Journal Sminko

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DECéMBRE 2015 - N°01

édition belge

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SPéCIAL sUJET TABOU DOSSIER gay amoureux

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Des homosexuel(le)s agressés ou roués de coups : ces images font régulièrement la une. Tout comme ces milliers de manifestants qui défilent dans les pays de l’Union européenne pour s’opposer à l’égalité des droits pour les lesbiennes et les gays. D’où vient cette haine ?

INTERVIEW ils font leurs coming out Page 04-05 Malgré que nous soyons en 2015 ; faire son coming out n’est toujours pas facile. De nombreuses personnes n’osent pas encore sortir du placard, peur du regarde des proches et des autres. Pourtant ils sont plusieurs chaque jour à trouver le courage de le faire. Certaines osent nous en parler !

ENQUÊTE pourquoi toute cette haine ? Page 06-07 Le tumulte du débat sur le mariage pour tous est passé, mais l’homophobie persiste à un niveau élevé en France. L’association SOS homophobie publie mardi 12 mai son rapport annuel, qui constitue l’unique baromètre disponible en France sur ce sujet. Les chiffres sont moins catastrophiques que ceux de l’édition 2014.


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ÉDITO STOP AU HARCÈLEMENT !

L

e corps d’un jeune homme de 21 ans, Peter, dont le nom nous est caché sans que je ne me l’explique, a été retrouvé le 28 juin 2014 dans la station de sports d’hiver de Valmorel, en contrebas d’un pont. Ce jeune homme avait été hébergé deux mois par l’association Le Refuge, structure d’accueil et de soutien aux jeunes majeurs victimes d’homophobie ou transphobie. L’association déclare que dix mois avant les faits, Peter avait écrit « Mes parents deviennent de plus en plus hard dans leurs prières latines contre le diable. De toute façon, plus rien ne m’étonne après qu’ils aient fait appel à un prêtre exorciste pour me faire changer de bord. » C’est donc tout naturellement qu’elle avance l’hypothèse du suicide de ce jeune homme, thèse soutenue par les associations de défense des homosexuel-le-s par la voix du porteparole de l’inter-LGBT, Nicolas Rividi, qui affirmait lors de la Marche des Fiertés Parisiennes, le 28 juin 2014, « un jeune s’est jeté d’un pont parce que sa famille le rejetait. » Il faut savoir qu’en France, chaque année, 30 % des homosexuelles de moins de 25 ans tenteraient de se suicider, d’après un rapport rendu au Sénat en 2013. En se référant au vieux rapport Kinsey (1948 et 1953) qui mesurait le pourcentage d’homosexuel-le-s dans la population générale (soit 10 %) et le décompte de la population française d’après l’Insee en 2013 (soit 30,6 % sur 65 542 916 Français qui revient à 20 056 132 jeunes de moins de vingt-cinq ans), ce sont donc potentiellement 601 683 jeunes homosexuel-le-s qui sont chaque année candidat-e-s à la mort. Combien de temps allons-nous encore laisser cette épidémie toucher une partie de la jeunesse de France sans réagir ? Combien de jeunes homosexuel-le-s va-t-il falloir trouver en contrebas d’un pont pour que les pouvoirs publics agissent contre cette hémorragie dans la population ? Dans le rapport remis au Sénat en 2013, on apprenait que les raisons du suicide chez les jeunes homosexuelle-s étaient dues à 64 % à la précarité et la peur de se confronter au regard des autres, ce qui revient à dire que la majorité des suicides pour raison d’homosexualité sont dus au rejet familial (qu’il soit subi ou volontaire) et à la honte que ressentent les jeunes homosexuel-le-s en âge de se découvrir tel-le quel-le face aux autres. Rejet, incompréhension, peur sont autant de drames dans la vie de ces jeunes filles et garçons qui commencent leur vie avec un « handicap sexuel » inscrit en eux, avec cette particularité subie malgré eux, qui les rend « différents ».

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GAY AMOUREUX GAY HEUREUX ? DOSSIER

Le parlement italien vient de rejeter une nouvelle fois une loi anti-homophobie, alors que l’État de New-York autorise le mariage gay depuis le dimanche 24 juillet. L’occasion de revenir sur la longue lutte des homosexuels, dont l’orientation était encore considérée il y a vingt ans comme une pathologie. En juin dernier, une association de médecins catholiques allemands proposait de soigner l’homosexualité grâce à un traitement homéopathique. Leur argumentation se voulait rassurante envers les homosexuels qui souffriraient de leur sexualité. Michel Duponcelle de l’association gay et lesbienne Tels Quels réagit avec fougue à cette conception : « Les homosexuels ne souffrent pas d’être homosexuels, ils souffrent de l’homophobie et de ce genre de considération médicale, point ! ». Le médecin bavarois à l’origine de cette « thérapie », Gero Winkelmann, précise bien que « l’homosexualité n’est pas une maladie », mais plutôt une « tendance », qui pourrait être soignée car certaines personnes « qui se sentent homosexuelles, se trouvent dans une situation de détresse spirituelle et psychique, et souffrent beaucoup ». À l’heure où le mariage gay vient d’être autorisé dans l’Etat de New-York, d’aucun pensent encore que l’homosexualité est une pathologie. Pour Michel Duponcelle, la théorie du médecin bavarois ne repose sur rien : « On ne supprimera jamais les imbéciles ! Et puis guérir de quoi au juste ? Ce n’est pas quelque chose que l’on peut dissocier de ce que l’on est, cela fait partie intégrante de nous ».

Une sexualité longtemps considérée comme une maladie

Le terme apparaît pour la première foisdans le livre « Psychopahtia sexualis » du psychiatre austro-hongrois Richard von Krafft-Ebing paru en 1886. Cette étude, qui est l’une des premières monographies de la sexualité, devient un best-seller à l’époque. Le docteur y établit un lien entre l’homosexualité et la dégénérescence. Sa thèse s’appuie sur le fait que l’homosexualité serait acquise dès la naissance. Une théorie selon laquelle les maladies mentales se transmettraient génétiquement à travers ce livre/

l’homosexualité n’est pas une maladie


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Une perversion pour Freud

Freud quant à lui s’intéresse particulièrement au thème de l’homosexualité. Il rejette immédiatement la thèse de la dégénérescence parce que pour lui, tout est acquis (ou presque). S’il ne la voit pas comme une maladie, il affirme qu’il s’agit d’un comportement pervers, au sens de sexualité déviée, en dehors de la norme. Dans sa thèse sur la dépsychiatrisation de l’homosexualité, le psychiatre Malick Briki affirme : « Mais si les travaux de Freud visaient aussi à dépsychiatriser l’homosexualité, ses successeurs ont transformé les théories du maître et leur ont donné une connotation moralisatrice et rigide », remarque-t-il. « L’homosexualité va donc continuer à être définie comme une maladie mentale » malgré l’avènement de la psychanalyse. Jusque dans les années 70, on utilise nombres de méthodes radicales pour « purifier » les homosexuels et tenter de les « remettre dans le droit chemin ». Aux Etats-Unis notamment, outre la lecture de la Bible fortement recommandée, on préconise la castration chimique ou chirurgicale, la lobotomie ou encore les électrochocs. C’est ce qu’on a appelé la thérapie par aversion.

lement lorsque la personne en souffre et cherche à changer sa sexualité. Mais qu’est ce qui faisait souffrir les homosexuels qui consultaient ? », s’interroge Malick Briki. « Leur homosexualité ou les préjugés qui l’entouraient, renforcés par le diagnostic d’homosexualité ? En fait, ces personnes souffraient surtout de l’opprobre jeté sur eux par la société et les autorités médicales ».

L’OMS retire l’homosexualité

Il faudra attendre le 17 mai 1990, pour que l’Organisation Mondiale de la Santé retire l’homosexualité des maladies mentales dans sa Classification Internationale des Maladies. David Paternotte est chargé de recherches au FNRS (Fond de la Recherche Scientifique) de l’ULB, il précise que l’association américaine de psychiatrie, qui produit cette liste des maladies, avait déjà démédicalisé l’homosexualité en 1973. En ce qui concerne l’OMS, il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’une organisation de l’ONU. À ce titre, elle comprend

pour les homosexuels.Pour David Paternotte « Une telle loi existait en France. Elle datait du régime du Vichy et n’avait pas été abrogée à la Libération. En Belgique, l’article 372 bis disparaît en 1985 à l’issue d’une campagne très longue et grâce aux efforts du socialiste Ernest Glinne ».Mais le chercheur précise : « En fait, ce n’est pas la loi de la majorité sexuelle qui est importante et la situation n’était pas très différente de la France. Il faut savoir que la Belgique a dépénalisé l’homosexualité lors de la conquête française qui a suivi la révolution française, comme la moitié de l’Europe. À partir de ce moment et jusqu’en 1965, il n’y a plus eu de pénalisation en tant que telle de l’homosexualité ».

Une protection contre les discriminations envers les gays

En 2003 en Belgique, une loi contre les discriminations est votée. Elle étend la protection contre les discriminations à l’orientation sexuelle. Cette loi intègre les missions du nouveau Centre pour l’égalité

Vers une dépsychiatrisation

Dans la foulée du courant de l’antipsychiatrie, on assiste à partir des années 1970 à une remise en question de la part des psychiatres américains. Ce qui les incite à établir une nouvelle classification des maladies mentales. Au même moment, le lobbying gay américain se développe considérablement et tente de faire réagir l’Association des Psychiatres Américains (APA). Un débat a lieu à l’APA en 1973 sur le thème « L’homosexualité est-elle un diagnostic ? ». Pro et anti psychiatrisation s’affrontent alors dans un débat acharné qui ne se fonde sur aucune théorie tangible : « Il n’y avait pas de théorie scientifiquement valable pour classer l’homosexualité au rang de pathologie : quelques cas cliniques isolés et des théories qui n’avaient rien d’empirique avaient servi de paradigme scientifique aux psychiatres pendant plus d’un siècle », précise le Docteur Briki. Suite à ce débat, l’homosexualité est retirée de la classification des maladies mentales aux États-Unis. 58 % des psychiatres ont voté pour et 39 % contre au cours d’un scrutin qui réunissait plus de 10 000 psychiatres. Malick Briki rappelle les conséquences de la classification de l’homosexualité dans les maladies mentales : « L’homosexualité n’aurait jamais dû être répertoriée comme une maladie, la considérer comme telle c’était stigmatiser les homosexuels. Ce diagnostic a renforcé l’homophobie. L’homophobie peut-être sociale, familiale ou intériorisée par les homosexuels ce qui les amène à se rejeter euxmêmes et peut conduire à la dépression de soi voire à des tentatives de suicide ».

Toujours un statut de pathologie

Alessandro Pautasso

L’homosexualité n’est toujours pas vue comme une sexualité normale à ce stade, mais elle est diagnostiquée au même titre que le fétichisme, l’exhibitionnisme et le sadomasochisme. Ces paraphilies sont considérées comme une pathologie seu-

des pays très différents. En général, toutes les questions relatives à l’homosexualité s’y heurtent au Vatican, qui influence le comportement de plusieurs pays, et à plusieurs pays musulmans, qui s’allient aux pays fondamentalistes chrétiens. La décision de 1990 couronne une campagne assez longue de l’ILGA (International Lesbian and Gay Association) » Le 17 mai est d’ailleurs devenu depuis 2005 la journée mondiale contre l’homophobie. « Par ailleurs, il ne faut pas oublier que la sortie de l’homosexualité de ce genre de liste s’est traduite par l’entrée d’autres troubles relatifs au genre ou à la sexualité, tout particulièrement dans le domaine de la transsexualité...

Du côté du pénal

Sous l’influence des débats français, à partir de 1965, un député socialiste belge propose un amendement à la loi sur la protection de la jeunesse : l’article 372 bis du Code pénal. Celui-ci est accepté et prévoit un âge de consentement plus élevé pour les relations homosexuelles. C’est la seule fois que la loi cite l’homosexualité en Belgique, la majorité sexuelle est de 15 ans pour les hétérosexuels et de 18 ans

des chances et la lutte contre le racisme. Cette loi est « le résultat de deux évolutions » pour David Paternotte, « D’une part, celle d’une très longue campagne du mouvement homosexuel belge et, d’autre part, une directive européenne imposant aux États membres de l’Union de se doter de ce genre de dispositif. Sans l’impulsion européenne, il est possible que la Belgique ait tardé plus longtemps avant de se doter d’une telle loi ». Depuis, le mariage entre personnes du même sexe est autorisé chez nous, tout comme l’adoption d’un enfant par des homosexuels.

L’homophobie perdure

Ce mardi, des députés italiens ont rejeté une proposition de loi anti-homophobie. C’est la deuxième fois que ce texte est rejeté en Italie, il prévoit notamment la condamnation des gestes, actions et déclarations homophobes. Dans le reste du monde, 88 États pénalisent encore le fait d’être homosexuelle. L’heure est grave, il faut avancer avec notre temps et dire non à l’homophobie. Le changement c’est maintenant non ? Julie Duclos


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FAIRE SON COMING OUT

Malgré que nous soyons en 2015, faire son coming out n’est toujours pas facile. De nombreuses personnes n’osent pas encore sortir du placard, peur du regarde des proches et des autres. Pourtant ils sont plusieurs chaque jour à trouver le courage de le faire.

INTERVIEW

ALEXANDRA, 24 ANS

Céline Gilon

Je pense avoir toujours su que j’aimais les filles. Mais je me disais toujours au fond de moi que c’était mal, que ce n’était pas normal. J’ai eu très peu de copains. Mais j’ai été amoureuse d’une fille au collège pendant bien des années. Et il m’arrive encore parfois de l’apercevoir sur le quai de la gare de ma ville et d’être toujours aussi troublée. Je suis sortie avec un garçon pendant presque 2 ans, ma plus longue relation jusqu’à présent. Mais je savais que quelque chose n’allait pas, pourtant je persistais, je me disais que ça passerait, je n’avais pas fait le lien avec le fait d’être éventuellement homosexuelle, pour moi quelque chose n’allait juste pas. Un jour, j’ai passé un weekend avec des amis proches et il y avait une copine à eux qui ne me laissait pas indifférente. A la fin du weekend, l’un de mes amis m’a dit « tu sais, ça se voit que tu n’es pas heureuse avec ton copain, et en fait, je ne sais pas pourquoi mais je te verrais carrément plus avec une fille ». En fait, il m’a avoué plus tard qu’il avait bien vu que leur copine ne me laissait pas indifférente. J’étais sous le choc mais leur réaction a été une révélation pour moi. J’ai rigolé quand il m’a dit ça, parce qu’il faut quand même être aussi courageux en tant qu’ami pour

balancer à quelqu’un une chose pareille, surtout si la personne n’est pas prête à recevoir ce genre de chose, que la personne soit gay ou non. Finalement, ses paroles m’ont aidées. Je me suis dit que ce n’était pas si mal et le fait que mes amis l’acceptent a été l’élément déclencheur. J’ai quitté mon copain, mais je ne lui ai pas dit la réelle vérité, juste que ça n’allait pas et que c’était mieux que nous arrêtions notre relation. Je l’ai dit à l’ensemble de mes amis qui l’ont tous très bien pris. Certains m’ont dit l’avoir toujours su, chose que je n’aurai jamais cru entendre un jour de leurs part. Mes parents, je ne voulais pas leur dire. Au début, j’étais limite prête à mener une double vie. Passer pour la « vieille fille » qui ne se serait jamais mariée, tout en ayant à côté ma vie réelle avec une femme. Car mes parents sont très traditionnels et croyants, pour eux ça paraissait inconcevable, on n’en parlait pas mais dès que le sujet des homos était sur la table, ce n’était pas très joyeux à entendre. Pourtant, une discussion avec ma mère un jour a mal tourné. En parlant des gens qui avaient des attentes sur la vie de leurs enfants du type « je connais Micheline qui fait une dépression parce que son fils a 40 ans et n’est toujours pas marié et n’a pas de gosses ». Et moi, en toute innocence (pas tant que ça quand même…) je lui balance « je trouve ça dingue d’avoir autant d’attentes pour tes enfants. Tu fais un enfant, c’est lui qui choisit sa vie, c’est tout, si ça se trouve, lui, il est heureux comme ça, on n’en sait rien ». Et là, ma mère me balance du tac au tac « ah mais de toute façon, si j’avais fait une gouine ou un pédé, je ne m’en serais jamais remise ». Silence radio. Ma mère a compris. Ca a été dur, des propos ont été dits et ont été difficiles à entendre. Pour autant, elle ne m’a jamais reniée ou mise à la porte. On n’en a juste jamais reparlé pendant un an jusqu’à ce qu’elle me parle et me dise que quoi qu’il arrivait, je restais sa fille et que quoi que je fasse, elle m’aimerait toujours, peu importe le choix que je prendrai. S’en sont suivies larmes et réconciliations. Ca m’a fait du bien d’entendre ça, même si elle ne comprend pas, au moins c’est toujours bien d’entendre ce genre de choses de la part de ses parents, de savoir qu’on nous aime quand même. Après, on verra ce que l’avenir nous réserve. Et ma soeur l’a plutôt bien pris. Au début, elle a juste eu la réaction basique du style « fais attention, c’est un choix que tu prendras qui impactera beaucoup de choses dans ta vie et envers la famille, le regard de la société, tout ça ». Sur le coup, j’avais envie de lui dire que ce n’était pas vraiment un choix que je prenais, que si vraiment j’avais le choix, j’aurais choisi la facilité, l’hétérosexualité puisque c’est ce qui est considéré comme « normal ». Mais bref, à présent on en parle normalement, elle me dit même que ça lui parait évident maintenant et espère que je rencontrerai quelqu’un de bien prochainement.


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JOSEPH, 37 ANS Aussi loin que je me souvienne, je n’ai jamais été intéressé par les filles, je n’y faisais seulement pas attention, mais en 5ème j’ai commencé à regarder les garçons d’une façon différente. Au début, je niais en bloc puis je me suis dit que c’était passager et ensuite que j’était peut-être bisexuel. C’est seulement lorsque je suis tombé amoureux d’un garçon en 2nde que j’ai enfin admis que j’étais bel et bien gay… À ce moment précis, j’ai ressenti le besoin d’en parler à quelqu’un, mais je ne savais pas qui, je n’avais pas de meilleurs amis et ma famille était plutôt homophobe. Alors, après plusieurs mois de doute, j’ai décidé d’en parler à une amie proche dont j’étais sûr qu’elle n’était pas homophobe. J’étais bien trop lâche pour lui dire en face alors j’ai attendu la fin de l’année pour lui envoyer un SMS (je ne voulais pas voir sa réaction le lendemain au lycée). Alors que je tremblais au point d’avoir du mal à écrire, je lui ai demandé par message si je pouvais lui faire confiance. Après sa réponse affirmative, je lui ai simplement envoyé : « je suis gay… ». J’ai par la suite été heureux d’apprendre que ça ne lui posait aucun problème et qu’au contraire elle était contente que je lui en fasse part. Nous avons ensuite parler de mecs jusqu’a 2-3h du mat’…

Sophie Hubert

Puis, 1 mois plus tard, j’en ai parlé à une autre amie qui l’a aussi bien pris et j’en suis plus qu’heureux. Aujourd’hui, 4 mois après mon coming out, j’espère bien élargir mon cercle d’amis au courant. Ma nouvelle classe au lycée me semble ouverte d’esprit, nous avons élu délégué un autre mec ouvertement gay (vive les classes littéraires). Malgré tout, je me sens beaucoup mieux.

KEVIN, 21 ANS

LUCIE, 18 ANS

ALINE, 15 ANS

ENZO, 13 ANS

J’ai en quelque sorte fait un coming out non-volontaire à ma famille (c’est-à-dire ma mère, ma marraine, ma sœur) excepté mes frères et mon père d’origine musulmane… Je l’ai fait vers l’âge de 16 ans et depuis silence total sur ce sujet, mise a part quelques questions venant de ma mère. Je partage pourtant ma vie avec un homme depuis 4 ans, même si je suis toujours étudiant et chez mes parents. J’ai su que j’étais gay à l’âge de 12 ans (+/-) et ma plus grande crainte a toujours été de le dire à mes parents… Mon père est tombé par hasard sur une lettre que m’avait écrit mon copain de l’époque et les jours qui ont suivis ont été catastrophiques ! Je ne pourrai jamais l’oublier… Mon père s’est enfermé 3 jours dans le garage en mode déprime avec tendance suicidaire… Personne ne me parlait plus. J’ai dû jouer un coup de maître en affirmant à mon père que j’allais changer même si au fond de moi je savais que c’était impossible..

J’ai 18 ans et je viens de faire mon coming out à ma tante et à son conjoint. Je l’ai déjà fait à ma mère. J’avais pas peur qu’ils me rejettent, je savais qu’ils y réagiraient bien. Ce dont j’avais peur, c’était leur réaction face à l’aspect formel de mon coming out. J’avais peur qu’ils me trouvent ridicule ou lourdingue. Je leur ai dit « je veux vous dire quelque chose » puis j’ai bégayé que pour eux ça ne changeait rien, que j’étais quand même désolé et que je les aimais de tout mon coeur mais que j’avais besoin de dire ce truc, que je ne pouvais plus le garder pour moi sinon j’allais devenir folle... Après un long moment j’ai eu le eu le courage de lacher le morceau (parce que je suis très timide), et enfin j’ai réussis à dire : « je suis homosexuelle »... Leur silence m’a fait flipper alors j’ai essayé de me justifier « ouais nan mais je voulais vous le dire parce que blablabla »… mais ils m’ont rassurée ensuite en me disant que cela ne changeait rien. Depuis ce jour je me sens soulagée.

Bon, moi je me suis rendu compte à 15 ans que j’étais Gay. Ca faisait plusieurs mois que je me posais des questions. J’ai eu peur, et je me suis sentie seule, mais je me suis rendue à l’évidence, et j’ai enfin accepté le fait que je sois Gay. J’en ai d’abord parlé à ma meilleure amie, elle a rigolé et m’a dit qu’elle le savait… Ensuite je l’ai dit à une des sœurs de ma mère qui m’a beaucoup aidée. Jusque là, tout se passait relativement bien, j’ai bien dit jusque là… parce que quand je l’ai dit a ma mère, elle ne ma rien dit, et elle est partie. OK ça pouvait être le choc, mais quand elle est revenue me parler elle m’a dit que ça ne pouvait pas être vrai, que c’était parce que je voulais de l’attention. Elle m’a dit de n’en parler à personne, ça m’a beaucoup blessée. Mon père étant mort, j’étais d’autant plus triste. Quand j’ai essayé d’en parler avec ma grand-mère, elle m’a dit qu’elle trouvait ça contre-nature, et qu’elle avait honte de moi... Je me sentais vraiment très mal.

Ça peut paraître tôt, mais j’en suis sûr, je suis gay. Depuis tout petit, je suis différent. Quand j’avais environ trois ans, le foot, et tout autres trucs de mecs, ça ne m’intéressait absolument pas. Je préférais aller vers mes « copines » pour jouer… Aux trucs de filles ! En grandissant je me suis lassé de tout ça. La différence était toujours en moi. Donc au collège, ça été le fiasco total. Tous les jours insulté, tous les jours rabaissé, parfois même frappé (alors que je ne savais pas moi même que j’étais gay). Du tout début de la sixième jusqu’au début de la quatrième, c’était ça. Ça m’a valu plusieurs tentatives de suicide. Je suis donc allé chez un psychologue en début de cinquième et en début de quatrième, je paniquais à cause de ce « début d’attirance ». Pour me rassurer je suis sorti avec plusieurs filles et après Noël. Je me suis enfin assumé dans ma tête en tant que gay .Mes parents ne sont pas encore au courant. Il me reste encore un long chemin à parcourir.


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HARCELEMENT ET HOMOPHOBIE

Le temps passe mais l’homophobie continue. chaque jour des personnes en sont victime et on ne fait rien. Les homosexuelles aussi en souffrent, il est temps que les choses changent.   Le tumulte du débat sur le mariage pour brûle en enfer », «  sale lesbienne », « c’est tous est passé, mais l’homophobie per- dégueulasse », etc.), et des crachats et siste à un niveau élevé en France. L’asso- des coups parfois très violents (coups de ciation SOS homophobie publie mardi poing, bouteille cassée sur la tête) sont 12 mai son rapport annuel, qui constitue dénoncés. De nombreux cas de rejet et l’unique baromètre disponible en France de harcèlement sont également signalés. sur ce sujet. Les chiffres sont moins ca- Des agressions d’une violence inimagitastrophiques que ceux de l’édition nable à notre époque... Comme celui de 2014, mais ils démontrent l’« enracine- Houda, 14 ans, qui a fait son coming out ment » de l’homophobie en France, selon dans son collège des Yvelines, et que ses le président de l’association Yohann Ros- camarades ne veulent plus toucher de zéwitch. La loi sur le mariage pour tous, peur d’être « contaminés » (comme si rapidement entrée dans les mœurs avec c’était une maladie), à qui l’on lance des 10 000 unions célébrées en 2014, et la vi- pierres ou l’on suggère de se jeter sous un sibilité nouvelle de parents homosexuels, train. Projetée par-dessus la rambarde n’ont donc pas fait reculer les actes ho- des escaliers par un groupe d’élèves, elle mophobes sur le long terme. L’associa- est désormais déscolarisée, rapporte SOS tion a recueilli 2 197 témoignages en 2014. homophobie. Le rapport décrit aussi le Cela représente une baisse de 38 % par cas de Violette 18 ans, dont le père, aprapport à 2013, année record où elle dé- prenant son homosexualité, l’a frappée nombrait 3 517 témoignages, en hausse de tellement fort qu’il lui a cassé le bras et 80 % par rapport à 2012. « Ce sont les pro- lui a dit qu’elle ne méritait que « de crever pos généraux, tenus dans le contexte du dans les pires souffrances ». Ou encore débat politique, qui ont reculé », observe de Pierre et de Miguel, qui habitaient un M. Roszéwitch. Cependant, l’augmenta- village depuis six mois quand un nouveau tion reste importante si les données sont voisin s’est installé et s’est mis à les insulcomparées avec celles de l’année 2011, ter, les menaçant avec un revolver ou son antérieure au débat sur le mariage pour chien, etc. L’association relève qu’Intertous. Les témoignages d’homophobie vé- net reste le principal lieu d’expression de cue au quotidien, dans la famille, le mi- l’homophobie. La liberté d’expression est lieu scolaire, professionnel, ou encore le souvent convoquée pour justifier des provoisinage, sont stables ou augmentent. pos pénalement répréhensibles (injures, « L’homophobie ordinaire persiste », com- incitations à la discrimination, appels mente Monsieur Roszéwitch. Le chiffre au meurtre). Exemples parmi d’autres : des agressions reste « Les PD, quand de vrais UNE AGRESSION inquiétant. Les témoihommes seront au pouvoir gnages sont en recul de TOUS LES DEUX JOURS on les enfournera dans les 14 %, mais équivalent chambres à gaz ! », « Si j’ai tout de même à une agression signalée un enfant homosexuel je le tue de mes tous les deux jours. Encore ne s’agit-il que propres mains, je suis homophobe et j’asde celles rapportées à SOS homophobie, sume. » SOS homophobie salue la réactidonc d’une petite partie du phénomène. vité grandissante de Twitter notamment, D’autres facteurs peuvent expliquer en qui supprime de ses « tendances » les partie la hausse globale des témoignages : mots-clés homophobes qui lui sont signala plus grande propension des victimes à lés, afin d’éviter l’effet d’entraînement. témoigner, et la notoriété grandissante Les signalements de l’association sont de l’association. Les comportements ho- pris en compte de manière prioritaire demophobes sont décrits avec précision. puis 2013. Les injures représentent les cas les plus nombreux (« PD de merde », « les PD ça M. Roszéwitch.

ENQUÊTE L

a veille de la Journée internationale contre l’homophobie, qui depuis huit ans a lieu le 17 mai, en hommage au 17 mai 1990, jour où l’Organisation mondiale de la santé a retiré l’homosexualité de la liste des maladies mentales, l’association SOS Homophobie a publié mercredi son seizième rapport sur l’état de l’homophobie en France. Les Français semblait évoluer de manière favorable sur la question de l’homosexualité, le rapport sur l’homophobie 2012 révèle qu’un cas sur trois relève de l’homophobie de proximité, c’est-à-dire au travail, en famille ou dans le voisinage. «  Des manifestations plus spectaculaires avaient occulté la réalité quotidienne de l’homophobie, mais elles ont diminué avec la médiatisation et l’acceptation croissante de l’homosexualité dans le part de leur supérieur hiérarchique qui débat public et, aujourd’hui, on se rend ont témoigné. Une situation inquiétante compte de ce bastion d’homophobie qui qui s’expliquerait, pour l’association, par persiste dans la société », analyse Elisa- la situation de crise économique. « Pour beth Ronzier, présidente de l’association renvoyer des gens sans les licencier, on SOS Homophobie et directrice de publi- peut choisir la solution du harcèlement », cation du rapport. Pour rendre compte estime Elisabeth Ronzier. Les victimes de ce quotidien, l’association s’est basée n’osent souvent pas porter plainte et quittent d’eux-mêmes leur sur les 1556 témoignages récoltés pendant un an un HARCÈLEMENT emploi. La même logique prévaut dans les rapports de peu partout en France. JaAU TRAVAIL voisinage. « Les occasions ne mais autant de personnes n’avaient participé à ce rapport annuel : manquent pas d’utiliser l’homosexualiune augmentation certainement due à té réelle ou supposée ou la transidentité une plus forte mobilisation de la part de pour envenimer un conflit banal. Parce SOS Homophobie, mais qui correspond qu’elles s’inscrivent dans une sphère aussi à « une libération de la parole des privée où l’agresseur est dans la pluvictimes », d’après Elisabeth Ronzier. Le part des cas une personne identifiée, nombre de témoignages reçus en 2011 beaucoup de victimes ne souhaitent pas sur des actes d’homophobie au travail est porter plainte, pour ne pas aggraver la en forte hausse par rapport aux années situation ou par peur de représailles », précédentes (+ 36 %). Ce sont majoritaire- peut-on lire dans le rapport. Des situament des hommes de 35 à 50 ans, vivant tions qui amènent les victimes à croiser en province, et recevant des insultes de la leurs agresseurs quotidiennement et qui


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Sergio Goncalves

peuvent mener à des états de détresse. si les insultes restent majoritaires, les Le 13 décembre 2011, l’Institut de veille altercations dégénèrent bien souvent en sanitaire (InVS) a dressé un état des lieux agression physique. Les récits sont nomdu suicide en France en s’intéressant par- breux, souvent suivant le même schéma : ticulièrement aux « minorités sexuelles des personnes de même sexe sont interface au risque suicidaire ». Dans l’éditorial pellées verbalement par des personnes du bulletin hebdomadaire, Jean-Louis souvent en groupe, et les insultes fusent. Terra, professeur de psychiatrie à l’Uni- Comme l’histoire de Justine : sortie fumer devant un bar gay, elle se versité Claude-Bernard de AGRESSION fait accoster par deux femmes Lyon écrit que « l’homovisiblement éméchées qui la phobie, et non l’orientation DANS LA RUE traitent de « sale lesbienne » sexuelle par elle-même, est le principal facteur qui peut induire un et la jettent à terre pour la frapper, fisur-risque de crise suicidaire et de ten- nissant par s’échapper en lui volant son tative de suicide ». les faits révèlent une portable. Les témoignages sur les agreshomophobie latente qui peut se déclarer sions visant les lesbiennes dans les lieux partout. Parmi tous les témoignages ras- publics ont été plus nombreux cette ansemblés par l’association, 11 % d’entre eux née. Suzanne témoigne : alors qu’elle emportent sur les agressions subies dans les brassait sa compagne sur le quai du RER, lieux publics, et tout particulièrement la un homme surgit et met sa main dans le rue ou les parcs. « Comme l’homophobie soutien-gorge de sa copine. Pour SOS Hoest de plus en plus réprimée, on assiste à mophobie, « ces situations démontrent une radicalisation de l’homophobie », in- qu’une relation homosexuelle entre siste Elisabeth Ronzier.Selon le rapport, femmes est acceptée tant qu’on laisse

une possibilité à l’homme d’y participer comme dans le schéma intégré de la pornographie. Dans le cas contraire, l’agressivité surgit. » Comme tous les ans, c’est pourtant sur Internet que l’homophobie continue à être la plus active, notamment grâce à l’anonymat et à la distance permis par le Net. C’est pour cela que l’association SOS Homophobie a créé, il y a quelques années, la brigade d’intervention contre l’homophobie et le sexisme sur Internet (Biche). Cette brigade composée d’une dizaine de personnes réparties sur le territoire français interviennent suivant les réclamations qui lui parviennent. Commentaires, forums, blogs ou applications homophobes : toutes ces dérives du Net sont traquées et autant que possible supprimées. Mais bien souvent, les détracteurs les plus virulents de l’homosexualité s’arrangent pour se faire héberger à l’étranger, afin de ne pas tomber sous le coup de la loi française. Malgré tout, les « Biches » ont réussi quelques coups

d’éclat. Elles n’ont pas hésité à dénoncer l’application très douteuse « Mon fils estil gay ? » accessible sur l’Androïd Market en octobre 2011, et supprimée depuis, qui proposait aux mères inquiètes de découvrir en vingt questions et autant de clichés la sexualité supposée de leur enfant. Pour faire évoluer les mentalités, l’association mise sur la prévention, dès le collège et le lycée. Comme le souligne Olivier Vecho, maître de conférences en psychologie du développement à l’Université Paris Ouest-Nanterre et spécialiste de l’homophobie, « le milieu scolaire est propice aux manifestations de l’homophobie », car « les interactions entre adolescent-e-s y sont souvent peu soumises au contrôle des adultes, et les personnels de l’éducation nationale sont peu sensibilisés à la question de l’homosexualité ». C’est pourquoi il faut toujours faire attention et écouter les jeunes. lemonde.fr


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UN DÉLIT EN ALGÉRIE

Sophie Hubert

REPORTAGE C’est le même rituel depuis neuf ans. Allumer une bougie le 10 octobre à 20 h, à l’occasion du TenTen, pour mettre en lumière la communauté LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transexuels) algérienne. Mais cette année, l’initiative lancée par l’association Alouen prend une tout autre dimension. En Tunisie, la société civile a jeté un pavé dans la mare en demandant l’abrogation de l’article 230 du Code pénal selon lequel « la sodomie et le lesbianisme » sont passibles de trois ans de prison. Un sursaut qui pourrait donner des idées à l’Algérie, où l’homosexualité est aussi un crime. Ce délit est en effet puni par les articles 333 et 338 du Code pénal : « Tout coupable d’un acte d’homosexualité est puni d’un emprisonnement de deux mois à deux ans et d’une amende de 500 à 2 000 DA [dinars algériens, de 4 à 16 euros]. Si l’un des auteurs est mineur de 18 ans, la peine à l’égard du majeur peut être élevée jusqu’à trois ans d’emprisonne-

ment et 10 000 DA d’amende [84 euros]. » Malgré cette chape de plomb, la parole se libère en Algérie. De plus en plus d’homosexuels osent ainsi affronter le regard des autres mais surtout de leur famille en faisant leur coming out. Une petite révolution dans un pays pétri de traditions musulmanes et patriarcales. Portraits croisés. (Les prénoms ont été changés par respect pour les personnes.)

« Je ne suis ni triste, ni heureux » Amine a toujours su qu’il aimait les hommes. Pourtant, il a bel et bien failli se marier. Une manière de fuir ce qu’il était et d’être en paix avec la religion musulmane. « Je me suis dit que si je me mariais, je réglerais le problème, que j’aurais la vie de tout le monde », raconte-t-il. Amine porte son choix sur « la fille la plus masculine de la ville ». Pendant un an, ils

se voient tous les soirs pour préparer le mariage. « On restait souvent seuls dans la même chambre et il ne s’est jamais rien passé », se souvient-il en précisant qu’avec le temps, elle avait fini par « comprendre ». Une situation d’autant plus paradoxale que sa fiancée était elle-même homosexuelle  : « Le mariage l’arrangeait, elle aussi. C’était une couverture. Mais on n’en a jamais parlé ouvertement, c’était un sujet trop tabou. » Et puis, il y eut le déclic. La jeune femme refuse de lui dire « je t’aime ». Et elle affirme haut et fort qu’elle ne prononcera jamais ces mots. Une manière détournée de faire son coming out. « J’ai alors compris que je ne pouvais pas vivre avec elle. Je me suis dit qu’elle avait raison, que moi aussi j’étais gay. » La rupture est consommée. Les amoureux de papier ne se reparleront plus jamais. L’option du mariage est définitivement exclue. Et petit à petit, Amine commence à accepter sa sexualité. Le jeune homme

Alors que la communauté LGBT algérienne s’apprête à célébrer le 9e TenTen, journée de solidarité nationale, les homosexuels maghrébins tentent de faire entendre leur voix ; Portraits croisés. n’a jamais de relation avec un homme, hormis quelques « flirts à 18-20 ans, mais rien de sérieux ». Ce n’est qu’à l’âge de 30 ans qu’il a osé dire l’indicible. « J’ai fait mon coming out auprès de ma mère avant même d’assumer complètement ma sexualité. Dans mon inconscient, si ma mère m’acceptait, je pouvais m’accepter moi-même », murmure-t-il. La révélation est brutale. Excédé par les complaintes de sa mère sur les difficultés de la vie, le jeune homme explose. Crûment. « Je lui ai dit : ‘je suis homosexuel, je suis pédé, je suis une tarlouze… » Sa mère écarquille les yeux. La sexagénaire est sous le choc même si elle confesse avoir « toujours su ». Pour répondre à ses interrogations, il décide de coucher les mots sur le papier. « Elle a lu ma lettre et m’a dit : Ça ne change rien, tu restes toujours mon fils.’ » Pourtant, tout change. « On ne s’entendait pas du tout avant, maintenant c’est exactement l’inverse. Tout petit, je pensais


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que je n’avais pas de mère. On ne s’entendait pas, on ne s’aimait pas », regrette Amine. Le jeune homme réalise alors qu’il ne s’agissait que de pudeur. Dans les société arabo-musulmanes, on ne montre pas facilement ses sentiments. Seul son père, qui a quitté le domicile familial 15 ans auparavant, ignore toujours qu’il est homosexuel. « Il me parle tellement de mariage que la dernière fois, j’ai failli lui demander s’il voulait que je lui fasse un dessin. Mais je me suis retenu car j’avais peur qu’il ait une crise cardiaque », insiste Amine en ajoutant que « tout ce qui compte, c’est l’avis de ma mère ». Aujourd’hui, Amine est célibataire. « Je me fais souvent draguer mais je n’ai pas du tout envie de rencontrer quelqu’un. Ça ne sert à rien. Je suis quelqu’un de cérébral. Le monde des gays est un monde à part. Pour moi, ça ne se résume qu’au sexe. J’ai l’impression que je ne trouverai jamais la bonne personne. Tant que j’aurai l’impression de ne pas être à ma place, je ne pourrai pas. » Quant à sa vie sociale, elle se réduit comme peau de chagrin. « C’est un peu par choix mais pas totalement. Je me sens incompris. Je me suis longtemps senti seul. Quand j’étais petit, j’avais des tas de clichés sur les homosexuels, comme leur tendance à être efféminés. J’ai construit ma vie autour de ça. J’ai arrêté les études parce que je croyais qu’il n’y avait que les gays qui faisaient des études », regrette-t-il, la tristesse dans la voix. Amine semble presque étranger à sa vie. Un spectateur esseulé, quasi misanthrope. « Je ne suis ni triste, ni heureux. Je vis au jour le jour. Je ne cherche pas à avoir de relation avec quiconque », assume le trentenaire. Ses amis sont loin, à Alger, à 500 km de là. Il ne les voit qu’une fois par an. Mais Amine ne s’en plaint pas. Gérant d’une sandwicherie, alors qu’il est en contact permanent avec la clientèle, il ne parle pourtant « presque avec personne ». « Je fais mon travail comme un robot. J’ai une arrière-boutique où je passe la plupart de mon temps à fumer des joints », lance-t-il sur un ton monocorde. Ce qu’il attend de la vie ? Pas grand-chose, confie Amine. Premier à avoir quitté le domicile familial, il a été contraint d’y retourner il y a deux mois. Non pas par manque d’argent mais par « obligation ». Ses frères et sœurs ont quitté le nid pour se marier, laissant sa mère seule. Impensable. Dans les sociétés arabo-musulmanes, les enfants n’abandonnent par leurs parents. Même grabataires. Un sacrifice qu’Amine est prêt à assumer, quitte à mettre sa propre vie de côté. « Tant que ma mère est vivante, je suis obligé de rester avec elle. Si jamais je ne meurs pas avant elle, le jour où elle partira, je partirai d’ici. J’irai n’importe où. J’ai envie de ne connaître plus personne. Ça peut paraître triste mais mon rêve, c’est de vivre à la Robinson Crusoé. Seul avec la nature. » Assiya Hamza

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MEURTRE HOMOPHOBE ENQUÊTE

Le meurtre du jeune Ihsane Jarfi, séquestré et tabassé à mort le 22 avril dernier en sortant d’un bar gay à Liège, illustre tragiquement ce à quoi peut mener l’homophobie, ce sentiment d’aversion éprouvé par certains à l’égard des homosexuels, lesbiennes et bisexuels (Holebi) et des transgenres. Un exemple extrême qui ne doit pas cacher la haine ordinaire qui s’exprime quotidiennement : on ne compte plus les insultes, le harcèlement et les agressions. A tel point qu’une association, Outrage, mise sur pied en janvier dernier pour lutter contre l’homophobie, les discriminations et les violences à l’égard des homosexuels, a lancé une pétition « Stop gaybashing ! » (« Halte au harcèlement à l’égard des gays ! »). Jeudi, comme il l’avait annoncé, le Premier ministre Elio Di Rupo (PS) a rencontré les associations à l’initiative de cette pétition, avec les ministres chargées de la Justice, Annemie Turtelboom (Open VLD), et de l’Intérieur et de l’Egalité des chances, Joëlle Milquet (CDH). « Il faut agir ! » avait lancé également Di Rupo sur son Twitter.

L’accord du gouvernement Papillon évoque le rôle précurseur que la Belgique doit jouer dans l’égalité des droits pour les gays et les bisexuels. Il y est précisé que le gouvernement affichera la plus grande fermeté à l’égard des violences commises contre ces personnes. En Belgique, sur papier, les homosexuels ont de nombreux droits, comme le mariage et l’adoption. Et l’arsenal législatif permet de considérer comme circonstance aggravante le fait que les actes aient été commis par haine de l’appartenance sexuelle de la victime. Depuis 2006, les parquets sont obligés de noter officiellement dans la procédure de traitement de la plainte que le délit a été inspiré par l’homophobie. Le parquet de Liège a d’ailleurs requalifié dans ce sens le meurtre d’Ihsane Jarfi. Mais il ne fait pas bon de se promener dans la rue, quand on est gay ou lesbienne, relève Bjorn Pius, coordinateur d’Outrage. Au point que l’association a fait développer une application « Gaybashing » pour smartphones, permettant aux Holebi de signaler instantanément toute agression verbale ou phy-

QUELQUES INFOS

sique subie pour les répertorier sur une carte de Belgique. Si l’homophobie reste largement sous-estimée, elle devient de plus en plus visible. On se souvient qu’en juin 2011, un jeune homme s’est fait taper dessus en plein centre de Bruxelles, uniquement parce qu’il était homo. Outre les agressions physiques, les injures et «sale pédé» fusent régulièrement. Mais ces faits sont très peu rapportés. Ainsi, en 2010, la police n’a enregistré qu’une cinquantaine de plaintes et seuls quatre dossiers d’agression homophobe ont été identifiés auprès des parquets belges. Des chiffres qui ne reflètent donc en rien la douloureuse réalité vécue par les Holebi. Selon une étude réaliser par Stefaan de Clerck, six homos sur dix confiaient avoir déjà été victimes de violence verbale ; 10 % d’agression physique. Or, selon le Centre pour l’égalité des chances, les homosexuels, lesbiennes et bisexuels représenteraient entre 5 et 10 % de la population belge... Lalibre.be

NUMÉRO UTILE

COMBIEN Y-A-T-IL DE PERSONNES HOMOSEXUELLES EN FRANCE ?

SOS HOMOPHOBIE

Selon une étude de l’Inserm (recherche médicale) et de l’Ined (démographie) sur la sexualité des Français publiée en 2008, 4% des femmes et 4,1 % des hommes de 18 à 69 ans déclarent avoir déjà eu des pratiques sexuelles avec un partenaire du même sexe. Mais seulement 1 % des femmes et 1,6 % des hommes déclarent avoir eu des rapports sexuels avec une personne du même sexe au cours des douze derniers mois.

Tél : 01.48.06.42.41 Pas d’écoute les jours fériés. Lundi à vendredi : 18h - 22h Samedi : 14h - 16h Dimanche : 18h - 20h Chat’écoute tous les jeudis 21h - 22h30 et dimanches 18h - 19h30

COMBIEN Y-A-T-IL DE COUPLES DE MEME SEXE ?

SOS HARCÈLEMENT

Les couples corésidents de même sexe avoisineraient 1 % du nombre total des couples, chiffre analogue à celui des pays voisins, poursuit l’Institut national des études démographiques. Selon l’Insee, la France compte environ 15 millions de couples. Le nombre de couples de même sexe avoisinerait donc les 150 000.

Tél : 06 07 24 35 93 Adresse : 11 rue des Laboureurs , 94150 Rungis Email : courrierhms@aol.com

Pedro Diaza


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Clément fints

MARIAGE GAY ANNULÉ : TROIS MOIS DE PRISON Trois mois de prison avec sursis et une amende de 1 500 euros ont été requis, mardi 1er septembre, contre Sabrina Hout, adjointe au maire du 8e secteur de Marseille. L’élue avait monté un stratagème pour ne pas avoir à unir Claude et Hèlene, deux femmes qui s’étaient mariées le 16 août 2014 dans cette mairie des quartiers Nord. Agent hospitalier et militante associative dans les cités, élue pour la première fois en 2014 sur la liste de Samia Ghali, sénatrice et maire (PS) du secteur, Mme Hout était poursuivie devant le tribunal correctionnel de Marseille sur citation directe du couple pour discrimination à raison de l’orientation sexuelle. Plainte pour discrimination après un mariage annulé à Marseille. Il s’agit de la première affaire sur les 17 500 mariages homosexuels célébrés en France depuis la promulgation de la loi du 17 mai 2013,

a assuré la procureure Marie-Blanche Régnier, qui a salué « le combat légitime et juste » de Claude et Hélène. « Dans le combat pour le mariage pour tous, les associations s’attendaient à ferrailler contre de bons hétérosexuels, cathos, machos et fachos et nous sommes là face une jeune femme de gauche, célibataire, moderne et musulmane », s’est étonné Me Philipe Vouland, avocat du couple. « Nous vivons dans les quartiers Nord de Marseille, au milieu de gens de toutes les religions, de toutes les couleurs et, en douze ans, nous n’avons jamais subi un regard, une remarque », a expliqué Claude, fonctionnaire de police. « La première discrimination, nous l’avons subie dans une mairie, commise par un officier d’état civil », a complété Hélène. Le jour de leur mariage, en présence de leurs amis, de leurs familles, des collègues de travail et des en-

fants de l’une d’elles, Sabrina Hout s’était fait remplacer par Christian Lancien, conseiller d’arrondissement non habilité à célébrer les mariages. Juste avant l’entrée des mariées, elle avait placé sur le bureau le cavalier portant le nom d’un autre élu. « Il est black comme toi », glissait-elle à son collègue. Elle avait auparavant signé le registre d’état civil et le livret de famille, ce qui constitue un faux. Ces éléments avaient provoqué l’annulation du mariage par la justice fin 2014. L’élue s’était vue retirer en octobre sa délégation à la famille. « Une réticence » Christian Lancien, l’appariteur et l’officier d’état civil ont tous affirmé que Sabrina Hout avait agi en raison de ses convictions religieuses. Un agent l’a décrit « très excitée tapant des pieds ». Coupe de cheveux branchée, robe d’été vert amande, Sabrina Hout a contesté tout sentiment homophobe. Et

l’a fait confirmer à la barre des témoins par un ami de vingt ans, élu de droite revendiquant son homosexualité. Elle s’est défendue d’avoir subi des pressions de ses frères – « Si tu fais ces mariages, tu iras en enfer » – mais a reconnu « une réticence » face au mariage pour tous, ayant évoqué sa « réserve » lors d’une réunion d’élus sur le sujet. « J’étais indécise, c’était nouveau. Il fallait que je réfléchisse », a-t-elle expliqué. Usant de faux-fuyant, d’aveux incomplets, Mme Hout a évoqué « un mauvais concours de circonstances ». Face au tribunal, qui rendra son jugement le 29 septembre, elle a assuré s’être fait traiter d’islamiste, de terroriste. Ses explications sont demeurées confuses. Son avocat Me Alain Lhote a plaidé « l’absence d’intention de discriminer ». Luc Leroux


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GARETH THOMAS : « J’AI VOULU ME SUICIDER »

L’ex-capitaine de l’équipe du Pays de Galles, Gareth Thomas, premier rugbyman international à avoir assumé publiquement son homosexualité, s’est longuement confié dans l’émission « Sept à Huit » sur TF1. Sur un terrain de rugby, Gareth Thomas ne manquait pas de courage. En dehors, encore moins. En 2009, le rugueux capitaine de l’équipe du Pays de Galles, qui a longtemps cultivé une image de brute sanguinaire, est en effet devenu le premier rugbyman international de l’ère professionnelle, et même le premier joueur international d’un sport collectif, à assumer publiquement son homosexualité. Il est revenu ce dimanche sur son long calvaire, puis sur la façon dont ce coming-out a changé sa vie, dans l’émission Sept à Huit sur TF1. « J’ai gagné beaucoup de trophées, j’ai joué dans les plus grandes équipes, mais j’ai gâché cette partie de ma vie. J’ai même voulu me suicider tellement j’avais honte, embrayet-il. J’étais un homme avec deux visages : celui du rugbyman, dur et fort, et celui de l’homme, seul et triste. » Il faut dire que le solide gaillard s’est obligé à mentir durant de longues années. « J’ai compris que j’étais homo quand j’étais à l’école, vers l’âge de 14 ans, au moment où mes camarades commençaient à parler des filles. Du coup, je ne me suis plus intéressé qu’au rugby, pour ne pas qu’on découvre que j’étais différent. » Un jour, un suppor-

ter le traite de « pédé » depuis les tribunes d’un stade : « Je suis devenu fou. Et ma réaction a été de lui répondre de façon virile et macho, en le frappant, pour lui prouver que j’étais tout le contraire. » Un autre jour, c’est un adversaire qui l’insulte ainsi en plein match : « J’ai alors tout fait pour lui rendre la vie la plus atroce possible, chaque fois que je l’ai affronté ensuite. Je voulais qu’il considère que j’étais son adversaire le plus dur. Et il a pris très cher pendant des années. » Avant de mentir aux autres, il faut souvent se mentir à soimême. Pourtant, Gareth Thomas ne vivait pas mal les insultes homophobes, très utilisées dans le monde du rugby, quand elles étaient lancées dans son propre vestiaire. « J’essayais de ne pas réagir, parce que je savais aussi qu’ils ne pensaient pas à mal. C’était juste une façon de parler. » Comment vivait-il, en tant que capitaine, la vision de tous ces hommes nus dans les douches ? « C’est vrai que le rugby est un sport de contact, que les homos peuvent trouver très érotique. Mais je voyais le rugby comme ma profession, et rien d’autre, je n’ai aucun soucis avec ça. »

ACTU

MARIAGE GAY : « SOUS LE CHOC » « Ce n’était pas une simple bousculade ». Pour Caroline Fourest, les incidents qui ont émaillé la manifestation organisée par l’institut Civitas contre le mariage homosexuel relevaient plutôt du tabassage en règle. Dimanche après-midi, 14h30, près de 9.000 catholiques se retrouvent autour de la station Ecole Militaire pour défiler contre le projet de loi sur le mariage pour tous. Neuf jeunes militantes des Femen, ce groupe de féministes connues pour leurs actions topless et radicales, suivies par la documentaliste Caroline Fourest à la caméra, débarquent au milieu du cortège, déguisées en nonnes. Elles retirent leurs hauts devant les manifestants et commencent à crier « In Gay we trust » et aspergent le cortège à l’aide d’extincteurs domestiques sur lesquels elles ont inscrit « Jesus Sperm » ou « holly sperm ». C’est là que les choses dégénèrent. Selon les jeunes femmes et plusieurs journalistes présents sur place, elles sont prises à parti et pourchassées par le service d’ordre de Civitas et par certains manifestants. « C’était le chaos, raconte

Eloïse, encore sous le choc. On m’a tapé la tête contre un capot de voiture ». Elle a aujourd’hui un torticolis, le dos bloqué et une ecchymose sur le visage. « Mon amie Inna a eu une dent cassée à cause d’un coup de poing. Une autre a reçu un coup de tête et a la lèvre fendue ». Toutes les jeunes femmes affirment avoir été pourchassées « et aucun manifestant ne nous a prêté main forte », affirme Eloïse. Sur son blog, Caroline Fourest, essayiste et journaliste témoigne elle aussi de la violence de la scène. »Voyant mon appareil (mais sans me reconnaître dans un premier temps), ils m’ont jetée au sol. Ma tête a violemment heurté le bitume quand j’ai senti les coups de pieds pleuvoir, sur tout mon corps. métronews

Gil Larson

LES HOMOSEXUELS POURRONT DONNER LEUR SANG «SOUS CONDITIONS» EN 2016 La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé dans un entretien au Monde ce mercredi l’autorisation du don du sang par les homosexuels dès « le printemps 2016 ». « C’est la fin d’un tabou et d’une discrimination (...) On ne pourra plus être exclu du don du sang en raison de son orientation sexuelle », s’est félicitée la ministre. S’ils n’ont « pas eu de relation sexuelle » depuis un an... Une avancée réclamée de longue date par les associations de défense des droits des homosexuels et bisexuels qui se fera bien sûr néanmoins « sous conditions ». « La sécurité des personnes transfusées doit absolument être respectée. Pour que notre approche soit incontestable, je la veux étayée scientifiquement », a ainsi bien expliqué Marisol Touraine. « Nous allons donc procéder par étapes. Dans un premier temps, le don du sang sera ouvert aux homosexuels n’ayant pas eu de relations

sexuelles avec un autre homme depuis douze mois ». Les homosexuels pourront donc donner leur plasma s’ils sont dans une relation stable depuis quatre mois ou s’ils n’ont pas eu de relations sexuelles sur la même période, a-t-elle poursuivi. Cette décision fait suite à de nombreux rebondissements. Depuis toujours, les homosexuels sont considérés comme une « population à risque ». Un risque plus grand d’être séropositif que le reste de la population. Mais comme l’expliquait en 2013 Olivier Véran, député PS de l’Isère et auteur d’un rapport sur la filière sang remis au ministère de la Santé, « Ce n’est pas parce que vous êtes homosexuel que vous avez forcément le sida. Ce n’est pas parce que vous êtes homosexuel que vous avez des pratiques sexuelles à risque. C’est une vision complètement dépassée, il faut évoluer avec notre temps ! » juliette périot


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