Le Chat de Geluck : Presse studorleans

Page 1


06

À LA UNE !

Le Chat Philippe Geluck Ils sont intimement liés, depuis plus de trente ans. Philippe Geluck et son Chat. Ensemble, ils font rire, de tout, avec leurs propos percutants, profonds ou simplement crétins. Le dessinateur bruxellois fera une halte orléanaise, dimanche 07 décembre (de 15h à 18h) à la librairie Passion Culture pour dédicacer son 19ème album, « Le Chat passe à table ». Rencontre avec celui qui nous a fait le plaisir de dessiner la « Une » de notre numéro de décembre !

L

e Chat a été une commande d'un média. Est-il né en urgence ? C'est une commande qui

m'est venue un jour où j'étais débordé. Je travaillais à l'époque au théâtre, à la télé belge et je dessinais ! Ils m'ont rappelé deux fois, en me disant « c'est pour demain ! ». J'ai gambergé et je me suis rappelé avoir dessiné un couple de chats qui copulaient, trois ans auparavant, pour remercier les convives invités à mon mariage. L'accouchement du Chat s'est donc plutôt bien passé. Ils ont adoré les premiers croquis et m'ont choisi parmi d'autres dessinateurs.

Trente ans plus tard, ni lui ni vous n'avez grandi, vous êtes toujours de grands enfants ! Oui, surtout moi. Lui a grossi et changé physiquement mais nous sommes restés les mêmes. Dès le départ il y avait un côté décalé, insolent et fouteur de merde, qui s'est amplifié depuis !

Avec toutes ses facettes (peinture, sculpture, radio, télé,...), Philippe Geluck fait-il parfois de l'ombre au Chat ? Je pense que non. J'ai l'impression que Le Chat a beaucoup plus de notoriété que moi ! Je n'ai été qu'à son service mais il me laisse beaucoup de latitude et de liberté. On se doit mutuellement beaucoup de choses. Il sait également que je suis le patron et que la gomme et le Tipp-Ex ne sont jamais bien loin !

Mais lui n'a pas fait des émissions de télé ou radio ! Certes, mais moi je n'ai pas été reproduit à 50 millions d'exemplaires sur les timbres de la poste française ! Ceci dit ils étaient autocollants, son derrière n'a donc pas été léché 50 millions de fois !

Où puisez-vous votre inspiration entre les sociétés belge et française ? Le Chat n'aurait pas pu être d'une autre nationalité que belge. Si j'étais né ailleurs, il n'aurait pas été Le Chat. C'est un concentré d'esprit belge, de dérision et de décalage. Ici on aime rire de tout. C'est un besoin sinon on pleurerait du matin au soir. Mais la France m'inspire par sa grande histoire passée. L'an dernier j'ai sorti « la Bible selon Le Chat ». La religion catholique, même si je ne suis pas croyant, est aussi ma culture.

Ce n'est pas en Belgique qu'on aurait fait tout ce foin autour du mariage pour tous ! On se demandait ici en Belgique, « mais qu'est-ce qui leur prend, ils sont fous ? » Ici le mariage a été voté il y a plus de 10 ans. Nous avons également voté le droit à l'euthanasie. Le mariage est un progrès, vers le bonheur pour tous. Pourquoi ce retour à la bougie de la part d'un peuple qui a éclairé le monde de ses lumières ?


07 Le Chat n'a pas de limites, on lui pardonne tout ! Et Geluck, quand il met en scène deux prêtres homosexuels dans un même lit ? Un ami italien m'a dit : « chez nous tu finirais en prison ! ». En France ce spot promo est beaucoup passé à la télé. Ca a beaucoup fait rire, il n'y a pas eu de levée de boucliers. Je dessine sur la religion et les intégristes. J'essaie toujours de forcer le trait, d'aller encore plus loin, et ça continue à passer ! Je me balade dans les limites de l'insoutenable, sans qu'on me vole dans les plumes.

Le Chat n'a pas sa langue dans sa poche... sur quel sujet ne s'est-il pas encore exprimé ? Pas sur la politique de tous les jours, il est très peu dans l'actualité. J'ai très vite eu envie de faire un livre du Chat, il fallait donc une certaine pérennité. Si vous relisez Plantu cinq ans après une parution, il vous faudrait presque un Quid pour savoir de quoi il parle.

Vous savez qu'à Orléans nous avons aussi notre chat ! Bien sûr je connais ce chat qui sourit. A part que c'est un chat, je trouve honnêtement le principe un peu répétitif. Voilà une image qui

À LA UNE !

devient emblématique mais qui ne raconte rien. A quoi ça sert ? Tant mieux si les murs sont jolis mais ce n'est pas comme un Banksy qui me raconte quelque chose, m'interpelle ou me fait vibrer.

A vos 18 ans vous avez participé à une expo intitulée « La Vénus de Milo ou les dangers de la célébrité ». Plutôt drôle, avec le recul ! J'ai eu un père et un grand-père très drôles. Je suis tombé dedans quand j'étais petit ! J'ai commencé jeune à faire des dessins d'humour, j'ai beaucoup usé de ce pouvoir de faire rire. J'ai l'impression de pratiquer aujourd’hui comme métier, ce qui me faisait marrer quand j'étais môme ! Le titre de l'expo était prémonitoire en effet. Je continue de travailler les très grands formats pour des expos simultanées à Paris et Anvers. Je suis dans l'obsession d'avoir fabriqué un héros mythique et de le faire à toutes les sauces comme la Vénus à un moment !

Propos recueillis par Ludovic Bourreau.

© Emmanuelle Denys


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.