L’ARCHITECTURE PAR PASSION KARL SCHWANZER
KARL SCHWANZER L’ARCHITECTURE PAR PASSION 25 ans de travail
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Vienne-Munich 1973
Sommaire Préface Fragments Voir et penser Air, eau, terre Construire avec des questions Conservation des monuments La construction est également un travail d’ingénieur La formation de l’architecte Recherche et application Rencontres avec Karl Schwanzer Jürgen Joedicke: L’architecte Karl Schwanzer Peter Blake sur Karl Schwanzer Günther Feuerstein : Propos d’atelier Laurids : Le tigre en chef d’orchestre Sepp Frank: L’archinaute Gerhard Krampf : Pourquoi travaillonsnous avec Schwanzer ? Karl Fleischer: Seilergasse 16 Expositions Exposition industrielle, Vienne 1951 Exposition Dienst am Volk, Vienne 1952 Exposition Vindobona 2000, Projet 1967 Expositions universelles Pavillon du Conseil de l’Europe Exposition universelle, Bruxelles 1958 Pavillon autrichien, Exposition universelle, Bruxelles 1958 Pavillon autrichien, Exposition universelle, Montréal 1967 Pavillon allemand, Exposition universelle, Osaka 1970, Projet 1967 Résidences Maison, Vienne 1962 Ambassade d’Autriche à Brasilia, en construction 1974 Musées Galerie du XXe siècle, Projet 1972 Musée du XXe siècle, Vienne 1964 Musée BMW, Munich 1973
Bâtiments administratifs Bâtiment administratif Philips, Vienne 1966 Bâtiment administratif IBM, Vienne 1966 Projet de maison oignon, Munich 1970 Projet la Cour des comptes, Vienne 1972 Bâtiment administratif BMW, Munich 1973 Bâtiments industriels Cimenterie Perlmooser, Mannersdorf 1970 Bâtiments BMW, Munich 1971-1973 Parking BMW, Munich 1971 Bâtiment administratif, Munich 1973 Musée BMW 1973 Hôpital Hôpital des accidentés de Graz 1974 Communauté d’enfants Jardin d’enfants de la ville de Vienne, Exposition universelle, Montréal 1967 Halte-garderie à Vienne 1973 Logements pour personnes âgées Maison de retraite Augarten, Vienne 1974 Construction d’églises Eglise paroissiale, Pötzleinsdorf, Vienne 1964 Eglise paroissiale, Leopoldau, Vienne 1972 Crypte des Capucins, Vienne 1960 Espaces publics Place de l’Albertina à Vienne, Projet 1973 City Center, Vienne, Projet 1968 Question de formation Institut pour la promotion de l’économie WIFI, Vienne 1963 Institut d’électrotechnique de l’Université technique, Vienne 1966 Institut pour la promotion de l’économie, St. Pölten 1972 Institut zoologique de l’Université de Vienne 1972 Université de Vienne, Projet d’expansion 1973
Enseignement à l’Université technique de Vienne Recherche et application Théorie de la construction - Diversité du travail de design Enseigner en apprenant Quelques aphorismes notés en marge des travaux soumis par les étudiants Liste des travaux 1947 - 1973 Biographie Crédits
Préface Lors de sa parution en 1973, le livre de Karl Schwanzer ARCHITEKTUR AUS LEIDENSCHAFT (L’ARCHITECTURE PAR PASSION) se voulait être un compte rendu de vingt-cinq ans d’activités. Deux ans plus tard, au décès inattendu de Karl Schwanzer, il allait devenir son testament d’architecte et de professeur. Les réflexions, qu’il a consignées dans ce livre, sont avant tout un témoignage de ses efforts pour concilier l’homme, la nature et l’architecture. Dans son œuvre comme dans son enseignement à travers ce livre et tout au long de sa vie, il a su exprimer avec enthousiasme sa préoccupation essentielle qui était de donner une entité créatrice à la tâche à accomplir. Ses disciples perpétuent ses idées dans leurs travaux. Sa quête de la forme, sa volonté de trouver des solutions adaptées à l’environnement pour les différents projets de construction attestent de la diversité de son esprit créateur. Un esprit qui, dans l’approche des problèmes, donnait toujours la priorité à une forme d’universalité individualisée sur une spécificité spécialisée. Dans les textes fragmentaires, Schwanzer a révélé ses convictions et le développement de sa personnalité. Pour lui, l’architecture a toujours été un problème culturel de la société. Nombre des solutions architectoniques d’avantgarde, préconisées pour les multiples tâches auxquelles il avait été confronté il y a des décennies et qui, jugées trop audacieuses, n’avaient pas été appliquées à l’époque, font partie aujourd’hui de l’architecture en général. Son souci de la performance professionnelle, sa joie de vivre et ses liens avec la nature, qui étaient essentiels dans l’aménagement de notre environnement, avaient surtout des racines affectives. Ils témoignent d’un sens très fort de la responsabilité d’une personnalité artistique dont la créativité place l’individu au premier plan et dont
Crédits l’objectif principal est de donner à notre environnement un caractère plus créatif et plus ludique. Ce sens de la responsabilité, qui a permis à l’architecte Karl Schanzer de s’identifier avec sa conception du travail, est aujourd’hui encore tout aussi stimulant. Il était donc logique de rendre ce livre accessible à un large public dans une version électronique. Afin de transmettre directement la spontanéité d’une personnalité artistique et la profondeur émotionnelle de ses idées et de son travail, le contenu et la présentation du livre, paru en 1973, n’ont pas été modifiés. Seules quelques petites adaptations au nouveau media ont été nécessaires. Les idées et les questions abordées par Karl Schwanzer n’ont rien perdu aujourd’hui de l’importance qu’elles avaient alors.
Karl Schwanzer L’architecture par passion a été publié en 1973 par modulverlag GmbH Vienne-Munich sous le titre : Karl Schwanzer / Architektur aus Leidenschaft 2e édition 1974
Leonie Manhardt Vienne-Munich 2005
Traduction française: Marlène Kehayoff-Michel
Texte : Karl Schwanzer Idée de mise en page : Laurids Ortner Mise en page et couverture : Angela Hareiter, Otto Kapfinger Production : Leonore Manhardt Photos : Archives Atelier Schwanzer, Baum, Chmel, Fleckseder, Gerlach, Grünzweig, Hubmann, KomersLindenbach, Kriechbaum, Manhardt, Meyer, Neubert, Penz, Pfandler, Radler, Rokos, Schmucker, Schwanzer, Simoncsics, Wölfl, Zwietasch
Version électronique 2005: Leonore Manhardt, Martin Schauer, Martin Schwanzer, Hannes Zechner
Sommaire Préface Fragments Voir et penser Air, eau, terre Construire avec des questions Conservation des monuments La construction est également un travail d’ingénieur La formation de l’architecte Recherche et application Rencontres avec Karl Schwanzer Jürgen Joedicke: L’architecte Karl Schwanzer Peter Blake sur Karl Schwanzer Günther Feuerstein : Propos d’atelier Laurids : Le tigre en chef d’orchestre Sepp Frank: L’archinaute Gerhard Krampf : Pourquoi travaillonsnous avec Schwanzer ? Karl Fleischer: Seilergasse 16 Expositions Exposition industrielle, Vienne 1951 Exposition Dienst am Volk, Vienne 1952 Exposition Vindobona 2000, Projet 1967 Expositions universelles Pavillon du Conseil de l’Europe Exposition universelle, Bruxelles 1958 Pavillon autrichien, Exposition universelle, Bruxelles 1958 Pavillon autrichien, Exposition universelle, Montréal 1967 Pavillon allemand, Exposition universelle, Osaka 1970, Projet 1967 Résidences Maison, Vienne 1962 Ambassade d’Autriche à Brasilia, en construction 1974 Musées Galerie du XXe siècle, Projet 1972 Musée du XXe siècle, Vienne 1964 Musée BMW, Munich 1973
Bâtiments administratifs Bâtiment administratif Philips, Vienne 1966 Bâtiment administratif IBM, Vienne 1966 Projet de maison oignon, Munich 1970 Projet la Cour des comptes, Vienne 1972 Bâtiment administratif BMW, Munich 1973 Bâtiments industriels Cimenterie Perlmooser, Mannersdorf 1970 Bâtiments BMW, Munich 1971-1973 Parking BMW, Munich 1971 Bâtiment administratif, Munich 1973 Musée BMW 1973 Hôpital Hôpital des accidentés de Graz 1974 Communauté d’enfants Jardin d’enfants de la ville de Vienne, Exposition universelle, Montréal 1967 Halte-garderie à Vienne 1973 Logements pour personnes âgées Maison de retraite Augarten, Vienne 1974 Construction d’églises Eglise paroissiale, Pötzleinsdorf, Vienne 1964 Eglise paroissiale, Leopoldau, Vienne 1972 Crypte des Capucins, Vienne 1960 Espaces publics Place de l’Albertina à Vienne, Projet 1973 City Center, Vienne, Projet 1968 Question de formation Institut pour la promotion de l’économie WIFI, Vienne 1963 Institut d’électrotechnique de l’Université technique, Vienne 1966 Institut pour la promotion de l’économie, St. Pölten 1972 Institut zoologique de l’Université de Vienne 1972 Université de Vienne, Projet d’expansion 1973
Enseignement à l’Université technique de Vienne Recherche et application Théorie de la construction - Diversité du travail de design Enseigner en apprenant Quelques aphorismes notés en marge des travaux soumis par les étudiants Liste des travaux 1947 - 1973 Biographie Crédits
Préface Lors de sa parution en 1973, le livre de Karl Schwanzer ARCHITEKTUR AUS LEIDENSCHAFT (L’ARCHITECTURE PAR PASSION) se voulait être un compte rendu de vingt-cinq ans d’activités. Deux ans plus tard, au décès inattendu de Karl Schwanzer, il allait devenir son testament d’architecte et de professeur. Les réflexions, qu’il a consignées dans ce livre, sont avant tout un témoignage de ses efforts pour concilier l’homme, la nature et l’architecture. Dans son œuvre comme dans son enseignement à travers ce livre et tout au long de sa vie, il a su exprimer avec enthousiasme sa préoccupation essentielle qui était de donner une entité créatrice à la tâche à accomplir. Ses disciples perpétuent ses idées dans leurs travaux. Sa quête de la forme, sa volonté de trouver des solutions adaptées à l’environnement pour les différents projets de construction attestent de la diversité de son esprit créateur. Un esprit qui, dans l’approche des problèmes, donnait toujours la priorité à une forme d’universalité individualisée sur une spécificité spécialisée. Dans les textes fragmentaires, Schwanzer a révélé ses convictions et le développement de sa personnalité. Pour lui, l’architecture a toujours été un problème culturel de la société. Nombre des solutions architectoniques d’avantgarde, préconisées pour les multiples tâches auxquelles il avait été confronté il y a des décennies et qui, jugées trop audacieuses, n’avaient pas été appliquées à l’époque, font partie aujourd’hui de l’architecture en général. Son souci de la performance professionnelle, sa joie de vivre et ses liens avec la nature, qui étaient essentiels dans l’aménagement de notre environnement, avaient surtout des racines affectives. Ils témoignent d’un sens très fort de la responsabilité d’une personnalité artistique dont la créativité place l’individu au premier plan et dont
Crédits l’objectif principal est de donner à notre environnement un caractère plus créatif et plus ludique. Ce sens de la responsabilité, qui a permis à l’architecte Karl Schanzer de s’identifier avec sa conception du travail, est aujourd’hui encore tout aussi stimulant. Il était donc logique de rendre ce livre accessible à un large public dans une version électronique. Afin de transmettre directement la spontanéité d’une personnalité artistique et la profondeur émotionnelle de ses idées et de son travail, le contenu et la présentation du livre, paru en 1973, n’ont pas été modifiés. Seules quelques petites adaptations au nouveau media ont été nécessaires. Les idées et les questions abordées par Karl Schwanzer n’ont rien perdu aujourd’hui de l’importance qu’elles avaient alors.
Karl Schwanzer L’architecture par passion a été publié en 1973 par modulverlag GmbH Vienne-Munich sous le titre : Karl Schwanzer / Architektur aus Leidenschaft 2e édition 1974
Leonie Manhardt Vienne-Munich 2005
Traduction française: Marlène Kehayoff-Michel
Texte : Karl Schwanzer Idée de mise en page : Laurids Ortner Mise en page et couverture : Angela Hareiter, Otto Kapfinger Production : Leonore Manhardt Photos : Archives Atelier Schwanzer, Baum, Chmel, Fleckseder, Gerlach, Grünzweig, Hubmann, KomersLindenbach, Kriechbaum, Manhardt, Meyer, Neubert, Penz, Pfandler, Radler, Rokos, Schmucker, Schwanzer, Simoncsics, Wölfl, Zwietasch
Version électronique 2005: Leonore Manhardt, Martin Schauer, Martin Schwanzer, Hannes Zechner
Fragments
Quand on a décidé d’être architecte, il faut avoir le courage de vouloir réaliser des utopies, être prêt à laisser mûrir son intuition. Lorsqu’on prend l’initiative de la formuler, qu’on fait preuve d’endurance pour chercher, trouver, convaincre et qu’on a finalement la force de faire naître ce qui ne vit pas encore, à ce moment-là on est créatif. L’exactitude, la ponctualité, la continuité et la modestie sont les meilleurs attributs dans cette entreprise. Nantis de ce que Dieu nous a donné de plus précieux, nos yeux, nous découvrons les qualités naturelles du monde qui nous entoure ; avec ces mêmes yeux, nous créons l’environnement artificiel nécessaire à nos besoins vitaux. La fascination inhérente à la tension que nous en ressentons est la base même de tout travail créatif. La force intérieure, qui nous pousse à résoudre les problèmes suscités par l’aménagement de notre vie se joint à la nécessité de travailler. La création n’est pas un acte douloureux, pénible, c’est un besoin exaltant, c’est se libérer des tensions intérieures. Pour moi, « travailler » à la solution d’un problème ou à un projet n’est pas un travail au sens propre du terme mais une occupation génératrice de plaisir. Je suis malheureux lorsque je ne travaille pas assez. Le travail est en quelque sorte un antidépresseur. Se concentrer sur son travail apporte une immense satisfaction, c’est un enrichissement de la vie. Lorsqu’on est habité par une idée, les efforts entrepris pour la réaliser sont un don de Dieu. Travailler dans la joie donne un sens à la vie. Travailler uniquement pour gagner de l’argent, c’est travailler sans âme et ce n’est pas gratifiant. Toutefois le travail doit être aussi accompagné de succès. Mais à quoi reconnaît-on le succès ? A la satisfaction d’avoir créé quelque chose qui a une forme, qui existe et qui n’était pas là auparavant. Ce bonheur de créer est accompagné des contraintes physiques du développement. La déception, le découragement, lorsqu’on
n’a pas atteint son objectif, font partie du jeu tout comme la suprême satisfaction d’avoir accompli une œuvre. Le bonheur que l’on ressent au plus profond de soi-même pendant le processus de la conception est une source de joie dans un acte véritablement créatif. Ce désir de bonheur, de satisfaction n’est pas dû à des contraintes de performance ou à l’appât du gain. Très tôt, je me suis dit que la qualité passe avant le gain et c’est un principe que j’ai gardé. La quête de la meilleure solution, de la perfection, est inhérente à la nature humaine même si nous portons en nous le péché originel de l’imperfection qui entrave nos efforts. Néanmoins, toute tentative pour avancer dans l’inconnu requiert et le courage d’accepter l’imperfection et la volonté de faire mieux. Parler d’une œuvre « accomplie », c’est faire preuve d’arrogance, ce serait comme une fin alors qu’il n’y a rien qui ne puisse être amélioré dans ce que l’homme fait. Je veux souligner par là qu’il faut faire preuve d’humilité devant l’œuvre et ceci tout au long de son développement. La réalisation des objectifs que l’on s’est fixés (des objectifs d’ailleurs toujours plus ambitieux) exige de la force, une force qui en fin de compte se puise aussi dans le sacrifice physique.
Les vingt-cinq années de ma vie que j’ai consacrées à faire ce qui me tenait le plus à cœur ont passé terriblement vite. J’ai rencontré de la compréhension mais aussi de l’incompréhension, j’ai eu de la chance avec mes collaborateurs, j’ai engrangé des succès. L’enthousiasme, la passion, qui vire à l’obsession, ne vous font pas toujours des amis. On se retrouve ainsi souvent seul avec ses problèmes. Je trouve pourtant que l’isolement génère une force intérieure, économise du temps et favorise la cristallisation de la vérité. Plonger au fond de soi-même, chercher sa vérité sont des actes qui s’accomplissent dans la solitude. La confusion qu’entraînent certaines discussions entre architectes est parfois néfaste même s’il convient de dire que certaines rencontres intellectuelles peuvent être précieuses et entraîner des développements fructueux. J’ai toujours aimé travailler sur la forme, le design. C’est pourquoi la conception de bâtiments d’exposition a été pour moi la première grande expérience pratique ; elle m’a permis d’expérimenter comme un événement visuel majeur aussi bien en termes de design que de perception. Ces expériences m’ont permis de saisir le rapport de proportions entre les corps et les espaces et l’impact du détail. Cette période de stress intense a constitué mon initiation aux rites du processus créatif. J’ai appris à nouveau à évaluer les risques et la tentation d’emprunter de nouvelles voies m’a encouragé à aller de l’avant.
Le métier d’architecte n’est pas un métier de tout repos avec des pauses-repas et des horaires de travail réguliers. On travaille quand on a envie d’être performant. Dès que la matière grise s’est échauffée, on s’anime, on devient critique et créatif. Il est alors impossible de se déconnecter. Les problèmes vous poursuivent jour et nuit. Vous voulez tout le temps améliorer, renouveler, recréer et former. La réflexion comme condition du travail de création est un processus permanent. La solution d’un problème vous accapare entièrement. Vous oubliez tout ce qui vous entoure, vous oubliez de manger, de dormir, d’aimer. Le travail n’est plus une corvée, c’est du plaisir, du bonheur, c’est la joie de réussir. On ne peut pas s’arrêter, convaincu que l’on est sur le point de trouver la solution l’instant d’après, une solution que l’on veut voir appliquée le plus rapidement possible. L’agitation intérieure liée au développement, au renouvellement, est fascinante, c’est une riche et gratifiante expérience.
Fragments
Quand on a décidé d’être architecte, il faut avoir le courage de vouloir réaliser des utopies, être prêt à laisser mûrir son intuition. Lorsqu’on prend l’initiative de la formuler, qu’on fait preuve d’endurance pour chercher, trouver, convaincre et qu’on a finalement la force de faire naître ce qui ne vit pas encore, à ce moment-là on est créatif. L’exactitude, la ponctualité, la continuité et la modestie sont les meilleurs attributs dans cette entreprise. Nantis de ce que Dieu nous a donné de plus précieux, nos yeux, nous découvrons les qualités naturelles du monde qui nous entoure ; avec ces mêmes yeux, nous créons l’environnement artificiel nécessaire à nos besoins vitaux. La fascination inhérente à la tension que nous en ressentons est la base même de tout travail créatif. La force intérieure, qui nous pousse à résoudre les problèmes suscités par l’aménagement de notre vie se joint à la nécessité de travailler. La création n’est pas un acte douloureux, pénible, c’est un besoin exaltant, c’est se libérer des tensions intérieures. Pour moi, « travailler » à la solution d’un problème ou à un projet n’est pas un travail au sens propre du terme mais une occupation génératrice de plaisir. Je suis malheureux lorsque je ne travaille pas assez. Le travail est en quelque sorte un antidépresseur. Se concentrer sur son travail apporte une immense satisfaction, c’est un enrichissement de la vie. Lorsqu’on est habité par une idée, les efforts entrepris pour la réaliser sont un don de Dieu. Travailler dans la joie donne un sens à la vie. Travailler uniquement pour gagner de l’argent, c’est travailler sans âme et ce n’est pas gratifiant. Toutefois le travail doit être aussi accompagné de succès. Mais à quoi reconnaît-on le succès ? A la satisfaction d’avoir créé quelque chose qui a une forme, qui existe et qui n’était pas là auparavant. Ce bonheur de créer est accompagné des contraintes physiques du développement. La déception, le découragement, lorsqu’on
n’a pas atteint son objectif, font partie du jeu tout comme la suprême satisfaction d’avoir accompli une œuvre. Le bonheur que l’on ressent au plus profond de soi-même pendant le processus de la conception est une source de joie dans un acte véritablement créatif. Ce désir de bonheur, de satisfaction n’est pas dû à des contraintes de performance ou à l’appât du gain. Très tôt, je me suis dit que la qualité passe avant le gain et c’est un principe que j’ai gardé. La quête de la meilleure solution, de la perfection, est inhérente à la nature humaine même si nous portons en nous le péché originel de l’imperfection qui entrave nos efforts. Néanmoins, toute tentative pour avancer dans l’inconnu requiert et le courage d’accepter l’imperfection et la volonté de faire mieux. Parler d’une œuvre « accomplie », c’est faire preuve d’arrogance, ce serait comme une fin alors qu’il n’y a rien qui ne puisse être amélioré dans ce que l’homme fait. Je veux souligner par là qu’il faut faire preuve d’humilité devant l’œuvre et ceci tout au long de son développement. La réalisation des objectifs que l’on s’est fixés (des objectifs d’ailleurs toujours plus ambitieux) exige de la force, une force qui en fin de compte se puise aussi dans le sacrifice physique.
Les vingt-cinq années de ma vie que j’ai consacrées à faire ce qui me tenait le plus à cœur ont passé terriblement vite. J’ai rencontré de la compréhension mais aussi de l’incompréhension, j’ai eu de la chance avec mes collaborateurs, j’ai engrangé des succès. L’enthousiasme, la passion, qui vire à l’obsession, ne vous font pas toujours des amis. On se retrouve ainsi souvent seul avec ses problèmes. Je trouve pourtant que l’isolement génère une force intérieure, économise du temps et favorise la cristallisation de la vérité. Plonger au fond de soi-même, chercher sa vérité sont des actes qui s’accomplissent dans la solitude. La confusion qu’entraînent certaines discussions entre architectes est parfois néfaste même s’il convient de dire que certaines rencontres intellectuelles peuvent être précieuses et entraîner des développements fructueux. J’ai toujours aimé travailler sur la forme, le design. C’est pourquoi la conception de bâtiments d’exposition a été pour moi la première grande expérience pratique ; elle m’a permis d’expérimenter comme un événement visuel majeur aussi bien en termes de design que de perception. Ces expériences m’ont permis de saisir le rapport de proportions entre les corps et les espaces et l’impact du détail. Cette période de stress intense a constitué mon initiation aux rites du processus créatif. J’ai appris à nouveau à évaluer les risques et la tentation d’emprunter de nouvelles voies m’a encouragé à aller de l’avant.
Le métier d’architecte n’est pas un métier de tout repos avec des pauses-repas et des horaires de travail réguliers. On travaille quand on a envie d’être performant. Dès que la matière grise s’est échauffée, on s’anime, on devient critique et créatif. Il est alors impossible de se déconnecter. Les problèmes vous poursuivent jour et nuit. Vous voulez tout le temps améliorer, renouveler, recréer et former. La réflexion comme condition du travail de création est un processus permanent. La solution d’un problème vous accapare entièrement. Vous oubliez tout ce qui vous entoure, vous oubliez de manger, de dormir, d’aimer. Le travail n’est plus une corvée, c’est du plaisir, du bonheur, c’est la joie de réussir. On ne peut pas s’arrêter, convaincu que l’on est sur le point de trouver la solution l’instant d’après, une solution que l’on veut voir appliquée le plus rapidement possible. L’agitation intérieure liée au développement, au renouvellement, est fascinante, c’est une riche et gratifiante expérience.
Enfant, je pensais que construire était une affaire de famille, l’aboutissement du désir de posséder un bien, de s’affirmer dans la vie, une joie. J’ai vécu les soucis de mes parents, lorsqu’ils faisaient des économies pour avoir une petite maison, la réalisation de leur rêve. J’ai ressenti intensément l’amour du métier en voyant s’édifier cette petite maison. Je regardais comment on coupait les planches et mélangeait le béton. Le bruit des scies à main sur le chantier, leur rythme pareil à une respiration me semblaient être une musique, le contraire du hurlement des scies à moteur d’aujourd’hui. Tous nos voisins d’ailleurs étaient des manuels, de par leur métier ou leur passe-temps et tout le monde s’entraidait. J’aimais particulièrement les charpentiers. Mon oncle m’avait fait découvrir ce métier. Il découpait à la scie avec une grande précision et équarrissait le bois à la hache avec virtuosité. Je pris conscience du plaisir qu’il y a à créer, à construire. Ma vive imagination me fit construire des châteaux en Espagne et remplit de joie mon enfance. Dès mon plus jeune âge, je développais un esprit conceptuel. A l’âge de seize ans, je dessinais une deuxième petite maison pour mes parents - sur un autre terrain. C’était à peu près à l’époque de la Werkbundausstellung à Vienne où j’entendis pour la première fois parler d’architectes qui avaient pour noms Le Corbusier, Neutra, Josef Hoffmann entre autres. Il me parut alors tout à fait naturel de faire des études d’architecture à l’Université technique de Vienne, même si en 1936 celles-ci n’offraient guère de débouchés. Il n’y avait d’ailleurs que six étudiants avec moi cette année-là. Après 1938, je vis se réaliser l’imposant programme de construction du Troisième Reich, le style d’Albert Speer imprégné du système et du pouvoir. Qui allait être suivi de destructions, de violations, de ruines monuments de la folie.. Pendant la guerre, construire était nécessaire pour protéger la vie.
Familiarisé avec la réalisation de grands volumes, j’appris beaucoup de choses pratiques. Survivre à tout prix était le ressort, l’idée qui présidait à toute construction à cette époque. Le souci de conserver la vie, ce don unique, nous imposait de faire des efforts, de réaliser des performances qui sont difficiles à imaginer aujourd’hui. L’effondrement une fois consommé, le désir de renouveau se manifesta, le désir de repartir de rien. L’objectif primordial était de satisfaire les besoins vitaux, « vivre » et « se loger ». Dans la construction de logements, la « quantité » passait avant la qualité. La tâche la plus pressante était de remédier au manque de matériaux. Je commençais ma carrière d’architecte comme assistant du professeur Oswald Haerdtl à l’Académie des Arts Appliqués où j’enseignais à des étudiants qui revenaient de la guerre. Mes premiers voyages me conduisirent à Paris, à Zurich, au Canada. Malgré la tristesse de l’aprèsguerre, Paris était une ville magnifique, stimulante, généreuse, qui me fascinait, moi qui n’avait vu jusque-là que des villes en ruines. Vinrent ensuite des constructions pour des expositions, des salons, les premières tentatives de l’Autriche pour promouvoir ses exportations. De modestes, mais courageuses expositions qui rivalisaient avec celles d’autres nations. De premiers contacts furent établis avec des confrères étrangers. Il y eut une visite du bureau de Le Corbusier, un étroit couloir dans un couvent, rue de Sèvres.
La réalisation doit être l’objectif du travail de l’architecte. La conception de projets ne peut à elle seule vous satisfaire à la longue. Entre l’esquisse et sa réalisation, il faut une bonne dose d’engagement personnel si l’on veut voir le projet prendre corps. Des projets anonymes n’engagent pas. On en voit le résultat : de tristes compromis au profit de politiques ou du gain, dénués de contenu. En fin de compte, une œuvre émerge dans le cerveau comme le produit fortuit d’une accumulation de décisions. L’homme fait partie ici du cosmos et de son ordre. Seuls quelques-uns sont prédestinés aux grandes performances. Cette sélection est l’affaire du destin. Le fait que les hommes ne soient pas égaux en matière de performances et d’aspirations et par là éprouvent de l’insatisfaction et de l’inquiétude est peut-être inhérent au fardeau de la vie.
C’est une expérience fascinante que d’achever un projet, qui reflète ce que vous avez conçu au départ et ce qui sera à l’avenir. L’envie de voir vos idées se concrétiser est une passion. Il n’est pas possible d’optimiser une performance si l’on ne se consacre pas entièrement à une tâche, à une œuvre. Le succès d’une œuvre exige un esprit de sacrifice. Un bon édifice est chargé d’impondérables. Mais la base est toujours l’idée. Plus l’idée est spontanée, plus enrichissant est son développement. Un projet sans idée manque de vigueur, est banal. Le contenu intellectuel est une qualité primordiale pour une construction. L’expérience et la routine affinent le détail, y ajoutent du raffinement. Mais en l’absence d’idée, l’expérience n’est qu’un outil émoussé. Les idées vont de pair avec l’imagination. Une vague idée l’imagination est accompagnée d’un sens de l’utopie et d’audace ainsi que de la volonté d’expérimenter. Tout cela présuppose une foi inébranlable : il faut avoir foi dans les solutions, dans la justesse de ce que l’on avance. Tout le processus de création est porté par l’opiniâtreté que l’on met à poursuivre le but ultime. Cette opiniâtreté n’est pas seulement une question de constitution intellectuelle, elle exige également un engagement d’ordre physique. L’incapacité de s’arrêter au milieu du développement d’une idée peut devenir obsessionnelle et n’est pas toujours du goût de l’entourage immédiat de l’architecte. Le travail de l’architecte, le travail du créateur implique des conditions asociales. Comme le médecin, l’homme politique ou l’ecclésiastique, l’architecte ne peut rien entreprendre avec des horaires aux normes syndicales. Les acquis du progrès social, la réduction du temps de travail, l’amélioration des conditions de travail, une meilleure qualité de vie pour la majorité, exigent des sacrifices et plus de travail de la part de ceux qui sont chargés de l’organisation et de l’encadrement de cette majorité.
Quelques-uns doivent travailler plus pour qu’un plus grand nombre travaille moins. Ce paradoxe est un vrai problème et tout architecte véritablement soucieux de qualité, c’est-à-dire qui s’engage personnellement, doit en être conscient. L’élimination du stress est inconcevable dans une profession créative. La tension est même nécessaire pour pouvoir surmonter les phases critiques. L’acte de création intellectuel s’accompagne également des douleurs de l’enfantement qu’aucun analgésique ne peut supprimer. Je n’arrive pas à comprendre que l’on croie que le facteur temps puisse être exclu du travail de l’architecte. La responsabilité sociale de l’architecte, l’engagement qu’il a de mettre son œuvre le plus rapidement possible à la disposition de la société, l’obligent à résoudre les problèmes et à élaborer des plans dans un minimum de temps. Un ministre dans un pays en voie de développement m’a dit un jour : « Build it right or wrong, but build it, we need schools in time so that our children can use them. » C’est pourquoi la rapidité du processus de conception et de décision, utilisé pour trouver des solutions au stade du projet, revêt une très grande importance. Cette aptitude peut être innée mais peut aussi s’acquérir par la formation et la méthodologie. La capacité de travailler rapidement, avec un souci de qualité, de contenu, d’utilité et de responsabilité est une exigence sociale, ce n’est pas de la précipitation délibérée, surtout lorsque l’on songe à la brièveté de nos vies. Quelle responsabilité a-t-on quand il faut cinq ans et plus pour établir des plans d’hôpitaux et dix ans et plus pour les construire ? Combien de personnes pourraient être mieux soignées, guéries dans des hôpitaux modernes qu’elles ne verront plus ? De même il faut moins de temps aux enfants pour grandir qu’aux responsables pour concevoir et construire leurs écoles. Sans parler de l’aspect économique. Quelle est donc la
responsabilité de celui qui veut élaborer des plans sans avoir à tenir compte de délais ou sans stress ? A cet égard, l’obligation de travailler sous pression émane d’une responsabilité sociale. Elle élève la profession de l’architecte audessus du niveau de la simple conception et de l’ébauche de plans. On voit ici la distinction entre la technique et le contenu intellectuel qui distingue l’architecture de la banale construction.
Enfant, je pensais que construire était une affaire de famille, l’aboutissement du désir de posséder un bien, de s’affirmer dans la vie, une joie. J’ai vécu les soucis de mes parents, lorsqu’ils faisaient des économies pour avoir une petite maison, la réalisation de leur rêve. J’ai ressenti intensément l’amour du métier en voyant s’édifier cette petite maison. Je regardais comment on coupait les planches et mélangeait le béton. Le bruit des scies à main sur le chantier, leur rythme pareil à une respiration me semblaient être une musique, le contraire du hurlement des scies à moteur d’aujourd’hui. Tous nos voisins d’ailleurs étaient des manuels, de par leur métier ou leur passe-temps et tout le monde s’entraidait. J’aimais particulièrement les charpentiers. Mon oncle m’avait fait découvrir ce métier. Il découpait à la scie avec une grande précision et équarrissait le bois à la hache avec virtuosité. Je pris conscience du plaisir qu’il y a à créer, à construire. Ma vive imagination me fit construire des châteaux en Espagne et remplit de joie mon enfance. Dès mon plus jeune âge, je développais un esprit conceptuel. A l’âge de seize ans, je dessinais une deuxième petite maison pour mes parents - sur un autre terrain. C’était à peu près à l’époque de la Werkbundausstellung à Vienne où j’entendis pour la première fois parler d’architectes qui avaient pour noms Le Corbusier, Neutra, Josef Hoffmann entre autres. Il me parut alors tout à fait naturel de faire des études d’architecture à l’Université technique de Vienne, même si en 1936 celles-ci n’offraient guère de débouchés. Il n’y avait d’ailleurs que six étudiants avec moi cette année-là. Après 1938, je vis se réaliser l’imposant programme de construction du Troisième Reich, le style d’Albert Speer imprégné du système et du pouvoir. Qui allait être suivi de destructions, de violations, de ruines monuments de la folie.. Pendant la guerre, construire était nécessaire pour protéger la vie.
Familiarisé avec la réalisation de grands volumes, j’appris beaucoup de choses pratiques. Survivre à tout prix était le ressort, l’idée qui présidait à toute construction à cette époque. Le souci de conserver la vie, ce don unique, nous imposait de faire des efforts, de réaliser des performances qui sont difficiles à imaginer aujourd’hui. L’effondrement une fois consommé, le désir de renouveau se manifesta, le désir de repartir de rien. L’objectif primordial était de satisfaire les besoins vitaux, « vivre » et « se loger ». Dans la construction de logements, la « quantité » passait avant la qualité. La tâche la plus pressante était de remédier au manque de matériaux. Je commençais ma carrière d’architecte comme assistant du professeur Oswald Haerdtl à l’Académie des Arts Appliqués où j’enseignais à des étudiants qui revenaient de la guerre. Mes premiers voyages me conduisirent à Paris, à Zurich, au Canada. Malgré la tristesse de l’aprèsguerre, Paris était une ville magnifique, stimulante, généreuse, qui me fascinait, moi qui n’avait vu jusque-là que des villes en ruines. Vinrent ensuite des constructions pour des expositions, des salons, les premières tentatives de l’Autriche pour promouvoir ses exportations. De modestes, mais courageuses expositions qui rivalisaient avec celles d’autres nations. De premiers contacts furent établis avec des confrères étrangers. Il y eut une visite du bureau de Le Corbusier, un étroit couloir dans un couvent, rue de Sèvres.
La réalisation doit être l’objectif du travail de l’architecte. La conception de projets ne peut à elle seule vous satisfaire à la longue. Entre l’esquisse et sa réalisation, il faut une bonne dose d’engagement personnel si l’on veut voir le projet prendre corps. Des projets anonymes n’engagent pas. On en voit le résultat : de tristes compromis au profit de politiques ou du gain, dénués de contenu. En fin de compte, une œuvre émerge dans le cerveau comme le produit fortuit d’une accumulation de décisions. L’homme fait partie ici du cosmos et de son ordre. Seuls quelques-uns sont prédestinés aux grandes performances. Cette sélection est l’affaire du destin. Le fait que les hommes ne soient pas égaux en matière de performances et d’aspirations et par là éprouvent de l’insatisfaction et de l’inquiétude est peut-être inhérent au fardeau de la vie.
C’est une expérience fascinante que d’achever un projet, qui reflète ce que vous avez conçu au départ et ce qui sera à l’avenir. L’envie de voir vos idées se concrétiser est une passion. Il n’est pas possible d’optimiser une performance si l’on ne se consacre pas entièrement à une tâche, à une œuvre. Le succès d’une œuvre exige un esprit de sacrifice. Un bon édifice est chargé d’impondérables. Mais la base est toujours l’idée. Plus l’idée est spontanée, plus enrichissant est son développement. Un projet sans idée manque de vigueur, est banal. Le contenu intellectuel est une qualité primordiale pour une construction. L’expérience et la routine affinent le détail, y ajoutent du raffinement. Mais en l’absence d’idée, l’expérience n’est qu’un outil émoussé. Les idées vont de pair avec l’imagination. Une vague idée l’imagination est accompagnée d’un sens de l’utopie et d’audace ainsi que de la volonté d’expérimenter. Tout cela présuppose une foi inébranlable : il faut avoir foi dans les solutions, dans la justesse de ce que l’on avance. Tout le processus de création est porté par l’opiniâtreté que l’on met à poursuivre le but ultime. Cette opiniâtreté n’est pas seulement une question de constitution intellectuelle, elle exige également un engagement d’ordre physique. L’incapacité de s’arrêter au milieu du développement d’une idée peut devenir obsessionnelle et n’est pas toujours du goût de l’entourage immédiat de l’architecte. Le travail de l’architecte, le travail du créateur implique des conditions asociales. Comme le médecin, l’homme politique ou l’ecclésiastique, l’architecte ne peut rien entreprendre avec des horaires aux normes syndicales. Les acquis du progrès social, la réduction du temps de travail, l’amélioration des conditions de travail, une meilleure qualité de vie pour la majorité, exigent des sacrifices et plus de travail de la part de ceux qui sont chargés de l’organisation et de l’encadrement de cette majorité.
Quelques-uns doivent travailler plus pour qu’un plus grand nombre travaille moins. Ce paradoxe est un vrai problème et tout architecte véritablement soucieux de qualité, c’est-à-dire qui s’engage personnellement, doit en être conscient. L’élimination du stress est inconcevable dans une profession créative. La tension est même nécessaire pour pouvoir surmonter les phases critiques. L’acte de création intellectuel s’accompagne également des douleurs de l’enfantement qu’aucun analgésique ne peut supprimer. Je n’arrive pas à comprendre que l’on croie que le facteur temps puisse être exclu du travail de l’architecte. La responsabilité sociale de l’architecte, l’engagement qu’il a de mettre son œuvre le plus rapidement possible à la disposition de la société, l’obligent à résoudre les problèmes et à élaborer des plans dans un minimum de temps. Un ministre dans un pays en voie de développement m’a dit un jour : « Build it right or wrong, but build it, we need schools in time so that our children can use them. » C’est pourquoi la rapidité du processus de conception et de décision, utilisé pour trouver des solutions au stade du projet, revêt une très grande importance. Cette aptitude peut être innée mais peut aussi s’acquérir par la formation et la méthodologie. La capacité de travailler rapidement, avec un souci de qualité, de contenu, d’utilité et de responsabilité est une exigence sociale, ce n’est pas de la précipitation délibérée, surtout lorsque l’on songe à la brièveté de nos vies. Quelle responsabilité a-t-on quand il faut cinq ans et plus pour établir des plans d’hôpitaux et dix ans et plus pour les construire ? Combien de personnes pourraient être mieux soignées, guéries dans des hôpitaux modernes qu’elles ne verront plus ? De même il faut moins de temps aux enfants pour grandir qu’aux responsables pour concevoir et construire leurs écoles. Sans parler de l’aspect économique. Quelle est donc la
responsabilité de celui qui veut élaborer des plans sans avoir à tenir compte de délais ou sans stress ? A cet égard, l’obligation de travailler sous pression émane d’une responsabilité sociale. Elle élève la profession de l’architecte audessus du niveau de la simple conception et de l’ébauche de plans. On voit ici la distinction entre la technique et le contenu intellectuel qui distingue l’architecture de la banale construction.
L’architecture suscite des émotions. Les architectes disposent ainsi d’un instrument pour rendre les gens heureux. Qu’une maison soit confortable, habitable, qu’un immeuble soit élégant et engageant, qu’une ville soit belle (et ainsi agréable et attrayante) dépend des architectes. L’architecture est de la poésie matérialisée. Construire est du journalisme froid. L’architecte a pour tâche de coordonner une multitude d’opinions et de sentiments et il vit en interaction avec sa communauté. L’architecte n’est donc pas seul.
Nous avons tous des yeux qui voient et déclenchent des sensations, qui appréhendent des formes et tentent de comprendre ce qu’elles veulent dire. Longtemps après que la fonction d’origine d’une belle structure soit devenue obsolète, celle-ci n’en reste pas moins un édifice dont la vue nous réjouit.
Les logements les plus beaux, les plus confortables font partie de ce que l’on appelle « l’architecture anonyme ». Mais est-elle vraiment si anonyme ? Il vaudrait mieux parler d’une « architecture individuelle ». Voulue par un homme qui construit une maison pour sa famille, belle si possible, identifiable comme « sa » maison. Unique est la maison paternelle dont les enfants se souviendront toute leur vie. A laquelle ils sont attachés jusqu’à ce qu’ils en construisent une à leur tour. La maison doit être le bastion de la famille, l’expression de son identité, de ses particularités et de ses préférences, elle doit être inhérente à sa conscience. Les habitants sont reconnaissables à l’aspect de leur maison. Les lotissements n’ont pas besoin de numéros ou de noms de rues. Les Dupont et les Durand se distinguent par la situation de leurs maisons et leur aspect typique. La maison est associée à la personne de son constructeur et occupant. La méthode de construction des « profanes » (mais y a-t-il encore des « profanes » dans notre monde envehi par la technique ?) n’est pas déformée, entravée ou limitée par un savoir professionnel. Cette liberté et cette insouciance dans l’expression doivent être redécouvertes par l’architecte, sa formation une fois terminée. Il doit lutter pour avoir la force de se libérer des règles et des lois sans pour autant les désavouer. L’application de normes ne doit pas amoindrir sa force créative innée. Le savoir doit être utilisé comme un instrument et ne doit pas gêner l’intuition par sa discipline.
Dans ses projets, l’architecte tente de saisir l’esprit de l’ordre et le sens des rapports. La création de la forme n’est pas uniquement un processus intellectuel. L’architecte doit être capable de penser et de concevoir en termes élémentaires. Il dispose de tous les matériaux et il peut les utiliser à sa guise. L’architecture est tridimensionnelle, elle a une forme, elle est forme, avec la forme nous communiquons, tout comme nous le faisons avec la couleur, les parfums, les sons et les vibrations et la mystérieuse sensation de sympathie.
La particularité n’est pas aussi nécessaire que l’universalité. On m’a souvent demandé : « Quelle est votre spécialisation » ? Ma « spécialisation », c’est la diversité. La spécialisation, par contre, est une voie à sens unique pour l’esprit, qui limite la vue d’ensemble. Plus l’architecte a l’esprit ouvert pour observer, engranger, refléter et plus il pourra développer sa créativité.
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L’architecture suscite des émotions. Les architectes disposent ainsi d’un instrument pour rendre les gens heureux. Qu’une maison soit confortable, habitable, qu’un immeuble soit élégant et engageant, qu’une ville soit belle (et ainsi agréable et attrayante) dépend des architectes. L’architecture est de la poésie matérialisée. Construire est du journalisme froid. L’architecte a pour tâche de coordonner une multitude d’opinions et de sentiments et il vit en interaction avec sa communauté. L’architecte n’est donc pas seul.
Nous avons tous des yeux qui voient et déclenchent des sensations, qui appréhendent des formes et tentent de comprendre ce qu’elles veulent dire. Longtemps après que la fonction d’origine d’une belle structure soit devenue obsolète, celle-ci n’en reste pas moins un édifice dont la vue nous réjouit.
Les logements les plus beaux, les plus confortables font partie de ce que l’on appelle « l’architecture anonyme ». Mais est-elle vraiment si anonyme ? Il vaudrait mieux parler d’une « architecture individuelle ». Voulue par un homme qui construit une maison pour sa famille, belle si possible, identifiable comme « sa » maison. Unique est la maison paternelle dont les enfants se souviendront toute leur vie. A laquelle ils sont attachés jusqu’à ce qu’ils en construisent une à leur tour. La maison doit être le bastion de la famille, l’expression de son identité, de ses particularités et de ses préférences, elle doit être inhérente à sa conscience. Les habitants sont reconnaissables à l’aspect de leur maison. Les lotissements n’ont pas besoin de numéros ou de noms de rues. Les Dupont et les Durand se distinguent par la situation de leurs maisons et leur aspect typique. La maison est associée à la personne de son constructeur et occupant. La méthode de construction des « profanes » (mais y a-t-il encore des « profanes » dans notre monde envehi par la technique ?) n’est pas déformée, entravée ou limitée par un savoir professionnel. Cette liberté et cette insouciance dans l’expression doivent être redécouvertes par l’architecte, sa formation une fois terminée. Il doit lutter pour avoir la force de se libérer des règles et des lois sans pour autant les désavouer. L’application de normes ne doit pas amoindrir sa force créative innée. Le savoir doit être utilisé comme un instrument et ne doit pas gêner l’intuition par sa discipline.
Dans ses projets, l’architecte tente de saisir l’esprit de l’ordre et le sens des rapports. La création de la forme n’est pas uniquement un processus intellectuel. L’architecte doit être capable de penser et de concevoir en termes élémentaires. Il dispose de tous les matériaux et il peut les utiliser à sa guise. L’architecture est tridimensionnelle, elle a une forme, elle est forme, avec la forme nous communiquons, tout comme nous le faisons avec la couleur, les parfums, les sons et les vibrations et la mystérieuse sensation de sympathie.
La particularité n’est pas aussi nécessaire que l’universalité. On m’a souvent demandé : « Quelle est votre spécialisation » ? Ma « spécialisation », c’est la diversité. La spécialisation, par contre, est une voie à sens unique pour l’esprit, qui limite la vue d’ensemble. Plus l’architecte a l’esprit ouvert pour observer, engranger, refléter et plus il pourra développer sa créativité.
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Créer par instinct ou par impulsion offre des possibilités intuitives d’emprunter de nouvelles voies. L’intelligence doit, toutefois, être utilisée correctement. Elle ne doit tout simplement pas étouffer l’inconscient. Elle doit être totalement efficace pour éviter les erreurs. Et surtout elle doit définir ce qu’est l’utilité. Ce terme d’utilité a suscité d’incroyables malentendus. Aucun autre siècle ne lui a donné autant d’importance comme concept uniquement économique de la quête du profit. Mais qu’entendons-nous par utilité ? Uniquement un toit au-dessus de nos têtes ? Ou bien l’eau chaude pour notre bain ? Peut-être une chambre ensoleillée ? L’homme n’aurait-t-il pas d’autres besoins que celui d’avoir ses propres toilettes?
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Peut-être a-t-il aussi besoin que son logement soit agréable, confortable, unique, personnalisé, plaisant, que celui-ci ait une âme ? Apparemment, notre époque n’a pas besoin d’architectes puisque des lois sont nécessaires pour protéger la profession. Construire signifie aujourd’hui produire des mètres cubes de volumes. Bon marché, encore meilleur marché et plus vite. Et aussi anonyme, discret, modeste, simple, insipide. Car autrement les questions fusent : où at-il (le client) trouvé l’argent pour construire ? Se sert-il de notre argent (les contribuables) pour construire aussi cher ?
Des solutions économiques peuvent couvrir les besoins, mais les satisfontelles, c’est une autre question. La construction individuelle n’a jamais eu besoin d’architectes mais seulement de la culture d’un peuple. La culture de l’individu. Certaines erreurs doivent peutêtre être corrigées ; il suffit de songer à l’extension urbaine. Il n’y a plus de discipline et d’immanence culturelle. La multitude de matériaux déroute et l’utilisation de la production est pure consommation. Sans sélection, sans critique, sans compréhension, sans aucun désir de qualité, de joie, de beauté. La beauté est considérée comme une dépense supplémentaire, un attribut obsolète du capitalisme. Et pourtant les huttes les plus pauvres de peuples primitifs sont beaucoup plus belles que les constructions édifiées par certaines coopératives de construction et d’habitation. En fait, celles-ci devraient le savoir. Mais elles se plient au goût de leurs clients et ce goût est ainsi. Mais les architectes font-ils mieux, ont-ils d’autres solutions à offrir dans leurs visions futuristes ? Pour eux aussi l’opinion « publique » compte. Même dans les magazines féminins, les articles sont adaptés aux goûts des lecteurs. Qui estce qui détermine ce qu’est le goût ? Qui est-ce qui aspire au plaisir et à la beauté comme élément de la qualité de vie ? L’importance accordée au sexe aurait dû en fait amener les gens à apprendre à aimer la beauté, à se réjouir des proportions de la nudité et à exiger partout cette beauté exemplaire, même dans l’aménagement artistique de notre environnement. Dans la culture classique, la représentation de l’homme était l’exemple même de la beauté. Le désir de beauté, de raffinement, d’harmonie a dépéri dans le développement de la mécanique industrielle. L’utilité, le prix, la durabilité, l’obsolescence étaient et sont toujours primordiaux. Le désir de beauté est indéfini, indéterminé, paraît même suspect
et réactionnaire. Ou bien a-t-il été frustré et déformé par de mauvais exemples, par le manque d’individualité ou l’absence d’orientation dans notre quête du sens de la vie, ou finalement par l’obligation de consommer, le manque de sens critique et la rapidité de nos choix.
Les architectes ont vis-à-vis de la société l’obligation de créer quelque chose d’utile s’ils ne veulent pas rester en-dehors de celle-ci. L’intégration du phénomène « vie » dans les activités liées à la conservation de la vie implique l’adoption de principes intelligents pour l’aménagement de la vie. Des projets de construction, qui ne répondent pas à un besoin, ne seront pas réalisés. Leurs plans deviennent des déchets intellectuels. Le principe de base psychomoteur, le plaisir ou la joie de construire et d’habiter, doit porter en lui le désir de réalisation. L’architecte doit donc rester sur le terrain des réalités s’il veut construire. Seul ce qui est construit est un résultat réel, vital de la création.
Créer par instinct ou par impulsion offre des possibilités intuitives d’emprunter de nouvelles voies. L’intelligence doit, toutefois, être utilisée correctement. Elle ne doit tout simplement pas étouffer l’inconscient. Elle doit être totalement efficace pour éviter les erreurs. Et surtout elle doit définir ce qu’est l’utilité. Ce terme d’utilité a suscité d’incroyables malentendus. Aucun autre siècle ne lui a donné autant d’importance comme concept uniquement économique de la quête du profit. Mais qu’entendons-nous par utilité ? Uniquement un toit au-dessus de nos têtes ? Ou bien l’eau chaude pour notre bain ? Peut-être une chambre ensoleillée ? L’homme n’aurait-t-il pas d’autres besoins que celui d’avoir ses propres toilettes?
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Peut-être a-t-il aussi besoin que son logement soit agréable, confortable, unique, personnalisé, plaisant, que celui-ci ait une âme ? Apparemment, notre époque n’a pas besoin d’architectes puisque des lois sont nécessaires pour protéger la profession. Construire signifie aujourd’hui produire des mètres cubes de volumes. Bon marché, encore meilleur marché et plus vite. Et aussi anonyme, discret, modeste, simple, insipide. Car autrement les questions fusent : où at-il (le client) trouvé l’argent pour construire ? Se sert-il de notre argent (les contribuables) pour construire aussi cher ?
Des solutions économiques peuvent couvrir les besoins, mais les satisfontelles, c’est une autre question. La construction individuelle n’a jamais eu besoin d’architectes mais seulement de la culture d’un peuple. La culture de l’individu. Certaines erreurs doivent peutêtre être corrigées ; il suffit de songer à l’extension urbaine. Il n’y a plus de discipline et d’immanence culturelle. La multitude de matériaux déroute et l’utilisation de la production est pure consommation. Sans sélection, sans critique, sans compréhension, sans aucun désir de qualité, de joie, de beauté. La beauté est considérée comme une dépense supplémentaire, un attribut obsolète du capitalisme. Et pourtant les huttes les plus pauvres de peuples primitifs sont beaucoup plus belles que les constructions édifiées par certaines coopératives de construction et d’habitation. En fait, celles-ci devraient le savoir. Mais elles se plient au goût de leurs clients et ce goût est ainsi. Mais les architectes font-ils mieux, ont-ils d’autres solutions à offrir dans leurs visions futuristes ? Pour eux aussi l’opinion « publique » compte. Même dans les magazines féminins, les articles sont adaptés aux goûts des lecteurs. Qui estce qui détermine ce qu’est le goût ? Qui est-ce qui aspire au plaisir et à la beauté comme élément de la qualité de vie ? L’importance accordée au sexe aurait dû en fait amener les gens à apprendre à aimer la beauté, à se réjouir des proportions de la nudité et à exiger partout cette beauté exemplaire, même dans l’aménagement artistique de notre environnement. Dans la culture classique, la représentation de l’homme était l’exemple même de la beauté. Le désir de beauté, de raffinement, d’harmonie a dépéri dans le développement de la mécanique industrielle. L’utilité, le prix, la durabilité, l’obsolescence étaient et sont toujours primordiaux. Le désir de beauté est indéfini, indéterminé, paraît même suspect
et réactionnaire. Ou bien a-t-il été frustré et déformé par de mauvais exemples, par le manque d’individualité ou l’absence d’orientation dans notre quête du sens de la vie, ou finalement par l’obligation de consommer, le manque de sens critique et la rapidité de nos choix.
Les architectes ont vis-à-vis de la société l’obligation de créer quelque chose d’utile s’ils ne veulent pas rester en-dehors de celle-ci. L’intégration du phénomène « vie » dans les activités liées à la conservation de la vie implique l’adoption de principes intelligents pour l’aménagement de la vie. Des projets de construction, qui ne répondent pas à un besoin, ne seront pas réalisés. Leurs plans deviennent des déchets intellectuels. Le principe de base psychomoteur, le plaisir ou la joie de construire et d’habiter, doit porter en lui le désir de réalisation. L’architecte doit donc rester sur le terrain des réalités s’il veut construire. Seul ce qui est construit est un résultat réel, vital de la création.
Le travail des architectes est aujourd’hui discrédité. L’architecte est de plus en plus perçu comme un concepteur de plans, son activité réduite à un acte de raison. L’industrie, le secteur économique, l’Etat en tant que promoteur exigent des constructions économiques, de la rationalité, le respect des délais, des éléments préfabriqués, des systèmes, une architecture produite à la chaîne. Dans la mesure où il a l’ambition de vraiment construire, de s’engager personnellement dans la réalisation de son projet, l’architecte est considéré comme un facteur d’augmentation du coût de la construction. On a certes besoin de lui pour dessiner les plans. Mais apparemment il n’est bon qu’à cela. Pour le reste, il y a des ingénieurs, des économistes, des experts etc. Ce sont les groupes financiers, les sociétés et les coopératives de construction qui déterminent l’aspect de notre environnement. L’architecte n’est que leur aide. Le résultat est l’utilité, le nécessaire et des objets sans visage. Mais la vie se réduit-elle uniquement à naître, manger, boire, dormir, procréer, mourir ? N’y a-t-il pas d’autres fonctions inhérentes à la vie ? Où est l’âme qui éprouve joie, tristesse, douleur, qui est sensible à la beauté, à la laideur, au confort, ressent de la sympathie ? Une maison n’a-t-elle pas d’autre rôle que de fournir un abri contre les intempéries ? Son unique fonction est-elle de servir ceux qui l’habitent et non pas les nombreux autres qui la voient de l’extérieur ? La maison, comme caractéristique de notre environnement, appartient non seulement à la génération présente mais aussi aux générations futures. Vue sous cet angle, elle constitue un facteur sociologique éminemment important. Le fait d’insister sur son caractère utilitaire, sur la nécessité de répondre au besoin d’un particulier, exclut en fait le reste de la communauté. C’est de l’égoïsme pur.
La relation entre le client et l’architecte a un sens. L’interaction entre les personnes, leurs différentes opinions, les frictions, les contraintes, un pôle opposé sont nécessaires pour assurer la qualité. Une tension psychique et physique est nécessaire pour surmonter les obstacles. « Il faut offrir des sacrifices aux dieux si la construction doit réussir... » La réussite n’est pas seulement entre nos mains. De multiples circonstances extérieures ont un impact décisif sur la construction. Le moment, les conditions économiques, les personnalités impliquées, mais aussi l’idée de l’œuvre même sont autant de points de départ qui déterminent le résultat. La satisfaction procurée par la réussite est une récompense qui compte plus que le bénéfice matériel. Les sacrifices et les coûts engagés pour la construction s’oublient vite. Bien souvent nous n’avons aucune idée des dépenses occasionnées par les très grands exemples de l’architecture. Mais génération après génération, nous nous réjouissons de voir une merveilleuse œuvre d’architecture.
Sans conteste, l’architecture du gothique, du classicisme et du baroque est splendide. Elle a produit, à l’époque, d’extraordinaires édifices qui sont aujourd’hui pour nous des « monuments d’architecture » à conserver. Néanmoins, de nouvelles époques, de nouvelles idées exigent des formes contemporaines appropriées. L’époque contemporaine présuppose le rejet des habitudes qui nous étaient chères hier. Ce n’est qu’en déblayant sa conscience que l’on acquiert la force de créer quelque chose de nouveau. Nous devons donc nous efforcer d’établir de nouveaux rapports avec le temps présent pour obtenir des témoignages semblables à ceux apportés, à leur époque, par nos monuments d’architecture historiques.
Avec l’aide de la Gestalttheorie, la forme peut être « formulée ». Le désir de perfection de la forme est général. Chaque femme, par exemple, souhaite être belle. La beauté en architecture ne semble toutefois plus d’actualité. Celle-ci doit surtout être « utile », économique et bon marché. Mais le fonctionnalisme seul ne rend pas heureux. Nous nous en apercevons peu à peu en voyant les résultats, nos nouveaux et monotones ensembles urbains. L’utilitarisme ne peut donner un contenu à la vie. Elle « vaut » plus. Et cette « valeur ajoutée » manque aux constructions d’aujourd’hui. Un monde techniquement parfait n’offre aucune alternative au besoin d’émotions d’une société en quête de qualité de vie. Vains sont les efforts pour un aménagement « définitif » de notre environnement. Le « changement » est notre progrès, quoiqu’il en coûte. Les édifices réalisés reflètent les contraintes que nous impose la société. Son message est projeté dans de nouvelles solutions pour l’avenir et imposé aux générations futures comme un joug programmé. Les architectes sont ainsi de dangereux manipulateurs, non seulement du présent mais aussi de l’avenir. Leur caractère décide, leur conscience et leur savoir déterminent. Les architectes ne peuvent donc pas être des hommes qui travaillent uniquement sur leur planche à dessin. Ils doivent être des hommes complets, qui non seulement considèrent la construction comme un objectif prioritaire, auquel ils se consacrent avec passion, mais ont aussi du caractère.
Du plan à la réalisation, nous nous servons de l’expérience. L’expérimentation comme moyen de recherche et de progrès sert à réaliser des utopies. Le domaine dont on dispose pour concevoir des projets créatifs va de la réalité d’aujourd’hui à la probabilité de demain. Les expériences se font dans les laboratoires, les ateliers, sur le terrain des réalités, l’utopie est le produit de l’imagination, de l’irréel. La formation de l’architecte ne peut renoncer ni à la stricte discipline de la réalité ni au phénomène du fantastique. L’analyse de situations abstraites et de développements possibles, éclairée par des lueurs « divines », procure une expérience unique et fascinante, celle de la naissance de nouveaux modèles. Mais reconnaître la nécessité de l’expérience ne doit pas conduire à fabuler. A l’époque de la cybernétique, les méthodes de recherche permettent des prévisions assez exactes pour les prochaines décennies. Nos projets, qui doivent servir à trois ou quatre générations, doivent être bien réfléchis. Des projets, qui ne sont pas en harmonie avec le rythme des développements prévisibles, sont sans utilité, ils ne peuvent satisfaire les besoins essentiels. Les projets renferment en eux la vision de l’avenir. Le non-existant doit être pensé, créé, inventé et découvert. L’ébauche - le processus qui consiste à trouver, inventer, donner forme - est le stade décisif du projet. L’ébauche détermine, anticipe, décide de l’avenir. Voir l’avenir fait donc partie du métier de l’architecte. Il doit prévoir, pressentir, appréhender de façon intuitive les développements futurs. Les pronostics et les études de tendances lui viennent en aide. Il dispose d’une multitude de données. Leur saisie se fait en grande partie avec des moyens mécaniques. Leur appréciation, par contre, est l’affaire de l’individu, de l’architecte. C’est à lui de décider des accents à mettre, des objectifs à fixer pour
la poursuite du projet. Regarder vers l’avenir devient de plus en plus une question de critère. Le critère, c’est le temps devant nous, qui évalue correctement le développement des besoins sociaux, techniques et culturels. Si les estimations correspondent en grande partie aux événements, nos plans peuvent être considérés comme justes. Toutefois, lorsque de nouvelles idées devancent les possibilités, nous entrons dans le domaine de l’utopie. Sur le chemin qui va du projet à sa réalisation, nous nous servons de l’expérience comme moyen de recherche et de progrès pour développer des plans qualifiés précédemment d’utopies. Les expériences dans la construction font partie d’un développement que connaît chaque individu dans sa vie. L’homme est toujours en quête de quelque chose de nouveau et de meilleur. Poussé par un sentiment d’insatisfaction devant les imperfections de ses créations, il veut « mieux faire ». C’est pourquoi nous cherchons toujours quelque chose de nouveau, de mieux et ne sommes plus satisfaits de ce que nous venons de créer. Chercher à faire mieux n’est toutefois pas un processus continu, rectiligne. Des hauts et des bas, des revers jalonnent le chemin qui va vers l’avenir ! Nous devons donc nous préparer à un processus intelligent de conception et de développement dans le contexte de la réalité sans pour autant rejeter l’idée d’expérimentation. Pas d’expérience pour l’amour de l’expérimentation, pas d’utopie pour l’amour de l’utopie ! Il faut viser un résultat, ne serait-ce qu’un résultat intermédiaire. L’approche graduelle, le projet de petites et grandes étapes, le concept font partie des problèmes que rencontrent les futurologues dans le sens large du terme. Dans des projets ambitieux, l’examen des réalités ne doit pas être utilisé comme un frein mais pour accroître les possibilités de réalisation. L’utopie, comme produit de notre imagination, doit avoir des stades pouvant
être identifiés aux besoins de la réalité. La recherche et l’expérience ont alors un sens. La théorie est nécessaire pour créer quelque chose d’utile, de pratique, mais ce n’est pas un but en soi. La capacité de saisir la rapidité du développement est un secret réservé à quelques-uns. Le visionnaire voit dans l’avenir mais d’une telle façon que ce qu’il voit peut être déterminé et perçu comme quelque chose de déjà discerné et préconçu. Penser à demain est irresponsable si cela prend la forme de fantasmagories sans aucun lien avec la réalité. L’appréciation du « courant » du développement de la vie et de notre environnement est aiguisée par l’étude de ce qui est possible et de ce qui ne l’est pas. L’utopie comme vague objectif d’après-demain, l’expérimentation comme moyen de l’atteindre, nous permettent de bien discerner les problèmes d’aujourd’hui et de demain. Le développement exige l’acceptation de risques.
La compréhension manifestée par vos compagnons de lutte pour la qualité, le reflet de vos idées dans l’esprit des autres sont des soutiens importants dans votre travail. Les critiques, la loyauté et la fiabilité constituent un merveilleux terrain pour un travail créatif constructif. Je suis reconnaissant pour toutes les suggestions faites par tous ceux que j’ai rencontrés et qui ont travaillé avec moi. Mes collaborateurs ont fait preuve d’une grande patience à mon égard en supportant mon tempérament et mon activité incessante. Sans leur soutien, je n’aurais pas pu me développer.
Le travail des architectes est aujourd’hui discrédité. L’architecte est de plus en plus perçu comme un concepteur de plans, son activité réduite à un acte de raison. L’industrie, le secteur économique, l’Etat en tant que promoteur exigent des constructions économiques, de la rationalité, le respect des délais, des éléments préfabriqués, des systèmes, une architecture produite à la chaîne. Dans la mesure où il a l’ambition de vraiment construire, de s’engager personnellement dans la réalisation de son projet, l’architecte est considéré comme un facteur d’augmentation du coût de la construction. On a certes besoin de lui pour dessiner les plans. Mais apparemment il n’est bon qu’à cela. Pour le reste, il y a des ingénieurs, des économistes, des experts etc. Ce sont les groupes financiers, les sociétés et les coopératives de construction qui déterminent l’aspect de notre environnement. L’architecte n’est que leur aide. Le résultat est l’utilité, le nécessaire et des objets sans visage. Mais la vie se réduit-elle uniquement à naître, manger, boire, dormir, procréer, mourir ? N’y a-t-il pas d’autres fonctions inhérentes à la vie ? Où est l’âme qui éprouve joie, tristesse, douleur, qui est sensible à la beauté, à la laideur, au confort, ressent de la sympathie ? Une maison n’a-t-elle pas d’autre rôle que de fournir un abri contre les intempéries ? Son unique fonction est-elle de servir ceux qui l’habitent et non pas les nombreux autres qui la voient de l’extérieur ? La maison, comme caractéristique de notre environnement, appartient non seulement à la génération présente mais aussi aux générations futures. Vue sous cet angle, elle constitue un facteur sociologique éminemment important. Le fait d’insister sur son caractère utilitaire, sur la nécessité de répondre au besoin d’un particulier, exclut en fait le reste de la communauté. C’est de l’égoïsme pur.
La relation entre le client et l’architecte a un sens. L’interaction entre les personnes, leurs différentes opinions, les frictions, les contraintes, un pôle opposé sont nécessaires pour assurer la qualité. Une tension psychique et physique est nécessaire pour surmonter les obstacles. « Il faut offrir des sacrifices aux dieux si la construction doit réussir... » La réussite n’est pas seulement entre nos mains. De multiples circonstances extérieures ont un impact décisif sur la construction. Le moment, les conditions économiques, les personnalités impliquées, mais aussi l’idée de l’œuvre même sont autant de points de départ qui déterminent le résultat. La satisfaction procurée par la réussite est une récompense qui compte plus que le bénéfice matériel. Les sacrifices et les coûts engagés pour la construction s’oublient vite. Bien souvent nous n’avons aucune idée des dépenses occasionnées par les très grands exemples de l’architecture. Mais génération après génération, nous nous réjouissons de voir une merveilleuse œuvre d’architecture.
Sans conteste, l’architecture du gothique, du classicisme et du baroque est splendide. Elle a produit, à l’époque, d’extraordinaires édifices qui sont aujourd’hui pour nous des « monuments d’architecture » à conserver. Néanmoins, de nouvelles époques, de nouvelles idées exigent des formes contemporaines appropriées. L’époque contemporaine présuppose le rejet des habitudes qui nous étaient chères hier. Ce n’est qu’en déblayant sa conscience que l’on acquiert la force de créer quelque chose de nouveau. Nous devons donc nous efforcer d’établir de nouveaux rapports avec le temps présent pour obtenir des témoignages semblables à ceux apportés, à leur époque, par nos monuments d’architecture historiques.
Avec l’aide de la Gestalttheorie, la forme peut être « formulée ». Le désir de perfection de la forme est général. Chaque femme, par exemple, souhaite être belle. La beauté en architecture ne semble toutefois plus d’actualité. Celle-ci doit surtout être « utile », économique et bon marché. Mais le fonctionnalisme seul ne rend pas heureux. Nous nous en apercevons peu à peu en voyant les résultats, nos nouveaux et monotones ensembles urbains. L’utilitarisme ne peut donner un contenu à la vie. Elle « vaut » plus. Et cette « valeur ajoutée » manque aux constructions d’aujourd’hui. Un monde techniquement parfait n’offre aucune alternative au besoin d’émotions d’une société en quête de qualité de vie. Vains sont les efforts pour un aménagement « définitif » de notre environnement. Le « changement » est notre progrès, quoiqu’il en coûte. Les édifices réalisés reflètent les contraintes que nous impose la société. Son message est projeté dans de nouvelles solutions pour l’avenir et imposé aux générations futures comme un joug programmé. Les architectes sont ainsi de dangereux manipulateurs, non seulement du présent mais aussi de l’avenir. Leur caractère décide, leur conscience et leur savoir déterminent. Les architectes ne peuvent donc pas être des hommes qui travaillent uniquement sur leur planche à dessin. Ils doivent être des hommes complets, qui non seulement considèrent la construction comme un objectif prioritaire, auquel ils se consacrent avec passion, mais ont aussi du caractère.
Du plan à la réalisation, nous nous servons de l’expérience. L’expérimentation comme moyen de recherche et de progrès sert à réaliser des utopies. Le domaine dont on dispose pour concevoir des projets créatifs va de la réalité d’aujourd’hui à la probabilité de demain. Les expériences se font dans les laboratoires, les ateliers, sur le terrain des réalités, l’utopie est le produit de l’imagination, de l’irréel. La formation de l’architecte ne peut renoncer ni à la stricte discipline de la réalité ni au phénomène du fantastique. L’analyse de situations abstraites et de développements possibles, éclairée par des lueurs « divines », procure une expérience unique et fascinante, celle de la naissance de nouveaux modèles. Mais reconnaître la nécessité de l’expérience ne doit pas conduire à fabuler. A l’époque de la cybernétique, les méthodes de recherche permettent des prévisions assez exactes pour les prochaines décennies. Nos projets, qui doivent servir à trois ou quatre générations, doivent être bien réfléchis. Des projets, qui ne sont pas en harmonie avec le rythme des développements prévisibles, sont sans utilité, ils ne peuvent satisfaire les besoins essentiels. Les projets renferment en eux la vision de l’avenir. Le non-existant doit être pensé, créé, inventé et découvert. L’ébauche - le processus qui consiste à trouver, inventer, donner forme - est le stade décisif du projet. L’ébauche détermine, anticipe, décide de l’avenir. Voir l’avenir fait donc partie du métier de l’architecte. Il doit prévoir, pressentir, appréhender de façon intuitive les développements futurs. Les pronostics et les études de tendances lui viennent en aide. Il dispose d’une multitude de données. Leur saisie se fait en grande partie avec des moyens mécaniques. Leur appréciation, par contre, est l’affaire de l’individu, de l’architecte. C’est à lui de décider des accents à mettre, des objectifs à fixer pour
la poursuite du projet. Regarder vers l’avenir devient de plus en plus une question de critère. Le critère, c’est le temps devant nous, qui évalue correctement le développement des besoins sociaux, techniques et culturels. Si les estimations correspondent en grande partie aux événements, nos plans peuvent être considérés comme justes. Toutefois, lorsque de nouvelles idées devancent les possibilités, nous entrons dans le domaine de l’utopie. Sur le chemin qui va du projet à sa réalisation, nous nous servons de l’expérience comme moyen de recherche et de progrès pour développer des plans qualifiés précédemment d’utopies. Les expériences dans la construction font partie d’un développement que connaît chaque individu dans sa vie. L’homme est toujours en quête de quelque chose de nouveau et de meilleur. Poussé par un sentiment d’insatisfaction devant les imperfections de ses créations, il veut « mieux faire ». C’est pourquoi nous cherchons toujours quelque chose de nouveau, de mieux et ne sommes plus satisfaits de ce que nous venons de créer. Chercher à faire mieux n’est toutefois pas un processus continu, rectiligne. Des hauts et des bas, des revers jalonnent le chemin qui va vers l’avenir ! Nous devons donc nous préparer à un processus intelligent de conception et de développement dans le contexte de la réalité sans pour autant rejeter l’idée d’expérimentation. Pas d’expérience pour l’amour de l’expérimentation, pas d’utopie pour l’amour de l’utopie ! Il faut viser un résultat, ne serait-ce qu’un résultat intermédiaire. L’approche graduelle, le projet de petites et grandes étapes, le concept font partie des problèmes que rencontrent les futurologues dans le sens large du terme. Dans des projets ambitieux, l’examen des réalités ne doit pas être utilisé comme un frein mais pour accroître les possibilités de réalisation. L’utopie, comme produit de notre imagination, doit avoir des stades pouvant
être identifiés aux besoins de la réalité. La recherche et l’expérience ont alors un sens. La théorie est nécessaire pour créer quelque chose d’utile, de pratique, mais ce n’est pas un but en soi. La capacité de saisir la rapidité du développement est un secret réservé à quelques-uns. Le visionnaire voit dans l’avenir mais d’une telle façon que ce qu’il voit peut être déterminé et perçu comme quelque chose de déjà discerné et préconçu. Penser à demain est irresponsable si cela prend la forme de fantasmagories sans aucun lien avec la réalité. L’appréciation du « courant » du développement de la vie et de notre environnement est aiguisée par l’étude de ce qui est possible et de ce qui ne l’est pas. L’utopie comme vague objectif d’après-demain, l’expérimentation comme moyen de l’atteindre, nous permettent de bien discerner les problèmes d’aujourd’hui et de demain. Le développement exige l’acceptation de risques.
La compréhension manifestée par vos compagnons de lutte pour la qualité, le reflet de vos idées dans l’esprit des autres sont des soutiens importants dans votre travail. Les critiques, la loyauté et la fiabilité constituent un merveilleux terrain pour un travail créatif constructif. Je suis reconnaissant pour toutes les suggestions faites par tous ceux que j’ai rencontrés et qui ont travaillé avec moi. Mes collaborateurs ont fait preuve d’une grande patience à mon égard en supportant mon tempérament et mon activité incessante. Sans leur soutien, je n’aurais pas pu me développer.
Rencontres avec Karl Schwanzer
Jürgen Joedicke L’architecte Karl Schwanzer
Jürgen Joedicke Né en 1925 à Erfurt Etudes à l’Ecole d’Architecture et des Beaux-Arts de Weimar Architecte indépendant BDA DWB Depuis 1967 professeur à l’Université technique de Stuttgart (Lehrstuhl für Grundlagen der modernen Architektur) Auteur de nombreux ouvrages sur l’architecture contemporaine Vit à Stuttgart
Des confrères viennent souvent à Stuttgart pour voir les dernières réalisations d’architecture moderne. La force d’attraction de cette ville tient peut-être au fait que l’on y a construit la Weißenhofsiedlung, le premier ensemble d’architecture moderne, et que l’Ecole de Stuttgart, qui remonte à l’époque de Theodor Fischer, a beaucoup d’influence. Les confrères ayant des souhaits très divers, nous demandons toujours à notre hôte ce qu’il souhaite voir plus spécialement. La réponse de Karl Schwanzer à cette question avait été surprenante au premier abord : il voulait voir des « constructions expressives » ; pas d’écoles, d’hôpitaux ou de lotissements ; pas de constructions de certains confrères et pas la Weißenhofsiedlung en particulier. Je doute
que j’aie pu lui montrer ce qu’il souhaitait voir, mais je sais que cette réponse était caractéristique et de l’homme et de son attitude à l’égard de l’architecture. Toutefois, pour ne pas se méprendre sur cette réponse, il faut souligner certaines choses. Karl Schwanzer fait partie de ces architectes qui ont adopté une position critique vis-à-vis de l’explication méthodique du processus de conception et qui sont conscients du fait que des éléments rationnels doivent être reconnus dans ce processus en tant que tels et évalués de manière adéquate. Ses constructions sont caractérisées par le profond respect des désirs du client et de leurs occupants ; elles fonctionnent à tout point de vue. La construction et le développement technique ne sont pas des choses accessoires mais des éléments faisant partie intégrante du concept général. Mais outre ces fondements de la construction, qu’il considère comme évidents, il se préoccupe d’autre chose ; en plus du but, de la tâche et de la construction, il en va pour lui du sens et de l’expression de l’architecture. Ses constructions ont leur forme propre, unique. Celle-ci éveille des associations qui conduisent à l’essentiel. Dans le cas du bâtiment administratif qu’il a construit pour BMW à Munich, ce sont la précision, la perfection technique et la beauté des formes qui évoquent les produits fabriqués dans une usine automobile, dans le cas du pavillon autrichien à l’Exposition universelle à Montréal, l’association se fait avec les structures moléculaires et les cristaux et, dans le cas du jardin d’enfants municipal de Vienne, les associations se font avec le monde particulier de l’enfant. Le bâtiment administratif de BMW, situé à côté du terrain olympique à Munich, est un bon exemple de son style de création. Il n’y a certainement aucun autre bâtiment administratif plus original ou plus beau dans toute l’Allemagne. Il est devenu pour moi un synonyme de la marque BMW.
C’est une construction innovante en général et en particulier, de par son plan étonnant mais logique en soi, sa forme dont le relief se distingue agréablement des façades habituelles et l’image qu’elle crée. Chaque innovation devrait se baser sur l’examen critique de ce qui a été fait auparavant. La nouveauté pour le seul plaisir de la nouveauté, l’expérimentation pour le seul plaisir de l’expérimentation ne donnent qu’un effet de mode. L’évaluation des résultats des plans comme base de nouveaux plans ou l’examen des constructions après un certain temps d’utilisation prennent une importance de plus en plus grande, compte tenu de l’abondance de nouveautés. Karl Schwanzer passe systématiquement en revue ses constructions et en tire des idées pour de nouveaux projets. Il est conscient du fait que le travail de l’architecte contient toujours un reste plus ou moins grand d’imperfection et que ce reste d’imperfection pousse l’architecte à tenter quelque chose de nouveau. Ce qui le distingue des autres, c’est qu’il comprend que de grands objectifs, même utopiques, sont nécessaires, mais que le chemin qui y mène ne se parcourt que par étapes souvent difficiles. Il est conscient du fait que sauter du présent dans l’utopie peut être une fuite devant la réalité ; que la tâche de l’architecte consiste bien plus à réaliser ses idées, dans des conditions souvent défavorables, et sans perdre de vue les objectifs à long terme ; que les produits sont des étapes intermédiaires sur un long chemin qui est loin d’être direct. Nous sommes confrontés à l’image de l’architecte comme une personne qui réalise des choses, qui est consciente de ses limites et qui, de ce fait, a recours à des moyens techniques modernes pour atteindre ses objectifs mais qui sait que, dans l’indispensable travail interdisciplinaire, la division du travail et la spécialisation, il doit y avoir quelqu’un qui ne doit pas perdre les choses de vue et doit fixer des priorités.
Rencontres avec Karl Schwanzer
Jürgen Joedicke L’architecte Karl Schwanzer
Jürgen Joedicke Né en 1925 à Erfurt Etudes à l’Ecole d’Architecture et des Beaux-Arts de Weimar Architecte indépendant BDA DWB Depuis 1967 professeur à l’Université technique de Stuttgart (Lehrstuhl für Grundlagen der modernen Architektur) Auteur de nombreux ouvrages sur l’architecture contemporaine Vit à Stuttgart
Des confrères viennent souvent à Stuttgart pour voir les dernières réalisations d’architecture moderne. La force d’attraction de cette ville tient peut-être au fait que l’on y a construit la Weißenhofsiedlung, le premier ensemble d’architecture moderne, et que l’Ecole de Stuttgart, qui remonte à l’époque de Theodor Fischer, a beaucoup d’influence. Les confrères ayant des souhaits très divers, nous demandons toujours à notre hôte ce qu’il souhaite voir plus spécialement. La réponse de Karl Schwanzer à cette question avait été surprenante au premier abord : il voulait voir des « constructions expressives » ; pas d’écoles, d’hôpitaux ou de lotissements ; pas de constructions de certains confrères et pas la Weißenhofsiedlung en particulier. Je doute
que j’aie pu lui montrer ce qu’il souhaitait voir, mais je sais que cette réponse était caractéristique et de l’homme et de son attitude à l’égard de l’architecture. Toutefois, pour ne pas se méprendre sur cette réponse, il faut souligner certaines choses. Karl Schwanzer fait partie de ces architectes qui ont adopté une position critique vis-à-vis de l’explication méthodique du processus de conception et qui sont conscients du fait que des éléments rationnels doivent être reconnus dans ce processus en tant que tels et évalués de manière adéquate. Ses constructions sont caractérisées par le profond respect des désirs du client et de leurs occupants ; elles fonctionnent à tout point de vue. La construction et le développement technique ne sont pas des choses accessoires mais des éléments faisant partie intégrante du concept général. Mais outre ces fondements de la construction, qu’il considère comme évidents, il se préoccupe d’autre chose ; en plus du but, de la tâche et de la construction, il en va pour lui du sens et de l’expression de l’architecture. Ses constructions ont leur forme propre, unique. Celle-ci éveille des associations qui conduisent à l’essentiel. Dans le cas du bâtiment administratif qu’il a construit pour BMW à Munich, ce sont la précision, la perfection technique et la beauté des formes qui évoquent les produits fabriqués dans une usine automobile, dans le cas du pavillon autrichien à l’Exposition universelle à Montréal, l’association se fait avec les structures moléculaires et les cristaux et, dans le cas du jardin d’enfants municipal de Vienne, les associations se font avec le monde particulier de l’enfant. Le bâtiment administratif de BMW, situé à côté du terrain olympique à Munich, est un bon exemple de son style de création. Il n’y a certainement aucun autre bâtiment administratif plus original ou plus beau dans toute l’Allemagne. Il est devenu pour moi un synonyme de la marque BMW.
C’est une construction innovante en général et en particulier, de par son plan étonnant mais logique en soi, sa forme dont le relief se distingue agréablement des façades habituelles et l’image qu’elle crée. Chaque innovation devrait se baser sur l’examen critique de ce qui a été fait auparavant. La nouveauté pour le seul plaisir de la nouveauté, l’expérimentation pour le seul plaisir de l’expérimentation ne donnent qu’un effet de mode. L’évaluation des résultats des plans comme base de nouveaux plans ou l’examen des constructions après un certain temps d’utilisation prennent une importance de plus en plus grande, compte tenu de l’abondance de nouveautés. Karl Schwanzer passe systématiquement en revue ses constructions et en tire des idées pour de nouveaux projets. Il est conscient du fait que le travail de l’architecte contient toujours un reste plus ou moins grand d’imperfection et que ce reste d’imperfection pousse l’architecte à tenter quelque chose de nouveau. Ce qui le distingue des autres, c’est qu’il comprend que de grands objectifs, même utopiques, sont nécessaires, mais que le chemin qui y mène ne se parcourt que par étapes souvent difficiles. Il est conscient du fait que sauter du présent dans l’utopie peut être une fuite devant la réalité ; que la tâche de l’architecte consiste bien plus à réaliser ses idées, dans des conditions souvent défavorables, et sans perdre de vue les objectifs à long terme ; que les produits sont des étapes intermédiaires sur un long chemin qui est loin d’être direct. Nous sommes confrontés à l’image de l’architecte comme une personne qui réalise des choses, qui est consciente de ses limites et qui, de ce fait, a recours à des moyens techniques modernes pour atteindre ses objectifs mais qui sait que, dans l’indispensable travail interdisciplinaire, la division du travail et la spécialisation, il doit y avoir quelqu’un qui ne doit pas perdre les choses de vue et doit fixer des priorités.
Peter Blake Né en 1920 en Allemagne Etudes de mathématiques à l’Université de Londres Etudes d’architecture à l’Ecole Polytechnique de Regent Street à Londres et à l’Université de Pennsylvanie Collaborateur de Serge Chermayeff, George Howe, Oscar Stonorov et Louis Kahn 1948 responsable pour l’architecture et le design au Museum of Modern Art à New York À partir de 1950 rédacteur en chef de « Architectural Forum » 1972 lancement de la revue « Architecture plus » dont il est l’éditeur Auteur de nombreux ouvrages sur l’architecture et le design
Christo Oldenburg Schwanzer
Peter Blake sur Karl Schwanzer Je crois que je n’ai vu que trois des nombreux édifices de Karl Schwanzer : l’un ne m’a pas plu particulièrement (un parking à plusieurs niveaux dans le centre de Vienne) ; mais en le regardant plus attentivement, j’ai vu combien la technique avait été utilisée avec virtuosité même si l’édifice ne s’intègre peut-être pas très harmonieusement dans la physionomie de la ville. Par contre, les deux autres constructions, le pavillon de l’Autriche à l’exposition internationale de Bruxelles en 1958 et le tout nouveau bâtiment administratif de BMW à Munich, me plaisent énormément. En fait j’aurais aussi dû voir le pavillon autrichien et le jardin d’enfants de Schwanzer à l’Expo 67 à Montréal car j’y ai passé pas mal de temps ; mais au milieu de toutes ces acrobaties architectoniques, ils étaient peut-être éclipsés par toutes les structures porteuses à trois dimensions et les constructions triangulaires. Je ne me souviens donc pas d’avoir vu ces deux petits pavillons. Aujourd’hui, sur les photos, ils sont si convaincants que je souhaiterais les avoir remarqués à l’époque. J’ai rencontré Karl Schwanzer la première fois au Loos-Bar à Vienne, l’endroit où les architectes du monde entier se retrouvent un jour ou l’autre pour s’imprégner de l’esprit du vieux maître. Cette fois-là, il était (Schwanzer et non pas l’esprit) si aimable et si amusant que j’avais l’impression qu’il ne pouvait être un architecte sérieux. (Les architectes sérieux sont généralement ennuyeux.) Mais j’ai ensuite vu ses constructions, d’abord le parking à plusieurs étages, dont je croyais qu’il ne convenait pas très bien sur cette place - et j’ai été de plus en plus impressionné. Ce garage est un exemple de perfection moderne, avec ses ascenseurs qui montent les voitures et les poussent sur des platesformes, encore mieux que dans des bibliothèques automatiques. Et Schwanzer a utilisé ces dispositifs dès l’année 1958, donc quelques années avant que ce genre de conquêtes techniques ne soit appliqué
dans d’autres pays, dont les Etats-Unis. Mais c’est le pavillon de l’Autriche à l’exposition internationale de Bruxelles en 1958 qui m’a encore plus impressionné. Non pas uniquement parce qu’il s’agissait d’une très bonne construction dans la tradition de Mies van der Rohe mais aussi parce que c’était le seul pavillon national - à l’exception du complexe allemand d’acier et de verre d’Egon Eiermann - qui avait été conçu, de façon réfléchie, pour être réutilisé après avoir rempli son but initial. Nous ne savons que trop bien que les expositions internationales sont un gaspillage ridicule d’énergie, d’intelligence et de matériel ; à Bruxelles, seuls Schwanzer et Eiermann avaient été assez raisonnables pour réaliser des constructions qui pouvaient être démontées et réutilisées par la suite. Le pavillon allemand d’Eiermann a été reconstruit plus tard pour servir d’école ; le pavillon autrichien de Schwanzer a été démonté et transformé en Musée du XXe siècle à Vienne, un édifice qui fonctionne également très bien dans sa nouvelle affectation. C’est ainsi que nous avons en Karl Schwanzer un charmant et aimable Viennois n’ayant apparemment aucun problème dans le monde ; et il s’avère que c’est un architecte extrêmement sérieux et responsable. Mais parfois le côté joueur refait surface chez lui. La tour de BMW à Munich, une commande que Karl Schwanzer a obtenue à l’issue d’un concours, est pour moi un morceau unique d’architecture pop réalisée. Schwanzer a créé ici un document convaincant et prouve dans des détails étonnants que le noyau en béton, le plan en forme de trèfle, une construction suspendue - un édifice de 22 étages en forme de quatre bougies d’allumage revêtues d’aluminium, constitue le meilleur bâtiment administratif pour ce remarquable constructeur de voitures et de motos. On peut supposer que l’analyse en profondeur qu’a faite Schwanzer de tous ces problèmes et de leurs solutions devrait être tout simplement impressionnante surtout, imagine-t-on, pour un maître d’œuvre
allemand. Mais le fait est que chaque petite pièce, que l’on s’attend à trouver sous le capot d’un moteur BMW, constitue, agrandie désormais un million de fois, tout simplement le plus grand et le plus beau monument de Claes Oldenburg, en tout cas depuis l’édification de la statue de la Liberté (peut-être également une œuvre d’Oldenburg). Les divers aménagements horizontaux dans ces bougies de 22 étages - garages, installations techniques et autres - méritent également notre attention : mais la réalisation triomphale de Schwanzer/Oldenburg est la tour en soi. Comme dans tous ses ouvrages, ici également Schwanzer a été d’une précision minutieuse dans tous les éléments de la construction et de la mécanique, dans l’éclairage, dans toutes les autres installations techniques et la façade en aluminium préfabriquée aux merveilleux détails. Mais ce sont là les astuces de tout architecte de premier ordre. Là où Schwanzer a vraiment réussi, c’est de transformer un bâtiment administratif relativement sobre en une super-sculpture, qui rivalise avec la statue de la Liberté à New York, mais parle la langue des années soixante-dix. Ce qui m’intéresse vraiment chez Karl Schwanzer, c’est en fait ceci : dans les années cinquante, il était en retard de un ou deux ans par rapport à la tradition de Mies van der Rohe ; dans les années soixante, il s’est attelé à des constructions à l’aide d’éléments préfabriqués d’une façon si audacieuse que la plupart de ses contemporains ont dû retenir leur souffle et maintenant, dans les années soixante-dix, Karl Schwanzer devient le « super-sculpteur » - ce que le groupe Archigramm et les « freaks » de Cap Kennedy veulent être depuis longtemps -, mais lui il a gagné la course. Au nom du ciel, que va-t-il entreprendre ? Des vols spatiaux ? Quelle que soit sa décision, je l’accompagnerai, s’il m’y autorise. Mais il faudra que je m’attache car ce vol à haute altitude va pas mal me secouer.
Peter Blake Né en 1920 en Allemagne Etudes de mathématiques à l’Université de Londres Etudes d’architecture à l’Ecole Polytechnique de Regent Street à Londres et à l’Université de Pennsylvanie Collaborateur de Serge Chermayeff, George Howe, Oscar Stonorov et Louis Kahn 1948 responsable pour l’architecture et le design au Museum of Modern Art à New York À partir de 1950 rédacteur en chef de « Architectural Forum » 1972 lancement de la revue « Architecture plus » dont il est l’éditeur Auteur de nombreux ouvrages sur l’architecture et le design
Christo Oldenburg Schwanzer
Peter Blake sur Karl Schwanzer Je crois que je n’ai vu que trois des nombreux édifices de Karl Schwanzer : l’un ne m’a pas plu particulièrement (un parking à plusieurs niveaux dans le centre de Vienne) ; mais en le regardant plus attentivement, j’ai vu combien la technique avait été utilisée avec virtuosité même si l’édifice ne s’intègre peut-être pas très harmonieusement dans la physionomie de la ville. Par contre, les deux autres constructions, le pavillon de l’Autriche à l’exposition internationale de Bruxelles en 1958 et le tout nouveau bâtiment administratif de BMW à Munich, me plaisent énormément. En fait j’aurais aussi dû voir le pavillon autrichien et le jardin d’enfants de Schwanzer à l’Expo 67 à Montréal car j’y ai passé pas mal de temps ; mais au milieu de toutes ces acrobaties architectoniques, ils étaient peut-être éclipsés par toutes les structures porteuses à trois dimensions et les constructions triangulaires. Je ne me souviens donc pas d’avoir vu ces deux petits pavillons. Aujourd’hui, sur les photos, ils sont si convaincants que je souhaiterais les avoir remarqués à l’époque. J’ai rencontré Karl Schwanzer la première fois au Loos-Bar à Vienne, l’endroit où les architectes du monde entier se retrouvent un jour ou l’autre pour s’imprégner de l’esprit du vieux maître. Cette fois-là, il était (Schwanzer et non pas l’esprit) si aimable et si amusant que j’avais l’impression qu’il ne pouvait être un architecte sérieux. (Les architectes sérieux sont généralement ennuyeux.) Mais j’ai ensuite vu ses constructions, d’abord le parking à plusieurs étages, dont je croyais qu’il ne convenait pas très bien sur cette place - et j’ai été de plus en plus impressionné. Ce garage est un exemple de perfection moderne, avec ses ascenseurs qui montent les voitures et les poussent sur des platesformes, encore mieux que dans des bibliothèques automatiques. Et Schwanzer a utilisé ces dispositifs dès l’année 1958, donc quelques années avant que ce genre de conquêtes techniques ne soit appliqué
dans d’autres pays, dont les Etats-Unis. Mais c’est le pavillon de l’Autriche à l’exposition internationale de Bruxelles en 1958 qui m’a encore plus impressionné. Non pas uniquement parce qu’il s’agissait d’une très bonne construction dans la tradition de Mies van der Rohe mais aussi parce que c’était le seul pavillon national - à l’exception du complexe allemand d’acier et de verre d’Egon Eiermann - qui avait été conçu, de façon réfléchie, pour être réutilisé après avoir rempli son but initial. Nous ne savons que trop bien que les expositions internationales sont un gaspillage ridicule d’énergie, d’intelligence et de matériel ; à Bruxelles, seuls Schwanzer et Eiermann avaient été assez raisonnables pour réaliser des constructions qui pouvaient être démontées et réutilisées par la suite. Le pavillon allemand d’Eiermann a été reconstruit plus tard pour servir d’école ; le pavillon autrichien de Schwanzer a été démonté et transformé en Musée du XXe siècle à Vienne, un édifice qui fonctionne également très bien dans sa nouvelle affectation. C’est ainsi que nous avons en Karl Schwanzer un charmant et aimable Viennois n’ayant apparemment aucun problème dans le monde ; et il s’avère que c’est un architecte extrêmement sérieux et responsable. Mais parfois le côté joueur refait surface chez lui. La tour de BMW à Munich, une commande que Karl Schwanzer a obtenue à l’issue d’un concours, est pour moi un morceau unique d’architecture pop réalisée. Schwanzer a créé ici un document convaincant et prouve dans des détails étonnants que le noyau en béton, le plan en forme de trèfle, une construction suspendue - un édifice de 22 étages en forme de quatre bougies d’allumage revêtues d’aluminium, constitue le meilleur bâtiment administratif pour ce remarquable constructeur de voitures et de motos. On peut supposer que l’analyse en profondeur qu’a faite Schwanzer de tous ces problèmes et de leurs solutions devrait être tout simplement impressionnante surtout, imagine-t-on, pour un maître d’œuvre
allemand. Mais le fait est que chaque petite pièce, que l’on s’attend à trouver sous le capot d’un moteur BMW, constitue, agrandie désormais un million de fois, tout simplement le plus grand et le plus beau monument de Claes Oldenburg, en tout cas depuis l’édification de la statue de la Liberté (peut-être également une œuvre d’Oldenburg). Les divers aménagements horizontaux dans ces bougies de 22 étages - garages, installations techniques et autres - méritent également notre attention : mais la réalisation triomphale de Schwanzer/Oldenburg est la tour en soi. Comme dans tous ses ouvrages, ici également Schwanzer a été d’une précision minutieuse dans tous les éléments de la construction et de la mécanique, dans l’éclairage, dans toutes les autres installations techniques et la façade en aluminium préfabriquée aux merveilleux détails. Mais ce sont là les astuces de tout architecte de premier ordre. Là où Schwanzer a vraiment réussi, c’est de transformer un bâtiment administratif relativement sobre en une super-sculpture, qui rivalise avec la statue de la Liberté à New York, mais parle la langue des années soixante-dix. Ce qui m’intéresse vraiment chez Karl Schwanzer, c’est en fait ceci : dans les années cinquante, il était en retard de un ou deux ans par rapport à la tradition de Mies van der Rohe ; dans les années soixante, il s’est attelé à des constructions à l’aide d’éléments préfabriqués d’une façon si audacieuse que la plupart de ses contemporains ont dû retenir leur souffle et maintenant, dans les années soixante-dix, Karl Schwanzer devient le « super-sculpteur » - ce que le groupe Archigramm et les « freaks » de Cap Kennedy veulent être depuis longtemps -, mais lui il a gagné la course. Au nom du ciel, que va-t-il entreprendre ? Des vols spatiaux ? Quelle que soit sa décision, je l’accompagnerai, s’il m’y autorise. Mais il faudra que je m’attache car ce vol à haute altitude va pas mal me secouer.
Günther Feuerstein Propos d’atelier
Günther Feuerstein 1925 naissance à Vienne 1945-51 études à l’Université technique à Vienne 1958-1962 travaille dans le bureau du Pr Schwanzer à Vienne 1961-1968 assistant du Pr Schwanzer à l’Institut de la théorie de la construction et du design 1966 thèse de doctorat Depuis 1966 donne des cours sur l’architecture contemporaine à l’Université technique à Vienne 1973 Professeur pour l’aménagement de l’environnement à l’Ecole de design à Linz Auteur de nombreuses publications théoriques Vit et travaille à Vienne comme architecte indépendant Ou les Mémoires de la Seilergasse Ou vu sous l’angle humain Année 1957 : j’avais quelque peu perdu l’envie de « reconstruire », de sauvegarder les monuments historiques et de décoration intérieure, j’aspirais à de l’architecture « moderne ». Mais où pouvait-on trouver à l’époque, en Autriche, au milieu de la tristesse que connaissait l’architecture des années d’après-guerre, un architecte capable de se libérer du provincialisme ? En feuilletant la revue Der Bau, je tombais sur quelques petits projets qui me semblaient avoir une envergure internationale. Ils étaient signés Karl Schwanzer. Je ne connaissais pas ce monsieur mais, trois heures plus tard, j’étais dans son bureau et commençais à
y travailler dès le lendemain. Chargés de quelques petits projets, nous étions livrés à notre sort pendant des jours au cours desquels nous dessinions une multitude de plans. Schwanzer venait, regardait - et remplissait la corbeille à papier. Alors que l’on était au bord du désespoir, un croquis retenait son attention : « Bon, dessinezmoi ça maintenant. » Par la suite, il y eut des travaux intéressants, d’envergure : l’ascenseur pour voitures, l’Expo de Bruxelles et l’Institut pour la promotion de l’économie à Vienne. Mais ce premier contact avec Schwanzer avait été déterminant pour notre façon de travailler. Schwanzer avait un coup d’œil incroyable, sélectif, un jugement sûr. Il travaillait comme les ordinateurs d’aujourd’hui : l’élaboration de différentes variantes était suivie d’une décision sélective sur la base de critères que Schwanzer ne prenait pas la peine de définir. Pour lui l’intuition, le processus émotionnel de déduction était le facteur décisif. Les explications rationnelles venaient ensuite parce qu’on les lui demandait. D’où bien des contradictions : on lui reprochait souvent ses volte-face dans ce qui semblait être une suite logique d’un développement. Alors qu’un projet était sur le point d’aboutir, il fallait parfois tout changer, tout balancer, au grand dam des collaborateurs qui regrettaient le temps « perdu ». Bien que Schwanzer fût capable de penser en termes économiques et commerciaux, il n’hésitait pas une minute à jeter un projet manqué (et avec celui-ci l’argent déjà investi). La construction pouvait bien être avancée, si elle ne répondait pas aux attentes de Schwanzer, celui-ci n’hésitait pas à proposer de l’améliorer à ses frais. Et les accès de colère des hommes de métier, de l’entrepreneur et des collaborateurs une fois passés, force était généralement de reconnaître que c’était nettement mieux. Schwanzer ne souscrivait à aucun dogme, à aucune doctrine ou théorie. Son incroyable vitalité, son dynamisme
donnaient naissance en permanence à de nouvelles idées, des propositions, des critiques : parfois difficile, sensible, esthétisant, à d’autres moments écrasant tout sur son passage comme un rouleau compresseur. On aurait tort de caractériser Karl Schwanzer de manière linéaire, unidimensionnelle; sa diversité, ses contradictions fascinent. Croit-on avoir découvert une facette, c’est tout le contraire qui se produit. Non, ce n’est pas facile de travailler dans son bureau : mais c’est ce qui est fascinant. Dans le petit bureau d’autrefois, l’atmosphère conviviale vous apportait parfois le soutien nécessaire : Fleischer et Krampf, par exemple, les deux piliers d’alors et d’aujourd’hui. Nous nous plaisions à méditer sur les erreurs du bureau et du patron. Un beau jour, un employé a « cafardé » et rapporté au patron ce que nous disions derrière son dos. « Croyez-vous que je n’entends pas ça à travers la porte ? » répondit calmement Schwanzer. Schwanzer supportait la critique. Non pas qu’elle l’indifférait, elle l’atteignait même parfois profondément. Mais elle ne suscitait pas sa colère - alors qu’il pouvait très bien par ailleurs se mettre en colère (comme par exemple le jour où personne n’avait songé aux bougies pour la fête de Noël - Schwanzer avait alors été les chercher lui-même dans l’église des Capucins, ce qui avait fini par l’amuser.) Il n’avait pas l’apanage de la colère. Un jour qu’à cause d’une bagatelle j’étais sorti du bureau en claquant si fort les portes que le plâtre était tombé, l’incident n’avait pas été suivi du renvoi attendu mais d’un entretien tout à fait amical. Schwanzer se souvenait de beaucoup de choses (peutêtre de trop) mais il n’était pas rancunier. On pouvait s’identifier facilement avec le bureau mais plus difficilement avec Schwanzer. Il y avait toujours une certaine réserve, une distance, une retenue - mais de quel côté ? En fin de compte, la distance vient toujours des deux côtés.
Schwanzer peut paraître franc, gai, jovial, détendu - mais cela ne trompe pas sur sa réserve. Schwanzer cherche toujours les raisons chez les autres. Schwanzer a d’innombrables relations, il est sous les feux de la rampe, connaît des gens importants, est lui-même une personnalité. Mais a-t-il vraiment eu des amis ? Des gens qui étaient proches de lui, qui avaient surmonté cette distance ? Des gens qui avaient fait un bout de chemin avec lui et non pas seulement à côté de lui ? Je n’en sais rien. Dans l’ascension dure mais rapide vers le succès, vous vous sentez parfois bien seul. Schwanzer a rarement mentionné ses collaborateurs. A-t-il vraiment tout fait tout seul ? Il est vrai que le bureau est dirigé d’une façon patriarcale (mais cela n’est pas forcément négatif) et si les constructions ne portent que son nom, c’est justifié. Malgré les vastes possibilités d’épanouissement et l’indépendance accordées à chacun, il n’en demeure pas moins que presque chaque projet est « un Schwanzer ». Mais il sait fort bien que la qualité varie. Il ne se considère pas comme infaillible. « Seul celui qui ne fait rien, ne fait pas d’erreur ». Schwanzer a tant inspiré, stimulé l’architecture en Autriche, qu’il peut supporter que l’une ou l’autre de ses constructions ne soit pas acclamée par les revues d’architecture et les critiques. Le sans-faute, l’irréprochable est toujours suspect. Bien des architectes éprouvent de l’amour-haine à l’égard de Schwanzer : ils l’admirent et le critiquent à la fois. Ses collaborateurs font de même. Schwanzer n’est pas un apôtre de l’architecture, ce n’est pas un prophète que l’on suit sans réserve. Il faut donc espérer que Schwanzer ne deviendra pas un monument autrichien. Car là on lui ferait vraiment tort.
Günther Feuerstein Propos d’atelier
Günther Feuerstein 1925 naissance à Vienne 1945-51 études à l’Université technique à Vienne 1958-1962 travaille dans le bureau du Pr Schwanzer à Vienne 1961-1968 assistant du Pr Schwanzer à l’Institut de la théorie de la construction et du design 1966 thèse de doctorat Depuis 1966 donne des cours sur l’architecture contemporaine à l’Université technique à Vienne 1973 Professeur pour l’aménagement de l’environnement à l’Ecole de design à Linz Auteur de nombreuses publications théoriques Vit et travaille à Vienne comme architecte indépendant Ou les Mémoires de la Seilergasse Ou vu sous l’angle humain Année 1957 : j’avais quelque peu perdu l’envie de « reconstruire », de sauvegarder les monuments historiques et de décoration intérieure, j’aspirais à de l’architecture « moderne ». Mais où pouvait-on trouver à l’époque, en Autriche, au milieu de la tristesse que connaissait l’architecture des années d’après-guerre, un architecte capable de se libérer du provincialisme ? En feuilletant la revue Der Bau, je tombais sur quelques petits projets qui me semblaient avoir une envergure internationale. Ils étaient signés Karl Schwanzer. Je ne connaissais pas ce monsieur mais, trois heures plus tard, j’étais dans son bureau et commençais à
y travailler dès le lendemain. Chargés de quelques petits projets, nous étions livrés à notre sort pendant des jours au cours desquels nous dessinions une multitude de plans. Schwanzer venait, regardait - et remplissait la corbeille à papier. Alors que l’on était au bord du désespoir, un croquis retenait son attention : « Bon, dessinezmoi ça maintenant. » Par la suite, il y eut des travaux intéressants, d’envergure : l’ascenseur pour voitures, l’Expo de Bruxelles et l’Institut pour la promotion de l’économie à Vienne. Mais ce premier contact avec Schwanzer avait été déterminant pour notre façon de travailler. Schwanzer avait un coup d’œil incroyable, sélectif, un jugement sûr. Il travaillait comme les ordinateurs d’aujourd’hui : l’élaboration de différentes variantes était suivie d’une décision sélective sur la base de critères que Schwanzer ne prenait pas la peine de définir. Pour lui l’intuition, le processus émotionnel de déduction était le facteur décisif. Les explications rationnelles venaient ensuite parce qu’on les lui demandait. D’où bien des contradictions : on lui reprochait souvent ses volte-face dans ce qui semblait être une suite logique d’un développement. Alors qu’un projet était sur le point d’aboutir, il fallait parfois tout changer, tout balancer, au grand dam des collaborateurs qui regrettaient le temps « perdu ». Bien que Schwanzer fût capable de penser en termes économiques et commerciaux, il n’hésitait pas une minute à jeter un projet manqué (et avec celui-ci l’argent déjà investi). La construction pouvait bien être avancée, si elle ne répondait pas aux attentes de Schwanzer, celui-ci n’hésitait pas à proposer de l’améliorer à ses frais. Et les accès de colère des hommes de métier, de l’entrepreneur et des collaborateurs une fois passés, force était généralement de reconnaître que c’était nettement mieux. Schwanzer ne souscrivait à aucun dogme, à aucune doctrine ou théorie. Son incroyable vitalité, son dynamisme
donnaient naissance en permanence à de nouvelles idées, des propositions, des critiques : parfois difficile, sensible, esthétisant, à d’autres moments écrasant tout sur son passage comme un rouleau compresseur. On aurait tort de caractériser Karl Schwanzer de manière linéaire, unidimensionnelle; sa diversité, ses contradictions fascinent. Croit-on avoir découvert une facette, c’est tout le contraire qui se produit. Non, ce n’est pas facile de travailler dans son bureau : mais c’est ce qui est fascinant. Dans le petit bureau d’autrefois, l’atmosphère conviviale vous apportait parfois le soutien nécessaire : Fleischer et Krampf, par exemple, les deux piliers d’alors et d’aujourd’hui. Nous nous plaisions à méditer sur les erreurs du bureau et du patron. Un beau jour, un employé a « cafardé » et rapporté au patron ce que nous disions derrière son dos. « Croyez-vous que je n’entends pas ça à travers la porte ? » répondit calmement Schwanzer. Schwanzer supportait la critique. Non pas qu’elle l’indifférait, elle l’atteignait même parfois profondément. Mais elle ne suscitait pas sa colère - alors qu’il pouvait très bien par ailleurs se mettre en colère (comme par exemple le jour où personne n’avait songé aux bougies pour la fête de Noël - Schwanzer avait alors été les chercher lui-même dans l’église des Capucins, ce qui avait fini par l’amuser.) Il n’avait pas l’apanage de la colère. Un jour qu’à cause d’une bagatelle j’étais sorti du bureau en claquant si fort les portes que le plâtre était tombé, l’incident n’avait pas été suivi du renvoi attendu mais d’un entretien tout à fait amical. Schwanzer se souvenait de beaucoup de choses (peutêtre de trop) mais il n’était pas rancunier. On pouvait s’identifier facilement avec le bureau mais plus difficilement avec Schwanzer. Il y avait toujours une certaine réserve, une distance, une retenue - mais de quel côté ? En fin de compte, la distance vient toujours des deux côtés.
Schwanzer peut paraître franc, gai, jovial, détendu - mais cela ne trompe pas sur sa réserve. Schwanzer cherche toujours les raisons chez les autres. Schwanzer a d’innombrables relations, il est sous les feux de la rampe, connaît des gens importants, est lui-même une personnalité. Mais a-t-il vraiment eu des amis ? Des gens qui étaient proches de lui, qui avaient surmonté cette distance ? Des gens qui avaient fait un bout de chemin avec lui et non pas seulement à côté de lui ? Je n’en sais rien. Dans l’ascension dure mais rapide vers le succès, vous vous sentez parfois bien seul. Schwanzer a rarement mentionné ses collaborateurs. A-t-il vraiment tout fait tout seul ? Il est vrai que le bureau est dirigé d’une façon patriarcale (mais cela n’est pas forcément négatif) et si les constructions ne portent que son nom, c’est justifié. Malgré les vastes possibilités d’épanouissement et l’indépendance accordées à chacun, il n’en demeure pas moins que presque chaque projet est « un Schwanzer ». Mais il sait fort bien que la qualité varie. Il ne se considère pas comme infaillible. « Seul celui qui ne fait rien, ne fait pas d’erreur ». Schwanzer a tant inspiré, stimulé l’architecture en Autriche, qu’il peut supporter que l’une ou l’autre de ses constructions ne soit pas acclamée par les revues d’architecture et les critiques. Le sans-faute, l’irréprochable est toujours suspect. Bien des architectes éprouvent de l’amour-haine à l’égard de Schwanzer : ils l’admirent et le critiquent à la fois. Ses collaborateurs font de même. Schwanzer n’est pas un apôtre de l’architecture, ce n’est pas un prophète que l’on suit sans réserve. Il faut donc espérer que Schwanzer ne deviendra pas un monument autrichien. Car là on lui ferait vraiment tort.
Laurids Le tigre en chef d’orchestre
Les écoles sont grises. L’école la plus grise est l’Université technique. Elle l’était à l’époque où j’y ai fait mes études d’architecture. Tout était gris. Les salles et les programmes, les étudiants et les professeurs. Dans ce brouet gris, un œil, une goutte d’or comme au bon vieux temps des bouillons Knorr. Frais et appétissant, l’œil d’une porte donnant sur de meilleures soupes. L’institut Schwanzer. Cette bouffée d’oxygène était salutaire. Schwanzer et Feuerstein - un couple disparate - avaient apaisé les anciennes convulsions et mis en marche de nouvelles choses : s’il existe une jeune architecture en Autriche, c’est ici qu’elle a vu le jour. Pour Schwanzer, l’école c’est pour le plaisir, le bureau pour le travail. L’une est un institut public pour l’architecture théorique, l’autre une institution privée pour l’architecture pratique : depuis des années, pour beaucoup, une formation à deux niveaux au métier d’architecte. « Ici on tire à blanc, là à balles réelles », a-t-il coutume de dire en pensant au travail. Il n’ajoute pas ce que cela signifie : la confrontation avec Schwanzer luimême. Le voilà. Karl, le tigre. Une masse d’homme, toujours prête à bondir. Tous les sens en éveil, à flairer ce qui va venir, il voit et entend un tas de choses, saisit le moment opportun et saute. Il a mille vies et mille visages, un pour chaque situation. Tout un éventail : du tigre de salon, qui ronronne en douceur, au chasseur qui flaire sa proie, du diplomate prudent à l’attaquant qui feule. Sa connaissance de la nature humaine est instinctive et il sait l’utiliser. Il trouve tout de suite les points faibles et s’en sert à son avantage, commence par balayer les idées, qui ne sont pas siennes, pour les modifier et les intégrer ensuite dans sa panoplie d’arguments. Tout est combat. Le combat est son métier et le maintient en forme. L’économie d’une
vitalité qui cherche en permanence de nouveaux affrontements. Le combat, pour vaincre. Le tigre reste un vainqueur. Le chef d’orchestre dirige en plus. En costume de flanelle foncée, il intervient au bon moment. Pour dompter ce qui doit l’être. Je ne sais pas combien de personnes travaillent aujourd’hui dans l’atelier de Schwanzer. En tout cas, leur nombre a rapidement augmenté au cours des dernières années. Du fait des commandes. « Dans un orchestre, il ne peut y avoir qu’un chef. Et je suis ce chef d’orchestre.», claironne Schwanzer. La grosse caisse à côté de lui. Il est également le premier violon, le pianiste, le batteur, le harpiste et le trompettiste. Il n’est pas facile de faire de la musique dans ces conditions. Il joue furioso. 15 heures par jour. Y compris les fausses notes. Son impulsivité balance aussi bien les projets de rationalisation que les plans bien préparés. Son souci de faire toujours mieux ne connaît pas de limites. Il n’est pas un plan, une lettre qu’il n’ait pas vus. Il est rare qu’un plan, une lettre ne soient pas modifiés par ses soins. Le tigre pose sa patte partout. Le chef d’orchestre aplanit et dirige. Tous deux travaillent avec passion. Tout contact avec Schwanzer est empreint de respect. Personne ne veut s’en faire un ennemi, même si l’envie est là. On s’en accommode ou on l’évite. Les histoires, qui courent autour de lui et sur lui, rempliraient un livre. Sombres et amusantes comme le conte de l’ogre qui dévore les plans de construction au petit déjeuner et recrache le soir des maisons toutes faites. Abracadabra, à deux reprises parfois. Le grand Karl passe pour plus puissant qu’il n’essaye de l’être. De sorte que le défi est toujours de son côté. Il défie mais il est rarement défié. Pas étonnant donc que certains baissent la tête plus que
nécessaire, parlent plus bas que d’habitude. Le chef d’orchestre accepte cela de bonne grâce comme une marque d’estime, le tigre en lui souhaiterait plus d’agressivité. Ainsi, tout finit par s’accorder : chef d’orchestre aujourd’hui, tigre demain. Avec toujours de nouvelles variantes. Après des générations d’architectes anémiques, on apprécie la vitalité d’un tigre. Même s’il est à moitié chef d’orchestre. J’aime les tigres. Ils ne se laissent pas monter et ils ne vivent pas en meute.
Laurids Ortner Ingénieur diplômé, architecte BDA 1941 naissance à Linz/Danube 1966 diplôme d’ingénieur de l’Université technique à Vienne 1967 travaille dans le bureau du Pr Schwanzer à Vienne. Fonde avec Zamp et Pinter la HausRucker-Co 1969 bureau à Dusseldorf 1970 bureau à New York Vit à Dusseldorf
Laurids Le tigre en chef d’orchestre
Les écoles sont grises. L’école la plus grise est l’Université technique. Elle l’était à l’époque où j’y ai fait mes études d’architecture. Tout était gris. Les salles et les programmes, les étudiants et les professeurs. Dans ce brouet gris, un œil, une goutte d’or comme au bon vieux temps des bouillons Knorr. Frais et appétissant, l’œil d’une porte donnant sur de meilleures soupes. L’institut Schwanzer. Cette bouffée d’oxygène était salutaire. Schwanzer et Feuerstein - un couple disparate - avaient apaisé les anciennes convulsions et mis en marche de nouvelles choses : s’il existe une jeune architecture en Autriche, c’est ici qu’elle a vu le jour. Pour Schwanzer, l’école c’est pour le plaisir, le bureau pour le travail. L’une est un institut public pour l’architecture théorique, l’autre une institution privée pour l’architecture pratique : depuis des années, pour beaucoup, une formation à deux niveaux au métier d’architecte. « Ici on tire à blanc, là à balles réelles », a-t-il coutume de dire en pensant au travail. Il n’ajoute pas ce que cela signifie : la confrontation avec Schwanzer luimême. Le voilà. Karl, le tigre. Une masse d’homme, toujours prête à bondir. Tous les sens en éveil, à flairer ce qui va venir, il voit et entend un tas de choses, saisit le moment opportun et saute. Il a mille vies et mille visages, un pour chaque situation. Tout un éventail : du tigre de salon, qui ronronne en douceur, au chasseur qui flaire sa proie, du diplomate prudent à l’attaquant qui feule. Sa connaissance de la nature humaine est instinctive et il sait l’utiliser. Il trouve tout de suite les points faibles et s’en sert à son avantage, commence par balayer les idées, qui ne sont pas siennes, pour les modifier et les intégrer ensuite dans sa panoplie d’arguments. Tout est combat. Le combat est son métier et le maintient en forme. L’économie d’une
vitalité qui cherche en permanence de nouveaux affrontements. Le combat, pour vaincre. Le tigre reste un vainqueur. Le chef d’orchestre dirige en plus. En costume de flanelle foncée, il intervient au bon moment. Pour dompter ce qui doit l’être. Je ne sais pas combien de personnes travaillent aujourd’hui dans l’atelier de Schwanzer. En tout cas, leur nombre a rapidement augmenté au cours des dernières années. Du fait des commandes. « Dans un orchestre, il ne peut y avoir qu’un chef. Et je suis ce chef d’orchestre.», claironne Schwanzer. La grosse caisse à côté de lui. Il est également le premier violon, le pianiste, le batteur, le harpiste et le trompettiste. Il n’est pas facile de faire de la musique dans ces conditions. Il joue furioso. 15 heures par jour. Y compris les fausses notes. Son impulsivité balance aussi bien les projets de rationalisation que les plans bien préparés. Son souci de faire toujours mieux ne connaît pas de limites. Il n’est pas un plan, une lettre qu’il n’ait pas vus. Il est rare qu’un plan, une lettre ne soient pas modifiés par ses soins. Le tigre pose sa patte partout. Le chef d’orchestre aplanit et dirige. Tous deux travaillent avec passion. Tout contact avec Schwanzer est empreint de respect. Personne ne veut s’en faire un ennemi, même si l’envie est là. On s’en accommode ou on l’évite. Les histoires, qui courent autour de lui et sur lui, rempliraient un livre. Sombres et amusantes comme le conte de l’ogre qui dévore les plans de construction au petit déjeuner et recrache le soir des maisons toutes faites. Abracadabra, à deux reprises parfois. Le grand Karl passe pour plus puissant qu’il n’essaye de l’être. De sorte que le défi est toujours de son côté. Il défie mais il est rarement défié. Pas étonnant donc que certains baissent la tête plus que
nécessaire, parlent plus bas que d’habitude. Le chef d’orchestre accepte cela de bonne grâce comme une marque d’estime, le tigre en lui souhaiterait plus d’agressivité. Ainsi, tout finit par s’accorder : chef d’orchestre aujourd’hui, tigre demain. Avec toujours de nouvelles variantes. Après des générations d’architectes anémiques, on apprécie la vitalité d’un tigre. Même s’il est à moitié chef d’orchestre. J’aime les tigres. Ils ne se laissent pas monter et ils ne vivent pas en meute.
Laurids Ortner Ingénieur diplômé, architecte BDA 1941 naissance à Linz/Danube 1966 diplôme d’ingénieur de l’Université technique à Vienne 1967 travaille dans le bureau du Pr Schwanzer à Vienne. Fonde avec Zamp et Pinter la HausRucker-Co 1969 bureau à Dusseldorf 1970 bureau à New York Vit à Dusseldorf
Sepp Frank L’archinaute
Sepp Frank Ingénieur diplômé, Dr en technologie, architecte 1942 naissance à Vienne 1965 diplôme d’ingénieur de l’Université technique à Vienne 1966/67 travaille dans le bureau du Pr Schwanzer à Vienne 1968 M.A. Université de Californie, Berkeley, USA 1970 diplôme de Docteur en technologie de l’Université technique à Vienne Assistant du Pr Schwanzer à l’Institut de la théorie et du design de la construction 1971 création de l’atelier NEUFRA Vit à Vienne
Être un étudiant de Schwanzer est un défi pour votre imagination - être son collaborateur fait que vous ne le voyez pas plus souvent qu’avant - comme assistant on essaye de le deviner, on prépare les cours. Mais les exposés spontanés sont plus intéressants - les étudiants qui travaillent à leur thèse sont orientés dans des directions qu’ils n’auraient jamais envisagées et un entretien accordé en privé est une affaire très sérieuse. Schwanzer est toujours une surprise, le fait qu’il soit là et, quand il est là, le rencontrer signifie être jaugé, lui parler, lui répondre. Les êtres humains sont des constructions malléables et parfois transparentes, les protéger et leur construire un environnement esthétique de qualité est la préoccupation essentielle de son travail d’architecte. Outre son ouverture d’esprit, les traits spécifiquement autrichiens sont très importants - la sensibilité, le charme, l’humour, la répartie, autant d’instruments de travail - « the horses have to get warmed up », qu’il s’agisse d’un projet au Proche-Orient ou de l’emplacement d’un lustre en cristal à l’ambassade d’Autriche à Brasilia. Son penchant pour le global lui donne la force de s’affirmer face à la concurrence internationale - son approche directe amène de nouvelles découvertes, des initiatives soudaines. La voie du succès slalome par et entre des portes invisibles, la concentration et la force. Le nom de professeur Karl V qu’on lui donne est un titre mérité car le soleil ne se couche jamais dans son bureau et bientôt à Beyrouth une hôtesse épelle Schwanzer comme Sugar, Charley, Honey... Au commencement était l’intuition, puis vint la fascination avant la rationalité - la systématique, la méthodologie comme nouveaux moyens de conception et de création - l’analyse de problèmes dont il faut définir les éléments, l’identification, la clarification des rapports : tout cela constituait la condition du changement, de
la manipulation. Concevoir des processus, anticiper l’avenir, imaginer la réalité procure un plaisir esthétique - intervenir dans le système des rapports reflète des sensations de pouvoir - utilisé parfois en douceur et avec hésitation, parfois d’une manière brutale et vitale - et l’architecture de Schwanzer est puissante, droite, saisissante. La méthodologie, la systématique ne sont toutefois que des points de départ, pas des points de référence - explorer les limites de la systématique, les franchir, les modifier crée une tension et de l’originalité - la systématique est une condition essentielle pour savoir où et quand on les quitte. La rationalité est fascinante, mais coûteuse, laborieuse et lente - réfléchir à chaque étape, l’articuler, l’argumenter va à l’encontre de la mentalité de l’intuition humaine - la rationalité est inefficiente lorsque les problèmes sont très complexes - l’intuition par contre est un processus simultané compliqué qui s’adresse à tous les niveaux de l’expérience humaine et de la connaissance et culmine dans une synthèse spontanée - l’intuition emprunte la voie de gauche en se servant du rétroviseur pour contrôler la rationalité, et Schwanzer conduit un véhicule rapide. Analyser d’autres systèmes tout en restant soi-même un système complexe, à l’instar d’un artiste qui se dégage de ses liens se libérer de la rationalité imposée, est dans la nature de Schwanzer. Ne pas ressentir les contradictions, puiser en permanence une force nouvelle dans la polarité sont les sources de sa créativité et la cause de pluralité de son travail. Il n’y a pas de contradictions car le paradoxe est réalité, le côté schizophrène quelque chose de conscient. Des conversations avec Schwanzer sont des morceaux d’architecture non construite - ses idées ont de nombreuses dimensions - il va de l’avant, attiré par l’incertitude d’horizons lointains - un archinaute qui crée l’architecture du présent.
Gerhard Krampf Pourquoi travaillons-nous avec Schwanzer ?
1924 naissance à Vienne 1950 études à l’Ecole des Arts appliqués à Vienne, obtention du diplôme 1963 habilité à exercer la profession d’architecte À partir de 1951 participe à tous les grands travaux du Pr Dr Karl Schwanzer comme directeur des projets
Lorsque, il y a une vingtaine d’années, je suis entré dans le bureau, encore petit à l’époque, les projets sur lesquels nous travaillions étaient modestes. Des façades et des installations de magasins ainsi que des expositions constituaient l’essentiel des commandes. Mais bien qu’elles aient été petites, l’équipe investissait dans leur exécution une énorme quantité d’énergie, de travail et de créativité. Le succès du bureau, qui allait entraîner une augmentation constante des commandes, n’est pas un secret mais le résultat d’un travail énergique et de la quête inlassable de nouvelles idées et d’une perfection fonctionnelle. La participation à des concours nationaux et internationaux et le succès qui s’ensuivit amenèrent un agrandissement continu du bureau et un accroissement du nombre des collaborateurs. La renommée internationale du bureau est basée sur ses méthodes de travail et sa position à l’égard de l’architecture avec pour idée directrice « la qualité passe avant le profit ». Les architectes qui s’intéressent à la qualité restent volontiers avec nous. C’est tout simple. Chacun de nous s’identifie avec le bureau et son atmosphère dynamique et y travaille avec plaisir. La liberté et la générosité comptent pour Schwanzer dans son travail avec nous et dans son propre travail. Soucieux de placer l’aboutissement satisfaisant d’un projet au-dessus de son propre succès commercial, le professeur Schwanzer donne l’élan nécessaire aux projets, même aux plus petits. Il surveille leur exécution et veille à ce que le niveau de qualité qu’il exige soit respecté. Dans notre bureau, la réalisation d’un projet met à rude épreuve tous ceux qui y participent. Toujours en quête de la solution parfaite, Schwanzer ne ménage ni les forces psychiques ni les forces physiques de ses collaborateurs, de l’arrivée de la commande à sa finalisation. Au commencement de chaque nouvelle tâche, il y a le désir de trouver une nouvelle idée originale aussi bien sur le
plan architectonique que fonctionnel. Heure après heure, jour après jour, et même souvent la nuit, on dessine, discute, modifie, rejette pour tout recommencer. On modifie encore et on recommence même quand le temps presse. Aussi longtemps qu’il existe la moindre possibilité d’apporter une dernière amélioration pour atteindre l’objectif de qualité fixé, toutes les forces sont mobilisées. Et, invariablement, le succès obtenu prouve que la recette était bonne. Des piles d’esquisses abandonnées s’amoncellent et remplissent les corbeilles à papier jusqu’à ce qu’enfin « Le projet » soit là, qui donne satisfaction. De nouveaux efforts sont alors nécessaires pour le mener à bonne fin et de manière satisfaisante. La voie, qui mène de la première esquisse du projet à la remise du bâtiment au client, est ardue et passe par une réflexion constante, une amélioration permanente et partant des modifications, une remise en question des solutions précédentes avec un seul objectif en vue, tirer le meilleur parti de la tâche fixée. Le résultat est décisif, la satisfaction de tous, du client d’abord et de l’architecte. Dans le bureau de Schwanzer, chercher et trouver la solution unique, la meilleure et la plus parfaite, même à très grands frais, passe avant le succès économique, avant la rentabilité. Malgré toute la peine et les efforts, il n’y a rien de plus beau pour un architecte que d’avoir participé à la réussite d’un projet qui jouit d’une reconnaissance publique, souvent même internationale. Pouvoir faire ses preuves et partager le succès, pouvoir participer à de grands projets internationaux constituent la force d’attraction de Schwanzer qui nous subjugue tous. Il y a des architectes qui restent longtemps dans ce bureau et d’autres qui aspirent à y entrer, sachant que la qualité du travail de l’architecte y compte plus que la course au profit et que l’atmosphère de communion avec Schwanzer est stimulante.
Sepp Frank L’archinaute
Sepp Frank Ingénieur diplômé, Dr en technologie, architecte 1942 naissance à Vienne 1965 diplôme d’ingénieur de l’Université technique à Vienne 1966/67 travaille dans le bureau du Pr Schwanzer à Vienne 1968 M.A. Université de Californie, Berkeley, USA 1970 diplôme de Docteur en technologie de l’Université technique à Vienne Assistant du Pr Schwanzer à l’Institut de la théorie et du design de la construction 1971 création de l’atelier NEUFRA Vit à Vienne
Être un étudiant de Schwanzer est un défi pour votre imagination - être son collaborateur fait que vous ne le voyez pas plus souvent qu’avant - comme assistant on essaye de le deviner, on prépare les cours. Mais les exposés spontanés sont plus intéressants - les étudiants qui travaillent à leur thèse sont orientés dans des directions qu’ils n’auraient jamais envisagées et un entretien accordé en privé est une affaire très sérieuse. Schwanzer est toujours une surprise, le fait qu’il soit là et, quand il est là, le rencontrer signifie être jaugé, lui parler, lui répondre. Les êtres humains sont des constructions malléables et parfois transparentes, les protéger et leur construire un environnement esthétique de qualité est la préoccupation essentielle de son travail d’architecte. Outre son ouverture d’esprit, les traits spécifiquement autrichiens sont très importants - la sensibilité, le charme, l’humour, la répartie, autant d’instruments de travail - « the horses have to get warmed up », qu’il s’agisse d’un projet au Proche-Orient ou de l’emplacement d’un lustre en cristal à l’ambassade d’Autriche à Brasilia. Son penchant pour le global lui donne la force de s’affirmer face à la concurrence internationale - son approche directe amène de nouvelles découvertes, des initiatives soudaines. La voie du succès slalome par et entre des portes invisibles, la concentration et la force. Le nom de professeur Karl V qu’on lui donne est un titre mérité car le soleil ne se couche jamais dans son bureau et bientôt à Beyrouth une hôtesse épelle Schwanzer comme Sugar, Charley, Honey... Au commencement était l’intuition, puis vint la fascination avant la rationalité - la systématique, la méthodologie comme nouveaux moyens de conception et de création - l’analyse de problèmes dont il faut définir les éléments, l’identification, la clarification des rapports : tout cela constituait la condition du changement, de
la manipulation. Concevoir des processus, anticiper l’avenir, imaginer la réalité procure un plaisir esthétique - intervenir dans le système des rapports reflète des sensations de pouvoir - utilisé parfois en douceur et avec hésitation, parfois d’une manière brutale et vitale - et l’architecture de Schwanzer est puissante, droite, saisissante. La méthodologie, la systématique ne sont toutefois que des points de départ, pas des points de référence - explorer les limites de la systématique, les franchir, les modifier crée une tension et de l’originalité - la systématique est une condition essentielle pour savoir où et quand on les quitte. La rationalité est fascinante, mais coûteuse, laborieuse et lente - réfléchir à chaque étape, l’articuler, l’argumenter va à l’encontre de la mentalité de l’intuition humaine - la rationalité est inefficiente lorsque les problèmes sont très complexes - l’intuition par contre est un processus simultané compliqué qui s’adresse à tous les niveaux de l’expérience humaine et de la connaissance et culmine dans une synthèse spontanée - l’intuition emprunte la voie de gauche en se servant du rétroviseur pour contrôler la rationalité, et Schwanzer conduit un véhicule rapide. Analyser d’autres systèmes tout en restant soi-même un système complexe, à l’instar d’un artiste qui se dégage de ses liens se libérer de la rationalité imposée, est dans la nature de Schwanzer. Ne pas ressentir les contradictions, puiser en permanence une force nouvelle dans la polarité sont les sources de sa créativité et la cause de pluralité de son travail. Il n’y a pas de contradictions car le paradoxe est réalité, le côté schizophrène quelque chose de conscient. Des conversations avec Schwanzer sont des morceaux d’architecture non construite - ses idées ont de nombreuses dimensions - il va de l’avant, attiré par l’incertitude d’horizons lointains - un archinaute qui crée l’architecture du présent.
Gerhard Krampf Pourquoi travaillons-nous avec Schwanzer ?
1924 naissance à Vienne 1950 études à l’Ecole des Arts appliqués à Vienne, obtention du diplôme 1963 habilité à exercer la profession d’architecte À partir de 1951 participe à tous les grands travaux du Pr Dr Karl Schwanzer comme directeur des projets
Lorsque, il y a une vingtaine d’années, je suis entré dans le bureau, encore petit à l’époque, les projets sur lesquels nous travaillions étaient modestes. Des façades et des installations de magasins ainsi que des expositions constituaient l’essentiel des commandes. Mais bien qu’elles aient été petites, l’équipe investissait dans leur exécution une énorme quantité d’énergie, de travail et de créativité. Le succès du bureau, qui allait entraîner une augmentation constante des commandes, n’est pas un secret mais le résultat d’un travail énergique et de la quête inlassable de nouvelles idées et d’une perfection fonctionnelle. La participation à des concours nationaux et internationaux et le succès qui s’ensuivit amenèrent un agrandissement continu du bureau et un accroissement du nombre des collaborateurs. La renommée internationale du bureau est basée sur ses méthodes de travail et sa position à l’égard de l’architecture avec pour idée directrice « la qualité passe avant le profit ». Les architectes qui s’intéressent à la qualité restent volontiers avec nous. C’est tout simple. Chacun de nous s’identifie avec le bureau et son atmosphère dynamique et y travaille avec plaisir. La liberté et la générosité comptent pour Schwanzer dans son travail avec nous et dans son propre travail. Soucieux de placer l’aboutissement satisfaisant d’un projet au-dessus de son propre succès commercial, le professeur Schwanzer donne l’élan nécessaire aux projets, même aux plus petits. Il surveille leur exécution et veille à ce que le niveau de qualité qu’il exige soit respecté. Dans notre bureau, la réalisation d’un projet met à rude épreuve tous ceux qui y participent. Toujours en quête de la solution parfaite, Schwanzer ne ménage ni les forces psychiques ni les forces physiques de ses collaborateurs, de l’arrivée de la commande à sa finalisation. Au commencement de chaque nouvelle tâche, il y a le désir de trouver une nouvelle idée originale aussi bien sur le
plan architectonique que fonctionnel. Heure après heure, jour après jour, et même souvent la nuit, on dessine, discute, modifie, rejette pour tout recommencer. On modifie encore et on recommence même quand le temps presse. Aussi longtemps qu’il existe la moindre possibilité d’apporter une dernière amélioration pour atteindre l’objectif de qualité fixé, toutes les forces sont mobilisées. Et, invariablement, le succès obtenu prouve que la recette était bonne. Des piles d’esquisses abandonnées s’amoncellent et remplissent les corbeilles à papier jusqu’à ce qu’enfin « Le projet » soit là, qui donne satisfaction. De nouveaux efforts sont alors nécessaires pour le mener à bonne fin et de manière satisfaisante. La voie, qui mène de la première esquisse du projet à la remise du bâtiment au client, est ardue et passe par une réflexion constante, une amélioration permanente et partant des modifications, une remise en question des solutions précédentes avec un seul objectif en vue, tirer le meilleur parti de la tâche fixée. Le résultat est décisif, la satisfaction de tous, du client d’abord et de l’architecte. Dans le bureau de Schwanzer, chercher et trouver la solution unique, la meilleure et la plus parfaite, même à très grands frais, passe avant le succès économique, avant la rentabilité. Malgré toute la peine et les efforts, il n’y a rien de plus beau pour un architecte que d’avoir participé à la réussite d’un projet qui jouit d’une reconnaissance publique, souvent même internationale. Pouvoir faire ses preuves et partager le succès, pouvoir participer à de grands projets internationaux constituent la force d’attraction de Schwanzer qui nous subjugue tous. Il y a des architectes qui restent longtemps dans ce bureau et d’autres qui aspirent à y entrer, sachant que la qualité du travail de l’architecte y compte plus que la course au profit et que l’atmosphère de communion avec Schwanzer est stimulante.
Karl Fleischer
Seilergasse 16 Depuis vingt-cinq ans mes pas me mènent dans cette ruelle proche de la Donnerbrunnen. Je me suis mis à aimer l’agréable atmosphère du centre-ville avec les échoppes du Neuer Markt, l’épicerie fine Wild et le petit café Pfemeter. C’est au 16 de la Seilergasse que le bureau a commencé à travailler, dans trois petites pièces qu’avaient habitées autrefois des parents de la baronne Schratt. Doté d’un tempérament dynamique, Schwanzer allait non seulement au-delà des limites de sa tâche mais sa soif d’activité devait également le pousser à s’étendre de plus en plus dans cette maison. Aujourd’hui, les bureaux occupent quatre étages . Bien que séparés, ils sont reliés par le « vert Schwanzer », la couleur des murs, qui exprime la nostalgie de la nature et insuffle un peu de ce rêve dans l’atmosphère de travail plutôt froide des architectes. Avec le temps, ce vert est devenu également le symbole des liens entre tous ceux qui ont travaillé dans ce bureau. Au cours des années, je m’y suis fait beaucoup d’amis qui tous ont suivi avec enthousiasme les objectifs du bureau. Plus de vingt nationalités étaient représentées dans l’équipe et cela a donné lieu à bien des rencontres intéressantes et des nouvelles idées stimulantes. Très tôt, Schwanzer s’est tourné vers l’étranger et nous avons souvent voyagé ensemble dans le monde entier. En dernier au Japon, où nous avons participé au
développement de moules en sable pour la fabrication d’éléments de façades en fonte d’aluminium. Curieusement, la société japonaise, Kubota, a depuis adopté ce qu’elle appelle le procédé Schwanzer pour la fabrication de ses façades. Les activités à l’étranger ont fait naître de nouvelles idées pour le travail et ont élargi notre horizon et notre capacité de jugement. Ces expériences font partie de celles, inoubliables, qui me lient au bureau. Que ce soit la répétition générale pour la réception du président fédéral lors d’une exposition ou le développement d’un nouveau procédé de levage pour le bâtiment de BMW ou encore les fêtes du bouquet, les anniversaires et les fêtes de Noël. L’atmosphère du bureau est avant tout conviviale et le plaisir que l’on a à travailler est la condition du succès. Il faut s’atteler à des tâches toujours différentes et Schwanzer a une peur panique de la routine et il ne cesse de répéter qu’il ne veut pas devenir un « médecin de campagne ». Grâce à Dieu, cela n’a pas été le cas. Il faut avoir parfois de la compréhension pour ses coups de colère. Ils ne doivent pas être pris au sérieux car ils ne sont pour lui qu’une réaction, lorsqu’il n’a pas obtenu ce qu’il voulait, et ils ne doivent jamais être pris personnellement. Pourtant, aucune réalisation artistique n’est possible sans émotion et nous sommes tous contents lorsque son jugement empreint de sensibilité intervient. Après tant d’années passées ensemble, on se comprend si bien qu’il suffit souvent d’un simple mot pour savoir ce que l’on pense. « L’antenne lumineuse » est un
terme très apprécié dans le bureau. Non seulement, elle accélère considérablement le travail mais elle prouve également qu’il existe une communauté de pensée. Et celle-ci satisfait mon engagement car elle me permet de m’identifier avec mon travail et avec Schwanzer, l’homme. Sur le chantier, ses connaissances pratiques permettent d’établir d’excellentes relations avec les artisans et les ouvriers, qui ne peuvent jamais rien lui refuser car il explique toujours ce qu’il veut avec passion et son enthousiasme est communicatif. Ma dernière belle expérience a été le vaste projet de construction à Munich où, en l’espace de 26 mois, tout le monde, jusqu’au dernier manœuvre, a travaillé avec joie et enthousiasme. Le concept audacieux avait tout simplement conquis chacun d’entre nous. C’est ainsi par exemple que, malgré la surchauffe de la conjoncture dans le secteur du bâtiment, un groupe de charpentiers du Burgenland, qui devait avoir quelque affinité avec nous autres Viennois, a travaillé en trois équipes six semaines d’affilée de façon à respecter les délais. Ce genre d’expérience vous stimule. Vous prenez plaisir à travailler, à créer, vous participez au secret de la réalisation qui est une véritable confirmation de la vie.
Karl Fleischer 1921 naissance à Vienne Études à l’Ecole des Arts appliqués Depuis 1948 chef de bureau dans le bureau du Pr Schwanzer
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Karl Fleischer
Seilergasse 16 Depuis vingt-cinq ans mes pas me mènent dans cette ruelle proche de la Donnerbrunnen. Je me suis mis à aimer l’agréable atmosphère du centre-ville avec les échoppes du Neuer Markt, l’épicerie fine Wild et le petit café Pfemeter. C’est au 16 de la Seilergasse que le bureau a commencé à travailler, dans trois petites pièces qu’avaient habitées autrefois des parents de la baronne Schratt. Doté d’un tempérament dynamique, Schwanzer allait non seulement au-delà des limites de sa tâche mais sa soif d’activité devait également le pousser à s’étendre de plus en plus dans cette maison. Aujourd’hui, les bureaux occupent quatre étages . Bien que séparés, ils sont reliés par le « vert Schwanzer », la couleur des murs, qui exprime la nostalgie de la nature et insuffle un peu de ce rêve dans l’atmosphère de travail plutôt froide des architectes. Avec le temps, ce vert est devenu également le symbole des liens entre tous ceux qui ont travaillé dans ce bureau. Au cours des années, je m’y suis fait beaucoup d’amis qui tous ont suivi avec enthousiasme les objectifs du bureau. Plus de vingt nationalités étaient représentées dans l’équipe et cela a donné lieu à bien des rencontres intéressantes et des nouvelles idées stimulantes. Très tôt, Schwanzer s’est tourné vers l’étranger et nous avons souvent voyagé ensemble dans le monde entier. En dernier au Japon, où nous avons participé au
développement de moules en sable pour la fabrication d’éléments de façades en fonte d’aluminium. Curieusement, la société japonaise, Kubota, a depuis adopté ce qu’elle appelle le procédé Schwanzer pour la fabrication de ses façades. Les activités à l’étranger ont fait naître de nouvelles idées pour le travail et ont élargi notre horizon et notre capacité de jugement. Ces expériences font partie de celles, inoubliables, qui me lient au bureau. Que ce soit la répétition générale pour la réception du président fédéral lors d’une exposition ou le développement d’un nouveau procédé de levage pour le bâtiment de BMW ou encore les fêtes du bouquet, les anniversaires et les fêtes de Noël. L’atmosphère du bureau est avant tout conviviale et le plaisir que l’on a à travailler est la condition du succès. Il faut s’atteler à des tâches toujours différentes et Schwanzer a une peur panique de la routine et il ne cesse de répéter qu’il ne veut pas devenir un « médecin de campagne ». Grâce à Dieu, cela n’a pas été le cas. Il faut avoir parfois de la compréhension pour ses coups de colère. Ils ne doivent pas être pris au sérieux car ils ne sont pour lui qu’une réaction, lorsqu’il n’a pas obtenu ce qu’il voulait, et ils ne doivent jamais être pris personnellement. Pourtant, aucune réalisation artistique n’est possible sans émotion et nous sommes tous contents lorsque son jugement empreint de sensibilité intervient. Après tant d’années passées ensemble, on se comprend si bien qu’il suffit souvent d’un simple mot pour savoir ce que l’on pense. « L’antenne lumineuse » est un
terme très apprécié dans le bureau. Non seulement, elle accélère considérablement le travail mais elle prouve également qu’il existe une communauté de pensée. Et celle-ci satisfait mon engagement car elle me permet de m’identifier avec mon travail et avec Schwanzer, l’homme. Sur le chantier, ses connaissances pratiques permettent d’établir d’excellentes relations avec les artisans et les ouvriers, qui ne peuvent jamais rien lui refuser car il explique toujours ce qu’il veut avec passion et son enthousiasme est communicatif. Ma dernière belle expérience a été le vaste projet de construction à Munich où, en l’espace de 26 mois, tout le monde, jusqu’au dernier manœuvre, a travaillé avec joie et enthousiasme. Le concept audacieux avait tout simplement conquis chacun d’entre nous. C’est ainsi par exemple que, malgré la surchauffe de la conjoncture dans le secteur du bâtiment, un groupe de charpentiers du Burgenland, qui devait avoir quelque affinité avec nous autres Viennois, a travaillé en trois équipes six semaines d’affilée de façon à respecter les délais. Ce genre d’expérience vous stimule. Vous prenez plaisir à travailler, à créer, vous participez au secret de la réalisation qui est une véritable confirmation de la vie.
Karl Fleischer 1921 naissance à Vienne Études à l’Ecole des Arts appliqués Depuis 1948 chef de bureau dans le bureau du Pr Schwanzer
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A l’abri dans l’environnement...
...exposé dans l’environnement.
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A l’abri dans l’environnement...
...exposé dans l’environnement.
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J’avais pour ambition de travailler comme architecte indépendant. L’exposition industrielle en 1951 m’en donna pour la première fois la possibilité. Je pouvais développer des idées novatrices et communiquer une nouvelle impulsion. On me faisait confiance et j’avais toute latitude en matière de design. Le succès fut au bout des gros efforts entrepris, du travail investi et du plaisir d’innover. C’était mon premier travail soumis à la critique publique. Ce fut l’époque où je rencontrais mes premiers collaborateurs : Fleischer, Krampf, Pospisil, Starzen, Andel, Herrgesell. Des travaux indépendants, des concours, des salons, des locaux commerciaux allaient suivre. Mon travail prenait forme, se distinguait : la qualité avant le profit - la confiance comme obligation - la joie et le plaisir de créer, réaliser, construire ! De premiers contacts avec des artistes tels que Boeckl, Josef Hoffmann, Hoflehner, Kokoschka, Wotruba, avec des clients tels que Lakowitsch, Mautner Markhof, Sallinger et des hommes d’État tels que Drimmel, Figl, Körner, Schärf furent déterminants pour mon développement.
Exposition industrielle 1951
J’avais pour ambition de travailler comme architecte indépendant. L’exposition industrielle en 1951 m’en donna pour la première fois la possibilité. Je pouvais développer des idées novatrices et communiquer une nouvelle impulsion. On me faisait confiance et j’avais toute latitude en matière de design. Le succès fut au bout des gros efforts entrepris, du travail investi et du plaisir d’innover. C’était mon premier travail soumis à la critique publique. Ce fut l’époque où je rencontrais mes premiers collaborateurs : Fleischer, Krampf, Pospisil, Starzen, Andel, Herrgesell. Des travaux indépendants, des concours, des salons, des locaux commerciaux allaient suivre. Mon travail prenait forme, se distinguait : la qualité avant le profit - la confiance comme obligation - la joie et le plaisir de créer, réaliser, construire ! De premiers contacts avec des artistes tels que Boeckl, Josef Hoffmann, Hoflehner, Kokoschka, Wotruba, avec des clients tels que Lakowitsch, Mautner Markhof, Sallinger et des hommes d’État tels que Drimmel, Figl, Körner, Schärf furent déterminants pour mon développement.
Exposition industrielle 1951
Exposition « Dienst am Volk » 1952
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Exposition « Dienst am Volk » 1952
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Pavillon du Conseil de l’Europe Exposition universelle, Bruxelles 1958
IntĂŠrieur : Carlo de Carli, Milan 26
Pavillon du Conseil de l’Europe Exposition universelle, Bruxelles 1958
IntĂŠrieur : Carlo de Carli, Milan 26
Pavillon du Conseil de l’Europe Exposition universelle, Bruxelles 1958
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Pavillon du Conseil de l’Europe Exposition universelle, Bruxelles 1958
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Expositions universelles
Les architectes considèrent les expositions universelles essentiellement comme des manifestations architecturales, des jalons architectoniques sur la voie du développement dans le secteur de la construction. Cette course aux sensations architecturales n’intéresse qu’en marge le visiteur moyen. Il est plus impressionné par l’événement, la vitalité, l’action, la spontanéité, le « happening ». Les grandes expositions ne constituent plus une épreuve de force entre les pouvoirs industriels ou politiques. A l’époque des mass media, elles ont surtout pour tâche de propager les réalités du développement, d’établir des contacts et de documenter la participation d’un pays au thème donné. « Bilan d’un monde pour un monde plus humain » était le thème de l’Exposition universelle à Bruxelles en 1958. Le concept de la participation de l’Autriche à l’Exposition de Bruxelles se détournait de la suprématie matérialiste, de la surévaluation économique et partant de l’alignement traditionnel des biens de production. Le programme de l’Autriche partait de l’idée humaniste qui place l’homme au centre et en fait l’aune de tout progrès culturel et intellectuel. Le dénominateur intellectuel commun, qui avait été trouvé pour la participation autrichienne, était l’idée du pont.
« L’Autriche » devait être présentée comme un pont politique, économique et culturel entre le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest. La mission de l’Autriche, servir de médiateur entre les peuples, devait être exposée non seulement comme un rôle historique mais également tout à fait contemporain. L’Autriche ne présentait pas seulement de l’architecture mais également de « l’expérience ». Ce qui constituait un progrès considérable par rapport aux participations autrichiennes à Bruxelles en 1935 et à Paris en 1937, qui avaient été présentées de façon statique, à l’image d’un musée. « L’académie de musique » était un spectacle permanent de musique en direct, le jardin d’enfants une démonstration vitale de véritable humanisme international à l’égard de jeunes encore intacts. Cette « action » avait rangé l’Autriche parmi les exposants progressistes à Bruxelles. Le succès de Bruxelles démontrait qu’il ne pouvait être obtenu en montrant un peu de tout mais par la présentation comprimée d’une image d’ensemble au moyen de quelques objets d’exposition significatifs. Ce rejet déterminé de futilités avait empêché la trivialité et fait que, pour 3,5 millions de personnes, la visite du pavillon autrichien et l’ « Imago Austriae » devaient rester une expérience mémorable.
Exposition universelle, Bruxelles 1958 26
Expositions universelles
Les architectes considèrent les expositions universelles essentiellement comme des manifestations architecturales, des jalons architectoniques sur la voie du développement dans le secteur de la construction. Cette course aux sensations architecturales n’intéresse qu’en marge le visiteur moyen. Il est plus impressionné par l’événement, la vitalité, l’action, la spontanéité, le « happening ». Les grandes expositions ne constituent plus une épreuve de force entre les pouvoirs industriels ou politiques. A l’époque des mass media, elles ont surtout pour tâche de propager les réalités du développement, d’établir des contacts et de documenter la participation d’un pays au thème donné. « Bilan d’un monde pour un monde plus humain » était le thème de l’Exposition universelle à Bruxelles en 1958. Le concept de la participation de l’Autriche à l’Exposition de Bruxelles se détournait de la suprématie matérialiste, de la surévaluation économique et partant de l’alignement traditionnel des biens de production. Le programme de l’Autriche partait de l’idée humaniste qui place l’homme au centre et en fait l’aune de tout progrès culturel et intellectuel. Le dénominateur intellectuel commun, qui avait été trouvé pour la participation autrichienne, était l’idée du pont.
« L’Autriche » devait être présentée comme un pont politique, économique et culturel entre le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest. La mission de l’Autriche, servir de médiateur entre les peuples, devait être exposée non seulement comme un rôle historique mais également tout à fait contemporain. L’Autriche ne présentait pas seulement de l’architecture mais également de « l’expérience ». Ce qui constituait un progrès considérable par rapport aux participations autrichiennes à Bruxelles en 1935 et à Paris en 1937, qui avaient été présentées de façon statique, à l’image d’un musée. « L’académie de musique » était un spectacle permanent de musique en direct, le jardin d’enfants une démonstration vitale de véritable humanisme international à l’égard de jeunes encore intacts. Cette « action » avait rangé l’Autriche parmi les exposants progressistes à Bruxelles. Le succès de Bruxelles démontrait qu’il ne pouvait être obtenu en montrant un peu de tout mais par la présentation comprimée d’une image d’ensemble au moyen de quelques objets d’exposition significatifs. Ce rejet déterminé de futilités avait empêché la trivialité et fait que, pour 3,5 millions de personnes, la visite du pavillon autrichien et l’ « Imago Austriae » devaient rester une expérience mémorable.
Exposition universelle, Bruxelles 1958 26
Pavillon autrichien Exposition universelle, Bruxelles 1958
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Pavillon autrichien Exposition universelle, Bruxelles 1958
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Pavillon autrichien Bruxelles 1958
Pavillon autrichien Bruxelles 1958
Voir et penser penser et voir, anticiper, percevoir, visuellement, spirituellement, poser des jalons, penser généreusement. Sentir la quatrième dimension, la détecter.
Voir et penser penser et voir, anticiper, percevoir, visuellement, spirituellement, poser des jalons, penser généreusement. Sentir la quatrième dimension, la détecter.
Institut pour la promotion de l’Êconomie 1963
Institut pour la promotion de l’Êconomie 1963
Wifi Vienne
L’Institut pour la promotion de l’économie de la Chambre de Commerce fédérale a pour activité principale l’éducation et la formation professionnelles. Les chefs d’entreprises comme les ouvriers, les employés et les apprentis ont besoin d’une formation professionnelle, de compléter leurs connaissances ou d’une reconversion professionnelle. Par des impressions environnementales exemplaires, un design fonctionnel et formel et la structure de la construction, les élèves de cet Institut, des jeunes pour la plupart, doivent être encouragés à adopter une attitude sans parti pris à l’égard d’idées innovatrices. Du fait de leur niveau général de qualité et par l’intermédiaire des élèves et des participants aux cours, les salles de classe et les ateliers exemplaires servent de modèle dans de vastes secteurs de l’artisanat, de l’industrie et du commerce. On a délibérément cherché ici à donner au design des postes de travail, souvent figés dans des formes inadaptées, une nouvelle orientation, contemporaine, et surtout humaine, propre à susciter le plaisir de travailler. Grâce à un client compréhensif, le concept choisi a permis de réaliser un immeuble aux lignes généreuses et puissantes qui, du fait du matériel et des proportions des différents éléments de design, souligne sa vocation d’institut de formation professionnelle. Dans le design de la structure de l’espace, on a accordé une valeur particulière à la fonctionnalité, à l’effet d’ensemble, à la transparence et à la clarté. De larges fenêtres et des portes qui occupent toute la hauteur du mur répondent aux exigences techniques et fonctionnelles et présentent des proportions équilibrées entre le mur et l’ouverture. La stricte économie, logique et délibérée, des matériaux utilisés a été respectée non seulement pour l’extérieur de l’immeuble mais également à l’intérieur, jusque dans les différents ateliers et salles de formation. L’emploi approprié de béton armé, d’acier et de métal léger, en gris et blanc, ainsi que de bois d’orme uniforme dans toutes les pièces souligne le lien entre l’artisanat et son potentiel de design.
Wifi Vienne
L’Institut pour la promotion de l’économie de la Chambre de Commerce fédérale a pour activité principale l’éducation et la formation professionnelles. Les chefs d’entreprises comme les ouvriers, les employés et les apprentis ont besoin d’une formation professionnelle, de compléter leurs connaissances ou d’une reconversion professionnelle. Par des impressions environnementales exemplaires, un design fonctionnel et formel et la structure de la construction, les élèves de cet Institut, des jeunes pour la plupart, doivent être encouragés à adopter une attitude sans parti pris à l’égard d’idées innovatrices. Du fait de leur niveau général de qualité et par l’intermédiaire des élèves et des participants aux cours, les salles de classe et les ateliers exemplaires servent de modèle dans de vastes secteurs de l’artisanat, de l’industrie et du commerce. On a délibérément cherché ici à donner au design des postes de travail, souvent figés dans des formes inadaptées, une nouvelle orientation, contemporaine, et surtout humaine, propre à susciter le plaisir de travailler. Grâce à un client compréhensif, le concept choisi a permis de réaliser un immeuble aux lignes généreuses et puissantes qui, du fait du matériel et des proportions des différents éléments de design, souligne sa vocation d’institut de formation professionnelle. Dans le design de la structure de l’espace, on a accordé une valeur particulière à la fonctionnalité, à l’effet d’ensemble, à la transparence et à la clarté. De larges fenêtres et des portes qui occupent toute la hauteur du mur répondent aux exigences techniques et fonctionnelles et présentent des proportions équilibrées entre le mur et l’ouverture. La stricte économie, logique et délibérée, des matériaux utilisés a été respectée non seulement pour l’extérieur de l’immeuble mais également à l’intérieur, jusque dans les différents ateliers et salles de formation. L’emploi approprié de béton armé, d’acier et de métal léger, en gris et blanc, ainsi que de bois d’orme uniforme dans toutes les pièces souligne le lien entre l’artisanat et son potentiel de design.
Maison, Vienne 1962
Maison, Vienne 1962
Maison, Vienne 1962
Maison, Vienne 1962
Le pavillon autrichien à l’exposition à Montréal : Afin de présenter le polymorphisme de l’Autriche dans un bâtiment impressionnant, on avait choisi une forme éveillant des associations avec des structures cristallines. Par la réduction simultanée des éléments de construction aux éléments de base typiques, le concept du bâtiment offrait toute une gamme de possibilités. Sa précision géométrique rappelait la structure moléculaire du cristal cubique. Des images de montagnes, de pierres précieuses et de paysages devaient être évoquées tout comme l’idée de précision, de géométrie, de technique et de systématique. Malgré les limites imposées par la réduction à des éléments triangulaires semblables, le plan permettait néanmoins de bien différencier l’espace sans le schématiser. Les éléments préfabriqués composés de cadres en aluminium avec des remplissages honeycomb également en alu formaient une structure porteuse comprenant à la fois les murs extérieurs et intérieurs. La réunion des éléments de surface triangulaires, que l’on pouvait assembler à intervalles réguliers pour former des cubes, offrait de nombreuses possibilités de variation qui donnaient de la vie à la construction en lui permettant et de grandir et de se modifier. Le pavillon autrichien voulait aller au-delà de l’exigence de base, qui était d’abriter des objets, et défendre une architecture d’exposition créative et agressive au moyen d’éléments préfabriqués. L’ « Austrovision » constituait le moyen d’information central dans le pavillon autrichien. Le « théâtre spatial » à l’étage supérieur utilisait des moyens audiovisuels pour présenter une illustration féerique du passé et du présent de l’Autriche. En un quart d’heure, le spectateur découvrait les multiples facettes de l’Autriche, sur un fond sonore composé de nombreuses mélodies connues. Tous les participants témoignaient de l’histoire mouvementée et de ces facteurs qui avaient formé l’Imago Austriae.
Pavillon autrichien Exposition universelle à Montréal 1967
Les participants : la Vénus de Willendorf (quelque 17.000 ans d’âge) - Tabula Peutingeriana - le calice de Tassilo - la vulgate - l’abbaye de Melk - le château fort d’Hochosterwitz - des chérubins - des fiacres - une marchande de fleurs - une marchande de ballons - un manège de chevaux de bois viennois - le Manège Espagnol - la Bibliothèque nationale à Vienne - des cathédrales - des églises - le théâtre de marionnettes Papageno - la forteresse de Hohensalzburg - des nains - le paysage autrichien l’économie autrichienne - la couronne impériale autrichienne - le tombeau de Maximilien - l’arsenal de Graz - des paysans - la tente de Karamustapha - un mousquetaire impérial - un assiégeant turc - des soldats de plomb - Fanny Elssler Johann Strauss - Gustav Klimt - Egon Schiele - Wolfgang Amadeus Mozart - des skieurs - un café - le Jedermann à Salzbourg - l’Opéra d’Etat à Vienne - les Quatre en jeep - le bal de l’Opéra - le Parlement - l’Opéra - rouge/blanc/rouge. Douze grands projecteurs ont été utilisés pour projeter des séries de 3.000 diapositives sur trois écrans d’une surface totale de 1.100 mètres carrés. Un amplificateur quadriphonique a permis la reproduction synchrone des impulsions image et son et de la musique de fond enregistrée sur deux pistes.
Le pavillon autrichien à l’exposition à Montréal : Afin de présenter le polymorphisme de l’Autriche dans un bâtiment impressionnant, on avait choisi une forme éveillant des associations avec des structures cristallines. Par la réduction simultanée des éléments de construction aux éléments de base typiques, le concept du bâtiment offrait toute une gamme de possibilités. Sa précision géométrique rappelait la structure moléculaire du cristal cubique. Des images de montagnes, de pierres précieuses et de paysages devaient être évoquées tout comme l’idée de précision, de géométrie, de technique et de systématique. Malgré les limites imposées par la réduction à des éléments triangulaires semblables, le plan permettait néanmoins de bien différencier l’espace sans le schématiser. Les éléments préfabriqués composés de cadres en aluminium avec des remplissages honeycomb également en alu formaient une structure porteuse comprenant à la fois les murs extérieurs et intérieurs. La réunion des éléments de surface triangulaires, que l’on pouvait assembler à intervalles réguliers pour former des cubes, offrait de nombreuses possibilités de variation qui donnaient de la vie à la construction en lui permettant et de grandir et de se modifier. Le pavillon autrichien voulait aller au-delà de l’exigence de base, qui était d’abriter des objets, et défendre une architecture d’exposition créative et agressive au moyen d’éléments préfabriqués. L’ « Austrovision » constituait le moyen d’information central dans le pavillon autrichien. Le « théâtre spatial » à l’étage supérieur utilisait des moyens audiovisuels pour présenter une illustration féerique du passé et du présent de l’Autriche. En un quart d’heure, le spectateur découvrait les multiples facettes de l’Autriche, sur un fond sonore composé de nombreuses mélodies connues. Tous les participants témoignaient de l’histoire mouvementée et de ces facteurs qui avaient formé l’Imago Austriae.
Pavillon autrichien Exposition universelle à Montréal 1967
Les participants : la Vénus de Willendorf (quelque 17.000 ans d’âge) - Tabula Peutingeriana - le calice de Tassilo - la vulgate - l’abbaye de Melk - le château fort d’Hochosterwitz - des chérubins - des fiacres - une marchande de fleurs - une marchande de ballons - un manège de chevaux de bois viennois - le Manège Espagnol - la Bibliothèque nationale à Vienne - des cathédrales - des églises - le théâtre de marionnettes Papageno - la forteresse de Hohensalzburg - des nains - le paysage autrichien l’économie autrichienne - la couronne impériale autrichienne - le tombeau de Maximilien - l’arsenal de Graz - des paysans - la tente de Karamustapha - un mousquetaire impérial - un assiégeant turc - des soldats de plomb - Fanny Elssler Johann Strauss - Gustav Klimt - Egon Schiele - Wolfgang Amadeus Mozart - des skieurs - un café - le Jedermann à Salzbourg - l’Opéra d’Etat à Vienne - les Quatre en jeep - le bal de l’Opéra - le Parlement - l’Opéra - rouge/blanc/rouge. Douze grands projecteurs ont été utilisés pour projeter des séries de 3.000 diapositives sur trois écrans d’une surface totale de 1.100 mètres carrés. Un amplificateur quadriphonique a permis la reproduction synchrone des impulsions image et son et de la musique de fond enregistrée sur deux pistes.
Pavillon autrichien MontrĂŠal 1967
Pavillon autrichien MontrĂŠal 1967
Pavillon autrichien Montréal 1967 Théâtre spatial Austrovision
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Pavillon autrichien Montréal 1967 Théâtre spatial Austrovision
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Analogie avec des systèmes de construction
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Analogie avec des systèmes de construction
Projet Exposition Vindobona 2000 1967 (Seite
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Projet Exposition Vindobona 2000 1967 (Seite
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Projet La maison oignon Munich 1970
Projet La maison oignon Munich 1970
Projet Pavillon allemand à l’Exposition universelle d’Osaka 1967 Atmospherium Une évolution, la séparation d’avec l’architecture d’exposition, une expression en soi de la pensée moderne, une forme biologique-géométrique, conteneur, emballage, enveloppe, fondations simples, stabilité par grands vents grâce à des haussières, structure pneumatique à l’abri des tremblements de terre, membrane cellulaire comprimée, chambres à air à double membrane, l’air comprimé comme énergie, l’énergie comme matériau de construction du futur, membrane extérieure opaque réfléchissant la chaleur, chambres à air comme isolants, segment inférieur donnant vue sur l’intérieur, effet à distance, forme facilement compréhensible, concept mémorisable, signal, symbole, attraction, dont on parle...
Projet Pavillon allemand à l’Exposition universelle d’Osaka 1967 Atmospherium Une évolution, la séparation d’avec l’architecture d’exposition, une expression en soi de la pensée moderne, une forme biologique-géométrique, conteneur, emballage, enveloppe, fondations simples, stabilité par grands vents grâce à des haussières, structure pneumatique à l’abri des tremblements de terre, membrane cellulaire comprimée, chambres à air à double membrane, l’air comprimé comme énergie, l’énergie comme matériau de construction du futur, membrane extérieure opaque réfléchissant la chaleur, chambres à air comme isolants, segment inférieur donnant vue sur l’intérieur, effet à distance, forme facilement compréhensible, concept mémorisable, signal, symbole, attraction, dont on parle...
Projet pour une galerie du XXe siècle 1972
L’idée : un musée, pas un dépôt d’art, pas un temple de l’art, pas d’isolement dans l’environnement social, mais un pôle de communication, une source d’activité, collectionner, obtenir, conserver, préparer, exposer, montrer, transmettre, informer, didactique, interprétation, présentation, processus d’apprentissage, discussion, workshop, conférence, symposium, musique, théâtre, méditation, action, coopération, ateliers. Un musée intégré dans un environnement urbain par des zones d’activité, des artères culturelles. Un musée comme moyen de contact pour la société, de loisirs à orientation culturelle, lien avec la zone de récréatio pour les jeunes, terrain d’action
pour les adultes, détente, sport, culture, une attraction pour les plus âgés, calme, rencontre, repos, récréation, expérience artistique, promenades, diversité. L’architecture comme expression intégrée, signification, signal, édifice avec contenu, habitacle, réceptacle, préservation, conservation, forme apparentée au contenu, dynamique, expression du temps, pouvant être construite, démolie, enveloppe de structure spatiale, arbres, construction indépendante, croissante, communicative, simple, légère, flottante, reflétant l’environnement, distinctive, transparence dans l’espace vert, continuité de l’expérience pédestre, suite de l’espace vert.
Projet pour une galerie du XXe siècle 1972
L’idée : un musée, pas un dépôt d’art, pas un temple de l’art, pas d’isolement dans l’environnement social, mais un pôle de communication, une source d’activité, collectionner, obtenir, conserver, préparer, exposer, montrer, transmettre, informer, didactique, interprétation, présentation, processus d’apprentissage, discussion, workshop, conférence, symposium, musique, théâtre, méditation, action, coopération, ateliers. Un musée intégré dans un environnement urbain par des zones d’activité, des artères culturelles. Un musée comme moyen de contact pour la société, de loisirs à orientation culturelle, lien avec la zone de récréatio pour les jeunes, terrain d’action
pour les adultes, détente, sport, culture, une attraction pour les plus âgés, calme, rencontre, repos, récréation, expérience artistique, promenades, diversité. L’architecture comme expression intégrée, signification, signal, édifice avec contenu, habitacle, réceptacle, préservation, conservation, forme apparentée au contenu, dynamique, expression du temps, pouvant être construite, démolie, enveloppe de structure spatiale, arbres, construction indépendante, croissante, communicative, simple, légère, flottante, reflétant l’environnement, distinctive, transparence dans l’espace vert, continuité de l’expérience pédestre, suite de l’espace vert.
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Musée du XXe siècle
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Musée du XXe siècle
Musée du XXe siècle Vienne 1964
Musée du XXe siècle Vienne 1964
Performances au Musée du XXe siècle
Le directeur Dr Alfred Schmeller à propos du Musée Je voudrais faire d’un local mort un organisme vivant - créer un espace de liberté pour les visiteurs et mes collaborateurs. Saisi par cette revitalisation, le visiteur doit devenir un participant actif dans le dialogue avec l’art et d’autres phénomènes de notre siècle ; ainsi que, bien évidemment, dans le dialogue avec lui-même ou ses interlocuteurs. Le côté didactique de l’exposition - y compris l’exposition permanente - doit être travaillé, mis en avant pour aboutir à une « exposition critique ». Il ne doit pas y avoir que de beaux tableaux sur les murs - la « décoration murale » n’a pas sa place dans un musée ! - car le visiteur doit être incité à aller au-delà du simple plaisir et à réfléchir. En tant que collectionneur, j’envisage de collectionner pour l’avenir.
Performances au Musée du XXe siècle
Le directeur Dr Alfred Schmeller à propos du Musée Je voudrais faire d’un local mort un organisme vivant - créer un espace de liberté pour les visiteurs et mes collaborateurs. Saisi par cette revitalisation, le visiteur doit devenir un participant actif dans le dialogue avec l’art et d’autres phénomènes de notre siècle ; ainsi que, bien évidemment, dans le dialogue avec lui-même ou ses interlocuteurs. Le côté didactique de l’exposition - y compris l’exposition permanente - doit être travaillé, mis en avant pour aboutir à une « exposition critique ». Il ne doit pas y avoir que de beaux tableaux sur les murs - la « décoration murale » n’a pas sa place dans un musée ! - car le visiteur doit être incité à aller au-delà du simple plaisir et à réfléchir. En tant que collectionneur, j’envisage de collectionner pour l’avenir.
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Air, eau, terre, flore, la nature intacte est l’environnement dans lequel nous sommes nés. Avec les animaux, il constitue le monde dans lequel nous êtres humains nous organisons notre vie. L’immensité écrasante de l’univers par rapport à l’homme, l’alternance du jour et de la nuit, de l’été et de l’hiver, du microcosme et du macrocosme sont le merveilleux aboutissement d’un plan conçu par la suprême puissance divine. La perfection de notre existence quotidienne requiert de l’humilité de la part de l’homme et de son travail imparfait. La pureté et la beauté d’un monde organisé nous ont été données et nous les acceptons tout naturellement, sans éprouver de sérieuse responsabilité pour préserver ce don divin, l’utiliser à bon escient et l’aménager avec bonheur. Le respect devant la beauté et la puissance intrinsèques de cette nature doit être pour l’homme la base dont il doit partir lorsqu’il entreprend de changer artificiellement le monde. La capacité lui étant donnée « d’asservir le monde », il construit. Il maçonne, bétonne, construit et exploite la terre. Aveuglé par des exigences de plus en plus grandes, il atteint aujourd’hui les limites de l’autodestruction et détruit la dignité des beautés sublimes de la nature. La joie de vivre, qui est directement liée à la jouissance de la nature, se transforme en dépression à mesure que nous réalisons que la technique est en train de nous faire perdre nos bases biologiques. La technique, toutefois, est un facteur de vie qui se développe de façon organique et dont la justification naturelle se trouve dans la réciprocité de la procréation humaine. Nos intérêts et nos efforts ne doivent cependant pas être dirigés exclusivement vers l’étonnant processus de la production mais vers la survie saine de l’humanité. Comprendre cette survie et y contribuer sont en conflit direct avec l’aménagement de notre environnement artificiel et, en particulier, avec l’architecture comme instrument du destin de l’homme.
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Air, eau, terre, flore, la nature intacte est l’environnement dans lequel nous sommes nés. Avec les animaux, il constitue le monde dans lequel nous êtres humains nous organisons notre vie. L’immensité écrasante de l’univers par rapport à l’homme, l’alternance du jour et de la nuit, de l’été et de l’hiver, du microcosme et du macrocosme sont le merveilleux aboutissement d’un plan conçu par la suprême puissance divine. La perfection de notre existence quotidienne requiert de l’humilité de la part de l’homme et de son travail imparfait. La pureté et la beauté d’un monde organisé nous ont été données et nous les acceptons tout naturellement, sans éprouver de sérieuse responsabilité pour préserver ce don divin, l’utiliser à bon escient et l’aménager avec bonheur. Le respect devant la beauté et la puissance intrinsèques de cette nature doit être pour l’homme la base dont il doit partir lorsqu’il entreprend de changer artificiellement le monde. La capacité lui étant donnée « d’asservir le monde », il construit. Il maçonne, bétonne, construit et exploite la terre. Aveuglé par des exigences de plus en plus grandes, il atteint aujourd’hui les limites de l’autodestruction et détruit la dignité des beautés sublimes de la nature. La joie de vivre, qui est directement liée à la jouissance de la nature, se transforme en dépression à mesure que nous réalisons que la technique est en train de nous faire perdre nos bases biologiques. La technique, toutefois, est un facteur de vie qui se développe de façon organique et dont la justification naturelle se trouve dans la réciprocité de la procréation humaine. Nos intérêts et nos efforts ne doivent cependant pas être dirigés exclusivement vers l’étonnant processus de la production mais vers la survie saine de l’humanité. Comprendre cette survie et y contribuer sont en conflit direct avec l’aménagement de notre environnement artificiel et, en particulier, avec l’architecture comme instrument du destin de l’homme.
A propos de la conservation des vieux immeubles
Doivent être considérés comme méritant d’être conservés uniquement les édifices dont les volumes bâtis valent la peine d’être transmis aux générations futures. La mesure utilisée pour savoir quels sont les immeubles anciens qui méritent vraiment d’être conservés variera en termes d’équivalence entre la valeur de transmission traditionnelle, le contenu culturel, l’utilisation économique et les frais d’entretien. Cela n’a donc pas de sens d’exclure immédiatement toutes les propositions de démolition si une telle décision devait empêcher le grand développement de nouveaux édifices qui, par la suite, mériteraient tout autant d’être conservés. L’histoire de l’architecture nous montre que des solutions à grande échelle ont souvent nécessité des sacrifices. La pusillanimité au sens d’une conservation mal comprise empêche de nouveaux et puissants développements et encourage la momification d’une ville en soi sans dynamisme comme Vienne.
Projet Bâtiment administratif IBM Vienne 1966
A propos de la conservation des vieux immeubles
Doivent être considérés comme méritant d’être conservés uniquement les édifices dont les volumes bâtis valent la peine d’être transmis aux générations futures. La mesure utilisée pour savoir quels sont les immeubles anciens qui méritent vraiment d’être conservés variera en termes d’équivalence entre la valeur de transmission traditionnelle, le contenu culturel, l’utilisation économique et les frais d’entretien. Cela n’a donc pas de sens d’exclure immédiatement toutes les propositions de démolition si une telle décision devait empêcher le grand développement de nouveaux édifices qui, par la suite, mériteraient tout autant d’être conservés. L’histoire de l’architecture nous montre que des solutions à grande échelle ont souvent nécessité des sacrifices. La pusillanimité au sens d’une conservation mal comprise empêche de nouveaux et puissants développements et encourage la momification d’une ville en soi sans dynamisme comme Vienne.
Projet Bâtiment administratif IBM Vienne 1966
Bâtiment administratif Philips Vienne 1966
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Bâtiment administratif Philips Vienne 1966
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Bâtiment administratif Phlilips Vienne
Bâtiment administratif Phlilips Vienne
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Cimenterie Perlmooser Mannersdorf 1970
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Cimenterie Perlmooser Mannersdorf 1970
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Cimenterie Perlmooser Mannersdorf Coupe transversale de l’installation de sÊchage
Cimenterie Perlmooser Mannersdorf Coupe transversale de l’installation de sÊchage
Parking BMW Munich 1971
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Parking BMW Munich 1971
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Parking BMW Munich Éléments préfabriqués
Parking BMW Munich Éléments préfabriqués
Parking BMW Munich Nombre de places de stationnement Nombre total d’éléments préfabriqués
1.586 1.852
Volume construit Surface construite
101.557,15 m 6.387,65 mf 26
Parking BMW Munich Nombre de places de stationnement Nombre total d’éléments préfabriqués
1.586 1.852
Volume construit Surface construite
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?? qui ? quoi ??? pourquoi ??? où ??????????? sur quoi ???????? comment ??????????? quand ???????????????? combien ????????????????? comment cela ???????????????? pour quelle raison ??????????????? avec quoi ?????????????????????????? ?????????????????????????????????????? ????????????????????????????????????????? ?????????????????????????????????????????? ????????????????????????????????????? réalité ???????? construire avec des questions ????????
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Institut pour la promotion de l’économie St. Pölten 1972
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Institut pour la promotion de l’économie St. Pölten 1972
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Programme d’aménagement de l’espace de l’Institut pour la promotion de l’économie, St. Pölten Pour répondre aux exigences fonctionnelles, il fallait construire un bâtiment clair et facile à organiser. Le but était d’obtenir une polyvalence des différentes salles et groupes de salles de façon à pouvoir tenir compte des changements constants dans le secteur commercial, la technique de production et partant dans le programme des cours en obtenant un maximum de rentabilité avec un degré d’utilisation approprié. Il fallait donc prévoir pour les groupes de fonctions suivants : des ateliers : dans 21 ateliers et groupes d’ateliers, il fallait créer les conditions pour accueillir 71 groupes professionnels différents. Groupe de l’alimentation : boulangerie : boulanger, pâtissier ; boucherie : boucher école de tourisme : cuisine d’entreprise, cuisine de démonstration, cuisine d’enseignement, cours pour serveurs, serveuses, cours de cuisine, économie d’entreprise. Petits ateliers : ateliers de coiffure : coiffeurs, manucures, pédicures, esthéticiens, masseurs. ateliers de couture : couturiers, corsetiers, modistes, fourreurs ; laboratoires de langues et de sténotypie : cours de langues pour le commerce et le tourisme, cours de sténotypie ; laboratoire électrique : électromécanique, électronique, mécanicien radio et télé, traitement des données électronique. Ateliers de moyenne importance : ateliers de matières synthétiques : fabrication de maquettes, applications commerciales ; atelier d’essai des matériaux : essais des matériaux ; installateurs : plombiers (gaz et eau), chauffagistes . Ateliers polyvalents : opticiens, bottiers, fabrication de chaussures orthopédiques, décorateurs, tapissiers, plâtriers ; ateliers de peinture : peintres et décorateurs, cours spéciaux ; atelier de décoration intérieure : étalagistes,
aménagement de magasins, vente d’échantillons. Ateliers de gros œuvre : chantier : maçons, couvreurs, carreleurs, tuiliers, tailleurs de pierres, fabrication de pierres artificielles, ramoneurs, coffreurs, charpentiers ; travail du bois : ateliers de fabrication manuelle, ateliers de construction mécanique ; installation de pulvérisation : salle de pulvérisation de polyester, box de pulvérisation et de séchage de nitrocellulose, travée de pulvérisation de nitrocellulose ; ateliers de réparation d’automobiles : mécaniciens automobile, mécaniciens pour machines agricoles, carrossiers, électriciens, installation de contrôle Diesel ; soudure : soudage autogène, électrique, soudage à l’arc sous protection gazeuse ; forge ; ateliers des métaux : plomberie, serrurerie ; ateliers de tournage : tournage, fraisage, polissage. Locaux pour l’enseignement de la théorie : 16 salles de différentes grandeurs devaient
être aménagées pour les cours de théorie. Centre de réunion : 2 salles pour séminaires ; foyer pour le hall d’exposition, expositions, hall polyvalent, série de vitrines ; hall d’exposition : expositions, salle de conférences et de réunion ; salle de conférences pour un maximum de 470 personnes (cinéma, salle des fêtes, salle de bal, défilés de mode, réceptions, séminaires) ; foyer des visiteurs : réception des internes, réception des visiteurs ; couloir des visiteurs : présentation de l’institut, expositions ; groupe administratif : direction locale de l’institut ; direction de la restauration ; syndic ; bureaux pour les cours de formation ; inscriptions et renseignements ; bureaux des directeurs des cours de maîtrise et des ateliers. Magasins et dépôts : ateliers et dépôt d’outils ; dépôt de pièces détachées ; dépôt d’objets d’exposition.
Logements : 4 logements de service ; 4 unités d’internat avec chacune 24 lits et 1 chambre de surveillant pour les élèves des cours de deux ans de l’école de tourisme (restauration) ; 4 unités d’internat avec chacune 24 lits pour les participants aux cours de plus longue durée ; 2 unités d’internat avec chacune 24 lits pour les participants aux cours de brève durée avec 3 chambres d’enseignant chacune ; 4 chambres d’hôtes ; 2 chambres de malades ; salles de réunion. Locaux pour les installations et équipements techniques : raccordements au gaz, à l’eau et à l’électricité ; transformateurs et distributeurs ; unités de climatisation et de ventilation ; groupes électrogènes de secours, installations frigorifiques et approvisionnement en air comprimé, puits et approvisionnement en eau industrielle.
Programme d’aménagement de l’espace de l’Institut pour la promotion de l’économie, St. Pölten Pour répondre aux exigences fonctionnelles, il fallait construire un bâtiment clair et facile à organiser. Le but était d’obtenir une polyvalence des différentes salles et groupes de salles de façon à pouvoir tenir compte des changements constants dans le secteur commercial, la technique de production et partant dans le programme des cours en obtenant un maximum de rentabilité avec un degré d’utilisation approprié. Il fallait donc prévoir pour les groupes de fonctions suivants : des ateliers : dans 21 ateliers et groupes d’ateliers, il fallait créer les conditions pour accueillir 71 groupes professionnels différents. Groupe de l’alimentation : boulangerie : boulanger, pâtissier ; boucherie : boucher école de tourisme : cuisine d’entreprise, cuisine de démonstration, cuisine d’enseignement, cours pour serveurs, serveuses, cours de cuisine, économie d’entreprise. Petits ateliers : ateliers de coiffure : coiffeurs, manucures, pédicures, esthéticiens, masseurs. ateliers de couture : couturiers, corsetiers, modistes, fourreurs ; laboratoires de langues et de sténotypie : cours de langues pour le commerce et le tourisme, cours de sténotypie ; laboratoire électrique : électromécanique, électronique, mécanicien radio et télé, traitement des données électronique. Ateliers de moyenne importance : ateliers de matières synthétiques : fabrication de maquettes, applications commerciales ; atelier d’essai des matériaux : essais des matériaux ; installateurs : plombiers (gaz et eau), chauffagistes . Ateliers polyvalents : opticiens, bottiers, fabrication de chaussures orthopédiques, décorateurs, tapissiers, plâtriers ; ateliers de peinture : peintres et décorateurs, cours spéciaux ; atelier de décoration intérieure : étalagistes,
aménagement de magasins, vente d’échantillons. Ateliers de gros œuvre : chantier : maçons, couvreurs, carreleurs, tuiliers, tailleurs de pierres, fabrication de pierres artificielles, ramoneurs, coffreurs, charpentiers ; travail du bois : ateliers de fabrication manuelle, ateliers de construction mécanique ; installation de pulvérisation : salle de pulvérisation de polyester, box de pulvérisation et de séchage de nitrocellulose, travée de pulvérisation de nitrocellulose ; ateliers de réparation d’automobiles : mécaniciens automobile, mécaniciens pour machines agricoles, carrossiers, électriciens, installation de contrôle Diesel ; soudure : soudage autogène, électrique, soudage à l’arc sous protection gazeuse ; forge ; ateliers des métaux : plomberie, serrurerie ; ateliers de tournage : tournage, fraisage, polissage. Locaux pour l’enseignement de la théorie : 16 salles de différentes grandeurs devaient
être aménagées pour les cours de théorie. Centre de réunion : 2 salles pour séminaires ; foyer pour le hall d’exposition, expositions, hall polyvalent, série de vitrines ; hall d’exposition : expositions, salle de conférences et de réunion ; salle de conférences pour un maximum de 470 personnes (cinéma, salle des fêtes, salle de bal, défilés de mode, réceptions, séminaires) ; foyer des visiteurs : réception des internes, réception des visiteurs ; couloir des visiteurs : présentation de l’institut, expositions ; groupe administratif : direction locale de l’institut ; direction de la restauration ; syndic ; bureaux pour les cours de formation ; inscriptions et renseignements ; bureaux des directeurs des cours de maîtrise et des ateliers. Magasins et dépôts : ateliers et dépôt d’outils ; dépôt de pièces détachées ; dépôt d’objets d’exposition.
Logements : 4 logements de service ; 4 unités d’internat avec chacune 24 lits et 1 chambre de surveillant pour les élèves des cours de deux ans de l’école de tourisme (restauration) ; 4 unités d’internat avec chacune 24 lits pour les participants aux cours de plus longue durée ; 2 unités d’internat avec chacune 24 lits pour les participants aux cours de brève durée avec 3 chambres d’enseignant chacune ; 4 chambres d’hôtes ; 2 chambres de malades ; salles de réunion. Locaux pour les installations et équipements techniques : raccordements au gaz, à l’eau et à l’électricité ; transformateurs et distributeurs ; unités de climatisation et de ventilation ; groupes électrogènes de secours, installations frigorifiques et approvisionnement en air comprimé, puits et approvisionnement en eau industrielle.
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Institut pour la promotion de l’économie St. Pölten Vues de l’intérieur
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Institut pour la promotion de l’économie St. Pölten Vues de l’intérieur
Institut pour la promotion de l’économie St. Pölten Vues de l’intérieur
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Institut pour la promotion de l’économie St. Pölten Vues de l’intérieur
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La construction est également un travail d’ingénieur depuis que notre intelligence a établi une distinction conceptuelle entre le support et la charge. La statique d’un brin d’herbe m’a toujours fasciné. La légèreté de sa matière, son élasticité, son économie, sa beauté et ses fonctions internes servent d’exemple pour toute construction. Les formes naturelles en soi, les cristaux par ex., ont des structures intérieures géométriques et mathématiquement exactes selon une construction linéaire et sont des exemples d’un design divin dans l’uniformité des matériaux de construction. Rien que par la contrainte physique imposée par les lois de la nature, la construction est un processus organique, beau et économiquement optimal. Par contre, combien l’utilisation des innombrables produits divers, dont nous disposons aujourd’hui, a de quoi nous dérouter.
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La construction est également un travail d’ingénieur depuis que notre intelligence a établi une distinction conceptuelle entre le support et la charge. La statique d’un brin d’herbe m’a toujours fasciné. La légèreté de sa matière, son élasticité, son économie, sa beauté et ses fonctions internes servent d’exemple pour toute construction. Les formes naturelles en soi, les cristaux par ex., ont des structures intérieures géométriques et mathématiquement exactes selon une construction linéaire et sont des exemples d’un design divin dans l’uniformité des matériaux de construction. Rien que par la contrainte physique imposée par les lois de la nature, la construction est un processus organique, beau et économiquement optimal. Par contre, combien l’utilisation des innombrables produits divers, dont nous disposons aujourd’hui, a de quoi nous dérouter.
Bâtiment administratif BMW Munich 1973
Grands espaces Les grands espaces, un slogan de notre époque, peuvent offrir un environnement humain, en donnant à chacun un coin à soi tout en procurant un sentiment communautaire accru. Une nouvelle atmosphère de travail se crée : humaine, joyeuse, heureuse, inspiratrice, engageante. Avec sa forme ronde, la pièce constitue une vaste enveloppe, un stimulant intellectuel pour des idées à longue portée, allant au-delà de la
périphérie. En même temps, l’espace encourage la formation de pôles où se concentrent les idées. Le groupe, l’équipe s’identifie avec l’intérieur et, du fait de sa transparence extérieure, également avec le panorama urbain de Munich. Des limites étroites de son bureau, l’employé peut voir au loin : il ressent néanmoins l’esprit de voisinage et de solidarité, les qualités impératives de l’esprit d’équipe moderne et du travail d’équipe. Le plan en forme de trèfle
regroupe en voisins quatre équipes de 30 personnes (l’effectif d’une salle de classe). L’équipe, de par sa structure, est soudée, elle développe un esprit d’équipe et un esprit de compétition axé sur la performance. Telle une table ronde, une pièce ronde réunit plus étroitement la communauté, offrant les mêmes places, le même statut à tous avec les mêmes chances sans aucune préférence.
Bâtiment administratif BMW Munich 1973
Grands espaces Les grands espaces, un slogan de notre époque, peuvent offrir un environnement humain, en donnant à chacun un coin à soi tout en procurant un sentiment communautaire accru. Une nouvelle atmosphère de travail se crée : humaine, joyeuse, heureuse, inspiratrice, engageante. Avec sa forme ronde, la pièce constitue une vaste enveloppe, un stimulant intellectuel pour des idées à longue portée, allant au-delà de la
périphérie. En même temps, l’espace encourage la formation de pôles où se concentrent les idées. Le groupe, l’équipe s’identifie avec l’intérieur et, du fait de sa transparence extérieure, également avec le panorama urbain de Munich. Des limites étroites de son bureau, l’employé peut voir au loin : il ressent néanmoins l’esprit de voisinage et de solidarité, les qualités impératives de l’esprit d’équipe moderne et du travail d’équipe. Le plan en forme de trèfle
regroupe en voisins quatre équipes de 30 personnes (l’effectif d’une salle de classe). L’équipe, de par sa structure, est soudée, elle développe un esprit d’équipe et un esprit de compétition axé sur la performance. Telle une table ronde, une pièce ronde réunit plus étroitement la communauté, offrant les mêmes places, le même statut à tous avec les mêmes chances sans aucune préférence.
Bâtiment administratif BMW Munich 1973
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Bâtiment administratif BMW Munich 1973
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Bâtiment administratif BMW Munich
Statique et construction
Le bâtiment administratif est une construction suspendue de 100 m de hauteur en béton. Le système de suspension permet l’utilisation de supports très minces et les travaux de gros œuvre et de second œuvre peuvent être effectués simultanément. Le béton précontraint a l’avantage de très peu se déformer. La forte résistance à la pression du béton peut être exploitée pleinement en liaison avec la précontrainte. Le noyau de
l’édifice, quatre cylindres ouverts encastrés en béton armé avec des parois de séparation et des plates-formes intérieures, reliés entre eux par des traverses et des plafonds à chaque étage, doit absorber et transmettre aux fondations toutes les charges verticales exercées par le poids mort et la surcharge d’exploitation ainsi que la force du vent horizontale. Le système statique du noyau est un châssis dont les montants sont les cylindres et les
traverses les entretoises. Au sommet du noyau du bâtiment de 100 m de haut, les quatre bras d’une croix porteuse s’avancent de 16 mètres. Cette croix porteuse supporte la charge totale des étages suspendus transmise par les quatre colonnes suspendues et la transfère aux murs du noyau. Dans des conditions de pleine charge à tous les étages, les colonnes suspendues supportent une charge de 4600 Mp.
Bâtiment administratif BMW Munich
Statique et construction
Le bâtiment administratif est une construction suspendue de 100 m de hauteur en béton. Le système de suspension permet l’utilisation de supports très minces et les travaux de gros œuvre et de second œuvre peuvent être effectués simultanément. Le béton précontraint a l’avantage de très peu se déformer. La forte résistance à la pression du béton peut être exploitée pleinement en liaison avec la précontrainte. Le noyau de
l’édifice, quatre cylindres ouverts encastrés en béton armé avec des parois de séparation et des plates-formes intérieures, reliés entre eux par des traverses et des plafonds à chaque étage, doit absorber et transmettre aux fondations toutes les charges verticales exercées par le poids mort et la surcharge d’exploitation ainsi que la force du vent horizontale. Le système statique du noyau est un châssis dont les montants sont les cylindres et les
traverses les entretoises. Au sommet du noyau du bâtiment de 100 m de haut, les quatre bras d’une croix porteuse s’avancent de 16 mètres. Cette croix porteuse supporte la charge totale des étages suspendus transmise par les quatre colonnes suspendues et la transfère aux murs du noyau. Dans des conditions de pleine charge à tous les étages, les colonnes suspendues supportent une charge de 4600 Mp.
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Bâtiment administratif BMW Munich
Entrée principale du bâtiment administratif
Entrée de service
Bâtiment administratif BMW Munich
Entrée principale du bâtiment administratif
Entrée de service
Etage avec bureaux individuels
Etage standard
Etage technique
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Etage avec bureaux individuels
Etage standard
Etage technique
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Groupe d’ascenseurs Réception Couloir d’accès au restaurant des visiteurs
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Groupe d’ascenseurs Réception Couloir d’accès au restaurant des visiteurs
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Toit, tuyaux d’aération Vue d’en dessous de la suspension
Toit, tuyaux d’aération Vue d’en dessous de la suspension
Contreventement en croix
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Contreventement en croix
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Hôpital des accidentés à Graz en construction
Construire pour les soins à donner aux malades est un extraordinaire défi pour un architecte. L’atmosphère à créer exige de l’architecte une bonne dose de sensibilité et de responsabilité. Les demandes des médecins, le cahier des charges et le budget restreint constituent un corset pour les idées de l’architecte. Outre les considérations purement pratiques, la qualité humaine des locaux ne doit pas être négligée. Le malade est particulièrement sensible au changement qu’implique le passage de son environnement habituel à l’atmosphère de l’hôpital. Sa maladie le rend irritable, son besoin d’aide dépendant et l’environnement inhabituel accroît son sentiment d’insécurité. Il est donc nécessaire d’épuiser ici toutes les ressources de l’architecture pour créer un milieu adapté aux malades. Certes, il faut accorder une attention toute particulière à l’aspect technique du projet, en particulier à la coordination entre les nombreux ingénieurs chargés des différentes installations techniques. La technique médicale demande avant tout à être intégrée de façon fonctionnelle dans la structure du bâtiment. Par ailleurs, il faut prévoir un plan flexible en vue de futurs développements. La réalisation des plans mêmes est soumise à la pression morale du temps. Plus vite le nouvel hôpital sera ouvert et plus grand sera le nombre de malades qui pourront être traités, soignés, guéris et survivre. L’architecte est ainsi placé devant une obligation sociale majeure. Compte tenu de l’étendue de la coordination requise entre les différents éléments, l’organisation du projet est un facteur clé du travail. L’hôpital des accidentés à Graz aura 220 lits et pourra soigner 800 patients extérieurs. L’hôpital sera également doté de logements pour les infirmières et les employés, d’un jardin d’enfants et d’un bâtiment administratif pour l’Assurance contre les accidents de Graz. La construction devait commencer au début de 1974.
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Hôpital des accidentés à Graz en construction
Construire pour les soins à donner aux malades est un extraordinaire défi pour un architecte. L’atmosphère à créer exige de l’architecte une bonne dose de sensibilité et de responsabilité. Les demandes des médecins, le cahier des charges et le budget restreint constituent un corset pour les idées de l’architecte. Outre les considérations purement pratiques, la qualité humaine des locaux ne doit pas être négligée. Le malade est particulièrement sensible au changement qu’implique le passage de son environnement habituel à l’atmosphère de l’hôpital. Sa maladie le rend irritable, son besoin d’aide dépendant et l’environnement inhabituel accroît son sentiment d’insécurité. Il est donc nécessaire d’épuiser ici toutes les ressources de l’architecture pour créer un milieu adapté aux malades. Certes, il faut accorder une attention toute particulière à l’aspect technique du projet, en particulier à la coordination entre les nombreux ingénieurs chargés des différentes installations techniques. La technique médicale demande avant tout à être intégrée de façon fonctionnelle dans la structure du bâtiment. Par ailleurs, il faut prévoir un plan flexible en vue de futurs développements. La réalisation des plans mêmes est soumise à la pression morale du temps. Plus vite le nouvel hôpital sera ouvert et plus grand sera le nombre de malades qui pourront être traités, soignés, guéris et survivre. L’architecte est ainsi placé devant une obligation sociale majeure. Compte tenu de l’étendue de la coordination requise entre les différents éléments, l’organisation du projet est un facteur clé du travail. L’hôpital des accidentés à Graz aura 220 lits et pourra soigner 800 patients extérieurs. L’hôpital sera également doté de logements pour les infirmières et les employés, d’un jardin d’enfants et d’un bâtiment administratif pour l’Assurance contre les accidents de Graz. La construction devait commencer au début de 1974.
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Hôpital des accidentés de Graz en construction
Rez-de-chaussée
Hôpital des accidentés de Graz en construction
Rez-de-chaussée
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Une communauté d’enfants Les enfants jouent et s’occupent selon leurs propres plans. La personnalité d’un enfant doit pouvoir se développer grâce à des jeux créatifs. Les jardins d’enfants viennois sont considérés comme exemplaires, forts d’une expérience acquise en cent ans de travail pédagogique. Une communauté d’enfants peut aussi être un enseignement pour les adultes. Dépourvus de préjugés, les enfants peuvent développer une société plus humaine pour demain. L’extérieur du bâtiment du jardin d’enfants de la ville de Vienne à l’Expo de Montréal avait pour but d’associer le visiteur au monde des enfants. La stricte simplicité d’un système modulaire semblait donc être la solution la plus appropriée à l’enfant. En incluant des éléments de jouets familiers dans le système modulaire, on voulait aider l’enfant à développer une relation intérieure et un lien avec l’atmosphère encore inhabituelle de la communauté du jardin d’enfants. Les enfants devaient entrer avec joie dans le bâtiment qui leur était destiné. Et au souvenir des jeux auxquels ils avaient joué avec des cubes multicolores, ils devaient avoir envie d’y revenir. Contrastant avec l’extérieur multicolore, l’intérieur du bâtiment était monochrome afin de permettre à l’enfant de laisser libre cours à son imagination, de créer un environnement lui convenant et auquel il donnerait lui-même des touches de couleurs. La configuration des pièces déjà testée dans les jardins d’enfants viennois comprenait une grande pièce bien structurée, un vestiaire et les installations sanitaires. Dans la grande pièce, il y avait un endroit réservé au ménage, un coin pour les poupées, un coin pour les jeux de construction, un coin peinture et quelques autres sections pour différents jeux. La pièce donnait sur un espace central ouvert de sorte que l’intérieur et l’extérieur constituaient un espace de vie communautaire pour les enfants.
Jardin d’enfants de la ville de Vienne Exposition universelle de Montréal 1967
Une communauté d’enfants Les enfants jouent et s’occupent selon leurs propres plans. La personnalité d’un enfant doit pouvoir se développer grâce à des jeux créatifs. Les jardins d’enfants viennois sont considérés comme exemplaires, forts d’une expérience acquise en cent ans de travail pédagogique. Une communauté d’enfants peut aussi être un enseignement pour les adultes. Dépourvus de préjugés, les enfants peuvent développer une société plus humaine pour demain. L’extérieur du bâtiment du jardin d’enfants de la ville de Vienne à l’Expo de Montréal avait pour but d’associer le visiteur au monde des enfants. La stricte simplicité d’un système modulaire semblait donc être la solution la plus appropriée à l’enfant. En incluant des éléments de jouets familiers dans le système modulaire, on voulait aider l’enfant à développer une relation intérieure et un lien avec l’atmosphère encore inhabituelle de la communauté du jardin d’enfants. Les enfants devaient entrer avec joie dans le bâtiment qui leur était destiné. Et au souvenir des jeux auxquels ils avaient joué avec des cubes multicolores, ils devaient avoir envie d’y revenir. Contrastant avec l’extérieur multicolore, l’intérieur du bâtiment était monochrome afin de permettre à l’enfant de laisser libre cours à son imagination, de créer un environnement lui convenant et auquel il donnerait lui-même des touches de couleurs. La configuration des pièces déjà testée dans les jardins d’enfants viennois comprenait une grande pièce bien structurée, un vestiaire et les installations sanitaires. Dans la grande pièce, il y avait un endroit réservé au ménage, un coin pour les poupées, un coin pour les jeux de construction, un coin peinture et quelques autres sections pour différents jeux. La pièce donnait sur un espace central ouvert de sorte que l’intérieur et l’extérieur constituaient un espace de vie communautaire pour les enfants.
Jardin d’enfants de la ville de Vienne Exposition universelle de Montréal 1967
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Halte-garderie Ă Vienne 1973
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Halte-garderie Ă Vienne 1973
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Logements pour personnes âgées
Le projet doit être basé sur un objectif : celui de maintenir l’indépendance des personnes âgées aussi longtemps que possible et de leur assurer un contact aussi intensif que possible avec leur environnement. La fonctionnalité de ce genre d’établissement doit tenir compte non seulement des contraintes au niveau de l’organisation mais aussi de l’impact social. Dans le design, il s’agit de faire preuve d’une sensibilité particulière afin que les personnes âgées n’aient en aucun cas le sentiment d’être exclues de la société. La maison de retraite dans le Augarten à Vienne est un lieu où les personnes âgées, qui ne peuvent plus vivre seules, trouvent aide et assistance. Les repas leur sont fournis et elles bénéficient de soins et d’une attention particulière. L’unité de logement est spacieuse et peut être aménagée de façon individuelle. Pour se sentir bien, les personnes âgées ne doivent pas être privées de leur environnement habituel. Répondre à cette demande est un impératif.
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Logements pour personnes âgées
Le projet doit être basé sur un objectif : celui de maintenir l’indépendance des personnes âgées aussi longtemps que possible et de leur assurer un contact aussi intensif que possible avec leur environnement. La fonctionnalité de ce genre d’établissement doit tenir compte non seulement des contraintes au niveau de l’organisation mais aussi de l’impact social. Dans le design, il s’agit de faire preuve d’une sensibilité particulière afin que les personnes âgées n’aient en aucun cas le sentiment d’être exclues de la société. La maison de retraite dans le Augarten à Vienne est un lieu où les personnes âgées, qui ne peuvent plus vivre seules, trouvent aide et assistance. Les repas leur sont fournis et elles bénéficient de soins et d’une attention particulière. L’unité de logement est spacieuse et peut être aménagée de façon individuelle. Pour se sentir bien, les personnes âgées ne doivent pas être privées de leur environnement habituel. Répondre à cette demande est un impératif.
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Maison de retraite, Augarten Vienne en construction
195 unités à un lit 39 unités à deux lits Service médicalisé avec 11 chambres médicalisées Salle à manger et salle polyvalente pour 300 personnes Salle de télévision Petite salle, salle de jeux, coiffeur Bibliothèque, poste, dépôt de meubles Ateliers, unités sanitaires Unités d’approvisionnement Administration, secrétariat, cabinets des médecins et des infirmières Cuisine, lingerie Unités techniques Unités du personnel
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Maison de retraite, Augarten Vienne en construction
195 unités à un lit 39 unités à deux lits Service médicalisé avec 11 chambres médicalisées Salle à manger et salle polyvalente pour 300 personnes Salle de télévision Petite salle, salle de jeux, coiffeur Bibliothèque, poste, dépôt de meubles Ateliers, unités sanitaires Unités d’approvisionnement Administration, secrétariat, cabinets des médecins et des infirmières Cuisine, lingerie Unités techniques Unités du personnel
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Eglise paroissiale, Pรถtzleinsdorf Vienne 1964
Eglise paroissiale, Pรถtzleinsdorf Vienne 1964
Eglise paroissiale, Leopoldau Vienne 1972
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Eglise paroissiale, Leopoldau Vienne 1972
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Eglise paroissiale, Leopoldau
Eglise paroissiale, Leopoldau
La construction d’églises
Aujourd’hui, la position spirituelle dominante de l’église dans la société est contestée et l’on essaye même d’incorporer sa fonction dans des immeubles d’habitation : un concept qui, en principe, va à l’encontre de la signification urbaine des installations communautaires. L’urbanité, l’interaction des expériences, des « différences » nourrit la vie en termes de devenir, de développement et de changement dont une communauté a besoin. Une véritable intégration de l’église n’est possible que, si au lieu de prévoir simplement un terrain à bâtir ouvert pour les installations communautaires dans une ville de « cages à lapins » sans imagination, on envisage la construction de l’église comme faisant partie des installations communautaires d’un quartier résidentiel. Il ne sert à rien de sous-estimer la tâche, il s’agit de la reconnaître avec détermination. La construction d’une église en tant que structure individuelle au caractère particulier a encore sa signification et sa justification. Le contenu de cette tâche est déterminé par le défi que celle-ci constitue. Cela n’a pas de sens d’établir une relation avec les différentes structures de l’environnement si celles-ci sont mauvaises. Ce qui compte, c’est l’établissement d’un rapport avec les habitants, les gens alentour, qui en ont assez de vivre dans leurs petites boîtes et aspirent à autre chose que ce qu’ils vivent dans leur environnement étroit, insensé et monotone. Les rapports extérieurs de l’église avec ces personnes sont encouragés par des chemins d’accès, des espaces ouverts pour les rencontres et les contacts (place de l’église !), des bancs et des aires de jeux. L’église, dont la structure contraste avec la monotonie des immeubles préfabriqués, devient désirable au sens spirituel.
La construction d’églises
Aujourd’hui, la position spirituelle dominante de l’église dans la société est contestée et l’on essaye même d’incorporer sa fonction dans des immeubles d’habitation : un concept qui, en principe, va à l’encontre de la signification urbaine des installations communautaires. L’urbanité, l’interaction des expériences, des « différences » nourrit la vie en termes de devenir, de développement et de changement dont une communauté a besoin. Une véritable intégration de l’église n’est possible que, si au lieu de prévoir simplement un terrain à bâtir ouvert pour les installations communautaires dans une ville de « cages à lapins » sans imagination, on envisage la construction de l’église comme faisant partie des installations communautaires d’un quartier résidentiel. Il ne sert à rien de sous-estimer la tâche, il s’agit de la reconnaître avec détermination. La construction d’une église en tant que structure individuelle au caractère particulier a encore sa signification et sa justification. Le contenu de cette tâche est déterminé par le défi que celle-ci constitue. Cela n’a pas de sens d’établir une relation avec les différentes structures de l’environnement si celles-ci sont mauvaises. Ce qui compte, c’est l’établissement d’un rapport avec les habitants, les gens alentour, qui en ont assez de vivre dans leurs petites boîtes et aspirent à autre chose que ce qu’ils vivent dans leur environnement étroit, insensé et monotone. Les rapports extérieurs de l’église avec ces personnes sont encouragés par des chemins d’accès, des espaces ouverts pour les rencontres et les contacts (place de l’église !), des bancs et des aires de jeux. L’église, dont la structure contraste avec la monotonie des immeubles préfabriqués, devient désirable au sens spirituel.
La crypte des Capucins, Vienne 1960
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Le caveau des Habsbourg La crypte des Capucins date de 1618. Elle représente trois siècles d’histoire de l’Autriche. Les noms prestigieux de ceux qui y sont inhumés sont étroitement liés à l’évolution de l’Autriche. La beauté des sarcophages témoigne d’un sentiment de grandeur et du caractère éphémère de toute chose. Le mausolée impérial est devenu de nos jours un monument du passé de l’Autriche. Une annexe construite sous le jardin du monastère devait permettre une disposition plus digne des sarcophages. Malgré des moyens financiers limités, il fallait trouver une solution adéquate pour la crypte qui était entièrement sous terre. Les murs en béton brut donnent l’impression d’un tombeau excavé, tandis que l’ossature plissée de la voûte répond aux exigences de la construction et donne à l’ensemble un caractère digne et solennel.
La crypte des Capucins, Vienne 1960
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Le caveau des Habsbourg La crypte des Capucins date de 1618. Elle représente trois siècles d’histoire de l’Autriche. Les noms prestigieux de ceux qui y sont inhumés sont étroitement liés à l’évolution de l’Autriche. La beauté des sarcophages témoigne d’un sentiment de grandeur et du caractère éphémère de toute chose. Le mausolée impérial est devenu de nos jours un monument du passé de l’Autriche. Une annexe construite sous le jardin du monastère devait permettre une disposition plus digne des sarcophages. Malgré des moyens financiers limités, il fallait trouver une solution adéquate pour la crypte qui était entièrement sous terre. Les murs en béton brut donnent l’impression d’un tombeau excavé, tandis que l’ossature plissée de la voûte répond aux exigences de la construction et donne à l’ensemble un caractère digne et solennel.
Conservation des monuments
Un architecte, qui ne fait pas partie d’une clique, se trouve à l’écart. Tout comme ses opinions. En ce qui concerne, par exemple, la conservation des édifices historiques dans notre ville. Les bâtiments historiques et leur conservation sont de plus en plus un sujet de discussions - de plus en plus bruyantes et insistantes - appuyées par des arguments d’ordre urbain, architectural, historique, culturel, local, touristique et autre. A Vienne, la mode veut qu’aujourd’hui tout ce qui a été construit avant 1925 mérite en principe d’être conservé, ce qui entraînera inévitablement une momification de la ville. Même les personnes, qui ont une attitude progressiste, se sentent obligées de suivre le mouvement et clament « Ma mère était viennoise » lorsqu’il s’agit de conserver des édifices liés au passé de Vienne. A cet égard, le mieux est parfois l’ennemi du bien. Et nous devrions tous avoir le courage de nos propres convictions et tous les efforts entrepris pour conserver l’héritage culturel de notre pays ne devraient pas paralyser les forces immanentes de nouvelles formes de documentation. On dépense relativement plus d’argent pour conserver d’anciens bâtiments que pour développer une nouvelle architecture, celle-ci étant laissée aux spéculateurs immobiliers ou à un « miracle » dans l’histoire de l’architecture. La crainte que la pioche des démolisseurs ne cause des pertes irrémédiables freine la force créatrice de structures modernes. Les conservateurs fanatiques de monuments crient : « démolir est un crime ! » et « les nouvelles constructions sont un crime ! » Et je me pose la question : Où se trouve en fait l’impunité ? Uniquement dans la médiocrité ?
Projet de la place de l’Albertina Vienne 1973
Conservation des monuments
Un architecte, qui ne fait pas partie d’une clique, se trouve à l’écart. Tout comme ses opinions. En ce qui concerne, par exemple, la conservation des édifices historiques dans notre ville. Les bâtiments historiques et leur conservation sont de plus en plus un sujet de discussions - de plus en plus bruyantes et insistantes - appuyées par des arguments d’ordre urbain, architectural, historique, culturel, local, touristique et autre. A Vienne, la mode veut qu’aujourd’hui tout ce qui a été construit avant 1925 mérite en principe d’être conservé, ce qui entraînera inévitablement une momification de la ville. Même les personnes, qui ont une attitude progressiste, se sentent obligées de suivre le mouvement et clament « Ma mère était viennoise » lorsqu’il s’agit de conserver des édifices liés au passé de Vienne. A cet égard, le mieux est parfois l’ennemi du bien. Et nous devrions tous avoir le courage de nos propres convictions et tous les efforts entrepris pour conserver l’héritage culturel de notre pays ne devraient pas paralyser les forces immanentes de nouvelles formes de documentation. On dépense relativement plus d’argent pour conserver d’anciens bâtiments que pour développer une nouvelle architecture, celle-ci étant laissée aux spéculateurs immobiliers ou à un « miracle » dans l’histoire de l’architecture. La crainte que la pioche des démolisseurs ne cause des pertes irrémédiables freine la force créatrice de structures modernes. Les conservateurs fanatiques de monuments crient : « démolir est un crime ! » et « les nouvelles constructions sont un crime ! » Et je me pose la question : Où se trouve en fait l’impunité ? Uniquement dans la médiocrité ?
Projet de la place de l’Albertina Vienne 1973
Projet City Center Vienne 1968
De tous temps, les ponts ont été des centres d’activité commerciale. A Vienne, le quartier autour du canal du Danube, plus précisément entre les ponts Marienet Schwedenbrücke, est un quartier morne qui avait besoin d’être revitalisé. Du fait des nombreuses constructions dans le secteur nord de Vienne, il semblait souhaitable de relier ce quartier avec le centre-ville. Un « point de rencontre » très animé pouvait ainsi être établi avec bonheur entre la partie encore quelque peu défavorisée du nord de Vienne et le centre-ville. La nécessité d’un point de rencontre et d’un centre d’information au cœur de la vie trépidante d’une grande ville est aujourd’hui plus que nécessaire, en particulier pour les touristes. Ce point de rencontre serait situé à un endroit central, bien desservi par les moyens de transport en commun et les touristes le trouveraient aisément. Cet endroit pourrait être le point de départ de toutes les visites guidées de la ville et autres services touristiques. Il pourrait également accueillir d’autres services municipaux comme les clubs de jeunes, les clubs d’accueil, l’office du tourisme, les guides
touristiques, les agences de voyage, les visites guidées, les services médicaux, les services sociaux, la police, les services d’information commerciale, un espace d’exposition pour les expositions permanentes de l’administration municipale. Le Schwedenbrücke, par exemple, pourrait accueillir dans une salle d’exposition des expositions temporaires présentant les activités culturelles et communales de la ville de Vienne ou fournir un espace commercial. Cet endroit pourrait être un lieu de rencontre pour les habitants de la ville et leurs hôtes. Il devrait, bien entendu, y avoir des activités commerciales avec de belles boutiques pour les touristes. Le City Center aurait un parking situé au premier niveau enjambant le canal du Danube entre les deux ponts, au-dessus duquel seraient construits les niveaux piétonniers reliés par des escaliers aux trottoirs de la zone urbaine adjacente. Dans le City Center, desservi par le chemin de fer urbain et, par la suite, par le métro, les visiteurs pourraient monter directement dans les autobus qui effectuent les visites guidées et qui partent
du Tourist Center. Par ailleurs, le service de navette avec l’aéroport serait bien situé ici. De nombreuses boutiques et magasins situés à différents niveaux entraîneraient un important passage de visiteurs comme dans un grand magasin et contribueraient à donner une atmosphère de grande ville à cet endroit. Un café, situé au milieu du canal avec vue panoramique sur le Kahlenberg, serait un point d’attraction touristique particulièrement attrayant au cœur de la ville. Le City Center pourrait ainsi montrer que Vienne se trouve vraiment sur le Danube, puisque l’on pourrait y prendre les bateaux qui effectuent le circuit sur le Danube. Le City Center créerait ainsi un point central qui, de par son existence même, serait un jalon de la Vienne moderne, non seulement en termes d’opportunité urbaine et touristique mais également en qualité d’élan donné à l’architecture contemporaine. La silhouette de la toiture transparente, qui recouvre le site, confère au City Center un attrait et une force d’attraction visuels.
Projet City Center Vienne 1968
De tous temps, les ponts ont été des centres d’activité commerciale. A Vienne, le quartier autour du canal du Danube, plus précisément entre les ponts Marienet Schwedenbrücke, est un quartier morne qui avait besoin d’être revitalisé. Du fait des nombreuses constructions dans le secteur nord de Vienne, il semblait souhaitable de relier ce quartier avec le centre-ville. Un « point de rencontre » très animé pouvait ainsi être établi avec bonheur entre la partie encore quelque peu défavorisée du nord de Vienne et le centre-ville. La nécessité d’un point de rencontre et d’un centre d’information au cœur de la vie trépidante d’une grande ville est aujourd’hui plus que nécessaire, en particulier pour les touristes. Ce point de rencontre serait situé à un endroit central, bien desservi par les moyens de transport en commun et les touristes le trouveraient aisément. Cet endroit pourrait être le point de départ de toutes les visites guidées de la ville et autres services touristiques. Il pourrait également accueillir d’autres services municipaux comme les clubs de jeunes, les clubs d’accueil, l’office du tourisme, les guides
touristiques, les agences de voyage, les visites guidées, les services médicaux, les services sociaux, la police, les services d’information commerciale, un espace d’exposition pour les expositions permanentes de l’administration municipale. Le Schwedenbrücke, par exemple, pourrait accueillir dans une salle d’exposition des expositions temporaires présentant les activités culturelles et communales de la ville de Vienne ou fournir un espace commercial. Cet endroit pourrait être un lieu de rencontre pour les habitants de la ville et leurs hôtes. Il devrait, bien entendu, y avoir des activités commerciales avec de belles boutiques pour les touristes. Le City Center aurait un parking situé au premier niveau enjambant le canal du Danube entre les deux ponts, au-dessus duquel seraient construits les niveaux piétonniers reliés par des escaliers aux trottoirs de la zone urbaine adjacente. Dans le City Center, desservi par le chemin de fer urbain et, par la suite, par le métro, les visiteurs pourraient monter directement dans les autobus qui effectuent les visites guidées et qui partent
du Tourist Center. Par ailleurs, le service de navette avec l’aéroport serait bien situé ici. De nombreuses boutiques et magasins situés à différents niveaux entraîneraient un important passage de visiteurs comme dans un grand magasin et contribueraient à donner une atmosphère de grande ville à cet endroit. Un café, situé au milieu du canal avec vue panoramique sur le Kahlenberg, serait un point d’attraction touristique particulièrement attrayant au cœur de la ville. Le City Center pourrait ainsi montrer que Vienne se trouve vraiment sur le Danube, puisque l’on pourrait y prendre les bateaux qui effectuent le circuit sur le Danube. Le City Center créerait ainsi un point central qui, de par son existence même, serait un jalon de la Vienne moderne, non seulement en termes d’opportunité urbaine et touristique mais également en qualité d’élan donné à l’architecture contemporaine. La silhouette de la toiture transparente, qui recouvre le site, confère au City Center un attrait et une force d’attraction visuels.
Projet La Cour des comptes Ringstrasse Vienne 1972
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Projet La Cour des comptes Ringstrasse Vienne 1972
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Questions de formation
La formation de l’architecte Toute tentative pour élaborer un modèle d’études pour architecte doit partir du fait que l’architecte est, par essence même, un concepteur. Par ses projets, il détermine la forme d’organisation de notre environnement. La tâche, qui lui incombe, peut être divisée en composantes sociales, artistiques et techniques. Si le concept tente d’anticiper l’avenir, d’établir les actions et les systèmes futurs en vue d’atteindre des objectifs prédéterminés, en d’autres termes de concevoir et de découvrir ce qui n’existe pas encore, l’architecte a ainsi vis-à-vis de la société l’obligation de travailler sur lui-même. Pour un architecte, une base intellectuelle profonde, un savoir théorique, des méthodes et des techniques se révèlent exclusivement dans l’exemple, dans les édifices qu’il construit, comme l’unique résultat vital de sa créativité. La maîtrise des sciences de la technique de la construction, le bon sens économique, la connaissance des propriétés des matériaux et le rapport de l’homme avec ceux-ci en sont les conditions préalables. L’élaboration de modèles des possibilités techniques de demain requiert, en plus d’une imagination anticipatoire, une analyse exacte du développement historique des techniques de construction. Compte tenu des modèles historiques, les qualités artistiques d’un architecte le rangent dans le domaine de la création intuitive des esthètes. Dans ce domaine également, des tentatives sont faites pour formaliser le non-qualifiable. Les secrets de l’esthétisme sont soigneusement étudiés sous tous les angles : dans l’esthétique de l’information par exemple, on tente d’interpréter les processus
esthétiques comme la transmission d’informations. L’architecte est ainsi obligé d’acquérir plus que par le passé des connaissances approfondies des autres sciences. Enfin, les composantes sociales montrent que la tâche de l’architecte est de créer un environnement biologiquement acceptable dans le sens le plus large du terme. Aujourd’hui, l’architecture n’est plus seulement de l’art mais de l’environnement intégré. L’évolution de la société exige de plus en plus un planning permanent pour l’aménagement de l’environnement. Si jusqu’à présent l’architecte n’intervenait souvent que dans la phase finale du processus de planification - c’est-à-dire au stade du design de l’objet en question - tandis que d’autres étaient responsables de la définition des objectifs, de la préparation du programme et du planning et que la construction n’était qu’une opération subséquente, à l’avenir l’architecte aura un rôle important à jouer dès la phase de la prise de décision. La tentative de contrôler les idées du futur, l’efficacité du planning comme instrument d’orientation des événements dans l’ensemble du système social, exigent des techniques systématiques et créatives. Une importance accrue sera donnée à l’architecte dans l’équipe interdisciplinaire en tant que concepteur dès la phase de l’analyse des problèmes et de la systématisation, de la définition des objectifs et de la programmation, de la préparation des décisions et de l’élaboration de solutions de rechange. Compte tenu de ses nombreuses aptitudes, l’architecte semble plus indiqué que certains spécialistes pour travailler dans une équipe interdisciplinaire. Il lui faut certes pour cela acquérir des connaissances dans d’autres sciences, apprendre à comprendre et à utiliser leur langage s’il ne veut pas faire figure de dilettante dans d’autres disciplines. Il lui faudra travailler dans le domaine des sciences théoriques et appliquées, qui sont d’une grande importance pour
l’aménagement de l’environnement, comme les mathématiques et les sciences sociales, les sciences politiques et économiques et, dans une plus grande mesure qu’auparavant, exercer une fonction didactique de manière à mieux intégrer la réalisation des plans dans le système social et en fin de compte à la rendre possible. L’architecture ne peut être l’affaire de missionnaires, elle doit être présentée comme une tâche sociale, en d’autres termes la société doit prendre conscience que c’est une tâche. Le rôle des établissements de formation découle ainsi de ce qui vient d’être dit précédemment. Dans les matières telles que la technique de la construction et l’économie, on doit faire un plus grand usage de l’expérimentation, des « expériences de laboratoire », comme moyens de recherche. Dans les ateliers, des modèles sont utilisés pour simuler des événements futurs, des essais sont faits pour présenter des problèmes complexes et se rapprocher d’une utopie déterminée par la création. Les conditions didactiques préalables sont une connaissance de la dynamique de groupe, les méthodes du travail en équipe et l’incorporation des performances individuelles ainsi que la familiarisation avec les méthodes utilisées pour transmettre et traiter l’information. Sont également nécessaires des connaissances dans les matières suivantes : mathématiques, analyse combinatoire, théorie de l’information, technique et programmation informatique, statistiques et sondage d’opinion publique, sociologie, étude du comportement, gestion des entreprises et économie, biologie humaine, psychologie sociale et psychosomatique, et enfin dans la science du planning, les théories et les méthodes pour la conception des plans. A l’avenir, la formation d’un architecte ne sera pas achevée à la fin du cycle des études mais évoluera sous forme d’une formation permanente, d’un processus de formation continue tout au long de la vie avec la participation active des universités.
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Questions de formation
La formation de l’architecte Toute tentative pour élaborer un modèle d’études pour architecte doit partir du fait que l’architecte est, par essence même, un concepteur. Par ses projets, il détermine la forme d’organisation de notre environnement. La tâche, qui lui incombe, peut être divisée en composantes sociales, artistiques et techniques. Si le concept tente d’anticiper l’avenir, d’établir les actions et les systèmes futurs en vue d’atteindre des objectifs prédéterminés, en d’autres termes de concevoir et de découvrir ce qui n’existe pas encore, l’architecte a ainsi vis-à-vis de la société l’obligation de travailler sur lui-même. Pour un architecte, une base intellectuelle profonde, un savoir théorique, des méthodes et des techniques se révèlent exclusivement dans l’exemple, dans les édifices qu’il construit, comme l’unique résultat vital de sa créativité. La maîtrise des sciences de la technique de la construction, le bon sens économique, la connaissance des propriétés des matériaux et le rapport de l’homme avec ceux-ci en sont les conditions préalables. L’élaboration de modèles des possibilités techniques de demain requiert, en plus d’une imagination anticipatoire, une analyse exacte du développement historique des techniques de construction. Compte tenu des modèles historiques, les qualités artistiques d’un architecte le rangent dans le domaine de la création intuitive des esthètes. Dans ce domaine également, des tentatives sont faites pour formaliser le non-qualifiable. Les secrets de l’esthétisme sont soigneusement étudiés sous tous les angles : dans l’esthétique de l’information par exemple, on tente d’interpréter les processus
esthétiques comme la transmission d’informations. L’architecte est ainsi obligé d’acquérir plus que par le passé des connaissances approfondies des autres sciences. Enfin, les composantes sociales montrent que la tâche de l’architecte est de créer un environnement biologiquement acceptable dans le sens le plus large du terme. Aujourd’hui, l’architecture n’est plus seulement de l’art mais de l’environnement intégré. L’évolution de la société exige de plus en plus un planning permanent pour l’aménagement de l’environnement. Si jusqu’à présent l’architecte n’intervenait souvent que dans la phase finale du processus de planification - c’est-à-dire au stade du design de l’objet en question - tandis que d’autres étaient responsables de la définition des objectifs, de la préparation du programme et du planning et que la construction n’était qu’une opération subséquente, à l’avenir l’architecte aura un rôle important à jouer dès la phase de la prise de décision. La tentative de contrôler les idées du futur, l’efficacité du planning comme instrument d’orientation des événements dans l’ensemble du système social, exigent des techniques systématiques et créatives. Une importance accrue sera donnée à l’architecte dans l’équipe interdisciplinaire en tant que concepteur dès la phase de l’analyse des problèmes et de la systématisation, de la définition des objectifs et de la programmation, de la préparation des décisions et de l’élaboration de solutions de rechange. Compte tenu de ses nombreuses aptitudes, l’architecte semble plus indiqué que certains spécialistes pour travailler dans une équipe interdisciplinaire. Il lui faut certes pour cela acquérir des connaissances dans d’autres sciences, apprendre à comprendre et à utiliser leur langage s’il ne veut pas faire figure de dilettante dans d’autres disciplines. Il lui faudra travailler dans le domaine des sciences théoriques et appliquées, qui sont d’une grande importance pour
l’aménagement de l’environnement, comme les mathématiques et les sciences sociales, les sciences politiques et économiques et, dans une plus grande mesure qu’auparavant, exercer une fonction didactique de manière à mieux intégrer la réalisation des plans dans le système social et en fin de compte à la rendre possible. L’architecture ne peut être l’affaire de missionnaires, elle doit être présentée comme une tâche sociale, en d’autres termes la société doit prendre conscience que c’est une tâche. Le rôle des établissements de formation découle ainsi de ce qui vient d’être dit précédemment. Dans les matières telles que la technique de la construction et l’économie, on doit faire un plus grand usage de l’expérimentation, des « expériences de laboratoire », comme moyens de recherche. Dans les ateliers, des modèles sont utilisés pour simuler des événements futurs, des essais sont faits pour présenter des problèmes complexes et se rapprocher d’une utopie déterminée par la création. Les conditions didactiques préalables sont une connaissance de la dynamique de groupe, les méthodes du travail en équipe et l’incorporation des performances individuelles ainsi que la familiarisation avec les méthodes utilisées pour transmettre et traiter l’information. Sont également nécessaires des connaissances dans les matières suivantes : mathématiques, analyse combinatoire, théorie de l’information, technique et programmation informatique, statistiques et sondage d’opinion publique, sociologie, étude du comportement, gestion des entreprises et économie, biologie humaine, psychologie sociale et psychosomatique, et enfin dans la science du planning, les théories et les méthodes pour la conception des plans. A l’avenir, la formation d’un architecte ne sera pas achevée à la fin du cycle des études mais évoluera sous forme d’une formation permanente, d’un processus de formation continue tout au long de la vie avec la participation active des universités.
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Projet Instituts zoologiques, Université de Vienne 1972
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72.000 m_ de volume bâti 18.000 m_ de surface d’étages brute 2 unités de recherche pour 800 étudiants avec laboratoires, unités de travail communes avec salle de cours, quatre grandes salles de travaux pratiques et salles de séminaires. Autres installations : administration, bibliothèque, ateliers, quartiers des animaux, installations techniques. « Elément d’espace » supplémentaire dimensions 14,40 m x 14,40 m x 3,96 m. L’extension des « éléments d’espace » dans deux directions crée une structure de réseau avec possibilité d’agrandissement. Structure porteuse de l’élément d’espace constitué de quatre supports d’angle et d’un plateau-plafond : une « table ». Une « table » comprend une zone de trafic située au centre, ainsi que quatre « cellules de réflexion » rattachées à chaque laboratoire. Les services sont séparés de la structure : les conduites de service sont accessibles à partir de la zone de trafic. Distribution horizontale à partir des conduites de service dans les éléments de service des laboratoires et dans la zone du plafond. Module horizontal 0,60 m Module vertical 0,165 m
Projet Instituts zoologiques, Université de Vienne 1972
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72.000 m_ de volume bâti 18.000 m_ de surface d’étages brute 2 unités de recherche pour 800 étudiants avec laboratoires, unités de travail communes avec salle de cours, quatre grandes salles de travaux pratiques et salles de séminaires. Autres installations : administration, bibliothèque, ateliers, quartiers des animaux, installations techniques. « Elément d’espace » supplémentaire dimensions 14,40 m x 14,40 m x 3,96 m. L’extension des « éléments d’espace » dans deux directions crée une structure de réseau avec possibilité d’agrandissement. Structure porteuse de l’élément d’espace constitué de quatre supports d’angle et d’un plateau-plafond : une « table ». Une « table » comprend une zone de trafic située au centre, ainsi que quatre « cellules de réflexion » rattachées à chaque laboratoire. Les services sont séparés de la structure : les conduites de service sont accessibles à partir de la zone de trafic. Distribution horizontale à partir des conduites de service dans les éléments de service des laboratoires et dans la zone du plafond. Module horizontal 0,60 m Module vertical 0,165 m
Projet Institut d’électrotechnique de l’Université technique, Vienne 1966
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Projet Institut d’électrotechnique de l’Université technique, Vienne 1966
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Université de Vienne Projet d’expansion 1973
Réflexions sur un concept idéel
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A partir des données d’un projet relatif à l’implantation d’une cité universitaire à Vienne sur un site sélectionné dans l’agglomération urbaine, on a développé un vaste concept. Vaste aussi bien au niveau du terrain à bâtir que des phases de construction envisagées. L’aménagement d’un centre de formation dans un environnement urbain pour quelque 20.000 étudiants requiert pour le modèle conceptuel des critères qui devancent de loin les développements pratiques et examinent les possibilités de développement répondant à l’ampleur du projet. Les dernières décennies du XXe siècle avaient, avec cette commande, l’occasion de s’exprimer d’une façon adéquate, de manifester leur pouvoir politique et intellectuel et de le développer de manière à ce qu’il soit bénéfique pour les générations futures. La tâche consistant à faire de « l’éducation, un événement
central de notre époque », non seulement au sens strict de l’enseignement, mais aussi au sens d’une présence générale dans la vie culturelle de la population d’une ville et de l’Etat, doit mobiliser les moyens nécessaires à la réalisation de la tâche essentielle qu’est la survie intellectuelle d’un peuple. Une université comme « centre d’éducation », un entrepôt de connaissances générales et d’informations, confère à une grande ville la puissance culturelle et une base pour son existence intellectuelle et urbaine. Consciente du fait qu’en plus de l’économie, la culture doit également être une des conditions préalables pour l’objectif primordial de survie, la politique de l’éducation fixera à l’avenir d’autres critères de sorte qu’il s’établira obligatoirement une base pour une approche beaucoup plus large que celle initialement prévue dans la stratégie du planning. Une démarche sans vastes directives n’est pas la bonne méthode pour saisir la chance unique qu’offre la commande d’un aussi grand projet de construction et ne convient pas à l’importance et aux responsabilités inhérentes à la solution de ce problème séculaire. Les expériences de ces trente dernières années montrent à l’évidence combien de chances ont été négligées dans la politique autrichienne de l’éducation et de l’urbanisme, combien on a pratiqué une politique à courte vue et quels sont les dommages qui ont ainsi été causés aussi bien en ce qui concerne la substance que l’économie. Aujourd’hui, à une époque de prospérité économique sans égale, il faudrait essayer d’adopter une vaste approche conceptuelle pour les trente prochaines années ou au moins un modèle conceptuel qui pourrait être réalisé par petites ou grandes étapes selon la situation économique et politique du moment. Le profond niveau de la nappe phréatique dans la zone de construction a permis d’encastrer les installations dans une structure en terrasses. Cette « structure »,
étroitement liée au terrain environnant et comprenant quatre étages avec terrasses, s’intègre harmonieusement dans les constructions alentour, elle tient compte du passage des piétons, crée des espaces libres maçonnés en degrés vers l’intérieur et qui s’ouvrent ainsi sur des espaces verts sans montrer les volumes de la construction. En principe, toutes les surfaces horizontales sont aménagées en espaces verts et accessibles au public. Les seuls éléments de structure visibles dans le paysage sont les fenêtres, les portes, les entrées, les escaliers et les rampes. Le design fonctionnel du projet de construction prévoit également un usage non-universitaire, public (accès du public aux magasins, cafés, restaurants), un usage semi-public (salles de cours et installations utilisées pour des activités universitaires et extra-universitaires) et un usage universitaire ainsi que des surfaces superposables pour les différents instituts (bureaux et laboratoires). La disposition en réseau de cette structure permet des liens de communication rapide entre les instituts, eu égard à la recherche interdisciplinaire, et autorise une grande variabilité dans l’utilisation des volumes (agrandissement, réduction ou échange des sections des instituts). Quelque 18.000 étudiants devaient être accueillis sur environ 704.000 m2 de surface effective (utilisable) du site du projet, en tenant compte des tranches de construction prévues. Cette étude d’un paysage architectural montre qu’avec une approche sur le long terme on peut créer des volumes permettant à la fois un vaste aménagement des espaces verts et un facteur d’utilisation élevé sans avoir recours à des blocs énormes ou à des édifices monumentaux. Toutefois, cette idée, qui offre de nouvelles alternatives urbaines pour de grands volumes dans un environnement urbain ancien, requiert une vaste démarche anticipatoire pour l’acquisition de terrains et l’implantation, chose encore difficilement concevable de nos jours.
Université de Vienne Projet d’expansion 1973
Réflexions sur un concept idéel
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A partir des données d’un projet relatif à l’implantation d’une cité universitaire à Vienne sur un site sélectionné dans l’agglomération urbaine, on a développé un vaste concept. Vaste aussi bien au niveau du terrain à bâtir que des phases de construction envisagées. L’aménagement d’un centre de formation dans un environnement urbain pour quelque 20.000 étudiants requiert pour le modèle conceptuel des critères qui devancent de loin les développements pratiques et examinent les possibilités de développement répondant à l’ampleur du projet. Les dernières décennies du XXe siècle avaient, avec cette commande, l’occasion de s’exprimer d’une façon adéquate, de manifester leur pouvoir politique et intellectuel et de le développer de manière à ce qu’il soit bénéfique pour les générations futures. La tâche consistant à faire de « l’éducation, un événement
central de notre époque », non seulement au sens strict de l’enseignement, mais aussi au sens d’une présence générale dans la vie culturelle de la population d’une ville et de l’Etat, doit mobiliser les moyens nécessaires à la réalisation de la tâche essentielle qu’est la survie intellectuelle d’un peuple. Une université comme « centre d’éducation », un entrepôt de connaissances générales et d’informations, confère à une grande ville la puissance culturelle et une base pour son existence intellectuelle et urbaine. Consciente du fait qu’en plus de l’économie, la culture doit également être une des conditions préalables pour l’objectif primordial de survie, la politique de l’éducation fixera à l’avenir d’autres critères de sorte qu’il s’établira obligatoirement une base pour une approche beaucoup plus large que celle initialement prévue dans la stratégie du planning. Une démarche sans vastes directives n’est pas la bonne méthode pour saisir la chance unique qu’offre la commande d’un aussi grand projet de construction et ne convient pas à l’importance et aux responsabilités inhérentes à la solution de ce problème séculaire. Les expériences de ces trente dernières années montrent à l’évidence combien de chances ont été négligées dans la politique autrichienne de l’éducation et de l’urbanisme, combien on a pratiqué une politique à courte vue et quels sont les dommages qui ont ainsi été causés aussi bien en ce qui concerne la substance que l’économie. Aujourd’hui, à une époque de prospérité économique sans égale, il faudrait essayer d’adopter une vaste approche conceptuelle pour les trente prochaines années ou au moins un modèle conceptuel qui pourrait être réalisé par petites ou grandes étapes selon la situation économique et politique du moment. Le profond niveau de la nappe phréatique dans la zone de construction a permis d’encastrer les installations dans une structure en terrasses. Cette « structure »,
étroitement liée au terrain environnant et comprenant quatre étages avec terrasses, s’intègre harmonieusement dans les constructions alentour, elle tient compte du passage des piétons, crée des espaces libres maçonnés en degrés vers l’intérieur et qui s’ouvrent ainsi sur des espaces verts sans montrer les volumes de la construction. En principe, toutes les surfaces horizontales sont aménagées en espaces verts et accessibles au public. Les seuls éléments de structure visibles dans le paysage sont les fenêtres, les portes, les entrées, les escaliers et les rampes. Le design fonctionnel du projet de construction prévoit également un usage non-universitaire, public (accès du public aux magasins, cafés, restaurants), un usage semi-public (salles de cours et installations utilisées pour des activités universitaires et extra-universitaires) et un usage universitaire ainsi que des surfaces superposables pour les différents instituts (bureaux et laboratoires). La disposition en réseau de cette structure permet des liens de communication rapide entre les instituts, eu égard à la recherche interdisciplinaire, et autorise une grande variabilité dans l’utilisation des volumes (agrandissement, réduction ou échange des sections des instituts). Quelque 18.000 étudiants devaient être accueillis sur environ 704.000 m2 de surface effective (utilisable) du site du projet, en tenant compte des tranches de construction prévues. Cette étude d’un paysage architectural montre qu’avec une approche sur le long terme on peut créer des volumes permettant à la fois un vaste aménagement des espaces verts et un facteur d’utilisation élevé sans avoir recours à des blocs énormes ou à des édifices monumentaux. Toutefois, cette idée, qui offre de nouvelles alternatives urbaines pour de grands volumes dans un environnement urbain ancien, requiert une vaste démarche anticipatoire pour l’acquisition de terrains et l’implantation, chose encore difficilement concevable de nos jours.
Projet de l’Université Vienne 1973
Projet de l’Université Vienne 1973
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Ambassade d’Autriche Brasilia en construction
Projet de concours
Plan du site
Ambassade d’Autriche Brasilia en construction
Projet de concours
Plan du site
Expériences sur le chantier de construction Dès le début, il a été constaté que le terme « hautement qualifié », utilisé dans l’avis d’appel d’offres, devait être interprété dans le sens que le meilleur modèle localement disponible devait servir de référence. Par ailleurs, différents matériaux spécifiés dans le contrat devaient être remplacés par d’autres si les fournitures locales n’avaient pas le niveau de qualité requis. Pour un grand nombre de sous-traitants, les solutions techniques envisagées devaient donc être adaptées aux capacités locales. Dans l’ensemble, les matériaux de construction étaient de bonne qualité. Presque tout était produit dans le pays ; cependant, en raison de la situation isolée de Brasilia, l’approvisionnement était encore souvent irrégulier. Les livraisons furent donc maintes fois en retard, ce qui bouleversa le programme. « Amanhã » ne doit pas être pris à la lettre, cela ne signifie pas forcément demain, c’est peut-être après-demain, dans une semaine ou dans un mois. Les réclamations au sujet du non respect des délais étaient généralement accueillies par de l’incompréhension. Il faut dire qu’un Brésilien ne repousse jamais un délai qui a été fixé, ce serait faire preuve d’impolitesse. Mais si, malgré sa bonne volonté (« jeito » dans le parler local), il ne respecte pas les délais, et cela arrive dans 99% des cas, c’était « Kismet ».
Expériences sur le chantier de construction Dès le début, il a été constaté que le terme « hautement qualifié », utilisé dans l’avis d’appel d’offres, devait être interprété dans le sens que le meilleur modèle localement disponible devait servir de référence. Par ailleurs, différents matériaux spécifiés dans le contrat devaient être remplacés par d’autres si les fournitures locales n’avaient pas le niveau de qualité requis. Pour un grand nombre de sous-traitants, les solutions techniques envisagées devaient donc être adaptées aux capacités locales. Dans l’ensemble, les matériaux de construction étaient de bonne qualité. Presque tout était produit dans le pays ; cependant, en raison de la situation isolée de Brasilia, l’approvisionnement était encore souvent irrégulier. Les livraisons furent donc maintes fois en retard, ce qui bouleversa le programme. « Amanhã » ne doit pas être pris à la lettre, cela ne signifie pas forcément demain, c’est peut-être après-demain, dans une semaine ou dans un mois. Les réclamations au sujet du non respect des délais étaient généralement accueillies par de l’incompréhension. Il faut dire qu’un Brésilien ne repousse jamais un délai qui a été fixé, ce serait faire preuve d’impolitesse. Mais si, malgré sa bonne volonté (« jeito » dans le parler local), il ne respecte pas les délais, et cela arrive dans 99% des cas, c’était « Kismet ».
Musée BMW Munich 1973
L’idée directrice du concept architectonique était de continuer la « rue » comme un espace fonctionnel pour véhicules dans une construction encastrée dans une immense coupe et consacrée aux transports. Le but n’était pas de créer une aire de parking pour voitures automobiles et ainsi d’établir des valeurs muséales statiques mais d’accroître l’impact de l’automobile comme média dans un espace approprié en faisant appel aux multimédias pour évoquer les meilleures réminiscences possibles. En excluant le monde extérieur, l’édifice en forme de coupe doit éveiller la curiosité et l’intérêt du visiteur tandis que la vue de l’intérieur offerte par le base vitrée encourage les contacts et établit une relation avec le contenu. A l’intérieur du musée, un escalier roulant amène le visiteur jusqu’à la plate-forme supérieure où la projection d’images panoramiques sur le mur intérieur donne immédiatement l’illusion d’une voiture en marche. Cette projection crée un rapport intense avec la voiture en tant que « véhicule » et moyen de déplacement. Le plaisir de conduire est suscité avant même que le moyen de transport, le produit « automobile » ou « moto », soit présenté par différents impressionnants objets
d’exposition. Le visiteur est ensuite guidé vers le bas par des rampes allant d’une plate-forme à l’autre et passe ainsi devant les objets exposés : automobiles, moteurs et équipement, dont il a déjà eu un aperçu en montant avec l’escalier roulant. D’intéressantes formes spatiales, qui se recoupent, produisent des effets dynamiques surprenants tout à fait appropriés à un édifice consacré à la présentation de véhicules. L’inattendu est présenté sous des angles inhabituels. A l’encontre des habitudes visuelles institutionnalisées, le visiteur voit les objets comme une nouvelle expérience visuelle. Des effets son et lumière commandés par ordinateur permettent de diffuser un message clair sous une forme comprimée.
L’idée de base dans la conception de ce nouveau musée est d’offrir une série d’expositions toujours différentes en utilisant différents programmes de projection panoramique et de technique d’exposition sur les plates-formes et le mur intérieur de la coupe. La courbe de celui-ci est particulièrement indiquée pour créer des associations avec la tenue en virage et l’impression dynamique des caractéristiques de conduite des véhicules exposés. L’expérience du rapport - véhicule - route - espace - avec l’effet de panorama simulé est encore accentuée par de petites ouvertures dans le mur de la coupe permettant de voir ce qui se passe dans la rue. Un autre rapport est ainsi établi entre le monde abstrait de l’exposition et la vie réelle de tous les jours.
Musée BMW Munich 1973
L’idée directrice du concept architectonique était de continuer la « rue » comme un espace fonctionnel pour véhicules dans une construction encastrée dans une immense coupe et consacrée aux transports. Le but n’était pas de créer une aire de parking pour voitures automobiles et ainsi d’établir des valeurs muséales statiques mais d’accroître l’impact de l’automobile comme média dans un espace approprié en faisant appel aux multimédias pour évoquer les meilleures réminiscences possibles. En excluant le monde extérieur, l’édifice en forme de coupe doit éveiller la curiosité et l’intérêt du visiteur tandis que la vue de l’intérieur offerte par le base vitrée encourage les contacts et établit une relation avec le contenu. A l’intérieur du musée, un escalier roulant amène le visiteur jusqu’à la plate-forme supérieure où la projection d’images panoramiques sur le mur intérieur donne immédiatement l’illusion d’une voiture en marche. Cette projection crée un rapport intense avec la voiture en tant que « véhicule » et moyen de déplacement. Le plaisir de conduire est suscité avant même que le moyen de transport, le produit « automobile » ou « moto », soit présenté par différents impressionnants objets
d’exposition. Le visiteur est ensuite guidé vers le bas par des rampes allant d’une plate-forme à l’autre et passe ainsi devant les objets exposés : automobiles, moteurs et équipement, dont il a déjà eu un aperçu en montant avec l’escalier roulant. D’intéressantes formes spatiales, qui se recoupent, produisent des effets dynamiques surprenants tout à fait appropriés à un édifice consacré à la présentation de véhicules. L’inattendu est présenté sous des angles inhabituels. A l’encontre des habitudes visuelles institutionnalisées, le visiteur voit les objets comme une nouvelle expérience visuelle. Des effets son et lumière commandés par ordinateur permettent de diffuser un message clair sous une forme comprimée.
L’idée de base dans la conception de ce nouveau musée est d’offrir une série d’expositions toujours différentes en utilisant différents programmes de projection panoramique et de technique d’exposition sur les plates-formes et le mur intérieur de la coupe. La courbe de celui-ci est particulièrement indiquée pour créer des associations avec la tenue en virage et l’impression dynamique des caractéristiques de conduite des véhicules exposés. L’expérience du rapport - véhicule - route - espace - avec l’effet de panorama simulé est encore accentuée par de petites ouvertures dans le mur de la coupe permettant de voir ce qui se passe dans la rue. Un autre rapport est ainsi établi entre le monde abstrait de l’exposition et la vie réelle de tous les jours.
MusĂŠe BMW Munich
Plans
Tranches de construction
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MusĂŠe BMW Munich
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Musée BMW Munich avec le site olympique et la tour de télévision
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Musée BMW Munich avec le site olympique et la tour de télévision
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Liste des travaux
Travaux réalisés 1947 - 1950 Structures d’exposition à Vienne, Bruxelles Chicago Magasins Création de meubles Cinémas Ateliers 1951-1955 Immeubles d’habitation de la ville de Vienne Structures d’exposition à Paris, Stockholm, Chicago, Toronto, Vienne Exposition industrielle et commerciale, Vienne Cinémas Magasins Ateliers Exposition Dienst am Volk, Vienne Café viennois, Hôtel Chicago Exposition itinérante, Afrique occidentale Roto Show USCOA Maisons individuelles Exposition de l’énergie électrique, Linz Pavillons d’exposition Exposition de l’énergie électrique, Vienne Pavillon américain à l’exposition à Vienne
1956-1960 Immeubles d’habitation Cinémas Magasins Stations service Salons de l’automobile Exposition à Milan Pavillon américain à l’exposition à Vienne Pavillon autrichien à l’exposition universelle à Bruxelles Pavillon pour le Conseil de l’Europe à l’exposition universelle à Bruxelles Maisons individuelles Bâtiments industriels Parking avec ascenseur pour voitures, Neuer Markt, Vienne Agrandissement de la crypte des Capucins, Vienne 1960-1965 Restaurant-gril Auersperg Institut pour la promotion de l’économie, Vienne Bâtiments industriels Agrandissement de l’Académie des Arts appliqués, Vienne (avec Fellerer-Wörle) Musée du XXe siècle, Vienne Eglise paroissiale, Pötzleinsdorf Centre technique et bâtiment administratif de l’Automobile Club autrichien ÖAMTC Bâtiments d’exposition Immeubles d’habitation de la ville de Vienne Internat de l’Institut pour la promotion de l’économie, Vienne Laboratoires Peter Stoll Magasins, Bâtiment administratif Philips, Vienne Immeuble de bureaux GIG Bâtiments industriels, Isovolta et Stolllack 1966-1970 Ensemble d’immeubles d’habitation Magasins Maison de retraite de la Chambre de commerce de Vienne Pavillon autrichien à l’exposition universelle à Montréal Jardin d’enfants de la ville de Vienne, exposition universelle, Montréal Bâtiment industriel GIG
Bâtiments d’exposition à Montréal, Toronto, Vancouver Bâtiment pour les services d’expédition de la cimenterie Perlmoser Complexe industriel pour la cimenterie Perlmoser, Mannersdorf Parking BMW, Munich Centre de service Philips, Vienne 1971-1973 Institut pour la promotion de l’économie, St.Pölten Internat de l’Institut pour la promotion de l’économie, St.Pölten Bâtiments industriels pour Stolllack, Eybl, Isovolta Entrepôt de la brasserie Schwechat Halte-garderie de la ville de Vienne Structures d’exposition, Vancouver, Toronto Bâtiment administratif BMW, Munich Musée BMW, Munich Ambassade d’Autriche à Brasilia Complexe industriel Gebrüder Teich AG Projet de construction de l’université de Riyad Maison de retraite, Augarten Hôpital des accidentés, Graz Ecole d’infirmières et bâtiment administratif de la Compagnie d’assurance contre les accidents de Graz Station-service Denzel AG, Graz Maison de retraite, Munich Consulat général d’Autriche, Munich Bâtiment administratif, Lenbachplatz, Munich Projets et concours Centre de loisirs, Ostende Université libre de Berlin Opéra de Madrid Institut électrotechnique de l’Université technique de Vienne Banque pour le travail et l’économie (BAWAG) Salle des sports, Bottrop Hôpital Lorenz Boehler, Vienne Bâtiment administratif IBM, Vienne Complexe sportif pour l’Université d’Innsbruck
Exposition du jubilé Vindobona 2000 City Center, Vienne Atmospherium - pavillon allemand pour l’exposition universelle à Osaka Chaîne d’hôtels dans le Harz, Allemagne Université de Bielefeld Bâtiment administratif de Mobil Oil, Hambourg Hôpital général d’Ingolstadt Bâtiment administratif de l’IVG, Munich Maison oignon, Munich (en collaboration avec Finsterwalder) Cour des comptes, Vienne Aménagement du site Freihaus de l’Université technique de Vienne Cover - Bayerische Gemeindebank Musée Sprengel, Hanovre « Rue diagnostic » Concept pour l’Université de Vienne Bâtiment administratif, Zedlitzhalle Garages, etc.
Liste des travaux
Travaux réalisés 1947 - 1950 Structures d’exposition à Vienne, Bruxelles Chicago Magasins Création de meubles Cinémas Ateliers 1951-1955 Immeubles d’habitation de la ville de Vienne Structures d’exposition à Paris, Stockholm, Chicago, Toronto, Vienne Exposition industrielle et commerciale, Vienne Cinémas Magasins Ateliers Exposition Dienst am Volk, Vienne Café viennois, Hôtel Chicago Exposition itinérante, Afrique occidentale Roto Show USCOA Maisons individuelles Exposition de l’énergie électrique, Linz Pavillons d’exposition Exposition de l’énergie électrique, Vienne Pavillon américain à l’exposition à Vienne
1956-1960 Immeubles d’habitation Cinémas Magasins Stations service Salons de l’automobile Exposition à Milan Pavillon américain à l’exposition à Vienne Pavillon autrichien à l’exposition universelle à Bruxelles Pavillon pour le Conseil de l’Europe à l’exposition universelle à Bruxelles Maisons individuelles Bâtiments industriels Parking avec ascenseur pour voitures, Neuer Markt, Vienne Agrandissement de la crypte des Capucins, Vienne 1960-1965 Restaurant-gril Auersperg Institut pour la promotion de l’économie, Vienne Bâtiments industriels Agrandissement de l’Académie des Arts appliqués, Vienne (avec Fellerer-Wörle) Musée du XXe siècle, Vienne Eglise paroissiale, Pötzleinsdorf Centre technique et bâtiment administratif de l’Automobile Club autrichien ÖAMTC Bâtiments d’exposition Immeubles d’habitation de la ville de Vienne Internat de l’Institut pour la promotion de l’économie, Vienne Laboratoires Peter Stoll Magasins, Bâtiment administratif Philips, Vienne Immeuble de bureaux GIG Bâtiments industriels, Isovolta et Stolllack 1966-1970 Ensemble d’immeubles d’habitation Magasins Maison de retraite de la Chambre de commerce de Vienne Pavillon autrichien à l’exposition universelle à Montréal Jardin d’enfants de la ville de Vienne, exposition universelle, Montréal Bâtiment industriel GIG
Bâtiments d’exposition à Montréal, Toronto, Vancouver Bâtiment pour les services d’expédition de la cimenterie Perlmoser Complexe industriel pour la cimenterie Perlmoser, Mannersdorf Parking BMW, Munich Centre de service Philips, Vienne 1971-1973 Institut pour la promotion de l’économie, St.Pölten Internat de l’Institut pour la promotion de l’économie, St.Pölten Bâtiments industriels pour Stolllack, Eybl, Isovolta Entrepôt de la brasserie Schwechat Halte-garderie de la ville de Vienne Structures d’exposition, Vancouver, Toronto Bâtiment administratif BMW, Munich Musée BMW, Munich Ambassade d’Autriche à Brasilia Complexe industriel Gebrüder Teich AG Projet de construction de l’université de Riyad Maison de retraite, Augarten Hôpital des accidentés, Graz Ecole d’infirmières et bâtiment administratif de la Compagnie d’assurance contre les accidents de Graz Station-service Denzel AG, Graz Maison de retraite, Munich Consulat général d’Autriche, Munich Bâtiment administratif, Lenbachplatz, Munich Projets et concours Centre de loisirs, Ostende Université libre de Berlin Opéra de Madrid Institut électrotechnique de l’Université technique de Vienne Banque pour le travail et l’économie (BAWAG) Salle des sports, Bottrop Hôpital Lorenz Boehler, Vienne Bâtiment administratif IBM, Vienne Complexe sportif pour l’Université d’Innsbruck
Exposition du jubilé Vindobona 2000 City Center, Vienne Atmospherium - pavillon allemand pour l’exposition universelle à Osaka Chaîne d’hôtels dans le Harz, Allemagne Université de Bielefeld Bâtiment administratif de Mobil Oil, Hambourg Hôpital général d’Ingolstadt Bâtiment administratif de l’IVG, Munich Maison oignon, Munich (en collaboration avec Finsterwalder) Cour des comptes, Vienne Aménagement du site Freihaus de l’Université technique de Vienne Cover - Bayerische Gemeindebank Musée Sprengel, Hanovre « Rue diagnostic » Concept pour l’Université de Vienne Bâtiment administratif, Zedlitzhalle Garages, etc.
Enseignement à l’Université technique, Vienne Recherche et application Théorie de la construction - Diversité du travail de design Enseigner en apprenant La recherche comme base d’application n’a aucun sens si elle n’est pas suivie de l’évaluation des découvertes théoriques. La formation ne peut être développée sans une activité pratique théorique simultanée, sans expérience ou expérimentation de l’activité pratique. L’architecte en particulier ne peut trouver un écho à son travail que par la confirmation de ses idées. Sa tâche, construire l’environnement social de demain, l’oblige à faire appel en permanence à son intuition, son savoir, ses connaissances, à la recherche et à l’expérience, donc aux critères d’un véritable « apprentissage ». Dans le secteur de la construction en particulier, il est bien vrai que l’ « on n’a jamais fini d’apprendre ». Chaque commande comporte de nouveaux problèmes qu’il faut
étudier soigneusement. Dans des exemples, des analogies, des développements, dans la recherche des caractéristiques fondamentales qui doit être appliquée de façon efficace en liaison avec les découvertes scientifiques. Le contenu d’une tâche vient de plus en plus au premier plan. La solution technique devient une tâche instrumentale, elle est attendue comme une évidence, elle fait partie comme élément intégré de notre existence d’aujourd’hui. La technique est supposée donnée et n’est plus regardée avec étonnement. Mais en même temps cela veut dire que les techniques de construction doivent être maîtrisées. Elles ne peuvent être apprises de façon théorique car c’est uniquement leur « application » qui apporte la preuve de leurs possibilités et de leur acceptation. Un apprentissage ininterrompu, l’accumulation d’expériences, qui viennent d’abord confirmer puis approfondir les connaissances théoriques, constituent la tâche primordiale de la profession d’architecte. C’est la prise de conscience du sens de « l’apprentissage » permanent qui amène à enseigner. Le travail pratique d’un architecte ne peut donc être séparé
de la théorie ; en outre, la « théorie » ne devient crédible que lorsqu’elle est confirmée par la pratique. La théorie de la construction précisément, qui doit être une introduction à la multiplicité du design, requiert une vaste expérience professionnelle, ce qui aujourd’hui est en opposition frappante avec la tendance à la spécialisation. Mais peut-être que non si l’on considère l’universalité comme la véritable spécialisation. Une surspécialisation unilatérale risque autrement de tomber dans la standardisation ou le schématisme banal. La maîtrise de la diversité est fascinante et procure une satisfaction intérieure dans un véritable processus de création. La spécialisation risque d’être unilatérale, la diversité des prestations d’être superficielle. La confrontation permanente avec des tâches différenciées donne toutefois la force et la capacité de trouver une forme d’expression originale et de nouvelles idées. Certes, cette façon de travailler n’est nullement lucrative. Toutefois, le plaisir de travailler et la satisfaction de remplir sa tâche compensent la médiocrité de certains revenus financiers. « Enseigner » signifie d’abord
« communiquer » et « faire participer à ses découvertes ». L’enseignement de l’architecture ne peut être limité à la théorie. Les « théories » doivent absolument être appuyées par des exemples et être confirmées si elles veulent transmettre quelque chose de valable à l’élève. L’exemple stimule. L’exemple, bon ou mauvais, incite à la critique. Une structure est un fait réel que l’on peut étudier. L’homme, dans son imperfection, fera toujours des erreurs, néanmoins la recherche de la perfection anime en permanence l’artiste. L’homme doit être considéré comme un être complexe : avec son savoir et ses sentiments. La logique sans le sentiment n’est pas complexe. C’est pourquoi le savoir doit être associé à l’intuition et à l’expérience tandis que l’expérience, la connaissance de l’être, doit être transmise par la théorie. L’accumulation d’expériences amène le progrès. Les jeunes prennent les faits connus pour donnés et forgent leur savoir dans leur poursuite. Ils doivent donc être intéressés par l’expérience et l’expérimentation. La science pure, sans rétroaction, n’est pas concevable. Chaque étudiant recherchera
donc et s’attendra à ce processus de réflexion. L’enseignement sans l’expérience de l’apprentissage serait donc incomplet. C’est pourquoi le professeur d’université est obligé de travailler dans la pratique afin de s’affirmer, de faire ses preuves et de se mettre en question. Intuitivement, les jeunes sont critiques et jugent par l’exemple. Certes, les connaissances théoriques doivent être transmises et acquises. L’information et la connaissance des concepts, les méthodes et les techniques doivent être apprises. Mais le développement de la personnalité ne peut se faire que par l’exemple. Le professeur d’université doit donc faire face aux jeunes et leur donner ce qu’ils veulent avoir, un exemple de conscience, d’effort et de confirmation ; une chose lie constamment les étudiants et les enseignants : la prise de conscience de la nécessité d’apprendre et du fait que la théorie découle uniquement de ce qui est appris. En d’autres termes, les enseignants et les étudiants ont en commun le fait d’apprendre et ceci devrait constituer une tâche importante liant les enseignants et les étudiants en vue de l’avenir de nos universités.
Enseignement à l’Université technique, Vienne Recherche et application Théorie de la construction - Diversité du travail de design Enseigner en apprenant La recherche comme base d’application n’a aucun sens si elle n’est pas suivie de l’évaluation des découvertes théoriques. La formation ne peut être développée sans une activité pratique théorique simultanée, sans expérience ou expérimentation de l’activité pratique. L’architecte en particulier ne peut trouver un écho à son travail que par la confirmation de ses idées. Sa tâche, construire l’environnement social de demain, l’oblige à faire appel en permanence à son intuition, son savoir, ses connaissances, à la recherche et à l’expérience, donc aux critères d’un véritable « apprentissage ». Dans le secteur de la construction en particulier, il est bien vrai que l’ « on n’a jamais fini d’apprendre ». Chaque commande comporte de nouveaux problèmes qu’il faut
étudier soigneusement. Dans des exemples, des analogies, des développements, dans la recherche des caractéristiques fondamentales qui doit être appliquée de façon efficace en liaison avec les découvertes scientifiques. Le contenu d’une tâche vient de plus en plus au premier plan. La solution technique devient une tâche instrumentale, elle est attendue comme une évidence, elle fait partie comme élément intégré de notre existence d’aujourd’hui. La technique est supposée donnée et n’est plus regardée avec étonnement. Mais en même temps cela veut dire que les techniques de construction doivent être maîtrisées. Elles ne peuvent être apprises de façon théorique car c’est uniquement leur « application » qui apporte la preuve de leurs possibilités et de leur acceptation. Un apprentissage ininterrompu, l’accumulation d’expériences, qui viennent d’abord confirmer puis approfondir les connaissances théoriques, constituent la tâche primordiale de la profession d’architecte. C’est la prise de conscience du sens de « l’apprentissage » permanent qui amène à enseigner. Le travail pratique d’un architecte ne peut donc être séparé
de la théorie ; en outre, la « théorie » ne devient crédible que lorsqu’elle est confirmée par la pratique. La théorie de la construction précisément, qui doit être une introduction à la multiplicité du design, requiert une vaste expérience professionnelle, ce qui aujourd’hui est en opposition frappante avec la tendance à la spécialisation. Mais peut-être que non si l’on considère l’universalité comme la véritable spécialisation. Une surspécialisation unilatérale risque autrement de tomber dans la standardisation ou le schématisme banal. La maîtrise de la diversité est fascinante et procure une satisfaction intérieure dans un véritable processus de création. La spécialisation risque d’être unilatérale, la diversité des prestations d’être superficielle. La confrontation permanente avec des tâches différenciées donne toutefois la force et la capacité de trouver une forme d’expression originale et de nouvelles idées. Certes, cette façon de travailler n’est nullement lucrative. Toutefois, le plaisir de travailler et la satisfaction de remplir sa tâche compensent la médiocrité de certains revenus financiers. « Enseigner » signifie d’abord
« communiquer » et « faire participer à ses découvertes ». L’enseignement de l’architecture ne peut être limité à la théorie. Les « théories » doivent absolument être appuyées par des exemples et être confirmées si elles veulent transmettre quelque chose de valable à l’élève. L’exemple stimule. L’exemple, bon ou mauvais, incite à la critique. Une structure est un fait réel que l’on peut étudier. L’homme, dans son imperfection, fera toujours des erreurs, néanmoins la recherche de la perfection anime en permanence l’artiste. L’homme doit être considéré comme un être complexe : avec son savoir et ses sentiments. La logique sans le sentiment n’est pas complexe. C’est pourquoi le savoir doit être associé à l’intuition et à l’expérience tandis que l’expérience, la connaissance de l’être, doit être transmise par la théorie. L’accumulation d’expériences amène le progrès. Les jeunes prennent les faits connus pour donnés et forgent leur savoir dans leur poursuite. Ils doivent donc être intéressés par l’expérience et l’expérimentation. La science pure, sans rétroaction, n’est pas concevable. Chaque étudiant recherchera
donc et s’attendra à ce processus de réflexion. L’enseignement sans l’expérience de l’apprentissage serait donc incomplet. C’est pourquoi le professeur d’université est obligé de travailler dans la pratique afin de s’affirmer, de faire ses preuves et de se mettre en question. Intuitivement, les jeunes sont critiques et jugent par l’exemple. Certes, les connaissances théoriques doivent être transmises et acquises. L’information et la connaissance des concepts, les méthodes et les techniques doivent être apprises. Mais le développement de la personnalité ne peut se faire que par l’exemple. Le professeur d’université doit donc faire face aux jeunes et leur donner ce qu’ils veulent avoir, un exemple de conscience, d’effort et de confirmation ; une chose lie constamment les étudiants et les enseignants : la prise de conscience de la nécessité d’apprendre et du fait que la théorie découle uniquement de ce qui est appris. En d’autres termes, les enseignants et les étudiants ont en commun le fait d’apprendre et ceci devrait constituer une tâche importante liant les enseignants et les étudiants en vue de l’avenir de nos universités.
Quelques aphorismes notés en marge de travaux soumis par les étudiants à l’Université technique à Vienne.
Le travail d’un ingénieur est un travail de découverte, c’est-à-dire une synthèse de points de repère d’autres domaines. Chaque projet doit avoir une idée centrale qui doit être suivie de façon conséquente. Si l’idée centrale est un paysage, il faut trouver une forme adéquate pour le bâtiment. En règle générale, les gens critiquent plus l’utilisation d’un édifice que sa forme. Un système est une suite logique cohérente de fonctions interdépendantes. La technique est construite sur des systèmes. Si les rails des trams avaient un écartement différent dans chaque rue, cela ne pourrait être qualifié de système. La méthodologie du planning est un instrument qui donne de la latitude à la créativité. Le maximum d’effet devrait être obtenu avec le minimum d’effort.
Nous avons besoin d’une architecture identifiable.
L’économie pédestre est innée chez l’homme.
La ville n’est pas ine zone de trafic résiduaire.
Au lieu d’espaces verts, il faudrait parler de vert urbain ; car il y a également du vert vertical. Sur les façades des maisons.
Le besoin d’éducation n’est pas seulement mais aussi, entre autres,une fonction de la compétition et de la pression du rendement. De par l’expérience qu’il procure, un cours est plus qu’un extrait de textes. Je ne partage pas votre avis. Lorsque je lis Krämer, je lis autre chose que vous. Selon vous, nous pourrions passer à un digest de toute la littérature, mais vous devez aussi lire ce digest et vous arriverez au digest du digest, et vous aurez alors un extrait d’un extrait. Et c’est comme pour le thé, à la fin vous n’avez plus que de l’eau. Je suis toujours pour un cours de base que chaque étudiant doit suivre ; le cours de base, c’est comme avoir le document d’origine. La base doit avoir un caractère direct.
A propos de projets d’étudiants : A propos d’un projet avec des pyramides tronquées : cette architecture de baquets n’a ni rythme ni non-rythme. A propos d’une maquette constituée de restes de fils électrique, tubes en plastique et autres : Le but des études d’architecture est d’offrir des formes de réalité ; des modèles en ferraille ne sont pas indiqués pour cela. Il faut un guide pour s’orienter dans ce bâtiment. Entrée en forme de cordon ombilical : l’entrée est un seuil important et doit avoir un caractère d’invite.
A propos de la construction d’une ville spatiale : On peut concevoir qu’en étalant un nouveau terrain favorable, vous obteniez de l’humus. A propos de l’agrandissement d’un bâtiment sous la même forme : le fils du bâtiment principal ? Aucun artiste n’aurait l’idée de placer à côté de sa sculpture une copie en miniature. Il n’y a pas de relation avec le reste de l’environnement. Vous ne pouvez pas transplanter un organe d’une vache sur un cheval. En réponse à un étudiant qui parlait de poutres croisées : Des poutres ne peuvent pas être croisées ainsi. Vous pouvez croiser des chiens, vous avez alors un bâtard. Lors d’un examen : Ah, vous avez un magnétophone, avez-vous aussi amené un avocat ? Je propose que pour la durée de l’examen, nous nous tutoyions afin d’être au même niveau.
Quelques aphorismes notés en marge de travaux soumis par les étudiants à l’Université technique à Vienne.
Le travail d’un ingénieur est un travail de découverte, c’est-à-dire une synthèse de points de repère d’autres domaines. Chaque projet doit avoir une idée centrale qui doit être suivie de façon conséquente. Si l’idée centrale est un paysage, il faut trouver une forme adéquate pour le bâtiment. En règle générale, les gens critiquent plus l’utilisation d’un édifice que sa forme. Un système est une suite logique cohérente de fonctions interdépendantes. La technique est construite sur des systèmes. Si les rails des trams avaient un écartement différent dans chaque rue, cela ne pourrait être qualifié de système. La méthodologie du planning est un instrument qui donne de la latitude à la créativité. Le maximum d’effet devrait être obtenu avec le minimum d’effort.
Nous avons besoin d’une architecture identifiable.
L’économie pédestre est innée chez l’homme.
La ville n’est pas ine zone de trafic résiduaire.
Au lieu d’espaces verts, il faudrait parler de vert urbain ; car il y a également du vert vertical. Sur les façades des maisons.
Le besoin d’éducation n’est pas seulement mais aussi, entre autres,une fonction de la compétition et de la pression du rendement. De par l’expérience qu’il procure, un cours est plus qu’un extrait de textes. Je ne partage pas votre avis. Lorsque je lis Krämer, je lis autre chose que vous. Selon vous, nous pourrions passer à un digest de toute la littérature, mais vous devez aussi lire ce digest et vous arriverez au digest du digest, et vous aurez alors un extrait d’un extrait. Et c’est comme pour le thé, à la fin vous n’avez plus que de l’eau. Je suis toujours pour un cours de base que chaque étudiant doit suivre ; le cours de base, c’est comme avoir le document d’origine. La base doit avoir un caractère direct.
A propos de projets d’étudiants : A propos d’un projet avec des pyramides tronquées : cette architecture de baquets n’a ni rythme ni non-rythme. A propos d’une maquette constituée de restes de fils électrique, tubes en plastique et autres : Le but des études d’architecture est d’offrir des formes de réalité ; des modèles en ferraille ne sont pas indiqués pour cela. Il faut un guide pour s’orienter dans ce bâtiment. Entrée en forme de cordon ombilical : l’entrée est un seuil important et doit avoir un caractère d’invite.
A propos de la construction d’une ville spatiale : On peut concevoir qu’en étalant un nouveau terrain favorable, vous obteniez de l’humus. A propos de l’agrandissement d’un bâtiment sous la même forme : le fils du bâtiment principal ? Aucun artiste n’aurait l’idée de placer à côté de sa sculpture une copie en miniature. Il n’y a pas de relation avec le reste de l’environnement. Vous ne pouvez pas transplanter un organe d’une vache sur un cheval. En réponse à un étudiant qui parlait de poutres croisées : Des poutres ne peuvent pas être croisées ainsi. Vous pouvez croiser des chiens, vous avez alors un bâtard. Lors d’un examen : Ah, vous avez un magnétophone, avez-vous aussi amené un avocat ? Je propose que pour la durée de l’examen, nous nous tutoyions afin d’être au même niveau.
Karl Schwanzer Biographie
1918 Naissance à Vienne Etudes à l’Université technique de Vienne 1940 Diplôme 1941 Doctorat Depuis 1947 architecte indépendant à Vienne 1947-1951 Assistant à l’Académie des Arts appliqués à Vienne 1954 Prix Josef Hoffmann, Wiener Secession 1958 Insigne en argent de l’Ordre du Mérite de la République d’Autriche Grand Prix de l’architecture à l’Exposition universelle de Bruxelles Chevalier de l’Ordre de Léopold, Belgique 1959 Prix de la ville de Vienne pour l’architecture Nomination comme professeur titulaire à l’Université technique de Vienne, chef de l’Institut pour la théorie de la construction et du design 5 1963 Honorary Corresponding Member of the RIBA (Royal Institut of British Architects) 1964-1965 Chargé de cours à l’Université technique de Darmstadt 1965 Officier du Mérite touristique, France 1965 - 1966 Doyen de la Faculté du génie civil et de l’architecture à l’Université technique de Vienne 1967 Chargé de cours à l’Université technique de Budapest Ouverture d’un bureau à Munich Honorary fellow of the AIA (American Institute of Architects) 1969 Membre honoraire du BDA (Association des architectes allemands) Grand insigne de l’Ordre du Mérite de la République d’Autriche 1972 Chargé de cours à l’Université de Riyad, Arabie saoudite
1973 Chargé de cours aux Universités techniques à Darmstadt et Budapest Prix BDA (Association des architectes allemands) our les architectes exceptionnels 1975 Prix duciment de l’Association de l’industrie allemande du cimen 20 août, décédé à Vienne Grand Prix de l’Etat autrichien pour les Beaux-Arts (à titre posthume)
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Karl Schwanzer Biographie
1918 Naissance à Vienne Etudes à l’Université technique de Vienne 1940 Diplôme 1941 Doctorat Depuis 1947 architecte indépendant à Vienne 1947-1951 Assistant à l’Académie des Arts appliqués à Vienne 1954 Prix Josef Hoffmann, Wiener Secession 1958 Insigne en argent de l’Ordre du Mérite de la République d’Autriche Grand Prix de l’architecture à l’Exposition universelle de Bruxelles Chevalier de l’Ordre de Léopold, Belgique 1959 Prix de la ville de Vienne pour l’architecture Nomination comme professeur titulaire à l’Université technique de Vienne, chef de l’Institut pour la théorie de la construction et du design 5 1963 Honorary Corresponding Member of the RIBA (Royal Institut of British Architects) 1964-1965 Chargé de cours à l’Université technique de Darmstadt 1965 Officier du Mérite touristique, France 1965 - 1966 Doyen de la Faculté du génie civil et de l’architecture à l’Université technique de Vienne 1967 Chargé de cours à l’Université technique de Budapest Ouverture d’un bureau à Munich Honorary fellow of the AIA (American Institute of Architects) 1969 Membre honoraire du BDA (Association des architectes allemands) Grand insigne de l’Ordre du Mérite de la République d’Autriche 1972 Chargé de cours à l’Université de Riyad, Arabie saoudite
1973 Chargé de cours aux Universités techniques à Darmstadt et Budapest Prix BDA (Association des architectes allemands) our les architectes exceptionnels 1975 Prix duciment de l’Association de l’industrie allemande du cimen 20 août, décédé à Vienne Grand Prix de l’Etat autrichien pour les Beaux-Arts (à titre posthume)
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