IIEIISEIGNEMENTS
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PATRONAGE DES ESCLAVES. 138 autrement des nombreuses cabanes de pêcheurs dont le littoral est semé, car, si l'île eotière n'a ni routes, ni un seul cheval, en revanche elle possède, pour un total de 1,100 habitants. 164 embarcations. ce qui rend ces communications e1trêmement faciles. Il (Rapport da procurear da Roi de la Basse-Terre, da 6' trimatre 1860.)
Ile Saint-Martin. partie française (1). - • Dans trois tournées effectuêes en juillet et août 1841, 17 habitations, comptant environ 3,000 esclaves, ont . été visitées; aucuoe résistance n'a été opposée par les coloos aux inspections des deux magistrats, qui s'accordent, l'un et l'autre, à dire que les maîtres remplissent avec beaucoup d'humanité et de scrupule leurs obligations envers leurs esclaves; cependant, sur la majeure partie des 9 habitations visitées, dans le quartier de la Grande-Case, par le juge de paix: fi Les "êtemellts prescrits par l'édit de 1685. dit ce magistrat, ne sont pas fournis aux' esclaves ..... Les infinnes et les vieillards n'ont pas ce qu'il leur faut. Mes recommandations à leur égard seront-elles écoulées des propliétaires? 1) (Rapport do
1
80 juillet 1861. )
Quant au régime disciplinaire, il n'y a nuJle part à s'en plaindre; les coups de fouet sont rares; on met les délinquants en prison pendant quelques jours, ou on les frappe avec une houssine; et, lorsqu'il y a lieu de faire usage du fouet, le nombre des coups donnés est toujours au-dessous de 29, Le travail commence au jour et dure jusqû'à huit heures; il est repris à neuf heures jusqu'à midi, et enfin à deu~ heures jusqu'au coucher du soleil. Le même magistrat a constaté que la portion travaillante des ateliers était généralement bien faible, eu égard au nombre des esclaves, tant on a peur de leur déplaire . . Et cependant, malgré cette to!érance, malgré tous les bons traitements des colons envers leurs noirs, ceux-ci, en général, sont tourmentés sans cesse du désir de s'évader. Au moment de son passage dans le quartier de la GrandeCase, en août 1 84 1, le suppléant du juge de paix apprit de l'adjoint du maire:
(1) On sait que la possession de l'Ue Saint-Martin est partagée entre la France ct la Hollande. Celte Ile el! située 1 environ :;0 lieues de la Guadeloupe. 1 laquelle la partie française se nttache comme dépendaace. o'ya pas de tribuoal de première instauce, et le service des iuspections cst cooSé ou juge de pail et l lIOn suppléant. .
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CHAPITRE II.
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«Qu'il existait ou paraissait exister une grande fermentation parmi les ateliers de l'île; que. sur quelques habitations, les noirs avaient déclaré ne vouloir rien faire; qu'ils désiraient la Jiberté, et que, si on ne la leur .donnait pas, ils sauraient bien la prendre.
• Les nègres de Saint-Martin, ajoute le magistrat, sont en général très-paresseux
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et très-insolents: on n'ose plus les punir; car, au moindre châtiment, ('esclave pWli s'évade en entraînant avec lui sa famille, s'il en a, ou ses camarades. On parlait de 150 esclaves qui devaient quitter l'île au premier jour, en cernant à cet effet les postes militaires, et en s'emparant des canots attachés sur le littoral de la Grande-
Case. ~ ( Rapport da 3 septembre 1861.) Dans un rapport subséquent, le juge de paix rappelle que l'île SaintMartin appartient, à peu près par moitié, à la France et à la Hollande, et que mœurs, langage, population, tout, dans cette localité, se ressent de l'origine anglaise. C'est un gage de l'influence que les doctrines de l'Angleterre, en matière d'émancipation, pourront y exercer. Quant à présent, l'instruction religieuse parmi les esclaves est nulle. On attend l'arrivée du prêtre nou-
veUeJllent affecté au service du culte dans cette dépendance. Le magistrat fait connaître, habitation par habitation, les résultats de sa tournée, qui a embrassé la majeure partie de sa circonscription. Sur les habitations prospères, et c'est la minorité, le régime est satisfaisant, sur les autres, les prescriptions réglementaires, quadt à la nourriture et aux vêtements, ne sont pas toujours bien eJ:écutées. Partout le régime disciplinaire est modéré. Le fouet est remplacé par la prison, sur un certain nombre d'habitations; sur quelques autres, le châtiment corporel est administré avec une baguette de tamarin: c'est un usage emprunté à quelques îles étrangères environnantes. "Quoique rien u'indique qu'il constitue une aggravatio~, des ordres ont été donnés pour qu'on le supprimât. " L'état inanimé de cette colonie, résultat de sa renonciation à tout progrès agricole et de la nullité de ses rapports commerciaux, est loin d'annoncer un retour il l'aisance et parlant au bonheur. c Combien
de sucreries ont disparu 1 Combien de terres abandonnées 1 C'est surtout dans la portion de l'ile que nous avons visitée que la souffrance parait avoir établi son empù·e. A peine si les pluies abondantes auxquelles la colonie D'était pllQ ItOOUtuméc sont venues, depuis quatre mois. faire revivre l'espoir perdu des maîtres, et promettre! de la part des cultures en vivres, des produits pour l'alimentation des 18.
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PATR.ONAGE DES ESCLAVES. esclaves et des propriétaires eux - mêmes. Il (Rapport da jf1ge de paix, d" 5 janvier 1862. ) CI J'ai remarqué avec satisfaction que, sur toutes les propriétés, à peu près, maîtres et esclaves semblaient rivaliser à qui aurait les plus belles récoltes en vivres. Je ne vous apprendrai rien de nouveau, monsieur le gouverneur, en vous disant que presque partout, cependant, les jardins de nègres sont mieux entretenus que les plantations des mattres; que les premiers (les esclaves) possèdent, pour la plupart, plus de volailles, d'animaux domestiques, de bestiaux même, que certains maîtres; que même ( et cela s'est vu à la Guadeloupe) souvent certains esclaves prêtent de l'argent à leurs maîtres ..... Ce qui prouve en faveur des uns et des autres. n (Rapport da jU9t de paÏ3: suppléant, da 27 janvier 1842. )
Les cases à nègres que j'ai pu visiter paraissent non-seulement en bon état, mais les esclaves, indépendamment de leurs jardins, qui sont bien entretenus, possèdent plus que le nécessaire dans leW'S petites cases. Ils ont ~n outre, pour la plupart, eles volailles et d'autres anima ID domestiques; il y en a qui possèdent des vaches, des chevaux....• En général. les esclaves, dans cette colonie, sont ou paraissent contents; ils se portent bien et travaillent: pas de mécontentement; pas ou peu de punitions; pas de cAchots. CI
Sur l'babitation ...•.. , il s'est opéré un notable changement dans l'ateliel' : d'insubordonnés qu'ils étaient, les noirs sont devenus soumis, respectueux; de paresseux. travailleurs. Tout le mérite en revient au nouveau géreur, propriétaire de l'babitation voisine. Il plalt à l'atelier; il est juste et ferme; on l'aime et on le prouve. Sur son habitation l'atelier se conduit bien. Il (Rapport da jUge de paix suppléant, du 31 mars 1862. ) CI
CI J'ai trouvé ie quartier d'Orléans extr~mement agité. M'étant informé des motifs qui troublaient sa tranquillité ordinaire, il me fut répondu que l'agitation dans laquelle je voyais la population libre et esclave de ce quartier provenait de la découverte qui venait d'être faite d'une série de crimes d'empoisonnement, commis il y a quelques années et révélés dans un moment de maladie, de transport au cerveau, par celui-là même qui en était l'auteur et avait aidé à les commettre. Le prévenu principal est esclave de l'babitation . . • • • . • • Cet homme était la terreur de l'ile entière, du moins dans les campagnes; car, pour les habitants du bourg, ils Il'cn soupçonnaient même pas l'existence. Le nom de cet homme, George Daniel, fut prononcé pour la première fois devant la justice le jour même de son arrestation, opérée par les soins de la gendarmerie (qui rend ici d'utiles services) et d'après les instructions de M. le juge de paix.
uJe n'avais pas visité le quartier d'Orléans depuis quelques mois; j'y ai troU\·é
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11&1 CHAPITRE II. changement déplorable: la sécheresse avait tout dévoré, cannes. el vivres, et pâturages. Sur plusieurs habitations on avait replanté jusqu'à quatre fois ..... La plupart des maîtres d'usines ont encore pour un et deux mois de vivres antérieurement récoltés ....• ; d'autres n'en ont pas..... ; pas ou peu de denrées à espérer pour la' récolte prochaine. à moins qu'il ne tombe de la pluie; les esclaves travaillent néanmoins autant que les esclaves de cette colonie, plus anglaise que française. peuvent travailler •..• ; ils se conduisent assez bien .... ; il Y a fort peu de punitions infligées .... , pas de cachots ..... Les maUres. en géllél'al. sont très-bons. humains .... ; les esclaves ne se plaignent pas ..... Maitres et esclaves paraissent assez contents les uns des autres. Il ( Rapport da juge de paia: suppléant. da 81 jaillet 1842. ) 1/
RE~SEIGNEMENTS
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Tel est le sort de l'habitant de ces contrées : si la récolte manque. il a toujours
deux maux à souffrir à la fois : la privation de ses revenus et la difficulté de subvenir ~ la Dourriture de ses esclaves; si. au contraire. le temps est favorable au développement de la végétation. la récolte en vivres lui épargue de ruineuses dépenses. (Rapport dajuge de paix, du 15 janvier 18118.)
1)
"J'ai à rendre compte de la tournée d'inspection que je viens de faire sur plusieul's habitations de cette dépendance, heureusement préservée (la seule même!) dans le ftlDeste événement du 8 février. qui vient de détruire la plus belle de nos cités coloniales. Il Tout est parfaitement tranquille. comme d'ordinaire. sur les habitations de SalntMartin; les ateliers travaillent; Î('s maîtres paraissent satisfaits; les esclaves ne se plaignent pas; les instructions religieuses se font. mais peu et de loin en loin, et sont circonscrites au Marigot (le bourg). et au petit village de la Grande-Case. Ces instructions durent, en général, trop peu de temps, et. n'étant pas répétées souvent. les escla,es ni mêmes leslihres n'en peuvent retirer aucun avantage ... Les mariages ne se foot pu du tout.» (LeUre da jage de paix suppléant à Saint-Martin, du 28 févri.r J863). aLe nègre de Saint-Mutin. une fois libre, s'il en a les moyens. achètera de la terre, ne rût-ce qu'un ou deux acres... Il s'y construira une petite case en paille; défrichera lui-même et avec sa ménagèl'e. s'il en a une; il plantera du coton a\'ant fout, s'iJ y a de la place; des vivres peu ... ils sont à si hon marché et en abondance ... Il ttre propriétaire à son tour .... donner mAmè an nom i, la terre ... travailler quand cela lui conviendra ... c'est là son rêve ambitieux... et tous les nègres libres à Saintllartin Je réalisent ... Si la ménagère prend de l'ascendant sur la propriété et sur le maître, .avant peu ene sera la femme légitime; ils se marieront. légitimeront leurs ~D{aBCs, et leur laisseront leur petil. bien ... Je puis me tromper. mais je crois que le
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PATRONAGE DES ESCLAVES.
de Saint-Martin sera plus facile à mOl'aliser quand il sera libre ..•.. Quant a beaucoup travailler... c'est un problème." (Rapport da juge de paix suppliant, da 80 a1Iril18/i8.) n~gre
Il Posséder d'assez bonne cases, garnies souvent pourla plupart de choses superOnes; avoir desjal'dins bien entretenus et Ja propriété d'une infinité d'objets dont ils peuvent disposer comme bon leur semble; être bien soignés quand ils sont malades, et même quand ils ne le sont pas, et surtout fort peu travailler... n'y être pour ainsi dire pas forcés, n'avoir pas ou peu de punitions à craindre, etc. Si tout cela doit paraître à des gens libres un sort heureux, à plus forte raison l'esclave de Sain t-Martin doit-il
l'être~
Mais si l'humanité joue un grand rôle dans cette conduite du maÎtre envers l'es· clave, leur intérêt et le voisinage de l'île anglaise (à une heure tout au plus de trajet de Saint-Martin) n'y entrent-ils pas pour quelque chose~ Les maÎtres ne s'en cachent pas ... Au surplus, c'est un contrat tacite entre ceux-ci et leurs esclaves ... Ces derniers ont l'air de leur dire: a Ne nous faites pas trop travailler .. ; dOllnez-nous tout ce dont (1 nous avons besoin .. ; fermez les yeux sur bien des choses .. , nous ne vous quitterons (1 pas .. ; nous attendrons 1111 Il
Vous avez pu le voir et le savoir, monsieur le gouverneur, lors de votre visite a Saint-Martin, malgré tout le bien-être dont l'esclave de Saint-Martin jouissait, les maîtres, encore plus qu'eux, n'en désiraient pas moins vivement un nouvel Ol'dre de choses. Il
Quoi qu'il en soit, et je le dis parce que je le sais, que cela m'est répété souvent, les habitants de Saint-Martin, partie française et hollandaise (du moins la majorite), appellent de tous leurs vœux un changement dans ce qui existe aujourd'hui, et sauf le travail de la culture de la canne, cette transformation sociale (il Saint-Martin) passera presque inaperçue ... La population esclave de ce petit pays. soumise depuis plus de vingt ans au régime méthodiste, anglaise de mœurs, d'usage ct de langage, parait plus préparée que les esclaves de nos autres Antilles au changement de conditioll projeté. Il
Il J'ai eu entre les mains, monsieur le gouverneur, une pétition des planteurs holandais, qui m'engageaient, avant de l'envoyer en Hollande, à leur donner mon opinion et à signer cette pétition, en ma qualité d'habitant sucrier dans ia partie hollandaise ... Je l'eusse fait de grand cœur, cal' je suis partisan d'un autre ordre de choses pour Saint-Martin, intimement convaincu que ce pays ne peut qu'y gagnet beaucoup, surtout en changeant de culture, et en s'adonoant exclusivement à r éducation des bestiaux et à la culture du coton et des vivres, et, si les circonstances le permettaient, à l'eXploitation des salines, qui sont d'une si importante ressource pour la partie hollandaise. Je me suis refusé à signer la pétition hollandaise, à .cause des
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CHAPITRE Il.
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graves conséquenees qui pouvaient en résulter pour la partie française, dans le cas d'une réponse favorable du gouvernement néerlandais . • Tant que cette tIe restera ainsi partagée, un changement quelconque dans la condition des esclaves, changement qui n'aurait pas lieu simultanément pour l'ile entière, amènera infailliblement la ruine de l'une des deux parties, française ou hollandaise, à moins de conventions entre les gouvernements (ou les deux nations), pour l'extradition des esclaves qui se réfugieraient dans la partie libre de l'île. Pour quiconque connaît les localités. il est bien facile de se rendre compte de tout le mal qui en résulterait pour l'une des deux parties de l'Ue non libre. Il (Rapport dlljuge de paix suppltant, da 31 mai 1863.)
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.Je n'ai pas de raisons pour soupçonner la véracité des opinions exprimées par M. te juge de paix suppléant, sur la position des nègres de Saint-Martin. Toutefois, ses rapports m'ont paru empreints d'un caractère d'optimisme trop prononcé, de la pan d'un magistrat chargé de surveiller l'exécution des lois sur le régime des esclaves. Aussi ai-je cru devoir prévenir M. le juge de paix titulajre que je désirais qu'il fit plus souvent par lui-même les inspections prescrjtes par l'ordonnance du 5 janvier. Il (Rapport da Procureur yinéral, da .24 novembre 1863.) 1/ lei l'état social se modifie, cn quelque sorte, à vue d'œil. Il y Il un an, il y six mois, Je. idées, sur la question dont je m'occupe, étaient bien autres qu'elles ne sont aujourd'hui. L'émancipation n'est plus pour cette localité à l'état d'un dangereux mystère; on ne se cache plus des esclaves pour en causer; on en parle avec euxmêmes, et quand on leur dit: u Cela viendra Il, il vous répondent: u Cela se fait bien ~ attendre. " I! Ce patronage du ministère puhlic, cc protectorat fixé par l'ordonnance du 5 janlier 1840. CCl attenlat à l'autorité du mattre, ceUe inconstitutionnalité, ces perturhatiom promises, qu'en est-il résulté? Ces appréhensions, que sont-elles devenues?
cr Sans nous .relâcher
de l'inflexibilité de notl'e justice poodes uns comme pour les sans perdre de vue les motifs des pouvoirs qu'on nous a conférés, nous pouf0:15 dire qu'à ce jour les maîtres cherchent de la force en nous. Parlez-leur, sont-ils lts premiers il nous dire, de la liberlé qu'ils aurent un jour. Les paroles sorties de roue boucbe entretiendront leur patience, car il ne s'agit pour nous que de les con~rvcr.• (Rapport dajuye de pai:& titulaire, da 20 octobre 1863,) dotrcs,
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