Vœux du Maire et de la Municipalité 18 janvier 2015

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V I LL E D E M AG N Y E N V E XIN

VŒUX DU MAIRE ET DE LA MUNICIPALITÉ 18 JANVIER 2015


MULLER Jean-Pierre Maire de Magny en Vexin Conseiller Général du Val d’Oise

Discours des vœux Magny en Vexin – 18 janvier 2015

Monsieur le Ministre, Madame la Ministre, Monsieur le Député, Mesdames et Messieurs les Conseillers Généraux, Madame la Conseillère Régionale, Monsieur le Président de la Communauté de Communes Vexin-Val de Seine, Monsieur le Président de l'Association des Maires et Adjoints de la Communauté de Communes représenté par son 2ème Vice-Président, Mesdames et Messieurs les Vice-Présidents, Mesdames et Messieurs les Maires, Mesdames et Messieurs les Elus, Mesdames et Messieurs les Représentants des Autorités civiles, militaires et religieuses, Mesdames et Messieurs les Présidents d'association, Mesdames et Messieurs, Cher(e)s ami(e)s

Les 7, 8 et 9 janvier, la France a été touchée au cœur.

Dans les familles, pour l'ensemble des corps constitués, ici et partout dans le monde, la tradition des vœux du nouvel an est bien ancrée et personne ou presque n'y déroge, aux fins peut-être de tenter de conjurer le sort. L'occasion, en tout cas, pour les élus de se retourner sur l'année passée, l'occasion d'annoncer, de rappeler les grands projets, les grandes décisions de l'année naissante.

Plus personnellement, et beaucoup d'entre vous le savent, la cérémonie des vœux, c'est pour moi, les jours qui précèdent notre rendez-vous, la réflexion, la compilation, "dans ma tête" de tout ce dont je veux vous rendre compte, de tout ce que je veux vous dire, et ce, avant de "me mettre" à la rédaction de mon discours, dans la soirée et la nuit qui précédent, de me mettre à la rédaction du discours des vœux, toujours écrit en catastrophe, achevé in extremis, parfois ces dernières années, laissé inachevé au petit matin, forçant à l'improvisation, déclenchant fébrilité, et angoisse de perdre le fil au moment de vous le livrer.

Monsieur Démard, journaliste historique de l'Echo Régional, le sait bien, lui qui me rappelle à l'ordre chaque année, par écrit, de vive voix: tous les ans, je le lui dis, je prends la résolution de le rédiger bien en amont, et tous les ans, c'est à l'aube que je mets le point final à mon propos en ayant essayé de tout dire sans être trop long, en essayant de trouver le ton et les mots pour ne pas lasser.


Le discours des vœux est en quelque sorte une gageure, on voudrait tout dire et être court, on voudrait être consensuel et dire avec force son sentiment.

Cette fois ci encore, rien n'a changé.

Si ce n'est que, dans cette rétrospective des événements de l'année 2014 et dans la présentation des projets en gestation pour 2015 et le mandat qui court jusqu'en 2020, je voulais vous parler, avec force précision et moult développements, de la satisfaction et de la fierté qui ont été les miennes, (et ce alors que tant d'élus de mes amis, et alors qu'ils n'avaient pour la plupart, loin de là, pas démérité, avaient été éliminés), la satisfaction, donc, de recueillir, pour la troisième fois et avec plus de 55% des voix, la confiance des Magnytois, dans le cadre des élections municipales de mars dernier.

Vous dire la volonté et l'investissement qui sont ceux de mes amis, élus de longue date, nouveaux élus et non élus qui ont à cœur de travailler pour Magny et ses habitants, et là aussi pour ceux dont les familles sont installées ici depuis toujours comme pour ceux qui ont choisi de venir y vivre depuis peu.

Vous dire également ma colère, mon écœurement aussi, quant aux manières indignes et nauséabondes utilisées, une fois encore, et à cette occasion, par l'Opposition municipale pour qui, tous les moyens, même les plus vils, sont bons pour l'emporter. Dénoncer cette obsession qui est la sienne, qui est la leur, de vouloir nous chasser, nous jeter dehors comme ils disent, sans cependant jamais arriver à faire autre chose qu'à se complaire à nous salir encore et toujours, sans également jamais se lasser d'aller toujours plus loin dans l'ignominie et la bassesse. Croyez bien que si je vous dis cela à cet instant, en ce lieu et en cette circonstance, en ce début de discours, alors que la cérémonie des vœux a, bien sûr, plutôt vocation à privilégier la concorde, croyez bien que c'est parce que trop c'est trop, que vraiment cela a été trop, cette fois ci encore. Qu'il fallait que je vous le dise, que je ne pouvais pas ne pas vous le dire, ne serait ce qu'à travers une seule phrase.

Je voulais vous vanter, et je choisis le mot "vanter" à dessein mais au sens noble du terme, graphiques et histogrammes apposés sur les panneaux de la salle à l'appui, et notre gestion mise en œuvre depuis notre arrivée aux responsabilités en 2001, et nos orientations budgétaires pour l'année 2015 basées sur la stabilité de la pression fiscale, dit autrement, sur la non augmentation des impôts locaux pour la quatorzième année consécutive, menée parallèlement à un programme d'investissement et de développement de services sans précédents répondant à plusieurs des urgences les plus absolues qui s'imposaient à nous.

Je voulais illustrer, et ce n'est pas une affaire personnelle qui m'opposerait à son président, loin de là, je voulais illustrer point par point ou presque, ma déception, ma désespérance devrais-je dire, le mot correspond davantage, quant à la gouvernance de notre communauté de communes, quant à la perception si ténue de l'esprit et de l'intérêt communautaires tant dans ses décisions que dans ses projets. Vous dire, dans les grandes lignes, mais vous dire, mes propositions, partagées par bien d'autres, pour que l'on puisse faire, dans une démarche budgétaire pertinente, rigoureuse mais audacieuse, pour que l'on puisse donc, faire ensemble, à 26 et dans l'intérêt de tous les habitants des 26 communes, ce que chacune, Magny peut-être exceptée, n'a pu, ne peut et ne pourra pas faire toute seule.

Je voulais vous dire, avec croquis et chiffres à l'appui également, mon contentement, mon bonheur, de voir, dans les toutes prochaines semaines, le mois prochain en fait si la météo le permet,


reprendre le chantier du square Roger Salengro, ( je reviendrai d'ailleurs lors de son inauguration sur le choix du nom de Roger Salengro attribué à ce qui sera un parc paysager arboré doublé d'un parc de stationnement de 78 places opérationnel normalement dès cet été ainsi que sur celui de Jean Zay, assassiné par la Milice, attribué au nouveau gymnase et qui fait l'objet d'une campagne de dénigrement et de calomnie menée, depuis quelques mois, sous le manteau, comprenez par envoi de courriers individuels aux uns et aux autres et accusant Jean Zay d'offense à la Nation ), de voir engagé l'aménagement de la Place Simone Veil dont nous commérons cette année le 40ème anniversaire de la loi autorisant l'interruption volontaire de grossesse, permettant par là-même aux femmes de disposer librement de leur corps, lancés les travaux d'assainissement du boulevard des Ursulines appelé à retrouver ses arbres, un nouvel éclairage public, un nouveau mobilier urbain de la meilleure qualité en marge du parking de plusieurs dizaines de places qui sera aménagé à son extrémité, face à l'entrée de l'hôpital, du côté des écoles Victor Schoelcher et Albert Schweitzer et tout cela après l'autorisation d'aménagement global donnée, il y a peu, par l'architecte des bâtiments de France et pour un coût de près de deux millions d'euros.

Et cela même s'il reste au tribunal administratif saisi en référé puis par voie ordinaire de donner suite ou pas à la demande de l'Opposition municipale, toujours elle, exigeant l'arrachage de tous les nouveaux arbres plantés boulevard Santerre pour en replanter d'autres selon le schéma d'implantation d'antan c'est à dire établi au 18ème siècle qui aboutirait, s'il devait en être ainsi, à planter des arbres devant certaines des sorties de propriétés existantes pour obtenir, chacun pourra s'interroger à quelle fin, une diminution de 50 centimètres de la distance entre les uns et les autres par rapport à la distance existant aujourd'hui. Et ce alors que la distance d'aujourd'hui propre aux travaux de replantation de mars 2014 a été préconisée par un cabinet spécialisé à qui nous avons donné mission en la matière parce que bénéficiant d'un savoir-faire, d'une compétence et donc d'une expérience vérifiées dans le cadre des missions qu'il a menées sur nombre de sites parmi les plus prestigieux de France.

Vous dire également mon impatience d'aller plus avant dans la réfection du cœur de ville, réfection qui redonnera, de par le nouvel aménagement pressenti, non seulement à nouveau pleinement vie au centre ancien mais aussi tout son cachet à un lieu d'histoire malmené par les ans, années au cours desquelles il a été, selon les endroits, soit défiguré, soit carrément abandonné. Sachez d'ores et déjà, nous l'avons sommairement présenté pendant la campagne électorale, que le projet est colossal, que son coût ne l'est pas moins puisque qu'il s'élèvera, peu ou prou, à 5,5 millions d'euros.

Je voulais vous dire aussi, et paradoxalement, tout à la fois ma lassitude, mon agacement et ma ferme détermination vis à vis de toutes les incivilités, de tous les manquements à la loi, de tous les actes de vandalisme, d'irrespect des choses et des personnes, vis à vis de toutes les suffisances et de toutes les dogmes rejetant l'autre parce que c'est l'autre, qui portent atteinte à la qualité de notre environnement pour les premiers, à celle du vivre ensemble pour les autres.

Vous dire mon inquiétude, ressentie, vous le savez, par bien d'autres de mes collègues, quant à nos capacités de répondre, en tant qu'élus locaux, à toutes les responsabilités qui nous incombent, à toutes les demandes, toujours plus nombreuses, toujours plus pressantes, qui nous sont sans cesse adressées, à tous les besoins propres à la gestion, à la préservation, au développement, au fonctionnement de notre ville, dans un contexte budgétaire contraint de baisse drastique des dotations, des subventions qui, si j'ai bien compris, le serait encore davantage, trois fois plus, si, on se dit les choses, une autre majorité républicaine devait connaître l'exercice des responsabilités d'ici deux ans.


Vous dire ma satisfaction de voir la réforme des rythmes scolaires dont je n'étais pas, a priori, un fan de la première heure, mise en œuvre, naturellement pas sans conséquences financière et organisationnelle d'importance, adoptée par les enfants, une petite Manon, élève de Ce2, me l'expliquait hier, dans la cour de la mairie. Sa maman me l'ayant confiée le temps d'aller chercher ses clés dans sa voiture....vous saurez tout!

Je voulais prendre le temps de vous parler de tout cela et de bien d'autres choses encore, vous auriez maudit la longueur de mon propos, mais, pour vous dire la vérité, la force, et surtout l'envie, m'ont en manqué.

Les 7, 8 et 9 janvier, la France a été touchée au cœur. 17 personnes ont été lâchement assassinées. Les Français ont été blessés, touchés, meurtris. Le Monde aussi. Vous comme moi aussi. La marche citoyenne, républicaine, silencieuse, je ne sais pas quel adjectif est le plus approprié, en fait les trois certainement, organisée samedi il y a 8 jours, à Magny, en a témoigné; comme les messages écrits ce jour là, ce 10 janvier, et apposés sur le tableau disposé aujourd'hui à l'entrée de la salle, témoignent et continueront de témoigner de l'émotion mais aussi de la détermination à ne pas laisser faire.

Je ne veux pas en arriver aux confidences, je veux, néanmoins, vous dire les choses.

Comme je l'ai indiqué sur le carton d'invitation que vous avez reçu, la cérémonie des vœux est un moment privilégié d'échanges et de rencontre.

Chacun comprendra cependant que si ces mots traditionnels d'invite restent vrais, l'échange d'aujourd'hui, ceux que nous aurons tout à l'heure au moment du verre de l'amitié, et tous ceux de toutes les cérémonies de vœux tenues depuis ces terribles moments, ne peuvent être que parés d'une connotation particulière qui impose de faire plus modeste, plus effacée, la place attribuée à nos problématiques quotidiennes.

Je ne veux pas en arriver aux confidences, disais-je, mais je veux vous dire les choses, mon sentiment et mon état d'esprit.

Les attentats terroristes, ô combien ignobles, de la semaine dernière m'ont, comme la quasi totalité des Français, comme tous les Démocrates, comme tous les Hommes et toutes les Femmes de bonne volonté vivant sur la planète, au delà du dégoût et de la répulsion qu'ils m'ont inspiré, plus que bouleversé.

Ces vies perdues, et alors que je ne connaissais, vous vous en doutez, aucune des victimes, ces vies perdues m'obsèdent, la vie perdue de cette toute jeune policière municipale, Clarissa Jean-Philippe, âgée de seulement 26 ans qui me remplit d'une peine indicible, d'une tristesse infinie, parce qu'on lui a ôté les bonheurs que nous avons, pour la plupart, connus, que les jeunes de son âge connaîtront, qu'elle ne connaîtra jamais, comme m'obsède, alors que je sais bien que la vie doit reprendre sa place, le Président de la République le disait hier matin à Tulle, comme m'obsède encore l'assassinat du jeune Ilan Halimi, torturé, supplicié, assassiné simplement parce que juif, parce que que ne pouvant qu'être juif et riche à la fois, assassiné parce que juif comme les otages de l'hypermarché casher de la porte de Vincennes.


Je ne veux pas changer, je veux continuer à croire en l'Homme, en son humanité mais alors que l'année dernière, à cette même tribune, je vous conviais, modestement, à mon humble place, comme nous y invitait également Barak Obama, à nous inscrire, quelques que soient les événements et l'histoire, dans la démarche de réconciliation préconisée par Nelson Mandela (auquel nous rendions l'hommage qu'il méritait, (son portrait était là sur le mur, il est aujourd'hui à l'Espace Mandela dont nous allons bientôt inaugurer l'extension), Nelson Mandela qui, dès le 11 février 1990, nous disait à sa libération "Jetez à la mer, vos fusils, vos couteaux, vos machettes", Mandela, que je voulais, à mon petit niveau, imiter, dont je voulais adopter et mettre en œuvre les préceptes et les principes), alors que je veux continuer à croire en l'humanité de l'homme, je commençais à vous le dire, je ne cesse depuis ces terribles jours, de sentir poindre, dans toute mon âme, étant athée, je devrais dire dans tout mon être, des sentiments renouvelés de vengeance, elle aussi, terrible.

Je ne m'en félicite pas, j'essaie, tant bien que mal de les réfréner mais là aussi, trop c'est trop, et je pense à ces innombrables jeunes filles, plusieurs centaines, enlevées, violées, mariées de force par Boko Haram, converties de force, utilisées en première ligne dans les offensives terroristes islamistes, à ces villages rayés de la carte au Nigéria, à leurs habitants, hommes, femmes, enfants, massacrés, à ces crucifixions restaurées par Daesh, à ces otages occidentaux sacrifiés de la façon la plus horrible qui soit face aux caméras vidéo de leurs bourreaux, comme je pense aussi à la tuerie du musée juif de Bruxelles en mai 2014, à celle de l'école juive Ozar Hatorah à Toulouse en mars 2012, à toutes les autres.

"Vos discours des vœux ne sont jamais très roses" me disiez vous madame la Directrice lors du goûter de Noël de l'Ehpad fin décembre à l'hôpital mais comment en serait-il autrement, sauf comme je le disais à se contenter d'une énumération des choses faites et des choses à faire, comment en serait-il autrement quand les années des années 2000 se suivent et sont plus terribles, je reprends le mot, les unes que les autres, lorsque à la folie des hommes sans limite aucune s'ajoute la cruauté des éléments et de la nature déchaînés comme jamais.

Je ne veux pas me résoudre à me contenter d'énumérer les choses faites et les choses à faire. Il faut donc bien dire les choses, les autres, celles qui importent vraiment.

"Le monde est dangereux à vivre, non pas à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire" disait Albert Einstein. Cette phrase illustre la carte de vœux qui vous a conviés ici, ce matin. Mais comme l'a dit le Premier Ministre, Manuel Valls, il y aura un avant et un après les attentats terroristes de janvier 2015 et j'ai le sentiment qu'à l'échelle du monde un mouvement est né, à l'échelle de la France en tout cas, une conscience s'est forgée, les manifestations spontanées qui ont suivi semblent en avoir été le gage, qu'il y aura un avant et un après et que ce mouvement ne se réduira pas à un éphémère feu de paille. Naturellement nombre de lâches, de spectateurs subsisteront mais j'ai la ferme impression que ceux qui regardent et laissent faire seront de moins en moins nombreux et que, oui, il y aura bien un avant et un après.

"Chaque fois qu'un homme se dresse pour défendre un idéal, améliorer le sort de ses semblables, redresser une injustice, naît une minuscule vaguelette d'espoir et, venues d'innombrables foyers d'énergie et d'audace, elles forment un courant qui peut balayer les plus puissantes murailles d'oppression et de résistance." Ce sont les mots de Robert Kennedy prononcés à l'occasion de son discours à l'université du Cap le 6 juin 1966 en pleine période d'apartheid.


Bob Kennedy a été assassiné le 6 juin 1968 à Los Angeles, 5 ans après son frère, 35ème président des Etats-Unis abattu à Dallas le 22 novembre 1963, deux mois et deux jours après l'assassinat du Pasteur Martin Luther King à Memphis.

Aujourd'hui l'apartheid n'existe plus, il a été aboli le 30 juin 1991. Barak Obama est le 44ème Président des États-Unis élu en 2008, réélu en 2012.

Bob Kennedy n'a malheureusemnt pas vu cela.

Mais ces vaguelettes évoquées par Robert Kennedy, je les ai vues, par centaines, le 10 janvier à Magny, par centaines de milliers le 11 à Paris, par centaines de milliers également partout dans le monde via la télévision.

Le Président de la République l'a dit hier après-midi: "le 11 janvier...dans chaque village, dans chaque ville, c'est la France qui se dressait, qui affirmait qu'elle ne céderait jamais à la peur, c'est la France qui déclarait qu'elle ne reculerait pas devant la terreur, qu'elle serait toujours là la France, debout et fière, fière de son idéal, de ce qu'elle défend, de ce qu'elle porte, de ce qui la constitue..."

"Ne cédez jamais rien, marchez votre chemin" avait dit le Président François Mitterrand, d'aucuns ont repris l'expression, je la reprends ce matin. Nous marchons, nous avons été des millions à marcher, nous marcherons encore, monsieur le Président, pour toujours davantage, toujours plus, d'humanité entre les hommes, pour que les valeurs de notre République, de liberté, d'égalité, de fraternité, de laïcité deviennent une réalité pour toutes les femmes et tous les hommes de la planète.

Pour que l'égalité entre les hommes, pour que l'égalité entre les hommes et les femmes soient partout, partout, une réalité. Et à cet instant permettez moi de redire combien je pense que la burqa, le chadri, le voile islamique, ( entendez le voile intégral ) sont une insulte aux femmes, une offense à la liberté, à l'homme, à la nature humaine toute entière.

Rappelez-vous: "je suis une musulmane pratiquante, le voile est pour moi ni une prescription, ni une obligation, il est un outil d'oppression imposer par les sociétés patriarcales" disait déjà en 2003 Fadela Amara, alors présidente de l'association "Ni putes, ni soumises", future ministre de Nicolas Sarkozy. Je veux dire combien pour moi aussi, ils constituent des outils d'oppression et rien d'autre, incompatibles avec nos valeurs de liberté et d'égalité et combien ils constituent une forme de violence.

Nous marcherons et continuerons à marcher pour cela, monsieur le Président, parce que la haine, le fanatisme, l'obscurantisme, la barbarie ne doivent pas avoir d'avenir; pour que la faim, l'intolérance, la répression, la folie des hommes n'aient plus d'avenir non plus mais aussi pour rejeter et bannir tout amalgame, toute surenchère bassement intéressée, tout ostracisme, tout racisme, toute islamo phobie, tout antisémitisme.

Je fais de la politique depuis près de quarante ans pour réaliser ce que je crois et je ne crois pas au manichéisme.


Les musulmans, je ne dis pas les musulmans modérés parce que cela ne veut rien dire, les musulmans n'ont rien avoir avec les intégristes, les fous de Dieu, les terroristes, les barbares qui se targuent de l'être, prétendant, dans leurs délires meurtriers et imbéciles, à eux seuls incarner l'islam.

Toutes les religions ont été, au fil de l'histoire, prises en otage, accaparées, confisquées, dénaturées, salies, par les mêmes tristes individus sans foi, je dis bien "sans foi", ni loi. Il nous appartient d'en tirer toutes les conséquences dans nos expressions comme dans nos positionnements, dans nos principes comme dans nos actions quotidiennes.

Et soyons clairs, il convient, il nous appartient, lorsqu'ils portent atteinte à nos valeurs fondamentales, lorsqu'ils attentent à nos vies, de leur répondre avec détermination, avec force et avec armes, de nous défendre sans faiblesse aucune et je veux saluer ici l'union, l'unité nationale qui a été la nôtre mais aussi rendre hommage aux forces de l'ordre, compétentes, courageuses, investies, dévouées. Je les ai, comme toutes les personnes autour de moi, applaudies à Paris, mais quoi de plus naturel dans un pays démocratique que d'applaudir les gardiens de la paix, parce que les policiers, les gendarmes, les policiers municipaux, les crs ou les gardes mobiles, soyez en tous pleinement, convaincus, ne sont pas autre chose que des gardiens de la paix, que les gardiens de la paix. Leur mission est toujours dangereuse mais elle figure parmi les plus belles.

Combattre ces barbares, ces fanatiques, c'est aussi, pardonnez-moi les mots, les éradiquer à la racine....par l'éducation.

Par l'éducation, parce que comme le disait Nelson Mandela, je le rappelais l'année dernière: "l'éducation est l'arme la plus puissante qu'on puisse utiliser pour changer le monde".

Les talibans ne s'y sont pas trompés, eux qui exècrent l'éducation, détruisent les établissements scolaires, interdisent l'école aux filles.

Et je pense à cet instant et une nouvelle fois à Malala Yousafzaï, à qui a été décerné le prix Nobel de la paix 2014 après que lui ait été attribué le prix Sakharov par le Parlement européen en 2013, rescapée, alors qu'elle était dans un bus scolaire, d'une balle dans la tête tirée en plein visage, par un taliban le 9 octobre 2012, tout simplement, parce que, jeune pakistanaise alors âgée de 16 ans, elle prônait le droit pour les filles d'aller à l'école. "Je veux l'éducation pour tous les fils et toutes les filles de tous les extrémistes, je veux l'éducation pour tous les fils et toutes les filles de tous les terroristes. "Les cahiers et les crayons seront nos armes les plus puissantes" disait-elle le 12 juillet 2013 devant l'Assemblée des Jeunes rassemblés au siège des Nations-Unis à New-York.

Les missions premières, incontournables de l'école, si on voulait s'exprimer de façon primaire, sans nuance et de la manière la plus abrupte, sont d'apprendre à lire, à écrire, à compter. Il convient de les rappeler et de les mettre en œuvre en étant conscients et persuadés qu'au delà du plaisir d'apprendre, il y a toujours une lassitude possible, que rien ne se fait sans travail sans rigueur, sans efforts. Comme il convient aussi d'être tout aussi conscients et tout aussi persuadés que si on veut que la maxime de Nelson Mandela revête tout son sens, devienne réalité, que l'engagement de Malala trouve son aboutissement partout sur cette terre, il faut, par définition et par évidence, que l'éducation via l'école mais aussi, chez nous, via les familles, remplisse sa mission non moins essentielle, de former des citoyens honnêtes, dévoués au bien commun, viscéralement attachés aux valeurs de la République garante des uns et des autres.


C'est à ces conditions que nous mettrons fin, que nous tarirons les réactions de rejet exprimées par certains élèves de nos collèges et de nos lycées exprimés le 8 janvier, refusant de s'associer parfois de façon véhémente à l'hommage national à la mémoire des victimes assassinées.

La ministre de l'éducation, Najat Vallaud Belkacem qui a eu le courage et la lucidité de dire ce qu'il en était des carences d'aujourd'hui à ce niveau, l'ancienne Garde des Sceaux, Rachida Dati et le député Malek Boutih n'ont pas dit autre chose. Respect de l'autre, prééminence de l'intelligence et du travail, tolérance et autorité de l'institution et donc de ses maîtres, doivent constituer la feuille de route de nos écoles.

Avoir une feuille de route c'est avoir un sens.

Mardi matin, en rendant hommage aux trois policiers ( et je voudrais avoir à cet instant une pensée particulière pour Frédéric Boisseau, cet agent de maintenance auquel on fait moins référence mais qui a été la première victime des terroristes ) Francois Hollande a fait appel à l'Histoire. "Il me revient les mots d'André Malraux qui écrivait suite à un attentat qui avait endeuillé notre pays, il y a longtemps. 'Sachez bien que si nous avons des blessés, nous les relèverons. Si nous avons des morts, nous les enselevirons et puis nous combattrons" a t'il dit.

Relever nos blessés, ensevelir nos morts, combattre. Nous y sommes prêts. Tous.

Parce que la France est belle. Parce qu'elle doit le rester. Parce que nous devons la préserver. Parce qu'elle doit continuer à faire école.

Parce que même touchée au cœur, la France, Patrie des Droits de l'Homme, est et restera le pays de la Liberté et de la Démocratie, celui de la Liberté d'Expression.

Parce que si nous sommes horrifiés par ces lâches et immondes assassinats, nous sommes les héritiers de la Révolution Française, ceux de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, conscients, et parce que conscients ne nous laissant pas aller à un quelconque amalgame.

Aujourd'hui nous sommes unis, nous le resterons si la France choisit d'être juste, toujours, choisit d'être la France qui écarte les privilèges, refuse les exclusions, frappe les injustices et inlassablement s'attaque aux inégalités sociales.

Je veux croire en cela parce que nous le savons bien, il ne saurait y avoir deux France, il n'y a qu'une seule France, la France forte, la France juste, la France attentive aux siens, à ses enfants, encore une fois, la France des Droits de l'Homme, celle que nous aimons et chérissons, celle qui, tant de fois, a montré le chemin au monde.

Mesdames et Messieurs, vous l'avaient compris, je pense qu'il est de notre responsabilité à tous d'œuvrer, là où nous sommes, au degré de responsabilité qui est le nôtre, avec l'influence qui est la nôtre, avec l'exemplarité du comportement qui peut être le nôtre, d'œuvrer pour que vivre ensemble et en paix sur cette terre ne reste pas une utopie.

Pardonnez-moi de vous avoir dit mon sentiment avec insistance, d'avoir peut-être trop personnalisé mon propos. Je vous ai dit ce que je pensais, ce que je ressentais, ce que je suis.


Nous allons combattre pour un monde meilleur et nous allons continuer à vivre, alors très sincèrement, à chacune et à chacun d'entre vous, à ceux qui vous sont chers, je souhaite une belle, une très belle année 2015.


CRÉDITS PHOTOS PATRICK SELLES - WILFRIED KOBA



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