, entrée des magasins, hôtels et restaurants et tout ce qui était réservé aux blancs. On lisait partout « Pour blancs seulement. »
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Babalwa et ses frères et sœurs seuls à la maison quand elle allait à des réunions clandestines, puisque l’ANC était interdite. Babalwa raconte : ‘Quand maman allait à Johannesburg pour des réunions, elle nous disait que nous ne devions ouvrir la porte à personne. Nous avions peur parce que nous savions que beaucoup de gens disparaissaient après avoir été arrêtés par la police. Qu’estce qui se passerait s’ils venaient et demandaient où
➼ Parents en exil TEXTE: MARLENE WINBERG
Les organisations politiques furent interdites, parmi elles l'ANC de Mandela. Des centaines de parents noirs quittèrent le pays et des milliers furent emprisonnés. Beaucoup d'adultes passaient d'un endroit à l'autre pour échapper à la police. Le résultat fut qu'un grand nombre d'enfants furent pris en charge par une grandmère alors que les parents se battaient contre l'apartheid.
était maman ? Et si nous ne le leur disions pas, est-ce qu’ils nous mettraient en prison ? Nous connaissions beaucoup d’enfants qu’on avait battus et jetés en prison parce qu’ils n’obéissaient pas aux ordres de la police. La mère de mon amie Thanzi n’est pas revenue d’une de ces réunions. Ils ont dit qu’elle était en prison. Mais nous n’en avons
plus jamais entendu parler et Thanzi est venue vivre chez nous. Maman m’a dit qu’elle était une des enfants de la famille et que nous devions prendre soin d’elle puisqu’elle avait perdu sa mère. Elle a ajouté que l’apartheid avait fait beaucoup d’orphelins.
Il y avait souvent jusqu’à 60 enfants dans une classe d’une mauvaise école pour enfants noirs. Le gouvernement donnait 15 fois plus d’argent pour la scolarité d’un enfant blanc que pour celle d'un enfant noir.
Trompés sur Mandela Ma cousine Babalwa aime bien raconter cette histoire : ‘Je me souviens d’un jour de 1981, j’avais alors six ans et j’étais à la crèche. J’avais
Les écoles protestent Le 16 juin 1976 les élèves noirs protestèrent contre le piètre enseignement du régime de l'apartheid. La police répondit par les gaz lacrymogènes et des coups de feu. Hector Pieterson, 13 ans, fut tué. Aujourd'hui, le 16 juin est un jour de congé en Afrique du Sud, en souvenir de tous ces jeunes gens qui perdirent la vie dans leur lutte contre l'apartheid.
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PHOTO: LOUISE GUBB
Je ne me suis pas révoltée, ni cachée, ni perdu ma mère dans l’apartheid. Quand je suis née Mandela avait été libéré et l’ANC n’était plus interdite. Je peux grandir et bénéficier de la liberté pour laquelle mes parents et Mandela se sont battus.
puisque les soutiens de famille meurent. Le SIDA nous rend forts, car nous nous unissons pour le combattre. Le SIDA nous rassemble, car nous devons aider nos malades. Le SIDA nous apprend comment prendre soin des Le SIDA fait des orphelins. membres malades de notre Le SIDA fait peur à tous, car nos familles et nos amis tombent famille. Quand j’avais sept ans, mon malades et parfois meurent. grand frère est tombé malade Le SIDA nous appauvrit, Nouvel apartheid Pourquoi est-ce que ma mère dit que le VIH/Sida est le nouvel apartheid ? Je l’ai écrit pour que vous puissiez tous lire pourquoi :
Un camarade emporte le corps d’Hector Pieterson, tué. La soeur d’Hector court à côté.
Des enfants arrêtés pour avoir protesté contre l'apartheid.
PHOTO: SAM NZIMA
Hector Pieterson a reçu à titre posthume (après sa mort) Le Prix Honoraire des Enfants du Monde 2000.
Violence à l'encontre des enfants Les écoliers manifestèrent pendant 15 ans, jusqu`à la fin de l'apartheid. La police et les soldats utilisaient la violence contre des enfants. Beaucoup d'enfants furent emprisonnés, torturés ou tués. 75
»
TEXTE: MARLENE WINBERG
MON HISTOIRE
Nelson Mandela avec les enfants, qui aujourd'hui ont tous les mêmes droits. Ici, lors de l'inauguration du Fond Nelson Mandela pour les enfants.
du sida. Ma mère travaillait comme bonne et devait aller au travail chaque jour. C’est donc moi qui donnais les médicaments à mon frère et qui le faisait manger. Chaque soir je racontais à maman comment il allait. Je fais à présent partie de ‘Rise and Shine’, que nous avons créé pour soutenir les autres enfants atteints du sida ou qui ont des parents atteints du sida. Nelson Mandela est aussi mon idole à cause du VIH/SIDA. Il parle en faveur de l’aide aux enfants et aux familles qui sont atteints par le virus. Puisqu’il est si connu, tous écoutent quand il parle.
PHOTO: GÖTE WINBERG, LOUISE GUBB & UWC-RIM MAYIBUYE ARCHIVES
sûrement été influencée par le travail politique de ma grandmère, car un matin nous avons refusé de manger. L’éducatrice a dit : ‘Pourquoi est-ce que vous ne mangez pas ?’ Nous avons répondu : ‘Nous faisons la grève de la faim, parce que Mandela n’est pas libre et nous voulons Mandela. C’est pour ça que nous protestons. Nous nous sommes mis à danser et à chanter des chants de liberté que nous avions appris dans la rue. L’éducatrice a hoché de la tête. Puis elle est sortie et est revenue avec un homme qui passait dans la rue. ‘Le voilà votre Mandela’ Nous avons crié de joie et et avons commencé à manger. C’est seulement à l’âge de neuf ans que j’ai compris qu’elle nous avait trompés et que Mandela était toujours en prison.
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Gabatshwanes chant – Merci de ta magie, chante Gabatshwane dans son chant de gratitude à Nelson Mandela. Elle le remercie de tout ce qu’il a fait en faveur des enfants d’Afrique du Sud. Elle le remercie pour la liberté, pour la possibilité d’aller à l’école et pour son respect des droits de l’enfant. Mais davantage encore parce qu’il l’aide, elle et les autres que le sida a rendus orphelins ou qui eux-mêmes ont le sida. Gabatshwane aide les pauvres du village et les camarades de classe orphelins. Elle leur achète de quoi manger avec l’argent qu’elle gagne avec son groupe. 76
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n matin, la mère de Gabatshwane ne s’est pas réveillée. Gabatshwane l’a secouée mais rien n’y a fait. Gabatshwane a pensé que maman était particulièrement fatiguée. Mais son père et son grand frère Vusi ont compris qu’elle était morte dans son sommeil. Elle avait le sida. Une année après, c’est papa qui est mort du sida et Gabatshwane, sa sœur Zodwa et son grand frère Vusi se sont
retrouvés orphelins. Personne ne pouvait s’occuper d’eux et ils ont dû se débrouiller seuls dans la petite maison familiale dans le village de Letabong dans le nord- ouest de l’Afrique du Sud. – Je levais les yeux au ciel et je priais maman de revenir. Elle ne répondait pas et cela me rendait très triste. Mais j’ai fini par comprendre qu’elle était toujours là, et qu’elle ne pouvait tout simplement pas me parler
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C’est le refrain de la chanson de Gabatshwane sur Mandela, ou « Madiba » comme on l’appelle en Afrique du Sud. « Salut Madiba, tu m’as sauvée. Salut Madiba, tu nous as donné l’école, tu respectes nos droits. Salut Madiba, tu me donnes la fierté. Merci pour ta magie ! » Ecoute la chansons de Gabatshwane dédiée à Mandela sur : www.childrensworld.org
avec respect. Nkosi est mort du sida à 12 ans, le 1er juin 2001, le jour même où l’Afrique du Sud célébrait la Journée Internationale de l’Enfant. En avril 2002, des enfants répartis sur les cinq continents, ont choisi d’attribuer par un vote au niveau mondial, le Prix des Amis Universels, à Nkosi, à titre posthume (après sa mort) Il partagea également, avec Maiti, Nepal, le Prix des Enfants du Monde, attribué par le jury des enfants. Lis l’histoire de Nkosi sur : www.childrensworld.org
nte pour Mandela comme d’habitude, explique Gabatshwane. Après la mort de ses parents beaucoup au village craignaient qu’elle aussi soit malade et qu’elle soit contagieuse. Un test a démontré qu’elle n’avait pas le sida. Mais Gabatshwane ne trouvait toujours pas d’amis. Quand elle était petite elle était tombée dans une seille d’eau bouillante et elle en a gardé des brûlures à la jambe et au bras droits.
TEXTE: ANNIKA FORSBERG LANGA PHOTO: VICTOR MATOM & EVAN HAUSSMAN/NMCF
Merci pour Nkosi son autre héros Mandela est le grand héros de Gabatshta magie, Nelson wane, mais elle en a un autre : Nkosi Johnson, garçon qui s’est battu pour que les enfants Madiba ! lemalades du sida en Afrique du Sud, soient traités
PHOTO: AP
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Gabatshwane et Vusi son grand frère, n’achètent pas seulement les provisions pour eux-mêmes...
Le numéro de prisonnier pour la campagne contre le sida Mandela soutient les enfants atteints du sida et leurs familles au moyen de son Fond pour les enfants NMCF et le nom de sa campagne 46664. Les chiffres viennent du temps de son emprisonnement à Robben Island où il était le prisonnier 466-64. Beaucoup de célébrités soutiennent le travail de Mandela contre le sida, par exemple la chanteuse Beyonce et l’acteur Brad Pitt. Le but de Mandela est d’aider tous les enfants que le sida a rendus orphelins. Il ne veut pas qu’on oublie les malades du sida et les orphelins. C’est pourquoi il a demandé aux artistes qui soutiennent la campagne d’enregistrer le disque 46664.
Avec l'argent qu'elle gagne en chantant, Gabatshwane achète des provisions pour les pauvres du village et pour ses camarades orphelins. Une femme qui reçoit tout un sac de provisions ce jour-là est très heureuse.
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Maintenant que les parents sont morts, c’est Vusi, le grand frère de Gabatshwane, qui s'occupe de la famille.
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– A l’école on se moquait de moi et j’étais toujours seule, dit Gabatshwane. Quand les autres enfants sortaient et s’amusaient, elle restait à la maison et écoutait la radio. Très vite, elle a appris les textes de toutes les chansons populaires et un jour son frère s’est aperçu qu’elle chantait très bien. Mandela l’embrasse Le grand frère Vusi a formé un groupe et l’a appelé
Gabatshwane, avec Gabatshwane comme chanteuse. La première chanson était dédiée à Nelson Mandela. – Je voulais le remercier de tout ce qu’il avait fait pour notre pays. Sous l’apartheid c’était horrible ici en Afrique du Sud et les gens mouraient la rage au cœur, dit Gabatshwane. Quand Nelson entendit parler de Gabatshwane, il l’invita à chanter au cours d’un concert dans la ville du
Cap. Il trouva très belle la chanson qui parlait de lui et il embrassa Gabatshwane en signe de remerciement. Depuis, il a aidé le groupe à se faire connaître et plusieurs chansons ont été enregistrées. A présent Gabatshwane se produit presque chaque week-end. – J’aimerais me réveiller un matin avec un coeur aussi généreux que celui de Mandela, dit Gabatshwane. Exactement comme
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Nelson Mandela elle essaie d’aider les autres enfants en difficulté. Avec l’argent qu’elle gagne, elle achète de la nourriture pour les pauvres du village. Elle apporte aussi des paquets de provisions aux camarades de classe qui sont orphelins. – Quand maman est morte, je me suis sentie seule au monde. Je ne veux pas que d’autres se sentent ainsi, dit Gabatshwane. Des chansons sur le sida Avant, Gabatshwane essayait de cacher ses brûlures sous de longues jupes et des pulls à manches longues. Maintenant ça lui est égal. – Il fait si chaud qu’on
nathi, 12 ans, habite dans un orphelinat de Soweto qui s’appelle Bethanie Children’s Home. Beaucoup de ceux qui y vivent ont été battus et se sont sauvés de la maison, d’autres sont orphelins. Unathi ne sait pas qui sont ses parents. On l’a trouvé emmailloté dans un sac en plastique sur le trottoir alors qu’il venait de naître. – Je crois que ma mère était malade et très pauvre. Elle n’aurait pas pu s’occuper de moi, mais elle savait que quelqu’un allait me trouver sur le trottoir, dit Unathi. Depuis, Bethanie a été la maison d’Unathi. Nelson Mandela soutient le centre, mais il préférerait que les enfants n’aient pas à y vivre et qu’ils aient une famille. Avec le soutien du Fond pour l’enfance de Mandela, les employés de Bethanie
cherchent de nouveaux parents ou ils aident à résoudre les problèmes dans leur famille d’origine pour que l’enfant puisse y retourner. Mais jusqu’ici personne n’a adopté Unathi. Peut-être parce qu’il a le sida. Même s’il n’est pas souvent malade ces temps-ci. Il y a quatre ans, lui et d’autres enfants ont commencé à prendre les médicaments contre le sida. Avant ils étaient trop chers.
peut mourir d'une attaque et après tout, c’est de mon corps qu’il s’agit, dit Gabatshwane. Mais elle n’accepte pas qu’on se moque des autres enfants. Surtout s’il s’agit du sida. Gabatshwane dit qu’il faut être gentil avec les enfants atteints du sida. A l’école, elle explique à ses camarades qu’on ne peut pas être contaminé en jouant avec des enfants qui ont le sida. Gabatshwane pense que le sida est le plus grand problème de l’Afrique du Sud, surtout parce que tous les malades n’ont pas accès aux médicaments. Ses parents n’avaient pas les moyens
d’acheter les médicaments contre le sida et quand ils sont tombés malades, ils sont morts presque tout de suite. – Si ça continue, tellement de gens mourront que le monde perdra la moitié de ses habitants. Quand j’y pense, ça me rend folle, dit Gabatshwane, qui a écrit une chanson sur le sida. Elle chante surtout de l’afro pop, mais sa chanson sur les enfants irakiens a un rythme rap. – J’ai vu des enfants pleurer à la télé. Ils avaient perdu leurs parents à la guerre. Alors je me dis que vraiment c’est dommage qu’il n’y ait pas plus de gens aussi généreux que Mandela.
Ira en colonie Unathi et ses copains ont planté un arbre à la mémoire des camarades morts du sida. Après avoir commencé à prendre les médicaments, plus aucun enfant n’est mort à l’orphelinat. Unathi trouve ça formidable, et il dit que c’est Nelson Mandela qui a agi pour que les médicaments soient moins chers. – Des fois je ne comprends
pas pourquoi tata Mandela est si gentil, mais c’est tant mieux pour nous. Sinon on ne serait pas si bien, dit Unathi en expliquant que « tata » veut dire grand-père. Après l’école, il fait du patin à roulettes et joue au foot ou au cricket. Ensuite il regarde la télé et fait ses devoirs. Dans deux semaines, pour les vacances scolaires, lui et ses camardes pourront aller en colonie de vacances, grâce à Mandela. C’est vraiment une chance que grandpère Mandela soit si gentil. (Unathi s’appelle en fait autrement)
Gabatshwane Gumede, 11 Habite : dans le village de Letabong en Afrique du Sud avec mes frères et sœurs. Nous sommes orphelins. Chante : ses propres chansons sur le sida et sur Mandela avec le groupe Gabatshwane, afro pop et rap. L’argent gagné : Elle l’utilise pour des provisions pour ses camarades de classe orphelins. Héros : Mandela et son grand cœur. Nkosi Johnson, le garçon qui s’est battu pour les enfants atteints du sida.
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TEXTE: ANNIKA FORSBERG LANGA PHOTO: BO ÖHLÉN
Grand-père Mandela aide Unathi
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Mandela et les enfants des rues N
elson Mandela aime se promener. Il se lève de préférence très tôt et sort avant le lever du jour. Un jour, en marchant, il vit quelque chose de curieux. C’était avant que Nelson ait été élu Président, il se promenait dans Le Cap. Soudain il aperçut des enfants qui se réveillaient sur le trottoir. Nelson s’approcha pour leur parler. Il venait de recevoir le Prix Nobel de la Paix et avait envoyé une grande partie de la somme du prix aux enfants des rues
d’Afrique du Sud. Les garçons lui demandèrent pourquoi il les aimait tant. Nelson pensa que c’était une drôle de question. Il répondit que tout le monde aime les
enfants et c’est pourquoi tous les enfants sont aimés. Mais les garçons n’étaient pas d’accord. Ils avaient fini à la rue parce que justement personne ne les aimait. Nelson trouvait cela bien triste et ne pouvait s’empêcher de penser à eux. Il voulait faire davantage pour les aider. Quand il devint président en 1994, il créa une fondation qui porte son nom pour aider les enfants seuls ou abandonnés. Brenda Shongwe et Phule Lechoba sont deux d’entre eux.
Brenda Shongwe avait 11 ans quand sa mère a disparu. Elle vivait seule dans la rue à Johannesburg. Un assistant social l’a trouvée et emmenée dans un foyer pour enfants des rues. – J’étais très triste. Maman ne m’avait jamais dit qu’elle m’aimait. Je croyais que j’étais la seule enfant au monde dont personne ne se souciait, raconte Brenda.
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Brenda a parlé devant le président
Quand sa maman a disparu, Brenda a été obligée de vivre seule à la rue. Maintenant elle va à l'école et veut faire de la politique pour que l'Afrique du Sud devienne un bon pays pour tous les enfants.
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finalement elle l’a appris, c’était trop tard. Son père était mort. Après son entrée à Usindiso Shelter, elle reprit l’école, mais ça n’allait pas. Elle ne faisait pas ses devoirs. Elle avait été abandonnée par sa mère et par son père et elle avait perdu tout espoir.
Brenda prenait des calmants et des somnifères pour oublier. Des rêves en carton Tout changea le jour où Brenda prit des leçons de théâtre. Elle participa à une comédie musicale qui s’appelle « Rêves en carton » et qui fut montée au théâtre
Brenda à propos de Nelson Mandela: « Il est formidable! Il n’y aura jamais plus un président comme lui. Pour moi, il est déjà une légende vivante. Quand on l’a libéré de prison il ne s’est même pas vengé. Il a dit simplement : ”D’accord, je suis noir, mais je peux m’entendre avec quiconque.” Il nous a appris qu’ont peut avoir des amis blancs, noirs ou jaunes. » Brenda Shongwe, 14 ans, a été enfant des rues
Nelson Mandela à Johannesburg. Le rôle principal était tenu par Desmond Dube, le célèbre acteur de télévision. – Lui aussi a été enfant des rues. En l’écoutant parler de sa vie dans la rue, j’ai compris que tout n’est pas sans espoir, dit Brenda. La comédie musicale est l’histoire d’une fille des rues qui vit dans une boîte en carton. Quand elle mendie, les gens lui disent de retourner à la maison, chez sa mère. Mais elle n’a pas de mère. Elle est orpheline. C’est une histoire très triste, mais à la fin de la pièce, la fille trouve le bonheur. Et le plus important pour Brenda, c’est juste81
➼ TEXTE: ANNIKA FORSBERG LANGA PHOTO: VICTOR MATOM
u home, qui s’appelle Usindiso Shelter, il y a plusieurs centaines d’enfants qui ont fugué ou qui pour une raison ou une autre ont perdu leurs parents. Brenda savait bien qu’elle n’était plus seule, mais elle ressentait encore une grande colère et une grande déception. – Je ne pouvais pas comprendre que ma mère ne m’aime pas. Elle buvait et se bagarrait et par périodes je ne pouvais même pas aller à l’école. Brenda n’a pas de père non plus. Elle ne l’a jamais rencontré. Sa mère ne voulait pas dire son nom, et quand
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Phule va écrire un liv P
Phule (à gauche) parle avec ses camarades de classe. Il a vécu pendant deux ans dans la rue. Le livre sur la vie de Mandela l'a inspiré à écrire lui-même un livre.
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ment cela : que la vie ce n’est pas tant d’où l’ont vient mais où l’on va. Ces temps-ci, Brenda est très occupée. Tout va bien à l’école et elle fera de la politique. Elle veut aider le gouvernement à faire de l’Afrique du Sud un meilleur
pays et le printemps passé, elle a pris la parole au parlement de la ville du Cap. Donnez-nous une chance – J’ai parlé de ma vie dans la rue et j’ai demandé aux politiciens de nous donner une chance. Si les adultes
L’ami de Brenda a fui le Zimbabwe Quand Brenda parlera devant les membres du parlement elle demandera au gouvernement d’aider les enfants du Zimbabwe. Beaucoup d’entre eux sont orphelins et ils ont passé la frontière, tout seuls, pour se réfugier en Afrique du Sud. C’est affreux, se dit Brenda. Elle dit que Mugabe, qui est président du Zimbabwe, a fait beaucoup de mal aux enfants de son pays. Petronella, l’amie de Brenda vient du Zimbabwe et vit aussi au Usindiso Shelter. Mais il n’y a pas de
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place pour tout le monde. Puisque beaucoup d’enfants arrivent en Afrique du Sud sans autorisation, ils ont peur d’être renvoyés au Zimbabwe. C’est pour cela qu’ils se cachent dans les rues de Johannesburg. Ce n’est pas une vie facile. Pour un peu d’argent, ces enfants sont forcés de vendre des choses interdites, comme par exemple de la drogue. – Et c’est bien pire pour les filles. Si elles ne trouvent pas de foyer, il n’y a qu’une façon de survivre : se prostituer, dit Brenda.
s’intéressent à nous, nous pouvons réussir. Tous les hommes politiques, même le président Thabo Mbeki qui a aussi entendu le discours de Brenda, étaient si impressionnés qu’ils se sont levés en applaudissant. Ils ont demandé à Brenda de revenir une autre fois pour faire un discours. Brenda est d’accord, si on veut changer les choses, il faut travailler dur. Exactement comme l’a fait sa grande idole Nelson Mandela. Il n’a pas seulement contribué à faire de l’Afrique du Sud un pays plus juste pour tous les enfants, il a aussi envoyé de l’argent à Brenda et à ses amis pour qu’ils puissent aller à l’école et faire du théâtre. Sans lui, Brenda serait encore à la rue et ne croirait plus à rien. – Mais je ne pense plus ainsi. Même si parfois je me sens encore triste. Quand je vois, en ville, des enfants avec leurs parents, j’ai envie de
hule Lechoba va dans la même école que Brenda. Il est aussi enfant des rues et vit depuis quatre ans dans un foyer pour garçons à Hillbrow, un quartier de Johannesburg. Son histoire ressemble à celle de Brenda ; sa mère boit et il n’a jamais rencontré son père. La dernière fois que Phule a vu sa mère, elle était si malade que Phule croyait qu’elle allait mourir devant ses yeux. Les voisins ont appelé une ambulance et on l’a emmenée. Aujourd’hui, Phule ne sait même pas si elle est vivante.
pleurer. Alors, très vite, je pense à Desmond Dube et à Nelson Mandela. Ils ont travaillé très dur pour réaliser leurs rêves. Ce que j’ai aussi l’intention de faire.
Brenda Shongwe, 14 Habite au : Home pour enfants des rues Usindiso Shelter à Johannesburg, Afrique du Sud A été : Enfant des rues, maman m’a abandonnée. Aime : Faire du théâtre. Son héros : Nelson Mandela. Meilleure amie : Petronella, qui a fui le Zimbabwe. Est triste : Quand je vois des enfants avec leurs parents.
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ivre Phule a dû se réfugier dans la rue et ne pouvait plus aller à l’école. Deux ans plus tard un assistant social l’a trouvé et lui a demandé s’il voulait aller dans un foyer pour enfants des rues. Il voulait bien. – C’est difficile de vivre
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sans parents. On ne peut compter que sur soi et il faut savoir ce que l’on veut, dit Phule. Phule sait exactement ce qu’il veut. L’année passée, il a lu le livre : Un long chemin vers la liberté, sur la vie de Nelson Mandela. – C’est si impressionnant tout ce qu’il a réalisé, explique Phule, qui voudrait ressembler à Mandela. Mais Phule ne veut être ni politicien, ni président. Il
« Nelson Mandela est comme Jésus. Il a sacrifié la moitié de sa vie pour nous offrir un meilleur avenir. Nous pouvons apprendre énormément de lui » Phule Lechoba veut être écrivain et écrire des livres qui aideront les autres à changer de vie. Prochainement il suivra un cours organisé par la Fondation pour l’enfance de Nelson Mandela où il apprendra à trouver les
informations et à écrire. Mais Phule a déjà commencé. Il écrit chaque soir et il aura bientôt rempli tout un cahier avec des histoires qui un jour, espère-t-il, pourront constituer un vrai livre.
L’enfant disparu Il y a au moins 10.000 enfants des rues en Afrique du Sud. La plupart sont noirs. Il y a aussi des enfants blancs qui se sont enfuis de chez eux ou qui ont été abandonnés, mais ils vivent dans d’autres foyers. Maintenant les enfants noirs y vivent aussi, mais sous l’apartheid, les enfants noirs n’avaient pas le droit de vivre dans les foyers des « blancs »
Si la police, du temps de l’apartheid, voyait des enfants noirs dans les rues de la ville, elle les battait. Il arrivait souvent que des enfants des rues « disparaissent » et souvent c’était la police qui les avait enlevés et tués. Depuis que l’Afrique du Sud est devenue une démocratie et que Nelson Mandela a été élu président, on a construit plusieurs foyers pour enfants des rues. A présent les enfants sont ensemble et la couleur de leur peau
n’a plus d’importance. Bien que la situation des enfants des rues en Afrique du Sud se soit améliorée depuis la fin de l’apartheid, beaucoup croient que l’épidémie de VIH/Sida produira encore plus d’enfants des rues. Dans cinq ans, un million d’enfants auront peut-être perdu leurs parents à cause du sida. S’ils ne trouvent pas de place dans l’un des foyers existants, ils finiront dans la rue.
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Des enfants qui vivent dans la rue à Johannesburg
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Non aux mobbeurs ! – Hey, Yo ! Yes, yes, yes ! It’s me again ! crie Zanele Gama, 12 ans, au micro. C’est samedi matin et Rebound, l’émission de radio qui passe dans tout le faubourg de Johannesburg vient de commencer. Zanele a hâte de dire ce qu’elle pense. L’émission du jour traite de la pression du groupe et du harcèlement, sujet que Zanele connaît par expérience.
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coute bien ! Si ton meilleur ami essaie de t’obliger à faire quelque chose que tu ne veux pas faire, laisse-le tomber ! Tu peux toujours trouver un autre ami, conseille Zanele. Zanele ne connaît pas le nombre exact d’enfants qui écoutent leur émission, retransmise chaque semaine sur Jozi FM. Mais comme il y a au moins un million d’habitants à Soweto, Zanela suppose que quelques milliers d’entre eux l’écoutent. – Je me sens célèbre, dit-elle en riant. Mais ce qu’il y a de merveilleux avec la radio c’est que personne ne sait de quoi elle et ses amies ont l’air. Ils peuvent seulement entendre leur voix et cela fait que les filles osent traiter tous les sujets possibles et impossibles. 84
Zanela Gama – avec le chapeau orange ci-dessus – donne les conseils de se faire de nouveaux amis, si ceux que l'on a rejoignent les mobbeurs.
fumer en cachette. Quand elle a refusé, ils ont commencé à la persécuter et lui ont dit qu’elle ne pouvait pas faire partie de leur groupe. – Devine ce que j’ai fait ! Je n’ai pas fléchi et j’ai trouvé une autre amie qui me respecte pour ce que je suis, dit Zanele. Merci du tuyau Une heure plus tard une Elles passent aussi de la auditrice téléphone à l’émismusique. Celle que Zanele sion. Elle s’appelle Kutloano aime le mieux c’est la reine et a 11 ans. Elle a un problèdu pop Brenda Fassie et me similaire. Ses amis veulent quand le DJ met un de ses qu’elle vole des craies et des disques sur le plateau, elles stylos dans un magasin. dansent dans le petit studio. – Merci du tuyau, dit-elle. Zanela chante « Yeah, let’s Maintenant j’ose dire non ! go, let’s go » Puis on redeL’émission du jour est vient sérieuses. Ce sont les discussions qui rendent leurs presque terminée. La semaine prochaine on parlera d’enémissions si spéciales. fants qui ont « disparu » et de Zanele s’assied devant le micro et raconte comment ses ce qui leur est arrivé. Le DJ, le seul adulte de l’émission, amis ont essayé de la faire Les filles sont de vraies pros. C’est Nelson Mandela qui a fait en sorte qu’elles puissent suivre des cours pour leur permettre d’apprendre à parler à la radio sur les droits de l’enfant.
dit que ce sont les filles les plus courageuses de Soweto. Elles soulèvent des questions dont les adultes n’osent même pas parler.
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Nokuphila a aidé son ami
Les filles reporters radio Kutioano Tsoamotse et Kgomotso Diphoko font le salut d'amis.
Salut mon ami!
Nokuphila, 12 ans habite à Soweto et est responsable d’émission pour le programme Rebound. – Ce qu’il y a de mieux avec Rebound c’est qu’on n’aide pas seulement les autres enfants, on apprend énormément, dit-elle. Un jour son amie était très triste. Elle ne voulait pas aller à l’école et quand Nokuphila lui a demandé si elle voulait partager son repas elle s’est mise à pleurer. Nokuphila a compris qu’il était arrivé quelque chose de terrible, et l’amie lui a dit qu’elle en parlerait si Nokuphila promettait de ne rien dire à personne. Nokuphila a promis et l’amie a raconté que des filles plus âgées avaient essayé de la faire aller avec un garçon. Elle ne voulait pas, mais les filles ne l’écoutaient pas. Le garçon était plus âgé de quelques années et l’amie de Nokuphila avait peur de lui. – Je ne savais pas quoi faire. J’avais juré de ne rien
Nokuphila Simelane.
dire. Mon amie avait peur que le garçon se venge s’il apprenait qu’elle avait parlé. Après le Rebound suivant, Nokuphila savait exactement ce qu’elle devait faire. L’émission expliquait où on pouvait trouver de l’aide. Nokuphila s’est confiée à son institutrice et elles ont rencontré l’amie en cachette. Puis, les parents, les professeurs et la police ont parlé avec les filles plus âgées et le garçon. Aujourd’hui, l’amie de Nokuphila est tranquille.
Les reporters radio Lesedi Makoane et Palesa Mphambane se saluent d'une autre manière.
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Un café pour tous Quand Mpho, Constance, Phumeza et Dylan ont ouvert leur café, ils ont prouvé quelque chose d’important. – Il y a encore des gens qui croient que nous ne pouvons rien faire parce que nous sommes handicapés, dit Mpho Mafazca, 15 ans.
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pho et ses camarades vont dans une école pour handicapés qui s’appelle Forrest Town et qui se trouve à Johannesburg. Mpho a un problème à la nuque. Ça le gêne parfois, mais Mpho dit qu’il peut presque tout faire. Il s’agissait simplement de le prouver à tous ceux qui pensaient que les handicapés n’étaient bons à rien. Ouvrir un café tout près de l’école était leur meilleure réponse. – On ne sert pas seulement du café ou du thé. On fait des muffins et des tartes et nous tenons nous-mêmes les comptes. Tout le monde est 86
étonné de voir que ça marche bien, dit Mpho. Le café est ouvert tous les vendredis et beaucoup de célébrités y sont déjà venues. L’ex boxeur, champion du monde, Baby Jake, est le client préféré de Mpho. – Quand je pense que j’ai servi un champion du monde ! Et je n’ai rien renversé, dit Mpho avec fierté. Plus que tous, il aimerait inviter Nelson Mandela dans son café. Il en serait alors l’hôte d’honneur. En fait, Mandela a envoyé de l’argent à leur école et a fait en sorte que beaucoup de grandes entreprises soutien-
nent les enfants handicapés. Avant, sous l’apartheid, il n’y avait même pas d’écoles pour les enfants noirs, handicapés. A présent, Mpho, Constance, Phumeza et Dylan pensent que leur école est la meilleure au monde. Phumeza Qwasha
s’y plaît tellement qu’elle aimerait ne jamais la quitter. Quant à Mpho, il ne pense qu’au moment où il terminera l’école secondaire. Il a beaucoup appris sur le commerce avec le café et pense ouvrir une entreprise. Il pourrait peut-être vendre des voitures.