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ENTREPRENEURS FOREVER

PARTAGE

DE VALEUR(S)

SHARING

2013

VALUE(S)


ENTREPRENEURS FOREVER 2013 INTRODUCTION/FOREWORD ...................4

PHILIPPE-LOÏC JACOB .........................48

PRÉFACE/PREFACE ...............................6

Président d’Eco-Emballages CEO Eco-Emballages

FRANÇOIS BERGERAULT .........................8

PHILIPPE KLOCANAS ...........................52

Cofondateur de L’atelier des Chefs Co-Founder of L’atelier des Chefs

Partenaire fondateur de Weinberg Capital Founder Partner Weinberg Capital

OLIVIER BROURHANT ........................12

JULIETTE KOPP .................................56

CEO et cofondateur d’Amaris CEO and Co-Founder of Amaris

MING-PO CAI ...................................16 Président et cofondateur de Cathay Capital CEO and Co-Founder of Cathay Capital

GAUTIER CASSAGNAU .........................20 Président et cofondateur de Geolid CEO and Co-Founder of Geolid

PASCALE CHRÉTIEN .............................24 Directeur industriel d’EFI Automotive Industrial Manager EFI Automotive

AXELLE DAVEZAC ..............................28 Directeur général de la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer General Manager ARC Foundation for Cancer Research

OLIVIER DE LA CLERGERIE ....................32 Directeur général et cofondateur du groupe LDLC General Manager and Co-Founder of LDLC group

PATRICK DUPUIS ..............................36 Directeur financier monde de Paypal Inc. Head of Finance (World) Paypal Inc.

MICHEL DURANSEAUD .........................40 Directeur général et fondateur de CMHL Enterprises General Manager and Founder of CMHL Enterprises

KARINE HIRN ....................................44 Cofondatrice d’East Capital et directeur général pour la Chine Co-Founder of East Capital and General Manager (China)

Directeur exécutif de la division Food and Pharma de Boccard Executive Manager of the Food and Pharma division for Boccard

THIBAUT MUNIER ..............................60 Directeur général et cofondateur du groupe 1000mercis General Manager and Co-Founder of the 1000mercis group

CHRISTIAN NIBOUREL ..........................64 Président d’Accenture France CEO Accenture France

GWENDAL PEIZERAT ...........................68 Conseiller régional Rhône-Alpes et cofondateur de Soleus Regional Councillor for the Rhône-Alp area and Co-Founder of Soleus

MICHAEL PETERS ...............................72 Président du directoire d’Euronews CEO Euronews

MICHEL RIERA ...................................76 Associé de Trajectis Partner Trajectis

ANNE THIVOLLE ................................80 Sœur Nathanaël, Fraternités Monastiques de Jérusalem Sister Nathanael, Monastic Fraternities of Jerusalem

DELPHINE VITRY ................................84 Présidente et cofondatrice de MADnetwork CEO and Co-Founder of MADnetwork

REMERCIEMENTS ACKNOWLEDGEMENTS .......................100

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20 portraits, 20 facettes d’ EMLYON FOREVER

20 portraits, 20 facets of EMLYON FOREVER

NICOLAS JOB

PHILIPPE COURTIER

NICOLAS JOB

PHILIPPE COURTIER

PRÉSIDENT EMLYON FOREVER

DIRECTEUR GÉNÉRAL EMLYON BUSINESS SCHOOL

CHAIRMAN OF THE BOARD EMLYON FOREVER

PRESIDENT EMLYON BUSINESS SCHOOL

Nous sommes très heureux de vous présenter ce livre de portraits de diplômés EMLYON, le premier d’une collection qui en comptera cinq à paraître d’ici 2017. Grâce à un management ambitieux et à un corps professoral exceptionnel, notre École a remarquablement progressé dans les classements et est aujourd’hui la 15e business school européenne. L’une des premières forces d’une École, c’est son réseau de diplômés. Nos 23 000 diplômés sont les ambassadeurs de notre Ecole et contribuent chaque jour à son rayonnement. Leur place dans la gouvernance de l’École est essentielle, car leur intérêt à long terme se confond avec celui de l’École. Par leur influence et par leurs dons, ils contribuent à son développement. Vouloir décrire EMLYON au-delà des classements académiques, c’est donc faire le portrait de nos diplômés. C’est une tâche aussi délicate que stimulante : il a fallu identifier les 20 diplômés de cette première édition parmi 23 000, construire un fil rouge, choisir une thématique annuelle et un titre de collection... et aussi une plume pour rédiger l'ouvrage. Le nom de la collection, "ENTREPRENEURS FOREVER", fait écho à la mission de notre École et à notre histoire, car au-delà des parcours et des univers de chacun, il y a un ressort commun : l’envie de fonder, d’écrire son histoire

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à la première personne du singulier ou du pluriel. La thématique 2013 s’est imposée naturellement au fil des entretiens préparatoires avec les diplômés. Elle correspond aux préoccupations du management d’aujourd’hui et exprime parfaitement le positionnement d‘EMLYON : "partage de valeur(s)". Trouver une plume pour rédiger ces portraits était une évidence : merci à Corinne Lapras (MBA 85), qui, après avoir révélé son immense talent de portraitiste depuis 10 ans au service des Déjeuners de Performance, nous a rejoints sans une hésitation dans cette nouvelle aventure. Nous avons souhaité confier la préface de ce livre à Françoise Dany, Doyenne de la Faculté EMLYON, qui témoigne ainsi de l’excellence de l’enseignement de notre École. Vous allez lire les 20 portraits 2013 : des hommes et des femmes de tous âges, entrepreneurs ou intrapreneurs de grands groupes, de PME, de start-up ou d’associations. En découvrant leurs parcours, prévisibles ou plus atypiques, en France et dans le monde, vous serez impressionné par l’énergie, la richesse, la puissance de notre École et de son réseau, qui existe par et pour ses diplômés. Que vous soyez étudiant, diplômé, entreprise ou institution, nous espérons que ce livre vous convaincra de vous engager, ou de rester engagé, auprès d’EMLYON, dans la même communauté d’intérêts et de valeurs.

We are very pleased to present this book of profiles of EMLYON alumni – the first in a collection that will include five books by 2017. Thanks to ambitious management and an exceptional faculty, our school has made rapid progress in the rankings and is now the 15th leading business school in Europe. One of the greatest strengths of a school is its alumni network. Our 23,000 alumni are our school’s ambassadors, and help enhance its reputation every day. Their role in the governance of the school is crucial because their long-term interests coincide with the school’s interests. Through their influence and donations, they contribute to its development. So portraying EMLYON beyond mere academic rankings means sharing the stories of our alumni. This task has been both tricky and stimulating: we had to choose 20 alumni for this first edition, out of 23,000; build a common thread; choose an annual theme and a title for the collection... and find someone to write the book. The name of the collection, "ENTREPRENEURS FOREVER", echoes our school’s mission and history because, beyond the paths and worlds of each individual, there is a common denominator: the desire to create, to write

one’s history, in the first person singular or plural. The theme for 2013 emerged naturally, through the preparatory interviews with the alumni. It corresponds to the concerns of today’s management and perfectly expresses the positioning of EMLYON: "sharing value(s)". Finding the right author to write these profiles was easy, thanks to Corinne Lapras (MBA 1985) who, after revealing her immense talent as a profile writer for 10 years for the Performance Luncheons, did not hesitate to join us on this new adventure. We asked Françoise Dany, Dean of the Faculty at EMLYON, to write the preface, thereby testifying to the teaching excellence of our school. You will discover here the 20 profiles of 2013: men and women of all ages, entrepreneurs or intrapreneurs of major corporations, SMEs, start-ups or associations. In reading about their paths, be they ordinary or more atypical, in France and elsewhere in the world, you will be impressed by the energy, richness and power of our school and its network which exists through and for its alumni. Whether you are a student, a graduate, a company or an institution, we hope this book will convince you to make a commitment, or to stay committed, to EMLYON and to the same community of interests and values.

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Préface

FRANÇOISE DANY

FRANÇOISE DANY

DOYENNE DE LA FACULTÉ – EMLYON BUSINESS SCHOOL

DEAN OF THE FACULTY – EMLYON BUSINESS SCHOOL

Quelle est la mission d’une Grande Ecole ? Former ? Produire des connaissances ?... Le concept d’Educating Entrepreneurs for the World signifie que pour EMLYON, il s’agit de faire plus encore : notre ambition est de donner aux participants de nos différents programmes les ressources nécessaires pour leur permettre de contribuer pleinement au développement de leur environnement. A une époque où le rôle des entreprises est de plus en plus discuté, où les modèles économiques traditionnels s’essoufflent, l’urgence est de repenser le management, de tracer de nouvelles perspectives pour toutes celles et ceux qui ont envie d’entreprendre et de créer de la valeur utile pour nos sociétés. Les portraits d’entrepreneurs rassemblés dans cet ouvrage sont alors un formidable cadeau qui illustre et complète les enseignements dispensés. Ils montrent comment audace, travail, créativité, mais aussi entraide, amitié et solidarité peuvent se combiner pour dessiner de nouveaux possibles dans lesquels des femmes et des hommes peuvent s’épanouir et redonner du sens à leur action. L’entrepreneur dépeint ici déroge à la figure mythique du “super héros“ qui porterait seul le changement. Les exemples sélectionnés mettent en scène des entrepreneurs, femmes ou hommes, qui agissent avec d’autres, souvent guidé(e)s par

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Preface

le souci d’apporter aux autres. Les projets individuels se dessinent au fil des rencontres et des expériences, avec des individus qui reçoivent et donnent à tour de rôle. Plus humaine, la figure de l’entrepreneur proposée devient un modèle d’autant plus puissant que chacun maintenant peut se sentir capable et concerné. Les vies retracées ne sont pas que des success stories. Certains parcours ont été chaotiques, avec leur lot de déceptions. N’empêche, les réalisations accomplies sont belles. Elles parlent de valeurs ; elles confirment la capacité des diplômés d'EMLYON à réussir dans de multiples contextes. Surtout, elles donnent de l’espoir et nourrissent l’envie. L’envie de continuer et d’aller plus loin encore avec de nouveaux projets et de nouveaux entrepreneurs qui pourront à leur tour légitimer la fierté d’EMLYON d’avoir joué pleinement son rôle dans la co-construction de solutions innovantes au service des entreprises et de la société. Une dynamique est en marche. A la communauté EMLYON de s’en saisir et de la faire grandir au-delà de nos frontières, en associant les énergies de tous. La Faculté d’EMLYON sera présente pour partager ces expériences et accompagner ces entrepreneurs avec lesquels elle a tissé des liens for ever …

What is the mission of a “Grande Ecole”? To educate? Produce knowledge? The concept of Educating Entrepreneurs for the World means that, for EMLYON, the goal is higher still: our ambition is to give the participants in our various programs the resources they need to contribute fully to their environment. At a time when the role of business is increasingly under debate and traditional economic models are running out of steam, it has become urgent to rethink management and trace out new paths for everyone who wants to engage in entrepreneurship and create useful value for our societies. The profiles of entrepreneurs collected in this book are a wonderful resource, illustrating and completing the lessons delivered. They show how audacity, work and creativity, as well as mutual aid, friendship and solidarity, can combine to bring about new possibilities whereby people can find fulfillment and give new meaning to their actions. The entrepreneurs described here do not fit into the mold of the superhero who brings about change singlehandedly. The examples selected are about entrepreneurs: men or women who act with others, often guided by the concern of providing value to others.

The individual projects emerge through encounters and experiences, with individuals who receive and give in turn. This entrepreneur is easier to relate to, thus becoming a more powerful model, as everyone involved can feel capable and concerned. The lives described are not only success stories. Certain paths were chaotic, with their share of disappointments. But the accomplishments are very fine. They evoke values; they confirm the ability of EMLYON graduates to succeed in many different contexts. And above all else, they give hope and provide inspiration; to continue and go further with new projects and new entrepreneurs who will make EMLYON proud of fully playing its role in jointly building innovative solutions for business and society. A process has been set in motion. EMLYON must seize this opportunity and expand it beyond our borders, by opening it up to everyone’s energy. The Faculty of EMLYON will be present to share these experiences and support these entrepreneurs with whom they have forged ties forever…

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Il révolutionne les cours de cuisine

FRANÇOIS BERGERAULT

Programme Grande Ecole 1999

COFONDATEUR DE L’ATELIER DES CHEFS Il y a ceux qui rêvent d’entreprendre mais manquent d’idées, ceux qui fourmillent d’idées mais ne se lancent jamais, et il y a François Bergerault, entrepreneur dès le collège et cofondateur heureux de L’atelier des Chefs. Il n’a que 12 ans quand il s’imagine déjà patron d’une société qu’il baptise Sobergal. A 14 ans, il démarre une activité de DJ et se bâtit une réputation qui lui permet d’arrondir ses fins de mois jusqu’au bac, à défaut de s’assurer une place en classe préparatoire. En 1995, alors étudiant en droit, il travaille sur un projet d’annuaire de téléphones portables et tente, en vain, de convaincre les opérateurs de partager leurs données. Il intègre EMLYON en admission parallèle puis découvre le volet opérationnel de la création d’entreprise, sans le risque, avec Altran (ingénierie et conseil en innovation) dont il crée la filiale aux Etats-Unis. Il a comme objectif de revenir avec une idée et planche sur un projet de chaîne de boucheries garantissant la traçabilité de la viande, mais le marché n’est pas encore mûr. De retour en France en 2001, il crée avec sa femme chorégraphe une agence de communication par la danse : Danaïade. Et pour se muscler le cortex, rejoint un cabinet de conseil en stratégie. Son frère aîné Nicolas, ex l’Oréal et Nestlé passionné de cuisine, avec qui il a déjà concocté plusieurs projets inaboutis, lui propose de concevoir ‘’ la Fnac de la cuisine ’’, un lieu où déguster des gâteaux et essayer des recettes, tout en achetant livres et ustensiles. Ils mènent pendant 3 ans une double vie, assurent leur job alimentaire le jour et mitonnent leur projet les soirs et week-ends. Contrairement à certains créateurs qui craignent

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d’être dépossédés, ils partagent largement leur idée. « Comme nous étions entourés de gens intelligents, il nous semblait naturel et bénéfique de profiter de leurs conseils. » Le concept se clarifie, François et Nicolas seront les frères Lumière de l’expérience culinaire, décidés à « révolutionner les cours de cuisine, en 30 minutes, à l’heure du déjeuner ». Ils ouvrent le 12 juillet 2004 leur premier atelier parisien et vivent un démarrage idéal. « Le succès a été immédiat, notamment grâce au réseau EMLYON. » Mais la recette de la performance reste une alchimie complexe… En 8 ans, les fondateurs passent par toutes les cuissons : l’ébullition des débuts et des développements alterne avec quelques coups de chauffe, quand il faut redresser, voire fermer certains sites. « Créer c’est fantastique, mais redresser, c’est merveilleux ; les crises traversées ont prouvé la capacité de résilience de l’entreprise. » Dans leurs ateliers de France, Londres et Dubaï, ils régalent chaque année 200 000 clients, accueillis par leurs 140 collaborateurs, dont 36 chefs. Le site web, quant à lui, met l’eau à la bouche de 1,5 millions de visiteurs uniques chaque mois. Une histoire savoureuse dont François Bergerault détaille quelques ingrédients : « la transparence, la reconnaissance de la performance, la logique d’innovation, qui ont révélé une douzaine d’entrepreneurs ». Une histoire qui ne fait que commencer, pour L’atelier des Chefs qui ambitionne de devenir le leader mondial de la cuisine à la maison, et pour François Bergerault, qui souhaite aussi aider les jeunes des quartiers à créer des entreprises, avec l’appui de l’association Croissance Plus dont il est membre du comité directeur. Un chef au top !

« Je soutiens la logique du ‘’tout est possible’’ et le droit à l’erreur. Si les gens ont de l’espace pour prendre des initiatives, ils feront forcément beaucoup de choses bien et quelques erreurs, quel formidable élan pour l‘entreprise ! » 9


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He revolutionises cookery lessons

MSc in Management 1999

FRANÇOIS BERGERAULT CO-FOUNDER OF L’ATELIER DES CHEFS (COOKS’ WORKSHOP)

« I firmly believe that ‘’anything is possible’’ and that you’re allowed to make mistakes. If people have enough room to take initiative, they will certainly do a lot of things well, and make a few mistakes: what a great leap forward for their Company! » 10

There are people who dream of being an entrepreneur but don’t have any good ideas; there are people who have plenty of ideas but never get going, and there is… François Bergerault, who has been an entrepreneur since his schooldays, and is the happy co-founder of L’atelier des Chefs (Cooks’ Workshops). He was only 12 when he first thought of becoming the head of a company which he called Sobergal. At 14 he began working as a DJ, becoming well-known enough to earn his own pocket money until exam time, but… not to get a place in French classe préparatoire. In 1995, when he was studying Law, he worked on a project to create Telephone Directories for cell phones, and tried, (in vain), to convince telcos to share their data-base. He enrolled directly in the EMLYON (no classe préparatoire), where he discovered the operational side of creating a company – without the risk – with Altran (Engineering and Innovation Consultancy) by creating their U.S. subsidiary. He set himself the goal of coming back with a great idea, and started working on a project for a chain of Butcher’s shops guaranteeing the origin of their meat; but the market was not yet ready for that idea. Back in France in 2001, together with his choreographer wife, he set up a PR Company using dance. And, to beef up his brain muscles, he started working for a Strategy Consultant. His elder brother Nicolas, ex l’Oréal and Nestlé, and passionately interested in cooking, with whom he had already concocted several projects that did not get off the ground, suggested that they create a “Cookery Megastore”, a place to taste cakes and try out recipes, whilst buying books and cookery utensils. For 3 years they led a double life, doing their day job, and at the same time, in the evening and the week-end, cooking up their project.

Unlike some creators who keep their idea secret, they talked a lot about theirs. « Since we were surrounded by intelligent people, it seemed natural and useful to take advantage of their advice. » The concept grew clearer: François and Nicolas would be the Wright Brothers of culinary experiences, firmly decided to « revolutionise cookery lessons, in 30 minutes, at lunch time ». They opened their first Parisian workshop on 12th July 2004, and the launch was ideal. « We were an immediate success, with the help of the EMLYON network. » But the recipe for high performance needs rather complex alchemy… In 8 years, the founders have had to adjust the temperature several times: the fast-boil of the beginnings and growth periods alternating with a few scorching moments, when some sites were restructured or even closed down. « Starting a business is fantastic, but turning a company around is marvellous; surviving a crisis proves how resilient our company is. » Every year in their workshops in France, London and Dubai, they tickle the taste-buds of 200,000 customers, who are welcomed by their 140 staff members, including 36 chefs. Every month 1.5 million visitors visit their mouth-watering web-site. François Bergerault gives some of ingredients in his flavourful story: « Being open, recognising good performance, having a logic of innovation, have allowed a dozen entrepreneurs to emerge ». And the story’s only just beginning; both for the L’atelier des Chefs who wants to become the world leader in home cooking, and for François Bergerault, who also wishes to help young people from sensitive districts to set up their own company, with the help of the Association Croissance Plus, on whose board he sits. He’s a top rank Chef! 11


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Il cultive l’esprit start-up dans un groupe de 1 000 personnes

OLIVIER BROURHANT

MBA 1997

CEO ET COFONDATEUR D’AMARIS Olivier Brourhant aurait fait ses premiers essais d’entrepreneur à… l’INSA de Lyon, en organisant le plus grand festival étudiant gratuit de France. « Les 24H de l’INSA m’ont appris mon futur métier de patron : donner une vision, apporter de l’énergie, emmener des gens loin » s’amuse-t-il. Cela fait d’ailleurs plus de quinze ans qu’il s’amuse… à créer des activités de croissance. Tour de chauffe après son MBA EMLYON : il part en VIE (Volontariat International en Entreprise) pour Altran, dix fois plus petit qu’aujourd’hui mais déjà reconnu comme une excellente formation pour les jeunes diplômés. Chargé de créer l’activité Systèmes d’Information en Belgique, il codirige au bout de trois ans une entité de 130 collaborateurs. Il a 25 ans, une souplesse dans le pilotage de ses équipes qui s’accommode mal des codes d’une grosse structure et surtout, l’envie un peu utopique de lancer une entreprise internationale. Pour parfaire sa formation d’entrepreneur, il renonce à ses stock-options et rejoint l’écurie Alten, autre acteur de l’ingénierie et du conseil en technologies, pour fonder sa filiale belge Axen. Suivent trois ans à plein régime, où Olivier Brourhant et ses équipes gagnent leur qualification auprès des grands groupes qui forment le ‘’Fortune 500’’. Leur carburant ? – Un management qui offre responsabilités et incitations aux jeunes diplômés.Ravitaillement en 2003 : il cède sa participation minoritaire dans Axen tout en demeurant chez Alten pour conduire le développement international. Il s’installe à Genève et trace sa route en Europe, réalisant quelques belles accélérations au gré d’acquisitions et d’ouvertures de nouveaux pays… Mais il finit par se sentir à l’étroit dans le cockpit. En 2007, avec son ami des 24H de l’INSA et deux collègues, il revient sur la ligne de départ. 12

« Je m’étais pourtant juré de ne plus le faire, car une création d’entreprise, c’est au minimum un an de travail 7j/7 et beaucoup de risques. » Le projet semble fou : monter une société de consulting de 800 personnes sur 10 pays à horizon 2014. Mais Amaris signifie en latin “ tu auras aimé “, un bel aveu de confiance, qui ne va pas sans audace ni performance. L’audace, c’est celle, encouragée, des jeunes recrues issues des grandes écoles, EMLYON en première ligne, « avec ce quelque chose en plus, une ouverture d’esprit, essentielle lorsque l’on fait 10% de croissance chaque mois ». La performance provient d’un système agile, capable de monter des équipes sur plusieurs pays en quelques jours, et d’une organisation en réseau qui démultiplie les opportunités : « une grosse start-up qui fonctionne au plaisir et à l’engagement ». L’indépendance est assurée par l’autofinancement et le capital détenu par les fondateurs. « Nous souhaitons rester maîtres de notre destin pour être capables d’honorer nos promesses aux salariés. » Six ans plus tard, la société tient la corde, rassemble dans ses 40 implantations à travers le monde près de 1 000 employés, et parmi eux plusieurs diplômés et stagiaires EMLYON. Elle vise le cap des 4 000 dans 5 ans. « La crise, ça n’est pas un problème quand on est petit ; il faut juste être persuadé que l’on peut aller vite indépendamment du contexte. » Pas de réussite donc, ni de plaisir, sans vitesse, mais pas de vitesse non plus sans précision, sans concentration ni anticipation. C’est ainsi qu’Olivier Brourhant, amateur de glisse et de sport automobile, entend guider Amaris sur les podiums. Et dire qu’il n’a que 38 ans…

« Je suis convaincu que l’on crée de la valeur avec des promotions de MBA mixtes, de jeunes diplômés et de professionnels ; les trois entrepreneurs de ma promotion qui ont fondé des sociétés de plus de € 10 millions de chiffre d’affaires faisaient partie des jeunes diplômés. » 13


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He cultivates the start-up spirit in a group with 1000 people

OLIVIER BROURHANT

MBA 1997

CEO AND CO-FOUNDER OF AMARIS Olivier Brourhant apparently took his first entrepreneurial steps at… his Lyon Engineering school, INSA, when he organised the biggest free student festival in France. « The INSA 24H bicycle race taught me my future job as a Boss: providing the vision, bringing the energy, helping people go a long way » he smiles. And he’s been having fun for over fifteen years creating high-growth activities. As a warm-up lap after his MBA at EMLYON, he left on VIE (International Voluntary work in an Enterprise) for Altran, which was at the time ten times smaller than today, but already considered as a good training pitch for young graduates.

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« I am convinced that you create value when you have MBA classes which mix young graduates together with professionals. The three entrepreneurs from my year who have created companies with sales of over €10 million… were amongst the young graduates. »

His job there was to create the IT Systems activity in Belgium, and after only three years he had become Co-Director of a unit of 130 people. He was 25, flexible in the way he piloted his teams (who were less than comfortable with the company codes of a big structure), and above all, he had a slightly utopian desire to launch an international company. To complete his entrepreneurial training, he gave up his stock-options, and went to work for the Alten team, another key player in Engineering and Technology consulting, to set up its Belgian subsidiary, Axen. Then came three years at top speed, when Olivier Brourhant and his teams earned their qualifications with ‘’Fortune 500’’ companies. What fuelled them? – The sort of management which offers responsibilities and rewards to young graduates. Re-fuelling in 2003: he gave up his minority share in Axen but still stayed with Alten to pilot international development. He went to live in Geneva, and plotted his path in Europe, with several interesting spurts of acceleration, with acquisitions and new companies in different countries… But he was starting to feel a little cramped in the cockpit.

In 2007, with his friend from the INSA 24H and with two colleagues, he went back to the starting block. « I had promised myself I wouldn’t do that again, because creating a company takes at least a year, working 7/7 with a lot of risks. » The project seemed crazy: to set up a new consulting company with 800 staff in 10 pays by 2014. But in Latin Amaris means “you will have loved“, a great vow of confidence, boldness and performance. Boldness is that of the young recruits who are graduates of Grandes Ecoles, especially EMLYON, and is to be encouraged: « Together with a little extra something, openmindedness, which is essential when you have a monthly growth rate of 10% ». Performance comes from a system which is agile, capable of setting up teams in several different countries in just a few days, and a network organisation which leverages opportunities: « A big start-up which works on pleasure and commitment ». Their independence is guaranteed thanks to auto-financing and the capital in the hands of the founders. « It’s important for us to remain in charge of our own destiny to be able to honour the promises we have made to our staff. » Six years later, the company is winning the race with 1000 staff in 40 sites all over the world, amongst them several graduates and interns from EMLYON. They aim for 4000 in the next 5 years. « The crisis is not a problem for a small company, you just have to be convinced that you can move quickly, whatever the context. » So there’s no such thing as success, nor pleasure, without velocity, but there’s no velocity without precision, concentration or anticipation. That’s how Olivier Brourhant, fan of snow sports and car-racing, wants to guide Amaris onto the winners’ platform. And he’s only 38 years old… 15


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Il a fondé le premier fonds franco-chinois de capital-développement

MING-PO CAI

Programme Grande Ecole 1998

PRÉSIDENT ET COFONDATEUR DE CATHAY CAPITAL « Il faut mériter la confiance », répète souvent Ming-Po Cai. De fait, ce jeune chinois qui a grandi dans les marais salants de la province du Fujian, connu l’électricité à 8 ans et pris le train pour la première fois à 18, vit aujourd’hui entre trois continents et s’est constitué un inégalable carnet d‘adresses en France comme en Chine. Le parcours romanesque qui l’a amené à diriger le plus important fonds de Private Equity entre ces deux pays doit beaucoup aux rencontres et à la philosophie, outre la géographie escarpée de sa région d’origine qui pousse ses habitants vers la mer et le commerce. D’abord anthropologue, Ming-Po Cai saisit en 1989 l‘opportunité de suivre des études de sciences économiques en France. Première rencontre déterminante en 1993, avec le DRH du groupe SEB, membre du Jury du concours d’entrée EMLYON. Le groupe d’électroménager lui confie une mission d’exploration en Chine et convaincu par ses recommandations, lui propose sans délai de les mettre en œuvre. Il s’absente près de deux ans pour ouvrir, comme stagiaire, les bureaux de Shanghai, Pékin et Canton. Finalement diplômé en 1998, il fonde une société de conseil avec l’appui d’un ami polytechnicien… ancien client du restaurant où il fut serveur le week-end pour financer ses études. Il aspire déjà à accompagner les PME françaises en Chine et découvre en prospectant des dirigeants habiles : « habitués à travailler sous contraintes, les entrepreneurs français sont capables de prouesses à l’international ». L’anthropologue visite la France, observe ses coutumes et en particulier ses cimetières… Ming-Po Cai crée Stonest pour distribuer aux marbriers du granit du Fujian. Trois ans plus tard, et encore aujourd’hui, Stonest est leader

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sur le marché des tombes funéraires. « J’étais trop pressé d’entreprendre, je n’ai pas assez réfléchi à la taille du marché, forcément limitée ! » Il met Stonest en gérance et intègre un Executive MBA à Shanghai. Il y apprend le Private Equity et côtoie de jeunes entrepreneurs chinois qu’une première expérience réussie incite à aller plus loin. Quand il croise les pas d’Edouard Moinet, directeur associé d’un fonds d’investissement, la dernière pièce du puzzle se met en place. Ils joignent leurs talents dans Cathay Capital, premier fonds franco-chinois de capitaldéveloppement, qui gère aujourd’hui plus de € 400 millions, investis pour moitié dans des entreprises françaises et chinoises. Comment Ming-Po Cai a-t-il pu convaincre si vite investisseurs institutionnels, actionnaires privés et entrepreneurs, si ce n’est… une philosophie singulière ? Philosophie de l’investissement, par la recherche de l’utilité : « nous intervenons sur la capacité exécutante des entreprises ; l’utilité, c’est la beauté de la vie et de notre métier ». Philosophie du management, avec une équipe biculturelle qui joue des complémentarités : « la France et la Chine sont comme main gauche et main droite ; on ne peut réussir ensemble qu’une fois nos différences acceptées ». Philosophie des relations, inspirée des notions de précarité, de reconnaissance et de confiance : « l’efficacité dans le temps et sans tapage, l’authenticité, la simplicité et la gratitude rendent possible ce qui semblait impossible ». En toute logique, Ming-Po Cai vient de créer la Fondation “France-Chine Entreprendre“. « Beaucoup de personnes m’ont aidé à monter sur le cheval, je dois le faire à mon tour » conclut le sage fils des marais salants du Fujian.

« J’ai retenu la leçon des familles qui ont réussi : à court terme vous gagnez de l’argent, à moyen terme de la richesse et à long terme, vous gagnez sur les valeurs. Il faut garder le respect du temps long car la valeur est dans le temps. » 17


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He created the very first Franco-Chinese Capital Development Fund

MING-PO CAI

MSc in Management 1998

CEO AND CO-FOUNDER OF CATHAY CAPITAL

« I have learned the lesson from families who have succeeded: in the short term you earn money, in the medium term riches, and in the long term you have winning values. You must respect the long term, because value comes with time. » 18

« You have to earn someone’s trust » is a phrase that Ming-Po Cai often repeats. This young Chinaman who grew up in the salt flats of Fujian province, didn’t get to use electricity before the age of 8, and only took the train for the first time at the age of 18, now lives between three different continents and has built up an address book beyond compare in France and in China. The quixotic journey which led him to manage the biggest Private Equity fund between these two countries owes a lot both, to chance meetings and to philosophy, as well as to the craggy geography of his native region, which pushes its inhabitants towards the sea and trade. Ming-Po Cai first of all became an anthropologist, but in 1989 seized the opportunity to study Economics in France. His first important meeting in 1993 was with the HR Manager of the SEB group who was also a member of the Jury for the Entrance Exam for EMLYON. This household electrical appliance company entrusted him with an assignment to explore the Chinese market, and was so impressed by Ming-Po Cai’s recommendations, that it immediately asked him to implement them himself. He left for two years, and opened offices in Shanghai, Peking and Canton whilst still an intern. He finally gained his diploma in 1998, and founded a consulting company with the help of a friend who had studied at the French Polytechnique school… and who was also a customer at the restaurant where Ming-Po Cai worked at the weekend to pay for his studies. He already had the urge to accompany French SMEs in China, and discovered there was a whole set of ingenious managers over there: « Because they are used to work under pressure, when they go international, French entrepreneurs are capable of great exploits ». The anthropologist visited France, observed its customs, and… its cemeteries… Ming-Po Cai created Stonest to sell Fujian granite to

stonemasons. Three years later (and still today), Stonest was a leader in gravestones. « I was in too much of a hurry to be an entrepreneur, and I didn’t think enough about market size… which of course is limited! » He appointed a manager for Stonest and enrolled on an Executive MBA course in Shanghai. Whilst there, he learned Private Equity and rubbed shoulders with young Chinese entrepreneurs whose first successful professional experience had made them hungry to go even further. When his path crossed that of Edouard Moinet, Associate Director of an investment fund, the last piece of the puzzle fell in place. They joined forces to create Cathay Capital, the first Franco-Chinese capital development fund, which today has a portfolio of over €400 million, invested equally in French and Chinese businesses. How has Ming-Po Cai managed to convince institutional investors, private shareholders and entrepreneurs, so quickly… ? − Certainly by sharing his singular philosophy. His philosophy for investments consists of seeking out usefulness: « We impact companies’ ability to perform: usefulness is the beauty of life and of our profession ». His philosophy of management is implemented by a bicultural and complementary team: « France and China are like the left and right hands; we can only succeed together once we have accepted our differences ». His philosophy of relationships is inspired by notions of precarity, recognition, and trust: « Efficacy − discreetly, and through time −, authenticity, simplicity, and gratitude, all make possible that which seemed impossible ». So it was perfectly logical that Ming-Po Cai created the ‘’France-Chine Entrepreneurship’’ Foundation. « So many people gave me a leg up to mount my horse, I feel it is now my turn to do the same », concludes the wise son of the salt flats of Fujian. 19


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Il réinvente la publicité locale à l’ère d’internet

GAUTIER CASSAGNAU

Programme Grande Ecole 2009

PRÉSIDENT ET COFONDATEUR DE GEOLID

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L’aventure Geolid serait selon son Président « une histoire normale dans internet ». Normale, une entreprise qui, en cinq ans, a déjà réalisé trois tours de table pour € 5 milllions et vise € 10 millions de chiffre d‘affaires dans un secteur a priori mature ?!

« Les clients nous confient un budget que nous optimisons en actionnant les meilleures solutions web pour générer des appels. Notre modèle repose sur la satisfaction des clients, à travers le taux de renouvellement. C’est une démarche vertueuse. »

En 2006, Gautier Cassagnau quitte son Béarn natal pour EMLYON et rejoint l’équipe du Petit Paumé comme rédacteur en chef. Ce city-guide de Lyon édité par des élèves de l’École lui ouvre l’univers de la publicité locale et l’introduit à ses futurs associés. Il note le glissement des dépenses publicitaires du print vers le online, mais avant de réfléchir plus loin, part en stage chez Looneo. Fidèle au mythe du ‘’start-up garage’’, Looneo démarre avec une poignée d’enragés dans le sous-sol de la maison de son fondateur, ex-directeur marketing de MSN pour Microsoft France. Gautier Cassagnau revient contaminé, gagne l’incubateur EMLYON pour lancer Voisineo, réseau de proximité et d’échanges de services B2C (Business to consumer). Lauréat de Rhône-Alpes Entreprendre, il séduit quelques business angels locaux, mais doit encore valider un stage à l’étranger. Ce sera l’Université de Bengalore, au cœur de la Silicon Valley indienne. Ce sas de six mois le décide à tout remettre à plat. A son retour, Michel Coster, directeur de l’incubateur EMLYON, lui donne le meilleur conseil qu’il ait reçu : « il nous a poussés à donner de l’ambition à notre projet. Il trouvait que nous faisions trop étudiants ! ». S’inspirant d’un modèle américain, il se concentre sur la communication locale des artisans et commerçants. Voisineo pivote vers Geolid, qui, contrairement aux usages du métier, ne vend pas d’espace publicitaire, mais garantit des appels téléphoniques de prospects.

Joueur de tennis et de badminton, Gautier Cassagnau engage la partie Geolid en trois manches décisives : mise en jeu d’une agence-prototype à Lyon, puis quelques lancers de balles dans quatre grandes villes et enfin déploiement sur toute la surface nationale. Si les agences ont une activité classique de vente-terrain, l’innovation réside dans le back-office : « nous sommes très fins dans la géo-localisation et le web marketing ; nous mettons en place des outils pour ajuster, automatiser et industrialiser les process au maximum ». Ils sont déjà 3 000, plombiers, serruriers, salles de sport, instituts de beauté etc. à avoir donné l’avantage à Geolid. Gautier Cassagnau a bien retenu la leçon, qui se projette en tête de série. « Tous les caps sont importants : de € 100 000 à 1 million, de 1 à 10, et aujourd’hui de 10 à 100 ; c’est le saut que nous devons réaliser pour peser comme acteur national. » Pour réussir cette hyper-croissance, il monte au filet des recrutements − 80 cette année, soit 2/3 des effectifs actuels − : « des gens avec un état d’esprit positif, sensibles à la performance commerciale et à l’efficacité ». Ce garçon tranquille, curieux de l’actualité et de sujets sociétaux, assure que le bonheur est dans le web : « c’est extraordinaire de se donner les moyens de faire ce dont on a toujours rêvé et de vivre une telle aventure à plusieurs ».

« La réussite d’un projet tient pour beaucoup au bon positionnement de l’ego de chaque membre de l’équipe. L’ego performant est celui qui permet de rester dans une posture d’apprentissage, avec ce qu’il faut d’assurance, associée à la curiosité, pour tendre continuellement vers le meilleur. »

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HE Reinvents local advertising in the internet era

GAUTIER CASSAGNAU

MSc in Management 2009

CEO AND CO-FOUNDER OF GEOLID

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« The success of a project owes a lot to every member of the team having their ego in the right place. A high performance ego is one which allows its owner to remain in the posture of a learner, with just enough assurance, and a dose of curiosity, to continually tend towards the best. »

The adventure of Geolid is, according to its CEO « a common or garden Internet story ». “Common or garden” for a company which, in 5 years has already been in three finance pools for € 5 million and is aiming for sales of €10 million in a sector which seems already mature?! In 2006, Gautier Cassagnau left his native Béarn for EMLYON and joined the team of the Petit Paumé as Editor-in-Chief. This Lyon cityguide edited by the students of the school opened the doors to a whole new universe of local advertising, and led him to meet his future partners. He noticed the shift from buying advertising space in print to online ads, but before he was able to think more about this new trend, he left for an internship at Looneo. In accordance with the myth of the “start-up in a garage”, Looneo began with a handful of… loonies… in the basement of its founder, ex-MSN Marketing Manager for Microsoft France. Gautier Cassagnau caught the virus, and joined the EMLYON incubator to start Voisineo, a B2C local network and exchange of services company. He won the Rhône-Alp region Entrepreneur Award, and attracted a few local business angels, but he still needed to go and work abroad before getting his diploma. He went to the Indian Silicon Valley, at the University of Bangalore. This six month breathing space helped him decide to start over, and, once back in the EMLYON incubator, its Director, Michel Coster, gave him the best advice so far: « He encouraged us to think big with our project; he said we were still too much like students! ». Taking inspiration from an American model, he concentrated on local communication for tradesmen and shop owners. Voisineo turned into Geolid, which, contrary to custom in the

trade, doesn’t sell advertising space, but rather guarantees telephone calls from prospects. « Customers give us a budget which we optimise by finding the best web solutions to generate sales calls. Our model is based upon customer satisfaction, and a high renewal rate. It’s a virtuous approach. » A keen tennis and badminton player, Gautier Cassagnau started Geolid match in three decisive sets: a prototype agency begins the game in Lyon, then a few balls are thrown into four big towns, and finally there is the roll-out all over France. The agencies have a conventional activity selling space, but the innovative element is the back-office: « We are very sharp in geo-location and web marketing; we set up tools to adjust, automate and industrialise as many processes as possible ». There are already 3,000 plumbers, locksmiths, sports facilities, beauticians, etc., giving the advantage to Geolid. Gautier Cassagnau has learned the lesson about looking ahead to being seeded. « Every stage is important: from € 100 000 to 1 million, from 1 to 10, and today from 10 to 100. This is now the leap we have to make to weigh in as a key national player. » To achieve this hyper-growth, he moves up to the net as far as recruiting is concerned − 80 new staff members this year, that is 2/3 of current personnel −: « People with a positive mind-set, sensitive to sales performance and to efficiency ». This quiet boy, curious about current events and present-day issues of society, is sure that happiness can be found on the web: « It’s extraordinary to have the means to do what you have always dreamed of, and to experience such a great adventure with team members ». 23


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Elle pilote la stratégie industrielle d’une ETI (Entreprise de Taille Intermédiaire)

PASCALE CHRÉTIEN

AMP/CPA 2010

DIRECTEUR INDUSTRIEL D’EFI AUTOMOTIVE « DItes bien que les jeunes filles ne doivent pas avoir peur de l’industrie ! » C’est par ce plaidoyer enthousiaste que Pascale Chrétien aime à se raconter. Si elle doit plus au destin qu’à une réelle vocation son orientation vers le métier d’ingénieur, elle garde la construction de sa 1re usine comme l’un des souvenirs les plus exaltants de sa vie. Son dossier scolaire l’envoie en math sup., un peu par défaut, ses parents ne pouvant assumer le coût d’une école de commerce. Diplômée de l’ENSAM, elle opte pour un grand groupe et une fonction transversale, la qualité : « une vraie chance, deux ans très profitables qui m’ont permis de rembourser mon prêt étudiant, mais je n’ai pas la culture des grosses structures ». Elle trouve chez Bultex (literie) un environnement à sa mesure et le soutien ferme d’un mentor. Embauchée comme responsable qualité, elle franchit tous les paliers jusqu’à la direction industrielle. « Il n’y a rien d’original dans ce parcours, c’était le sens naturel des choses. » Mais en 2003, elle doit suivre son mari muté en Italie, l’occasion pour elle de diriger une unité de 200 personnes dans la tôlerie et les poêles de chauffage. « Mon manque d’expertise technique n’a pas découragé le dirigeant, comme cela aurait pu être le cas en France. » Son immersion se fait allegretto, avec, en botte secrète, un lexique d’italien. Pascale Chrétien retrouve la France en 2006, pour la direction industrielle d’un fabricant d’appareils d’éclairage qui dispose de trois usines, dont l’une en Roumanie. Une expérience en clair-obscur : elle apprend à travailler avec les pays de l’Est, mais doit aussi fermer une usine en France. « C’était humainement insupportable, les gens m’avaient accordé leur confiance, l’usine avait fait des 24

progrès de productivité mais nous n’avons pas trouvé d’autre solution. Cette épreuve m’a rendue très sensible à la dimension humaine de mon métier et à l’employabilité des équipes. » L’AMP/CPA qu’elle suit en 2010 est salvateur : à sa motivation initiale – élargir son spectre pour envisager à terme une direction générale – s’ajoute rapidement le bonheur d’apprendre : « c’est formidable de réalimenter son puits intérieur de connaissances et de se faire des amis à 40 ans ». En 2011, elle applique à sa recherche d’emploi la démarche réseau. « Un plaisir inattendu, j’ai adoré le principe, découvrir des gens et des métiers et écouter ma petite flamme intérieure, celle qui me souffle les bonnes décisions. » La bonne décision, c’est EFI Automotive, entreprise familiale qui produit des systèmes électroniques pour l’automobile. Pascale Chrétien prend la direction de l’usine du Rhône (600 personnes) ainsi que la direction industrielle du groupe (cinq sites sur trois continents). « J’aide le groupe à s’adapter aux volumes, mettre les sites français au niveau d’excellence et accompagner la croissance en Chine et aux Etats-Unis. » Pour cela, elle veille à la bonne transmission des énergies : tout à la fois conducteur fixant le cap, générateur d’autonomie, transformateur de compétences et connecteur de réseaux en interne comme en externe. « Créer du lien, ça fait rayonner l’organisation et les individus. » Depuis sa formation AMP/CPA, elle s’applique à garder les yeux ouverts : c’est essentiel pour la marche à pied qu’elle pratique le week-end en famille, pour les dîners-débats du Cercle des dirigeants (club EMLYON FOREVER) qu’elle anime bénévolement et pour s’imaginer un avenir toujours plus lumineux.

« J’ai créé de la valeur chaque fois que je me suis occupée, dans cet ordre précis, des gens, puis de la qualité, puis du service client, puis de l’efficience et de la productivité. Et au-delà de l’univers professionnel, j’ajouterais l’importance du ‘’travail gratuit’’, qui développe conscience et humanité. » 25


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She pilots the industrial strategy of a midcap company

PASCALE CHRÉTIEN

AMP/CPA 2010

INDUSTRIAL MANAGER EFI AUTOMOTIVE

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« I have created Value every time I have taken care – in this precise order – of people, quality, customer service, then efficiency, and productivity. And over and beyond the world of work, I would add to that list the importance of “working for free”, which develops the conscience, and humanity. »

« You have to say that girls must never be afraid of industry! » Pascale Chrétien likes to use this enthusiastic argument when she tells her story. If she owes her profession of engineer more to fate than to a real vocation, she still counts the construction of her first plant as one of the most exciting moments of her life. Her school results meant that she was a candidate for Higher Mathematics studies, and off she went – as a default solution – since her parents couldn’t afford to finance studies at a business school. She graduated from ENSAM, (a top French Engineering School), and went to work in a big company with a cross-functional position in quality: « It was a great stroke of luck, two really profitable years which allowed me to reimburse my student loan, but… I don’t really have the mindset of a big group ». She moved to Bultex (Bedding), and found there the right-sized environment and the strong support of a mentor. She was hired as Head of Quality, and climbed up the ladder right up to the rung of industrial management. « There’s nothing really original about my career path, it was just the logical order of events. » When in 2003, she was a trailing spouse for her husband who had been transferred to Italy, the opportunity presented itself for her to manage a unit of 200 people in sheet-metal and heating stoves. « My manager was by no means discouraged by my lack of technical know-how, as would maybe have been the case in France. » Her immersion played along allegretto, with, as an extra secret weapon, the fact that she learned Italian quickly. Pascale Chrétien came back to France in 2006, working with the industrial management of a manufacturer of lighting fixtures, with three plants, one of which is in Rumania. That experience was slightly chiaroscuro: on the one hand, she learned to work with Eastern countries, but on the other, had to close a plant in France. « It was unbearable on a

human level, those people had trusted me, the plant had increased its productivity, but… we couldn’t find any other solution. That difficult situation made me very aware of the human aspect of my job, and of team employability. » L’AMP/CPA (Advanced Management Programme at EMLYON) that she followed in 2010 was a salvation: and her initial motivation for following the programme – broadening her scope in order to apply for a General Management position – was swiftly accompanied by the joy of learning: « It is so wonderful to nourish the spirit with knowledge and to make new friends at 40 ». In 2011, she started using networking strategy to find a job. « That was an unexpected pleasure; I adored the process, discovering people and professions and listening to my little internal voice, the one that whispers the right decisions to me. » The right decision turned out to be EFI Automotive, a family-owned company producing electronic systems for cars. Pascale Chrétien took over the management of the Rhône plant (600 staff) as well as industrial management of the group (five sites on three different continents). « I help the group to adapt to volume, to upgrade French sites to a level excellence and accompany growth in China and the USA. » To do this, she ensures that there is good transmission of energy: at the same time as she is the driver charting the course, she is also the generator of autonomy, the transformer of skills and the internal and external network connector. « Creating connections makes both the organization and the individuals thrive. » Since her AMP/ CPA, training, she makes sure that she keeps her eyes wide open: which is essential when you go walking at the weekend, as she does with her family, for the Dinner-Debates at the Directors’ Circle (EMLYON FOREVER club) which she hosts on a volunteer basis, and for imagining a future which constantly gets brighter and brighter. 27


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Elle travaille pour guérir demain deux cancers sur trois

AXELLE DAVEZAC

Programme Grande Ecole 1991

DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA FONDATION ARC POUR LA RECHERCHE SUR LE CANCER De ses études à EMLYON, Axelle Davezac retient trois années merveilleuses. « J’ai pris conscience des opportunités immenses à ma portée, pour peu de s’en donner la peine. Je me suis dit : si c’est ça la vie, c’est fabuleux ! » Elle va s’en donner la peine… ‘’La vie’’ débute en 1991 à la direction financière du groupe automobile PSA : un monde d’hommes et d’ingénieurs, sérieux, rigoureux, soumis à une tension importante sur les coûts. « J’ai appris à survivre comme femme et non-ingénieur, en faisant fi des premiers regards moqueurs. Le travail paie, on gagne sur la durée. » Quatre ans plus tard, le groupe Sagem, grosse PME de l’électronique, la sollicite pour mettre en place le contrôle de gestion d’une de ses divisions. Sa mission achevée, elle demande à partir en usine. Contrôleur financier du site de Dinan en Bretagne, elle s’initie aux urgences de la production et au travail avec les magasiniers. « J’ai été assez fière le jour où les pauvres bretons – c’est ainsi que certains nous appelaient – sont passés en tête en qualité, fiabilité des stocks, délai de reporting, pertinence d’analyse…» Au tournant des années 2000, Sagem se déleste de sa division automobile au profit de l’équipementier américain Johnson Controls. Celui-ci charge Axelle Davezac de la structuration juridique et financière de sa nouvelle filiale française, puis de sa division européenne, avec d’importants changements de périmètre. Les challenges sont stimulants mais elle n’envisage pas ainsi ses 25 prochaines années. « J’étais au bout du chemin, je me suis dit, à quoi bon ? » La vérité est qu’elle ressent l’envie de mettre ses compétences au service de l’intérêt général. 28

Le premier cabinet de recrutement à qui elle confie son projet l’en dissuade : « vous allez gâcher votre carrière. » Mais c’est le même qui la rappelle six mois plus tard. L’ARC recherche un directeur général, de préférence un directeur d’hôpital de plus de 50 ans… Elle est embauchée courant 2005, avec, sur sa paillasse, la complète remise en ordre de l‘organisation et la réflexion stratégique sur la mission de recherche et le développement des ressources. Les premiers essais ne se font pas sans effets indésirables. « Les préjugés sur les gens du privé et les non scientifiques ont la vie dure. Je me suis retrouvée sans repères dans un système associatif qui a ses singularités de gouvernance et sa propre notion du temps. » Elle tient bon, avec le soutien bienveillant du président de l’association, et engage progressivement le changement. En 2012, elle sort de ses éprouvettes la Fondation ARC, qui abrite désormais des projets de recherche, pour certains uniques en France, sur des thématiques très innovantes au niveau national et international, qui devraient faire gagner des mois de vie aux patients. Elle a conçu avec les 60 personnes qui l’entourent la posologie d’un management résilient. « Pour motiver dans un environnement exigeant, il faut encourager l’exemplarité, la compétence et l’empathie, les trois formant un tout indissociable. Quand on arrive à créer des liens d’humanité, ça change tout. » Pour elle, au bout de sept ans de ce protocole, le rapport bénéfices /risques est convaincant. « Ma recherche fondamentale, c’était de donner un sens à mon action. » Pas besoin de microscope pour voir que ses travaux ont abouti.

« Quand on vit comme la Fondation ARC de ressources publiques et privées, on doit s’imposer une exigence et une transparence implacables dans le choix et l’évaluation des projets, dans le suivi des budgets et dans la qualité du management. Il n’y a n’a pas d’autre voie que de compenser la modération salariale par l’empathie et la reconnaissance. »

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She works to find tomorrow’s cure for two out of three cancers

AXELLE DAVEZAC

MSc in Management 1991

GENERAL MANAGER OF THE ARC FOUNDATION FOR CANCER RESEARCH When she describes her studies at EMLYON, Axelle Davezac remembers three fantastic years. « I realised that so many immense opportunities were out there, for those who reached out for them. I said to myself: if that’s what life is about, it’s fabulous! » And she did go on to reach out for them... ‘’Life’’ began in 1991 in the finance management of the automotive group PSA: a man’s world, an engineer’s world, serious, strict, and with a high degree of tension in relation to expense. « I learned to survive as a woman and as a non-engineer, by simply ignoring the scornful looks I got at the beginning. Hard work pays off, and you win in the long term. »

« When, like the ARC Foundation, you exist thanks to public and private funding, it is necessary to be relentlessly demanding and transparent in the choice and in the assessment of projects, in monitoring budgetsand in the quality of management. The only way to compensate for modest salaries is by empathy and recognition. » 30

Four years later, the Sagem group, a big electronics SMI sought her out to implement management control for one of its divisions. When she had finished the assignment, she asked to go and work in a plant. As Financial Controller of the Dinan site in Brittany, she began learning about the emergency side of production, and how to work with warehousemen. « I was rather proud the day when the poor Bretons (as we were called) became the N° 1 plant in quality, stockpile reliability, reporting timing, analytical skills... » At the turn of the century, Sagem sold its automotive division to the American Equipment manufacturer Johnson Controls, who put Axelle Davezac in charge of the legal and financial division of its new French subsidiary, then of its European division, with a big change of scope. The challenges were stimulating, but she couldn’t imagine spending the next 25 years of her life in that way. « I had reached the end of the road, and I asked myself, what is it all for? » The truth is that she felt the need to use her skills for public service. The first recruitment agency to whom she confided her project tried

to dissuade her: « you’ll ruin your career ». But that same agency called her back six months later. The ARC Cancer Research Association was looking for a General Manager, preferably someone who was already a Hospital Manager aged 50 or more… She was hired in 2005, and on her work-bench was the task of a complete revamping of the organisation, and the strategic realignment of research and resource development. The first stages were not without some undesirable side effects. « Prejudice against people coming from the private sector, against non-scientific profiles, dies hard. I found myself with no bearings in an associative system with its own special style of governance and its own notion of time. » She stood firm, and with the benevolent support of the President of the Association, she progressively brought about change. In 2012, she pulled the ARC Foundation out of her test tube, which now is home to research projects, some of which are unique in France, in highly innovative areas, on a national and international level, and which will soon be able to prolong patients’ life by months. With the 60 people who work with her, she has designed the right dosage for resilient management. « To motivate people who work in a demanding environment, it is necessary to encourage exemplarity, competence, and empathy, which form an indivisible whole. When you can create connections with humanity, it changes everything. » After seven years on this protocol, for her the profit/risk ratio is compelling. « My basic research programme was always to give some meaning to what I am doing. » No need for a microscope to see she has succeeded. 31


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Il construit ce qui permettra à son entreprise d’atteindre le cap des € 500 millions

OLIVIER DE LA CLERGERIE

Programme Grande Ecole 1996

DIRECTEUR GÉNÉRAL ET COFONDATEUR DU GROUPE LDLC Il est le O qui se cache derrière les initiales LDLC de son grand frère Laurent ; celui qui fait tourner rond le back-office de cette entreprise pionnière de la vente en ligne de composants informatiques, dont les ventes dépassent € 200 millions en 2013. Deux frères, deux cursus comparables – une double formation ingénieur et gestion –, deux passionnés de micro-informatique, deux tempéraments complémentaires, une histoire remarquable. Etudiant en 2e année d’EMLYON après son diplôme ECAM, Olivier de la Clergerie apprivoise ses cours de finances en établissant des plans d’affaires pour son frère qui rêve d’entreprendre. En 1996, ils lancent ensemble LDLC.com depuis l’appartement familial, avec un premier stock réparti entre le garage et leur chambre, puis vivent l’euphorie des marchés informatique et e-commerce. « Nous n’espérions rien de plus que de vérifier que le projet était viable, c’était inespéré. » Plugué sur l’hyper-croissance, leur système d‘exploitation offre les meilleurs programmes : introductionenbourse2.0 et gestionenbonpère defamille1.3. Ils configurent leur première boutique en 1998, augmentent la bande passante de leur fonds de roulement et réalisent € 8,4 millions de chiffre d’affaires au 5e exercice, avec un capital de départ de seulement € 7 500. « Confrontés à des problèmes de croissance, mais à des problèmes tout de même, nous avons été longtemps sur le fil du rasoir. » Les deux fondateurs ont une carte-mère unique qui les protège du virus cashburning.exe, leur père cadre financier : « il nous a appris que c’est son compte en banque qui fait mourir une entreprise ». L’entreprise ouvre avec les années une nouvelle session, celle de la maturité. « J’ai compris que l’entreprise avait grandi le jour 32

où un employé de nos entrepôts m’a dit Bonjour Monsieur. » Olivier de la Clergerie installe dans sa barre d’outils toutes les fonctions supports, juridique, finances, logistique et ressources humaines, toujours soucieux de rajouter des octets aux processus internes. En matière de management, il développe sa propre application, qui lui vaut le surnom de Monsieur Pourquoi : « si on sait répondre à une série de pourquoi, on peut aller très loin dans beaucoup de domaines ». Les 340 employés du groupe savent bien pourquoi il a reçu le Prix du Capital Humain en avril 2013. Olivier de la Clergerie continue encore aujourd’hui d’activer la mise à jour de la fonctionnalité ‘’aventure’’ : « on ne crée pas une entreprise pour gagner de l’argent, on passe à côté de beaucoup de choses très humaines en pensant cela ». 17 ans après sa création, l’entreprise garde son disque dur de ‘’start-up’’ et de PME familiale indépendante. La fratrie est maintenant au complet (la benjamine, Caroline, comprise) et 50% du capital toujours détenu par les fondateurs et leurs proches. « C’est difficile d’éviter que les repas familiaux ne se transforment en Conseil d’Administration et que nos parents ne s’inquiètent du cumul des risques ! » Le recrutement d’un directeur général délégué extérieur marque une nouvelle étape pour l’entreprise et ses fondateurs : avec un objectif de € 500 millions à cinq ans, la navigation se promet d’être aussi passionnante que sur leur site. « Je me rappelle ces moments où nous jetions en l’air le chiffre d’un milliard de francs, que nous avons atteints en 2006. Penser petit, c’est être petit. » Avec de tels principes, on ne peut que se réjouir qu’Olivier de la Clergerie soit membre du comité exécutif de la Fondation EMLYON…

« C’est important de raconter des histoires qui donnent envie de rêver, car toutes les entreprises commencent par un rêve. C’est tout l’intérêt de ce livre : encourager ceux qui ont un rêve à le concrétiser et ceux qui n’en ont pas encore à oser. » 33


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He builds the means for his company to reach the €500 million mark

OLIVIER DE LA CLERGERIE

MSc in Management 1996

GENERAL MANAGER AND CO-FOUNDER OF LDLC GROUP He is the hidden “O“ behind his elder brother Laurent’s initials LDLC; the one who makes the back-office run smoothly for this pioneer of on-line sales of IT equipment, who sold more than €200 million in 2013. Two brothers, two similar university careers, – a double education in Engineering and Financial management –, both passionately interested in micro-computing, two complementary personalities, one remarkable story. As a 2nd year student at EMLYON after graduating from the Lyon Engineering school ECAM, Olivier de la Clergerie domesticated his lectures in finance by drawing up business plans for his brother who dreamed of being an entrepreneur.

« It is important to tell stories which make people want to dream, because all companies begin with a dream. That is why this book exists: to encourage people with a dream to make it happen, and for those without, to dare to have one. » 34

In 1996, they launched LDLC.com together from the family home, with their first stock spread out between the garage and their bedroom, and experienced the euphoria if the IT and e-commerce markets. « We weren’t expecting anything apart from making sure that the project was feasible… we never imagined what would happen. » Plugged into hyper-growth, their operating system had the very best programmes: introductionenbourse2.0 and prudentfinancialmanagement.3. They configurated their first shop in 1998, increase the band-width of their working capital, and sold over €8.4 million with an initial capital of only €7,500. «It’s true we were faced with problems of growth, but they were nonetheless problems... for a long time we were on the razor’s edge. » The two founders have a unique motherboard which protects them from the virus cashburning .exe – their father who works in finance: « He taught us that a company lives or dies according to its bank account. » A few years later, and the enterprise opened a new session, that of maturity. « I understand

that the company had grown, the day when one of the staff of our warehouses said to me: Bonjour Monsieur ». Olivier de la Clergerie installs in his toolbar all the support, legal, logistics, and HR supports, and is always careful to add octets to internal processes. As far as management is concerned, he has developed his own app, which has gained him the nick-name Monsieur Pourquoi (Mr. Why): « If you know how to answer a list of ‘’why’’ questions, you can go far in a good many areas». The 340 group staff certainly know the reason why he was awarded the Prize of Human Capital in April 2013. Even today, Olivier de la Clergerie still continues to activate the ‘’adventure’’ feature: « You don’t create a company just to earn money, you will miss a lot of human issues if you think that way. » 17 years after it was founded, the company still has its ‘’start-up’’ and family SMI hard disk. The brotherhood is now complete (and includes their younger sister, Caroline) and 50% of the capital is still in the hands of their founders and their families. « It’s difficult to stop our family meals turning into Board meetings, and having our parents worrying about balancing the risks! » The recruitment of a General Manager from outside the family is the sign of a new stage for the enterprise and for its founders: with a €500 million sales objective in the next five years, navigation promises to be as exciting as that of their website. « I remember the times when we just pulled out of a hat the figure of a billion francs, which we reached in 2006. If you think small, you stay small. » With principles like those, we are happy that Olivier de la Clergerie is a member of the Executive Board of the EMLYON Foundation…

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Il aide les esprits jeunes à faire avancer leurs rêves

PATRICK DUPUIS

Programme Grande Ecole 1984

DIRECTEUR FINANCIER MONDE DE PAYPAL INC. Le parcours de Patrick Dupuis est à l’image de la Silicon Valley où il travaille aujourd’hui : globalisé, intense, prolifique, à fort contenu technologique. Du jeune chef comptable recruté par GE (General Electric) au franco-américain qui chapeaute les finances du premier fournisseur au monde de solutions de paiement en ligne, il a capitalisé une expérience exceptionnelle de la transformation d’entreprises dans le secteur des services. A 21 ans, il est le premier diplômé de l’enseignement supérieur de sa famille : « des petits entrepreneurs et des fermiers qui ont bâti leur vie sur le travail et leurs convictions ». GE le recrute en 48 heures : « ça n’était pas le job le plus glamour dont peut rêver un jeune qui sort d’EMLYON, mais j’avais trois personnes à manager et de l’espace pour apprendre ». Très vite repéré, il suit le parcours accéléré des talents, passe de l’opérationnel à la stratégie, participe à la croissance en Asie puis devient à 34 ans le plus jeune directeur de l’audit. Après 15 ans sur des projets globaux et du business développement, il intègre comme directeur financier l’équipe dirigeante de la division Healthcare, aux côtés de Marc Onetto, diplômé de l’École Centrale de Lyon devenu vice-président d’Amazon. « Avec 77 acquisitions en quatre ans, l’activité double de taille, à $ 10 milliards, une constante et passionnante construction d’équipe. » En 2003, il a 40 ans, vient d’introduire en Bourse le centre de services partagés de GE (16 000 personnes) et cherche à passer plus de temps avec sa famille. Il revient aux finances, au sein d’un grand groupe hospitalier privé puis de Sitel Worldwide, qui gère 120 centres d’appel dans 25 pays et peine à intégrer une acquisition majeure. 36

En 2010, après le Wisconsin, le Missouri et le Tennessee, il traverse les Etats-Unis et retrouve chez Paypal l’ambiance pionnière de ses débuts. « Le Président David Marcus me rappelle les grands patrons de GE, un créateur né, avec une capacité à motiver et à bâtir assez unique.» L’entreprise, filiale d’eBay, double de taille tous les trois ans ($ 6 milliards). La croissance exige une discipline de transformation permanente et d’excellence opérationnelle. Directeur financier, Patrick Dupuis veille à l’alignement stratégique des moyens et des processus. « Mon rôle est d’emmener le plus loin possible les rêves des esprits entreprenants. » Le fil conducteur de ces presque trente années d’intrapreneuriat ? – La transmission. La transmission de la notion de pérennité : « je ne retiendrai pas les résultats financiers, mais les équipes que j’ai bâties et les projets qui me survivront ». La transmission de valeurs humaines : « il y a ceux qui recrutent des titres et ceux qui investissent dans le courage ; tout manager doit encourager autour de lui l’intelligence, l’intégrité et l’humilité ; la mission est plus importante que la crainte de l’échec ou les objectifs personnels ». La transmission de son expérience aussi, dans son appui à l’École qui l’a formé. Parrain de la promotion 2000, il est, avec Marc Onetto, cofondateur de la Fondation américaine EMLYON/École Centrale de Lyon. « Je suis convaincu de la puissance offensive du réseau et de l’alliance avec l’École Centrale de Lyon, que Marc et moi avions suggérée il y a douze ans. » Avec un tel sens de l’anticipation, Patrick Dupuis ne travaille pas dans la Silicon Valley par hasard.

« Le partage de la valeur est le défi essentiel des dirigeants du 21e siècle : dans un environnement aussi ouvert et aussi démocratique, on doit raisonner en symbiose. Chez Paypal, ce principe vaut pour les clients comme pour les collaborateurs : on réussit ou on perd tous ensemble. » 37


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He helps young spirits to fulfill their dreams

PATRICK DUPUIS

MSc in Management 1984

HEAD OF FINANCE (WORLD) PAYPAL INC. Patrick Dupuis’ career is the reflection of Silicon Valley where he works today: global, intense, prolific, and high-tech. From being a young Head Accountant recruited by GE (General Electric), to a Franco-American managing the finances of the world's biggest supplier of on-line payment solutions, he has built up exceptional experience in the field of service company transformations. At 21, he was the first member of his family to go to University: « They were small business owners and farmers who had based their life on their work and their convictions ». GE snapped him up in 48 hours: « It wasn’t the most glamourous of jobs for a young person fresh from EMLYON, but I did have three people in my team and plenty of room for learning ». He was spotted very quickly and enrolled in the fast-track talent path, and went from line management to strategy, participated in development in Asia, and then, at the age of 34, became the youngest ever Manager of the Audit department. After 15 years spent on global projects and business development, he joined the management of the Healthcare division as Head of Finance, working with Marc Onetto, graduate of the Lyon Ecole Centrale (Centrale Engineering School), future Vice-Chairman of Amazon. « With 77 acquisitions in four years, activity had doubled to $10 billion, which meant the team was always in the process of some passionately interesting construction. »

« Sharing value is the ultimate challenge for 21st Century managers: in an environment as transparent and democratic as ours is, we must all think symbiotically. At Paypal, this principle holds good for both customers and for staff: we all succeed or we all lose together. » 38

In 2003, he was 40, and had just floated GE’s shared services centre (16,000 staff) on the Stock Exchange, and was hankering to spend more time with his family. He returned to the world of finance, for a big private hospital group, then for Sitel Worldwide, which manages 120 call centres

in 25 countries, and having problems dealing with its latest major acquisition. In 2010, after Wisconsin, Missouri and Tennessee, he crossed America and found that Paypal still had the same pioneering spirit of its first years. « Chairman David Marcus reminds me of the top managers at GE, a born creator, with a unique skill for motivating and growing. » The company, subsidiary of eBay, doubles in size every three years ($6 billion). Managing growth demands permanent transformational discipline, and operational excellence. As a Financial Manager, Patrick Dupuis is in charge of the strategic alignment of means and of processes. « My role is to take the dreams of entrepreneurial spirits… as far as possible. » The guiding principle of almost thirty years of intrapreneurship? – Transmission. Transmission of the notion of sustainability: « What will remain in my mind are not the financial results, but rather the teams that I built and their projects which will outlive me ». Transmission of human values: « Some people recruit people with diplomas, and some people invest in courage; every manager must encourage the presence of intelligence, integrity and humility around him; the mission is more important than the fear of failure or personal goals ». Transmission of his experience, too, with his contribution to the school which trained him. He is sponsor for the Class of 2000, and, together with Marc Onetto, Co-Founder of the American Foundation of EMLYON/Lyon Ecole Centrale. « I have every confidence in the attacking power of the network and of the partnership with Lyon Ecole Centrale, which Marc and I suggested twelve years ago. » With that sort of forward thinking, it’s not by chance that Patrick Dupuis works Silicon Valley. 39


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Il a pris quelques détours avant de devenir acteur et producteur de cinéma au Canada

MICHEL DURANSEAUD

MBA 1990

DIRECTEUR GÉNÉRAL ET FONDATEUR DE CMHL ENTERPRISES Longtemps Michel Duranseaud a donné la priorité à son rôle de père, un choix qui peut expliquer la diversité de ses débuts professionnels. Sa mère lui répétait : « je ne sais pas où tu vas mais je te fais confiance ». Aujourd’hui, il soutient que chaque étape de son sinueux cheminement était un pas vers le cinéma. Car, qu’ont donc en commun le perchiste diplômé en activités physiques et sportives, le chercheur en physiologie qui mesure la puissance explosive des sprinters dans son laboratoire de Saint-Étienne, le responsable marketing de fabricants de tapis de course ou de revêtements de sols sportifs, le chef de quart occasionnel de Pen Duick 6, l’ancien bateau d’Eric Tabarly, ou le concepteur du ‘’World Pentathlon’’, expédition sportive et scientifique qui devait rallier le Népal à la voile, réaliser l’ascension d’un sommet de 8 000 m, traverser l’Australie en VTT, descendre le Colorado en kayak et arriver à Anchorage en chiens de traineaux ? – Le sport, croirait-on ?... Voyons plus loin, traversons l’Atlantique : l’immigré canadien, qui choisit Vancouver parce qu’il a été bercé par la mythologie familiale comptant quelques oncles d’Amérique et qu’il a lu un bel article dans le National Geographic, le consultant commercial et marketing, l’auditeur de KPMG, l’acteur Michel Duran qui fait trois heures de sport par jour pour tourner dans des films d’action, le producteur de ‘’soufflé au chocolat’’, longmétrage qui vient d’être sélectionné au Festival International du Film de Sonoma en Californie ? Quel point commun à toutes ces vies, si ce n’est le MBA EMLYON associé à un incroyable tempérament ?

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Les premiers mois de Michel Duranseaud au Canada révèlent une capacité d’adaptation assez unique, qui ne va pas sans remise en cause. « Je me suis retrouvé au même niveau que tous les migrants, j’ai appris à ouvrir des portes, à faire des choses tangibles en attendant mieux. Quand j’avais des doutes, je faisais le tour du Stanley Park et ça allait mieux ! » Il démontre également une très nette disposition au réseau, rebondit sur les rencontres comme le font avec les mots les ritournelles enfantines. C’est par l’école de ses enfants qu’il fait la connaissance de Kamal Derkaoui, chef opérateur marocain formé à Moscou, qui l’invite en 2003 au Festival du cinéma de Vancouver – le déclic – et lui trouve ses premiers contacts dans l’industrie du cinéma. Dés lors, il se documente, se forme et s’engage résolument dans le 7e art, où il peut faire la synthèse de ses expériences : « finalement, qu’est-ce qu’un film, sinon un projet à concevoir, à financer et à gérer, comme je l’ai appris durant mon MBA ? ». Depuis dix ans, Michel Duran (son nom dans le cinéma) trace son chemin sur la toile, avec l’énergie du sportif qu’il est resté, les bonnes pratiques de l’entrepreneur qu’il est devenu et l’optimisme qui ne l’a jamais quitté. Il se prépare maintenant à convaincre les grands studios américains de distribuer ses films et travaille sur son prochain long métrage : il se déroulera dans le milieu des années 70, à l’époque magique − retour aux sources − de… l’ASSE !

« La fréquentation de grands sportifs m’a appris les ressorts de la haute performance. Dans un univers hyper concurrentiel comme le sport de haut niveau ou le cinéma, le résultat repose sur la discipline de préparation, dans les moindres détails, pour être au moment-clé totalement disponible psychologiquement et physiquement. » 41


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He’s done it all … before becoming an actor and cinema producer in Canada

MICHEL DURANSEAUD

MBA 1990

GENERAL MANAGER AND FOUNDER OF CMHL ENTERPRISES For a long time, Michel Duranseaud’s first priority was being a father, and this choice explains some of his professional too-ing and fro-ing. His mother used to say to him: « I don’t know where you’re going, but I trust you to get there ». Today, he is sure that every stage of his dizzying and meandering route was a step towards the cinema. What else could possibly be the common element between the pole-vaulter with a diploma in physical activities and sport, the researcher in physiology who measures the explosive power of sprinters in his laboratory in Saint-Etienne, the Head of Marketing for treadmills or sports floor coverings, the (occasional) crew member of the Pen Duick 6, Eric Tabarly’s old boat, or the designer of the “World Pentathlon’’, the sports and scientific expedition planned to sail to Nepal, climb a 8000m high summit, mountain-bike across Australia, paddle down the Colorado river in a kayak, and arrive in Anchorage in a dog-sleigh. Well… sport… you might say? Let’s look a little further on, and cross the Atlantic: and now we discover the Canadian immigrant, who has chosen to live in Vancouver because he grew up hearing his family mythology about a couple of American relatives, and because he had read a great article in the National Geographic magazine. Or else the sales and marketing consultant, the KPMG auditor.

« Pending time with top sportsmen has taught me the underlying elements behind high performance. In a hyper-competitive universe like high-level sport or the cinema, the result always depends upon the discipline of preparation, in every single detail, so as to be totally available psychologically and physically at the vital moment. » 42

Not to mention the actor Michel Duran who does three hours of sport a day so he can be in action films, or the producer of “Chocolate Soufflé” a feature film selected at the International Film Festival of Sonoma in California.

What do all these different lives have in common, if not the EMLYON MBA in association with… an absolutely unbelievable personality? His first months in Canada also reveal a unique ability for fitting in, and at the same time, constantly putting himself in question. « I found myself at same level as all the other emigrants, I learned to open doors, to do concrete things while waiting for something better. Whenever I was worried, I would go for a walk round Stanley Park, and I felt better! » Because Michel Duranseaud displays such a clear propensity towards networking: he bounces from one meeting to the next like the words in a nursery rhyme! At his children’s school, he met Kamal Derkaoui, a Maroccan Head Cameraman trained in Moscow, who invited him in 2003 to the Vancouver Cinema Festival − a trigger for the next step – and found him his first contacts in the cinema industry. He immediately started doing in-depth research, training, and commits resolutely to the 7th Art, the synthesis of all his different experiences: « What is a film, if not a project to be designed, financed, and managed, just as I learned during my MBA? ». For ten years now, Michel Duran (his stage name) is tracing his path in films, with all the same energy he had when he was a sportsman, together the best practices of the entrepreneur he became, and the optimism which he has never abandoned. He is now aiming to convince the big American studios to distribute his films and is working on his next feature film which takes place in the 70’s, that magic era – back to his roots – to the St Etienne Football Club!

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Elle dirige la première société de gestion de fonds indépendante spécialisée sur l’Est

KARINE HIRN

Programme Grande Ecole 1993

COFONDATRICE D’EAST CAPITAL ET DIRECTEUR GÉNÉRAL POUR LA CHINE Karine Hirn a le goût des routes peu fréquentées et les nerfs solides. Pourtant, ses vingt premières années s’écoulent paisiblement dans un village du Beaujolais. Trop paisiblement ? Elle intègre EMLYON à 18 ans et en 2e année, choisit une destination peu prisée : l’Académie des Finances de Moscou. En cette année 1991 confuse, elle découvre la solitude et les pénuries alimentaires. « J’ai passé les premières semaines avec l’angoisse et la faim au ventre. Un matin, je me suis dit : soit tu pars, soit tu te débrouilles. J’en ai retiré un principe : dans toutes situations, il y a des choses qu’on ne peut pas changer, mais il faut s’occuper de celles sur lesquelles on peut agir. » La faim justifiant les moyens, elle apprend le russe et en 3e année, choisit à nouveau une direction délaissée, la Finlande. Ses incursions à l’Est et l’actualité géopolitique l’incitent à demander son passeport pour un DEA à l’IEP de Paris. Karine Hirn n’a que 22 ans quand sa première mission professionnelle l’envoie à Nijni Novgorod (Russie) pour former les équipes d’une banque à l’analyse du risque de crédit. « La ville avait été longtemps fermée aux étrangers ; avant de faire de l’analyse de risques, il fallait déjà leur apprendre à utiliser les ordinateurs et à lire des comptes d’exploitation ! » Pendant ce temps, elle rêve de rejoindre son fiancé finlandais installé à Stockholm et apprend le suédois. Elle débarque en Suède l’été 1995 et dans ses pérégrinations pour une banque moscovite, rencontre un suédois et un lituanien avec qui elle partage la passion de ces marchés émergents. L’enthousiasme étant communicatif, ils fondent ensemble East Capital, société de gestion dédiée aux pays de l’Est. 44

Le premier fonds russe est constitué dans une conjoncture difficile, les premiers investissements engagés en mai 1998, avant la dévaluation du rouble et l’écroulement des marchés. Karine Hirn et ses associés traversent leur première crise. Ils en affronteront deux autres, en 2004 et 2008. « Nous travaillons sur des marchés très volatils. Il est essentiel de rester soudés et très attentifs à la communication vers les investisseurs. » En 2003, alors qu’East Capital gère € 60 millions, l’équipe se donne – de façon un peu empirique – un objectif de 2,5 milliards à 5 ans, qu’ils atteignent en 2006. Elle développe alors des produits d’investissement sur toute l’Europe de l’Est (Balkans, Ukraine, Géorgie, Kazakhstan…) et une connaissance profonde des marchés, grâce à une présence locale, des visites d’entreprises et des perspectives de long terme qui focalisent sur des grands thèmes comme la convergence européenne et l’augmentation du pouvoir d’achat. « Une période très grisante, avec des décisions rapides et la certitude de vivre une transformation historique. » Karine Hirn aurait pu continuer de diriger East Capital, se satisfaire des € 4 milliards en gestion et des distinctions récoltées, comme pour le premier fonds russe, longtemps considéré comme le meilleur au monde par Morningstar. Mais en 2010, fi de la routine, elle réalise avec ses associés l’acquisition d’un fonds spécialisé sur la Chine et prend un aller simple pour Shanghai, avec dans ses bagages mari et enfants (trois). « C’est un vrai nouveau départ, très stimulant, avec un fonds de € 200 millions, modeste pour le territoire, mais il est évident que le potentiel est énorme. » Aura-t-elle assez faim pour apprendre le mandarin ?

« La performance d’une équipe repose sur la complémentarité des qualités et l’atténuation des défauts de chacun. Des valeurs y contribuent, comme la curiosité, le respect, la solidarité, l’agilité, que l’on retrouve souvent chez ceux que nous pourrions appeler des explorateurs. » 45


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She runs the first independent asset manager specialising in Eastern countries

KARINE HIRN

MSc in Management 1993

CO-FOUNDER OF EAST CAPITAL AND GENERAL MANAGER (CHINA) Karine Hirn has a taste for the less-frequented roads and steady nerves. And yet the first twenty years of her life were spent peacefully in a village in the Beaujolais region... Too peacefully? She started at EMLYON at the age of 18, and in her 2nd year, chose a less than popular destination: the Academy of Finance in Moscow. In that confused year of 1991, she discovered loneliness and food shortages. « I spent the first weeks distressed and hungry. One morning I said to myself: either you leave, or you get by. I drew the conclusion that in every situation, there are some things you can’t change, but you have to take care of the things you can. » Hungry for action, she learned Russian, and in her 3rd year chose once again another neglected destination, Finland. Her incursions to the east and the current geopolitical events encouraged her to apply for a passport for a higher university diploma at the Institute of Political Science in Paris.

« Team performance relies on the members having complementary strong points, and being able to mitigate their weak points. Values contribute to this, like curiosity, respect, solidarity, agility, which you often find in people you would call explorers. » 46

Karine Hirn was only 22 when her first professional assignment sent her to Nijni Novgorod (Russia) to train bank teams in credit risk analysis. « The town had been closed to foreigners for a long time; before we could get down to risks analysis, I had to teach them to use a computer and to read operating accounts! » During this time, dreaming of joining her Finnish fiancé who was living in Stockholm, she learned Swedish. She arrived in Sweden in the summer of 1995, and in her peregrinations for a Moscow bank, met a Swede and a Lithuanian who shared her passion for these emerging markets. Their enthusiasm was contagious, and together they founded East Capital, an asset management company for the East.

The first Russian funds were set up in a difficult economic context, the first investments being made in May 1998, before the rouble was devalued and markets collapsed. Karine Hirn and her partners weathered their first crisis. They would come up against two others, in 2004 and 2008. « We were working on highly volatile markets. We had to remain united, and be very careful about the way we communicated to investors. » In 2003, with East Capital managing €60 million, the team set themselves the slightly empirical goal of €2.5 billion in 5 years, which they reached in 2006. She started developing investment products all over Eastern Europe (the Balkans, Ukraine, Georgia, Kazakhstan… ) and in-depth market knowledge, thanks to local presence, visits to local enterprises, and long-term perspectives focussing on important themes such as European convergence and increased purchasing power. « It was an exciting time, with quick decisions and the certainty that we were experiencing a historic transformation. » Karine Hirn could have continued to manage East Capital, be satisfied with the €4 billion portfolio, and the corresponding awards, like the one for the first Russian fund, which was for a long period considered to be the best in the world by Morningstar. But in 2010, fed up with routine, she and her partners acquired a specialised fund in China and she booked a one-way ticket to Shanghai, with, in her baggage, her husband and children (3). « It is a real new departure, really stimulating, with a fund which at €200 million is relatively small for the size of the country, but for sure, the possibilities are enormous. » Will she be hungry enough to learn Mandarin? 47


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Il partage sa vie entre les conseils d’administration et sa ferme en Uruguay

PHILIPPE-LOÏC JACOB

Programme Grande Ecole 1987

PRÉSIDENT D’ECO-EMBALLAGES L’itinéraire de Philippe-Loïc Jacob nous apprend que la passion peut s’avérer le plus raisonnable des guides et qu’à s’écarter de présumées voies royales, on finit par tutoyer de grands maîtres. Dès sa scolarité à EMLYON, il est résolu au grand large et à l’aventure. Antoine Riboud, fondateur et président du groupe Danone, vient partager sur le campus sa vision de l’homme et de la planète, l’importance des marques, la mission du management. « Danone est très vite devenu une vocation, par la rencontre de gens fascinants comme Antoine Riboud, son fils Franck et Daniel Carasso, le ‘’Dan’’ de Danone. » La carrière s’ouvre à lui en 1985 à l’occasion d’un stage en Scandinavie pour la division boissons. Une fois diplômé, Philippe-Loïc Jacob est envoyé en galop d’essai au Canada pour y lancer les eaux minérales. Il reçoit quelques mois plus tard le directeur général de la division, lui présente sa vision à cinq ans. Il n’en faut pas plus pour le mettre en selle, à 25 ans, avec le titre de ‘’General Manager’’. « J’apprends l’essentiel : à prendre des décisions rapidement, à recruter, à communiquer avec les managers pour avoir plus de moyens, à gérer la relation clients. Cette expérience généraliste sera déterminante pour la suite. » Antoine Riboud lui recommande plus tard de revenir en France : « vous jouez d’oreille sans avoir appris votre solfège ». Mais à faire ses gammes comme chef de produit Kronenbourg, très vite, il piaffe. Franck Riboud l’appelle pour conduire à ses côtés les fusions-acquisitions. Commence une grande chevauchée à travers le monde, où Philippe-Loïc Jacob manifeste des dons pour la cadence des négociations. « J’ai adoré découvrir un marché, en apprécier le potentiel, identifier des pépites, convaincre une famille de s’associer à Danone, travailler avec des banquiers et des avocats de grand talent. » 48

Au bout de trois ans à toute bride, Antoine Riboud l’envoie cette fois-ci en Argentine, comme directeur pays. C’est l’abrazo avec la gestion d’importantes unités, la complexité industrielle, les relations institutionnelles et toutes les figures du management. En 2002, Franck Riboud, qui a succédé à son père à la présidence six ans plus tôt, lui propose de revenir au siège. Philippe-Loïc Jacob laisse un peu de son cœur au pays des gauchos et se retrouve au centre du dispositif, directeur délégué auprès du président. Ses responsabilités s’élargissent en 2004 aux missions de secrétariat général, toutes ces fonctions régaliennes qui protègent le groupe. « Des années formidables, à travailler sur la stratégie du groupe et à fréquenter hommes politiques, grands leaders et personnalités emblématiques comme Muhamad Yunus. » En 2009, pourtant, Philippe-Loïc Jacob voit le monde autrement : le décès d’Antoine Riboud puis celui de Daniel Carasso, la faillite de Lehman Brothers, sa ferme et le bonheur qui l’attendent en Uruguay, son 45e anniversaire… il décide de lâcher les rênes. Depuis maintenant quatre ans, il se partage entre ses mandats d’administrateur indépendant, les engagements bénévoles qui lui tiennent à cœur, comme la présidence d’Eco-Emballages (cofondé par Antoine Riboud en 1992) et celle de la Fondation Daniel et Nina Carasso (créée par leur fille pour poursuivre leur action philanthropique), et sa nouvelle vie de fermier aux flancs d’une cuchilla d’Uruguay. Là-bas, il monte son cheval, galope à travers ses 200 hectares de prairies, inspecte ses troupeaux et se dit que la voie royale est celle qui rend heureux.

« La gouvernance d’une entreprise est le reflet de ses valeurs. Le plus efficace est le gagnant-gagnant : trouver une équation équilibrée, avec des solutions globales qui permettent à chaque partie prenante de rester enthousiaste et passionnée. » 49


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He divides his life between board meetings and his farm in Uruguay

PHILIPPE-LOÏC JACOB

MSc in Management 1987

CEO ECO-EMBALLAGES

« Company governance is the reflection of its values. The most effective is “win-win“: finding a balanced equation with global solutions which allow each party to remain enthusiastic and passionate. » 50

Philippe-Loïc Jacob’s itinerary teaches us that passion can turn out to be the most reasonable of guides, and that when you leave what is often called the “high road“, you can end up good friends with great teachers. Since his studies at EMLYON, he has had his eyes fixed firmly on the open sea and adventure. Antoine Riboud, founder and CEO of the DANONE group, came on campus to present his vision of man and the planet, the importance of brands, the mission of management. « Danone quickly became a vocation, after meeting fascinating people like Antoine Riboud, his son Franck, and Daniel Carasso, who is the ‘’Dan’’ in Danone ». His career there began in 1985 after an internship in Scandinavia for the Drinks Division. After graduating, Philippe-Loïc Jacob was sent for a trial run to Canada to launch mineral water there. Several months later, the General Manager came to see him to present his five-year plan. That was the time for him to jump in the saddle, at the age of 25, with the title ‘’General Manager”. « I learnt the most important things: how to take decisions quickly, recruit, communicate with managers to get more resources, manage customer relations. This all-round experience would be a key element for my next step ». Later on Antoine Riboud recommended that he come back to France: « You’re playing by ear without having learned your scales ». But practicing his scales as Product Manager for Kronenbourg bier had him very soon chomping at the bit. Franck Riboud called him to help him manage the merger-acquisitions. And this was the start of a long cavalcade around the world, when Philippe-Loïc Jacob showed a certain gift for the pace of negotiations. « I loved discovering a new market, assessing its potential, identifying gold nuggets, convincing a family to become partners with Danone, working with talented bankers and lawyers. »

After three years of free rein, Antoine Riboud sent him off again, this time to Argentina, as National Manager. This would be the abrazo with the management of big organisational units, industrial complexity, institutional relationships and all the different shapes and forms of management. In 2002, Franck Riboud, who had taken over from his father as CEO six years previously, proposed that he return to Head Office. Philippe-Loïc Jacob left a little bit of his heart in the land of the gauchos, but found himself at the core of the system, as Deputy Chairman. His responsibilities increased in 2004, becoming Secretary General and taking over all the functions of governance which protect the group. « These were wonderful years, working on company strategy and meeting with politicians, great leaders and outstanding figures such as Muhamad Yunus. » But in 2009, Philippe-Loïc Jacob saw the world from a different angle: the death of Antoine Riboud, then Daniel Carasso, the Lehman Brothers’ bankruptcy, his farm and the happiness that were waiting for him in Uruguay, his 45th birthday... he decided to drop the reins. For the last four years, he has been sharing his time between his mandates as independent director, his voluntary commitments which are very important to him, such as the Chairmanship of Eco-Emballages (co-founded by Antoine Riboud in 1992) and that of the Daniel and Nina Carasso Foundation (created by their daughter to continue their philanthropic work), and his new life as a Farmer on the hill-side, a cuchilla in Uruguay. And this is where, on horseback, he gallops across 200 hectares of prairie, inspects his herds, and says to himself that the “high road“ is any road that makes you happy.

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Il vit plusieurs vies à la fois dans son activité d’entrepreneur-investisseur

PHILIPPE KLOCANAS

Programme Grande Ecole 1986

PARTENAIRE FONDATEUR DE WEINBERG CAPITAL Philippe Klocanas aime passionnément les montées d’adrénaline que son métier lui procure, et espère pouvoir l’exercer, comme les artistes, le plus longtemps possible. « On a les doigts dans la prise en permanence ! » Dès le coup d’envoi de la rentrée 1983, il rejoint l’association d’étudiants d’EMLYON qui réalise des missions en Asie pour des PME régionales : « c’était une façon de me familiariser avec le monde des adultes et des choses concrètes ; j’ai découvert que ce monde était vaste ». Il est recruté à l’issue de son stage de fin d’études par l’équipe lyonnaise du cabinet international Arthur Andersen (repris en 2002 par Ernst and Young). Il rentre sur le terrain de l’audit et pendant trois ans entraîne son enthousiasme et sa capacité de travail sur les plus beaux sujets. « J’ai pu acquérir une formidable méthode de travail et une incroyable culture d’entreprise ; nous avions le sentiment d’être les meilleurs, qu’il ne pouvait rien nous arriver. Même après le démantèlement du groupe, ça reste une fabuleuse carte de visite grâce au puissant réseau des anciens. » 1990 marque son transfert à la banque d’investissement Hottinguer. Cet établissement familial de taille modeste réalise des opérations de fusions-acquisitions pour une clientèle privée de dirigeants patrimoniaux : un positionnement qui inspirera son style de jeu. « Je préfère les petites structures qui offrent de l’autonomie et un contact direct avec les entrepreneurs. » Au mercato de 1996, Natexis lui propose de participer au lancement de son activité fusions-acquisitions. « Un métier aux effets d’accoutumance rapides, car il conjugue la dimension commerciale et des enjeux techniques forts de stratégie et d’ingénierie financière. » 52

Après deux ans à Paris, il est détaché à NewYork pour CVC Group (un des plus importants fonds d’investissement au monde), pour structurer l'approvisionnement des opérations des LBO (Leverage Buy Out) européens, en pleine période de préparation de l’Euro. « J’apprends les usages d’affaires américains : l’obsession de l’argent, la simplicité des relations professionnelles. Une époque assez folle, tout montait au ciel ! » Il réalise en 2000 une action décisive : il change de maillot pour celui de PinaultPrintemps-Redoute (le groupe de luxe PPR, prochainement rebaptisé Kering). Le président François Pinault et son directeur général Serge Weinberg ambitionnent le haut de tableau mondial. Ils confient à Philippe Klocanas la restructuration du groupe sur la distribution et le luxe, à travers un important programme de cessions (dont le distributeur de matériel électrique Rexel pour € 3,7 milliards) et l'acquisition de Gucci. Il perfectionne son pouvoir offensif et ses talents tactiques et en novembre 2004, est nommé directeur stratégie et développement et membre du comité exécutif de PPR. « Ce furent cinq années absolument fantastiques, à construire vite et fort. » En 2005, c’est la mi-temps. Serge Weinberg quitte le groupe pour créer Weinberg Capital, une société d’investissement indépendante, concentrée sur les LBO majoritaires de sociétés françaises de taille moyenne et les projets immobiliers en gestion active. Philippe Klocanas en devient le capitaine et défend les lignes : une approche entrepreneuriale de l’investissement. « La rigueur dans la bonne humeur », c'est le leitmotiv de l’investisseur chevronné qui veille à ne pas se prendre au sérieux et sait raccrocher ses crampons pour regarder un bon match de foot à la télévision.

« Ce n’est pas très populaire, la finance aujourd’hui, mais je peux dire que je fais mon métier avec bonheur, sans exploiter qui que ce soit. Ce n’est pas un cliché de parler de confiance et de fiabilité intellectuelle. C’est important de créer les conditions qui permettent d’aborder tous les sujets. On a tous ses trous d’air, il faut être capable de le dire et avoir quelqu’un en face disposé à l’entendre. »

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ENTREPRENEURS FOREVER

He lives several lives at the same time in his entrepreneur-investor activity

PHILIPPE KLOCANAS

MSc in Management 1986

FOUNDER PARTNER WEINBERG CAPITAL Philippe Klocanas passionately enjoys the adrenaline rush he gets from his work, and hopes, to carry on as long as possible, as artists do. « It’s as if you’ve always got your fingers in an electric socket! » Kick-off time for him was in September 1983, when he joined the EMLYON Students’ Association, organising missions in Asia for local SMI’s: « It was a way to get to know the adult world and concrete things; and I discovered that the world was a big place ». After his end-of-course internship, he was recruited by the Lyon team of the international firm Arthur Andersen (taken over in 2002 by Ernst and Young). He ran on the pitch in the world of auditing, and for the next three years trained his enthusiasm and capacity for work in the best of subjects. « I gained a fantastic approach to work and an unbelievable corporate culture; we all thought that we were the best, that nothing could harm us. Even after the group was dismantled, it was still a fabulous visiting card, thanks to the powerful old-boy network. » 1990 was the year of his transfer to the Hottinguer investment bank. This modest-sized family establishment carries out mergeracquisitions for a private clientele of family business owners: and it is this market position which was to inspire his style of play. « I prefer small structures which allow you a lot of elbow-room, and direct contact with entrepreneurs. »

« Finance is not exactly flavour of the month at the moment, but I must say that I feel happy to do my job, without exploiting anyone. It’s not a cliché to speak about trust and intellectual reliability. It’s important to create the conditions which allow us to approach absolutely any subject. We all have our moments of turbulence; you have to be able to own up when that is the case, and be sure that the person opposite you is ready to listen. » 54

For the 1996 transfer season, Natexis asked him to participate in the launch of their merger-acquisition activity. « A job which quickly became addictive, because it mixed sales with strong strategic techniques and financial instruments.»

After two years in Paris, he was sent to New-York for the CVC group (one of the biggest investment funds in the world), to structure the supply of LBO operations in Europe, right at the time when the Euro was about to be launched. « I learned the American way of doing business: their obsession with money, the simplicity of professional relationships. It was a crazy time; everything was up in the air! » In 2000 he took a decisive step: he changed his soccer jersey for that of the luxury group PPR Pinault-Printemps-Redoute (renamed soon Kering). The CEO François Pinault and his General Manager Serge Weinberg wanted to be top of the league, and they asked Philippe Klocanas to restructure the group’s sales distribution and luxury activities, via a big sell-off programme (including the electrical material sales company, Rexel, for €3,7 billion) and the acquisition of Gucci. He perfected his attacking power and his tactical talents and in November 2004 was appointed Strategic and Development Manager, and member of the PPR board. « Those were 5 absolutely fantastic years, building a lot and quickly. » Half-time was in 2005, when Serge Weinberg left the group to start Weinberg Capital, an independent investment company concentrating on majority LBO’s of mediumsized French companies, and real estate asset management. Philippe Klocanas became Captain on the first line of defense: an entrepreneurial approach to investment. « Thoroughness and being in a good mood »: that is the motto of this experienced investor who takes care not to take himself too seriously, and who knows when to hang up his boots to watch a good game of soccer on television. 55


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Elle construit des lignes de production pour le monde entier

JULIETTE KOPP

AMP/CPA 2011

DIRECTEUR EXÉCUTIF DE LA DIVISION FOOD AND PHARMA DE BOCCARD Juliette Kopp a-t-elle imaginé dans ses parties de Monopoly qu’un jour, elle négocierait la construction de la plus grosse usine de yaourts grecs des Etats-Unis, d’une valeur de $100 millions ? Ingénieur diplômée de l’INPG, elle ouvre le jeu professionnel avec un casque, pour gérer le chantier d’une ligne de production de médicaments. Cette expérience en génie des procédés l’oriente vers l’ingénierie. Elle conçoit avec deux collègues un système de dépollution des vapeurs d’essence lors du chargement des camions citernes, qui se traduit par un dépôt de brevet et lui vaut une nomination pour le prix du Jeune Ingénieur de l’année 1997. Trois cases plus loin, elle pioche la carte ‘’suivez votre mari en Italie’’ et devient responsable procédés chez Rhodia Italia. Il lui suffit de quelques semaines pour apprendre l’italien et se découvrir plus manager qu’expert en calculs. Son employeur lui propose en 2000 un poste d’acheteur, un coup de dés pour Juliette Kopp qui craint d’abandonner la production et la technique. Elle se forme, se prend au jeu des négociations d’affaires et avance son pion en prenant en 2002 la direction des achats stratégiques Europe (sept acheteurs et € 100 millions d’achats). Seconde manche en 2004 : l’un de ses fournisseurs recherche un directeur régional pour son activité de bureau d’études et process. Elle abat 30% de sa rémunération contre l’animation de trois agences (60 personnes) et une promesse de pouvoir suivre la formation AMP/CPA. Elle sort ses atouts, signe des contrats-cadres avec les grands groupes de la chimie et de l’énergie et double les effectifs en deux ans. Au tour suivant, elle prend la main à la direction opérationnelle de l’entreprise. « J’ai compris l’importance d’une vision stratégique claire et partagée et la force d’une équipe soudée et enthousiaste. » 56

Avec la crise de 2009, elle ressort son joker, l’AMP/CPA. « J’en retiens une très belle aventure humaine, la révélation des potentialités de développement à l’international et tous les outils pour consolider les apprentissages que j’ai pu faire sur le terrain. » Sa formation devient une carte maîtresse dans son recrutement chez Boccard, ensemblier industriel dirigé par la 4e génération d’entrepreneurs. Directeur exécutif de la Division Food and Pharma, elle voit son périmètre grandir puissance 4, avec un chiffre d’affaires de € 150 millions et la supervision de 500 personnes, dont 90% d’hommes, sur 7 pays. Dans son métier, la conception et le montage de lignes de production complètes, des projets lourds et très contractualisés, le marché est mondial : Juliette Kopp se met aux 1 000 bornes, voyage sur tous les continents et signe de beaux contrats-clés en mains aux Etats-Unis et dans les pays émergents. Aujourd’hui, le compte est bon, elle récolte les fruits de ses actions, une réussite saluée par le Trophée des Femmes de l’économie Rhône-Alpes 2012. « Je vis une époque épanouissante ; partout dans le monde, notre entreprise française relève des challenges formidables. » Dans son scrabble personnel, le mot management compte double. « Je me sens plus leader-coach que chef ; on décuple la performance avec la motivation et la confiance ; j’aime comprendre le moteur de la motivation de chacun, tout en préservant la cohésion et l’équité dans l’équipe, ce qui nécessite parfois quelques arbitrages ! » Avec Juliette Kopp, tout paraît possible, même de l’imaginer en train de jouer tranquillement à des jeux de société avec ses deux enfants.

« Créer de la valeur, c’est apporter plus aux clients. Il vaut mieux se différencier par l’innovation, la qualité de l’offre le service et la stratégie de développement pour optimiser ses prix de vente plutôt que de mettre toute son énergie dans la réduction des coûts. » 57


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She builds product lines for the whole world plants

AMP/CPA 2011

JULIETTE KOPP EXECUTIVE MANAGER OF THE FOOD AND PHARMA DIVISION FOR BOCCARD When she used to play Monopoly, did Juliette Kopp imagine that one day she would be negotiating the construction of the biggest plant manufacturing Greek yoghurt in the whole of the United States, to the value of $100 million? An engineer graduate of the INPG Engineering School in Grenoble, she began her professional game with a hard hat on her head, managing the construction site of a production line for medicinal products. This experience in process engineering guided her towards the engineering sector. With two colleagues, she designed a system of petrol fume depollution during tanker truck loading, which led to a patent pending… and her nomination for the prize of the young Engineer of the year 1997.

« Creating value means giving your customers more. It is better to differentiate yourself through innovation, the quality of your product, your service and development strategy to optimise sales prices, rather than putting all your energy into reducing costs. » 58

Three spaces further along, she takes the card “Follow your spouse to Italy“ and becomes Process Manager for Rhodia Italia. It only takes her a few weeks to learn Italian, and to find out that she is a better manager than an expert in calculation. In 2000 her employer offered her a job as a buyer, and this is a spin of the dice for Juliette Kopp, who was afraid of leaving production and the technical side. She followed training, became interested in the game of business negotiation, and moved her token forward in 2002 by becoming European Head of Strategic Purchasing (seven buyers and €100 million). The second round took place in 2004: one of her suppliers was looking for a regional manager for its activity in a R&D and process department. In exchange for a 30% pay drop, she won the management of three agencies (60 staff) and the promise of being able to follow the AMP/CPA programme. She pulled out all her trump cards, signed agreements with the big chemical and energy groups and doubled her staff in two years. For the next round, she took over operational management for her company. « I understood the importance

of a shared strategic vision, and of a cohesive, enthusiastic team. » During the 2009 crisis, she pulled out her joker, the AMP/CPA programme. « For me this was a really wonderful adventure on a human level, with the revelation of possibilities of development on an international level and all the tools to consolidate my on the job learning. » Her participation on that training programme became a winning card for her recruitment at Boccard, an industrial integration company managed by the 4th generation of entrepreneurs. As Executive Manager of the Food and Pharma Division, it was as if she had a Connect Four in her responsabilities, with sales of €150 million and the supervision of 500 people, 90% of whom are men, in seven different countries. In her job, the design and assembly of whole production lines, big, highly contractualised projects, the market is international. Juliette Kopp began her game of 1000 Milestones, travelling to every continent, and signing big turn-key contracts in the United States and in emerging countries. Today, it all adds up, she is reaping the benefit of her hard work, and her success won her the 2012 Trophy for Women in the Rhône-Alp economy. « I am living a stimulating period; everywhere in the world, our French company addresses fantastic challenges ». In her personal games of scrabble, the word “management“ counts double. « I feel much more of a leader-coach than boss; you can multiply performance through motivation and trust. I love to understand everyone’s underlying motivation, whilst preserving cohesion and equity within the team… which sometimes takes a bit of arbitrating! » For Juliette Kopp, anything seems possible, even imagining her quietly playing board games with her two children.

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Il fidélise 35 millions de consommateurs européens

Programme Grande Ecole 1996

THIBAUT MUNIER DIRECTEUR GÉNÉRAL ET COFONDATEUR DU GROUPE 1000MERCIS Les 500 annonceurs qui lui confient leur marketing et leur publicité relationnelle interactive lui disent merci. Et pourtant, Thibaut Munier ne songeait nullement devenir entrepreneur quand il s’est présenté aux oraux d’EMLYON, dernier des admissibles. Il avait juste envie de liberté et de connaissances. « Je me suis construit par une série de choix qui correspondaient à mes envies profondes. Je n’ai rien planifié sur la durée, j’ai simplement gardé la capacité d’être surpris et de m’émerveiller. » Il profite de sa 2e année pour suivre un double diplôme à Austin au Texas. C’est le grand bond dans le futur : en 1995, la ville accueille 900 nouveaux habitants par jour, tous les étudiants de l’université sont équipés d’une adresse de messagerie, enseignements et recherche s’emparent des métadonnées. Thibaut Munier assiste subjugué aux cours donnés par Michael Dell, fondateur de Dell Inc. et le plus jeune dirigeant du Fortune 500 américain. « J’ai été profondément marqué par cette atmosphère d’hyper-croissance. Je me rappelle encore la sensation physique que produisait cette ébullition. » Décidé à se spécialiser dans le marketing et l’analyse de données, il complète son cursus EMLYON par un DEA à l’Université de ParisDauphine. Dans le cadre de sa thèse, il propose au Président d’Air France de travailler sur les adhérents du programme de fidélisation de la compagnie. La première base de données qui lui est confiée est celle des meilleurs clients du Concorde : « c’était assez grisant d’essayer de prévoir la fidélité de top modèles et de footballeurs ! ». Il pose l’hypothèse d’un big-bang du marché européen des données. La variable déterminante s‘appelle Yseulys Costes, ex-chercheuse dans le même laboratoire et experte en interactivité. 60

Il rencontre cette pionnière de l’internet qui, à quelques jours de Noël, s’éreinte à semer des post-it pour suggérer ou retenir des idées de cadeaux. « Il n’a pas fallu une semaine pour que nous poussions plus loin cette idée a priori tordue de marketeurs. » Ensemble, ils lancent en février 2000 le site de listes de cadeaux 1000mercis.com, le seul du genre à avoir dépassé l’intervalle de la bulle Internet. Car Thibaut Munier et son associée aiment extrapoler : ils ont accueilli parmi leurs premiers business angels Marc Simoncini (fondateur du site de rencontres Meetic) puis introduit le site sur Alternext en 2006, pour collecter rapidement les moyens d’étendre leur outil à l’exploitation de données clients sur tous les media digitaux. Ils aident aujourd’hui les entreprises à optimiser leur marketing relationnel et commercialisent également leur propre base de données, avec une obsession : rester en pointe dans un métier qui évolue constamment, avec les réseaux sociaux, l’explosion du mobile ou les big data. 13 ans après sa création, le groupe 1000mercis réalise € 36 millions de chiffre d’affaires, corrélé à une rentabilité nette de près de 20 %, avec 250 personnes de 23 nationalités différentes réparties entre les bureaux de Paris, Londres, New-York, Rio…et Ecully ! « Nous recevons 1500 CV par semaine et cinq candidats par jour ; c’est très stimulant de construire ce projet passionnant, mais il faut se donner les moyens pour que ça continue ! » Suivant l’algorithme de ses envies et la cartographie des probabilités, Thibaut Munier vise pour 1000mercis le leadership européen. Il explore pour cela le champ international, avec comme constante le plaisir de construire, sans pondération.

« La culture 1000mercis consiste à ne jamais en parler, à rester très informels, à ne pas avoir de charte qui explicite les valeurs. Nos valeurs, ce sont les gens très jeunes à qui nous faisons confiance et à qui nous demandons de se concentrer sur l’efficacité, l’innovation et le plaisir. » 61


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He builds customer loyalty for 35 million European consumers

THIBAUT MUNIER

MSc in Management 1996

GENERAL MANAGER AND CO-FOUNDER OF THE 1000MERCIS GROUP The 500 customers who entrusted him with their marketing and their relational advertising all thank him. And yet Thibaut Munier never imagined becoming an entrepreneur when he sat the EMLYON oral entrance exam, and was … the last candidate accepted. All he wanted was freedom and knowledge. « Who I am today is the result of a series of choices which correspond to my deep desires. I never planned anything on a long-term basis; I merely kept preserved my capacity for surprise and wonder. » He took advantage of his 2nd year to follow a double diploma in Austin, Texas. That was his big leap into the future: in 1995, the town had 900 new inhabitants per day, all the university students had an e-mail address, and teaching and research were capturing meta-data. Thibaut Munier went to lectures given by Michael Dell, the founder of Dell Inc., and youngest company owner on the American Fortune 500 list... and was captivated. « I was deeply affected by the atmosphere of hyper-growth. I still remember the physical sensation produced by that effervescence. »

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« 1000mercis corporate culture is… never to speak about it, to stay relaxed, not to have a charter explaining our values. Our values are the very young people whom we trust, and ask to concentrate on efficiency, innovation, and pleasure. »

He decided to specialise in marketing and data analysis, and, to his EMLYON diploma, he added a higher university diploma from the University of Paris-Dauphine. For his thesis, he proposed to the CEO of Air France to work on the company loyalty plan. The first data base he is given is that of the top customers for Concorde: « It was fascinating to try to develop customer loyalty with top models and football players! ». The critical variable is named Yseulys Costes, ex-researcher in the same laboratory and an expert in interactivity. He met this internet

pioneer who, a few days before Christmas, was exhausting herself sticking post-its everywhere, to suggest or remember gift ideas. « It only took us a week to develop that (probably crazy) marketing idea. » Together, they launched the gift list website1000mercis.com, in February 2000: the only one of its kind to have survived the Internet bubble crash. Because Thibaut Munier and his partner love to extrapolate: they had brought on board, amongst their first team of business angels, Marc Simoncini (founder of the dating site Meetic), then introduced their site onto Alternext in 2006, so that very rapidly, they were able to collect the means of extending their system to use customer data from all digital media. Today they help customers optimise their sales and relational marketing, and also sell access to their own data base, with a fixed obsession: staying ahead in a profession which is constantly changing, with social media, the explosion of mobile phone apps and big data. 13 years after its creation, the 1000mercis group has sales of €36 million, with a net profit of around 20%, 250 staff of 23 different nationalities in Paris, London, New-York, Rio… and Ecully! « We receive1,500 CV per week and five applicants a day: it’s very stimulating to build this passionately interesting project, but we have to be sure we have the means for it to carry on! » Still following the algorithm of his desires and the cartography of probabilities, Thibaut Munier aims for 1000mercis to be European leader. So he is exploring international possibilities, with a constant element of the – unweighted – joy of building his project. 63


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Il dirige un centre de profit au sein du plus grand groupe de conseil dans le monde

CHRISTIAN NIBOUREL

MBA 1982

PRÉSIDENT D’ACCENTURE FRANCE Chaque jour, de 7h30 à 9h00, Christian Nibourel garde la porte de son bureau ouverte à ses collaborateurs (matinaux…) qui souhaiteraient échanger avec lui. « Je demande à mes équipes de ne pas me mettre hors-sol ». Le risque est faible pour le coauteur d’Empreintes sociales, ouvrage collectif publié chez Odile Jacob en 2011, qui souligne l’impérieuse nécessité pour les entreprises de lutter contre les 3 C : Cloisonnement, Conformisme et Clonage. Diplômé de l’INSA de Lyon (génie civil et urbanisme) et titulaire du MBA d’EMLYON, Christian Nibourel est en 1982 impatient d’attaquer la pente. Il affûte ses carres pendant deux ans chez un distributeur européen de matériel pour l’industrie et le BTP. Après un parcours d’initiation où il slalome de la préparation des commandes aux agences commerciales, il se voit confier un secteur de clientèle. « Une fameuse école de la vie, où vous vous retrouvez tout seul et apprenez sur le tas la dimension technique des produits et l’humilité du vendeur. » Il prend l’initiative d’adresser au siège un rapport d’étonnement free-style, qui lui vaut une promotion au service organisation. Il préfère filer tout schuss chez Accenture, entreprise internationale de conseil en management, technologies et externalisation qui, en 1984, ne compte encore que 200 personnes en France (contre 5 000 aujourd’hui). Il suit la formation combinée aux méthodologies de travail et techniques informatiques sur le campus international du groupe aux Etats-Unis : « une expérience d’autant plus fascinante qu’il y a 30 ans, les séjours à l’étranger étaient exceptionnels ». Christian Nibourel consacre le premier tronçon de son parcours au secteur de la finance et enchaîne les virages − transformation et industrialisation de grandes banques et sociétés d'assurance françaises et européennes −. 64

Il devient associé en 1995 et en 2007, est nommé président d'Accenture France et responsable de la région France-Benelux. Particulièrement sensible à l’innovation, il fait la trace d'un programme consacré à ‘’la banque du futur’’, développé au sein du laboratoire technologique d'Accenture à Sophia Antipolis et prépare la 8e édition de la ‘’Chaîne de l’innovation’’. Ce dispositif rassemblera durant 4 mois étudiants et universitaires sur une problématique de clients, pour déboucher en aval sur un modèle économique et un prototype technique. Cette trajectoire remarquable s’est bâtie sur l’engagement, la rigueur et la fidélité aux trois pistes du leadership et de la performance selon Accenture : création de valeur pour le client ou l’entreprise, développement des affaires et développement des hommes. « Les processus et méthodologies sont des squelettes qui ne peuvent s’incarner que dans la qualité du management. » Pour cela, Christian Nibourel perpétue la tradition du mentor, celui qui écoute, fait grandir les autres dans le respect de leur diversité et se sent responsable de leur évolution : « mon mentor m’a formé à la rigueur, à l’agilité et à la démarche client, je lui dois beaucoup ». Considérant qu’un chef d’entreprise ne peut rester isolé, ni de ses équipes, ni de son environnement, Christian Nibourel voit plus loin que ses spatules : il s’implique avec conviction au sein d’organisations professionnelles (président du GPS − Groupement des Professions de Services −, président du Collège des entreprises de services du numérique de Syntec numérique, membre du comité exécutif du Medef) et d’établissements de l’enseignement supérieur (président du conseil d’administration de l’INSA de Lyon). Il ne déchausse jamais, et encore moins sur les pistes de ski qu’il affectionne.

« Les entreprises ont pris conscience de leur interdépendance avec l’écosystème financier, économique, environnemental, social. En tant que dirigeant, j’essaie de nourrir cette vision globale et de maîtriser mieux les externalités positives et négatives de nos activités. Cela passe par la mise en place de programmes cohérents qui agissent sur l’écosystème, en particulier l’écosystème social. »

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He runs a profit centre within the biggest consulting group in the world

CHRISTIAN NIBOUREL

MBA 1982

CEO ACCENTURE FRANCE Every day, from 7h30 to 9h00, Christian Nibourel keeps the door open for his (early morning) team members who want to discuss things with him. « I want my team to help me keep in touch. » The risk is limited for the co-author of Social Imprints, a collective work published by Odile Jacob in 2011, which underlines the absolute necessity for companies to fight the 3 C’s: Compartmentalisation, Conformity, and Cloning. A graduate of the INSA Engineering School in Lyon (Civil Engineering) and with an MBA from EMLYON, in 1982 Christian Nibourel was impatient to get started, and climb the slope. He sharpened his edges for two years with a European distributor of materials for industry and building and public works.

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« Companies have become aware of their interdependence with the financial, economic, environmental, and social ecosystem. As Manager, I try to develop this global vision and to better harness the positive and negative externalities of our activities, by implementing coherent programmes which act upon that ecosystem, and in particular on a social level. »

After a discovery course where he slalomed from preparing orders to sales units, he took over a customer sector. « It was a tremendous learning experience; when you find yourself all alone, you have to learn as you go along about the technical side of products and about the humility of selling. » He took the initiative of sending a free-style discovery report to Head Office… which got him promoted to the organisation service. He preferred to ski full throttle to Accenture, an international consultancy in management, technology and out-sourcing, who, in 1984, had only 200 employees in France (as opposed to 5,000 today). He followed training in work methodology and IT at the group’s international campus in America: « That was a fascinating experience, made even more so by the fact that 30 years ago, stays abroad like that were the exception ». Christian Nibourel devoted the first section of his career to the finance market, and linked turn after turn: transformation and industrialisation of major French and European banks and insurance companies, becoming a partner in

1995, and in 2007 being appointed CEO of Accenture France, and Head of the FranceBenelux region. He is particularly attentive to innovation, and designed a programme devoted to ‘’the bank of the future", developed in the Accenture technological laboratory in Sophia Antipolis, in the South of France, and is preparing the 8th edition of the Innovation Chain. In this project, students and academics work together for 4 months on a specific customer issue, to produce an economic model and a technical prototype. This remarkable trajectory is based on commitment, thoroughness and loyalty in relation to the three axes of Accenture leadership and performance: value creation, business operation, people development. « Processes and methodologies are frameworks which can only become reality through quality management. » To that effect, Christian Nibourel has respected the tradition of mentoring, with the mentor being the person who listens, and helps mentees to grow whilst respecting their diversity, and who is responsible for their development: « My mentor trained me in rigour, agility and taught me to have a customer approach; I owe a lot to him ». Considering that the Head of a company cannot remain isolated from his teams, or his environment, Christian Nibourel is constantly looking farther than the tip of his skis: he is seriously committed to professional organisations (Chairman of the GPS – Group of Service Professions –; Chairman of the Digital Service Company group in the Syntec – French Group of Service Professions – ; Board Member of the Medef – French Employers’ Union –) and higher educational establishments (Chairman of the Board at INSA Lyon Engineering School). He never takes off his boots, especially when he is on the ski-slopes he loves.

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Son titre olympique a fait de lui une marque

Programme Grande Ecole 2002

GWENDAL PEIZERAT CONSEILLER RÉGIONAL RHÔNE-ALPES ET COFONDATEUR DE SOLEUS Est-il objectif quand il affirme qu’EMLYON a contribué à sa réussite sportive, quand on sait l’athlète complet, brillant et résolu qu’est Gwendal Peizerat ? Toujours est-il que l’École a effectivement aménagé sa scolarité − sans concession sur les contenus mais souple sur le calendrier − pour que le danseur sur glace puisse être totalement disponible pour ses grands rendezvous : il sera diplômé juste après sa médaille d’or de Salt Lake city. Il a 4 ans quand son père professeur d’éducation physique le pose sur des patins. Il traverse sa scolarité à grandes enjambées, enchaînant un bac scientifique avec mention et un DEUG de chimie des matériaux. Vice-champion du monde junior en 1991, il poursuit, un peu en diagonale, un master STAPS (Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives). Un professeur d’EMLYON enseigne en STAPS, un cours de marketing qui le convainc de tenter le flip de l’admission parallèle. Il s’échauffe pour les prochains JO et voit dans EMLYON une bonne combinaison pour préparer son futur retournement professionnel. Premier temps de la valse aux JO 1998, quand toute l’École s’interrompt pour le regarder patiner et monter sur la troisième marche du podium. Si Gwendal Peizerat fait parfois le grand écart entre ses obligations scolaires et sportives, il établit aussi des analogies : avec Marina Anissina, il forme une marque évocatrice de passion et de flamboyance. Dès lors, il s’agit d’entretenir cette image, par l’apparence (boucles blondes, cheveux roux et regards ardents) et la qualité des prestations. « Je devais créer au moins deux collections par an, en respectant le cahier des charges des distributeurs que sont les juges et en séduisant l’acheteur final qu’est le public. » 68

La stratégie est efficace, puisqu’en 2000, Ô Fortuna, Gwendal Peizerat décroche le titre de champion du monde sur les envolées puissantes de Carmina Burana. A quelques pas chassés s’annoncent les prochains JO. Il transpose ses cours au management de l’équipe qui l’entoure (partenaire, entraîneur, chorégraphe…) : neuf personnes, six à sept nationalités, sensibilités à fleur de justaucorps. « Tous les sportifs de haut niveau le savent, on gagne pour ce que l’on a fait avant. » Il devient donc champion olympique en 2002, sur ‘’Liberta’’, air annonciateur de sa prochaine échappée. Il s’impose un programme libre : ni axel, ni arabesque, mais une participation à Fort-Boyard, un sommet de 7 500 m à ski, un raid en Harley Davidson en Tunisie et… le démarrage de Soleus, entreprise spécialisée dans le contrôle et la mise en conformité des équipements sportifs, dont il est associé et gérant. De rachats en diversification, Soleus devient le groupe ISCE (30 personnes, € 2,5 millions), qui accompagne collectivités locales et entreprises privées sur la sécurité et l’accessibilité de leurs installations. S’il a tiré sa révérence à la compétition, Gwendal Peizerat n’a rien perdu de son impulsion : galas jusqu’en 2008, candidature d’Annecy aux JO 2018, conseiller régional Rhône-Alpes délégué aux sports depuis 2010, conférences en entreprise, et en préparation, la production d’un spectacle qui réunira patinage, danse et cirque pour raconter l’histoire de la soie… La passion de la vie est sa marque personnelle. « Quoi qu’on fasse, peu importe le plaisir, la douleur, un jour ou l’autre, ça finit toujours par être derrière soi. Les expériences ne doivent pas prendre le pas sur ce que l’on devient. ».

« Après qu’il a été sacré champion du monde, j’ai demandé au karateka lyonnais Thierry Masci ce que ça lui avait fait d’être le meilleur du monde. Il m’a répondu : “champion du monde, ça ne veut pas dire que je suis le meilleur du monde, ça veut dire que j’ai battu mes adversaires ce jour-là“. Cela aide à parler de la réussite. »

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His Olympic medal has made him into a brand

MSc in Management 2002

GWENDAL PEIZERAT REGIONAL COUNCILLOR FOR THE RHÔNE-ALP AREA AND CO-FOUNDER OF SOLEUS

« After he had become world champion, I asked the Lyonnais karateka Thierry Masci what he had felt, when becoming the best in the world. He answered: “Being world champion doesn’t mean I’m the best in the world, it just means that I beat my adversaries that particular day“. It helps to remember that, when you’re talking about success. » 70

Is he really being objective when he says that EMLYON played a key role in his sporting success, considering how complete, brilliant, and resolute an athlete Gwendal Peizerat is? The fact remains that when he was a student there, EMLYON organised a special timetable for him – with the same content as his classmates, but more flexible in terms of the calendar – so that the dancer on ice could be totally available for his big date: he got his diploma just after winning a gold medal in Salt Lake City. He was 4 when his PE teacher of a father first stuck a pair of ice-skates on his feet. He went through his school-days in giant strides, getting a scientific Baccalauréat with honours and a university diploma in Materials Chemistry. In 1991, he was world junior vice-champion, whilst continuing to study for a Master in STAPS (Sciences and Techniques of Physical and Sports Activities). There was an EMLYON teacher who also taught at STAPS, and his marketing programme convinced Gwendal Peizerat to try the flip by sitting the exam to enter EMLYON via the parallel admission system. At the same time, he was warming up for the next Olympic Games, and saw in EMLYON a good opportunity to prepare his future professional rollover. The first movement of the waltz came at the Olympics in 1998, when the whole school stopped studying to watch him skate… and step onto the third step of the podium. If Gwendal Peizerat often had to do the splits between his studies and his sport, he also created a few business analogies: with Marina Anissina, it’s as if they have created a brand, soul of passion and flamboyance. And that means working on brand image, (his gold locks, her red hair and their smouldering looks) as well as the quality of the product. « I needed to create at least two “collections” a year, keeping to the specifications of the “distributors” – who are the judges, and delighting

the final “customer” – who is the audience. » His strategy seems to work, because in 2000, Ô Fortuna, Gwendal Peizerat wins the medal of world champion dancing to the powerful leaps of lyricism of Carmina Burana. The next Olympics are just a few shuffles away. He puts his lessons about team management into practice with his own team: partner, trainer, choreographer, in all nine people, six or seven different nationalities, all with hyper-sensitive emotions ready to burst out of their leotards. « Every high-level sportsman knows that you win because of the work you put in beforehand. » And he becomes Olympic champion in 2002, dancing to “Liberta’’, an air which announced his next escapade. He set himself a free-style programme: no axel, no arabesque, but taking part in Fort-Boyard, a television game show, a ski expedition on a 7500m summit, a Harley Davidson rally in Tunisia and… the start-up of Soleus, a firm specialised in the control and compliance of sports equipment where he is partner and manager. Following acquisitions and diversification, Soleus becomes the ISCE group (30 staff, €2,5 million), working with local government and private enterprise to improve the safety and accessibility of their sports facilities. If he has said good-bye to competition, Gwendal Peizerat has not lost the impetus: galas up until 2008, organising the application of the town of Annecy to host the 2018 Annecy Olympics, Delegate Regional Councillor for Sports for the Rhône-Alp area since 2010, conferences in companies, and, in preparation, the production of a show which will use skating, dancing, and circus to relate the history of silk… His personal brand is passion for life. « Whatever we do, whatever the pleasure, the pain, one day or another, it’s all behind us. Experiences must not become more important than what we become. »

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Il imagine le media d’informations internationales de demain

MICHAEL PETERS

Mastère spécialisé en ingénierie financière 1997

PRÉSIDENT DU DIRECTOIRE D’EURONEWS L’attachement de Michael Peters pour EMLYON est directement proportionnel à la persévérance dont il a fait preuve pour l’intégrer. A défaut de classe préparatoire, puis d’admission parallèle, le jeune francoallemand suit un cursus universitaire jusqu’au MSTCF (Master Spécialisé en Techniques Comptables et Financières). Il fait part de son intérêt pour l’audit à un associé du cabinet international Arthur Andersen (repris en 2002 par Ernst and Young), qui lui fait comprendre qu’il n’a aucune chance sans diplôme de grande École. Il est enfin reçu à EMLYON en 1995, en Mastère spécialisé en ingénierie financière. Comme il a de la suite dans les idées, il retrouve à l’issue de son mastère la formation lyonnaise d’Arthur Andersen, où il fait ses gammes pendant trois ans. Il prend la mesure du métier, interprète études et nocturnes et se trouve progressivement affecté aux ‘’spéciales’’, ces missions impromptues de due diligences. En 1998, un groupe de médias anglais envisage de racheter 49% du capital d’Euronews, chaîne de télévision multilingue d’information continue, lancée cinq ans plus tôt à l’initiative des chaînes publiques européennes pour contrer l’omniprésence de CNN. L’audit d’acquisition confié à Michael Peters est le prélude de quinze années en mode majeur. La transaction réalisée, il accompagne durant six mois le duo britannique nommé aux directions générale et financière, mais celui-ci se heurte rapidement aux spécificités françaises. Aux prises avec de grandes difficultés, Euronews propose à Michael Peters le poste de responsable financier. « J’avais le choix entre une carrière bien tracée chez Arthur Andersen et un siège éjectable dans une entreprise au bord du dépôt de bilan. » 72

Attiré par le chant des médias et de l’international, il renonce à l’audit et démarre la longue marche du redressement. Directeur général adjoint à l’occasion de la recomposition du capital, qui devient 100% public, puis directeur général, il écrit une nouvelle partition : extension des éditions linguistiques, évolution de la grille de programmes et des formats de diffusion, identité visuelle… L’œuvre ainsi jouée en 13 langues par 400 journalistes de 35 nationalités différentes attire une audience quotidienne de sept millions de personnes, soit le double de CNN International et cinq fois la BBC world news. La nomination de Michael Peters à la présidence du directoire en décembre 2011 annonce une accélération du tempo : il souhaite faire d’Euronews une marque multi-canal d’information internationale impartiale, accessible ‘’on air, online, all the time’’. Premier mouvement, Euronews lance la chaîne Youtube ‘’Euronews Knowledge’’, dédiée à la science et la connaissance. « Nous sommes sur un métier soumis à de très fortes et très rapides transformations, où il faut prendre des paris géostratégiques et technologiques. » Michael Peters parie en tout cas sur l’avenir, puisque l’entreprise s’installera prochainement dans un bâtiment de 10 000 m² dans le nouveau quartier d’affaires du sud de Lyon. Et EMLYON peut miser sur la fidélité de l’un de ses plus proches diplômés (quelques centaines de mètres) : parrain de la promotion 2013, Michael Peters reconnaît que les six mois qu’il a passés dans les murs de l’École ont déterminé sa vie. Si dans sa jeunesse, il s’imaginait DJ, il s’est consolé en réalisant la compilation d’Euronews, Eurovibes. Car Michael Peters ne peut se passer de musique, des pièces angéliques que sa fille joue au piano jusqu’au swing endiablé de l’information.

« Un dirigeant doit-il être gentil ou méchant, aimé ou détesté, coulant ou cassant ? Je dirais, peu importe, pourvu qu’il puisse donner à l’entreprise une vraie vision, anticipatrice, originale, réaliste, étayée. Je me préoccupe davantage de ma crédibilité, c’est-à-dire de la pertinence des décisions démontrée par les résultats, que de ma popularité. » 73


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He imagines tomorrow’s media for international news

MICHAEL PETERS

Advanced Master in Financial Engineering 1997

CEO EURONEWS CHANNEL Michael Peters’ attachment to EMLYON is in direct proportion to the perseverance that he demonstrated in order to gain entrance as a student there. No preparatory classes for him, nor parallel admission; the young Franco-German studied at university to MSTCF level (Specialised Master in Accounting and Financial Techniques). He mentioned his interest in auditing to a partner of the international auditing Arthur Andersen firm (bought by Ernst and Young in 2002), who told him quite clearly “no chance without a diploma from a Grande Ecole”. He finally gained entrance to EMLYON in 1995, in the Advanced Master programme in Financial Engineering. With characteristic single-mindedness, once graduated he went back to the Lyon office of Arthur Andersen, where he practiced his scales for three years. He took the measure of the profession, played études and nocturnes, and found himself increasingly designated to work on ‘’specials’’, impromptu assignments of due diligences.

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« Should a manager be nice or nasty, loved or detested, easy-going or abrupt? I would say it doesn’t really matter, as long as he can give his company a real vision which is forward-thinking, original, realistic and solid. I am more concerned by my credibility, that is to say the pertinence of decisions as demonstrated by results, than I am by my own popularity. »

In 1998, an English media group was considering buying a 49% share of Euronews, a multilingual continuous television news channel launched five years previously by European public channels wishing to counter the omnipresent CNN. The acquisition audit assignment was entrusted to Michael Peters, and became the prelude to fifteen years in major chord. Once the transaction had been carried out, he stayed for six months to accompany the British duo appointed to General and Financial management posts, but… who soon came up against… the french professionnal usage. Faced with grave difficulties, Euronews offered Michael Peters the job of Financial Manager. « I had the choice of a clear career path with Arthur Andersen or else an ejector seat in a company on the verge of bankruptcy. »

Attracted by the song of the media and by the international aspect of the job, he gave up auditing and began the long march towards economic recovery. He was Deputy General Manager during capital reorganisation, when the company went 100% public, then as General Manager, when he wrote a new musical score: extended the different language editions, the programme schedule, different broadcasting formats, visual identity… The creation would thus be performed in 13 languages by 400 journalists of 35 different nationalities, for a daily audience of over seven million: that is, twice that of CNN International and five times more than the BBC World News. The appointment of Michael Peters as Chairman of the Board in December 2011 heralded a quicker tempo: he wishes to make Euronews a multi-channel impartial international news brand, ”on air, online, all the time’’. First movement: Euronews launches “Euronews Knowledge’’ on Youtube, dedicated to science and knowledge. « We are in a profession which is undergoing strong and very rapid transformations, where you have to take geo-strategical and technological wagers. » In all events, Michael Peters is betting on the future, since Euronews is just about to move into a 10,000 m² building in the new business district in the south of Lyon. And EMLYON can bank on the loyalty of one of its closest graduates (he works a few hundred meters away): sponsor of the class of 2013, Michael Peters recognizes that the six months he spent within the school walls played a key role in determining the rest of his life. Even if, as a teenager, he imagined himself as a DJ, he can take consolation from his Euronews compilation, Eurovibes. Michael Peters can’t do without music, from the angelic notes played by his daughter on the piano, to the furiously fast-paced swing of news.

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Il rapproche l’art du management et le management de l’art

MICHEL RIERA

Programme Grande Ecole 1965

ASSOCIÉ DE TRAJECTIS A l’âge des bilans, Michel Riera est heureux. Il a pu diriger des entreprises dans la fidélité à ses valeurs : l’économie au service de l’Homme, la responsabilité, la transmission. Sa jeunesse le prépare à ses futurs engagements : il doit à l’éducation exigeante mais confiante de sa mère, son ego serein, au scoutisme, l’expérience du management, et à ses lectures, le goût pour la diplomatie. Il se forme à l’École Supérieure de Commerce de Lyon (future EMLYON), où il partage quelques mêlées avec l’équipe de rugby : doux et humble de cœur, pas pied-tendre pour autant. A sa sortie en 1965 et après un an de service militaire, cet amateur d’art éclairé aura comme Picasso deux grandes périodes. Il exerce d’abord son coup de patte au sein de la filiale française du plus gros producteur européen d’aluminium. Dans cette entreprise à forte culture production, il profile le service marketing. Il y passe sept années enluminées, encouragé par un directeur général charismatique. « Il est le phare qui a guidé ma vie professionnelle, j’ai appris beaucoup de lui sur la gestion sociale et les subtilités de gouvernance. » Il retouche l’offre de produits pour l’orienter sur des marchés porteurs et au départ de son mentor, quitte l’aluminium pour les produits de grande consommation. Un an à diriger une filiale de groupe international lui suffit pour comprendre que son avenir est dans la PME, « pour la dimension humaine et le pouvoir d’agir ». Nouvelle perspective en 1973, au sein de la société Gonnet. Cette entreprise familiale créée en 1907 fabrique différents produits d’entretien, dont des teintures textiles à la marque Idéal. Avec 165 personnes, elle apparaît minimaliste sur un marché en pleine

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explosion dominé par des géants internationaux. Adjoint du Président peu présent dans l’entreprise, Michel Riera a les mains libres et une toile presque vierge sur son chevalet. Les produits l’inspirent, il ébauche très vite une idée simple : dans ces années 70 très ‘’tie and dye“, il décide de forcer le trait de la différence, avec les produits textiles. Il entreprend une œuvre de 33 ans divisée en trois temps, comme trois faces du même triptyque. Michel Riera dessine sur les premières années une nouvelle organisation. « J’ai dû me défaire de ceux qui entravaient le projet. C’était difficile, mais on devient coupeur de têtes quand il faut les couper. » En 1981, l’installation de l’entreprise dans un bâtiment neuf préfigure un nouveau modèle, orienté vers les grandes surfaces spécialisées et l’international, sous la dénomination Idéal. Suivent 20 ans de développement où Michel Riera utilise toute la palette de l’innovation sociale, jusqu’à organiser des expositions d’art contemporain au beau milieu de l’usine. « J’ai eu envie de partager des émotions et de développer la curiosité, en accueillant la culture dans l’entreprise.» Il met la dernière touche en 2003, en engageant un plan de modernisation marketing et technologique, avant de s’effacer en 2005, après avoir pris soin de recruter son successeur. Derrière cette apparente continuité, deux changements d’actionnaires pourtant. Chaque fois, Michel Riera s’est chargé de chercher un repreneur, a obtenu de lui des engagements et a su recréer la confiance. Aujourd’hui, il partage son temps entre une activité de conseil au sein de la société Trajectis et l’association Urb’Art qui soutient des artistes, pratiquant avec une foi qui ne pâlit pas l’art de l’engagement.

« La confiance, c’est magique. La différence est énorme entre les entreprises où cette confiance existe et les autres. Je suis parfois ahuri par la difficulté de délégation d’un côté et la difficulté d’assumer les responsabilités de l’autre. Alors que si vous déclarez votre confiance, les gens font tout pour la mériter. » 77


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He brings together the art of management and management of art

MICHEL RIERA

MSc in Management 1965

PARTNER TRAJECTIS At an age when you take stock of your life, Michel Riera is happy. He has been able to manage a company whist staying true to his values, which are: the economy at the service of Man, responsibility, and transmission. His young years prepared him for his future commitments: to his Mother’s strict but trusting education¸ he owes his serene ego; to scouting, his experience of management; and to his reading, his taste for diplomacy. He studied at the Lyon School of Commerce (future EMLYON), where he shared a few scrums with the rugby club: gently and modesthearted, but never a tenderfoot. After graduation in 1965 and after a year of military service, this enlightened connoisseur of art had two main periods − like Picasso.

« Trust is magic. There is a tremendous difference between companies where there is a high degree of trust, and… the others. I am often amazed by how difficult it is to delegate, on the one hand, and how difficult it is to take on responsibility, on the other. Whereas, if you express your trust, people will do everything they can to be worthy of it. » 78

He first practiced his artistic touch in the French subsidiary of the biggest European producer of aluminium. In this firm with its strong production culture, he painted the profile of the marketing service. He stayed for seven years, illuminated, encouraged by a charismatic General Manager. « He was the lighthouse that guided my professional life, I learnt a lot from him about social management and the subtleties of governance. » He redesigned the product range to target buoyant markets, and when his mentor left the company, he also departed from the world of aluminium to discover that of consumer goods. A year managing the subsidiary of an international group was enough for him to understand that his future was with SMI’s, « for their human dimension, and the elbow-room ». New horizons arrived in 1973, at the firm of Gonnet. This family-owned company founded in 1907 manufactures different cleaning products, including textile dyes under the brand name Idéal. With a staff of 165, it seemed like minimalist style in this rapidly expanding market dominated by international giants.

With the CEO being seldom present in the company, as Deputy CEO Michel Riera had a free hand with an almost empty canvas on his easel. He was inspired by the products, and rapidly sketched out a simple idea: in the ‘’tie and dye” years of the 70’s, he decided to underline the style of being different, with textile products. He was beginning a work of art lasting 33 years, divided into three periods, like three sides of the same triptych. For the first few years Michel Riera set up a new organisation. « I had to sever our engagement with people who were hampering the project. It was difficult, but you have to learn to wield the guillotine when guillotining is needed. » In 1981, the company moved into a new building, the sign of a new model, oriented towards specialised department stores and international activity, under the brand name Idéal. After that came his development period, 20 years during which Michel Riera wielded his brush with the whole palette of social innovation, even organising exhibitions of contemporary art in the middle of the plant. « I felt the need to share emotions and develop people’s curiosity, by bringing culture into the company. » He put the last few touches in 2003, when he implemented a technological and marketing upgrade, before stepping down in 2005 – but not before he had recruited his successor. Behind this apparent continuity were nonetheless two changes in shareholders. But each time, Michel Riera took care of the job of finding a new buyer, gaining commitment, and rebuilding trust. Today, he shares his time between consulting for Trajectis, and Urb’Art association which supports artists, with a never-fading degree of faith in the art of commitment. 79


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Elle vit et prie au cœur du monde, à l'Abbaye du Mont-Saint-Michel

ANNE THIVOLLE

Programme Grande Ecole 1982

SŒUR NATHANAËL, FRATERNITÉS MONASTIQUES DE JÉRUSALEM Anne Thivolle, dans la vie monastique depuis 25 ans, nous montre que tout est possible après EMLYON : « Je ne renie pas mon parcours, qui nourrit mon humanité et ma manière d'être, de raisonner, de communiquer ». Admise à EMLYON après deux années de sciences économiques, elle obtient un MBA en finance et affaires internationales à New-York. Elle s'engage dans la vie professionnelle en envisageant logiquement une carrière financière à l'international. Cambiste en herbe au sein de la Lloyd's Bank, puis brièvement adjointe en trésorerie chez DMC (filature), elle cherche sa voie. Elle la trouve dans la filière cacao comme adjointe du directeur des achats de Cacao Barry (groupe Sucres et Denrées) et s'accommode durant cinq ans – le temps de rembourser son prêt étudiant – du métier de trader, de sa technicité et de sa part raisonnable de spéculation. Il fait bon être jeune cadre à Paris en ces années 80 où la mode du brunch concurrence la messe dominicale... Mais son besoin de sens émerge lors d'un voyage humanitaire en Pologne, en octobre 1986 : « en voyant ces gens en grand dénuement et pourtant d'une généreuse hospitalité, à genoux dans la neige au parvis d’églises combles, j'ai profondément désiré reprendre une vraie vie de foi et de prière ». En janvier 1987, après ses courses au centre de Paris, elle entre à l’église Saint-Gervais, située à quelques volées de cloches des grands magasins. Fidèles, moines et moniales revêtus de blanc, tous se recueillent en silence. Sonne l'heure des vêpres, la lumière s'allume dans le chœur, accompagnée de l'office à quatre voix : « devant toute cette Beauté, j'ai ressenti l'appel de Dieu ». L'église Saint-Gervais héberge deux fraternités de moines et de moniales, fondées douze ans plus tôt par le 80

Père Pierre-Marie Delfieux. Son intuition ? − Rassembler des “moines pour l'an 2000“ et rapprocher la vie monastique des citadins. « Un fonceur humble, mais d'une " détermination déterminée’’, comme dirait Sainte Thérèse d'Avila. Son projet innovant, néanmoins fidèle à la tradition monastique, m'a immédiatement enthousiasmée ! » Anne Thivolle chemine durant plusieurs mois, part en pèlerinage en Terre Sainte et entre en communauté en octobre 1988. Suivent 25 années de prière, d'accueil et de travail, à Paris, à la Basilique de Vézelay durant 15 ans, puis à l'Abbaye du Mont-Saint-Michel depuis 2008. A Vézelay, sœur Nathanaël coordonne l’activité commerciale du magasin de produits monastiques. Au Mont, elle gère l'accueil des groupes de visiteurs ou pèlerins venus participer aux offices. « En ce lieu où il y a beaucoup de passage, l'équilibre est souvent délicat entre présence au monde et retrait du monde. » Des laudes au grand silence du soir, du temps de "désert" du lundi – où parfois elle part faire du VTT sur les chemins battus par les vents – jusqu'à la messe du dimanche, elle vit en “coopérateur de Dieu“. « C'est important de témoigner, que nos visiteurs comprennent que les moines ne font pas forcément du fromage, que la liturgie n'est pas une bande sonore, que l’on peut vivre de la Paix et de la Joie de Dieu. » Dans ce lieu saisissant mais austère, sœur Nathanaël ne cesse de s’émerveiller... Elle prie pour que les Fraternités de Jérusalem poursuivent l'œuvre de leur fondateur, au service de l'Église et des hommes et des femmes de notre temps... Elle prie aussi pour que les entrepreneurs choisissent de mettre l'acte d'entreprendre au service de l'écologie humaine.

« Ce qui vaut vraiment est ce qui a un poids d'amour et de don. La charité recouvre de multiples facettes : humilité, esprit de service, sens du partage et de la solidarité, compassion, respect absolu des personnes, accueil des différences comme un enrichissement mutuel, douceur et maîtrise de soi, bienveillance et confiance, patience et pardon, inventivité et audace... Tout ceci dans un souci de sobriété, de droiture, de pureté de vie et d’authenticité. »

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She lives and prays in the heart of the world, in the Abbey of Mont-Saint-Michel

ANNE THIVOLLE

MSc in Management 1982

SISTER NATHANAEL, MONASTIC FRATERNITIES OF JERUSALEM Anne Thivolle, who has been living a monastic life for the past 25 years, shows us that anything is possible after EMLYON: « I by no means disown my studies, which have contributed to my humanity, and to my way of being, thinking and communicating ». She gained entrance to EMLYON after two years of studying Economics, and obtained an MBA in Finance and International Affairs in New York. So logically, she imagined starting her career in international finance. As a beginner foreign exchange trader for Lloyd's Bank, then, for a short time, Assistant Treasurer for DMC (spinning), she was seeking her path, and found it in the cocoa industry as Assistant Purchasing for Barry cocoa (Sucres et Denrées group), and for five years – the time it took to pay back her student loan – made the best of the job of trader, its technical aspects, and a reasonable amount of speculation.

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« What is truly worthwhile is that which has the weight of love and of giving. Charity includes many things: humility, sense of service, sense of sharing, solidarity, compassion, absolute respect for others, acceptance of differences as a mutual enrichment, gentleness, and self-control, benevolence and trust, patience and pardon, inventiveness and audacity… All this whilst respecting sobriety, righteousness, purity of life and authenticity. »

It was not such a bad time to be a young manager in Paris in the 80’s, when it was more fashionable to go for brunch than to the Sunday service… But her need for meaning surfaced during a humanitarian trip to Poland in October 1986: « When I saw those people so destitute, with such a strong sense of hospitality, kneeling in the snow in front of the churches with full congregations, I had a strong desire to begin a real life of faith and prayer ». In January 1987, after finishing a few errands in the centre of Paris, she went into the Church of Saint-Gervais, situated a few ringing bells away from the department stores. The congregation, monks and nuns dressed in white, were all praying in silence. When the vespers were rung, the light went on in the choir, accompanied by the service conducted by four voices: « Faced with all that beauty, I felt the call from God ».

The Church of Saint-Gervais is home to two fraternities of monks and nuns, founded twelve years before by Father Pierre-Marie Delfieux. His intuition? − To create an order of "monks for the year 2000’’, and to bring monastic life closer to city dwellers. « He was humble but with tremendous drive; with a ‘’determined determination’’ as Saint Theresa of Avila used to say. I was immediately enthusiastic about his innovative project, which is true to monastic tradition! » Anne Thivolle advances for several months, leaves on a pilgrimage to the Holy Land, and enters orders in October 1988. The next 25 years are ones of prayer, welcoming, and work, in Paris, at the Basilica of Vézelay for 15 years, then at the Mont-Saint-Michel Abbey since 2008. At Vézelay, Sister Nathanael ran sales for the monastic products shop. At Mont-Saint-Michel she is in charge of receiving groups of visitors or pilgrims who come to services. « In this place where there are a lot of people coming and going, it is often difficult to balance being present in the world with being retired from the world. » From morning prayer to the strict evening ‘’grand silence’’, from Monday, the “desert day’’ – when she often goes cycling off the windy beaten track – to the Sunday service, she lives as a ‘’Cooperator with God’’. « It’s important to bear testimony, so that our visitors understand that monks don’t all make cheese, that our liturgy is not a sound track, and that it’s possible to live in Peace and in God’s Joy.» In this austere, but gripping place, Sister Nathanael never ceases to wonder… She prays that the Jerusalem Fraternities continue their Founder’s work, at the service of the Church and of contemporary men and women… She also prays that entrepreneurs choose to place entrepreneurship at the service of Human ecology. 83


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Elle transforme l’expérience client pour les boutiques des grandes marques

DELPHINE VITRY

Programme Grande Ecole 1991

PRÉSIDENTE ET COFONDATRICE DE MADNETWORK Son carnet d‘adresses ressemble à la Fashion Week : il recèle les plus belles marques de la mode. Mais pas seulement. « Au-delà du luxe, j’aime le Retail, pour ses leviers concrets et sa part d’émotion. » Delphine Vitry a inventé avec MADnetwork, dit MAD, un métier qui n’existait pas, bien moins fou qu’il n’y paraît, qui consiste à accompagner les grandes marques sur leur plus gros poste d’investissement, les boutiques. Comme les anneaux entrelacés de Cartier, le parcours de Delphine Vitry enchaîne trois séquences professionnelles. La première l’emporte de l’automobile (Peugeot SA) aux yaourts (Danone), deux univers en contact direct avec le consommateur. Delphine Vitry développe un solide savoir-faire dans la fonction achats et la capacité à conduire les projets et brasser les idées dans de grosses organisations. Elle embarque en 2001 pour le malletier Louis Vuitton, première escale d’une croisière de huit ans dans le luxe. La figure de proue du groupe LVMH crée le poste de co-directeur architecture pour ses boutiques. La feuille de route : canaliser le foisonnement créatif. « Une machine de guerre prodigieuse, le succès venait presque sans effort. » Un challenge l’attend à l’étape suivante, comme directrice architecture et visuel merchandising pour la maison Céline, en pleine transformation. Elle aborde un nouveau métier : présenter les produits pour raconter la marque et styliser les ventes. « C’est dans ce contexte difficile et une certaine économie de moyens que j’ai le plus appris. » La proposition d’un poste équivalent chez un concurrent prestigieux sonne la fin du voyage en cabine de luxe et le début de l’aventure insensée de MAD. 84

« Je ne concevais pas de continuer ainsi pendant 25 ans ; j’aspirais à l’indépendance. » Avec l’un de ses partenaires professionnels, elle partage un constat sur le métier : dérapages en délai et budget, manque de rigueur et de cohérence. Ensemble, ils conçoivent le chaînon manquant : une approche globale qui apporterait du sens, du bon sens et des senseurs de performance – ou comment mettre le concept, la circulation des clients et le merchandising au service du bénéfice commercial ? Une réunion de groupe conclut que « ça ne marchera jamais car personne ne payera pour ça ». Elle préfère écouter son mari (diplômé EMLYON, donc forcément clairvoyant) qui la met au défi : « tu avais dit que tu démarrerais avec un premier client ; tu ne l’as pas, alors fonce ! ». Fondée en pleine crise de 2009, MAD construit en quatre ans une expertise unique, qui repose sur trois socles : le conseil (architecture, visuel merchandising, formation, audit, expérience client, outils CRM et digitaux…), l’AMO (Assistance à Maîtrise d’Ouvrage, grâce à son réseau international de spécialistes) et MAD Talents (recrutement). Delphine Vitry reste la clef de voûte commerciale : « j’aimerais transmettre à mes équipes la confiance absolue dans le fait d‘oser ». Au vu de son portefeuille clients, elle a peut-être trouvé le nombre d’or : Cartier, Chanel, De Beers, Jaeger-LeCoultre, La Samaritaine… Et pas question de plafonner, “Sky is the limit“ pour celle qui dispose ses agences (25 personnes au total) et ses idées dans le monde entier (Paris, Hong-Kong et Dubaï…). La prochaine pierre à l’édifice ? – Dépasser l’intuitu personae en structurant une vraie pratique professionnelle à partir des compétences de MAD. Et pour Delphine Vitry : se surprendre toujours ?

«Pour que MAD et son équipe puissent grandir ensemble, je recrute sur l’enthousiasme, la bienveillance, le sens de la solidarité, et aussi sur l’humilité, qui n’interdit absolument pas de sauter au plafond quand arrive une bonne nouvelle. Car en vérité, que souhaiteriez-vous retenir de votre vie quand vous aurez 70 ans, sinon les jours où vous avez sauté au plafond ?».

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ENTREPRENEURS FOREVER

She transforms customer experience in big retail brand boutiques

DELPHINE VITRY

MSc in Management 1991

CEO AND CO-FOUNDER OF MADNETWORK Her address book looks like Fashion Week: it’s full of the most beautiful brands in fashion. But a lot more than that: « More than luxury brands, I love Retail, for concrete aspects, and its shart of emotion ». When she invented MADnetwork, (MAD for short), Delphine Vitry was also inventing a thus far non-existent profession, (and one which was a lot less mad than it might first have appeared), which consists of accompanying big brands with their biggest investment: their boutiques. Just like the intertwining rings of Cartier, Delphine Vitry has three parts in her career. The first one took her from the automotive industry (Peugeot SA) to yoghurts (Danone): two different universes both in direct contact with the consumer. Delphine Vitry developed a solid know-how in the field of purchasing and the ability to drive projects and mix ideas in big companies. In 2001 she set off for the luggage maker Louis Vuitton, the first stop in an eight year cruise in the world of luxury. This company, figurehead of LVMH, created the position of Co-Director of Architecture for its shops. On her road-map: the assignment of focusing the proliferation of creative ideas. « It was a fantastic war-machine, and success was almost effortless. » A challenge was waiting at the next step, as Director of Architecture and Visual Merchandising for the house of Céline, in the process of being completely revamped. She began a new profession: presenting products to tell the story of the brand, and styling sales. « It was in this difficult context, and with limited means, that I learned the most. »

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« For MAD and its team to be able to grow together, I recruit people with enthusiasm, kindness, a sense of solidarity, and also humility – which doesn’t mean they are not capable of jumping for joy when something good happens. Because, it's true... what would you want to remember about your professional life when you are 70 years old, apart from the days when you jumped for joy? »

The proposal of a similar job for a prestigious competitor announced the end of the journey in a luxury cabin, and the beginning of the crazy adventure of MAD.

« I couldn’t imagine working like that for 25 years; I wanted to be independent. » With one of her professional partners, she had already noticed a constant element in the profession: timing and budgets out of control, a lack of precision and coherence. Together, they designed the missing link: a global approach which would add meaning, common sense, and KPI's – or… how to place the concept, customer flow, and merchandising at the service of business profit? A focus group concluded that « the idea will never work because nobody will ever pay for that service ». She preferred to listen to her husband (a graduate of EMLYON, so obviously clairvoyant) who set her up the challenge: « You said you would start when you got your first client; you haven’t found one yet, so get going! ». Created in the crisis year of 2009, in four years, MAD has built up a unique expertise, based on three foundations, consulting (architecture, visual merchandising, training, audit, customer experience, CRM and digital tools), Client Project Assistance (Project Manager Assistance through its network of international specialists), and MAD Talents (recruitment). Delphine Vitry remains the commercial driving force: « I would like to transmit to my-team the absolute confidence to dare to do things. » By the look of her customer portfolio, she may just have found the Golden Ratio: Cartier, Chanel, De Beers, Jaeger-LeCoultre, La Samaritaine… And she has no intention of putting a cap on expansion, “the sky is the limit“, with agencies (25 staff) and ideas in the whole world (Paris, Hong-Kong and Dubaï…). The next stone in the building? – Going beyond intuitu personae by structuring a real professional practice using the skills of MAD. And for Delphine Vitry: to keep on surprising herself?

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UNE BUSINESS SCHOOL EUROPÉENNE DÉDIÉE À L’APPRENTISSAGE DU MANAGEMENT ENTREPRENEURIAL ET INTERNATIONAL TOUT AU LONG DE LA VIE

A EUROPEAN BUSINESS SCHOOL DEDICATED TO ENTREPRENEURIAL AND INTERNATIONAL MANAGEMENT LIFE LONG LEARNING

NOTRE AMBITION Former des Entrepreneurs pour le Monde

OUR AMBITION Educating Entrepreneurs for the World

CLASSEMENTS N°15 des business schools européennes Financial Times, décembre 2012 N°1 des incubateurs des écoles de commerce en France - L’Entreprise, novembre 2012 N°2 en entrepreneuriat - Financial Times, septembre 2012 L’ENSEIGNEMENT EMLYON Programme Grande Ecole 2 800 étudiants en formation initiale www.em-lyon.com • 6 programmes Masters • 12 Mastères Spécialisés • 4 programmes MBA • 2 programmes doctoraux • 2 programmes Incubateur de création et reprise d’entreprise EML Executive Development 5 500 participants par an dans les programmes de formation continue www.eml-executive.com • Advanced Management Programme (AMP) • Programme Général de Management (PGM) • Programmes certifiants • Parcours métiers • 300 programmes courts (1 à 5 jours) • Solutions intra-entreprise • Solutions sur-mesure L’INCUBATEUR 3 dispositifs d’accompagnement • Premium – entreprises innovantes à fort potentiel dans 3 domaines : sciences de la vie, biotechnologies et dispositifs médicaux ; informatique, télécom et nouvelles technologies ; énergie, environnement et éco-conception • Espoir – entreprises créées par des étudiants ou jeunes diplômés, essentiellement dans le secteur des NTIC 88

• Entrepreneurs dans la Ville, en partenariat avec Sport dans la Ville – entreprises créées par des jeunes issus des quartiers sensibles Depuis 1984 : • 1 100 porteurs de projets accompagnés • 800 entreprises créées ou reprises • 90 % de taux de survie à 5 ans • 10 000 emplois directs créés L’INTERNATIONAL Un campus Europe à Lyon et un campus Asie à Shanghai • 40 % d’étudiants non-français et 80 nationalités • 50 % de professeurs non-français et18 nationalités • 123 universités et business schools partenaires dans 39 pays sur 5 continents • Membre fondateur du World Entrepreneurship Forum www.world-entrepreneurship-forum.com/ LA FONDATION EMLYON • 400 000 euros de bourses attribuées aux étudiants • Actions de soutien à l’entrepreneuriat dans les quartiers sensibles Pour contribuer aux actions de la Fondation : fondation@em-lyon.com www.em-lyon.com/Fondation-EMLYON LES DIPLOMES Le réseau • 23 000 diplômés dans 107 pays • 40 % en région parisienne 30 % en région Rhône-Alpes 20 % à l’international 10 % dans les autres régions françaises EMLYON FOREVER au service du réseau • 100 ateliers et conférences carrières par an • 200 événements par an pour le développement du réseau • 80 correspondants en France et dans le monde • Plus de 30 clubs d’affaires et de loisirs www.emlyonforever.com

RANKING N°15 in European business schools Financial Times, December 2012 N°1 in French business school incubators L’Entreprise, November 2012 N°2 in entrepreneurship - Financial Times, September 2012

• Entrepreneurs dans La Ville (Entrepreneurs in Town), in partnership with Sport dans la Ville (Sport in Town Association) – enterprises created by young people from sensitive districts Since 1984: • 1,100 project developers have been supported • 800 enterprises created or taken over • 90 % survival rate more than 5 years • 10,000 jobs created in direct employment

TEACHING EMLYON, MSc in Management 2,800 undergraduate students www.em-lyon.com • 6 Masters programmes • 2 Specialised Masters • 4 MBA programmes MBA • 2 Phd programmes • 2 Incubator programmes: Starting up and Taking over a company

INTERNATIONAL A Europe Campus in Lyon and an Asia campus in Shanghai • 40 % non-French students - 80 nationalities • 50 % non-French professors - 18 nationalities • 123 partner universities and business schools in 39 countries in 5 continents • Founder Member of the World Entrepreneurship Forum www.world-entrepreneurship-forum.com/

EML Executive Development 5,500 participants per year in Continuing Education programmes www.eml-executive.com • Advanced Management Programme (AMP) • General Management Programme (PGM) • Diploma courses • Professional training • 300 short programmes (1 to 5 days) • In-Company training solutions • Tailor-made training courses

EMLYON FOUNDATION • 400,000 euros in grants for students • Funding for entrepreneurship in sensitive districts To donate to the Foundation’s programmes: fondation@em-lyon.com www.em-lyon.com/Fondation-EMLYON

THE INCUBATOR 3 types of support programmes • Premium – innovative high-potential companies in three fields of life sciences; biotechnologies and medical devices; IT, telecoms and new technologies; energy, environment and eco-design • Espoir (Hope) – enterprises created by students or young graduates, mainly in the field of NITC’s

GRADUATES Le réseau • 23,000 graduates in 107 countries • 40 % in the Paris region 30 % in the Rhône-Alp region 20 % abroad 10 % in other regions of France EMLYON FOREVER at the service of the network • 100 career workshops and conferences per year • 200 network events per year • 80 correspondents in France and abroad • Over 30 business and leisure clubs www.emlyonforever.com 89


ENTREPRENEURS FOREVER

Remerciements Acknowledgements J’ai accueilli comme une joie et une chance que me soit confiée cette collection de portraits ENTREPRENEURS FOREVER. Ce projet m’offre l’opportunité d’exprimer mon attachement à l’École, ma fierté d’appartenir au réseau de ses diplômés et mon enthousiasme pour les différentes facettes de l’entrepreneuriat. Ces 20 premières rencontres ont été formidablement riches et stimulantes. Si chaque parcours est unique, ensemble, ils dégagent des lignes de force communes : l’envie de suivre sa propre voie, l’action révélatrice d’EMLYON, la part de chance et d’intuition, le courage, la détermination, l’agilité et le bonheur de construire à plusieurs le monde de demain.

For me it was a joy and an opportunity to be entrusted with this collection of portraits ENTREPRENEURS FOREVER. This project offers me the chance to express my attachment to the School, my pride in belonging to the graduate network, and my enthusiasm for the different facets of entrepreneurship. These first 20 meetings were incredibly rich and stimulating. If every career is unique, together they all display common key points: the desire to follow one’s own path, the guiding role of EMLYON, a share of luck and intuition, determination, courage, agility, and the joy of creating – with others – the world of tomorrow.

J’exprime ici toute ma gratitude à ceux qui ont œuvré collectivement pour que ce livre existe, jusqu’à mettre quand nécessaire leurs priorités personnelles au second plan : • Toute l’équipe EMLYON FOREVER, en particulier Nicolas Job et Christine Laurent, qui m’ont accordé leur confiance et nourrie de leur propre vision • Les 20 diplômés qui m’ont confié leur histoire et leur philosophie de l’action • Et tous les autres enthousiastes contributeurs • Pierre Orssaud, agence Le Team, pour la direction artistique • Carol Bausor, société ILTC, pour la traduction anglaise • Imprimerie 106 • Crédits photographiques : Dominique Vallès (pour Olivier Brourhant) et Emmanuel Braune (pour Axelle Davezac)

I would like to express my gratitude to all those who have worked together so that this book could come into existence; some of whom put their personal priorities to one side in order to do so… • The EMLYON FOREVER team, and in particular Nicolas Job and Christine Laurent, who gave me their confidence and helped me by sharing their wonderful vision • The 20 graduates who confided their story and their philosophy of action • and all the other enthusiastic contributors • Pierre Orssaud, Le Team agency, for the art-work • Carol Bausor, ILTC, for the English translation • Imprimerie 106 • Photo credits: Dominique Vallès (for Olivier Brourhant) and Emmanuel Braune (for Axelle Davezac)

A eux tous, un grand merci. A ceux qui liront ce livre, je leur souhaite d’éprouver autant de plaisir à le parcourir que nous en avons eu à le faire naître. Qu’ils y trouvent des raisons d’oser et de contribuer aux projets d’EMLYON FOREVER et de l’École.

A big thank-you to you all. To all those who read this book, I wish them as much pleasure in reading it as we had in creating it. I hope that they will find reasons to dare and to contribute to EMLYON FOREVER and EMLYON projects.

MBA 1985

CORINNE LAPRAS Membre à vie d’EMLYON FOREVER Fondatrice de Corpoé

100

MBA 1985

CORINNE LAPRAS Life member EMLYON FOREVER Founder of Corpoé


Site web/web site

www.emlyonforever.com

EMLYON FOREVER

23 avenue Guy de Collongue CS 40203 69134 Ecully cedex – France emlyonforever@em-lyon.com


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