Tendances

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TENDANCES TENDANCES DANS LE MONDE D'AUJOURD'HUI. LEUR INFLUENCE SUR LES JEUNES. INTERROGATIONS ET ENJEUX POUR LE SCOUTISME

S

STRATEGIE


World Organization of the Scout Movement Organisation Mondiale du Mouvement Scout

Réimpression de la première édition © 1994, Bureau Mondial du Scoutisme Les associations scoutes nationales membres de l’Organisation Mondiale du Mouvement Scout peuvent traduire et reproduire ce document. Elles sont tenues d’en indiquer la source. Les autres doivent demander une autorisation. Cette publication a été financée en partie par la Fondation du Scoutisme Mondial. Bureau Mondial du Scoutisme Case postale 91 1211 Genève 4, Plainpalais, Suisse worldbureau@scout.org http://scout.org


TABLE DES MATIERES

1.

INTRODUCTION

1

PREMIERE PARTIE : TENDANCES DANS LE MONDE D’AUJOURD’HUI 2.

POPULATION 2.1 Augmentation de la population mondiale. 2.2 Distribution inégale de la croissance: le Nord “vieillit” et le Sud “rajeunit”. 2.3 Augmentation du taux d’urbanisation. 2.4 Les pressions migratoires: du Sud au Nord. 2.5 Les réfugiés: une augmentation inquiétante.

3.

CONTEXTE GEOPOLITIQUE MONDIAL 3.1 Ordre ou désordre? 3.2 Le “souffle de la liberté”. 3.3 Un monde déséquilibré. • Décalage entre le Nord et le Sud. • Le Nord: contexte économique de stagnation. • Bilan de trois décennies de développement. • Le Sud. Les années ’80: “une décennie perdue pour le développement”. • Au Nord comme au Sud: croissance des inégalités. 3.4 Préoccupations permanentes de la communauté internationale. • Environnement et développement. • L’impact de la science. • Nourriture et alimentation. • Droits de l’Homme. • Les dividendes de la paix. • La crise des villes . • Vers une redéfinition du concept de sécurité à l’échelle mondiale. • La drogue: un problème mondial. 3.5 Impact sur les jeunes. 3.6 Conclusions: • du point de vue géopolitique. • du point de vue éducatif.

3 3 4 4 5 5 7 7 7 8 9 9 9 10 10 11 11 11 12 12 13 13 14 14 14 15 15 15

DEUXIEME PARTIE: LES JEUNES ET LE CADRE SOCIAL LES JEUNES ET LE CADRE SOCIAL

17

4.

LES JEUNES ET LA FAMILLE 4.1 La famille en voie de changement: les tendances majeures. 4.2 Conséquences sur le processus de socialisation des enfants et des jeunes. 4.3 Les enfants des rues.

20 20 20 21

5.

LES JEUNES ET L'EDUCATION FORMELLE 5.1 Tendances dans l’éducation formelle dans le monde actuel. 5.2 Réexamen du rôle et de la fonction du système scolaire. 5.3 L’alphabétisme et l’alphabétisme fonctionnel: un problème crucial. 5.4 Echec scolaire et exclusion sociale. 5.5 Quelques pistes de réflexion.

23 23 24 25 25 25


6.

LES JEUNES ET LE MONDE DU TRAVAIL 6.1 Introduction. 6.2 Tendances actuelles. 6.3 Tendances prospectives. 6.4 Impact sur les jeunes. 6.5 Le travail des enfants. 6.6 Retraite. 6.7 Quelques pistes de recherche.

27 27 27 28 29 29 30 31

7.

LES JEUNES: VALEURS, LOISIRS ET STYLE DE VIE 7.1 Introduction. 7.2 Foi, religions, croyances, recherche de l’Absolu et implications éthiques. 7.3 Quelques valeurs qui peuvent avoir une influence sur les jeunes. 7.4 La santé et les jeunes. 7.5 Loisirs des jeunes et style de vie. 7.6 Quelques pistes de recherche.

32 32 32 34 35 37 38

8.

MASS-MEDIA ET COMMUNICATIONS: IMPACT SUR LES JEUNES 8.1 Ampleur et importance du phénomène. 8.2 Mass-media et société: quelques questions pertinentes. 8.3 Impact sur les jeunes. 8.4 Quelques pistes de recherche.

40 40 40 41 42

TROISIEME PARTIE:QUESTIONS RELATIVES AUX FEMMES 9.

QUESTIONS RELATIVES AUX FEMMES 9.1 Introduction. 9.2 Les femmes et l’éducation formelle. 9.3 Les femmes et le travail. 9.4 Le statut des femmes: des progrès incontestables. 9.5 Le statut des femmes: des défis à surmonter. 9.6 Quelques pistes de recherche.

44 44 44 45 47 47 48

QUATRIEME PARTIE : CONCLUSIONS ET ENJEUX 10.

CONCLUSIONS

50

INTERROGATIONS ET ENJEUX POUR LE SCOUTISME

52

REFERENCES

54


“Chacun constate que l’incertitude est devenue l’unique certitude”. lgnacio Ramonet (1). “Dans un monde où les événements et les idées sont analysés à l’extrême, où la complexité s’accroît par bonds exponentiels..., nous sommes assoiffés de structure. Nous pouvons commencer à trouver un sens au monde en utilisant un cadre de référence simple. Et nous pouvons modifier ce cadre dans la mesure où le monde lui-même change” John Naisbitt (2). “Ma montagne (le mont Kenya) dit: «Regarde plus largement; regarde plus haut; regarde plus loin devant toi, et tu trouveras une voie”. Baden-Powell (3).

1. INTRODUCTION

Le document que vous avez entre les mains est un document d’appui pour la mise en oeuvre de la “Stratégie pour le Scoutisme”. En effet, en tant que mouvement d’éducation non formelle, le Scoutisme - que ce soit au niveau national, régional ou mondial - ne peut être conçu en dehors de la réalité qui l’entoure. Il vit, il s’incarne dans un contexte politique, social, culturel, économique, avec lequel il se trouve en interaction constante. Connaître le monde qui nous entoure est, donc, un élément essentiel de notre démarche d’éducateurs de jeunes. Lors des Conférences Mondiales de 1988 (Melbourne, Australie) et 1990 (Paris, France), le Scoutisme s’est résolument engagé dans un effort de planification à long terme sous le titre de “Une Stratégie pour le Scoutisme”. Les différentes résolutions adoptées engagent tout le Mouvement, de la base au sommet, à ses trois niveaux: national, régional et mondial. Comment sera-t-il possible de concevoir et de mettre en oeuvre une telle démarche si nous ignorons le cadre socio-culturel dans lequel le Scoutisme est appelé à vivre? Quelques exemples à l’appui: •

La Résolution 2/90 sur la croissance du Scoutisme constate que “...le Mouvement devrait atteindre un plus grand nombre de jeunes et en particulier ceux qui en ont davantage besoin” (4). Comment mener à bien cet effort sans avoir une connaissance précise de la société dans laquelle nous vivons

et de ses différents composants sur le plan ethnique, linguistique, religieux, social et économique? • La Résolution 4/90 sur la Politique Mondiale de Programme reconnaît que “...le programme des jeunes est le moyen essentiel par lequel se réalise le but du Scoutisme, propre à attirer et à retenir les membres” (5). Or, ce programme scout essaie de développer des réponses aux besoins de la société et aux attentes des jeunes. Comment pourrait-il le faire sans connaître ces besoins et ces attentes? Sans cette connaissance, le Programme risque, au mieux, d’être la copie importée d’un Scoutisme étranger (qui risque de ne pas trouver racine dans le pays qui l’importe), au pire, un ensemble de rituels, de cérémonies, d’uniformes, de pratiques dénuées de sens profond pour la société et donc condamné à rester confiné dans les limites d’un groupe marginal par ses dimensions et par son impact social. • La Résolution 5/90 sur les Adultes dans le Scoutisme constate le besoin d’adopter une politique globale et volontariste concernant la gestion des ressources humaines adultes dans le Mouvement. Comment recruter, soutenir et former ces futurs responsables si nous ne savons pas leur présenter une image du Scoutisme et un projet éducatif suffisamment motivant et Tendances - Page 1


attractif? Et comment bâtir un tel projet si nous ne disposons pas d’une analyse sérieuse de notre société, avec ses points forts mais aussi avec ses insuffisances et ses problèmes? • Et, finalement, dans cette ère d’interdépendance et de planétarisa-tion du monde, comment pourrions-nous dissocier les tendances qui se manifestent dans notre pays sans nécessairement être conscients du fait que certaines d’entre elles nous viennent d’ailleurs: que ce soit à un niveau plus superficiel comme la musique, la mode masculine ou féminine, le culte de certaines “stars”, ou à un niveau professionnel comme la circulation de l’information à travers des réseaux télématiques ou encore à un niveau plus profond comme l’émergence, la disparition ou la résurgence de certaines valeurs, tantôt chez nous, tantôt ailleurs dans le monde. Le but de ce document est donc de partager avec les responsables des Associations Scoutes Nationales une réflexion sur l’environnement dans lequel le Scoutisme vit et se développe. Par souci pratique, autant que par honnêteté intellectuelle, il faut souligner d’emblée les difficultés et les limites d’une telle entreprise. La perception du monde est faite de variété et de richesse. Elle est très différente d’un endroit à l’autre de la planète. Ainsi donc, devons-nous nous borner à donner des points de repère pour «baliser la route». Ils revêtent, par essence, un caractère général. S’ils sont applicables à votre pays, à votre contexte socio-culturel, tant mieux. Dans le cas contraire, prenez-les comme des indications de ce qui se passe dans une autre partie du monde. Cela vous servira à vous poser des questions sur votre propre pays et (peut-être) à prévoir ce qui risque de se passer chez vous d’ici quelques années. Dans cette introduction nous aimerions attirer l’attention du lecteur sur trois

éléments-clé qui sont essentiels pour comprendre le tableau général: • la globalisation du monde et l’interdépendance croissante entre les peuples. Le “village global” de Marshall McLuhan est devenu une réalité. La circulation des personnes, des biens, des capitaux, des services et des idées s’intensifie de jour en jour. Grâce à la radio et à la télévision nous disposons à chaque instant d’informations qui nous parviennent de l’autre bout du monde. Les gens du Nord, du Sud, de l’Est et de l’Ouest ne peuvent pas ignorer le style de vie de leurs semblables. Le “marché global” fonctionne non seulement pour ce qui est légal mais aussi pour ce qui est illicite (trafiquants de drogue et d’armes, d’oeuvres d’art volées, d’enfants à adopter, de greffes d’organes vivants, et ainsi de suite...) • L’accélération du rythme du changement. Alvin Toffler dans son fameux best-seller “Future Shock” (Le Choc du Futur) nous avait prévenu: “C’est par le changement que le futur envahit nos vies...” Le «...courant du changement impétueux, (est)... si puissant qu’il bouleverse nos institutions, ébranle nos valeurs et s’attaque à nos racines...” “Cette poussée vers l'avant a des conséquences tant personnelles et psychologiques, que sociologiques” (6). Et Albert Ducrocq confirme: “...Sur la tranche d’une existence humaine, va défiler l’équivalent de plusieurs civilisations...” (7). • Dispersion et éclatement de la personne. Les hommes d’aujourd’hui sont soumis à longueur de journée à une telle variété de stimulations, qu’ils éprouvent une difficulté réelle à y faire face, d’où une sensation de “dispersion” d’être “décentré” ou “excentré” , d’avoir perdu le contact avec son “moi profond” (8). L’homme de notre temps est souvent sur-informé mais désorienté, et il éprouve une certaine incapacité à choisir en fonction de

sa propre réflexion plutôt que de répondre sans cesse aux stimulations extérieures. A ces trois éléments, il faut ajouter une constatation: • Il est impossible de séparer la situation des enfants et des jeunes du tableau général du monde. Dans des situations de stagnation ou d’ajustement économique, “...où la capacité des familles de satisfaire leurs besoins par leurs propres efforts a été diminuée par le chômage, la baisse des revenus et la hausse des prix...” et “les coupes faites dans les services sociaux a affaibli les “filets de sécurité” juste au moment où la pression qui s’exerce sur eux est plus forte, les enfants et les jeunes payent un prix très lourd” (9). Comme nous allons le constater tout au long de ce document, les enfants et les jeunes sont les premiers à en souffrir lorsque l’adversité frappe la société dans laquelle ils vivent car ils sont, par nature, vulnérables. Ceci est vrai du chômage, mais aussi d’autres aspects plus subtils ou moins évidents, tels que les préjugés envers les sidéens dont sont d’abord victimes les jeunes. Dans ce contexte, le principe de “priorité aux enfants” établi par le “Sommet Mondial pour les Enfants” (10) risque de voir son impact réduit d’une façon significative. Nous allons donc nous pencher sur ce monde en mutation profonde. Les sections 2 (Population) et 3 (Contexte géopolitique mondial) constituent la première partie du document. Elles fournissent la toile de fond nécessaire pour comprendre la deuxième partie, dans laquelle nous essayerons de présenter les différentes institutions impliquées dans le processus de socialisation (au sens large du terme) des enfants et des jeunes et de répondre à la question: les jeunes d’aujourd’hui, comment s’insèrent-ils dans la vie? Qu’est-ce que le monde leur propose comme présent et leur réserve comme avenir? Tendances - Page 2


PREMIERE PARTIE: TENDANCES DANS LE MONDE D’AUJOURD’HUI Cette section fournit une toile de fond pour les autres sections du document, puisque la population est liée à la croissance économique, à l’accès aux soins de santé, à l’eau et à l’assainissement, à l’alphabétisation ainsi qu’aux marchés du travail pour les jeunes. La population est également liée aux flux migratoires et à bien d’autres facteurs. 2.1 AUGMENTATION DE LA POPULATION MONDIALE Le graphique suivant montre une projection par région pour les années à venir (11). Projection de la population par région (variante moyenne) 12.0 11.5 11.0

Population (milliards)

2. POPULATION

-

10.5

-

10.0

-

9.0

-

8.5

-

8.0

-

7.5

-

7.0

-

6.5

-

6.0 5.5

-

5.0

-

4.5

-

4.0

-

3.5 3.0 2.5

-

2.0 1.5

-

1.0

-

0.5

-

0

Total mondial

Afrique Autres pays d'Asie Inde Chine Amérique latine Pays développés

-

1950

1990

2000

2025

2050

2075

2100

2125

2150

Année Plus nombreux que jamais! Au terme de quatre décennies de la croissance démographique la plus rapide de l'histoire, le monde comptera 5,48 milliards d'habitants à la moitié de 1992 et, d'ici à la fin de ce siècle il devra accueillir 97 millions de nouveaux venus chaque année - soit annuellement l'équivalent de la population du Mexique. Avec 8,5 milliards d'habitants en 2025 et 10 milliards en 2050, la population mondiale pourrait bien s'élever, selon les projections à long terme, à 11,6 milliards en 2150.

En 1987, la population mondiale a atteint 5 milliards. Elle s’élève actuellement à près de 5 milliards 480 millions, chiffre qui représente une augmentation annuelle de 97 millions. On s’attend à ce que cette augmentation se poursuive jusqu’à la fin du siècle. De ce fait, les 6 milliards seront atteints en 1998 et la projection pour l’an 2000 est d’environ 6 milliards 256 millions. Selon une projection d’une augmentation annuelle de 90 millions entre les années 2000 et 2025, en 2010, la population comptera environ 7 milliards 220 millions et près de 8500 millions en 2025. «Géographiquement, cette croissance future aura tendance à avoir lieu en Asie, en Afrique et en Amérique latine. Quelque 97% de l’augmentation qui aura lieu de 1990 à 2050, se fera dans les pays en voie de développement... 34% de l’augmentation de la population mondiale aura lieu en Afrique uniquement et 18% en Asie du Sud». Selon ces projections, en 2050 la population de l’Afrique sera 3 fois et demie sa population actuelle (12). Tendances - Page 3


2.2 DISTRIBUTION INEGALE DE LA CROISSANCE: LE NORD “VIEILLIT” ET LE SUD “RAJEUNIT” On peut donner une idée claire du clivage entre le Nord (monde développé) et le Sud (monde en développement) à l’aide des deux graphiques suivants qui montrent deux facettes du même phénomène: diminution en chiffres absolus et en pourcentage de la population du Nord industrialisé et augmentation correspondante dans le monde en voie de développement, avec une augmentation significative de la proportion de jeunes dans le Sud (13). Le Nord grisonnant

La répartition se modifie

1990

Alors qu'au sud la populatioon est de plus en plus jeune, au Nord elle vieillit. En 1990, les pays développés ne comptaient que 23% de la population mondiale, mais pas moins de 44% des plus de 60 ans. En 2025, la moitié de la population de l'Europe occidentale aura plus de 45 ans.

Les plus grands changements dans la répartition de la population mondiale se produiront en Afrique, dont la part passera de 12% en 1990 à 27% en 2050. Un peu plus de la moitié du genre humain continuera à vivre en Asie, alors que la part de l'Amérique latine augmentera légèremnent de 9 à 10%. Quant à celle du monde développé, elle reculera de 23% en 1990 à 13% en 2050.

La Jeunesse se décale vers le Sud

Les jeunes de 15-24 ans dans quatre régions

Année 1990 Année 2025

49.7

50

Jeunes de 15-24 ans (millions)

44.2

2050 Afrique Asie

39.7 39.5

40 35.2 32.5 30

27.4 25.8

20

Amérique latine 10

Pays développés

0 AFRIQUE DU NORD

2.3 AUGMENTATION DU TAUX D'URBANISATION

AMERIQUE CENTRALE

AMERIQUE DU NORD

L'urbanisation du monde 1950-2025

Distribution de la population dans le monde: une projection du clivage entre les zones urbaines (en augmentation) et les zones rurales (en diminution).

Population (millions)

Le graphique suivant montre de manière très claire la croissance de l’urbanisation.

L'urbanisation du monde 1950-2025 (Populations urbaine et rurale, 1950-2025, projection moyenne.) Source: Division de la population des Nations Unies

EUROPE

9000

-

8500

-

8000

-

7500 7000 6500

-

6000 5500 5000

-

4500

-

4000

-

3500

-

3000

-

2500

-

2000

-

1500

-

1000 500

-

0

-

Pop. urbaine, pays en développement Pop. urbaine, pays développés Pop. rurale, pays en développement Pop. rurale, pays développés

1950

1960

1970

1980

1990 Année

2000

2010

2020

2025

Tendances - Page 4


“Les populations urbaines augmentent très rapidement: en l’an 2000, 77% de la population d’Amérique latine, 41% de la population d’Afrique et 35% de la population d’Asie vivront dans des zones urbaines”. C’est un chiffre alarmant, si nous tenons compte que déjà dans bien des pays en voie de développement “entre 40 et 50% de la population vit dans des taudis surpeuplés et des logements illégaux qui n’ont aucun service” (14).

Les Pressions Migratoires 1990 2025 50 49.7

Le graphique suivant montre la toile de fond nécessaire pour comprendre les pressions migratoires (15). On voit clairement que dans les années à venir les pressions migratoires du Sud vers le Nord (ce qui arrive déjà dans bien des régions du monde) auront tendance à augmenter de manière significative. Cette tendance est particulièrement importante en ce qui concerne les jeunes. 2.5 LES REFUGIES: UNE AUGMENTATION INQUIETANTE

Jeunes de 15-24 ans (millions)

44.2

2.4 LES PRESSIONS MIGRATOIRES DU SUD AU NORD

40 39.7 39.5 35.2 32.5

30 27.4

25.8 20

10

Comme le graphique suivant le montre, «Au cours des 15 dernières années le monde a connu une multiplication inquiétante du nombre de réfugiés. Ils sont passés de 2.8 millions en 1976 à ...17 millions en 1990» (16). Depuis lors, toutes les indications confirment que ces chiffres sont en augmentation constante. Contrairement à ce que croient bien des gens dans les pays industrialisés, les réfugiés “...ont pour la plupart, quitté un pays pauvre pour un autre...” Deux nouvelles catégories de réfugiés: les réfugiés économiques et écologiques, devraient être ajoutées à la catégorie traditionnelle des réfugiés (“ceux qui ont une crainte bien fondée d’être persécutés en raison de leurs croyances politiques ou religieuses ou en raison de leur origine ethnique...”) (17) que l’on appelle “les réfugiés politiques”.

0

AFRIQUE DU NORD

EUROPE

AMERIQUE CENTRALE

AMERIQUE DU NORD

Au cours des 35 prochaines années, le nombre de jeunes augmentera de manière spectaculaire dans certaines régions et diminuera dans d'autres. Source: World Population Prospects 1990, Division de la population des Nations Unies

Nombre de réfugiés (millions)

Les projections faites par l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) indiquent que le nombre des réfugiés économiques et écologiques continuera d’augmenter durant les années à venir. La FAO a recensé un certain nombre de “zones critiques” dont les ressources agraires ne pourraient pas nourrir, de façon durable, leurs populations. A cela, il faut ajouter l’impact potentiel du L'Explosion des réfugiés réchauffement planétaire et l’élévation du niveau de la mer dans certaines régions parmi les plus peu20 19 plées de la terre (18). 18 Total

17 16 15 14 13 12 11 10 9 8 7 6 5 4 3 2 1 0

Asie Afrique Amérique du Sud Amérique du Nord Europe Océanie

1976 19771978 1979 1980 19811982 19831984 1985 1986 1987 1988 1989 1990

Année

L'explosion des réfugiés (nombre de réfugiés officiels dans le monde par région 1976-1990). Source: Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. Tendances - Page 5


QUESTIONS CONCERNANT LA SECTION 2

• Dans le cadre de l’augmentation globale de la population mondiale, nous venons de voir que «le Sud rajeunit tandis que le Nord vieillit». Quel est l’impact - sur les projections de croissance pour le Scoutisme? - sur la répartition des effectifs entre les tranches d’âge? - sur les questions Nord-Sud? • Les zones urbaines augmentent de manière importante dans le monde. La croissance des mégalopoles devient parfois incontrôlée. Les Scouts qui vivent dans les mégalopoles peuvent-ils vivre en contact avec la nature? Si non, quelles sont les mesures (palliatifs, substituts) qui peuvent être adoptées? • Dans les mégalopoles, les zones pauvres et défavorisées présentent des problèmes spéciaux. Le Scoutisme devrait-il entreprendre des efforts particuliers pour être présent dans ces zones? Quel est l’impact sur les programmes pour les jeunes, sur le recrutement des chefs, sur le financement, etc.? • Nous avons vu que les pressions migratoires se faisaient généralement du Sud vers le Nord. Les Associations Scoutes du Sud devraient-elles entreprendre des efforts spéciaux pour aider les jeunes à rester dans leur pays? Les Associations Scoutes du Nord devraient-elles aider ceux qui décident de quitter leur pays ou sont obligés d’émigrer? • Avec l’augmentation des flux migratoires, les pays industrialisés deviennent de plus en plus des sociétés multiculturelles. Cela demande un effort croissant pour établir des programmes éducatifs d’apprentissage et de communication inter-culturels. Que font les Associations nationales Scoutes dans ce domaine? • La situation des réfugiés atteint des proportions alarmantes. Comment le Scoutisme peut-il contribuer au bien-être des enfants et des jeunes réfugiés? Des programmes spéciaux peuvent-ils être établis pour répondre à ce besoin? Comment le Scoutisme peut-il devenir un agent de dialogue entre les réfugiés et la population locale?

N.B. Vous trouverez à la fin du document, dans la section intitulée “Interrogations et enjeux pour le Scoutisme”, d’autres questions générales concernant le rôle et la place du Mouvement dans l’évolution de la société.

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3. CONTEXTE GEOPOLITIQUE MONDIAL

Lorsque l’on regarde le contexte géopolitique avec un peu de recul, la perestroïka apparaît comme une lame de fond, porteuse de changements profonds, non seulement dans l’ancienne Union Soviétique et dans les pays de l’Europe centrale et orientale, mais aussi dans le reste du monde. En effet, la situation géopolitique mondiale a besoin d’un sérieux réexamen car la plupart des repères anciens ont été bousculés depuis 1985 et plus particulièrement depuis 1989, qui restera probablement comme une année charnière dans l’histoire du XXe siècle. Voici quelques grandes lignes pour essayer de mieux comprendre la situation, présentées avec beaucoup de modestie intellectuelle et un grand effort pour éviter les simplifications abusives et les caricatures. 3.1 ORDRE OU DESORDRE? Tout d’abord, une constatation pessim i s t e : “ . . . l e “nouvel ordre mondial” p r o c l a m é d a n s l e s discours et attendu avec espoir a pour l’instant les apparences d’un vaste désordre international...” et “l’accumulation, dans tous les domaines et sur toute la surface du globe, de difficultés impressionnantes apparaît comme un défi difficile à surmonter” (19). 3.2 LE “SOUFFLE DE LA LIBERTE“ Comme le constatait Ignacio Ramonet en Octobre 1991: “L’heure est aux indépendances... La chute du pouvoir communiste nous fait entrer dans une ère où le souffle de la liberté réveille les nations assoupies. Un nouvel ordre politique succède à l’ancien” (20). Les spécialistes s’accordent pour constater qu’avec l’effondrement du “bloc soviétique”, l’ancien équilibre d’un monde bipolaire a disparu et ceci “perturbe en profondeur la société internationale” (21). Voici quelques pistes pour mieux comprendre la situation: • Si les spécialistes s’accordent pour expliquer que le monde bipolaire a vécu, ils ne peuvent pas nous

expliquer par quoi il a été remplacé. Quatre hypothèses, parmi d’autres: certains pensent que lest États-Unis ont émergé comme la seule superpuissance, donc un monde avec un seul pôle de pouvoir; d’autres pensent à un monde avec trois pôles de puissance (États-Unis, Japon et Communauté Européenne), d’autres pensent à un monde multipolaire et soulignent le rôle des puissances régionales. Finalement certains soulignent qu’après quelques années de difficultés économiques et politiques, la Russie pourra récupérer le rôle de superpuissance qui était celui de l’Union Soviétique. Chacune de ces hypothèses a des points forts et des points faibles qu’il serait trop long d’énumérer ici. Pour l’instant, le seul dénominateur commun entre tous les spécialistes est peut-être de dire que du point de vue de l’équilibre géostratégique de la planète nous sommes dans une période de transition, qui peut durer des années ou des décennies... • On peut constater que le triomphe de l’économie de marché s’accompagne de l’extension du modèle occidental de démocratie libérale. Cependant, cette constatation a besoin d’être sérieusement nuancée. Tout d’abord, du point de vue économique et politique: -

Si le capitalisme apparaît comme vainqueur dans sa lutte contre le communisme, il n’est pas pour autant triomphant et fort (l’économie mondiale est en crise, nous vivons dans un contexte économique de stagnation, le chômage augmente partout, on démantèle les systèmes sociaux les plus avancés (ex.: la Suède, etc.).

-

D’autre part, si le communisme a été terrassé, les maux qu’il était censé résoudre sont encore là! Or, la démocratie ne peut Tendances - Page 7


s’édifier sur l’injustice et la pauvreté. -

Il faut, enfin, souligner que les modèles de démocratie occidentale ont vite montré les limites de leur efficacité lorsqu’on a essayé de les imposer de l’extérieur pour les “plaquer” sur des réalités socio-culturelles complètement différentes.

Ce triomphe du libéralisme a aussi besoin d’être nuancé du point de vue idéologique: “l’idéologie communiste... a sombré corps et biens. Ce naufrage a laissé un grand vide, que la doctrine alternative - le libéralisme - se trouve bien en peine de combler” (22). On s’aperçoit de plus en plus qu’il n’y a pas d’utopie globalisante, pas de grand projet de société et que la politique risque ainsi d’être “... abandonnée aux seuls gestionnaires sans projet social et dépourvus de vision politique novatrice” (23). Or, les sociétés et les hommes ont besoin de cohérence et de vision plus encore que de pain. Faute d’une “utopie collective”, il manque donc un grand projet mobilisateur et le monde risque de sombrer dans une anomie à échelle globale... (24). 3.3 UN MONDE DESEQUILIBRE

déplacements de populations, le changement des frontières et la politique de Staline “diviser pour régner”, on peut l’expliquer dans l’exYougoslavie par la rupture du fragile équilibre établi par Tito au lendemain de la Deuxième Guerre Mondiale. N’empêche que la multiplication de petites entités étatiques, repliées sur elles-mêmes, querelleuses, cultivant l’exaltation des “valeurs nationales”, le besoin d’homogénéité (qui peut conduire jusqu’au “nettoyage ethnique”), la haine et la peur de l’autre, et la guerre comme moyen de régler les différends entre les peuples, peut conduire à l’embrasement de régions entières et menacer à terme la paix du monde. Des affrontements (ex.: la Somalie) qui ne sont plus “idéologiques” mais ethniques et claniques, posent un défi très grave à la communauté internationale. Dans ce pays sans État ni administration, les “seigneurs de la

guerre” et leurs groupes armés n’obéissent plus à aucune règle de droit international en général ni de droit humanitaire en particulier. Dans ces conditions, comment organiser l’assistance aux populations démunies, prises en otage? (26). Face à cette situation, certains prônent le “droit d’ingérence humanitaire”, défini comme “la prise en charge des souffrances du monde par la communauté internationale” (27) tandis que d’autres font remarquer que : “Lorsque les États (ou groupes d’États) invoquent le “droit d’ingérence humanitaire” pour intervenir, même là où des besoins réels existent, ils vont toujours susciter des doutes sur le caractère vraiment impartial de l’aide, à plus forte raison si l’action de secours est conduite sous commandement militaire” (28). Les récents événements relatifs à la destruction de la Mosquée d’Ayodhya en Inde ont montré jusqu’à quel point,

Disparités économiques au niveau mondial. Distribution de l'activité économique, 1989 - en pourcentage du total mondial (les cinq cinquièmes de la population classés par revenu).

Cinquième le plus riche

PNB-82.7 Commerce mondial - 81.2 Prêts commerciaux - 94.6 Epargne intérieure - 80.6 Investissement intérieur - 80.5

• Il faut noter, tout d’abord, des signes contradictoires: “...Alors que, sous la pression de l’économie et des besoins de sécurité, de grands ensembles cherchent à se constituer - la Communauté Européenne en est le meilleur exemple - en sens contraire, des peuples, parfois des ethnies, revendiquent leurs droits à l’autonomie, en clair: à disposer d’euxmêmes” (25). En Europe centrale et orientale, la montée des nationalismes et des replis identitaires apparaît déjà comme un trait marquant de cette décennie. On peut l’expliquer dans l’ancienne Union Soviétique et notamment dans le Caucase par les

Chaque bande horizontale représente un cinquième de la population mondiale

Cinquième le plus pauvre

PNB - 1.4 Commerce mondial - 1.0 Prêts commerciaux - 0.2 Epargne intérieure - 1.0 Investissement intérieur - 1.3

Tendances - Page 8


dans un pays de tradition et d’idéologie officielle laïque, un tragique cercle vicieux peut s’engager: le fondamentalisme religieux nourrit la violence qui à son tour alimente l’extrémisme. •

Décalage entre le Nord et le Sud.

Le graphique en page 10 illustre d’une manière très claire l’abîme qui sépare le “Nord” ( l e s p a y s industrialisés ou “développés”) et le Sud (les pays en voie de développement). Trois constatations: - les 20% les plus riches de l’humanité se partagent 82,7% du Produit National Brut (PNB) alors que 80% de l’humanité se partagent les 17,3% restant. - les trois tranches d’en bas, c’està-dire, 60% de l’humanité, se partagent un PNB qui représente 5,6% du total - les 20% les plus pauvres se partagent seulement 1,4% du PNB (29).

Ecarts entre les revenus des 20% les plus riches et des 20% les plus pauvres Taux de participation aux revenus Les plus Les plus riches pauvres 20% 20% 45.1

59.1

32.1 30.1

1960

1970

1980

1989

Non seulement cet écart est énorme, mais il s’est aggravé au cours des 30 dernières années. Comme le montre le graphique suivant, le rapport entre le revenu des plus riches et des plus pauvres était de 30 à l en 1960, alors qu’il atteignait 59 à 1 en 1989. En d’autres termes, la disparité a doublé au cours des 30 dernières années (30). • Le Nord: contexte économique de stagnation Le Nord vit dans un contexte économique de stagnation. Des milliers d’emplois perdus chaque mois font que les statistiques du chômage ne cessent de gonfler dans différents pays. Cette situation est particulièrement pénible pour ceux qui se trouvent au chômage pendant une très longue période et mène dans pas mal de cas à l’exclusion sociale. Malgré des initiatives prises dans différents pays, il faut constater que les “sans abri»” se multiplient et qu’une catégorie appelée “les nouveaux pauvres” fait son apparition. Ceci fait naître la crainte d’une société à deux vitesses (Voir section 6). Malgré ce panorama peu réjouissant, l’Europe Occidentale apparaît à ses voisins de l’Est comme un paradis. Sur la frontière Oder-Neisse, des milliers d’Européens de l’Est attendent le moment approprié pour traverser la rivière vers l’Allemagne. L’Europe unifiée doit faire un choix entre les deux solutions qui lui sont offertes si elle veut éviter la venue massive des émigrés de l’Est: soit éliminer la cause première de l’émigration en offrant une aide économique substantielle aux anciens pays à régime communiste, soit tenter de se retirer derrière un nouveau rideau de fer... Cette pression migratoire qui s’exerce sur la frontière Est de l’Europe est doublée d’une pression qui vient de la frontière Sud (du Maghreb et de l’Afrique sub-saharienne). Ce phénomène fournit aux partis d’extrême droite un argument de choix pour des campagnes où les slogans ventant la “préférence nationale” se

mêlent parfois à des appels xénophobes ou racistes plus ou moins explicites. Cette pression migratoire est devenue aussi une donnée permanente sur la frontière sud des États Unis. Dans ce contexte, la création de la «North America Free Trade Association» (NAFTA) qui regroupe les États-Unis, le Canada et le Mexique dans une zone de libre échange de plus de 350 millions d’habitants, apparaît comme une expérience à suivre avec intérêt. Il faut, en outre, signaler l’impact de cette conjoncture difficile sur les réactions qui se font jour dans plusieurs pays européens vis-à-vis des étrangers: dans un contexte économique de stagnation, la tentation de l’égoïsme et du repli est toujours présente! • Bilan de trois décennies de développement Les bilans les plus contrastés ont été faits sur les trois décennies de développement lancées par les Nations Unies à partir de 1960. D’un côté, les critiques estiment qu’elles ont été «...ratées à coups de milliards gaspillés...» (31). De l’autre côté, on fait valoir que des progrès significatifs ont été accomplis. Pour n’en citer que quelques uns, concernant les pays en voie de développement: “L’espérance de vie a augmenté d’un tiers entre 1960 et 1990 et est actuellement de 63 ans”, “le taux de mortalité des moins de cinq ans a baissé de moitié au cours des trois dernières décennies” et “le taux d’alphabétisation des adultes est passé de 46% à 60% entre 1970 et 1985”. En résumé “Les pays en développement ont obtenu en 30 ans les résultats que les pays industrialisés ont mis un siècle à obtenir” (32). Comment faire pour porter une évaluation sinon “objective” du moins dépassionnée? Tout d’abord, il faut bien comprendre qu’une décennie de développement ne peut que refléter la conception que la communauté internationale a du processus global du développement, de ses objectifs et de ses méthodes. Ainsi, dans les années ‘60 l’attention était f o c a l i s é e s u r le “décollage Tendances - Page 9

1960 19601960


économique” et l’on pensait que la croissance aurait un impact positif sur toutes les couches de la population. Les années ‘70 ont vu naître et se développer le concept de “satisfaction des besoins essentiels” comme étant l’objectif essentiel du processus de développement. Les années ‘80 ont mis en relief l’importance de la participation populaire, tout développement devant passer “...par la population et pour la population” (33). Finalement, l’année 1987, avec la publication du Rapport Brundtland “Notre avenir à tous”, a fait que la communauté internationale a pris conscience du lien inextricable qui existe entre développement et environnement, donnant naissance au c o n c e p t d e “ développement durable ou soutenable” (34). On peut se demander s’il y a un dénominateur commun susceptible de faire le lien entre les différentes étapes du processus. C’est l’émergence progressive de l’idée du “développement humain” dont le but “...en dernière analyse, est de faire en sorte que la croissance économique se traduise en un accroissement du bien-être de la population” (35). Il trouve son expression pratique dans la création d’un “Indicateur de développement humain” (IDH) qui met l’accent sur “...une forme participative du développement où l’être humain est placé au centre du processus de prise de décision”, “Il prône la liberté humaine et la libération des énergies créatrices des individus... Il préconise un processus de développement humain dont le but principal est l’épanouissement et l’utilisation de toutes les capacités humaines” (36). En somme, cette conception nouvelle du développement “... doit ê t r e axée sur les hommes, équitable et viable à long terme...” (37). Ces trois éléments s’accompagnent d’une prise en compte plus prononcée de la “dimension culturelle du développement” et des rapports entre culture et développement. Une “Commission Mondiale sur la Culture et le Développement”

a été constituée par décision de la Conférence Générale de l’UNESCO, appuyée par l’Assemblée Générale des Nations Unies. Elle doit présenter son rapport en 1995 (38). • Le Sud. Les années ’80: «une décennie perdue pour le développement» Si le contexte économique du Nord est la stagnation, celui du Sud est la régression, avec des exceptions très peu nombreuses, notamment celles des pays «nouvellement industrialisés» (connus en anglais sous le sigle de NIC) en Asie, les pays du Golfe AraboPersique qui tirent leur revenu du pétrole et quelques pays d’Amérique Latine. Ainsi, le Rapport du Secrétaire Général des Nations Unies au Conseil Économique et Social constate: “Dans les années ’80, la production par habitant a diminuée de 12% en Afrique et de 11% en Amérique Latine. Si l’on tient compte de l’évolution des termes de l’échange et de la rémunération nette des facteurs, la baisse de revenu est encore plus forte, soit un recul de 22% des revenus réels en Afrique et de 16% en Amérique Latine” (39). Dans un autre rapport, adressé lui aussi au Conseil Économique et Social, le Secrétaire Général constate: “...rien n’indique que le fossé entre le Nord et le Sud, qui a continué de grandir pendant les années ’80, commence à se combler. De même, à l’échelon national, l’écart entre riches et pauvres semble augmenter dans la plupart des pays. L’inégalité croissante des revenus et le fait qu’une proportion importante de la population ne bénéficie pas de conditions de vie décentes menacent la stabilité politique et des structures démocratiques souvent fragiles et compromettent la mise en oeuvre de réformes structurelles essentielles” (40). Et le même Rapport poursuit: “Si les circonstances varient, on ne constate pas encore d’amélioration qualitative nette de la situation qui était celle de l’essentiel du monde en développe-

ment dans les années 80 - inflation élevée, déficits importants, fardeau de la dette, insuffisance des investissements, détérioration des infrastructures physiques et sociales. Dans plusieurs cas, les programmes d’ajustement adoptés pour remédier à la situation macro-économique se sont soldés par des difficultés sociales supplémentaires” (41). La détérioration des prix des matières premières, la fermeture des marchés occidentaux aux produits fabriqués au Sud et le décalage qui existe entre ce que le Sud “reçoit” à travers l’aide et ce qu’il “envoie” au Nord à travers le commerce et le payement des intérêts de la dette ont conduit des économistes et des politiciens (et pas seulement du Sud) à se demander ce qui est plus important aujourd’hui: “free trade” (commerce libre) ou “fair trade” (commerce juste). Dans des cas extrêmes, certains en sont arrivés à prôner le “de-linking” (couper les liens) notamment dans le cas de l’Afrique, comme seul moyen d’essayer de redresser un déséquilibre qui ne cesse de s’accentuer. Tout ce qui précède ne fait que confirmer le besoin de créer des pôles de développement dans les pays du Sud. Ceci apparaît pour le Nord non seulement comme une preuve de solidarité mais aussi et surtout comme l’expression d’un intérêt bien compris. • Au Nord comme au Sud: croissance des inégalités Le Secrétaire Général des Nations Unies dans son Rapport au Conseil Économique et Social constatait “De même, à l’échelon national, l’écart entre riches et pauvres semble augmenter dans la plupart des pays” (42). Les chiffres du “Rapport Mondial sur le Développement Humain 1992” sont clairs: -

“Les écarts des revenus entre les plus riches et les plus pauvres dans les pays en développement sont souvent étonnamment profonds. Au Brésil, les 20% les plus riches de la population disposent d’un Tendances - Page 10


revenu 26 fois supérieur à celui des 20% les plus pauvres au niveau de la planète le contraste est encore plus frappant et il s’accentue d’année en année” (43). -

“Comme relativement peu de pays publient des informations sur la distribution de leur revenu national, il n’est donc pas possible d’évaluer la situation pour l’ensemble de la planète. Mais une estimation approximative peut être établie pour un groupe de 41 pays pour lesquels des données sont disponibles: les calculs effectués pour ces pays révèlent un rapport d’inégalité entre pays de 1 à 65 - mais si l’on prend en considération la distribution du revenu au niveau national, le coefficient d’inégalité entre les populations les plus riches et les populations les plus pauvres atteint alors de 1 à 140, soit plus du double” (44).

Face à ce tableau, le besoin de solidarité n’apparaît pas dans les pays industrialisés comme provenant d’une idéologie «de gauche», mais surtout du besoin de préserver la cohésion sociale et d’éviter une “société à deux vitesses”. En d’autres termes, la tendance peut s’exprimer ainsi: une société forte est une société dans laquelle le degré de cohésion sociale est élevé. Comme l ’ a f f i r m e J . K . G a l b r a i t h : “. . . l a distribution équitable des revenus est un impératif économique autant que moral...” (45). 3.4 PREOCCUPATIONS PERMANENTES DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE Le survol de la situation internationale ne serait pas complet si l’on omettait de faire mention de plusieurs sujets qui constituent des préoccupations permanentes à l’ordre du jour de la communauté internationale et qui ont un impact direct sur notre vie quotidienne. 1) Environnement et développement, 2) L’impact de la science, 3) Nourriture et alimentation, 4) Droits de l’Homme, 5) Les dividendes de la paix, 6) La crise des villes , 7) Vers une redéfinition du concept de sécurité à l’échelle mondiale, et 8) La drogue: un

problème mondial. Il va sans dire que chacun de ces sujets mériterait un développement approfondi, qui s’avère impossible dans le cadre de ce document, et que la liste n’est pas exhaustive. •

Environnement et développement

Environnement et développement ne sont que deux dimensions de l’utilisation des ressources qui sont à la disposition du genre humain sur la terre. La communauté internationale a fait des progrès considérables dans la compréhension du lien inextricable qui existe entre elles. De cette compréhension est né le concept de “développement durable” mis en avant par la Commission Mondiale sur l’Environnement et le Développement dans son fameux rapport “Notre Avenir à Tous” (46). Le rapport souligne que le “genre humain a parfaitement les moyens d’assumer un développement....(capable) de répondre aux besoins du présent sans compromettre la possibilité pour les générations à venir de satisfaire les leurs”. Il fait donc appel à une double solidarité: entre les membres de la génération présente car “...il signifie la satisfaction des besoins élémentaires de tous et, pour chacun, la possibilité d’aspirer à une vie meilleure” (47) et aussi vis-àvis des générations futures. Ce rapport a donné lieu à la Conférence Mondiale sur l’Environnement et le Développement, baptisée “Sommet de la Terre” qui a eu lieu a Rio de Janeiro en Juin 1992 et qui a attiré l’attention du monde entier. Deux conventions ont été adoptées: sur la biodiversité et sur les changements climatiques ainsi que le Programme “Action 21” énonçant les mesures à prendre pour réussir la transition vers le développement durable. Au n i v e a u i n t e r n a t i o n a l , l a Commission sur le Développement Durable vient seulement d’être créée. Au niveau des États, combien ont mis en place des organes de suivi nationaux, formulé des plans exprimant une volonté de transition? La mobilisation du monde économi-

que qui s’annonçait comme extrêmement prometteuse, a-t-elle eu un suivi? (48) Il ne faut pas se faire d’illusions. Les obstacles sur la route sont nombreux. Tout d’abord, les structures de concertation et d’intervention doivent être planétaires. Cependant, le pouvoir politique est au niveau national, il s’articule autour des concepts de “souveraineté” et de “frontière”! Ensuite, les stratégies à adopter sont douloureuses et coûteuses. Elles ne peuvent donc être mises en oeuvre que par des gouvernements assurés du soutien des populations concernées. Finalement, beaucoup de ces stratégies impliquent un changement des valeurs, une modification des attitudes et des comportements qui, au-delà de l’adhésion intellectuelle, exige un engagement moral (49). Est-ce une raison pour baisser les bras? Certainement pas! Quatre pistes de recherche pour l’avenir: 1) Commencer par l’éducation, 2) Essayer de résoudre les problèmes de la vie quotidienne au niveau local ou régional. Trouver un moyen pour une gestion transfrontalière de l’environnement (des déchets, des pollutions, de la purification d’eau, des ressources énergétiques, etc.) (50), 3) Créer des micro-réalisations , qui soient en même temps un modèle à suivre et un laboratoire de recherche, des réalisations qui soient à la fois valables du point de vue du rapport coût-efficacité, susceptibles d’être reproduites ailleurs et à caractère durable, 4) Créer des synergies chaque fois que cela s’avère possible, entre ONG, communauté intellectuelle (chercheurs, professeurs), politiciens , décideurs économiques (patrons, syndicats, etc.) et massmedia. •

L’impact de la science

Les spécialistes s’accordent pour affirmer que la nature des relations entre la science et la société a changé radicale-ment au cours du dernier demi-siècle. Ainsi, “...qu’il s’agisse de la compréhension des mécanismes de Tendances - Page 11


la vie...ou du déchaînement des forces énergétiques (le nucléaire), sans parler de l’informatique ou de la conquête spatiale, nous sommes entrés dans une ère... qui, pour la première fois, à l’échelle planétaire, nous place en face de responsabilités jusqu’alors inconnues” (51). Peu de gens, aujourd’hui, contestent les bénéfices extraordinaires que l’humanité tire des techniques de pointe. Cependant, beaucoup s’inquiètent des dangers qui en résultent. Deux exemples concrets: -

-

Le sujet mérite un développement plus approfondi, qui sort du cadre de ce document. Il est important, cependant, de terminer avec deux remarques et deux questions: -

-

L’ordinateur “...a modifié le paysage des bureaux et maintenant des foyers”. Cependant, le Minitel, merveilleux outil de communication ...n’isole-t-il pas un peu plus l’individu?” Les possibilités de codage, de criblage, de raccordement des informations, peuvent mettre en danger la vie privée et font surgir ici et là le spectre d’une société telle que la décrivait Orwell dans son fameux “1984”: “Le grand frère vous surveille” (52). Dans le domaine de la génétique les progrès sont tout aussi spectaculaires. L’homme peut aujourd’hui intervenir sur son hérédité génétique. Avantage: pouvoir diagnostiquer, soigner, guérir les maladies héréditaires. Danger: dans le domaine génétique, on est passé des techniques de «réparation» aux techniques de «manipulation». Ceci peut conduire à des manipulations dangereuses pour l’individu et pour l’espèce. Ces nouvelles possibilités peuvent faire revivre les rêves les plus fous sur l'“eugénisme”. Les parents peuvent maintenant choisir le sexe de leurs bébés. A la limite, on pourrait produire un «design baby» («bébé à la carte»).

La science et la technique sont des

taires quotidiens...”

activités sociales. Elles comportent donc des aspects éthiques et politiques qu’on ne peut pas négliger. Ne faut-il pas entreprendre un véritable effort d’information du public dans tous les pays afin que “...la science et la technique...soient mieux contrôlées, démocratiquement, par la vigilance de tous les citoyens?” (53) Les rapports entre science et pouvoir ont fait l’objet d’études récentes. (54), “comme l’indique J. M. Lévy-Leblond dans son article cité plus haut, “La “carte de la science” correspond, en gros, à la “carte du développement”. Comment en irait-il autrement?” Il faut reconnaître que l’appel lancé par le Pape Jean Paul II en 1987 “...il y a un impératif éthique de solidarité à partager plus largement les progrès en technologie appliquée avec les pays moins avancés dans ce domaine...” (55) reste largement un voeux pieux. Dans ces conditions, quels mécanismes faudrait-il établir pour que les découvertes scientifiques ne soient pas à l’avenir l’enjeu d’une simple lutte d’intérêts économiques entre États ou entreprises multinationales mais soient mis à la disposition de toute l’humanité?

Nourriture et alimentation

La Conférence Internationale sur la Nutrition convoquée conjointement par la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture) et l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), réunie à Rome du 5 au 11 Décembre 1992, a confirmé d’une façon éclatante ce qu’on savait déjà sur ce sujet: 1) La production alimentaire globale est excédentaire (56). 2) 2 milliards d’êtres humains souffrent de la malnutrition aujourd’hui dans le monde: -

“...780 millions d’êtres humains dans les pays en développement n’ont pas encore accès à une nourriture suffisante pour satisfaire leurs besoins alimen-

-

“...plus de 2,000 millions d’êtres humains, pour la plupart des femmes et des enfants, manquent d’un ou de plusieurs éléments nutritifs indispensables; des bébés naissent encore avec un retard mental à cause du manque d’iode, des enfants deviennent aveugles et meurent à cause du manque de vitamine A, et des quantités énormes de femmes et d’enfants souffrent des conséquences négatives d'une carence en fer”.

-

“...des dizaines de millions de réfugiés, personnes déplacées, populations civiles non combattantes mais touchées par la guerre, des migrants...se situent parmi les groupes les plus vulnérables du point de vue de la nourriture...”

-

(Il y a) “... dans certaines parties de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique Latine, des pourcentages importants et des chiffres en augmentation concernant les enfants mal nourris de moins de cinq ans”

3) “...la pauvreté et le manque d’éducation sont les causes principales de la faim et de la malnutrition...” (57) Dans l’ensemble, ceci paraît un tableau plutôt sombre. N’est-il pas un défi qui peut et doit être relevé? •

Droits de l’Homme

Dans ce domaine on peut constater une contradiction: d’un côté, il y a eu un progrès incontestable dans le concept de l’universalité des droits de l’homme. Le respect des droits de l’homme est devenu une exigence universelle. Quelques signes: 1) Le nombre de pays qui ont ratifié les conventions internationales s’est accru. 2) Celui des pays qui se sont orientés vers la démocratie également. Au niveau national, “les populations sont de plus en plus instruites et conscientes de leurs droits”. 3) Au niveau mondial, «...le développement rapide des Tendances - Page 12


réseaux médiatiques (fait) que nous sommes régulièrement informés des violations...” et il existe des organismes de surveillance qui veillent au respect des droits de l’homme (58). De l’autre côté, on constate des violations massives dans beaucoup de pays. Le cas le plus évident semble être le rôle des civils dans les conflits armés. Des spécialistes des organisations humanitaires ont calculé que, tandis que dans la Première Guerre Mondiale, seulement 10% de victimes étaient des civils, en ce moment, notamment du fait de la désagrégation de toute autorité centrale et du manque total de discipline de groupes armés, il a été calculé que 80% de victimes sont des civils (59) . Le “nettoyage ethnique”, l’application de la torture de façon systématique, les disparitions d’opposants politiques, les exécutions arbitraires, les traitements cruels infligés aux détenus, sont encore monnaie courante dans certains pays. •

Les dividendes de la paix

La fin de la guerre froide fait naître des espoirs dans ce domaine. Deux constatations encourageantes: - On enregistre une régression des dépenses militaires mondiales: selon les dernières statistiques disponibles, “dans les pays industrialisés , elles sont passées de 838 milliards de dollars en 1987 à 762 milliards de dollars en 1990”. Dans les pays en développement, elles sont passées DIAGRAMME 5.2 «de 155 milliards de dollars en 1984 Dividendes de la paix (1990-2000) à 123 milliards de dollars en 1990» Montant total des dividendes jusqu'en l'an 2000: (60). 1.515 milliards de $ E.U. La projection du Diagramme 5.2 Dividendes de la paix Dividendes de la paix (voir ci-contre) qui reste à confirmer, 1987-1990 1990-2000 apporte une note d’optimisme dans Evolution des dépenses 277 milliards de $ E.U. 120 milliards de $ E.U. militaires, 1980-84/87 un tableau d’ensemble assez négatif (61). Dépenses militaires effectives (1990) Dépenses militaires mondiales si la tendance enregistrée pour la période 1984-1990 se poursuit

1987

1990

2000

Selon le même Rapport, «ces dividendes ouvrent des perspectives nouvelles: “Pour les pays riches, c’est là l’occasion d’affecter davantage de ressources au règlement de problèmes sociaux dont la liste ne cesse de s’allonger - lutter contre la drogue, la violence urbaine et la pollution, construire des logements pour les sansabri et renforcer les services sociaux... Pour les pays en développement, c’est l’occasion d’investir davantage en faveur de la santé et de l’éducation” (62). •

La crise des villes

Comme nous l’avons déjà constaté (voir ci-dessus, section 2.3), le processus d’urbanisation se poursuit à une vitesse accélérée, aussi bien dans les pays industrialisés que dans les pays en voie de développement. Comme l’indique le rapport “Notre Avenir à Tous” préparé par la “Commission mondiale sur l’environnement et le développement” : “A la fin du siècle, près de la moitié de l’humanité vivra dans les villes, et le monde du 21e siècle sera en grande partie un monde urbain” (63). Dans les pays industrialisés, “...les problèmes ne manquent pas...dans de nombreux centres urbains ...où l’on peut observer le délabrement des infrastructures, la détérioration de l’environnement, la ruine d’anciens quartiers ou des quartiers périphériques...” (64) . Voici un portrait saisissant du lien entre délabrement urbain, exclusion sociale et violence: “Une fois encore le record de crimes de sang a été battu en 1991, dans la plupart des grandes villes américaines. Au coeur de celles-ci et dans leurs banlieues oubliées, la clochardisation continue de s'étendre. La récession économique draine vers ces quartiers pourris des exclus de toutes sortes, chômeurs, sans logis, drogués, sidéens, ...(C’est) ...un monde de violence et de détresse...” où grandissent les enfants (65). Il va de soi que toutes les situations ne sont pas aussi catastrophiques, mais la presse quotidienne nous présente des exemples de plus en plus nombreux de villes où règne l’insécurité, où les voisins se barricadent à la tombée de la nuit et essayent de se protéger à l’aide de systèmes d’alarme sophistiqués... Tendances - Page 13


Le problème revêt encore un caractère plus dramatique dans les pays en voie de développement du fait de l’insuffisance des ressources pour faire face aux défis de la croissance exponentielle des villes. “Peu d’autorités responsables de la gestion municipale...possèdent les pouvoirs, les ressources et le personnel qualifié...D’où la prolifération des habitats sauvages dotés d’installations primitives où règnent la promiscuité et les risques de maladies dues au manque d’hygiène” (66). Dans ce domaine, théoriciens et praticiens semblent d’accord pour souligner la nature des trois défis principaux qui demandent une attention urgente: -

Nécessité d’un plan de développement intégré pour guider le processus d’urbanisation, alors que les plans gouvernementaux tendent à être sectoriels (impôts, fixation de prix des denrées alimentaires, transport, santé, emploi, sports, etc.).

-

Nécessité d’atténuer la pression qui s’exerce sur les grandes villes pour aménager des villes et des villages plus petits et plus étroitement intégrés à leur arrière pays rural.

-

Besoin d’une coopération plus étroite avec les citadins pauvres qui forment la majorité. “...On mobilisera ainsi les compétences, les forces et les ressources des groupements de citoyens qui font partie de ce qu’on peut appeler le “secteur informel” (67).

Inutile de souligner que dans ces domaines, le rôle du secteur associatif - et très particulièrement des organisations de jeunes et des mouvements d’éducation non-formels, comme le Scoutisme, - peut être d’une importance capitale.

européenne mais à l’échelle mondiale est à revoir (68). Les analystes s’efforcent de déterminer le “futur environnement de sécurité de la planète” (69) et signalent déjà des éléments qui constituent autant de sources de préoccupation. Sur le plan juridique, les quatre héritiers de la force de frappe soviétique, à savoir la Russie, l’Ukraine, la Biélorussie et le Kazakhstan ont signé en Mai 1992 leur adhésion au traité START. Au-delà de l’accord juridique, trois sources d’inquiétude: 1) les accords ayant été conclus, il reste à mettre en oeuvre “la destruction effective des armements agréés et le déploiement du lourd système de vérification in situ. Une gageure, compte tenu de la désorganisation de l’espace ex-soviétique” (70). 2) L’ancienne Union Soviétique possédait des centaines sinon des milliers de techniciens nucléaires de haut niveau. Des sources concordantes font état d’une “fuite des cerveaux” vers des pays qui peuvent se permettre de rémunérer leurs services de façon convenable. 3) La même chose peut être affirmée concernant le matériel destinée à la production des bombes atomiques. On est donc en droit de se demander si la prolifération nucléaire ne va pas gagner des pays en voie de développement à un rythme accéléré. •

Avec l’effondrement du “bloc soviétique”, tout le concept d’“équilibre stratégique” non seulement à l’échelle

-

-

à la source: l’élimination des cultures illicites ne pourra se faire que si les agriculteurs reçoivent une aide substantielle pour réaménager les zones de culture et gagner leur vie par d’autres moyens.

-

au niveau du trafic et du recyclage de l’argent sale: la corruption joue un rôle essentiel à chaque étape du

au niveau de la consommation: puisque cet aspect du problème concerne en priorité les jeunes, il sera traité dans la section 7.

Pour compléter ce tableau, il faut ajouter le rapport entre mafia et drogue. La mafia ne connaît pas de frontières. Dans certains pays elle est liée avec les décideurs politiques d’un côté et avec les gens des bidonvilles de l’autre. Ainsi, il faut constater l’efficacité redoutable de ses mécanismes, capables de miner une société entière! 3.5 IMPACT SUR LES JEUNES Dans la plupart des pays en voie de développement, plus de 50% de la population a moins de 25 ans. Les situations de guerre et de pénurie à cause du sous-développement, ainsi que les catastrophes naturelles frappent d’abord les populations les plus vulnérables: les enfants et les jeunes sont les premiers à en souffrir. Trois exemples concrets: -

Plusieurs guerres récentes (IranIrak, Liban, Somalie) ont montré que les combattants sont de plus en plus jeunes, soit qu’ils aient été recrutés de force ou qu’ils soient volontaires pour aller combattre.

-

“Une estimation montre que 35,000 enfants de moins de cinq ans meurent chaque jour à cause du manque de nourriture et d’eau potable” (72).

-

Cette situation risque d’avoir une énorme influence sur l’avenir: "Beaucoup de gens disent des années 80 qu’elles ont été "la décennie perdue” pour le développement. La tragédie, c’est qu’en plus, il y a une génération perdue qui portera les cicatrices de la crise des années 80 dans son corps et dans son esprit aussi loin qu’on puisse voir dans le XXIe

La drogue: un problème mondial

La production, le trafic et la consommation des drogues est un problème qui revêt un caractère mondial. Les stratégies de lutte contre ce fléau ne sont pas simples et demandent une approche intégrée. Il faut donc s’attaquer au problème :

• Vers une redéfinition du concept de sécurité à l’échelle mondiale

processus. Étant donné que l’arme principale dans la lutte contre la corruption est la transparence, on a suggéré la mise en place d’“un organisme international chargé de déceler les transferts de fonds douteux” (71).

Tendances - Page 14


siècle. Si un enfant a grandi sans scolarité suffisante, avec des périodes de malnutrition sévère, sans service de santé, il n’est pas prêt à devenir un adulte jouissant de toutes ses capacités... (et) les mères qui ont connu la malnutrition et toutes ces privations comme petites filles sont bien plus sujettes à une mortalité maternelle élevée et à transmettre ces mêmes caractéristiques à leurs propres enfants” (73). 3.6 CONCLUSIONS •

Du point de vue géopolitique

Au terme de ce survol de la situation géopolitique mondiale, on peut se demander: vivons nous dans un monde plus stable, plus sûr, plus juste? Chacun peut apporter une réponse sur le plan individuel, en jugeant ce qui se passe dans son environnement immédiat (son école, son quartier, sa ville, sa région, son pays). Sur le plan international, nous pouvons apporter deux éléments de réponse: 1) La fin de la guerre froide et de l’affrontement Est-Ouest a ouvert un certain nombre de portes qui auparavant étaient fermées. Outre la course effrénée aux armements, la bipolarisation créait des guerres et des conflits un peu partout dans le monde et empêchait le fonctionnement normal des organisations internationales (74). 2) Dans certaines régions (Europe orientale, très particulièrement dans les Balkans et la région du Caucase, en Afrique), nous traversons maintenant une période de déstructuration (plus ou moins longue) qui précède nécessairement à une période de restructuration. Il y a des mots-clé pour comprendre cette période: conflits d’intérêts, volonté d’affirmation nationale, désta-bilisation, fractionnisme, replis identitaires, haine et peur de “l’autre”, etc. La terrible expérience des derniers mois semble

montrer qu’on ne peut pas faire l’économie de cette période. On peut cependant l’aménager, de façon à ce qu’elle se déroule avec le moindre coût humain et social. Pour cela, une présence forte de la communauté internationale est indispensable. Et pour l’obtenir, l’opinion publique doit se faire entendre. •

Du point de vue éducatif

Quelles conclusions tirer sur le plan éducatif? Quelles conséquences a ce tableau d’ensemble pour notre rôle en tant que formateurs des jeunes? 1) La première peut être résumée dans la fameuse phrase de Naisbitt “Le meilleur moyen d’anticiper l’avenir c’est de comprendre le présent” (75). 2) Pour faire face à la désorientation, au manque d’idéal, au pragmatisme à courte vue et à une certaine morosité qui se répand, alimentée par la crise économique, il faut revendiquer le droit à l’utopie collective. Dans son sens le plus noble, cette utopie s’incarne dans “la vision d’un avenir heureux et réconcilié pour toute l’humanité” (76). Il n’y a rien de plus conforme à la pensée profonde de B-P et aux idéaux du Scoutisme lorsqu’il est vécu comme un engagement et comme un service (77). 3) Ethique et projet politique. Face au désarroi des uns et à l’apathie des autres, il faut affirmer clairement l’existence d’une voie “...dans laquelle les hommes seraient libres de refu s e r l’ingouvernabilité du monde” (78). Ceci passe par deux exigences complémentaires: proclamer la valeur de l’engagement politique comme une vocation de service à l a collectivité humaine et - en même temps - faire appel à “...l'exigence éthique transformatrice... (considérée) comme sensée et possible”

(79). Quel formidable appel à l’idéalisme des jeunes! 4) Montée de l’intolérance. “Nous vivons une époque où les moyens de combattre un ennemi, une idéologie, une croyance, ont beaucoup évolué: terrorisme, prise d’otages, torture, sont en effet devenus des instruments destructeurs... L’accroissement de la violence sans discrimination, la violation répétée des principes humanitaires essentiels prennent des proportions angoissantes, particulièrement dans les conflits à caractère idéologique ou racial...où la lutte prend des aspects de guerre totale” ... “Que restera-t-il donc de l’humanité si l’idéologie non seulement empêche de voir l’homme dans l’ennemi sans défense, mais encore fait voir l’ennemi dans l’innocent?” (80) Cette question est plus actuelle que jamais aujourd’hui et le regain des intolérances a de quoi inquiéter tous les hommes et plus particulièrement les éducateurs. Il faut aider les jeunes à porter un regard réflexif et critique sur eux-mêmes, sur le développement de la société dans laquelle ils vivent et sur la scène internationale. Mais il faut surtout partager avec eux des valeurs de tolérance e t d ’ouverture d’esprit. Le Scoutisme, héritier d’une longue tradition d’éducation à la paix et à la compréhension entre les hommes, est bien placé pour apporter sa contribution dans ce domaine. 5) Le monde est à la recherche d’un chemin vers un nouveau partenariat et une nouvelle justice. Les Scouts, membres à part entière du monde associatif et de la communauté des ONG dans chaque pays et au niveau mondial, ont un rôle moteur à jouer.

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QUESTIONS CONCERNANT LA SECTION 3

• Pédagogie scoute. Que peut faire le Scoutisme pour aider les responsables et les jeunes à comprendre les problèmes de l’humanité d’aujourd’hui et leurs liens avec nos comportements quotidiens? •

La coexistence de différents peuples, cultures, groupes et religions dans un espace géographique donné peut devenir une source de conflits et de guerres.

Que peut faire le Scoutisme pour aider les différentes populations à mieux se comprendre et à vivre en paix? • Démocratie et pluralisme. La démocratie n’est jamais acquise, il faut la bâtir au jour le jour. Que peut faire le Scoutisme pour aider les jeunes à vivre la démocratie dans leur vie quotidienne, à l’incarner dans leurs styles de vie, à la faire devenir une réalité vivante dans leur attitude de respect, d’écoute et de compréhension de l’autre? • On a dit que “Là où il y a un foyer d’injustice, il y a un foyer de guerre”. Que peut faire le Scoutisme pour contribuer à panser les blessures de l’humanité? pour aider à l’instauration d’un ordre mondial plus juste? pour assister les dépossédés, les marginalisés, les opprimés de tout bord à retrouver le sens et la dignité de leurs vies? • On remarque une montée de l’intolérance dans le monde (les intégrismes, les fondamentalismes, les radicalismes, les fanatismes de toutes sortes se multiplient ici et là). Que peut faire le Scoutisme pour devenir un agent de dialogue et de paix? pour aider les jeunes à adopter un regard réflexif et critique sur eux-mêmes, sur la société et sur les autres? à remplacer la guerre par la confrontation des points de vue à travers un dialogue constructif? • Respect des droits de l’homme: Que peut faire le Scoutisme pour aider les jeunes et les responsables à l’incarner chaque jour davantage dans leurs comportements quotidiens? • La crise économique entraîne dans pas mal de pays un démantèlement de la protection sociale. Les plus faibles en pâtissent. Que peut faire le Scoutisme pour porter une attention particulière aux plus démunis dans chaque société? ... et pour éviter ainsi l’apparition des sociétés “à deux vitesses”? • Confronté à des situations différentes qui posent problème par rapport à la justice : Comment le Scoutisme peut-il répondre à un impératif éthique de solidarité? Que faire pour établir des mécanismes de solidarité partout où cela s’avère nécessaire? • En dépit des progrès réels dans quelques cas isolés, le décalage Nord-Sud se creuse davantage chaque jour: Comment en tenir compte au moment d’établir un nouveau système de cotisations pour le Scoutisme Mondial? Au moment de définir la politique de coopération au développement et les accords de partenariat entre les associations du Nord et du Sud? N.B. Vous trouverez à la fin du document, dans la section intitulée “Interrogations et enjeux pour le Scoutisme”, d’autres questions générales concernant le rôle et la place du Mouvement dans l’évolution de la société.

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DEUXIEME PARTIE: LES JEUNES ET LE CADRE SOCIAL LES JEUNES ET LE CADRE SOCIAL

Après avoir examiné le cadre général dans lequel se situe notre réflexion, à savoir: les données globales de la répartition de la population sur notre planète (section 2) et le contexte géopolitique mondial (section 3), nous nous tournons maintenant vers les institutions au sein desquelles les jeunes s’insèrent dans la société, accomplissant un parcours formatif plus ou moins réussi. Pour essayer de répondre à la question: “comment les jeunes d'aujourd’hui, s’insèrent-ils dans la vie?”, il nous faudra examiner dans les chapitres qui suivent: la famille, l’école, le monde du travail, les valeurs et styles de vie et les mass-media. Mais avant, dans cette section, nous essayerons de situer le cadre général de notre réflexion. Pour comprendre la démarche d’insertion sociale des jeunes, il faut tenir compte des éléments à la fois psychologiques et sociologiques: 1) Par définition, les jeunes connaissent dans leur passage de l’enfance à l’âge adulte, des changements importants aux niveaux biologique, intellectuel et émotionnel. Il s’agit d ’ u n e transition de la dépendance vers l’autonomie. “Pour un jeune, grandir veut dire choisir et décider, développer sa capacité à faire face aux situations, trouver un sens à sa vie, être prêt à relever les défis et à accepter le changement” (81). 2) En même temps, les jeunes vivent dans des sociétés changeantes: -

Dans certains pays, des tranches importantes de la population vivent encore la transition entre un mode de vie rural basé sur l’agriculture et un mode de vie citadin et industriel. Parfois, dans ces pays, et aussi dans d’autres, d’autres secteurs de la population vivent la transition entre la société industrielle et

ce que l’on a appelé, faute de mieux, la société “postindustrielle”. -

En même temps, sous l’influence combinée de plusieurs facteurs et notamment des massmedia à l’échelle globale, beaucoup de sociétés dans le monde vivent la transition entre des types de culture “monolithique” ou “homogène” et des types de culture “pluraliste”. Or, par définition, dans une société pluraliste les sources des valeurs sont multiples: ce sont non seulement la famille, l’école et les Églises, mais aussi les partis politiques, différentes organisations, les mass-media, les groupes de pairs, et ainsi de suite. Et les valeurs proposées sont parfois convergentes (ou similaires) et parfois contradictoires...

3) Il est donc tout à fait compréhensible que les jeunes se sentent insécurisés par rapport à leur identité, (aussi bien du point de vue biologique, qu’intellectuel ou émotionnel) et par rapport à leur rôle dans la société. 4) Nous sommes donc en présence d’une tendance générale qui affecte - à des degrés divers - tous les jeunes où qu’ils se trouvent: d’un côté, une pression plus forte s’exerce plus tôt sur chaque individu (pour réussir à l’école, pour avoir un “bon diplôme”, pour trouver un travail, pour faire face aux problèmes aussi variés que la relation avec le sexe opposé, l’attrait de l’argent, la santé ou la drogue). De l’autre côté, on constate que le soutien des structures traditionnelles tend à disparaître ou se fait plus faible. Cette situation déclenche l’anxiété et parfois la peur. Les jeunes cherTendances - Page 17


chent, parfois consciemment, parfois d’une façon inconsciente, des modèles d’identification - pas nécessairement pour «calquer» leurs vies sur ces modèles, mais pour trouver des points de repère qui les aident à avancer sur la route et ceux qu’ils trouvent ne sont pas toujours à la hauteur de leurs attentes. Il s’agit parfois d’adultes empêtrés dans leurs propres difficultés (familiales ou sociales), qui vivent les drames de la solitude ou du chômage, qui sont absorbés par la peur de l’avenir et soucieux de garder leur statut professionnel ou social, ou bien d’adultes trop centrés sur eux-mêmes et incapables de communiquer. 5) Le rôle d’un mouvement d’éducation comme le Scoutisme est d’aider les jeunes à vivre cette période de transition de la manière la plus constructive possible, c’està-dire, de les aider à transformer ce sentiment d’inquiétude en une force positive et créatrice. Dans ce domaine, les adultes ont un rôle irremplaçable à jouer. 6) De par son but, ses principes et sa méthode, le Scoutisme est bien armé pour remplir ce rôle, pourvu qu’il soit vécu d’une façon authentique et engagée. Étant donné le but de ce document, nous ne pouvons nous étendre ici sur ce sujet. En voici, cependant, quelques exemples: • Devant les difficultés réelles qu’ils éprouvent aujourd’hui, beaucoup de jeunes se sentent “aliénés”, comme étrangers à leur propre société, où ils sentent qu’il n’y a pas de place pour eux. Ceci conduit facilement au découragement et à la perte d’espoir, avec la tentation d’échapper par la marginalité ou par la violence. Le Scoutisme, profondément marqué par l’esprit de son fondateur, a dans ce domaine une attitude générale d’optimisme et de détermination.

B-P lui-même incitait les jeunes routiers à “mener leur propre barque”. • On a évoqué à plusieurs reprises la “planétarisation du monde” et la “mondialisation” des problèmes. Face à cela, l’homme d’aujourd’hui (et c’est encore plus vrai des jeunes) doit avoir une vision globale, être capable d’envisager la complexité des situations. Le Scoutisme demande aux jeunes en même temps un enracinement dans leur réalité locale ou nationale et une vue globale des choses du monde. A travers sa dimension internationale, le Scoutisme propose aux jeunes de devenir de vrais “citoyens du monde”, capables de vivre dans la société de demain , de plus en plus marquée par les contacts entre les peuples. • La montée de l’individualisme (sous des formes diverses) est une caractéristique commune a pas mal de sociétés dans le monde d’aujourd’hui. Les difficultés de la vie quotidienne, le cumul d’obligations et le rythme de vie parfois frénétique qui caractérise les grandes villes, font que, dans certaines circonstances, le jeune éprouve un sentiment de solitude et aurait besoin, en même temps, d’un adulte à qui parler et d’un groupe d’amis avec qui partager les moments agréables aussi bien que les moments difficiles. Le système de vie en petit groupe (ex.: la patrouille), au sein d’une unité plus large (ex.: la troupe scoute) fournit un cadre idéal pour combler ces besoins, une vraie communauté à la mesure des jeunes qui constitue aussi une plate-forme pour se lancer à la recherche de l’“aventure”, si nécessaire pour

rompre la routine et l’ennui de la vie quotidienne. • Cette même communauté de vie peut aider beaucoup le jeune à vivre une relation harmonieuse entre le passé, le présent et l’avenir. En effet, “Aucun arbre ne tient debout et ne vit sans racines, bien que celles-ci soient invisibles. Connaître ses prédécesseurs et le temps où ils ont vécu, c’est connaître ses racines et le terrain dont elles se nourrissent. C’est mieux se connaître soi-même pour mieux vivre le temps présent qui prépare l’avenir” (82). • La montée de l’intolérance, sous toutes ses formes et manifestations, est un sujet de préoccupation constante dans le monde entier. Le Scoutisme aide les jeunes à porter un regard réflexif et critique sur euxmêmes et sur le développement de la société dans laquelle ils vivent et partage avec eux des valeurs de tolérance e t d ’ouver-ture d’esprit. Comme le rappelait B-P: “En tant que Scouts, c'est notre tâche de découvrir le point de vue de notre interlocuteur, avant d’essayer de le convaincre du nôtre. Nous voulons une mentalité large et ouverte dans toutes les directions” (83). • Plus l’incertitude est grande et c’est le cas dans le monde d’aujourd’hui - plus il faut aider les jeunes à acquérir des principes solides, fondés sur des valeurs qui ne sont pas le fruit d’une contrainte extérieure, mais le résultat d’un processus de réflexion et d’engagement personnels. Le renforcement de la force intérieure de chaque individu - que B-P exprimait déjà par les mots “character building” - lui permettra d’affirmer sa personnalité, de prendre des décisions et d’en accepter les conséquenTendances - Page 18


ces et de devenir un agent actif dans la mise en oeuvre de solutions pour faire face aux défis de sa vie. Voilà encore un domaine où le Scoutisme est bien placé pour apporter une contribution à l’éducation des jeunes. Nous allons nous pencher maintenant sur la façon dont les jeunes s’insèrent dans la vie en examinant successivement les différentes institutions sociales qui sont appelées à jouer un rôle dans ce domaine.

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4. LES JEUNES ET LA FAMILLE

principalement jeunes - qui choisissent de vivre ensemble pendant quelques années avant de prendre la décision de se marier, de continuer à vivre en "mariage ouvert” ou de se séparer),

La famille est considérée dans la presque totalité des cultures comme la “cellule sociale de base”. Son étude et sa compréhension sont donc déterminantes pour savoir comment s’opère le processus de socialisation des enfants et des jeunes.

-

4.1 LA FAMILLE EN VOIE DE CHANGEMENT: LES TENDANCES MAJEURES

augmentation du nombre de couples remariés

-

(dans certains pays) des homosexuels qui vivent ensemble en couple et cherchent une reconnaissance publique de leur lien (socialement et légalement parlant).

3.

Instabilité croissante du lien familial

“Des études sociologiques montrent que les structures de la famille ont subi des changements considérables depuis le début du siècle” (84). Au cours des dernières décennies, trois tendances semblent avoir influencé l’évolution de la famille de manière irrévocable. 1. Le passage de la famille élargie à la famille nucléaire Bien des cultures traditionnelles sont encore attachées au modèle de la famille élargie au sein de laquelle un réseau d’aide et de soutien entre les membres de la famille existe encore. Malgré cela, sous la pression conjuguée de l’industrialisation, de l’urbanisation et de la société de consommation, le modèle de la famille nucléaire est en train de gagner du terrain à l’échelle universelle. 2. La diversification des modèles de “famille” Le concept de “famille” est utilisé ici dans son sens le plus large possible, lequel comprend les diverses “relations de couple”. Le modèle classique de la famille nucléaire (père, mère et enfants) devient moins important en nombre, et de nouveaux modèles font leur apparition dans différentes cultures: -

père, mère et un enfant,

-

homme et femme sans enfant,

-

famille monoparentale (dans la plupart des cas, mère avec enfant/s),

-

“mariage ouvert” (augmentation de la proportion de couples qui choisissent de vivre ensemble sans être mariés),

-

“mariage à l'essai” (augmentation du nombre de couples -

Si la famille est encore considérée, presque universellement, comme une “valeur de référence”, les études démographiques et sociologiques montrent une instabilité croissante du lien familial. Les statistiques indiquent que, dans certains pays industrialisés, États-Unis, par exemple, près d’un mariage sur deux se termine par un divorce. 4.2 CONSEQUENCES SUR LE PROCESSUS DE SOCIALISATION DES ENFANTS ET DES JEUNES Quelles répercussions les tendances mentionnées ci-dessus ont-elles sur le processus de socialisation des enfants et des jeunes? La famille est encore considérée comme ayant une importance cruciale dans le développement harmonieux des enfants et des jeunes. Toutefois, dans bien des pays, l’influence des tendances mentionnées ci-dessus a entraîné: -

un affaiblissement des structures familiales et des réseaux de communication,

-

un affaiblissement de l’influence de la famille dans l’éducation des enfants et des jeunes.

Dans les pays industrialisés et principalement dans les zones urbaines, les parents vivent dans un stress permanent: carrières en compétition, pressions pour grimper dans l’échelle sociale, menace de chômage, Tendances - Page 20


redéfinition des rôles sexuels, rôles liés à l’appartenance sociale et au monde du travail réclamant leur part de temps, ainsi que bien d’autres pressions. Ceci tient au fait que les parents rentrent souvent à la maison épuisés, ne pouvant et ne souhaitant pas communiquer, incapables de faire l’effort de présenter à l’intention de leurs enfants des règles de conduite. En outre, avec le “modèle du remariage”, les enfants sont parfois “ballottés” d’une famille à l’autre pour des périodes d’une durée plus ou moins longue (week-ends, vacances d’été, etc.). Dans les sociétés pré-industrielles, la famille partageait beaucoup de fonctions avec le cercle élargi de la parenté et la communauté à laquelle elle appartenait. Dans la société moderne, la famille a perdu ses fonctions de production économique et le lieu de travail est désormais séparé de l’environnement familial. Les personnes ayant un lien de famille vivent dans des lieux différents ou à la campagne et, dans bien des cas, elles sont sujettes aux mêmes pressions. Dans ces circonstances, il devient de plus en plus difficile pour les enfants et les jeunes de trouver des “modèles d'identification” parmi les adultes, ou plus simplement “un adulte à qui parler”. Il n’est donc pas surprenant que, dans bien des cas, ils ne puissent plus trouver trace de leur héritage culturel traditionnel (que les parents sont censés transmettre) et qu’ils n’aient pas de valeurs sûres auxquelles adhérer. Ceci entraîne une perte “d'identité” et un manque de point de départ solide dans la vie: absence de règles, de références, de limites (85). Au niveau macro-social, les modèles mentionnés ci-dessus expliquent l’augmentation du nombre de personnes seules. D’après les statistiques de différents pays, 33%, voire 40% de la population des grandes villes est composé de personnes qui vivent seules. Cette tendance explique ce que l’on a appelé “un sentiment pénétrant de solitude et d'anxiété» (86). Les

sociologues ont lié cette tendance à l’augmentation de la dépression et des troubles du sommeil. 4.3

LES ENFANTS DES RUES

Il serait impossible d’écrire une section sur la famille sans s’attacher spécialement à la question des enfants des rues, qui a pris une importance inquiétante au cours des 10-15 dernières années et qui a attiré l’attention des organismes internationaux gouvernementaux et non gouvernementaux. Pour commencer, quelques constatations: 1) “Le problème des sans-abri parmi les jeunes est un phénomène essentiellement urbain qui n'est nullement limité aux pays pauvres. La majorité des jeunes sans-abri vivent dans les rues et beaucoup d’entre eux dorment à la dure dans les pays du Sud, en Europe et aux États-Unis...” (87). 2) “...Les sans-abri créent une sousclasse, augmentent l'importance de la sous-classe qui existait déjà et, en mêlant les nouveaux pauvres à ceux qui ont toujours été pauvres dans une forme commune de pénurie, vouent les enfants de ces deux catégories à une vie exposée aux dangers” (88). 3) “L'abandon des enfants est un problème global couvrant un large éventail d’âges, des enfants aux jeunes adolescents...” (89). “Parmi les jeunes sans-abri, on trouve des orphelins, des réfugiés et des migrants. Mais nombre d'entre eux sont des fugueurs qui ont quitté leur foyer en raison des conditions de vie inacceptables qu’ils y trouvaient...” (90). Comme le Père Javier de Nicolo l’a indiqué à propos des enfants des rues en Colombie: “Le gamin est un enfant dont la réponse à la vie de pauvreté et de désespoir consiste à se libérer. Au fond, ceci est un acte de survie...” (91)

4) “Les citadins du 20e siècle se sont habitués à la vue d’enfants et d’adolescents qui dorment dans les rues... Ces enfants font maintenant partie du paysage urbain et inspirent rarement la pitié, sans parler de l’action” (92) 5) La plupart des enfants des rues sont intégrés dans un groupe ou un gang de rue. En raison du danger que représente la vie dans les rues “... le groupe fonctionne comme une alternative viable à la famille...” et procure des relations qui sont parfois “d'entraide, de coopération, de plaisir...” dans le cadre des dures réalités de la survie dans les rues (93). Bien des groupes se spécialisent dans certaines occupations comme “les spectacles de rue, le vol à la tire, le cirage des chaussures, le vol, la prostitution et le trafic de drogues....” (94). Il est aussi clair que “les jeunes sans-abri sont facilement exploités par des adultes sans scrupule et que ce sont souvent ces adultes qui les attirent dans des bandes de délinquants” (95). “La vie des rues peut nuire gravement à la santé physique et mentale des jeunes. Les sans-abri circulent jour et nuit dans la ville... et l'insécurité de leur environnement se reflète dans l’instabilité affective du jeune. En outre, ils sont menacés d’extorsion et de brutalité de la part de la police ainsi que de mauvais traitements de la part des détenus adultes, lorsqu’ils sont arrêtés...” (96). Malgré cela “...bien des jeunes sansabri chérissent l'indépendance et la liberté qu’ils acquièrent en vivant loin de leur famille et hors des normes de la société...(et)... il se peut qu’ils s’en sortent mieux financièrement...” (97). Il est important de mentionner que “les cadres législatifs et politiques qui concernent les jeunes sans-abri sont en général répressifs plutôt que protecteurs ou fournissant une aide”. Dans bien des cas, les services de quartier ou les réunions familiales Tendances - Page 21


n’ont pas eu de succès. La voie alternative semble être la fourniture de “...services d'aide tels que les soins de santé, des abris non institutionnels et la syndicalisation et la scolarisation sur le lieu de travail... avec la plus grande participation possible de la population concernée à l’identification des besoins, à la planification et à la mise en pratique” (98). “Ces

QUESTIONS CONCERNANT LA SECTION 4

mesures jointes à l'augmentation des moyens de représentation et de défense ainsi qu’au recrutement et à la formation d’éducateurs de rue semblent fournir une partie de la réponse. Cependant, il faut reconnaître qu’elles sont extrêmement exigeantes en termes de ressources financières et de personnel” (99). Des schémas expérimentaux

sont testés dans plusieurs pays. C’est un domaine où la coopération, au niveau national, des services gouvernementaux et des organisations non-gouvernementales peut fournir, avec l’aide de la communauté internationale, quelques issues pour améliorer la situation.

• Les Associations Scoutes Nationales sont-elles conscientes de la diversification croissante des modèles de la famille? Cette diversification est-elle reflétée dans les programmes pour les jeunes, dans la formation, dans les publications, dans l’image, etc. des Associations?

• Dans bien des parties du monde, l’instabilité croissante du lien familial représente un sérieux défi pour les organisations qui s’occupent des jeunes, telles que le Scoutisme. Y a-t-il des mesures particulières à prendre pour diminuer ses effets sur les enfants et les jeunes: - concernant l’âge des chefs? - concernant le rapport chefs adultes / jeunes? - concernant l’identité des enfants et des jeunes: aider à construire un sens de la fierté, de la valeur, aider à construire des relations basées sur la confiance personnelle?

• Y a-t-il suffisamment de temps disponible au niveau d’une unité pour fournir aux enfants et aux jeunes des possibilités de parler aux adultes, d’apprécier le fait d’être ensemble et d’entreprendre des activités ensemble?

N.B. Vous trouverez à la fin du document, dans la section intitulée “Interrogations et enjeux pour le Scoutisme”, d’autres questions générales concernant le rôle et la place du Mouvement dans l’évolution de la société. Tendances - Page 22


5. LES JEUNES ET L'EDUCATION FORMELLE

Il est important de clarifier d’entrée une question de terminologie. Il n’existe pas de définition universellement acceptée du terme “éducation”. Parfois, il est utilisé pour désigner la “transmission du savoir”; parfois il recouvre la “transmission de valeurs” et parfois même le “conditionnement du comportement”. Nous avons essayé dans cette section d’utiliser le mot “éducation” dans son sens le plus large possible, gardant le terme “éducation formelle” ou “écolage” pour l’activité scolaire. Il est évident que cela n’est pas toujours possible lorsque nous utilisons des citations, mais nous faisons confiance à la sagesse du lecteur qui fera la différence nécessaire. 5.1 TENDANCES DANS L'EDUCATION FORMELLE DANS LE MONDE ACTUEL Pour commencer, une affirmation quantitative: dans la vie des gens, de plus en plus de temps est consacré à l’éducation formelle. “De nos jours, près d’une personne sur cinq est élève ou enseignant dans une institution d’éducation formelle” (100). Il y a une prise de conscience croissante que l’éducation formelle a lieu dans un environnement social. Pour comprendre ceci, nous devons donc la situer dans un contexte global. Les tendances présentées ci-dessous apparaissent dans un certain ordre qui ne saurait être le seul possible, étant donné que ces tendances sont toutes liées entre elles. • L’éducation moderne a allongé la période de transition de l’enfance à l’âge adulte et ceci est une source de frustration pour les jeunes. Cette frustration est attribuée au fait qu’ils sont privés d’une fonction sociale importante à un moment de leur vie où ils ont la capacité et la motivation pour l’exercer. • De nos jours, l’éducation est considérée de plus en plus comme un processus qui dure toute la vie. Une partie du processus d’apprentissage a lieu dans les institutions (telles que l’école), mais également,

et cela prend de plus en plus d’impor t a n c e , d e m a n i è r e beaucoup moins formelle. Le concept d'“écoles ouvertes” et d'“universités ouvertes” qui s’est développé dans bien des pays suit ces principes: une tentative de libérer les étudiants des contraintes conventionnelles de l’éducation et de les encourager à se développer à leur propre rythme. Différentes formules sont développées pour associer l’école et le travail et pour offrir des possibilités aux étudiants de vivre dans des régions éloignées (par exemple, des cours universitaires par correspondance, etc.). • L’éducation n’est plus considérée comme un processus “à sens unique” (“l'enseignant” possédant tout le savoir et le transmettant à celui qui “apprend”), mais comme un processus à double sens , où il y a place pour le dialogue et où le processus d’apprentissage découle largement de la curiosité de l’élève. En outre, l’accent qui, auparavant, était mis sur l’ “enseignement” est maintenant placé sur l’ “apprentissage”. De ce fait, la “Déclaration Mondiale sur l’Éducation pour Tous” adoptée par la Conférence du même nom, qui a eu lieu en 1990 à Jomtien, Thaïlande, affirme: “L’élargissement des possibilités de formation ne peut aboutir, en dernière analyse, au développement véritable de l’individu ou de la société que si les formations offertes se traduisent par des apprentissages effectifs, c’est-à-dire par l’acquisition des connaissances, de la capacité de raisonnement, des savoir-faire et des valeurs utiles...” (101). Dans ce contexte, on a remarqué que, par exemple, “l’accès à l’informatique laisse aux jeunes le contrôle total de la situation d’apprentissage, et cela est un facteur essentiel dans le processus lié à l’acquisition de l’autonomie” (102). Tendances - Page 23


• L’éducation non formelle joue un rôle important, tout particulièrement dans les pays en voie de développement et dans les zones rurales. • La participation des jeunes. Dans bien des pays, il semble qu’il y ait une tendance à établir des “conseils scolaires” ou des entités similaires qui permettent aux étudiants d’exprimer leurs points de vue aux enseignants et à leurs parents. • Le concept de communauté d’apprentissage est apparu selon les mêmes principes. La participation est évidemment considérée comme une source d’enrichissement pour les jeunes, mais aussi, et de plus en plus pour les adultes. De ce fait, les adultes sont appelés à changer leur perspective et à considérer les demandes de participation de la part des jeunes non comme une “menace”, mais plutôt comme une occasion d’enrichissement personnel. • Dans bien des pays il y a un sentiment répandu, difficile à traduire en statistiques ou sous forme de rapports, selon lequel de nos jours l’école concentre son intérêt beaucoup plus sur l’“instruction” que sur l' “éducation”, avec le déficit que cela entraîne pour la “formation du citoyen”. L’une des raisons de cette évolution pourrait être le programme scolaire chargé. Une société compétitive ainsi que l’ensemble croissant de connaissances obligent les enseignants à transmettre de plus en plus de connaissances factuelles, consacrant ainsi la plupart de leur temps à l'“enseignement” et peu ou pas de temps à l'“éducation”. Il convient de remarquer à ce sujet qu’il y a parfois une grande différence entre la «déclaration» et la “réalité”. On parle d'“éducation” alors que l’on pratique l’“instruction”. Quelques spécialistes ont remarqué que cela est difficile à éviter aussi longtemps que le système reste compétitif et orienté en fonction des résultats.

• Enfin, en dépit des difficultés, des manques et des insuffisances détectées presque partout, il faut remarquer que le système d’éducation formelle reste dans la plupart des pays un puissant facteur de mobilité sociale. 5.2 REEXAMEN DU ROLE ET DE LA FONCTION DU SYSTEME SCOLAIRE • Une position radicale. Au cours des dernières décennies (et particulièrement en Amérique latine) il y a eu un défi radical lancé au système d’éducation. Quelques spécialistes dans la ligne d’Ivan Illich, ont parlé de la “nonpertinence fondamentale d e l'institution scolaire” et ont suggéré le besoin d’une “société sans école” (103). En raison de la nature de ce document, il est impossible de commenter ici de telles positions radicales.

équilibrés, et à mener une existence riche. Il va de soi que cela doit inclure la possibilité de trouver un emploi grâce à des qualifications professionnelles suffisantes. (On peut évidemment arguer que l’idéal et la réalité sont très éloignés l’un de l’autre!). Dans cette approche, l’école est généralement considérée comme un “centre de développement des ressources humaines” dont la fonction principale serait de fournir aux étudiants un certain nombre d’éléments de base, comprenant: -

les opérations arithmétiques de base et la logique des calculs

-

une compréhension de la nature systémique du monde (des points de vue conjugués de l’espace, du temps et des politiques),

-

une ou plusieurs langues,

-

la capacité d’apprendre, c’està-dire la capacité de sauvegarder, de récupérer et de traiter l’information, l’intégrant dans une perspective globale,

-

le développement de la conscience morale,

-

le développement de l’imagination et de la créativité,

-

le développement de facultés critiques, le développement des capacités sociales nécessaires à la participation effective aux prises de décision démocratiques à tous les niveaux.

• Un réexamen moins radical du rôle du système scolaire est toutefois le résultat de deux facteurs convergents: a) les changements structurels qui ont eu lieu dans la vie économique, et b) une réévaluation du rôle de l’éducation dans le contexte du développement humain. Dans le passé - et encore dans quelques pays et secteurs de l’activité économique - l'“emploi pour la vie” était la règle générale. Dans le contexte actuel, il est certain que les jeunes doivent être préparés à un grand degré de mobilité. Ceci sera encore plus vrai à l’avenir et certains futurologues ont calculé qu’environ 50% des emplois qui seront occupés dans les années 2020 n’ont pas encore été inventés! Dans bien des pays, il y a eu une ouverture progressive dans la manière d’envisager l’éducation des enfants. Elle n’est plus considérée comme une manière de doter les jeunes des compétences professionnelles indispensables à la “force de travail” du pays, mais plutôt comme une manière de préparer les jeunes à être heureux,

Pour cette raison, les spécialistes mettent de plus en plus l’accent sur le fait que le but fondamental de l’éducation est de développer l’identité de chaque enfant, et de la considérer comme un “apprentissage centré sur la personne et la conscience à l'échelle de la planète” (104). Ceci entraîne une tendance à la décentralisation progressive, à la diversification et à l’individualisation du système d’éducation de masse, le rendant ainsi mieux apte à répondre aux besoins spécifiques et aux situations changeantes (105). Tendances - Page 24


De même, on estime que les caractéristiques de l’étudiant idéal sont: “la curiosité, l'enthousiasme, la créativité, la flexibilité” (106) et le monde est considéré comme la “vraie” école pour tout le monde, suivant en cela la prophétie de Marshall McLuhan: “Un jour, nous passerons notre vie dans notre propre école, le monde. Et l'éducation - dans le sens d’apprendre à aimer, à grandir, à changer - peut devenir non pas la triste préparation à quelque emploi dans lequel nos capacités ne peuvent s’épanouir, mais l’essence même d’une vie heureuse et épanouie” (107). 5.3 L'ALPHABETISME ET L'ALPHABETISME FONCTIONNEL: UN PROBLEME CRUCIAL L’image globale montre que “le nombre d'adultes analphabètes dans le monde, selon les estimations les plus récentes de l’UNESCO, atteignait environ 950 millions, juste avant l’Année Internationale de l’Alphabétisme (1990). Ce chiffre est en chute actuellement” (108). Ceci correspond à un taux universel d’alphabétisme parmi les adultes de 73,5% en 1990. Il va de soi qu’il y a des différences significatives entre les pays industrialisés où le taux est de 96,7% et les pays en voie de développement où le taux est de 65,1%. Dans les pays en voie de développement, les taux d’alphabétisme les plus élevés se trouvent en Amérique latine et dans les Caraïbes avec 84,7%, suivis par l’Asie orientale avec 76,2%. Les taux les plus bas correspondent aux pays arabes: 51,3%, l’Afrique au Sud du Sahara avec 47,3% et l’Asie du sud avec 46,1%. Les pays les moins développés pris dans leur ensemble représentent un taux d’alphabétisme de seulement 39,6% (109). Si les progrès enregistrés pendant les vingt dernières années sont encourageants, le Rapport reconnaît que “plusieurs décennies seront probablement encore nécessaires avant que l”analphabétisme soit effectivement éliminé dans toutes les régions du monde”. Le taux avancé par l’UNESCO pour l’année 2000 est de 78,2% (110).

Toutefois, dans les pays développés et en voie de développement, on s’inquiète de plus en plus de l’“analphabétisme fonctionnel”. Selon la définition de l’UNESCO datant de 1978: “une personne sait lire et écrire lorsqu'elle peut entreprendre toutes les activités dans lesquelles l’alphabétisme est nécessaire au fonctionnement efficace de son groupe et de sa communauté et également pour lui permettre de continuer à utiliser la lecture, l’écriture et le calcul pour son propre développement et celui de la communauté” (111). Il y a deux sources principales de préoccupation à ce sujet. Premièrement, le rapport reconnaît que “...dans la majorité des pays du monde une proportion significative de la population est encore au-dessous du premier seuil de la capacité de lire, d'écrire une courte déclaration simple concernant leur vie quotidienne” (112). Deuxièmement, il est important de tenir compte de la différence dans les seuils de l’alphabétisme, qui peuvent varier d’une société agricole à une société hautement industrialisée. Cependant, il est important de reconnaître que “..au fur et à mesure que les individus passent par les différentes phases de leur vie, ils sont confrontés à divers défis d’apprentissage, que leurs capacités ... leur permettront de relever d’une manière flexible et dynamique” (113). Différentes évaluations menées aux États-Unis et dans d’autres pays industrialisés montrent qu’au sortir de l’enseignement secondaire, bien des jeunes sont loin d’avoir acquis les compétences indispensables pour prendre leur place “dans une économie de plus en plus déterminée par la technologie” (114). Ceci représente un nouveau défi, en particulier pour les pays industrialisés, dans un environnement mondial de plus en plus compétitif. 5.4 ECHEC SCOLAIRE ET EXCLUSION SOCIALE De nos jours, la question de l’éducation formelle se pose dans un contexte d’anxiété pour les enfants et les parents, face à la montée du chômage.

Chacun est conduit à examiner de plus près le lien entre l’école et le monde du travail. Dans ce domaine, il semble y avoir une constatation générale, qui s’applique aussi bien aux pays industrialisés qu’à ceux en voie de développement, et qui peut être formulée ainsi: “La réussite à l'école ne garantit pas le succès dans la vie, par contre l’échec scolaire entraîne très fréquemment l’échec dans le monde du travail et conduit très souvent à l’exclusion sociale”. Donc, le problème de l’échec scolaire (ceux et celles qui ne “suivent” pas) est devenu une préoccupation constante. Là encore, une constatation s’impose: les jeunes moins favorisés ont besoin d’un système d’appui; faute de quoi, on les prépare déjà à l’exclusion sociale. Divers pays ont mis au point des formules d’études dirigées, soit à l’école, soit dans un centre communautaire situé dans le quartier. Il est trop tôt pour se prononcer d’une façon définitive sur ces expériences mais il semble qu’elles présentent un triple avantage: - aider les enfants de milieux moins favorisés à progresser à l’école, - les mettre en contact avec un “grand frère” (jeune au service militaire ou bénévole) - arracher les jeunes à l’insécurité de la rue. 5.5 QUELQUES PISTES DE REFLEXION 1) Les dernières décennies ont habitué les hommes de la société industrielle à considérer que la vie est divisée en trois périodes: les études (“On apprend”), la vie active (“on travaille”) et la retraite (“on se repose”). Tout indique qu’à l’avenir cette séquence sera l’exception et non la règle. Piste de réflexion: on pourrait imaginer des périodes “alternées” dans la vie, où quelques années d’études seraient suivies par quelques années de travail et ainsi de suite. Certains ont appelé cette pratique la “multiplication de périodes sabbatiques” dans la vie. Ce qui Tendances - Page 25


semble certain, c’est que formation théorique et expérience pratique seront de plus en plus mélangées et que des formules de stages “à géométrie variable” semblent se profiler comme une formule d’avenir (115). 2) L’influence de la télévision sur la durée de l’attention des enfants. Il est important de se rendre compte que dans bien des pays industrialisés (et également de manière croissante dans les pays en développement) les enfants passent plusieurs heures par jour devant leur écran de télévision. Il est donc nécessaire de les aider à adopter une attitude critique vis à vis du “moyen” et du “message”. Ce point sera développé plus loin dans la section 8. Toutefois, il y a déjà un point au sujet duquel l’impact de la télévision sur l’éducation formelle peut être mesuré. Quelques études récentes indiquent que (au moins dans les pays industrialisés) la “durée d'attention” des enfants et des

QUESTIONS CONCERNANT LA SECTION 5

jeunes est beaucoup plus limitée que par le passé. Quelques enseignants affirment que “les enfants ne peuvent concentrer leur attention sur un sujet donné que pendant cinq minutes (qui est le temps d'un clip vidéo), après quoi leur attention va vers un autre sujet...” 3) Des rapports et des articles de magazine de différents pays de la région Asie-Pacifique, des États-Unis et d’Europe estiment que la violence à l’école augmente presque partout. “La violence et les armes à l'école font chaque jour les titres de la presse aux États-Unis”. Cela a abouti à l’installation de détecteurs de métaux dans les établissements secondaires de Los Angeles. Toutefois, ceci semble refléter la violence générale de la société: “la violence dans la société en général touche les enfants, qu'ils en soient les victimes ou les auteurs, qu’ils comprennent ou non les conséquences de leur acte... (La violence) est très présente tout autour de nous” (116).

4) Enfin, il est important de mentionner l’établissement de la “Commission Internationale sur l’Éducation et l'Apprentissage pour le XXIe siècle” créée en octobre 1992 par décision de la Conférence Générale de l’UNESCO, sous la présidence de Jacques Delors, Président de la Commission des Communautés Européennes. La Commission se chargera des questions centrales telles que: “quelle sorte d'éducation souhaitons-nous et pour quelle sorte de société future? Quel type de citoyens voulons-nous éduquer pour qu’ils puissent avoir des valeurs et des points de référence en commun et partager la richesse qui est si injustement distribuée de nos jours?” Il est prévu que cette Commission établisse un rapport en 1995 (117). Le Bulletin No. 2 du Centre d’Études Prospectives et de Documentation du Bureau Mondial du Scoutisme a publié un commentaire sur le “Rapport mondial sur l’éducation 1991”.

• Quelle est l’image du Scoutisme dans votre pays / votre région? Le Scoutisme projette-t-il l’image d’un mouvement éducatif ou plutôt une image purement récréative? • Si c’est l’ “image récréative”: que peut-on faire pour corriger cette image? Changer la substance (programme pour les jeunes, la formation des responsables adultes, etc.)? Faire un effort intensif de relations publiques? Autres suggestions? • Le Scoutisme est-il impliqué dans des travaux de recherche, des groupes de travail, des publications ou tout autre moyen par lequel il peut améliorer son image éducative? • Les autorités de votre pays qui s’occupent d’éducation s’intéressent-elles au Scoutisme? Si oui, dans quelle mesure? Si non, pourquoi? • Y a-t-il eu des travaux de recherche dans votre pays pour analyser le type de valeurs proposées par les différentes institutions éducatives telles que la famille, le système scolaire, les différentes églises ou communautés religieuses, les différentes ONG, etc.? Quels ont été les résultats de ces recherches? N.B. Vous trouverez à la fin du document, dans la section intitulée “Interrogations et enjeux pour le Scoutisme”, d’autres questions générales concernant le rôle et la place du Mouvement dans l’évolution de la société. Tendances - Page 26


6. LES JEUNES ET LE MONDE DU TRAVAIL

6.1 INTRODUCTION Pour bien comprendre ce qui va suivre, il est important de nous remettre en mémoire les grandes transformations de l’activité économique intervenues au cours du 20e siècle. En voici un aperçu rapide: -

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Secteur primaire (agriculture): grâce aux progrès techniques, un nombre de plus en plus réduit d’agriculteurs est capable de produire de plus en plus. Dans les pays industrialisés, le nombre de personnes employées dans l’agriculture est en net recul et leur contribution au PNB ne cesse de diminuer en pourcentage. Le secteur secondaire (industrie) a progressé sans cesse au cours du siècle: gains de productivité, introduction de l’automatisation et satisfaction des besoins de la société de consommation ont fait de l’industrie le “moteur” de la croissance économique. Aujourd’hui, certains parlent déjà de “deuxième révolution industrielle” à propos des progrès dérivés de l’introduction de la micro-électronique. Le secteur tertiaire (services: banque, communications, bureaux, tourisme, etc.) a connu une augmentation énorme de la demande au cours des dernières décennies. Un seul exemple: en Europe, 30% de personnes travaillaient dans ce secteur en 1950, alors qu’elles sont passées à 55% en 1990 (118).

Ainsi donc, l’équilibre et la place des trois grands secteurs économiques dans le tableau global a changé fondamenta-lement au cours des dernières décennies.

Le chômage constitue le problème majeur de cette fin de siècle. Quelques tendances nous aiderons à comprendre son étendue et ses modalités. -

Le chômage a recommencé à progresser dans la (presque) totalité des pays industrialisés. Les statistiques de l’OCDE en 1991 montraient un taux de chômage de 7,1%, soit 28 millions de chômeurs. Les projections pour 1992 indiquaient un taux supérieur à 7,4%.

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“A plus long terme, l'un des aspects les plus préoccupants dans les pays industriels est que le chômage y a été constamment élevé, même pendant les périodes de croissance économique soutenue. C’est là un phénomène nouveau, fort inquiétant” (119).

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Augmentation du travail à temps partiel: le travail à temps partiel, lorsqu’il est choisi, représente, en général, une amélioration de la qualité de la vie, il est donc souhaitable. Cependant, cela ne semble pas être le cas en ce moment, où “...beaucoup de travailleurs prennent des emplois temporaires ou à temps partiel parce qu’il n’en trouvent pas de permanents” (120).

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Tendance à la précarité de l’emploi: outre le travail à temps partiel, d’autres modalités de l’emploi “précaire” sont en voie de généralisation dans les pays industrialisés: contrats temporaires ou de durée déterminée, emploi par l’intermédiaire d’agences, emploi indépendant, travail à domicile, etc.

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Tendance à l’ “entreprise flexible”: beaucoup d’entreprises cherchent à éviter les coûts liés au personnel à plein temps. Elles “emploient un noyau permanent de travailleurs réguliers entouré d'un effectif précaire de salariés temporaires, de travailleurs à domicile ou de soustraitants...” (121).

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Les effets combinés du chômage (surtout lorsqu’il est de longue durée) et de la précarité de l’emploi

6.2 TENDANCES ACTUELLES La tendance à la mondialisation de l’activité économique s’est renforcée progressivement au cours des dernières décennies. L’internationalisation croissante de la stratégie industrielle des grands groupes (compagnies multinationales) en constitue une preuve.

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peuvent conduire à la marginalisation sociale. Nous avons déjà évoqué l’apparition de “nouveaux pauvres” en Europe. Pour ce qui est des États-Unis, voir 6.4 et 6.5 ci-dessous. -

Sans que ce soit encore confirmé comme tendance générale, il semble que dans un nombre important de pays industrialisés la crise fait diminuer les effectifs des syndicats. Si cette tendance se confirme, elle est préoccupante, car elle ajoute un nouvel élément à un ensemble de facteurs qui contribuent à la “désagrégation sociale” (122).

Le monde en développement. Le rapport de l’OIT “Le Travail dans le monde 1992” brosse un tableau plutôt négatif. Quatre traits essentiels caractérisent la situation: 1) “Dans beaucoup de pays en développement, les gouvernements appliquent des politiques d'ajustement structurel en réduisant leurs dépenses et en procédant à des privatisations”. 2) “Beaucoup de pays en développement pâtissent aussi d'un chômage généralisé et d’une faible productivité du travail”. 3) “De ce fait , une proportion croissante de la main d'oeuvre mondiale travaille dans le secteur nonstructuré ou est employée selon des contrats de travail flexibles”. 4) Enfin, comme on l’a déjà signalé, (voir section 3 “Contexte géopolitique mondial”), “les écarts de revenus croissants entre les pays accentuent les migrations de travailleurs...” (du Sud vers le Nord) (123). 6.3 TENDANCES PROSPECTIVES Il est évident que si l’on peut produire davantage de richesse sans créer d’emplois, le chômage aura tendance à devenir endémique, à moins de trouver des solutions novatrices et de se placer dans un cadre de référence différent.

Le monde vit une formidable révolution scientifique et technologique, une véritable mutation. Celle-ci présente des avantages incontestables dans beaucoup de domaines: “l'introduction de robots industriels réduit les risques d’accident et les manipulations nocives pour la santé”, “les tâches monotones... disparaissent au profit d'activités plus créatives” et “le boom de la productivité permet de réduire le temps de travail” (124). Cependant, il faut admettre que cette mutation présente aussi des inconvénients non moins sérieux: la machine dévore l’emploi. Automatisa-tion, robotisation et gain de productivité sont devenus maîtres-mots dans l’industrie, en fonction du besoin de compétitivité. Pendant longtemps, des économistes ont affirmé que le processus d’automatisation allait créer des emplois. Il semble évident aujourd’hui, à la lumière des constatations faites dans plusieurs pays, que ce processus supprime plus d’emplois qu’il n’en crée. Il faut admettre que le chômage, outre son coût économique évident, a aussi un coût social élevé: il a un effet déstructurant sur les individus, surtout s’il est de longue durée, mais aussi, au-delà d’un certain seuil, sur le corps social tout entier. Les estimations ont montré que, selon les pays, pour chaque chômeur, 2 à 3 personnes sont “touchées”! Les spécialistes ne sont pas unanimes sur les prévisions à court et moyen terme. Cependant, il semblerait que deux tendances se dégagent: 1) Même si la croissance économique est au rendez-vous au cours des prochains mois, elle ne sera pas aussi forte que dans les 30 années qui ont suivi la Deuxième Guerre Mondiale, et 2) Même s’il y a croissance (modérée), elle ne créera pas autant d’emplois qu’auparavant (125).

vail. Exemples: - travail “à la carte” 1/2 ou 3/4 de temps avec une indemnité de compensation (à définir) pour le reste du temps, - semaine de 4 jours, - alternance emploi-formation avec un but précis (langues, etc.); - réduction progressive du temps de travail entre 60 et 65 ans (consacré à: plus de loisirs, former des apprentis dans la même entreprise ou dans une autre, s’engager dans un projet de coopération, etc.); - formule de deux mitemps, à partager entre travail et service social (dans une agence de coopération au développement, dans une ONG, etc.). -

Considérer comme travail (et donc rémunérer) tout ce qui conduit vers la satisfaction des besoins sociaux: a) construction, réparation et aménagement des logements sociaux; b) amélioration du cadre de vie des communautés les plus défavorisées (jardins publics, aires de jeu pour les enfants); c) emplois de proximité au service des personnes âgées, des enfants en bas âge, des écoles, etc.

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Défiscaliser le travail (ex.: supprimer les impôts sur les postes de travail créés) et taxer à la place tout ce qui est négatif (consommation d’énergie au-delà d’un certain seuil, pollution, déchets, jeux spéculatifs en bourse, etc.).

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Etudier des formules de réaménagement de la vie urbaine: organiser le temps de travail autrement, utilisation plus rationnelle des transports collectifs (ex.: pourquoi tout le monde se déplace-t-il en même temps?).

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Donner une voix aux chômeurs: constater qu’ils ne sont représentés, en tant que groupe de pression, nulle part ou presque. Créer des formules de représentation dans les agences pour l’emploi, moyens pour créer un organe de presse, etc.

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Revaloriser le concept de l’en-

Il faut donc étudier des formules permettant de s’adapter à cette réalité. Quelques unes ont déjà été proposées: -

Etudier des formules souples de redistribution du temps de tra-

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treprise, non seulement comme “acteur économique” ou “producteur” mais aussi en tant que communauté d’hommes et de femmes au travail, avec un but social. Proscrire des formules péjoratives du type “volant de manoeuvre”, “main d'oeuvre bon marché”, “dégraissage des effectifs”, etc. -

Réexaminer les formules de “hyper-productivité”. Considérer que l’amélioration des gains de productivité n’est pas une fin en soi (sauf, peut-être, dans les secteurs exposés à une forte concurrence internationale).

Dans une perspective à long terme, certains spécialistes voient la montée du chômage comme une menace pour la démocratie, un risque de rupture du consensus social. Du point de vue du citoyen ordinaire (“l'homme de la rue”) on peut avoir l’impression que les pays sont bien gérés mais mal dirigés (ou pas dirigés du tout). Ceci se passe dans un contexte général d’opacité politique, dans lequel on parle de mécanismes tels que les marchés internationaux, la bourse, les taux d’intérêt, la dévaluation ou la réévaluation des monnaies et ainsi de suite. Il n’est donc pas difficile d’imaginer tout le parti que des courants populistes ou nationalistes peuvent tirer d’une pareille situation. 6.4 IMPACT SUR LES JEUNES Le chômage en général (et le chômage des jeunes en particulier) est déjà - et malheureusement, risque de devenir dans les années qui viennent - le problème le plus important que la communauté internationale et chaque pays individuellement aient à affronter. Pour mesurer l’importance du phénomène, il faut partir d’une constatation de base: tout ce que nous avons dit sur le coût social et sur l’effet déstructurant du chômage s’applique d’abord aux jeunes et surtout à ceux qui sont à la recherche d’un premier emploi. Le lien entre chômage et margina-

lisation sociale a déjà été souligné. Il faut dire que, conjugué avec les effets de la dégradation urbaine, il constitue dans certains pays un problème social alarmant (voir ci-dessus Section 3 “La crise des villes”) (126). Contrairement à ce qu’on pourrait penser à première vue, le chômage touche aussi les jeunes diplômés. “En Afrique, les chômeurs sont souvent jeunes et instruits. Les jeunes qui ont achevé leurs études secondaires sont souvent les plus touchés par le chômage, mais les universitaires rencontrent aussi des problèmes pour trouver un emploi approprié” (127). 6.5 LE TRAVAIL DES ENFANTS Comme le souligne le rapport de l’OIT “Le Travail dans le Monde 1992”, “L'exploitation de la main d’oeuvre enfantine est l’un des aspects les plus inquiétants sur la scène internationale du travail”. Une constatation de base: “Les statistiques sont difficiles à obtenir: la plupart de ces enfants travaillent gratuitement pour leur famille, sont occupés dans le secteur non structuré, ou travaillent illégalement et ne sont donc pas connus des personnes qui établissent les statistiques de la main d’oeuvre, mais ils sont sans doute plusieurs centaines de millions” (128). • Estimations sur la distribution géographique: -

En Asie: ...11% de l’ensemble de la main-d’oeuvre dans certains pays.

-

En Afrique, un enfant sur cinq travaille.

-

“L'Amérique Latine est la région la plus urbanisée du tiers monde, les enfants travaillent donc surtout dans les villes. Dans certains pays, le pourcentage... pourrait bien atteindre 26%...”

Dans le monde industrialisé, le rapport cite l’Italie (région de Naples - industrie du cuir), l’Espagne (secteur agricole) et le Royaume-Uni. Aux États-Unis “...la

majorité des enfants qui travaillent sont employés dans l'agriculture, et une grande proportion d’entre eux appartiennent à des familles d’immigrés” (129). •

Pourquoi les enfants travaillent-ils?

Constatation générale: “la plupart des enfants travaillent parce que leurs familles sont démunies”. “Dans les pays en développement, les enfants des zones rurales aident souvent leurs parents à améliorer le maigre revenu tiré de la ferme familiale”. “Dans les zones urbaines, les enfants travaillent plutôt hors de chez eux pour gagner un salaire, et ce sont généralement leurs parents qui les y envoient... Dans certains pays (en Asie méridionale), les enfants (ainsi que leurs familles) sont “pris au piège de la servitude pour dette”. Il va de soi que “..ces pratiques sont illégales, mais elles sont très répandues dans certains pays, et perpétuées par l'igno-rance, la peur et l’intimidation” (130). •

Travail et scolarité

Les rapports entre travail et scolarité sont plus complexes qu’il n’y paraît à première vue. Dans certains pays, constate le rapport “...Quand les taux de scolarisation ne dépassent pas 27% (par exemple au Burkina Faso et au Niger), il y a de grandes chances pour que beaucoup d’enfants passent leurs journées à garder les troupeaux”. Cependant “beaucoup d’enfants qui travaillent, probablement la majorité de ceux des villes, vont également à l’école”. Et dans pas mal de cas “...les enfants travaillent pour pouvoir aller à l’école” (par exemple au Kenya) (131). •

Travail et conditions de vie

“La plupart des enfants travaillent dans le secteur agricole”. Cependant, même dans les familles paysannes, “...beaucoup de parents doivent envoyer leurs enfants travailler dans les mines ou dans de petites fabriques d’allumettes ou de tapis” (132). “Dans le secteur urbain, c’est le travail Tendances - Page 29


domestique qui emploie la majorité des enfants”, suivi du “... travail en usine, petites entreprises d’artisanat, vente de journaux, prostitution” (133). La prostitution enfantine “touche autant les garçons que les filles”. En Europe et en Amérique du Nord, les enfants qui sont amenés à se prostituer sont ceux qui se sont enfuis de chez eux... Dans certains pays d’Asie (par exemple, Thaïlande) “la situation a empiré... en raison de l’expansion du tourisme de masse” (134). Le tableau “Du travail à l’exploitation...”présente un bon résumé des caractéristiques du travail des enfants” (135). •

Les gains des enfants

“La plupart des enfants ne “gagnent rien du tout” notamment ceux qui travaillent pour éteindre une dette ou ceux qui sont rétribués seulement en nature”. Mais “...même ceux qui sont salariés ne reçoivent souvent qu’un salaire de misère pour de longues heures de travail”. En tout cas, ils reçoivent “...une rémunération inférieure à celle des adultes”. Mais, paradoxe de la pauvreté, “bien qu’ils soient relativement peu payés, les enfants apportent une contribution substantielle au revenu de la famille” (136). •

Le coût du travail des enfants

Il y a d’abord les risques évidents: les enfants peuvent se faire écraser par les voitures, être infectés par le VIH, persécutés parfois même assassinés par la police... Mais il y a d’autres conséquences, plus insidieuses: “En général, les enfants pauvres sont déjà mal nourris et le travail augmente leurs dépenses d’énergie et leur déficit en calories”... alors, “ils meurent victimes de malnutrition et de maladie”. Il y a encore “...les lésions osseuses et les déformations” ou “la vue qui se dégrade” pour ceux qui font du tissage de tapis, de la broderie ou travaillent dans les fabriques de microordinateurs.

DU TRAVAIL A L'EXPLOITATION, QUELQUES CARACTERISTIQUES DU TRAVAIL DES ENFANTS • Ils travaillent trop jeunes: les enfants des pays en développement commencent souvent à travailler en usine dès l'âge de six ou sept ans. • Trop longtemps: dans certains cas de 12 à 16 heures par jour. • Sous pression, physique, sociale, ou psychologique, dans les mines, ou dans les ateliers qui exploitent outrageusement leur main-d'oeuvre. • Dans les rues, dans des conditions insalubres et dangereuses. • Pour une rémunération minime, aussi faible que 3 dollars pour une semaine de 60 heures. • Sans satisfaction: ils accomplissent des tâches répétitives et abrutissantes qui bloquent leur développement social et psychologique. • En ayant trop de responsabilités: les enfants sont souvent responsables de leurs frères et soeurs qui n'ont qu'un an ou deux de moins qu'eux. • En faisant l'objet d'intimidation, ce qui inhibe la confiance en soi et l'amour propre, comme c'est le cas avec l'asservissement et l'exploitation sexuelle.

Il y a, enfin, le coût social et psychologique: parfois ils sont séparés de leurs familles, leurs échanges sociaux sont restreints en raison d’une longue journée de travail... et ils sont confrontés à l’hostilité des adultes. Mais, “aussi lourd que soit le prix payé par les enfants, il faut y ajouter ce que cela coûte à la société dans son ensemble, à savoir, la diminution de la contribution future d’adultes dont la santé, l’éducation et l’énergie auront été sacrifiées dans l’enfance” (137). 6.6 RETRAITE Une section sur le monde du travail ne serait pas complète sans dire quelques mots sur la troisième partie du cycle de la vie: la retraite. Qu’est-ce qui attend les jeunes d’aujourd’hui lorsqu’ils auront terminé leur “vie active”? Dans la plupart des pays industrialisés, les régimes de sécurité sociale et de retraite sont en crise ou y seront d’ici quelques années. Trois éléments expliquent ce constat: - le vieillissement de la population, - le fait que l’on prenne la retraite de plus en plus tôt, - l’augmentation exponentielle des dépenses médicales, elle-même due à

deux facteurs: la surconsommation de médicaments et le coût astronomique des techniques médicales de pointe. Ceci pose de véritables “problèmes de société”, eux-mêmes en étroite liaison avec un choix des stratégies de développement: quelle sécurité sociale l’État peut-il garantir?, qui va payer: les employés (par déductions de salaire) ou tous les citoyens (à travers les impôts)? Que peut-on faire pour responsabiliser les citoyens, qui sont en même temps des acteurs économiques (patrons ou employés) et des consommateurs? Et ainsi de suite. On voit clairement au simple énoncé de ces questions, que des problèmes de solidarité sociale entre générations (ou de rupture de solidarité sociale) se posent, qui renvoient à la question: quelle type de société pour l’avenir? Il va sans dire que si la situation est difficile dans les pays industrialisés, elle est désespérée dans les pays en voie de développement. Sauf dans certains pays, et encore pour certaines catégories de la population tels que les employés de l’État, des organismes para-étatiques, ou certaines Tendances - Page 30


entreprises qui font figure d’exception dans le tableau général de l’économie, il n’existe aucun système de protection sociale. 6.7 QUELQUES PISTES DE RECHERCHE Premier niveau de réflexion: on peut dire que dans l’ensemble, la civilisation de la fin du XXe siècle a trouvé une solution technique aux problèmes de la production des biens et des services. Le problème se situe plutôt sur le plan humain, c’est-à-dire, sur le plan de l’organisation sociale: qui produit? quoi? qui retire un bénéfice du travail de la collectivité?

QUESTIONS CONCERNANT LA SECTION 6

Deuxième niveau: comment assurer une solidarité de fait entre les acteurs économiques dans une entreprise, entre producteurs et consommateurs, gens du Nord et du Sud, travailleurs nationaux et migrants installés dans un pays, agriculteurs, ouvriers industriels et employés du secteur tertiaire, entre générations: enfants et jeunes, génération active et retraités, etc. Ceci nous conduit à un troisième niveau de réflexion: comment instaurer sans contrainte une société de justice, et donc, faire face à tous les individualismes et à tous les corporatismes? Et ceci, sur le plan national et sur le plan international.

Question: y a-t-il d’autres manières possibles d’organiser la société? Lesquelles? Quelles en sont les prémisses? De quelles expériences aux niveaux “micro-social” et “macrosocial” faudrait-il s’inspirer? Le simple énoncé de ces questions ind i q u e c l a i r e m e n t q u ’ e l l e s dépassent de beaucoup le cadre de ce document. Elles constituent cependant, dans son ensemble, les grands défis de civilisation posés à l’homme de la fin du 20e siècle et qui - non résolus - constitueront un lourd héritage pour les générations suivantes.

• Le chômage produit des conséquences psychologiques déstructurantes pour les jeunes. Que peut faire le Scoutisme pour aider les jeunes chômeurs à surmonter les conséquences négatives de leur situation? les aider à retrouver un travail? Y a-t-il un rôle de porte-parole que le Scoutisme puisse jouer pour plaider la cause des jeunes chômeurs?

• Que peut faire le Scoutisme pour aider les jeunes à retrouver le sens du «temps libre» par opposition au “temps aliéné”?

• Les retraités, de plus en plus jeunes, seront de plus en plus nombreux. Y a-t-il un rôle pour eux dans le Scoutisme? Si oui, lequel?

• Des formules souples de redistribution du temps de travail se profilent à l’horizon dans plusieurs pays. Les bénévoles du Mouvement risquent d’en bénéficier. Comment le Scoutisme pourrait-il en tirer parti?

N.B. Vous trouverez à la fin du document, dans la section intitulée “Interrogations et enjeux pour le Scoutisme”, d’autres questions générales concernant le rôle et la place du Mouvement dans l’évolution de la société. Tendances - Page 31


7. LES JEUNES: VALEURS, LOISIRS ET STYLE DE VIE

7.1 INTRODUCTION Il faut admettre d’emblée les insuffisances et les limites de cette entreprise. Si ceci est vrai de n’importe quelle autre section de ce document, c’est encore plus vrai de celle-ci. Ces difficultés tiennent au moins à trois facteurs: 1) Il est impossible de dissocier les jeunes des valeurs générales de la société. Comme nous avons vu dans la section “Les jeunes et le cadre social”, les jeunes font partie de la société, ils sont en interaction constante avec leur milieu social. Comment donc les “abstraire” à des fins d’analyse? 2) La deuxième difficulté tient au manque d’information sur le plan global et au manque de statistiques comparatives. Thomas Forstenzer, membre de l’UNESCO et rédacteur de “La jeunesse dans les années ’80”, a souligné le manque général d’informations suffisantes sur les jeunes en général et l’incapacité d’obtenir des informations exactes sur la migration des jeunes, le chômage, le sous-emploi, la santé ou le logement. Il n’y a pas non plus d’informations tangibles sur ce qu’il nomme “les questions brûlantes concernant les jeunes” telles que les fugueurs, la prostitution masculine et féminine, l’alcoolisme, l’analphabétisme fonctionnel, les jeunes filles enceintes ou le suicide” (138). 3) La troisième difficulté qui nous empêche de brosser un tableau mondial tient au fait que les termes utilisés dans les descriptions sont parfois vagues et imprécis. Le meilleur exemple est celui de la “révolution culturelle de 1968”. Le terme figure presque sans exception dans tous les livres consacrés à la jeunesse. Cependant, il y a un manque total de clarté quant au fait de savoir quel était le message essentiel de cette “révolution”: s’agissait-il d’une révolte des jeunes contre la “société globale”? ou contre la

“société de consommation”?, ou contre un système politique déterminé, perçu comme “figé” et incapable d’évoluer?, ou contre la dom i n a t i o n d e s “ a d u l t e s ” (exemple: le “mandarinat”, etc.)? Les interprétations sont aussi nombreuses que les auteurs! En poursuivant avec le même exemple, on peut aussi souligner que cette “révolution” a été “polycentrique” (il y a eu Paris, mais aussi Berkeley aux Etats-Unis, Rome, Bruxelles, et Tokyo, pour ne citer que quelques villes!) Enfin, comme une pierre lancée dans un lac, les ondes de choc ont atteint à des moments différents, des pays différents... et - comme dans le cas du flux et reflux d’une vague - sont arrivées, reparties, puis réapparues dans différents pays selon un rythme temporel différent... Comment dans ce contexte, essayer d’interpréter avec sérieux, ces phénomènes? Au vu de toutes ces difficultés, on peut se demander pourquoi tenter une pareille entreprise. Pour deux raisons: d’abord, parce qu’un document sur les tendances qui influencent les jeunes aujourd’hui dans le monde ne serait jamais complet sans une section consacrée aux valeurs; ensuite, parce qu'une synthèse provisoire, quelques lignes directrices, des indications, si imparfaites soient-elles, peuvent créer un effet “heuristique”, aider à concevoir, par acceptation ou par opposition à ce qui est présenté, une nouvelle synthèse ou d’autres propositions. 7.2 FOI, RELIGIONS, CROYANCES, RECHERCHE DE L'ABSOLU ET IMPLICATIONS ETHIQUES Le panorama général est fort complexe et les livres - voire les encyclopédies - destinés à l’illustrer pourraient occuper des bibliothèques entières. Essayons de présenter quelques grandes lignes, tout en sachant qu’elles sont simplificatrices compte-tenu de la complexité du phénomène. Tendances - Page 32


• Tout d’abord, quelques chiffres pour fixer les idées. Les cinq grandes religions mondiales (Christianisme, Islam, Hindouisme, Bouddhisme et religions naturelles: animisme et autres) regroupent à elles toutes près de 4 milliards de membres. Si on ajoute les cinq suivantes (Sikhs, Judaïsme, Confucianisme, Baha’i et Shintoïsme) on arrive presque à un chiffre de 4,l milliards, soit approximativement 75% des habitants de la terre (139). Il est inutile d’insister sur la relative imprécision de ces chiffres , mais il faut souligner qu’ils ne disent rien sur le degré d’adhésion intellectuelle ou de pratique religieuse. • Le contexte général: le monde occidental vit dans un contexte de plus en plus désacralisé et pluraliste. On peut dire la même chose d’une grande partie du monde en développement, mais il faut accepter cette affirmation avec des nuances très importantes. En même temps, “...la religion constitue pour beaucoup de chrétiens, de juifs, de musulmans, d’hindous et de bouddhistes, l’élément structurant de leur vie” (140). • Les trois grandes religions monothéistes (Christianisme, Islam et Judaïsme) semblent traversées, à des degrés divers, par deux courants opposés: un dit “progressiste” qui souhaite adapter la foi et l’éthique au monde moderne et un dit “intégriste” ou “fondamentaliste”, qui souhaite conserver intacte la tradition et rejette donc les aspects jugés “pernicieux” ou “négatifs” du “modernisme”. En particulier, dans le cas de l’Islam, “l’échec de la transposition des modèles occidentaux dans les pays musulmans a favorisé l’essor de l’islamisme” sans qu’il soit possible de préciser jusqu’à quel point il s’agit d’une variante “modérée” ou “intransigeante” et, à fortiori, jusqu’à quel point il s’agit d’une attitude dictée par le “retour

du religieux” ou par une réponse “culturelle” au modèle occidental (141). • Au sein de l’Eglise catholique et des Eglises protestantes, le processus de sécularisation (c’est-à-dire, la reconnaissance de l’autonomie du domaine temporel par rapport au domaine religieux) se double d’un processus de renouveau religieux, plus ou moins affirmé selon les pays. • Une étude faite en 1988 montrait que “...actuellement la plupart des jeunes Européens (NB: il s’agissait à l’époque de l’Europe Occidentale) n’ont aucun lien avec une Eglise ou avec une communauté spirituelle. Cela ne veut pas nécessairement dire qu’ils ne sont pas à la recherche d’un sens à leur vie et d’une réalité spirituelle, mais le plus souvent, ils tendent à adopter des “moyens d’expression non-institutionalisés” (142). Cette affirmation est-elle applicable à d’autres régions du monde? Certains indices semblent l’indiquer mais d’autres vont dans un sens contraire. • Dans les anciens pays à régime marxiste (ex-URSS et pays de l’Europe centrale et orientale) on constate un vide idéologique et une absence de points de repère. Certaines Eglises sont jugées sévèrement à cause de leurs compromissions avec les anciens régimes communistes et un endoctrinement officiellement athée a laissé des séquelles importantes. Il y a, cependant, ici et là, des indices qui montrent une renaissance de la foi ou, du moins, de la pratique religieuse. • Pour compléter ce tableau, il faut mentionner ce qu’on appelle la “priva t i s a t i o n d u s e n t i m e n t religieux” très présent dans le monde occidental. En d’autres mots, de plus en plus (même pour des croyants pratiquants) il y a une dissociation entre le sentiment d’appartenance à une

Église et la conformité aux normes; il y a une “appropriation individuelle” de l’éthique où “chacun se fait juge de ce qu’il veut croire” (143). • Quelques traits, très brièvement, pour compléter le tableau d’ensemble: -

le dialogue entre religions a amorcé quelques tentatives de rapprochement. Il se situe à trois niveaux. Il y a le dialogue oecuménique (entre les grandes religions chrétiennes), et aussi un dialogue entre les grandes religions monothéistes. En 1986, à Assise, plus d’une centaine de représentants des grandes religions du monde se sont retrouvés pour prier pour la paix. Toute tentative de rapprochement se heurte cependant à des obstacles nombreux et importants.

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les dernières décennies ont vu une multiplication des “sectes”, la croissance de leurs effectifs et de leur puissance économique. Certaines d’entre elles mélangent des rites traditionnels avec des pratiques spirituelles inédites et constituent “...des entreprises économiques florissantes, réalisant des profits importants” (144). La tendance montre qu’elles continueront à progresser tant qu’elles seront capables d’offrir à leurs adeptes une aide morale, des expériences à fort contenu émotionnel et une vie de groupe très soudée.

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l’un des grands paradoxes du fait religieux demeure celui-ci: tandis que toutes les grandes religions établies considèrent la paix comme une valeur essentielle, les “guerres de religion” ou les guerres “où la religion joue un rôle moteur” (parmi d’autres facteurs) n’ont pas cessé de se manifester (soit sous forme de conflits permanents ou de poussées sporadiques). Tendances - Page 33


-

le bouddhisme “ ...avec ses enseignements contemplatifs invitant à la sagesse existentielle et son aptitude à assimiler les courants modernes, est appelé à l’avenir à faire de nombreux adeptes dans le monde contemporain...” (145).

bouddhisme Zen, le Livre de la Sagesse, l’ésotérisme chrétien ou la méditation soufie... C’est un programme grandiose” (148). Aujourd’hui, dans le monde occidental, ses idées sont présentes partout et très particulièrement dans le monde des affaires “par le biais des pratiques de développement du potentiel humain” ...pour “réénergétiser” et “surdimensionner” les hommes d’affaires et augmenter ainsi leur efficacité” (149).

Pour terminer, une question ouverte: les hommes de notre temps, sont-ils à la r e c h e r c h e d ’ e x p é r i e n c e s s u r n a t u r e l l e s extraordinaires? Impossible de donner une réponse basée sur des constatations fiables. Ce qui semble certain, dans une période troublée, c’est que de plus en plus nombreux, les hommes se sentent désorientés, déboussolés, à la recherche du bonheur et à la recherche du sens (du moi, des autres, de la vie en société, de l’Absolu). Dans cette recherche, les différentes familles spirituelles ont un rôle qui ne peut que s’accroître à l’avenir.

Il est encore trop tôt pour dresser un bilan de ce nouveau “paradigme”en pleine expansion. Certains ont vu simplement une réponse à l’angoisse existentielle de l’homme moderne, d’autres affirment qu’ “avec le Nouvel Age, l’irrationnel est entré par la grande porte”. D’autres, enfin, soulignent le besoin de distinguer entre certaines de ses techniques “...qui ont leur authenticité et leurs valeurs propres” et leurs postulats plus ou moins explicites, qui consistent à proposer une espèce de “...suprareligion mondiale de l’ère du Verseau...” (150). Il faut souligner que ses diverses manifestations représentent aussi un marché très florissant et en expansion constante. Voilà une tendance qu’il faudra suivre avec attention!

• Le Nouvel Age Il est difficile d’indiquer de façon précise les origines de ce mouvement. Amorcée aux Etats-Unis vers les années ’70, la vague s’est développée un peu partout dans le monde occidental. “Son idée essentielle est que l’humanité est en train d’entrer, à la veille de l’an 2000 et du passage de l’ère astrologique des Poissons à celle du Verseau, dans un âge nouveau de prise de conscience spirituelle et planétaire, d’harmonie et de lumière, marqué par des mutations psychiques profondes” (146). Le Nouvel Age présente “un nouveau paradigme”, une nouvelle manière de voir les choses, “une sorte de structure intellectuelle permettant de comprendre et d’expliquer certains aspects du réel” (147). “Cette vision englobera aussi bien des études sur la transformation du cerveau, la spécialisation de ses hémisphères, les effets psychédéliques, les pouvoirs cachés de l’esprit, la médecine humaniste ou l’éducation transpersonnelle, que le

Montée du spiritisme, de l’astrologie, des médecines parallèles et des sciences occultes Qu’elle soit liée ou non au “Nouvel Age” des indications concordantes font état d’une montée du spiritisme, de l’astrologie, de la numérologie, des médecines parallèles, des thérapies “douces”ou “holistiques”, des techniques d’exploration de la conscience, de la “guérison spirituelle”, de la sophrologie, de la télépathie, du tarot et d’un nombre presque inépuisable de techniques de “voyance”. Il serait simpliste et réducteur de les mettre toutes dans

le même sac. Cependant, cette montée traduit - outre l’angoisse de notre temps - deux tendances très importantes qu’il ne faut pas négliger: l’homme de la fin du 20e siècle semble refuser les frontières épistémologiques entre “science” et "para-science”, tout en acceptant comme un acquis les données de la science institutionnelle, et vouloir s’ouvrir de plus en plus à d’autres systèmes de pensée (151). 7.3 QUELQUES VALEURS QUI PEUVENT AVOIR UNE INFLUENCE SUR LES JEUNES Une valeur est une “attitude interne, stable, qui oriente le comportement”(152). Les valeurs d’une personne orientent la façon dont elle se conduit dans la vie. C’est dans le même sens qu’on peut parler des valeurs d’un groupe social - une troupe scoute ou une équipe de football d’une société ou encore d’une génération. Les valeurs constituent donc une “grille de lecture” d’une société. On peut donc se poser la question: y a-t-il des valeurs universelles des jeunes d’aujourd’hui? Y a-t-il des valeurs prédominantes qui influencent la façon dont les jeunes d’aujourd’hui se conduisent? Nous essayerons de répondre à cette question en apportant quelques éléments de réflexion, mais malheureusement, il n’y a pas de réponse concluante. Il faut d’emblée insister sur toutes les limitations et restrictions mentionnées ci-dessus dans l’Introduction (voir section 7.1). En effet, les jeunes ne constituent pas une catégorie sociale homogène. Toute tentative de généralisation du type “les jeunes sont idéalistes” ou “les jeunes sont matérialistes” est, au mieux, une projection des perceptions des adultes, ou peut-être, l’expression de quelqu’un qui prend ses désirs pour des réalités et non une constatation globale qui pourrait être confirmée par la recherche sociologique.

Tendances - Page 34


UNE VISION PRESENTEE PAR LES THEORICIENS DE LA “TRANSFORMATION” SUR LE CHANGEMENT DES VALEURS DANS LA SOCIETE ACTUELLE -

Considérations de quantité (“plus”)

Considérations de qualité (“mieux” ou “meilleur”)

-

Concept d’indépendance

Concept d’interdépendance (des nations, des institutions, des individus et des espèces naturelles)

-

Contrôle sur la nature

Vivre en harmonie avec la nature

-

Concurrence

Coopération

-

Faire et planifier

Etre

-

Primauté de l’efficacité technique

Considérations de justice sociale et d’équité

-

Priorité à ce qui est commode, à ce qui arrange l’organisation

Priorité au développement personnel des membres de l’organisation.

-

Autoritarisme et dogmatisme

Participation

-

Uniformité et centralisation

Diversité et pluralisme

-

Le concept du travail comme un devoir pénible et inévitable

Le concept du travail comme un but et une forme d’épanouissement personnel, la reconnaissance du loisir comme une activité valable en soi-même.

• Le tableau suivant présente une tendance générale dans les changements de valeurs en cours dans les années ’80 et qui se poursuit dans cette décennie. Elle est présentée ici seulement avec un but heuristique, c’est-à-dire, pour stimuler la réflexion. A chaque lecteur de s’interroger sur le fait de savoir jusqu’à quel point ces tendances (ou certaines d’entre elles) sont présentes dans son pays et jusqu’à quel point elles influencent les jeunes (153). 7.4 LA SANTE ET LES JEUNES Selon la définition de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la santé est un “état de bien-être mental, physique et social complet et pas seulement l'absence de maladie ou d'infirmité” (154). Nous allons examiner l'image globale de la santé des jeunes en commençant par trois remarques importantes: 1) Les problèmes de santé des jeunes diffèrent sensiblement de ceux des enfants. Les enfants - en particulier au cours des premiers stades de leur développement - ont tendance

à être plus vulnérables aux maladies. Ils ont besoin de la protection et des soins de leur famille ainsi que d’un environnement qui les soutienne. Les jeunes ont tendance à avoir “des relations plus intenses avec des jeunes et des adultes extérieurs à la famille, relevant ainsi de nouveaux défis et assumant des responsabilités nouvelles” (155). 2) Il y a des signes évidents selon lesquels il y a “un accroissement des formes de comportement domma-geable pour la santé, qui s’incrustent progressivement pendant les années d’adolescence” (156). 3) Enfin, il est évident également que le comportement des jeunes influence non seulement leur santé actuelle mais aussi “...leur santé ultérieure d’adulte et celle de leurs enfants” (157). Quelles sont les principales questions en jeu et les tendances principales dans ce domaine? Nous allons les présenter de manière très succincte. Si dans la plupart des pays développés

et dans beaucoup de pays en développement, “...le taux de mortalité des 1524 ans est relativement bas” (158) bien des problèmes de santé apparaissent (en particulier dans les zones ou les communautés les plus pauvres) “...à l'adolescence comme séquelles d’infections et d’une malnutrition dans l’enfance: cycles répétés de maladies diarrhéiques et respiratoires, tuberculose ou maladies cardiaques” (159). • Les accidents sont la cause de 20 à plus de 60% des décès parmi les jeunes, avec des taux généralement plus élevés parmi les jeunes gens (160). “Les accidents ont lieu sur la route, sur le lieu de travail, en faisant du sport et à la maison”. Si plusieurs facteurs liés aux comportements peuvent expliquer les blessures par accident, “c’est souvent la combinaison de risques pris (par les jeunes) et d’un environnement dangereux qui provoque les blessures” (161). • Comportement sexuel et santé de la reproduction. Si le comportement sexuel - dans le cadre des normes acceptées par la religion et la culture de chaque société - est considéré comme une dimension importante de l’être humain et une expression du développement de la personnalité de l’individu, des préoccupations majeures surgissent en raison de l’augmentation de “l’activité sexuelle pré-maritale parmi les jeunes” et de ses conséquences possibles telles que “les maladies sexuellement transmissibles” (MST) ou l’infection HIV qui aboutit au SIDA”, ou le risque d’une grossesse non désirée (162). • L’usage de l’alcool. Les tendances peuvent être décrites de la manière suivante: 1) “Au cours des 30 à 40 dernières années, un pourcentage croissant de jeunes s’est mis à consommer des boissons alcoolisées; la consommation d’alcool a augmenté en quantité et en fréquence, et l’âge auquel la Tendances - Page 35


consommation d’alcool commence s’est abaissé. 2) Les problèmes liés à la consommation d’alcool augmentent à l’adolescence et sont plus courants chez les jeunes gens que chez les jeunes filles”. 3) “Les distinctions qui séparaient auparavant les cultures, les sexes et les classes sociales disparaissent puisqu'aussi bien dans les pays développés qu’en voie de développement, les jeunes consomment et abusent de plus en plus de l’alcool” (163). • La consommation de drogues. Voici les tendances: 1) L’usage de drogues, autrefois “...restreinte à un nombre relativement limité de zones géographiques spécifiques est devenue endémique dans plusieurs parties du monde, particulièrement parmi les jeunes”. 2) “L’âge moyen des consommateurs de drogue s’est abaissé au cours des dernières années et 3) ...la consommation de plusieurs drogues est devenue plus courante” (164).

plus grande” (166). L’éclatement des relations familiales normales, les pressions dues à l’isolement, la migration urbaine, la compétition intense à l’école et le chômage, la dépendance à l’égard des drogues ou de l’alcool ainsi que l’instabilité mentale ont été considérées comme la cause essentielle de suicide parmi les jeunes. Toutefois, il semble bien que les taux de suicides soit lié à la présence simultanée de plusieurs de ces facteurs (167). • Blessure intentionnelle. Tendances: 1) “...la violence sociale semble augmenter de manière dramatique... Les statistiques des homicides constituent une indication de l’étendue des actes de violence. Des informations en provenance des Etats-Unis sont particulièrement inquiétantes, montrant que 4 à 5 jeunes de moins de 18 ans sont assassinés chaque jour et que 3 ou 4 sont arrêtés pour meurtre”. 2) “Les adolescents sont deux fois plus exposés que les adultes aux agressions et dix fois plus que les per-

Il faut ajouter que “L’injection de drogues a entraîné le nouveau risque, mortel pour la santé, de la contamination par le HIV puis par le SIDA, du fait que les seringues sont prêtées par des personnes infectées” (165). • Comportement suicidaire. Les tendances sont les suivantes: 1) “...le taux de suicides semble augmenter chez les jeunes beaucoup plus que dans tous les autres groupes d’âge, ceci à l’échelle universelle, aussi bien dans les pays développés que dans les pays en développement”. 2) “Dans la plupart des pays, le suicide vient juste après les accidents comme la cause majeure de décès chez les jeunes”. 3) Les jeunes gens se suicident beaucoup plus souvent que les jeunes filles qui, toutefois tentent de se suicider avec une fréquence

sonnes âgées. Si ces statistiques sont particulièrement élevées, elles semblent refléter une tendance universelle en hausse» (168). • L’usage du tabac. Les tendances sont: 1) “L’usage du tabac par les jeunes est répandu dans toutes les parties du monde... et augmente dans les pays en voie de développement, particulièrement parmi les jeunes filles. 2) En même temps, des signes évidents montrent qu’il est en diminution dans les pays développés qui ont des programmes à long terme de contrôle de l’utilisation du tabac (169). 3) Des signes tangibles indiquent que “...en augmentant le prix des cigarettes de 10%, les gouvernements peuvent réduire la consommation du tabac d’environ 4% en moyenne. Pour les adolescents qui ont le plus à perdre de la consommation du tabac, le succès de cette stratégie est encore plus grand: une augmentation du 10% du coût des cigarettes réduit la consommation d’environ 10%” (170).

PRIX REEL DES CIGARETTES ET CONSOMMATION DE CIGARETTES CHEZ LES CANADIENS DE 15 A 19 ANS Indice des Prix (1979 = 100)

Pourcentage

280

50

240

40

200 30

160 120

20

80 10 40 0

1979

1981

1983

1985

Usage du tabac chez les adolescents: —•—

1987

1989

1991

1993

0

Prix du tabac: !

Tendances - Page 36


• Comportement alimentaire. Tendances: 1) “Dans beaucoup de pays parmi les plus pauvres du monde, la malnutrition est le résultat d’un manque d’accès aux aliments nutritifs, et non pas d’un régime alimentaire insuffisamment équilibré”. 2) L’alimentation a un effet profond sur la santé générale. Ainsi “La diminution du contenu en graisse, sucre et sel de bien des régimes alimentaires “modernes” aura... un impact majeur sur les maladies cardio-vasculaires, l’hypertension et le diabète” (171). 3) “Les préoccupations concernant l’obésité sont particulièrement aiguës à l’adolescence; ceci est démontré par le fait que, dans certains pays, l’anorexie et la boulimie nerveuses prévalent de manière croissante chez les jeunes filles” (172). • Deux remarques finales: 1) Un certain nombre de signes montrent l’interrelation des comportements à problèmes et leurs liens avec l’environnement social. Quelques exemples: liens entre le chômage parmi les jeunes et le stress, le chômage parmi les jeunes étant souvent cité comme un facteur important à l’origine de l’utilisation de drogues et de l’abus d’alcool, de la violence sous l’effet de l’alcool et de bien d’autres problèmes (173). 2) Besoin d’une approche intégrée. Une “constatation” faite par l’OMS “Alors que dans la plupart des pays, une pléthore de mesures législatives affectent la vie des jeunes par exemple: âge minimum pour le mariage, consommation d’alcool, achat de cigarettes, permis de conduire, âge du service militaire, conditions pour obtenir des moyens de contraception, interruption de grossesse, ou âge minimum

de fin de la scolarité - elles sont rarement prises en pensant d’abord à la santé des jeunes et deviennent souvent une source de conflits entre les jeunes et les autorités” (174). 7.5 LOISIRS DES JEUNES ET STYLE DE VIE Dans cette section nous examinerons quelques-unes des tendances qui ont été mentionnées au cours des dernières années comme faisant partie de la “culture des jeunes” visà-vis du reste de la société. • Conflit de génération? Un point de vue: “Le conflit avec les parents si souvent décrit dans les sociétés occidentales comme le “conflit de génération” est peut-être plus imaginaire que réel. Il est plus courant de trouver des jeunes et des parents qui partagent les mêmes valeurs fondamentales. Il est probable que les différences apparaissent en relation à des sujets plus éphémères... tels que la manière de s’habiller et le goût de la musique”. (175) • Les questions d’éthique concernant ce qu’est la vie humaine et la dignité humaine restent au premier plan des “problèmes de société” et sont dans bien des pays le sujet de débats passionnés. Les questions telles que: quel est le rôle de l’état et le rôle des individus dans ce domaine? Dans quelle mesure les décisions individuelles doivent-elles être réglementées par le droit? (Dans bien des pays des conflits entre deux tendances: “pro-life” (c’està-dire “pour la vie”) et “prochoice” (c’est-à-dire “pour le choix”). • On a beaucoup parlé d’une “révolution sexuelle” qui aurait commencé vers la fin des années ’60. Quels en sont les éléments essentiels? Il semble qu’il y en ait trois: la désacralisation de l’acte sexuel, la revendication du “plaisir pour tous” et l’utilisation de la

contraception. Cette dernière, qui permet de dissocier l’acte charnel de la procréation, a contribué dans une large mesure à une plus grande liberté des moeurs. Cependant, cette “révolution” touche de façon très diverse les différents pays et les différents milieux socio-culturels. Il est clair que la culture urbaine, avec son anonymat et son manque de contrainte, favorise des comportements plus libres, y compris dans les relations entre les sexes. • L’amour romantique revientil en force? On a émis l’hypothèse qu’avec l’apparition du SIDA, les comportements sexuels tendaient à évoluer vers “l'amourtendresse” plutôt que vers “l'amour-sexe”. Faute de données comparatives, il est impossible de se prononcer. Pour compliquer la situation, des enquêtes récentes ont montré que les jeunes interviewés avaient tendance à mélanger des concepts tels que “amour, désir, plaisir, tendresse, sexe, flirt, séduction, rencontre”, ce qui met en doute les résultats de telles études (176). • Dans beaucoup des pays industrialisés, il faut s’attendre à ce que les homosexuels revendiquent de plus en plus une reconnaissance de leurs droits en tant qu’individus et en tant que groupe organisé - d’autant plus qu’ils représentent une force économique non négligeable (177). • Les loisirs des jeunes. Selon des travaux de recherche, deux tendances majeures apparaissent: commercialisation accrue de la culture des jeunes et divertissements devenant plus passifs (178). Ces deux tendances de même que la pression du groupe produisent une tendance à la conformité, étant donné qu’elles façonnent l’image de ce qu’il faut faire, des choses à la mode, qui sont “in”. Les Tendances - Page 37


sociologues ont appelé “massification” cette tendance croissante à la passivité et à la conformité. Il faut remarquer, cependant, que plusieurs études à l’échelon national indiquent que la pratique des sports et de la musique sont les loisirs favoris des jeunes. • La société de consommation. Bien des tendances mentionnées ci-dessus apparaissent dans le contexte de ce qui a été appelé “la société de consommation”. Nous avons déjà attiré l’attention du lecteur sur le défi qu’elle représente pour les jeunes: pour ceux du Nord nanti (passivité et manque de créativité) et pour ceux du Sud qui est pauvre (modèles de comportement qui ne correspondent pas aux capacités des pays à les satisfaire, créant ainsi frustration et ressentiment). Deux remarques finales. Premièrement, comme nous l’avons déjà mentionné, il est impossible de tracer une ligne séparant clairement les jeunes du reste de la société. La plupart des tendances indiquées cidessus se retrouvent dans la société toute entière et influencent à des degrés divers les attitudes et le comportement des jeunes. Deuxièmement, aucune assurance ne peut être donnée que certaines de ces tendances ont un impact universel: il est du ressort de chaque pays d’examiner si oui ou non - et dans quelle mesure - elles influencent la société. 7.6 QUELQUES PISTES DE RECHERCHE Tout d’abord, il est important de faire une remarque générale sur le processus d’acquisition des valeurs. Des études de psychologie sociale ont montré qu’on ne peut pas “apprendre” les valeurs aux jeunes. Il faut les vivre avec eux. Cet apprentissage entrepris ensemble par des adultes engagés et des jeunes aide ceux-ci à vivre une aventure et

à transformer leurs rêves en réalités. “Les chercheurs en sciences sociales sont convaincus que le développement des adolescents se fait dans de meilleures conditions, quand ceuxci sont engagés dans des activités, des responsabilités en dehors de chez eux et qui les mettent en contact avec d’autres adultes que leurs parents” (179). Voilà un domaine où la pédagogie scoute rejoint les études sur l’importance de la participation des jeunes et qui mériterait d’être approfondi (180). • A ce sujet, on ne soulignera jamais assez l’importance du rôle des ONG d e t o u t e s s o r t e s e t particulièrement des organisations de base. Elles jouent un rôle très important dans l’effort pour associer les jeunes et les impliquer dans le processus de prise de décision dans leurs communautés. Cela s’est avéré essentiel dans des domaines aussi variés que la prise de conscience des problèmes de l’environnement, la participation à la communauté et l’éducation au développement. On peut se demander si ce rôle a été pleinement reconnu. Les ONG en général reconnaissent leurs devoirs envers la communauté mais elles ont besoin de l’aide de la communauté pour agir avec succès!

• Le problème du SIDA est mondial a l o r s q u e l e s efforts de recherche sont entrepris sur le plan national. O n p e u t légitimement se demander pourquoi. La compétition commerciale, règle d’or du système économique en place, fait que chaque pays veut “garder le marché”. Face à la gravité et à l’urgence du problème, cette attitude est-elle acceptable? Ne devrait-on pas promouvoir un “pool” de connaissances et de ressources?

• On a affirmé clairement qu’ “une grande partie de la charge consistant à promouvoir un comportement qui améliore la santé est du ressort des adolescents ou des jeunes eux-mêmes, qui doivent de plus en plus prendre des décisions qui engagent leur éducation, leur vie professionnelle et personnelle décisions qui conditionnent leur santé maintenant et plus tard - et agir en conséquence” (181). D’où la nécessité d’aider les jeunes à faire des choix éthiques, et de faire le lien entre des comportements actuels et leurs conséquences à long terme sur la santé. Tendances - Page 38


QUESTIONS CONCERNANT LA SECTION 7

• Comment les mouvements de jeunesse peuvent-ils aider les adolescents dans leur passage à l’âge adulte? Quels sont les aptitudes pour la vie qui sont nécessaires de nos jours?

• Les jeunes recherchent un sens à la vie: sens du bonheur, du moi, des autres, de la vie en société, de l’engagement politique ou civique, de l’Absolu. Comment le Scoutisme peut-il les aider dans leur quête du sens?

• Beaucoup de jeunes recherchent un engagement social qui donne à leur vie un sens de service à la communauté. Le Scoutisme, tel qu’il est vécu dans les associations Scoutes, peut-il offrir un terrain concret d’engagement pour développer l’esprit de service des jeunes?

• Concernant les questions de santé, il a été dit que “Le comportement des adolescents donne le modèle pour la vie d’adulte”. Quel type de modèles les responsables Scouts devraient-ils présenter dans leurs groupes concernant la boisson, les comportements alimentaires, le tabac, etc.?

• Dans beaucoup de pays, la violence fait partie de la vie quotidienne: violence dans les villes, dans les écoles, etc. Qu’est-ce que le Scoutisme peut offrir dans ce domaine? aux jeunes? à la communauté?

• Voici la réflexion d’un jeune dans une table ronde: «Les sociologues disaient qu’on s’acheminait vers une société de loisirs, mais nous avons aujourd’hui une société de l’angoisse». Que répondriez- vous à ce jeune? Le Scoutisme a-t-il quelque chose à lui offrir?

N.B. Vous trouverez à la fin du document, dans la section intitulée “Interrogations et enjeux pour le Scoutisme”, d’autres questions générales concernant le rôle et la place du Mouvement dans l’évolution de la société.

Tendances - Page 39


8. MASS-MEDIA ET COMMUNICATION: IMPACT SUR LES JEUNES

8.1 AMPLEUR ET IMPORTANCE DU PHENOMENE

8.2 MASS-MEDIA ET SOCIETE: QUELQUES QUESTIONS PERTINENTES

S’il y a un changement qui caractérise le progrès, le culte de la performance et de la vitesse qui sont des élémentsclé pour comprendre notre époque, il s’opère devant nos yeux dans le secteur des communications. Comme le constate Ignacio Ramonet: “...le monde semble saisi par une “angoisse de l’information” sous l’effet de ces milliers de réseaux informatiques qui transportent, en temps réel, des millions de données et de statistiques en provenance de tous les coins du monde et qui interconnectent le téléphone et l’ordinateur, l’écran de télévision, les imprimantes et les télécopieurs” (182).

Dans le vaste ensemble que constituent les rapports entre les mass-media et la société, un certain nombre de questions ont été soulevées. Sans aucune prétention à l’exhaustivité, en voici quelques unes:

Et cette influence touche le monde entier: “Dans le monde, dans les pays développés comme dans les pays en développement, les mass-media exercent une influence de plus en plus importante sur les attitudes et le comportement des gens. Avec les progrès récents des télécommunications, les médias sont devenus encore plus pénétrants, de sorte qu’aucun coin du monde n’est épargné” (183). L’impact des mass-média est tellement puissant que même les agences des Nations Unies se sont rendues compte de l’utilisation qu’elles pouvaient faire des stars de cinéma comme «Ambassadeurs de Bonne Volonté», attirant ainsi l’attention du public sur les conditions de vie dramatiques dans les régions de notre planète qui traversent des situations difficiles. Bien des documents de recherche et des articles mettent l’accent sur la nécessité pour l’opinion publique d’examiner avec un oeil critique les liens entre les entreprises transnationales dans différents domaines, y compris le contrôle des mass-media. Il est clair que “les empires des multi-média” liés aux intérêts industriels et commerciaux ne sont pas neutres et que leur influence pourra être soit très positive ou très négative, compte tenu de leur énorme pouvoir (184).

• La télévision est-elle un facteur d’intelligibilité du monde? Oui dans la mesure où elle fournit des informations, mais la télévision ne donne pas un “ordonnancement du monde, une vue organisée et structurée” (185). Or, les spécialistes de la communication constatent que nous vivons une époque surinformée mais souvent désorientée. Pour pallier à cet inconvénient, on a mentionné la complémentarité nécessaire entre les journaux télévisés et les magazines d’information, qui reprennent les événements en les replaçant dans un cadre plus global et plus structuré. On a aussi évoqué le rôle de l’école, des organisations de jeunes et des ONG en général pour aider le public à “digérer” l’information (Voir aussi section 8.4). • Télévision et émotion du public. Les images présentées par les massmedia, et très particulièrement par la télévision, peuvent susciter une énorme émotion dans l’opinion publique. Cette émotion (approbation ou indignation face aux images qui dépeignent une situation) constitue une force énorme, qui peut aller dans le bon ou dans le mauvais sens. Ce pouvoir énorme, tombé dans des mains sans scrupule ou manipulé dans un but exclusivement commercial, risque de faire des ravages considérables. L’exploitation de cette émotion n’apparaît nulle part aussi clairement que dans les “reality shows” (appelés dans certains pays “télévérité”), qui se répandent , sous des titres divers, à travers tous les continents, sur presque toutes les chaînes. Les producteurs invoquent le droit à l’information et un service Tendances - Page 40


social du public, mais en réalité il s’agit plutôt d’un spectacle. Les “reality shows” déforment les faits afin de les présenter d’une façon dramatique. Aux Etats-Unis on a estimé que “...50% des émissions dramatiques présentées aux heures de forte audience étaient des dramatisations inspirées de la vie réelle qui ont fait les gros titres de la presse” (186). Les spécialistes de la communication font remarquer qu’“on fait de la marchandise des relations familiales” et que ces “reality shows” “...dérivent du narcissisme et du nombrilisme... car on ne s'intéresse jamais à ce qui se passe autour des gens”. N’empêche qu’ils sont populaires et que le “rating” produit des recettes commerciales non négligeables... • Télévision: facteur d’enrichissement ou d’appauvrissement culturel? Les opinions à ce sujet sont très partagées et il serait probablement injuste de répondre par un oui ou un non. Les spécialistes font remarquer que l’ancienne querelle entre télévision publique et télévision privée semble aujourd’hui dépassée, car dans la plupart des pays on en est arrivé à la conclusion que le pluralisme était la réponse appropriée. Cependant, lorsqu’il y a plusieurs chaînes et que la concurrence pour le taux d’audience se fait plus forte entre elles, on peut légitimement se demander si la multiplication des chaînes ne conduit pas à la standardisation des contenus, donc à leur appauvrissement du point de vue culturel? Il va de soi qu’une telle question ne saurait être tranchée dans le cadre d’un document global comme celui-ci et doit trouver sa réponse au niveau de chaque pays. • Comportement du téléspectateur. La même question peut être examinée du point de vue du téléspectateur. Différentes études menées dans les pays industrialisés ont montré que l’apparition de la

télécommande a donné lieu à un nouveau type de spectateur: celui qui ne regarde pas un programme ou un autre mais qui “zappe”(187). Il est clair que cette pratique constitue aussi un facteur d’appauvrissement culturel qui, cette fois-ci, échappe complètement à l’émetteur! Plusieurs explications ont été proposées: on a constaté que la “durée de vie d’une information est beaucoup plus courte qu’auparavant...” (188); on a également constaté que la capacité de concentrer l’attention des enfants sur un sujet donné est plus courte qu’avant et que dans certains cas elle ne dépasse pas cinq minutes (la durée d’un clip vidéo), les deux phénomènes étant probablement liés. Pour cette raison, on a parlé de la “génération du regard, de l’instant, de l’émotion” (189). • Media et colonialisme culturel. A travers les satellites du Nord, avec leurs possibilités techniques, la télévision des pays industrialisés pénètre dans les pays en développement. Des modes de vie qui le plus souvent ne correspondent en rien à la réalité des pays en développement se répandent à une échelle mondiale. Citons par exemple la présentation de modèles de consommation incompatibles avec les besoins de développement qui font naître des attentes impossibles à satisfaire et sont la source d’une frustration croissante, en particulier chez les jeunes (190).

que les plus âgés (16-18 ans) (191). Lorsqu’il atteint 18 ans, un jeune a passé près de deux ans de sa vie devant l’écran. Ceci représente 17.000 heures à regarder la télévision contre 11.000 à l’école et 1.160 heures au cinéma (192). Même si ces statistiques ne peuvent être extrapolées, elles reflètent une tendance applicable dans une certaine mesure à bien des pays industrialisés: les jeunes passent plus de temps devant la télévision que dans la salle de classe. • Quelles sont les valeurs véhiculées par la télévision? Il est difficile de répondre de manière globale mais on dispose de quelques indications: -

“Boire de l’alcool est considéré comme une manière de paraître adulte, image encouragée par l’exemple de membres plus âgés de la famille et des idoles des media” (193).

-

“Les héros des jeunes viennent généralement du monde du spectacle et des sports. Ils sont vus et entendus dans le monde entier, à travers les barrières des langues et des cultures. Si beaucoup d’idoles populaires donnent un bon exemple pour les jeunes, ceux qui utilisent de la drogue bénéficient eux aussi d’une large publicité” (194).

-

“La publicité est un aspect très important des media. Il y a beaucoup d’exemples d’intérêts commerciaux qui font la promotion de produits nuisibles pour la santé, en particulier le tabac et l’alcool, en exploitant parfois de manière contestable un mode de vie faussement attrayant” (195).

-

“De plus, les mêmes produits nuisibles à la santé font souvent l’objet de promotions par le parrainage d’événements sportifs et culturels. Les media

8.3 IMPACT SUR LES JEUNES • La télévision chez les adolescents. Les statistiques aux EtatsUnis donnent l’image suivante: “Les jeunes de 13 à 18 ans regardent la télévision en moyenne pendant 3,1 heures chaque jour de la semaine, et 5,9 heures pendant le week-end; les jeunes adolescents (13-15 ans) regardent davantage la télévision

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peuvent aussi favoriser un comportement risqué et nuisible pour la santé en exploitant les rêves des jeunes et en glorifiant la violence et la sexualité irresponsable” (196). • Il faut aussi souligner que la multiplication de jeux et concours à la télévision, parfois avec des sommes importantes à la clé, peut renforcer la tendance croissante à s’adonner aux jeux de hasard dans la société en général et l’attrait de l’argent facile (voir section 7.5). • Toutefois, les mass-media et particulièrement la télévision peuvent aussi être des instruments positifs pour l’éducation des jeunes. Quelques exemples: -

-

Les jeunes ont besoin de modèles positifs. “Des personnages publics en vue, qu’ils viennent du monde des sports, de la politique, de la religion ou de l’art ont un impact non négligeable sur l’attitude des jeunes et leur comportement... Les media sérieux peuvent renforcer l’image positive de tels individus” (197). Par des programmes éducatifs présentés de manière attrayante et un partenariat réel et efficace entre les média et d’autres secteurs de la société: les professionnels de la santé, les responsables de jeunes, les ONG, les organisations communautaires de base, ils peuvent promouvoir les valeurs positives, la responsabilité des citoyens, l’harmonie entre les communautés et la solidarité avec le reste du monde.

Ils ont été présentés par le futurologue Alvin Toffler dans son dernier livre “Les Nouveaux Pouvoirs”, fondé sur une hypothèse: “l’édification d’un nouveau système de pouvoir, lequel est en voie de remplacer celui du passé industriel” (198). Il s’agit d’un “système de création de la richesse totalement inédit, fondé principalement sur le savoir et la communication, qui établit de véritables forteresses de pouvoir un peu partout dans le monde” (199). Bien au-delà de l’enjeu du pouvoir, Toffler nous présente une “...image globale de la civilisation nouvelle qui étend sa présence à l’échelle planétaire” (200). C’est dans ce contexte qu’il faut inscrire l’examen des pistes de recherche sur des sujets aussi divers que la transformation de la civilisation industrielle, la révolution électronique, les techniques de l’information, la biotechnologie, ainsi que les mutations en cours dans la politique, l’art militaire et les relations internationales. Comprendre cet “univers culturel” où le concept même de “réalité” change, grâce aux images de synthèse qui créent de toutes pièces une “réalité virtuelle” - est un enjeu de taille pour les éducateurs à l’aube du 21e siècle (201). Et ses répercussions sur le domaine de l’éducation formelle seront tout aussi importantes et significatives (202).

8.4 QUELQUES PISTES DE RECHERCHE La “ société globale de l’information” chère à McLuhan est déjà parmi nous. Certains la regardent avec enthousiasme, d’autres avec inquiétude. N’empêche qu’elle est une réalité sociale qui s’impose, d’où la nécessité d’explorer à fond ses possibilités et ses dangers.

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QUESTIONS CONCERNANT LA SECTION 8

• Les effets puissants des mass-media en général et de la télévision en particulier ont soulevé nombre d’inquiétudes. Sommes-nous toujours conscients de leur impact? Évaluons-nous leurs possibilités et leurs dangers de manière objective?

• Le droit à l’information honnête, non biaisée, non truquée, passe par la prise de conscience des citoyens: Que peut-on faire pour la promouvoir? Quel est le rôle de l’école, du monde associatif en général, du Scoutisme en particulier, dans le développement de la capacité de jugement et de décision autonomes des jeunes?

• La radio et surtout la télévision, peuvent devenir un chemin vers la connaissance et l’épanouissement. Elles peuvent aussi devenir un facteur d’aliénation. Comment apprendre aux jeunes à choisir intelligemment?

• La télévision et les jeux interactifs, coupent-ils le dialogue entre parents et enfants ou peuvent-ils servir à l’amorcer? A quelles conditions?

• On a accusé la télévision de renforcer la passivité et le conformisme des jeunes. Est-ce exact? Si oui, que peut-on faire pour proposer aux jeunes des loisirs actifs et intelligents? • Nous sommes tous placés aujourd’hui devant une publicité envahissante qui incite à la consommation sans retenue: Comment éduquer les jeunes pour qu’ils soient capables de résister au piège de la publicité?

• Aider les jeunes à avoir le contrôle de l’innovation technique, c’est les aider à progresser vers plus d’autonomie et d’estime de soi-même. Que peut faire le Scoutisme pour favoriser l’initiation aux techniques modernes de traitement de l’information?

N.B. Vous trouverez à la fin du document, dans la section intitulée “Interrogations et enjeux pour le Scoutisme”, d’autres questions générales concernant le rôle et la place du Mouvement dans l’évolution de la société.

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TROISIEME PARTIE: QUESTIONS RELATIVES AUX FEMMES 9. QUESTIONS RELATIVES AUX FEMMES

9.1 INTRODUCTION La plupart des livres qui traitent du futur contiennent un chapitre sur les femmes. Chez Naisbitt, il a un titre éloquent : “Les années ‘90: la décennie des femmes aux commandes” (203). C’est encore plus éloquent chez Thierry Gaudin qui parle du “siècle de la femme” (204), et dans le livre “Future vision” qui situe la femme comme la première “force d’influence pour le changement” aux Etats-Unis dans les années ‘90 (205). Comme nous l’avons vu tout au long de ces pages, les femmes jouent un rôle capital dans chacun des domaines abordés dans ce document, que ce soit en matière de population, de famille, d’éducation, et ainsi de suite. Cependant, étant donné les problèmes spécifiques auxquels elles ont à faire face et la discrimination ou la marginalisation dont elles sont très souvent l’objet, dans le monde industrialisé ou dans les pays en développement, il nous a paru plus approprié d’aborder cet ensemble dans une section distincte du document, ce qui nous permet de donner plus de cohérence à la présentation et d’éviter des répétitions inutiles. 9.2 LES FEMMES ET L'EDUCATION FORMELLE Le “Rapport Mondial sur l’Éducation 1991” publié par l’UNESCO présente un tableau de la situation. Voici les tendances principales: • “les filles représentent la majorité de la population mondiale des jeunes non scolarisés...” • “dans la plupart des régions, le taux de scolarisation des filles est inférieur à celui des garçons dans tous les degrés de l’enseignement...” • Cependant, “au cours des deux dernières décennies, l’écart entre

le taux de scolarisation des filles et celui des garçons dans l’enseignement du premier degré s’est considérablement réduit en Afrique subsaharienne, dans les Etats arabes et en Asie du Sud”. Nuance importante: “au niveau des deuxième et troisième degrés, le redressement n’a pas été aussi marqué; toutefois, le taux de scolarisation des filles par rapport à celui des garçons s’est amélioré dans presque toutes les régions, et en particulier dans l’enseignement du troisième degré en Amérique Latine et dans les Caraïbes, en Amérique du Nord, en Europe et en URSS” • “Dans les familles pauvres des p a y s p a u v r e s , l e s garçons bénéficient souvent en priorité des possibilités... qui existent en matière d’éducation...” • “...le taux d’abandon scolaire dans l’enseignement primaire est plus élevé chez les filles que chez les garçons dans la majorité des pays d’Afrique et d’Asie pour l e s q u e l s les données sont disponibles...” • Le rapport tire trois conclusions importantes, qu’il convient de souligner: 1) “A l’échelle mondiale, l’égalité des chances des filles en matière d’éducation est de moins en moins une question d’accès à une forme quelconque d’éducation que d’accès à des possibilités semblables à celles qui sont offertes aux garçons”. 2) “Dans la majorité des pays en développement, les filles ont bien moins de possibilités que les garçons de poursuivre leurs études au-delà du premier degré de l’enseignement formel pour accéder au deuxième et au Tendances - Page 44


troisième degrés, encore que des pays d’Amérique latine et des Caraïbes tendent à faire exception”.

Voici quelques constatations tirées de cette étude:

généralement les échelons les plus bas de l’échelle de l’emploi” (209). Cependant, dans la plupart des pays (industriels) “la proportion des femmes dans l’ensemble du personnel de gestion et d’administration progresse plus rapidement que leur proportion dans l’effectif total occupé, surtout au Canada, aux Etats-Unis et en Suède”. “Un nombre grandissant de femmes fondent leur propre société (elles possèdent le quart des entreprises des Etats-Unis), mais “...habituellement elles n’accèdent pas aux postes les plus élevés des grandes sociétés” (210).

• “...la proportion des femmes qui travaillent et sont “économiquement actives”, varie considérablement d’une région et d’un pays à l’autre”. Le tableau suivant montre bien ces différences à partir de l’exemple de quelques pays (207):

3) “Dans la plupart des pays développés, les écarts quantitatifs sensibles entre filles et garçons portent essentiellement aujourd’hui sur les problèmes d’insertion sociale et le rapport entre le type d’enseignement reçu et les différences fondées sur le sexe qui existent en matière de possibilité d’emploi” (206).

• Aujourd’hui, dans les pays industrialisés, les femmes ont accès à pratiquement toutes les carrières (même l’armée et la police, pilotes d’avion, etc.). Selon les statistiques, “environ 75% des travailleuses sont occupées dans le secteur des services, 15 à 20% dans l’industrie et 5% dans l’agriculture” (208).

9.3 LES FEMMES ET LE TRAVAIL Le rapport “Le travail dans le monde 1992” consacre une attention particulière à la situation des femmes par rapport au travail et il n’hésite pas à les décrire comme “...le groupe de personnes défavorisées le plus nombreux dans le monde...”.

Celles qui travaillent dans l’industrie manufacturière se concentrent généralement dans les secteurs dits “féminins” (habillement, chaussures, textiles, etc.) et “...occupent

• Dans l’Europe orientale et l’exURSS, c e s d e u x g r a n d e s tendances se manifestent aussi: taux élevé d’activité des femmes depuis plusieurs décennies et très faible accès aux postes de direction les plus élevés.

Taux d'activité économique des femmes, 1990

Norvège 1990 Etats-Unis (1989)

Bulgarie (1985) Ex-Union soviétique (1989)

Algérie (1987) Zimbabwe (1987)

Pakistan (1990) Philippines (1990)

Chile (1990) El Salvador (1990) 0

20

60 40 % des femmes actives de plus de 15 ans

80

100

Source: Recensements/enquêtes Dans les pays industriels, la plupart des femmes exercent une activité. Dans les pays en développement, une forte proportion de la main-d'oeuvre travaille dans l'agriculture et, selon le contexte culturel et social, le travail agricole des femmes est considéré ou non comme une activité économique.

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• Dans les pays en développement “...les femmes forment une proportion plus faible de la main d’oeuvre officielle (31%) que dans les pays industriels (40%). Mais beaucoup de femmes travaillent dans le secteur non structuré et n’apparaissent donc pas dans les statistiques... leur nombre a augmenté au cours des périodes de récession et d’ajustement structurel. A mesure que les hommes ont perdu leur emploi dans le secteur structuré, les femmes ont été obligées de chercher du travail dans le secteur non structuré pour maintenir le niveau de vie de la famille...” (211).

l’électronique, l’industrie alimentaire, le textile et la chaussure” (212). “Les taux les plus bas se trouvent dans les pays arabes... où des obstacles sociaux, culturels et parfois légaux considérables s’opposent au travail des femmes en dehors de chez elles” (213). • Les femmes qui travaillent cumulent parfois, selon les pays, des difficultés et des désavantages nombreux. Des exemples parmi d’autres, dans les pays industrialisés:

“Dans certains pays d’Afrique, les femmes contribuent pour 80% à la production alimentaire”. Dans certains pays d’Asie du Sud-Est, elles ont été “...confinées le plus souvent dans des travaux répétitifs à la chaîne dans des industries comme

-

“...les emplois qu’elles occupent sont souvent à temps partiel, précaires et mal payés”.

-

dans certains pays, elles sont “...souvent privées d’avantages comme le congé maternité et de possibilités d’avancement”.

-

“dans les pays industriels, le taux de chômage des femmes... est sensiblement plus élevé que

celui des hommes...” -

et “...elles ne gagnent toujours que de 50 à 80% du salaire des hommes...” (214).

• Dans les pays en développement “...les femmes gagnent également moins que les hommes, bien que les différences soient moins importantes dans le secteur public que dans le secteur privé”. Cependant, dans beaucoup de pays, “...que ce soit dans le secteur agricole ou dans les villes (elles) se sont généralement arrangées pour concilier travail et responsabilités familiales” (215).Un exemple: en Afrique Occidentale, les femmes prédominent dans des emplois tels que marchande dans les marchés ou dans les rues... • Le “double fardeau”. Comme le montre clairement le tableau cidessous, “si l’on tient compte du travail domestique, les femmes ont une journée de travail

Durée du travail des hommes et des femmes (y compris le travail domestique) 1990

Amérique du Nord/Australie

Japon

Europe Occidentale Femmes Hommes

Europe orientale et Ex-URSS

Afrique

Amérique latine et Caraïbes

Asie 0

10

20

40 30 50 Heures de travail par semaine

60

70

80

Source: The World's Women 1970-1990, Nations Unies Si on tient compte du travail ménager, les femmes ont une journée de travail beaucoup plus longue que les hommes dans la plupart des pays du monde.

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beaucoup plus longue que celle des hommes dans la plupart des pays du monde” (216). A la racine du problème se trouve une tradition culturelle fortement ancrée dans de nombreux pays, aussi bien dans le monde industrialisé que dans le monde en développement: la femme a en charge non seulement le processus biologique de reproduction mais aussi ce qu’on a appelé “la reproduction sociale de la famille” (travaux ménagers, préparation des repas, la responsabilité de l’éducation des enfants, etc.). Pourtant, “...les hommes ne sont pas physiquement inaptes à ces tâches, mais ils semblent se rendre inaptes culturellement...”, ce qui est démontré dans l’étude avec des exemples aussi variés que les pays nordiques, la Pologne et le Japon (217). Résumé: du point de vue du travail, les femmes cumulent un certain nombre de désavantages, selon les pays et les époques historiques: exclusion de certains emplois, traitement de faveur des hommes en matière d’avancement, inégalité des rémunérations pour un travail de valeur égale, “double fardeau” qui consiste à cumuler le travail à l’extérieur et les tâches ménagères, et ainsi de suite. La communauté internationale a été progressivement sensibilisée à l’ensemble de ces problèmes (voir cidessous, section 9.4). Au niveau national, beaucoup de pays ont adopté des mesures mettant fin aux formes de discrimination les plus criantes. On a même suggéré dans certains cas le principe d’une “discrimination positive” en faveur des femmes, en leur réservant des “quotas” pour certains emplois ou dans certains secteurs, ce qui a suscité de vives controverses dans certains pays.

9.4 LE STATUT DES FEMMES: DES PROGRES INCONTESTABLES La bataille pour l’égalité des femmes, la reconnaissance de leur statut à tous les niveaux et leur participation à part entière au sein de la société a été menée depuis plusieurs décennies, sur plusieurs fronts: la reconnaissance de droits politiques, de droits civiques, des questions qui concernent le droit de la famille (autorité du mari sur la femme, domicile, responsabilité parentale, garde des enfants, mariage coutumier, dissolution du mariage, protection de la maternité, etc.), des questions qui concernent le droit au travail (voir section 9.3 ci-dessus) (218). La communauté internationale a joué un rôle important dans la promotion du statut des femmes dans trois domaines principaux, en fournissant un cadre légal qui a soulevé la visibilité de la question et en donnant une impulsion au processus. Ainsi: -

...les “droits égaux entre les hommes et les femmes étaient déjà inscrits dans le Préambule de la Charte des Nations Unies..., établissant, pour la première fois dans l'histoire, l’égalité des sexes comme un droit fondamental” (219).

-

Les Nations Unies ont déclaré 1975 “Année Internationale des Femmes” et convoqué une conférence mondiale sur le sujet. A la suite de cette Conférence, les Nations Unies ont proclamé 19761985 “Décennie des Nations Unies pour les Femmes: Egalité, Développement et Paix”.

-

Deux organismes des Nations Unies voués exclusivement aux femmes ont été créés au commencement de la décennie: UNIFEM (Fond de Développement des Nations Unies pour les Femmes) et INSTRAW (Institut International de Recherche et de Formation pour le Progrès des Femmes).

-

En 1979, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté la “Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination contre les femmes” ratifiée par plus de 100 nations et entrée en vigueur en 1981.

-

En 1985, la “Conférence mondiale pour examiner et évaluer les résultats de la Décennie des Nations Unies pour les Femmes” a eu lieu à Nairobi, Kenya. Les délégués présents ont adopté par consensus le document appelé “Déclaration de Nairobi sur les stratégies pour le Progrès des Femmes jusqu’à l’an 2000”, actuellement mis en pratique avec des résultats très inégaux (220).

• Des mouvements internationaux de femmes ayant pour objectif le progrès de la cause des femmes (comme l’AMGE) ont eu un impact important dans leurs domaines d’intervention. • De nombreuses initiatives contenues dans ces instruments juridiques ont trouvé leur écho au niveau national, dans la législation des différents pays. Cependant, il faut reconnaître que le passage de la formulation légale à la pratique rencontre des obstacles nombreux et variés et demande une attitude de vigilance quotidienne. 9.5 LE STATUT DES FEMMES: DES DEFIS A SURMONTER • Du point de vue politique, les femmes ont gagné dans la plupart des pays la bataille pour obtenir le droit de vote. Il faut rappeler qu’au lendemain de la Deuxième Guerre Mondiale, seulement 31 pays leur accordaient ce droit! (221). Cependant, les obstacles de facto concernant leur participation politique et l’accès aux mécanismes de prises de décisions demeurent nombreux. • Les aspects concernant l’éducation formelle et le travail ont été examinés dans les sections 9.2 et 9.3 (voir ci-dessus) Tendances - Page 47


• “L’image de la femme reflétée dans la plupart des médias reste encore et toujours celle de l’attrait du corps féminin, et elle associe dans le meilleur des cas le rôle de la femme à celui de la compagne de l’homme” (222). • La violence contre les femmes, que ce soit sous forme de viol, de harcèlement sexuel, de prostitution forcée, d’importation de femmes des pays en développement vers les pays industrialisés sous le couvert “des activités plus que douteuses de certaines agences matrimoniales...” (223), de la diffusion de toutes sortes de films et de revues pornographiques, est présente presque partout dans le monde et a même tendance à augmenter dans certains pays. 9.6 QUELQUES PISTES DE RECHERCHE • Tout semble indiquer que pour trouver des solutions, il faut regarder la situation du point de vue global, comme une redéfinition des rôles sociaux de l’homme et de la femme. Sans la sensibilisation et l’engagement des hommes tout progrès sera très lent et difficile à obtenir car la marginalisation des femmes est liée aux valeurs véhiculées par la société toute entière. • Si les femmes ont réalisé des progrès remarquables pendant les dernières décennies dans le domaine juridique et social, il leur reste encore à surmonter un lourd handicap: celui du changement des mentalités. La disparition des préjugés et stéréotypes “...ne pourra être le fruit d’une quelconque modification des lois, mais bien d’une lente transformation des mentalités” (224). Voilà une tâche d’éducation qui représente un défi passionnant à l’aube du 21e siècle! • Nous avons vu dans la section 6.3 qu’une des tendances pour sur-

monter la crise structurelle du chômage dans le monde occidental était de “considérer comme travail et donc de rémunérer tout ce qui conduit vers la satisfaction des besoins sociaux”. On a aussi constaté qu’en général le salaire des femmes est inférieur à celui des hommes, ce qui les conduit à avoir des retraites plus maigres. Dans ce contexte, ne faut-il pas considérer que le statut de femme au foyer contribue à satisfaire un besoin social important: l’éducation des enfants? Si tel est le cas, pourquoi ne pas le considérer, le valoriser et, donc, le rétribuer? • Le XXe siècle a vu des femmes lauréates du Prix Nobel, des Présidents et des Premiers Ministres. Il les a vu triompher dans des domaines aussi variés que la physique et la chimie, les arts et les lettres, la philosophie, l’éducation, la littérature et le cinéma, sans parler de l’économie, du journalisme et même en 1963 de la première femme cosmonaute... Il est clair que chacun de ces succès constitue “autant de victoires sur des préjugés immémoriaux” (225). Ces succès constituent aussi un encouragement pour toutes les autres femmes du monde. Cependant, on peut se demander, si ces succès ne sont pas, d’une certaine façon, “l’arbre qui cache la forêt”. Il est grand temps de concentrer l’attention sur les femmes les plus défavorisées: celles des pays en développement, les femmes en milieu rural, celles qui vivent dans des situations d’extrême pauvreté, qui travaillent dans le secteur informel de l’économie, les femmes appartenant à des minorités nationales ou ethniques, et ainsi de suite. Si un progrès décisif doit s’opérer dans les prochaines années, au niveau global, c’est de ce côté-là qu’il faudrait regarder! (226).

• Vers une réorientation de la culture? Quelques futurologues ont inventé un jeu de mots pour caractériser le changement culturel de notre époque. Ils soutiennent que la culture actuelle et sa projection dans l’avenir est “hyper-expansionniste” et peut par conséquent être représentée par l’acronyme HE tandis que la nouvelle culture qui émerge sera caractérisée par “... un changement radical de direction qui impliquera la décentralisation, la préoccupation écologique et des relations humaines chaleureuses à l’échelle globale (ce qui donne en anglais s pour “sane”, h pour “human” et e pour “ecological”) et qui peut donc être représentée par l’acronyme SHE” (227). Si on accepte cette hypothèse, la réorientation culturelle se ferait donc au détriment des valeurs dites “masculines” et vers la prééminence des valeurs dites “féminines”. Affaire à suivre!

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QUESTIONS CONCERNANT LA SECTION 9

Nous avons vu tout au long de cette section combien le chemin vers un partenariat équilibré hommefemme est long et difficile et combien il implique un effort d’éducation de longue haleine. Dans ce contexte:

• Quels sont les défis que cette situation présente pour le Scoutisme au niveau mondial et pour le Scoutisme dans chaque pays? Dans chaque association nationale?

• Quel en est l’impact sur la conception et la mise en oeuvre de nos programmes?

• Comment vivre ce partenariat équilibré hommefemme: - au niveau de la base: dans les unités, dans les groupes? - au niveau intermédiaire: districts, départements, régions? - au niveau national? - aux niveaux régional et mondial?

N.B. Vous trouverez à la fin du document, dans la section intitulée “Interrogations et enjeux pour le Scoutisme”, d’autres questions générales concernant le rôle et la place du Mouvement dans l’évolution de la société.

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QUATRIEME PARTIE: CONCLUSIONS ET ENJEUX 10. CONCLUSIONS

Nous arrivons au terme de cette présentation sur les tendances qui peuvent avoir une influence sur les jeunes dans le monde d’aujourd’hui. Voici quelques éléments de réflexion pour conclure.

scout. C ’ e s t à t r a v e r s c e programme vécu au jour le jour dans les unités scoutes à travers le monde entier que l’esprit du Scoutisme devient réalité pour un jeune d’aujourd’hui.

• Comme on le soulignait déjà dans l’Introduction, la plupart des problèmes sont planétaires. Qu’il s’agisse des difficultés de la conjoncture économique, du prix du pétrole, des migrations, des problèmes de sécurité, du SIDA, de la drogue, des images véhiculées par les mass-media... la liste peut paraître interminable. On ne peut plus les considérer comme des problèmes “nationaux” ou “régionaux”, même s’ils risquent d’avoir plus d’impact sur un pays que sur un autre à un moment donné.

Le programme scout doit donc apporter en même temps une réponse aux besoins de la société et aux besoins et attentes des jeunes... Ceux-ci changent d’un pays à l’autre, mais à la racine il y a le même besoin d’autonomie, d’être capable de se prendre en charge, de devenir artisans de leur propre développement. Un jeune a besoin de découvrir le monde, de se découvrir lui-même, de tester ses potentialités. Il a besoin d’avoir accès à la connaissance et à la compétence, de comprendre le monde réel: ce que font ses parents, comment fonctionne vraiment la société. Il a besoin d’accéder progressivement à un rôle actif dans la vie sociale et à travers ce rôle à un statut, une place dans la société.

Ceci, cependant, ne nous dispense pas de faire l’effort nécessaire à leur solution, car les solutions se trouvent à tous les niveaux: local, national, régional et mondial. Dans ce domaine, c’est la devise de l’écologiste français René Dubos qui peut nous inspirer “Penser globalement, agir localement”. • Si nous voulons “changer le monde”, nous devons adopter une perspective et une démarche volontaristes. Comme l’indiquait Gaston Berger: “Demain n’est plus à attendre mais à inventer” (228). Et comme le souligne le futurologue Willis W. Harman: “La forme de l’avenir sort de notre perception des problèmes d’aujourd’hui et de ce que nous faisons en réaction à cette perception” (229). • Le Scoutisme engage les jeunes et les adultes dans un dialogue constructif qui débouche sur l’action. L’instrument privilégié de ce dialogue est le programme

Ces attentes (pas toujours exprimées verbalement mais néanmoins profondément ressenties), il va les manifester soit de façon positive, soit de façon négative. Le programme scout contient en germe des réponses à ces attentes pourvu qu’il soit conçu non pas comme un ensemble d’ “activités” et de “rites” hérités du passé mais comme un instrument pédagogique toujours neuf et toujours à renouveler. Ainsi donc, le développement du programme des jeunes est pour le Mouvement dans son ensemble et pour chaque pays en particulier un objectif crucial. Devant une situation générale de désorientation, de morosité et de Tendances - Page 50


pessimisme, beaucoup de sociologues s’accordent pour dire qu’il faut chercher des aventures à proposer a la jeunesse d’aujourd’hui. Le Scoutisme est bien placé pour remplir ce rôle, pourvu qu’il sache se renouveler lui-même, garder présent à l’esprit l’intuition pédagogique de son Fondateur et, en même temps, intégrer les préoccupations des jeunes d’aujourd’hui. Y a-t-il une tâche plus exaltante que celle de bâtir l’avenir? ...de le bâtir ensemble avec les jeunes? et de faire l’effort de chercher ensemble un avenir meilleur pour l’humanité?

fait dans son “Dernier Message”: “Essayez de quitter cette terre après l’avoir rendue meilleure que vous ne l’avez trouvée” (234).

• L’économiste germano-anglais Ernst Friedrich Schumacher dont les livres “Small is beautiful” et “Good work” se sont vendus à des millions d’exemplaires dans le monde entier, aimait citer ce passage de Saint Jean “Le vent souffle où il veut et tu entends sa voix, mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va” (230), et il ajoutait “Il n’est donc pas en mon pouvoir de faire souffler le vent qui nous emportera vers un monde meilleur. Mais je peux, au moins, hisser la voile afin, quand le vent se lèvera, d’en profiter” (231). • Selon le fameux slogan d’une compagnie d’assurances: “demain se décide aujourd’hui” (232). En effet, il n’y a rien de “magique” dans le seuil de l’an 2000. L’avenir est conditionné par des événements et des tendances actuelles et notre effort pour le transformer doit commencer aujourd’hui! C’est ce qu’ont fort bien compris les organisateurs du Jamboree Scout Mondial qui aura lieu aux Pays-Bas en 1995 lorsqu’ils ont adopté comme slogan “L’avenir est déjà là” (233). Et cet avenir représente un enjeu considérable pour ceux qui ont choisi de devenir éducateurs de jeunes dans le cadre du Scoutisme. Comment le résumer dans une seule phrase? Le Fondateur l’a déjà Tendances - Page 51


INTERROGATIONS ET ENJEUX POUR LE SCOUTISME

Les questions suivantes ont été rédigées dans une optique complémentaire aux questions posées à la fin des sections 2, 3, 4, 5, 6, 7 , 8 et 9 de ce document. Elles peuvent être utilisées pour une réflexion individuelle ou collective, à différents niveaux dans chaque pays: au niveau national, au niveau régional, au niveau de la base. Elles peuvent aussi être utilisées au niveau international, pour un séminaire ou une rencontre. Pour cette raison, elles sont volontairement très générales, mais l’approfondissement peut dépendre de chaque interlocuteur (personne ou groupe) et de l’utilisation dans un contexte spécifique (une Assemblée générale, un Conseil national, un séminaire, une réunion de la Commission Nationale des Programmes ou de Formation, etc.) 1. Si la situation (au niveau mondial ou dans votre pays) ressemble à celle décrite dans ce document: quel type de Scoutisme est capable de vous aider à trouver des réponses à cette situation? 2. Avec le rythme de changement rapide dans les sociétés actuelles, les jeunes ne pourront pas “reproduire” la société de leurs parents. Comment le Scoutisme peut-il les aider à bâtir une société qui soit plus conforme à leur idéal et à leur besoin d’idéal? 3. Comment le jeunes:

programme scout répond-t-il aux besoins des

-

Les aide-t-il à développer leur propre autonomie?

-

Les aide-t-il à devenir des artisans de leur propre développement?

-

Les aide-t-il à s’engager dans une démarche d’adhésion personnelle et libre aux valeurs contenues dans la Loi et la Promesse?

-

Les aide-t-il à se développer harmonieusement du point de vue physique, intellectuel, social et spirituel?

-

Les aide-t-il à se sentir responsables envers eux-mêmes, envers les autres, envers leurs communautés?

4. Les

adultes dans le Mouvement:

-

incarnent-ils dans leur vie l’idéal du Scoutisme?

-

sont-ils personnellement porteurs des valeurs du Mouvement dans leur vie quotidienne?

-

sont-ils attentifs aux besoins des jeunes ? les écoutent-ils? les interrogent-ils? les aident-ils à trouver des réponses à leurs propres interrogations et demandes? s’engagent-ils avec eux dans une relation de confiance et de vérité? Tendances - Page 52


5. Les Associations Scoutes, sont-elles des modèles de démocratie et d’ouverture? -

La voix des jeunes y est-elle dûment représentée et reconnue?

-

Les femmes ont-elles des responsabilités et une place qui correspondent à leur nombre et à leur importance dans l’Association?

-

Les secteurs qui s’occupent des gens sous-privilégiés ou marginalisés (handicapés, enfants de la rue, etc.) reçoivent-ils l’attention nécessaire?

-

Les structures, les systèmes et les attitudes reflètent-ils un esprit de dialogue?

-

La communication est-elle fluide? Toutes les voix, et très particulièrement les voix discordantes, peuvent-elles se faire entendre?

6. Quels sont les rapports entre Scoutisme et société? -

L’Association fonctionne-t-elle dans un “esprit de ghetto” ou avec un “esprit d’ouverture”?

-

Y a-t-il, de temps en temps, des analyses de la société, de ses différentes institutions, des valeurs qu’elles véhiculent? Quelles conséquences pratiques ressortent de ces analyses? Sont-elles appliquées?

7. Un regard sur l’avenir. -

L’association pense-t-elle à l’avenir? S’y prépare-t-elle? Comment?

-

Y a-t-il des plans concrets? Sont-ils élaborés avec le concours des différents niveaux?

-

Si quelqu’un de l’extérieur regarde votre association, quelle impression aura-t-il? L’association a-t-elle dans l’ensemble un «parti pris d’espérance»? Ou travaille-t-elle «au jour le jour»?

8. Pensez à chacune des questions précédentes et aux réponses que vous leur avez données. Comment ces réponses peuvent-elles s’articuler dans le cadre de la Stratégie pour le Scoutisme mondial?

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REFERENCES

(1)

(2)

Ignacio Ramonet, article “Un Monde à Reconstruire”, dans le dossier “Nouvel Ordre, Rebellions, Nationalismes”, Le Monde Diplomatique, Mai 1992.

(FNUAP), New York, 1992, Graphiques p.1. (14)

Baden-Powell, “The Scouter”, March 1939, in Mario Sica, “Footsteps of the Founder”, Éditrice Ancora Milano, Milano, 1984, p. 151.

Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP), “Etat de la Population Mondiale 1992”, op. cit., p. 16, et Dossie “Impact of Population Growth on Nutrition”, in “Nutrition, the Global Challenge”, International Conference on Nutrition, World Health Organization (WHO) and Food and Agricultural Organization (FAO), Rome, Italie, p. 8.

(15)

“Résolutions de la Conférence Mondiale du Scoutisme 1922-1990, Supplément”, Bureau Mondial du Scoutisme, Genève, 1990, p. 140.

Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP), “Etat de la Population Mondiale 1992”, op. cit., p. 21.

(16)

Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP), “Etat de la Population Mondiale 1992”, op. cit., p. 20.

(17)

Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP), “Etat de la Population Mondiale 1992”, op. cit., p. 19 et 20.

(18)

Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP), “Etat de la Population Mondiale 1992”, op. cit., p. 21 et 22.

(19)

Eric de la Maisonneuve, dans sa critique du livre de Pierre Lellouche “Le nouveau monde, de l’ordre de Yalta au désordre des nations”, in Revue Futuribles, No. 168, Septembre 1992, p. 57.

(20)

Ignacio Ramonet, article “Palestine”, in Le Monde Diplomatique, Octo-bre 1991, p. 1.

(21)

Eric de la Maisonneuve, op. cit. p.58.

(22)

Eric de la Maisonneuve, op. cit. p.58.

(23)

René Passet , article “Mérites, mythes et limites de la rigueur”, et Edgar Morin et Anne-Brigitte Kern, article “Vivre l’Europe en confédération”, dans Le Monde Diplomatique, Novembre 1991, p. 12 et 13.

John Naisbitt, “Megatrends, Ten new directions transforming our

lives”, Warner Books, New York, 1984. p. xxxi et xxxii. (3)

(4)

(5)

“Résolutions de la Conférence Mondiale du Scoutisme 1922-1990, Supplément”, op. cit., p. 142 et 144.

(6)

Alvin Toffler, “Le Choc du Futur”, Ed. Denoël, Paris, 1971, p. 15.

(7)

Albert Ducrocq “Le futur aujourd’hui, 1985-2000”, Ed. Plon, Paris 1984, p.8.

(8)

(9)

(10)

Melvin Seeman “On the meaning of alienation”, American Sociological Review, No. 24 décembre 1959, p. 783-791, cité dans: Leonard Broom and Philip Selznick “Sociology, a text with adapted readings”, Harper and Row Publishers, New York, Evanston and London, p. 481. Article “UNICEF alarmed over transition” in Development Forum, Vol. 19 No. 6 and Vol. 20 No. 1, novembre 1991-février 1992, p. 1 et 18. UNICEF, “The State of the World’s Children 1992” section Summary of the issues, published for UNICEF by Oxford University Press, Oxford, U.K. no indication of page.

(11)

Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP), “Etat de la Population Mondiale 1992”, New York, 1992, p. III.

(12)

Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP), “Etat de la Population Mondiale 19922”, op. cit., p. 1 et 2.

(24)

Melvin Seeman, “On the meaning of alienation”, op. cit., 481.

(25)

Eric de la Maisonneuve, op. cit. p.58.

Dossier de presse: “Etat de la Population Mondiale 1992”, Fonds des Nations Unies pour la Population

(26)

Alec Feuz, “Temps Présent”., TSR, 15 octobre 1992.

(13)

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(27)

Bernard Kouchner, “L’heure de vérité”, France 2, 14 février 1992.

(28)

Article “Les périls du droit d’ingérence humanitaire”, Cornelio Sommaruga, Président du CICR, “La Tribune de Genève”, 4 Février 1993

(29)

“Rapport Mondial sur le Développement Humain 1992”, Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), Ed. Economica, Paris 1992, p. 39.

(30)

“Rapport Mondial sur le Développement Humain 1992”, op. cit., p.38.

(31)

Stephen Smith “Des “guerres par procuration” aux “guerres africaines?” in “L’Etat du Monde 1992”, Edition La Découverte, Paris, 1991, p. 592

(32)

“Rapport Mondial sur le Développement Humain 1991”, Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), Ed. Economica, Paris 1991, p. 25 et 14.

(33)

“Rapport Mondial sur le Développement Humain 1991”, op. cit. p. 14.

(34)

Gilbert Rullière, “La croissance soutenable” in “Journal de l’Année, édition 1992”, Ed. Larousse et Le Monde, Paris, 1992, p. 238-240.

(35)

(36)

(37)

(38) (39)

(40)

(41)

(42)

Rapport au Conseil Economique et Social, Rapport du Secrétaire Général à la session de fond de 1992 “Renforcement de la coopération internationale pour le développement: rôle du système des Nations Unies”, E/1992/82/Add. 1, 26 Juin 1992, p. 5. UNESCO, DG/Note 92/35, 11 décembre 1992. Rapport au Conseil Économique et Social, Document E/1992/47, Rapport du Secrétaire Général “Coordination des Politiques et Activités des Institutions Spécialisées et Autres Organismes du Système des Nations Unies” A/ 46/454, tableau 2.

Rapport au Conseil Economique et Social, Rapport du Secrétaire Général à la session de fond de 1992 “Renforcement de la coopération Internationale pour le développement: rôle du système des Nations Unies”, op. cit. page 2. Rapport au Conseil Economique et Social, Rapport du Secrétaire Général à la session de fond de 1992 “Renforcement de la coopération Internationale pour le développement: rôle du système des Nations Unies”, op. cit. page 2.

(52)

Pierre Drouin, “L’Autre Futur”, Ed. Fayard, Paris, 1989, p. 14.

(53)

Jean-Marc Lévy-Leblond, op. cit. p.2.

(54)

“L’Homme en danger de science?”, Le Monde, Coll. Manière de voir, No. 15.

(55)

Jean Paul II, “Message pour la célébration de la 20e Journée Mondiale de la Paix”, ler janvier 1987, p. 15.

(56)

International Conference on Nutrition, Press Release, Rome, 11 décembre 1992.

(57)

International Conference on Nutrition, op. cit.

(58)

Mohammed Emmaceur, Président de la quarante-neuvième session de la Commission des Droits de l’Homme à Genève - TJ Midi, TSR, 15 Février 1993 et “Rapport Mondial sur le Développement Humain 1992”, op. cit. , p. 30-31.

(59)

Domitila Lagourgue, Mission Enfance, Monaco, in “Continentales”, FR3, 12 février 1993.

(60)

“Rapport Mondial sur le Développement Humain 1992”, op. cit., p. 93.

(43)

“Rapport Mondial sur le Développement Humain 1992”, op. cit. p. 38.

(44)

“Rapport Mondial sur le Développement Humain 1992”, op. cit. p. 38.

(45)

J. K. Galbraith, Lecture "The World Economy Today: a larger view”, International Labour Office, Genève, 22 février 1993.

(46)

“Notre Avenir à Tous”, publié pour la Commission Mondiale sur l’Environnement et le Développement par Ed. du Fleuve et Les Publications du Québec, Montréal, Canada, 1988, p. 10.

(61)

“Rapport Mondial sur le Développement Humain 1992”, op. cit. p. 95.

(62)

“Rapport Mondial sur le Développement Humain 1992”, op. cit p. 94.

(47)

«Notre Avenir à Tous», op. cit p. 10.

(63)

(48)

René Longet, article "Où sont les acquis de Rio?”, Journal de Genève, 15 Février 1993.

“Notre Avenir à Tous”, op. cit., p. 20.

(64)

“Notre Avenir à Tous”, op. cit., p. 20.

(65)

Ingrid Carlender, article “Guerriers de la paix dans l’enfer newyorkais” in Le Monde Diplomatique, Février 1992, p. 1213.

(66)

Notre Avenir à Tous, op. cit., p. 20.

(67)

Notre Avenir à Tous, op. cit., p. 21.

(68)

Alfredo G. A. Valladao, “L’évolution des négociations sur le désarmement”, in “L’Etat du Monde 1992”, Ed. La Découverte, Paris 1991, p. 23.

“Rapport Mondial sur le Développement Humain 1991”, op. cit, p. 14. “Rapport Mondial sur le Développement Humain 1991”, op. cit., p. III

Rapport au Conseil Economique et Social, Rapport du Secrétaire Général à la session de fond de 1992 “Renforcement de la coopération Internationale pour le développement: rôle du système des Nations Unies”, op. cit. page 2.

(49)

Document de référence “Le Scoutisme et l’Environnement”, publié par le Centre d’Etudes Prospectives et de Documentation, Bureau Mondial du Scoutisme, Genève, 1992, p. 3-4.

(50)

Rencontres Environnementales de Genève, sous le titre "Rationalité Economique, Rationalité Ecologique”, Journal de Genève, 28 Janvier 1993, p. 21.

(51)

Jean-Marc Lévy-Leblond, article “Nécessaire vigilance”, Le Monde Diplomatique, Juin 1992, p. 2.

Tendances - Page 55


(69)

Alfredo G. A. Valladao, “Ordre mondial: la «stratégie du homard”, in “L’Etat du Monde 1993”“, Ed. La Découverte, Paris, 1992, p. 20.

(70)

Alfredo G. A. Valladao, “Ordre mondial: la “stratégie du homard“, op. cit. p. 22.

(71)

“Rapport Mondial sur le Développement Humain 1992”, op. cit. p. 98, encadré 5.5 “Honesty International”

(72)

International Conference on Nutrition, ICN-NGO Consortium Steering Committee, Genève, Bulletin décembre 1992, No. 3.

(73)

Richard Jolly, directeur adjoint de l’UNICEF, cité dans l’article de Susan George "Mort ou vif: la dette et l’enfant”, in “Pour les enfants du monde”, sous la direction du Professeur Alexandre Minkowski, Editions No.1 /UNICEF/MPLEM, Paris, 1993, p. 94-95.

(74)

(75)

(76)

Document de référence “Scoutisme et Paix”, publié par le Centre d’Etudes Prospectives et de Documentation, Bureau Mondial du Scoutisme, Genève, 1992, p. 26 et 27. John Naisbitt, “Megatrends, Ten new directions transforming our lives”, op. cit., p. XXIII. Série “Apocalypse” , Werner Weick et Andrea Andriotto, TSI, décembre 1992.

(77)

Document de référence “Scoutisme et Paix”, op. cit., p. 5-8.

(78)

P. Ladrière et C. Gruson, “Ethique et gouvernabilité”, Ed. PUF, Coll. Le Sociologue, Paris 1992, quatrième page de couverture.

(79) (80)

P. Ladrière et C. Gruson, op. cit. quatrième page de couverture. Alexandre Hay, Président du CICR, discours à la séance inaugurale de la XXIVe Conférence Internationale de la Croix-Rouge, Manille, 1981, cité dans l’article de Jacques Moreillon «Le CICR face à l’avenir ou les cinq grands défis de l’an 2000 pour un organisme plus que centenaire», Annales d’Études Internationales, 1981/82, Volume 12, Institut Universitaire des Hautes Etudes Internationales, Genève, p. 50-51.

(81)

“Adultes dans le Scoutisme”, Bureau Mondial du Scoutisme, Genève, p.19.

(82)

Anonyme.

(83)

R. Baden-Powell, Discours d’ouverture à la 8e Conférence Scoute Internationale, Stockholm, août 1935, cité dans M. Sica, “Jouer le Jeu” op. cit. p. 112.

(84)

Jacques Moreillon, article “Adolescents in our society” in “Young People’s perceptions of Health and Health-Care”, special session in World Health Organization Conference 1991, in Journal of Adolescent Health, Volume 13, Numéro 5, juillet 1992, p. 420-423 et Laurie Huberman et Mai Tra Bach “Adolescents facing the future: The Changing Role of the Family and its Implications for the Transmission of Values”, Bureau Mondial du Scoutisme, Draft version, mai 1990.

(85)

“Towards a Strategy for Scouting”, Bureau Mondial du Scoutisme, Genève, 1988, p. 5-7.

(86)

Leonard Broom and Philip Selznick “Sociology, a text with adapted readings”, op. cit. p. 442.

(87)

Jo Boyden with Pat Holden, “Children of the cities”, Zed Books Ltd., London and New Jersey, 1991, p. 59.

(88)

Jonathan Kozol, “Rachel and her children: homeless families in America”, Crown Publishers Inc., New York.

(97)

Jo Boyden with Pat Holden, op. cit. p. 69.

(98)

Jo Boyden with Pat Holden, op. cit. p. 73.

(99)

Jo Boyden with Pat Holden, op. cit. p. 74.

(100) “Rapport Mondial sur l'éducation 1991”, UNESCO, Paris, p. 16. (101) “Rapport Mondial sur l'éducation 1991”, UNESCO, Paris,p. 83. (102) Robert Perreault et Marie-Claire Laurendeau, article “Tele-Health”, in “World Health”, March 1989, p. 6-7. (103) Ivan Illich, “Une société sans école”, Ed. du Seuil, Coll. Points, 1971. (104) Graham Pike and David Selby, “Global Teacher, Global Learner”, Hodder and Stoughton, London, Sydney, Auckland, Toronto, 1988, p. 43 (105)

Alvin Toffler , “Les cartes du futur: précursions et prémisses”, Ed. Denoël, Paris, 1983.

(106) Pike and Selby, op. cit., p. 40. (107) Rene Habachi, article “The student of tomorrow”, in “Crisis in Education”, selected and arranged by Miguel Fernandez Pérez (Spanish edition) and S. Gopinathan (English edition), Federal Publications, Singapore, Kuala Lumpur, Hong Kong, 1977, p. 61. (108) “Rapport Mondial sur l'Education 1991”, op. cit., p. 22.

(89)

Jo Boyden with Pat Holden, op. cit. p. 59.

(109) “Rapport Mondial sur l'Education 1991”, op. cit., p. 26, Table 2.2.

(90)

Jo Boyden with Pat Holden, op. cit. p. 59.

(110) "Rapport Mondial sur l'Education 1991", op. cit., p. 22 et 26.

(91)

Cité dans: Jo Boyden with Pat Holden, op. cit. p. 59.

(111) “Rapport Mondial sur l'Education 1991”, op. cit., p. 46.

(92)

Jo Boyden with Pat Holden, op. cit. p. 60.

(112) “Rapport Mondial sur l'Education 1991”, op. cit., p. 47-48.

(93)

Jo Boyden with Pat Holden, op. cit. p. 64.

(113) “Rapport Mondial sur l'Education 1991”, op. cit., p. 48.

(94)

Jo Boyden with Pat Holden, op. cit. p. 64-65.

(114) “Rapport Mondial sur l'Education 1991”, op. cit., p. 47.

(95)

Jo Boyden with Pat Holden, op. cit. p. 65.

(96)

Jo Boyden with Pat Holden, op. cit. p. 67-69.

(115) Entretien avec André Gorz “Travailler moins et gagner plus”, in L’Hebdo, No. 44, 29 Octobre- 4 Novembre 1992, Lausanne, p. 1217.

Tendances - Page 56


(116) National Ctr for Missing Children, CBS Evening News, 23 February 1993. (117) Press release “Jacques Delors to chair major UNESCO Commission on Education”, UNESCO, OPI/ NYO/92-8A, August 1992. (118) “Le Bilan du XXe siècle”, © Harenberg et Struye, Bruxelles, 1992, p. 116-117. (119) Encadré “Déjà, l’emploi n’est plus ce qu’il était” in Futuribles, No. 171, Décembre 1992, p. 86. (120) Encadré “Déjà, l’emploi n’est plus ce qu’il était” , op. cit. p. 86. (121) Encadré “Déjà, l’emploi n’est plus ce qu’il était”, ibid. (122) Eric Budry, article: “La crise fait fondre les effectifs des syndicats” , Journal de Genève, 25 Février 1993, p. 24. (123) Organisation Internationale du Travail (OIT), “Le Travail dans le Monde 1992”, Genève, 1992, p. III. (124) “Le Bilan du XXe siècle”, op. cit. p.116. (125) Claude Monnier, article “Bill remanié”, La Suisse, 23 Février 1993, p. 3. (126) Ingrid Carlender , op. cit., p. 12-13. (127) OIT, op. cit. p. 40, note en bas de page. (128) OIT, op. cit. p. 13. (129) OIT, op. cit. p. 13-14. (130) OIT, op. cit. p. 14-15.

(141) Paul Balta, article “L’échec de la transposition des modèles occidentaux dans les pays musulmans a favorisé l’essor de l’islamisme” in “Le Nouvel Etat du Monde, Bilan de la décennie 19801990”, Ed. La Découverte, Paris, 1990, p. 194-196. (142) Mateo Jover, document “Tendances”, Bureau Européen du Scoutisme, 1988, p. 12. (143) AGAPE, F-2, 7 Février 1993. (144) “Le Bilan du XXe siècle”, op. cit. p.39. (145) “Le Bilan du XXe siècle”, op. cit. p. 46. (146) Jean Vernette, “Le Nouvel Age: à l’aube de l’ère du Verseau”, Pierre Tequi éditeur, Paris, 1990, p. 7.

(163)

“La Santé des Jeunes”, op. cit. p. 22.

(164)

“La Santé des Jeunes”, op. cit. p. 24.

(165)

“La Santé des Jeunes”, op. cit. p. 24.

(166)

“La Santé des Jeunes”, op. cit. p. 25.

(167)

“La Santé des Jeunes”, op. cit. p. 28.

(168)

“La Santé des Jeunes”, op. cit. p. 28.

(169)

“La Santé des Jeunes”, op. cit. p. 31-32.

(147) J. Vernette, op. cit., p 15. (148) J. Vernette, op. cit. p. 16.

(171)

“La Santé des Jeunes”, op. cit. p.3031.

(172)

«La Santé des Jeunes», op. cit. p. 31.

(173)

“La Santé des Jeunes”, op. cit. p. 22.

(174)

“La Santé des Jeunes”, op. cit. p. 12.

(149) J. Vernette, op. cit., p. 8. (150) J. Vernette, op. cit. p. 8-9. (151) Jean-François Augereau, article “Les chemins détournés de la science” , in Le Monde, 17 Février 1993, p. 14, et encadré “L’éclipse de lune influence la Bourse...” in Journal de Genève, 9 Décembre 1992. (152) Jean Rémy, Cours de Sociologie de la Religion, Université Catholique de Louvain, notes, 1968. (153) Graham Pike and David Selby, op. cit., p. 15. (154)

(132) OIT, op. cit. p. 16.

“La Santé des Jeunes”, Document de base des discussions techniques, Organisation Mondiale de la Santé, Genève, mars 1989, p. 8.

(134) OIT, op. cit. p. 17.

(155) “La Santé des Jeunes”, op. cit. p.13.

(135) OIT, op. cit. p. 14.

(156) “La Santé des Jeunes”, op. cit. p. 3.

(136) OIT, op. cit. p. 17-18.

(157) “La Santé des Jeunes”, op. cit. p. 1.

(137) OIT, op. cit. p. 18.

(158) “La Santé des Jeunes”, op. cit. p. 15.

(138) Jo Boyden with Pat Holden, “Children of the cities”, op. cit., p. 50.

“La Santé des Jeunes”, op. cit. p. 20.

(170) Worldwatch Institute, article “The life-saving cigarette tax”, in WAY Forum, October 1992, p. 41-42.

(131) OIT, op. cit. p. 15.

(133) OIT, op. cit. p. 16-17.

(162)

(159) “La Santé des Jeunes”, op. cit. p.1415.

(139) “Le Bilan du XXe siècle”, op. cit. p.38.

(160) “La Santé des Jeunes”, op. cit. p. 15-16.

(140) “Le Bilan du XXe siècle”, op. cit. p.38.

(161)

“La Santé des Jeunes”, op. cit. p. 29.

(175) “La Santé des Jeunes”, op. cit., p. 6. (176) “Le sexe au temps du SIDA”, in «La Marche du Siècle», FR-3, 3 Mars 1993. (177) “Future vision: the 189 most important trends in the 1990s”, Sourcebooks Trade, Napperville, Illinois, USA, 1991, p. 59. (178) Ma t e o Jover, document “Tendances”, Bureau Européen du Scoutisme, 1988, p. 10. (179) Mai Tra Bach “Promising practices in Scouting”, Progress Report, World Scout Bureau, Geneva, October 1992, p. 1 (180) Document de référence “Le Scoutisme et la participation des jeunes”, publié par le Centre d’Etudes Prospectives et de Documentation, Bureau Mondial du Scoutisme, Genève, 1993. (181)

“La Santé des Jeunes”, op. cit. p. 14.

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(182) Ignacio Ramonet, article “Un Monde à reconstruire” dans le dossier intitulé “Nouvel Ordre, Rebellions, Nationalismes”, Le Monde Diplomatique, Mai 1992. (183) Booklet “The Health of Youth”, Final Report of Technical Discussions, May 1989, World Health Organization, Geneva, January 1990, p. 16. (184) Mateo Jover, document “Tendances”, Bureau Européen du Scoutisme, 1988, p. 11. (185) Bernard de France, “Le plaisir d’enseigner”, Ed. Quai Voltaire, 1992, dans l’émission “Le Cercle de Minuit”, A-2 , 7 Octobre 1992.

(199) A. Toffler, “Les Nouveaux Pouvoirs”, op. cit., p. 1. (200) A. Toffler, “Les Nouveaux Pouvoirs”, op. cit., p. 8. (201) Michel Colonna D’Istria, article “Les vertus du virtuel” in Le MondeSupplément Radio-Télévision, 26 Avril- 2 Mai 1993, p. 28. (202) Mariano Jabonero Blanco “La escuela del futuro: el aula virtual”, in FUNDESCO, Boletin No. 127, Marzo 1992, p. 7. (203) J o h n N a i s b i t t a n d P a t r i c i a Aburdene, “Megatrends 2000”, Ed. Sidgwick and Jackson, London, 1990, p. 194-218.

(187) “Future vision”, op. cit., p. 149.

(204) Thierry Gaudin (sous la direction de), “2100, Récit du prochain siècle”, Ed. Payot, Paris, 1990, cité en couverture.

(188) Continentales, FR-3, 6 Mars 1993.

(205) “Future Vision”, op. cit. p. 15-19.

(189) D. Robinsohn, “Document de réflexion sur le plan à long terme”, Paris, 27 Novembre 1987.

(206) “Rapport Mondial sur l’Education 1991”, UNESCO, Paris, 1991, p. 5355.

(190) “Vers une Stratégie pour le Scoutisme” Bureau Mondial du Scoutisme, Genève, 1988, p. 5

(207) OIT, “Le Travail dans le Monde 1992”, Genève, 1992, p. 23.

(186) “Eye on America”, CBS News, 11 February 1993.

(191) “Management Horizons” cité dans “Future Vision, the 189 most important trends of the 1990s”, op. cit. p. 146. (192)

“Première” cité dans “Future Vision, the 189 most important trends of the 1990s”, op. cit. p. 146.

(208) OIT, op., cit. p. 23. (209) OIT, op. cit. p. 24. (210) OIT, op. cit. p. 24. (211) OIT, op. cit., p. 25. (212) OIT, op. cit., p. 25. (213) OIT, op. cit., p. 25.

(193) “La Santé des Jeunes”, op. cit. p. 22.

(214) OIT, op. cit., p. 25-26.

(194) “La Santé des Jeunes”, op. cit. p. 24.

(216) OIT, op. cit., p. 27.

(195) Booklet “The Health of Youth”, Final Report of Technical Discussions, May 1989, World Health Organization, Geneva, January 1990, p. 16. (196) Booklet “The Health of Youth”, F i n a l R e p o r t of Technical Discussions, op. cit. p. 16. (197) Booklet “The Health of Youth”, F i n a l R e p o r t o f Technical Discussions, op.cit. p. 17 (198) Alvin Toffler, “Les Nouveaux Pouvoirs”, Ed. Fayard, Le Livre de Poche, Paris, 1991, p. 7

Women”, Division for the Advancement of Women, Centre for Social Development and Humanitarian Affairs, Vienna, Austria, No. 3, 1992.

(215) OIT, op. cit., p. 26.

(217) OIT, op. cit., p. 27. (218) Booklet “Contributions to the appraisal of the United Nations Decade for Women and to the design of strategies for the future”, United Nations Economic and Social Council, Economic Commission for Latin America and the Caribbean (ECLAC), Doc Lc/L 313, 18 October 1984. (219) Booklet “Women: Challenges to the Year 2000”, United Nations, New York, 1991, p. 1.

(221) "Women: challenges to the year 2000”, op. cit. p. 1. (222)

“Le Bilan du XXe siècle”, op. cit. p.106.

(223)

“Le Bilan du XXe siècle”, op. cit. p.107.

(224) “Le Bilan du XXe siècle”, op. cit. p.108. (225) “Le Bilan du XXe siècle”, op. cit. p.109. (226) “Women: Challenges to the Year 2000”, op. cit. p. 3. (227) J. Robertson, “The Sane Alternative”, James Robertson Ed., 1983, p. 10 , in “Global Teacher, Global Learner”, op. cit. p. 14-15. (228) Maurice Guernier, “Tiers-monde: trois quarts du monde”, Rapport au Club de Rome, Ed. Dunod, Paris, 1980, p. 1 (229) Willis W. Harman, “Quel futur pour demain?”, Discours à la 26e Conférence Mondiale du Scoutisme, Montréal, Canada, 1977, Rapport de la Conférence , Bureau Mondial du Scoutisme, Genève, 1977, p. 53. (230) “Le Nouveau Testament”, Alliance Biblique Universelle, Paris, 1973, Evangile de St. Jean , III, 8. (231) Daniel Garric, “Les dossiers du Futur”, Ed. Olivier Orban, Paris, 1980, p. 412-413. (232) Message publicitaire à la Télévision française, Décembre 1992. (233) Article “La Hollande prépare le 18e Jamboree Scout Mondial”, in Bulletin du Scoutisme Mondial, Janvier 1993. (234) “Le dernier message de Lord Baden-Powell” in “Eclaireurs, Lord Baden-Powell, Ed. Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, Suisse, 1965, p. 332.

(220) Booklet “Women 2000“, published by the “Nairobi Forward-Looking Strategies for the Advancement of

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